Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 6 – Arc Été – Chapitre 5 – Partie 7

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Chapitre 5 : Bienvenue au Japon, Mademoiselle la Maître d’Étage

Partie 7

Mais je m’étais demandé une chose. Nous avions passé toute la journée ensemble jusqu’ici, mais je sentais quelque chose qui rappelait un léger sentiment de solitude chez elle. C’était comme quelqu’un qui pleurait doucement, comme un enfant perdu qu’on laissait derrière soi.

C’est bon.

J’avais frotté mon propre bras et lui avais exprimé ces mots simples. Ne t’inquiète pas. Je voulais qu’elle sache qu’il n’y avait rien à craindre. Peut-être parce que j’étais son hôte… Non, c’était quelque chose que moi seul comprenait.

« Parce que je suis comme toi. » J’avais prononcé ces mots à voix basse pour que personne ne puisse les entendre. Une émotion de surprise avait irradié des profondeurs de mon corps, comme le son d’une cloche.

Shirley avait été attachée au deuxième étage, toute seule, pendant très longtemps. Il n’y avait qu’une seule chose dont elle pouvait avoir peur maintenant : la peur d’être à nouveau seule. Encore plus quand on considère le fait qu’elle était immortelle.

C’est pourquoi je peux comprendre ce que tu ressens. Quand j’étais enfant, j’étais tout seul dans un endroit où il n’y avait personne d’autre. Sans personne à qui parler, les clôtures ressemblaient à mes yeux à une cellule de prison. Je me souvenais que mon souffle était d’un blanc pur lorsque j’expirais et que je frottais constamment mes mains l’une contre l’autre pour qu’elles ne s’engourdissent pas. Sachant ce que cela faisait d’être seul pendant si longtemps, j’avais vraiment peur que mon mode de vie actuel disparaisse un jour. J’avais toujours pensé : « Et si je revenais à la façon dont les choses étaient à l’époque ? »

C’est pourquoi j’avais voulu lui dire encore une fois, « C’est bon. »

Je n’allais pas disparaître, et la jeune femme qui souriait et demandait : « N’est-ce pas délicieux ? » était incroyablement gentille. Wridra, qui était assise juste à côté d’elle, était en fait très attentionnée, et elle s’occupait souvent de nous pour s’assurer que nous allions bien. Et nous allons bientôt faire des cultures ensemble, n’est-ce pas ?

Son cœur avait battu avec force une fois en réponse, et j’avais cru l’entendre dire doucement : « Oui. » Les battements de son cœur avaient augmenté régulièrement en intensité, une émotion autre que la peur que j’avais ressentie plus tôt prenant le dessus. C’était comme si elle attendait avec excitation le jour d’un voyage scolaire, et je pouvais l’imaginer se couvrant les lèvres pour cacher son souffle accéléré.

Malheureusement, c’était tout ce que je pouvais lui dire pour le moment. Un jour, je voulais l’aider pour qu’elle se sente vraiment soulagée du fond du cœur. Mais pour l’instant, elle devait prendre son temps et profiter des moments que nous avions maintenant. Et donc, j’avais pris une bouchée du dernier morceau de dango à l’armoise. Le dango garni de pâte de haricot rouge était si doux qu’il s’étirait lorsque mes dents s’enfonçaient et tiraient.

Tout ce que j’avais pu apprécier, c’est la texture quand j’avais mâché et que ça avait effleuré ma langue. Je ne pouvais pas sentir sa saveur ou son odeur avec Shirley qui me hantait, mais ce n’était pas si mal, sachant qu’elle s’amusait.

Nous nous étions tous rapprochés les uns des autres.

Wridra avait exigé que je m’approche encore plus. Elle m’avait tiré par la taille, et j’avais failli trébucher.

« Tu es timide, c’est ça ? Comme c’est adorable, » avait-elle dit, et j’étais encore plus troublé par son visage si proche du mien. Je veux dire, j’étais un homme, après tout.

Le vieil homme qui tenait un smartphone souriait chaleureusement en nous regardant.

