Gakusen Toshi Asterisk – Tome 2 – Chapitre 2

***

Chapitre 2 : Les Plans Secrets de la Chouette

***

Chapitre 2 : Les Plans Secrets de la Chouette

Partie 1

« Explosion Fleurale — Marguerite ! »

Alors que sa voix impérieuse résonnait dans la salle d’entraînement, des pans de flammes éclatèrent dans l’air autour de Julis.

Ils tournoyaient comme des tornades et s’unissaient en disques — plus d’une dizaine d’exemplaires. Les projectiles étaient des chakrams de chaleur intenses, alors que leurs lames ardentes tournoyaient.

« Allez ! »

Faisant des étincelles, les disques se précipitèrent chez Ayato, qui attendait l’attaque avec son épée prête.

Presque trop rapidement pour voir, l’épée géante à un seul tranchant avec des marques noir de jais sur sa lame avait sectionné la première vague de chakrams en deux, et ils s’étaient dissipés comme des flammes de bougies soufflées.

Entre-temps, cependant, d’autres avaient bougé pour l’attaquer de la gauche et de la droite. Il s’était émerveillé de leur parfaite coordination alors qu’il avait fait un saut vers l’arrière pour esquiver les lames tourbillonnantes.

Comme s’ils avaient anticipé cette manœuvre, d’autres disques mortels lui tombèrent dessus à une vitesse fulgurante. Et il y en avait trois autres qui se précipitaient vers lui depuis l’avant, avec un autre trio juste derrière. Une attaque en cascade avec un rythme variable.

C’était un exploit exceptionnel de contrôler plus d’une douzaine d’objets se déplaçant en trois dimensions. Le fait que Julis puisse les manipuler avec une telle précision témoignait de son savoir-faire, sans parler d’une sensibilité spatiale exceptionnelle.

Ayato s’était tordu pour esquiver les attaques d’en haut, puis s’était retourné et avait canalisé son élan pour se déplacer vers les chakrams qui volaient vers lui depuis le front. Mais au lieu de couper à travers les projectiles, il frappa avec le côté de sa lame, les repoussant.

Ils s’entrechoquaient en plein vol, modifiant leurs trajectoires. Les chakrams l’avaient frôlé, coupant son habit d’entraînement avec une légère odeur de brûlé — mais rien de plus.

« Wofff..., » Ayato expira et réajusta sa position avec sa grande épée, le Ser Veresta.

« C’est incroyable. Tu fais toujours les figures les plus ridicules comme si ce n’était rien du tout, » Julis le regarda d’un air exaspéré. « Maintenant, je suis très intéressée par la façon dont tu éviteras le prochain round. »

Et pendant qu’elle parlait, une douzaine d’autres chakrams de feu tournoyaient autour d’elle.

« Je ne suis pas sûr qu’il me reste des tours qui vont t’impressionner, Julis, » déclara-t-il.

« Non ? Alors que feras-tu ? » Elle avait minutieusement étalé ses chakrams sur les trois axes pour se préparer à sa prochaine attaque. Alors qu’elle était en train d’organiser une formation de combat complexe, il y avait dans cette scène une beauté qui évoquait un jardin de fleurs.

« Eh bien... Que dirais-tu d’un truc comme ça ? » Dès que les mots avaient quitté sa bouche, Ayato s’était lancé dans un sprint massif vers la jeune femme. Tout en gardant son corps bas, il se précipita avec férocité dans le jardin de feu.

« Quoi — !? » Prise au dépourvu, sa réaction avait été momentanément retardée. Elle s’était empressée de déplacer sa formation d’attaque, mais il était évident qu’elle ne pouvait pas le concurrencer en matière de vitesse.

Ayato se frayait un chemin à travers les flammes et se rapprochait rapidement de sa distance d’attaque quand il l’avait remarqué — le sourire joyeux sur son visage.

« Tu es tombé dans le panneau ! Fleuraison, Gloriosa ! »

Soudain, des cercles magiques apparurent aux pieds d’Ayato, et des piliers de flamme surgirent pour bloquer son chemin. Cinq piliers l’entouraient, comme s’il était pris dans la main griffée d’un énorme monstre. Une capacité conditionnelle !?

Les Stregas et les Dantes disposaient souvent de certains pouvoirs qui ne pouvaient être activés que lorsque des conditions spécifiques étaient remplies. De telles capacités, disait-on, étaient souvent utilisées comme des pièges. Un exemple concret : celui-ci.

« Heh. Finalement, je gagne, » déclara une voix féminine, celle de son adversaire.

Il entendit sa voix triomphante de l’au-delà des flammes, mais ne pouvait pas voir son visage. Les piliers s’étaient tournés vers l’intérieur en direction d’Ayato, pointés vers lui des serres, et s’étaient rapprochés pour l’écraser dans leur prise.

Mais même alors, Ayato contrôla calmement sa respiration en un instant. « Technique Médium du Style Shinmei Amagiri — Chardon aux Dix Épines ! »

Changeant sa prise pour tenir la grande épée dans sa main droite, il s’était considérablement tordu et avait fait un mouvement de rotation. Puis, après avoir pivoté avec sa main droite, il avait transféré l’épée à sa main gauche et avait de nouveau tourné dans un coup de revers.

Deux séries de stries traversaient les piliers qui l’entouraient et, à l’instant suivants, les cinq piliers s’étaient éteints.

Sans tenir compte des flammes résiduelles qui grésillent contre sa peau, Ayato avait rapidement refermé la distance entre eux.

Tandis que Julis se tenait abasourdie, il poussa son épée contre sa poitrine — et au même moment, une alarme retentit dans la salle d’entraînement.

***

Partie 2

« Je pensais gagner aujourd’hui, j’en étais sûre, » déclara Julis grognonne, les bras croisés, et les joues gonflées de déplaisir.

Alors qu’elle était assise sur le sol froid, Ayato le regardait d’un air penaud.

Il s’agissait de la salle de formation exclusive de Julis. Ils l’avaient pour eux deux. Avec un plafond haut, elle était presque aussi spacieuse qu’un gymnase. Bien sûr, ce n’était pas n’importe qui qui s’était vu accorder une telle facilité. Il s’agissait de l’un des avantages d’être une Première Page.

« Je dois admettre que perdre tant de fois occasionne une perte de confiance en moi, » déclara Julis.

« Mais Julis, tu es vraiment forte, » déclara Ayato.

« N’essaye pas de me flatter. Je n’ai pas pu te porter un seul coup aujourd’hui encore. Comme d’habitude, quoi ! » Toujours en train de bouder, elle tourna son regard furieux sur Ayato.

« Je ne te flatte pas. Franchement, tu m’as presque eu cette fois-ci, » répondit Ayato.

Il avait été attiré parfaitement à l’endroit exact du piège — une erreur inexcusable de sa part. Avec n’importe quelle autre arme que le Ser Veresta, il aurait vraiment pu avoir des difficultés.

De plus, Julis apprenait remarquablement vite. Quand ils avaient commencé à s’entraîner ensemble, elle avait du mal à suivre les mouvements d’Ayato. Maintenant, elle utilisait habilement ses pouvoirs pour restreindre les manœuvres de l’épéiste. Dans tous les cas, elle n’était pas à la hauteur d’Ayato une fois qu’il avait réussi à se mettre au corps à corps, alors elle devait l’éviter. Mais à ce rythme, il était clair que cela ne deviendrait que de plus en plus difficile pour lui d’y arriver.

« De toute façon, tu as aussi beaucoup de mouvements à disposition. Celui que tu as utilisé à la fin — je n’avais jamais vu ça avant, » déclara Ayato.

« C-C’est vrai. Eh bien, c’est quelque chose dont je suis plutôt fière..., » Julis hocha la tête alors que son expression s’adoucissait légèrement.

L’étendue de son répertoire était vraiment extraordinaire. Ayato avait vu au moins dix techniques différentes, allant de l’attaque à la défense en passant par les techniques de soutien. C’était une preuve de plus de la maîtrise qu’elle avait sur ses capacités.

