Divas de la Bataille – Tome 2 – Chapitre 3 – Partie 1

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Chapitre 3 : Déplacement Privé

Partie 1

Le lendemain de la bataille, Al avait convoqué son commandant militaire pour discuter de leur stratégie en vue de l’affrontement imminent. Al était assis sur le canapé, coincé entre Sharon et Feena. Pour info, il ne les avait pas invitées. Devant eux, Jamka était assis, complètement seul, sur un canapé similaire.

« Foutus Adonis ! » déclara Jamka.

Al avait décidé d’ignorer le murmure douloureux de son ami. Dans un coin de la pièce, Cécilia était occupée à préparer son thé favori, en grognant et en jurant. Après leur retraite, Esanthel avait établi un camp dans les bois près de la frontière. Afin de dissiper les malentendus, Al avait envoyé une lettre à l’aide d’un messager, mais il n’avait reçu aucune réponse. Ils s’étaient donc réunis pour discuter de ce qu’il fallait faire, mais juste avant qu’ils ne puissent le faire, Brusch avait ouvert la porte.

« Alnoa ! On a un gros problème ! » Elle débordait d’énergie comme d’habitude, mais son expression était sinistre.

« Brusch, que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui presse ? » demanda Al.

« L’Empire s’est joint à Esanthel ! » déclara Brusch.

« Je vois…, » dit Jamka en un murmure. Ils s’y attendaient probablement tous…

« Quoi !?? Pourquoi !?? Qu’est-ce que l’Empire a à voir avec tout ça ? »

Sauf Sharon.

« Je m’attendais à ce que l’Empire arrive tôt ou tard. C’était clair dès le moment où Kanon m’a appelé “Roi Démon”, » déclara Al.

En premier lieu, l’Empire avait répandu les rumeurs à son sujet, alors Al s’était dit que c’était eux qui tiraient les ficelles cette fois-ci aussi. Il avait croisé les bras et avait essayé d’évaluer la situation.

« Brusch, combien de soldats l’Empire a-t-il amenés ? » demanda Al.

« 1 500 cavaliers et 3 000 fantassins, » répondit Brusch.

« Leur force combinée est donc d’environ cinq mille cinq cents, hein… ? » déclara Al.

C’était toute une force militaire pour s’emparer d’Althos, bien qu’ils savaient qu’Althos possédait trois Divas.

« Nous surveillons toujours les environs, mais pour l’instant il n’y a aucun signe d’abominations, de renforts ou de troupes de guérillas, » Brusch continua comme s’il lisait l’esprit d’Al. Cela prouvait qu’elle était au sommet de sa forme en tant que chef de l’agence de renseignement.

« Je me suis si bien débrouillée ! Caresse-moi la tête ! » Elle attendait sa récompense bien méritée. Cela prouvait qu’au fond, c’était une petite fille ordinaire.

« Oh mon Dieu, tu distribues des caresses sur les têtes ? As-tu vu comme j’ai travaillé dur sur ce thé ? »

Lorsque Cécilia avait fini de distribuer les biscuits et le thé, elle avait poussé Brusch sur le côté et s’était blottie à côté d’Al.

« Attends, pourquoi dois-je te caresser maintenant !? » Al se plaignit de sa situation difficile, attendant que le prochain petit lapin se blottisse contre lui, mais…

« Hein ? »

… il a été pris au dépourvu quand le petit lapin en question n’avait pas bougé d’un pouce.

« Ça va, Feena ? » demanda Al.

Elle avait l’air d’aller mieux quand ils étaient revenus au château, mais elle baissait la tête avec une expression qui déprimerait n’importe qui rien qu’en la regardant.

A-t-elle pris à cœur ce que Kanon a fait ?

Il voulait lui remonter le moral, mais en même temps, il n’avait pas vraiment apprécié la situation. Il était comme un enfant, jaloux de tous ceux qui s’entendaient bien avec leurs amis. Il le savait. Il savait que c’était mal, mais Al n’arrivait pas à le sortir de sa tête.