« D’accord, dites “cheese” ! » avait-il dit. J’avais fait maladroitement un signe de paix, et j’avais entendu le bruit de l’obturateur qui claquait. Wridra, qui se tenait au centre comme le personnage principal d’une histoire, s’était dirigée vers le vieil homme, toujours accrochée à ma taille. Elle avait retourné le smartphone pour y trouver notre photo commémorative, et l’Arkdragon avait fixé l’écran.

« Kitase, est-ce que tu fermes les yeux ? On dirait que tu es sur le point de disparaître comme un fantôme. »

« Non, ils sont ouverts. C’est juste l’aspect de mon visage. »

J’avais presque envie de pleurer. C’était la cruelle réalité des photos. J’étais obligé de faire face à la différence dramatique entre moi et les belles dames avec qui j’étais. Oui, j’étais devenu douloureusement conscient du fait que, s’il y avait de la lumière dans ce monde, il y avait aussi de l’obscurité. Soudain, Wridra sembla remarquer quelque chose et elle se mit à feuilleter d’autres photos, s’arrêtant un instant avant de parler.

« C’est peut-être mon imagination, mais j’ai l’impression que l’effort que tu fournis pour ces photos varie beaucoup. Seule une moitié de moi apparaît sur ces photos. Regarde, on ne voit que mon signe de paix sur celle-ci, » avait-elle fait remarquer.

« Hm ? Oui, ça arrive parfois. Probablement parce que je ne suis pas encore trop habitué à prendre des photos. Ce n’est que récemment que j’ai commencé à partir en voyage et à faire du tourisme. » J’avais répondu en riant, mais le regard de Wridra s’était aiguisé. Je voyais bien qu’elle n’avait pas du tout confiance en mes paroles, et elle me faisait penser à un chat intimidant son adversaire, ce qui m’effrayait un peu.

« Oho, alors je me demande bien pourquoi toutes les photos de Marie sont prises si parfaitement ! C’est une véritable énigme, tout comme ton visage endormi ! Celle où je suis le chat noir est particulièrement horrible. La photo n’est même pas nette ! C’est plus flou que ton visage ! Regarde ! »

« Ça ne peut pas… Tu as raison. Je me demande pourquoi ça a l’air si mauvais… » La prise de conscience m’avait frappé au moment où j’avais répondu, et Wridra m’avait regardé fixement comme si elle ne me croyait pas le moins du monde. Oui, si un monstre pouvait se transformer en une paire d’yeux éblouissants, les siens étaient probablement ce à quoi il aurait ressemblé.

« T-Toi… Ne penses-tu pas que ce favoritisme est beaucoup trop fort ? En voyant à quel point c’est flagrant, je m’inquiète réellement pour ton avenir. Comprends-tu vraiment ce qui se passe ici ? » Les épaules de Wridra tremblaient en parlant. Mais je n’avais vraiment aucune mauvaise intention, alors je ne savais pas quoi dire.

Wridra avait réagi de façon excessive. Je n’étais tout simplement pas doué pour prendre des photos. Je m’étais retourné pour chercher le soutien de Marie, mais elle se couvrait le visage de ses deux mains, et je ne pouvais même pas voir son expression. Alors que je me demandais ce qui n’allait pas chez elle, j’avais entendu le rire du vieil homme tout près.

« Vous, mesdames, êtes certainement pleines de vie. Je suis heureux de voir que vous semblez toutes vous amuser à faire du tourisme. » Il avait ri gentiment, et j’avais incliné la tête en vitesse. Je m’étais excusé d’être si bruyant, mais il m’avait tapoté l’épaule, complètement indifférent.

« Jeune homme, il fait chaud aujourd’hui, alors assurez-vous de rester hydraté. »

« La nourriture était délicieuse. Merci. »

« Oui, revenez nous voir ! » Nous avions fait un signe d’adieu au vieil homme et avions finalement repris notre promenade dans le quartier commerçant. Et pourtant, je ne pouvais pas me retourner, car je sentais encore Wridra me lancer un regard noir.

