Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 7 – Chapitre 8 – Partie 1

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Chapitre 8 : Alerte au typhon

Partie 1

C’était peut-être vrai pour n’importe quel ménage, mais nous regardions habituellement les nouvelles et la météo le matin. C’était l’un de ces matins-là, et nous écoutions le présentateur télévisé en rangeant la vaisselle. J’avais remarqué que les fenêtres claquaient, peut-être parce que le vent était particulièrement fort aujourd’hui.

Mariabelle fixait la télévision d’un air sérieux. Elle serrait le dossier de sa chaise, les oreilles dressées, et écoutait la voix du présentateur. Quand je m’étais mis à côté d’elle, ses yeux violets m’avaient regardé.

« Le temps semble particulièrement mauvais aujourd’hui. Pourquoi les humains vont-ils au travail même les jours comme celui-ci ? C’est vraiment incroyable. »

« Oh, ça sera là à midi, hein ? C’est plus tôt que prévu, » avais-je dit nonchalamment. J’aurais été heureux que nous ayons un jour de congé, mais malheureusement, je n’avais pas été prévenu. Mon patron aurait peut-être fini par nous dire de rentrer plus tôt chez nous à ce rythme, mais je rentrais toujours chez moi à heures fixes, alors les choses n’auraient pas été différentes.

Wridra avait entendu notre conversation depuis le siège d’en face et avait plié le journal qu’elle tenait dans ses mains. Elle portait des lunettes ces derniers temps, peut-être parce qu’elle aimait ce look. L’Arkdragon n’en aurait certainement pas besoin pour corriger sa vision.

« Hm, c’est ce qu’on appelle un “typhon”. Il pleut assez souvent ici, et il n’est pas inhabituel que les pays insulaires proches de la mer aient parfois du mauvais temps. » Toutes les chaînes parlaient de l’arrivée du typhon. Un tiers de l’écran affichait un message avertissant de son approche, avec des lettres géantes qui disaient « Typhon géant en approche ! » « La région de Kanto a été touchée ! » « Attention aux fortes rafales ! » Je ne pouvais pas blâmer Marie d’avoir peur, n’en ayant jamais connu auparavant. Elle s’était serrée contre le dossier, se concentrant sur la voix du journaliste.

J’étais inquiet de ne pas pouvoir être avec elle pour son premier typhon. Heureusement, Wridra serait présente. Elle était comme une grande sœur sur laquelle on peut compter, alors je me sentais beaucoup mieux avec elle dans les parages.

« Regarde, ça dit de se méfier. Les typhons sont-ils vraiment si effrayants ? »

« Eh bien, le Japon est proche de l’océan. Cela signifie que les gros typhons se forment souvent à partir d’air chaud. Ils sont connus pour leurs vents violents et pluvieux, et selon la région et l’échelle, il arrive que l’on ne puisse même pas se tenir debout. » Soit dit en passant, les pays de ce côté-ci de l’océan Pacifique les appelaient typhons, en Amérique, on les appelait ouragans, et dans l’océan Indien, on les appelait cyclones. Ils avaient donc en fait trois noms différents, selon la région.

Marie ouvrit grand les yeux. Une image terrifiante était diffusée à la télévision, avec des parapluies qui s’envolaient et des arbres déracinés par le vent puissant.

Même Marie, habituellement calme, avait pâli en voyant les dégâts qui s’affichaient sur l’écran. Je ne voulais pas trop l’effrayer, mais c’était un gros coup, alors je devais m’assurer qu’elle reste à l’intérieur.

« Si tu dois faire des courses, tu devras les faire avant midi. Nous avons des ingrédients pour le déjeuner, mais pas assez pour le dîner. Mais j’achèterai quelque chose sur le chemin du retour, alors ne t’inquiète pas pour ça. »

« O-Okay. Je vais rester à la maison et lire quelques livres. Sois prudent là-bas, d’accord ? Appelle-moi si quelque chose arrive. » C’était elle qui s’inquiétait pour moi. Mais j’étais habitué aux typhons, et je ne serais qu’un peu mouillé, alors je n’étais pas trop inquiet. J’avais tapoté ses cheveux soyeux en signe de gratitude, et elle avait souri, semblant apprécier.

J’avais fini par enfiler mon costume, Marie m’avait souhaité une bonne journée, et j’étais parti au travail.

