Gakusen Toshi Asterisk – Tome 1 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : Ses Yeux Nobles

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Chapitre 3 : Ses Yeux Nobles

Partie 1

« Hein ? Oh, voyons. Ne puis-je pas aller par là ? » demanda Ayato pour lui-même.

Ayato avait essayé de couper à travers la cour, pensant que ce serait un raccourci vers les dortoirs, mais il s’était retrouvé coincé par une barrière de métal.

Apparemment, l’école avait fermé certaines portes le soir.

La porte n’était pas si haute que ça, et Ayato aurait pu la franchir — mais c’était exactement ce qui lui avait causé tant d’ennuis ce matin. Mieux valait donc rebrousser chemin et trouver un autre moyen.

« Oh, eh bien... Ce n’est pas comme si j’étais pressé, » après tout, se promener était l’une des rares choses qu’Ayato aimait faire pour s’amuser.

La cour était aussi spacieuse qu’un parc de taille moyenne, avec une verdure impeccablement entretenue. En regardant autour de lui, Ayato avait vu plusieurs robots humanoïdes qui ressemblaient à des poupées sans traits — des Marionnettes — tailler les arbres. Alors qu’il avait entendu dire quelque part que les marionnettes à usage militaire pouvaient être télécommandées, les marionnettes d’usage courant étaient entièrement automatisées, se déplaçant lentement et ne pouvant accomplir que des tâches simples. À ce jour, les marionnettes comme celles-ci avaient largement pris le dessus sur le domaine du travail physique éreintant.

Pourtant, ce n’était pas un spectacle communément vu dans les villes de province comme celle d’où venait Ayato.

Il marchait entre les silhouettes fines des arbres face au soleil couchant, regardant avec curiosité les marionnettes au travail, quand un cri de colère s’était soudain fait entendre dans la cour : « Alors pourquoi t’es-tu battu avec ce nouveau gamin !? »

C’était une voix masculine assez jeune, assez féroce pour figer un auditeur timide, emplissant l’air de tension.

Un genre de dispute... ? pensait Ayato.

Se cachant dans l’ombre, il avait jeté un coup d’œil à travers les arbres pour trouver un petit belvédère dans une clairière. Devant, il y avait trois étudiants de sexe masculin. Le garçon du milieu se démarquait, grand, robuste et musclé, et il était intimidant même de loin. Les deux autres — un mince et un gros — se tenaient un pas en arrière, donnant l’impression qu’ils s’en remettaient au grand garçon.

Ils semblaient parler à quelqu’un à l’intérieur du belvédère, mais de son point de vue, Ayato ne pouvait pas voir qui c’était.

Si quelqu’un avait des ennuis, il pouvait difficilement s’en aller — mais en même temps, il préférait ne pas mettre son nez là où on ne voulait pas de lui. D’autant plus que cette école avait ses propres règles, auxquelles Ayato ne faisait que commencer à s’acclimater.

Toujours...

« Dites-le-moi, Julis ! » cria l’homme.

En entendant ce nom, Ayato s’était automatiquement rapproché.

« Je n’ai rien à te dire, Lester. Nous avons tous le droit de nous battre en duel avec qui nous le voulons, » répondit-elle.

« Tu as raison. C’est valable aussi pour moi, » déclara Lester.

Ayato se déplaçait sournoisement d’arbre en arbre, et elle était là — une fille aux cheveux rose-rouge resplendissants assise dans le pavillon. Elle et l’élève du nom de Lester se regardaient avec une telle férocité que l’on pouvait pratiquement voir des étincelles voler.

« Nous avons aussi le droit de refuser, » avait répliqué Julis. « Tu peux me défier autant que tu le veux, mais je n’ai pas l’intention de t’affronter à nouveau en duel. »

« Alors, dis-moi pourquoi ! » s’écria Lester.

« Il faut vraiment qu’on te l’explique ? » Julis soupira lourdement et se leva face à Lester. « C’est parce que ça ne finira jamais. Je t’ai vaincu trois fois. Ça ne sert à rien de se battre à nouveau. »

« Je vais te battre cette fois ! Ne laisse pas cette série de coups de chance te monter à la tête ! Tu ne connais pas ma véritable force ! » cria Lester.

 

 

« C’est exact ! Tu n’aurais aucune chance si Lester avait fait tout ce qu’il fallait ! » L’un des deux se tenant derrière Lester, le gros avait essayé de faire mouche en se moquant de Julis.

