Comment NE pas invoquer un Seigneur-Démon – Tome 9 – Chapitre 1 – Partie 3

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Chapitre 1 : Invasion de l’armée du Seigneur-Démon Suprême

Partie 3

L’Auberge de la Tranquilité de l’Esprit — Crépuscule.

La fille de l’affiche de l’auberge, Mei, était en train de nettoyer la salle à manger qui était complètement vidée de ses clients. Il était deux heures, à peu près à l’heure où l’endroit serait plein de monde.

« Haha… » La Panthérienne aux cheveux bruns et longs jusqu’à ses épaules, soupira avec une expression lunatique sur son visage.

La porte d’entrée s’ouvrit et la cloche installée à côté se mit à sonner, incitant Mei à sourire largement dans un geste amical.

« Bienvenue à l’Auberge de la Tranquilité de l’Esprit ! Je suis l’idole de l’auberge, la petite Mei ! » déclara Mei. 

« Hahahaha... Désolée. » C’était Sylvie, la chef de la Guilde des aventuriers, qui était entrée dans l’endroit avec un sourire amer sur les lèvres. Elle était vêtue d’une tenue révélatrice qui ne comptait pas vraiment comme des vêtements, mais seulement quelques morceaux de tissu. Elle avait l’apparence d’une jeune fille, mais cela avait été attribué au fait qu’elle était une Marcheuse des Herbes, une race qui n’allait pas changer d’apparence avec l’âge. Elle était en fait une vétérante chevronnée.

« Oh, vous n’êtes pas une cliente, » dit Mei, ses yeux se rétrécissant. 

« Je suis la chef de guilde, tout bien considéré. J’ai fait le tour de la ville pour m’assurer que tout est en ordre, » déclara Sylvie.

« Si vous cherchez Diablo, il n’est pas encore rentré. » Mei haussa les épaules devant les paroles d’excuse de Sylvie.

« Je vois…, » parfois, Sylvie faisait semblant d’être en patrouille pour pouvoir venir voir l’Auberge de la Tranquilité de l’Esprit. Un certain sorcier qui était l’un des clients habituels de l’auberge était apparemment extrêmement puissant. Mei ne l’avait jamais vu se battre, mais la rumeur avait circulé.

« Les choses vont-elles si mal en ville ? » demanda Mei.

« Eh bien, pas vraiment, mais…, » Sylvie répondit joyeusement, mais cela rendait Mei encore plus anxieuse.

« Vous ne viendriez pas vérifier s’il était là si vous n’aviez pas besoin de son aide…, » déclara Mei.

« Hahahaha... C’est bon, vraiment. Faltra a la barrière anti-déchue, après tout. Oubliez les bêtes magiques et les déchus. Même le Seigneur-Démon ne peut pas passer outre, » déclara Sylvie.

La citadelle de Faltra était entourée d’impressionnants murs de pierre, avec des tours en pierre érigées parmi eux. Ces tours servaient d’amplificateurs pour la barrière, qui était maintenue par l’énergie magique du chef de guilde de la guilde des Mages, Célestine Baudelaire. Tant que Céles restait dans la ville, la tour de la Guilde des Mages continuerait à créer la barrière, et les murs l’amplifieraient, gardant les Déchus et tous ceux qui étaient alignés avec eux hors de Faltra.

« Les soldats vont-ils se battre ? » Mei était inquiète malgré tout ça.

« Je ne sais pas grand-chose sur ce que l’armée va faire, vous voyez ? Les troupes stationnées à Faltra agissent comme la garde personnelle du gouverneur. C’est Galford qui en décidera, » déclara Sylvie.

« Et les aventuriers, alors ? » demanda Mei.

« Tout le monde est agité. Nous protégerons tous cette ville pour que vous puissiez dormir tranquille ! » déclara Sylvie.

Mei pinça ses lèvres avec inquiétude. « Mrow… Je connais une tonne d’aventuriers. Je suis inquiète. »

« J’apprécie votre sollicitude. Mais c’est notre travail de protéger les Races face au Seigneur-Démon, » déclara Sylvie.

Sylvie s’était retournée en disant qu’elle devrait aller à l’endroit suivant pendant sa patrouille. Ouvrant la porte, elle avait dit une dernière fois avant de partir :

« Si Diablo se pointe, dites-lui qu’on le cherche à la Guilde des Aventuriers. »

« Mew a compris. Mais je ne le dirai pas gratuitement, » déclara Mei.

