Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 8 – Chapitre 16 – Partie 4

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Chapitre 16 : La bête antique Charybde

Partie 4

« Je soupçonne ce monstre d’avoir causé d’importants dégâts dans les environs. Des dizaines de milliers de victimes ont pu tomber sous ses coups, vu qu’il existe depuis les temps anciens. Trouves-tu acceptable de laisser mourir les gens ici juste parce qu’ils viennent d’un autre pays ? Pourquoi veux-tu que les gens meurent ? »

« Non, je n’ai pas… », protesta Eve.

« Vas-y, fuis. Je n’ai pas besoin de toi ici si tu te plains et si tu baisses le moral des autres », cracha Doula.

Marie et moi avions laissé échapper un « Eep » involontaire. Nous ne nous attendions pas à ce que les choses prennent une tournure aussi grave. Marie et moi préférions la tranquillité, c’est pourquoi nous choisissions toujours des titres sains à la bibliothèque et dans les magasins de location de DVD. Comme on peut s’en douter, nous n’étions pas fans de situations militantes comme celles-ci.

Marie déclara en silence : « Je veux rentrer à la maison » et j’avais pensé la même chose. J’étais empli de regrets… Quelles vacances d’été cela avait été !

« Tu as prétendu vouloir retrouver l’honneur de ton espèce souillée, elfe noir. Dis-moi, ressens-tu toujours la même chose ? »

Eve tressaillit. Les mots de Doula avaient touché un point sensible et ravivé son esprit combatif. Je pouvais presque voir les flammes brûler en elle.

« Argh ! Bien sûr que si, idiote ! Quand est-ce que je me suis plainte, hein !? Je ne perdrai pas face à cette chose ! » hurla Eve.

« Alors, lève-toi et bats-toi, elfe noire ! Combats et retrouve ton honneur ! »

Cela tournait au drame sportif. Marie était complètement déconcertée et s’était cachée derrière moi pour une raison inconnue. Je m’étais alors rendu compte qu’elle se cachait pour qu’ils ne puissent pas voir son expression et je n’arrivais pas à croire ce qu’elle faisait, car faire une tête comme la sienne aurait été la fin pour nous. Elle marmonnait même « Je veux déjà retourner à Izu », ce qui était exactement ce que je ressentais. Cependant, nous ne pouvions pas nous en aller, car cela signifiait que les choses seraient encore pires demain.

À ce moment-là, j’avais levé les yeux et j’avais vu que le soleil commençait à se coucher. Nous devions faire face à cette capacité indestructible et nous n’avions toujours aucune idée de la façon de procéder. La bataille allait être longue.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Marie.

« Si nous nous éternisons, nous ne pourrons pas profiter d’Izu demain matin. Nous n’avions même pas prévu de rester aussi longtemps avec autant de monde », avais-je expliqué.

On disait que la vue du bain intérieur au lever du soleil était absolument magnifique. Nous n’avions pas pu voir le coucher de soleil depuis l’Izu de l’Est en raison de l’emplacement, mais la vue du matin compense largement.

Je me sentais mal de dire cela à Marie et de lui donner de l’espoir, mais nous ne pouvions pas dire aux autres que nous allions rentrer à la maison à ce stade. Nous ne pouvions pas les laisser sans le vol de ma pierre magique, mon attaque à distance et, surtout, la capacité de Marie à observer l’ennemi.

Alors que je poussais un soupir intérieur, j’avais entendu un curieux « Hmm ». Malheureusement, il semblerait que nous devions annuler nos projets de la matinée dans l’autre monde…

« Il serait dommage de gâcher ces vacances d’été », dit Wridra en posant ses mains sur mes épaules.

Je n’avais même pas réalisé qu’elle était derrière nous. La simplicité du maillot de Wridra mettait sa beauté en valeur, tout comme ses cheveux noirs qui contrastaient avec sa peau blanche comme la neige. On pourrait dire qu’elle avait une silhouette de femme idéale. Son agitation était la seule chose qui gâchait l’air mystique qui l’entourait, mais je suppose que cela faisait partie de son charme.

