Épisode 5 : C’est l’heure du repos, Mademoiselle Magi Drake
Partie 3
Hmm, mais ce n’était pas quelque chose qui pouvait être résolu avec un peu de bentos. Au Japon, les maris avaient tendance à consacrer leur temps de loisirs à leur femme, mais je me demandais comment c’était dans ce monde. En y repensant, je m’étais souvenu du voyage à Chichibu que nous avions planifié pour le week-end.
« Oh, ça vous dirait de vous joindre à nous pour un voyage au Japon ? Ah, ça ne vous intéresserait probablement pas, n’est-ce pas ? » J’avais ri, mais mon rire s’était vite dissipé.
Les larmes de la dragonne s’arrêtèrent immédiatement. Puis, les étincelles qui semblaient visibles dans ses yeux m’avaient dit. « C’est une idée merveilleuse. »
« Oui, oui, c’est exact. Ce corps n’est que l’un des nombreux noyaux de dragon. Je visiterai le monde de la réalité avec les enfants de l’homme tout en m’occupant de mes petits ici. Comme c’est excitant ! »
Uh-oh. J’avais peut-être suggéré quelque chose qui pourrait devenir un gros problème. Et il n’y avait aucune chance que je puisse vraiment revenir en arrière maintenant…
Nous avions déjà révélé mon secret sur la possibilité de voyager entre nos deux mondes, mais je ne pouvais pas imaginer ce qui arriverait si un dragon légendaire nous suivait au Japon. Même Mariabelle me regardait fixement, et j’avais senti quelque chose de froid remonter le long de ma colonne vertébrale.
***
Lorsque nous étions sortis du labyrinthe souterrain, la vue extérieure avait complètement changé. Au loin se trouvait le château royal enveloppé dans le crépuscule, avec un ciel azur de l’autre côté. L’air était plus frais qu’avant, et j’étais content d’avoir fait que Marie ne porte plus son habit dans le style arabe.
Mais quand je m’étais retourné, ses yeux violets étaient froids et elle n’était manifestement pas contente.
« … Je n’arrive pas à croire que tu aies promis une telle chose. Qu’est-ce que tu comptes faire ? » demanda Marie.
« Désolé, ça m’a échappé. Je ne pensais pas inviter une Magi-Drake au Japon…, » répondis-je.
Ses doigts pâles qui m’avaient tendu la main jusqu’à maintenant m’avaient pincé la joue. Et alors que je me tenais là, surpris, elle m’avait aussi pincé l’autre joue. Elle avait rapproché son visage renfrogné du mien, et bien qu’elle soit fâchée contre moi, cela m’avait fait bondir le cœur en la voyant si près.
« Je pense que tu es bien trop négligent quand tu es dans ce monde. On dirait que tu as besoin de moi pour te discipliner, » déclara Marie.
Après avoir dit ça, elle se rapprocha encore plus de mon corps comme pour m’empêcher de m’échapper. Elle semble s’y être habituée maintenant. En tant qu’homme, c’était assez troublant quand elle pressait ses petits seins contre moi comme elle le faisait quand on dormait ensemble dans le lit. Elle avait ensuite tiré mes joues de haut en bas, me donnant une sensation étrange qui se situait quelque part entre la douleur et un chatouillement. C’était troublant, parce que… ça me rendait si heureux que je ne savais pas quoi faire.
« Et qu’est-ce qui est si drôle ? Tu ne sais pas encore ce qui arrive quand tu me mets en colère. Je n’en ai peut-être pas l’air, mais j’ai discipliné beaucoup de nouveaux venus dans la Guilde des Sorciers. Je fais tellement peur qu’on me surnomme la Fée des Glaces, » déclara Marie.
Fée des… des glaces ? C’est bizarre, je ne la vois que comme une fée de la nourriture, pensai-je.
… La situation serait devenue encore plus compliquée pour moi si je l’avais dit à haute voix, alors j’étais resté silencieux.
« Je suis désolé, Marie. À partir de maintenant, je ne manquerai pas d’en discuter avec toi d’abord, » lui avais-je promis.
« C’est une évidence. Nous allons passer tellement de temps ensemble, alors je ne permettrai pas de secrets ou d’actions égoïstes. Est-ce bien compris ? » demanda Marie.
Je ne pouvais rassembler qu’un « Oui, madame » avec les joues encore pincées, mais il me semblait que la Fée des Glaces m’avait pardonné. Elle avait fait entendre un mignon « Hmph ! » puis elle m’avait lentement libéré.
Mais mon cœur battait plus fort que jamais. C’était probablement parce qu’elle avait mentionné comment nous allions « passer tant de temps ensemble ».
