Comment NE pas invoquer un Seigneur-Démon – Tome 12 – Chapitre 4 – Partie 1

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Chapitre 4 : La capitale en flammes

Partie 1

Quelques jours s’étaient écoulés.

Cette nuit-là, Diablo était allongé sur le lit d’une chambre qui avait été préparée pour lui dans le Sanctuaire intérieur. C’était une chambre individuelle, car même les couples mariés n’étaient pas autorisés à partager une chambre dans les quartiers de l’Église.

Je suppose que c’est logique.

C’était une règle assez compréhensible, et à laquelle il ne s’opposait pas tant que ça. La vie dans le sanctuaire intérieur était le summum de la frugalité, et comme sa chambre n’avait pas de bougies, le seul éclairage de la pièce après le coucher du soleil était le clair de lune. Tout ce qui était à proximité de la fenêtre était dans le noir. Il faisait si sombre que Diablo ne pouvait pas dire si ses yeux étaient ouverts ou non.

« Hm… »

Son plan initial était de se regrouper avec Sylvie et Horn et de se rendre directement à Faltra, mais il avait ensuite appris que la citadelle orientale de Kenstone était tombée aux mains de l’Empire de Gelmed.

Une des principales villes de Lyferia est tombée… ?

Un tel événement n’était jamais arrivé dans le Croisement de la Rêverie. L’Empire de Gelmed était un pays qui appartenait à Girls' Arms, de toute façon. Mais ce n’était pas un jeu, c’était un monde réel, et il n’était pas si bizarre qu’un pays rival déclare la guerre. Tant que Lyferia gagnerait, tout reviendrait à la normale. Diablo et son groupe devraient fuir, puisqu’ils étaient désormais recherchés, mais la capitale se porterait bien.

Mais que se passera-t-il si ce pays perdait ? Laisser Lumachina et les habitants de la capitale derrière eux serait-il la bonne chose à faire ? Rilitana, la prêtresse qui l’avait aidé, avait également dit qu’elle resterait dans la capitale jusqu’à ce que la guerre soit réglée. Horn avait ses amis de l’académie de magie, et Alicia ne semblait pas non plus avoir l’intention de quitter la capitale.

Mais je pourrais à tous les coups voir Lyferia perdre cette guerre…

Le jeu de simulation Girls' Arms mettait en scène des Magimatic Sols. Le bras et l’arme géants que Rose pouvait invoquer étaient en fait basés sur le décor de ce jeu. Dans le jeu, on pouvait utiliser jusqu’à vingt Magimatic Sols. Le joueur pouvait personnaliser leur équipement et leur formation, puis les envoyer en mission.

Les cartes des missions limitaient généralement le nombre d’unités que l’on pouvait déployer, mais il n’y avait probablement pas de telles limitations dans ce monde. Au pire, il y avait le risque d’une attaque d’un grand nombre de Magimatic Sols.

Lyferia avait les Chevaliers du Palais, qui étaient assez forts, mais ils ne pouvaient probablement pas égaler les Magimatic Sols.

Les chevaliers d’une histoire de fantasy ne peuvent pas battre les robots d’une histoire de science-fiction.

Et Diablo, alors ? Il avait essayé d’imaginer ce que ce serait de combattre Rose… Sa mobilité était faible et elle n’avait que des armes de mêlée, donc il pourrait probablement y arriver. Mais les Magimatic Sols de Girls' Arms pouvaient être équipés d’armes à longue portée. La formation habituelle dans ce jeu était d’y aller avec la moitié d’unités à longue portée et la moitié d’unités de mêlée. En y pensant du point de vue de la logique du Croisement de la Rêverie, ils étaient un mauvais match-up pour les sorciers élémentaires et les tireurs magiques.

En d’autres termes — Diablo avait un mauvais match-up contre les Sols Magimatic à longue portée.

« Argh… C’est un combat que je ne veux pas choisir… »

Pire encore, les Magimatic Sols étaient des robots habités. Il y avait des pilotes assis à l’intérieur.

Je ne sais pas qui pourrait piloter ces choses, mais je ne veux tuer personne.

S’il était capable de faire face aux crises et aux problèmes de manière proactive, il n’aurait pas fini par être un joueur renfermé dans son monde. Diablo avait coupé court à ses contemplations. Rêvasser sur ces choses était inutile. Au contraire, son corps, qui s’était habitué à un mode de vie sain, commençait à s’endormir avec l’avancée de la nuit…

Toc toc !

