Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 6 – Arc Été – Chapitre 3 – Partie 5

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Chapitre 3 : Une soudaine mission de rang S

Partie 5

Il semblait faire attention à ne pas l’endommager.

Les mains poilues de Mewi avaient porté avec précaution vers nous un objet recouvert d’une pellicule. Il le posa ensuite sur la table, et nous nous étions tous penchés pour regarder. La masse enveloppée dans le tissu était de la taille d’un poing, et elle était dure au toucher. Puis, ces yeux de chat m’avaient regardé.

« Maître Kazuhiho, auriez-vous l’amabilité de fermer cette fenêtre ? » J’avais répondu à la voix androgyne de Mewi, puis je m’étais dirigé vers la fenêtre.

J’avais déplacé les planches de bois pour bloquer la lumière du soleil venant par la fenêtre, et l’atelier avait été rempli d’obscurité. Puis, j’avais regardé autour de moi et j’avais trouvé de nombreuses pierres magiques, scintillant comme des étoiles dans le ciel nocturne.

Au fond de l’atelier, Mewi nous avait interpellés en fouillant dans quelque chose.

« Le plus drôle, c’est qu’il y a des gagnants et des perdants. »

« Attendez, parmi les pierres magiques ? Elles ne sont donc pas toutes identiques ? »

« Eh bien… Ah, voici Elixia. » Avec ça, le petit Neko s’était levé. Cette obscurité ne le gênait probablement pas du tout, vu sa vision nocturne supérieure.

Nous avions tout de suite visité l’atelier de Mewi, et nous avions découvert qu’il avait déjà fini de raffiner la Pierre Magique. Le bâtiment était sombre, car la porte était fermée, mais nous n’étions pas trop gênés par l’obscurité avec la lumière pâle émise par la pierre magique recouverte de tissu. J’avais senti quelqu’un tirer sur ma manche et je m’étais retourné pour trouver les grands yeux de Marie qui me fixaient.

« Il y a quelque chose d’étrange avec ça. C’est censé être un support magique, mais on dirait plutôt que… ça circule. »

« Hmm… J’ai du mal à comprendre. Est-ce que cela a quelque chose à voir avec les gagnants et les perdants dont Mewi a parlé plus tôt ? »

Une main velue s’était tendue sur la table et la tête de Mewi s’était penchée. Il semblait y avoir une sorte de fluide dans la bouteille transparente qu’il tenait. Il rencontra mon regard avec ses yeux clairs, puis il répondit au commentaire de Marie.

« Oui, les perdants sont de simples catalyseurs qui augmentent le pouvoir magique. Alors, vous pouvez demander, qu’est-ce qu’un gagnant ? Ceux qui circulent, comme vous le dites… Oui, ceux-là sont vivants. »

Cela signifie-t-il qu’il y avait des morts et des vivants ? Mewi avait dû se dire qu’il serait plus facile de nous montrer plutôt que d’expliquer, et il ramassa le morceau de tissu. Nous n’avions pas pu nous empêcher d’élever la voix en signe de surprise.

« Wôw, une si jolie turquoise ! C’est encore plus transparent qu’avant… comme si ça brillait de l’intérieur. »

« Oui, celle-ci est incroyablement précieuse. J’ai vu beaucoup de Pierres magiques, mais il est assez rare qu’elles soient aussi belles. » Je ne savais pas en quoi sa beauté était importante, mais Mewi avait certainement l’œil pour évaluer les pierres magiques. Il semblait que celle-ci était de première qualité.

« D’après ce que je peux dire, il y a plusieurs pierres magiques mélangées dans celle-ci. Les pierres compatibles peuvent fusionner les unes avec les autres pendant de nombreuses années. Sa pureté a été encore accrue par le raffinement et l’amélioration. Je ne sais pas quelles sont ses capacités actuelles. » Mewi était devenu si compétent depuis que nous étions partis. Il était toujours si timide avant, mais il avait rapidement changé depuis qu’il avait appris à parler et qu’il avait gagné une profession.

Bien que sa voix soit celle d’un enfant, son discours était confiant et concis. Ses explications le faisaient ressembler à une sorte de bijoutier mystique, ce qui donnait à l’atelier une sorte de sentiment de luxe. Cela m’avait donné envie de le traiter comme un commerçant et de lui dire « Mais c’est cher, non ? » en guise de plaisanterie. Bien sûr, Mewi n’avait pas demandé un prix élevé en guise de paiement, mais il m’avait tendu un morceau de papier.

