Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 7 – Chapitre 13

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Chapitre 13 : Voyage à Izu

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Chapitre 13 : Voyage à Izu

Partie 1

Quatre heures du matin…

C’est ce qui était apparu sur l’écran de l’horloge lorsque j’avais appuyé sur le bouton.

J’avais laissé échapper un bâillement. Marie et Wridra étaient, bien sûr, toujours en train de dormir. Elles semblaient plutôt à l’aise, car elles respiraient légèrement dans leur sommeil. J’avais écarté leurs membres de moi sans me retenir, et les deux filles s’étaient roulées sur le ventre.

Il semblait qu’elles allaient dormir encore un moment, et j’avais encore beaucoup de préparation à faire. J’avais décidé de les laisser dormir un peu et je m’étais frotté les yeux en me réveillant.

J’avais marché pieds nus dans le couloir sombre, puis j’avais pris la télécommande de la télévision. La lumière de l’écran éclaira son environnement, et le présentateur de la météo affichait un sourire éclatant malgré l’heure matinale.

« Hm, donc le typhon a dévié loin à l’est. Les pressentiments de Wridra sont vraiment précis. » Le typhon que je craignais s’était éloigné de nous et le temps devrait être ensoleillé. Marie s’en était inquiétée hier, mais j’étais content de voir que ce ne serait pas un problème. Peut-être qu’il n’y aurait pas non plus beaucoup de circulation. J’y avais pensé en commençant à faire bouillir de l’eau.

Alors que j’allumais la cuisinière, une main semi-transparente était apparue derrière moi. Mon cœur avait failli exploser, mais je m’étais calmé. Ces frayeurs ne pouvaient pas être bonnes pour mon cœur, mais Shirley était le bon genre de fantôme. Je ne devrais crier que si l’autre sorte apparaît.

« B-Bonjour, Shirley. N’as-tu pas sommeil ? » Je m’étais retourné et j’avais vu une femme à l’air endormi devant moi. Je n’avais pas réalisé que les fantômes dormaient. Elle s’était couvert la bouche en lâchant un gros bâillement, puis avait pointé du doigt la petite casserole sur la cuisinière, comme pour dire : « Laisse-moi faire. »

« D’accord, alors, occupe-toi de ça. Je vais aller réveiller les autres. Il y a du café instantané dans la bouteille là-bas. Et voici le sucre. N’hésite pas à aussi ajouter du lait. »

Ses yeux bleu ciel fixèrent chacun des objets, puis elle répondit par ce qui aurait pu être un hochement de tête affirmatif… ou peut-être s’était-elle réveillée à nouveau après s’être presque assoupie. Réveiller Marie était une chose, mais réveiller Wridra alors qu’elle dormait profondément, demandait un certain effort. J’avais essayé d’allumer l’éclairage indirect à côté du lit à sa luminosité maximale. Puis, le pied de Wridra m’avait donné un coup de pied aux fesses.

« Aïe ! » Est-ce qu’elle vient de… me donner un coup de pied dans son sommeil ?

Je m’étais frotté les fesses en m’éloignant, mais son pied nu s’était levé et avait pointé dans ma direction comme s’il était doté d’une compétence de visée automatique. C’était mauvais. Pas seulement parce que je pouvais recevoir un coup de pied, mais parce qu’elle était nue sous la fine literie qui couvrait son corps. Ce dernier point était particulièrement dangereux.

Ses clavicules étaient nues, et les monticules galbés de sa poitrine empêchaient la couette de glisser vers le bas. Et ses cuisses… Non, je ne pouvais pas regarder. Pourtant, elle me donnait des coups de pied avec une précision étonnante, donc c’était une épreuve.

Réveiller les filles avait ainsi été un vrai combat. J’avais fini par être suspendu à l’envers par la queue du dragon. On dit que c’est l’oiseau qui se lève tôt qui attrape le ver, mais j’aurais simplement souri à celui qui avait inventé cette phrase et je lui aurais dit d’essayer par lui-même.

§

Le sable crissait sous les pneus alors que je commençais à conduire lentement la voiture.

Il faisait encore nuit dehors, donc il n’y avait pas beaucoup de voitures sur la route. Les phares montraient que l’asphalte était encore humide, probablement à cause du typhon qui avait changé de direction.

Notre sac de voyage était dans le coffre, et notre bento avait déjà été préparé hier soir. J’avais dit aux autres dans le monde des rêves que nous allions prendre une longue pause, et que nous ne faisions que suivre pour le plaisir, donc ce n’était pas comme si quelqu’un avait le droit de se plaindre.

Pourtant, Doula nous avait mis la pression sans rien dire.

Je savais qu’elle était une personne gentille qui se souciait de ses subordonnés, mais je pouvais dire qu’elle n’était pas heureuse que nous nous défilions à mi-chemin. Je veux dire, elle semblait calme, mais il y avait quelque chose de glacial dans sa façon de parler…

Son équipe l’appréciait, et elle semblait être la supérieure idéale à mes yeux. Elle était capable de travailler, d’assurer le suivi de ses tâches et de toujours produire des résultats. Si elle avait travaillé dans mon entreprise, j’aurais pu rester tard, même si je détestais travailler après les heures de bureau.

Bien que Borlax Doudou ne soit après tout pas le maître des lieux, les monstres de la zone avaient tous disparu après que nous ayons pris le contrôle de la grande salle. La question des démons s’était éclaircie avec le temps, et il semblait possible de réparer le lien de communication de nos outils magiques. Nous devions encore nous réapprovisionner, donc les équipes allaient probablement retourner à leur base et se reposer un moment.

Le visage de Doula était devenu rouge quand Zera avait dit : « Nous devrions aussi nous détendre pour l’instant. » Je m’étais demandé de quoi il s’agissait.

Doula était étonnamment troublée lorsqu’elle avait répondu, « Oui, tu as peut-être raison, » et ses hommes avaient tous applaudi, mais… J’avais décidé de ne pas y penser. Maintenant que j’y pense, ils avaient dit quelque chose à propos de faire des enfants. C’est donc pour ça qu’elle ne s’était pas plainte de nos projets de voyage.

J’avais allumé mes clignotants, et ma voiture avait lentement tourné vers l’autoroute. C’était très calme, et les seuls bruits étaient ceux des voitures qui passaient sur la voie opposée. Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait de balade matinale, mais ma somnolence avait complètement disparu.

Nous laissions Tokyo derrière nous, en direction d’Izu. Mes passagers dormaient à poings fermés, mais il me semblait que la bataille acharnée de l’autre jour avait laissé une pénalité sur elles. Même Shirley se frottait les yeux d’un air somnolent après le combat.

J’avais réajusté la couverture qui était tombée des genoux de Marie alors que nous étions arrêtés à un feu rouge. Ses longs cils et ses sourcils bien formés feraient probablement l’envie de toutes les filles de son âge. En fait, les filles de son âge seraient plus âgées que mon grand-père.

Hmm… Elle est adorable. Si je n’avais pas été au volant, j’aurais adoré prendre une photo. J’avais pris une gorgée de café chaud et j’avais expiré. Dans le rétroviseur, je pouvais voir que Shirley n’était pas complètement réveillée après tout. Elle s’accrochait à mes épaules, s’assoupissant avec son corps semi-transparent.

« Shirley, tu pourrais me hanter si tu as sommeil. Ce ne serait pas plus facile pour toi ? »

Ses yeux bleus ciel me fixaient en somnolant, et elle m’avait fait un léger signe de tête. Elle s’était glissée dans mon corps, puis l’ancienne maîtresse d’étage s’était lentement endormie. Je pouvais sentir son soulagement, comme si elle venait de trouver un endroit chaud et accueillant pour dormir, et cela me rendait heureux.

Oui, j’étais heureux. Le simple fait de regarder Marie et les autres me remplissait de joie. J’étais sûr qu’elles allaient recommencer à faire du bruit à leur réveil, mais ce serait amusant à sa façon.

J’avais pris le café, puis je m’étais arrêté. J’avais Shirley en moi maintenant, je ne pouvais pas boire quelque chose qui me réveillerait. Je devais laisser tomber pour l’instant, mais j’avais réalisé que ma bouche s’était recourbée en un sourire. Il semblait que j’étais très excité par le voyage à Izu.

Le ciel sombre avait commencé à s’éclaircir, lentement, depuis l’est.

Nous avions quitté la maison assez tôt, mais Obon étant la période la plus chargée de l’année, il était inévitable que les rues soient bondées. J’avais observé la circulation et j’avais décidé que nous aurions probablement beaucoup de temps pour faire du tourisme avant d’arriver à l’hôtel. Mais comme nous avions évité ce typhon, l’autoroute était beaucoup plus ouverte que je ne le pensais.

J’avais entendu dire qu’il y aurait du monde vers sept heures, donc nous avions encore du temps pour voyager. Cela signifiait que nous arriverions probablement à notre destination plus tôt aussi. Peut-être pourrions-nous faire un détour avant d’aller au parc Banana Wani que Marie attendait avec impatience.

Alors que je tambourinais le volant avec mes doigts, quelqu’un s’était réveillé lentement, comme s’il luttait encore contre la somnolence. La luminosité était devenue totale, et seule la banquette arrière avait des rideaux pour filtrer la lumière du soleil. Marie avait dû être réveillée par cette lumière.

Elle avait frotté ses yeux violets, puis ils s’étaient ouverts lentement.

Elle avait dû être surprise par l’autoroute à trois voies qui ne lui était pas familière. Il y avait un long tronçon de murs pour l’isolation sonore, avec des lumières placées à un intervalle déterminé. Marie les fixa un moment, jeta plusieurs fois un regard en avant et en arrière, puis s’étira. Un instant plus tard, elle bâilla.

« As-tu bien dormi ? Nous avons encore du chemin à faire, alors tu peux te reposer pour l’instant, » avais-je dit.

« Je suis désolée, je me suis endormie profondément. Je ne me souviens même pas m’être changée. » Elle était à moitié endormie quand elle s’était changée. C’était probablement pour cela qu’elle avait mal fait ses boutons, ce qu’elle était en train de corriger.

« Ce doit donc être l’autoroute. Cette vue inhabituelle m’a réveillée. Es-tu sûr que ça ne te dérange pas de conduire plus vite que d’habitude ? »

« J’aurais aimé prendre mon temps sur un trajet tranquille, mais il y a une vitesse minimale à respecter sur cette route. Ils vous font payer parce que c’est beaucoup plus rapide, mais nous allons bientôt aller beaucoup plus lentement une fois que la route sera plus encombrée. On est juste à côté en ce moment. As-tu appris à te servir de ça ? »

Sur ce, j’avais sorti mon smartphone de ma poche de poitrine et l’avais tendu à Marie. Grâce à l’application de navigation, je pouvais faire des balades en voiture sans avoir recours à des appareils GPS coûteux. Il n’avait pas toutes les fonctions de navigation, mais ce n’était pas comme si nous faisions des balades en voiture tout le temps, alors ça ne me dérangeait pas.