Quant à Marie, elle avait incliné la tête et avait demandé ce qui n’allait pas. Il semblerait qu’elle n’avait aucune idée de l’importance du choc qu’avaient occasionné ses paroles. Il aurait été grossier de la pousser à le faire, alors j’avais décidé de me concentrer sur notre objectif initial. Je m’étais raclé la gorge, puis je m’étais tourné vers elle.
« Ne t’inquiète pas pour ça. Quoi qu’il en soit, nous devrions aller à la Guilde des Sorciers avant le coucher du soleil. Mais je ne sais pas combien de temps elle restera ouverte, » déclarai-je.
Elle cligna des yeux, surprise. Il semblerait qu’elle avait tout oublié de la situation après que j’eus invité la Magi-Drake au Japon. J’avais alors sorti une lettre enroulée de mon sac à bandoulière. C’était la licence du Royaume d’Arilai permettant l’entrée dans l’ancien donjon.
« Ah ! Nous devons nous présenter à la Guilde des sorciers ! Oh non, le soleil va bientôt se coucher ! » s’exclama Marie.
Ce n’était pas grand-chose si on se présentait le lendemain, mais Marie avait tapé dans ses petits pieds avec une expression emplie d’anxiété. Elle était droite de nature, donc elle voulait probablement le faire le plus tôt possible.
Mais à ce moment-là, quelqu’un nous avait complètement pris par surprise.
« Alors je vais délivrer cette licence pour vous. »
Les vêtements de l’homme avaient bougé quand il s’était levé, et mon esprit s’était figé. Il y avait en lui quelque chose qui me faisait penser à une épée dégainée, une aura qui ne pouvait être obtenue que par le combat. Il se tenait là avec un sourire artificiel et un corps en pleine forme, portant des lunettes de soleil, ce qui n’était pas courant dans ce monde, et avait deux épées suspendues à sa taille.
Depuis quand était-il assis ici ? Comment savait-il qu’on serait là ? Nous venions de sortir d’une ruine souterraine.
Mon cœur avait finalement recommencé à battre, et pour une raison inconnue, mon corps s’était naturellement préparé à la bataille. Comment était-il au courant pour le permis ? Cet homme n’était pas un voleur ordinaire.
« Qui êtes-vous ? Tu le connais, Marie ? » demandai-je.
« Je crois que c’est Sire Sven, un sorcier spécialisé dans l’anti-magie, » répondit Marie.
Ohh, OK. J’avais vraiment pensé que c’était un ennemi, à en juger par l’air contre nature qui l’entourait. Je ne savais pas qu’il y avait de tels sorciers dans ce monde.
« Bonsoir. Je suis Kazuhiho, l’escorte de Mariabelle, » déclarai-je
« Bonsoir, Sire Sven. Quelle coïncidence de vous voir ici ! » déclara Marie.
Nous avions souri et nous nous étions inclinés poliment, mais l’homme avait soupiré pour une raison quelconque, se frottant le front. Je l’avais peut-être imaginé, mais c’était presque comme s’il était affligé par l’atmosphère paisible que nous émettions. Puis, comme pour se ressaisir, il avait tendu sa grande main vers nous.
« Donnez-moi tout de suite le permis, » ordonna-t-il.
« Oh, oui, c’est juste là. S’il vous plaît, donnez-moi le permis de substitution en échange, » répliqua Marie.
C’était comme un échange dans un bureau du gouvernement. Je ne connaissais pas grand-chose de la Guilde des Sorciers, mais tout cela était bien réel et ce n’était pas du tout quelque chose issue de la fantasy. Ils semblaient assez importants dans leur hiérarchie sociétale aussi, alors j’étais content de l’avoir évité jusqu’à maintenant.
« C’est quoi ce regard ? Nous devons faire les choses correctement et donner l’exemple à ceux qui nous admirent. C’est une procédure élémentaire que même un enfant peut faire. On se moquera de vous derrière votre dos que si vous ne vous souvenez même pas de devoir fait quelque chose comme ça. Est-ce ce que vous voulez ? » demanda Marie.
Sven avait ouvert la bouche pour lui crier dessus, mais il referma sa bouche peu après, comme s’il avait changé d’avis après avoir vu son comportement intense. Voyant son expression, Marie s’était sentie mal à l’aise.
« Oh, je suis vraiment désolée. Si vous avez oublié, vous pouvez obtenir le formulaire au deuxième guichet. Si vous pouvez simplement remplir les sections nécessaires…, » commença Marie.
