Chapitre 1 : Les deux fiancées
Partie 7
La lettre en question était coincée entre ses seins.
Ne met-elle pas en valeur ses seins alors qu’elle fait ça ?
Alnoa avait tranquillement saisi la lettre. En réponse, Lilicia avait produit un gémissement obscène.
Pourquoi a-t-elle agi ainsi ? C’est d’un niveau d’embarras vraiment ridicule.
« Est-ce l’un de vos fétiches, mon chéri ? » demanda la Diva aux cheveux bleus.
« Non, cela ne l’est certainement pas ! » répondit Alnoa.
« Vous forceriez votre femme de chambre à faire quelque chose d’aussi pervers ! Espèce de monstre ! » cria Sharon.
« Pourquoi supposez-vous que j’ai demandé ça ? » demanda Alnoa.
☆☆☆
Alnoa avait essayé d’ignorer leurs poussées de critiques et de se concentrer sur le contenu de la lettre présent dans ses mains.
Voyons voir...
« Lilicia ! Dis à ma sœur que j’aurai besoin d’elle plus tard, » l’expression d’Alnoa avait changé en un instant. Il avait rapidement donné cet ordre et avait quitté la pièce.
« Très certainement. Je dirai aussi à Jamka de préparer les troupes et les faire immédiatement vous suivre, » répondit Lilicia.
« Lilicia, s’est-il passé quelque chose ? » demanda Sharon.
Lilicia avait ignoré la question de Sharon et avait vu Alnoa partir avec un sourire.
« Al..., » murmura Feena.
Feena regarda tranquillement à travers la fenêtre quand Alnoa quitta le château. Une brise printanière avait soufflé sur son visage et avait guidé sa vision vers le haut. Althos se prélassait sous les doux rayons du soleil. À ce moment-là, le royaume était apparu comme une fière nation, et non comme une puissance mineure.
Alnoa avait relu la lettre du haut de son cheval alors qu’il était au galop. Il ne s’attendait pas à ce que les choses en arrivent là. Un groupe d’anciens citoyens vivant dans les plaines du nord d’Althos avait été attaqué.
Ce doit être eux qui ont fui le pays quand j’ai été couronné.
Il n’était pas surprenant que les personnes abandonnent leur pays en période de troubles. Le Roi-Sorcier avait lui-même construit ce pays, ce qui rendit sa mort particulièrement troublante. Son décès avait réduit Althos au statut de puissance mineure. S’ils perdaient une guerre et devenaient un état vassal, ils auraient eu autant de valeur que des esclaves.
Alnoa ferma les yeux et murmura pour lui-même. « Ils ont peut-être jeté leur pays, mais pour moi, ils sont toujours citoyens d’Athos ! »
Il avait alors ouvert les yeux sur une vaste plaine sans limites. Le soleil doux brillait, enveloppant les plaines devant lui de lumière et le remplissant d’espoir.
Alnoa rêvait d’un monde sans faim, sans vol ni crime, où tout le monde pourrait vivre heureux, même dans les étés les plus chauds et les hivers les plus amers. Et le premier pas vers la réalisation de ce rêve avait été de libérer tous les esclaves. D’un bout à l’autre du pays, ils avaient travaillé jour et nuit pour une once de nourriture. Ils avaient été maltraités et tués selon les caprices de leurs propriétaires.
Je vais changer ce monde pourri.
Après un long voyage à travers les champs verts, des signes de civilisation apparurent.
« Je suis enfin là. Attendez. Non..., » déclara-t-il.
La fumée s’élevait à l’horizon. Il avait entendu dire qu’il n’y avait que quelques centaines de personnes vivant ici, mais il n’en avait pas vraiment l’impression. Bien qu’encore en développement, il s’agissait d’une ville agréable avec des rues bordées de bâtiments en briques. Dans d’autres circonstances, Alnoa aurait été impressionné.
« Qu’est-ce que..., » commença-t-il.
La réalité de la situation l’avait durement frappée, le rendant sans voix. Il était arrivé en retard, et la ville naissante était engloutie par les flammes. Les cris désespérés des habitants de la ville en fuite remplissaient l’air et se fondaient en un seul cri, comme si le village lui-même pleurait. Leur vie ne tenait qu’à un fil.
« Bon sang..., » murmura-t-il.
Des soldats en armures marchaient à travers la ville en feu. La lettre avait fait en sorte qu’Alnoa s’attendait à ce que des bandits ou des mercenaires pillaient le village, mais il avait été naïf. Les soldats portaient des uniformes assortis et se déplaçaient dans un but précis, exécutant clairement les ordres. Il s’agissait d’une armée avec laquelle il avait affaire.