« Mais gagner la Festa serait carrément impossible sans ce niveau de compétences, » poursuit-elle. « Ayato, qui a le meilleur dossier à la Festa ? Ceux qui ont des pouvoirs spéciaux, comme les Stregas et les Dantes — ou tous les autres ? »

« Hein ? Eh bien, ça doit être des gens avec des pouvoirs spéciaux, » répondit Ayato.

Il n’y avait pratiquement pas d’inconvénients au fait d’être un Strega ou un Dante. Bien qu’il soit vrai qu’ils devaient affecter du prana à utilisation de leurs capacités, ils avaient toujours un avantage écrasant face à ceux qui n’en avaient pas.

Mais Julis secoua lentement la tête.

« Il est vrai que leurs pourcentages de victoires sont élevés —, du moins au début de leur carrière, » avait-elle dit avec un regard contradictoire. « Mais à mesure qu’ils continuent à se battre, la plupart d’entre eux commencent à perdre de plus en plus. Leurs pouvoirs sont révélés, les particularités sont largement connues, puis la concurrence fait des ajustements. Il y a quelques combattants qui n’entrent pas dans ce moule, mais dans l’ensemble, ceux qui ont des capacités spéciales gagnent environ cinquante pour cent du temps. »

« Ajustements ? » demanda Ayato.

« Les étudiants ici ne sont pas stupides. S’ils savent qu’ils se battent contre moi, ils se prépareraient au moins à lutter contre le feu. Tout comme Silas l’a fait, » déclara Julis.

Ayato se souvient du garçon qu’ils avaient combattu l’autre jour. Il avait préparé des poupées résistantes au feu pour combattre Julis.

« Je vois. Ainsi Stregas et Dantes deviennent prévisibles avec leurs pouvoirs, » déclara Ayato.

« Oui. Plus leurs capacités sont étroites, plus elles sont puissantes — mais cela vient avec la perte de la polyvalence. Il serait assez facile de gagner contre un adversaire qui ne t’a jamais vu auparavant, mais ce tournoi n’a pas pour but de gagner qu’une seule fois. Tu dois continuer à gagner pour être au sommet. Ceux qui sont capables de maintenir un classement élevé sont ceux qui le comprennent, » expliqua Julis.

Julis l’avait fait paraître simple, mais même Ayato pouvait dire qu’une série de victoires était plus facile à dire qu’à faire dans Asterisk.

« Heureusement pour moi, j’ai une capacité avec laquelle je peux trouver des moyens de diversifier son usage. Je dois en profiter au maximum. C’est tout ce qu’il y a à faire, » déclara Julis.

« Mais les Stregas et les Dantes ne sont pas les seuls à être désavantagés lorsque la concurrence connaît leurs compétences, n’est-ce pas ? » demanda Ayato.

« Eh bien, c’est vrai. Mais la tendance est plus marquée pour ceux qui ont des capacités spéciales... Au fait, comment te sens-tu ? Physiquement, je veux dire. Des problèmes ? » Julis avait soudain regardé le visage d’Ayato.

Il s’agissait d’un geste désinvolte, mais ses joues devenaient brûlantes au fur et à mesure que son visage harmonieux se rapprochait inopinément du sien.

Julis avait flanché lorsqu’elle avait remarqué son embarras et s’était rapidement retirée. Comme Ayato, ses joues étaient devenues rouges, et elle s’était retrouvée à détourner son regard.

« Hum... Je suppose que je vais bien. Je peux encore très bien me déplacer, » Ayato s’éloigna un peu avant de se mettre debout et brossa son pantalon comme s’il pouvait se débarrasser de la gêne entre eux en retirant la poussière.

« Oh. B-Bien. C’est une bonne chose, » elle hocha la tête délibérément et s’éclaircit la gorge. « Donc... la limite des trois minutes est une contrainte définie. »

« C’est ce qu’on dirait. Est-ce trop court ? » demanda-t-il.

« Pour être honnête, cela ne rend pas les choses très faciles, » répondit-elle, l’air sinistre.

Leur affrontement antérieur était plus qu’un simple entraînement. Ils testaient combien de temps Ayato pouvait se battre à pleine puissance ainsi que les séquelles sur son corps.

La pleine puissance d’Ayato avait été scellée par sa sœur, mais il pouvait la libérer de son propre gré pendant un court laps de temps —, quelques minutes tout au plus. Et après ça, il y aurait des séquelles, une douleur si intense qu’il ne pouvait plus bouger pendant un moment.

Ils avaient constaté que trois minutes étaient une limite de temps sous laquelle les séquelles pouvaient être réduites au minimum.

« Je pense que je pourrais me battre normalement de cette manière, » déclara-t-il.

« Tu dis ça, mais regarde-toi... Mais je suppose que c’est mieux que de te voir t’effondrer sur moi, » déclara Julis.

Avec sa force scellée, les compétences d’Ayato au combat étaient légèrement inférieures à la moyenne parmi les combattants d’Asterisk. Alors qu’il était possible pour lui de se battre à pleine puissance pendant plus de cinq minutes, s’il le faisait, les séquelles le laisseraient pratiquement paralysé et à l’agonie pendant une journée entière. C’était un risque trop élevé pour la Festa.

Julis avait tourné son regard vers le sol, alors qu’elle était perdue dans ses pensées pendant quelques instants, puis avait lentement levé les yeux vers son ami. « Juste pour clarifier — ne peux-tu pas à nouveau libérer ta puissance dans ton état actuel ? »

« Ce n’est pas possible. J’ai besoin d’avoir au moins quelques heures de repos, » répondit-il.

Même s’il lui restait encore un peu de force, l’acte même de briser le sceau exigeait un énorme effort physique.

« Peut-être que ce ne serait possible qu’un instant..., » déclara-t-il pensivement.

Le fait de libérer sa force pour un instant seulement, comme il l’avait fait des semaines auparavant lors de son duel avec Julis, avait eu moins d’impact sur son corps. C’était comme si sa main se glissait entre les barreaux d’une cellule plutôt que de se libérer complètement.

Mais même à ce niveau-là, il ne pouvait pas le faire à plusieurs reprises.

« Nous pourrions l’utiliser pour une manœuvre d’évitement d’urgence ou peut-être une attaque-surprise, » avait répondu Julis. « Ce qui est mieux que rien. »

« Je pense que tu as raison, » déclara Ayato.

Il s’était remémoré qu’il l’avait fait très récemment comme manœuvre d’urgence.

En pensant à cette fille aux cheveux argentés qu’il avait presque percutée dans l’allée couverte et sa ressemblance à un petit animal, il n’avait pas pu s’empêcher de sourire.

« En tout cas, cela ne sert à rien de se fixer sur l’impossible, » avait déclaré Julis. « Acceptons juste que tu ne puisses te battre à pleine puissance que pendant trois minutes et planifions tout autour de ça. »

« Oui, je suis d’accord. C’est plus réaliste, » répondit Ayato.

« Au cours de ces trois minutes, nous devrions être en mesure de gérer la plupart des adversaires. Au moins, nous n’aurons pas beaucoup de problèmes avec les étudiants jusqu’à un niveau proche du mien. Je déteste l’admettre, mais je le sais par expérience personnelle, mais faire face à des adversaires plus forts sera un problème, » déclara Julis.

« Y a-t-il beaucoup d’étudiants plus forts que toi, Julis ? » demanda Ayato.

Sa question était tout à fait sincère. Les yeux de Julis s’étaient élargis face à la question. « Es-tu vraiment sérieux — ? Ce n’est pas grave. Je crois que je commence enfin à te comprendre. »

« Euh... ? » s’interrogea Ayato.

« Ayato, je suis flattée que tu aies une si haute opinion de moi, mais ici à Asterisk, il y a un certain nombre d’étudiants plus forts que moi, » répondit Julis. « Ce n’est pas un très grand nombre, — mais c’est quant même un nombre certain. Même une estimation conservatrice serait plus élevée que ce que je ne peux compter en utilisant tous mes doigts et orteils. »

« Tant que ça ? » demanda Ayato.

