Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 5 – Chapitre 11

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Chapitre 11 : Sur la Route

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Chapitre 11 : Sur la Route

Partie 1

J’observais en ce moment le ciel s’éclaircir. La rivière était devenue brune à la saison des pluies et son niveau d’eau était monté jusqu’au rocher sur lequel j’étais assis. Elle coulait avec beaucoup plus d’intensité que d’habitude, et une grande partie du lit de la rivière avait été avalée par les eaux troubles.

Après un moment, je jetais un coup d’œil pour voir un Zarish inconscient étendu à l’ombre d’un rocher. Il avait dû vivre une expérience très traumatisante, vu qu’il n’avait pas une seule blessure sur lui malgré son visage pâle. À en juger par ses gémissements, il ne faisait pas un très bon rêve. Il était à peu près six heures du soir au Japon, à l’heure qu’il est. Alors que la pensée me traversait l’esprit, une voix m’avait parlé par le biais du Chat de Lien Mental.

« Hm, il semble que tu y pensais depuis le début. » La draconienne n’avait pas l’air de dormir, bien que l’aube soit déjà là. En fait, il y avait un ton doux et maternel dans sa voix. J’avais senti les doigts autour de la poignée de mon épée trembler légèrement à ses mots.

« Je suppose que rien ne t’échappe, Wridra. Les deux autres dorment-elles ? » demandai-je.

« … En effet. Elles ont l’air tout à fait paisibles. Elles ont été turbulentes si tard dans la nuit. Hah, hah, leurs visages endormis commencent à m’endormir. » Je poussai un soupir de soulagement. Je ne voulais pas qu’elles voient ce que je m’apprêtais à faire.

« Tu as la voix d’un homme maintenant. Je te voyais comme un avorton, mais tu es devenu si fiable avant que je ne le sache, » déclara Wridra.

« Ce n’est pas comme ça. Il s’avère que j’ai un tempérament sanguin. On ne sait jamais ce qu’un type comme moi peut faire dans un accès de rage. » La dragonne avait gloussé, et nous avions tous les deux expiré en même temps. Notre soupir matinal était identique, malgré la distance qui nous séparait. Elle regardait probablement tout comme moi le ciel blanc. C’était peut-être pour cela que mes prochains mots pour elle étaient si honnêtes.

« Merci, Wridra. Pour ne pas t’être mise entre moi et Zarish ce jour-là, » déclarai-je.

« Je n’aime pas les subtilités des interactions humaines. J’ai simplement pensé que c’était une épreuve nécessaire à traverser pour toi. Cependant, c’était plus par intuition que par logique de ma part. » J’avais vraiment apprécié. Si je l’avais laissée agir à l’époque, je l’aurais probablement regretté même maintenant, alors que nous étions en train de nous amuser ou de faire autre chose. Et même si Wridra l’avait battu pour moi, cela m’aurait quand même marqué. La honte de lui avoir fait faire tout le sale boulot serait restée avec moi tout le temps.

Cette étape était donc pour moi. Peut-être que ce que je m’apprêtais à faire n’était que de la cruauté pour ma propre satisfaction. Mais je n’aurais pas pu faire marche arrière maintenant.

J’avais de nouveau placé ma main sur la poignée de mon épée. J’avais une fois pour toutes pris la résolution de mettre fin à sa vie. J’avais lentement sorti mon épée de son fourreau, en observant son visage inconscient en silence.

« … J’ai une information intéressante pour toi. On dit qu’il n’y a en fait qu’une seule condition pour qu’un mâle et une femelle deviennent une paire. » Les doigts autour de mon arme s’étaient desserrés. Mon champ de vision étroit s’était élargi à nouveau en raison de ses mots, et j’avais imaginé la dragonne dans mon esprit en lui répondant.

« Pour devenir une paire ? Le mâle doit-il prouver sa force ou est-ce autre chose ? » demandai-je.

« Non, pas cela. C’est pour faire croire à la femelle qu’elle serait d’accord pour mourir. » Ma curiosité avait grandi en entendant cela. À ce moment, j’avais pensé à Mariabelle, pour une raison inconnue.

L’elfe à moitié féérique était toujours si adorable, et je pensais à la façon dont elle s’appuyait contre moi pour se réchauffer lorsqu’elle lisait des livres. Son corps léger qui s’appuyait contre le mien remplissait toujours mon cœur, que je sois au Japon ou dans le monde des rêves. Wridra continua sur un ton doux.

« Il est dangereux de donner naissance à un enfant. C’est pourquoi une femme doit penser qu’il vaut la peine de mourir avec son partenaire avant que les deux puissent vraiment former un couple. »

« Tu dis donc que ce n’est pas moi qui décide. C’est en fait un peu un poids en moins sur mes épaules. » On avait ri. C’était comme toujours. Mon chemin avait toujours été décidé par la curiosité de Marie, et elle me tenait la main par caprice. Je m’étais alors soudain souvenu de quelque chose, et j’avais regardé le ciel à nouveau en posant une autre question.

« Wridra, tu te souviens de ce que tu m’as dit au parc à thème ce jour-là ? Tu as dit : “Les pensées des hommes mauvais finiront par se manifester dans ton esprit sans que tu t’en rendes compte”. Je crois que j’ai enfin compris ce que tu voulais dire, » déclarai-je.

Des hommes puissants et méchants comme lui avaient toujours géré les choses de manière très efficace. Moi aussi, j’essayais de résoudre ce problème à la racine en prenant la vie d’une personne inconsciente. C’était, en effet, la façon la plus efficace de procéder. Mais cette décision avait été prise en raison de ma propre faiblesse. Sinon, j’aurais pu choisir une autre voie, comme le défier en duel.

« Wridra, ne me dis pas que tu crois que je pourrais le battre en duel ? » demandai-je.

« Je n’aime pas le décrire comme une “croyance”. Cela peut sembler agréable, mais je n’opère pas sur la base d’une croyance aveugle. Je souhaite simplement qu’elle devienne vraie, enfant de l’homme, » répondit Wridra.

Pour une raison inconnue, j’avais été ému. Nous étions peut-être très éloignés, mais j’avais senti les paroles de mon mentor dans mon cœur et j’avais remis mon épée dans son fourreau.

Afin de continuer à vivre sans honte, de continuer à tenir la main de Marie et de tenir ma promesse avec Eve de résoudre ce problème avec le moins de violence possible, j’avais décidé de garder mes mains exemptes de sang.

 

§§§

Alors que le ciel s’éclaircissait, l’homme gémit. Je l’avais regardé s’asseoir, puis je lui avais parlé d’une voix calme.

« Enfin réveillé, Zarish ? J’espère que tu as apprécié ta nuit de terreur. »

« … »

Son visage s’était transformé en un air renfrogné pendant un instant, puis il s’était massé les sourcils. Son corps avait dû être épuisé par cette peur et cette tension extrêmes, mais cela n’avait pas dû affecter ses performances au combat. Après tout, il était connu comme le candidat héros.

« Maudit sois-tu… ! Où est-ce que c’est… !? »

« Un endroit assez éloigné du manoir des roses noires. Mais ce n’est pas si loin que tu ne puisses pas retourner dans la civilisation, » répondis-je.

Il avait scruté son environnement pour s’assurer que personne d’autre ne se cachait quelque part. Bien sûr, j’étais le seul ici. Marie et Eve dormaient profondément, et j’avais préparé cet endroit par moi-même en utilisant Trayn, le guide du voyage, ma technique de mouvement qui ne pouvait être utilisée qu’une fois par jour.

Zarish avait tourné ses yeux vers sa taille et il avait été surpris de constater que son épée était toujours là. Il avait eu raison d’être surpris. Vu qu’il était inconscient, j’aurais pu le tuer à tout moment. Pendant qu’il digérait son choc, je lui avais reparlé calmement.

« J’aurais pu y mettre fin après notre petit plaisir, mais il s’avère que je ne peux pas ignorer ma haine envers toi, » déclarai-je.

« La haine ? Pour t’avoir tué ? »

Non, je ne l’aurais pas détesté juste pour ça. Après tout, j’avais été tué par la plupart des femmes que je connaissais, et je ne savais pas combien de fois j’avais été dissous par des créatures quand j’étais plus jeune. Il pouvait dire ce que je pensais juste en regardant mon visage.

« Je suppose que je suis aussi gamin qu’il le semble. Parce que tu as essayé de mettre la main sur Mariabelle et pour tout ce que tu as fait aux nombreuses femmes autour de toi… Je suis en colère, aussi rare que cela soit, » répondis-je.

Un large sourire s’était répandu sur le visage de Zarish. En tant qu’homme qui avait toujours pris ce qu’il voulait, il avait probablement eu affaire à beaucoup de gens comme moi. Et donc, il se disait probablement : « Encore ça ? » C’était beaucoup, beaucoup plus facile à comprendre pour lui que les farces d’hier soir, et la peur en lui avait commencé à se dissiper. Après tout, son adversaire était le garçon qu’il avait poignardé en plein cœur il y a juste un jour.

« Je veux protéger la femme qui m’est précieuse. Je ne te laisserai pas la faire pleurer comme tu l’as fait avec les femmes autour de toi… Mais je ne peux pas m’empêcher de trouver ça ringard quand je le dis à voix haute, » déclarai-je.

« Hah, tu es beaucoup plus simple à comprendre maintenant que tu es de retour en chair et en os. Eh bien, je suis un homme qui prend ce qu’il veut. Tu peux abandonner l’espoir jusqu’au jour où je mourrai de vieillesse, Fantôme, » déclara-t-il.

Notre amusante petite fête de l’horreur s’était terminée, et j’allais maintenant faire face à un adversaire monstrueux, l’épée à la main. C’était pour le bien de mon propre ego, et pour ce que l’Arkdragon avait voulu.

Ses yeux scintillaient dans la lumière de l’aube comme celle d’une bête, et son intensité meurtrière faisait crier mon instinct « Fuis ». Mais c’était l’homme qui avait comploté pour faire vivre l’enfer à Mariabelle. Je devais mettre fin à son voyage ici et maintenant. J’avais pris la résolution de ne lui accorder pas la moindre pitié.

Mon cœur battait avec force dans ma poitrine.

Ce n’est pas que j’avais peur de l’horrible adversaire qui se trouvait devant moi.

Un sentiment que même moi je ne pouvais pas comprendre était au fond de moi, et j’avais l’impression qu’il prenait forme et devenait réel dans cette bataille. Quoi qu’il en soit, j’avais le sentiment que ce « quelque chose » fondu en moi était sur le point de naître dans ce monde.

***

Partie 2

De grosses gouttes d’eau étaient descendues du ciel, se transformant finalement en une pluie régulière. Une vaste étendue de dunes d’un brun profond s’y étendait, et on pouvait voir de plus en plus de verdure à une certaine distance vers le lit de la rivière. Les oiseaux venaient de se réveiller avec le soleil du matin, et ils s’envolaient pour trouver des fruits et des insectes pour les nourrir pour la journée.

Un fracas métallique avait retenti pendant cette matinée tranquille. On pouvait entendre le cliquetis de l’acier sur l’acier, suivi du bruit du métal qui se broyait contre lui-même. Si des gens ou des monstres avaient été présents, ils auraient probablement fui d’une peur instinctive. Il y avait assez de malice derrière ce bruit pour occasionner ça.