« Mais je ne pense pas que nous puissions faire quoi que ce soit. Cela pourrait prendre un certain temps, mais Charybde est active et totalement indemne. Sans compter que Doula serait furieuse si nous partions », dis-je.

« Exactement. Zera et Gaston ne sont pas non plus revenus, alors on ne peut pas partir avec ton pouvoir de téléportation. Je suis sûre qu’ils trouveraient un endroit sûr, mais quand même », ajouta Marie.

« Oui, je sais que vous n’avez pas beaucoup d’options. Disons qu’un Arkdragon passe par là… » fit remarquer Wridra.

Immédiatement après qu’elle ait dit cela, j’avais entendu des battements d’ailes au-dessus de ma tête. En levant les yeux, j’avais failli enfouir mon visage dans ses seins et je m’étais rapidement détourné. J’avais détourné les yeux avant de voir sa vraie forme, mais j’avais vu les yeux de Marie s’illuminer. Ses maigres espoirs de retourner à Izu commençaient à ressembler à une possibilité.

« Ha ha… Et disons qu’il y a un endroit où je peux reposer mes ailes. Ah, ce monstre là-bas semble être l’endroit idéal. »

+++

Nous avions entendu le cri d’un monstre au loin. On aurait dit un appel à l’aide, ou peut-être qu’il pleurait le désastre qui venait de lui arriver. L’Arkdragon atterrit dans un bruit sourd, laissant le monstre aplati contre le fond de la mer et complètement immobile.

Wridra se retourna alors et parla à voix haute : « Doula, Eve, je ne veux pas interrompre votre discours d’encouragement, mais il est temps de faire une pause. Attendez que nous vous rejoignions, nous partons en vacances — je veux dire, nous nous reposerons pour nous battre un autre jour. »

Ils restaient bouche bée, et je ne pouvais pas leur en vouloir. Un Arkdragon géant était apparu de nulle part et avait commencé à toiletter ses ailes sur Charybde. Il s’était ensuite blotti contre elle et semblait sur le point de s’endormir.

Mais je n’allais pas me plaindre. Pas aujourd’hui. Marie avait tapoté le dos de Wridra comme pour lui dire bon travail, et voir leurs sourires secrets m’avait mis d’humeur joyeuse.

Doula et Eve étaient encore figées sur place lorsque Wridra leur souhaitait une bonne journée et se détournait. J’étais content qu’on ne nous ait pas crié dessus. Nous avions décidé de prendre Shirley en chemin et de rentrer à Izu. Nous ne voulions pas manquer le petit déjeuner, après tout.

§

L’air était frais à cette époque de l’année, malgré l’été. Au loin, le ciel s’était transformé en un dégradé d’indigo plus profond que l’océan, alors que le soleil était sur le point de se lever à l’horizon.

Même si l’obscurité empêchait de voir le sol et qu’il était un peu trop tôt, c’était en fait le moment idéal. Le seul bruit autour de nous était le chant réconfortant de la mer et du vent tandis que nous avancions un peu plus loin dans le jardin. Devant nous, nous pouvions apercevoir un faible éclairage à travers la vapeur.

J’avais plongé ma main dans l’eau chaude et j’avais su qu’elle me ferait un bien fou après un long et fatigant voyage, car la température était juste ce qu’il fallait. Peut-être était-ce dû à mes origines japonaises, mais je trouvais l’odeur du soufre réconfortante. En y réfléchissant bien, je savais que l’elfe qui venait de s’installer serait du même avis.

Pour une fois, nous ne respections pas l’étiquette du spa. Marie, vêtue du maillot de bain qu’elle avait prévu de porter à la plage, leva les deux bras et étira tout son corps.

« Ahh, c’est tellement agréable et tranquille. C’est ce que j’aime au Japon… La façon dont ils peuvent créer des lieux de confort comme si tout avait été calculé. »

« Est-ce ce que tu penses ? Je n’y ai jamais pensé. Moi, je ne peux pas m’empêcher d’imaginer des gens entassés dans des trains comme des sardines », avais-je répondu.

Même les plages débordaient de monde et j’admirais les vacances élégantes que les gens passaient dans les pays occidentaux. Mais ce n’était que l’image que j’avais en regardant les programmes de vacances, je n’y étais jamais allé moi-même, et je ne savais donc pas à quoi elles ressemblaient réellement.

