Chronicle Legion – La Route de la Conquête – Tome 1 – Prologue

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Prologue

La 58e année de l’ère Tenryuu, Tenryuu 58, était connue sous le nom de 1998 CE.

Selon les témoignages, le climat de Tokyo en septembre aurait été plus frais et plus agréable que les années précédentes.

Franchement, Shiori n’avait aucune base de comparaison. En dépit d’être une princesse de la famille impériale, elle avait été absente de la capitale, Tokyo, depuis quatre années. Pendant cette durée, elle n’était même pas restée à l’intérieur des frontières japonaises.

La précédente ville de résidence de Shiori était située quelque part sur la péninsule indochinoise, face à la mer de Chine méridionale.

Chaque été, cette ville portuaire subtropicale était beaucoup plus chaude que partout dans le Japon.

« Comparé à la chaleur torride de la capitale impé... Je veux dire Xanadu, Tokyo est vraiment beaucoup plus froide, » Shiori avait dit ça avec un doux sourire.

Au cours du lapsus de tout à l’heure, elle avait failli dire la « Capitale Impériale » et s’était corrigée à mi-phrase. Les mentions de Capitale Impériale à l’intérieur des frontières de l’Empire Romain d’Orient faisaient inévitablement référence à Xanadu, située au centre de l’Asie de l’Est, mais son emplacement actuel était le Japon Impérial.

« Le temps est confortable et c’est bien. Mais bien sûr, j’ai passé la plus grande partie de mon temps à l’étranger dans des environnements climatisés, comme je le suis encore maintenant, » dit-elle.

Comme il s’agissait simplement d’une petite conversation afin de créer une atmosphère relaxante, Shiori utilisa un ton de voix blagueur.

Elle était assise sur le siège arrière d’une limousine alors qu’elle avançait le long d’une autoroute. Et elle parlait à ses aides de camp qui se trouvait sur les sièges du conducteur et du passager avant.

Shiori avait seize ans tandis que les deux autres étaient des hommes plus âgés.

Les deux serviteurs avaient souri cordialement en réponse à la blague de la princesse.

Naturellement, Shiori pensait à d’autres questions. Par exemple de penser qu’elle, une princesse impériale, aurait seulement deux préposés à son service.

Normalement parlant, une voiture de transport officielle devait être escortée par des véhicules de sécurité et un convoi de motos. Cependant, cette limousine n’était pas accompagnée.

... Rien n’avait pu être fait à ce sujet. Après tout, elle était la « Princesse Abandonnée » qui était finalement revenue dans le pays après quatre ans.

Shiori ne s’était pas offusquée de ça. Elle avait simplement regardé par la fenêtre pour observer la Capitale Impériale pour la première fois depuis si longtemps. Cela n’était pas vraiment une mauvaise chose que cela était ainsi, vu que cela l’avait libérée de la pression d’un examen approfondi et avait rendu certains engagements plus commodes.

« Mon Dieu, » repérant un visage familier dans les rues, Shiori sourit avec ironie.

Sur le chemin de Roppongi jusqu’au palais impérial d’Aoyama, un certain bâtiment avait une publicité massive pour un magazine d’affaires. Le magazine organisait ce mois-ci une émission spéciale sur les « dix ans de l’Alliance... Le Futur du Japon et de Rome ». Imprimer sur la couverture se trouvait le sourire arrogant du fondateur de l’Empire Romain d’Orient.

L’homme était dans la fin de la quarantaine avec des traits du visage profonds et un visage digne.

Son front était très haut et proéminent. Plus précisément, il s’agissait d’un cas sévère de front dégarni.

« Je ne m’attendais jamais à voir le Seigneur César dans un tel endroit, » dit-elle.

Ce sourire de confiance semblait faire penser qu’il se vantait.

Ce regard d’autosatisfaction était une image très appropriée pour lui. Il était également vêtu d’une armure et d’un costume militaire dans le style de la Rome antique. Très peu de personnes seraient assez audacieuses pour porter ouvertement ce type de vêtements ressemblant à un cosplay.

Le panneau d’affichage faisait la promotion d’une interview de trente pages avec le Seigneur César en tant que titre pour le numéro actuel du magazine.

Sentant une impulsion d’achat, Shiori parla immédiatement, « Major. J’aimerais faire un détour dans une librairie. Pourriez-vous faire changer le chemin ? »

« ... Votre Altesse, devez-vous y aller en personne ? » demanda-t-il.

Assis sur le siège du passager avant, l’aide de camp dans la trentaine avait été quelque peu surpris.

Étant obligés de servir dans les palais impériaux et d’engager des conversations confidentielles avec l’Impératrice et les dames de la cour, les candidats à ce poste avaient été choisis parmi les officiers de la Garde Impériale. En outre, un certain talent crucial était une condition indispensable pour être aides de camp.