« Hein ? »

« Quand vous chasserez le Seigneur-Démon, vous devez tous venir ici et manger nos délicieuses saucisses ! » Mei avait fait un signe du pouce à Sylvie.

« Heheh... C’est une promesse. Alors, au revoir, » déclara Sylvie.

Sylvie quitta l’auberge, fermant la porte derrière elle, et le silence remplit à nouveau l’endroit.

À la porte ouest de la Citadelle de Faltra.

« La porte ! Ouvrez la porte ! » un homme à cheval cria jusqu’en haut des murs. C’était un humain. Il n’avait pas l’air d’être un soldat, car il n’était pas en armure et il n’était pas armé, mais les gardes de la porte l’avaient reconnu.

« C’est Boris ! Ouvrez ! Ouvrez la porte ! » Ils avaient donné l’ordre d’ouvrir la porte rapidement.

Les portes à l’extrémité du pont avaient une porte en acier qui s’ouvrait en tirant une chaîne vers l’arrière. Boris était apparu sur un seul cheval, avec quelqu’un d’autre sur le dos — Massa, qui avait l’air complètement épuisé.

« C’est bon de vous revoir ! » Les soldats les avaient encerclés dès qu’ils étaient entrés dans les murs. « Comment ça s’est passé ? »

« Nous avons vu l’armée du Seigneur-Démon ! » déclara Boris.

Tout le monde autour d’eux avait donné un « Oooh ! »

« C’est super que vous soyez revenu de là. »

« Non… Nous avons dû sacrifier l’un de nos chevaux et mon équipement pour faire un leurre, » déclara Boris.

Ils avaient pris une poupée de paille et mis l’armure de Boris dessus, puis ils avaient précipité le cheval sur la route. S’il s’était enfui, ils auraient tout simplement galopé sur la route, eux aussi… mais une Déchue ailée avait coupé le leurre peu après. Si elle les avait trouvés, ils auraient sûrement été tués. Pendant que la Déchue était distraite par le cheval sur la route, Boris et Massa chevauchaient l’autre cheval à travers une forêt près de la route pour revenir à Faltra.

« Argh… » Massa se couvrit la bouche avec ses mains, son visage pâle. « Je me sens mal, Boris… »

« E-Est-ce que ça va ? Tu peux descendre maintenant. Je m’occupe du rapport, » déclara Boris.

« Oui, merci… Le lieutenant-général est effrayant… Uuuugh…, » déclara Massa.

Massa était assez vulnérable quant au mal des transports. Les autres soldats l’avaient remercié pour son service.

« Ne t’inquiète pas pour le cheval et l’armure. » Un officier avait pris les rênes du cheval de Boris. « Plus important encore, le lieutenant-général attend votre rapport. »

« Oui, monsieur ! » déclara Boris.

En allant vers le nord le long des murs de la porte ouest, Boris s’avança dans la garnison de l’armée. Elle possédait ses propres écuries, une caserne, un terrain d’entraînement, une armurerie, un grenier et, bien sûr, un quartier général. Il s’agissait d’un bâtiment en briques où seuls les officiers étaient habituellement autorisés à entrer.

« Je reviens du pont d’Ulug ! » Boris avait salué les sentinelles. « J’ai un rapport pour le lieutenant général ! »

« Entrez ! » Les sentinelles avaient salué en réponse, invitant Boris à l’intérieur.

Il marcha dans le couloir jusqu’à la porte la plus éloignée. Après avoir répété les mêmes mots à plusieurs reprises, il s’était finalement présenté devant le gouverneur de Faltra, le lieutenant général Chester Ray Galford.

*

À l’intérieur du quartier général — .

Un grand bureau, appartenant au lieutenant-général, se dressait à l’avant, entouré des deux côtés par d’autres bureaux occupés par des officiers d’état-major et remplis à ras bord de paperasse. L’odeur de la sueur, de l’encre et de l’acier remplissait la pièce.

Boris n’avait pas vu Galford depuis la première directive de l’année, il y avait presque un an. Au cours de cette seule année, Boris se souvint que le lieutenant-général lui avait semblé complètement différent de l’homme maussade qui se tenait ici aujourd’hui. Sa peau s’était creusée, sa peau avait pris une couleur plus terreuse, et des mèches de blanc avaient commencé à couler dans ses cheveux. Mais l’éclat de ses yeux restait vif, tandis qu’il fixait Boris du regard.

« Vous dites avoir vu l’armée du Seigneur-Démon… ? » demanda Galford.

