Chapitre 5 : Arrêter un rituel
Partie 1
Le matin du cinquième jour du premier mois — .
Une agitation sans précédent s’était installée dans l’académie de mages : la présidente du conseil des étudiants avait disparu.
Cette rumeur avait commencé dans la branche du lycée, et s’était répandue si rapidement qu’à midi, il ne restait plus une seule âme qui n’en avait pas entendu parler. Toutes les conférences étaient devenues des cours d’autoformation et les professeurs avaient tous été convoqués à une réunion d’urgence dans une salle de la faculté.
Les élèves de la classe F de la branche du collège étaient aussi agités que les autres. Tout le monde était accablé par l’anxiété. Certains en parlaient ouvertement tandis que d’autres essayaient de plaisanter, et il y avait ceux qui étaient en colère contre toute cette situation. Dans l’ensemble, la classe était dans un état de chaos. Seule Horn, assise dans un coin, était silencieuse.
« Kuh... »
Elle ne pensait que trop vivement que c’était son échec qui avait conduit à cette situation.
À l’heure de la pause déjeuner, le professeur principal de Horn était arrivé. Ne prenant pas la peine de crier aux élèves bruyants pour qu’ils se taisent, elle s’était dirigée vers Horn.
« La directrice vous appelle, » déclara-t-elle.
« … Très bien, » répondit Horn.
« Avez-vous fait quelque chose ? » demanda le professeur.
« … Je… Je n’ai rien pu faire, » répondit Horn.
« Horn… » Babalon regarda Horn avec anxiété.
« Pourtant… Je voulais faire ça bien. D’une manière ou d’une autre…, » déclara Horn.
Elle avait dit à son professeur principal qu’elle devrait peut-être quitter la classe plus tôt aujourd’hui et avait pris son sac en cuir, se dirigeant vers la salle des professeurs. Elle avait marché dans le couloir de liaison lorsqu’un homme en robe pourpre s’était approché de la direction opposée.
Bihyak !
Il avait comblé la distance, pas à pas. À ce stade, Horn n’était pas méfiante — elle était convaincue. Mais elle n’avait pas la moindre preuve.
Elle l’avait regardé fixement. « Je ne vous le pardonnerai jamais. »
« Comme si de toute façon, vous pouviez faire quelque chose, » déclara Bihyak sans même jeter un coup d’œil, en disparaissant dans le bâtiment du collège.
†††
Horn était frustrée, mais ne savait pas quoi faire. Comment allait-elle expliquer cela à la directrice ?
Marchant avec la tête occupée par ses propres soucis, Horn se retrouva devant la porte de la directrice avant qu’elle ne s’en rende compte. Elle avait frappé et, après avoir entendu la directrice dire « Entrez », elle avait ouvert la porte.
La pièce était aussi simple qu’avant, mais la directrice n’était pas seule cette fois. Assis sur le canapé…
Un démon vêtu d’un manteau noir et dont la tête était munie de cornes inquiétantes, tourna un regard froid et acéré dans sa direction. Ses lèvres se ramollirent un peu, Horn crut qu’elle rêvait.
« B-Boss ! » dit-elle à travers ses lèvres tremblantes.
Une marcheur des herbes lui faisait signe du côté à Diablo, la chef de la guilde des aventuriers de Faltra, si Horn s’en souvenait bien.
« C’est bon de vous revoir ! Je m’appelle Sylvie. Vous souvenez-vous de moi ? »
« O-Oh, oui. C’est bon de vous voir. » Horn avait baissé la tête.
« Je vois que vous vous connaissez déjà. » La directrice avait fait un signe de tête.
« C’est exact. »
« Imaginez ma surprise. Cet homme, Diablo, est apparemment le héros qui a repoussé le Seigneur-Démon qui a attaqué la ville de Faltra. »
Horn n’en avait entendu parler que par rumeur. Le Seigneur-Démon s’était réveillé à l’ouest, se faisant appeler le Seigneur-Démon Suprême. À la tête d’une armée de Déchus aux proportions sans précédent, il détruisit ville après ville dans l’ancien domaine du Seigneur-Démon. Il semblait peu probable que les Races gagnent, et donc, ils allaient finir par arriver dans la capitale.
Mais un aventurier avait vaincu ce redoutable Seigneur-Démon Suprême ! Un sorcier-démon pour être exact. Les histoires ne précisaient pas son nom, mais Horn était convaincue que c’était Diablo.
« Je l’ai amené ici ! » s’exclamait une étudiante, Horn, avec un sourire suffisant. « Vous avez intérêt à être reconnaissante ! »
« Qui es-tu ? » Horn avait tourné son attention vers la fille.
« Parler avec tant de désinvolture à votre aîné… Souvenez-vous de mon nom. Je m’appelle Mercie, de la classe A de la deuxième année du lycée. Mais qui sait si une étudiante de la classe F comme vous sera encore là l’année prochaine… »
« Argh… » Horn avait levé la tête par défi, mais elle avait décidé de laisser tomber pour le moment.
« Une aventurière de renom comme Mlle Horn, un héros comme Sire Diablo, et Mlle Sylvie, chef de guilde des aventuriers. » La directrice sourit largement. « C’est très encourageant de vous avoir tous les trois ici. J’espère que vous pourrez retrouver les élèves disparues. »
« Hein !? » Mercie regarda Horn avec stupeur. « Une aventurière de renom !? »
Diablo pencha la tête dans la confusion tandis que Sylvie se couvrit la bouche et ricana.
Aaah, tellement gênant !
