Chapitre 1 : Le pays des rêves et de la magie
Partie 2
Marie s’était approchée de moi, tasses de thé à la main, puis elle avait fixé le chat et elle avait fait un commentaire.
« Maintenant que j’y pense, Wridra ne nous a pas rejoints depuis un moment. Je me demande combien de temps il faudra pour que les choses s’arrangent avec ses enfants. » Le chat leva ses yeux somnolents, puis miaula à plusieurs reprises.
« Quatre jours de plus ? D’accord. Alors nous devrions rejoindre le raid au deuxième étage une fois que tu seras rentrée. » Le chat avait répondu par un long miaulement d’affirmation.
Cela faisait un certain temps que Wridra n’avait pas rejoint notre groupe. On nous avait dit que c’était un moment important pour ses petits, et elle faisait un rituel pour assurer de leur stabilité. Lorsqu’elle avait essayé d’expliquer ce qu’impliquait l’élevage de petits dragons, elle avait commencé à parler de choses comme « transférer le noyau du dragon » et « donner forme à des êtres nébuleux », ce que j’avais du mal à comprendre. J’avais pris la tasse et j’avais hoché la tête.
« Je suppose que c’est comme un congé de maternité. Ça va aller, prend tout le temps qu’il te faut. » Le chat ferma les yeux d’un air endormi et miaula doucement.
Nous avions donc été plutôt désinvoltes dans notre attitude vis-à-vis du donjon. Nous avions passé notre temps dans le monde des rêves à lire ou à nous promener, et nous n’avions visité que des endroits totalement sûrs. Sans notre puissant tank, Wridra, je n’étais pas sûr de pouvoir garder Marie en sécurité. Nous avions donc aussi pris notre temps dans le monde des rêves, mais une fois que Wridra serait revenue ce jeudi, nous serions probablement ensemble au deuxième étage.
La saison des pluies était un bon moment pour lire, mais j’avais dû pousser les livres pour que le chat puisse avoir une place pour dormir. N’ayant plus rien à faire, j’avais appelé Marie qui se déplaçait pour s’asseoir sur une chaise.
« Veux-tu regarder un film sous-titré pour t’aider à t’entraîner à la lecture, Marie ? » demandai-je.
« Oh, ça a l’air sympa. Alors, je vais plutôt te lire quelque chose plus tard ce soir. Je t’endormirai tout de suite après, donc j’ai hâte d’y être. » Hein, je ne pensais pas qu’une elfe me ferait dormir un jour. Mais je me demandais si nous pourrions aller dans le monde des rêves ensemble si je m’endormais d’abord. Quoi qu’il en soit, je soupçonnais furtivement que Marie s’endormirait avant moi.
Le chat était déjà endormi, les yeux s’étaient fermés et son corps était resté immobile. J’avais débattu de ce qu’il fallait faire pendant une minute, puis j’avais pris le chat dans mes bras et je m’étais levé.
La pluie avait continué à tomber doucement de l’autre côté de la fenêtre. Selon le bulletin météo, elle ne s’arrêterait pas avant un bon moment. L’air était froid et me donnait envie d’avoir une sorte de chaleur sur la peau.
C’était mon jour de congé, alors je m’étais dit qu’il aurait été bon de me laisser être plus laxiste que d’habitude. J’avais donc pris la télévision. Ce qui était bien avec les téléviseurs LCD, c’est qu’elles sont légères, et je l’avais facilement posé sur l’étagère qui séparait la table de la chambre.
J’avais jeté quelques coussins et apporté une couverture, et ma préparation pour un week-end de détente était complète. L’Ondine, l’esprit de l’eau, avait nagé autour de moi et elle avait régulé l’humidité, ce qui était un confort que nous seuls pouvions avoir.
« Viens, Wridra. » Voyant le chat refuser de bouger, Marie avait pincé ses lèvres, puis l’avait ramassé et elle s’était assise à côté de moi. Elle avait glissé ses fesses entre mes jambes et s’était appuyée contre moi comme si c’était tout à fait naturel. J’étais content qu’elle semble s’appuyer sur moi, mais cela signifiait simplement que je servais de dossier adéquat. Je sentais quand même sa chaleur avec son dos appuyé contre moi, et j’appréciais le siège de première rangée où je pouvais voir ses longues oreilles bouger joyeusement. Mais je n’avais pas osé dire cela à voix haute.