« Alors, prouve-le à quelqu’un d’autre, » Julis s’était détournée, déclarant la fin de leur conversation.

« Hé ! Ce n’est pas fini ! » cria Lester.

Juste au moment où Lester s’avançait pour saisir son épaule, Ayato était sorti de derrière les arbres et s’exclama : « Oh, c’est vous, Julis ! Quelle coïncidence de vous croiser dans un endroit comme celui-ci. »

« ... Qu’est-ce que vous faites ici ? » demanda Julis.

« Qui diable es-tu ? » demanda Lester.

Le choix du moment et les paroles d’Ayato avaient rendu ce numéro si limpide que Julis et Lester l’avaient regardé avec des poignards dans les yeux.

Il avait forcé un rire maladroit, puis il avait déclaré. « Eh bien, euh, il se peut que je me sois un peu perdu, non ? »

« Oh, hé ! Lester ! C’est lui — le nouveau ! » cria l’un des deux autres garçons.

« Quoi... ! !? » Lester avait fusillé Ayato d’un regard encore plus intense. Si un regard avait une force physique, celui de Lester aurait traversé une feuille de métal.

Mais Ayato l’avait calmement laissée glisser sur lui comme si tout cela n’était rien pour lui. « Alors, Julis, qui est-ce ? » demanda-t-il.

Julis lui répondit, la main sur la hanche, le regardant comme s’il était ridicule. « Lester MacPhail. Il est classé neuvième. »

« Oh, donc vous êtes également une Première Page, » fit remarquer Ayato, se tournant vers Lester. « Wôw ! »

Lester n’avait rien dit.

« Oh oui — je suis Ayato Amagiri. Enchanté de vous rencontrer, » déclara Ayato.

Lester n’arrêtait pas de le dévisager, sans même jeter un coup d’œil à la main droite tendue d’Ayato.

De près, la taille de Lester était encore plus impressionnante. Il devait mesurer presque sept pieds de haut, avec des épaules larges et des muscles bombés et affûtés.

La musculature de Genestella était beaucoup plus puissante et souple que celle des humains ordinaires, mais elle était largement résistante aux efforts de musculation. Ce qui signifiait que Lester avait dû travailler incroyablement durement pour atteindre son physique actuel.

Il avait les cheveux courts, bruns et hérissés sur un visage ciselé qui était actuellement plein de fureur.

« Toi... tu t’es battue contre un petit morveux comme ça, mais tu ne te bats pas avec moi... ? » grogna Lester, ses poings serrés tremblants. « Au diable avec tout ça ! Je vais t’écraser ! Peu importe ce qu’il faut faire ! »

Apparemment, la présence d’Ayato ne s’était même pas inscrite dans le cerveau de l’autre. Lester s’était approché de Julis en se pavanant avec une attitude belligérante.

« H-hey, Lester, doucement ! Ça ne peut pas être le meilleur endroit..., » le garçon maigre avait essayé de le calmer, mais Lester n’avait pas semblé entendre.

Julis était de taille moyenne pour une fille de son âge, si bien qu’à côté de Lester, elle ressemblait à une enfant à côté d’un adulte, mais elle n’avait pas peur. « C’est peu probable. À moins que tu ne fasses quelque chose à propos de ta personnalité de sanglier, je te battrai chaque fois. »

« Quoi — ? Putain de merde ! » Lester était sur le point de faire éclater sa fureur, mais il s’était rendu compte que cela ne ferait que donner plus de vérité à ses paroles.

« Tu ferais mieux de prendre Lester au sérieux, ou tu vas le regretter ! Il t’aura la prochaine fois, attends et..., » cria le garçon grassouillet.

« C’est assez, Randy ! » Lester avait crié sur le garçon qui venait de parler et était descendu du belvédère avec un ricanement aigre. « Je n’abandonne pas, » avait-il craché. « Pas avant que je te fasse voir ma vraie force... ! »

Il avait quitté Julis ainsi et les deux acolytes s’étaient précipités après lui.

« Quel ennui ! », soupira-t-elle une fois que les garçons furent complètement hors de vue et avoir reprit place sur le banc.

Ayato riait sous son souffle. « Peut-être que je n’aurais pas dû faire quoi que ce soit ? »

« C’est ce que je pense. À cause de vous, il était encore plus agaçant que d’habitude, » déclara Julis.

« Désolé... Attendez, c’est habituel, non ? » demanda Ayato.