« Haah... Arghhhhhh ! » 

Il se gratta la tête et rugit de désespoir. Bien sûr, cette petite action avait instantanément fait de lui le centre de l’attention.

« Ah, Hmm… Mes épaules sont raides, alors…, » déclara Al.

C’est quoi cette excuse ? 

Alors qu’il faisait semblant de bouger sa tête pour faire disparaître ses « épaules raides », son regard rencontra une paire d’yeux bleus remplis de préoccupations. 

« Ça va, Al ? » demanda Feena.

La fille dont il s’inquiétait était inquiète pour lui !

« Regarde comme tu es raide. C’est bon, laisse tout sortir, » déclara Feena.

« Laisser sortir quoi !? Non, en fait, ne réponds pas à ça ! Et arrête de te déshabiller ! » déclara Al.

Au moins, leur petit numéro de comédie était redevenu normal.

« Quoi qu’il en soit, ça va, Feena ? » demanda Al.

Al avait jeté un coup d’œil à Feena tout en essayant de retrouver son calme. Elle avait l’air plus stoïque que jamais, mais…

« Moi ? Je vais toujours bien, je réfléchissais un peu, » répondit Feena.

On aurait dit qu’elle était redevenue normale. Elle avait regardé droit dans les yeux d’Al quand il avait enfin corrigé sa posture.

« Al, j’ai réfléchi… Je vais aider les citoyens d’Esanthel, puis leur dire d’éclaircir les rumeurs sur toi, » Feena avait trouvé sa solution. « Donc, je suis désolée, mais je vais devoir quitter cet endroit pour un moment. Me laisseras-tu faire ? »

Elle regardait Al droit dans les yeux. Son souhait était aussi pur que ses yeux bleu ciel.

Il voulait réaliser son souhait, mais son cœur le retenait.

« Il pourrait dire que j’ai lavé le cerveau de son peuple comme je t’ai lavé le tien, » déclara Al.

C’est peut-être pour ça qu’il l’avait dit de façon si moqueuse.

« C’est très bien ainsi. Je veux faire ce que je peux, » Feena, cependant, avait clairement indiqué son but.

Al avait fermé les yeux et s’était décidé. « D’accord. Mais je viens avec toi. »

« Ehh !? » Feena avait poussé un cri de surprise.

« Quoi ? Je voulais y aller depuis le début. Avoir un allié aussi puissant que mille hommes signifie que je n’ai pas à affaiblir les défenses du pays pour ma petite sortie, » déclara Al.

Il ne mentait pas, mais la façon dont il devait s’expliquer donnait l’impression de l’être.

Juste au moment où il pensait avoir enfin trouvé la solution…

« À quoi penses-tu !? C’est toi le roi ! Que crois-tu qu’il se passera quand le peuple découvrira que son roi est sorti pendant que nous attendons d’être assiégés !? » Jamka s’était levé et avait claqué le poing sur la table tout en étant en désaccord avec la proposition d’Al.

Il avait tout à fait raison.

« Laisse-le partir, c’est tout, » alors qu’Al s’apprêtait à s’expliquer à Jamka, une voix autoritaire retentit dans la pièce.

Sharon avait été complètement silencieuse auparavant, mais elle avait fièrement avalé son thé en une seule fois.

Un coup d’œil à son assiette avait révélé qu’elle avait fini ses biscuits.

T’es sérieuse, toi !? N’a-t-elle pas dit un mot jusqu’à maintenant parce qu’elle était trop occupée à manger !?

Mais comme elle la soutenait, Al avait décidé de laisser faire. Et alors qu’il avait quitté son assiette des yeux — .

« Et… »

Il regarda Sharon, s’attendant à plus de soutien de sa part.

« Et ce n’est pas comme si le fait qu’il soit avec toi ferait une grande différence, » continua Sharon.

Aïe ! Ça fait vraiment mal ! Je m’attendais à de l’aide, mais au lieu de ça, tu m’as brisé le cœur !

« Mais ne t’inquiète pas, j’y vais aussi ! On peut s’en prendre à deux mille personnes comme ça ! » continua Sharon.