La jeune elfe s’était retournée et m’avait regardé avec impatience, ce qui avait été le signal du début. J’avais pris la télécommande dans ma main, et l’histoire qui lui était inconnue avait commencé à jouer.
Un livre épais était apparu à l’écran et il s’était ouvert, comme si ce fait indiquait qu’il s’agissait d’une histoire d’il y a très, très longtemps.
Cette présentation avait éveillé l’intérêt de Marie, grande fan de livres d’images, et ses lèvres sexy s’étaient retroussées en un sourire heureux.
La lumière du soleil qui passait par la fenêtre était faible pendant la saison des pluies, mais au début du film, la présence de la pluie semblait s’estomper. C’était ainsi que les histoires devaient être. Elles vous attiraient, vous faisant oublier tout le reste, même si cette histoire avait un début tragique.
Il était une fois un homme qui était né dans une lignée privilégiée, et il avait été un jour frappé par un coup du sort. Une malédiction s’était abattue sur lui, changeant son apparence en celle d’un monstre hideux pour correspondre à son comportement violent.
À la fin du prologue et lorsque l’écran s’était éteint, j’avais entendu le croquement de Marie qui mordait dans un biscuit.
Quand la scène avait changé, elle avait eu une surprise. Non seulement la couleur vive de l’animation, mais aussi les personnes et les animaux expressifs et vivants, et leurs émotions, tout cela était représenté dans une chanson. La fille et le chat n’avaient jamais vu un tel spectacle auparavant, et leurs yeux étaient comme des soucoupes lorsqu’elles regardaient fixement l’écran.
« C’est ce qu’on appelle un film musical. Les chansons sont encore plus efficaces pour transmettre des émotions que de simples mots. Elles sont assez courantes à l’étranger, » lui expliquai-je.
« Je suis surprise. C’est tellement différent des animes japonais. Ils chantent avec de si belles voix, et je ne peux pas dire ce qu’ils disent, mais ils semblent s’amuser. » En y repensant, j’avais trouvé étrange qu’elle pense que c’était si différent, mais en même temps, je savais ce qu’elle voulait dire. Il était de notoriété publique que la culture et les techniques de l’animation venaient à l’origine de l’étranger, mais l’animation japonaise avait un caractère distinct et son style pouvait être grandement influencé par celui qui la dirigeait.
« Peut-être que la différence vient de la forte influence de la culture manga. La présentation est tellement différente… Oh, le manga pourrait être parfait pour tes études de lecture, Marie, » Marie avait penché la tête vers ce terme peu familier, et je m’étais dit qu’il y avait une possibilité que je la conduise directement dans la culture otaku. La curiosité dans ses jolis yeux m’avait fait craindre le pire, mais le film avait continué à se jouer.
Il y avait un détail de cette histoire qui avait particulièrement attiré l’attention de Marie. La belle héroïne du film aimait vraiment lire. Tout comme Mariabelle, l’elfe qui vivait au Japon.
Ses yeux violet pâle fixaient la jeune fille à l’écran avec beaucoup d’intérêt et fixaient les villageois qui se moquaient d’elle pour son amour des livres.
« Je déteste les gens qui essaient d’empêcher les autres d’apprendre. Ils doivent être jaloux que les autres deviennent plus intelligents qu’eux. Pourquoi n’essaient-ils pas d’apprendre eux-mêmes ? » demanda Marie.
« Ces personnes sont occupées à vivre leur vie quotidienne. Je pense qu’il y a beaucoup de pays où les gens ne peuvent pas prendre le temps d’apprendre à lire et à écrire, » lui répondis-je.
« Je ne suis pas d’accord, l’intellect est très important. On ne peut pas devenir un bon adulte sans apprendre toutes sortes de choses. Connais-tu quelqu’un qui n’a pas du tout étudié et qui a bien réussi ? » J’avais été stupéfait. Elle n’avait pas tort. Mais pour être honnête, je ne voulais plus étudier, et je voulais juste profiter des films ou de la lecture pendant mon temps libre. Je pensais que Marie était pareille ? Elle semblait remarquer mon regard et elle cligna ses grands yeux.