Finalement, le silence était retombé et un homme se tenait là, debout, proche du lit de la rivière, regardant le ciel tout seul. C’était Zarish, le candidat héros, ses cheveux blonds, trempés par la pluie, se balançant au vent. Il se tenait debout, son épée sortie de son fourreau, sa lame gorgée de sang.

Zarish soupira et ramena son épée à la taille sans la nettoyer, puis commença à marcher vers un sentier éloigné du lit de la rivière. Les oiseaux fuyaient l’odeur de sang qui l’imprégnait, et il repoussa les branches en marchant sur le sentier créé par les animaux. À ce moment, quelqu’un était apparu à côté de lui.

« Hé là, tu es un peu pâle, Zarie, » déclara le jeune homme.

« … Ngh ! » Zarish avait gémi face à la voix soudaine et joyeuse qui l’appelait. Il se retourna pour trouver le garçon assis sur le côté du sentier, comme s’il venait de se réveiller d’une sieste. Ils se battaient à mort il y a quelques instants, et il était là, comme si rien ne s’était passé. La tête de Zarish se balança en réponse, et lorsqu’il regarda à nouveau vers l’avant, alors que son expression était remplie d’une confusion et d’une rage intenses.

« … Ça suffit ! Combien de fois faut-il mourir avant de partir pour de bon, bon sang !?? » s’écria Zarish.

L’air autour de lui trembla lorsqu’il cria avec fureur, mais le garçon était imperturbable. En fait, il avait l’air carrément endormi alors qu’il se rapprochait. La manière désinvolte avec laquelle il marchait, presque comme s’il allait faire une promenade matinale, alimentait encore plus la fureur de Zarish.

« Qui sait ? Cela fait seulement quatre fois. Pourquoi ne pas voir par toi-même s’il y a une limite ? » demanda le garçon.

« Alors, très bien ! Crève, petite merde !! » La lame de Zarish résonnait contre son fourreau alors que son épée volait plus vite que la vitesse du son. Mais alors qu’il déclenchait l’attaque féroce, le garçon avait soudainement disparu. Cependant, ce n’était pas une illusion. Le garçon s’était téléporté dans une position hors de portée de la lame.

Encore une fois ! Chaque fois que j’utilise une attaque, ce morveux l’esquive la prochaine fois que je l’utiliserai ! Zarish grinça des dents en pensant à la situation. Son swing avait complètement raté sa cible et avait frappé un grand arbre à proximité, le faisant éclater en éclats. Mais à ce moment, Zarish ne pouvait plus bouger de sa position après avoir pris son élan. Le garçon était réapparu sur son flanc avant qu’il ne s’en rende compte, mais il n’avait montré qu’un sourire sinistre sans livrer une attaque de son côté.

« Wôw, c’est assez soigné. Toutes tes attaques sont plus rapides que la vitesse du son. C’est une capacité primaire impressionnante, Zarie. Je suis vraiment jaloux, » déclara le garçon.

« … Ngh ! » Zarish était devenu rouge de colère. Non seulement le garçon était ennuyeusement insolent, mais il était immédiatement revenu même après avoir été coupé en morceaux.

Le garçon était encore en dessous de lui. Il y avait d’innombrables individus qui étaient à son niveau… mais il commençait à échapper de plus en plus aux attaques de Zarish, ce qui prouvait qu’il était anormalement rapide à apprendre et à s’adapter. En réalisant que le garçon se rapprochait de plus en plus de son propre niveau, le candidat héros devenait de plus en plus mal à l’aise.

 

 

« Crois-tu que tu peux te moquer de moi, petite merde ? » Et donc, Zarish avait activé son atout : Le Doigt Divin. Il pointa sa main droite vers le garçon, puis pointa son petit doigt légèrement vers le haut pour le faire se figer en place. Non seulement cette capacité avait désactivé la capacité de la cible à se déplacer librement, mais elle avait aussi fait plier les lois de la physique. Faire flotter une pierre était une tâche simple, et il était imbattable dans un combat contre un autre épéiste comme celui-ci.

Le garçon était coincé dans les airs, ce qui le rendait incapable de se téléporter. Zarish avait projeté le garçon contre un grand arbre, faisant jaillir du sang et peignant les feuilles environnantes en rouge. Après avoir répété ce processus plusieurs fois, le garçon avait été battu et meurtri, mais au lieu de l’air de peur attendu, il avait affiché un sourire tenace.

« Ohh, donc c’est le coup que tu as utilisé sur Marie. Dommage que tu ne puisses pas l’utiliser à nouveau. Ne t’inquiète pas, je vais aussi mémoriser celui-là, » déclara le garçon.

« Aaargh ! Maudit sois-tu ! Crève ! Meurs maintenant ! » Le garçon avait été frappé sur la tête, et il n’avait plus bougé. Zarish respirait fortement, toujours aussi tendu comme s’il était en plein combat. Alors qu’il regardait nerveusement autour de lui, le corps du garçon avait disparu.

 

§§§

Je m’étais réveillé dans le lit de mon appartement, puis j’avais jeté un coup d’œil à la fenêtre sombre.

Il était déjà huit heures du soir, ce qui voulait dire que j’aurais normalement eu un bon dîner avec tout le monde à ce moment-là. Mais ce soir, je devais m’occuper de quelque chose. J’avais l’importante mission d’arrêter le candidat héros, Zarish, de mes propres mains.

J’avais actionné l’interrupteur pour l’éclairage indirect et je m’étais levé de mon lit. Ma gorge était desséchée par les longs combats et mon corps cherchait à se rafraîchir avec le thé d’orge se trouvant dans le réfrigérateur. Je voulais manger tout de suite, mais j’avais décidé que j’aurais pu l’effrayer encore un peu plus en revenant rapidement et donc, j’avais décidé de ne pas le faire. J’avais déballé un morceau de chocolat et je l’avais jeté dans ma bouche à la place.

J’avais savouré le morceau de chocolat dans ma bouche en réfléchissant. Zarish était en effet puissant, bien plus puissant que je ne l’avais imaginé. Je n’étais pas avachi moi-même, mais il m’avait déjà tué cinq fois. Bien que j’avais quelques contre-mesures défensives à ma disposition, je ne pouvais pas imaginer comment je pourrais le battre.

J’avais versé une tasse de thé à l’orge et j’en avais pris une gorgée. Je l’avais appréciée dans mon corps chauffé et j’avais exhalé la douceur du chocolat fondant dans ma bouche.

« Je dois trouver quelque chose. Une sorte d’attaque qui pourrait le faire tomber…, » je me l’étais murmuré à moi-même avec la tasse encore en main. Ma compétence Reprise était réglée avec des manœuvres d’évitement, et il restait très peu de fentes libres. Mais chacune des attaques de Zarish était si puissante qu’elles auraient pu me tuer en un seul coup, donc je n’avais pas vraiment le choix.

« Très bien, je vais devoir m’occuper des choses que je pourrais esquiver manuellement. Le problème maintenant, c’est mon propre manque de puissance de feu. » D’après mes observations et ce qu’Eve m’avait dit, Zarish avait les compétences suivantes.

  • Altère les lois de la physique (Doigt divin)

  • Une attaque plus rapide que la vitesse du son (Attaque de Lumière Spectrale)

  • Contrecarre automatiquement toute attaque plus lente que la vitesse du son (Bouclier de la recherche du silence)

  • Permets de créer une barrière qui bloque complètement la zone environnante (Domaine Scellé)

  • Augmente la puissance de feu après chaque attaque réussie (Roi de la cruauté)

Et enfin, ses bagues. En fait, ses bagues étaient le plus gros problème. Elles avaient la capacité de transformer leur cible en esclave, s’emparant de leur libre arbitre en même temps que de leurs niveaux. Je l’avais transporté dans un endroit éloigné pour que les dames ne puissent pas venir à son secours, mais leur patron était déjà si puissant que cela ne semblait pas faire beaucoup de différence.

Maintenant que je l’avais affronté de front, c’était devenu douloureusement clair que chacune de ses compétences était puissante et qu’il était difficile de prendre au dépourvu un adversaire de si haut niveau. La compétence qui permettait de contre-attaquer automatiquement était particulièrement ennuyeuse à gérer, car je pouvais me retrouver du côté des perdants si je ne m’engageais pas complètement dans une attaque. C’est pourquoi je n’avais pu que le narguer sans attaquer au tour précédent.

J’avais rapidement écarté la question de savoir si je pouvais le battre ou non. Maintenant que j’avais pris la résolution de l’écraser, il me fallait me concentrer sur cette tâche singulière. J’aurais aimé pouvoir dire que je le combattais loyalement, mais le fait d’avoir des vies infinies aurait pu être considéré comme de la triche. Le bruit de la tasse vide que j’avais placée dans l’évier avait retenti dans la pièce silencieuse.

« Hmm, ça va être un long combat. Je vais continuer jusqu’au matin. » J’avais serré mon poing devant moi et j’étais retourné dans mon lit pour combattre un homme qui avait un avantage de plus de 60 niveaux sur moi.

Je m’étais réveillé dans les bois et je m’étais retrouvé seul à nouveau.

Les arbres du pays du désert avaient une particularité. Ils ressemblaient à des palmiers, mais leur tronc était aussi épais que celui d’arbres vieux de plusieurs centaines d’années. Il y avait des bosses noueuses qui poussaient partout et j’avais observé les motifs bruns en forme d’écailles avec beaucoup d’intérêt en suivant les traces de Zarish.

Il faisait beaucoup plus clair qu’au début de notre duel, et je pouvais dire qu’il allait faire chaud à cause de la forme des nuages de pluie dispersés. Peu de temps après, un aperçu de Zarish par-derrière était apparu.

Il ne m’avait pas encore vu, alors je m’étais demandé ce qu’il fallait faire ensuite.

Même si je l’avais téléporté et piégé tout de suite, la contre-attaque automatique m’aurait tué juste après. J’aurais pu utiliser l’attaque par faisceau de mon Astroblade, mais je doute qu’elle puisse atteindre la cible à cette distance. La seule façon d’empêcher la contre-attaque de se déclencher était d’attaquer plus vite que la vitesse du son, ce que je ne pouvais pas faire.

« Hmm, je pourrais peut-être charger Astroblade pendant ma téléportation et lancer l’attaque à bout portant… mais ma téléportation deviendrait alors instable…, » ma capacité de téléportation à courte distance, Sur la Route, avait de nombreuses limites. Sa limite de poids était particulièrement stricte, et je n’avais aucune idée de l’endroit où je me retrouverais si je me téléportais alors que l’énergie était chargée dans ma lame. Je pouvais peut-être m’approcher suffisamment en me téléportant plusieurs fois, mais je devais trouver comment faire face à la contre-attaque immédiate et automatique juste après, ou je finirais par mourir peu après.

« Et si j’attaque et me téléporte avant la contre-attaque ? J’ai mémorisé le timing avec Reprise plus tôt… Mais je ne le saurai pas avant d’avoir essayé. » J’avais décidé d’aller de l’avant et de le mettre dans un emplacement Reprise. Être capable d’apprendre par essais et erreurs était l’un de mes points forts, après tout.

***

Partie 3

Attaquer et se téléporter en même temps, puis s’échapper avec une autre téléportation… C’était difficile de l’imaginer. J’avais marché dans le sable rugueux en solidifiant l’image dans ma tête, puis j’avais intégré les mouvements complexes dans ma compétence Reprise. Le chargement de ces motifs dans une fente ne prenait généralement pas du tout de temps, mais la combinaison des mouvements prenait un certain temps à traiter. Après plusieurs secondes de retard, le schéma de mouvement avait été accepté dans la Reprise.

