Chapitre 90
Deux jours après avoir quitté les ruines du château, Kurats était arrivé au village de Narak, tenant entre ses mains suffisamment de trésors pour vivre tranquillement pendant les prochaines années.
Il n’aurait pas mis autant de temps à arriver s’il n’avait pas limité sa vitesse pour éviter de laisser tomber l’or et les bijoux qu’il transportait avec lui.
« Maître, cet endroit n’est pas digne de toi. »
La femme qui murmurait ainsi en fronçant les sourcils n’était autre que Triestella, déguisée en être humain.
Malgré ce déguisement, il ne faisait aucun doute que Kurats serait interrogé sur la façon dont il l’avait récupérée sur le territoire des monstres.
Cornelia agita la main du haut du gigantesque mur du fort avant de redescendre avec tous les autres, tandis que Frigga volait directement vers lui sur le dos de Shellac.
Lunaria se tenait la main sur la poitrine, soulagée de le voir enfin revenir. Il avait pris plus de temps que prévu.
Bien sûr, elle ne croyait pas que des monstres de ce genre pouvaient lui faire du mal, mais elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter innocemment pour l’élu de son cœur.
Alors que Kurats se rapprochait, trois femmes qui le suivaient de plus près que nécessaire se rapprochèrent également.
De plus, toutes trois étaient des beautés bien au-dessus de la moyenne.
Alors que Lunaria serrait instinctivement les dents à cette vue, une fille derrière elle parla avec surprise.
« … Sœur Triestella ? Que fait-elle ici ? »
C’était Crushiadra, le général vaincu de l’armée du monstre.
Elle avait été faite prisonnière et portait des chaînes enchantées de sceaux magiques.
Dès qu’il l’avait entendu, Kurats avait eu l’impression que le temps s’était arrêté.
Il avait à peine eu le temps de dire « Je suis de retour » que ses plans étaient ruinés.
Son expression s’était transformée en un sourire étriqué lorsqu’il avait réalisé à quel point il avait été naïf de penser qu’il s’en sortirait en trouvant des excuses.
Que dois-je faire ? Que puis-je...
« Sœur Triestella, que se passe-t-il ? Que fais-tu avec un simple humain… ! »
« Si tu insultes mon maître, je te tords le cou, compris. »
« Ahhi ! Pardonnez-moi, maîtresse Frigga ! »
Frigga tuait du regard Crushiadra, qui s’arrêta immédiatement de parler et se fit toute petite comme un chat effrayé.
Crushiadra rougit et regarda vers le bas avec honte, mais le regard furieux de Frigga était encore aussi froid que les vents du Grand Nord.
Frigga se mit alors à botter le derrière de Crushiandra, mais cela ne fit que la réjouir.
Par nature, les monstres avaient tendance à favoriser les forts et à les admirer.
Lorsque Frigga avait sauvé de justesse la vie de Crushiandra, ce sentiment naturel avait pénétré encore plus profondément dans son subconscient.
Pendant ce temps, Cornelia lançait un regard terrifiant sur Triestella et les autres filles.
Tout ce qui était venu à l’esprit de Kurats à ce moment-là avait été de la prendre dans ses bras.
Lorsqu’elle s’était soudainement retrouvée enlacée par le corps massif de Kurats, Cornelia était à la fois désorientée et confuse.
C’était la première fois que Kurats agissait ainsi en public, à la vue de Lunaria ou de quiconque.
« Iiih ! Marika, regarde ! »
« … *Avale* »
Pour aggraver les choses, Lunaria n’était pas la seule à l’extérieur. Marika et Clodette étaient également sorties du fort pour interroger Kurats sur la mine. Elles finirent par regarder fixement la scène devant elles avec des joues rouge pomme.
En s’en rendant compte, Cornelia avait complètement oublié Triestella.
Au début, Kurats avait fait cela pour échapper à sa tricherie, mais lorsqu’il avait vu la forte Cornelia perdre son calme et agir avec tant de douceur, il avait perdu le contrôle de lui-même.
Il la tira encore plus fort dans ses bras et ramena ses lèvres vers les siennes avec force.
Grâce aux expériences qu’elle avait vécues avec lui en privé, Cornelia laissa sa langue se glisser par réflexe.
« iiih ! Marika ! La langue ! Ils utilisent la langue ! »
« … *bave* »
« Marika, tu baves ! »
« Ah ! Clodette, ne regarde pas ! C’est trop tôt pour que tu vois ça ! »
Après le long baiser, Cornelia avait pris une grande respiration comme si elle cherchait de l’oxygène.
Ses yeux avaient perdu leur calme et s’étaient mis à errer alors que chaque partie de son corps se réchauffait visiblement.
