Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 2 – Chapitre 2

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Épisode 2 : C’est de la cuisine française, Mademoiselle l’Elfe

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Épisode 2 : C’est de la cuisine française, Mademoiselle l’Elfe

Partie 1

Quand j’avais regardé par la fenêtre depuis l’intérieur du café, le coucher du soleil était déjà fini. Les rues étaient pleines de monde, dont beaucoup rentraient du travail. Quant à moi, je m’étais rapidement changé en tenue décontractée et j’étais parti sans faire d’heures supplémentaires.

Sur la table, il y avait des tasses de café fumantes, et en face de moi, une jeune fille qui cachait comme d’habitude ses longues oreilles avec un bonnet en tricot. Elle regardait autour d’elle avec curiosité, alors que son intérêt était piqué par l’arôme du café et par les meubles confortables, tels que les canapés présents dans les lieux.

Mais ce qui avait attiré le plus l’attention de toutes les personnes ici n’était autre qu’elle-même. Ses cheveux, qui pendaient jusqu’à la taille, possédaient un éclat blanc, comme des brins de soie scintillants. Ses yeux pourpres clairs étaient entourés de longs cils et attiraient immédiatement l’attention de tous. Ces pupilles claires de la couleur de l’améthyste ne manqueraient pas de charmer tous ceux qui les contempleront.

Elle possédait une allure vraiment féérique, et cela la décrivait assez bien. C’était une elfe, et elle s’appelait Mariabelle.

Tout le monde autour d’elle soupirait, admirant sa beauté naturelle.

« C’est étrange que je sois ici à Koto Ward en ce moment, » murmurai-je à moi-même.

Elle avait incliné la tête. « Et qu’est-ce qui est si drôle ? Tu as l’air de me fixer et de sourire davantage ces derniers temps. »

« D’habitude, ça veut juste dire que tu me fascines quand je fais ça. Mais je ne suis pas le seul cette fois-ci à le faire, » répondis-je.

Je m’étais retourné et les autres clients avaient détourné les yeux. Quand je m’étais tourné de nouveau vers Marie, j’avais remarqué que ses joues étaient d’un rose clair. Elle avait essayé de cacher sa gêne en me frappant la jambe sous la table avec ses nouvelles sandales.

« Dire ça quand on a l’air d’être sur le point de s’endormir n’est pas du tout flatteur, tu sais. Peut-être que cette phrase aurait été plus impressionnante si tu avais eu l’air plus distingué, » déclara Marie.

« Hé, je suis né avec ce visage. Même moi, j’ai renoncé à avoir l’air plus raffiné il y a longtemps, » répondis-je.

Après que je lui ai dit que c’était ainsi, Marie avait tendu une main vers moi. Son doigt pâle et fin s’était pressé contre mon front, puis elle m’avait surpris en l’écrasant vers le haut. Il semblerait que les doigts doux et lisses qui poussaient sur mon visage essayaient de changer avec force l’expression de mon visage.

« Hmm, tu as toujours l’air à moitié endormi. C’est vraiment comme si tu étais fatigué, » déclara Marie.

« Franchement, cela ne peut pas être si terrible. Je suis probablement fatigué d’être allé au travail, » déclarai-je.

J’avais essayé d’utiliser le travail comme excuse, mais elle semblait réaliser que ce n’était pas le problème. L’elfe avait continué à m’écraser le front un peu plus longtemps avant qu’elle abandonne, retirant sa main.

« Ce n’est pas bon. Il n’y a pas de changement dans ton état de somnolence. Quand réaliseras-tu que c’est à cause de toi que je m’endors avant qu’on puisse finir le livre ? » demanda Marie.

Mais pour le dire franchement, c’était quand même l’une des plaintes les plus uniques que j’avais jamais reçues. Je ne l’avais peut-être pas montré, mais mon cœur battait très fort après avoir été touché par une fille si mignonne.

Marie avait posé son menton sur ses mains et m’avait regardé fixement. « En tout cas, cet endroit est très différent de l’endroit pour boire du thé que nous avons visité à Arilai. Je me sens si mature ici pour une raison ou une autre. »

Il me semblait avoir fait le bon choix en choisissant le café un peu cher que j’avais mentionné ce matin.

Bon nombre des autres clients portaient des vêtements modestes, ce qui avait apparemment contribué à sa bonne impression. De la musique douce se faisait entendre à l’arrière-plan, et la fille regardait autour d’elle avec excitation.

« Alors, quand est-ce que Madame Ichijo vient ? » demanda Marie.

« Eh bien, on dirait qu’il est sept heures maintenant. Elle devrait bientôt arriver. Veux-tu répéter quelques salutations japonaises pendant que nous attendons ? » demandai-je.

« C’est bon, je te demanderai si j’ai besoin d’aide. Je peux gérer les salutations, et j’ai l’impression de pouvoir suivre les conversations maintenant, » déclara Marie.

Oh, donc ses études avaient déjà progressé jusque-là. C’était une fille assez intelligente, et elle avait déjà commencé à intégrer les mots de japonais qu’elle avait appris dans nos conversations quotidiennes.

Je m’étais alors raclé la gorge avec un « Hmm », et ses yeux violets m’avaient regardé droit dans les yeux.

« Euh… les animes m’ont beaucoup aidé, à apprendre le japonais. C’est un spectacle vraiment merveilleux, » déclara Marie en japonais.

« Oooh ! » Je l’avais applaudi alors que Marie m’avait affiché une expression fière. Je l’avais peut-être juste imaginé, mais j’avais aussi cru entendre des applaudissements derrière nous…

Vu la rapidité avec laquelle elle l’avait appris, le reste devrait venir facilement avec un peu plus de pratique. Tant qu’elle continuait à pratiquer et à apprendre divers modèles de conversation, son discours deviendrait de plus en plus naturel. Cependant, apprendre à parler naturellement était la partie la plus difficile de toutes.

