Chapitre 83
« Ils sont là. Ils sont vraiment là… »
Alors que les troupes monstrueuses arrivaient en vue, Bernard se grattait la tête, perplexe.
Il s’attendait déjà à ce que ce soit le cas, mais la pression qu’il avait ressentie quand Kurats n’était pas là était vraiment autre chose.
« Il n’y en a pas autant que prévu. Il y a au mieux 3000 soldats. »
L’attitude calme et le sourire audacieux de Frigga étaient tout à fait adaptés à la valkyrie Blanche-Neige.
Il n’y avait pas la moindre hésitation chez elle, seulement de la combativité.
Sa seule expression apportait du courage à tous ceux qui se trouvaient à ses côtés.
Est-ce cela qu’on appelle le charisme d’un héros ?
« Force de garde et mercenaires, concentrez-vous sur la défense. Notre seule priorité est de tenir notre position jusqu’à l’arrivée de Kurats. »
Lunaria n’était pas en reste derrière Frigga.
Peut-être que Frigga était une meilleure combattante de première ligne, mais quand Lunaria donnait des ordres aux soldats et les encourageait, elle les remplissait d’un sentiment de sécurité.
« Gilbert, rassemblez les jeunes hommes du village et restez en attente. L’ennemi pourrait attaquer avec des flèches de feu et des pierres, alors cachez les femmes et les enfants sous terre ! »
« Compris. »
Ayant vécu sous la terreur des monstres pendant des décennies, les villages de Bashtar, y compris Narak, avaient tous construit des abris sous-terrain pour se cacher.
C’était une tactique astucieuse. Chaque fois qu’il y avait un raid de monstres, les villageois pouvaient se cacher sous terre pendant plusieurs jours, et donc préserver leur vie.
« Humph, je vais te montrer que tu n’es pas la seule femme à avoir de l’autorité ici, princesse Frigga. »
« Qu’est-ce que tu dis ? Crois-tu que mon titre de Valkyrie Blanche-Neige sert juste à faire joli ? »
En voyant le sourire moqueur de Frigga, Lunaria se mit à gonfler fièrement la poitrine.
« Je suis la meilleure élève de Rosberg, l’épée de Jormungand. Je ne suis pas inférieure à la valkyrie Blanche-Neige. »
Lunaria posa son pied sur le haut du rempart et pencha son corps en avant.
Il y eut soudainement une atmosphère sérieuse autour d’elle.
Elle sortit son épée longue et rustre de son fourreau. Celle-ci semblait trop grande pour son petit corps, mais un seul regard sur cette arme suffisait pour dire à quel point elle était affreuse.
Alors que le soleil se reflétait sur sa lame argentée aiguisée, l’épée semblait être une colonne de lumière. Elle émettait également un étrange pouvoir magique.
« Laissez-moi vous montrer le pouvoir de l’épée sœur de Gerlach, l’épée magique, Bismarck ! »
Les épées jumelles Gerlach et Bismarck étaient les plus grands trésors du Jormungand. Elles étaient à l’origine destinées à être possédées par l’héritier du trône.
Et bien que Lunaria ne soit pas encore devenue la princesse héritière officielle, le roi Christophe avait décidé de la lui confier lors de son voyage à Bashtar. Cela montrait que Christopher la considérait vraiment comme son successeur.
Le pouvoir de Bismarck n’était pas inférieur à celui de Gerlach.
Mais il s’agissait plutôt d’une arme stratégique.
Manier Gerlach, c’était comme contrôler mille éclairs, mais manier Bismarck, c’était comme contrôler dix mille coups de vent.
« Que le vent chasse nos ennemis ! Cercle d’orage »
Une balle de vent comprimé avait été tirée de la pointe de la lame de Bismarck. Cette seule balle couvrait un rayon de 500 mètres.
Au moment du tir, une barrière de vent était apparue autour de la balle. Cette combinaison avait donné lieu à un phénomène de rafale descendante en touchant le sol.
Un souffle de vent, couvrant un rayon de plus de 100 mètres, tua tous les monstres sur son passage, petits ou grands.
Dans cette explosion, chaque caillou et chaque branche d’arbre devint une arme mortelle, atteignant une vitesse telle que les monstres bipèdes de l’armée furent cruellement mis en pièces.
Ces milliers de monstres, qui avaient la malchance d’être enfermés dans la barrière qui entourait la balle de vent, ne pouvaient que se transformer en morceaux de viande sans vie.
Avec cette seule attaque, l’armée des monstres avait perdu un tiers de ses forces.
« Impossible… de penser que les humains puissent faire preuve d’une telle puissance… ! »
Crushiadra se parla à elle-même dans un état d’hébétude.
Les humains n’étaient-ils pas une race faible qui ne pouvait qu’être piétinée par les monstres ? Comment quelqu’un d’une espèce qui ne savait que se battre en groupe pouvait-il avoir un pouvoir individuel aussi écrasant ?
Malheureusement, ce n’était que le début de l’assaut tragique contre Crushiadra et ses troupes.
« Oh, mon Dieu, je suppose que je vais devoir également montrer mon pouvoir. »
Sur le dos de son griffon, la Valkyrie Blanche-Neige, qui pouvait littéralement égaler une armée de mille hommes, commença son attaque.
« Franchement, ces femmes sont bien trop effrayantes ! »
« Notre patron est peut-être un monstre, mais ses femmes ne sont pas différentes ! »
Témoins de ce massacre trop unilatéral, Bernard et Bruno ne pouvaient s’empêcher de ressentir un frisson jusque dans leurs régions inférieures.
Ces monstres étaient les mêmes que ceux qui avaient détruit Bashtar et fait trembler tout le royaume il y a seulement 70 ans.