« Bon, pas de temps pour les répétitions. Faisons cela. Rien ne va plus ! »

La vue autour de moi s’était déformée, puis le visage choqué de Zarish au loin était apparu juste devant moi… Puis, j’avais entendu un cliquetis métallique, et j’avais été surpris de me retrouver projeté dans le ciel.

« Qu’est-ce que c’est ? »

J’avais été envoyé dans les airs, puis j’avais atterri sur ma hanche sur le sable durci par la pluie. J’avais enduré la douleur sourde en me levant rapidement et en balayant du regard mon environnement, puis j’avais trouvé Zarish qui me regardait de loin. À en juger par sa distance et sa position, il avait dû s’y rendre immédiatement après avoir attaqué.

Je suppose que j’avais été touché par sa contre-attaque automatique. C’est ce qui avait dû me faire dévier de ma route. Mais il m’avait seulement effleuré, donc j’avais pu en esquiver la plus grande partie. Il y avait une coupure qui traversait mes vêtements sous l’aisselle, avec du sang qui s’infiltrait. Je devais accélérer un peu plus l’enchaînement d’actions. J’avais reconfiguré l’image dans ma tête et j’avais modifié mon attaque en poussée pour garder l’amplitude de mouvement aussi serrée que possible.

C’était un territoire complètement inconnu pour moi. J’avais l’impression de m’éloigner de l’acte de brandir mon épée et de le vaincre que j’avais imaginé à l’origine. Mais il serait difficile de le combattre sans utiliser une méthode de combat non conventionnelle.

« Ok, tentative numéro deux… C’est parti ! » J’avais immédiatement réduit la distance qui nous sépare. Un bruit métallique avait retenti derrière moi, et j’avais réussi à atterrir sur mes pieds cette fois. J’avais occasionné une longue ligne dans mon sillage et je m’étais retourné pour trouver Zarish tenant son épée au loin.

Hmhm, c’était donc à peu près la bonne distance. À première vue, je ne lui avais pas fait trop mal. En termes de jeu, cela aurait probablement valu environ 1 dommage.

À ce moment, j’avais remarqué que Zarish criait quelque chose de l’endroit où il se trouvait. Il semblait se plaindre du fait que je perdais mon temps et me traitait d’insecte, ce qui n’était pas une information très utile, alors j’avais décidé de l’ignorer.

« Très bien, alors essayons d’augmenter un peu le nombre d’attaques, » déclarai-je.

Je pourrais peut-être optimiser mes évasions et mes attaques en infligeant des dégâts moins importants tout en me déplaçant constamment autour de lui dans le sens des aiguilles d’une montre. Je me déplacerais à un endroit qui ne serait pas touché par ses contre-attaques, car j’avais attaqué et évité, attaqué et évité. Je pouvais même activer l’accélération immédiatement après ma téléportation. Cela ralentirait le passage du temps pour moi, ce qui me permettrait de faire face facilement à la condition d’avoir la destination du prochain déplacement en vue. Cela m’éviterait d’avoir à m’échapper loin après chaque attaque et me permettrait d’esquiver plus facilement.

« Oui, je vais essayer ça. Ok, c’est l’heure du troisième round. » Ma vision présentait des étincelles et le bruit des lames qui s’entrechoquaient remplissait la zone.

Je m’étais déplacé en cercle avec Zarish au centre, délivrant huit coups consécutifs à la suite. Je ne m’étais jamais téléporté aussi rapidement et précisément que cela auparavant, et ma vision était dans un chaos complet avec moins d’une seconde entre chaque action. Mon corps semblait avoir été animé avec un petit budget, et j’avais été frappé par une vague d’étourdissement qui m’avait fait reculer dès que j’avais atterri dans ma position initiale.

Pendant ce temps, Zarish ne faisait que balancer son épée dans l’air. Il y avait une coupure dans ses vêtements, mais il avait dû bloquer l’attaque juste avant qu’elle n’atteigne sa chair. Je n’avais même pas la capacité mentale de rire de ça.

Argh, je me sens malade… Ma tête tournait, et mon cœur battait irrégulièrement. Peut-être que j’avais juste besoin de m’y habituer. Je me souvenais avoir eu des symptômes similaires quand j’avais appris à me téléporter.

En tout cas, le principal problème restait le fait que je manquais de puissance de feu. À ce rythme, j’aurais pu le frapper toute la journée et je n’aurais réussi qu’à l’ennuyer légèrement. Ma vitalité aurait atteint sa limite avant que je ne puisse espérer le vaincre.

« J’ai vraiment besoin d’utiliser au maximum les capacités d’Astroblade, » L’Astroblade, l’épée de la poussière d’étoiles, pourrait libérer un puissant souffle d’énergie en la chargeant à travers plusieurs niveaux. Mais en raison du champ de force généré par sa puissance, même moi je ne pouvais pas prédire comment elle affecterait Sur la Route.

Et si je gardais la charge énergétique au minimum ? Je pourrais contenir son effet autant que possible en me déplaçant, puis le libérer dès que c’était plein.

J’avais pris l’Astroblade en main et l’avais chargé jusqu’au niveau de puissance minimum. Elle avait fait un bruit comme le hennissement d’un cheval, et quand je l’avais libérée, cela avait projeté quelque chose de la taille d’un caillou profondément dans le sol et avait pulvérisé du sable partout. Cela aurait probablement pu, au mieux, percer un trou à travers une fine tôle.

« Hmm, je peux le faire ? Attaquer et se défendre en même temps, et tirer dès que c’est chargé. Tous ces modèles ne rentreront pas dans la Reprise… Peut-être que si je les sépare et… Oh, ça rentre. » J’avais utilisé un emplacement pour le mouvement et l’attaque, puis un autre pour l’attaque de la charge de l’Astroblade. Je n’avais jamais établi de schémas de mouvement aussi complexes, donc je n’avais aucune idée de ce que ça aurait donné. Cela devenait si complexe que je ne voulais plus vraiment y penser. Allez, moi. Fais un effort de temps en temps.

Zarish me regardait avec une expression perplexe, mais semblait sentir quelque chose et soulevait son épée ornée. Il n’avait pas levé sa barrière de défense parfaite, probablement parce qu’il ne pouvait pas attaquer en même temps. Pour être honnête, c’était la compétence la plus difficile à surpasser, mais heureusement pour moi, son orgueil se mettait en travers de son utilisation.

« Très bien, essayons encore une fois. Attaque numéro quatre… Nous y voilà. » J’avais ressenti une sensation de malaise, comme si je glissais sur le côté, et ma téléportation avait fini par manquer Zarish. Le champ de force généré par Astroblade affectait mon contrôle, comme je le soupçonnais. Sans que cela me dissuade, j’avais sauté en avant avec mon épée toujours pointée vers la cible. J’avais dû me téléporter à gauche et à droite de façon répétée et involontaire, mais je m’étais progressivement dirigé vers Zarish. Peut-être que mes mouvements étaient effrayants de son point de vue.

Clang ! L’attaque de projectile de l’Astroblade avait été déclenchée automatiquement, probablement parce que ma compétence Reprise avait déterminé qu’elle était prête à tirer et qu’elle atteindrait probablement la cible. L’épée de Zarish avait dévié l’attaque comme si elle n’était rien, mais cela s’était quand même rapproché du monstrueux adversaire.

Crk ! J’avais tourné autour de lui pour échapper à la contre-attaque automatique, puis j’avais inconsciemment activé l’attaque à plus faible charge de l’Astroblade. Le projectile avait été tiré à une distance d’à peine trente centimètres, et même les yeux de Zarish s’étaient élargis de surprise. L’attaque avait été plus rapide que la vitesse du son. Zarish avait dévié le fragment de poussière d’étoiles en pleine vitesse avec une rapidité divine, ce qui avait créé une petite ouverture.

J’avais l’impression que mon cerveau allait surchauffer en traitant mes actions complexes et en répétant sans cesse le cycle de téléportations et d’attaques. La pointe de mon épée entourait mon ennemi comme les pétales d’une fleur, et les éclats occasionnels de poussière d’étoiles donnaient des belles lumières à la bataille. Après avoir fait deux ou trois rounds à court d’oxygène, je m’étais finalement retiré du front.

Puis, j’étais tombé à genoux.

« … Ngh ! » Ayant atteint mes limites physiques et mentales en utilisant mes compétences tant de fois en si peu de temps, la sueur coulait de mon corps comme une chute d’eau. Plus important encore, j’avais remarqué que des signaux étranges étaient émis par mon cerveau presque fondu. Quoi qu’il en soit, il émettait des bips incessants que j’avais d’abord supposé provenir d’un mal de tête. Mais ensuite, j’avais vu que le bracelet autour de mon poignet clignotait et m’envoyait une alerte.

« Souhaitez-vous fusionner Sur la Route et Reprise ? »

J’avais senti mon cœur battre la chamade. En même temps, j’avais pensé que c’était ma chance.

Lorsqu’il s’agissait d’essayer de nouvelles voies par tâtonnements, il était extrêmement rare que les compétences se transforment ainsi. J’en avais déjà fait l’expérience, mais jamais on ne m’avait incité à fusionner deux compétences primaires. Il y avait une chance que cela se retourne contre moi, et il n’y avait pas de retour en arrière une fois la décision prise. Si cela s’avérait inutile, je gaspillerais deux compétences primaires précieuses pour rien.

« Eh bien… c’est la seule chance que j’ai de toute façon. Bien sûr que j’accepte. » Dès que j’avais répondu, une étrange sensation m’avait traversé. C’était comme si quelque chose d’important avait été extrait et mélangé en moi. J’avais poussé un soupir. La chaleur avait été expulsée de mon corps, et j’avais eu l’impression de pouvoir souffler du feu.

Ma vision avait vacillé comme un nuage de chaleur. Zarish avait dû ressentir quelque chose, car il était venu droit sur moi. Des piliers de sable avaient surgi dans son sillage, son épée levée comme une flèche en pleine vitesse et se rapprochant rapidement de moi. Malheureusement pour moi, je ne pouvais pas bouger. La fusion n’était pas une chose qui se faisait normalement au milieu d’une bataille. Je l’avais regardée gagner du terrain et tout ce que je pouvais faire, c’était attendre.

Je laissai échapper un autre souffle chaud. Je pouvais même entendre le bruit du changement et d’un mur avant que je semble m’écraser, sans forme, comme le craquement d’une coquille d’œuf. Puis, une voix d’un genre indiscernable avait retenti dans mon esprit.

« Vos compétences ont été fusionnées, et vous avez acquis une surcharge. » Mon cerveau avait été choqué par le poids de quelque chose qui avait été déversé dans mon corps. Là, j’avais ressenti une puissance supérieure à ce que j’avais perdu.

Qu’est-ce que c’est ? Quel est le pouvoir caché à l’intérieur ? J’avais beaucoup de questions, mais maintenant que j’étais à la limite, tout ce que je pouvais faire était de découvrir la vraie nature de cette compétence par moi-même. Au moment où la lame de Zarish était sur le point de s’enfoncer directement dans mon cœur, mes yeux s’étaient ouverts en grand.

***

Partie 4

Un troupeau d’une vingtaine d’animaux se déplaçait lentement ensemble le long de la rivière.

