Épisode 2 : C’est de la cuisine française, Mademoiselle l’Elfe
Partie 1
Quand j’avais regardé par la fenêtre depuis l’intérieur du café, le coucher du soleil était déjà fini. Les rues étaient pleines de monde, dont beaucoup rentraient du travail. Quant à moi, je m’étais rapidement changé en tenue décontractée et j’étais parti sans faire d’heures supplémentaires.
Sur la table, il y avait des tasses de café fumantes, et en face de moi, une jeune fille qui cachait comme d’habitude ses longues oreilles avec un bonnet en tricot. Elle regardait autour d’elle avec curiosité, alors que son intérêt était piqué par l’arôme du café et par les meubles confortables, tels que les canapés présents dans les lieux.
Mais ce qui avait attiré le plus l’attention de toutes les personnes ici n’était autre qu’elle-même. Ses cheveux, qui pendaient jusqu’à la taille, possédaient un éclat blanc, comme des brins de soie scintillants. Ses yeux pourpres clairs étaient entourés de longs cils et attiraient immédiatement l’attention de tous. Ces pupilles claires de la couleur de l’améthyste ne manqueraient pas de charmer tous ceux qui les contempleront.
Elle possédait une allure vraiment féérique, et cela la décrivait assez bien. C’était une elfe, et elle s’appelait Mariabelle.
Tout le monde autour d’elle soupirait, admirant sa beauté naturelle.
« C’est étrange que je sois ici à Koto Ward en ce moment, » murmurai-je à moi-même.
Elle avait incliné la tête. « Et qu’est-ce qui est si drôle ? Tu as l’air de me fixer et de sourire davantage ces derniers temps. »
« D’habitude, ça veut juste dire que tu me fascines quand je fais ça. Mais je ne suis pas le seul cette fois-ci à le faire, » répondis-je.
Je m’étais retourné et les autres clients avaient détourné les yeux. Quand je m’étais tourné de nouveau vers Marie, j’avais remarqué que ses joues étaient d’un rose clair. Elle avait essayé de cacher sa gêne en me frappant la jambe sous la table avec ses nouvelles sandales.
« Dire ça quand on a l’air d’être sur le point de s’endormir n’est pas du tout flatteur, tu sais. Peut-être que cette phrase aurait été plus impressionnante si tu avais eu l’air plus distingué, » déclara Marie.
« Hé, je suis né avec ce visage. Même moi, j’ai renoncé à avoir l’air plus raffiné il y a longtemps, » répondis-je.
Après que je lui ai dit que c’était ainsi, Marie avait tendu une main vers moi. Son doigt pâle et fin s’était pressé contre mon front, puis elle m’avait surpris en l’écrasant vers le haut. Il semblerait que les doigts doux et lisses qui poussaient sur mon visage essayaient de changer avec force l’expression de mon visage.
« Hmm, tu as toujours l’air à moitié endormi. C’est vraiment comme si tu étais fatigué, » déclara Marie.
« Franchement, cela ne peut pas être si terrible. Je suis probablement fatigué d’être allé au travail, » déclarai-je.
J’avais essayé d’utiliser le travail comme excuse, mais elle semblait réaliser que ce n’était pas le problème. L’elfe avait continué à m’écraser le front un peu plus longtemps avant qu’elle abandonne, retirant sa main.
« Ce n’est pas bon. Il n’y a pas de changement dans ton état de somnolence. Quand réaliseras-tu que c’est à cause de toi que je m’endors avant qu’on puisse finir le livre ? » demanda Marie.
Mais pour le dire franchement, c’était quand même l’une des plaintes les plus uniques que j’avais jamais reçues. Je ne l’avais peut-être pas montré, mais mon cœur battait très fort après avoir été touché par une fille si mignonne.
Marie avait posé son menton sur ses mains et m’avait regardé fixement. « En tout cas, cet endroit est très différent de l’endroit pour boire du thé que nous avons visité à Arilai. Je me sens si mature ici pour une raison ou une autre. »
Il me semblait avoir fait le bon choix en choisissant le café un peu cher que j’avais mentionné ce matin.
Bon nombre des autres clients portaient des vêtements modestes, ce qui avait apparemment contribué à sa bonne impression. De la musique douce se faisait entendre à l’arrière-plan, et la fille regardait autour d’elle avec excitation.
« Alors, quand est-ce que Madame Ichijo vient ? » demanda Marie.