Julis haussa les épaules en réponse. « Apparemment, il ne s’intéresse qu’à moi. Il n’est pas le seul dans cette situation, mais il est le premier à faire preuve d’autant de persévérance. »

« Mais il est classé neuvième, donc il doit être assez fort, n’est-ce pas ? » Ayato était sur le point de demander si cela allait pour elle, mais il avait gardé ça pour lui. Même les connaissances qu’il avait obtenues en un jour lui avaient suffi pour comprendre que le fait de prendre ce genre de ton avec elle déclencherait son tempérament volcanique.

« Si on parle de capacité de combat, oui, il est fort, » répondit Julis. « Mais pas aussi fort que moi. De plus, les classements ne sont pas très fiables au départ. Il y a beaucoup de combattants qualifiés qui ne sont pas dans le Tableau Nominatif. Il y a aussi la question des atomes crochus — quand vous affrontez un adversaire particulier. »

***

Partie 2

Julis leva le regard vers lui, les coins de sa bouche se recourbant légèrement, comme si elle s’attendait à quelque chose. Ayato détourna les yeux.

« Puisque vous êtes ici, j’ai ma propre question, » déclara-t-elle.

« Qu’est-ce que vous voulez savoir ? » demanda Ayato.

« Vous avez utilisé une Technique des Météores dans notre duel de ce matin. Comment avez-vous fait ça avec un Lux non calibré ? » demanda Julis.

« Oh, ce n’était pas une Technique des Météores, » répondit Ayato.

« Êtes-vous sérieux ? » demanda Julis.

« Je ne peux pas utiliser de Techniques des Météores. — Je ne pense pas bien m’entendre avec les Lux, et disons, ce n’est vraiment pas pour moi ce genre de chose. Je préférerais avoir une vraie arme physique entre les mains, » répondit Ayato.

« Mais, cette technique de ce matin..., » demanda Julis.

« C’était juste une technique à l’épée. Ma famille a un dojo traditionnel qui remonte à loin, alors j’en connais quelques-unes, » répondit Ayato.

« Juste une technique à l’épée ? » Les yeux de Julis s’étaient élargis. « Il n’est pas impossible de couper à travers mes flammes avec une lame Lux. Mais je n’ai jamais vu quelqu’un les couper en deux aussi facilement que vous. À quel point êtes-vous bon ? »

« Oh, j’ai eu de la chance, » répondit Ayato en riant.

« ... Hmph. Très bien. Nous verrons combien de temps vous pourrez continuer cet acte d’innocence. Cet endroit n’est pas aussi sympa que vous le pensez, » répliqua Julis.

« Je ne pense pas du tout que..., » Ayato s’était gratté l’arrière de la tête. « Et vous, Julis ? Pourquoi vous battez-vous dans un endroit si dangereux ? »

« Quoi ? » demanda Julis.

« J’ai entendu dire... que vous êtes une princesse, » déclara Ayato.

« C’est vrai — je suis la première princesse héritière de Lieseltania. Et alors quoi ? Tout le monde ici, dans une certaine mesure, se bat pour quelque chose qu’ils ne peuvent obtenir ailleurs. Les titres et le statut n’ont rien à voir avec cela, » elle parlait calmement, mais ses paroles avaient une détermination farouche et inébranlable.

Il avait hésité, se demandant s’il n’irait pas trop loin, mais il avait quand même posé la question. « ... Qu’est-ce que vous voulez ? »

Julis lui avait donné une réponse inattendue et directe. « L’argent. »

« Hein... ? » s’exclama Ayato.

« J’ai besoin d’argent. Et se battre ici est le moyen le plus rapide de l’obtenir, » déclara Julis.

Une princesse qui se bat pour de l’argent ? Il aurait pensé qu’une princesse serait riche. Alors pourquoi... ?

« J’en ai besoin rapidement, » poursuit-elle. « Et le moment est opportun. Je serai invaincue dans toutes les Festas de cette saison. C’est mon objectif. »

« Les trois Festas... ? » demanda Ayato.

Le soi-disant « grand chelem ». Même Ayato savait à quel point c’était difficile.

« Oui, et je vais commencer par le Phoenix, » avait dit Julis. « Je dois au moins gagner ça. »

Le montant du prix Festa était déterminé en fonction des points gagnés, mais gagner même un seul événement, Ayato l’avait entendu, vous ferait gagner assez d’argent pour passer le restant de votre vie dans une profusion de loisirs.