C’était des quadrupèdes appelés nuus, et c’était des herbivores adaptés à l’environnement désertique qu’ils habitaient. Avec leurs jambes fines et leur carrure en forme de gourde, ils avaient une anatomie plutôt étrange, mais ils possédaient un odorat plusieurs milliers de fois supérieurs à celui de l’homme. Cela leur permettait de détecter immédiatement les prédateurs, mais c’était des créatures étranges qui étaient extrêmement lentes quand il s’agissait de courir. On disait que même lorsqu’ils étaient mangés vivants, ils criaient « Nuu », comme s’ils avaient abandonné.

Les nuus avaient continué à se déplacer sur le chemin du fleuve avec leur rythme lent habituel.

Tch, tch, tch.

Un enfant bronzé portant un chapeau rond les avait poussés vers l’avant par-derrière. L’homme aux cheveux blancs qui se trouvait à une certaine distance derrière lui était peut-être son grand-père.

Une fois que les bergers se seraient assurés que leurs nuus avaient reçu suffisamment de nourriture et qu’ils avaient été correctement engraissés pour la saison des pluies à venir, ils auront beaucoup à faire en rentrant au village.

Ils se déplaçaient entre les zones herbeuses intercalées, de sorte qu’il leur fallait au moins six mois avant d’arriver au royaume. Mais les nuus étaient une source importante de protéines, et ils pouvaient faire de gros bénéfices. Cela rendait les attaques de bandits d’autant plus probables et, bien qu’ils soient sous la gouvernance du royaume, les bergers risquaient toujours de perdre la vie au travail.

Les herbivores avaient tendance à voyager en groupe. Cela facilitait la naissance et l’éducation des enfants tout en réduisant le risque d’attaque d’animaux. Beaucoup considéraient que c’était un mode de vie pour les faibles, mais on aurait pu en dire autant des éleveurs de nuus eux-mêmes. Selon les calculs plutôt cruels d’Arilai, il suffisait que 80 % des bergers reviennent en vie pour que l’effort en vaille la peine.

Mais maintenant qu’ils étaient si près de la capitale royale, il était peu probable qu’ils se fassent attaquer. Sentant qu’ils seraient en sécurité pour une année supplémentaire, le garçon et le grand-père avaient secoué leurs bâtons d’un pas léger.

À ce moment, le garçon avait remarqué qu’un des nuus s’était éloigné du troupeau et ne bougeait pas. Les créatures timides préféraient rester avec le groupe, il était donc très inhabituel que l’un d’entre eux soit seul au sommet d’une colline aussi voyante. C’était peut-être un nuu particulièrement curieux.

« Que fais-tu ? »

La créature semblait avoir entendu la question du garçon et agitait sa petite queue d’un côté à l’autre, le dos toujours tourné vers lui. La queue n’était pas plus longue que la paume d’une main, donc chaque balancement était plutôt petit.

Le garçon s’était mis à souffler et s’était lentement dirigé vers la colline. Le chemin au bord de la rivière était bordé d’arbres ressemblant à des palmiers qui drainent l’eau du sol. Le garçon avait regardé les motifs bruns brûlés, semblables à des écailles, et avait frappé les fesses du nuu avec son bâton dès qu’il l’avait rattrapé. Mais ses yeux s’étaient élargis de surprise quand la créature n’avait même pas bronché.

La main sur la tête du nuu, le garçon regarda dans la même direction. Puis, il avait remarqué l’étrange spectacle au loin sur le chemin près de la rivière. Un homme se tenait là, agitant une épée avec des étincelles et le bruit du métal qui tourbillonnait autour de lui. Le garçon s’agita devant ce spectacle choquant.

« Whoa ! Mais qu’est-ce que c’est que ça !? »

« Nuu. »

Le jeune éleveur de nuus ne savait pas que c’était le duel entre le candidat héros et le Fantôme.

 

§§§

Comme il y avait une différence de 60 niveaux, j’aurais pu facilement me faire découper un morceau juste en étant effleuré par la pointe de l’épée de mon adversaire. La seule chose dont j’avais à me soucier était de savoir si une telle blessure était fatale ou non. La lame s’était enfoncée d’un centimètre seulement à l’endroit où se trouvait mon cœur, mais je m’étais immédiatement téléporté, ce qui avait provoqué une coupure en ligne horizontale. Le sang avait jailli, suivi d’une douleur aiguë. Puis, ses yeux bleus qui me suivaient étaient apparus dans mon champ de vision. Le temps s’était écoulé au ralenti, et il semblait que j’avais activé l’accélération par instinct.

Ce qui clignait au bord de ma vision était le nom de la compétence que je venais d’acquérir. Je n’avais aucune idée de ce qu’était cette compétence, et je devais le découvrir par moi-même et partir d’une ardoise vierge… mais en même temps, j’étais ravi. C’était l’occasion d’utiliser une toute nouvelle compétence contre un adversaire que me rendait furieux. C’était merveilleux de ne pas avoir à me retenir.

De toute façon, qu’est-ce que cette surcharge ? Je n’avais pas compris en quoi c’était différent de Sur la Route. Les noms étaient similaires, mais leur signification était très différente.

Vwoom ! L’épée de Zarish était passée au-dessus de ma tête, envoyant une onde de choc en dépassant la vitesse du son. Son épée était rapide. La façon dont elle avait changé de trajectoire après un swing complet sans perdre son élan était tout simplement étonnante. Si je l’avais bloquée avec ma propre épée, elle aurait laissé ma main inutilisable pendant un certain temps.

Je ne bougeais que le haut de mon corps et j’évitais continuellement les attaques venant vers moi. J’avais été surpris de constater que les créneaux fixés dans Reprise étaient toujours en vigueur. Je croyais que Reprise avait été fusionné avec Sur la Route…

« Cela doit signifier que cela a évolué avec cette fusion, » murmurai-je.

« Quoi ? Arrête de marmonner en esquivant mes attaques, sale gosse ! » Zarish avait fait grincer ses dents devant moi avec une rage meurtrière et sans retenue. Son corps semblait plus grand à cause de son intensité, et le tourbillon de sa lame avait provoqué un sentiment de désespoir. Et pourtant, je n’avais pas peur de la mort qui se profilait devant moi. J’avais confiance que mes mouvements étaient encore performants alors que je m’étais téléporté sans panique.

Clang, clang, clash !

« Whoa, » avais-je dit en guise de surprise. J’avais fait un tour complet, puis j’avais fait marche arrière après avoir fait un autre demi-cercle. L’extrême fatigue de mon cerveau à force d’essayer de traiter mes mouvements était maintenant partie.

« Ah, cela a dû optimiser le traitement parallèle d’une manière ou d’une autre. Incroyable… Je n’ai jamais entendu parler d’une telle chose, » déclarai-je.

Du sang s’écoulait de ma poitrine, me disant qu’il ne me restait plus beaucoup de temps. C’était une mauvaise habitude pour moi de parler d’une telle manière malgré la gravité de la situation. Mais dans la réalité, ce n’était pas seulement pendant l’exercice comptable, car lorsque la société avait décidé de ma prime, j’avais eu une expression sérieuse sur le visage.

C’était ma théorie.

Jusqu’à tout récemment, j’utilisais mes deux compétences, Sur la Route et Reprise, pour exécuter automatiquement mes attaques. Mais comme j’en abusais en dehors de leur but initial, cela me mettait à rude épreuve, tant sur le plan mental que physique, et cela m’avait fait comprendre à quel point c’était difficile de les contrôler.

Il semblait que cette surcharge nouvellement acquise avait fusionné mes compétences pour optimiser ce processus, me permettant d’accomplir ce que je voulais faire. Peut-être que cela signifiait que j’aurais pu faire ce que je ne pouvais pas faire auparavant : Charger l’Astroblade à pleine puissance et tirer à bout portant. La puissance de feu de l’Astroblade aurait pu être considérablement augmentée en absorbant de l’énergie. Peut-être qu’une attaque similaire à une collision de météorites aurait pu vaincre Zarish… peut-être.

Mais je devais faire face à de nombreux problèmes. Tout d’abord, compte tenu de la vitalité qui me restait, il ne me restait qu’un seul tir à pleine puissance.

Ensuite, si je chargeais davantage l’Astroblade, le temps de démarrage était plus long avant que je puisse tirer, ce qui laissait une grande ouverture. Le candidat héros pouvait facilement échapper à une attaque aussi tardive. Et toute attaque plus lente que la vitesse du son aurait été contrée automatiquement. Sans compter qu’il avait cette barrière gênante pour le protéger.

Comment allais-je m’assurer que je pourrais atteindre ma cible ? J’aurais probablement déjà abandonné dans des circonstances normales. Mais après avoir passé une nuit entière à tourmenter Zarish, j’en étais venu à comprendre comment il pensait, agissait et désirait. Je pourrais donc peut-être en profiter pour le pousser dans la bonne direction et lui faire faire ce que je voulais. Et donc, j’avais décidé d’utiliser mes mots comme une arme plutôt que mon épée.

« Tu es vraiment un lâche, n’est-ce pas, Zarish ? Je ne peux pas m’empêcher de craindre que tu te pisses encore dessus. » J’entendais le bruit de ses dents qui grinçaient d’ici. On pouvait voir une fureur débridée sur le visage du grand futur héros. Ce n’était pas très vaillant de sa part.

« Hah, tu essaies de me provoquer, morveux !? Je… »

« Tu as donc fait défection pour le pays voisin de Gedovar, hein ? Tu sembles vouloir garder le secret, mais tu n’aurais pas dû me laisser le découvrir. Je veux dire, tu ne peux pas me tuer, peu importe combien de fois tu essaies. Et si je le dis à Sire Hakam et au grand Aja ? » demandai-je.

Au moment où les mots avaient quitté ma bouche, la rage avait éclaté de tout le corps de Zarish. Il n’avait jamais dû se trouver dans une telle situation. Il avait le visage d’un enfant qui avait toujours pleurniché pour obtenir tout ce qu’il voulait.

« Veux-tu ton propre pays ? C’est hilarant. Je suppose que tu espères en obtenir un en compensation de la destruction d’Arilai, mais… tu devrais probablement reconsidérer la question. Peux-tu vraiment supporter d’investir dans des choses comme la gestion des recettes fiscales, le développement commercial, la défense militaire, l’installation d’installations, la prévention des maladies, la gestion sanitaire et le développement de la magie ? » demandai-je.

J’avais continué sans lui donner la possibilité de répondre et j’avais vu son visage s’assombrir. Dès qu’il avait ouvert la bouche pour répliquer, j’avais continué.

« Oh, tu vas laisser quelqu’un d’autre s’en occuper ? En es-tu sûr ? Si tu laisses les autres s’occuper du vrai travail, pourquoi auraient-ils besoin de toi ? Personne ne te considérera comme un roi si tu donnes toute ton autorité aux autres. Penses-tu vraiment que tu es prêt pour cela ? »

« Aaaaaargh ! Ferme-la ! »

Bien, il était venu en me fonçant dessus. Il semblait très facile à manipuler, et il y avait plusieurs choses que j’avais comprises à la fois pendant cette bataille et pendant la nuit d’horreur.

« Je le répète : tu es un lâche, Zarish. Toutes tes techniques sont conçues pour te protéger. Elles servent à faire obéir les autres à tes ordres. Et ces compétences ne peuvent être activées qu’à bout portant, donc tu dois courir vers ta cible comme ceci. » Je m’étais téléporté de l’autre côté juste avant qu’il n’atteigne ma position. Les arbres environnants s’étaient clairsemés, et bientôt il n’y aurait plus que des dunes autour de nous.

