Chapitre 4 : Les Chevaliers et les Faits d’Armes (2)
Partie 2
« Feu ! » Aux ordres de Rikka, les quatre-vingt-dix Kamuys avaient simultanément appuyé sur les gâchettes.
Leur cible était la formation des Croisés envahissant les côtes. Les fusils à baïonnette des Kamuys clignotaient continuellement, produisant un barrage dense de tirs contre l’ennemi.
« L’autre camp a l’intention de régler la bataille en utilisant le combat en mêlée et ne tirera pas à pleine puissance. Saisissez cette occasion pour tirer en toute impunité ! »
Rikka avait rallié ses troupes. Les Croisés avaient été abattus l’un après les autres.
Il s’agissait du résultat du « changement de formation » des Kamuys. Faire une seule rangée signifiait mettre chaque Légionnaire au premier rang. Ainsi, les quatre-vingt-dix Kamuys avaient pu concentrer leurs tirs sur le premier rang de l’armée britannique qui approchait.
Les Légionnaires britanniques étaient en formation carrée de 10x10.
Les quatre-vingt-dix Kamuys concentrèrent leur puissance de feu sur les dix Croisés se tenant au premier rang.
Ces dix Croisés étaient maintenant sous un feu plus intense que lors du déluge de tirs précédent.
Les éclairs incessants avaient frappé des dizaines de fois les corps gigantesques des Légionnaires britanniques, essayant de percer les parties les plus faibles des barrières de protection. La probabilité de frapper les points vitaux était devenue beaucoup plus élevée qu’avant.
Par conséquent, les troupes ennemies au premier rang avaient chuté les uns après les autres sous ces tirs incessants.
Les Croisés dans la première rangée avaient également riposté, mais ils n’avaient que rarement infligé des dommages aux Kamuys.
D’ailleurs, l’armée de Suruga dirigée par Rikka n’avait pas non plus un avantage significatif. Chaque fois que les Croisés du premier rang étaient éliminés par le feu de concentration des Kamuys, les Croisés de l’arrière faisaient immédiatement un pas en avant pour maintenir la formation.
Sous un feu nourri, l’armée britannique avançait courageusement et sans désarroi.
Au départ, les deux armées étaient séparées d’environ un kilomètre.
Une fois cette séparation réduite de moitié, les Croisés avaient été réduits à quatre-vingt-quatorze.
Quand la séparation avait à nouveau été réduite de moitié, il restait quatre-vingt-quatre Croisés.
La distance entre les deux armées n’était finalement plus que de quatorze ou quinze mètres.
Alors qu’ils étaient sur le point d’entrer au corps à corps, le nombre de Croisés britanniques était descendu à soixante-quinze alors qu’il y avait encore quatre-vingt-huit Kamuys japonais. Numériquement parlant, les Kamuys avaient l’avantage, mais...
Sur sa wyverne, tournant dans les airs, le Chevalier britannique avait rugi comme s’il avait la victoire à portée de main.
« Mes hommes, votre persévérance est louable ! En tant qu’agents de Sa Majesté, c’est à votre tour de vous battre. Écrasez ces petits soldats japonais ! »
Les Kamuys étaient plus petits que les Croisés. Cette différence de carrure ne pouvait pas être ignorée en combat rapproché. Les Kamuys étaient d’une force inférieure et il y avait peu de cas de figure où leur désavantage physique était surmonté.
Rikka avait fait claquer sa langue. « À tous, chargez-vous de ce chevalier bavard de Sa Majesté ! »
Les Kamuys du côté de Rikka avaient alors obéi et ils tirèrent tous. Chaque Légionnaire était maître du combat avec une expertise de premier ordre en tir et en combat rapproché. Un tir précis à travers la cible ne devrait pas les être au-delà de leurs capacités.
Cependant, le Chevalier de Sa Majesté volait derrière la formation carrée des Croisés.
Les particules de barrière entourant les Légionnaires britanniques formaient un bouclier invisible, bloquant l’offensive de tir des Kamuys.
Après ça, l’armée britannique avait continué à avancer et une bataille au corps à corps avait enfin commencé.