Il voulait savoir pourquoi, mais il s’y était opposé. Il avait quand même un peu de discernement. Mais le peu qu’il avait entendu répondait à une question différente pour lui.

« Oh, alors c’est pour ça que vous cherchez un partenaire ? » demanda Ayato, se souvenant de l’échange ce matin-là entre Claudia et Julis.

Le Phœnix était un tournoi par équipe de deux, donc Julis ne pouvait pas participer seule.

Elle avait un peu tressailli « ... E-Eh bien, oui. »

Sa réticence à ce sujet semblait indiquer qu’elle avait vraiment de la difficulté à trouver un partenaire. C’était peut-être inévitable, étant donné sa personnalité...

« Je... Je n’ai peut-être pas encore trouvé de partenaire, mais ce n’est pas parce que je n’ai pas d’amis ! Je veux dire, c’est vrai que je n’ai pas d’amis dans cette école, mais ce n’est pas le problème. Il n’y a tout simplement personne qui répond à mes normes en tant que partenaire, » déclara-t-elle.

Donc elle admet qu’elle n’a pas d’amis ? pensa Ayato, mais il était resté à l’écart de cela. « Alors, quel genre de partenaire recherchez-vous ? »

« Eh bien... Tout d’abord, quelqu’un d’aussi bon que moi — mais je sais que c’est trop demander. Je demande donc quelqu’un avec au moins les capacités d’une Première Page, une personne d’une intégrité irréprochable, qui réfléchit correctement, avec une volonté forte et un esprit noble. Quelqu’un qui a les qualités d’un chevalier, » répondit Julis.

« ... Vous placez la barre très haut, » fit remarquer Ayato.

« Hmm, vraiment ? Je pensais que j’étais assez clémente..., » répliqua-t-elle.

C’était peut-être la princesse qui parlait en ce moment.

« Bien que la date limite d’inscription soit proche, je suppose que je ne peux pas être trop difficile à ce stade, » murmura Julis, comme si elle parlait à elle-même, puis elle avait pris son sac et s’était levée. « Il était temps que je parte... Mais de toute façon, qu’est-ce que vous faisiez ici ? »

« Oh, eh bien, euh... Je pensais que ce serait plus rapide d’aller par là, mais la porte là-bas était fermée à clé, » répondit Ayato.

« C’est bien le cas. Les portes de la cour se ferment automatiquement la nuit. À cette heure, cependant, les seuls qui sont fermés devraient être du côté du collège, » répliqua Julis.

J’étais donc complètement perdu, pensa Ayato avec chagrin.

« Attendez, donc si les portes se ferment automatiquement, ça veut dire que je serai piégé si je reste ici trop longtemps ? » demanda-t-il. « Dois-je m’en inquiéter ? »

« Hein ? » s’exclama Julis.

« J’aime bien me promener dans des endroits comme ça, mais je ne voudrais pas être coincé..., » déclara Ayato.

Julis le fixa d’un regard vierge de toute émotion pendant un moment, puis éclata de rire.

« Eh bien, évidemment ! Êtes-vous vraiment aussi bête ? Après le désordre dans lequel vous vous êtes mis ce matin, vous n’avez même pas pris la peine de regarder un plan du campus !? Ne vous inquiétez pas — les portes du lycée restent ouvertes jusqu’au milieu de la nuit, » déclara-t-elle en se moquant de lui, et ses yeux se rétrécissaient alors qu’un sourire était apparu. Elle ressemblait alors à une fille normale...

« Hmm ? Quoi ? » demanda-t-elle en remarquant son silence.

« Oh... J’étais en train de penser, alors vous pouvez rire, » annonça-t-il.

« Qu... !? » La couleur rose apparut sur son visage sous les yeux d’Ayato. « Qu’est-ce que vous racontez !? Je ris parfois, comme tout le monde ! »

Puis en un clin d’œil, son expression avait retrouvé son apparence maussade habituelle, et elle s’était détournée.