Nous étions venus pour prendre un petit-déjeuner, et nous avions cédé à la tentation du dango dès le départ. Alors que cette pensée me venait à l’esprit, j’avais entendu quelque chose que je ne pouvais pas croire.

« Hmm, quelle friandise déguster ensuite… ? »

Quoi… !?

J’avais été choqué par les mots qui étaient sortis de la bouche de Wridra. Je pouvais voir qu’elle ne plaisantait pas en regardant autour d’elle, ses cheveux noirs se balançant. Elle était sérieuse. Elle avait sérieusement oublié de trouver un endroit pour déjeuner. Il était rare que je perde mon calme, mais ma voix tremblait légèrement lorsque je parlais.

« Wridra ? N’aurais-tu pas par hasard oublié notre mission de choisir un endroit pour manger ? »

« Hm ? Non, bien sûr que non. Je suis le grand Arkdragon, après tout. Cependant… hm, je sens quelque chose de sucré… » Elle avait reniflé les alentours avec son nez fin, mais nous n’étions qu’à quelques mètres de la dernière échoppe… Même le vieil homme de tout à l’heure nous regardait bizarrement.

Oh, je sais. Marie devrait me soutenir ici.

La capacité de son estomac était différente de celle de Wridra, et elle aurait sûrement voulu éviter d’être trop pleine pour déjeuner. Vu son intelligence, elle aurait sûrement compris.

Je m’étais tourné vers Marie, empli d’espoir, mais je n’avais pas su trouver les mots quand je l’avais trouvée en train de fixer passionnément une boutique de souvenirs. J’avais suivi son regard jusqu’aux rangées de pièces de tissu teintées en indigo qui semblaient porter des armoiries familiales de tout le Japon.

« Dis, quels sont ces symboles démodés ? »

« Viens, Marie. Wridra s’en va toute seule, » lui avais-je dit d’un ton agité alors que je commençais à perdre la beauté aux cheveux noirs dans la foule. Il semblerait que Shirley était la seule de mon côté ici, car je pouvais sentir une panique similaire chez elle. Cependant, elle hantait mon corps, donc elle était complètement impuissante en tant qu’alliée.

Puis, je m’étais finalement souvenu. Wridra se baladait toute seule, mais elle n’avait pas de porte-monnaie. Cela signifiait qu’elle devrait revenir même si je ne la poursuivais pas, et que nous n’aurions pas à manger de sucreries. C’est dans cet esprit que j’avais décidé de répondre à la question de Marie.

« C’est un blason familial. Ce sont des emblèmes qui représentent votre lignée ou votre foyer. Il y en a aussi sur ces drapeaux là-bas. »Les yeux de Marie s’étaient illuminés à ma réponse.

Apparemment, les armoiries familiales étaient un concept extrêmement attrayant pour les habitants du monde imaginaire. Ils présentaient des dessins géométriques avec des fleurs, des plantes et même des dango comme motifs. Marie avait été complètement séduite par leur charme.

Pendant que je donnais mon explication, j’avais senti une tape sur mon épaule. Je m’étais retourné pour découvrir que Wridra était réapparue, mais mes yeux s’étaient agrandis lorsque j’avais remarqué ce qu’elle tenait dans ses mains.

Quoi, du dorayaki !? Comment a-t-elle pu avoir ça sans argent ?

« Je l’ai regardé fixement pendant un certain temps, puis je l’ai reçu gratuitement. Voilà, nous allons le partager entre nous. »

« Oh, c’est si joliment bruni ! Hm, une odeur si douce et invitante ! »

Attends, ne me dis pas qu’elle…

Je m’étais tourné vers l’étalage que Wridra désignait, et j’avais été de nouveau surpris de trouver un vendeur debout, le cœur dans les yeux. Les belles femmes avaient de la chance. Si j’avais fait la même chose, j’aurais probablement été traité comme une nuisance et mis à la porte.

En regardant les deux autres manger, j’avais senti une sueur froide couler dans mon dos. Je commençais à m’inquiéter pour l’estomac de Marie.