« S’il y a besoin de faire un achat, alors j’irais volontiers à votre place, » dit son aide de camp, le major, avec un sourire ironique.

Pour un chambellan ou un soldat, son ton de voix n’était pas trop réservé. D’autre part, ce bel homme avait une excellente apparence dans son uniforme noir de l’Armée Impériale. Ce genre de tonalité était également accessible. De tels traits étaient des considérations nécessaires lors de la sélection des aides de camp afin d’éviter d’offenser l’Impératrice ou les courtisanes.

Shiori répondit malicieusement à cet officier militaire attentif, « De quoi avez-vous besoin de vous inquiéter ? Pendant mon séjour dans l’Empire, je me promenais souvent seule. Un rapide voyage pour faire quelques achats n’est pas une grosse affaire. »

« En d’autres termes, Votre Altesse, souhaitez-vous faire une promenade ? » demanda-t-il.

« Fufufufu, » se mit-elle à rire.

Shiori était une princesse du Japon Impérial ainsi que la fille aînée de la famille Fujinomiya.

Son statut dans l’Empire Romain d’Orient avait été celui d’avoir été une otage avec le titre glorifié d’« Étudiante Étrangère ».

Elle n’avait nullement joui de l’hospitalité généreuse offerte à une invitée d’état, mais elle n’était pas non plus une princesse qui avait été mise à l’abri en la gardant dans l’ignorance.

Sachant cela, le major n’avait pas essayé de discuter plus longtemps.

« Dans ce cas, Votre Altesse, vos désirs sont des ordres, » dit-il. « Cependant, s’il vous plaît, veuillez au moins écouter mes conseils. »

« Très certainement, » répondit-elle. « S’il vous plaît, dites ce que vous avez à l’esprit. »

« Puisque l’anonymat est requis, vous et moi devrions en premier nous changer, » dit-il.

« En effet ! Faisons comme vous le suggérez, » répondit-elle.

Shiori avait souri en réponse à la suggestion très bien pensée.

Ils étaient actuellement sur le chemin afin d’assister à une réception en plein air se tenant dans le palais impérial. Le major portait un uniforme militaire tandis que Shiori portait un kimono avec de longues manches flottantes. Ayant une apparence très frappante, il serait naturel pour Shiori d’attirer encore plus d’attention dans la tenue qu’elle portait actuellement.

Voyant sa propre réflexion faciale sur la fenêtre de la limousine, elle hocha la tête afin de montrer son accord.

Shiori n’était nullement dérangée d’être appelée une beauté. Elle était très consciente de son visage vraiment exquis. De plus, ses longs cheveux, qu’elle avait passé de nombreuses années à entretenir avec soins, brillaient d’une splendeur de platine. Comment une telle apparence ne pourrait-elle pas attirer l’attention de toutes les personnes qu’elle croisait ?

Sa couleur de cheveux était naturelle et n’avait jamais été teinte. Une pure native du Japon n’était pas censée avoir ce genre de cheveux.

« ... ? »

Arrivée à une intersection près du palais impérial, Shiori était un peu perplexe.

Un appel soudain en provenance du ciel l’avait incitée à regarder par la fenêtre de la limousine afin de mieux voir le ciel.

Comme suspecté, elle vit un dragon qui volait dans l’air juste au-dessus du palais.

Un corps serpentin d’une centaine de mètres de long. Quatre membres courts avec des griffes acérées. Une tête de forme inhabituelle avec de longues cornes... Une créature débordant d’une beauté divine.

Le corps entier du dragon brillait d’un éclat de couleur platine.

Cette teinte était exactement la même couleur que les cheveux de Shiori.

« Est-ce que mon Grand-père a beaucoup voyagé dans la Capitale Impériale dernièrement ? » demanda Shiori.

« Non, pour autant que je m’en souvienne, rien de semblable ne s’est produit ces dernières années, » répondit le Major.

Depuis sa position sur le siège du passager avant, le major avait également regardé le ciel si éblouissant.

Le dragon de platine déplaçait son corps serpentin comme s’il nageait, volant gracieusement au-dessus du palais impérial. Il se dirigeait vers le nord.

Après être resté silencieux jusqu’à maintenant, le vieux conducteur se mit à parler, « Il s’agit d’une grande chance que l’on puisse voir le Seigneur Tenryuu dans toute sa gloire... Quel magnifique signe de bon augure. »

Le Seigneur Tenryuu était la Bête Sacrée protégeant le Japon Impérial.

En plus d’être parmi les rangs de « Grands Anciens », d’anciennes divinités se manifestant sous forme animale, il était également le grand-père de Shiori.