Julis était forte. L’autre jour, elle avait lutté contre Silas, mais seulement après être plus ou moins tombée dans un piège. Selon Ayato, par sa capacité brute, Silas n’était pas à la hauteur de son amie.

Bien sûr, on pourrait faire valoir que la création d’une situation aussi inégale, comme Silas l’avait fait, était une sorte de force.

« Pour ne citer qu’un exemple bien connu, on dit que le président du Conseil des Étudiants de Gallardworth est un épéiste du plus haut niveau. Je l’ai vu se battre, et il est au moins aussi bon que toi à pleine puissance. J’ai aussi entendu dire que la présidente du Conseil des Étudiants de Jie Long a des capacités bizarres — bien que nous n’ayons probablement pas besoin de nous inquiéter pour elle. Elle n’est pas encore assez âgée pour participer à la Festa, » déclara Julis.

« Hmm. Les présidents du Conseil des Étudiants de Gallardworth et Jie Long, hein ? » Ayato avait eu l’impression que les présidents des conseils des étudiants étaient tous formidables, y compris Claudia. Puis il s’était souvenu de quelque chose. « Oh ouais, il y a une personne très forte que je connais. Elle a fait les gros titres l’an dernier pendant quelques jours de suite. Elle a des victoires successives dans le Lindvolus à son actif, et elle est avec Le Wolfe... Quel était son nom... ? »

Ayato s’intéressait très peu à la Festa, mais la frénésie quant à la couverture médiatique autour de ce combattant avait été impossible à manquer, même pour lui. La jeune fille était la deuxième combattante à remporter le Lindvolus deux saisons de suite, et elle était considérée comme quasi sûre de devenir la première combattante à remporter trois victoires successives.

« La Sorcière du Venin Solitaire, Orphélie, » murmura Julis, alors que sa voix était grave et neutre, comme pour éloigner une certaine émotion.

« Oh ouais, c’est elle ! » Ayato avait claqué ses mains ensemble une fois puis il avait remarqué que quelque chose n’allait pas avec Julis.

Elle regardait le sol avec un regard conflictuel — un mélange entre de la colère et de la tristesse.

« Julis... ? » demanda-t-il, et elle leva soudain les yeux.

« Oh — désolée. J’étais en train de réfléchir, » déclara-t-elle, évitant la question tacite, puis elle avait pris une pose confiante avec son index pointé vers le haut.

« D-De toute façon, il y a aussi beaucoup de grands combattants dans Asterisk qui ne sont pas des étudiants. Le commandant de la garde de la ville, par exemple, est un Strega reconnu comme le plus fort de l’histoire de la ville, et notre professeur principale, Mademoiselle Yatsuzaki, est probablement beaucoup plus forte que moi, » déclara Julis.

« Mademoiselle Yatsuzaki ? » demanda Ayato.

« Tu ne le devinerais peut-être pas, mais elle était la chef de la seule équipe de Le Wolfe à remporter les Gryps. Mais quant à la raison qui fait que quelqu’un comme elle enseigne à Seidoukan, je n’en ai aucune idée, » répondit Julis.

Ayato se mit alors à réfléchir sur sa prof aux yeux durs et méchants. Maintenant que Julis l’avait mentionné, elle n’avait jamais montré un moment de vulnérabilité dans ses mouvements de tous les jours, et elle avait infligé une punition impitoyable à tous les élèves pris en train de faire des gaffes en classe.

Seul un Genestella, et un très fort pour couronner le tout, pouvait traiter avec les élèves d’Asterisk de cette façon.

« Cependant — il y a un avantage que tu as sur tous les combattants que nous venons de mentionner, » avait déclara Julis. « Sais-tu ce que c’est ? »

« Euh... ? Non, pas la moindre idée, » répondit Ayato.

« C’est que tes capacités ne sont pas encore bien connues. L’incident avec Silas n’a jamais été rendu public et il n’y a pas eu de témoins, » expliqua Julis.

C’est alors qu’Ayato avait compris là où elle voulait en venir. « Ça nous ramène à ce dont nous parlions tout à l’heure, non ? »

« Tout à fait, » répondit Julis.

Pour en revenir à ce que Julis avait dit : que la compétition ne savait pas encore à quoi s’attendre venant de lui.

« La liste des prêts des Orga Luxs de chaque école est publique, donc nos adversaires vont se préparer en gardant cela à l’esprit... Bien qu’ils ne puissent pas vraiment faire grand-chose avec cette information à elle seule, » Julis regarda le Ser Veresta, qui était maintenant en mode veille, et elle poussa un petit soupir. « Si seulement tu pouvais l’utiliser dans ton état normal... »

Ayato avait ri nerveusement. « C’est la seule chose sur quoi je ne peux vraiment pas changer. »

Le Ser Veresta lui avait permis de l’utiliser seulement lorsque ses pouvoirs avaient été libérés. S’il le prenait maintenant dans sa main, il resterait en mode veille, avec sa puissance en sommeil.

« Au fait, est-il vrai que ta sœur maniait cette épée ? » demanda Julis.

« Tout ce qu’on a pu me dire, c’est “probablement”, » avait-il admis.

« Hmm. Mais si c’est vrai, c’est assez inhabituel comme situation, » déclara Julis.

« Oui, c’est ce que je pensais aussi. Un frère et une sœur utilisant le même Orga Lux..., » commença Ayato.

« Non, ce n’est pas du tout ce que je voulais dire, » Julis secoua la tête. « Ta sœur est un Strega, n’est-ce pas ? Les Orga Luxs sont rarement compatibles avec les Stregas et les autres combattants ayant des capacités spéciales. »

« Oh. Vraiment ? » demanda Ayato.

« Oui. Lorsqu’ils canalisent le mana vers leurs capacités, cela produit apparemment une réaction indésirable dans l’urm-manadite. Il y a probablement moins de dix combattants dans l’histoire d’Asterisk qui soient nés avec des pouvoirs spéciaux tout en ayant également manié des Orga Luxs, » expliqua-t-elle.

« Donc les Orga Luxs ont tendance à ne pas aimer les gens qui ont des pouvoirs spéciaux ? » demanda Ayato.

Les armes Orga Lux avaient une volonté propre et avaient toujours choisi leurs utilisateurs. Ayato en avait fait l’expérience de première main — plutôt douloureusement.

« Les raisons ne sont pas encore bien comprises, mais oui, ça pourrait être quelque chose comme ça, » Julis avait souri et avait haussé les épaules. « On s’éloigne du sujet. Dans tous les cas, nous avons encore un mois avant le Phoenix. Alors, assure-toi de ne pas dévoiler ta main en te faisant prendre dans des duels ou quoi que ce soit du genre. D’accord ? »

« Compris, » répondit Ayato.

Julis hocha la tête en signe de satisfaction à sa réponse, puis elle avait dégainé le Lux en forme de lance depuis l’étui à sa taille et le tourna dans sa main. « Bien. Reprenons notre formation. Je veux que nous puissions battre tous les concurrents, sauf les plus haut placés, avec tes pouvoirs scellés. Et pour ce faire, nous devons améliorer notre travail d’équipe, sinon je finirai par te brûler en même temps que nos adversaires. »

« ... Ce ne serait pas idéal, » répondit-il. Vraiment pas.

« Nous devrions avoir des matchs simulés avec une autre paire pour nous entraîner, » avait déclaré Julis. « Mais ce n’est pas vraiment une option... »

« Hein ? Pourquoi ne pas demander à certains de nos camarades de classe ? » demanda Ayato.

Julis l’avait regardé d’un air renfrogné. « Ce n’est pas très gentil de ta part. Tu sais que je n’ai pas d’amis ici. »

« Oh, euh, je ne voulais pas..., » commença Ayato.

« Quoi qu’il en soit, as-tu déjà oublié ce dont nous venons de parler ? Camarades de classe ou non, s’ils nous aident à nous entraîner, alors ils découvriront ta force. As-tu vraiment déjà — ? » commença Julis.