« Oh, je suis correcte de ce côté-là. J’ai continué mes études sur les caractères japonais. Mais toi… Tu t’es totalement détendue, et tu as même mangé un cookie. » Elle avait approché un biscuit de ma bouche comme pour me dire d’ouvrir en grand, et j’avais dû céder. J’avais écarté les lèvres et je lui avais permis de mettre le biscuit dans ma bouche, et j’avais apprécié son parfum de beurre et sa texture croustillante en acceptant l’étiquette d’un plouc qu’elle me refilait.
Il semblait qu’une miette avait été laissée sur ma lèvre. Elle l’avait essuyée avec son pouce et m’avait souri, puis s’était retournée vers le film.
Cela m’avait vraiment touché. Je n’avais jamais vu une fille m’essuyer la bouche avec son pouce doux et lisse comme ça, et j’avais l’impression que mon corps devenait chaud.
Je n’avais pas remarqué à ce moment-là, mais son visage était supposé être rouge vif après qu’elle se soit aussi détournée de moi. Elle avait dit dans un murmure : « Qu’est-ce que je viens de faire ? » à elle-même et elle avait serré son pouce. C’était peut-être grâce à cela que j’avais pu rester au chaud malgré le temps.
La femme en question avait fini par rencontrer le monstre et l’histoire s’était finalement poursuivie. Mais comme le monstre était seul depuis si longtemps, son attitude arrogante n’avait pas changé d’un iota. Bien sûr, il avait également fini par être agressif envers l’héroïne. Marie était très critique à l’égard de son comportement.
« Qu’est-ce qu’il a ? Un homme si désagréable. Ne sait-il pas être gentil avec une dame ? » Il semblerait qu’elle n’aimait déjà pas cet homme monstrueux. Pas seulement à cause de son apparence, mais parce qu’elle ne supportait pas son comportement. Et pourtant, son côté laid le rendait plus humain. Ainsi, malgré le fait que les personnages étaient une collection de dessins, ils semblaient être des êtres vivants, qui respiraient.
Passer du temps avec un parfait inconnu, c’était comme lire un livre tout neuf. Au fur et à mesure que le monstre apprenait à connaître l’héroïne, il commençait à révéler une partie de lui-même qu’il gardait habituellement cachée. Ce n’était rien de spécial. Se laisser séduire par la beauté de l’expression de surprise ou de rire de quelqu’un était une expérience normale à laquelle tout le monde pouvait s’identifier.
Il n’y avait pas que l’héroïne qui ne savait pas que le monstre avait de tels côtés en lui. Même lui ne croyait pas avoir des émotions humaines en lui.
Au fur et à mesure que l’histoire progressait et qu’ils surmontaient de nombreux obstacles, il avait commencé à montrer de toutes nouvelles expressions. Qui pourrait être maudit pour être si laid et rire si sincèrement ? En fait, même avant sa malédiction, personne n’avait été aussi proche de lui ou ne lui avait parlé comme ça. Avant même qu’il ne s’en rende compte, son attitude envers la jeune fille avait changé, et il lui tenait la main de manière protectrice. Il y avait un amour tendre et certain pour une femme dans son toucher aimable.
« Je ne peux pas croire qu’un tel monstre me semble mignon maintenant, » déclara Marie, dont l’impression initiale avait été complètement changée. Au début, il avait l’air d’un gros monstre hideux, mais maintenant il donnait l’impression d’être un animal adorable. Ses crocs pointus lui semblaient maintenant charmants, et elle voulait sentir sa fourrure pelucheuse avec ses mains.
La fille et le chat étaient tous deux penchés en avant avec beaucoup d’intérêt, encourageant les deux personnages principaux du film. Regarder un couple aussi inhabituel se rapprocher de jour en jour, c’était comme regarder une fleur pousser au fil du temps.
Mais cela aurait été bien que ce soit le soleil et les arcs-en-ciel…
merci pour le chapitre