Maintenant, il semblerait que Marie avait finalement décidé d’essayer le café. Peu habituée aux boissons noires, elle l’avait reniflée quelques fois avant de boire lentement un peu du contenu de la tasse. Son visage s’était plissé sans mot à cause de l’amertume, alors j’y avais ajouté un peu de lait et du sucre qui était sur la table. Ce n’était pas nécessaire de mettre beaucoup de sucre, mais j’avais décidé d’ajouter du lait supplémentaire pour adoucir la saveur. Je l’avais mélangée avec une cuillère avant de la lui remettre. Elle me remercia de l’avoir fait.

« Oh, c’est mieux comme ça. J’adore l’arôme de la nourriture de ce monde, y compris ta cuisine, » déclara Marie.

« Maintenant que j’y pense, n’es-tu pas sensible aux odeurs, Marie ? Je pense que la nourriture avec des odeurs fortes n’est pas vraiment populaire au Japon, » déclarai-je.

La jeune fille inclina la tête comme pour dire. « Vraiment ? »

Le thé noir, par exemple, était populaire depuis un certain temps et on le trouvait couramment dans tout le pays. Cependant, toute variation à forte odeur avait tendance à ne pas être appréciée. C’était probablement dû au fait que cela ne s’accordait pas bien avec la nourriture, ou simplement parce que ce n’était pas une odeur courante pour nous.

J’aimais qu’ils aient de la personnalité, alors je préférais les thés comme le darjeeling.

« Veux-tu aussi essayer un peu de thé ici ? » demandai-je.

« Ah… C’est ainsi que je m’habitue aux habitudes humaines. J’ai l’impression que je vais devenir de plus en plus humaine, jusqu’à ce que mes oreilles finissent par tomber, » déclara Marie.

« Au Japon, on appelle ça prendre goût à quelque chose. Oh, regarde, ils sont là, » déclarai-je.

Les individus que nous attendions étaient arrivés pendant que nous parlions. Ils étaient entrés dans le café en tenue modeste, puis ils nous avaient fait signe en s’approchant de la table.

« Je m’excuse pour l’attente, le train est arrivé en retard… Bonsoir, Kitase-san, Mariabelle-chan. Je vous présente mon mari, » déclara Kaoruko.

« Je suis Toru Ichijo. Merci d’avoir accepté la demande déraisonnable de ma femme, » déclara son mari.

Nous nous étions levés et nous nous étions inclinés. Le mari de Kaoruko était un peu en surpoids et son regard me semblait doux, un peu comme elle.

« Bonsoir, Toru, Kaoruko, » déclarai-je.

« B-Bonsoir, je suis Mariabelle. E-Enchantée, » répondit Marie.

Marie semblait s’en sortir très bien. Elle avait un peu vacillé, mais c’était ce qui avait rendu tout ça encore plus mignonne.

Cependant, elle me regarda d’un air inquiet. C’était probablement dû au fait que le mari se tenait là, immobile, le regard fixe avec une expression figée.

« Est-ce que je viens de dire des mots incorrects ? » demanda Marie.

« Non, tu as bien prononcé les mots. C’est comme je te l’ai dit tout à l’heure. Les hommes sont des créatures qui ne peuvent s’empêcher de te fixer, » répondis-je.

J’avais répondu en elfique, mais Karouko avait enfoncé un coude dans le torse de son mari comme si elle comprenait. « Toru… »

« Ah ! » Il était sorti de son état figé en étant très agité. « Désolé, désolé, désolé. J’ai été pris par surprise. Kaoruko me l’avait déjà dit, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit aussi jolie. En tout cas, passons à l’endroit suivant. C’est la première fois que nous faisons connaissance avec nos voisins. On a déjà des réservations. »

Toru avait fait un clin d’œil en riant vers nous. J’étais un peu nerveux aussi, mais il avait l’air assez gentil.

Nous avions pris un taxi pour la région de Fukagawa, arrivant devant un restaurant français. Ce quartier s’était de plus en plus développé au cours des dernières années, avec la construction de nouveaux magasins un peu partout.

Nous avions après ça franchi les portes de style occidental. Le restaurant était rempli de gens qui semblaient être venus pour un dîner et profiter de diverses conversations. Il semblait y avoir plus de couples que de familles à l’intérieur, probablement à cause du prix, comme pour le café où nous étions plus tôt.

Un serveur s’était précipité vers nous pour s’occuper de nous peu après notre entrée, et nous avions été conduits à une table pour quatre personnes. Il avait ensuite désigné une chaise et Toru avait fait signe à Marie de s’asseoir. Elle semblait trouver ça bizarre, alors qu’elle me regardait en montrant qu’elle était perplexe.

Je lui murmurai à l’oreille. « Assieds-toi. Marie, tu es l’invitée spéciale aujourd’hui. »

« D’accord… Et dans un restaurant aussi chic… Je me sens un peu nerveuse, » répondit Marie.

Marie hésita un peu, alors j’avais pris sa main et l’aidai avec douceur à s’asseoir. Elle était comme une belle fée, mais le serveur avait gardé son sang-froid en restant professionnel.

La langue elfique avait de bonnes tonalités à l’oreille. Les autres clients du restaurant semblaient envoûtés par son apparence adorable et le son produit par sa langue elfique. Alors qu’elle était à l’intérieur d’un tel lieu, le décor occidental semblait prendre un air de fantasy.