« Alors pourquoi n’agissez-vous pas plus amicalement pour commencer ? » demanda Ayato. « Vous pourriez si vous le vouliez... »

« La ferme ! Ça ne vous regarde pas ! » Julis avait rugi de colère. « Qu-Qui êtes-vous pour parler, de toute façon ? Pourquoi ne pas mettre de l’ordre dans votre visage ahuri ? Un visage détendu révèle un esprit négligent ! Si vous vous comportiez mieux, alors peut-être que vous ne feriez pas de bourdes aussi stupides, comme vous l’avez fait toute la journée d’aujourd’hui ! »

Cela semble un peu exagéré, pensa-t-il, mais il avait concédé ce point. « J’ai été négligent, mais il est vrai que je ne connais pas assez cet endroit... »

Ce campus était trop grand pour commencer. Et il y avait tant de règles étranges. Ce n’était pas du tout facile pour un nouveau venu. Alors, peut-être que s’il y avait eu quelqu’un pour lui faire visiter...

« Oh ! » Avec cette pensée en tête, Ayato la regarda droit dans les yeux.

« Qu-Quoi maintenant... ? » Pour une raison ou une autre, elle rougit et fit un pas en arrière.

« Julis, pouvez-vous me faire visiter l’école ? Oh, et peut-être la ville aussi, tant qu’on en parle, » déclara Ayato.

« ... Hein ? » Julis n’avait pas pris la peine de cacher son mécontentement face à cette demande. « Est-ce une blague ? Pourquoi ferais-je ça ? »

« Eh bien, vous me devez une dette, n’est-ce pas ? Vous l’avez dit vous-même — je peux donc vous demander une faveur, » déclara Ayato.

« Je l’ai dit, mais... êtes-vous sérieux ? » demanda Julis.

« Sérieux... ? » demanda Ayato.

« Je veux dire, est-ce suffisant pour rembourser la dette que je vous dois ? Je n’aime pas du tout ça, mais vous m’avez sauvée ce matin. Ce n’est pas une petite dette. Vous pourriez avoir tout ce que vous voulez de moi, dans la mesure du raisonnable, — c’est-à-dire, rien d’indécent, bien sûr ! Mais par exemple, je pourrais vous prêter ma force en tant que Première Page, » déclara Julis.

« Voulez-vous dire que vous m’aideriez dans un combat ? » demanda Ayato.

« Oui, » répondit Julis.

« Ah non, ce n’est pas grave, » Ayato secoua la tête. « Je pense que je ferais mieux de m’habituer à cette école d’abord avant de penser à autre chose. »

Face à cette réponse nonchalante, Julis lui fit un regard pénétrant, puis sourit avec sarcasme et soupira. « Vous êtes un homme aux profondeurs mystérieuses. Ou bien peut-être êtes-vous vraiment un idiot ? »

« Si ce sont les deux possibilités... alors je suis probablement le deuxième, » avait admis Ayato.

« Hmph. Probablement. Mais très bien. Je vais vous faire visiter, si c’est ce que vous voulez, » déclara Julis.

« Merci. J’apprécie ! » déclara Ayato.

« E-Et bien, je n’ai pas vraiment le choix, n’est-ce pas ? Une dette est une dette. Je vous ferai visiter le campus après l’école demain. Quant à la ville... eh bien, je vais devoir vous réserver l’un de mes jours de congé, » déclara Julis.

« Super. J’ai hâte d’y être, » déclara-t-il. Cela devrait résoudre certains de mes problèmes les plus immédiats, pensa-t-il. « OK, je suppose que je ferais mieux de trouver mon propre dortoir maintenant. Ghk ! »

Quand Ayato avait commencé à s’éloigner, Julis avait attrapé le col de ses habits par-derrière.

« Laissez-moi tout de suite vous donner un conseil. Le chemin le plus rapide vers le dortoir des garçons à partir d’ici est de passer devant le bâtiment du collège, » déclara Julis.

S’étouffant, il avait réussi à répondre, « Merci pour ça. Mais je vous serais reconnaissant que vous soyez un peu plus douce lors de vos leçons... »

Alors qu’Ayato sifflait contre la pression exercée autour de sa gorge, Julis répondit avec un léger sourire. « Dommage. Mais vous n’avez pas précisé cela dans les termes de notre accord. »

***

Partie 3

Il faisait complètement noir quand Ayato était arrivé au dortoir des garçons, qui était situé sur le côté opposé des bâtiments scolaires par rapport au dortoir des filles. L’immeuble des filles arborait une façade européenne classique, mais celle-ci ressemblait à une tour d’habitation conventionnelle.

« Voyons voir, chambre 211..., » cette fois, Ayato s’était assuré de vérifier sur la carte avant de se diriger vers la chambre.

