Almadianos Eiyuuden – Tome 4 – Chapitre 110

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Chapitre 110

« Quelle est la signification de ceci ? »

La voix de Skuld était effrayante.

Albert ne pouvait que se baisser la tête en tremblant.

Il avait commis une erreur impardonnable.

Non seulement il avait envoyé des troupes sans consulter personne, mais il les avait même envoyées à mi-parcours sur le chemin de l’ennemi, leur donnant ainsi toute la marge de manœuvre nécessaire pour promouvoir leur propre victoire.

Pour couronner le tout, tous les nobles qui avaient jadis accepté de se joindre à la rébellion étaient maintenant morts, ce qui signifiait qu’aucun autre noble n’allait se ranger du côté d’Asgard avant la mort confirmée du comte de Bashtar.

Ces 4 000 soldats n’étaient pas une grande perte, mais compte tenu de l’impact politique que cela impliquait, la seule chose qu’Albert avait accomplie était de donner un coup de main à l’ennemi.

Bien que Skuld Beversteum, celle qu’on appelait la princesse de la guerre, soit une fanatique de la guerre, cela ne signifiait pas qu’elle était ignorante en matière de politique.

Après tout, elle était la fille de l’archiduc de Beversteum, le frère cadet de l’empereur Heimdall, décédé prématurément.

« N-non, c’est… Desaix et les autres nobles ont eux-mêmes pris l’initiative, je n’ai rien à voir avec ça… »

« Si c’est le cas, pourquoi t’es-tu donné la peine de leur envoyer personnellement les cavaliers Alphonse ? Suggères-tu par hasard que tu es si incompétent que tes propres disciples t’ont ridiculisé ? »

Ce n’était pas censé se passer ainsi.

Albert venait maintenant de réaliser à quel point il était tombé bas par rapport à la place qu’il occupait autrefois au sommet.

Dans son esprit, il avait cru qu’il serait capable de monopoliser la plupart des bénéfices sur le succès de Desaix et des autres nobles. Il était prêt à accepter le mérite de cette idée.

Il pensait qu’il pourrait s’en sortir ainsi si Desaix échouait. Il était prêt à rejeter la faute sur les nobles, prétendant qu’ils avaient agi de leur propre chef.

Dans le passé, le roi de Jormungand était la seule personne qui avait le pouvoir de lancer des accusations sur Albert sur la base de vagues soupçons.

Et pourtant le roi se serait abstenu de le faire en considérant le fait qu’Albert était le mari de Felbell.

Cependant, la valeur d’Albert aux yeux de Skuld n’était pas différente de celle que Desaix et les autres nobles avaient aux yeux d’Albert.

Celui qui s’était fait accuser cette fois-ci n’était autre qu’Albert lui-même.

Il ne l’avait pas perçu à temps. Il avait été aveugle.

Si cela continue, je serai fini. Je dois faire quelque chose, n’importe quoi…

« À ce stade, je suppose que tu nous seras utile que pour préparer des fournitures. Peux-tu t’en charger ? Nous avons de gros mangeurs dans la deuxième armée. »

Comme la plupart des forteresses nobles, la forteresse de Strasbourg était exceptionnellement grande, mais elle ne pouvait toujours pas accueillir l’armée de Skuld, qui était passée de 5000 hommes à 40 000 hommes maintenant que la guerre avait véritablement commencé.

Lorsqu’elle avait pris la décision de faire appel à une armée aussi importante, Skuld ne s’attendait naturellement pas à ce que Jormungand n’envoie qu’une armée de cent hommes.

Il allait être extrêmement coûteux de préparer des logements, des provisions et des matériaux tels que des flèches pour tant de personnes.

Bien sûr, la fortune qu’Albert avait accumulée toute sa vie n’était pas assez maigre pour qu’elle s’épuise à elle seule. Il pouvait facilement couvrir ces dépenses.

Le problème était sa faiblesse face à l’adversité.

Il était parfaitement capable de comploter depuis les limites de la position supérieure qu’il occupait autrefois, sans risque et sans pression. En tant qu’homme politique, il n’était pas non plus mauvais lorsqu’il s’agissait de gérer les affaires intérieures.

Mais Skuld savait que lorsque des hommes comme lui étaient confrontés à une crise et mis dans une position vulnérable, ils agissaient de manière incroyablement stupide. Il valait mieux le garder sur la touche.

« Mais… Mon armée n’a subi que peu de dégâts jusqu’à présent. Donnez-moi une autre chance, juste une de plus… ! »

Tant qu’il pouvait remporter la victoire sur ce monstre… Si seulement ce monstre pouvait disparaître du monde…

C’était ça. Celui qui avait poussé Albert à vivre dans ces ténèbres infernal n’était autre que cet homme monstrueux, Kurats.

Albert devait prendre sa revanche sur lui, peu importe comment.

« Tu dis cela alors que même 4 000 soldats n’étaient pas à sa hauteur ? Toi, monsieur, il semble qu’il te reste environ 6 000 hommes et tu n’as aucun atout, sauf les cavaliers Alphonse. Comment comptes-tu vaincre le baron de Bashtar ? »

« Mais avec votre aide, Skuld, je pourrais peut-être… »

Avant qu’Albert ne puisse prononcer cette phrase à haute voix, il s’était arrêté et regarda le sol avec tristesse.

Certaines personnes étaient censées en servir d’autres, tandis que d’autres étaient censées être servies.