Alors que Marika et Clodette attendaient tranquillement de voir jusqu’où cela irait, Frigga explosa de frustration.
« En quoi est-ce juste !? J’étais là, faisant de mon mieux pour vaincre ce monstre, attendant patiemment ton retour, espérant que ce serait mon tour, et maintenant je vois, ça, ça, ça… ! »
Avant qu’elle ne puisse finir de parler, Kurats avait utilisé son bras libre et avait tiré le corps souple et bien entraîné de Frigga vers sa gauche.
Alors qu’elle se tenait à côté de Cornelia, qui était encore étourdie, Kurats embrassa doucement Frigga sur la joue et rapprocha sa bouche de son oreille rougie.
« Moi aussi, j’ai pensé à toi tout ce temps. »
« Kuhiiiiiiiii ! »
Sentant le souffle de Kurats sur son oreille, Frigga ne pouvait pas s’empêcher de gigoter.
Son excitation ne cessait d’augmenter alors qu’elle se demandait si c’était le moment qu’elle attendait depuis si longtemps.
Les grands doigts de Kurats lui saisirent doucement le menton.
L’instant suivant, sa bouche couvrit ses lèvres fraîches et féminines.
La chaleur intense de leurs langues entrelacées ainsi que le mélange salé et sucré de leurs salives avaient enivré Frigga.
Tout au long du très très long baiser, Frigga oublia de respirer par le nez, se laissant aller à un doux engourdissement dû au manque d’oxygène et à ses sens brûlants.
Dès qu’ils s’arrêtèrent, Kurats était retourné vers les lèvres de Cornelia, ne lui laissant pas le temps de stabiliser le peu de conscience qu’elle avait réussi à récupérer.
En même temps, il avait caressé doucement la petite poitrine sur laquelle elle était si peu sûre d’elle.
Cornelia ne pouvait pas le supporter et s’était évanouie sur le coup.
Quant à Lunaria, ce qu’elle ne pouvait pas supporter, c’était cet étalage éhonté.
« Mais qu’est-ce que vous faites en plein jour !? »
Ce n’était pas la première fois qu’elle assistait à un baiser, elle n’était pas si innocente. Mais c’était la première fois qu’elle le voyait se produire d’une manière aussi stimulante.
Peu importe à quel point elle se comportait comme si elle faisait partie du peuple, Lunaria était toujours la princesse d’un grand royaume. On avait apporté beaucoup de soin à son éducation.
Elle avait naturellement reçu une éducation spéciale et on lui avait enseigné, en théorie, l’étiquette à respecter dans la chambre à coucher et les méthodes pour plaire à un homme.
Elle n’était pas dépourvue de moyens.
Malgré tout, elle était suffisamment innocente pour rougir et s’agiter à la vue de ce qui se passait devant elle.
« Lunaria… »
Lorsque Kurats dirigea vers elle ses yeux clairement lascifs, Lunaria s’était embrouillée comme une enfant.
« N -non non ! Je veux dire, je ne suis pas contre, mais il faut que ce soit plus dramatique, ce n’est pas l’ambiance qui convient, je ne peux pas ! »
En disant cela, Lunaria avait rapidement tourné le dos à Kurats et s’était éloignée en courant.
{C’est une bonne chose que tu aies essayé les techniques. Ces femelles Nosferatu ont montré une certaine utilité.}
Bien que Bernst parlait avec grande satisfaction, Kurats ne lui avait répondu que par un sourire sec.
En vérité, lorsque les mots de Crushiadra avaient ruiné tous les plans des Kurats, Bernst lui avait murmuré une suggestion.
Bien que les Nosferatus utilisaient une phéromone spéciale pour enchanter les hommes, ce n’était pas leur seul moyen de séduction.
Il leur fallait faire tomber l’homme visé dans un état de plaisir profond pour améliorer la qualité de la vitalité dont il se nourrissait.
Parmi les trois Nosferatus, Berta, qui était maintenant Beatrice, était la meilleure à utiliser ces compétences qui étaient naturelles pour son espèce, et elle s’était vraiment ouverte à Kurats.
Elle s’était véritablement ouverte à Kurats. Cela avait permis à Kurats d’apprendre partiellement certaines de ces compétences.
Bien qu’il ne les avait pas complètement apprises, lorsqu’il les utilisa comme le suggérait Bernst, Cornelia et Frigga s’étaient laissées très facilement toucher par leur inexpérience.
Kurats ne leur laissait déjà aucune chance de le rattraper en matière de combat et de force physique, et il avait maintenant acquis un avantage considérable dans la compréhension du fonctionnement des hommes et des femmes.
