Chapitre 7 : Déchaîné
Partie 2
Julis s’était rendue seule dans un immeuble abandonné dans la zone de réaménagement.
L’obscurité du crépuscule régnait sur l’édifice partiellement démoli. Les murs et les planchers morcelés avaient créé une illusion d’espace dégagé, mais les piles de débris avaient créé de nombreux angles morts.
Sans se décourager, elle était entrée plus profondément dans le bâtiment. Son visage était sombre alors qu’elle marchait constamment vers l’avant à travers les ombres étranges projetées par l’abaissement du soleil.
Dès qu’elle avait mis les pieds à l’arrière de la parcelle, des débris étaient tombés d’un étage supérieur dont le plancher n’existait plus — tombant droit vers l’endroit où elle se tenait. C’était plus que suffisant pour écraser une fille.
« Explosion Fleurale..., » murmura-t-elle, sans même lever les yeux. « “Couronne Rouge” »
Une fleur à cinq côtés s’était matérialisée pour la protéger, comme un parapluie fait de flammes, et cela avait repoussé chaque débris qui tombait sur elle.
« Vous devez savoir qu’il en faudra plus que ça pour me battre ? Montrez-vous, Silas Norman, » cria Julis.
La lune planait faiblement au-delà des trous béants de la structure. Des barres d’armature en acier s’écrasèrent sur le sol et un garçon seul émergea des nuages de poussière.
« Mes excuses. Ça n’a même pas fait un bon spectacle d’avant-match, » le garçon mince et petit, Silas, s’inclinait théâtralement. « Je suis impressionné. Comment saviez-vous que j’étais derrière ces attaques ? »
« Une erreur de langage d’hier, » répondit Julis.
« Hier ? » Silas avait baissé sa tête. « Hmm. Comment ai-je pu me tromper ? »
Julis lui répondit avec un calme forcé. « C’était hier, dans la zone commerciale, quand Ayato a énervé Lester. Quand vous avez essayé de le retenir, vous avez dit qu’il ne me tendait jamais d’embuscade au milieu d’un duel. »
« ... Et alors ? » demanda Silas.
« Comment saviez-vous que les attaquants m’ont tendu une embuscade au milieu d’un duel ? La première attaque lors de mon duel avec Ayato n’a pas fait la une, » demanda Julis.
« Mais la deuxième attaque l’a fait. Je l’ai moi-même vu, » répondit Silas.
« Oui, celle-là l’a fait. Mais tous les reportages ont seulement rapporté que j’avais repoussé les attaquants. Personne n’a mentionné Sasamiya, ni même le fait qu’un autre étudiant était sur les lieux. Quelle farce ! Quand on pense que c’est elle qui vous a repoussé, » déclara Julis.
Silas la fixa d’un regard insondable.
« Comprenez-vous maintenant ? Pour parler d’un duel, quand on ne savait même pas que quelqu’un d’autre était là, il fallait être là ou en avoir entendu parler par quelqu’un qui l’était. L’une ou l’autre possibilité indiquait que vous êtes l’agresseur ou un complice, » déclara Julis.
« Mon Dieu, j’ai été... insouciant. Alors il a provoqué Lester exprès, » déclara Silas.
« Probablement. Il ne laisserait pas ce genre de subterfuge l’affecté, » avait déclaré Julis, rayonnante d’orgueil.
« Hmm. Alors j’ai eu raison de réorienter mon intérêt vers lui. Il est un obstacle trop grand si je veux vous atteindre, » déclara Silas.
« Eh bien, vous — ! » s’écria Julis.
Silas avait ri. « Je sais, je sais ! C’est la raison pour laquelle vous êtes venue jusqu’ici — pour m’empêcher de le faire. »
En le regardant tendre les bras avec un sourire arrogant, Julis avait serré ses dents.
Ce matin-là, elle avait trouvé une lettre dans son bureau sur laquelle était écrit : « Je vais maintenant cibler ceux qui sont près de vous. Si vous ne voulez pas que cela se produise, venez à l’adresse ci-dessous. »
« Alors, finissons-en, » déclara Julis.