Le bruit d’un coup frappé à la porte l’avait réveillé en sursaut. Diablo avait ouvert les yeux, voyant une faible lumière jaillir de la fenêtre. Le ciel devenait gris, mais le soleil n’était pas encore levé.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » Il avait crié vers la porte.

« Diablo ! » Il entendit la voix de Rem derrière la porte. « Le roi de Lyferia… ! »

« Quoi ? »

Diablo s’était levé de son lit et avait ouvert la porte, pour trouver Rem, inhabituellement paniquée.

« Le roi de Lyferia est mort au combat ! L’armée s’enfuit ! »

« … Je vois. »

Il avait prédit que quelque chose comme ça pourrait arriver, donc ça n’avait pas été un choc. Cependant, la mort du roi était l’un des pires scénarios possibles qu’il avait envisagés.

« Que devons-nous faire… ! »

« Comment le royaume envisage-t-il d’aborder cette question ? »

Si l’armée se rendait, il n’y avait aucune raison qu’ils demandent à rejoindre le combat.

« … Les forces en garnison de la capitale préparent une ligne défensive. Il y a déjà de nombreux soldats sur les murs. »

« Hmm. »

Le Sanctuaire intérieur flottait dans le ciel, et en regardant par la fenêtre, Diablo pouvait voir la lumière d’innombrables torches vaciller dans la nuit faiblement brumeuse. Il y avait effectivement des soldats postés sur les murs, et s’ils avaient prévu de se rendre, ils descendraient au sol… ce qui signifiait qu’ils avaient l’intention de se battre.

« Comment se passe l’évacuation des citoyens ? » demanda Diablo.

« … Je ne sais pas, » répondit Rem.

Elle était dans la même position que lui, après tout. Juste une aventurière de Faltra. Elle n’avait aucun moyen d’obtenir des informations détaillées.

Diablo s’était éloigné de la fenêtre et s’était approché de la porte.

« D’abord, demandons à Lumachina si elle sait quelque chose. »

« Oui ! »

La « Salle des Prières du Feu », située dans les profondeurs du Sanctuaire intérieur, était remplie d’un arôme apaisant. Il provenait de l’encens, mis en place pour aider les personnes présentes dans la pièce à rester rationnelles même dans cet état d’urgence. Au centre de cette grande pièce se trouvait une table sur laquelle était posée une carte de la capitale et de ses environs. Tria et les autres paladins, qui discutaient jusqu’à présent, s’inclinèrent respectueusement et sortirent. Diablo et Rem entrèrent comme s’ils changeaient de place avec eux.

Diablo était maintenant dans sa tenue habituelle, mais il n’avait pas son arme sur lui, puisqu’elle avait été endommagée lors du précédent combat. Rem, quant à elle, était toujours en tenue d’homme.

Ils avaient eu la chance de récupérer les vêtements de Rem et Shera avec le reste de la voiture, mais… Tria les avait alertés sur le fait que se promener dans des tenues montrant le nombril ou le décolleté ne serait pas acceptable dans le sanctuaire intérieur. Et donc, les deux femmes étaient restées dans ces tenues.

« … Je suis désolé. Est-ce qu’on te dérange ? »

« Pas du tout, nous venons juste de finir de discuter des choses, » répondit Lumachina avec une expression raide.

« … Peux-tu nous dire ce qui se passe ? »

Elle acquiesça, se leva de son siège et pointa du doigt le côté est de la carte.

« L’armée de l’Empire s’approche de nous par l’est. »

« … Donc ils viennent déjà ici. »

« Il semble qu’ils ne connaissent pas de repos. Une campagne plutôt téméraire, à mon avis… »

« … Est-ce aussi grâce à leur équipement magimatique ? »

« Je ne sais pas. L’armée de Lyferia s’est repliée, et l’armée ennemie est à sa poursuite. Les soldats essaient d’entrer dans la capitale par la porte est. »

« … Et l’évacuation des citoyens ? »

« Toutes les portes du sixième au onzième district sont ouvertes. » Lumachina avait pointé du doigt le côté ouest de la carte. « Quiconque souhaite fuir la capitale est autorisé à le faire… Mais que vont-ils faire ? L’armée de l’Empire de Gelmed se rapproche. Il est difficile d’imaginer que des citoyens pourront leur échapper sans personne pour les escorter. »

 

 

« … C’est une situation compliquée. »

Il y avait de fortes chances que l’Empire ait envoyé une unité distincte pour bloquer les routes majeures, et même l’armée de Lyferia n’avait pas la force de les percer.