J’entendais des cris de « Je vais te tuer ! » et « Tu es le lâche ! » de loin, et je n’avais pu m’empêcher de plaindre son maigre vocabulaire. Il allait devoir se montrer un peu plus créatif, à moins que son but ne soit de me faire bâiller.

***

Partie 5

« Oh ! En fait, Eve se porte bien. N’est-ce pas agréable ? C’est une personne de plus qui peut témoigner contre toi. » Même si Zarish courait vite, sa vitesse avait souffert de l’ascension des dunes. Je m’étais accroupi et j’avais retrouvé mon énergie en le regardant.

« Tu vas bien, ô futur grand héros ? Si tu ne peux pas venir ici, je pourrais venir te chercher, » déclarai-je.

« Aaaaaaaargh ! Je vais te tuer, je vais te tuer, bon sang ! »

Le sable s’était envolé derrière lui alors qu’il grimpait avec une agilité digne de quelqu’un dont le niveau était estimé à 140 — non, maintenant qu’il ne portait plus l’anneau d’Eve, il devait plutôt avoir environ un niveau de 135.

Une autre éruption de sable s’était produite derrière Zarish, et il avait sauté en l’air. Son rythme s’était ralenti auparavant, mais il semblait qu’il venait de me contourner pour tenter de me doubler et de couper ma route de fuite. Il expira profondément, puis sa respiration difficile s’était calmée et son rythme s’était relâché. Apparemment, son expression épuisée était un acte. C’était… je suppose un petit plan assez mignon de sa part.

« Fantôme, je vais te capturer vivant et te torturer pour l’éternité. D’abord, je vais te couper les deux jambes, » déclara-t-il.

« Oh, tu as finalement compris ? Tu m’as rendu la tâche très facile en me tuant à chaque fois, » déclarai-je.

Contrairement à la rage croissante de Zarish, je me sentais serein en regardant les dunes qui nous entouraient. Peut-être la saison des pluies était-elle derrière nous. La pluie s’était considérablement affaiblie, révélant les dunes noircies. Peut-être que les petites plantes qu’on aurait pu apercevoir ici et là allaient simplement se flétrir. Non, elles auraient sûrement répandu leurs graines à nouveau pour cette époque l’année prochaine. Ensuite, elles attendraient la saison où la pluie les bénirait à nouveau avec de l’eau.

Soudain, nous nous étions affrontés. Des étincelles avaient volé entre nous, et la contre-attaque automatique de Zarish avait bloqué mes coups et il avait frappé l’Image Fantôme. C’était assez intéressant. C’était comme si les pages de son scénario prédéterminé tournaient une à la fois.

Ma lame l’avait frappé de nouveau de front avec un choc. Ce serait ma dernière attaque. Il n’était pas nécessaire de conserver mon énergie maintenant, alors j’irais jusqu’au bout.

J’avais attaqué et m’étais téléporté une fois de plus, et Zarish avait froncé les sourcils.

Il semblerait qu’il ait été surpris par le son de l’Astroblade, qui ressemblait au hennissement d’un cheval, et par le fait que j’avais pu l’activer immédiatement, contrairement à ce qui se passait auparavant.

« Espèce de petit… ! »

« Combien penses-tu que je puisse facturer ? » J’avais tourné autour de lui pendant que nous affrontions les lames, mais mes attaques visaient à gagner du temps et à faire pression plutôt qu’à causer des dégâts.

Ronflement… Astroblade avait absorbé avidement mon énergie, son son se transformant en quelque chose qui ressemblerait plus à un météore volant. Je n’avais pas laissé mon sourire moqueur s’estomper, mais je devais admettre que je commençais à m’inquiéter de la quantité d’énergie qui s’écoulait de moi. Si seulement c’était une arme plus douce qui me faciliterait la vie.

Toutes mes attaques avaient été déviées par les contre-attaques automatiques. Ce n’est pas une surprise. Considérant que son niveau était estimé à environ 135, la différence de notre puissance était massive. Mais pour l’instant, je n’avais qu’à faire confiance à la lueur de platine entourant la lame de mon arme. De toute façon, je n’avais pas le temps d’y penser.

Rrrrrr… !

Le visage de Zarish s’était tordu. Il semblerait que lorsque l’arme était chargée à ce niveau, le champ de force généré était suffisant pour déformer l’air autour d’elle. Avant, je n’aurais pas été capable de contrôler quelque chose comme ça. Je n’avais aucune idée de l’endroit où je me serais téléporté en maniant l’épée bourdonnante. Mais cela aurait dû être une autre histoire avec la surcharge. Quand j’avais décidé de la destination de ma téléportation, cela semblait calculer l’influence du champ de force et m’y emmener avec une précision extrême.

À en juger par l’expression de Zarish, il devait avoir l’impression qu’il subirait de gros dégâts s’il était touché directement. J’espérais qu’il ne faisait pas encore semblant, mais… c’était un grand lâche, après tout. J’avais décidé qu’il devait vraiment avoir peur.

Oh, bien.

J’avais vu qu’il commençait à jeter un coup d’œil sur son environnement. Il avait dû remarquer qu’il n’y avait plus d’obstacles ni de voies d’évacuation. C’était une bonne chose qu’il m’ait poursuivi jusqu’ici, même si c’était la première fois depuis longtemps que l’idée de fuir lui traversait l’esprit.

« Hein !? »

Et donc, il s’était facilement laissé prendre à l’illusion que je me retrouverais le pied dans le sable. Il s’était déplacé de toutes ses forces pour découper mon illusion… Attendez, n’avait-il pas déclaré qu’il allait d’abord me couper les deux jambes ? Mon épée fut envoyée vers l’ouverture à son aisselle, mais elle fut rapidement déviée par un choc métallique. Pour une raison inconnue, aucune contre-attaque n’était venue. Aha, il avait dû passer de la contre-attaque automatique au blocage automatique. S’il était en train de se mettre à l’abri, cela signifiait qu’il était temps pour moi d’attaquer avec toute la force nécessaire.

Rrrrrrrrrrr !

Il y avait tellement de pression que l’épée m’avait semblé être une bombe dans la main. Mais je ne pouvais pas me laisser aller à la panique. Mon cœur devait rester calme et concentré. Tout ce que j’avais à faire était de me concentrer sur l’intensification du barrage de coups et sur le fait de briser le mur de fer défensive qui se trouvait devant moi.

J’avais saisi mon épée alors qu’elle sonnait hystériquement, ne cédant pas à mon attaque continue pendant que je faisais tourner mon adversaire en rond. Je n’avais même pas eu le temps de prendre une grande respiration, mais j’avais ressenti un sentiment de pureté à ce moment. Je n’avais même pas pensé à l’abondance de la sueur qui coulait. Je n’avais jamais vu Astroblade chargée d’autant d’énergie auparavant. La défense automatique de Zarish avait repoussé mon tir de barrage agressif, mais je lui avais quand même laissé de nombreuses blessures. Sa panique augmentait visiblement, probablement par peur de mon arme incandescente.

Au moment où j’étais sûr de pouvoir percer sa défense, il s’était mis à crier.

« Espèce de batardddddd ! » Un puissant éclair de lumière bleu pâle avait rempli ma vue. Il avait enfin activé le Domaine Scellé, son ultime barrière défensive. Un sourire confiant s’était répandu sur le visage de Zarish alors que je freinais rapidement devant lui.

« Hahaaa ! Fais-toi sauter et meurs ! » Je n’avais même pas eu le temps de réfléchir à ce qu’il voulait dire avant que son épée finement ornementée ne tombe sur le sable dans son domaine de protection. Il avait laissé tomber sa propre épée. Et avec ma vision accélérée, j’avais vu sa main droite pointer lentement vers moi avec son petit doigt levé… Le geste pour son Doigt Divin. Un frisson froid parcourut ma colonne vertébrale.

Le Doigt Divin lui permettait de contourner les lois de la physique et de désactiver la liberté de mouvement de la cible. Plusieurs scénarios sur les conséquences d’être touché par ce mouvement m’avaient traversé l’esprit. Il pouvait absorber le météore dans la barrière et le rendre inutile… Non, vu ce qu’il venait de dire, il m’immobiliserait probablement pour pouvoir prendre mon arme et l’utiliser contre moi.

Ce n’est pas que j’avais peur de la mort elle-même. Ce monde était un rêve pour moi, donc le concept de mort ne s’appliquait pas à moi ici. Mais je n’étais pas du tout invincible. Tout comme mes vêtements en lambeaux ne réparent pas les trous qu’ils ont, mes objets sont une autre histoire. Si je perdais mon épée, je perdrais les moyens de le vaincre même si je revenais dans ce monde.

Zarish n’en était probablement pas lui-même arrivé à cette conclusion. Ce n’était qu’une coïncidence. Il était tombé par hasard sur la méthode qui aurait été terrible pour moi, et j’avais commencé à transpirer abondamment face à l’idée. Alors que le sang et la sueur coulaient librement de moi, les paroles de mon mentor m’étaient venues à l’esprit.

« Garde l’esprit ouvert et grave dans ta mémoire ce qui t’attend. »

En y repensant, elle avait brisé l’ultime barrière défensive avec facilité. Elle m’avait même dit. « Ce qui est créé par l’homme peut être détruit par l’homme. » Je l’avais regardé lever lentement la main vers moi et je m’étais souvenu des événements de la nuit dernière sans crainte. Encore et encore, la vue de la barrière qui disparaissait me revenait à l’esprit.

Ma première pensée avait été. Peut-être que j’avais tort ? C’était supposé être une barrière parfaite qui n’était ni physique ni magique par nature. C’est pourquoi j’avais supposé que c’était la compétence la plus gênante de toutes. Je la craignais comme une défense invincible et imbattable. Mais que se serait-il passé si je m’étais trompé ? Et si c’était parce qu’elle pouvait bloquer n’importe quoi qu’elle était si facilement brisée par les mains de la dragonne ?

« Donc, cela doit fonctionner en compensant l’énergie…, » je me l’étais murmuré à moi-même et j’avais décidé de ne pas abandonner. J’avais laissé une Image Fantôme pour son Doigt Divin. Je l’avais regardée se déformer dans le coin de ma vision et je m’étais creusé le cerveau pour savoir ce que je pouvais faire dans mon état critique. Puis, je m’étais mis derrière son dos sans protection et je lui avais parlé sur mon ton calme habituel.

« Oh, bien. Tout s’est finalement mis en place. Vu ta lâcheté, j’avais confiance que tu allais lever ta barrière quand tu seras coincé. »

« … Hein ? »

C’était du bluff, bien sûr. Je voulais qu’il pense que tout cela faisait partie de mon plan. Je devais admettre que j’étais épuisé, alors mon sourire avait fini par paraître assez faible, mais peut-être était-il intimidant à sa façon. En fait, mon visage avait l’air endormi par défaut, donc c’était probablement trop espérer.

Il était temps de donner une dernière impulsion.

Techniquement, ma téléportation n’avait pas été une distorsion instantanée d’un point à un autre. Je pouvais rencontrer tous les obstacles qui se trouvaient sur mon chemin, donc c’était plutôt un mouvement à grande vitesse. S’il pouvait bloquer toute attaque qui était plus lente que la vitesse du son, peut-être que cela fonctionnerait.