Vraisemblablement, il avait volé ici depuis l’Enceinte Divine au nord de Kanto pour voir sa petite fille qui revenait après avoir été absente pendant quatre ans.

Certaine qu’il s’agissait de l’intention de son grand-père, Shiori avait acquiescé avec fermeté.

Depuis le dix-neuvième siècle, des douzaines de divinités thériomorphes, connues sous le nom de Bête Sacrée, étaient descendues sur le monde.

En conséquence, la société avait radicalement changé.

Les Bêtes Sacrées devinrent les dieux gardiens de diverses nations humaines et apportèrent aussi la magie et l’occultisme dans la société humaine. Cela avait également accéléré les progrès révolutionnaires dans les développements scientifiques.

La naissance de l’Empire Romain d’Orient était l’un de ces changements. C’était au cours de la Seconde Guerre mondiale — aussi connu comme la Guerre des Héros ou la Deuxième Guerre Napoléonienne — que ce pays avait vu le jour en Asie du Sud-Est.

Gaius Jules César était le nom de son fondateur. Après une guerre napoléonienne — ce pays avait vu le jour en Asie du Sud-Est.

Cet homme portant le même nom d’un ancien héros romain avait conquis l’Asie du Sud-Est et la moitié de la Chine en un rien de temps, établissant un nouvel empire dans le pays de l’Est.

***

Et aujourd’hui, ce héros nommé César était présent à la Capitale Impériale du Japon.

Plus d’un millier de célébrités, politiciens, officiers militaires de haut rang, diplomates, ainsi que des soldats et des fonctionnaires civils de l’Empire Romain d’Orient s’étaient rassemblés dans le jardin du palais impérial, bavardant amicalement.

Le centre de la foule tournait autour du Généralissime César, le héros de l’Empire Romain d’Orient.

Les ministres, les membres de la Diète et les grands noms des milieux financiers étaient également présents. Les uns après les autres, ils s’étaient relayés pour s’approcher de César afin de lui offrir des salutations et échanger des plaisanteries avec lui.

Ce n’était pas l’hospitalité comme on pouvait l’offrir à un invité d’état.

La vraie raison était que ce soldat d’un pays voisin était « l’homme le plus puissant » en Asie et au Japon.

Le tour de Shiori était arrivé. En arrivant devant l’exalté César, Shiori inclina respectueusement la tête.

« Salutations à vous, Seigneur César. Cela fait longtemps, » dit-elle.

« Votre visage me fait me rappeler beaucoup de mes souvenirs, » déclara-t-il. « La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, c’était il y a un an lors d’un banquet à la maison, n’est-ce pas ? Je suis très honoré d’avoir l’occasion de vous rencontrer à nouveau, belle princesse du Japon. »

César était noble et digne, mais nullement prétentieux. Jovial et accessible, tout en conservant un air de grande classe.

Il avait reçu la visite de Shiori avec son ton unique et son sourire cordial. Ses distinctions comprenaient le rang de Généralissime de l’Armée Impériale Romaine d’Orient ainsi que le poste de Commandant Suprême de la Région Administrative d’Asie Orientale. Il avait aussi d’autres titres tels que Conseiller Spécial pour l’Impératrice Japonaise et commandant en chef de l’Armée en Garnison au Japon.

En dépit d’être le fondateur de l’Empire, cet homme avait seulement régné pendant quinze ans en tant que premier empereur.

Après cela, dans son désir de retourner au front en tant que soldat, il avait abdiqué et céda son trône à un courtisan.

« Assis sur un trône au fond d’un palais sans ennemis ni excitation... Je n’appellerais jamais un tel travail agréable. Mon désir d’avoir une vie exaltante est bien trop accablant, » était ce qu’il avait déclaré.

L’Ancien Empereur Fondateur César avait passé la moitié d’un siècle à accumuler des exploits liés à ses conquêtes.

Pendant cette période, les États-Unis d’Amérique étaient agités par un désir de devenir la seule superpuissance du monde, menant ainsi à une confrontation contre César sur divers champs de bataille en Asie. Dirigeant un millier de Légionnaires, César était sorti victorieux à chaque occasion. C’était ostensiblement l’une des causes de la séparation finale des États-Unis en deux pays.

Puis il y a dix ans...

Le grand généralissime de ce pays voisin était même allé jusqu’à vaincre l’armée américaine stationnée à Okinawa, à Yokosuka et ailleurs au Japon.

Par la suite, César se rendit à Tokyo plusieurs fois par an à partir de sa base d’opérations se trouvant à Hong Kong. Pendant ses séjours au Japon, il rencontrait de manière proactive les membres de la famille royale japonaise et les acteurs du monde financier et politique, confirmant ses devoirs de « patronus paternel qui guidait le Japon et l’impératrice ».