Juste au moment où Julis semblait sur le point de se lancer dans une longue tirade, une sonnerie à la pièce avait retenti. Un moment plus tard, une fenêtre transparente s’était ouverte devant eux.

« Vous avez de la visite. Aimeriez-vous les voir à l’intérieur ? » une voix douce et artificielle avait annoncé cela. Julis et Ayato se regardèrent avec surprise.

***

Partie 3

« Eh bien. Vous êtes la dernière association de visiteurs à laquelle j’aurais pu m’attendre, » avait dit Julis aux deux étudiants qui venaient les voir, avec un regard un peu songeur.

 

 

L’un était un jeune homme de plus de six pieds de haut, en contraste flagrant avec l’autre, une fille si petite qu’elle pouvait être confondue avec un élève de cinquième année. Les deux visiteurs fixaient Julis avec des expressions grincheuses.

« Saya et Lester ? » s’était exclamé Ayato. « Qu’est-ce que vous faites ici ? »

Comme s’il s’agissait de la réponse, la fille — Saya Sasamiya — s’était avancée et avait pointé du doigt Julis avant de déclarer. « Ce n’est pas juste. »

« Quoi — ? » Prise au dépourvu par cette déclaration si soudaine, Julis avait cligné des yeux à plusieurs reprises alors que sa bouche était ouverte. « “Ce n’est pas juste”... ? Qu’est-ce qui n’est pas juste ? »

« Ces derniers temps, Riessfeld, tu monopolises Ayato. Il s’agit d’une violation manifeste de la loi antitrust et d’autres réglementations relatives aux pratiques commerciales déloyales. J’exige que cette situation soit rectifiée, » déclara Saya.

« Je n’avais aucune idée que l’association avec lui était soumise aux lois antitrust, » répliqua Julis, légèrement étonnée, mais Saya avait fait un autre pas vers elle sans manifester la moindre émotion.

« Ça ne sert à rien de faire l’idiote. Les preuves parlent d’elles-mêmes. J’ai déjà déterminé hors de tout doute raisonnable que toi et Ayato avez passé de longues après-midi dans une pièce fermée à double tour, engagés dans des activités dont vous n’osez même pas parler en public, » déclara Saya.

« Pourrais-tu rendre cette phrase un peu moins indécente ? On ne s’entraîne que pour le Phoenix ! Et d’ailleurs, où as-tu entendu ces bêtises ? » demanda Ayato.

« Je dois protéger mes sources... Disons simplement que je l’ai entendu de la part de l’ingénieux Monsieur E. Y., » répondit Saya.

« Maudit sois-tu, Yabuki ! » pesta Ayato. C’était trop évident.

« Riessfeld, tu te cramponnes trop à Ayato. L’autre jour, tu as agi comme si tu étais assise par hasard au déjeuner à côté de lui, alors qu’en vérité, rien ne pouvait être plus suspect, » déclara Saya.

« Quoi — ? Non, c’était une pure coïncidence... ! » s’écria Julis.

« Les coïncidences ne se produisent pas cinq jours de suite. Ton histoire comporte des trous comme une passoire, » répliqua Saya.

Julis avait fait un bruit étouffé et elle avait répliqué en colère. « Alors j’ai aussi quelque chose à te dire, Sasamiya ! Tu te sers de cette phrase “on a grandi ensemble” comme excuse... »

Saya et Julis avaient ainsi continué dans la discussion enflammée, assez près pour littéralement cogner leurs têtes.

« Ooo-kay... Je ferais mieux de rester en dehors de ça, » Ayato soupira. Puis, avec un sourire embarrassé, il avait fait face au visiteur masculin, Lester MacPhail. « Sortez-vous de l’hôpital, Lester ? C’est bon de vous voir en forme. »

« Eh... Ce n’était vraiment qu’une égratignure, » répondit sèchement Lester, semblant un peu mal à l’aise.

Ayato avait entendu dire que les événements de l’autre jour avaient fait atterrir Lester à l’hôpital, mais apparemment il n’avait pas été blessé trop sévèrement. C’était soit ça, ou bien il y avait un médecin remarquablement efficace là-bas.

« Alors, qu’est-ce qui vous amène ici ? » demanda Ayato. « Et avec Saya, rien que ça. »

« Je viens de croiser cette demi-portion en venant ici. Elle avait l’air perdue, et nous allions de toute façon au même endroit. J’ai pensé que je pourrais aussi bien la faire venir avec moi. »

Saya s’était arrêtée dans son altercation avec Julis. Elle s’était tournée vers Lester. « Qui appelles-tu “demi-portion” ? Mais de toute façon, merci de m’avoir conduit jusqu’ici, » elle avait hoché la tête en signe de gratitude, puis elle avait rapidement fait face à Julis pour reprendre leur querelle. Elle savait bien comment faire agir les autres selon son propre rythme.

Cette salle d’entraînement était située à l’intérieur d’une arène polyvalente où se déroulaient les matchs de classement officiel. Elle était reliée par un seul chemin depuis le bâtiment de l’école, rendant presque impossible pour quelqu’un de se perdre de l’un à l’autre. Personne d’autre que Saya ne pouvait le faire, pensa Ayato.

« Mais vous alliez dans la même direction ? » demanda Ayato. « Voulez-vous dire par là que vous vouliez aussi nous voir, Lester ? »

Lester fronça les sourcils encore plus profondément alors qu’il détournait le regard. « Oui, donc... ce truc avec Silas, j’ai pensé, eh bien, vous savez. Eh bien, ça s’est terminé avec vous, euh, m’aidant, à peu près ça... Alors, j’ai pensé que je devrais mettre les choses au clair, ou euh, au moins dire merci... Alors je, euh... » Lester s’arrêta là puis il fit incliner son corps face à Ayato en un petit salut, ne le regardant toujours pas dans les yeux. « Eh bien, merci ! C’est tout ce que je voulais dire. Je vais maintenant y aller ! »

Il se tournait déjà pour partir, mais Ayato l’arrêta. « Quoi — ! Hé, attendez un peu, Lester ! »

Il n’était apparemment venu que pour remercier Ayato, avec sa manière maladroite de faire. Sur ce point, Lester et Julis n’étaient pas si différents.

Ayato ne pouvait pas accepter de rater cette occasion de se réconcilier avec le garçon qui avait auparavant montré tant d’animosité envers lui. Et l’idée parfaite lui était venue. « Oh oui ! Nous étions justement à la recherche de partenaires de combat afin de pouvoir nous entraîner lors d’un match en duo. Lester, cela vous dérangerait-il de nous aider ? Vous et Saya. »

« Partenaires de pratique ? » demanda Lester

« Hein ? » s’interrogea Julis.

Lester, Saya et Julis s’étaient tous tournés vers Ayato.

« H-hey, Ayato, tu ne peux pas juste — ! » commença Julis.

« Mais, n’avons-nous pas besoin de partenaires d’entraînement ? De plus, nous pouvons leur confier mon secret, » déclara Ayato.

Lester avait déjà appris quelques détails sur l’état d’Ayato, tandis que Saya connaissait déjà très bien sa véritable puissance.

« Je suppose que oui, mais…, » répondit Julis, incertaine.

Ayato avait pris la réponse hésitante de Julis comme un acquiescement. « Qu’en dites-vous, les gars ? Vous nous rendriez un grand service. »

Saya avait rapidement accepté avec un signe de tête. « Ça ne me dérange pas. »

Puis, bien sûr, tous les yeux s’étaient tournés vers Lester. Il resta là, l’air confus pendant un instant, puis il se gratta maladroitement la joue et marmonna. « Eh bien, très bien... si vous en avez vraiment besoin, alors c’est d’accord. »

***

Partie 4

Ayato avait expliqué sa situation alors que les nouveaux venus s’échauffaient.