« Eh bien, on dirait qu’il est sept heures maintenant. Elle devrait bientôt arriver. Veux-tu répéter quelques salutations japonaises pendant que nous attendons ? » demandai-je.
« C’est bon, je te demanderai si j’ai besoin d’aide. Je peux gérer les salutations, et j’ai l’impression de pouvoir suivre les conversations maintenant, » déclara Marie.
Oh, donc ses études avaient déjà progressé jusque-là. C’était une fille assez intelligente, et elle avait déjà commencé à intégrer les mots de japonais qu’elle avait appris dans nos conversations quotidiennes.
Je m’étais alors raclé la gorge avec un « Hmm », et ses yeux violets m’avaient regardé droit dans les yeux.
« Euh… les animes m’ont beaucoup aidé, à apprendre le japonais. C’est un spectacle vraiment merveilleux, » déclara Marie en japonais.
« Oooh ! » Je l’avais applaudi alors que Marie m’avait affiché une expression fière. Je l’avais peut-être juste imaginé, mais j’avais aussi cru entendre des applaudissements derrière nous…
Vu la rapidité avec laquelle elle l’avait appris, le reste devrait venir facilement avec un peu plus de pratique. Tant qu’elle continuait à pratiquer et à apprendre divers modèles de conversation, son discours deviendrait de plus en plus naturel. Cependant, apprendre à parler naturellement était la partie la plus difficile de toutes.
Maintenant, il semblerait que Marie avait finalement décidé d’essayer le café. Peu habituée aux boissons noires, elle l’avait reniflée quelques fois avant de boire lentement un peu du contenu de la tasse. Son visage s’était plissé sans mot à cause de l’amertume, alors j’y avais ajouté un peu de lait et du sucre qui était sur la table. Ce n’était pas nécessaire de mettre beaucoup de sucre, mais j’avais décidé d’ajouter du lait supplémentaire pour adoucir la saveur. Je l’avais mélangée avec une cuillère avant de la lui remettre. Elle me remercia de l’avoir fait.
« Oh, c’est mieux comme ça. J’adore l’arôme de la nourriture de ce monde, y compris ta cuisine, » déclara Marie.
« Maintenant que j’y pense, n’es-tu pas sensible aux odeurs, Marie ? Je pense que la nourriture avec des odeurs fortes n’est pas vraiment populaire au Japon, » déclarai-je.
La jeune fille inclina la tête comme pour dire. « Vraiment ? »
Le thé noir, par exemple, était populaire depuis un certain temps et on le trouvait couramment dans tout le pays. Cependant, toute variation à forte odeur avait tendance à ne pas être appréciée. C’était probablement dû au fait que cela ne s’accordait pas bien avec la nourriture, ou simplement parce que ce n’était pas une odeur courante pour nous.
J’aimais qu’ils aient de la personnalité, alors je préférais les thés comme le darjeeling.
« Veux-tu aussi essayer un peu de thé ici ? » demandai-je.
« Ah… C’est ainsi que je m’habitue aux habitudes humaines. J’ai l’impression que je vais devenir de plus en plus humaine, jusqu’à ce que mes oreilles finissent par tomber, » déclara Marie.
« Au Japon, on appelle ça prendre goût à quelque chose. Oh, regarde, ils sont là, » déclarai-je.
Les individus que nous attendions étaient arrivés pendant que nous parlions. Ils étaient entrés dans le café en tenue modeste, puis ils nous avaient fait signe en s’approchant de la table.
« Je m’excuse pour l’attente, le train est arrivé en retard… Bonsoir, Kitase-san, Mariabelle-chan. Je vous présente mon mari, » déclara Kaoruko.
« Je suis Toru Ichijo. Merci d’avoir accepté la demande déraisonnable de ma femme, » déclara son mari.
Nous nous étions levés et nous nous étions inclinés. Le mari de Kaoruko était un peu en surpoids et son regard me semblait doux, un peu comme elle.
« Bonsoir, Toru, Kaoruko, » déclarai-je.
« B-Bonsoir, je suis Mariabelle. E-Enchantée, » répondit Marie.
Marie semblait s’en sortir très bien. Elle avait un peu vacillé, mais c’était ce qui avait rendu tout ça encore plus mignonne.
Cependant, elle me regarda d’un air inquiet. C’était probablement dû au fait que le mari se tenait là, immobile, le regard fixe avec une expression figée.
