Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 4 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Retraite temporaire du donjon antique

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Chapitre 2 : Retraite temporaire du donjon antique

Partie 1

Bzzz, bzzz ! Le son étrange m’avait réveillé dans le monde des rêves, et j’avais marmonné à haute voix. Je m’étais assis et… oh, Marie me tenait dans ses bras. Je m’étais souvenu qu’elle m’avait lu un livre hier soir alors j’avais décidé de la laisser dormir encore un peu.

J’avais doucement écarté ses bras et j’avais écouté le bruit dans l’obscurité.

« Tout… retrait… Bzzz ! » Le bruit continuait, mélangé à ce qui ressemblait à une voix d’homme. En utilisant la faible lumière, je m’étais tourné pour trouver la source du bruit, et j’avais découvert qu’il s’agissait de l’outil magique sur la table.

Ah, le lien de communication.

À en juger par le moment où nous nous étions endormis au Japon, il était probablement environ sept heures du matin.

L’outil magique avait continué à émettre le bruit blanc, malgré l’heure matinale. Nous étions dans une petite pièce au deuxième étage, et les murs réfléchissaient peut-être les ondes radio, ou quel que soit ce que l’outil utilisait. Je n’avais aucune idée de son fonctionnement, donc c’était juste une supposition.

Je m’étais gratté la tête dans l’obscurité et je m’étais tourné sur le côté pour trouver de la lumière en regardant dans l’espace sous la porte. Comme il faisait clair de l’autre côté, quelqu’un aurait pu passer avec une lumière.

Je m’étais levé et j’avais touché le long des murs en me dirigeant vers la porte et en l’ouvrant. Là, j’avais trouvé un grand groupe qui tenait des choses comme des lanternes.

« … Hein ? » dis-je avec surprise. Mais ils avaient aussi des yeux ronds face à l’apparition soudaine d’un visage endormi. J’avais regardé les hommes à la lanterne, alors que les rouages de mon cerveau endormi commençaient à tourner.

À en juger par la direction qu’ils prenaient, ils retournaient probablement à l’entrée. Le « retrait… » que j’avais entendue plus tôt était probablement un ordre de retraite. Je m’étais frotté les yeux et j’avais regardé autour de moi, puis une voix m’avait appelé.

« Hein ? Que faites-vous ici ? »

« Oh, bonjour, Zera. *bâille*… Bonjour. » J’avais essayé d’étouffer un bâillement en le saluant, et Zera, le chef de l’équipe Pierre de Sang, avait haussé les épaules avec exaspération. C’était un grand homme aux cheveux noirs que nous avions récupéré lors d’une mission de sauvetage il y a environ un mois. Depuis lors, nous nous parlions fréquemment comme ça.

À ce moment, j’avais senti quelque chose se pencher sur moi par-derrière. Mariabelle s’était enfin réveillée et avait titubé de cette façon jusqu’à moi. Elle était probablement encore à moitié endormie et avait posé son menton sur mes épaules pour se tenir droite, puis avait laissé échapper un grand bâillement.

« Aha, on dirait que vous dormez encore. Dépêchez-vous de vous préparer. Nous battons temporairement en retraite pour retrouver notre énergie. » Nous avions incliné nos têtes dans la confusion face à la remarque soudaine.

Il semblait que des choses s’étaient produites en notre absence.

Les équipes de raid étaient pleines d’individus d’élites, mais elles avaient des problèmes au deuxième étage, leur énergie et leur moral s’épuisant peu à peu. Ils voulaient s’en sortir le plus vite possible, mais ils étaient de moins en moins efficaces. C’est pourquoi ils avaient pris la décision de se retirer pour l’instant et de retrouver leur vitalité.

Après avoir rassemblé nos affaires et quitté la pièce, nous avions marché avec Zera qui nous avait expliqué ce qui se passait.

« On paye donc le fait d’avoir libéré le premier étage si tard ? » demandai-je.

« Oh, ne le dites pas comme ça. Nous avons besoin d’une sorte de raison pour faire une pause publiquement. » Il m’avait tapé sur l’épaule, me faisant gonfler les yeux par l’impact. En regardant autour de moi, j’avais compris ce dont il parlait. Nous étions au milieu de la foule et nous grimpions tous de plus en plus haut, mais beaucoup de gens autour de nous portaient des expressions fatiguées. Il était clair qu’ils avaient besoin de repos.

Les donjons étaient un travail difficile qui nécessitait de longues périodes d’errance. On ne pouvait jamais baisser sa garde en entendant les cris de quelqu’un au loin.

Pendant que nous parlions, j’avais senti un regard empli de doute venant de derrière moi. Lorsque je m’étais retourné, j’avais vu Marie me regarder d’un air exaspéré, avec plusieurs esprits de lumière me suivant de près.

« Oh, tu donnes l’impression qu’un donjon est si dur, si horrible et si effrayant. » Ce n’était pas si difficile pour nous, bien sûr. Nous venions de nous promener dans ce monde de rêve pour nous amuser. De plus, ce raid n’était pas une obligation pour nous, et honnêtement, nous avions la possibilité de nous retirer à tout moment si nous en avions envie. Mais avant de m’en rendre compte, je disais tout le contraire.

« Oui, c’est incroyable qu’un donjon aussi rare des temps anciens existe encore. D’après ce que je peux dire, il semble être équipé d’une technologie exceptionnelle de circulation d’air et de réparation. Les monstres sont également de première qualité. Ce donjon est vraiment étonnant. » Je n’étais pas sûr qu’ils comprennent, mais j’avais voyagé tout autour du continent pour trouver ce genre d’endroit. Combattre des monstres puissants, trouver des trésors et améliorer constamment mon propre pouvoir… Ce n’était vraiment rien de moins qu’un miracle que je me sois retrouvé dans un tel endroit. Vraiment merveilleux. C’est ce que j’avais expliqué avec passion, mais Marie avait juste jeté un regard perçant à Zera comme pour dire : « Tu vois ? »

Quoi ? Mais toi aussi, tu t’amusais bien, Marie…

« Je crois que je commence à comprendre ce type, » déclara Zera.

« Oui, il est comme ça. Mais ne vous inquiétez pas, c’est une personne normale une fois qu’il a mis le pied hors du donjon, » déclara Marie.

« … » Pour une raison quelconque, je m’étais senti assez seul malgré mon appartenance au groupe de raid. Attendez, ce n’est pas Marie qui m’a poussé à aller au donjon avant ?

J’avais failli le dire, mais Marie m’avait coupé la parole en toute hâte.

« Regardez, nous sommes presque à la surface. Hmm, ça fait un moment que nous n’avons pas vu la lumière du soleil. Comme c’est rafraîchissant. Oui, j’ai hâte. » Elle n’avait pas l’air très enthousiaste à ce moment-là, mais il était possible que je l’aie juste imaginé. J’avais regardé dans la direction qu’elle indiquait et j’avais trouvé une faible lumière qui brillait en haut de la passerelle en spirale. Les lanternes et les torches qui nous entouraient avaient commencé à s’éteindre progressivement, et les esprits de lumière qui nous avaient accompagnés nous faisaient signe de vouloir partir et disparaître.

Nous attendions avec impatience le donjon antique, mais nous ne nous attendions pas à ce que le raid fasse une pause dès notre retour. Mais si j’avais l’air visiblement déçu maintenant, l’elfe me taquinerait sûrement à nouveau. Et donc, nous avions continué à faire lentement notre ascension.

Le ciel au-dessus de nous était d’un blanc éclatant.

L’air frais avait afflué, et alors que je me hissais par les marches pour sortir, il n’y avait plus de plafond au-dessus de nous. Je m’étais allongé, me sentant revigoré, et Marie et les autres aventuriers faisaient de même.

« Ahh, je me sens revigoré. C’est agréable d’être à nouveau dehors. Regarde, le ciel est nuageux. Je me demande si Arilai va aussi bientôt entrer dans une saison des pluies, » déclara Marie.

« Je pense que oui. La lumière du soleil s’est beaucoup affaiblie et je pense qu’il va beaucoup pleuvoir à partir de maintenant. » J’avais respiré de l’air qui sentait l’humidité et j’avais à nouveau regardé le ciel.

Il allait bientôt pleuvoir, faisant germer les graines partout, et les plantes allaient pousser dans d’autres endroits que l’oasis en quelques jours. La saison des pluies était très précieuse pour les régions désertiques, et je m’étais dit que les gens d’ici l’abordaient différemment de la façon dont la saison des pluies était traitée au Japon.