Je suis inquiet. J’espère qu’elle va s’en sortir. Je devrais aller la voir plus tard. Ces pensées troublantes traversaient mon esprit alors que je marchais dans le vent puissant. Le ciel au-dessus de moi était complètement noir, et ce n’était pas du tout comme mes matins habituels.

§

Wridra était habituée aux changements de climat.

Ayant vécu si longtemps, elle comprenait mieux que quiconque le pouvoir de la nature. Elle avait vu des gens et des animaux périr sous sa force imparable et savait comment y faire face. À ses yeux, les immeubles d’habitation de Koto Ward étaient aussi sûrs que possible. La zone était bien préparée pour une inondation, et même si des objets étaient projetés en l’air par une rafale, ils ne seraient pas arrivés jusqu’ici.

Cependant, l’elfe assise à la table était vraiment agitée et nerveuse. Il était encore dix heures et peu de temps s’était écoulé depuis que Marie avait commencé à lire son livre. Son attention était tellement attirée par la vue au-delà de la fenêtre qu’elle n’avait pas beaucoup avancé.

Beaucoup considéraient sa maison, la forêt elfique, comme un lieu mystique. Les elfes étaient protégés par la bénédiction des esprits, et ils conféraient à ces derniers des pouvoirs qui leur permettaient d’atteindre une paix supérieure à celle que l’on peut trouver dans un village humain.

Même si Marie avait vécu une centaine d’années, cela ne faisait que quelques années qu’elle avait quitté son village. Sans compter que la région d’Alexei était particulièrement stable en termes de météo. Marie était considérée comme jeune parmi les elfes, et elle n’avait manifestement jamais connu un changement de temps aussi spectaculaire auparavant.

Le ciel s’assombrissait à mesure que le temps passait, et elle s’inquiétait en voyant les nuages devenir de plus en plus denses. Wridra ferma le magazine de voyage d’Izu qu’elle lisait et s’adressa à Marie.

« Le Japon est parfaitement préparé en cas de tremblement de terre ou d’inondation. Ces bâtiments semblent assez stables. Je doute que quelque chose se produise. »

« Oui, je suis sûre que c’est vrai, mais… ne sachant pas ce qui pourrait arriver, je ne peux m’empêcher de me sentir nerveuse. J’ai du mal à rester tranquille. » Wridra avait réfléchi pendant un moment. Il semblait que les typhons étaient assez courants, et même Marie comprenait que ça ne servait à rien d’avoir peur. Mais les espèces proches des esprits s’agitaient lorsqu’elles ne pouvaient pas comprendre les choses avec leurs cinq sens.

Les téléviseurs étaient très pratiques, et l’idée d’observer à distance l’endroit où frappait un typhon était un concept que les habitants du monde des rêves n’auraient jamais pu imaginer. Mais le fait de ne pas pouvoir le voir en personne ne faisait qu’amplifier l’anxiété de Marie, qui avait du mal à avancer dans son livre.

Ainsi, Wridra pensait secrètement qu’il aurait été préférable de l’emmener dehors. Comme Marie ne pouvait pas voir les esprits, il aurait été plus facile pour elle de l’accepter en allant dehors plutôt que de regarder des images. Sinon, elle aurait simplement supposé que c’était quelque chose d’effrayant sans le comprendre.

« Kitase est vraiment surprotecteur avec elle, » pensa l’Arkdragon et laissa échapper un soupir.

« Alors que dirais-tu de te préparer au typhon avec moi ? Par exemple, nous pourrions acheter les ingrédients pour le dîner de ce soir à sa place. »

« Mais il a dit qu’il récupérera… »

« Hm. J’ai le sentiment que le temps va empirer, et que le retour de Kitase sera assez tardif. J’ai entendu dire que ces trains sont assez vulnérables à la pluie et au vent. » Marie se retourna, les yeux écarquillés, et cessa d’essayer de lire son roman. Elle avait réalisé que Kazuhiro pouvait être en plus grand danger qu’elle. Wridra regretta d’avoir mentionné Kitase et s’adressa à la timide petite elfe.

« Même s’il finit par rentrer plus tôt, les restes peuvent être utilisés pour le repas de demain. Tu ne seras pas en danger avec moi. » Marie avait cligné des yeux et avait réfléchi.

L’intuition de Wridra était juste la plupart du temps. En fait, elle ne s’était jamais trompée jusqu’à présent. Elle avait dû se dire qu’il serait préférable d’aller faire du shopping avant l’arrivée du typhon.