Le fusil à baïonnette était l’arme utilisée par les Kamuys et les Croisés. Brandissant les baïonnettes montées sur leurs longs canons, les deux côtés poignardèrent les Légionnaires ennemis.
Les Japonais étaient supérieurs en nombre, mais le flux de la bataille favorisait clairement l’armée britannique.
Tout d’abord, les soixante-quinze Croisés avaient maintenu leur formation carrée en chargeant la rangée des troupes de Suruga.
Les Kamuys avaient été disposés en ligne pour donner la priorité à la puissance de feu. Les Croisés chargèrent férocement, poussant leurs baïonnettes afin de poignarder leurs ennemis.
Surpassés par la pression et la force des Légionnaires britanniques, les Kamuys se faisaient poignarder dans leurs masques et leurs cous.
Bien sûr, une petite partie des Kamuys japonais avait réussi à échapper aux baïonnettes des Croisés et avait pu riposter. Cependant, la formation ennemie était restée en sécurité.
En brandissant leurs baïonnettes, chaque fois qu’une Croisade tombait au premier rang, elle était immédiatement remplacée par un Croisé se trouvant avant ça à l’arrière.
En fin de compte, l’armée britannique avait continué de charger l’armée japonaise avec un parfait maintien de l’élan et de la formation. Au temps des anciens Grecs, la phalange puissante avait dominé les champs de bataille en utilisant les mêmes tactiques que les formations compactes.
En revanche, la rangée des Kamuys était dans une formation n’offrant aucune épaisseur.
La formation fine comme du papier était sur le point de se briser, déchirée en lambeaux.
« Guerriers de Sa Majesté, tuez l’ennemi Chevalier ! La bataille se termine dès que cette personne meurt ! »
Aux ordres du Chevalier britannique, les Croisés attaquèrent encore avec plus de férocité.
Parmi les troupes de Suruga, Rikka se tenait sur l’épaule droite d’un Kamuy se tenant au centre, face à l’assaut de dizaines de Légionnaires britanniques.
Sous la pression de la charge ennemie, la formation de Suruga était passée d’une ligne droite à une forme en V.
Le centre, la position de Rikka, s’était lentement retiré, ce qui avait provoqué la déformation de la formation. Les Kamuys voisins s’étaient désespérément battus pour protéger leur commandante, mais le flux de la bataille s’était complètement retourné contre les Japonais.
Il ne restait pas plus de cinquante Kamuys sur les quatre-vingt-huit.
La défaite était pratiquement assurée à ce rythme. Rikka respirait profondément depuis sa position sur l’épaule d’un Kamuy.
« Heureusement, ils sont tombés dans le piège. Je suis soulagée. »
La lame tranchante à la taille de Rikka était reconnue comme la « tueuse d’onis ».
Souriant de façon belligérante, elle avait dégainé son épée personnelle. La lame de deux pieds et sept pouces présentait une ligne de tempérament légèrement ondulée.
Puis Rikka avait sauté au sol.
« Mon Appellation d’Onikiri Yasutsuna... Ô lame tranchante de renommée universelle, démontrez une fois de plus au monde l’exploit martial de tuer à coup sûr vos adversaires ! »
À peine avait-elle dit ça qu’un Croisé solitaire chargea Rikka de front.
Les Kamuys hésitants s’étaient rassemblés en une formation circulaire pour encercler leur commandante et empêcher l’ennemi de l’attaquer. Cependant, les Légionnaires britanniques avaient finalement percé la ligne défensive.
L’adversaire était un soldat géant britannique de plus de huit mètres de haut.
Même la lame montée sur le fusil à baïonnette était plus haute que la taille de Rikka.
Avec un moment d’hésitation, le Croisé avait poignardé avec sa baïonnette poussée vers Rikka. Le corps géant du Légionnaire s’était déplacé avec agilité malgré son grand poids. Une charge impressionnante.
Quant à Rikka...
Déplaçant horizontalement son épée japonaise, elle para la frappe à la baïonnette du Croisé.
Même si l’arme de l’adversaire était plus grosse que Rikka, elle avait bloqué l’attaque sans effort. De plus, la gigantesque baïonnette avait été coupée en deux, envoyant le fragment brisé voler avant qu’il ne tombe et se plante dans le sol de Suruga.