« Attendez, qu’est-ce que c’est !? » s’écria Alnoa.
Un groupe de créatures bizarres était mélangé aux forces ennemies, cela avait attiré l’attention d’Alnoa. Ils étaient à peu près de taille humaine, mais leurs membres étaient longs et en forme de brindilles, et leur tête était enfouie à l’intérieur de leur poitrine. Ils avaient l’air d’être sortis tout droit d’une histoire d’horreur, mais ils avaient aussi une aura emplie de désir et de solitude. Alnoa n’avait jamais rien vu de tel.
Il secoua la tête, essayant d’écarter leur sentiment d’isolement écrasant.
C’est mauvais. Je suis venu ici pour me débarrasser de voleurs. Je n’étais pas prêt à combattre des monstres. Mais je ne peux pas laisser ces hommes et ces femmes aller jusqu’à leur mort. Je ne sais pas si ça va marcher, mais...
Alnoa galopa et se mit à chercher dans son sac à dos. Il sortit une pochette en cuir remplie d’huile et la jeta sur le sol entre l’armée mystérieuse et les habitants des villes en fuite.
« Feu ! » cria-t-il.
La tache d’huile s’était enflammée en raison de ce simple chant. Des fleurs rouges fleurissaient sur les plaines verdoyantes.
« Wôw ! »
Le cheval aguerri d’Alnoa n’avait pas bronché, mais les chevaux des maraudeurs avaient été envoyés dans une frénésie à la simple vue de l’explosion de flammes. Alnoa avait alors tiré sur les rênes de son cheval et s’était tourné vers ses anciens citoyens.
Il leur avait alors déclaré, « L’aide est en route ! Courez vers le sud ! »
Les habitants de la ville s’étaient dirigés vers le sud comme le demandaient ses instructions. Voyant cela, Alnoa avait dégainé son épée courte et avait tourné son attention vers l’ennemi. Mais avant même qu’il puisse se retourner...
*Wham !*
Alnoa frappa durement le sol. Il s’était retrouvé allongé sur le dos, regardant l’une des créatures sans tête présente devant lui et qui venait de l’attaquer.
« Gahh ! »
La douleur n’était venue qu’après avoir réalisé qu’il avait été projeté loin de son cheval par les bras longs et minces de ce monstre.
Alnoa s’était recroquevillé sur le sol en raison de la douleur. Un homme en armure, probablement le commandant du groupe, criait triomphalement. « Excellent ! Capturez-le ! S’il résiste, n’hésitez pas à lui casser un bras ou deux ! »
Tous les soldats du commandant s’étaient précipités vers Alnoa.
« J’appelle..., » Alnoa s’était lentement relevé et avait commencé à chanter en un murmure. Il se permettait même d’afficher un sourire suffisant aux soldats qui l’entouraient, et puis... « Vent ! »
Il avait terminé le chant et avait relâché le sort. Un tourbillon avait émergé d’Alnoa, se transformant rapidement en tempête de sable.
« Argh ! Mes yeux ! Je ne vois rien ! »
« Où cachait-il le catalyseur ? »
Alnoa n’avait pas besoin d’un catalyseur comme une baguette ou un anneau, il n’en avait jamais eu besoin. Il était possible que les pouvoirs du Roi-Démon l’aient permis, ou que le corps d’Alnoa lui-même soit devenu un catalyseur en tant qu’effet secondaire du fait d’avoir accueilli le Roi-Démon. Alnoa ne savait pas. Cependant, sa puissance magique était faible bien qu’il n’avait pas besoin d’un chant. En pratique, cela signifiait que son pouvoir n’était utile que pour les attaques-surprises. Et l’attaque-surprise avait fonctionné cette fois-ci. Les soldats et les créatures étaient bloqués à devoir protéger leurs yeux de la tempête de sable.
« Désolé, mais je n’ai pas le temps pour ça ! » déclara Alnoa.
Ne se souciant pas des apparences, Alnoa s’était éloigné de la scène. Mais un soldat avait été séparé du reste, le commandant. Il avait détecté Alnoa et avait foncé vers lui, la lance à la main.
« Espèce d’enfoiré de tricheur ! Meurs ! » cria le commandant.
Il s’était précipité vers l’avant et avait tenté d’enfoncer sa lance dans le cou d’Alnoa. Alnoa avait évité de justesse l’attaque, au prix de quelques mèches de cheveux. Maintenant que le commandant était déséquilibré, Alnoa l’avait frappé à l’estomac avec le pommeau de son épée.
« Arg ! » cria le commandant.
Ce fut un dur coup que le commandant avait ressenti à travers ses nombreuses couches d’armure et de graisse. L’impact l’avait même fait tomber de son cheval.
« Ne vous inquiétez pas, je ne vous tuerai pas, » annonça Alnoa.
Le commandant était inconscient, couché sur le sol. Alnoa s’était placé au-dessus de lui et tenait son épée au-dessus du cou du commandant.
« C’est assez ! Si vous voulez qu’il vive, lâchez vos armes et libérez les habitants de la ville ! » cria Alnoa.
Leur vue revenant finalement, les soldats avaient tourné leur regard vers Alnoa.
J’espère que ce type n’est pas aussi impopulaire qu’il en a l’air.
Le plan d’Alnoa aurait échoué si les soldats avaient réfléchi rationnellement à la situation, mais...
« Espèce de lâche ! »
Les soldats avaient lâché leurs armes à contrecœur.
Je suppose que ça a marché d’une manière ou d’une autre.
« Ouf, je suis content que tout le monde se soit enfui..., » la déclaration d’Alnoa était restée inachevée, ses mots avaient été remplacés par un afflux de sang sortant dans sa bouche. « Gahh ! »
Une douleur intense rayonnait de son épaule droite, forçant son épée courte à être lâchée par ses mains. Une brindille sortait de son épaule. Il tourna la tête, essayant de trouver la source, et vit au loin l’un des monstres en forme d’arbre, étirant son bras à travers le champ de bataille et à travers son épaule.
« Ce n’est pas juste ! » murmura-t-il. Alnoa avait réussi à faire sortir cette phrase avant de s’effondrer sur ses genoux.
Ayant repris connaissance entre temps, le commandant se leva, brossa ses vêtements, puis cria un nouvel ordre. « D’accord ! Laissez-le aux abominations et continuez avec le plan. Compris ? »
« A-Attends ! » Alnoa avait essayé de se relever et de poursuivre le commandant, mais une autre brindille était arrivée, cette fois en perçant une de ses jambes.
Le commandant avait grogné vers Alnoa et était retourné jusqu’à son unité.
« Attendez ! Je serai votre adversaire ! Laissez ces personnes en dehors de tout ça ! » cria Alnoa.
Immobilisé par les abominations arboricoles, Alnoa était impuissant et il ne pouvait donc pas intervenir.
« Grâce à votre petite farce, le plus gros de ces racailles a réussi à s’échapper, » le commandant plissa son front et s’approcha de nouveau d’Alnoa, cette fois avec un fouet à la main.
« Oh, Dieu merci. Si de toute façon ils ne sont que de la racaille pour vous, alors laissez-les partir et... ah ! » déclara Alnoa.
L’impudence d’Alnoa s’était heurtée à un claquement impitoyable du fouet sur ses joues. La douleur était atroce. C’était comme si tout son corps était en feu.
Le commandant, grassouillet, regarda la douleur d’Alnoa avec plaisir. « Mais nous dépassons toujours notre quota, alors il ne devrait pas y avoir de problèmes. »
Le commandant sourit d’une manière sadique avant de continuer. « L’Armée impériale est heureuse de récupérer n’importe quel homme en bonne santé en tant qu’esclave, mais toi... Les salauds comme toi sont trop insolents pour être des esclaves. »
L’Armée impériale ? Bien, continuez comme ça. Laissez fuir plus d’informations, espèce de cochon bavard !
Alnoa avait penché sa tête pour supporter la douleur et rendre son visage plus difficile à lire pour le commandant. Regardant le sol, Alnoa ne pouvait pas voir les flammes sombres qui brûlaient dans les yeux du commandant.
« Guh ! »
Alnoa avait été envoyé sur le sol avec un coup de pied dans le ventre.
« J’adorerais continuer à jouer avec toi, mais j’ai des endroits où je dois aller. Abominations ! Rejoignez-nous une fois que vous en aurez fini avec ce plaisantin ! » Après avoir donné ses ordres, le commandant et ses cohortes avaient quitté les lieux.
Ils prendront ces civils comme esclaves si je ne me dépêche pas !
Alnoa avait un atout dans sa manche pour cette occasion. Depuis quelque temps, il préparait un mouvement secret, alors même qu’il était sur le sol, se tordant de douleur, cela pouvait marcher. Il avait attendu que les abominations se rapprochent, puis...