« Kanagawa-ken, Ebina-shi… ? Comme c’est pratique, notre emplacement apparaît sur la carte. Quand je suis arrivée au Japon, je pensais que ce pays utilisait la magie à coup sûr. Je ne pensais pas qu’il n’y avait pas de magie du tout ici. »

« Ouaip, la magie n’existe que dans la fiction et le monde des rêves. Mais c’est intéressant que nous comprenions tous ce qu’est la magie. » Il semblerait que j’avais réussi à piquer un peu sa curiosité. Ses yeux violets s’étaient illuminés, et elle avait doucement posé sa main sur ma cuisse. Elle était assez chaude, car elle venait de se réveiller, et sa jolie voix résonnait avec un léger accent elfique. Oh, comme j’aimais cette voix.

« Oui, et les esprits et les monstres sont aussi connus ici. N’est-ce pas un peu comme si nos mondes étaient connectés d’une certaine manière ? »

« Hm, intéressant. S’ils sont connectés, je me demande pourquoi. Il n’y a pas beaucoup de gens dans les deux mondes qui le savent, mais peut-être qu’ils sont liés à un niveau fondamental d’une manière ou d’une autre. » Cela m’avait fait tellement plaisir de parler à Marie que j’avais formulé ma question de manière à attirer son attention. Ses yeux s’étaient illuminés encore plus, et j’avais failli les fixer pendant que je conduisais.

« Bien que, tout cela pourrait être juste une coïncidence. »

« Le penses-tu vraiment ? Tant que nous reconnaissons les similitudes entre nos mondes, et puisque nous sommes capables de voyager entre eux, je pense qu’il y a une sorte de terrain d’entente. Peut-être qu’il y a une sorte de dieu puissant qui les relie, » déclara Marie sur le ton de la plaisanterie, puis elle regarda la banquette arrière. Je m’étais dit qu’elle cherchait à boire, alors j’avais montré mon sac, et elle m’avait remercié.

***

Partie 2

« Un dieu, hein ? Ça a l’air grandiose. »Les gens avaient tendance à chercher du réconfort auprès des dieux, dans ce monde aussi. Ils pouvaient accorder des pouvoirs de guérison dans l’autre monde, mais une chose que les deux mondes avaient en commun, c’est que nous ne pouvions pas communiquer directement avec les dieux. Je m’étais soudain souvenu de l’autre passager. La maîtresse d’étage endormie, Shirley, ne parlait jamais à voix haute. Elle communiquait par son comportement doux et ses gestes amusants, et je m’étais demandé pourquoi elle ne disait jamais rien.

L’autoroute avait continué, baignée par la lumière du soleil. La route était un peu humide, mais elle allait s’assécher au fur et à mesure que nous roulions. Marie avait versé le contenu de la gourde dans une tasse, et l’odeur agréable des feuilles de thé avait envahi la voiture.

« Si je pouvais parler aux dieux, je suis sûre que les gens du monde entier m’envieraient. Doula m’a dit un jour qu’ils chantent leurs hymnes pour plaire aux dieux… mais personne ne sait s’ils leur plaisent vraiment. Ils peuvent même les trouver ennuyeux. Il y a beaucoup de personnes impliquées avec les dieux. Probablement plus que ce que nous pouvons imaginer. » Sur ce, Marie avait pris une gorgée de thé chaud. Ses lèvres aux couleurs vives étaient courbées en un sourire, et elle semblait apprécier la conversation comme moi. Mais il semblait y avoir quelque chose d’autre derrière son sourire.

« Je dis que ce n’est pas grave si nos mondes se mélangent un peu. Au moins, je suis contente qu’ils l’aient fait. C’est tellement agréable que tu sois toujours là quand je me réveille. »

Marie, tu vas me faire sourire si tu dis des choses comme ça.

Mais Marie semblait apprécier ma réaction, et elle gloussait en me regardant avec ses yeux violets pâles. Pour être honnête, elle était bien trop adorable.

Marie avait fouillé dans le sac et en avait sorti quelque chose d’autre. C’était un morceau de tissu coloré, qu’elle avait utilisé pour couvrir ses cheveux sur le siège passager. Puis, ses oreilles d’elfe avaient disparu, et son expression m’avait montré qu’elle appréciait ce voyage au Japon du fond du cœur.

C’était vraiment bien d’avoir quelqu’un à qui parler. L’autoroute n’était qu’un long tronçon de la même vue, ce qui m’avait donné un peu de somnolence. Bien que, dans mon cas, je ne m’endorme jamais une fois que j’ai décidé de rester debout. Marie avait souri.

« Ce voyage à Izu est très spécial pour moi. Héhé, nous serons bientôt au parc Banana Wani. Je suis sûr que ces mignons alligators me feront signe une fois que nous serons là-bas. Oh, je ne peux pas attendre ! »

Euh… Les alligators ne vont probablement pas te faire signe. Ce n’est pas comme si nous étions dans le monde des rêves… Bien qu’ils ne nous feraient pas signe non plus là-bas. En fait, je me souviens d’hommes-lézards qui me faisaient signe.

Alors que je me débattais pour trouver quoi dire, j’avais senti quelque chose de doux se presser contre ma joue avec un bruit de bécotage. Une odeur douce et féminine était restée, et Marie avait frotté ma joue avec son pouce. Quand j’avais réalisé ce qu’était cette sensation, mon cœur s’était mis à battre plus vite.

« Bonjour, Kazuhiro-san. C’est une belle matinée, n’est-ce pas ? » Cette voix que j’aimais tant avait murmuré, et j’avais senti son souffle chaud sur mon oreille. Non seulement mon cœur battait plus fort, mais je me sentais devenir plus chaud, et ma bouche s’était desserrée en un sourire.

Marie avait gloussé, mais elle semblait avoir baissé sa garde. Quand elle avait regardé la banquette arrière tout à l’heure, elle avait dû voir Wridra profondément endormie. C’est pourquoi elle pensait que Wridra ne la verrait pas, mais ses yeux s’étaient agrandis lorsque Shirley était sortie de mon corps.

Même une fille brillante comme elle ne pouvait pas remarquer le fantôme qui me hantait. Marie avait sursauté, les yeux écarquillés, et Shirley s’était frotté la joue d’un air perplexe. Elle avait ensuite incliné la tête comme pour demander : « Qu’est-ce que c’était à l’instant ? » et c’est Marie qui était devenue toute rouge cette fois-ci.

 

 

« C-C’est rien ! Écoute. C’était juste une sorte de salutation. C’est ce que les gens font le matin. C’est tout à fait normal au Japon, d’accord ? C’est normal ! »

D-D’accord… C’était un peu exagéré. Mais cela avait mis fin aux taquineries de Marie, et Shirley s’était finalement réveillée et elle avait quitté mon corps. Maintenant, je pouvais me réveiller avec plus de café, alors j’avais pris ma tasse qui était devenue froide.

Shirley était réveillée maintenant, et sa peau devenait lentement plus opaque. Elle semblait avoir compris l’explication de Marie, et elle avait mis une main sur le menton de l’elfe, avait incliné sa tête vers le haut et l’avait embrassée sur la joue.

J’avais recraché mon café.

Marie était devenue de plus en plus rouge et elle tremblait. On aurait dit qu’elle n’avait rien vu venir. Pendant ce temps, Shirley semblait apprécier la douceur de la joue de Marie et continuait à faire des bruits de baiser. C’était suffisant pour me réveiller en sursaut.

Alors que Marie criait, la dragonne endormie s’était finalement réveillée.

« Fwaaah… Hm ? Vous êtes aussi bruyants que d’habitude…, » dit Wridra en s’étirant, puis en nous jetant un regard exaspéré. Elle était probablement sur le point d’être la prochaine cible, alors je m’étais dit que ce serait elle qui crierait dans une minute.

« Gah ! » Une voix avait crié peu après, mais les résidents du monde fantastique allaient bientôt arriver à Odawara. Les choses allaient devenir folles une fois que ce serait fait, car nous aurions une belle vue sur la mer. Les filles étaient excitées comme prévu, mais je souriais pour une raison inconnue.

La voiture roulait lentement sur la rocade de Seishou.

On pouvait voir le chemin de fer en pente douce au-dessus de nous, et mes passagères s’étaient toutes pressées contre la fenêtre, s’émerveillant du design tridimensionnel. Alors qu’elles regardaient vers l’avant, un véhicule bleu avait traversé la route devant eux.

« Oh, oh, regardez ! Un shinkansen ! On est déjà monté dans un de ces trains. J’étais sur le siège spécial côté fenêtre, bien sûr. Ils sont très rapides, mais tellement confortables. Les voitures tirées par des chevaux sont nulles en comparaison. »

« Arrête ça, Shirley ! Ne passe pas ta tête par la voiture dès que tu trouves quelque chose d’intéressant ! Les gens vont se rendre compte que tu es un fantôme ! Kitase, tu aurais dû lui apprendre les règles de ce monde pendant que je dormais, espèce d’idiot ! »

Aha, je n’avais pas vraiment le temps pour ça. Je ne pensais pas que Shirley serait bien plus dangereuse que l’Arkdragon sauvagement imprévisible ou l’elfe trop curieuse. J’avais baissé ma garde parce qu’elle était si calme. Mais je m’étais dit que la colère de Wridra se calmerait bien assez tôt. La route s’inclinait progressivement devant nous, et des paysages colorés devaient nous attendre.

Marie regarda par la fenêtre et sursauta légèrement lorsqu’elle vit la vue. Ayant grandi et appris la magie dans la forêt elfique et la région d’Alexei, c’était la première fois qu’elle voyait un tel spectacle.

« Wow, wow, wow ! La… la mer ! Regarde, regarde, c’est la mer !? » Marie était adorable en faisant des allers-retours entre moi et la fenêtre. Je ne pouvais m’empêcher de sourire en la voyant avec la lumière du soleil qui l’éclairait, encadrée par l’horizon en arrière-plan.

Quand quelqu’un allait voir cette vue pour la première fois de sa vie, je devais m’assurer qu’il la chérissait. En y repensant, mon grand-père avait fait la même chose pour moi.

Heureusement, il faisait beau et nous avions pu arriver ici sans être pris dans les embouteillages. J’avais apprécié le fait que cela valait la peine de se lever tôt. Alors que je prenais une gorgée de café, nous étions passés devant le mur qui obstruait notre vue, et la fenêtre de gauche avait été remplie d’un horizon bleu.

« Wooow ! C’est la mer ! Si grande ! »

« Hm, c’est assez extravagant de leur part de construire une route le long de la côte. Le ciel et la mer sont d’un bleu magnifique. Hah, hah, ça va être très agréable, » fit remarqué Wridra.

Cette vue était la raison pour laquelle ce chemin était si populaire. Mais je passais la plupart de mon temps à l’intérieur, alors je ne sortais presque jamais pour conduire.