« Est-ce que je viens de dire des mots incorrects ? » demanda Marie.
« Non, tu as bien prononcé les mots. C’est comme je te l’ai dit tout à l’heure. Les hommes sont des créatures qui ne peuvent s’empêcher de te fixer, » répondis-je.
J’avais répondu en elfique, mais Karouko avait enfoncé un coude dans le torse de son mari comme si elle comprenait. « Toru… »
« Ah ! » Il était sorti de son état figé en étant très agité. « Désolé, désolé, désolé. J’ai été pris par surprise. Kaoruko me l’avait déjà dit, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit aussi jolie. En tout cas, passons à l’endroit suivant. C’est la première fois que nous faisons connaissance avec nos voisins. On a déjà des réservations. »
Toru avait fait un clin d’œil en riant vers nous. J’étais un peu nerveux aussi, mais il avait l’air assez gentil.
Nous avions pris un taxi pour la région de Fukagawa, arrivant devant un restaurant français. Ce quartier s’était de plus en plus développé au cours des dernières années, avec la construction de nouveaux magasins un peu partout.
Nous avions après ça franchi les portes de style occidental. Le restaurant était rempli de gens qui semblaient être venus pour un dîner et profiter de diverses conversations. Il semblait y avoir plus de couples que de familles à l’intérieur, probablement à cause du prix, comme pour le café où nous étions plus tôt.
Un serveur s’était précipité vers nous pour s’occuper de nous peu après notre entrée, et nous avions été conduits à une table pour quatre personnes. Il avait ensuite désigné une chaise et Toru avait fait signe à Marie de s’asseoir. Elle semblait trouver ça bizarre, alors qu’elle me regardait en montrant qu’elle était perplexe.
Je lui murmurai à l’oreille. « Assieds-toi. Marie, tu es l’invitée spéciale aujourd’hui. »
« D’accord… Et dans un restaurant aussi chic… Je me sens un peu nerveuse, » répondit Marie.
Marie hésita un peu, alors j’avais pris sa main et l’aidai avec douceur à s’asseoir. Elle était comme une belle fée, mais le serveur avait gardé son sang-froid en restant professionnel.
La langue elfique avait de bonnes tonalités à l’oreille. Les autres clients du restaurant semblaient envoûtés par son apparence adorable et le son produit par sa langue elfique. Alors qu’elle était à l’intérieur d’un tel lieu, le décor occidental semblait prendre un air de fantasy.
Le sort sembla être rompu lorsque notre groupe s’installa dans nos sièges et que tous les autres commencèrent à converser à nouveau. Kaoruko, la femme aux cheveux noirs, s’était assise à côté de Toru et toucha son bras avec des joues légèrement rouges.
« N’est-ce pas charmant ? C’est comme si nous étions dans le monde d’un livre d’images. Ça fait presque oublier qu’on est toujours au Japon, tu ne crois pas ? » demanda Kaoruko.
« Tout à fait d’accord. Je ne serais même pas surpris qu’on me dise que je rêve en ce moment, » répondit son mari.
C’est un peu trop… mais peut-être pas. J’étais avec Marie depuis longtemps, et j’avais déjà eu cette idée bien des fois. Bien sûr, je ne pensais pas qu’il était nécessaire de lui traduire tout cela.
Au contraire, je m’inquiétais du prix, vu que nous étions dans un restaurant français. Heureusement, les prix au menu semblaient respecter mon budget. Le fait que nous n’ayons pas beaucoup mangé à l’extérieur pour réduire les dépenses nous avait aidés.
J’avais peut-être regardé le menu trop longtemps, parce que Toru semblait lire dans mes pensées. Il m’avait regardé de l’autre côté de la table et avait ri avec jovialité.
« Haha, ne vous inquiétez pas. C’est pour moi aujourd’hui, » déclara Toru.
« Quoi ? Oh, non, je ne peux pas…, » commençai-je.
« Non, s’il vous plaît, j’insiste. Ma femme vous a après tout fait sortir contre votre gré. Cela sera un plaisir de vous offrir ça, » déclara Toru.
Ce n’était pas du tout contre ma volonté, mais elle avait un peu insisté sur son invitation. En la regardant, j’avais remarqué que, malgré sa tenue plutôt composée, elle était agitée en touchant le collier reposant sur sa clavicule.
Merci pour le chapitre!
Enfin, notre elfe va connaître la meilleure cuisine du monde 😂