Chapitre 1 : Les deux fiancées
Partie 8
« Maintenant ! » murmura Alnoa.
Il plaça la paume de la main vers eux et relâcha son sort magique. « Sois banni dans ces flammes ! Boule de feu ! »
La boule de feu était le sort magique le plus puissant dans l’arsenal d’Alnoa. Il aurait dû facilement détruire les monstres arboricole, mais...
« Quoi !? » s’exclama-t-il.
Alnoa s’était contracté sur lui-même, mais non pas à cause de la douleur cette fois-ci, mais en raison de son état de choc. Il était sûr que cela aurait été suffisant pour se débarrasser des monstres, mais la boule de feu n’avait eu aucun effet sur leur corps en forme d’arbre.
« Vous foutez-vous de moi ? » se demanda-t-il.
« Guhuhuhuh ! Gahahaha ! »
L’un des monstres s’était approché de lui et l’avait attaqué. Il n’avait fallu qu’un seul coup pour le faire voler. Brisé au niveau de son esprit et de son corps, il n’avait plus la force de se relever. Il gisait là alors que les branches de l’abomination s’enroulaient autour de lui.
Ahh, alors est-ce comme ça que je vais mourir ?
Alnoa avec son visage encore par terre, regardant le monstre. Une partie de lui était certaine qu’il ne mourait pas. Quel genre de roi mourrait ici ? Comment quelqu’un avec un rêve aussi splendide que le sien pourrait-il périr maintenant ? C’était l’hôte du Roi-Démon. Il ne pouvait pas mourir.
Mais la cruelle réalité de la situation était qu’il ne pouvait pas vaincre un seul de ces monstres arboricoles. Au moment où le désespoir s’installait, un nouvel espoir était arrivé. Avec un bruit sourd, les branches enroulées autour de lui avaient perdu leur adhérence et étaient tombées au sol.
« Vous êtes bien plus fringant que la dernière fois que nous nous sommes rencontrés ! » déclara une voix féminine.
« Sharon ? » demanda Alnoa.
La Diva aux cheveux rouges avait sauté entre Alnoa et le monstre.
« Pourquoi ? » demanda Alnoa.
Alnoa était trop déconcerté pour montrer sa gratitude.
« Pourquoi ? Pas pour vous aider, c’est sûr ! Mais cela aurait été un problème si quelqu’un d’autre vous avait tué à ma place. C’est tout ! » répondit Sharon.
Est-ce vraiment important de savoir qui me tue ?
Alnoa s’était dit que ce serait mieux s’il gardait ses pensées pour lui pour le moment.
« Je suis également là, » La Diva tranquille aux cheveux bleus avait lancé une énorme boule de feu qui avait explosé entre Sharon et le monstre.
« Hé ! Essayez-vous aussi de me faire frire !? » cria Sharon.
« Autant pour moi, » répondit l’autre Diva.
« Dois-je vous couper en deux à la place de ce monstre arboricole !? » s’écria Sharon.
« Maintenant, ça suffit. Vous aurez tout le temps de vous battre une fois que nous aurons fini ici, » une voix familière les avait arrêtées.
« ... Cécilia, tu es aussi là ? » demanda Alnoa.
« Oh, Al. Ne t’ai-je pas dit de ne pas aller trop loin ? » demanda Cécilia.
La gentille voix de sa sœur et son toucher doux et guérisseur avaient presque suffi à endormir Alnoa.
« Je vais vous anéantir ! »
« Comment osez-vous ? Je vais vous transformer en charbon de bois ! »
Mais il avait été rapidement ramené à la réalité par les cris de guerre impitoyables des deux Divas.
« Non... Ne le tuez pas, » cria Alnoa.
Leur cible était le monstre qui tentait de tuer Alnoa il y a quelques instants. Il n’avait pas de raison d’essayer de le sauver, mais son intuition était de leur dire qu’elles ne devraient pas le tuer.
« Huh. Si c’est ce que vous voulez, je le laisserai cette fois-ci vivre, » déclara Sharon.
« Je suis une bonne épouse, alors... J’écouterai la demande de mon mari. Je vais le congeler, » répliqua Feena.
Les deux Divas avaient compris la gravité de la demande d’Alnoa. Ensemble, elles avaient préparé leur prochaine attaque.