Aujourd’hui, nous allions prendre notre temps en longeant la côte. On pouvait voir la vaste étendue de la mer sur la gauche, et une verdure éclatante remplissait notre vue sur la droite. Grâce au temps clair après le passage du typhon, nous avions pu profiter pleinement de cette vue.

Les filles étaient plaquées contre les fenêtres, et lorsque je les avais baissées, le vent humide avait soufflé dans la voiture. Le vent légèrement salé faisait voler leurs cheveux dans toutes les directions, et elles riaient joyeusement.

« Nos vacances en mer commencent ici. C’est peut-être la première fois que tu vois cette vue, mais comment est-ce, Shirley ? »

Elle avait pointé l’horizon, puis avait fait la forme d’un zéro avec ses doigts dans le rétroviseur. Je connaissais déjà la réponse en voyant son sourire, et Marie avait ri en disant : « C’est bien ce que je pensais. » J’espérais qu’elles profiteraient encore un peu de la vue.

Même les yeux de Wridra étaient remplis de joie, mais l’Arkdragon pouvait voler, alors je m’étais dit qu’elle était déjà habituée à voir cette vue. Alors que je considérais cela, elle avait tourné ses yeux noirs vers moi.

« Hah, hah, dans mon cas, le vol était simplement un moyen de déplacement pour moi. Considère ceci. Le simple fait de me voir voler fait naître la peur dans le cœur des humains. J’étais enfermée dans ma tanière parce que je les trouvais ennuyeux à gérer, alors c’est la première fois que je le regarde depuis le rivage, et encore moins en voiture. » Elle avait rétréci ses yeux en souriant joyeusement, ce qui lui donnait l’air d’un chat amical. Ses cheveux noirs lustrés étaient aussi secoués par le vent, mais elle ne semblait pas s’en soucier du tout.

« Oh, oh, c’est si grand ! C’est exactement comme dans les livres, mais ça n’a rien à voir avec les livres ! Dis, je peux aller dehors et regarder ? J’ai lu qu’on pouvait entendre le bruit infini des vagues qui s’écrasent ! »

« Ouais, on dirait qu’on va arriver tôt, alors pourquoi ne pas s’arrêter à ce magasin de souvenirs ? Oh, on dirait qu’ils vendent des manju. Qu’est-ce que vous en pensez ? »

« C’est parti ! »

Même Shirley avait fait la moue avec les autres filles, ce qui m’avait fait sourire d’une oreille à l’autre. Je n’avais pas pu m’empêcher d’éclater de rire quand je les avais vues toutes les trois se comporter comme des sœurs. C’était étrange à voir, étant donné qu’elles étaient une elfe, une dragonne et un ancien maître d’étage.

J’avais fermé la porte derrière moi et j’avais laissé échapper un « Whoa ! » quand j’avais contemplé la vue. Mon corps s’était dirigé de lui-même vers les clôtures derrière le parking. Juste au-delà, il y avait le ciel d’été et une vue de la vaste mer scintillant sous le soleil.

***

Partie 3

On pouvait entendre les vagues se précipiter contre les rochers en contrebas, et on pouvait voir de l’écume blanche quand je regardais depuis la clôture. Il y avait un peu de vent aujourd’hui, et Marie se tenait debout avec une main tenant l’ourlet de sa robe et l’autre tenant ses cheveux.

Elle regardait le spectacle sans dire un mot. Pourtant, d’une manière ou d’une autre, je sentais qu’elle trouvait ce moment gratifiant. Elle avait vécu en tant qu’elfe, sorcière et utilisatrice d’esprit pendant longtemps, mais elle n’aurait pas pu connaître cette vue sans une sorte de miracle. Elle se tenait debout avec le large horizon devant elle, et ses yeux brillaient comme des pierres précieuses lorsqu’elle s’était retournée.

« Héhé, regarde-moi ça. Je suis enfin venue visiter la mer. » La vision fantastique de son sourire éclairé par le soleil du matin m’a rempli de joie. Mais de son point de vue, mon visage avait probablement juste l’air endormi comme d’habitude.

Je m’étais approché de Marie, et elle avait naturellement pris ma main comme d’habitude. Sa peau douce contre la mienne, j’avais remarqué que le bout de ses doigts était un peu froid. Ses cheveux blancs dansaient dans le vent tandis qu’elle gloussait à côté de moi.

« Je suis sûre que les autres elfes auraient été choqués s’ils avaient appris que j’étais arrivée à la mer juste après avoir passé du temps dans les déserts d’Arilai. Ils auraient été tellement surpris que je pourrais imaginer leurs oreilles pointées vers le haut. »

« Je suis sûr qu’ils seraient tout aussi surpris s’ils apprenaient tout ce que tu as fait dans le labyrinthe antique. Ces explosions après que nous ayons passé l’issue de secours m’ont donné des frissons. »

« Oh, c’est malheureux. Cela signifie-t-il que tu n’as pas fait confiance à mes compétences en tant que sorcière spirituelle ? Je connaissais les distances exactes avec lesquelles je travaillais, et j’ai fait des ajustements pour que tu ne sois pas blessé. »

Et voilà le résultat ! ? J’avais failli le dire tout haut, mais en y réfléchissant, personne n’avait été blessé. Cependant, la chaleur m’avait brûlé les cheveux et j’étais tombé, alors ce n’est pas comme si tout s’était passé sans heurts. Puis, j’avais remarqué que Marie gloussait, et j’avais vu ce regard malicieux dans ses yeux.

« Parfois, j’ai juste envie de voir ta tête surprise. C’est tellement drôle, tu sais ? »

« UAgh, donc tu l’as conçu pour être risqué. Je savais que quelque chose n’allait pas. Puseri était avec moi à ce moment-là, mais elle a filé sur son cheval et m’a laissé derrière. »

En entendant cela, les yeux de Marie s’étaient écarquillés un instant, puis elle s’était serrée les côtes dans un éclat de rire. Elle avait dû s’imaginer mon visage pathétique, mais Eve et moi étions plutôt pâles à ce moment-là, alors je ne pouvais pas le nier. En la voyant rire si joyeusement, j’avais commencé à me demander si nous étions vraiment ensemble.

Une fois qu’elle eut fini de rire, Marie regarda à nouveau la mer, sa jupe flottant au vent.

« Il y a beaucoup de vent aujourd’hui. C’est peut-être à cause du typhon qui est passé. » Le vent de la mer était assez agressif, et il dégageait une odeur étrangement primitive. Même si c’était complètement différent, il y avait quelque chose qui me rappelait le labyrinthe antique.

« J’ai entendu dire que ça devrait se calmer dans l’après-midi. Pour une raison inconnue, le bulletin météo de Lady Arkdragon est toujours très précis. Pour être honnête, je me suis demandé si nous devions ou non reporter le voyage. Je suis vraiment reconnaissant envers elle. »

J’avais jeté un coup d’œil sur le côté pour voir Wridra nous faire un signe de paix. Elle était la dernière de l’équipe Améthyste à se réveiller, mais on ne peut pas nier qu’elle était la plus grande contributrice au voyage d’Izu. Il semblerait qu’elle était bien réveillée maintenant, et ses bottes avaient fait crisser le sable alors qu’elle marchait vers nous.

« Haha, haha, comme c’est étrange de voir un humain montrer de la reconnaissance à un dragon. Cependant, j’ai entendu dire qu’il n’est pas rare que nous soyons vénérés comme des dieux dans ce pays. Dans ce cas, il serait naturel que vous me fassiez des offrandes. »

Wridra avait jeté un coup d’œil au vendeur au loin, ce qui m’avait semblé signifier qu’elle voulait de la nourriture savoureuse. Elle avait raison de dire que de nombreux sanctuaires vénéraient les dieux dragons, mais je me demandais si certains de ces dragons étaient aussi gloutons qu’elle. J’avais froncé les sourcils à cette idée, mais un tel dragon existait juste en face de moi, alors il était inutile d’y penser. Puis, j’avais remarqué que Wridra avait l’air malheureuse pour une raison quelconque.

« Cette clôture est dans le chemin. Elle gâche le paysage. »

« Tu sais, il y a un célèbre point de vue à Izu. Nous sommes sur le point d’aller dans cette direction, et nous verrons le parc Banana Wani si nous roulons un peu plus. »

Marie semblait excitée d’entendre cela, et Shirley inclina la tête avec curiosité au son de « Parc Banana Wani ». En y repensant, nous l’avions emmenée sans lui donner beaucoup d’explications. Je me souviens lui avoir demandé en passant si elle voulait nous accompagner à Izu alors que nous étions sur le point de nous endormir au deuxième étage. Il va sans dire qu’elle avait sauté dans mon corps comme pour dire, « Je veux y aller ! »

« C’est une sorte d’endroit sauvage, plein d’animaux et de verdure. Au fait, les bananes sont ces fruits tropicaux savoureux et sucrés, et “wani” signifie “alligator” en japonais. Ils sont, euh… un peu comme des lézards de feu. »

« Hah, hah, espèce d’idiot. Ta comparaison est complètement à côté de la plaque. Maintenant, dépêche-toi de nous emmener dans cet endroit avec vue. Après avoir acheté ces confections de manju, bien sûr. »

C’était une bonne chose que nous soyons partis tôt pour éviter le trafic. Cela nous avait donné plus de temps pour nous arrêter dans ces boutiques, et nous n’avions pas eu à lutter contre l’envie d’aller aux toilettes. Nous avions donc acheté des boissons et du manju et nous étions retournés immédiatement à la voiture.

C’était agréable de voir de nouveaux sites et de faire des choses que nous ne faisions pas habituellement.

Les filles avaient applaudi et chanté ensemble dans la voiture. Elles avaient chanté une chanson de pique-nique pour enfants, et elles avaient une règle adorable où elles devaient imiter les animaux lorsqu’ils étaient mentionnés dans la chanson.

« Lalalala, et M. Chèvre aussi ! » Marie avait fait un bruit de chèvre en même temps que la chanson, et mon visage était dangereusement près de faire un grand sourire. Ses cheveux blancs et raides et sa robe aérienne en une pièce la faisaient ressembler à une adorable biche à mes yeux.

La mer, brillante et majestueuse, s’étendait devant nous, et la circulation n’était pas aussi mauvaise que je l’avais prévu. J’avais pu profiter du temps estival et de l’air salin à travers les fenêtres en écoutant les jolis chants des filles.

« Lalalala, et M. Vache aussi ! » Mais quand Wridra avait imité une vache qui meugle… Désolé, j’avais essayé, mais je ne pouvais plus me retenir. Au moment où j’avais éclaté de rire, elle avait enfoncé un manju dans ma bouche en représailles.

Mm, doux et savoureux.

Des rires et des applaudissements joyeux avaient suivi une fois la chanson terminée, et notre voiture était entrée dans un tunnel. Une fois que nous aurions traversé le tunnel, la côte de Jogasaki serait juste là.

§

Les bâtiments résidentiels de ce quartier étaient complètement différents de ceux de la ville. Les maisons de style pension se démarquaient ici, et il y avait beaucoup plus de magasins destinés aux vacanciers.