Comment est-ce arrivé ? Je croyais qu’on parlait de régime il n’y a pas si longtemps…

Puis, la chose qui m’inquiétait s’était réalisée.

Il était impossible pour les filles d’endurer au milieu d’un quartier commerçant plein d’arômes alléchants. Dorayaki à la crème, patates douces, et yokan aux pommes de terre rôties… Les dango en particulier avaient toutes sortes de saveurs, comme le sésame et le mitarashi, alors c’était impressionnant de voir combien on pouvait en manger sans se lasser. L’estomac de Marie était devenu complètement plein et elle avait continué à grignoter tout au long de notre promenade dans le quartier commerçant.

Puis, elle l’avait trouvé. C’était un restaurant traditionnel de tempura qui sentait la pâte à frire fraîche et avait une apparence de style Showa. Les passants s’arrêtaient même dans la rue pour faire demi-tour en remarquant l’odeur invitante de l’huile de sésame. Marie se tenait au milieu de la foule et ne savait plus quoi dire.

La brochette de dango qu’elle tenait était tombée sur le sol.

« Ah… » À en juger par l’expression de son visage, il semblait qu’elle venait de se souvenir de notre mission de trouver un endroit pour déjeuner. Elle s’était frotté le ventre, puis s’était lentement tournée vers moi. Des larmes avaient perlé dans ses yeux, et elle semblait sur le point de pleurer, mais la sauce sur ses lèvres lui donnait un air encore plus triste.

« A-Ahh… »

« Reprends-toi, Marie. Tu ne devrais pas te forcer à manger si tu es pleine. » J’avais essuyé ses lèvres avec un mouchoir et elle m’avait entouré de ses bras. En temps normal, j’aurais été troublé par la douce sensation de ses lèvres, mais tout ce que j’avais pu dire dans ce cas, c’est : « Qu’est-ce que je t’ai dit ? »

Marie tremblait de frustration, sa voix se brisait d’émotion.

« Quelle terrible ruse imaginée contre moi... J’aime tellement les tempuras ! Les crevettes ont l’air si délicieuses, mais je suis si pleine que mon estomac pourrait éclater ! Ah, je suis si triste que je pourrais pleurer ! » J’avais frotté son dos pour la consoler, mais c’était un moment un peu surréaliste avec le bruit de la friture des tempuras en arrière-plan. L’employé du restaurant nous regardait aussi d’un air confus.

J’avais continué à tapoter le dos de Marie, puis j’avais remarqué que Wridra essayait d’attirer mon attention.

« Je peux encore manger en abondance, » fit-elle d’un geste, mais tout ce que je pouvais faire était de secouer la tête pour refuser. Wridra avait l’air choquée, mais nous avions échoué notre mission, donc il n’y aurait évidemment pas de récompense.

Mais je me serais senti mal si ça s’était terminé sur une note aussi triste. Nous avions fait tout notre possible pour profiter des paysages du Japon, et Shirley s’était retenue tout ce temps.

« Pourquoi ne pas manger des bols de tempura pour le dîner ? Ils ne seront peut-être pas aussi bons que ceux qui sont servis ici, mais est-ce que ça te convient, Marie ? » Je l’avais murmuré à son oreille, et elle s’était immédiatement redressée.

Ses yeux colorés et violets étaient grands de bonheur, et elle avait jeté ses bras autour de mon cou avec amour. Elle frotta sa douce joue contre moi, puis murmura : « C’est pour ça que je t’aime bien, » et j’avais senti ma température monter un peu. Mais il était difficile de dire si c’était moi qu’elle aimait vraiment, ou les bols de tempura.

« Regarde, il y a des desserts faits avec de la glace râpée là-bas. Il semble que ça s’appelle, “glace pilée”. »

« Alors c’est ça que tu veux pour le dîner, hein, Wridra ? » Je le lui avais demandé en souriant, et elle avait vigoureusement secoué la tête d’un côté à l’autre.

En tout cas…

Ah… elle ne pouvait pas résister aux sucreries après tout…

Telles étaient mes pensées alors que je prenais Marie par la main et que nous rentrions à la maison.

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