J’avais remarqué que Zera regardait aussi le paysage et je l’avais appelé. « On s’était terrés là-dedans pendant tout un mois. Je suis sûr que nous devons nous reposer, sinon cela va commencer à affecter la santé des gens. »

« Oui, mais personnellement, je n’aime pas rester inactif trop longtemps, sinon je vais m’affaiblir. Alors, vous venez d’un autre pays, n’est-ce pas ? Aurez-vous un endroit où rester une fois de retour à Arilai ? » Marie, la chatte noire, et moi avions eu du mal à trouver une réponse. Oh, et il faisait trop sombre pour voir tout à l’heure, mais le familier en forme de chat était aussi avec nous dans ce monde. Nous avions pu l’invoquer respectivement en utilisant le collier au Japon ou dans le monde des rêves.

Marie semblait se souvenir de quelque chose et avait ouvert la bouche pour parler.

« Pourquoi ne pas aller à l’atelier de Mewi ? Cet endroit devrait avoir beaucoup de place. Je suis sûre qu’il ne verrait pas d’inconvénient à nous laisser y rester un peu, » déclara Marie.

« Oh, tu as raison. Passons plus tard. » La dernière fois que nous avions visité l’atelier de Mewi, nous avions eu l’impression qu’il était bien trop grand pour que quelqu’un y vive seul. Nous avions supposé qu’il nous accepterait volontiers, et Zera avait hoché la tête lorsque nous lui avions expliqué ainsi.

« J’ai compris. Venez me voir si ça ne marche pas. Je peux héberger quelques invités, alors pas de problème. Oh, il est temps de partir. » Tout le groupe semblait être sorti de terre, et ils avaient commencé à donner des ordres et à se mobiliser. Notre destination était bien au-delà des dunes, et je ne pouvais pas reprocher à Marie d’avoir poussé un grand soupir.

« Tu n’as pas l’air très heureuse, même si nous allons bientôt nous reposer, Mariabelle. »

« Oh, Doula ! Je suis désolée si je faisais une sorte de tête. » Doula, la femme aux cheveux roux qui descendait dans le dos avait commencé à marcher à côté de nous, sortie de nulle part. Nous l’avions récupérée avec Zera lors de la dernière mission de sauvetage.

Une faible brise arrivait de l’est, faisant bruisser ses cheveux brûlants au passage. Elle tourna vers moi ses yeux d’acier.

« Bonjour, Monsieur le Dormeur. Quand l’équipe Améthyste va-t-elle se réveiller ? » me demanda-t-elle.

« Hein ? Est-ce que j’ai toujours l’air aussi endormi ? » Tout le monde avait hoché la tête d’un seul coup, ce qui avait été suivi d’un rire joyeux.

C’était bien d’être dans un grand groupe comme celui-ci de temps en temps. Nous étions seulement trois quand nous étions arrivés, mais les choses étaient complètement différentes maintenant. Traverser les dunes n’était peut-être pas si mal en compagnie de personnes animées et amusantes, m’étais-je dit.

Et, au fait, l’équipe Améthyste allait se réveiller lorsque Wridra nous rejoindra jeudi.

***

Partie 2

Une fois que les présences humaines avaient quitté l’ancien donjon, c’était revenu à son atmosphère d’origine. Il y avait un silence complet et une pression ineffable comme si quelqu’un était mort quelque part. Tous les sens indiquaient qu’il ne s’agissait pas de simples ruines qui s’étaient décomposées il y a longtemps.

Dès que le premier étage avait été dégagé, le quartier général du raid s’était installé dans ce hall. Des piles de rations et de matériel y avaient été préparées, avec plusieurs tentes pour y dormir. L’endroit était tellement rempli d’objets qu’il n’y avait presque pas de place pour se tenir debout. Soudain, on avait entendu un bruit de pas croassant.

Le vieil homme qui caressait sa barbe blanche en jetant un coup d’œil autour de lui était un magicien renommé et le coordinateur de l’information entre toutes les équipes. Il s’était fait un nom dans les guerres et les raids il y a longtemps, mais il avait évolué vers un rôle de soutien dans ses vieux jours.

« Il y a quelque chose ici. » Hakam, le superviseur du raid, s’était levé de derrière le vieil homme. Il avait une carrure impressionnante, musclée, avec une peau bronzée par le soleil. Le vieil homme fit un signe de tête, expression immuable, face à la remarque soudaine.

« En effet. Cela semble prendre plaisir à entraver nos efforts, » répondit le vieil homme.

« Je pensais que c’était les bandits qui avaient été signalés il y a quelque temps, mais il y a quelque chose de louche, » répondit Hakam. En effet, il y avait quelque chose de louche. Un groupe s’était dissimulé depuis un certain temps, échappant d’une certaine façon à l’œil vigilant du sorcier. Cela ne semblait pas être l’œuvre de simples bandits, et le fait qu’ils se soient terrés pendant tout un mois était étrange en soi.

Des incidents mystérieux se produisaient fréquemment, allant de portes piégées à des embuscades de monstres qui semblaient surgir à des moments calculés à des attaques magiques à distance apparaissant pendant le combat. Le plus grand problème était l’effet sur le moral des troupes. Peu à peu, leurs plans initiaux étaient repoussés.

« Quelqu’un les soutient ? Ou… »

« Il se passe quelque chose. C’est un donjon, mais on sent la puanteur trop familière du champ de bataille. » Ils avaient déjà eu du mal à trouver le boss du deuxième étage, Shirley. Ils ne pouvaient pas lui infliger beaucoup de dégâts, même avec le pouvoir des prêtres, et même s’ils l’achevaient, le maître d’étage réapparaissait simplement ailleurs.

Entre les forces mystérieuses et le boss éternel, de nombreux problèmes les troublaient.

Et ce n’est pas tout.

« Un ordre de la famille royale. Nous devons intégrer les forces de chaque faction. » Hakam avait fait une annonce, avertissant le vieil homme de ne pas se plaindre. Le vieil homme savait aussi que Hakam lui-même avait essayé à plusieurs reprises de protester contre les supérieurs, alors il avait avalé ses paroles. Le superviseur poussa un long soupir et continua.

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« Aja, je ne crois pas moi-même aux aventuriers. Je ne peux pas me fier à ceux qui n’agissent même pas s’ils n’assurent pas la sécurité et le paiement. » Il préférait faire le travail lui-même plutôt que de se donner la peine de préparer de telles choses. Hakam le laissait entendre et le vieil homme aux cheveux blancs acquiesça de la tête. Participer au raid était une chose, mais superviser et protéger l’équipe en plus de gérer ces responsabilités était tout simplement insensé.

Hakam était peut-être vieux jeu, mais il accordait plus d’importance à la conviction qu’à toute autre chose. Les résultats étaient décidés par la conviction de ceux qui se battaient, et les paresseux ne faisaient que les entraîner vers le bas. Il estimait que cela ne s’appliquait pas seulement aux combats, mais aussi aux donjons. Ceux qui avaient rassemblé leur courage pour défendre leur pays plutôt que de reculer par peur étaient les guerriers qu’il aimait et respectait. Le vieil homme avait écouté tranquillement, puis il marmonnait en caressant sa barbe blanche.

« Hmm. Je vais alors peut-être faire une pause et appliquer de nouvelles forces militaires, » déclara le vieil homme.

« Hm ? Oh, tu veux dire cette chose dont tu as parlé tout à l’heure. Penses-tu que cela va se produire ? » En réponse, le vieil homme avait mis la main dans sa poche intérieure, provoquant un cliquetis métallique. Il avait alors ouvert sa main ridée, et ce qui semblait être une grosse pierre précieuse avait brillé d’un éclat terne. C’était une pierre magique qui aurait dû être perdue il y a longtemps.

« Qui sait ? Quelqu’un a tellement effacé les enregistrements que je ne peux même pas dire si c’est interdit. Mais c’est à moi de m’en inquiéter. Il suffit de s’asseoir et d’attendre avec impatience. » Le vieil homme avait souri sans peur, et Hakam haussa les épaules en soupirant. Pour le meilleur ou pour le pire, le vieil homme avait tendance à proposer des idées qui ne tenaient pas compte du bon sens. C’était un homme qui n’était pas subtil quant à sa haine de la famille royale. Il y avait une chance que cela finisse par être plus grave que de s’attaquer aux forces combattantes de chaque faction, mais le superviseur n’avait rien dit pour protester.

L’ancien donjon était rempli de mystères, dont les insurgés, la pierre magique et le maître d’étage éternel. Une chose était claire : cette pause temporaire n’était pas seulement prévue pour se reposer. Jusqu’à présent, les yeux de Hakam ressemblaient à ceux d’un faucon, mais son expression s’était adoucie en prenant sa pause. Il s’était gratté la tête.

« Le seul point positif dans tout cela, c’est que nous avons pu installer notre base au premier étage avant d’entrer dans la saison des pluies, » déclara Hakam.

« Tu peux le dire. Je préfère ne pas être trempé par la pluie. » Ils avaient mis leurs dents à nu et avaient ri. Ils n’avaient pas souri comme ça depuis que ces enfants avaient réussi leur mission de sauvetage. Dans des moments comme celui-ci, c’était aux adultes de faire preuve d’esprit.