J’aimais bien l’atmosphère de loisir. Nous étions sortis de la voiture après nous être arrêtés sur un parking de taille modeste, et j’avais ressenti l’air paisible des lieux touristiques ainsi que la brise marine. Marie semblait ressentir la même chose et elle s’était approchée de moi en sautillant.

« Nous sommes enfin arrivés ! J’ai mal au dos. »

« Vas-tu bien ? Je sais que c’est la première fois que tu montes dans une voiture depuis si longtemps. » Nous nous étions mis à côté l’un de l’autre et avions étiré nos membres. Mon dos avait fait un bruit de craquement après toute cette conduite.

Il n’y avait pas beaucoup de touristes, car il était encore huit heures du matin, et la plupart des gens autour de nous étaient venus en famille. Mes compagnons avaient certainement attiré beaucoup d’attention. Elles avaient attiré beaucoup de regards simplement en marchant, mais cela ne semblait pas les déranger, alors j’avais décidé de ne pas y penser non plus. J’avais jeté un coup d’œil de mon côté pour voir Marie tendre les deux mains en l’air, et mon cœur avait fait un bond dans ma poitrine en voyant ses aisselles lisses.

« Oh, regarde ! Ça ressemble à un joli chemin pour se promener. Je me demande où il mène ? » Ses yeux étaient pleins de curiosité alors qu’elle fixait le chemin, et nous avions naturellement commencé à marcher dans cette direction. Ce qui attendait les filles était une surprise pour une fois que nous étions arrivés.

Les bois étaient pleins d’arbres et principalement constitués de pins noirs. Avant de nous en rendre compte, nous étions complètement à l’ombre des arbres. Mais le chemin était un peu différent de ceux de la campagne, avec de temps en temps une brise de mer agitée et des aperçus de la mer bleue entre les arbres. Marie semblait apprécier ces vues inconnues, et elle regardait tout autour d’elle en me parlant.

« Le chemin est pavé, mais il est toujours un peu cahoteux. Fais attention à ne pas trébucher, d’accord ? » Marie avait l’habitude d’agir comme une grande sœur parfois. Ça faisait chaud au cœur de le voir, mais c’était elle qui s’accrochait à moi. Marie avait regardé sa propre main tenant la mienne et avait semblé confuse pour une raison quelconque.

« Oh, je n’avais même pas remarqué que je te tenais la main. Depuis quand est-ce ainsi ? »

« Hm, c’est une question difficile. Je pense qu’il serait plus facile de se rappeler quand tu as lâché prise. »

« Je suppose que tu as raison, » avait dit Marie, et elle avait souri alors que nous continuions à marcher en cette matinée tranquille.

De petites fleurs poussaient le long de notre chemin, et j’avais considéré que c’était l’itinéraire parfait pour une belle promenade. En continuant à marcher tout au long du chemin, la fatigue de la longue route s’était pratiquement envolée.

« Ah, la vue est si belle quand il fait clair dehors. En tant qu’elfe, on m’a traitée d’étrange parce que je lisais tout le temps, mais j’aimais quand même me promener tous les matins, alors j’ai cru devenir folle quand j’ai déménagé à Alexei. »

En y repensant, elle semblait toujours de mauvaise humeur lorsque je la retrouvais là-bas. Je me souviens qu’elle disait qu’elle en avait assez que sa chambre sente le noinoi bouilli, un légume qui ressemblait beaucoup aux oignons.

***

Partie 4

« Dernièrement, nous nous sommes promenés sur le chemin près du lit de la rivière et à travers le deuxième étage. C’est aussi vraiment agréable de se promener dans des endroits comme ceux-là. » J’avais hoché la tête en signe d’accord. J’aimais explorer le monde des rêves depuis que j’étais jeune, et la marche faisait partie intégrante de mon quotidien. Le sentiment de paix que l’on ressent en regardant les plantes indigènes à chaque région et en voyant les animaux qui y vivent était quelque chose qui pouvait être apprécié par les elfes et les humains.

« Bien que, dans mon cas, ce n’est que récemment que j’ai pris conscience des charmes du Japon, » avais-je dit.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? À t’entendre, on dirait que c’est moi qui t’ai invité ici. Héhé, tu es si étrange, » déclara Marie en riant, mais elle avait raison. Dans mes souvenirs d’avoir vu des cerisiers en fleurs un jour de semaine, d’avoir fait une excursion aux sources chaudes et d’être retournée à Aomori, Marie était toujours là. C’était comme si nous étions complètement opposés. Je menais Marie par la main dans le monde des rêves, tandis que Marie me menait par la curiosité ici au Japon. Peut-être avons-nous vu les charmes du monde de l’autre parce que nous pensions que l’herbe était plus verte de l’autre côté.

Le chemin négligemment pavé était assez cahoteux, avec de nombreuses montées et descentes, car il avait été conçu sans beaucoup aplanir la forme naturelle du sol. De ce fait, Marie s’essoufflait peu à peu et tomba dans le silence. Bien que son sang elfique fasse d’elle une bonne marcheuse, elle n’avait pas beaucoup d’endurance en tant que sorcière spirituelle.

Peut-être que ce chemin avait été fait intentionnellement comme ça. Cette pensée m’était venue lorsque nous avions atteint le sommet de la pente et que la brise marine nous avait étreints.

On entendait le bruit des vagues qui s’écrasaient, et la vaste mer emplissait notre vision. Marie avait haleté lorsqu’une rafale était passée et que les vagues s’étaient écrasées contre les rochers, l’ourlet de sa robe flottant au vent.

« C’est si joli… Le mélange complexe de différents bleus me donne l’impression de regarder une sorte de peinture. » Sa voix sonnait comme un rêve à mes oreilles.

La mer japonaise était assez agréable. Elle avait l’air majestueuse, et il y avait une grandeur qui faisait allusion à la taille de cette terre et au fait qu’il y avait des mondes encore plus grands au-delà. Nous étions restés immobiles pendant un moment, essayant de comprendre ce que nous voyions. Il y avait une telle surcharge d’informations que nous ne pouvions pas les traiter, et nous nous étions contentés de fixer les profondeurs colorées de la mer. À la fin, mon cerveau avait trouvé un mot simple : beau. Marie avait gardé son regard fixé sur la mer qui était aussi brillante que le ciel et avait parlé faiblement.

« Je suis tellement contente d’être venue. C’est vraiment une vue que tout le monde devrait voir au moins une fois dans sa vie. »

« Je pense qu’il est un peu trop tôt pour dire ça. Notre voyage ne fait que commencer, et il y a encore beaucoup à voir. » Marie s’était lentement retournée. Son expression me disait qu’elle avait tiré quelque chose de cette expérience. Elle avait replacé les cheveux qui se balançaient dans le vent et avait rapproché ses épaules nues de moi.

« Je me demande si le vent est si fort à cause du typhon. Continuons. Je veux voir ce qu’il y a d’autre. »Et finalement, la jeune elfe s’était remise à marcher.

Les chemins le long de la mer étaient l’un des points forts de Jogasaki. La magnifique mer bleue occupait la majeure partie de mon champ de vision, mais le sol était pauvre, car il se trouvait sur un plateau de lave. Pourtant, comme il y avait beaucoup de lumière du soleil, les plantes étaient sorties victorieuses de ces conditions défavorables.

Nous avions parcouru le chemin entouré de plantes, appréciant le contraste entre la verdure, les rochers et la mer ornée de pins noirs. Les vagues frappaient constamment les rochers noirs à pic, et nous nous perdions à les regarder passer du bleu marin au blanc platine.

« Les couleurs sont si jolies. C’est comme de l’aigue-marine qui fond dans l’eau. »

« J’ai entendu dire que cette pierre précieuse signifie “eau de mer”. Au fait, je crois qu’il y a une autre place devant, Marie, » avais-je dit en me retournant, puis j’avais réalisé que nous avions laissé Wridra et Shirley derrière nous. Je ne savais pas si elles gardaient leurs distances par égard pour nous ou parce qu’elles réfléchissaient à la manière d’aménager le deuxième étage.

Nous avions continué à suivre le chemin en courbe douce, et notre destination était apparue lentement. Le pont retenu par des fils était suspendu à un affleurement rocheux et soutenu par des poteaux bruns d’apparence robuste. Ici, nous pouvions voir la mer sous nos pieds en plus du paysage qui s’offrait à nous.

Il faisait cinquante mètres de haut et était sécurisé par des fils, mais il offrait une excellente vue sans que rien ne bloque le passage. Le panneau indiquait : « Pas plus de cent personnes à la fois sur le pont, » ce qui avait l’air plutôt effrayant. Je m’étais placé devant le pont pour que Marie ne puisse pas le voir. Sinon, nous aurions peut-être dû faire demi-tour.

« Ah, un pont suspendu ! Hm, ça doit valoir le coup d’œil ! » s’exclama Wridra.

« J’ai entendu dire qu’il y a eu une éruption volcanique par ici il y a 4 000 ans. On dit qu’il y a des sites étonnants de beauté naturelle. Vous devriez vous en réjouir. » Wridra devait avoir volé beaucoup plus haut auparavant, mais elle semblait étourdie par ces endroits à haute altitude pour une raison inconnue. J’avais fait un pas en avant pour que nous puissions le vérifier en personne, puis j’avais senti quelqu’un me prendre la main. Je m’étais retourné et j’avais vu que Marie était plutôt pâle.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Marie ? »

« Tout le monde, ne baissez pas votre garde. Regardez, le pont bouge. » J’avais regardé le pont comme on me l’avait dit, et… Eh bien, je suppose qu’il était en quelque sorte en mouvement.

« C’est un pont suspendu. Un typhon est passé récemment. Quoi qu’il en soit, un peu de vent le ferait évidemment osciller dans une certaine mesure, » dit Wridra, puis rit. « Ne sois pas si lâche. » Bien que j’aie déjà abandonné à ce stade. Marie avait une peur terrible des tremblements de terre, et il était hors de question pour elle de marcher sur un sol instable.

« Nous n’avons pas le choix. Abandonnons l’idée, » avais-je dit.

« Oui, c’est une sage décision, » avait convenu Marie. « Même s’il y a la meilleure vue d’Izu, ce n’est pas la peine de se mettre en danger juste pour le voir. On peut garder les aventures pour le labyrinthe antique. »

Wridra nous avait regardés, bouche bée, sous le choc.

« Arrête-toi là ! Kitase, tu dorlotes beaucoup trop Marie. Elle n’est pas un nouveau-né ! D’ailleurs, qu’est-ce qui rend le labyrinthe antique acceptable alors que tu te détournes d’un pont suspendu ? Je ne peux même pas comprendre ton raisonnement ! » J’avais eu du mal à décider comment répondre.