« S’il vous plaît, pas besoin d’être si pressée ! J’aimerais vraiment qu’on en parle comme des adultes. C’est pour ça que je vous ai demandé de venir ici, » déclara Silas.
« Un mensonge éhonté, le pire que je n’ai jamais entendu avant. Vous voulez que je vous croie ? » demanda Julis.
« Oh, mais je suis sérieux. Pour être tout à fait franc, si je le peux, je préférerais éviter de vous affronter dans une vraie bataille, » même si Silas l’admettait, il n’en était pas moins sûr de lui.
Julis avait fait ses devoirs avant de venir ici. Silas n’était pas classé, et il n’avait aucun dossier de matchs officiels. En ce qui concerne les combats, il était complètement inconnu.
De plus, il y avait au moins trois attaquants. Même si Silas était l’un d’eux, cela signifiait qu’il avait deux complices.
« Très bien. Je vais vous écouter. » Il vaudrait mieux attendre de voir comment Silas veut jouer ça, décida Julis.
« Merveilleux. La vérité, c’est que je suis là pour l’argent, tout comme vous. Je pensais que nous pourrions nous comprendre, » Silas hocha la tête, souriant largement. « Vous l’avez peut-être déjà devinée, mais je veux que vous vous retiriez du Phoenix. Et si vous pouviez dire que je n’ai rien à voir avec ces attaques, ce serait un plus. »
« Et qu’est-ce que j’y gagne ? » demanda Julis.
« Votre bien-être et celui d’Ayato Amagiri. Est-ce insuffisant ? » demanda Silas.
« C’est ridicule, » répondit Julis d’une manière catégorique. « Je peux l’avoir si je vous écrase ici. Et même si je devais me taire, le Conseil des Étudiants est déjà au courant, j’en suis sûre. »
« Je ne m’inquiète pas pour eux. Il n’y a pas la moindre preuve que j’étais impliqué, » répliqua Silas.
« Vous semblez en être bien sûr, » répondit Julis.
« Parce que c’est la vérité, » déclara Silas.
Ils se regardaient fixement l’un et l’autre.
Puis une voix furieuse avait grondé à travers le bâtiment brisé. « Qu’est-ce qui se passe ici, Silas !? »
« — Lester ? » Julis avait commencé à voir apparaître Lester MacPhail qui arrivait sur les lieux. Elle avait pris sa position de combat avant de comprendre que sa colère était dirigée contre Silas.
« Bonjour, Lester. Je t’attendais, » déclara Silas.
« Tu as dit que Julis était d’accord pour m’affronter en duel, alors je me suis précipité ici, mais ça... Est-ce que c’est vrai ? Es-tu celui qui a attaqué sournoisement Julis ? » Il avait clairement tout entendu.
« Oui, c’est exact. Y a un problème avec ça ? » demanda Silas.
« Ne sois pas idiot ! Pourquoi diable ferais-tu ça !? » s’écria Lester.
« Pourquoi ? Je ne peux que te dire qu’on me l’a demandé, » répondit Silas.
« On t’a demandé de... ? » Le regard sur le visage de Lester était un mélange de surprise, de colère et de confusion.
Si c’était une comédie, alors il faudrait un talent théâtral considérable. Julis savait parfaitement que Lester n’avait pas un tel talent.
Elle avait poussé un soupir et avait dit : « Il travaille avec une autre école pour attaquer les favoris du Phœnix. Alors, tu ne le savais pas ? »
Lester était sans voix, le visage figé alors qu’il était en état de choc. Silas, d’autre part, avait dû jouer un rôle convaincant en tant qu’acolyte obéissant.
Silas avait jeté un regard moqueur sur Lester et avait haussé les épaules. « Contrairement à vous deux, je préfère éviter les bêtises comme se battre en face à face sans cesse. S’il y a un moyen plus sûr et plus efficace de gagner de l’argent, alors il est naturel de le choisir. »
« C’est pour ça que vous avez vendu vos camarades de classe ? » demanda Julis.