J’avais tout téléporté, du poignet à la pointe de mon épée, dans un angle allant d’une position inférieure droite à une position supérieure gauche. Cela avait laissé une tranche droite dans la barrière le long de son chemin, et j’avais répété le processus dans la direction opposée pour créer un grand « x ». J’avais ensuite pressé l’Astroblade contre le centre des entailles, l’arme s’illuminant d’une lumière de platine.

Une enceinte incontournable. C’est toi qui t’es piégé, Zarish. S’il ne l’avait pas fait, je n’aurais même pas pu l’effleurer. Parce qu’il était si puissant, cela m’aurait aussi laissé sans défense lors des tirs. Si la barrière compensait l’énergie au lieu de la dévier ou de l’annuler, je n’avais qu’à faire d’énormes dégâts au-delà de sa capacité en un seul point concentré. Et il se trouve que j’avais justement ce qu’il me fallait entre les mains.

L’air que j’avais exhalé était si chaud que j’avais l’impression de souffler du feu. J’avais l’impression que mes épaules allaient tomber de leurs logements à force de se téléporter de façon si imprudente. J’avais déjà dépassé les limites de mon corps, mais je devais prononcer les derniers mots selon l’étiquette du combat.

« Umm, ressent ma rage, ou quelque chose comme ça. »

« Sto —. »

Boooooom ! Le sol du désert trembla comme si une météorite s’y était écrasée.

***

Partie 6

La douce brise se propageait doucement lorsqu’elle me frappait.

Ah, le vent de l’est est agréable. Les vestiges de la saison des pluies se faisaient sentir dans la brise humide. Elle avait chassé la chaleur, permettant enfin à mon corps épuisé de bouger à nouveau.

J’avais sauté dans le cratère laissé dans les dunes et j’avais atterri sur l’épais coussin de sable en dessous. À l’épicentre brûlé de l’explosion se trouvait un homme blond à moitié enterré dans le sable… le candidat héros, Zarish.

L’ultime barrière défensive. C’est lors de notre petit spectacle d’horreur dans son manoir que j’en avais été témoin pour la première fois. J’avais pu y jeter un long regard et l’analyser avec Wridra au préalable, ce qui avait été une chance pour moi et la cause de sa disparition. Cette capacité avait permis de détecter l’existence de toute personne entrant dans le domaine scellé, puis d’émettre un champ de force pour compenser toute perturbation physique ou magique. Et « compenser » signifiait que la barrière était également endommagée chaque fois qu’elle rejetait une attaque. Mais en raison de son niveau extrêmement élevé, il était probable que la plupart des choses n’auraient pas été capables de faire suffisamment de dégâts pour briser ses capacités défensives.

C’était une autre histoire pour quelqu’un comme Wridra, mais c’était un énorme obstacle pour moi.

J’avais créé une entaille en forme de croix dans la barrière. Il fallait que je surpasse la vitesse du son pour éviter sa contre-attaque automatique, et en tirant mon énergie jusqu’au bord de la mort, Astroblade avait pu créer une explosion d’une puissance capable de percer les capacités défensives. C’est Marie qui m’avait appris que l’espace clos d’une barrière allait emprisonner la force à l’intérieur, amplifiant considérablement les dégâts infligés. C’était probablement la seule façon de vaincre un ennemi avec une force de vie aussi massive et une défense aussi solide.

« Je suis surpris par ta solidité, » déclarai-je.

La moitié du corps de Zarish était restée noircie, et il m’avait regardé avec le seul œil qui lui restait. Son expression suppliante était pleine de peur, mais me suppliait-il vraiment de lui faire grâce ?

« Ne t’inquiète pas, j’ai fait une promesse à Eve. Je ne te tuerai pas. Mais je vais prendre quelque chose qui t’est cher à la place, » déclarai-je.

« Nn… ? Ungh… ? Ah ! » J’avais marché sur sa main droite, et il avait crié quand j’avais touché l’anneau d’or à son doigt. Je l’avais regardé serrer son poing fermement, puis j’avais levé la tête vers lui.

« Oh ? Veux-tu que je te coupe le doigt en même temps ? Maintenant, ouvre ta main, » ordonnai-je.

« Hngh… Hngh… Hnnngh ! » Ses doigts tremblants se déroulèrent comme ordonnée. Je savais déjà quoi faire avec les quatre anneaux — non, huit, y compris l’autre main.

Je les avais enlevés un par un. Ils avaient été créés par son habileté maléfique qui avait plié tant de femmes à sa volonté avec leur terrifiant pouvoir. C’était mon principal objectif au départ. J’aurais pu les enlever pendant qu’il était inconscient… mais si je l’avais fait, il m’aurait poursuivi frénétiquement jusqu’au bout.

C’est pourquoi je devais le vaincre totalement et complètement afin de briser son esprit et ainsi obtenir la paix pour nous. Il avait réussi à faire passer son plaidoyer d’une voix tourmentée.

« Arrête… Sans ça, je… »

« Ne t’inquiète pas. Je vais les remettre à tes subordonnées. Ce qu’elles en font ne dépend que d’elles. Peut-être qu’elles te les rendront si tu les as bien traitées, » déclarai-je.

« Hngh… ! ? » Cependant, je pensais qu’elles les détruiraient ou les jetteraient. En y repensant, je pensais que Wridra avait mentionné qu’elle en voulait un. Oh, bien. J’avais fait ce que j’avais pu.

Prenant tous les anneaux en main, je m’étais levé. Il n’y avait plus de nuages dans le ciel, et la saison des pluies dans ce monde touchait à sa fin. Pour la première fois depuis longtemps, j’avais vu le ciel bleu et lumineux du désert, et je n’avais pas pu m’empêcher d’être envoûté, bien que couvert de coupures et d’ecchymoses.

Mon pied s’était enfoncé dans le sable alors que je faisais un pas en avant, et j’avais pensé à la façon dont le sable se serait éparpillé partout s’il n’avait pas été alourdi par l’eau comme c’était le cas maintenant.

§

J’étais retourné dans le lit de la rivière pour récupérer mon sac et je m’étais figé sur place. Les trois filles attendaient à côté de mes affaires.

J’avais été surpris, mais en même temps, je m’y attendais un peu. J’avais lancé un regard à Wridra comme pour dire Tu m’as piégé, mais elle avait haussé les épaules comme pour dire Regarde qui parle. Elle avait raison, je les avais piégées en premier.

Nous avions promis que je discuterais avec elles avant de faire quoi que ce soit. Mais je n’aurais jamais pu en discuter avec elles avant. J’avais presque pris la décision d’éliminer un Zarish inconscient de la manière la plus efficace possible. En un sens, je les avais trompées et trahies dès que j’avais décidé d’aller jusqu’au bout.

C’était difficile de rester là avec la culpabilité qui gonflait en moi. Marie se tenait là, avec ses longs cheveux brillants au soleil, sa peau claire et pâle et ses yeux d’améthyste — qui semblaient fatigués par le manque de sommeil. Elle devait regarder mon combat de loin.

Le ciel était magnifiquement dégagé après la pluie, et un vent humide soufflait. L’air était agréable et rafraîchissant, contrairement à ce que je ressentais à l’intérieur. Le sable s’était écrasé sous les pieds de Marie alors que la jeune elfe s’avançait vers moi. J’avais mal au cœur de voir ses yeux gonflés par tant de larmes.

« Bienvenue à nouveau, » avait-elle déclaré.

« Merci. » Nous avions fait l’échange à environ un mètre de distance. Mais la distance semblait énorme par rapport au moment où nous nous tenions la main.

« Je… »

Zarish était une personne qui n’avait aucun scrupule à battre les faibles. Si je n’avais pas brisé son esprit par moi-même et si je ne lui avais pas retiré ses bagues, il aurait continué à le faire. Non, ce n’était qu’une excuse. La vérité, c’est que je le détestais tout simplement. Cet homme avait touché Mariabelle comme s’il la connaissait et il avait comploté pour en faire son objet.

Mais alors que j’essayais de trouver les mots, Marie avait tourné son visage pour me montrer sa joue. Sa peau était rouge à l’endroit où elle pointait, mais je me demandais ce que cela voulait dire. Alors que j’essayais de comprendre, elle avait écarté les lèvres pour parler à nouveau.

« Il n’est pas nécessaire de s’excuser. Je regardais les images des événements qui se sont déroulés dans le lit de la rivière, mais je te criais de couper les doigts de Zarish alors qu’il était inconscient. Eve et moi avons alors eu une bagarre. »

« … Hein ? »

J’avais rapidement jeté un coup d’œil sur Eve. Au début, c’était difficile à dire en raison de sa peau plus foncée, mais l’une de ses paupières était gonflée. Il semblerait que son expression de mécontentement était due au fait que leur combat s’était terminé par un match nul, chacune d’elles ayant subi ces blessures. Attends, est-ce que cela s’était vraiment terminé par un match nul, même avec la petite taille de Marie ? Je me tenais là, stupéfait, et les yeux violet pâle de Marie me regardaient directement avec une expression un peu sombre.

« Je veux dire qu’il n’y avait pas de meilleure opportunité que celle-là. Il a traité ces femmes au manoir de façon si terrible, et il a même essayé de tuer Eve. Si tu n’avais pas pris de mesures drastiques là-bas, il aurait continué ses atrocités, » déclara Marie.

« C’est vrai, mais… Oh, je vois. Alors c’est pour ça que Wridra m’a arrêté. » Je l’avais regardée, mais la beauté aux cheveux noirs avait haussé les épaules et avait fait l’idiote. Elle l’avait fait pour empêcher son amie Eve de se battre avec Marie et pour me conduire vers un meilleur chemin.

« Il n’est donc pas nécessaire de s’excuser, » déclara Marie en me souriant. Puis, j’avais été surpris de voir à quelle vitesse la culpabilité de mon cœur s’était dissipée. J’avais fait une chose si honteuse, mais ces deux-là avaient fait disparaître complètement le sentiment de malaise en moi.

Le vent qui soufflait de l’est était vraiment rafraîchissant, et je fixais la fille aux cheveux blancs comme les nuages. Ses yeux violets rejoignaient les miens, ses longs cils blancs se rejoignaient lorsqu’elle clignait des yeux.

Elle était si précieuse pour moi. Et j’avais réalisé une chose à travers tout cela. Même face au candidat héros lui-même, je ne pouvais pas rester immobile. J’avais labouré imprudemment, et ce qui semblait être un obstacle impossible à surmonter avait maintenant disparu.

Il me semblait que Mariabelle était beaucoup plus importante pour moi que je ne le pensais.

Peut-être que je l’aimais. Non, je l’aimais depuis longtemps maintenant. Depuis le jour où nous nous étions tenu la main au Japon et avions commencé à marcher ensemble. Avant que je ne m’en rende compte, je lui exprimais mes sentiments honnêtes à voix haute.

« Mariabelle, j’ai toujours eu des sentiments pour toi. J’aimerais que tu sortes avec moi, si ça te convient, » déclarai-je.

« Hm ? Que veux-tu dire ? Nous sommes déjà ensemble. » Sa réponse directe m’avait laissé figer pendant un moment.

Quoiiiiii… ? L’expression « sors avec moi » était-elle un peu trop difficile à comprendre ? J’aurais peut-être dû lui demander de sortir officiellement avec moi à la place ? Il avait fallu beaucoup de courage pour faire sortir les mots, alors expliquer ce que je voulais dire allait être incroyablement difficile. Mon visage était déjà assez chaud comme ça. Marie avait penché sa tête, complètement inconsciente de ce que je disais, avec les deux autres dames qui regardaient le ciel avec une gêne occasionnelle.

