Chapitre 132
{Un vrai génie.}
Bernst marmonnait pour lui-même, sans prêter attention à Kurats, qui était assis tranquillement tout en éliminant les toxines de son corps.
« Hm… ? De qui tu parles… ? »
{Certainement pas de toi.}
« Je sais, tu n’as pas besoin de me le dire ! »
Un génie est quelqu’un qui peut faire quelque chose à partir de rien. Aussi fort qu’il soit, Kurats n’était pas un génie bien qu’il soit certainement un monstre de la nature.
Si Skuld et Gunther étaient des combattants à l’épée de première classe, ils n’étaient pas non plus des génies.
Être un génie était quelque chose de fondamentalement différent que de simplement exceller dans une discipline.
Être capable de franchir l’horizon de ce que les gens ordinaires pouvaient même imaginer, c’était la preuve qui séparait les génies de tous les autres.
Cette technique dont la machine de Gunther avait fait preuve, Bernst savait que c’était un miracle qui ne pouvait être inventé que par de telles personnes, par ceux qui pouvaient regarder au-delà de l’horizon.
{De penser que quelqu’un pourrait manifester un pouvoir d’un échelon supérieur avec la magie limitée de ce monde… Même moi, je n’aurais pas pu l’imaginer.}
« Qu’est-ce qu’un échelon ? »
{En un mot, c’est quelque chose comme le statut d’une âme. La manifestation d’un échelon supérieur de l’âme est aussi appelée le franchissement d’une barrière dimensionnelle. Dans les termes de mon monde, tu appartiendrais au premier échelon.}
« Ce qui veut dire ? »
{Penses-y de cette façon, les échelons inférieurs ne peuvent pas interférer avec les échelons supérieurs. Ils ne peuvent pas voir ou toucher ce qui se trouve dans les dimensions supérieures. Mais les échelons supérieurs sont capables d’interférer avec les inférieurs.}
« Mais qu’est-ce que c’est que ça ? »
Il était compréhensible que Kurats se demande comment une chose aussi déraisonnable pouvait être.
S’il devait croire les paroles de Bernst, alors peu importe sa force ou la puissance de ses sorts, aucun de ses efforts ne pourrait atteindre ceux des échelons supérieurs.
Cela ferait essentiellement de la personne de l’échelon supérieur un dieu pour ceux d’en bas, n’est-ce pas ?
{En effet, les échelons sont un chemin vers la divinité. Je suis moi-même très proche du quatrième échelon, c’est-à-dire, pour ainsi dire un dieu.}
Pour être plus précis, Bernst parlait de l’incarnation de sa conscience.
Avec l’élévation de l’échelon de son âme, il avait atteint une autre dimension.
En même temps, il avait perdu son lien avec le monde ordinaire. Et alors qu’il accumulait de plus en plus de puissance, il perdait progressivement tout intérêt.
Il avait la capacité de tout savoir sans avoir à bouger de sa place. Il n’avait donc plus besoin de faire d’efforts ni de partir en quête de connaissances. Et comme il était passé à une dimension supérieure, il avait même perdu le désir de procréer.
À l’étape supérieur, il allait s’unir à la volonté du grand univers lui-même, et l’individu appelé Bernst disparaîtrait.
En attendant, Bernst vivait des journées ennuyeuses et sans soucis, comme un grand arbre, inébranlable, ne ressentant aucune joie, aucun plaisir, aucune colère et aucun chagrin.
{Eh bien, cette manifestation d’un échelon supérieur est le type le plus incomplet. Comme il s’agit probablement d’un pseudo-échelon, cette technique ne peut probablement bloquer que les attaques magiques ou physiques.}
Malgré tout, quelqu’un avait perçu le fonctionnement des échelons et avait réussi à reproduire leurs effets, mais pas complètement. Cela valait bien un coup d’œil de Bernst.
Bernst avait atteint les échelons supérieurs au point culminant de sa quête de connaissances, devenant ainsi un être d’une dimension supérieure. Il n’avait jamais pensé à reproduire l’effet des échelons supérieurs sans les atteindre.
Amener son âme aux échelons supérieurs, c’était aussi se libérer de la mort. Il n’avait jamais eu l’idée d’utiliser un dispositif magique pour ne reproduire que de façon limitée les effets des échelons supérieurs.
{ … Je veux le rencontrer, l’ingénieur en magie qui a conçu ceci.}
Sans faire aucun effort pour cacher sa mauvaise humeur, Kurats s’était largement étiré en sentant enfin les toxines quitter son corps.
« … Et alors ? Quel est le problème d’être à un échelon supérieur ? »
Vexé, Kurats attrapa une pierre de la taille de sa main et la transforma en sable avec sa force de préhension.