« Au fait, Shiori, chaque fois que je vous vois, vous, la charmante dame que vous êtes, je suis frappé par une certaine chose..., » déclara César.

César avait soudainement souri avec une certaine fierté avant de dire, « Si vous deviez y consentir, alors j’aimerais que vous jouiez le même rôle qu’une certaine reine d’Égypte du passé. »

« Le Japon a déjà Sa Majesté l’Impératrice... » Shiori avait souri et avait rejeté la proposition de César avec tact. « Je n’oserais pas rêver à commettre une telle transgression. »

« Quoi qu’il en soit, Sa Majesté n’a atteint que l’âge de treize ans. Cela, combiné avec sa personnalité introvertie, il serait très problématique de poursuivre une liaison romantique, même si elle est une adorable fille. »

Une telle blague indiscrète était vraiment à la hauteur de la réputation de César en tant que coureur de jupons.

À l’époque romaine, ce héros avait fait de la Reine d’Égypte Cléopâtre, sa maîtresse, consolidant ainsi son emprise sur le trône grâce à son soutien. Il s’agissait d’une histoire très connue.

... Une explication supplémentaire était justifiée ici.

Le « César » qui conversait actuellement avec Shiori n’était pas un patient mental avec des illusions de grandeur héroïque.

Les deux loups argentés Rémus et Romulus, des Bêtes Sacrées tout comme le Seigneur Tenryuu du Japon, avaient rappelé le César défunt dans le monde des humains soixante-dix ans auparavant.

Le vingtième siècle où nous nous trouvions encore était connu comme le Siècle de la Guerre.

Il s’agissait d’une époque où un certain nombre de héros antiques avaient été ressuscités et restaurés à des postes de pouvoir suprême.

Cette liste incluait l’Empereur Karl le « Roi Chevaleresque » et le dirigeant de l’Europe, « le Saint Roi » Saladin de la Dynastie Musulmane des Ayyoubides, et Napoléon Ier qui se faisait passer pour un clandestin à Moscou — Et le héros César était aussi l’un d’entre eux.

« Alors Princesse, qu’en est-il de vos projets ? » César avait posé une question inattendue.

Shiori était seulement de retour depuis l’Empire Romain d’Orient il y a deux jours et séjournait actuellement dans un hôtel de Tokyo. Bien sûr, la Capitale Impériale ne manquait pas de palais royaux ou de territoires à l’usage exclusif de la famille impériale.

Cependant, pour une « Princesse Paria », ce n’était pas un environnement particulièrement confortable.

« Je souhaite être quelque part pour y être plus tranquille, » répondit-elle. « La flamboyance de la Capitale Impériale est trop éblouissante pour moi. »

« Êtes-vous sérieuse ? Ce serait vraiment dommage pour une fille comme vous de vous retirer de la vie active à un si jeune âge, » déclara César avec un soupir exagéré. Bien qu’il était un grand héros et que son nom était devenu la source étymologique du Kaiser, le mot allemand pour « empereur », il n’avait pas été particulièrement large au niveau de sa carrure.

Debout, il faisait un peu plus de 175 centimètres. Sa grandeur était plutôt venue de son esprit que de son corps.

La tenue qu’il portait à cette fête se composait de vêtements militaires de la Rome antique.

Une cape rouge était drapée sur son armure. Et des sandales en cuir étaient attachées à ses pieds.

Cette apparence était identique à ce que Shiori avait vu sur le panneau d’affichage un peu plus tôt. On pouvait essayer de deviner s’il s’habillait ainsi par nostalgie ou par préférence, mais en tout cas, c’était comme ça qu’il apparaissait toujours en public.

« S’il vous plaît, n’hésitez pas à frapper à la porte de mon armée à tout moment. Je serais prêt à vous enrôler en tant que conseillère. Naturellement, Princesse, j’accepterais volontiers votre consentement afin que vous deveniez mon épouse ! »

« Merci pour le compliment. Je suis honorée même si c’est déclaré en tant que plaisanterie, » répondit la princesse.

Shiori avait réagi avec un sourire légèrement ironique face au coureur de jupons qui avait fait une blague digne de sa réputation légendaire.

« Je ne suis pas digne d’être votre subordonnée, et encore moins votre femme, » continua-t-elle.

« Au contraire, j’ai souvent entendu parler de l’éclat de la princesse japonaise, par l’intermédiaire de nombreuses rumeurs qui arrivaient dans mon pays, » César avait répliqué ainsi tout en souriant, puis lui avait fait un clin d’œil, choquant énormément Shiori.

Cependant, elle avait parfaitement réprimé ses émotions qu’il avait provoquées et avait maintenu son sourire de poupée, totalement impassible et imperturbable. Shiori était très douée pour feindre la docilité et cacher ses véritables talents.