Ils ne ressemblaient pas à ces monstres de bas étage qui apparaissaient souvent dans les régions éloignées.
Il s’agissait d’une armée sous les ordres d’un noble démoniaque, un être semblable à une calamité naturelle pour l’humanité.
Bien que Bernard avait passé de nombreuses années en tant que mercenaire, même lui ne pouvait pas imaginer voir une armée aussi puissante se faire massacrer aussi facilement.
Pendant que le cerveau de Bernard faisait face à la situation, Frigga utilisait pleinement la vitesse incroyable de son griffon et libérait la puissance de son épée, Murasame.
« Réverbération de la foudre. »
Des dizaines d’éclairs s’illuminèrent sur des chemins irréguliers, comme s’ils étaient réfléchis par de multiples miroirs. Ces éclairs traversèrent chaque monstre qu’ils atteignirent.
Même Shellac s’était joint au massacre, déchirant monstre après monstre avec son bec et ses griffes géants.
Lorsque Frigga força sa progression à une vitesse incroyable, les forces monstrueuses, qui étaient déjà dans le chaos, tombèrent dans une panique totale.
Ils étaient venus pour piétiner les humains. Jamais de leur vie ils n’auraient imaginé qu’ils seraient les chassés et non les chasseurs.
« Assez ! »
Il n’y avait qu’une seule façon de remettre sur pied une armée paniquée. C’était que le commandant se tienne sur la ligne de front et montre sa force et son courage.
Crushiadra observa calmement Frigga.
Il était assez surprenant qu’elle ait un griffon sous son contrôle. Après tout, c’était un monstre.
Mais la vraie menace ici était l’épée sacrée de type Eau de Frigga, Murasame.
Il y avait beaucoup d’épées magiques dans ce monde, mais la plupart utilisaient le pouvoir magique du manieur. Il n’y avait que quatre épées sacrées, dont Murasame, qui pouvaient tirer le pouvoir magique de l’atmosphère.
Une telle capacité s’apparentait à une réserve infinie de magie.
Comment un tel artefact est-il tombé entre les mains de l’homme !?
Crushiadra était alimenté par une colère irrationnelle.
Elle ne pouvait pas accepter cela.
Même Triestella n’avait pas un artefact du niveau de Murasame.
« Restez à votre place, humain ! »
Crushiadra sauta en avant, prête à attaquer. Parmi les subalternes de Triestella, il n’y avait pas d’équivalent à Crushiadra dans le combat au corps à corps.
Son corps splendide était trempé comme de l’acier.
Crushiadra se précipita instantanément, frappant la tête de Frigga d’un coup de pied qui écraserait un rocher en deux… C’est du moins ce qu’il semblait, mais l’instant suivant, la tête de Frigga se déforma, comme un reflet dans l’eau.
« Une illusion !? »
« Exactement. C’est vraiment bien de se battre avec un bouffon. »
Cela dit, s’il s’agissait de Kurats, son attaque aurait probablement été une avalanche de frappes, avalant à la fois l’illusion et le corps principal.
« Merde ! »
Crushiadra esquiva l’attaque par réflexe qui provenait de son point mort.
Bien que ses doigts aient été coupés, son action n’était en aucun cas inutile.
Si elle avait été plus lente, l’attaque aurait touché son cœur.
« Tsk »
Tout en parant l’attaque, Crushiadra avait simultanément tordu tout son corps, et frappa Frigga en plein dans l’abdomen avec un coup de revers.
Frigga parvint à peine à s’empêcher de vomir ses sucs gastriques sous l’impact intense du coup, car elle estimait que ce serait indigne d’une jeune fille.
Sans son armure blanche, cette attaque l’aurait mise hors de combat.
Une fois de plus, elle utilisa ses illusions pour prendre de la distance, ayant réalisé qu’elle avait pris Crushiadra de haut.
« C’est une bonne armure. Et moi qui pensais que ce serait fini avec ça. »
« Je ne pensais pas que vous seriez si calme au sujet de la perte de vos doigts. »
« Oh, tu veux parler de ça ? »
En regardant sa main sans doigts et ensanglantée, Crushiadra laissa échapper un petit rire.
« Ce n’est rien pour nous, Nosferatus. »
Au moment où elle l’avait dit, les doigts de Crushiadra repoussèrent comme des bourgeons de plantes poussant dans le sol.
Pendant ce temps, l’armée très réduite d’un millier de monstres avait atteint le rempart.
« Est-ce enfin notre tour ? J’avais peur que les princesses s’emparent de tout le plaisir. »
Peu importe ce qu’il ressentait vraiment, Bernard riait joyeusement en surface.
« Il ne reste que 1000 monstres sur les 3000 qui sont venus. Si nous ne pouvons pas les retenir à ce stade, nous ne pouvons pas nous appeler des hommes, pas vrais ? »
Bruno riait de bon cœur avec sa grande épée sur le dos.
Pour les mercenaires, la gaieté était un cri de guerre.
Heureusement, la puissance défensive du rempart était plus grande qu’il n’y paraissait.
Elle ne cédait pas un pouce, même face à un énorme ours aux yeux rouges, et sa magie défensive était assez puissante pour repousser les flammes d’un renard de feu.
Avec ce rempart, 300 hommes suffisaient pour une bataille défensive.
Tandis que Frigga et Crushiadra s’affrontaient à nouveau, Lunaria attaquait avec les mercenaires.
De plus, Triestella, qui connaissait la situation de Crushiara, était également partie au front avec son armée principale derrière elle.
À ce moment-là.
*dadadadadadadadadada !*
Un bruit assourdissant et tonitruant.
On ne savait pas si c’était l’écho d’un tremblement de terre ou d’une éruption volcanique, mais cela signifiait une seule chose : la destruction.