Le sort sembla être rompu lorsque notre groupe s’installa dans nos sièges et que tous les autres commencèrent à converser à nouveau. Kaoruko, la femme aux cheveux noirs, s’était assise à côté de Toru et toucha son bras avec des joues légèrement rouges.

« N’est-ce pas charmant ? C’est comme si nous étions dans le monde d’un livre d’images. Ça fait presque oublier qu’on est toujours au Japon, tu ne crois pas ? » demanda Kaoruko.

« Tout à fait d’accord. Je ne serais même pas surpris qu’on me dise que je rêve en ce moment, » répondit son mari.

C’est un peu trop… mais peut-être pas. J’étais avec Marie depuis longtemps, et j’avais déjà eu cette idée bien des fois. Bien sûr, je ne pensais pas qu’il était nécessaire de lui traduire tout cela.

Au contraire, je m’inquiétais du prix, vu que nous étions dans un restaurant français. Heureusement, les prix au menu semblaient respecter mon budget. Le fait que nous n’ayons pas beaucoup mangé à l’extérieur pour réduire les dépenses nous avait aidés.

J’avais peut-être regardé le menu trop longtemps, parce que Toru semblait lire dans mes pensées. Il m’avait regardé de l’autre côté de la table et avait ri avec jovialité.

« Haha, ne vous inquiétez pas. C’est pour moi aujourd’hui, » déclara Toru.

« Quoi ? Oh, non, je ne peux pas…, » commençai-je.

« Non, s’il vous plaît, j’insiste. Ma femme vous a après tout fait sortir contre votre gré. Cela sera un plaisir de vous offrir ça, » déclara Toru.

Ce n’était pas du tout contre ma volonté, mais elle avait un peu insisté sur son invitation. En la regardant, j’avais remarqué que, malgré sa tenue plutôt composée, elle était agitée en touchant le collier reposant sur sa clavicule.

***

Partie 2

« Tout à l’heure, elle me disait de rentrer directement à la maison sans faire d’heures supplémentaires avec une expression aussi féroce…, » déclara Toru.

« Oh, arrête, Toru ! Je voulais juste apprendre à mieux connaître nos voisins, c’est tout. Euh… Je vous conseille le foie gras ici, » Kaoru nous l’avait conseillé avec des joues légèrement rouges.

Marie me regardait avec une expression de curiosité, probablement parce que le foie gras était inconnu dans son univers.

« C’est un oiseau très délicieux. Ça te fera probablement même crier de surprise, » déclarai-je.

« Pour qui me prends-tu ? Je le fais peut-être à la maison, mais je n’oserais même pas le faire en public. En plus, c’est juste un oiseau dont on parle, » déclara Marie.

Elle avait levé son nez en faisant sa déclaration, mais je ne l’avais pas trouvée très convaincante.

J’avais gardé mes doutes pour moi, et nous avions tous les deux décidé de commander le plat recommandé. Le serveur plaça alors les fourchettes et les cuillères sur la table, et la jeune fille se tourna de nouveau vers moi avec un regard interrogateur.

« On va manger, n’est-ce pas ? Pourquoi place-t-il tant d’ustensiles ? » demanda Marie.

« Le nombre de couteaux et de fourchettes que tu as besoin de changer en fonction du plat. Tu es censé les utiliser dans cet ordre, de l’extérieur vers l’intérieur, » répondis-je.

« Je ne comprends pas. Ce n’est pas comme si quelqu’un ici était un membre de la royauté, n’est-ce pas ? » demanda Marie.

« En vérité, ce genre de nourriture provient en fait de la royauté. Mais je ne connais pas grand-chose à la cuisine française. Et pour le dire franchement, on mange la plupart des choses avec des baguettes dans ce pays, » répondis-je.

Le restaurant où nous dînions n’était pas trop formel. Ce n’était pas une mauvaise chose, car cela signifiait que Marie pouvait encore porter son bonnet de tricot pour cacher ses longues oreilles. Cela devait probablement lui réchauffer la tête, alors je voulais trouver des serre-tête ou un objet dans le genre qui pourrait les cacher facilement.

J’avais regardé autour de moi pour admirer l’intérieur, qui était aménagé avec un décor un peu fantaisiste. La jeune elfe, elle aussi, observait avec curiosité notre environnement. Les décorations étaient simples, mais c’était juste assez pour donner un soupçon de luxe.

Cependant, désigner cette esthétique comme « juste assez » aurait probablement été la chose la plus difficile à faire. Il semble que les Ichijos avaient le don de trouver ce genre de restaurants.

Bien sûr, toute la nourriture qui avait été apportée à la table était colorée et appétissante. Les yeux de la jeune elfe s’étaient écarquillés alors qu’elle apercevait les hors-d’œuvre chauds et froids qui nous étaient présentés.

« Ils ont tous de si belles couleurs. C’est presque comme des tableaux… Es-tu sûr qu’on peut les manger ? » demanda Marie.

« Bien sûr que oui. Chaque plat est peut-être petit, mais ils viendront dans un certain ordre, » déclarai-je.

Elle avait pris une bouchée de la nourriture pour constater qu’elle était assaisonnée plutôt légèrement, et son expression quelque peu nerveuse s’était adoucie. La terrine était visuellement intéressante avec une saveur agréable, mais le steak tartare et le foie gras qui étaient venus plus tard seraient l’apogée du repas.

C’était la première fois que je mangeais avec Marie assise à côté de moi, mais cela me rendait heureux de la voir me regarder et m’indiquer ses pensées sur la nourriture après chaque bouchée.

Maintenant, quel genre de visage ferait-elle quand elle goûterait au clou du spectacle ? J’avais hâte de le savoir.

« Oh mon Dieu… Ça sent tellement… M-Me voici…, » murmura Marie.