« Que va faire l’Église ? » demanda Diablo.

« Moi, au moins, je vais rester ici. Je ne peux pas abandonner les croyants ici et fuir la capitale. »

« Hmph… Cela ressemble à quelque chose que tu pourrais faire. »

« Tu es aussi gentil, Seigneur Diablo. » Lumachina avait dirigé son regard vers lui. « Tu es resté ici aussi. »

Ses yeux étaient pleins d’une confiance sans bornes.

Ne me regarde pas comme ça… Diablo pensait à ça d’une manière troublée.

Il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il devait s’échapper, mais la seule chose qui le retenait était qu’« un Seigneur-Démon ne fuirait jamais la queue entre les jambes ». Il détestait la guerre, et ne pensait pas pouvoir protéger la capitale de l’armée de Gelmed.

« … Diablo sera capable de renverser cette situation. » Rem avait acquiescé. « J’en suis sûre. »

Oh, oups…

« Hmph… Je suis un Seigneur-Démon, bande d’idiots. Je ne suis pas de ceux qui accordent le salut. »

C’est ce qu’il avait dit, mais le regard des filles n’avait pas changé.

« J’ai déjà rassemblé Shera et les autres. » Lumachina avait fait un geste vers la pièce voisine.

« Oui. » Rem s’était dirigée vers la porte.

Diablo avait voulu la suivre, mais Lumachina lui avait demandé d’arrêter.

« S’il te plaît, attends. »

« Hm ? »

« L’autre jour, la guilde des mages m’a signalé un objet inhabituel… »

« Est-ce que ça a quelque chose à voir avec moi ? »

« Je n’en suis pas tout à fait sûr, mais j’ai pensé qu’il pourrait t’être utile. Et donc, j’ai pris la liberté de le faire livrer ici. »

Lumachina avait alors appelé, incitant quelqu’un à entrer d’une autre pièce.

Une fille familière était entrée, traînant une boîte en bois chargée sur un chariot.

« Ça fait un moment. Merci de m’avoir aidé à l’époque. »

C’était une humaine aux cheveux noirs, vêtue de l’uniforme de l’académie de sorcellerie. S’il se souvient, c’était l’élève de terminale de Horn…

« Je me fais appeler Angéline, je suis une troisième année de l’aile lycée de l’Académie des Sorciers. Je suis venue ici aujourd’hui au nom de la directrice de l’académie pour remettre cet objet à la Grande Prêtresse. »

Ce qui se trouvait dans cette boîte était censé être lié à Diablo. À la demande de Lumachina, Angéline avait déverrouillé la boîte en bois.

« Cet objet a été vendu à la guilde des mages de la capitale il y a peu de temps par un certain paladin. »

« Un paladin ? » Diablo avait incliné la tête en signe de confusion.

« Il a dit que la Grande Prêtresse connaît peut-être sa propriétaire d’origine, et qu’elle peut la rendre si elle le souhaite. »

Elle avait ouvert le couvercle de la boîte, révélant son contenu : un bâton de magie noire. Diablo n’en croyait pas ses yeux.

« N’est-ce pas le “Bâton de Tenma” ? »

L’expression de Lumachina s’était adoucie.

« Ah, après tout, c’était donc une de tes affaires, Seigneur Diablo ! »

Diablo avait tendu le bras et s’était emparé du bâton. Ce poids. La sensation claire de l’énergie magique. On ne pouvait pas s’y tromper. Il avait perdu ce bâton lorsqu’il avait emmené Lumachina dans le « Labyrinthe du Seigneur-Démon ». Cela s’était produit lorsqu’il avait sauté après Horn, qui était tombée dans un aqueduc à la suite d’une attaque de Gewalt, le paladin…

« Je vois. Alors il a ramassé le bâton et l’a vendu. »

Cet homme s’en prendrait à la vie de la Grande Prêtresse pour de l’argent, il était donc logique qu’il s’empare du Bâton de Tenma, étant donné sa grande rareté. C’était rusé de sa part, Diablo devait l’admettre, mais grâce à cela, le bâton avait fini par lui revenir.

Le bâton de Tenma était une arme magique de rareté EX. Ses effets étaient une amélioration significative de la statistique INT du porteur — qui régissait l’énergie magique — et une réduction du temps d’incantation des sorts du porteur. Des effets banals, mais la familiarité était de mise ici. Diablo était très heureux que l’arme qui lui était la plus familière lui soit rendue. Un sourire se dessina naturellement sur ses lèvres.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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