« Je vois. Ta grande sœur a scellé tes pouvoirs..., » Saya avait poussé un soupir, l’air peut-être plus sérieux que d’habitude. « Tu étais plutôt sauvage quand tu étais enfant. Je pensais que tu t’étais beaucoup calmée, mais maintenant je comprends pourquoi. »

« Hum, je ne pense pas avoir été un vaurien..., » déclara Ayato.

« Mais Haru n’est pas du genre à faire quelque chose comme ça sans raison valable. Je suis sûre qu’elle a dû en avoir une, » déclara Saya en lui jetant un regard solennel.

Ayato avait été touché de voir qu’elle y croyait vraiment. « Eh bien. Merci, Saya. »

« En plus, tu es toujours aussi cool, alors pas de soucis de ce côté là-bas, » déclara Saya.

« Merci pour ça aussi, enfin, je suppose, » déclara Ayato en riant de manière penaude.

La sensation de Saya enveloppant ses bras autour de lui était familière et réconfortante. En même temps, cela lui avait fait prendre conscience de leur différence de hauteur, ce qui était nouveau, et son cœur s’était un peu accéléré.

« Euh ! » Julis les avait interrompus. « Si ça ne vous dérange pas, j’aimerais commencer... »

« Oh, c’est vrai. Désolé, » déclara Ayato.

Pour une raison ou pour une autre, Julis semblait sur les nerfs.

« Je sais que vous venez juste de former votre équipe en duo, alors restons sur quelque chose de simple, » déclara-t-elle. « Heureusement pour nous, les deux équipes ont des membres qui sont clairement adaptés aux combats à l’avant ou à l’arrière. Travaillons donc sur le soutien. Lorsque les combattants avant s’engagent dans des combats au corps à corps, les combattants arrière doivent se contrôler mutuellement tout en apportant un soutien à leurs rangs avant respectifs. Compris ? » expliqua Julis.

« ... Bien reçu, » répliqua Saya.

Julis et Saya avaient rencontré le regard de l’autre avec une force qui semblait projeter des étincelles.

« Wôw, vous êtes vraiment motivées toutes les deux, » fit remarquer Ayato en annonçant son émerveillement.

Alors qu’il sentait la tension dans l’air, Lester avait déjà activé sa Bardiche-Leo. « Arrête de vous inquiéter pour les filles. Qu’en est-il de vous ? Êtes-vous prêts ? »

« Hein ? » demanda Ayato.

« D’après ce que vous nous avez dit tout à l’heure, vous ne pouvez pas recommencer aujourd’hui, n’est-ce pas ? » demanda Lester.

« C’est à peu près ça, » répondit Ayato.

« C’est dommage pour vous, parce que je ne suis pas sur le point d’y aller doucement, » tandis que Lester se tenait debout, souriant, Ayato entendit quelque chose dans sa voix qui lui fit ressentir un frisson dans tout son dos.

« Ne soyez pas trop dur avec moi non plus, » était tout ce qu’il pouvait penser à dire en réponse alors qu’il activait son Lux standard ayant la forme d’une épée.

À l’instant où la sonnette retentit, signalant le début du match, Lester se précipita avec férocité sur Ayato. Il aurait dû s’y attendre en ayant vu les vidéos des matchs de Lester, mais l’affronter par lui-même était à un tout nouveau niveau d’intimidation.

« J’arrive ! » cria Lester alors qu’il l’attaquait avec une hache.

Ayato avait paré l’attaque avec son épée, mais seulement pour être repoussé. Cette force physique était stupéfiante.

Une Technique de Météores aurait pu être utile contre les muscles de Lester, mais malheureusement pour Ayato, il n’en avait pas dans les compétences qu’il possédait.

« On ne fait que commencer ! » cria Lester.

Alors qu’Ayato avait de nouveau les deux pieds sur le sol, Lester s’était précipité sur lui avec une deuxième attaque avant même qu’il puisse reprendre sa position.

La lame de lumière l’avait frappé et Ayato l’avait esquivée de la largeur d’un cheveu avant de se jeter sur Lester. C’était la stratégie classique contre une arme à longue portée comme la Bardiche-Leo et donc Lester était prêt pour une telle action. Il avait donc utilisé l’élan de son attaque pour enfoncer son épaule en plein sur Ayato.

« Ouff ! » Submergé par la différence de physique, Ayato n’avait pas d’autre choix que de mettre plus de distance entre eux — seulement pour être attaqué une troisième fois.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Est-ce tout ce que vous avez !? » cria Lester.

À ce rythme, il va continuer à me frapper..., alors que cette pensée traversait l’esprit d’Ayato, un groupe de boules de feu était intervenu dans le combat.

« J’ai failli vous avoir ! » Lester avait fait claquer sa langue en raison de sa frustration.

Il s’agissait de l’une des techniques de Julis — la primevère, si Ayato se souvenait correctement de ça. Les flammes bourdonnaient tout autour de Lester, dansant dans les airs comme d’énormes lucioles.

« Wôw... ! Merci, Julis, » il avait soudain compris pourquoi Lester avait tant de mal à la combattre.

Ses pouvoirs lui permettaient d’attaquer son adversaire, quelle que soit la distance. De plus, une arme encombrante comme la Bardiche-Leo rendait difficile à agir face à un barrage de projectiles de flammes utilisé lors d’un tir rapide.

« Bon sang ! Je ne pourrais jamais vous mettre à terre... Hé, demi-portion ! Est-ce que vous allez faire votre part ou — ? » s’écria Lester.

Lester s’était tourné vers Saya avec irritation, puis s’était simplement figé sur place.

Julis et Ayato, aussi, se tenaient là, la bouche grande ouverte.

« ... Je suis sur le point de le faire, » Saya avait préparé son arme — ou plutôt, son canon. Le canon mesurait facilement plus de sept pieds de long.

Un certain nombre de fenêtres de messages s’ouvraient autour d’elle, et le noyau émettait une lumière brillante qui indiquait l’utilisation d’une Technique de Météores.

« Lux Modèle trente-neuf, type canons laser, Wolfdora — Strafe, » murmura Saya nonchalamment, et avec un grondement, un flot de lumière se répandit.

« Wôw — attendez ! » cria Lester.

Ayato s’était plaqué contre le sol. Un faisceau de lumière recouvrant une zone massive avait balayé l’espace au-dessus de sa tête. Couché sur le ventre, il avait vu que Julis et Lester avaient fait la même chose. Ils avaient réussi à se baisser juste à temps.

Le rayon de lumière leur passant dessus, puis il s’estompa lentement.

Ayato se retourna avec précaution pour voir que le laser avait fait un énorme trou dans le mur aussi facilement qu’une chenille rongeant une feuille. Les bâtiments d’Asterisk — et surtout les arènes comme celle-ci — avaient été construits avec des matériaux considérablement fortifiés, qui n’avaient quand même rien pu faire contre la puissance destructrice de l’arsenal de Saya.

Lester avait été le premier à retrouver ses esprits. Il se releva d’un saut et se dirigea vers Saya, une veine dans son front qui battait furieusement. « C’est... c’est exagéré, idiote ! Essayiez-vous aussi de me tuer !? »

« Si vous ne l’évitez pas, c’est de votre faute. L’ancien Ayato n’aurait eu aucun problème, » il n’y avait pas un soupçon de honte dans la voix de Saya. Debout là, innocemment, elle semblait même légèrement perplexe devant la colère de Lester.

« Sasamiya. Vous êtes quelqu’un d’autre..., » Julis n’avait même pas réussi à faire surgir sa colère. Elle avait caché son visage dans sa paume.

« Mon Dieu, mon Dieu. Vous avez certainement fait un trou dans le mur, » une voix sereine résonna du trou dans le mur. C’était une voix qu’ils connaissaient tous.

***

Partie 5

Le visage de l’autre côté du mur appartenait à Claudia, la présidente du Conseil des Étudiants de l’Académie de Seidoukan.

« N’oubliez pas que même si nous permettons à des étudiants de Première Page comme vous d’utiliser cette salle de formation, il s’agit quand même d’une installation scolaire, » déclara Claudia.