Elle avait continué avec un sourire éclatant. Se mesurer à « deux mille personnes » semblait un peu stupide, mais le sourire sincère de Sharon était si rare qu’Al s’était laissée entraîner sans penser à la façon dont elle l’avait formulé.

« Je viens avec toi, d’accord ? Je veux voir Esanthel par moi-même…, » déclara Sharon.

Embarrassée par le regard d’Al, Sharon se détourna en faisant la moue. L’équipe s’était enfin réunie. C’est du moins ce qu’il pensait…

« Non. Reste ici, Sharon. »

Mais quelqu’un était contre l’idée.

« Quoi ? Est-ce que je briserais ton petit voyage avec Al ? » demanda Sharon.

Le sourire précédent de Sharon avait disparu, remplacé par une soif de sang palpable. Feena avait encaissé cette soif de sang au complet, inclinant sa tête.

« Non. J’ai besoin que tu fasses autre chose, » déclara Feena.

« Hein ? As-tu besoin de moi ? » demanda Sharon.

Sharon fixa Feena, les yeux et la bouche grands ouverts. Elle était prête à se battre, mais les choses avaient pris une tournure inattendue. Al lui-même s’était déjà mis sur la défensive.

« Kanon est un maître quand il s’agit de combat rapproché, donc…, » continua Feena.

Elle n’avait pas tort. Cécilia était peut-être une Diva, mais elle s’était spécialisée dans la magie sacrée. Le combat rapproché n’était pas son fort.

« Alors ? » demanda Sharon.

Sharon faisait de son mieux pour comprendre ce que Feena suggérait.

« Pourrais-tu rester ici, s’il te plaît ? Il n’y a personne d’autre qui peut le faire, » déclara Feena.

Feena avait alors sorti sa plus grande arme : ses yeux de chiot.

« Vraiment ? » Sa stratégie semblait fonctionner,

Mais…

« Oui. Seul un gorille enragé, féroce et rouge peut égaler la force de Kanon, » déclara Feena.

« Veux-tu te battre avec moi ? » demanda Sharon.

Elle était passée instantanément de la bouffée de chaleur à l’aiguisage de ses dents.

« Non. Je dis que tu es ma rivale honnête et digne de confiance, » dit Feena avec une expression complètement vide.

« Qu’est-ce que… !? Qu’est-ce que tu dis !? Tch… D’accord, puisque tu es prête à aller aussi loin, je vais laisser passer, » déclara Sharon.

Le visage de Sharon devint rouge, au point où elle poussa Feena sur le côté et quitta la pièce, laissant tout le monde deviner ce qu’elle allait laisser passer.

« Je te remercie, » déclara Feena.

On dirait qu’ils ne seront que tous les deux. Ils pouvaient enfin commencer leurs préparatifs et — .

« Oh mon Dieu. Puis-je venir avec toi, Al ? S’il te plaît, s’il te plaît ? »

Mais d’abord, ils avaient dû faire face à un autre problème. Du moins, ils le pensaient. 

« Que dis-tu, Mlle Cécilia ? Qui sera la commandante en chef si tu partais aussi ? Sharon est notre invitée, et je ne suis pas noble. Pour empirer les choses, j’ai trahi le pays une fois ! » demanda Jamka.

Jamka s’était mis en travers du chemin de Cécilia avant qu’elle ne puisse atteindre Al. Il n’avait pas non plus donné l’occasion à Brusch d’offrir ses services, car il lui avait couvert la bouche avant qu’elle puisse dire un mot.

« Ughhhh… Mais, mais…, » balbutia Cécilia.

Elle changeait son regard désespéré entre Al et Jamka, mais…

« Cécilia, s’il te plaît, » Al l’avait fait taire en une seule phrase.

« Aww… Bien…, » elle avait finalement abandonné.

« Je vais préparer mes bagages, » après avoir jeté un coup d’œil à la sombre Cécilia, Feena se leva et quitta la pièce.

« Oh ! Qui sait ce qui va se passer pendant notre voyage… Je devrais prendre des sous-vêtements en plus ! » Elle s’était arrêtée dans l’embrasure de la porte pendant une seconde pour partager ses pensées.

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