Chapitre 112
Revenons à Strasbourg.
« Est-ce que ça va vraiment bien se passer ? »
McClain fronça les sourcils et se gratta la tête en regardant la solide formation de la deuxième armée d’Asgard dirigée par Skuld.
Kurats était un monstre, McClain en était conscient.
La Walkyrie blanche et son griffon étaient aussi une aberration.
De plus, bien qu’il ne connaisse pas leur véritable nature, il savait que Triestella et ses soldates étaient aussi terriblement fortes.
Au début, il pensait qu’elles étaient là pour faire décoration, mais il en savait plus maintenant.
Au total, même avec 10 000 soldats sous ses ordres, il ne voudrait certainement pas combattre cette armée.
S’il était mis à cette place, il s’enfuirait sans poser de questions.
Cependant, une guerre de 40 000 guerriers contre 100, c’était autre chose.
« Il s’avère que j’étais juste une personne normale toutes ces années… »
« Non, non, non, non, il n’y a rien de normal chez toi. Si tu étais une personne de bon sens, je serais désolé pour nos camarades morts. »
Bacson, qui avait rejoint les Yeux du Hibou à ses débuts, secoua la tête d’un côté à l’autre en réponse à la diatribe inexcusablement irréfléchie de McClain.
Il estimait que le fait de dire que McClain était normal était un blasphème pour le bon sens.
Si McClain avait eu un tant soit peu de bons sens en lui, peut-être que les Yeux du Hibou serait-il encore actif en tant que grande famille de mercenaires à ce jour.
« Mais, je veux dire, regarde-le. »
Avec une expression boudeuse, McClain pointa le dos d’une grande silhouette qui se démarquait particulièrement.
« … Eh bien, on ne peut vraiment pas l’évaluer selon nos critères. »
Une grande armée qui couvrait la terre à perte de vue, avec 40 cavaliers magiques qui se tenaient majestueusement dans leurs rangs.
Cependant, ce qui ressortait le plus dans ce paysage était le géant divin en son centre.
Ce géant cramoisi était une version plus grande du Chaos.
Sur sa poitrine se trouvait le blason de la famille Bewerstein, un lion.
Il avait une forme plus mince et plus polie que les cavaliers réguliers du Chaos, lui donnant une grâce digne d’un membre de la famille impériale comme Skuld.
Le nom de ce béhémoth pieux était Adelheid, le cavalier magique personnel de Skuld Beweldshteim.
En un mot, c’était un chef-d’œuvre.
McClain n’avait pas l’impression de pouvoir vaincre ce géant, même avec une armée de 1 000 hommes.
« Laissons celui-ci au Seigneur. Les monstres doivent être combattus par des monstres… »
Bacson n’avait pas non plus l’impression que ce cavalier magique était quelque chose qui pouvait être vaincu.
Il pensait plutôt que s’ils n’avaient pas un monstre au moins le niveau de Kurats de leur côté, l’armée de Bashtar serait pratiquement condamné à être anéanti à ce stade.
« Ce champ de bataille, c’est trop, je n’entrerai plus jamais dans un champ de bataille comme celle-ci. »
« Ne m’en parle pas. »
Malgré leurs paroles, le fait que McClain et Bacson n’essayaient toujours pas de s’échapper témoignait de leur amour implacable pour la guerre.
« C’est plus grand que je ne le pensais. »
{Ils ont encore du chemin à parcourir. Cela étant dit, compte tenu du niveau de la technologie magique de ce monde, c’est un exploit considérable.}
Bernst, qui n’avait jamais fait de compliments, était impressionné.
L’artisanat derrière le cavalier magique Adelheid était apparemment splendide. Il n’aurait pas eu cette réaction autrement.
Kurats avait laissé échapper un rire ravi.
Comme un bambin recevant un gros jouet, il affichait un sourire pur. Pourtant, cette pureté était recouverte d’une couche de cruauté menaçante.
Cet ennemi était fort.
Une fois, à cause de sa propre négligence, Kurats avait subi un coup de Brigitte. De plus, il avait également été mis dans une situation difficile par le cavalier du Chaos de Cabernard.
Cependant, il n’avait reconnu aucun d’entre eux comme son ennemi.
Pour lui, ces situations lui demandaient seulement de prendre les choses un peu plus au sérieux, rien de plus.
Mais maintenant, pour la première fois, il sentait qu’il allait affronter quelqu’un qui méritait d’être son adversaire.
{Ne me fais pas l’embarras de reconnaître cette chose aussi triviale comme ton adversaire.}
Pour Bernst, une personne ayant le potentiel de Kurats ne devrait pas considérer qu’un élément du niveau d’Adélaïde lui correspondait.
C’était plutôt le genre d’ennemi qu’il devait écraser d’une main pour montrer la différence entre eux.
Peu importe à quel point les autres le considéraient comme anormal et monstrueux, Kurats avait encore du chemin à parcourir avant que sa force n’atteigne les critères de Bernst.
Je sais. J’aime bien ce genre d’adversaires.
C’était un vrai guerrier ayant un but clair et non dissimulé, suintant d’une intention meurtrière sérieuse qui atteignait la folie.
Le défi que Skuld proposait était un choc frontal entre la technologie et la force pure.
Kurats croyait en l’intention de cet ennemi. Plus que cela, il ressentait une confiance envers cet ennemi.
Parfois, deux adversaires pouvaient refléter le cœur de l’autre comme s’ils se regardaient dans un miroir.
C’était exactement ce que Kurats ressentait en ce moment.
« Frigga, prends les rênes. Je dois m’occuper de ça moi-même. »
« Compris. Je vais utiliser l’atout qu’on a ramené de Bashtar pour que personne ne s’en mêle. »
Comme si leurs esprits étaient liés par télépathie, l’excitation de Kurats était la même que celle de Skuld.
En regardant le grand corps de Kurats tout en haut de son cavalier Adelheid, Skuld s’était même trouvée à ressentir de l’affection pour lui.
« Aaaaah, si merveilleux. J’ai hâte qu’on s’entretue. »
Il était habillé légèrement pour se déplacer plus librement, comme pour dire que le port d’une armure de chevalier ne ferait que le gêner.
Certaines personnes le mépriseraient probablement pour cela.
Mais c’est faux. Ça ne pourrait pas être plus faux.
Kurats était habillé légèrement pour pouvoir se battre contre Skuld.
Après tout, ces muscles étaient une armure bien plus solide que l’acier.
C’est étonnant.
C’était la première fois que Skuld rencontrait un ennemi qui l’excitait autant.
« Votre Excellence, l’ennemi est à portée de nos sorts. »
« Ne vous retenez pas, allez-y à fond. C’est notre première et dernière chance. »
Cela n’aurait probablement aucun effet sur Kurats.
Mais cela n’avait pas d’importance.
Il ne serait pas si mal que le signal de départ de leur combat soit une démonstration éclatante de leur pouvoir magique.
Alors qu’elle y pensait, les commissures des lèvres cramoisies de Skuld s’étaient levées en un sourire.
« Tuons-nous les uns les autres. Aimons-nous les uns les autres. Dansons ensemble… Toi, qui vas changer mon destin. »
merci pour le chapitre