Alors qu’ils étaient divisés en ailes séparées, les élèves des lycéens et des collégiens partageaient les mêmes étages que les primaires. Ayato avait trouvé cela quelque peu rafraîchissant. Chaque étudiant qui l’avait vu passer lui avait jeté un regard interrogatif et surpris, mais il avait décidé de ne pas se laisser déranger par ça et avait retourné leur attention avec des sourires et des gestes.

La chambre 211 était une chambre d’angle au deuxième étage. Une nouvelle plaque signalétique portait le nom AYATO AMAGIRI. Il frappa prudemment avant d’entrer.

« Hé, te voilà. Tu en as mis du temps, » Eishirou, allongé sur son lit, le salua paresseusement.

« Oui, j’ai eu beaucoup de choses qui me sont arrivées les unes après les autres... C’est plus grand que je ne le pensais, » sa chambre faisait environ deux cents pieds carrés et était équipée d’un lit et d’un bureau. Un seul sac était placé négligemment sur les draps flambant neufs. Il contenait les quelques effets personnels qu’Ayato s’était arrangé pour faire envoyer ici.

« C’est tout ce que tu as ? Tu n’as pas apporté grand-chose, » déclara Eishirou.

« Oui, c’est juste assez pour m’habiller. Tu n’as pas non plus l’air d’en avoir beaucoup, » déclara Ayato.

Il y avait des notes manuscrites et des piles de papiers sur le bureau d’Eishirou, mais à part cela, il était pratiquement vide.

« Je n’ai pas beaucoup de passe-temps. J’ai juste mon travail avec le journal, » répondit Eishirou.

« Oh, ça me fait penser à un truc, » avait dit Ayato. « J’ai une question pour toi, Monsieur le grand Reporter. Il y a un étudiant qui s’appelle Lester. — Quel genre d’homme est-il ? »

« Lester ? Lester MacPhail ? » demanda-t-il.

« Cela sonne correct... Quelqu’un disait qu’il était classé neuvième, » répondit Ayato.

« Ça doit être lui, » déclara Eishirou. « Lester, La Hache du Rugissement Lointain, » Eishirou s’était assis et avait touché son portable pour faire venir une fenêtre dans les airs. Elle affichait le même grand et robuste étudiant masculin qu’Ayato avait rencontré plus tôt.

« Lester MacPhail. Première année à l’Académie Seidoukan, Section Lycée, Première Page, neuvième place, » continua Eishirou. « Il excelle au combat physique qui lui permet d’utiliser pleinement son corps, et il n’a pas d’égal au combat rapproché. Mais il a tendance à lutter contre des adversaires aux pouvoirs spéciaux comme les Stregas et les Dantes. Il manie un Lux en forme de hache, le Bardiche-Leo. »

« Wôw, tu es plutôt bon ! » s’exclama Ayato.

« C’est tout ce qu’on peut trouver sur le Net. Si tu veux quelque chose de plus, c’est une autre histoire, » déclara Eishirou.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Ayato.

« Je veux dire ça, » Eishirou avait frotté son pouce et ses doigts ensemble.

« Vas-tu me faire payer !? » s’exclama Ayato.

« Allez, à quoi t’attendais-tu ? Les élèves de cette école — en fait, les autres sont à peu près les mêmes, donc les élèves d’Asterisk — se répartissent en deux catégories. La première comprend ceux qui vont tous se battre dans la Festa, comme la Princesse. Et l’autre, ce sont des gens qui ont depuis longtemps renoncé à la Festa — comme moi, » déclara Eishirou.

« Yabuki, ne vas-tu même pas essayer ? » demanda Ayato.

« Non. Ce n’est pas comme si n’importe quel Genestella pouvait gagner ici, » répondit Eishirou. « Si tu as été ici pendant un certain temps, tu ne peux pas t’empêcher de remarquer les différences dans la force des individus. Et tu réalises qu’il y a des obstacles que tu ne peux pas surmonter. La question est donc de savoir ce que font les gens qui ont abandonné la compétition. »

« Que font-ils ? Je n’en sais rien, » répondit Ayato.

Alors qu’Ayato commençait à se perdre dans ses pensées, Eishirou avait ri et avait gonflé sa poitrine. « C’est simple ! Nous trouvons des choses que nous voulons faire et des moyens de gagner de l’argent sans se battre dans la Festa. Pour moi, c’est le journal de l’école. »

« Je n’avais aucune idée qu’être dans le club des journaux était si lucratif, » gagner de l’argent pour un gain personnel n’était pas une activité que l’on associe habituellement aux clubs étudiants.