« ... Nous le savons, » répondit Saya. « Ce n’était qu’un accident inattendu qui s’est produit au cours de notre entraînement. Ce n’est pas comme si nous voulions détruire le mur. »

« Bien sûr. Je vois, » avec un sourire aimable, Claudia hocha la tête de façon magnanime.

Mais ensuite — .

« Ooh, oh, mon Dieu, n’était-ce pas épouvantable, Camilla ? Qui aurait cru que le mur exploserait comme ça ? Je pensais que notre école était l’image du dictionnaire des bizarreries, mais d’autres endroits peuvent devenir aussi intéressants, hein ? »

« Oh, peu importe. Calme-toi, Ernesta. Essaye de ne pas me donner plus d’ennuis que tu n’en provoques déjà. »

À travers le trou dans le mur, Ayato avait vu deux femmes qu’il ne reconnaissait pas qui apparaissait de derrière Claudia.

Ce n’était pas seulement leurs visages qu’il ne reconnaissait pas. Après tout, il avait été transféré ici il y a moins d’un mois, donc il n’y en connaissait pas beaucoup. Ce qu’il ne connaissait pas du tout à propos de ces deux-là, c’était leur uniforme.

« Qu’est-ce que ça veut dire, Claudia ? » demanda Julis, à voix basse et d’une voix glaciale.

Ayato se retourna pour voir que comme Julis, Lester était aussi en état d’alerte avec un éclat vif. Claudia semblait ne pas remarquer leur position défensive et elle tapa légèrement de ses deux mains.

« Oh, je ferais mieux de vous présenter. Je vous présente Mademoiselle Camilla Pareto et Mademoiselle Ernesta Kühne, de l’Académie d’Allekant, » déclara Claudia.

« D’Allekant... ? » demanda Ayato.

Ça expliquerait la méfiance de Lester et Julis. Allekant était l’école qui aurait tiré les ficelles dans l’incident avec Silas. Pour ces deux-là, victimes directes de ses actions, il n’était pas exagéré de dire qu’Allekant était un ennemi.

Claudia et les deux nouvelles arrivantes se promenaient pour entrer dans la pièce par l’entrée maintenant inutile.

« Notre école et Allekant ont conclu un accord de coopération sur le développement de Lux. Mademoiselle Pareto est responsable du projet. Nous l’avons invitée sur notre campus aujourd’hui pour officialiser cet accord, » déclara Claudia.

« ... Bonjour, » la femme à la peau de bronze leur avait fait un signe de tête symbolique.

Elle semblait un peu plus âgée qu’Ayato. Elle avait une silhouette aussi enchanteresse que celle de Claudia, avec une morphologie finement tonique. Ses yeux profonds et sa petite bouche sérieuse avaient produit une impression quelque peu froide.

 

 

« Développement conjoint... ? Hmph. Je vois. Alors c’est ce que tu as fait, » Julis avait craché ses mots avec mépris.

Apparemment, elle avait une certaine compréhension de la situation qui avait échappé à Ayato. Il avait ouvert la bouche pour lui demander.

Mais Lester l’avait devancé : « Hé, Julis. Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »

« Vous êtes aussi lent que jamais. C’est une sorte de compensation pour ce qui s’est passé avec Silas. Seidoukan est probablement en train d’amener Allekant à partager la technologie en échange de ne pas les accuser publiquement de leur crime, » déclara Julis.

« Quoi... !? » C’était tout ce que Lester pouvait dire.

« Je n’ai pas la moindre idée de ce dont vous parlez, » Claudia avait simplement souri gracieusement, sans confirmer ni nier, mais c’était une réponse suffisante.

« Peu importe, » déclara sèchement Julis. « Vous êtes chargée de gérer cet incident. Je suppose que de toute façon, ce genre de subterfuge est votre point fort. Mais pourquoi les spécialistes Allekant sont ici ? »

« Eh bien, c’est parce que —, » commença Claudia.

« Hehe ! Parce que j’ai dit que je voulais venir voir ! » s’interposa l’autre fille en uniforme Allekant, sautillant de haut en bas avec la main levée. La fille nommée Ernesta semblait beaucoup plus expressive que Camilla. Contrairement à son compagnon, elle portait ce qui semblait être une blouse de laboratoire sur son uniforme. Mais elle s’enorgueillit aussi d’un buste ample, dont le rebondissement n’avait servi qu’à souligner son affirmation de soi.

Elle semblait avoir à peu près le même âge qu’Ayato et ses camarades de classe. Au moins, il ne pensait pas qu’elle pouvait être plus âgée qu’eux.

« Eh bien —, je devais simplement te regarder de mes propres yeux. Le combattant à l’épée qui a découpé toutes mes jolies poupées, » elle avait souri avec joie.

« Hein ? »

« Quoi — ? »

Un silence indescriptible en étrangeté les enveloppait.

Julis et Lester avaient laissé leurs mâchoires ouvertes, et Camilla avait tenu la sienne fermée dans un désarroi sans voix. Même Claudia avait mis sa main à sa bouche en état de choc. Ayato n’avait pas fait exception.

Cette fille avait tout sauf déclarer qu’elle était le cerveau derrière tout ça. Il était impossible de ne pas être surpris.

 

 

« C’est de toi que j’ai tant entendu parler. Hmm, oui. Oui, je vois ! » Ernesta, ignorant complètement l’atmosphère de la pièce, se déplaça jusqu’à Ayato et le regarda attentivement, hochant la tête à plusieurs reprises comme si elle était impressionnée. « Mm-hmm, pas mal du tout. Je crois que je t’aime bien ! »

Puis, pendant qu’Ayato se tenait là, choquée, elle lui fit signe de s’approcher encore plus près.

Une main à la bouche, elle l’appelait : « Psst. »

Quand il s’était penché prudemment, Ernesta avait rétréci ses yeux comme un chat et lui avait chuchoté à l’oreille. « Mais je ne rendrai pas les choses si faciles la prochaine fois. »

La prochaine fois... !? pensa-t-il. Avant qu’il ne puisse soulever son visage loin de la sienne, les lèvres d’Ernesta rencontrèrent légèrement sa joue.

« Hein !? »

« Quoi !? »

« — Arg ! »

« Oh mon Dieu... »

Ayato sauta en arrière, tandis que les yeux des trois filles de Seidoukan rougeoyaient pratiquement de rage.

« Pourquoi, vous ! Qu’est-ce que vous croyez faire — !? »

« ... Ce chat voleur doit mourir. »

Julis avait dégainé sa rapière, et Saya tourna le canon de son Lux (qui était encore actif) sur Ernesta.

« Eee-hee-hee-hee, si effrayant ! Pas besoin d’être tout irritable, c’est juste un petit salut ! » Ernesta s’était enfuie pour se cacher derrière Camilla, mais elle sortit la tête avant de rire malicieusement. « Pourquoi ne pas laisser le passé être le passé et jouer gentiment ? J’aimerais vraiment qu’on soit amis. Pas seulement avec Monsieur l’Épéiste ici, mais aussi avec la Sorcière des Flammes Resplendissantes. »

« Malheureusement, même en dehors des affaires avec Silas, je méprise Allekant. Alors non merci, » répliqua Julis.

La colère dans la voix de Julis était quelque chose de profond et de féroce. Ayato pouvait comprendre qu’elle ne voulait pas être amis, mais en la voyant manifester si ouvertement son antipathie, il se demandait s’il y avait autre chose au travail.

« Ahh. Tu n’es pas drôle ! » répliqua Ernesta.

« Désolée, Ernesta est... eh bien, vous pouvez voir comment elle est. Permettez-moi de m’excuser en son nom, » Camilla inclina légèrement la tête avec un sourire tendu.

Elle semblait posséder un caractère plus sensible — du moins par rapport à Ernesta Kühne.