Il avait en outre l’avantage d’apporter le début d’un changement dans la hiérarchie relationnelle qui avait toujours été profondément gravée dans l’esprit du groupe jusqu’à présent.
Paf !
Lunaria plongea dans son lit dans la chambre qui lui avait été attribuée dans le fort bien organisé construit par Kurats, tout en se tordant le corps d’angoisse face à la situation.
« Comment a-t-il pu regarder la princesse d’un pays avec de tels yeux... »
À l’époque, les yeux de Kurats avaient semblé être un gouffre sans fin, comme s’il était plongé dans un délire fébrile.
Mais Lunaria avait clairement perçu l’étincelle du désir au fond de lui.
Et la vérité était qu’elle voulait répondre à ces désirs.
« N-non, je ne peux pas ! Je ne peux pas ! Même si c’est avec Kurats, je ne peux pas offrir ma pureté si facilement… »
C’était la raison pour laquelle elle voulait que Bashtar se remette sur pied le plus rapidement possible.
Bashtar était une terre interdite qui devait être impossible à reconstruire.
Si Kurats parvenait à surmonter cette épreuve, que même le Premier ministre Eustache ne pourrait pas vaincre, alors il monterait probablement une fois de plus dans les rangs et deviendrait marquis.
À ce moment-là, personne ne se plaindrait qu’il soit le partenaire conjugal de Lunaria.
C’était Eustache qui avait lancé l’épreuve, et c’était lui qui devra coopérer activement avec Kurats par la suite, et Bashtar deviendra l’une des principales attractions du royaume.
Peut-être même que la faction de Felbelle connaîtra sa fin au cours du processus.
Ensuite, tout le monde au cours de l’épreuve s’agenouillera pendant que Kurats fera sa proposition à Lunaria.
Ou du moins, c’était ce que Lunaria espérait secrètement qu’il arriverait.
Ce jour-là, elle deviendrait reine et prendrait les rênes du royaume.
Cela allait être son grand moment, cela valait la peine d’attendre.
Alors pourquoi je ressens une telle douleur dans mon cœur… ?
En voyant Kurats se mêler à Cornelia, ou même simplement en voyant Frigga être si honnête avec lui sur ses sentiments, Lunaria ressentit une douloureuse oppression dans sa poitrine.
À ce rythme, allait-elle être abandonnée par Cornelia et Frigga ?
Rien que d’y penser, elle ressentit de sombres sentiments qui agitèrent son estomac.
Elle voulait que Kurats l’embrasse aussi.
Serait-elle capable de rester patiente et de supporter ces désirs jusqu’au bon moment ?
Elle n’était plus aussi sûre de la réponse.
« M-marika ! C’était incroyable ! »
« C’est vrai… Si cela m’était destiné, je… »
Marika se frottait les cuisses sans relâche tout en se livrant à quelques délires sauvages avec un regard distant.
En regardant froidement les deux filles qui étaient clairement en chaleur, Stella se demandait qui elles étaient.
« Maître, ces deux femmes sont-elles aussi les vôtres ? »
Lorsqu’elle entendit la question trop directe, Marika haussa la voix par réflexe.
« Qu’est-ce que tu dis ? ! »
« Iiih ! Moi ? La femme du seigneur Kurats ? »
Avec une expression un peu étourdie, Kurats était intervenu pour expliquer.
« Ces deux-là sont mes mignonnes subordonnées. Elles sont indispensables pour le développement de Bashtar, alors entendez-vous avec elles, compris ? »
« Compris. Je suis Stella. Mes meilleures salutations. »
« O-oh ? Je suis Clodette. »
« Mon nom est Marika… Puisque le seigneur l’a demandé, je vais passer outre ce que tu as dit, mais fais attention à tes mots à l’avenir. »
Ainsi, les trois Nosferatus furent acceptés comme subordonnés de Kurats par tous, sauf Frigga et Cornelia, dont la tête était encore dans les nuages.
On pouvait dire sans se tromper que des problèmes surviendraient une fois qu’elles auraient retrouvé leurs sens, mais d’ici là, leur rythme serait rompu et il n’y aurait plus d’atmosphère toxique, ce qui signifiait que leur réaction ne serait pas aussi mortelle.
« Maîtresse Frigga… Même si vous me négligez et m’ignorez… Je peux le supporter… Uuh… »
Quant à Crushiandra, Kurats ne savait pas si elle pouvait être acceptée comme les trois autres.
Elle était clairement partie pour un endroit dont elle ne pouvait pas revenir.
Avoir un harem, c’est bien, mais a condition que la rivalité et les jalousies restent limitées 😀