« Oui ! Ils avaient huit grandes tortues, tout portant d’innombrables Déchus sur leur dos ! Ils avaient aussi des bêtes magiques de classe moyenne, et ils comptaient au total environ un millier de soldats. Ils avancent à la vitesse du sprint et ont traversé le pont d’Ulug vers onze heures aujourd’hui ! » répondit Boris.

« Mille bêtes magiques et déchus !? » murmurèrent les officiers d’état-major dans la panique. Une centaine, c’était déjà un chiffre désespérant. Dans toute l’histoire enregistrée, il n’y avait pas eu d’escarmouche entre l’Armée du Seigneur-Démon, qui comptait 1 000 hommes, et les Races.

« Avez-vous la preuve que vous avez vraiment vu ça !? » Un officier d’état-major âgé, aux cheveux fins, se leva.

« … À cette vitesse, ils devraient atteindre Faltra à la tombée de la nuit, » annonça Boris.

« Nng. »

« Vitesse de sprint, vous dites ? » demanda un autre officier d’état-major. « Dans ce cas, on devrait pouvoir les distancer à cheval. »

« Peut-être les grandes tortues. Mais je… Non, nous avons failli être attaqués par une Déchue ailée. Elle a volé plus vite qu’un cheval et a tranché à travers une armure et un cheval avec une seule attaque, » déclara Boris.

« Incroyable… »

L’objectif de l’armée du Seigneur-Démon était l’extermination des Races, il n’y avait pas de négociation de paix ni de capitulation devant elle. Que devaient-ils faire ? Le bureau du personnel avait poursuivi la discussion.

« Et le Seigneur-Démon ? » demanda Galford. « Avez-vous vu le Seigneur-Démon Suprême Modinaram ? »

« Je ne peux pas en être sûr. » Boris secoua la tête. « En plus de la bête magique de grande classe à la tête de la force, il y avait un Déchu qui ressemblait à un hibou. Il avait l’air important… »

« Donc vous avez vu Eulerex. Un déchu très ancien, » déclara Galford.

« C’est… »

« Avez-vous vu autre chose ? » demanda Galford.

Boris avait parlé à Galford de la femelle déchue avec les ailes et la queue d’un dragon, ainsi que de la grenouille déchue.

« Ah, et il y avait aussi une boîte, » déclara Boris.

« Une boîte ? » demanda Galford.

« Elle était enchaînée au dos de la grande tortue, et elle avait un motif… flippant à sa surface, » expliqua Boris.

Le fait de s’en souvenir lui avait empli la bouche avec une nausée.

« Hmm. » Galford croisa les bras de manière pensive.

La porte derrière Boris s’ouvrit alors bruyamment, et une voix de femme remplit la pièce.

*

« Êtes-vous toujours en train de paniquer ? Vous avez une mèche bien plus longue que ce que nous vous avions dit. »

*

« Lady Laminitus !? » appela un officier d’état-major.

L’ancien gouverneur de la Tour de Zircon : Fanis Laminitus.

C’était la première fois que Boris la voyait. Elle était vêtue d’un uniforme rouge et avait une poitrine si grande qu’il était difficile de croire qu’elle était humaine. Ses cheveux étaient d’une brillante teinte cramoisie. Ses cils étaient longs, ses lèvres brillantes, et elle se comportait avec un air séduisant qui ne semblait pas convenir à cette occasion. Boris fut stupéfait de la voir.

 

 

Laminitus était une commandante accomplie qui avait une fois repoussé l’armée du Seigneur-Démon. Mais, après avoir appris que le Seigneur-Démon avait été ressuscité, elle avait jugé qu’elle ne serait pas en mesure de défendre la Tour de Zircon et avait abandonné la position, se réfugiant maintenant à Faltra.

« Qu’importe qu’il y ait mille ou deux mille déchus ? » demanda-t-elle à l’officier d’état-major, comme si elle était elle-même la commandante. « Ils peuvent ramasser autant de petits morveux qu’ils le souhaitent et cela ne changera pas grand-chose à long terme. »

« Ce ne sont pas des morveux, Lady Laminitus… Ils sont des Déchus ! Des Déchus puissants, je vous dis ! »

« Haha ! Vous êtes aussi terrifié qu’une jeune fille pour sa première nuit ! » déclara Laminitus.

« Quoi !? »

« Ne vous inquiétez pas. Si nous vainquons leur commandant, l’armée du Seigneur-Démon s’effondrera. Leur pouvoir individuel est peut-être élevé, mais ils ne sont rien de plus qu’une foule désordonnée. Il n’y a rien à craindre, » déclara Laminitus.