Sa fourchette récupéra avec hésitation un morceau de foie gras, puis elle l’apporta à ses lèvres colorées. Elle mâcha lentement une fois, s’arrêta, puis elle fit un doux grincement. Quelques mastications de plus avaient suivi, puis elle s’était tournée vers moi avec un regard rêveur présent dans ses yeux.

« Ehe, ehehe... »

Elle a l’air détendue. Je m’étais demandé où Marie, l’intellectuelle habituelle, était allée…

Elle avait finalement avalé sa nourriture avec un petit son, puis m’avait tiré sur le bras et m’avait murmuré à l’oreille. « Cette nourriture est ridiculement délicieuse. Tu devrais faire attention à ne pas non plus faire de bruit. »

Je me demandais pourquoi les gens souriaient souvent quand ils mangeaient quelque chose de bon. Bien que dans ce cas-ci ce soit une elfe souriante, j’aurais peut-être dû être heureux de découvrir que les humains et les elfes n’étaient pas si différents.

Je ne pouvais pas lui en vouloir. Le plat avait certainement une quantité incroyable de profondeur et de saveur.

La chair du foie gras avait la forme d’un pâté et ne pouvait même pas être comparée à quelque chose comme du foie normal. Cela fondait dès que c’était placé sur ma langue, remplissant ma bouche d’un soupçon de douceur et de saveur riche.

Pour commencer, mon corps avait réagi en raison de la surprise. Je ne savais tout simplement pas qu’il existait quelque chose d’aussi délicieux. Ma bouche avait salivé d’elle-même, me poussant à continuer à manger.

L’elfe avait pris une autre bouchée, puis expira avec une expression bienheureuse. Normalement, son niveau de surprise aurait été suffisant pour qu’elle commence à taper du pied, mais elle avait réussi à contrer son envie. Au lieu de cela, elle avait appuyé sa tête contre mon épaule et avait fait un petit mouvement de frottement avec elle.

« C’est délicieux ! Mmm ! Mon Dieu… Si tu étais le seul ici, je peux dire que j’aurais ri de façon incontrôlable, » déclara Marie.

« J’aurais aimé entendre ça. Mmph… Ouais, c’est bien, » déclarai-je.

Le foie gras moelleux s’était dissous dans ma bouche, s’associant à la viande de bœuf pour apporter encore plus de profondeur à la saveur. Les jus remplissaient ma bouche au fur et à mesure que la saveur devenait de plus en plus complexe à chaque bouchée. Au moment où j’avais avalé ce délicieux mélange, rien de moins que le bonheur n’était présent en moi. N’importe qui réagirait avec plaisir après avoir goûté quelque chose comme ça, donc je ne lui en avais certainement pas voulu de le faire.

« Quelle horreur... Les Japonais sont vraiment effrayants. Pourquoi vont-ils si loin dans la recherche de la saveur ? » demanda Marie.

« En fait, ceci a été fait à l’origine par des gens en dehors du Japon. Les pays occidentaux ont une tradition royale bien plus riche que la nôtre, » expliquai-je à Marie. Mais mes paroles n’atteignirent pas ses longues oreilles avec sa tête si haute dans les nuages.

Elle respirait profondément en s’appuyant sur mon épaule et son corps était plus chaud que d’habitude. J’avais jeté un coup d’œil pour constater que ses joues étaient rouges et qu’elle avait l’air satisfaite.

Mais il est vrai que les Japonais avaient tendance à être très exigeants lorsqu’il s’agissait de nourriture, même si elle venait de l’étranger. Il y avait des endroits comme celui-ci pour manger dans toute la ville, et la plupart d’entre eux donnaient l’impression qu’ils valaient bien plus que leur prix. On disait que les visiteurs venus d’autres pays avaient souvent été particulièrement surpris par ça.

« Je ne sais pas si c’est vrai, mais j’ai déjà entendu cette histoire. Le Japon était considéré comme un pays lâche à cause de tout ce que nous avons gardé pour nous, mais il fut un temps où nous étions très colériques, » déclarai-je.

« Oh, je me souviens que tu m’as dit qu’ils avaient été battus par un pays plus grand dans le passé. Je ne peux pas imaginer qu’ils voudraient avoir des ennuis… Mais pourquoi se sont-ils fâchés ? » demanda Marie.

« C’est parce que ce pays exporte des aliments qui sont nocifs pour l’ingestion au Japon, » répondis-je.

Les yeux de la jeune fille s’étaient écarquillés, puis elle avait ri en disant que c’était une histoire probable. C’était plus une blague qu’une anecdote, mais cela l’avait quand même fait rire, donc c’était une bonne chose selon moi.

« Cela se marie bien avec le vin, mais tu as l’air trop jeune pour commander de l’alcool. J’espère que ça ne te dérange pas, » déclarai-je.

« Oh, arrête ça. Je craquerais vraiment si j’avais du vin maintenant. Alors, c’est la fin de cette “cuisine française”, n’est-ce pas ? » demanda Marie.

Marie me regarda comme si elle ne pouvait plus rien supporter. Ses yeux pleuraient alors qu’elle s’appuyait sur moi en suppliant. Elle semblait atteindre ses limites.

Je savais que je ne devrais pas, mais son expression avait pris le dessus sur moi, et je n’avais pas pu m’empêcher de chuchoter. « Presque, juste deux plats de plus. »

« Oof ! Uuuu… Comment est-ce possible ? Si… Si ça continue, je ne pourrai plus jamais rien manger dans l’autre monde ! » s’exclama-t-elle avec une expression douloureuse, bien que je l’aie trouvée un peu amusante. J’avais eu l’impression d’être témoin de quelque chose de spécial.