« Très bien. Faisons en sorte qu’ils s’amusent, d’accord ? » déclara le vieil homme.

« Ahaha, j’aime ce regard que tu as quand tu prépares ce genre de plans. Alors, je vais apporter les boissons pour la fête. » Ils avaient continué à parler, et avant qu’ils ne s’en rendent compte, les deux hommes attendaient avec impatience leurs premières vacances depuis longtemps.

Avec des problèmes et du chagrin à gérer, le chemin du retour pouvait sembler long, mais c’était la nature de la vie. Il y avait du bonheur dans la douleur, et de la douleur dans le bonheur.

Avec ces pensées à l’esprit, les deux hommes avaient quitté la base.

***

Partie 3

L’animal qui marchait sur le sable avec un bruit sourd était connu sous le nom de Fugoi. Il devait son nom au bruit bizarre qu’il faisait en reniflant lorsqu’il ajustait sa température corporelle en ouvrant et en fermant son nez. J’avais entendu dire qu’ils étaient conçus pour résister à la chaleur intense du désert. Il se déplaçait assez lentement en piétinant délibérément avec ses grands pieds, mais il était apprécié de l’armée et des marchands pour sa capacité à transporter de grosses charges. Sa peau rugueuse et épaisse rappelait quelque peu celle des rhinocéros du zoo. Il tirait un chariot avec les cordes attachées autour du corps, et une jeune elfe s’asseyait entre les nombreux sacs de marchandises.

Elle s’était assise avec les pieds l’un à côté de l’autre et avait poussé un grand soupir. L’esprit aquatique du nom d’Ondine flottait dans les airs, agitant sa queue comme pour tenter de réconforter sa maîtresse peu enthousiaste. La chatte noire, cependant, dormait sur les genoux de la jeune fille sans se soucier de son état actuel. Quant à moi, je n’avais pas de place pour m’asseoir, alors je marchais sur le sable.

« Je suis désolée d’avoir pris la place, ce qui te force à marcher. Je devrais m’entraîner un peu pour ne pas me fatiguer si facilement. » Elle s’était excusée en disant cela, mais je savais qu’elle avait fait de son mieux pour marcher, malgré son manque d’endurance physique. Non seulement elle n’avait pas besoin de s’excuser, mais j’avais pensé qu’elle méritait des éloges.

« C’est bon, j’ai l’habitude de voyager. Il ne fait pas trop chaud sur le chemin. En fait, je pense que c’est correct, avec la saison des pluies qui se déroule, » répondis-je.

« Oui, je suis contente que nous n’ayons pas eu à nous ratatiner en pruneaux en chemin. Cependant, nous sommes très en retard par rapport aux autres. J’espère que personne ne sera contrarié. » Après ça, Marie se tourna vers la direction où nous allions. Le sable et les rochers étaient à peine reconnaissables comme le chemin que nous devions suivre, et on pouvait voir de nombreuses pentes douces qui se chevauchaient. L’armée d’Arilai n’était bien sûr nulle part en vue.

Peut-être que le cocher nous avait sentis le regarder, parce qu’il s’était retourné et avait commencé à parler.

« Arilai sera en vue une fois que nous aurons passé ces collines là-bas. Vos amis qui sont partis devant devraient déjà y être arrivés. Toutes les marchandises de ce chariot se seraient envolées des étagères si nous étions arrivés à temps pour le retour triomphal. » Il riait d’une voix rauque. Il avait une barbe blanche sur son menton, qui vacillait dans le vent du désert.

« Je vois. Nous vous sommes reconnaissants de nous avoir emmenés, mais avons-nous fini par vous déranger ? » demandai-je.

« Ce Fugoi ne va pas aller plus lentement juste parce que nous avons ajouté une fille elfe comme passagère. En plus, on ne pouvait pas laisser deux enfants dans le désert. N’est-ce pas ? » C’était peut-être une coïncidence, mais l’animal avait soufflé de l’air par le nez comme si c’était un accord, ce qui nous avait fait rire Marie et moi.

« Nous aurions pu dormir autant que nous le voulions et les rejoindre si aujourd’hui était un week-end, » déclarai-je en un murmure.

« Oui, c’est dommage. Peu importe l’heure à laquelle nous dormons, nous ne pouvons passer qu’une demi-journée ici. Nous ne pouvons pas laisser les gens nous voir dormir afin de garder notre secret, nous devons donc rester séparés des autres, » déclara Marie.

« Oui, je sais que c’est un inconvénient dans ce sens. Ce n’est pas comme si nous étions pressés, et je préfère éviter un accueil bruyant pour notre retour. Je pense que nous sommes tous les deux d’accord là-dessus. » Marie avait levé la main en signe d’accord et notre petite réunion s’était terminée. Sentant la brise fraîche et entendant le bruit occasionnel du Fugoi soufflant de l’air, nous avions décidé de profiter du voyage jusqu’à notre destination.

Lorsque nous avions traversé les collines, les terres d’Arilai étaient apparues, comme l’avait dit le vieux cocher.

Nous avions entendu le son des cloches qui sonnaient dans le vent.

L’entrée principale s’était ouverte, et nous avions pu voir des gens célébrer le retour, même depuis ici. L’occasion de cette grande fête était la conquête du premier étage de l’ancien donjon. Trois boss d’étage avaient été vaincus, et la salle du trésor avait été ouverte. Le fait d’avoir surmonté cette grande difficulté avait porté ses fruits sous la forme d’innombrables trésors, de pierres magiques, d’objets et de livres mystérieux et d’autres butins divers, et les citoyens avaient été choqués de découvrir que tout cela avait déjà été obtenu à partir du premier étage seulement.

J’avais été surpris par les célébrations tape-à-l’œil, mais il fallait peut-être s’y attendre. Le seul autre moyen de faire de tels retours serait la guerre ou la production de choses comme des bijoux, il n’y avait donc aucune raison de ne pas s’en réjouir. Les autres membres de l’escouade d’élite avaient été accueillis en héros. Quant à nous, venant d’un autre pays, notre accueil était plutôt superficiel. Nous étions arrivés bien plus tard, et il était difficile de nous voir autrement que comme deux enfants qui se promènent au hasard. Mais je ne pensais pas que nous ne serions même pas reconnus comme membres des groupes de raid.

« Adieu. N’oubliez pas d’acheter une grande partie de mes marchandises si jamais nous nous revoyons, » déclara le marchand.

« Oui, je vous remercie. À bientôt ! » Nous nous étions inclinés et nous nous étions séparés du vieux marchand.

Tout le monde était encore occupé par l’accueil des héros, et les citoyens se parlaient entre eux avec enthousiasme. Marie avait jeté un regard autour d’elle, puis elle avait tourné son regard vers moi.

« Allons donc à l’atelier de Mewi. J’ai mal aux fesses à force de rester assise sur le chariot, alors j’aimerais me reposer, » déclara Marie.

« Cela semble bien. L’atelier se trouve à la périphérie de la ville. Suivons ce chemin pour sortir. » Mewi, l’enfant de la tribu Neko, était dans une situation assez unique. Il avait la rare capacité de raffiner les Pierres Magiques et était affilié à des démons, considérés comme une menace pour l’humanité. Pour cette raison, nous avions dû marcher à travers les sables rugueux sur le chemin désert pour arriver chez lui. Marie devait être fatiguée d’avoir tant voyagé. Ses cheveux blancs semblaient avoir perdu de leur éclat, et il y avait un air d’épuisement autour d’elle. Elle poussa un soupir de fatigue.

« Nous y sommes presque, tu peux le faire. Je peux nous faire du thé quand on y sera, » déclarai-je.

« Oui, ça va aller. Je vais montrer à tout le monde que les elfes sont forts et bons à la chasse, puisque nous avons grandi dans les forêts, » déclara Marie.

D’accord… ce n’est pas très convaincant quand on peut à peine marcher droit. De plus, je ne me souviens pas avoir vu Marie brandir un arc. Je lui avais posé la question, et elle avait hoché la tête comme si la réponse était évidente.

« Non, j’ai trop peur d’aller à la chasse. Les cordes des arcs sont trop serrées pour que je puisse les tirer, et si tu manques le cœur de la cible avec ces petites flèches, tu finis par être celui qui est en danger. Non, merci, » déclara Marie.

« Hmm, mais les Koopahs sont bien plus forts que les sangliers, tu sais…, » argumentais-je.

« J’y suis déjà habituée. Ils sont comme des têtards une fois qu’on y est habitué, et ils ne sont pas très intelligents, alors ils te chargent directement. Mais nous avons déjà nettoyé le premier étage, donc je ne pense pas que nous en rencontrerons d’autres. » Elle avait ri maladroitement, comme pour dire que c’était une honte, parce qu’ils étaient bons pour l’accumulation de points d’expérience. Je n’étais pas sûr de ce que je ressentais, mais j’avais dit la même chose quand je lui avais présenté ces monstres pour la première fois, alors j’avais laissé passer sa remarque.