« Hm ? Qu’est-ce que c’est ? »

« Ceci est un permis d’Aja le Grand pour posséder la pierre magique, alors s’il vous plaît ne le perdez pas. »

Je n’avais pas réalisé qu’il avait déjà fait un tel travail de préparation pour nous. En y réfléchissant, ce sont les pierres magiques qu’il était interdit de faire sortir du pays, et l’atelier de Mewi en était rempli. Aja avait dû se rendre compte qu’un tel permis aurait été nécessaire. Mais il semblait qu’il y avait d’autres procédures à suivre.

 

 

« La pierre magique doit être enregistrée avec un propriétaire. Il est possible d’enregistrer plusieurs propriétaires, mais… que voulez-vous faire ? »

Honnêtement, je ne savais pas ce que l’enregistrement ferait, ni même ce qu’étaient les Pierres magiques en premier lieu. Mais c’était ce que nous étions venus découvrir, alors j’avais levé la main pour me porter volontaire pour le moment. Marie avait également levé la main, confirmant que nous serions tous les deux enregistrés. La chatte noire recroquevillée sur la table n’était qu’un familier, et non le propre corps de Wridra, ce qui explique peut-être pourquoi elle avait décidé de se retirer.

« Ensuite, je vous demande de placer tous les deux vos doigts sur la pierre magique. Je vais verser une goutte d’Elixia, pour que vous puissiez toucher la pierre directement. » Nous avions pressé nos doigts contre la pierre magique comme on nous l’avait dit.

Alors que nous touchions tous les deux la pierre précieuse très pure, Mewi rapprocha le flacon transparent. Une seule goutte était tombée sur mon doigt, puis sur celui de Marie, et le liquide avait coulé de nos ongles jusqu’au bout. Au fur et à mesure que l’Elixia s’infiltrait entre la pierre et nos doigts, j’avais senti que la pierre se réchauffait.

« Voilà, vous êtes maintenant tous les deux inscrits à la pierre magique. Je vais donc commencer l’incubation maintenant, » déclara Mewi.

« Attends, l’incubation ? Ne me dis pas…, » avais-je demandé.

« Se pourrait-il qu’il ne s’agisse pas d’une pierre précieuse, mais plutôt d’une sorte d’œuf ? » ajouta Marie. Mewi sourit, apparemment heureux de notre surprise. Cette expression me rappela un certain chat noir espiègle qui vivait dans ma chambre.

+

Une rafale souffla sous le ciel bleu.

La saison des pluies étant passée, le vent devenait de plus en plus sec. Les vents ressembleraient bientôt de nouveau à ceux d’un pays désertique. Ces pensées m’avaient traversé l’esprit alors que la pierre magique s’élevait au-dessus de nos têtes. Elle devenait encore plus transparente, comme si elle était sur le point de se fondre dans l’air.

Je me demandais ce que Mewi entendait par « incubation ». Pourtant, j’avais fait ce qu’il m’avait demandé, en lançant craintivement la pierre en l’air. Puis, au lieu d’atterrir sur le lit de la rivière et de se briser en morceaux, elle s’était figée en l’air.

J’avais été pris par surprise par cette forte et soudaine rafale, mais j’avais été encore plus choqué par ce que j’avais vu lorsque j’avais ouvert en grand les yeux. Là, une grosse créature ressemblant à un insecte flottait dans l’air.

« Wôw, ça m’a surpris. C’est un insecte ? Un avion ? »

« Ah, il flotte un peu au-dessus du sol. Peut-être que ce sont ces ailes qui vibrent. »

Quoi que ce soit, c’était de la couleur du sable séché avec ce qui semblait être les ailes déployées d’un oiseau. Au bout de ces ailes, il y avait plusieurs couches de plumes transparentes. Les plumes vibraient finement, semblant maintenir la créature en équilibre alors qu’elle ondulait dans l’air.

« Quel grand insecte ailé ! Je n’ai jamais vu un type volant aussi grand ! » Il semblait que la pierre magique était inhabituelle, même selon les critères de Mewi. Mais puisqu’il l’appelait « type volant », peut-être y avait-il d’autres types d’insectes. Plus important encore, j’avais décidé d’observer la pierre magique maintenant que son incubation était terminée.

Il y avait une envergure d’environ quatre mètres entre les deux ailes. Des sortes d’antennes dépassaient de ce qui semblait être sa tête, et la façon dont elle se tortillait me faisait vraiment penser à des insectes ailés.