 

 

Soudain, j’avais réalisé que le mari et la femme devant nous nous regardaient avec des yeux écarquillés. Leurs joues étaient légèrement rouges et ils semblaient étourdis, regardant la fille qui s’accrochait à mon bras avec un sourire heureux.

« Vous avez dit que vous étiez… parents, exact ? Vous semblez si proche…, » déclara Kaoruko.

« Vous sortez ensemble, n’est-ce pas ? Oh, ne répondez pas, je travaille dans un établissement gouvernemental, » déclara son mari.

J’avais failli laisser sortir de l’eau de ma bouche. J’étais tellement préoccupé par Marie que j’avais complètement baissé ma garde. Marie était complètement inconsciente du danger de la situation, alors j’avais essayé de trouver une excuse dans l’agitation.

« N-Non, nous ne le sommes pas. Elle n’a pas l’habitude de manger de la nourriture délicieuse comme ça, alors elle réagit un peu trop, » répondis-je.

Ils m’avaient regardé d’un air empli de doute… mais en y repensant, je n’avais pas menti à part le fait d’être parent, et nous n’étions jamais allés plus loin que de nous tenir la main. Pourtant, mon cœur battait la chamade et j’avais du mal à me calmer.

Le dessert et le thé avaient été servis alors que je prenais une grande respiration pour me calmer. J’avais menacé Marie en plaisantant plus tôt au sujet des plats restants, mais ceux-ci servaient à rafraîchir le palais plutôt qu’à lui donner un coup puissant comme les précédents. Heureusement, cela nous avait permis à tous les deux de reprendre notre souffle et de nous détendre.

Il semblait que Kaoruko voulait toujours mieux connaître Marie, alors elle avait rapproché son visage de celui de l’elfe qui n’était pas très douée. Se remettant de ses crises antérieures, Marie s’efforçait maintenant de garder son calme.

J’avais été soulagé de voir cette nouvelle amitié commencer à fleurir, mais un peu triste en même temps…

« Vous vous êtes entraînée au japonais, n’est-ce pas ? J’ai été surprise par votre prononciation étonnante quand vous nous avez salués tout à l’heure, » déclara Kaoruko.

« M-Merci. Hum… Japonais, c’est très dur. Mais, j’apprends en regardant des animes, » déclara Marie.

« Anime ? » Kaoruko semblait demander ça avec une expression perplexe.

C’était trop dur à expliquer pour Marie, alors j’avais décidé d’intervenir.

« Oui, elle a appris le japonais en regardant des choses comme des animes pendant mes départs au travail. Dernièrement, elle a regardé…, » je lui avais dit le titre de l’émission qu’on avait regardé l’autre jour, et le visage de Kaoruko s’était illuminé.

« Oh, c’est un bon choix ! Je pense que c’est un anime parfait à regarder pour les débutants, » déclara Kaoruko.

« Elle a dit qu’elle voulait voir des régions du Japon pleines de verdure, alors j’ai l’intention de l’emmener à Aomori, où vit mon grand-père. J’aimerais qu’elle s’habitue à voyager d’ici là, alors j’ai cherché un endroit où nous pourrions faire une excursion d’une journée, » déclarai-je.

Il y avait une certaine distance jusqu’à Aomori, donc je voulais l’emmener quelque part plus près avant de faire ce plus long voyage. J’avais promis il y a quelques jours de l’emmener, mais je n’avais pas l’habitude de partir en voyage, alors je ne savais pas non plus à quoi m’attendre.

***

Partie 3

Il y avait une surabondance d’informations lorsqu’il s’agissait de planifier les voyages, ce qui rendait difficile d’évaluer quels endroits valaient vraiment la peine d’être visités. Beaucoup de personnes qui n’étaient pas habituées à partir en voyage avaient sûrement vécu des dilemmes similaires.

Kaoruko avait souri, puis elle pressa le bout de ses doigts. « Un petit voyage, vous dites ? Ça a l’air merveilleux ! »

« Et Chichibu ? Il a un beau paysage à voir là-bas. La zone a été entretenue depuis longtemps, et il y a encore des choses comme des locomotives à vapeur et des sources d’eau chaude. L’une de mes connaissances y dirige une entreprise, alors j’y vais de temps en temps. C’est un endroit agréable et relaxant, » déclara Toru.

Toru m’avait proposé de faire une réservation pour nous, ce qui m’avait pris un peu par surprise. Je ne m’attendais pas à trouver si facilement un candidat pour la destination du voyage.

Avant même que je puisse répondre, il avait commencé à utiliser son téléphone et l’avait tourné pour nous montrer l’écran. C’était une photo de lui se fondant dans la nature, et les yeux violets de Marie s’écarquillèrent face à cette vue.

« Oh mon Dieu ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Il y a de la vapeur qui en sort. Ça veut dire qu’il fait chaud ? » demanda Marie.

« C’est une source d’eau chaude à la japonaise. Je sais que les sources d’eau chaude existent aussi dans l’autre monde, mais elles sont plus destinées à être appréciées comme tu le souhaites. Ils disent qu’ils sont même bons pour guérir les blessures et autres maux, » déclarai-je.

Les sources étaient entourées d’arbres et d’arbustes, avec des zones rocheuses parfaites pour s’allonger. Il y avait aussi un bâtiment de style japonais avec divers restaurants et tables, qui était clairement destiné à être un lieu de repos et de détente.

« Wooow… »

À en juger par la fascination que la photo exerçait sur Marie, elle avait l’air d’aimer l’endroit. Je lui avais demandé en elfique si elle voulait y aller, et elle avait acquiescé tout de suite. Voyant cela, j’avais décidé de faire la demande.