« C’est difficile à comprendre quand on ne précise pas où l’on veut “sortir”. En y repensant, tu as parlé d’aller à la plage. Bien sûr que j’aimerais y aller avec toi. Je suis aussi intéressée par ces soi-disant maillots de bain… Quoi ? Ce n’est pas ça ? Alors, qu’est-ce que tu voulais dire ? » demanda Marie.

Les autres dames avaient fait une grimace comme pour dire « Oof… » Puis, elles alternaient entre me regarder et regarder Marie. C’était essentiellement de la torture. Ne pouvant plus le supporter, Wridra chuchota discrètement à l’oreille de Marie. Mais elle chuchota assez fort pour que je puisse l’entendre dire. « Il demande à te faire la cour. »

Oui, c’était vraiment de la torture.

« Cour… ? Hein !? » Il y avait un regard de surprise intense sur son visage, puis ses yeux s’étaient élargis et elle m’avait regardé droit dans les yeux. Elle avait l’air adorable, sa peau pâle devenait rouge vif… C’était embarrassant. Je n’aurais jamais deviné que j’avouerais mon amour pour une femme pour la première fois à vingt-cinq ans, sans parler d’une fille elfe.

***

Partie 7

J’avais eu du mal à rencontrer son regard, mais ensuite j’avais senti quelque chose me toucher. C’était lisse et doux au toucher, et j’avais regardé vers la source du parfum doux et féminin pour trouver Marie qui me regardait fixement. Elle était assez proche pour que je puisse l’embrasser si je me penchais un peu. Elle m’avait laissé m’approcher d’elle. J’avais senti le bout de son nez toucher le côté de mon cou, et elle avait murmuré,

« As-tu essayé de me faire la cour à l’instant ? »

« Euh, je… je l’ai fait… Euh, je ressens ça depuis longtemps, et je t’aime beaucoup. » Je m’étais senti si chaud que de la fumée aurait pu sortir de ma tête, et les yeux et la bouche de Marie s’étaient ouverts en grand. Elle avait pressé son petit front contre mon épaule, et il était si chaud que je pouvais presque l’entendre grésiller contre ma peau. Marie était restée dans cette position pendant qu’elle murmurait.

« Moi aussi, je t’aime beaucoup. Quand nous avons vu ces fleurs de cerisier pour la première fois ensemble et que tu m’as soutenue pendant que je m’assoupissais sur ce banc, je me suis dit… peut-être que ce serait bien si nous pouvions être ensemble. »

Ohhh non, nos visages n’étaient pas seulement en feu maintenant. Nous devenions si chauds que nous transpirions tous les deux abondamment. Nous aurions probablement dû nous enlacer pour le plaisir, mais cela aurait fini par être une étreinte plutôt moite. Nous le savions tous les deux, alors nous étions restés là, les yeux tournés vers le ciel, à hésiter.

 

 

Nos doigts s’étaient touchés. C’est arrivé par hasard, mais nous avions alors tous les deux consciemment tendu la main pour entrelacer nos doigts avec ceux de l’autre. Le bout de ses doigts était chaud et doux lorsque je le frottais avec les miens. Nous avions encore touché les doigts, puis les épaules de Marie s’étaient tordues et elle avait laissé échapper un souffle chaud sur mon cou.

« Pour l’amour de Dieu… »

« Hyes ! »

« Oui, qu’y a-t-il, Madame Eve ? »

Nous nous étions immédiatement éloignés l’un de l’autre, puis nous avions regardé Eve, qui venait de parler pour la première fois depuis son arrivée ici. La femme elfe noire pointait vers la capitale royale.

« On a déjà compris, alors pourquoi ne pas retourner dans la chambre où nous avons passé la nuit dernière et faire l’amour — aïe ! »

Elle avait crié de douleur en recevant un coup à la tête par Wridra. Je n’aurais jamais pensé voir quelqu’un se faire frapper par un dragon. Le commentaire scandaleux d’Eve m’avait pris par surprise, et je m’étais lentement retourné… pour trouver Mariabelle debout là, le visage rouge jusqu’au bout des oreilles, la bouche battant sans mot.

Uh oh. C’était mauvais. J’étais probablement moi-même rouge comme une betterave, et quand elle avait tenu mon doigt avec sa petite main, j’avais failli m’évanouir à cause de la mignonnerie. Nous avions tous les deux regardé au loin et nous avions relâché notre tension avec le temps. Après avoir pris plusieurs respirations profondes, la rougeur de mon visage avait commencé à s’atténuer. J’avais finalement pris Marie par les mains, et notre moment mémorable était arrivé.

« Alors, veux-tu sortir avec moi, à partir d’aujourd’hui ? » demandai-je.

« Oui, je le veux. Je suis ton amoureuse à partir de maintenant. » Nous nous étions souri.

Ainsi, ma relation amoureuse avec Mariabelle avait officiellement commencé.

 

§§§

Lorsque le soleil avait commencé à se coucher et que le jour s’était transformé en soirée, on pouvait voir au loin un sillon droit qui avait été creusé à travers les dunes. Zarish, le candidat héros, rampait au bord de la mort.

Tout ce qu’il avait construit avait été perdu. Seul le désir ardent de vengeance le faisait avancer en s’agrippant au sable avec fureur. Maintenant que ses bagues avaient disparu, sa collection ne lui reviendrait jamais. Il avait passé la moitié de la journée à penser que tout cela était dû à cet étrange garçon aux cheveux noirs.

Mais ce n’était pas fini. Grâce à sa contribution au pays voisin, il aurait dû pouvoir retrouver son autorité après avoir pris certaines dispositions. Il avait effectivement perdu un nombre massif de niveaux, mais il devait simplement remporter la victoire grâce à un pouvoir sans rapport avec les niveaux. Oui, il y avait beaucoup de méthodes pour gagner, comme engager un assassin.

« Tuer… Tue-le… Je vais le tuer ! » Il était tellement perdu dans sa rage qu’il n’avait même pas remarqué que quelqu’un s’était approché de lui. Zarish avait vu quelqu’un s’approcher dans le coin de sa vision et avait tremblé. Son regard s’était levé avec crainte pour trouver des cuisses bronzées, puis ses yeux avaient rencontré les yeux bleus d’une elfe noire.

« Ahh, Eve… Tu es venue pour moi ! »

« Oui, bien sûr. Tu sais, j’ai fini par me faire tuer, mais je me suis tellement amusée au Japon à cause de ça. Donc je ne te déteste plus vraiment maintenant. Je te laisse partir juste pour cette fois, d’accord ? » déclara Eve.

Elle avait souri, et Zarish avait senti une vague de soulagement l’envahir. Il ne comprenait pas de quoi elle parlait, mais il était ravi de voir qu’elle était venue l’aider malgré tous les mauvais traitements qu’il lui avait infligés. Comme il était avec elle depuis plus longtemps que le reste de sa collection, un lien avait dû se créer entre eux avant même qu’il ne s’en rende compte.

« Tiens, prends un peu d’eau. Bois lentement, » déclara Eve.

« Bien… Merci… » Il avait pris de grandes gorgées à la gourde qu’elle lui avait tendue, réalisant à quel point il était proche de la mort. La vitalité avait commencé à revenir dans son corps, et il s’était mis à trembler. Il était vraiment dans un état critique.

« Je suis avec toi depuis si longtemps. Je suppose que je t’aime bien après tout, Zarie, » déclara Eve.

« “Zarie”… ? Non, c’est bon, appelle-moi comme tu le veux. » Il avait senti une petite envie de tuer grandir en lui. En la voyant faire des siennes juste parce qu’on lui avait enlevé ses bagues, une pulsion irrésistible de la piétiner menaçait de prendre le dessus. Mais il devait l’endurer pour l’instant.

L’elfe noire s’était accroupie et avait retiré de sa taille ce qui semblait être un morceau de métal précieux. C’était un anneau qui brillait au soleil, la manifestation de l’habileté de Zarish. Connue sous le nom de Liaisons, elle mettait le sujet qui portait sa bague assortie sous le contrôle de celui qui la portait.

« Eve… tu me rends ça ? » demanda-t-il.

« J’y ai longuement réfléchi. Mais j’aime ton visage après tout. Et l’ancien toi, quand tu étais si gentil avec moi, » déclara Eve.

Je ne me souviens pas avoir jamais été gentil avec toi. Peut-être l’avait-il fait par nécessité lorsqu’il avait commencé et il n’y avait eu que ces deux-là. Il savait très bien que son visage était séduisant, il était donc fort probable qu’il lui avait donné ce traitement comme un choix stratégique.

« Mais je veux que tu promettes une chose, » déclara Eve. « Promets-tu de ne plus me faire de choses horribles ? »

« Bien sûr. Je serai plus gentil avec toi qu’avec n’importe qui, et je jure que je n’aimerai personne d’autre que toi, » répondit Zarish. Eve sourit. L’idiote fut facilement influencée par son mensonge et glissa la bague au doigt de Zarish. Elle se bloqua un peu à la première jointure de son annulaire, puis fut déplacée vers sa base.

« Tu sais, j’ai été avec toi pendant tout ce temps, donc je sais certaines choses sur toi. Comme l’aspect de tes yeux quand tu mens, » déclara Eve.

« Ngh… ! Je ne mens pas… »

Laisse-toi berner encore un peu ! Tout ce dont j’ai besoin, c’est que tu fasses glisser la bague jusqu’au bout et que tu mets ta vie en jeu pour m’emmener dans un endroit sûr. Ensuite, il aurait pu vendre cette elfe noire inutile à un bordel. Après tout, c’était le seul qui restait de ses précieux anneaux. Alors que Zarish y réfléchissait, ses grands yeux s’étaient déplacés. Ils fixèrent la bague qu’Eve essayait de placer à son doigt et il cria.

« Ce n’est… pas la bonne ! C’est la bague que tu es censée porter ! »

« Quoi ? C’est la bonne. Oh, as-tu déjà oublié ce qui s’est passé à l’époque ? Tu sais, le jour où tu m’as piégée pour la première fois, » déclara Eve.

À l’époque ? De quoi parlait-elle ? En y repensant, il ne se souvenait pas beaucoup des jours qu’il avait passés à l’époque où ils formaient un duo. Mais ses souvenirs étaient de plus en plus clairs depuis qu’il avait retiré la bague…

« Je veux dire que cette bague était la mienne au départ. Je suppose que ma chance a tourné quand je t’ai cru quand tu as dit que tu m’aimerais encore même après avoir enlevé la bague. »

Un frisson courait le long de sa colonne vertébrale à la vue de son regard. Une sueur froide jaillissait de chaque pore de son corps, et il ne comprenait pas pourquoi ces yeux lui inspiraient une peur aussi instinctive. Mais qui était donc cette elfe des ténèbres ? Et pourquoi ont-ils fini par s’associer ?

« Je vais te dire une chose plus importante, Zarie. Tu es mon esclave, et je suis le maître, » déclara Eve.

« Je suis… ton esclave ? » Il avait essayé de rire, mais son corps s’était mis à trembler. C’était presque comme si son corps savait instinctivement que ses paroles étaient vraies.

« Mais j’ai beaucoup appris après être allée dans cet endroit appelé Japon. Il y a ce garçon cool qui est vraiment gentil et facile à vivre, mais il n’abandonne jamais ce qui est important. Dis, Zarie, ça me ferait plaisir si tu devenais comme ça aussi, » déclara Eve.