Puis le regard de Camilla tomba sur le Lux que Saya tenait. « Hmm, maintenant c’est intéressant. Un Lux très unique. Deux manadites dans le noyau... Non, trois ? On dirait qu’ils ont été liés de force pour augmenter la production d’énergie... Il y a quelque chose de familier dans ce concept de design. »

Saya avait l’air surprise — une rareté pour elle — alors qu’elle regardait Camilla en réponse. « ... C’est exact. Comment le savez-vous ? »

« Mais c’est normal. Après tout, c’est ma spécialité. Je dois dire, cependant, que ce n’est pas très pratique comme arme, » déclara Camilla.

Les sourcils de Saya avaient tremblé.

« La méthode de transition LOBOS, qui consiste à relier plusieurs cœurs, est une technologie imparfaite qui a été abandonnée il y a plus d’une décennie. Le rendement ne peut pas être stabilisé, et cela impose une lourde charge à l’utilisateur. Non seulement le Lux lui-même sera encombrant, mais pour maintenir un rendement élevé, il faut induire une surcharge d’excitation du mana, ce qui nécessite de longues pauses entre les attaques. Vous n’avez pas l’air d’avoir réduit ces défauts, » déclara Camilla.

Ayato ne pouvait pas comprendre la moitié de ce qu’avait dit Camilla, mais elle semblait souligner à quel fait que le Lux de Saya était difficile à gérer. Si chaque attaque nécessitait une surcharge d’excitation du mana ou une Technique des Météores, ce serait comme un combat avec des mouvements spéciaux.

« ... Tout cela est vrai, » même si Saya s’était mordu la lèvre en frustration, elle avait regardé Camilla droit dans les yeux. « Mais je ne vous laisserai pas dire du mal de l’arme de mon père. J’exige que vous retiriez vos déclarations immédiatement. »

« ? Vous père est... ? » Camilla avait étudié le visage de Saya. « Oh — seriez-vous la fille du Docteur Sasamiya ? »

Il y avait des allusions de familiarité et de dérision dans sa voix quand elle avait dit ce nom.

« Et si je le suis ? » demanda Saya.

« Raison de plus pour que je ne retire pas mes critiques, » Camilla haussa les épaules, et le regard de Saya devint encore plus perçant. « Le Docteur Sasamiya a été renvoyé d’Allekant et de notre faction Ferrovius pour ses points de vues de renégat. La technologie Lux est le pouvoir, et le pouvoir doit être accordé non pas aux individus, mais aux masses. C’est l’idéologie fondamentale de Ferrovius et, en tant que sa représentante, je dois rejeter son hérésie. »

Saya et Camilla se regardaient l’une et l’autre, ne bougeant pas d’un pouce. L’air semblait aussi lourd qu’un baril de poudre en attente d’une étincelle.

Claudia s’éclaircit plutôt théâtralement la gorge, pas trop tôt. « Mes chères invitées. Devons-nous nous occuper de l’affaire qui vous amène ici aujourd’hui ? »

« Oui, allons-y. Mes excuses, » avec un lourd soupir, Camilla désengagea son regard. Elle avait suivi Claudia et avait tourné le dos à Saya.

« Attendez. Je veux vous entendre retirer vos déclarations, » Saya n’arrêtait pas de la regarder, mais Camilla était partie sans réponse.

« Camilla peut être têtue une fois qu’elle est comme ça ! Elle n’a pas vraiment envie de changer d’avis, je dois dire, » Ernesta, qui avait pris la scène avec beaucoup d’intérêt, pouvait à peine contenir son plaisir. « Maisss... si vous insistez vraiment, je suppose que vous devrez le faire par la force ! Je veux dire, on a des règles pour ça. »

« ... Voulez-vous parler de la battre en duel ? » demanda Saya.

« Hehe ! Pas possible, Camilla n’accepterait jamais un duel ! » Ernesta agita la main avec un grand rire. « Mais, vous savez, nous sommes toutes les deux inscrites pour participer au Phœnix. »

« Le Phoenix ? » demanda Saya.

« Si vous continuez à gagner, nous finirons par nous affronter un jour ou l’autre, » alors que les yeux d’Ernesta étaient pleins d’allégresse, elle ne semblait pas plaisanter.

« Ernesta, il est temps d’y aller, » déclara Camilla depuis la porte.

« Ouais ! J’arrive ! » Ernesta avait répondu, puis était partie de la salle d’entraînement. « À plus tard, les gars ! »

« Quelle blague, » murmura Julis après une pause. « Toutes les deux. »

Elle était au-delà de la colère, tout simplement stupéfaite. Elle était allée chercher la boisson qu’elle avait laissée près du mur.

« Elles ont dit qu’elles se battaient dans le Phoenix, » avait déclaré Lester. « Mais elles doivent être en cours de recherche, non ? Elles sont folles à lier. »

« Un cours de recherche ? » demanda Ayato.

« Les étudiants d’Allekant sont divisés en classes de recherche, qui travaillent au développement de Lux et autres, et la classe pratique, qui participe à la Festa. Les chercheurs ne se battent pas vraiment... d’habitude, » répondit Julis.

« Hmm..., ces deux filles semblaient être Genestella, mais elles ne bougeaient pas comme des combattantes entraînées. Alors pourquoi... ? » demanda Ayato.

« Ayato, » alors qu’il était perdu dans ses pensées, Saya avait tiré à l’ourlet de sa chemise.

« Hmm ? Qu’y a-t-il, Saya ? » demanda Ayato.

« Je vais aussi me battre dans le Phoenix. J’ai décidé de ça, » déclara Saya.

« Le Phoenix ? Bien sûr, c’est très bien, mais c’est un tournoi par équipe. Avec qui vas-tu faire équipe ? » demanda Ayato.

« Avec toi, bien sûr, » déclara Saya.

Lors de la déclaration désinvolte de Saya, Julis avait commencé à s’étouffer violemment avec sa bouteille. « Excuse-moi !? C’est mon partenaire ! »

Tandis que Julis tirait fort sur le bras droit d’Ayato, Saya s’était enroulée autour de son bras gauche en réponse et avait tiré.

« ... Le monopole n’est pas autorisé, » déclara Saya.

« Attendez, vous deux... Oh ! Hé, ça fait vraiment mal ! » cria Ayato.

Il se faisait tirer dessus comme un jouet dans une bagarre d’enfants, mais quand les candidates étaient deux Genestellas, il n’y avait pas de quoi rire.

« Pourquoi ne pas faire équipe avec Lester ? Comme tu viens de le faire ! » Ayato avait protesté.

La réponse de Saya avait été immédiate. « Je n’en ai pas envie. »

« Moi non plus ! Pas question que je me retrouve avec quelqu’un qui va me faire sauter en même temps que les adversaires ! » s’exclama Lester. « En plus, j’ai déjà un partenaire pour le duo ! »

« ... Oui. C’est important. Le seul qui peut esquiver mes attaques correctement est Ayato, » déclara Saya.

« C’est quelque chose sur lequel vous pouvez travailler ! » Julis gronda. « De plus, la date limite pour s’inscrire au Phœnix est dépassée ! Que comptez-vous faire à ce sujet ? »

« Euh... C’est un problème, » Saya lâcha Ayato et se tint profondément en pleine pensée.

Julis avait saisi l’occasion de tirer Ayato derrière elle et avait pris une position menaçante.

« Eh bien, il est toujours possible de s’inscrire comme remplaçant, » avait suggéré Lester. « Il y a toujours des équipes qui se blessent. »

« C’est vrai. Alors je vais le faire, » Saya avait claqué ses doigts.

« Et qui sera votre partenaire ? » demanda Julis avec prudence.

« Ayato, » annonça Saya

« Refusé ! » s’écria Julis

Les deux filles avaient recommencé à se disputer.

Même si Ayato avait poussé un long soupir, les paroles d’Ernesta lui étaient revenues. « Mais je ne rendrai pas les choses si faciles la prochaine fois. »

Elle ne faisait peut-être que taquiner, mais ça lui était resté dans la tête. Qu’est-ce que « la prochaine fois » est censé signifier... ?