« Celui qui dirige cette armée “désordonnée” de Déchus est le Seigneur-Démon Suprême Modinaram, » dit Galford. « Si nous le battons, ce combat se terminera par une victoire pour les Races… C’est clair comme de l’eau de roche. »

« Alors c’est une histoire simple. Nous devons rassembler nos forces les plus puissantes et affronter le Seigneur-Démon Suprême. Il n’y a pas d’autres options, n’est-ce pas ? » déclara Laminitus.

« Nous avons déjà envoyé une demande d’aide à la capitale royale, » déclara Galford.

« Hmph ! » Laminitus se moqua hautainement. « Comme si ce lâche allait affaiblir les défenses de la capitale ! »

« Sa Majesté est un sage gentleman, » déclara Galford.

« Si le roi était vraiment le chef sage et courageux que vous lui faites passer pour être, il aurait envoyé ses héros pour détruire le Seigneur-Démon Suprême, comme vous l’avez fait autrefois. Combien de jours se sont écoulés depuis l’attaque de la Tour de Zircon ? » demanda Laminitus.

« Je suis sûr qu’il a ses plans, » déclara Galford.

« Vous vous êtes ramolli, Galford ! » déclara Laminitus.

« Alors, laissez-moi vous dire : si les Races doivent combattre le Seigneur-Démon, nous devons être unis. Peu importe ce qu’ils pensent, les soldats ne doivent jamais soupçonner le roi, » déclara Galford.

« Si nous obéissons trop aveuglément, les Races seront sûrement décimées ! » déclara Laminitus.

« C’est absurde. La discorde et les luttes intestines sont ce qui conduira les races à la destruction, » déclara Galford.

« Tch… » Laminitus fit claquer sa langue. « Il n’y a nulle part où se réfugier, donc il n’y a pas d’autre choix que de se battre. Nous partageons votre opinion qu’il vaut mieux ne pas attendre de renforts de la capitale royale. Se disputer sur la stupidité du roi ne nous servirait à rien, de toute façon. »

« Ne voyez-vous pas combien il est blasphématoire de dire de telles choses devant les officiers d’état-major ? » demanda Galford.

« L’armée du Seigneur-Démon arriverait ce soir, n’est-ce pas ? Préparons-nous donc à la bataille. Il y a vous et nous… Y a-t-il quelqu’un d’autre qui pourrait être utile ? » demanda Laminitus.

Galford se tut. Faltra était un point stratégique important entre les territoires des Races et le domaine du Seigneur-Démon. Les forces stationnées là étaient toutes des élites, mais aucune d’entre elles n’avait dépassé la limite des Races. Ceux qui fourmillaient d’une telle vivacité d’esprit avaient tous été convoqués dans la capitale. Et si Galford était heureux de voir ses subordonnés se développer et atteindre la grandeur, la vérité était que les lignes de front manquaient de troupes aussi compétentes.

« Diablo n’est-il pas encore là ? » demanda Laminitus.

« D’après ma reconnaissance, il s’est dirigé vers le village du maître épéiste à Sormas, » déclara Galford.

Le gouverneur avait fixé Diablo comme cible d’observation et des soldats compétents en espionnage le suivaient. Ces ordres s’appliquaient de la même manière même en dehors de Faltra, et c’est ainsi que Galford avait suivi les activités de Diablo à la Tour de Zircon et dans la capitale.

« Sormas ? Pourquoi est-il allé là-bas ? » demanda Laminitus.

« Je n’ai aucune idée de ses intentions… mais il a apparemment acheté du fumier et escaladé une montagne, » répondit Galford.

« Ne nous dites pas qu’il a décidé de commencer à travailler dans les champs ? » demanda Laminitus.

« C’est un simple aventurier après tout… Ça ne sert à rien de dépendre de lui, » déclara Galford.

« Nous n’aimons pas trop l’admettre, mais… cette bataille pourrait très bien dépendre de sa présence ici, » déclara Laminitus.

Galford haussa les épaules. « Les nouvelles de l’invasion sont déjà connues. Mais je ne peux pas dire s’il agira ou non. »

Laminitus soupira en réponse.

Diablo est incroyable, pensa Boris. Si ces deux personnes impressionnantes parlaient ainsi de l’importance de sa présence, Diablo devait l’être. Boris pria du fond du cœur pour que Diablo revienne le plus vite possible.

Boris tourna son regard vers l’ouest, par la fenêtre. Le soleil avait commencé à basculer lentement sous l’horizon, et quand il l’avait fait, son anxiété n’avait fait que s’alourdir…

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