« Hé, un peu de respect. Je ne veux pas me vanter, mais on s’en sort plutôt bien, tu sais. Tu as dû voir des images d’Asterisk sur le Net ou à la télévision. S’il s’agit d’une photo prise sur un campus, tu peux parier qu’elle provient de l’un des clubs de journalisme étudiants. Il y a une convention contre la présence de médias extérieurs sur le campus. »

Maintenant, c’était logique. « Ha-ha, j’ai compris... Ainsi, toi et tes collègues journalistes vendez ce genre d’images et d’informations à des sociétés de médias, » déclara Ayato.

« Bingo ! » Eishirou avait souri et il leva le doigt. « Il y en a beaucoup d’autres qui dirigent un commerce. Comme la Société pour l’étude de l’ingénierie météorique... Ils se chargent de la personnalisation des Luxs, et ils sont bien meilleurs que le département Matériel. Eh bien, ce n’est pas comparable avec ceux d’Allekant — ils sont les meilleurs en technologie sur les six écoles — mais quand même. Et ne le dis pas trop fort. Mais une grande partie des paris autour des duels scolaires est créée par des étudiants en tant que preneur de paris. »

« L’école ne sévit-elle pas contre ce genre de choses ? » Il semblait aux yeux d’Ayato que les jeux de hasard et la réalisation de paris s’éloignaient du domaine des activités étudiantes.

Mais Eishirou remua son doigt levé et fit claquer sa langue. « Qui va soulever une objection ces jours-ci à l’échange d’argent ? En premier lieu, les FEIs gèrent toutes les écoles. »

Les Fondations d’Entreprises Intégrées avaient toujours donné la priorité à la stimulation et au développement de l’activité économique. Le flux d’argent liquide était essentiel à cet objectif, et le consommateurisme avait été encouragé en tant que tendance mondiale. Asterisk, aussi, avait été construite avec tout cela à l’esprit.

« Et quoi d’autre... ? » Eishirou continua à parler. « Oh, c’est vrai, il y en a qui rejoignent l’entourage d’étudiants plus forts. Surtout des élèves de Première Page. Il y a beaucoup d’avantages à être proche d’eux. »

« Oh ? Est-ce que c’est... Est-ce que Lester a des personnes comme ça autour de lui ? » Ayato se souvient des deux étudiants debout derrière Lester.

« Veux-tu dire ces types ? » Eishirou avait ouvert deux autres fenêtres dans les airs, l’une montrant le garçon mince et l’autre le garçon rondouillard. Alors que leurs traits physiques offraient un contraste saisissant, ils avaient le même regard obséquieux dans les yeux.

« Oui, c’est eux, » répondit Ayato.

« Le maigre est Silas Norman. C’est un Dante, mais il n’a pas grand-chose d’utile. Quelques pouvoirs télékinétiques. Le gros, c’est Randy Hooke. Il a été dans le Tableau Nominatif une fois, mais plus maintenant. Il utilise un Lux de type arc, » répondit Eishirou.

« Tu es vraiment bon quand il s’agit de renseignements..., » Ayato était franchement abasourdi. C’était une chose de garder une trace des élèves les plus forts — mais avoir une bonne connaissance de leurs acolytes en plus, c’était à un autre niveau.

« Heh. Je t’ai impressionné, n’est-ce pas ? » En riant, Eishirou ferma les fenêtres aériennes et sauta du lit. « D’accord, alors. Allons manger quelque chose. Je vais te montrer la cafétéria. »

« Avant de partir, j’ai encore une question à propos de Lester, » déclara Ayato.

« Oh ? » s’interrogea Eishirou.

« Y a-t-il... quelque chose entre lui et Julis ? » demanda Ayato.

Eishirou avait souri face à la question. « Oh, j’ai compris. Je me demandais pourquoi tu voulais en savoir autant sur ce type tout d’un coup. Tu en pinces vraiment pour la Princesse, hein ? »

« Ce n’est pas ça du tout..., » cependant, c’était vrai que la jeune fille était souvent dans son esprit, pour des raisons qu’Ayato ne pouvait pas expliquer.

« C’est bon, je m’en fiche. Mais comme je l’ai déjà dit, ça va te coûter cher, » déclara Eishirou.

Eishirou avait attendu qu’Ayato acquiesce, puis il avait ouvert une autre fenêtre dans l’air.