... Quoi qu’il en soit, elle avait passé quatre ans dans l’Empire Romain en tant qu’otage. Pendant ce genre de vie sans personne sur qui s’appuyer, il y avait des moments où elle devait faire appel à des « talents » qu’elle avait cachés dans le passé. À vrai dire, elle aurait grandement préféré conserver sa façade de la « Princesse dont le seul mérite était sa beauté » pour l’intégralité de la durée de son séjour à l’étranger...

« En gage de mes sentiments, afin de célébrer votre nouveau départ... Permettez-moi de vous montrer un petit truc, même si ce n’est pas vraiment génial, » déclara-t-il.

Mais, avant même que Shiori puisse décliner, César avait déjà fait un mouvement. Il avait levé son index droit et avait crié. « Par ce nom qui est le mien, Jules César, je vous invoque... Assemblez-vous, mes Légions ! »

La fête avait commencé à 14 heures.

La journée était très ensoleillée avec un ciel clair en dessus du jardin qui servait de lieu pour ces festivités.

Dans le ciel..., une centaine de soldats argentés apparurent de nulle part.

Atteignant presque huit mètres de haut, les soldats étaient sans aucun doute d’impressionnants géants.

Les géants étaient équipés de cottes de mailles en argent et de casques à crête. Ils portaient des uniformes militaires rouges avec une paire d’accessoires du genre « ailes » avec des plumes sur le dos. Ces accessoires ne semblaient pas fonctionner comme des ailes, mais les soldats géants d’argent volaient quand même librement dans les airs.

Après leur apparition, les cent soldats géants s’étaient dispersés. Volant habilement, ils s’étaient approchés du lieu où se tenait la fête.

Quand ils furent tous à basse altitude, environ cinquante mètres au-dessus du sol, les soldats géants s’assemblèrent pour être dans une formation bien ordonnée composée de quatre rangées.

Chacun d’eux portait un grand bouclier rectangulaire dans sa main gauche et un fusil avec une baïonnette attachée dessus dans sa main droite. Tous les cent soldats avaient les mêmes armements et la même apparence.

En outre, les visages des soldats géants étaient couverts de masques blancs...

Il s’agissait d’une unité composée d’un Légionnaire de types Centuria.

Il s’agissait également de l’armée qui avait permis à l’Empire Romain d’Orient et au grand généralissime César de dominer.

La convocation soudaine de César avait rempli le cœur des participants de la fête de surprise et de peur. Tout le monde avait immédiatement tourné son regard vers le commandant des Légionnaires... le héros, César.

Le poids de ces regards provenait non pas d’une ou deux douzaines de personnes, mais de plus d’un millier d’individus.

Avec tous ces yeux posés sur lui, César continua tranquillement de sourire avec une grande confiance. Ouvertement et d’une manière assez intime, il plaça son bras autour des épaules de Shiori, avant de crier à la foule présente. « Mesdames et Messieurs, pourriez-vous démontrer un peu plus de ferveur en célébrant l’amitié entre Rome et le Japon !? En outre, ne négligez pas d’encourager la belle princesse du Japon ! »

L’appel de César avait été répondu par un millier de voix. Les applaudissements et les acclamations de la foule avaient alors secoué le lieu.

L’armée de rouge et d’argent avait également brandi leurs fusils avec la baïonnette fixée, levant leurs lames vers le ciel. Cette action n’avait eu aucune signification en particulier, mais la vision d’une centaine de soldats géants ailés se déplaçant à l’unisson était un spectacle assez intimidant et impressionnant à voir.

Non seulement ça, mais les soldats romains stationnés un peu partout dans le jardin avaient également crié. « Gloire à César ! Ceux qui ont reçu vos ordres jusqu’à la mort vous saluent avec révérence ! »

« Gloire à César ! Ceux qui ont reçu vos ordres jusqu’à la mort vous saluent avec révérence ! »

« Gloire à César ! Ceux qui ont reçu vos ordres jusqu’à la mort vous saluent avec révérence ! »

Les mots, « Ceux qui ont reçu vos ordres jusqu’à la mort », faisaient référence à l’armée qui servait César.

Il s’agissait d’une salutation coutumière de l’Empire Romain d’Orient, utilisé exclusivement pour exalter le héros Jules César.

Après que les soldats romains aient récité à l’unisson cette phrase à plusieurs répétitions, Shiori avait calmement déclaré. « Votre Excellence... Ma gratitude ne connaît pas de limites... Merci d’avoir fait cela spécialement pour moi. »

« Vous êtes bien trop gentille, » répliqua César. « Je suis désolé que je ne puisse que faire cette petite chose. Considérez cela comme un cadeau symbolique de nouveau départ. »

L’expression et le comportement de César étaient pleins de vigueur juvénile quand il avait répondu ça d’une manière très joyeuse.