« Hum, eh bien, le labyrinthe antique n’est pas vraiment dangereux. C’est plutôt un endroit pour s’amuser et faire de l’exercice. Quand des ennemis puissants se présentent, c’est une bonne forme de soulagement du stress, et… »

« Non !! Penses-tu que c’est une sorte de terrain de sport ? ! Regards, même Shirley est confuse. »

Avec cela, Wridra avait tiré Shirley plus près par son épaule, mais j’avais entendu dire que Wridra elle-même avait frappé « L’Armement Démoniaque » Kartina après avoir été influencée par un certain manga de boxe, et en plus, c’était avec ses mains nues.

Shirley n’avait pas dit un mot, mais je pouvais voir qu’elle comprenait un peu où nous voulions en venir. Entre la dégustation de pizzas, les amis gentils, le temps passé à gribouiller dans son livre de monstres, et notre petit moment d’oreiller sur les genoux, il n’y avait pas vraiment de moment où nous étions en danger.

Shirley avait tenu sans mot dire la main de Marie, puis elle l’avait levée au-dessus de sa tête. Ce geste signifiait qu’elle avait déclaré la gagnante.

« Nous avons gagné, » avais-je dit.

« Oui, » avait répondu Marie.

« Donc, nous le savons. Le labyrinthe antique est l’endroit idéal pour perdre du poids. »

« Espèce de traître ! Non, non, je veux traverser le pont ! Je ne veux pas partir après avoir fait tout ce chemin à pied sans avoir vécu la meilleure partie du voyage ! »

Je ne suis pas sûr qu’un Arkdragon devrait pleurnicher comme un enfant en public… Sans compter que les autres familles à proximité nous regardaient fixement.

Finalement, Shirley et Wridra avaient fini par traverser le pont ensemble, et nous les avions regardées prendre un tas de photos à notre place.

Après avoir attendu un certain temps, les deux femmes étaient finalement revenues.

« Ohh, c’était une vue magnifique. Une telle majesté ne peut être expérimentée qu’en personne. Je suis vraiment heureuse que nous soyons venus visiter l’est d’Izu. Il semble que cet humain et cette elfe là-bas ne comprennent pas. Bleh, » s’était vantée Wridra avant de nous tirer la langue. Elle jetait des regards en coin à Marie, et je me demandais si elle essayait de l’inciter à nous suivre.

Bien que Marie ait eu du mal avec les tremblements de terre et les hauteurs, elle était d’une nature incroyablement curieuse. Je sentais son agitation en lui tenant la main, et je pouvais dire qu’elle luttait entre sa peur et son envie de voir l’inconnu. Tout ce que je pouvais faire ici était de l’encourager un peu.

« Il n’est pas nécessaire de traverser le pont jusqu’au bout. Pourquoi ne pas essayer de jeter un coup d’œil, puis de revenir tout de suite ? »

« Oui, tu as raison. Faisons cela. J’aimerais prendre une seule photo avec la mer dans le dos. » J’étais plus qu’heureux de la prendre pour elle, bien sûr.

Marie avait tenu ma main avec une poigne bien plus forte que d’habitude, puis avait courageusement fait son premier pas en avant.

Le contraste entre la mer majestueuse à l’arrière-plan et la posture faible de Marie avait fait une belle photo. Il était assez rare de voir une photo de Mme Elf aux yeux pleins de larmes faisant un signe de paix, je devais donc remercier Wridra plus tard.

Tout le monde commençait à avoir faim après toute cette excitation. Nous avions donc décidé de prendre une boîte à lunch pour pouvoir regarder la mer pendant notre repas.

Le soleil s’était levé, et l’autoroute Higashiizu devenait assez encombrée. Mais cela ne nous dérangeait pas, et notre voiture était restée immobile. Après tout, nous avions une vue sur l’océan Pacifique depuis notre voiture garée, ce qui en faisait l’endroit idéal pour déjeuner.

Tout ce que l’on pouvait voir par la fenêtre était une courte haie. Il y avait une falaise abrupte et arquée dans la direction à laquelle la voiture faisait face, et une fois que nous avions ouvert les fenêtres et coupé le moteur, nous pouvions entendre les vagues au loin. Je m’étais retourné et j’avais demandé aux filles ce qu’elles pensaient de cet endroit, et toutes les trois avaient hoché la tête.

« C’est parfait ! C’est lumineux, la vue est jolie, et on a l’impression d’avoir l’océan pour nous toutes seules ! » Marie tapait du pied avec bonheur. Il y avait un peu de vent, mais notre repas aurait sans doute meilleur goût avec la mer devant nous.

« Ah, quelle vue magnifique ! Déjeuner avec une vue sur l’océan Pacifique est un vrai luxe. »

« Oui, je suis content qu’on ait trouvé un si bel endroit. Peux-tu prendre ce sac là-bas ? La nourriture est dedans. Il n’y a que trois boîtes à lunch, alors ça ne me dérange pas de partager avec Shirley. » Et par « partager », je voulais dire que je mangerais le repas pendant qu’elle me hanterait. Shirley avait regardé la nourriture avec envie, et elle avait hoché la tête joyeusement en entendant ma suggestion.

***

Partie 5

À en juger par son regard, il semblait qu’elle n’était pas contre l’idée de me hanter. Son corps était devenu semi-transparent, alors j’avais supposé que c’était parce qu’elle se préparait. Elle s’était agrippée à mes épaules, puis je l’avais sentie entrer en moi quand j’avais cru entendre quelqu’un dire « Pardon. » Je ne savais pas si son cœur battait la chamade à cause de l’excitation de la vue ou de l’attente du repas.

« Celui-ci est pour Marie, et le grand est pour Wridra. » J’avais tendu les repas à chacune d’elles, et elles avaient souri et m’avaient remercié. La vue magnifique des cheveux blancs de l’elfe et des cheveux noirs de la dragonne flottant dans le vent avec la mer dans le dos m’avait fait penser que je rêvais. Eh bien, elles venaient littéralement d’un monde de rêve.

Il était à peu près midi, et le soleil était haut dans le ciel de l’est. La voiture était lumineuse grâce aux reflets du soleil sur l’eau, et Marie avait défait avec plaisir les emballages bleu ciel de sa boîte à lunch.

« Je suis affamée. C’est peut-être parce que j’ai eu cette expérience terrifiante sur le pont. »

« Tu n’en as traversé qu’une petite partie. Et quand tu as enfin réussi à parler, tu as à peine dit que tu voulais rentrer, » avait fait remarquer Wridra.

« Hé ! Tu n’auras rien de ce que nous avons fait si tu dis des choses comme ça. C’est dommage, c’est ce que nous avons fait de mieux après avoir passé tant de temps à les préparer, » déclara Marie, les sourcils froncés, mais Wridra serra la boîte à lunch sur la défensive.

« Je ne le rendrai pas ! »

Il est vrai que nous avions passé beaucoup de temps sur eux. En fait, il avait fallu environ deux heures de travail. C’était probablement… non, certainement le plus de temps que j’avais passé à cuisiner pour quoi que ce soit. La raison pour laquelle cela avait pris si longtemps était…

Wridra s’était figée en défaisant l’emballage de la boîte à lunch. Elle y avait trouvé un adorable personnage qui lui souriait en réponse. Elle avait cligné des yeux plusieurs fois, puis elle avait ouvert la bouche en grand.

« Aha ha ha ! La ressemblance est troublante ! »

« Oh mon dieu, c’est trop mignon ! !! »

Je pouvais comprendre leurs réactions de se rouler par terre en riant et en se tortillant. Nos déjeuners étaient des bentos de personnages, qui étaient littéralement des boîtes à lunch arrangées pour ressembler à des personnages célèbres.

Les boules de riz elliptiques avaient utilisé des algues pour former des yeux et des bouches, et elles nous avaient accueillis avec les deux mains levées en signe de célébration. Le motif original était populaire auprès des enfants et des adultes, et c’était la raison principale pour laquelle Marie au départ avait pris un tel goût pour l’anime.

Les personnages avaient des visages adorables avec des boulettes de viande et des œufs de caille pour yeux. Les décorations colorées composées de laitue, d’omelettes roulées et de mini tomates avaient fait naître sur le visage de Marie un sourire adorable.

« Ohh, je n’arrive pas à y croire ! Comment des bentos aussi adorables peuvent-ils exister ! ? Oh, des photos, des photos ! Prends une photo pour moi, vite ! »

Whoa, elle est vraiment excitée.

Je ne pouvais pas lui en vouloir, étant donné qu’elle venait de voir l’une de ses choses préférées dans un lieu de détente parfait après avoir passé tout ce temps à préparer ces déjeuners. J’avais donc sorti mon smartphone et l’avais pointé sur Marie qui souriait avec la boîte à lunch à la main. Wridra avait également rapproché son visage et avait affiché un sourire tout comme le personnage principal, et j’avais pris une photo.

Hmm, cette photo est parfaite. Je la garde pour toujours.

« Eh bien, mangeons. Ça a l’air délicieux ! »

« … »

Mais Marie s’était figée sur place. Elle avait fixé le personnage devant elle, ses baguettes à la main, puis avait jeté plusieurs fois un coup d’œil au reste d’entre nous, et son expression était devenue de plus en plus triste. On aurait dit que des larmes allaient couler de ses yeux d’une minute à l’autre.

Pour une raison quelconque, son sourire joyeux s’était effondré d’un seul coup. Wridra et moi avions regardé Marie.

« Je ne suis pas une enfant. Ce n’est pas comme si… Je ne peux pas le manger… » C’était comme si elle essayait de nous trouver des excuses. Je m’y attendais un peu, mais elle s’était attachée émotionnellement à ce personnage mignon.

Wridra et moi avions échangé des regards. Apparemment, c’était mon rôle d’intervenir dans ces moments-là, car l’Arkdragon avait levé un sourcil vers moi. Le geste signifiait probablement quelque chose comme, « Bonne chance, » ou « Occupe-toi de ça ». Bien sûr, je ne pouvais pas lui faire manger son personnage préféré. Mais je n’avais pas besoin de la convaincre avec mes propres mots. Puisque c’était un personnage qu’elle aimait, tout ce que j’avais à faire était de le laisser lui parler.

« Marie, la meilleure partie des bentos à personnage est d’apprécier leur mignonnerie et de s’amuser à les manger. Si tu ne le fais pas, tu risques de le rendre triste. » J’avais pris une paire de baguettes et j’avais légèrement déplacé les pupilles du personnage.

Il regardait maintenant Marie, comme pour dire : « Ne vas-tu pas me manger ? » Marie et le personnage s’étaient regardés et j’avais vu ses yeux violets s’illuminer.

« A-t-il dit quelque chose ? »

« … Il me demande pourquoi je ne le mange pas, même s’il est délicieux. Ce n’est pas juste. Comment peut-il vouloir que je le mange alors qu’il est si adorable ? Ne sait-il pas ce que je ressens ? » Elle avait froncé les lèvres en prenant ses baguettes. Puis, elle avait montré ses dents blanches pour correspondre à l’expression du personnage.