« Héhé, c’est comme ça. Tu ne pensais pas que les villages elfiques étaient si ternes, n’est-ce pas ? Je parie que tu n’avais jamais imaginé que nous mangions principalement des haricots. »

Marie avait serré ma main de ses doigts un peu froids en parlant, souriant comme pour dire qu’elle avait hâte d’aller faire trempette. Ses longues oreilles, habituellement couvertes, étaient aujourd’hui à l’air libre.

Nous nous étions alors enfoncés dans l’eau sans mot dire, la regardant déborder. Marie posa sa tête sur le rebord de la surface près d’elle et poussa un soupir de satisfaction.

« Voilà ce qu’est un voyage, » dit Marie. « Puisque tu es le seul ici, peut-être que je n’aurai pas à me préoccuper autant des bonnes manières. »

Je m’étais demandé où étaient Wridra et Shirley, puis j’avais vu une jambe nue et pâle émerger de l’eau et se poser sur le bord de l’autre côté. Elle avait raison de dire qu’elle ne pouvait pas faire ça s’il y avait quelqu’un d’autre autour d’elle.

Le sourire de Marie s’était élargi en me regardant. Peut-être appréciait-elle le fait qu’elle faisait quelque chose d’impudique et que personne n’allait la réprimander pour cela. Ses longs cheveux étaient tressés derrière sa tête et de la sueur perlait sur son beau visage.

« Je ne sais pas pourquoi je m’amuse autant. Je ne pensais pas prendre un bain avec toi, et j’adore Izu. Le jardin Banana Wani était super aussi. Regardons les photos que nous avons prises plus tard et voyons si elles sont bonnes », dit-elle.

Elle faisait des gestes en même temps qu’elle parlait, produisant des bruits d’éclaboussures qui se répercutaient autour de nous. Sa joie enfantine m’avait fait sourire, et la gêne que j’avais ressentie en voyant son maillot de bain de si près s’estompa naturellement. Je voulais lui dire que le tissu devenait presque transparent lorsqu’il était mouillé et qu’il ne couvrait que très peu de sa peau.

« Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’elfes qui aimeraient Izu », avais-je dit.

« Je n’en suis pas sûre », répondit Marie. « Je suis sûre qu’il y aurait beaucoup de fans parmi mes amis si je les invitais. Les elfes sont de bien plus grands partisans de ça que tu ne le penses. Surtout ceux qui ont grandi dans la forêt. »

Dans ce cas, je serais ravi de les recevoir pour découvrir Izu, pensai-je. J’avais tendu la main vers la lampe qui se trouvait à proximité et je l’avais éteinte.

La nuit n’était pas tombée pour autant. Le soleil était sur le point de se lever, et l’horizon était d’une couleur bleu marine très agréable à regarder. Le vent qui soufflait dans cette direction depuis l’horizon lointain était rafraîchissant, et j’avais l’impression qu’il allait me débarrasser de tous mes soucis.

Les étoiles à peine visibles s’estompèrent au fur et à mesure que l’aube se leva, créant un dégradé de bleu foncé dans le ciel. Marie leva le cou et murmura : « Le monde est si grand. » Elle s’était ensuite installée confortablement et posa sa tête sur mon épaule.

« Wridra s’est plainte que les sources d’eau chaude étaient trop petites pour elle. Héhé, elle est étonnamment prévenante alors qu’elle est habituellement si incontrôlable », dit-elle.

« Wridra est gentille. Tous les dragons le sont. Ceux que j’ai rencontrés étaient tous gentils, en tout cas », répondis-je.

« Oh ? De quoi as-tu parlé aux dragons ? Te connaissant, je parie que tu leur as donné de la nourriture savoureuse pour être de leur côté. »

« Je parie que tu serais surprise d’apprendre que si tu dis “bonjour”, la plupart des dragons intelligents te répondront après avoir réfléchi un moment », lui avais-je dit. « Certains d’entre eux gloussent même avant de te répondre. Quand j’y pense, les méchants me transforment en cendres avant que je puisse dire un mot, alors peut-être que je n’ai rencontré de gentils dragons que par élimination. »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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