D’autre part, son âge semblait être en retard vis-à-vis de son apparence indiquant une quarantaine d’années. Apparemment, son apparence avait à peine vieilli depuis la fondation de l’Empire Romain d’Orient qui avait été faite il y a soixante-dix ans.

La Jeunesse Éternelle et la capacité d’invoquer des Légionnaires, il s’agissait des pouvoirs des Ressuscités, les héros revenus dans le monde actuel.

Ils étaient des surhumains envoyés sur la terre par les Divines Bêtes Sacrées. Telle était la vérité derrière les Ressuscités tels que César. Alors qu’elle était témoin de la puissance de l’ennemi qu’elle devait surpasser, Shiori avait enflammé son Esprit Combatif se trouvant en elle. Elle devait acquérir une puissance équivalente afin de pouvoir s’y opposer, et cela, dès que possible...

Cependant, pendant tout ce temps, elle avait maintenu son sourire féminin face à César.

En effet, feindre la docilité était la compétence numéro une de Shiori.

***

« Fidèle à son nom, le Seigneur César adore comme toujours faire un grand étalage de son pouvoir, » murmura Shiori.

La fête était toujours en cours une heure après la soudaine convocation des Légionnaires. Shiori s’était secrètement glissée hors de la fête après avoir quitté César et elle visitait maintenant un jardin empli de roses dans un autre lieu proche de la fête.

Toute seule, elle repensa à la scène qui s’était déroulée un peu plus tôt.

En dépit d’être un héros incomparable, le comportement de César était enfantin.

Mais encore une fois, Shiori avait pu expérimenter ses terribles pouvoirs. Ceci incluait sa capacité extraordinaire d’invoquer à volonté un millier de soldats géants, ainsi que son génie en ce qui concernait la stratégie qui avait mené son armée jusqu’à la victoire chaque fois qu’il était présent. Et finalement, le pouvoir absolu qu’il détenait en raison de sa position de généralissime de la plus grande puissance mondiale.

« Puisque l’ennemi est un héros romain, j’ai besoin d’un soutien d’une puissance équivalente, » murmura-t-elle à nouveau.

Vêtue d’un kimono à larges manches, Shiori tenait un sac en tissu contenant un petit objet.

De l’intérieur, elle sortit une photo représentant un étudiant dans un uniforme à col rigide. Il devait avoir environ 17 ou 18 ans. Son visage était bien proportionné, mais l’expression était un peu raide. On pourrait tout à fait l’appeler comme étant une personne sans expression, ou du moins ne montrant pas d’expression.

Comme les minces yeux du jeune homme n’étaient pas concentrés sur l’appareil photo, il semblait qu’il s’agissait d’une photo prise en secret.

« C’est cet homme qui va devenir ma carte maîtresse. Quand va-t-il s’éveiller ? » Après avoir déclaré ça, Shiori s’était soudainement remise à parler, « Tachibana ! Êtes-vous ici ? »

Il n’y avait personne dans la roseraie [1] à l’exception de Shiori, mais elle pouvait sentir les noèsis [2] présentes dans tout le personnel protégeant secrètement la princesse Shiori Fujinomiya. Et cette noèsis appartenait à une personne qui avait été sous les ordres de la famille Fujinomiya depuis la génération de la mère de Shiori.

Étant donné l’excellente sensibilité de Shiori, il était naturel qu’elle le remarque.

« ... À votre service, Madame. Vos sens sont toujours aussi aiguisés, » répondit une voix inconnue.

Un grand homme en costume noir sortit silencieusement de l’ombre.

Il était habillé tel un membre de la Police de Sécurité, mais son visage féroce, sa taille de 190 cm et sa masse corporelle de 100 kg lui donnaient l’air d’un catcheur professionnel.

Genzou Tachibana qui était devant elle était le majordome de la famille Fujinomiya.

« Comment ça se passe à Suruga ? Avez-vous observé le sujet en question ? » demanda-t-elle.

« Rien n’a changé. Ce bâtard est toujours aussi inutile, » répliqua-t-il froidement.

Normalement, le choix des mots devrait être plus élégant quand l’on travaille dans un environnement où la courtoisie était de rigueur.

Cependant, cet énorme homme avait répondu à la question de la princesse d’un ton dénaturé tout en se frottant le menton qui était recouvert d’une barbe de trois jours. D’un autre côté, Shiori ne voyait pas d’inconvénient face à une telle attitude.

Un subordonné impoli, mais compétent était beaucoup plus précieux qu’une personne incompétente qui adhérait de manière rigide à l’étiquette.