Au fil de notre conversation, j’avais commencé à entendre le bruit d’une rivière familière qui coulait. L’atelier de la tribu Neko aurait dû être juste au coin de la rue. La température ici était fraîche, grâce au fait qu’il était situé à côté de la rivière, et cela semblait être l’endroit idéal pour se reposer après notre voyage. Et donc, nous étions arrivés au coin de la rue à pas légers.

Puis, Marie s’était mise à genoux.

« Pas possible…, » murmurai-je.

« Ouah ! Peut-être que c’est parce qu’ils ont ramené tant de pierres magiques. Il y a une énorme queue devant l’atelier. » Je n’avais pas pu m’empêcher de le dire à voix haute par surprise. Il y avait un groupe de ce qui semblait être des fonctionnaires du gouvernement qui se pressaient devant l’atelier, avec des gardes qui encerclaient la zone. Ce n’était rien de moins qu’un cauchemar pour nous deux, qui étions fatigués de voyager.

« Oh, attention. Tu vas bien, Marie ? Allez, essaie de te lever, » déclarai-je.

« Euh, on ne peut même pas lui dire bonjour après avoir marché jusqu’ici ? C’est trop… » J’avais touché Marie sur l’épaule alors qu’elle était accroupie, mais elle était si déprimée qu’on aurait dit qu’elle allait se retourner par terre. Des larmes jaillissaient dans ses yeux violets lorsqu’elle me regardait, et tout ce que je pouvais ressentir, c’était de la sympathie pour elle.

Mais si l’atelier n’était plus une option pour passer la nuit, la seule alternative à laquelle je pouvais penser était de trouver une auberge bon marché en ville. Les voyageurs étant très rares dans ce pays, les possibilités d’hébergement étaient très difficiles à trouver. Il allait être difficile de réconforter Marie de son état d’épuisement.

« Hmm, devrions-nous utiliser mes compétences, Trayn, le guide de voyage, pour nous emmener dans ton pays d’origine ? Mais nous avons cette fête demain, et je ne peux choisir que des sanctuaires de voyage comme destination, donc nous devrions marcher à nouveau dans le désert. » La fille avait secoué la tête de côté en signe de protestation. Je ne pouvais pas la blâmer. Cela aurait été trop, même pour moi, et elle m’aurait normalement grondé pour l’avoir suggéré. Il ne restait plus qu’à…

« Oh, Zera n’a-t-il pas offert sa place pour que nous y restions ? » Marie avait levé la tête dès que je l’avais dit.

Ce grand homme, Zera, nous avait déjà aidés une fois. Il avait monté une tente pour nous dans les campings et nous avait même prêté un mobilier somptueux. Elle semblait s’en souvenir, et j’avais vu la vie revenir rapidement à ses yeux violets.

« Il est vraiment riche, n’est-ce pas ? » demanda Marie.

« Oui. J’ai cru entendre la cupidité dans tes paroles tout à l’heure. Peut-être que je l’imagine ? » Les elfes avaient généralement tendance à préférer un style de vie assez simple, mais il semblerait que je ne l’avais pas mal entendue. Marie se hissa avec son bâton contre le sol, puis fit un sourire éclatant.

« Nous devrions donc nous dépêcher. Avant que nous ne soyons tout secs au soleil, » déclara Marie.

« Hmm, mais c’est assez nuageux en ce moment. Oh eh bien, je suppose que ça ne fera pas de mal d’accepter la gentillesse de quelqu’un de temps en temps. » Marie acquiesça de la tête et commença à marcher avec une énergie renouvelée.

L’idée m’avait traversé l’esprit que Zera n’était probablement pas simplement riche. J’avais entendu dire que, contrairement aux marchands, il était capable de vivre un tel style de vie grâce à ses prouesses martiales.

Eh bien, il valait probablement mieux le lui montrer plutôt que d’essayer de l’expliquer. Alors, j’avais ajusté mon sac sur le dos et j’avais marché derrière Marie.

***

Partie 4

La maison des Mille.

D’innombrables héros étaient nés dans cette maison, et elle avait une histoire profonde, pleine de guerres et d’effusions de sang.

Ceux qui n’en avaient pas la capacité étaient jugés indignes de se nommer membres de la famille, et toute personne qui se mariait dans la famille était également censée être capable de se battre. Comme les forts continuaient à transmettre leur sang aux générations suivantes, cela avait apporté un changement.

« Le sang de la famille Mille est vivant. »

Ces rumeurs avaient commencé à circuler parce que certaines techniques n’étaient transmises qu’aux personnes exceptionnellement douées de leur lignée. Mille Éclats, que l’on avait déjà vus dans le donjon, étaient l’une d’entre elles. On croyait que c’était la volonté d’acier du guerrier qui se manifestait.

Cela avait rempli le corps du lanceur d’énergie, et au fur et à mesure qu’il était libéré, le jet de sang allait déchirer tout ce qu’il touchait. Lorsqu’un groupe de soldats sur le champ de bataille avait été retrouvé mort avec des blessures de lame sur tout le corps, on avait dit qu’une personne de la famille de Mille aurait pu y être trouvée.

En me souvenant de ces rumeurs, j’avais entendu un oiseau gazouiller au-dessus de ma tête et j’avais levé les yeux. L’oiseau ressemblait à un poussin au plumage jaune qui n’était pas sans rappeler la couleur du désert, et il se reposait au sommet d’une grosse branche d’arbre. On pouvait voir des maisons devant, et la vue était très différente de ce que j’avais vu à Arilai jusqu’à présent.

« Wôw, je ne m’attendais pas à un endroit comme celui-ci ! Il fait un peu plus frais avec tous ces arbres ici. Est-ce ici que vivent les gens riches ? »

« Il fait nettement plus frais ici. Tu vois ? Il y a des voies d’eau spéciales partout pour aider la chaleur à s’échapper. Mais on ne peut généralement pas y accéder, car l’entrée est interdite. » Un garde armé d’une lance avait jeté un coup d’œil dans notre direction. Comme je l’avais mentionné, ils faisaient le guet pour s’assurer que la population ne puisse pas entrer ici. Mais ayant reçu une invitation de la part d’une maison dont l’histoire était sanglante, mais prestigieuse, nous étions une exception.

La zone haut de gamme était visible au-delà des portes de fer. Les arbustes et la silhouette des manoirs rendaient difficile de croire qu’il s’agissait d’un pays désertique. Marie se tenait à côté de moi, ses mains lui faisant de l’ombre et en me regardant avec curiosité.

« Oh, peut-être qu’elle est là pour nous accueillir. Elle se dirige droit vers nous. » Je m’étais tourné pour regarder et j’avais trouvé une femme qui courait dans notre direction. Les gardes l’avaient laissée passer, et la femme s’était arrêtée juste devant nous. Ses cheveux étaient d’un brun foncé qui lui tombait au niveau des épaules, et elle me rappelait un peu Kaoruko, la bibliothécaire. Ses vêtements semblaient être le style préféré dans cette région. Ses vêtements présentaient une coupe décontractée avec un tissu de couleur vive, décoré de broderies culturelles. Elle souriait doucement, puis inclinait poliment la tête.

« Merci d’avoir attendu. Vous devez être Lord Kazuhiho et Lady Marie. »

« Oui, nous sommes désolés d’avoir tendu la main si soudainement, » déclarai-je.

« Je vous en prie, pas du tout. Lord Zera a été positivement ravi, et nous sommes également heureux de vous accueillir. » Elle avait parlé clairement et vivement, et je l’avais prise pour une femme aussi coincée que Kaoruko. Sa posture était impeccable lorsqu’elle inclinait la tête, et il y avait un air de dignité autour d’elle.

« Par ici, s’il vous plaît. » Suivant ses conseils, nous avions finalement mis les pieds dans le quartier chic.

Le chemin pavé de briques était bordé d’arbres, chacun d’entre eux étant bien entretenu. Le cours d’eau coulait doucement à nos pieds, et non seulement l’atmosphère était différente ici, mais la température était complètement différente de celle des autres régions que nous avions visitées. Marie avait l’air timide dans ses manières et regardait autour d’elle, agitée, comme une fille de la campagne visitant la grande ville pour la première fois.

« Y a-t-il une source d’eau à proximité dans laquelle cette voie d’eau peut être puisée ? » demandai-je.

« Il y a une rivière le long du côté sud, mais nous ne pouvons pas l’utiliser directement en raison de la différence d’altitude. Nous tirons la voie d’eau depuis l’amont. L’eau potable est tirée d’une source souterraine. Ces deux éléments nécessitent l’entretien de nombreuses personnes. »

Je vois. On dirait qu’ils ont beaucoup d’eau sous la main, mais c’est le résultat de beaucoup de travail. Cela m’avait fait prendre conscience que c’était vraiment une région pour les gens riches. J’avais regardé à côté de moi et j’avais trouvé les yeux de la fille elfe qui brillaient de fascination, comme je m’y attendais.