« Merci pour l’offre. Nous serions ravis d’y aller, » déclarai-je.

« Ce n’est pas un problème du tout. Mes jours de congé ne correspondent pas toujours à ceux de Kaoruko, alors nous sortons souvent pour de petites excursions d’une journée. Oh, et nous avons aussi des DVD d’anime. Vous êtes plus que bienvenue pour venir les voir en semaine, » déclara Toru.

C’était illégal de prêter des DVD à d’autres. Je m’étais dit qu’il ne faisait que suivre les règles puisqu’il occupait un poste au gouvernement, ce que je pouvais respecter.

J’avais traduit tout cela pour Marie, et elle avait affiché un grand intérêt pour ça.

« Marie est également impatiente d’y participer. Quels sont les jours de congé habituels en tant que bibliothécaires… ? » demandai-je.

« La bibliothèque est fermée le lundi, donc ce serait le lundi et un autre jour de semaine. Toru, qui travaille pour le gouvernement, ne peut pas partir à l’extérieur à moins qu’il ne prenne des jours de congé consécutifs, » déclara Kaoruko.

Hm, cela signifiait que Marie pouvait lui rendre visite une fois par semaine environ.

J’avais peur de la laisser seule alors que je n’avais pas d’autre choix que d’aller travailler. Peut-être que je m’inquiétais pour rien, mais je sentais que j’avais encore besoin de temps pour me préparer mentalement avant de la laisser se promener toute seule.

En y repensant, une paire d’yeux violets s’étaient tournés vers moi.

« C’est pourquoi je dis que tu es surprotecteur. Quelle horrible chose rôde au Japon, où il n’y a pas de monstres errants ? » demanda Marie.

« Les humains sont bien plus effrayants que les monstres. Mais peut-être que tu iras bien si tu es avec Kaoruko, » avais-je dit à Marie en elfique.

Mais je n’ai pas pu m’empêcher de m’inquiéter. Je veux dire, elle était tellement adorable. Un taré aurait pu poser les yeux sur elle, et il y avait eu une tonne de nouvelles déprimantes sur les harceleurs et tout ça ces derniers temps.

Toru semblait sentir mes inquiétudes et me sourit. « Je comprends pourquoi vous vous inquiétez pour une fille adorable comme elle. C’est bon, vous pourrez y penser quand vous connaîtrez mieux ma femme. »

Peut-être qu’il était aussi heureux de voir sa femme se faire une amie. J’avais eu l’impression que c’était le cas grâce à son langage corporel lorsqu’il s’était penché pour me parler. De plus, Kaoruko avait toujours eu une attitude positive envers elle.

Après y avoir réfléchi un moment, j’avais lentement hoché la tête.

Il était presque neuf heures après être rentré à l’appartement,

Entièrement satisfaite de la cuisine française, Marie s’étala légèrement après avoir marché vers le lit et s’y posa face contre le lit. C’était considéré comme un peu mal élevé, mais ça ne me dérangeait pas alors qu’il n’y ait que nous deux.

Lorsque nous avions dit au revoir tout à l’heure, elle avait poliment dit au couple marié. « Merci, pour le repas. C’était très délicieux. » Ils semblaient apprécier la réaction de Marie à la nourriture et nous avaient demandé de nous joindre à eux pour un autre souper.

« Je vais préparer le bain. Alors, ne t’endors pas tout de suite. Oh, et merci d’avoir fait la lessive et la vaisselle. Tu m’as vraiment aidé, » déclarai-je.

La vaisselle dans l’évier était empilée, et tout le linge avait déjà été plié. La façon dont ces tâches avaient été accomplies de façon si soignée semblait vraiment en harmonie avec sa personnalité ordonnée.

Après l’avoir remerciée, elle s’était redressée. « C’est bon, ce n’était rien. De plus, j’ai tendance à mieux étudier tout en m’occupant d’autres tâches… Ahh, ce n’est pas bon, je vais m’endormir si je m’allonge ici. »

Marie se leva lentement du lit, puis prit une chaise et l’apporta à la cuisine. Elle ressemblait à une étrange petite poupée assise dessus, mais elle semblait vouloir me regarder cuisiner.

Après s’être dépoussiéré les genoux avec ses mains, elle m’avait regardé. « Qu’est-ce que tu nous prépares aujourd’hui ? Bien que je sois assez rassasiée, je ne sais pas si je peux manger beaucoup d’autre chose. »

« Très bien. Alors que dirais-tu de quelque chose de léger ? Peut-être, des inarizushi ? » demandai-je.

Les inarizushi étaient quelque chose que j’avais déjà fait pour elle. Elle semblait se souvenir de ce plat juteux et savoureux, et acquiesça d’un signe de tête excité tout de suite. J’avais aussi du chou de printemps croustillant pour l’accompagner, que j’avais décidé de chauffer rapidement au micro-ondes.

En cuisant le riz et en préparant les ingrédients, j’avais parlé avec Marie.

« À propos du donjon… Connais-tu quelqu’un qui pourrait être capable de venir dans un groupe avec nous ? » demandai-je.

« Hmm… Je ne connais personne personnellement, mais c’est une chose à laquelle nous devrions réfléchir, » répondit Marie.

Ah, donc elle s’inquiétait de la même chose.

Notre groupe avait un défaut flagrant : il n’était composé que d’attaquants. Un groupe normal avait tendance à avoir un tank pour protéger le groupe, ainsi qu’un guérisseur. Habituellement, certains de ses membres possèdent également des compétences adaptées à l’exploration. C’était peut-être beaucoup demander, mais je voulais au moins avoir une configuration qui me permettrait de me concentrer sur l’attaque.