« Oh, très bien. Alors, allons-y. » Wridra m’avait jeté un regard approbateur, puis nous avions tous dit notre salutation habituelle d’avant repas : « Itadakimasu. »

Et ainsi, notre déjeuner avec vue sur l’océan Pacifique avait commencé. L’attraction principale était le personnage au physique particulier. Il était enveloppé dans des algues comme une boule de riz, et il y avait quelques surprises amusantes à l’intérieur une fois ouvert.

« Hm !? Il y a de la mayonnaise au thon là-dedans ! Tout à fait admirable de ta part de connaître mon plat préféré ! »

« Oui, nous avons secrètement mis les choses que tu aimes. Kazuhiro -san a fait le mien, donc je ne suis pas sûre de ce qu’il y a là-dedans… Oh, un steak haché avec du fromage ! » Oui, les personnages avaient un rôle important. Ils devaient répandre le bonheur et satisfaire les papilles de chacun en contenant en leur sein leurs plats préférés. La joie s’était allumée dans les yeux de Marie et de Wridra pendant qu’elles mangeaient.

Quant à moi, mon sens du goût était émoussé à cause de Shirley qui me hantait. Bien que ce soit insipide et inodore, je pouvais sentir ses émotions lorsqu’elle appréciait la nourriture, c’était donc très satisfaisant pour moi.

Je ne pouvais pas vraiment la voir, mais l’idée qu’elle se tortille béatement à chaque bouchée me rendait plutôt heureux. C’était une partie de la raison pour laquelle je faisais tant d’efforts en cuisine.

« Mmm, je l’adore ! On se sent encore mieux que d’habitude avec cette vue. » Le ciel bleu et la mer bleue. On pouvait voir l’île d’Izu Oshima à l’horizon. C’était un déjeuner animé avec des résidents d’un monde fantastique et des personnages d’anime se réunissant. Le soleil d’été était assez fort, mais le vent passant à travers les fenêtres de la voiture rendait la chaleur plus gérable.

« Oh, prenons du thé. Je crois que le thé Uva est un peu similaire aux feuilles de thé d’Arilai. » La méduse que Marie avait invoquée plus tôt avait ajouté de la glace dans nos gobelets en papier. Les feuilles de thé qui sortaient de la théière sentaient comme des roses douces et parfumées. Ce qu’il y a de bien avec le thé uva, c’est que l’on peut apprécier le parfum aussi bien que la saveur.

« Oh, ça sent beaucoup comme ce que l’on trouve à Arilai ! Jm, c’est agréable et rafraîchissant quand c’est frais comme ça. »

« Grâce à vous deux, j’ai également appris à apprécier le thé. Cela semble assez dépravé pour un dragon de savourer de telles indulgences. »

C’est bizarre. N’est-ce pas le même dragon qui s’est gavé de bière et d’un bol de katsu le jour de notre rencontre ?

Ils semblaient se souvenir de la lointaine terre d’Arilai en sentant le thé. Apparemment, ils avaient pris goût à cet endroit après y avoir accumulé tant de souvenirs amusants.

« Alors, on va finalement aller au parc Banana Wani après ça ? »

« Bien sûr. C’est tout près, donc on devrait y arriver en un rien de temps, même s’il y a un peu de trafic. Il y a beaucoup de plantes et d’animaux, donc je suis sûr que Shirley s’amusera aussi. » Je sentais son cœur battre à l’intérieur de moi. Son excitation enfantine me chatouillait un peu, et je me tortillais légèrement à cause de cette sensation.

J’avais pris quelques photos supplémentaires pendant que les filles mangeaient, et après avoir pris quelques photos de leurs sourires heureux et de leurs signes de paix, nos boîtes à bento étaient vite devenues vides. Après avoir terminé notre repas, nous étions montés dans la voiture et j’avais commencé à rouler lentement. Je n’avais pas été capable de goûter la nourriture, mais c’était un merveilleux déjeuner.

§

Le trafic s’était considérablement calmé lorsque nous avions pris les routes secondaires qui s’éloignaient de la côte. Le paysage était remplacé par des montagnes, et c’était un peu terne sans vue sur la mer. Marie regardait par la fenêtre alors que nous roulions sur une pente, et elle avait soudainement élevé la voix en signe de surprise. Une structure en forme de dôme qui ressemblait à un jardin botanique était apparue. J’avais allumé mes clignotants et garé la voiture.

J’avais considéré combien les attractions touristiques japonaises avaient tendance à être étranges. Le bâtiment du parc Banana Wani ressemblait tout simplement à un centre communautaire, et je m’étais demandé un instant si nous étions vraiment au bon endroit. Le parking ne présentait aucun autre signe distinctif que les quelques plantes tropicales qui y poussaient, il était donc naturel de se poser la question. Je m’étais murmuré à moi-même en sortant de la voiture, puis j’avais remarqué que Marie agitait son index d’un côté à l’autre pour une raison inconnue.

« Tu vis au Japon depuis vingt-cinq ans et tu ne comprends toujours pas ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » Je ne savais pas pourquoi elle me demandait ça. Alors que j’essayais de comprendre, Marie s’était alignée à côté de moi. Elle m’avait regardé d’un air suffisant.

« Les attractions touristiques japonaises vous trompent d’abord par leur apparence. Vous baissez votre garde, puis ils vous rattrapent par l’écart entre vos attentes et la réalité. » Elle avait fait un geste pour manger avec ses mains, et j’avais eu peur que Marie soit un peu trop indulgente pour tout ce qui concerne le Japon. J’espérais qu’elle ne serait pas déçue.

***

Partie 6

Alors que je réfléchissais à cette question, j’avais remarqué que la main de Marie se baladait dans l’air, comme si elle cherchait quelque chose. Elle m’avait dit qu’elle ne le remarquait pas quand elle me tenait la main, mais il semblerait que sa main cherchait vraiment la mienne inconsciemment. Nos mains s’étaient rencontrées comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, et ses doigts fins s’étaient enroulés autour des miens. Il semblerait qu’elle n’ait même pas remarqué, et elle avait levé les yeux vers moi et avait incliné la tête comme pour demander, « Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Oh, non, ce n’est rien. Je l’accueille de tout cœur. »

« Mais de quoi parles-tu ? De toute façon, ce serait terrible s’il y avait trop de monde ou s’ils n’avaient plus de billets. Nous devrions nous dépêcher, à moins que tu ne veuilles pleurer jusqu’à t’endormir ce soir. »

Whoa, elle a l’air sérieuse.

Marie avait appelé les autres à se dépêcher lorsqu’elles étaient sorties de la voiture, et je pouvais voir qu’elle était impatiente d’y aller. Maintenant que j’y pense, c’était la principale destination de Marie pour le voyage.

Wridra m’avait lancé un regard étrange qui semblait vouloir dire : « Que se passe-t-il avec Marie ? » mais je n’avais pas pu répondre, car j’étais mené par la main.

Au milieu de l’atmosphère animée, nous étions entrés dans le bâtiment intitulé « Parc Atagawa Banana Wani. »

Le bâtiment était assez… confortable. Si ce n’était pas pour Marie, je doute que je l’aurais choisi comme destination touristique. L’ancien moi n’aurait même pas quitté ma chambre pendant la semaine d’Obon, pour commencer. Cela dit, j’avais l’impression étrange d’être venu dans un endroit étranger comme celui-ci, et l’idée que quelque chose de nouveau m’attendait faisait battre mon cœur d’impatience. J’avais presque l’impression de voyager dans le monde des rêves.

« Wow… »

Le ciel bleu brillait à travers la serre en forme de dôme, apportant une grande partie de la lumière du soleil d’été. Mais cela signifiait que la chaleur saisonnière était encore pire qu’à l’extérieur, et je regrettais d’être venu ici en plein été.

« Si chauuuuuuddd ! » Mais pour une raison inconnue, Marie était tout sourire.

Elle s’éventait le visage dans la chaleur de midi, mais son sourire était tout aussi éclatant que la lumière du soleil. Ce n’était pas étonnant, elle était ici dans le parc Banana Wani, l’installation qu’elle attendait tellement qu’elle apparaissait dans ses rêves… Bien qu’elle ne rêvait pas vraiment, étant donné que nous ne faisions que voyager entre les mondes lorsque nous nous endormions.

Il y avait beaucoup de couples et de familles avec des enfants parmi les autres clients. Ils étaient tous habillés légèrement avec des manches courtes, et ils transpiraient abondamment tout en se plaignant de la chaleur comme nous. Il semblerait qu’ils profitaient tous de leur temps libre pendant les vacances d’Obon. Maintenant que j’y pense, le calendrier Obon d’Izu était différent des autres. Il allait de fin juillet à début août, si je me souviens bien. Donc, les gens qui profitaient de leurs vacances étaient pour la plupart des gens qui avaient Obon aux alentours du 15 août.

Bien sûr, cette installation n’était pas seulement chaude. Il y avait des plantes qui ressemblaient à des palmiers tropicaux partout, et les rochers brun pâle qui décoraient l’endroit lui donnaient une atmosphère de type attraction touristique. L’odeur aquatique dans l’air me donnait l’impression de voyager dans un lointain monde tropical.

« Cet endroit a une sorte d’atmosphère décontractée, n’est-ce pas ? Je me demande si ce n’est pas à cause de ce personnage à l’air stupide, » avais-je dit en désignant la peluche de mascotte à l’entrée. Cet alligator bipède à l’allure ridicule et aux vêtements amples avait quelque chose d’humoristique. Mais Marie en avait profité pour se moquer de moi et m’avait donné un petit coup sur la poitrine avec son épaule nue.

« Oh, regardez qui est le premier à parler. Tu es la mascotte décontractée de l’équipe Améthyste, tu sais. C’est facile à le dire rien qu’avec ton nom, Kazuhiho. » Je n’avais pas réalisé que même mon nom avait l’air décontracté. Bien que j’avais l’impression que Marie était plus décontractée que moi ces derniers temps.

En tout cas, il semblerait que cela ne la dérangeait pas de transpirer autant dans l’environnement tropical. En fait, elle affirmait que sentir la sueur sur sa peau faisait partie de l’expérience et ajoutait à l’ambiance. J’avais plus ou moins compris ce qu’elle voulait dire, peut-être parce que j’avais ressenti un sentiment de nostalgie qui m’avait rappelé l’ère Showa. J’avais entendu dire que c’était un endroit que les adultes pouvaient aussi apprécier, probablement à cause de l’atmosphère familière qui ramenait l’enfant en lui.

Peut-être que « de bon goût » était une façon appropriée de le dire. Plutôt que d’être simplement immaculé, l’atmosphère distincte de l’ère Showa lui donnait un sens de l’histoire. Nous avions fait le tour du parc pendant que je réfléchissais à tout cela, puis j’avais senti quelqu’un me serrer la main. Je m’étais retourné et j’avais vu Marie qui me regardait comme si elle ne pouvait plus attendre.

« Allez, viens ! Allons voir les alligators ! »

« Ha ha, bien sûr. Allons trouver les effrayants alligators qui en ont après une certaine elfe. » Lorsque j’avais fait un geste de morsure avec ma main ouverte, Marie avait haussé la tête comme si cela la chatouillait et avait montré ses dents blanches avec un grand sourire. Elle était vraiment la plus mignonne quand elle souriait.

