Chapitre 3 : Coeur de Lion
Partie 5
En attendant, au port de Dagonoura...
Les trente Kanesadas de Masatsugu avaient continué à faire face aux quelque quatre-vingts Croisés.
L’armée de Kanesadas avait continué à maintenir un cercle avec leurs fusils orientés vers l’extérieur.
En revanche, les Croisés étaient en diagonale au-dessus d’eux, surplombant le cercle.
Ils étaient en formation en ligne à des dizaines de mètres en l’air avec des fusils visant les Kanesadas se trouvant au sol.
« Ils n’osent pas attaquer imprudemment, hein... ? Quelle grande aide ! » murmura Masatsugu à lui-même. La prudence de l’ennemi était en sa faveur.
Les Croisés dans les airs étaient en ligne. Derrière eux, sur une wyverne blanche, il y avait un chevalier britannique. Il s’agissait d’un homme dans la fleur de l’âge.
L’homme avait placé sa wyverne entourée par des Légionnaires britanniques pendant qu’il observait les Légionnaires japonais pour voir quels seraient leurs prochains mouvements.
C’était vraisemblablement parce que Masatsugu n’avait pas ordonné à ses Légionnaires d’attaquer qu’il agissait ainsi. Depuis le début, Masatsugu s’était simplement engagé dans une profonde manifestation silencieuse de sa présence.
Se battre dans des zones urbaines peuplées serait en fin de compte contraire à la Charte de la Chevalerie. Par conséquent, l’armée britannique n’avait pas osé tirer en premier. Ils ne voulaient pas violer activement les règles et semer les graines de problèmes, ils ne devraient pas commencer à agir.
Le résultat avait été l’immobilisme des deux côtés pendant près de dix minutes.
Si aucune impasse ne se produisait, le plan original de Masatsugu était de tenir le terrain défensivement afin de faire gagner une dizaine de minutes de temps aux deux autres. Bien sûr, le fait d’éviter les combats inutiles serait plus que bienvenue.
Alors que Masatsugu remerciait sa bonne fortune, l’« œil » dans le ciel au-dessus du fort tutélaire émettait des ondes noétiques et chantait.
« Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh… »
Une barrière de noesis s’était actuellement formée, entourant l’ensemble du fort tutélaire. Est-ce que Hatsune et la princesse sont entrées dans le fort et ont réussi à trouver les otages ?
« Quel que soit le résultat, il y a après ça une lutte pour la survie, » dès qu’il avait dit cela, Masatsugu avait entendu un bruit fort.
« Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhnnnnnnn ! »
Cela venait du fort tutélaire de Fuji et c’était vraisemblablement un rugissement.
Le son avait atteint la zone urbaine près du port en venant des zones rurales entre-deux. Un Légionnaire hurlait en utilisant sa bouche derrière le masque. Il s’agissait de quelque chose appelé un Cri de Guerre.
Ces chants et cris venaient d’un soldat géant ailé qui n’était pas humain.
— Lorsque vous vous retirez du fort tutélaire, utilisez la voix de Kurou Hougan comme signal.
Masatsugu avait donné cette instruction à Hatsune avant de déclencher le plan. Quand Masatsugu avait entendu le signal convenu, il avait calmement déclaré. « Que tous mes hommes dégainent leurs épées. Préparez-vous à charger. »
Les trente Kanesadas avaient immédiatement réagi à son ordre.
Leurs fusils à baïonnette — des fusils munis de lames — s’étaient instantanément transformés en épées japonaises. Et il s’agissait d’une épée fabuleuse renommée, Izumi-no-Kami Kanesada, la lame personnelle de Hijikata Toshizō.
Les trente Kanesadas avaient alors émis des particules de barrière protectrice provenant de l’intégralité de leur corps.
Les particules de la barrière brillaient généralement en blanc, mais les Kanesadas étaient rouge-violet, de la même couleur que leur armure. De plus, les Kanesadas exsudaient plus qu’une simple lueur lorsqu’ils avaient leur barrière protectrice activée à pleine puissance.
Tous les Kanesadas dégageaient une effrayante soif de sang, déterminés à franchir tous les obstacles se trouvant sur leur chemin.
Cette aura terrifiante appartenait sans aucun doute au « Sans Merci », le Vice-Commandant Shinsengumi.
« À l’attaque ! » cria Masatsugu.
Masatsugu ordonna à son armée et les Kanesadas entrèrent dans la position de la mer plate.
Les quatre-vingts quelques Croisés en alerte dans le ciel avaient également déployé une barrière protectrice et avaient tiré par réflexion avec leurs armes. Ils avaient probablement été intimidés par la soif de sang et l’aura terrifiante provenant de l’armée au katana.
Naturellement, les Croisés visaient les trente Kanesadas dans une formation circulaire posée au sol.