« C’est parti ! » Sharon avait chargé, se dirigeant vers le monstre à une vitesse fulgurante avec un large sourire bien visible. « Haahh ! »
Elle avait frappé avec son épée avec force, visant le centre de la créature.
« Attendez, c’est trop puissant ! » cria Alnoa.
Alnoa s’attendait à ce que l’attaque de Sharon sectionne la créature en deux, mais elle avait résisté à l’impact et avait propulsé un peu en arrière.
Bon sang. D’une certaine façon, la solidité de cette créature est impressionnante.
« Boule de glace, » Feena envoya une boule de glace vers le monstre, le gelant en un instant.
Franchement, elles forment une bonne équipe.
« Pensiez-vous vraiment que je le tuerais après que vous m’ayez spécifiquement demandé de ne pas le faire ? » Sharon fronça les sourcils à Alnoa. Elle avait expliqué qu’elle n’avait frappé le monstre qu’avec le plat de la lame. Même une abomination inhumaine n’aurait aucune chance contre l’une des Divas, de jeunes femmes capables d’affronter des centaines de soldats à la fois.
« Alors, Cécilia, que s’est-il passé avec les civils capturés ? » demanda Alnoa.
Cécilia avait répondu à la question d’Alnoa avec un sourire triste. Il n’avait pas réussi à sauver tout le monde. Ce n’était pas la faute de Cécilia ou des princesses, c’était la sienne, et il le savait. C’était naïf de sa part de penser qu’il pouvait tout régler seul.
Sharon s’approcha d’Alnoa et le regarda d’un air renfrogné. « Pourquoi ? Pourquoi risqueriez-vous votre vie pour sauver ceux qui vous ont abandonné, vous et votre pays ? »
Il était facile de se tromper et de penser Sharon cherchait la confrontation, mais Alnoa avait reconnu à quel point elle était sérieuse.
« Ne vous attendiez-vous pas à ce que le réceptacle du Roi-Démon aille sauver ses ex-citoyens... pour sauver les personnes dans le besoin ? » demanda Alnoa.
Alnoa s’était assis avec l’aide de Cécilia et il avait regardé Sharon profondément dans les yeux. Après avoir pris une grande respiration, il avait continué à parler.
« Je veux débarrasser ce monde de toute guerre, » avoua Alnoa.
« Quoi !? » s’écria Sharon.
Elle est plus perplexe que ce à quoi je m’attendais.
« Je ne tuerai personne, et cela même si mon ennemi n’est pas un humain, » continua Alnoa.
Tuer mène à la tristesse, la tristesse mène à la rage, la rage mène à plus de meurtres. Il s’agissait d’un cercle vicieux. Alnoa avait insisté pour y mettre fin et avait ordonné à son armée de ne jamais prendre de vie, peu importe le nombre de personnes qui se moquaient de ses idéaux.
Sharon pouvait se moquer de lui, Feena pouvait dire qu’il était stupide, et elles pouvaient toutes les deux rentrer chez elles, mais Alnoa s’en fichait. Il partagerait son rêve avec n’importe qui. Si l’autre personne refusait de le suivre, alors qu’il en soit ainsi.
« Un Roi-Démon bienveillant, hein ? Ça a l’air plutôt cool..., » Sharon murmura cela et évita le contact visuel, espérant qu’il ne l’entendrait pas.
« Bref, qu’est-ce que ce monstre qui vous a causé tant de problèmes ? J’y allais assez sérieusement, mais il ne semblait pas trop être affecté par ça, » Sharon avait pointé du doigt vers le monstre gelé. Elle pensait que si ce n’était qu’un simple arbre, il aurait été réduit en copeaux par elle.
« Je n’en sais rien. Les soldats impériaux l’ont qualifié d’abomination, » répondit Alnoa.
« L’Armée Impériale ? Une abomination ? » Sharon avait froncé les sourcils lors de la première déclaration et avait incliné la tête lors de la seconde.
Feena se fit entendre avec la réponse à ses questions. « J’ai entendu dire que l’Empire du Nord utilisait des soldats barbares qu’ils appelaient “abominations” pour aider à étendre leur territoire. On disait qu’ils étaient très forts. »
« Attendez, est-ce un soldat impérial ? » Sharon avait pointé son épée vers la créature gelée.
« Hein... ? »
Est-ce que je vois des choses, ou est-ce que le monstre arboricole a un peu frémi quand Feena a dit son nom ?