« N-Non… Non ! Arrête, ne me touche pas ! »

« Nn, tu es si mignon quand tu te débats comme ça. Allons nous excuser auprès de tout le monde et travaillons dur ensemble, d’accord ? » Elle avait appuyé sur la bague afin de la placer jusqu’au bout. Zarish avait senti son talent disparaître de son corps en même temps. Et ainsi, sa compétence de Liaison venait de changer. Non, elle était seulement retournée à son propriétaire d’origine, pour être précise.

C’est vrai… J’ai volé cette compétence à Eve et j’avais l’intention de la garder en vie jusqu’à ce que je puisse la faire mienne. Si je l’avais tuée, la compétence aurait disparu. C’est pourquoi je voulais la contrôler complètement, et une fois que j’aurais pu contrôler plusieurs personnes en même temps, j’allais enfin tuer…

« Lady Eve, je suis terriblement désolé, mais mes blessures sont trop graves pour que je puisse bouger mes jambes. Puis-je vous demander de m’aider ? » demanda Zarish.

« Tu n’as pas besoin de parler de manière aussi formelle. Il s’avère que j’aime être en bons termes. Tiens, accroche-toi à moi. Allons d’abord dire pardon à tout le monde. » Zarish la regarda en s’excusant, et les joues d’Eve virent au rouge.

Oui… Elle est mon maître, et la femme que je servirai toute ma vie. Zarish regrettait profondément d’avoir oublié son propre passé jusqu’à présent, et il ressentait de la gratitude lorsqu’Eve l’aida à se relever avec la gentillesse d’une déesse.

***

Partie 8

Lorsque nous étions retournés au manoir de roses noires, nous avions été confrontés à un certain chaos.

Tout d’abord, la maîtresse du manoir, Puseri, était comme un démon furieux maintenant qu’elle avait été libérée du contrôle de l’anneau. Je ne pouvais pas la blâmer, compte tenu de toutes les années où Zarish avait utilisé son manoir comme s’il en était le propriétaire, terni son nom de famille et profité physiquement d’elle…

Ensuite, Eve, qu’ils croyaient morte, était soudain apparue sans une égratignure. Les femmes se levèrent, demandant la tête de Zarish, mais le venin dans leurs yeux fut immédiatement remplacé par la surprise lorsqu’elles virent Eve. Elles s’étaient toutes empilées pour la serrer dans leurs bras jusqu’à ce qu’elle supplie qu’on la lâche. En retirant Zarish de l’équation, ces femmes étaient toutes des amies proches qui avaient passé de nombreuses années ensemble.

Et enfin… Zarish, qui attendait dehors, avait fait son apparition.

Les cheveux de Puseri se hérissèrent comme des roses noires qui s’animaient, et Zarish avait eu l’air plus horrifié que jamais. Je m’attendais presque à ce que ses cheveux blonds deviennent complètement blancs de peur. En y repensant, nous l’avions utilisée pour l’effrayer tellement de fois qu’elle était peut-être devenue un symbole de la peur dans son esprit.

Zarish s’était prostré, mais il avait été accueilli avec une colère surgissante. Non seulement Puseri lui avait lancé toutes sortes d’injures, mais elle l’avait bardassé, frappé à coups de pied et frappe encore dans une tempête de violence. Voyant cela, la malice des autres membres semblait se dissiper… En fait, elles s’éloignaient un peu d’elle.

« Wôw, c’est impressionnant. Puseri est comme une démone. Peut-être qu’Eve avait raison, et que tout cela aurait pu être résolu en lui enlevant ses anneaux, » déclarai-je.

Pour être honnête, je ne voulais pas vraiment m’impliquer dans tout cela, alors j’avais décidé de faire une promenade dans le jardin des belles roses en fleurs. Sa réaction avait été tout à fait naturelle. Cet homme avait anéanti toute sa famille. Il aurait pu passer une éternité à essayer de se racheter, et cela n’aurait toujours pas suffi. C’est pourquoi je n’aurais pas été surpris si elle l’avait tué à ce moment-là.

« Regarde-moi ça. On ne trouve pas de roses noires comme ça partout au Japon, » déclarai-je.

« Elles brillent comme des perles noires. Avez-vous entendu ? Cela fait quatre années entières qu’elles n’ont pas fleuri comme ça. C’est peut-être parce que nous avons donné une leçon à cet homme, » répondit Marie. J’avais été impressionné d’entendre cela. J’avais même maintenant entendu des bruits de fracas dans le manoir, mais j’avais gardé mes distances avec leurs affaires. C’était effrayant, et je ne voulais vraiment pas mettre mon nez dans tout ça.

« Mais j’ai été surpris de découvrir qu’Eve était la première propriétaire des anneaux. » Elle ne savait pas qu’Eve m’en avait parlé en secret au parc sur le chemin du retour de Grimland. Elle m’avait dit qu’il n’y aurait pas eu de problème si je l’avais blessé, mais je devais laisser ses doigts intacts et lui rendre ses bagues.

« Oui, peut-être que le principal problème avec les compétences de matérialisation est qu’elles peuvent être volées, comme dans ce cas. » Cela signifiait qu’il y avait une chance que Zarish redevienne son maître, mais il était peu probable qu’Eve baisse sa garde après ce qu’elle avait vécu. Dans un sens, elle était peut-être la gardienne ultime, et elle était comme le maître d’un chien enragé.

Mais toute cette agitation n’était pas très appropriée à l’équipe d’élite Diamant. J’avais aperçu Zarish plus tôt, à moitié nu alors qu’il était dans ses vêtements en lambeaux, mais peut-être qu’elles auraient été gentilles avec lui, vu qu’il venait de perdre un œil… Eh bien, probablement pas.

Je leur donnerais peut-être un peu de temps et leur montrerais les images du spectacle d’horreur que nous avions fait plus tard. C’était assez hilarant, donc cela allait peut-être aider à calmer un peu leur colère. Mais il faudrait probablement que ce soit plusieurs semaines plus tard.

Je m’étais promené dans le jardin de fleurs, entretenu avec amour et soin.

Au bout du sentier se trouvait une zone ombragée où l’on pouvait profiter du soleil filtré par le feuillage, comme si c’était une aire de repos pour tous ceux qui se promenaient. Nous avions obtenu la permission de séjourner au manoir des roses noires, en plus de celui de Zera, et nous avions laissé Shirley nous guider vers nos sièges alors qu’elle se glissait avec ses pieds semi-transparents. Elle portait une tenue de domestique que l’équipe Diamant avait portée, mais peut-être que quelqu’un l’avait laissée l’emprunter. Wridra nous avait rejoints après avoir fait une promenade de son côté, et trois tasses de thé parfumées avaient été posées sur la table devant nous, ainsi que des en-cas cuits au four et des fruits rouges.

« Ah, ils utilisent vraiment de belles feuilles de thé. Mmm, je peux en profiter rien qu’à l’odeur, » avais-je dit.

« Hmm, il a un parfum si fort et si unique. Il est si léger et facile à boire, malgré son fort parfum… Oh, comme j’envie les gens riches. Devenons riches nous-mêmes un jour, d’accord ? » dit Marie avant de prendre une gorgée de thé. Ce thé était destiné à être apprécié en absorbant l’odeur et en buvant de petites gorgées au fil du temps. J’avais levé les yeux pour trouver Shirley qui regardait tout le monde avec ses yeux bleu ciel et qui souriait doucement.

Il y avait beaucoup de robes dans ce manoir, mais Marie avait fini par en choisir une d’un blanc pur. Ce n’était pas très différent de ce qu’elle portait au Japon, mais cela convenait à l’adorable elfe.

Quant à Wridra, elle reniflait le fruit qui nous avait été préparé. Puis, elle m’avait jeté un regard… Elle avait vite compris.

« Oh, les fruits dans cette région ne sont pas très bons, » avait averti Marie, mais Wridra l’avait jeté dans sa bouche sans se laisser décourager. Elle avait gémi : « Hnnngh ! » et mâchouilla un peu, mais ses yeux brillèrent de joie.

« C’est délicieux ! Ses jus sucrés et acidulés débordent à chaque bouchée ! »

« Quoi ? Ce n’est pas possible… » dit Marie, dubitative, alors que ses yeux rencontraient les miens. Il semblerait qu’elle m’ait surpris en train de lui sourire et qu’elle ait attrapé le fruit rouge rubis dans un élan. Elle mit le fruit dodu en bouche et perça sa peau avec ses dents, puis ses yeux s’élargirent à mesure que son jus s’écoulait, remplissant ses sens d’une saveur aigre-douce et d’un parfum rafraîchissant.

Marie avait poussé un soupir avec une expression rêveuse, les joues légèrement roses. Elle se mit à mâcher et elle avala avec la même expression de bonheur sur son visage tout le temps.

« C’est si doux ! Mmm, j’adore cette douce acidité. Où as-tu trouvé ça ? » demanda Marie.

« Héhé, ce sont des cerises qui ont été envoyées d’Aomori. Grand-père devait vraiment vouloir que nous en dégustions de délicieuses. C’est assez rare qu’elles soient aussi grosses, » répondis-je.

Les deux femmes firent un « Oooh » de joie. Il semblerait que les produits japonais jouissent d’une grande confiance, même chez les habitants du monde imaginaire, et qu’ils apprécient à leur juste valeur les saveurs du début de l’été. Cependant, les cerises étaient en fait assez chères. Il serait peut-être devenu un peu troublant qu’elles commencent à en redemander. Il m’en restait dans le réfrigérateur de ma chambre, alors j’avais décidé de prendre des photos de nous en train de les manger pour les envoyer à mon grand-père plus tard. Soudain, j’avais senti Marie me taper sur l’épaule.

« Regarde, les cerises que ton grand-père nous a données sont sur le point de s’épuiser, » déclara Marie.

Je regardais le ciel, puis je m’étais tourné pour regarder face à l’incitation de Marie. Elle m’avait tendu une cerise et m’avait dit d’ouvrir la bouche, alors j’avais obéi.

J’avais attendu la bouche ouverte, mais quelque chose avait alors recouvert ma vision. J’avais senti sa main douce sur mes yeux, et une cerise avait touché mes lèvres après un délai. Le fruit gorgé de soleil avait laissé une odeur aigre-douce, et j’avais senti une douce sensation recouvrir mes lèvres. J’avais entendu la chaise grincer, et je me sentais réchauffé par ce doux « quelque chose » et ce doux parfum.

Est-ce qu’elle vient de… ?

Ma vision était soudainement revenue, et là j’avais vu une elfe essuyer du jus de fruits de ses lèvres. Puis, elle avait affiché un sourire aussi éclatant que le soleil lui-même.

« Héhé, ça avait bon goût ? » demanda Marie.

Euh, je, eh bien… Pour être honnête, je ne faisais pas vraiment attention à ça. Mais j’avais hoché la tête sans vraiment y penser, comme si j’étais guidé par une force invisible. L’elfe qui vivait dans ma chambre était si attirante que c’était troublant. J’avais mâché un autre des fruits restants, et il était en effet aigre-doux et délicieux.

On pouvait voir des perles d’eau à la surface des fruits charnus, et ils scintillaient sous l’effet de la lumière du soleil s’infiltrant à travers le feuillage. C’était presque comme s’ils signifiaient la fin de la saison des pluies et le début officiel de l’été.

***

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