Alors que les fusils avaient tiré des projectiles capables de vaporiser l’asphalte...
L’armée de Masatsugu avait fait un coup de pied au sol et avait pris la fuite. Au lieu de se précipiter sur l’armée des Croisées se trouvant devant eux, ils firent un détour autour de l’ennemi et continuèrent à accélérer férocement.
Il s’était avéré que l’armée Kanesada volait à grande vitesse vers le fort tutélaire de Fuji !
Une pluie de projectiles de lumière avait frappé l’ancien emplacement des trente Kanesadas où ils se trouvaient deux secondes avant ça.
Ayant déjà fait feu, les Croisés n’avaient pas pu suivre le mouvement des Kanesadas à temps avec leur arme. Masatsugu avait exécuté une feinte en utilisant précisément la soif de sang afin d’en profiter.
La jetée du port se trouvait à moins de cinq kilomètres du fort tutélaire de Fuji.
Les Kanesadas avaient alors survolé la ville, quittant les quartiers résidentiels. Il n’avait fallu qu’une dizaine de secondes pour atteindre le magnifique paysage naturel des zones marécageuses.
La barrière protectrice autour des Légionnaires protégeait Masatsugu des effets de la vitesse et des forces g.
« Ignorez la foudre. Allez tout droit, » ordonna Masatsugu.
Le long du chemin, les Kanesadas avaient rencontré des éclairs descendants. Il s’agissait d’un décret météorologique invoqué par l’ifrit Morgane la Fée.
Heureusement, les trente Kanesadas étaient dans une formation sphérique bien tassée ainsi leurs barrières de protection seraient parfaitement capable de résister à plusieurs secondes d’éclairs continus.
Les murs en forme d’étoile du fort tutélaire étaient apparus dans leur champ de vision.
Cependant, un bouclier non physique — la barrière de noesis — bloquait le chemin. À moins que la barrière ne soit enlevée, il n’y avait aucun moyen d’aller à l’intérieur du fort tutélaire.
« Prochaine tâche — pénétrez ! » du haut de l’un des Kanesadas se trouvant au centre de la formation sphérique, Masatsugu avait donné des ordres à toute l’armée.
C’était un « mot mortel » ou plutôt, il avait annoncé une mort certaine. Tout d’abord, quatre Kanesadas avaient accéléré et quitté la formation sphérique pour entrer en collision avec une partie de la barrière de noesis.
Les quatre Kanesadas avaient formé une rangée en étendant leurs katanas des deux mains.
Quatre katanas avaient ainsi poignardé la barrière de noesis. Les vingt-cinq Kanesadas restants s’étaient précipités avec un élan à pleine puissance derrière les quatre premiers et avaient poussé leur dos à l’unisson. Seul le Kanesada portant Masatsugu n’avait pas agi de la sorte.
Cette attaque avait ouvert une série de quatre trous dans la barrière de noesis.
Les trous de taille similaire avaient alors grandi, devenant finalement un énorme trou. Les vingt-neuf Légionnaires sous les ordres de Masatsugu se précipitèrent alors dans le fort tutélaire.
L’offensive des katanas des Kanesadas avait même réussi à franchir une petite zone de la barrière de noesis imprenable — .
Il s’agissait de la puissance de la célèbre lame Izumi-no-Kami, le Fait d’armes de Kanesada — Gankouken. Son effet avait été de doter les Légionnaires de l’arme de Hijikata Toshizō et de leur avoir donné des tactiques d’infanterie permettant de massacrer leurs ennemis avec une épée.
Un Légionnaire de type kamuy s’envola vers l’armée Kanesada qui avait créé l’énorme surprise.
« Onii-sama, tu es vraiment venu ! » déclara Hatsune.
Ce Kamuy possédait une armure rouge avec un vêtement blanc sur le dessus — un Légionnaire Kurou Hougan.
Hatsune était assise sur son épaule droite. Une épaule n’était pas un endroit particulièrement stable, mais les Chevaliers et les Légionnaires étaient liés par un pouvoir mystique, de sorte que les cas de chutes de Chevaliers étaient extrêmement rares.
Hatsune avait l’air calme et confiante, s’habituant de toute évidence aux pouvoirs d’un Chevalier.
Deux wyvernes bleues étaient arrivées en volant depuis derrière elle. Shiori avait dit à Hatsune d’apporter des talismans de bêtes de rétention, donc les wyvernes avaient dû se manifester à partir d’eux.
Shiori montait sur l’une des wyvernes qui possédaient une selle afin de pouvoir s’asseoir dessus.
La seconde wyverne transportait trois Japonais vêtus d’uniformes d’officiers militaires. Ils avaient tous l’air sombres et apathiques, mais heureusement, leur vie n’était pas en danger.