« Cet endroit semble être un endroit agréable à vivre. Je n’avais aucune idée qu’un tel endroit existait dans un pays désertique avec une chaleur aussi intense, » déclara Marie.

« De nombreuses personnes importantes pour ce pays vivent ici, c’est pourquoi la famille royale a préparé des logements adaptés à leur travail. Je suis au service de la famille des Mille, qui a accompli de grandes choses pendant de nombreuses années de guerre. » Elle avait gonflé fièrement sa poitrine en parlant. Il y avait une nuance de rose sur ses joues, peut-être parce qu’elle était heureuse de pouvoir se vanter de son maître.

La servante était un peu plus âgée que nous, et elle avait l’air calme. Elle se tenait le dos droit et donnait l’impression d’être très compétente. En observant ses manières pendant qu’elle parlait à Marie, je m’étais demandé si les serviteurs d’une maison de combattants étaient également compétents au combat.

« Vous devez être très riche. Je suppose que vous ne pouvez pas juger un livre par… Oh, excusez-moi. C’était grossier de ma part, » déclara Marie.

« Oh, pas du tout. Lord Zera est une personne très gentille. Il est très loyal, et il sait comment traiter les femmes avec respect. Bien qu’il puisse sembler assez peu raffiné au premier abord. » Marie avait rapidement fermé sa bouche, et la femme avait gloussé. Ses yeux indigo s’étaient alors tournés vers moi.

« Les mots ne peuvent exprimer à quel point je vous suis reconnaissante d’avoir sauvé Lord Zera. Je suis vraiment heureuse d’avoir pu vous rencontrer, » déclara la servante.

« Nous sommes tombés sur lui par hasard et nous avons eu beaucoup de chance, vraiment, » répondis-je.

« Oui, c’est un heureux hasard, en effet. Ce doit être la bénédiction du Dieu de la Terre. » J’avais fait un signe de la main pour indiquer que ce n’était pas le cas, mais elle semblait déjà convaincue. À ce rythme, j’avais l’impression qu’elle allait prétendre que j’étais un envoyé de Dieu, ce qui me mettait un peu mal à l’aise, en tant que personne née et élevée au Japon. Après tout, j’avais grandi en ne prêtant pas beaucoup attention aux temples, aux sanctuaires ou à Noël.

La femme s’était arrêtée de marcher devant la maison des Mille. La verdure qui poussait derrière les portes de fer me rappelait les pays du Sud, et il y avait même une fontaine placée au centre. Le jardin était bien entretenu, et la maison de deux étages était construite avec des pierres bien alignées. À gauche, on pouvait voir un autre bâtiment séparé.

« Whoa… On ne semble pas vraiment à notre place ici, » déclarai-je.

« Euh, êtes-vous sûr que c’est bien que nous soyons ici dans un tel accoutrement ? » demanda Marie.

La servante avait gloussé et avait dit. « S’il vous plaît, n’y pensez plus, » puis elle nous avait guidés vers l’autre côté du terrain.

Les chemins autour du manoir étaient également bien entretenus. Le jardinier qui gardait ce lieu avait probablement un désir ludique de divertir les visiteurs qui passaient. Nous avions traversé des arbustes qui nous bloquaient la vue et nous nous étions retrouvés ébahis à la vue d’un étang clair qui s’étendait devant nous.

« Wôw, ils ont fait un étang dans un désert ! Regarde, c’est une tonnelle là-bas ? Et ce bâtiment luxueux là-bas ! Ah… Si je vivais dans un endroit comme celui-ci, je pense que je m’habituerais trop au luxe. » La servante avait dû trouver la réaction de Marie amusante, car elle ne pouvait pas retenir son rire. Elle avait alors posé un pied sur une pierre du passage et s’était retournée.

« C’est ici que je prendrai congé. Lord Kazuhiho, Lady Mariabelle, profitez de votre séjour. » Elle l’avait dit si naturellement, mais nous n’avions fait que nous figer en réponse. Cet endroit se trouvait à une certaine distance du manoir, et avait probablement été conçu pour accueillir des visiteurs importants. Ils nous avaient laissé entrer si facilement, et la dame nous avait dit de nous amuser, alors peut-être comprenait-elle ce que nous ressentions.

Mariabelle s’était tournée vers moi, et son visage était plein d’excitation, comme prévu. Ses yeux brillaient comme de gros cristaux d’améthyste.

Et donc, je m’étais retrouvé assis sur un canapé sous un toit.

Nous étions en quelque sorte en train de nous balader dans la zone pendant un certain temps, mais soudain, nous étions arrivés au même moment. Je ne savais pas que les gens s’asseyaient là dans un environnement exceptionnellement agréable. À ce moment-là, Marie s’était levée et avait marché vers le bord de la tonnelle. Il n’y avait nulle part où se tenir au-delà de ce bord. Il n’y avait que de l’eau, où de petits poissons argentés nageaient.

La brise était rafraîchissante, et je ne pouvais pas croire que nous étions dans un environnement aussi dur qu’un désert. Nous pouvions même entendre le chant des oiseaux, et c’était comme si nous avions erré dans une station de luxe.

« C’est incroyable ! Je veux être riche un jour ! » dit Marie en se retournant avec un sourire innocent.

Hmm… Il est difficile de croire qu’un commentaire aussi grossier vienne d’une elfe. Mais en tant qu’humble salarié, je comprenais parfaitement ce qu’elle ressentait.

Cet étang et ses environs avaient été conçus comme un lieu de réception, et le manoir proprement dit se trouvait de l’autre côté. Des fruits étaient disposés sur une table, et le vent portait la faible odeur de l’encens. C’était l’endroit idéal pour accueillir les visiteurs.

 

 

Marie avait saisi l’un des fruits dans sa main et en prit une bouchée, mais son expression joyeuse s’était soudain aigrie, et elle avait pincé ses lèvres avant d’avaler la bouchée.

« … Ce n’est pas bon, je suis trop habituée aux fruits sucrés, comme les pommes japonaises. Non seulement ce n’est pas assez sucré, mais c’est beaucoup trop aigre. C’est impardonnable, » déclara Marie.

« Je me suis dit qu’ils ne pourraient pas battre les fruits du Japon. » Il y avait quelque chose de bizarre dans les fruits japonais, comme s’ils étaient le résultat d’une recherche sur la teneur en sucre et sur la saveur ultime. En fait, on s’attendait à ce qu’ils soient modifiés pour améliorer l’original en les rendant plus sucrés sans être trop lourds en goût.

Il y a un instant, Marie avait l’air de s’évanouir dans une gigue, mais elle s’était assise sur une chaise avec une expression calme.

« Ah, cela vient de me faire penser à quelque chose. Je ne suis pas censée attendre grand-chose de la nourriture dans ce monde. C’est décevant de savoir que peu importe votre richesse, vous ne pouvez même pas avoir de la nourriture délicieuse ici, » déclara Marie.

« Je ne sais pas. Arilai est relativement riche en épices, donc je suis sûr qu’ils auront de la bonne nourriture. Mais à en juger par l’état de Zera, j’ai l’impression qu’il va juste nous offrir de la viande pour se nourrir. » Alors que nous parlions, une ombre planait sur le chat noir qui était recroquevillé sur un coussin. Elle était allongée béatement, de la bave sortant de sa bouche, mais elle avait été soudainement ramassée par le nouveau venu.

***

Partie 5

« Je ne peux pas le nier. » Le chat avait été pris au dépourvu, et il s’était envolé alors qu’un grand homme le tenait dans ses bras. Il sembla trouver cela amusant et fit un sourire. C’était quelqu’un que nous avions vu plusieurs fois dans le donjon, et l’homme même qui nous avait invités au manoir.

« Oh, bonjour, Zera, » déclarai-je.

« Hé. Désolé pour l’attente. Ma discussion avec mon père a duré plus longtemps que prévu. » Zera portait un costume noir avec le col relevé, et il avait un air différent et digne de celui qu’il avait quand on l’avait vu dans le donjon. Malgré cela, son expression curieuse en regardant le chat l’avait trahi comme le bon vieux Zera.

« Hmm ? Quel genre d’animal es-tu ? Tu me rappelles la tribu Neko. » Il regarda attentivement le visage de Wridra, mais il eut vite fait de se faire griffer le visage. L’Arkdragon était gentil dans son cœur, mais elle n’était pas encore habituée aux humains. Elle en profita pour s’échapper dans les bras de Marie qui l’attendait.

« Ow… Oh, j’ai failli oublier. Vous pouvez rester autant que vous le voulez jusqu’à notre prochain départ, mais je dois vous demander de ne pas vous approcher de ce grand bâtiment ce soir. Les choses pourraient devenir un peu risquées là-bas, » déclara Zera.