« Oh, comme c’est effrayant. Mais ils pourraient préférer les humains endormis aux elfes. Après tout, ils seraient faciles à attraper et à dévorer. » Elle n’avait pas tout à fait tort. Je veux dire, je me faisais attraper par des monstres tout le temps.

Je m’étais retourné en me laissant guider par ma main, et j’avais vu que Wridra et Shirley nous suivaient en regardant autour d’elles avec curiosité. Elles ne semblaient pas comprendre quel genre d’endroit c’était, mais il serait plus rapide de leur montrer plutôt que de leur expliquer. Et donc, j’avais continué à marcher avec Marie qui me guidait vers l’avant. J’avais senti un sourire s’esquisser à cause de toute l’exubérance que je pouvais sentir dans sa main.

Les vedettes du spectacle, les alligators, nous regardaient au-delà de la clôture brune. Les yeux violets clairs de Marie s’étaient illuminés d’excitation lorsqu’elle avait vu les créatures aux grandes écailles déchiquetées, de la couleur des rochers, sur la rive, la bouche entrouverte.

Elle m’avait fait signe de m’approcher, puis s’était mise sur la pointe des pieds pour me chuchoter quelque chose à l’oreille. Elle avait mis une main autour de mon oreille et avait dit, « Monstre ! » tout bas dans mon oreille. J’avais dû corriger son erreur avant qu’elle ne transforme mon visage en un sourire béat.

« Ce ne sont pas des monstres. Ce sont des animaux qui vivent dans les tropiques. »

« Oh, tu dois avoir raison. Ils nous auraient déjà attaqués si c’était des monstres. » Elle avait peut-être été un peu troublée par ce qu’elle avait vu. Les animaux étaient allongés, complètement immobiles, au soleil. Ils semblaient prendre un bain de soleil, chacun d’entre eux se reposant paisiblement à son endroit préféré, près des rochers ou de l’eau.

Ils semblaient assez puissants, avec leur dos hérissé et leurs mâchoires massives. Mais ils étaient bien plus immobiles que ce à quoi nous nous attendions, et j’avais l’impression que nous regardions des statues de pierre élaborées. Marie s’était accroupie près de la clôture, ses genoux dépassant de sa robe blanche.

« Voilà ce qui arrive quand on enlève l’homme d’un homme-lézard. »

« Hm, ils se ressemblent vraiment. C’est peut-être à cela qu’ils ressembleraient s’ils décidaient de ne plus marcher sur deux pieds, » dit Wridra en s’approchant par derrière, puis en posant sa main sur l’épaule de Marie et en regardant par-dessus. J’avais été surpris de voir à quel point ils étaient immobiles. Certains d’entre eux dormaient avec la bouche grande ouverte, ce qui faisait ricaner Marie.

« Les alligators et les crocodiles sont surtout nocturnes. C’est pourquoi ils se prélassent au soleil comme ça pendant la journée, » avais-je expliqué, et Wridra et Marie m’avaient regardé, impressionnées.

« Ils sont encore plus semblables que je ne le pensais. Je les ai fait travailler sous mes ordres depuis un certain temps maintenant, mais il n’y a pas eu d’intrus ces derniers temps, et ils sont un peu trop grossiers pour s’occuper de mes enfants. Comme ils ont moins de travail, ils passent la plupart de leur temps à dormir comme ça. »

« C’était de si gentils hommes-lézards. Je me souviens qu’ils m’ont appris à parler leur langue. En y repensant, ils m’ont aussi montré où se trouve ton lieu de sommeil. »

« Oui, ils ne sont pas très intelligents, donc donner des conseils et nettoyer sont à peu près tout ce qu’ils peuvent faire. Cependant, ils sont assez utiles pour les tâches simples… Hm. » Wridra avait semblé réaliser quelque chose et s’était tournée vers Shirley à côté d’elle. Shirley semblait curieuse de cette créature inconnue, et elle fixait ses yeux bleu ciel à travers la clôture.

« Shirley, ça ne me dérangerait pas de laisser les hommes-lézards travailler sous tes ordres. Tu dois penser à agrandir le deuxième étage bientôt. Ce serait beaucoup mieux que de les laisser s’ennuyer. » Marie et moi avions cligné des yeux. Nous ne nous attendions pas à ce que Wridra parle d’agrandir le deuxième étage, et nous étions même surprises que ce soit possible, vu qu’il était déjà aussi spacieux que le Dome de Tokyo. Shirley avait souri.

« Attends, es-tu sérieuse ? Cet endroit va-t-il devenir encore plus grand ? »

« Qu’est-ce qui te surprend ? Ne te souviens-tu pas du nombre de monstres qui ont été ajoutés au livre de Shirley au troisième étage ? Il est tout à fait logique que nous devions agrandir l’espace pour la circulation des âmes. » Je n’y avais jamais pensé de cette façon. Nous avions écouté ses explications sur le deuxième étage en nous promenant dans le parc. Les petits alligators que nous avions vus à travers le bassin avaient des expressions amusantes, un peu nihilistes, sur leur visage. Un alligator avait fixé Marie pendant un moment, puis avait fait une bulle avec sa bouche.

« Si tu agrandis l’endroit, il doit être difficile de le gérer. J’aimerais m’amuser davantage avec Shirley et continuer à faire des raids avec elle, si possible. »

En entendant cela, un large sourire s’était répandu sur le visage de Shirley. Son sourire était si authentique que je pouvais ressentir ses émotions, même sans l’aide de mots. Étrangement, je m’étais demandé si les mots étaient vraiment nécessaires.

« À ce propos… Il y a beaucoup de monstres très intelligents qui servent également Shirley. Ce “Armement Démoniaque” Kartina est l’un d’entre eux, et il y aura beaucoup moins de travail pour Shirley avec l’aide supplémentaire de mes hommes-lézards. »

« Hein, je n’avais pas réalisé que Kartina était considérée comme un monstre. Je ne pouvais pas vraiment dire si l’Armement Démoniaque était un équipement ou un monstre. Mais je suppose que si elle est stockée dans le livre des monstres, ça explique tout. » Wridra avait souri comme si elle était d’accord.

Cela signifiait que le deuxième étage allait devenir encore plus animé. Les graines de citrouille que nous avions semées ne germeraient pas avant un certain temps, mais nous pourrions peut-être demander aux monstres de s’occuper de la culture des légumes. J’avais regardé la clôture en pensant à cela, puis j’avais poussé un cri de surprise. Une créature d’environ quatre mètres de long flottait dans l’eau. Il va sans dire que Marie avait également réagi à son apparition.

« Wow ! Si grand ! Regarde, Kazuhiro-san, celui-là pourrait probablement t’avaler en entier. » Et elle avait fait des mouvements de griffes sur mon épaule. Ça chatouillait, mais au moins je n’étais pas en train de me faire manger.

« Attends, pourquoi veux-tu tant que je sois englouti ? Mais bon sang, ce truc est aussi gros qu’une voiture. » Les animaux massifs avaient quelque chose de fascinant. Bien qu’il se déplaçait plutôt lentement, il y avait un sentiment de présence massif, car il avait vécu pendant tant d’années.

***

Partie 7

À en juger par le fait qu’il était dans une cage tout seul, peut-être était-il trop agressif pour se mêler aux autres. C’était des carnivores après tout, donc cela pourrait être un moyen de les empêcher de se battre entre eux. La membrane oculaire du crocodile s’était ouverte lorsqu’il était sorti de l’eau, et son comportement avait changé lorsque ses yeux dorés et reptiliens s’étaient tournés vers nous. La créature avait éclaboussé tout en nageant jusqu’à la clôture.

Il avait appuyé ses énormes pattes avant sur le rebord et avait poussé avec force contre celui-ci. La barrière avait grincé contre les écailles du crocodile, et les spectateurs autour de nous avaient applaudi à l’intensité du mouvement. Le parc rempli de créatures nocturnes était plutôt calme, mais les animaux qui s’y trouvaient devenaient féroces dès qu’ils commençaient à bouger.

« Hah, hah, quelle magnifique femelle. Je vois, je vois. Tu as eu beaucoup d’enfants ici, n’est-ce pas ? » Seule Wridra n’avait pas été impressionnée, et elle avait simplement souri au reptile. En tant qu’amie des hommes-lézards, l’Arkdragon semblait être capable de communiquer même avec les grands crocodiles estuariens. Ils se fixèrent l’un l’autre pendant un certain temps. Puis, apparemment satisfait, le crocodile ferma les yeux, puis s’éloigna lentement à la nage.

Le parc était redevenu calme, comme si rien ne s’était passé, et Wridra avait marmonné.

« J’avais supposé qu’ils méprisaient le fait d’être en cage ici, mais il semblerait que l’un d’eux ne s’en soucie pas trop. Elle dit qu’elle a apprécié son temps libre ici. Et apparemment, la nourriture est assez bonne. » Je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’elle soit capable de communiquer aussi bien avec ces reptiles. Mais vu qu’elle était un Arkdragon, il n’y avait probablement pas beaucoup de choses qu’elle ne pouvait pas faire. Juste à ce moment-là, je m’étais souvenu de quelque chose.

« Oh ouais, j’ai entendu dire que tu as mis Kartina à terre en un coup de poing. J’aurais aimé être là pour voir ça. »

« Aha, c’était une sacrée bataille. Mon coup signature, la Gauche fantomatique, a été le facteur décisif. J’ai maintenant aussi un intérêt pour les arts martiaux japonais, donc je peux te l’enseigner un jour si tu le souhaites. »

Euh, non merci.

Pourquoi diable voudrais-je apprendre la boxe dans un monde imaginaire ? J’avais fait une grimace qui signifiait que j’étais manifestement contre cette idée, mais Wridra n’y avait pas prêté attention. Ses yeux étaient pleins d’excitation alors qu’elle lançait des coups droits rapides comme l’éclair. Je voulais l’avertir que les pères qui nous entouraient allaient dévisager ses seins si elle continuait à donner des coups de poing dans son débardeur comme ça.

« Je te ferais savoir que je suis un professeur assez strict. Mais si tu peux supporter mon entraînement, tu peux devenir le plus grand du monde. »

« Alors je vais devoir refuser. Ha ha, je puerais probablement la sueur si je me mettais à la boxe de toute façon. » Un poing s’était enfoncé dans mon estomac.

Je vois, Kartina a dû crier « Guh ! » et s’écrouler au sol juste comme ça. Il aurait été impossible de gagner contre ça. J’aurais probablement été encore plus mal en point si Wridra avait décidé de me frapper avec sa soi-disant « Gauche fantomatique ». « Ah ! » Ma petite amie Marie était complètement absorbée par le crocodile et n’avait même pas remarqué que j’étais recroquevillé sur le sol.