« Mais si un tank n’a pas déjà un groupe, c’est probablement parce qu’il a des problèmes de personnalité ou autre. Il faudrait aussi tenir compte de facteurs comme les écarts de niveau, » déclara Marie.

« Voyons voir, tu es au niveau 31 et je suis au niveau 71… Ouais, ça peut ne pas sembler très attirant du point de vue d’une personne de l’extérieur, » répondis-je.

Si le niveau d’une personne était trop élevé, les autres membres auraient beaucoup moins d’expérience. C’est pourquoi il était plus courant pour les membres d’un groupe d’être à un niveau similaire. Une trop grande disparité de niveau pourrait amener les membres à partir pour d’autres équipes.

J’avais placé de l’abura-age dans une marmite, et pendant que je mettais le couvercle dessus, Marie m’avait regardé.

« As-tu déjà oublié ton étrange capacité ? Nous ne pouvons pas cacher cela à un autre membre, » déclara Marie.

« C’est vrai…, » déclarai-je.

J’avais complètement oublié ça. J’étais tellement préoccupé par Marie tout ce temps et j’avais oublié qu’il y avait d’autres problèmes qui me préoccupaient.

Que se passerait-il si je disais à quelqu’un que j’avais la possibilité de voyager entre le Japon et un autre monde ? Puisque la Guilde des sorciers s’était donné pour mission d’élucider les mystères qui se cachent derrière de telles capacités, ils feraient certainement une enquête. J’y réfléchissais peut-être trop, mais ils pourraient même faire toutes sortes d’expériences sur moi. Si c’était le cas, je ne pourrais plus profiter du monde du rêve.

« C’est un bon point. Je veux absolument éviter d’en parler aux autres, » déclarai-je.

En résumé, il y avait deux problèmes que nous devions résoudre :

D’abord, il fallait que je prouve mes capacités. J’étais un inconnu parce que je passais la plupart de mon temps à voyager seul.

Deuxièmement, je devais trouver un tank qui pouvait absolument protéger Marie.

J’avais une idée de la façon d’accomplir le premier, mais le second allait être assez difficile. Nous devions trouver quelqu’un qui n’aurait pas peur de la différence de niveau et qui garderait absolument mon secret, le tout sans attendre trop comme paiement en retour.

« Hmm… J’y ai pensé toute la journée, mais tout ce que je sais, c’est que nous avons encore tant de choses à découvrir. Je commence à penser qu’on peut laisser ça à la personne que la guilde des sorciers désignera pour nous remplacer jusqu’à ce qu’on puisse faire les préparatifs, » déclarai-je.

« J’aimerais dire que tout ira bien, mais je sais que tu es têtu quand il s’agit de me surprotéger, » répliqua Marie.

Je ne me considérais pas têtu. Elle peut m’appeler surprotectrice, mais je pensais que j’étais plutôt raisonnable. J’avais aussi fait attention à ne pas dépasser mes limites.

« Mais c’est un peu dommage. J’avais hâte de faire de nombreuses découvertes avec toi dans le donjon, » déclara Marie.

« C’est pareil pour moi. Ta magie spirituelle est si polyvalente, que je suis sûr qu’elle nous aurait permis toutes sortes de stratégies, » déclarai-je.

Alors que nous étions forcés d’abandonner le donjon que nous avions hâte d’explorer, nous nous souriions encore l’un à l’autre. Il y avait beaucoup d’autres endroits que nous pouvions apprécier, et j’étais sûr qu’elle serait toujours avec moi.

Une fois que notre conversation s’était calmée, j’avais éteint le feu sous le poêle et j’avais laissé l’abura-age se refroidir. Cela avait permis à la saveur de s’imprégner, ce qui l’avait rendu vraiment agréable et juteux.

J’avais regardé sur le côté et j’avais remarqué que la fille reniflait l’air, probablement attiré par la douce odeur.

« Tu sembles aussi apprécier l’odeur de la cuisine, » déclarai-je.

« Oui, j’aime la douceur du parfum de l’inarizushi. C’est différent du curry, comme s’il était chaud et invitant, » répondit Marie.

Huh, c’est une façon assez abstraite et délicate de le décrire…, pensai-je.

Il était temps pour elle de savourer l’arôme de la cuisine japonaise à son meilleur. J’avais ajouté du vinaigre au cuiseur à riz pour que l’odeur devienne encore plus forte. Le riz cuit à demi durci avait bien absorbé le vinaigre, et il semblait briller lorsque je l’avais déplacé vers la table à manger.

« Wôw, c’est si blanc ! Et ça sent si… aigre ! » s’exclama Marie.

Ses yeux s’étaient ouvert en grand devant l’odeur presque écrasante qui nous avait assaillis. Le riz fraîchement cuit était chaud ainsi que l’eau et le vinaigre mélangé était d’autant plus puissant qu’il était libéré sous forme de vapeur. J’avais utilisé un ventilateur pour un peu le refroidir, l’odeur se dispersant dans la cuisine.

Mademoiselle l’Elfe se pinça désespérément le nez, et son regard larmoyant semblait m’accuser de l’avoir piégée. Ce n’était pas mon intention, bien sûr, et l’odeur s’était calmée une fois que je l’avais un peu plus refroidie.

Une fois que j’avais pu sentir l’odeur sucrée du riz, j’avais ajouté du sésame et des assaisonnements pour le transformer en un arôme aigre-doux parfumé. Il en résulta le doux parfum que Marie avait mentionné plus tôt, et son expression sembla fondre.

Alors que je me disais que son visage ressemblait à celui d’un chat bronzant, elle m’avait parlé. « Ah ! Je salive ! Mais je suis toujours si emplie de cuisine française… Non, mais ça sent tellement bon ! »

« N’est-il pas intéressant de voir la manière dont la nourriture japonaise est consommée après avoir été refroidie, mais l’odeur peut être très piquante pendant la cuisson ? » demandai-je.