« Risqué ? Se passe-t-il quelque chose ce soir ? » Le grand bâtiment auquel il faisait référence était l’immeuble résidentiel dans lequel ils devaient vivre. Je pouvais voir le bâtiment de deux étages d’ici, situé entre l’étang et les bois, mais je me demandais ce qu’il voulait dire par sa déclaration.

Je l’avais demandé par curiosité, mais son visage s’était soudain détendu dans un sourire.

« Ahem, c’est plutôt une affaire interne. Doula viendra bientôt me rendre visite pour saluer mes parents. C’est difficile de trouver le temps de revenir du donjon ces derniers temps, vous savez ? Elle insiste sur le fait qu’il vaut mieux le faire tôt que tard. » Marie et moi avions immédiatement compris ce qui se passait.

Les deux individus semblaient être à deux doigts de se marier, et ils se rapprochaient de plus en plus l’un de l’autre. Il fallait donc qu’ils soient sur le point de se marier.

« Félicitations ! Attendez, pourquoi dites-vous que ça va être risqué ? » demandai-je.

« C’est juste une intuition que j’ai. Ma famille a une longue histoire qui peut être un peu pénible. » Il semblerait qu’il n’avait pas l’intention de préciser ses pensées, alors on avait juste incliné la tête et on avait laissé faire. Je me souvenais avoir entendu dire que le foyer des Mille s’attendait à ce que les femmes qui se marient dans la famille soient fortes. Ne vont-ils quand même pas tester son pouvoir, n’est-ce pas ? Marie et moi avions échangé des regards qui disaient. « Pas question, ils ne feraient pas… » mais Zera n’avait rien dit pour le nier. Il avait murmuré : « Quelque chose comme ça… » et juste à ce moment-là, nous avions entendu une voiture arriver sur les lieux.

***

Doula avait l’impression d’entrer dans la bataille.

Sa robe était lourde, comme une armure, et les manches longues qu’elle n’avait pas l’habitude de porter lui donnaient une sensation de lourdeur autour des bras. Le corset était inconfortablement serré autour de son corps bien dressé, et les vêtements qui accentuaient ses seins lui faisaient honte en tant que femme dont la place était sur le champ de bataille. Heureusement, il n’était pas excessivement révélateur, puisqu’il était conçu pour dissimuler les cicatrices sur sa peau.

Le carrosse noir, ses vêtements — tout était si étouffant. Sans compter que le ciel de la saison des pluies, vu par la fenêtre, était sombre et proche du coucher du soleil, et elle ne pouvait s’empêcher de pousser un soupir.

Une autre chose qui l’agaçait était le regard curieux qu’elle ressentait de la part de son compagnon de route.

« … À quoi sert ce regard ? » Les mots, pleins de déplaisir, semblaient s’échapper d’eux-mêmes. La servante la regardait sans broncher. En fait, elle s’était penchée de plus en plus vers elle et l’avait regardée avec un intérêt brûlant dans les yeux.

« Je ne pouvais tout simplement pas le croire ! Lady Doula, qui était censée être vierge jusqu’à sa tombe, va rendre visite à un homme ! Qui l’aurait cru !? »

« Je n’ai jamais dit cela. J’ai été invitée à un dîner, c’est tout. Pourquoi ne rentres-tu pas déjà chez toi ? » Doula lui lança un regard de contrariété, mais la bonne qui l’attendait ne s’en préoccupait pas. Son visage était tacheté comme celui de Doula, et elle semblait un peu plus jeune qu’elle. Elle aurait lu l’ambiance et se serait tue si quelqu’un d’autre était là, mais comme elles étaient seules, elle ne s’était pas retenue de s’enfoncer dans les choses. La servante qui attendait faisait joyeusement des allers et retours avec ses pieds, tout en continuant à fixer Doula.

« Mais demain est le grand jour, n’est-ce pas ? Il y aura beaucoup de monde à la fête. Je m’arrangerai pour que votre tenue corresponde à celle de Lord Zera. »

« Oui, je te laisse faire… » Doula répondit avec apathie en plaçant sa tête sur la main, puis elle poussa un soupir vers la fenêtre.

Elle n’était pas issue d’un ménage aisé. Bien que sa maison ait eu une longue histoire, elle n’avait pas eu la chance d’avoir un homme qualifié, et elle avait continué à fonctionner en brûlant ses maigres économies. C’est pourquoi Doula, la femme la plus âgée de la maison s’était toujours efforcée d’être plus forte que n’importe quel homme.

Il était rare que les femmes apprennent à se battre dans ce pays. Pourtant, avec une détermination et des efforts incessants, les compétences de Doula avaient obtenu des notes exceptionnelles dans les exercices de simulation de guerre, et elle avait été reconnue pour les diverses nouvelles tactiques de combat qu’elle avait mises au point.

Nombreux étaient ceux qui avaient été frappés par son attitude courageuse et calme alors qu’elle prenait les devants et contrôlait magistralement les barrières sacrées. Mais son désir inébranlable d’être plus forte que tout homme l’emportait sur toute tentative de romance, si bien qu’il n’y avait jamais eu le moindre soupçon de ce genre de choses dans le passé…

Soudain, Doula réalisa que la bonne qui l’attendait souriait à nouveau à sa maîtresse.

« Hm ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Doula.

« Oh, rien du tout. » Plus tôt, la bonne avait reçu l’ordre de préparer une tenue assortie à celle de Zera. Ils participaient à une fête organisée par la famille royale, ce qui signifiait qu’ils devaient y assister ensemble, où ils annonceraient qu’ils allaient bientôt se marier. Doula n’était pas vraiment une experte des pratiques sociales, mais même elle aurait dû avoir une idée de ce à quoi il fallait s’attendre. Non seulement elle ne l’avait pas nié, mais elle avait donné une réponse positive… La femme de ménage qui l’attendait s’était dit que c’était la vraie affaire.

Et pourtant, les choses n’étaient pas si simples.

Si Doula devait se marier dans cette maison, elle devrait prouver sa force au maître qui s’y trouve. Les rumeurs selon lesquelles la maison des Mille recherchait le « sang fort » plutôt que le statut social, l’apparence ou l’éducation étaient tout à fait plausibles. Cela signifiait qu’il serait difficile pour la servante d’assister Doula dans ses connaissances. Se marier dans un foyer avec une histoire aussi sanglante n’était pas une chose simple.

Les obstacles à surmonter étaient loin d’être négligeables.

Il y avait peut-être des conflits en approche.

Mais la servante savait au fond d’elle-même que c’était la voie que devait emprunter sa maîtresse pour trouver le bonheur. Au fond d’elle-même, elle souhaitait qu’ils ne soient pas confrontés à un ménage aussi difficile et qu’ils puissent simplement se concentrer sur le plaisir.

***

Partie 6

Houa, houa.

Juste au moment où je commençais à m’habituer à ce confort luxueux, Marie avait entendu un cri d’oiseau inconnu et avait levé les yeux vers le ciel nocturne. La pièce était détachée du bâtiment principal, car elle était entourée par l’étang et éclairée par une lanterne, mais il faisait trop sombre pour la voir dans la nuit sans lune. Cette aire de repos, protégée par son toit et ses piliers, avait un sens de l’espace qui n’aurait pas pu être trouvé au Japon. C’est pourquoi j’y étais resté avec l’elfe et le chat noir jusqu’à ce qu’il fasse nuit au lieu de retourner au bâtiment principal, mais nous avions alors fait une découverte inattendue.

« Un hibou ? »

« C’est venu très près. Je me demande s’il y a aussi des hiboux dans les déserts. » Comme elle l’avait dit, les longues oreilles de Marie s’étaient dressées, essayant de capter un faible bruit.

Elle s’était ensuite levée de la longue chaise à coussins épais et avait fermé le livre qu’elle avait pris dans l’ancien donjon. Elle aimait lire à la fois au Japon et dans le monde des rêves, et je pensais que c’était la meilleure façon de passer du temps pendant la saison des pluies.

Je l’avais suivie et je m’étais tenu avec elle au bord de l’étang, puis j’avais entendu le même son venant du ciel nocturne.

« Oui, ça ressemble à un hibou, mais je ne peux pas en être sûr à 100 %, car ils sont assez rares au Japon, » déclarai-je.

« Je n’en ai pas vu beaucoup non plus depuis que j’ai quitté la forêt des elfes. Je me demande si ça ne te dérangerait pas de venir nous rendre visite. » Pour les hiboux, la nuit était une période importante où ils chassaient pour se nourrir. Je doutais qu’il vienne ici juste pour passer du temps avec nous. J’avais réfléchi à ces pensées en ramassant les fruits sur la table, puis en les donnant à Marie qui avait l’air confuse.