« Des camarades de classe ? Vous plaisantez, c’est une bonne blague là, » Silas riait, secouant la tête. « Chaque personne réunie ici est un ennemi pour toutes les autres personnes, voyez-vous. Nous pourrions faire des alliances temporaires pour des compétitions d’équipe ou des matchs en duo, mais à part cela, nous sommes tous en train de prendre de l’avance aux dépens de n’importe qui d’autre. Je pensais que vous deux le comprendriez, avec vos classements élevés. Vous vous battez avec tout ce que vous avez, payant pour votre statut avec la sueur et le sang, gagnant votre place pour seulement être pourchassé par ceux qui veulent vous les prendre depuis en dessous de vous. Je ne suis pas intéressé par une vie aussi pénible. Si je peux gagner autant d’argent sans me démarquer, c’est évidemment le bon choix — n’êtes-vous pas d’accord ? »
« Je vois ce que vous voulez dire. Il est vrai que les étudiants ici ne sont pas là pour se faire des amis. Et il est vrai que plus vous devenez célèbre, plus les gens ennuyeux viennent pour vous, » déclara Julis.
« Hey... Julis ! » Lester s’était renfrogné, conscient qu’elle parlait en partie de lui.
« Mais ce n’est pas tout ce qu’il y a, » déclara Julis.
« Non ? Comme c’est décevant. J’ai toujours pensé que vous et moi étions du même avis, » déclara Silas.
« Vous êtes déçu ? Pour oser dire que j’ai quelque chose en commun avec un voyou comme vous..., » Julis fixa Silas, lui signalant qu’elle n’avait plus rien à lui dire.
« Je vais te demander avant de te fracasser dans le sol, » déclara Lester. « Pourquoi est-ce que tu m’as appelé ici ? Si tu pensais vraiment que je serais de ton côté, tu es bien plus stupide que tu n’en as l’air. »
« Non, tu es plus comme une assurance, » répondit Silas. « J’avais besoin de quelqu’un pour jouer le rôle de l’agresseur coupable, au cas où les négociations avec Mademoiselle Riessfeld n’aboutiraient pas. »
« Es-tu vraiment un idiot ? Pourquoi serais-je d’accord avec ça ? » demanda Lester.
« Oh, pas besoin de s’inquiéter de ça. Comme aucun de vous n’avez parlé de ça à quiconque, je peux écrire le scénario que je veux pour répondre à mes besoins. Eh bien, je suppose que la chose la plus facile serait de dire que vous avez dû faire preuve d’une telle férocité qu’il en a résulté un match nul mortel. »
À ce moment-là, le disjoncteur de Lester avait grillé complètement. « Tu es vraiment un rigolo. Tu crois que tu peux me faire taire avec tes pouvoirs minables ? Voyons voir si tu essaies, » il avait dégainé son activateur Lux, et l’arme qui avait pris forme était une énorme hache de combat aussi grande que sa carrure — la Bardiche-Leo.
« Lester, ne vous précipitez pas au combat. On ne sait pas ce qu’il a dans sa manche. N’est-il pas un Dante ? » Julis pensait difficilement que Lester puisse un jour être un ami de confiance, mais elle n’était pas prête à l’abandonner dans une telle situation.
« Oui, son pouvoir est la télékinésie, » se moqua Lester. « C’est probablement tout ce qu’il peut faire pour balancer des décombres. Bref, Julis — ne vous mêlez pas de ça ! »
Avant même d’avoir terminé la phrase, il se dirigea vers Silas et balança sa hache en forme de demi-lune, sa lame de lumière hurlante dans l’air. « Va au diable ! Qu’est-ce que... !? »
À cet instant, un géant vêtu de noir était tombé du trou du plafond pour se glisser entre Lester et son adversaire et avait arrêté son attaque — à mains nues.
Il grognait en poussant sa hache vers l’avant, y canalisant toutes ses forces, mais le géant n’avait pas bougé d’un pouce. Lester, qui s’était considéré comme l’étudiant le plus redoutable physiquement à Seidoukan, fut stupéfait.
Alors même qu’il regardait ça avec surprise, il avait eu assez de présence d’esprit pour sauter en arrière.
Merci pour le chapitre !
Merci pour le chap ^^