Je m’étais baissé sur le sol et j’avais regardé son abdomen pour découvrir qu’il y avait plusieurs jambes qui en sortaient en ligne. J’avais essayé de toucher son corps avec un doigt, et j’avais senti qu’il était dur au toucher, presque comme un os d’animal.

« C’est une manifestation de la pierre magique, et elle reprendra sa forme de pierre lorsque vous lui ordonnerez de “revenir”. Elle bougera en réponse aux mots et à la volonté de l’entrepreneur. Vous devriez être en mesure de la contrôler librement une fois que vous vous y serez habitué. »

« Je n’ai jamais fait quelque chose comme ça, donc il peut être difficile d’en avoir une idée. Hmm, peux-tu essayer de voler plus haut ? » Il avait émis un étrange son de roon, puis fit vibrer ses ailes transparentes plus rapidement. Puis, sous nos yeux, il s’envola à une dizaine de mètres du sol. Marie se protégeait les yeux avec sa main et regardait droit devant elle, les yeux pétillants d’étonnement.

« Wooow… C’est étrangement émouvant. »

« C’est comme si on utilisait un jouet géant télécommandé. Je me demande s’il peut revenir à sa position initiale. » Il avait fait ce même bruit étrange, puis il était redescendu à l’endroit où il était avant de s’envoler. Il décéléra en se rapprochant du sol, peut-être par instinct pour éviter de s’écraser contre le sol.

Puis, Marie avait semblé remarquer quelque chose et elle donna un coup sur la tête de l’insecte.

« Oh, ces petites choses louches sont ses yeux ? Il est si gros, mais il est plutôt mignon. »

« Oui, ce n’est pas du tout effrayant. Il fait même une sorte de son stupide. »

Mais en regardant cet insecte, je ne pouvais m’empêcher de sentir une curiosité grandir en moi. Sa taille, son dos plat… C’était presque comme si… J’avais regardé Marie, et nos regards s’étaient croisés. À en juger par l’excitation dans son expression, j’avais le sentiment qu’elle pensait la même chose.

« Hé… » Marie m’avait fait signe et j’avais approché mon visage. Puis, elle plaça une main sur mon oreille et chuchota. « Ne crois-tu pas qu’on pourrait le monter ? »

« Ha ha, c’est vrai. Je me demande ce que Wridra pense de ça ? » La chatte noire s’était retournée pour nous faire face. Elle hocha la tête à plusieurs reprises, nous faisant savoir qu’elle était tout à fait d’accord. Monter ? Ne pas monter ? Il n’y avait aucun doute là-dessus. Cela avait éveillé notre curiosité, après tout. Et donc, nous avions décidé d’approcher l’insecte ailé.

J’avais posé un pied dessus. Il n’avait pas bougé.

J’avais lentement mis mon poids sur lui, mais il avait juste légèrement augmenté le rythme de ses ailes vibrantes. Je m’étais lancé et j’avais mis tout mon poids dessus… et il avait continué à planer dans les airs.

Les autres, qui regardaient tout cela, m’avaient applaudi. Bien que les applaudissements de Mewi aient été étouffés par toute la fourrure.

J’avais appelé Marie, qui était si excitée que son visage était rouge, et elle m’avait pris la main. Elle s’était mise à quatre pattes avec sa robe, et l’insecte avait fait vibrer ses ailes encore plus vite.

« C’est assez stable. Je pensais que ce serait plus rocheux. »

« Jette donc un coup d’œil. On dirait qu’il ajuste sa flottabilité avec ses ailes. Il a fait la même chose quand je suis monté. Maintenant, ça te dérangerait de monter un peu plus haut ? » Il avait de nouveau fait ce bruit de roon, comme pour répondre, et j’avais immédiatement eu l’impression de flotter. Nous nous étions sentis monter progressivement, et Marie s’était agrippée frénétiquement à ma cuisse.

« Ah, ah, ahhh ! On flotte un peu ! »

« Hmm, nous ne sommes qu’à environ un mètre de hauteur. Wridra, peux-tu monter par là ? » J’avais demandé à la chatte noire, qui avait remonté le lit de la rivière en courant et avait sauté sur le dos de Marie comme si elle avait attendu l’invitation. Une fois que la chatte fut fixée sur les épaules de Marie avec ses griffes, la chatte et Marie avaient chacune tourné respectivement vers moi leurs yeux de marbre et d’améthyste.

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