« Les hiboux dans le désert sont assez rares, et j’ai entendu dire qu’ils aiment manger des fruits. Je ne sais pas grand-chose sur les oiseaux de ce monde, mais peut-être qu’ils viendront manger ça, » expliquai-je.

« Oh, j’adorerais ça. Hmm… Voici de délicieux fruits pour toi… Bien qu’ils ne soient pas aussi bons que ceux du Japon. » L’elfe le tenait dans ses deux mains, le soulevant vers le ciel.

Elle était adorable, et cette vue m’avait donné envie de la protéger pour toujours.

L’apparence de Marie changeait de jour en jour. J’avais remarqué que son corps prenait une douceur féminine, et que ses traits de visage, son attitude et même sa voix étaient différents de ceux d’il y a quelques mois. J’avais entendu dire que les elfes vivaient longtemps, mais que leur croissance s’accélérait une fois qu’ils quittaient la forêt. C’était comme si la forêt était leur berceau, et ils apprennent et deviennent adultes au fur et à mesure qu’ils découvrent le vaste monde.

De telles pensées m’avaient traversé l’esprit lorsque j’avais remarqué sa longue tenue d’intérieur et son profil latéral féerique. Je m’étais demandé comment je pourrais continuer à apprécier sa beauté au fur et à mesure qu’elle grandissait.

Rabat, rabat, rabat…

J’avais entendu un bruit venant d’en haut et j’avais regardé le ciel.

Il faisait trop sombre pour voir la plupart du temps, mais la vision d’un oiseau battant des ailes était entrée dans ma vision. Nous l’avions regardé sans rien dire et voir s’il allait changer de trajectoire, et puis…

Pffff ! La chouette avait plié ses ailes en se posant sur le bras de la jeune elfe, nous regardant avec une expression qui semblait surprenante. Elle nous regardait avec ses grands yeux ronds. Ses ailes étaient de la couleur de celles d’un moineau, et elle était assez petite pour tenir dans une main. La chouette inclinait la tête vers elle, comme pour demander : « Ne vas-tu pas me donner le fruit ? »

« Ah, whoa… » Les yeux d’améthyste de Marie s’élargirent lorsqu’elle sentit le poids de la petite créature sur son bras. Elle me regarda, me demandant silencieusement quoi faire, et je lui fis signe de donner à l’oiseau sa gâterie. La chouette du désert accepta l’offrande de fruits avec son bec, puis s’éloigna de nouveau dans la nuit.

Elle avait laissé Marie, debout avec une expression vide, et le chat noir, recroquevillée sur un coussin. Wridra avait ouvert un œil, mais elle l’avait fermée peu après et avait commencé à s’endormir. Marie avait finalement ouvert la bouche pour parler.

« Nous venons de voir un hibou. »

« Nous l’avons fait. Je suis surpris qu’il ait été si petit. » Marie fit un signe de tête heureux, puis fixa sa main désormais vide.

« Il y a si longtemps que j’ai quitté la forêt des elfes. Tu te souviens que j’étais connue comme une misanthrope ? Tout le monde là-bas pensait que je ne m’entendrais avec personne à l’extérieur, et que je reviendrais à la maison immédiatement, » déclara Marie.

« Je ne suis pas sûr de croire que tu sois une misanthrope. Je n’en ai pas l’impression. » J’avais pris sa main alors qu’elle se penchait sur moi, puis j’avais utilisé un mouchoir pour essuyer les jus de fruits rouges de sa main. Sa main douce était maintenant propre, bien qu’un léger parfum sucré persiste. « Il y a toutes sortes de gens dehors. Peut-être que tu as juste un bon œil pour les gens. »

« Héhé, j’espère que c’est vrai. J’étais sérieuse quand j’ai dit que je voulais vivre dans Koto Ward. Je veux y rester et devenir amie avec tous les voisins. » Oui, si elle détestait vraiment les gens, elle n’aurait pas pu dire ça avec un si beau sourire. Au moins, Marie avait développé une bonne relation avec tous ceux qu’elle avait rencontrés au Japon jusqu’à présent. Le fait qu’elle ait appris à parler et à lire le japonais prouvait qu’elle espérait faire partie de la communauté.

« Tout ce que je peux te dire, c’est de t’amuser autant que possible. Tu as la capacité d’attirer les autres vers toi, donc je pense que les résultats suivront naturellement. Tout comme avec ce hibou tout à l’heure. »

« Haha, tu fais toujours ça. Je vais finir par être gâtée si tu continues à me faire des compliments comme ça. Est-ce que tu penses parfois à autre chose qu’à comment me divertir ? » En fait, j’aimais bien la regarder bouder et s’épuiser dans le désert, mais j’avais décidé de garder ça pour moi.

Nous avions profité de notre temps de paix pendant un certain temps encore lorsque nous avions remarqué une agitation et nous étions retournés pour trouver l’ombre de quelqu’un qui marchait de l’autre côté de la forêt. Tout ce que nous pouvions dire d’où nous étions, c’est qu’une femme en robe était à l’avant, et qu’un homme marchait derrière elle.

« Serait-ce Zera ? » demandai-je.

« Alors peut-être que la femme est Doula. Elle aurait dû être au dîner pour se présenter, si je ne me trompe pas. » Nous avions tous les deux incliné la tête en regardant, puis Zera s’était agrippé à la main de la femme. Après un court échange, la femme en robe avait changé de direction, semblant avoir reconsidéré sa position, puis elle était venue vers nous.

« Attends, vient-elle vers nous ? » demandai-je.

« Je ne peux pas le dire d’ici, et par sa façon de marcher, on dirait qu’elle est bouleversée. » Elle avait fini par se rendre à l’étang et elle avait légèrement sauté sur les pierres du passage à niveau, et la femme aux cheveux roux s’était approchée de nous. La robe semblait lourde, mais elle s’était déplacée avec aisance. Alors que je me tenais là, appréciant ce fait, les voix du duo s’étaient finalement fait entendre.

« Hé, calme-toi, Doula. »

« Je suis calme. Je suis parfaitement calme. Bonsoir, vous deux. Désolée de vous déranger. J’ai en fait une demande. » Doula était illuminée par la lumière de la tonnelle, les joues à fleur de peau et les yeux aiguisés. Il y avait une intensité autour d’elle, comme si elle était sur le point de se lancer dans un donjon. J’avais été un peu surpris par son comportement agressif, mais je voulais savoir quelle était la nature de cette demande.

Maintenant au centre de l’attention, elle avait remonté les manches de sa robe pour révéler sa peau nue bien musclée.

« Coopérons pour vaincre le maître du deuxième étage. Je vais prouver mes capacités au maître de cette maison. » Nous la regardâmes, les yeux ronds et pleins de confusion. Comment une salutation prénuptiale avait-elle abouti à cette conclusion ? J’avais jeté un coup d’œil à Zera, mais il ne m’avait fait que des excuses non verbales, et je n’avais pu que pencher la tête de nouveau pour poser des questions.

Mais en voyant le regard furieux et aiguisé de Doula qui respirait par le nez avec agitation, j’avais eu du mal à lui demander quoi que ce soit. Je n’avais pas eu le temps de réfléchir. Le visage de la femme, magnifiquement maquillé, s’était rapproché et sa voix forte et imposante avait retenti en un cri.

« L’équipe Améthyste, mon équipe Andalusite, et l’équipe Pierre de Sang de Zera. Je demande à ces trois équipes de former une équipe de raid coopérative. » Elle avait claqué la table, ce qui avait fait que Zera et moi avions répondu respectivement par un « Oui ! » et « D’accord ».

J’avais enfin compris. C’est un fait que cette maison ne cherchait que les forts, et le chef de la maison avait dû provoquer Doula en lui disant de prouver ses capacités dans l’ancien donjon pour pouvoir épouser Zera.

Mais à en juger par la rage bouillonnante de la femme habituellement calme, je ne pouvais qu’imaginer la brutalité du dîner. C’était une bonne chose que nous traînions jusqu’ici, comme Zera l’avait conseillé, mais il semblait que nous allions finir par être entraînés dans leurs affaires de toute façon. Bien que, je dois l’admettre, j’étais un peu excité à l’idée de former une alliance d’équipes de raid pour la première fois de ma vie.

Maintenant, c’était l’heure du coucher pour les bons garçons et les bonnes filles. Il était plutôt temps que nous retournions dans mon monde pour reprendre le travail.

Je m’étais glissé dans le lit de qualité, en appréciant la sensation des draps soyeux. En me prélassant dans le confort, j’avais trouvé que la fine couette en duvet était étonnamment légère. Il semblait très bien réguler la chaleur tout en étant agréable et aéré.

J’avais retourné l’édredon, et le visage de Marie était sorti de dessous. Elle avait souri, comme pour dire : « N’est-ce pas incroyable ? » et j’avais hoché la tête en réponse.

« Les maisons des gens riches sont vraiment belles, » déclarai-je.