Ainsi, la « princesse et ses chevaliers » avaient convergé avec succès, sortant de la barrière de la noesis.
« Princesse, est-ce que cela va ? » demanda Masatsugu.
« Oui, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Merci pour vos efforts, Masatsugu-sama, » répondit Shiori.
« Et ces trois-là ? » demanda Masatsugu.
Masatsugu regarda les trois Chevaliers qui étaient presque devenus des otages.
Il s’agissait de jeunes hommes âgés de vingt à trente ans. Leurs noms étaient respectivement Habuna, Maike et Tabi. Les trois Chevaliers avaient remercié humblement Masatsugu. Malheureusement, leurs Appellations avaient été scellées et elles devaient être descellées à Suruga avant de pouvoir convoquer à nouveau des Kamuys.
Alors qu’il était avant ça sur l’épaule de son Légionnaire, Masatsugu sauta derrière la princesse, sur la wyverne qu’elle montait.
Les deux s’étaient ainsi assis sur une selle pour monter la même wyverne. Il faisait ça afin d’aider Shiori qui n’était pas une cavalière habile. Et juste au moment où ils étaient sur le point de s’échapper — .
« Onii-sama, là-bas ! » déclara Hatsune.
Masatsugu avait l’air de comprendre ce qui se passait alors qu’il avait la tête tournée vers le port.
Les quelque quatre-vingts Croisés qu’il avait laissés derrière lui s’approchaient peu à peu de là. Leur vitesse de déplacement n’était pas élevée et ils avaient déjà pointé leurs fusils sur le groupe de Masatsugu. Alors qu’il se demandait comment s’échapper.
Hatsune se mit à parler depuis l’épaule du Kurou Hougan. « Attends, laisse-moi le reste ! »
« Qu’est-ce que tu as dit ? » lui demanda Masatsugu.
« Je le sens — que l’appellation Yoshitsune dit qu’il a un bon plan, » déclara Hatsune.
Hatsune n’était pas encore une Chevalière à part entière, mais ses capacités se développaient. Sentant qu’elle avait une idée, Masatsugu hocha la tête et dit : « J’ai compris. Vas-y et essaye donc. »
« Ouais, je m’en occupe ! » Hatsune répondit énergiquement puis elle baissa lentement sa voix. « ... Lorsque vous pénétrez en territoire ennemi, connaissez les endroits à éviter et identifiez les lignes de retraite mal gardées pour assurer une certaine évasion. Chargez l’ennemi, brisez leur formation, ne faites pas de prisonniers. Voici mon Fait d’Armes — Kotouhisshutsu ! »
Comme Masatsugu l’avait prédit, Hatsune allait invoquer un Fait d’Armes.
Après avoir récité un mantra qui ressemblait aux principes d’un classique militaire, Hatsune avait dit haut et fort : « Onii-sama, suis-moi ! »
Le Kurou Hougan avait libéré une puissante noesis et s’était envolé vers l’ouest.
Devant eux se trouvaient les quelque quatre-vingts Croisés auxquelles Masatsugu s’était confronté sur la jetée. Malgré cela, Masatsugu avait fait ce qu’on lui avait dit et avait ordonné à ses Légionnaires de suivre.
Les trente Kanesadas avaient rattrapé le Kurou Hougan qui avait commencé à bouger en premier.
... Immédiatement, la vision devant leurs yeux avait radicalement changé.
Spontanément, leur armée était arrivée dans le ciel au-dessus de la rivière Fuji. Il s’agissait de la rivière qu’ils avaient atteinte il y a quelques heures, en voyageant avec les loups de Mibu pour traverser les montagnes.
« Quoi ? » s’exclama Hatsune.
La rivière Fuji n’était pas traversée ici par une énorme quantité d’eau. Ses bancs de sable graveleux et ses rivages étaient très visibles.
Le fort tutélaire se trouvait à une dizaine de kilomètres de la rivière Fuji. D’une manière incroyable, leur armée avait instantanément parcouru cette distance. De plus, Masatsugu et les autres n’avaient pas ressenti de sensation de « vol à grande vitesse ».
En suivant le Kurou Hougan, ils étaient arrivés ici « comme ça ».
Il n’y avait aucune sensation de vitesse ou de force g. L’armée Kanesada n’avait pas non plus consommé de liquide ectoplasmique.
« Il semble que le Fait d’Armes de Kurou Hougan Yoshitsune…, » déclara Shiori avec une surprise bien visible sur son visage.
Pendant le processus, les Kanesadas et les wyvernes avaient continué à voler vers l’ouest — en d’autres termes, vers Suruga. Ils avaient traversé la rivière Fuji et étaient arrivés dans le ciel au-dessus des forêts des hautes terres du mont Oomaru, du mont Kanamaru, du mont Amagoi et du mont Arashi.