Celle-ci montrait une vidéo. Une jeune fille brandissant des gerbes de flammes dansait de façon impressionnante sur l’écran. Son adversaire était un homme, un géant. Il se trimballait avec une hache aussi grosse que son corps, mais il était clair qu’il perdait le combat.

« Il s’agit des matchs de classement officiel de l’année dernière. Lester était classé cinquième à l’époque. La princesse avait dix-sept ans, » déclara Eishirou.

« Tu veux dire que..., » commença Ayato.

« Ouais. Elle a gagné. C’est ce combat qui a fait d’elle une Première Page. Un match à ne pas oublier, » déclara Eishirou.

« Et pour Lester, un match qu’il préférerait oublier, » déclara Ayato.

« On peut dire ça. En fait, Lester a défié la Princesse dans deux autres matchs officiels, et il a perdu de façon spectaculaire, » raconta Eishirou.

Les matchs officiels étaient des examens sélectifs organisés une fois par mois par l’école. Comme le consentement des deux parties était nécessaire pour un duel, on pouvait refuser indéfiniment. Afin d’empêcher les étudiants de haut rang d’utiliser cela comme échappatoire pour conserver leur position, ils devaient se battre au moins une fois par mois. En règle générale, lors d’un match officiel, un étudiant de haut niveau n’avait pas le droit de refuser une contestation d’un étudiant de rang inférieur.

« Pourtant, on ne peut défier le même élève que deux fois, » expliqua Eishirou. « Sinon, tu pourras avoir des gens qui effectueraient à la chaîne des duels. »

« Ça veut dire que Lester ne peut plus défier Julis dans un match officiel, » déclara Ayato. C’est pourquoi il est si obsédé par le duel avec elle, pensa Ayato.

« Lester a beaucoup de fierté et de tempérament. Cela doit vraiment le rendre fou de ne pas pouvoir se venger d’elle. Mais je ne pense pas qu’il ait une chance, » déclara Eishirou, empochant son portable. « Qu’en penses-tu ? »

Dans ce match, Lester était désavantagé, mais il avait beaucoup de talent. La chance allait également compter comme une variable présente dans un combat, et donc, rien n’était certain dans un duel.

« En regardant juste cette vidéo, je ne pense pas que ce soit impossible pour lui, » avait répondu Ayato. « Mais... leurs regards sont clairement différents. »

« Hmm, » s’interrogea Eishirou.

Les yeux de Julis ne regardaient pas Lester dans cette vidéo — ils étaient fixés sur quelque chose de loin, au-delà de son adversaire. En revanche, les yeux de Lester étaient concentrés que sur Julis. À ce rythme, Lester ne pouvait pas tenir une dragée à Julis.

Mais son regard lointain... Ayato avait déjà vu quelque chose comme ça avant.

« Merci, Yabuki. Alors, quel coût serait demandé pour ces renseignements ? » En tant qu’étudiant boursier, Ayato n’avait pas eu à payer de frais de scolarité ou d’inscription. Mais il n’avait pas vraiment beaucoup d’argent. En fait, le dojo de sa famille était sur le point de fermer ses portes. Il avait de l’argent de poche économisé grâce à des emplois à temps partiel, mais s’il n’était pas frugal avec cela, cela pourrait s’épuiser rapidement.

« D’accord ! C’est l’heure de manger ! Allons-y, Amagiri ! » Eishirou avait drapé de force son bras autour du cou d’Ayato et l’avait plus ou moins traîné hors de la pièce. « On a le choix entre le repas japonais et le repas occidental. Qu’est-ce que ce sera ? »

« Euh, euh, alors japonais, je suppose... ? » répondit Ayato.

« L’option japonaise d’aujourd’hui est le maquereau espagnol mariné et grillé, le tofu frit, le ragoût de radis daikon et la pâte de poisson... D’accord, je vais prendre ton tofu frit, » annonça Eishirou.

« ... Hein ? » s’exclama Ayato.

« C’est mon tarif pour cette fois-ci. Considère cela comme un rabais pour un nouvel étudiant, » Eishirou avait souri, puis avait retiré son bras du cou d’Ayato et l’avait frappé dans le dos. « Tu vois ? Ne suis-je pas un mec génial ? »

« Je pourrais le penser... si tu ne l’avais pas dit sur toi-même, » Ayato avait souri et avait rendu une tape à son colocataire.

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