Cette logique avait toujours semblé naturelle à Albert jusqu’à présent.

Mais ce jour-là, le serviteur était Albert lui-même, tandis que Skuld était celle qui était servie.

Il n’était pas nécessaire qu’elle fasse des efforts pour aider le traître Albert à obtenir des succès.

« Prends du recul jusqu’à nouvel ordre. »

Albert n’avait rien pu répondre aux ordres de Skuld.

Cette nuit-là, quand il était venu vers Felbell, Albert puait l’alcool.

Felbell n’avait jamais vu son mari se noyer dans l’alcool auparavant.

Cependant, bien qu’elle fronça légèrement les sourcils à cette vue inhabituelle, elle l’avait tout de même accueilli avec un sourire.

« Veux-tu de l’eau ? Ou préfères-tu un thé à la rose ? »

« J’ai fait mon choix ! Du vin ! Je vais prendre du vin ! »

« J’ai peur qu’une consommation excessive d’alcool ne te gêne demain, mon cher. S’il te plaît, viens te reposer. »

« Oh, tais-toi ! »

Albert tenait les membres fins de Felbell dans une étreinte vigoureuse.

Albert contempla la beauté de Felbell et ses yeux bleus cobalt, vibrants et caractéristiques.

Il rapprocha son visage et sentit le parfum de bergamote s’échapper de son cou.

Depuis qu’elle était devenue une femme mariée, sa séduction envoûtante ne faisait que commencer à briller de plus en plus. C’était un charme qui ne pouvait être imité par Lunaria.

Tout en jouant avec sa peau douce qui semblait pouvoir fusionner avec sa main, Albert poussa Felbell vers le lit sur le champ.

Non seulement sa beauté était difficile à obtenir, mais sa valeur était également énorme sur le plan politique en raison de ses droits de naissance.

Albert enlaça sa langue avec la sienne, et dévora ses lèvres.

Sa respiration était rude, sentant l’alcool.

Cependant, alors que son corps s’y mettait de plus en plus, un coin de sa tête était glacé.

De toute façon, si je dois être détruit j’emporterai Felbell avec moi.

Compte tenu de toutes les mesures politiques prises jusqu’alors par Asgard, il était très clair que leur politique en matière de royauté des nations étrangères consistait à exécuter les garçons et à transformer les filles en jouets.

Albert ne s’était pas mis à dos Asgard, mais si Jormungand devait être détruit sans qu’il en retire aucun mérite, il était peu probable qu’il soit en sécurité, puisqu’il avait épousé l’une des héritières potentielles du trône.

Dans ce cas, je…

Il y avait un dicton : l’adversité émousse la conscience.

Maintenant qu’Albert était dans une situation difficile, les flammes de son ambition s’étaient éteintes.

Sa propre sécurité passait avant tout le reste.

S’il ne faisait rien, il allait être tué.

Et il ne voulait pas mourir.

Il était même prêt à mener une vie simple et nonchalante si l’alternative était la mort.

Mais Felbell se trouvait sur le chemin de cette vie. Elle était un obstacle.

« Felbell, m’aimes-tu ? »

En entendant son ton, plus froid que jamais, Felbell pouvait deviner que le cœur d’Albert avait quitté son côté.

Depuis qu’ils avaient été chassés de la capitale et ramenés à Strasbourg, elle craignait que ce moment n’arrive un jour.

Et ce moment était enfin arrivé.

« Bien sûr, bien sûr. C’est toi qui es dans mon cœur, mon chéri… »

Était-ce vraiment le cas ?

Bien qu’elle ait eu l’impression de l’aimer sincèrement au début, il semblerait qu’elle n’avait fait qu’envisager le rêve qu’elle souhaitait voir.

Cependant, même si tout cela était dû aux pensées déformées d’une jeune fille protégée, elle ne regrettait pas d’avoir épousé Albert.

La seule responsable de ses décisions était elle-même, et personne d’autre.

Ce principe découlait de son orgueil. Un orgueil qu’elle ne pouvait pas tacher, comme toute personne qui portait le nom royal de la famille Jormungand.

Même si Albert lui-même ne portait pas ce même orgueil.

« Alors, pour moi, serais-tu prête à aller voir l’empereur de Bashtar et… »

Ne laissant pas Albert finir sa ligne, Felbell fit une déclaration ferme.

« Si tu dois périr, alors nous périrons ensemble. Je suis prête à t’accompagner jusqu’au bout de l’enfer. Mais si tu me demandes de t’abandonner, je mourrai ici et maintenant ! »

« Qu’est-ce que tu dis tout d’un coup, Felbell !? »

Albert fut violemment surpris par le ton déterminé de sa femme obéissante.

Il croyait que mourir à ce stade signifierait tout simplement perdre tout, cela n’accomplirait rien.

Plus important encore, sa détermination à partager son destin, peu importe ce qu’il devait être, était complètement à sens unique.

Alors qu’Albert la regardait fixement comme si elle était une sorte d’épine sur son pied, Felbell lui fit part de la réalité de la situation, servi par une voix monotone.

« Mon cher, tu as convoité le statut de roi. Je crois que tu devrais être prêt pour les conséquences qui s’ensuivent. »

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3 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre.

  3. Une femme simple mais pas complètement idiotie, un peu triste pour cette pauvre jeune femme.
    Sinon c’est assez ironique de voir qu’elle va amener Albert bientôt sans terre sous terre.
    Merci pour le chapitre

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