Manipulant l’arme qui lui était chère, Rikka avait tailladé l’arme ennemie avec une puissance ridicule.
Malgré la perte de sa lame, le Croisé restait encore un guerrier aguerri.
Au lieu d’utiliser la baïonnette, le Croisé avait instantanément attaqué avec un coup de pied, visant Rikka au sol comme si elle était un ballon de football.
Rikka sauta en un saut périlleux, évitant magnifiquement le coup de pied.
En plus d’avoir la capacité de convoquer les Légionnaires, elle avait aussi atteint une extraordinaire maîtrise des arts martiaux et des capacités physiques.
« Yahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! »
Avec un cri puissant, Rikka avait sauté de nouveau dans les airs. En marchant sur la rotule du Croisé qui venait de l’attaquer, elle avait bondi devant le masque du soldat ailé géant.
L’épée précieuse nommée Onikiri Yasutsuna avait ensuite été poignardée dans le masque du Croisé.
Ce coup d’épée avait été fatal.
Le soldat géant de huit mètres de haut avait été abattu par une fille de 170 cm de haut.
« — Loup Mibu ! » Rikka s’était empressée de l’appeler après un atterrissage spectaculaire.
Un loup avait répondu à sa convocation, surgissant de nulle part.
Doté d’une fourrure argentée et d’un physique semblable à celui d’un cheval, c’était le « Loup Mibu », une bête de rétention de taille moyenne employée par l’Armée Impériale japonaise.
Les officiers noétiques observant la bataille en utilisant des renards de liaison avaient immédiatement dépêché cette bête de rétention après avoir entendu l’ordre de Rikka.
Rikka avait sauté sur le dos du loup géant. Le Loup Mibu s’était précipité sur le sol.
Cette fois, la bête avait sauté sur les ordres de Rikka. Transportant la femme chevalière équipée de sa lame si tranchante, le loup de Mibu s’était jeté sur le visage d’un Croisé voisin.
Cependant, au lieu de voir le loup attaquer avec ses dents, c’était Rikka qui avait frappé avec sa lame.
*Frappe.* la frappe horizontale avait traversé le masque du Croisé, sectionnant nettement sa tête.
« Quelle épée redoutable... ! »
Le chevalier britannique de Sa Majesté avait été stupéfait. Il volait à une douzaine de mètres dernière son armée comme s’il s’agissait d’une visite touristique lors d’un tour en wyverne, mais il était maintenant complètement terrifié. Peu de Chevaliers existaient dans le monde qui était capable d’abattre les Légionnaires de leur propre main.
« Est-ce que cette épée est votre appellation — le testament d’un Fait d’Armes ? »
« En effet, vous avez raison. Moi, Rikka Akigase, je tiens l’épée précieuse du pedigree Genji, Onikiri no Taichi, Yasutsuna. Je réduirai à l’infini les simples Croisés, quel que soit le nombre de ceux que vous me lancez ! »
Le Chevalier de Sa Majesté avait questionné son adversaire depuis sa monture wyverne et Rikka avait répondu depuis le dos du loup géant.
L’épée précieuse, Onikiri Yasutsuna. Il s’agissait du titre donné à « la fameuse lame qui avait tué Shuten-dōji, l’oni d’Ooe-yama. » Les héros qui avaient hérité de cette Appellation avaient pu reconstituer l’exploit de tuer une personne à la fois à coup sûr.
C’était l’Exploit d’Armes, le Onikiri no Tachi, qui était aussi la technique secrète conférée à Rikka par Onikiri Yasutsuna.
« Mes excuses, Chevalier de Sa Majesté, » caressant son épée bien-aimée tout en chevauchant son Loup Mibu, Rikka avait continué à parler.
« L’échange de tirs à distance n’est pas ma tasse de thé, c’est pourquoi je gagnerai cette bataille aussi vite que possible. À ce stade, la victoire appartient sans aucun doute à mes Kamuys. »
« Qu’est-ce que vous avez dit ? »
Sa déclaration audacieuse avait irrité le chevalier britannique.
Debout devant l’ennemi, Rikka avait tranquillement souri en toute confiance.