Nous nous étions arrêtés dans notre élan dès que nous étions entrés dans la serre. C’était dû à la lumière du soleil qui nous éclairait à travers la vitre et à l’humidité qui était encore plus élevée que dans le parc des crocodiles et des alligators où nous venions de nous rendre.

« Wow, c’est exactement comme notre bain à la maison ! » avait dit Marie, en se tournant de face pour nous faire face. Son expression était joyeuse malgré la situation, et ses yeux violets clairs étaient plus colorés que les fleurs d’hibiscus autour de nous. Wridra avait levé les yeux vers les plantes aux feuilles pliées avec une étincelle dans les yeux.

« Hum, ce sont les plantes qui poussent dans les forêts tropicales. Elles ont des formes si particulières et flexibles. Je ne pensais pas qu’on pouvait cueillir des plantes pour les utiliser dans une entreprise comme celle-ci. »

Des perles de sueur s’étaient formées sur leur cou à cause de l’humidité. Mais leur curiosité piquée par ce spectacle intéressant semblait avoir la priorité, et elles se contentaient de tripoter les plantes décoratives sans se soucier de la chaleur. Les yeux bleu ciel de Shirley pétillaient également d’étonnement, sa bouche étant à moitié ouverte. Sa tête se balançait de gauche à droite comme si elle dansait, et elle était complètement hypnotisée par les rangées de diverses plantes inhabituelles ici.

« Shirley, si ça t’intéresse, pourquoi ne pas faire un jardin botanique ? Je suis sûr que tu pourrais aussi faire une serre avec l’aide de Wridra, » avais-je murmuré, et ses yeux s’étaient éclairés encore plus. La verdure du deuxième étage était magnifique, et je me sentais en paix rien qu’en la regardant. Elle avait dû imaginer l’ajout de petits sentiers avec de jolies fleurs plantées de chaque côté, et une serre remplie de plantes rares et étrangères. J’avais entendu Wridra parler d’expansion plus tôt, mais j’étais sûr qu’ils pouvaient aussi travailler sur d’autres types de développement.

Submergée par l’émotion, Shirley avait exprimé sa joie en tapant des pieds sur place. C’était rare de voir Shirley aussi excitée. En y réfléchissant, elle existait depuis très, très longtemps. Ayant continué à protéger sa forêt pendant tout ce temps, cela devait être une sensation incroyable de découvrir des plantes qu’elle n’avait jamais vues auparavant.

« Puisque nous sommes ici, tu devrais les regarder à ta guise. Mais certains d’entre eux sont intéressants à toucher. Regards, comme celle-là. » J’avais attiré leur attention sur une plante qui semblait être une sorte de fougère. Je m’étais accroupi devant la plante, puis je leur avais fait signe de la toucher. Marie avait tendu son doigt avec précaution, puis…

« Wow ! C’est fermé ! Qu’est-ce que c’est ? »

« Hm, quelle plante curieuse ! Elle ferme ses feuilles au toucher. »

J’avais également touché les feuilles, qui s’étaient refermées en réponse. C’était un peu chatouilleux au toucher, et cela m’avait rappelé mon enfance. J’avais jeté un coup d’œil aux filles qui regardaient avec étonnement et j’avais désigné un panneau à proximité.

« Ils sont appelés Mimosa pudica. On dit qu’ils rétrécissent leurs feuilles pour que les animaux ne les mangent pas. » Ce n’était qu’une théorie commune, mais elle semblait être efficace, vu qu’on en trouve partout dans le monde.

« Mon Dieu, quelle plante intelligente ! Ça leur donne l’air flétri et peu appétissant. Il y a des plantes qui vous attaquent dans l’autre monde, alors celles-ci sont tout le contraire. »

« Oh, ceux-là. Je ne sais pas combien de fois j’ai été dissous par elles. Elles sont étonnamment fortes. » Il était difficile de les distinguer des autres plantes, alors je devais généralement les combattre avec mon pied pris dans leurs lianes. Elles étaient le parfait contrepoids pour un combattant mobile comme moi. Nous nous étions tous remémoré le passé et avions ri ensemble.

Voir quelque chose pour la première fois était toujours une expérience curieuse. Je m’amusais aussi à voir des plantes que l’on ne trouve que dans les climats tropicaux. On disait qu’il y avait plus de cinq mille espèces de ces plantes, et la fille elfe, le dragon et le fantôme regardaient tous avec un émerveillement d’enfant.

Le nénuphar, un type de fleur qui ressemblait aux yeux de Marie, en faisait partie. Les pétales ouverts avaient une couleur violette qui devenait plus foncée vers l’extrémité et donnait envie de se rapprocher pour mieux voir. Ils avaient une sorte de parfum doux et propre qui me chatouillait le nez. Il y avait d’autres plantes flottant dans l’étang, comme la Victoria amazonica, connue comme la reine des nénuphars et qui pouvait même soutenir des petits enfants.

Au début, je pensais que le parc Banana Wani était quelque peu banal, mais je m’étais rendu compte que c’était un endroit où je pouvais découvrir de nouvelles choses partout où je regardais. C’était un sentiment étrange, et je n’avais pu m’empêcher d’exprimer ce que je ressentais.

« Ils ont fait un si bon travail pour rendre cet endroit divertissant malgré son bâtiment sans prétention. »

« Oh, je vois que tu as enfin compris. Les attractions touristiques japonaises ne sont jamais ce qu’elles semblent être à l’extérieur. C’est pourquoi tu…, » Marie s’était interrompu. Elle avait été distraite par la grande créature ronde qui dérivait au-delà du panneau acrylique au milieu du Jardin botanique. L’animal aux yeux de perles, connu sous le nom de sirène des amazones, flottait sereinement dans l’eau. C’était le seul endroit au Japon où l’on pouvait voir le lamantin d’Amazonie.

« Wooow… » Il s’était d’abord détourné de nous, mais dès qu’il avait remarqué Marie, il avait soufflé quelques bulles et s’était retourné. Il avait alors bougé ses courtes nageoires et avait pointé son museau bouffi, semblable à celui d’un cochon, vers elle.

C’était un spectacle étrange, de voir un lamantin et une elfe se rencontrer pour la première fois. Ils étaient chacun dans leur propre monde de bleus vifs et de verts verdoyants. D’une certaine manière, je sentais qu’il y avait une qualité fantastique à la scène.

Marie avait posé sa main pâle et fine sur le panneau acrylique, et le lamantin avait appuyé son nez sur l’autre côté. Cette image du parc Banana Wani était restée gravée dans mon esprit. C’était ça, créer des souvenirs en voyage.

Voir ces deux êtres merveilleux se rencontrer était étrangement touchant. J’avais pris une photo pour immortaliser ce moment, et j’étais sûr que Marie, le visage rose, l’apprécierait. J’avais décidé de la lui montrer à notre retour de voyage.

 

 

Le ciel était dégagé au-dessus du toit-terrasse, avec une vue qui valait complètement le voyage jusqu’à la montagne. Les montagnes nous entouraient des deux côtés, et devant nous se trouvait une mer d’un bleu cobalt. C’était un spectacle estival et coloré, et nous pouvions même voir l’île Izu Oshima au loin.

La crème glacée jaune vif était quelque peu inhabituelle. Elle était faite avec le thème du parc, les bananes. Marie m’avait jeté un regard curieux quand elle en avait vu une pour la première fois.

Les filles s’étaient appuyées contre la balustrade et avaient commencé à grignoter leur crème glacée. La crème glacée aérienne avait fondu sur leurs langues, laissant une douceur naturelle lorsqu’elle passait dans leurs gorges. Cette friandise glacée était parfaite pour se rafraîchir après avoir traîné dans la serre, et elle laissait un arrière-goût sucré, tropical, au goût de banane.

« Mmm, si froid et si savoureux ! »

« Mmf, je peux goûter la banane dans la douceur ! »

Leurs corps l’avaient interprété comme une nourriture nécessaire, il ne leur restait donc plus qu’à en profiter au maximum. Elles avaient admiré la zone de loisirs environnante, remplie d’hôtels, tout en continuant à déguster le délicieux dessert. Je m’amusais à les regarder s’amuser.

Marie avait étiré ses membres, puis avait poussé un soupir de satisfaction.

« La mer magnifique, toute cette nature autour de nous… Je suis si heureuse que nous soyons venus à Izu. »

« C’est tout à fait injuste. Le Japon est tout simplement imbattable en matière de saveur. Je ne peux m’empêcher de me sentir heureuse d’être ici chaque fois que je mange quelque chose de délicieux. »

Malgré sa pseudo-complainte, Wridra souriait joyeusement, complètement hypnotisée par son dessert. Shirley hocha la tête avec une expression rêveuse, peut-être parce qu’elle avait tellement aimé la serre, ou parce qu’elle venait de goûter une glace pour la première fois. Elle n’avait pas fait attention à ses cheveux blonds qui flottaient dans le vent et elle avait simplement apprécié la saveur et la vue. En les regardant, j’avais senti qu’elles m’avaient appris à m’amuser en vacances.

J’avais regardé la mer avec les filles, j’avais travaillé comme un fou, et j’avais senti un sentiment d’excitation et d’émerveillement monter en moi.

La légère odeur de sel portée par le vent m’avait rappelé que nous étions effectivement en voyage loin de chez nous. C’était complètement différent de la ville à laquelle j’étais habitué, et cela me semblait encore étrange que nous soyons ici à nous amuser. J’avais même senti une tension que je ne connaissais pas s’échapper de mes épaules.

Puis j’avais remarqué que quelqu’un m’enlaçait chaleureusement sur le côté. La fille elfe était douce et mince, et mon doigt avait effleuré ses omoplates alors que je passais mon bras autour d’elle.

« J’attendais de venir ici depuis si longtemps, et je suis heureuse de l’avoir fait. Merci de m’avoir amené ici, Kazuhiro-san. »

Son sourire heureux m’avait fait plisser la bouche un peu plus que d’habitude. On aurait dit que Marie était complètement détendue, tout comme moi. Pour être honnête, c’est elle qui avait rendu tout cela agréable pour moi. J’étais un peu gêné de le dire à voix haute, alors j’avais décidé de dire autre chose à la place.

« Nous allons bientôt rentrer à l’hôtel, mais c’est toujours une bonne idée de prendre un bain chaud après une longue journée de voyage. Que dirais-tu de passer un peu de temps dans un bain en plein air ? » Les yeux de Marie n’étaient pas les seuls à s’écarquiller de surprise. Avec la mer magnifique et vive et le ciel clair d’ici, la vue depuis le bain serait exquise.

« Oh, oh, ça a l’air génial ! Je ne peux pas attendre ! » Elle tapait des pieds sur place de façon adorable, et je m’étais dit mentalement que je devais m’assurer qu’elle passerait le meilleur moment de sa vie.

Les filles étaient absolument étourdies lorsque nous avions quitté la terrasse pour nous diriger vers l’hôtel.

Oh, c’est vrai. J’ai oublié qu’il y a quelque chose que je dois demander à Shirley d’abord.

***

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