Marie acquiesça d’un signe de tête rêveur, toujours immergée par l’arôme. Le bain était prêt depuis un certain temps, mais l’elfe semblait captivé par l’odeur, incapable de bouger.

J’avais ensuite pressé un peu du jus de l’abura-age et je l’avais farci avec un peu de riz au vinaigre. C’est ainsi que j’avais complété la nourriture bon marché, facile et savoureuse qui ne nécessitait pas beaucoup d’autres plats à savourer, connus sous le nom d’inarizushi.

Quand j’avais fini d’en faire un, je l’avais ramassé et je l’avais porté à la bouche de Marie. Elle l’avait instinctivement mangé directement depuis ma main, se retrouvant avec l’un de mes doigts dans sa bouche, et… eh bien, n’importe quel gars aurait eu le cœur qui aurait battu la chamade à cause de ça. Même en tant qu’homme adulte, il n’y avait pas moyen de s’y habituer.

L’intérieur de ses lèvres était si doux que j’avais presque gémi en raison de la surprise. Mais elle n’était apparemment pas préoccupée par mon agitation interne alors que ses petites lèvres se séparaient de mon doigt.

Après avoir mangé l’inarizushi à la bonne température, Marie avait dit, « Délicieux », en affichant un regard béat. Sa bouche était sûrement pleine d’umami avec tous ces jus qui s’écoulaient. Cela serait suivi par l’arôme parfumé du sésame, qui se frayait un chemin à travers son nez à chaque bouchée.

« Ehehehe, c’est trop bon ! Ahh ! » s’exclama Marie.

Pour une raison inconnue, elle avait commencé à me gratter la hanche comme un chat. Elle était déjà rassasiée avec son souper, mais les assaisonnements semblaient l’avoir mise en appétit, car elle avait tout mangé en une seule bouchée.

« Est-ce de la nourriture japonaise ? Ou de la nourriture occidentale ? » demanda Marie en japonais.

« Oh, ton japonais s’améliore. C’est bien sûr de la nourriture japonaise. C’est une sorte de sushi, et… Oh, je suppose que tu n’as pas encore goûté aux sushis, hein. Le sushi fait main est un plat représentatif de la cuisine japonaise dans son ensemble. Tu devrais vraiment essayer…, » déclarai-je.

« Oh, arrête ça ! Tu vas m’engraisser à ce rythme ! Je vais prendre un bain avant que ça n’arrive, si ça ne te dérange pas, » déclara Marie.

Elle jeta un autre regard sur l’inarizushi avant de se diriger vers la salle de bain. Bien qu’elle essayait de se retenir, j’étais sûr qu’elle mangerait à sa faim dans le monde du rêve.

Par la fenêtre, je pouvais voir qu’il faisait sombre à l’extérieur, et l’éclairage indirect illuminait ma chambre dans mon appartement. Il y avait du vent dehors, et je pouvais entendre le bruissement des arbres qui bordaient les rues.

La nuit était étrangement apaisante. Je n’étais pas familier avec ce sentiment, étant un type particulier qui aimait dormir comme passe-temps.

À ce moment-là, il y avait un sentiment familier dans l’air qui me rappelait mon enfance. Puis, ma main avait cessé de tourner les pages du livre d’images. Marie respirait à un rythme régulier tout en utilisant mon bras comme oreiller, et son visage innocent et endormi me fit sourire.

Deux boîtes à bento avaient été placées à côté de mon oreiller, et j’avais posé le livre d’images à côté d’eux. Quelque chose me tirait, et j’avais regardé vers le bas pour remarquer que Marie serrait ma chemise contre sa poitrine. Cela m’empêchait de bouger, mais, étrangement, cela ne me dérangeait pas tant que ça. Sa petite main qui me tenait ne m’avait pas donné un sentiment de blocage, mais quelque chose d’entièrement différent. Peut-être qu’il n’y avait que moi, mais j’avais l’impression qu’elle me disait qu’elle voulait que je reste avec elle, même en dormant.

« Mettons-nous à l’aise sous les couvertures et allons nous coucher, » murmurai-je.

J’avais été surpris par la douceur du ton dans ma voix et j’avais ressenti un étrange sentiment d’embarras.

Tout cela m’était si peu familier. Quel était ce sentiment que je ressentais ? Rien qu’en lui parlant, ou en regardant son visage… j’avais senti une chaleur surgir dans ma poitrine. J’avais essayé de penser à la source, mais je n’arrivais pas à résister face à la somnolence provoquée par la chaleur du corps de Marie. Tout ce que j’avais réussi à faire, c’est de faire sortir un long bâillement.

J’espère qu’elle ressent la même chose que moi. J’espère qu’elle ne se lasse pas de passer autant de temps avec moi dans les deux mondes…, pensai-je.

Quant à moi, c’était la période la plus heureuse que j’aie jamais eue dans ma vie.

Après que je me sois installé dans les couvertures, la fille avait lentement mis son bras autour de moi, apparemment encore endormie. Puis, elle avait frotté sa douce joue contre moi. Sentant son corps mince et léger contre moi, je m’étais endormi tranquillement.

Le vent s’était mis à hurler dehors, mais il n’était pas assez fort pour m’empêcher de dormir. Comme je sentais sa respiration douce et la chaleur de son corps, j’avais alors complètement arrêté de remarquer le vent.

Bonne nuit, Mademoiselle l’Elfe. Je te verrai dans l’autre monde…, pensai-je.

Le son doux et endormi de la respiration de deux personnes résonnait dans toute la pièce…

***

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