Il y avait un portefeuille à la maison, juste au cas où. Marie avait regardé l’horloge sur le mur, se rappelant qu’on lui avait dit de faire les courses avant midi si elle voulait y aller.

Elle avait encore peur des fenêtres tremblantes, mais elle avait fait un petit signe de tête.

Marie avait enfilé un capris et un imperméable, puis elle était sortie et avait fermé la porte d’entrée derrière elle. Elle avait été déçue de voir que son amie portait son pantalon et sa chemise habituels, contrairement à sa propre tenue, tout à fait appropriée au temps.

« Wridra, tu sembles sous-estimer les typhons. Les vents sont si forts qu’ils peuvent arracher les toits des bâtiments ! » Alors même qu’elle réprimandait l’Arkdragon, Marie s’accrochait fermement à la chemise de Wridra et la regardait avec une expression inquiète. Elle avait un regard d’enfant dans les yeux que Wridra trouvait tout à fait adorable.

 

 

« Pourquoi souris-tu ? Hé, ne me tape pas la tête comme un enfant, » protesta Marie.

« Hah, hah, mon corps a bougé de sa propre volonté. Ne t’inquiète pas, j’ai apporté un parapluie. Je suis venue toute préparée, » dit Wridra en montrant son parapluie en plastique. Marie semblait satisfaite et se détourna. L’elfe tendit alors la main vers l’air vide à côté d’elle. Elle avait essayé de tenir la main de Kazuhiro, absent, par habitude.

Wridra avait saisi l’autre main de Marie avant qu’elle ne puisse faire une grimace. On aurait dit qu’elle voulait dire quelque chose, mais son sentiment de mécontentement avait semblé se dissiper lorsque l’Arkdragon avait serré sa main à plusieurs reprises. Marie avait serré la sienne en réponse, comme pour montrer qu’elle allait bien.

« D’accord, alors allons-y. Pour commencer, nous devrons appuyer sur le bouton de l’ascenseur avec précision. Si nous appuyons sur le mauvais, nous serons très embarrassées. »

« Hm, je souhaite également appuyer dessus. Ces boutons sont assez agréables à presser pour une raison inconnue. Sans compter qu’ils s’allument ! » Marie n’avait pas pu s’empêcher de sourire à cette explication trop dramatique. Alors qu’elles avaient des conversations aussi idiotes, Marie se surprenait à commencer à s’amuser.

Il y avait beaucoup d’humidité dans le vent rugissant. Lorsque Marie était sortie de l’ascenseur, elle avait levé les yeux vers le ciel sombre et avait senti l’air. Elle avait alors réalisé que la pluie approchait.

« Dépêchons-nous, les nuages de pluie sont beaucoup plus proches que ce qui était annoncé dans les rapports. » Les deux femmes se dirigèrent vers le supermarché à travers le ciel sombre et un sentiment de malaise, avec le vent dans le dos et l’imperméable de Marie qui battait au vent. Alors qu’elles progressaient régulièrement le long du lit de la rivière, elles étaient tombées sur un spectacle complètement différent de l’habitude.

« Wôw, l’eau de la rivière est si haute. Il doit vraiment pleuvoir fort en amont. »

« Hm, c’est beaucoup plus fort que d’habitude. Le système de contrôle des inondations est assez impressionnant. » Elles pouvaient entendre la rivière rugir bruyamment alors qu’elles marchaient sur le chemin qui la bordait. L’eau était beaucoup plus haute que d’habitude, et il aurait été assez dangereux qu’elles glissent et tombent. Cependant, une rivière qui s’agitait de façon aussi sauvage attirait les regards, qu’elles le veuillent ou non. Sa masse intimidante fascinait aussi bien les humains que les elfes. À ce moment-là, des nuages noirs avaient été aperçus au loin.

« Attends, est-ce que c’était…, » Marie avait glapi en entendant le tonnerre qui avait suivi, serrant involontairement la main de Wridra. Bien sûr, elle avait vu des éclairs à plusieurs reprises durant sa jeunesse. Cependant, c’était la première fois qu’elle était confrontée à un tonnerre provenant de nuages aussi épais. Les cieux grondèrent encore un peu, puis virent un éclair de lumière.

« Kya ! » Marie s’accrocha cette fois au bras de Wridra, puis se rendit compte du changement d’environnement en essayant de se calmer.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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