« J’aime le lit chic. J’aimerais pouvoir tout ramener dans ta chambre. Oh, peut-être que ça prendrait trop de place. » Elle ricana, puis s’enfouit la tête dans l’oreiller.

Les faibles lumières qui brillaient au plafond provenaient d’esprits de lumière. Ils clignaient comme des lucioles, semblant comprendre que nous allions bientôt nous coucher.

« Héhé, Doula était vraiment intense tout à l’heure, n’est-ce pas ? Je veux dire, je serais ennuyée si on me disait aussi d’aller battre le maître d’étage. » Marie avait chuchoté, et nous avions poussé un petit soupir à l’unisson.

Il semblerait que la condition pour se marier dans la famille des Mille était en effet juste cela. Doula et Zera avaient été sévèrement critiqués et on leur avait dit que leur mariage ne pourrait pas être approuvé alors qu’ils avaient eu besoin d’être sauvés dans le donjon.

« Je n’aurais jamais pensé que leur mariage serait détruit parce que nous les avons aidés, » déclarai-je.

« Il n’y a pas grand-chose à faire à ce sujet. Ce n’est pas comme si nous avions d’autres choix dans cette situation. » Selon le maître de la maison des Mille, la position de la famille de Doula n’était pas un problème, mais il ne pouvait pas accueillir quelqu’un qui portait une telle honte dans son histoire. Un tel déshonneur ne pouvait être lavé que par le sang, semblait-il.

Voyant l’entêtement du maître de maison, Doula avait apparemment quitté son siège dès la fin du dîner. Après avoir supporté une telle attitude peu accueillante, elle n’avait eu d’autre choix que de partir en colère.

« Une alliance de raid, hein ? Cela semble passionnant, mais nous devons nous assurer que notre secret ne sera pas découvert, » déclarai-je.

« Oui, nous ne pouvons pas faire savoir à quiconque que nous pouvons nous rendre au Japon. Nous allons passer du temps avec d’autres personnes pendant plusieurs jours, nous devrons donc être prudents. Je te vois dormir sans souci dans le monde, Wridra, mais cela te concerne aussi. » Elle avait retourné la couverture pour révéler le chat noir qui dormait paisiblement.

C’était le familier de l’Arkdragon lui-même, qui nous rejoindrait dans quelques jours. Ce serait un énorme problème si tout le monde découvrait que le grand dragon nous suivait. Des êtres aussi puissants pourraient affecter tous ceux qui les entourent par leur existence même.

L’un des yeux du chat s’était ouvert et avait jeté un regard vers nous. Il semblait nous dire. « Il n’y a pas de quoi s’inquiéter, » ce qui nous avait soulagés.

« Je suis soulagée si Wridra pense que tout ira bien. La plupart des choses que tu dis finissent par se réaliser. Parfois, je me demande si tu es une sorte de prophète. » Marie avait laissé échapper un petit bâillement. Comme nous allions bientôt nous endormir, elle tendit la main vers le collier du chat, comme d’habitude. Fermer l’interrupteur en quittant ce monde faisait partie de notre routine quotidienne. Mais étonnamment, le chat avait résisté à la tentative en se cachant plus profondément dans la couverture.

« Hm ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu veux rester comme ça cette nuit ? » demanda Marie.

« Oh, peut-être qu’il veut nous surveiller pendant que nous dormons comme dans un donjon ? » demandai-je.

« Miaou. »

Il semble que ce soit le cas. Marie m’avait regardé avec confusion, et j’avais décidé de m’expliquer à la place de Wridra. Si j’avais mal deviné, Wridra me corrigerait sûrement de toute façon.

« Ce bâtiment est destiné aux invités, mais quelqu’un viendra probablement nous réveiller plus tard. Je ne sais pas ce qui va se passer, mais peut-être que Wridra va nous couvrir pendant notre sommeil ? » J’avais jeté un coup d’œil au chat, qui avait acquiescé.

C’était la même chose dans le donjon. Notre position était transmise aux autres équipes et au quartier général par l’intermédiaire de l’outil magique, mais Wridra avait contrôlé les informations sortantes pour nous pendant notre sommeil.

« Tu es vraiment brillant, n’est-ce pas ? Viens ici, Wridra. Je vais te donner des tapes bien méritées. » Le chat s’était approché avec une expression réticente, mais en tant qu’amoureux des chats, les caresses de Marie étaient assez avancées. Alors que Marie tenait sa promesse, le chat ronronnait de façon incontrôlable et se tortilla de plaisir. Le corps principal de Wridra riait probablement aussi dans son repaire de dragon.

J’avais peut-être été lent à comprendre certaines choses, mais même moi, j’avais compris en les regardant interagir. Les petits de Wridra allaient bientôt s’installer, et elle allait bientôt retrouver l’elfe. Nous avions promis de visiter un parc d’attractions, et cela me faisait sourire de les voir jouer comme si elles avaient hâte que la fête commence. C’est probablement en partie pour cela que le dragon était si protecteur envers Marie.

« Laisse-moi aussi te donner quelques tapes. Whoa, ton estomac est si chaud. » Le chat ronronnait, me laissant toucher son estomac sans défense. Sa fourrure était si douce que je voulais y enterrer mon visage, mais… Wridra était techniquement la femme de quelqu’un, et j’avais pensé que ça aurait pu être une mauvaise idée.

« Tout bien considéré, tu es du genre surprotecteur, n’est-ce pas, Wridra ? » Compte tenu des caractéristiques de son corps, il serait normalement mieux pour elle d’éviter les gens en général, mais le chat avait insisté sur le fait que ce n’était pas nécessaire. Il y avait une lueur d’intelligence dans ses grands yeux, et il y avait un profond sentiment de tolérance à son égard qui n’était pas caractéristique d’un chaton.

Il avait ouvert en grand ses pattes et j’avais essayé de comprendre la signification de ce geste.

« Attends, tu veux dire que je peux mettre mon visage dans ta fourrure ? Hum, alors ça ne me dérange pas si je le fais… » J’avais enterré mon visage dans la poitrine du chat, me laissant envelopper dans sa douceur.

Ça fait du bien. La chaleur et l’odeur réconfortantes du soleil, combinées à la douceur d’un chat avaient presque créé une dépendance. Les pattes du chat aux griffes minuscules s’accrochaient à moi, et son ronronnement joyeux menaçait de m’endormir.

« J’ai hâte de te revoir dans quelques jours, Wridra, » je m’étais retrouvé à parler tranquillement.

Nous avions miroité en accord.

Wridra avait probablement ressenti la même chose. Elle avait acquis un instinct maternel pour nous quelque part, et elle devait avoir hâte de nous voir, ce qui explique pourquoi elle nous surveillerait jusqu’au matin. Mais elle n’avait vraiment pas besoin de s’inquiéter autant pour nous.

« Eh bien, allons bientôt nous coucher. Nous avons veillé assez tard. »

« Oui, faisons cela. »

Le chat se recroquevilla à proximité et le lit grinça à mesure que Marie se rapprochait. Elle avait placé une main à côté de mon visage et m’avait regardé, sa silhouette soulignée par une faible lumière.

Mais pour une raison quelconque, elle ne m’avait pas enlacé comme elle le faisait habituellement.

Le doux bruit de la pluie se faisait entendre à l’extérieur alors que Marie et moi nous regardions fixement. Je m’étais demandé pourquoi elle ne disait rien quand ses jolies lèvres avaient finalement parlé.

« Tu es si petit et si mignon dans tes rêves. » Avec ça, elle s’était lentement dirigée vers moi.

Mon cœur battait la chamade pendant que j’attendais, et le corps de la fille s’était pressé contre moi, ses bras doux me tenant dans une étreinte. Ses cheveux lisses tombèrent sur ma clavicule, et alors que je rétrécissais les yeux face à cette sensation, elle plaça sa cuisse sur moi.

Ah, elle est si séduisante. Tellement que même son haleine était excitante.

Sa peau lustrée, le regard qu’elle me portait… Je ne pouvais pas m’empêcher de faire battre avec force mon cœur avec son corps si proche du mien.

Puis, j’avais senti sa poitrine s’appuyer contre ce cœur qui battait dans ma poitrine.

« Bonne nuit. »

« Bonne nuit, Marie. Mais nous allons nous réveiller de nouveau au Japon. » Son rire me chatouillait l’oreille.

L’esprit de lumière avait fini par disparaître, et mes pensées avaient commencé à ralentir. Se réveiller d’un rêve était un sentiment étrange. C’était presque comme si les contours de mon corps s’effaçaient progressivement. Peut-être que le processus de fusion faisait partie du rituel de départ dans le monde d’où je venais. Je reconnaissais encore la douceur que je tenais dans mes bras, mais cela aussi devenait de plus en plus vague.

Nous avions sombré dans le sommeil, pour finalement nous réveiller au soleil.

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