« Très bien. Oubliez ça, dépêchez-vous de le livrer vous-même ! » L’homme l’avait interrompue en criant sa réponse. Il semblait que ce type n’aimait pas beaucoup ce genre d’intervention. Il y avait aussi des gens qui détestaient vraiment la paperasse dans mon entreprise.
Pendant que j’y réfléchissais, une silhouette parée de noir était sortie de l’obscurité.
« Euh, Patron ? Qu’est-ce qu’on va faire ? » demanda l’homme.
« La ferme ! On retourne à la guilde ! » déclara Sven.
Marie et moi avions cligné des yeux l’un vers l’autre, nous demandant pourquoi en premier lieu ils étaient tous les deux venus nous accueillir.
Nous avions franchi les portes d’entrée de la ville et étions entrés dans la ville à la tombée de la nuit, qui était remplie de gens qui faisaient leurs courses pour le dîner. Il y avait des moutons qui traversaient la route pour rentrer dans leur étable, les vendeurs de rue qui déversaient du ragoût chaud dans les bols. Tout cela et les routes en ornières et les toits asymétriques m’avaient fait ressentir un peu de nostalgies. La vapeur montait d’un peu partout, et il y avait un sentiment de vitalité dans cette ville animée. Un tel spectacle n’existait pas dans le monde moderne, c’était donc intéressant à voir.
Je m’étais étiré, en admirant le paysage animé de la ville.
« Ahh, si agréable et cool. Ce temps est nettement plus facile à gérer ici, » déclarai-je.
« Je suis d’accord. Nous avons appris quelques méthodes pour nous rafraîchir à Arilai, mais je préfère de loin faire une promenade par ici, » répondit Marie.
Les nuits dans le désert étaient aussi assez froides, bien sûr, mais nous nous étions endormis tout de suite et nous ne les avions pas vraiment vécues. Bien que j’aie entendu dire que la différence de température était assez extrême, je n’avais pas particulièrement envie de le tester.
Sven, qui écoutait notre conversation, s’était approché de nous. « J’ai entendu dire que vous avez trouvé un donjon là-bas. Mais deux gosses comme vous vont finir par se faire tuer. Je vais le conquérir pour vous à la place, alors vous devriez m’être reconnaissant. »
« Oh, je vois. J’ai hâte d’y être, » répondis-je.
Marie était occupée à regarder une échoppe de rue qui faisait rôtir du mouton, alors j’avais souri et j’avais répondu pour elle. Après un certain temps, Sven avait baissé ses épaules. Il semblait aussi dangereux qu’une lame nue tout à l’heure, mais son humeur avait complètement changé. Même la personne en noir qui se tenait derrière lui semblait perdue.
« Je ne sais pas… Ce n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais. Hé, elfe ! Si vous avez faim, dépêchez-vous d’acheter quelque chose ! Quoi… ? Vous n’avez pas d’argent !? Vous auriez dû être récompensé pour avoir trouvé le donjon… Oh, vous ne l’avez pas encore eu ? Je vois… »
L’homme devint de plus en plus découragé à mesure que Marie répondait par une explication troublée.
C’était vrai, Marie avait épuisé tout son argent de poche parce que nous ne nous attendions pas à un long séjour. Heureusement, je n’avais pas de tels problèmes parce que je n’avais pas l’habitude de dépenser de l’argent.
Quoi qu’il en soit, Sven tortillait son corps depuis un certain temps, et cela me faisait un peu pitié pour lui. Je n’avais pas combattu beaucoup de gens dans le passé, donc je ne pouvais pas en être sûr, mais à en juger par la façon dont il se comportait, il devait avoir un niveau assez élevé. Il aurait pu être plus haut que moi, mais j’avais l’impression qu’on était à peu près au même rang. Cela expliquerait pourquoi il voulait être le représentant pour entrer dans l’ancien donjon en agissant si mal.
Tandis que j’étais perdu dans mes pensées, une brochette de mouton était apparue soudain devant moi. L’huile dégoulinait de la viande rôtie et la légère odeur des épices avait stimulé mon appétit. Derrière, il y avait le visage remarquablement renfrogné de Sven, qui disait. « Cette elfe ne voulait pas se taire, alors vous vous dépêchez et vous mangez aussi. » Son visage était peut-être effrayant, mais il avait l’air sympa.
« Je… Merci. Je suis désolé que vous ayez fini par payer pour nous, » déclarai-je.
« Peu importe, je me rembourserais bien assez tôt. Bref, je croyais que vous étiez son garde du corps. Où est votre épée ? » demanda Sven.
« Oh, elle a été détruite il y a peu de temps. Je vais devoir en trouver une autre bientôt, » déclarai-je.