« Tous les jours, il assiste à l’école consciencieusement et fait attention en classe, » énonça-t-il sur un taux irrespectueux. « Il rentre directement chez lui le soir, dans son dortoir étudiant en respectant le couvre-feu. Et il suit strictement les règles qui l’entourent. Il n’a nullement l’envie d’aller voir ou de faire la fête. Et il manque même d’expérience en ce qui concerne le vol de boissons alcoolisées afin de pouvoir boire en secret. »

« Quelle conduite exemplaire ! » répliqua-t-elle.

« Tout au plus, quelques espiègleries occasionnelles. Comme donné à sept ou huit ploucs ou à des délinquants de l’armée un peu d’amour pour donner l’exemple, » répondit-il.

« De l’amour... Vous voulez dire qu’il se retrouve au milieu de combats ? » demanda-t-elle.

« Nullement, » répondit-il. « Il est évidemment capable de prendre soin d’eux en environ deux ou trois minutes avant que les situations ne se transforment en incidents majeurs emplis de violence. En ce sens, il n’est après tout pas très ordinaire. »

« Neutraliser sept ou huit personnes en quelques minutes..., » résuma la princesse.

Cette prouesse martiale était assez extraordinaire pour une personne ordinaire.

Cependant, Shiori haussa les épaules avant de déclarer cela. « Trop d’écart de puissance... Contre des roturiers, en abattre cent mille ou un million dans ce même délai serait le strict minimum. »

« Tout à fait d’accord sur ce point. On n’en attendrait pas moins de l’un des Chevaliers, » répliqua-t-il.

Le contenu de cette discussion était beaucoup trop radical pour une conversation entre une princesse protégée et son serviteur.

« Ça ressemble à... après tout, je dois le voir en personne, » déclara-t-elle finalement.

« Je préférerais que vous ne vous mettiez pas en danger, Madame, » répondit-il. « Vous devriez agir plus comme une princesse, en tremblant tout en étant cachée derrière un rideau... »

« Plus facile à garder, non ? » répliqua-t-elle face à son subordonné impoli.

« Il s’agit de l’une des raisons. D’ailleurs, cela vous rendrait plus salutaire à protéger, » dit-il.

La manière de parler de Tachibana le faisait ressembler davantage à un chef adjoint de bandits ou de pirates qu’à un majordome.

Cependant, Shiori avait simplement souri sans lui répondre. Son sourire était tout aussi poli et distingué que celui qu’elle avait présenté à César, sauf qu’il y avait une légère pointe de moquerie qui était cette fois-ci ajoutée.

« Soyez rassuré. J’ai l’intention d’utiliser votre fille afin qu’elle soit ma garde du corps à Suruga, » déclara-t-elle.

« Voulez-vous compter sur ma stupide fille !? » s’exclama Tachibana.

« Effectivement, » répondit-elle. « Beaucoup de choses seraient plus faciles à gérer puisque nous sommes toutes les deux des filles. D’ailleurs, j’ai entendu des rumeurs sur la fille de la Famille Tachibana. Ne semble-t-elle pas être une fille extravertie accomplie dans les arts martiaux ? »

« D’un autre côté, elle est également une très grande idiote ! » déclara-t-il.

« Peu importe. Je l’ai nommée précisément parce que je trouve ce point amusant, » répondit la princesse.

Regardant son subordonné troublé, Shiori rit de bon cœur.

« Afin d’acquérir le pouvoir de s’opposer aux Chevaliers de la Reine de l’Empire Britannique et de défier le Seigneur César... J’avais décidé de me retirer de la vie active, faisant de Suruga ma résidence jusqu’à nouvel ordre, » déclara-t-elle.

« Me dites-vous que vous allez vous retirer quand vous n’avez que seize ans ? » demanda-t-il.

« Pourquoi pas ? » répondit-elle. « Il s’agit quand même d’un endroit charmant où le Seigneur Tokugawa Ieyasu [3] a passé le reste de sa vie en tant que shogun à la retraite. »

Shiori Fujinomiya était une princesse du Japon Impérial.

Connu comme le Siècle de la Guerre, le vingtième siècle touchait à sa fin.

Cependant, le Japon n’était certainement pas un pays puissant. L’administration impériale à Tokyo et dans la région de Kanto était sous le contrôle de l’Empire Romain d’Orient, faisant de facto du Japon un État quasiment vassal. En outre, ces dernières années, l’ingérence d’une « autre grande puissance mondiale », l’Empire Britannique, dans les affaires intérieures du Japon avait atteint un niveau insupportable.

Au milieu de cette tourmente, Shiori avait conçu un plan.