***

Partie 6

« Franchement... Ne me fais pas peur comme ça, Ernesta, » déclara Camilla.

Après avoir signé l’accord officiel, Camilla avait réprimandé Ernesta à l’extérieur du bâtiment de l’école de Seidoukan.

« Euh ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » en réponse, Ernesta l’avait regardée d’un air innocent, mais Camilla la connaissait depuis trop longtemps pour être dupée.

« Il n’était pas nécessaire de faire des pieds et des mains pour leur dire que tu étais impliquée dans cet incident, » déclara Camilla.

Camilla faisait référence à la déclaration d’Ernesta dans la salle de formation. Elle s’était révélée être le cerveau, ce qui avait poussé les étudiants de Seidoukan à se mettre sur la défensive. Il n’y avait rien à y gagner.

« C’est quoi le problème ? Cet accord de coopération met tout cela derrière nous. Ils ne peuvent pas le déterrer et l’utiliser contre nous maintenant, » répondit Ernesta.

« C’est vrai, mais..., » commença Camilla.

Comme Ernesta l’avait souligné, l’accord était avantageux pour Seidoukan, et il était difficile de les imaginer le rompre.

« Quoi qu’il en soit, j’apprécie le soutien de Ferrovius. Franchement, les choses ne se seraient jamais passées en douceur si nous n’avions pas mis la technologie Lux sur leurs visages, » déclara Camilla.

« Ce n’est pas un problème. De toute façon, il s’agit d’une technologie qui présente de véritables obstacles à la mise en œuvre pratique. Rappelle-toi juste que toi, de Pygmalion, tu nous en dois une, » déclara Ernesta.

C’était la simple vérité. Cette technologie particulière était révolutionnaire, mais elle ne correspondait guère à la vision de Ferrovius — ou de Camilla elle-même.

Il appartenait plutôt à la même catégorie que les armes du Dr Sasamiya.

« Hee-hee ! Bref, tu provoquais cette fille aux cheveux bleus, Camilla ! Quelle vue rare ! » s’exclama Ernesta.

« Je ne la provoquais pas — c’était juste ce que je ressentais. Quoi qu’il en soit, les préparatifs se déroulent bien, je suppose ? » demanda Camilla.

« Oui, aussi bien que possible ! Nous avons réussi à faire en sorte que Sonnet et Methuselah quittent leur vision opportuniste et se joignent à nous. Tenorio ne pourra pas bouger avant un moment, » Ernesta avait dit ça comme si ce n’était rien. Mais en fait, elles avaient le sommet sous leur contrôle total.

« Tu es vraiment bonne à ce jeu, » déclara Camilla.

Camilla n’avait jamais douté de ses propres talents. Même à Allekant, où de soi-disant génies venus du monde entier s’étaient rassemblés, elle se considérait dotée des compétences nécessaires pour diriger une énorme faction.

Pourtant, en passant maintenant du temps avec la jeune fille devant elle, cela lui rappelait à l’occasion la différence évidente dans leurs dons naturels, à la fois en tant que chercheurs et en tant que chefs de faction.

« Le président du Conseil des Étudiants s’est bien débrouillé au Sommet des Jardins de Rikka, alors je suppose que la situation est parfaite pour nous ! Maintenant, nous devons donner à mes bébés une dernière mise au point..., », mais maintenant le doute avait obscurci l’expression d’Ernesta.

« Il y a un problème ? » demanda Camilla.

« En quelque sorte. Grâce à Silas, j’ai beaucoup de données pour les systèmes d’entraînement. Mais les systèmes de sorties ne sont pas encore vraiment stabilisés. Nous avons quelques idées, mais je pense que cette partie prendra un peu plus de temps, » déclara Ernesta.

« S’il était venu à Allekant, les choses auraient été beaucoup plus faciles, » déclara Camilla.

« Eh bien, ça ne sert à rien. Les Dantes et les Stregas ne vont pas facilement dans notre école. Je veux dire, hey, personne ne veut être un cobaye ! » déclara Ernesta.

Entendant le ton enjoué d’Ernesta, Camilla ne pouvait pas garder un sourire narquois de ses lèvres. « Donc tu les trompes et les manipules à la place ? »

« Ouais ! Je ferais n’importe quoi. Tout ce qu’il faut pour que mon rêve devienne réalité, » déclara Ernesta.

Ernesta regarda le ciel teinté de rouge au coucher du soleil. Des espiègleries ludiques dansaient dans ses yeux comme d’habitude, mais Camilla savait que derrière elles se cachait une détermination sérieuse et dangereuse.

« Est-ce pour ça que tu as dit que tu voulais les rencontrer tout d’un coup ? » demanda Camilla.

Regardant toujours vers le ciel, Ernesta hocha la tête. « Ouais. Je pense que Monsieur l’Épéiste sera notre adversaire le plus coriace au Phoenix. J’ai donc voulu le voir une fois avant le tournoi ! » répondit Ernesta.

« Ayato Amagiri, n’est-ce pas ? Il est vrai que les données que nous avons sur lui sont assez impressionnantes..., » déclara Camilla.

Camilla avait pensé au jeune homme et à la façon dont il avait encore quelque chose venant d’une innocence enfantine dans son visage. Malgré ce qu’elles savaient, il semblait être qu’un garçon ordinaire et facile à vivre.

Il était difficile de le voir comme une menace, même en tenant compte de son Orga Lux, le Ser Veresta.

« J’aimerais avoir un peu plus de données sur lui. Mm-hmm, juste un peu..., » Ernesta parlait et acquiesçait d’un signe de tête.

« Manigances-tu quelque chose ? » demanda Camilla.

« Je n’en suis pas encore sûre. Mes poupées ont encore besoin d’être mises au point, et nous n’avons pas le temps de faire des arrangements avec une autre école. Le mieux serait d’obtenir quelque chose à l’intérieur de Seidoukan, mais c’est plus difficile maintenant que nous n’avons plus Silas. Et j’aurais besoin de mettre en place tous les dispositifs pour collecter les données..., » Ernesta continuait à murmurer à elle-même, mais elle avait ensuite levé la tête avec une prise de conscience soudaine. « Oh, c’est ça. Je pourrais le faire. »

« As-tu pensé à quelque chose ? » demanda Camilla.

Ernesta acquiesça joyeusement à la requête de Camilla. « Tenorio a travaillé sur notre affaire dernièrement, n’est-ce pas ? Tu n’as pas rendu service à Allekant avec l’incident Silas ! »

« Ils ont du culot, après ce qu’ils ont fait, » déclara Camilla.

Comparé à la gaffe Tenorio d’il y a quatre ans, le récent faux pas d’Ernesta semblait insignifiant.

Dans tous les cas, l’objectif principal de son implication avec Silas avait été de recueillir des données sur l’efficacité de la transmission de mana d’un télékinétique. Et sur ce point, elle avait complètement réussi.

De plus, Ferrovius avait accepté de payer le prix de cette expérience. Tenorio n’avait aucune raison de s’y opposer.

« Il est peut-être temps de leur donner une chance de se racheter. Ce serait juste, n’est-ce pas ? » Ernesta avait souri avec joie.

« Je ne suis pas sûr, » répondit Camilla.

« Tu vois, si j’ai échoué, mais qu’ils réussissent à nettoyer après moi, cela aura produit des résultats supérieurs, n’est-ce pas ? » demanda Ernesta.

Camilla commençait à voir ce qu’Ernesta avait en tête. « Tu vas donc envoyer Tenorio à leur trousse. »

Ernesta avait fait un petit rire sournois. « Ce sera amusant d’essayer d’abattre deux oiseaux d’une pierre, ne le trouves-tu pas ? »

En la voyant immergée dans un nouveau plan, Camilla n’avait pas pu s’empêcher de sourire.

Elle était extrêmement imprudente et irresponsable, mais elle était aussi une amie étonnamment inébranlable.

Et alors qu’Ernesta lui causait beaucoup de chagrin, pour Camilla, c’était un petit prix à payer.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire