Prologue
« Le club risque d’être dissous... ! » Rushella Dahm Dracula avait déclaré ça aux membres du club se tenant devant elle. Son visage digne et beau était contorsionné par le chagrin.
Ils se trouvaient actuellement après l’école. Leurs emplacements étaient une salle de classe vide dans un coin du bâtiment de l’école. En d’autres termes, il s’agissait d’une salle pour les activités du club.
Debout devant le tableau se tenait la soi-disant « présidente de club » Rushella qui avait fondé le club plusieurs semaines plus tôt.
Néanmoins, pendant tout ce temps depuis la création du club ni le nom ni ses activités n’avaient pu être finalisés.
« Tout cela, c’est parce que vous avez été négligents ! Surtout toi ! » déclara Rushella.
« Hein !? Moi !? » s’exclama Hisui.
Hisui Kujou lisait un manga avec son dos tourné vers Rushella. Alors qu’il entendait les accusations portées contre lui, il se retourna involontairement. « Pourquoi me blâmes-tu... Je n’ai absolument rien fait ! »
« C’est exactement ça le problème, » dit-elle. « Tu n’as absolument rien fait ! De plus, tu as même ignoré toutes mes suggestions. Tels que donner au club un nom plus amical comme le “Club ○○○”, ou de donner à chacun des brassards différents en fonction de leurs responsabilités individuelles, ou d’aller dans les “Concours de rédaction inter-écoles” ou en définissant “l’université nationale” comme but, ou d’avoir un “accueillant milieu d’été”, ou d’accepter un match décisif avec un “rival” lors de la phase finale du tournoi, mais de perdre contre un adversaire sournois en demi-finale, ou d’avoir un “coéquipier” mourant dans un accident de la route, et de sortir un “incroyable, pour un si beau personnage qui meurt là.”... !? » [1]
« Tes suggestions sont tellement ridicules que j’ai abandonné le fait de les rétorquer ! » déclara Hisui. « En plus, les choses que tu dis dans la deuxième moitié de ta liste ne comptent guère comme des suggestions ! »
« ... Au fait, n’a-t-elle pas appris des choses plutôt obscures ? » Appuyée contre Hisui et essayant de faire la conversation se trouvait une autre membre du club, Mei Sudou.
Comme Hisui, elle avait ignoré les diverses suggestions de Rushella et passait ses journées dans la classe du club à paresser.
« ... C’est probablement à cause de sa forte curiosité, » murmura-t-il. « Afin de combler les lacunes de sa mémoire, elle a enquêté sur toutes sortes de choses... Malheureusement, elle n’est pas bonne avec le kanji, même si elle semble pouvoir lire d’une manière assez fluide quand il s’agit de livres étrangers. De plus, le fait qu’elle ne semble pas aimer les livres sérieux l’a amenée à se faire laver le cerveau par des animés, des mangas, des spectacles de variétés et autres... »
« ... selon le résultat que je vois, a-t-elle placé le club sous l’influence de ces choses là ? » Murmura Mei.
« He ! Vous, là-bas, les chuchotements ne sont pas autorisés ! » cria Rushella. « Et aussi, vous n’êtes pas autorisée à vous envelopper autour du bras de mon serviteur sans ma permission ! »
Rushella pointa rapidement cette scène avec son doigt, mais Mei serra nonchalamment Hisui encore plus fortement, amenant ses lèvres près du lobe de l’oreille d’Hisui qui était aussi mignon que celui d’une fille.
« Oh ! mon Dieu ! Pourquoi tout a besoin de ton approbation ? » demanda Mei. « D’ailleurs, quand est-il devenu ton serviteur ? »
« Je l’ai mordu, alors il est à moi ! » déclara Rushella. « Et avant de venir à l’école aujourd’hui, nous avons déjà partagé un baiser ! »
« N’oubliez pas d’ajouter le mot “vampire” après le mot baiser, » déclara Hisui. « S’il te plaît, ne dis pas les choses qui pourraient causer des malentendus, en particulier devant des camarades de classe. »
Se souvenant de la douleur de ce matin, Hisui tendit instinctivement la main vers le côté gauche de son cou... où restaient des traces du « baiser ».
Normalement, la seule trace qu’un baiser pourrait laisser derrière... serait une marque de baiser tout au plus.
... Cependant, les baisers de Rushella n’étaient pas le genre inoffensif.
C’étaient des marques de crocs sculptées sur la peau par des canines blanc comme la neige que l’on pouvait apercevoir derrière ces brillantes lèvres cramoisi.
Non seulement ça... mais elle avait aussi aspiré du sang.
Tout était vrai... même si c’était incroyable, la fille devant ses yeux était une véritable vampire.
Peu importe à quel point l’uniforme du lycée lui convenait, ou à quel point son comportement était conforme à la société moderne... elle était encore une créature surnaturelle inhumaine.
Elle avait mordu Hisui alors qu’il rentrait chez lui après la cérémonie d’entrée au lycée, avait fait sienne de sa maison et l’avait même suivi à l’école. Et actuellement... elle était son maître et la présidente du club se trouvant ici.
« Boire imprudemment tous les jours autant que tu le souhaites... si ce n’était pas moi qui sais ce qui pourrait arriver, » déclara-t-il.
« ... Au fait, Hi-kun, tu te fais sucer le sang tous les jours, et pourtant tu es toujours sain et sauf ? » demanda Mei.
Mei demandait ça alors qu’elle regardait le cou de Hisui.
Sa peau blanche immaculée était suffisante pour faire honte à la plupart des filles qui admettaient leur infériorité. Ne laissant rien dans la zone de la morsure, il n’y avait même pas une seule tache.
Si le sang avait été prélevé comme indiqué, il devrait y avoir dans tous les cas une blessure.
Plus important encore, le fait d’être mordu par un vampire impliquait la perte de l’identité humaine pour ainsi devenir une créature surnaturelle inhumaine.
Comme les anciennes légendes l’avaient décrit, une personne qui avait été mordue par un vampire allait aussi se transformer en vampire.
C’était une règle éternelle et une malédiction qu’aucun humain ne pouvait désobéir.
Mais Hisui était la seule exception.
« C’est le genre de constitution que j’ai, » répondit-il simplement. « Laisse-moi vous rappeler un truc. Même si je ne vais pas devenir un vampire et que mes blessures se rétablissent plus vite, perdre du sang fait quand même très mal ! Et si je souffre d’une blessure mortelle, alors je vais quand même mourir. En raison de ce ravageur envahissant ma maison, je suis récemment obligé de manger beaucoup de foie afin de reconstituer mes nutriments. »
« Ne devrais-tu pas aussi prendre des suppléments de fer ? » demanda Mei. « Mais souffrir ainsi chaque jour est vraiment terrible. Les vampires sont vraiment gênants ! »
« Qui appelez-vous gênant ! » déclara Rushella. « Ma race existe depuis des millénaires, avec un prestige absolu depuis plus de mille ans. Comment osez-vous dire quelque chose d’aussi grossier ? Vous, la fausse humaine avec seulement quelques siècles d’histoire ! »
« Qu’est-ce que tu as dit... ! », cria Mei.
Son bouton Berserk ayant été poussé, Mei se leva brusquement.
En même temps, elle avait fait claquer ses mains sur la table.
C’était simplement un mouvement naturel qui ne nécessitait aucune emphase.
Mais à l’instant où ses mains avaient touché la table... la table avait été séparée en deux.
Ce n’était pas parce que la table était à l’origine vieille et usée, ou bricolée bout à bout... elle avait été détruite par la force brute.
« ... Pas encore ça, » déclara Hisui. « S’il vous plaît, arrêtez-vous maintenant. Sudou, plus vous faites ça, et plus vous serez humaine, vous le savez ? S’il vous plaît, pourriez-vous montrer un peu de pitié à la propriété publique qui se trouve ici ? Votre force ne peut être comparée à des humains normaux ! »
« Je n’ai pas choisi ce corps, » déclara Mei. « D’ailleurs, n’est-ce pas déjà beaucoup mieux qu’avant ? »... En disant cela, Mei avait pulvérisé le stylo à bille se trouvant dans sa main.
S’il avait simplement été brisé en deux, cela pourrait être considéré comme une démonstration de force.
Mais pour que sa légère prise de main transforme le stylo en fine poudre, cela avait complètement dépassé le domaine humain.
Plus précisément, elle n’était pas humaine. Et cela, peu importe qu’elle pût être séduisante et que son apparence fût tentante.
En d’autres termes, tout comme Rushella, Mei était en fait une créature surnaturelle inhumaine.
Une créature parfaite faite à l’image de l’humanité et destinée à surpasser l’humanité. Mais pour une raison quelconque, que ce soit la blague de Dieu ou la malédiction du diable, il était né en tant qu’un monstre très laid. Mei était la descendante du monstre infâme de Frankenstein.
« Hmph, peu importe comment vous vous déguisez, un faux est un faux, » déclara Rushella. « En fin de compte, vous ne pouvez pas devenir humaine ! »
« ... Tais-toi, je me fiche de ce que tu en penses, » répondit Mei. « Mon souhait est précisément de devenir humaine ! Devenir unis avec un humain ! Ou devrais-je dire, avoir des bébés avec Hi-kun ❤. »
« Désolé, c’est impossible à faire, » Hisui secoua la tête sans expression alors qu’il disait ça.
Si elle le serrait trop dans ses bras, il y aurait vraiment un risque de blessures. C’était ainsi qu’était Mei Sudou.
« Pourquoi ? » demanda Mei. « Tu te fais déjà sucer le sang par ce vampire tous les jours, n’est-ce pas !? Alors, pourquoi ne peux-tu pas insérer un peu de liquide blanc en moi !? »
« Hum ! désolé ! Mais pourriez-vous arrêter ces descriptions pornographiques si flagrantes !? » demanda Hisui. « Et bien sûr, la réponse à votre question est non ! »
« Je t’interdis de m’ignorer ! » déclara Rushella alors qu’elle se plaçait dans la mêlée. « En outre, se coller l’un à l’autre ne vous est pas autorisé ! »
Les choses étaient toujours aussi chaotiques quand les trois étaient présents. Les activités du club n’avaient probablement pas progressé à cause de ça.
Mais comme toujours, la situation avait été maîtrisée par la voix monotone du dernier membre.
« ... Je n’ai pas d’objection à vos querelles, mais si vous voulez vraiment empêcher le club d’être dissous, ne devriez-vous pas penser à un plan avec plus de sérieux ? » demanda Eruru.
Celle qui venait de parler s’appelait Eruru Kariya.
Elle était assise dans un coin de la classe, évitant ainsi le chahut bruyant. Elle regardait un ordinateur portable sans dire un mot, tapant sur le clavier de manière audible.
Son visage était aussi mignon et adorable qu’une poupée française, mais sa manière froide de parler était complètement sans émotion.
« Il ne reste pas beaucoup de temps, » continua-t-elle. « Si vous voulez continuer à utiliser cette salle de classe, le club doit d’abord être catégorisé et toutes sortes de documents doivent être remplis. Alors, que diriez-vous d’avoir une discussion plus sérieuse ? »
« « « ... D’accord... » » » clamèrent les trois autres membres.
Sa suggestion irréfutable avait fait taire les trois autres personnes.
De retour à leurs propres sièges, ils avaient commencé à se souvenir de la cause de l’incident.
Alors qu’ils avaient parlé de la crise sur la dissolution du club, il fallait maintenant commencer par une question particulière que quelqu’un avait annoncée.
Notes
- 1 La dernière partie de la liste de Rushella fait référence au manga de baseball Touch.