J’avais ignoré l’air exaspéré qu’il avait sur le visage et j’avais mordu le mouton. Ma bouche était remplie d’huile et d’une forte odeur…
Wôw, ça a un goût étonnamment mauvais, pensai-je.
Il semblait que personne ne faisait vraiment d’efforts dans la cuisine de ce monde. Inquiet, j’avais regardé à côté de moi. Bien sûr, Mademoiselle l’Elfe affichait aussi un visage triste.
« Comme c’est injuste. Il avait l’air si savoureux… C’est comme ça que la nourriture dans ce monde nous trompe. Ça me donne envie de pleurer, » déclara Marie.
« Pauvre petite chose. Quand on retournera de l’autre côté, je te donnerai à manger autant que tu le veux… En parlant de ça, il est temps qu’on dorme, » déclarai-je.
Nous avions passé le mouton à la personne en noir, l’avions remercié pour le repas, puis nous nous étions enfuis. Il se tenait là avec une expression vide, mais la réception de la guilde était déjà fermée et nous allions y aller demain de toute façon, donc c’était pour le mieux.
Vous devez comprendre qu’en tant que membres de la société, nous avions le devoir de ne jamais être en retard. C’était particulièrement vrai lorsqu’il s’agissait d’aller au lit à l’heure. Mais il n’y avait aucune raison de lui expliquer cela.
Finalement, nous étions allés dans une auberge bon marché à proximité et nous nous étions couchés tout de suite.
L’homme se tenait dans la rue, regardant l’auberge bon marché avec une veine saillante sur le front. La personne en noir le suivait, grignotant une brochette de mouton pendant qu’il parlait d’un ton inquiet.
« Qu’est-ce qu’on fait ? On a enfin trouvé l’auberge, mais ils ne devraient pas pouvoir s’échapper, non ? » demanda l’homme en noir.
« Crois-tu que je vais faire une erreur comme ça ? J’ai mémorisé la sensation produite par la présence de ces gosses. Tant qu’ils sont dans ce pays, ils ne peuvent échapper à mon Oracle. Jamais de la vie cela n’arrivera, » déclara Sven.
Il fixa du regard le sorcier en noir, qui avait failli lâcher la brochette en raison de la peur. Puis, quelques minutes plus tard…
Enragé, Sven frappa le sol avec une chaise en bois. Des éclats de bois avaient été projetés partout. Avec la pleine lune derrière lui, l’homme avait fouillé chaque pièce avec des yeux injectés de sang. Il les suivait jusqu’à il y a un instant, mais ils avaient soudain disparu. Leur sac, leurs vêtements, leur bâton de sorcier, tout avait disparu avec eux comme s’ils faisaient une sorte de farce.
« Ils se sont échappés… Ces foutus morveux !! » cria Sven.
Son rugissement meurtrier avait résonné dans toute l’auberge, causant de grandes nuisances aux autres clients. Il allait sans dire qu’il leur causerait encore plus d’ennuis en cherchant les deux jusqu’au matin…
« Trouve-les ! Ils doivent encore être tout près ! » cria Sven.
« Heheh, je pense que vous oubliez ma magie spécialisée, Patron, » déclara l’homme en noir.
Il semblerait qu’ils avaient encore des moyens de les trouver. C’était difficile à dire à cause de l’habillement entièrement noir, mais le subordonné semblait sourire. Voyant cela, le sourire dangereux de Sven était revenu sur son visage.
Il y avait une chaîne reliée au bâton dans la main du sorcier, qui flottait dans les airs de son propre chef. Une lumière était apparue à ce moment-là, formant une image floue de deux yeux, d’un nez et d’une bouche. Quoi que ce soit, il était clair que ce n’était pas de ce monde.
« C’est exact, ta nécromancie. Avec cela…, » déclara Sven.
« Oui… Peu importe où ils se cachent, ils n’échapperont jamais à mes fantômes. Ces enfants passeront leurs nuits à se cacher dans la peur ! Et c’est vous qui les pourchasserez, patron, » déclara l’homme en noir.
Le sorcier avait laissé échapper un rire sinistre… mais malheureusement pour eux, les deux enfants étaient partis depuis longtemps non seulement de cette ville, mais de ce monde, et leurs efforts en utilisant la nécromancie avaient fini en vain. Ils étaient devenus désespérés après s’être mis à espérer inutilement et avoir continué à chercher jusqu’à l’épuisement. « Ils sont partis… » ils murmurèrent avec le soleil matinal se répandant sur eux, s’écroulant en raison du sommeil.
Merci pour le chapitre!