« Je ne faisais pas que voir des choses. Ce truc n’est toujours pas bloqué ! » déclara Alnoa.
Alors qu’il n’était pas encore totalement guéri, Alnoa avait titubé et avait préparé son arme aussi vite qu’il le pouvait.
« Voulez-vous un autre essai !? » s’écria Sharon.
Sharon avait saisi avec force son épée tout en se mettant en position pour le deuxième round avec le monstre arboricole.
« C’est bon, Al. Je vous protégerai, » déclara Feena en se plaçant devant Alnoa.
Cécilia se leva sans dire un mot avant de se placer à côté d’Alnoa, s’emparant de son fidèle khakkhara. Les quatre individus regardaient les fissures se répandre à travers le corps du monstre gelé. Ce n’était pas du sang, mais une lumière aveuglante qui avait surgi de là. Au moment où ils avaient retrouvé leur vision, l’arbre s’était desséché et avait fait germer un gros cristal.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Alnoa.
Puis le cristal s’était brisé, donnant naissance à un petit enfant qui lui semblait incroyablement fragile. Il y avait une marque d’esclave sur son bras.
« Hé, vas-tu bien !? » s’écria Alnoa, puis il avait boité pour aller jusqu’à lui avant de bercer le garçon dans ses bras.
Même pour un enfant, il est vraiment très léger.
Surpris par le poids si faible de l’enfant, Alnoa était tombé sur le dos. Il avait appelé à l’aide, ne se souciant pas des apparences.
« Il respire encore ! Cécilia ! » cria-t-il.
Cécilia avait étendu le petit garçon et avait immédiatement commencé à chanter un miracle. Feena ne pouvait pas enlever ses yeux de son bras.
« C’est la marque de l’Empire Gaust. C’est un esclave de l’Empire, » déclara Feena.
En entendant l’explication de Feena, Alnoa fut encore plus confus qu’avant.
Leurs soldats ne sont-ils pas suffisants ? Ont-ils vraiment besoin d’amener ces monstres à la chasse à l’homme ?
« Je suis content que vous ne tuiez personne, » murmura Feena.
« Wôw ! »
Le murmure soudain de Feena avait prit de court Alnoa. Il pensait qu’elle était encore à quelques mètres de lui.
« J’utilise un sort qui masque ma présence et ma forme, » murmura Feena.
« Est-ce que cela vaut vraiment la peine d’utiliser une telle magie de haut niveau ? Bref, qu’est-ce que vous voulez ? » demanda Alnoa.
« Je veux juste que vous sachiez que c’est bon. Ça ne me dérange pas, » répondit Feena.
Alnoa n’était pas tout à fait sûr de ce dont parlait Feena.
« Pff, » il avait regardé dans la direction des troupes disparues et avait ruminé contre son impuissance. Il avait presque contracté les poings assez fort pour casser la peau et faire couler le sang.
« Mais Al, êtes-vous sûr ? » demanda Feena.
« À propos de quoi ? » demanda-t-il en retour.
Ses pensées lugubres l’avaient mis dans une humeur sombre. Feena avait été déconcertée par la réaction agitée d’Alnoa pendant un moment avant de continuer.
« Maintenant, l’empire va tout découvrir à propos de nous, » répondit Feena.
« Oh. C’est vrai..., » répondit-il.
L’Empire Gaust était situé au nord d’Althos. Il s’agissait d’un vaste royaume qui abritait la plus grande armée du continent. Son empereur précédent, Meldis l’empereur d’Ashen, ne l’avait pas beaucoup développé et avait gaspillé les ressources du pays.
Leur empereur actuel était monté sur le trône à peu près en même temps que l’ascension d’Alnoa. Sa première action avait été d’envahir leur voisin le plus faible et de les annexer totalement. Gaust avait fait exécuter leur famille royale et toute la caste de nobles, et les rumeurs disaient qu’ils avaient réduit en esclavage toute la population.
« C’est vrai. Ils pourraient nous voir comme une menace s’ils savent que nous hébergeons actuellement trois Divas, » déclara-t-il.
Malgré cela, Alnoa n’avait pas la moindre hésitation dans les yeux. Il savait qu’Althos n’avait aucune chance si Gaust envahissait maintenant. Mais il savait aussi qu’ils étaient incapables de frapper immédiatement. Il n’était pas facile pour une armée d’atteindre Althos. L’Empire Gaust n’avait que trois voies d’invasion.