« ... Peut réaliser un mouvement instantané tant que la distance n’est pas trop grande — Un type de capacité de téléportation. Peut-être s’agit-il d’une reconstitution des légendes de l’assaut surprise de Hyodori-goe et du saut des huit navires, » déclara Shiori.
« P-P-P-P-P-P Probablement, Princesse…, » de toutes les personnes présentes, seule Hatsune était essoufflée.
Elle avait l’air d’avoir terminé une compétition de sprint. Ce Fait d’Armes avait évidemment coûté très cher au Chevalier se trouvant à la tête de l’armée.
Hatsune était si fatiguée que ses yeux tournoyaient. Masatsugu avait ordonné aux Kanesadas de s’arrêter en plein vol.
Les wyvernes qui le portaient, Shiori et les trois Chevaliers s’étaient également arrêtés. Les wyvernes battaient des ailes, flottant en un seul endroit dans les airs.
Pendant ce temps, Hatsune, épuisée, déclara fièrement : « D-Dans tous les cas, maintenant que nous sommes là, il ne nous reste plus qu’à partir aussi vite que possible ! Notre opération a été un succès ! »
« ... Non, il est encore trop tôt pour le dire, » déclara Masatsugu.
Masatsugu avait observé la ville de Fuji qu’ils venaient de traverser en utilisant la téléportation.
Dans les airs, au-dessus du fort tutélaire, le gigantesque avatar oculaire de Morgane la Fée était resté visible. Son regard était dirigé directement sur Masatsugu et compagnie.
L’instinct aiguisé d’un Chevalier avait informé Masatsugu de ce fait.
Les ondes noétiques du globe oculaire et le regard les suivaient sans relâche.
« Morgane la Fée n’a pas perdu notre piste. Elle sait où nous sommes, » déclara Masatsugu.
« Euh !? » s’exclama Hatsune avec surprise.
Une « voix » s’est fait entendre instantanément dans cet espace aérien.
{C’est précisément le cas, donc… chevaliers du Japon. Je suis le génie Morrigan. Le contrôleur de l’ifrit Morgane la Fée.}
Ce n’était pas une vraie voix humaine, mais un son formé d’ondes noétiques.
La voix de soprano semblait adorable, mais le ton était un peu agité.
La source était aérienne. Un globe oculaire géant, de sept ou huit mètres de diamètre, planait dans l’air au-dessus, entouré d’un puissant tourbillon d’ondes noétiques.
Son apparence était très semblable à celle du gigantesque globe oculaire au-dessus du fort tutélaire de Fuji.
{Abandonnez quant à votre évasion futile. Même si vous atterrissez et vous cachez dans les montagnes, moi, l’esprit Morrigan, je ne perdrai jamais votre piste. Je vous rattraperai, c’est certain.}
Bien sûr, rien n’avait jamais été facile sur le champ de bataille.
Masatsugu haussa les épaules. Peu importe. En vérité, il ne s’en souciait pas vraiment. Après tout, il était prêt à se battre jusqu’au bout pour battre en retraite. Cependant, son front sillonnait légèrement lorsqu’il entendit l’avis suivant.
{Et aussi, voici quelques nouvelles malheureuses, pour vous. Morrigan a demandé à l’origine, à un Chevalier au fort tutélaire de Fuji... Sire Gary de vous poursuivre. Mais maintenant, un autre Chevalier est revenu.}
Serait-ce Richard Coeur de Lion ?
Masatsugu fronça les sourcils et avait réfléchi. Le Ressuscité qui avait effectué sa poursuite dans la direction de Motosu était-il revenu ? Cependant, un scénario encore pire avait renversé l’hypothèse de Masatsugu.
{Cette personne a des tendances flippantes bien qu’il soit le commandant en chef. Cette fois, il s’occupera sûrement de vous personnellement.}
« Morrigan ! Vous n’avez rien de mieux à dire que de m’appeler “flippant” ? »
Une jeune voix l’interrompit soudainement, ripostant contre le commentaire délivré par des ondes noétiques.
Instantanément, un cavalier sur une wyverne blanche britannique était arrivé. Il était vêtu d’un uniforme d’officier militaire noir. C’était un bel homme aux cheveux argentés.
Il était à tous les coups le Chevalier que Masatsugu avait repéré de loin, le jour où il avait prêté son serment de fidélité à Shiori.
Masatsugu était certain. Ce n’était pas une autre personne qu’Édouard le Prince Noir lui-même.
Merci pour le raid express.
Un s oublié dans la phrase suivante ;
Leurs noms étaient respectivement Habuna, Maike et Tabi. Les trois Chevalier… avaient remercié humblement Masatsugu.