« En dépit de faire partie de la famille impériale, la Maison des Fujinomiya a été ostracisée en raison de la peur de la faction de l’Impératrice vis-à-vis de nous..., » déclara-t-elle. « Néanmoins, cela ne convient pas à ma personnalité de poursuivre un style de vie de lâche. »

Les familles royales du monde entier étaient des foyers de luttes de pouvoir. Le Japon Impérial ne faisait nullement exception. Ceux qui étaient hostiles à Shiori Fujinomiya étaient tous des parents parmi les plus hauts rangs de la royauté et de la noblesse.

Shiori n’avait fait aucun effort pour cacher l’une des raisons de leur hostilité... Ses « cheveux de couleur platine ».

« Peu importe la situation, je dois faire quelque chose par moi-même. Je dois devenir le cerveau contrôlant le gouvernement japonais depuis l’ombre, » annonça Shiori.

« Madame, être un manipulateur n’est-il pas le mauvais type d’aspiration pour quelqu’un de votre âge ? » demanda-t-il.

Le regard de Tachibana était plutôt désapprobateur. Il continua à parler. « Vous devez déclarer “Je deviendrai le dirigeant de cette nation !” avec plus d’ambition. »

« Je ne suis pas intéressée par la position de l’impératrice, » répondit-elle. « C’est purement une figure de proue sans autorité réelle. Tout d’abord, je dois remodeler ce pays pour devenir un milieu de vie plus approprié pour moi... En cours de route, je ferais aussi bien de travailler pour le bien-être des Japonais. D’ici là, je compte sur votre soutien actif, Tachibana. »

« Madame, même si vous devez mentir, veuillez dire que vous mettez la population en premier, » répliqua-t-il.

Tenryuu 58, mi-septembre.

La photo actuellement dans la main de la princesse représentait un étudiant bien spécifique.

Shiori Fujinomiya ne connaissait même pas son vrai nom. Elle ne connaissait que l’alias qu’elle lui avait donné à des fins d’obscurcissement. Rassemblant sa détermination, elle avait lu son nom.

 

 

« Tachibana Masatsugu... Vous devez construire un ordre de chevalerie pour rassembler des soldats sous la bannière de votre nom perdu, » déclara-t-elle.

Le Japon Impérial, l’Empire Romain d’Orient et l’Empire Britannique.

Les alliances et les rivalités toujours changeantes entre ces trois pays plongeraient les îles du Japon dans le conflit et la tourmente.

Le rideau était sur le point de se lever sur une ère tripartite emplie des vicissitudes dramatiques de la fortune, reflétant celle des Trois Royaumes. À l’insu de n’importe qui vivant à cette époque, la scène qui s’était déroulée aujourd’hui viendrait à avoir une signification monumentale dans un futur proche.

Notes

  • 1 Une Roseraie : Il s’agit d’un jardin composé principalement de rosiers, soit à des fins de collections, soit à des fins ornementales.
  • 2 La noèsis (en grec νόησις) est, chez Platon, la faculté d’atteindre la vérité par l’intuition. Cette notion est l’origine de la noèse qu’on peut trouver dans différents courants d’influence de la philosophie moderne.
  • 3 Tokugawa Ieyasu : (徳川家康, Tokugawa Ieyasu) (31 janvier 1543 - 1er juin 1616), est daimyo puis shogun du Japon. Il est le dernier des trois unificateurs du Japon de l’époque Sengoku, après Oda Nobunaga et Toyotomi Hideyoshi (aussi nommé Hashiba).

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17 commentaires :

  1. Je ne voterai pas pour, j’aime pas le mélange de fait réel et d’imaginaire
    puis ya tellement de bonne nouvelle qui doivent avancer

    • Il faut savoir que normalement, dans 2-3 mois, deux romans (béni et Monster) seront plus ou moins à l’arrêt.
      Plus différentes séries qui seront peut-être retirées des votes en vue du fait qu’ils auront des sorties garanties, il y aura bien moins de choix. Je n’ai pas encore décidé à ce niveau là.

  2. nannnnnnnnnnnnn mais deux preferé :'(
    vilain dm vilain, envoye un courrier au auteur pour les pousser a s’avancer dans leurs boulot lol

  3. ca sera dur pour moi mais si ca continue ca va (on est l’un d’un chapitre tout les 5 mois comme HXH lol)

  4. Merci pour le chapitre.
    Donc je suppose qu’avec Shiori on aura la partie politique, et qu’avec Masatsugu, on aura la partie action.
    L’univers à l’air par mal. par contre même si ce premier chapitre est pas mal, ceux des deux autre était mieux je trouve. Il te mettait directement rentré dans l’histoire avec le prologue. Surtout celui de la semaine dernière.
    Bon après, c’est pas égal vu que pour celui là, il n’y a que le prologue.
    Ce qui m’amène à la question suivante :
    Le plus souvent, nous suivrons Shiori ou Masatsugu ?

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