L’une d’entre elles traversait la forêt qui borde Althos et Freiya, mais pour la traverser avec une force d’invasion importante, il faudrait d’abord la brûler jusqu’au sol. Freiya interviendrait sûrement pour empêcher que cela se produise. Même l’Empire Gaust ne pourrait pas faire la guerre à deux pays à la fois.
Un autre itinéraire serait Labona, une ville libre située entre Althos et l’Empire. Il s’agissait d’une ville gouvernée par des marchands qui préféraient la neutralité à la prise de position, l’Empire aurait à proposer une offre extrêmement généreuse pour les faire bouger.
La dernière route possible serait Esanthel, le voisin du nord-ouest d’Althos, gouverné par la Diva de Vira, le rasa de l’envie. Mais les relations de l’Empire avec Esanthel étaient mauvaises et l’armée d’Esanthel était dite extrêmement solide.
Négocier des alliances ou conquérir les personnages contrôlants ces routes prendrait beaucoup de temps.
« De toute façon, nous n’avons pas à nous soucier d’eux pour l’instant. Concentrons-nous sur le problème actuel, » déclara Alnoa.
Alnoa avait mis de côté son épuisement et avait regardé l’esclave qui respirait à peine.
« Un esclave impérial... Qu’est-ce qu’ils planifient ? » demanda-t-il.
Alnoa se tourna vers Feena, mais elle était à nouveau partie.
« Feena ? » l’appela-t-il, mais sans réponse.
Il l’avait finalement repérée alors qu’elle était en train de ramasser les éclats du cristal.
« Je veux me pencher là-dessus. » Puis, Feena avait continué à les collectionner en silence.
« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Sharon.
Sharon avait rejoint Feena et l’avait aidée à ramasser les morceaux de cristal, peut-être parce qu’elle avait fait l’expérience directe de la puissance du monstre.
« Je ne peux pas le dire avant d’y avoir jeté un coup d’œil, mais... Il faut des esclaves, comme des expériences humaines... Utilise leur pouvoir magique... L’amplifier..., » les pensées disjointes de Feena faisaient apparaître la raison pour laquelle l’Empire traitait ses esclaves comme ils l’avaient fait.
☆☆☆
« Hmmm, il y a trois Divas se trouvant en Althos ? Et elles ont vaincu une abomination sans difficulté ? »
Dans une pièce pavée de pierre et ne contenant qu’un bureau et une chaise, un jeune homme aux yeux féroces écoutait le rapport de son subordonné.
Il s’agissait de Gil. Il s’était battu dans les arènes comme esclave afin de trouver une place dans l’Armée Impériale. Il avait gravi les échelons pour devenir commandant en chef. Et maintenant, il naviguait dans le paysage politique pour devenir le chef de fait de l’Empire, du moins selon les rumeurs.
Une fille vêtue d’une tenue de servante, disant être sa sœur, suivait Gil partout où il allait.
« Gil, comment riposter contre Althos ? Dois-je envoyer une armée ? » demanda la femme.
« Laisse-les, c’est tout. Ce n’est pas le moment de s’occuper d’eux, » répondit Gil.
Gil s’était tourné vers un soldat dans la pièce.
« Nous devons nous hâter avec nos plans actuels, » déclara Gil.
« Oui, Sire ! » Le soldat s’inclina avec respect puis il s’en alla rapidement.
« Gil..., » murmura la jeune femme.
Après avoir confirmé qu’ils étaient seuls, la jeune fille enlaça tranquillement Gil par-derrière.
« Ne t’inquiète pas, Eleanor. J’ai prévu quelque chose pour Althos. Et j’ai autre chose à te demander. Quelque chose que toi seule peux faire. Veux-tu bien faire ça pour moi ? » demanda Gil.
Gil la regarda avec douceur et posa ses mains sur les siennes. Son regard tranchant se détendit un peu.
« Oui, Gil ! » répondit-elle. Un léger rougissement était apparu sur les belles joues d’Eleanor. Elle s’accorda encore quelques instants de la chaleur réconfortante de Gil puis elle quitta la pièce, le laissant seul.
« Le roi d’Althos, hein ? Je vois, je vois..., » il murmura dans la chambre vide. Il affichait une expression complexe, une expression qui aurait pu être soit heureuse ou triste.
Il va attiré toutes les divas, 4 présentées, reste 3 🙂