{Oh ? Tu te sens frustré ?}
Il était inhabituel pour Kurats d’exposer sa frustration à ce point.
Finalement, Gunther avait réussi à s’échapper. Kurats ne pouvait pas accepter le fait qu’apparemment, il avait dansé dans la paume de la main de Gunther depuis le début.
La vérité était que c’était la première fois que Kurats se battait sérieusement sans aucun résultat.
Le timing de sa dernière attaque était parfaitement adapté à un coup mortel.
Farenheit n’avait pas eu la possibilité d’esquiver, et Warycry, avec son poids et l’énergie cinétique incommensurable qu’il transportait, aurait dû détruire la machine pour de bon.
Mais la conviction que Kurats avait eue autrefois avait été brisée.
« Je ne le laisserai pas s’échapper la prochaine fois. Je vais le frapper jusqu’à ce qu’il supplie et pleure ! »
{Si tu as affaire à quelqu’un qui est vraiment à un échelon supérieur, ça n’arrivera jamais.}
C’était l’implication derrière les mots de Bernst.
« Donc si, comme tu l’as dit, c’est un pseudo-échelon, je peux toujours faire quelque chose ? »
{Tu le peux, en effet. Mais garde à l’esprit que si tu t’étais consacré davantage à ta magie, tu aurais pu, de manière réaliste, être au second échelon à ce stade.}
Jusqu’au deuxième échelon, il était possible de rester attaché à son corps. Parmi ces individus figurent les rois et les héros dont les âmes avaient atteint un royaume héroïque alors qu’ils étaient encore en vie.
Au troisième échelon, l’existence d’une personne peut être maintenue par le seul pouvoir de l’âme. Comme dans le cas de Bernst.
Au quatrième échelon, la conscience individuelle de Bernst disparaîtrait et s’unirait à l’univers, faisant de lui un être éternel. Cependant, au lieu de penser à cet échelon, Bernst commençait à envier les êtres qui avaient encore tous leurs désirs en place.
Peut-être était-ce la preuve qu’il était empoisonné par les émotions de Kurats.
{Être capable d’imiter les échelons supérieurs est en effet un exploit splendide. Cependant, il n’existe pas d’ascension approximative des échelons, aussi temporaire que soit cette technique. Cette pseudo-ascension pousse les choses trop loin, ce qui implique une certaine forme de tension.}
Ce fait offrirait une opportunité à exploiter librement.
Pour Bernst, le roi de la magie au troisième échelon, ce faux deuxième échelon était quelque chose à ridiculiser.
« Eh bien, que ça marche ou pas, je lui ferai payer. »
Kurats frappa ses poings l’un contre l’autre devant sa poitrine, comme pour se remettre de ce qui avait dit précédemment.
Il semblerait que, même maintenant, il n’avait toujours pas abandonné l’idée d’écraser Farenheit par la force pure.
{Tu es une tête de nœud…}
Mais Kurats était comme ça, et c’était précisément pourquoi Bernst trouvait ses combats intéressants.
{Bon sang, pourquoi dois-je faire face à ça}
Pendant ce temps.
Rosberg se battait seul contre un groupe entier de cavaliers Chaos, mais il n’avait pas négligé la tentative d’évasion de l’énorme Farenheit.
« Ce général lâche… ! Il essaie de s’enfuir ! »
Un commandant qui s’échappait en premier tout en utilisant ses soldats comme bouclier était une honte pour tous les hommes.
Pour Rosberg, qui avait choisi d’être chevalier avant d’être l’épée du royaume, les actions de Gunther semblaient méprisables.
Cependant, il réalisa immédiatement qu’il s’agissait d’un malentendu.
En effet, grâce à leur excellente coopération, tous les cavaliers Chaos avaient instantanément battu en retraite après Gunther.
C’était une manœuvre splendide qui n’aurait jamais pu être réalisée par des soldats qui avaient perdu leur moral après avoir été abandonnés par leur commandant.
Rosberg pouvait dire que tout cela avait été planifié depuis le début.
« Une fois de plus, l’épée du royaume a été… Inesthétique. »
Tout comme Kurats, Rosberg sentait ses entrailles brûler d’humiliation.
La fois précédente, Gunther l’avait gravement blessé, et cette fois-ci, les dommages à l’ennemi avaient été réduits au minimum.
« *Grognement* ! Gerlach ! »
Cependant, Rosberg n’avait pas eu la gentillesse de fermer les yeux sur les ennemis qui s’enfuyaient.
Libéré du carcan de devoir protéger ses hommes, Rosberg poursuivit et détruisit la moitié des cavaliers Chaos de l’ennemi.
merci pour le chapitre