La seule raison pour laquelle la directrice pensait que Horn était renommée était que Lumachina en avait dit autant, et elle y croyait probablement vraiment. Mais se faire traiter d’« aventurière de renom » devant Diablo et Sylvie, qui connaissaient bien ses véritables capacités…
Franchement, elle souhaitait que la terre s’ouvre et l’avale.
« Hmph… Je m’occupe de tout, » déclara Diablo.
La directrice avait hoché la tête, et Horn s’était retrouvée tremblante. Ses paroles n’avaient rien de gentil et avaient même une teinte effrayante, mais elle trouvait honnêtement que c’était fiable à sa façon.
†††
En quittant le bureau de la directrice, Horn avait ouvert la voie vers la salle de référence spéciale. Très peu d’étudiants avaient été autorisés à y entrer.
Anjieline n’était plus là, et aucun des professeurs n’était présent non plus. Seuls Diablo et Sylvie l’avaient accompagnée, Mercie n’était plus là.
Dès le départ, a-t-elle même eu quelque chose à voir avec cela ?
Si elle était de la classe A en deuxième année, elle devait être une élève de première. Alors comment quelqu’un comme Mercie a-t-elle connu Diablo ? Les détails qui se cachent derrière avaient piqué la curiosité de Horn, mais elle devait se concentrer sur le sujet principal pour l’instant.
« Hum… Donc, pour résumer, des étudiantes ont disparu à l’académie, » déclara Horn.
« Combien ? » demanda Diablo.
« Dix étudiantes. Ah, eh bien, 12, à partir de ce matin, » déclara Horn..
« Hmph… Pas treize alors ? » demanda Diablo.
« Hein ? Ouais… Il n’y a vraiment que douze étudiantes manquantes, » déclara Horn.
« … Je suppose que tout n’est pas exactement pareil, » dit Diablo, pensif. « Ou peut-être que je l’ai juste battu au poteau… ? »
« Je me suis renseignée, et je pense qu’un professeur nommé Bihyak est le suspect ici, » avait repris Horn. « Je l’ai suivi et je l’ai vu entrer dans le vieux bâtiment du campus avec une étudiante. »
« Oh ? Le vieux bâtiment du campus ? » demanda Diablo.
« Je pensais qu’il y avait quelque chose de louche, alors je suis allée les chercher…, » déclara Horn.
« Ne me dis pas que tu n’as rien trouvé…, » dit Diablo avec des doutes.
« Ayup... » Horn serra les dents, se rappelant les événements de la nuit dernière.
« Et ? » Diablo avait de nouveau l’air pensif. « Il n’y avait rien dans le bâtiment ? Et dans les autres salles de classe ? »
« Rien, pour autant que je puisse le voir…, » déclara Horn.
« Si une voleuse de niveau 80 n’a rien trouvé après avoir passé l’endroit au peigne fin, il n’y a probablement rien. » Sylvie avait fait un signe de tête. « C’est une autre histoire s’il y avait une illusion mise en place. »
« Cela n’est pas arrivé, c’est sûr. » Horn pouvait en dire autant avec confiance, car Babalon était avec elle. Bien qu’elle ait pu être une déesse autoproclamée d’un autre monde, apparemment aucune forme de magie ne l’avait influencée. Si quelqu’un essayait d’utiliser la magie pour tromper Horn, Babalon serait capable de voir à travers elle.
« Heheheh... Il y ava1t l’œil vigilant de Babalon, ou quelque chose comme ça ! » Babalon, qui était assise dans le sac de Horn, elle avait sorti la tête et avait fait un commentaire.
« La présidente du conseil des élèves, Anjieline, était avec moi à ce moment-là…, » Horn avait continué. « Mais elle a disparu depuis ce matin. »
« Étiez-vous avec elle jusqu’à ce que vous retourniez aux dortoirs ? » Sylvie avait demandé pour confirmer.
« Non… Je suis rentrée seule et Anjieline est restée derrière…, » répondit Horn.
« Aww, beurk. C’était une grosse gaffe. À la fois d’amener un amateur dans votre quête, et de ne pas assurer sa sécurité, » déclara Sylvie.
« … Ouais. Vous avez tout à fait raison. » Horn avait penché sa tête.
Sa déception lui avait fait perdre de vue le plus important. Elle s’était rendu compte que, même avec son haut niveau, elle était encore une aventurière novice et inexpérimentée.
Diablo semblait contempler quelque chose alors qu’il se marmonnait à lui-même. Horn pouvait capter ce qu’il disait grâce à son incroyable sens de l’ouïe, mais il parlait dans une langue qui n’avait pas l’air de venir du Lyferia, donc elle ne pouvait pas donner de sens à ce qu’il disait.
Parfois, l’expression de Diablo devenait même celle non pas d’un Seigneur-Démon terrifiant ou d’un sorcier pratiqué, mais d’un enfant absorbé dans un jeu.
Diablo avait fini par lever la tête avec détermination.
« Puisqu’il fait connaître son identité aussi ouvertement, je suppose que nous devons supposer qu’il ne nous reste plus beaucoup de temps. À l’origine, le dernier boss devait apparaître une fois que nous aurions pris d’assaut l’ancien bâtiment du campus, » déclara Diablo.
« Hein ? »
Ignorant la confusion de Horn, Diablo avait commencé à donner des instructions. « Il est peut-être trop tard, Sylvie. »
« J’ai compris. Donc, ce que vous m’avez dit ce matin…, » déclara Sylvie.
« Oui. C’est urgent, » répondit Diablo.
« Laissez-moi faire ! Je m’en vais ! » déclara Sylvie.
Apparemment, ils avaient déjà décidé de la suite des événements à l’avance, car Sylvie avait quitté la pièce en toute hâte.
merci pour le chapitre
merci