Chapitre 79
{Tu es encore trop tendre !}
Bernst commença à critiquer la méthode de Kurats avec un regard triomphant. Non pas que Kurats puisse voir son visage, mais il le voyait à son ton.
{Tu n’as fait que te frayer un chemin dans la boue. Tu as eu de la chance et tu as réussi à créer une bonne pente en creusant le chemin… Mais bon ! Ce n’est pas suffisant pour maintenir un canal d’eau !}
Que veux-tu dire ?
{Non seulement l’eau va s’infiltrer dans la terre, mais la terre va aussi entraver le courant. C’est inévitable. De plus, rien n’empêche les monstres aquatiques d’infester l’eau !}
Je vois.
{Mais j’ai une solution ! Par le biais de l’alchimie, tu peux fabriquer un revêtement spécial qui fera durer ce canal pendant des années et des années. Mais attends, il y a plus ! Si tu combines l’alchimie avec un symbole magique, tu pourras chasser complètement les monstres faibles qui pourraient apparaître !}
Comment est-ce possible !?
Bernst semblait le dire avec son air suffisant. Mais au vu de la réponse calme que Kurats allait lui donner, cela n’avait pas duré très longtemps.
… C’est tellement nul.
{AAAAAAAAAAGH!}
Alors qu’il regardait avec grand intérêt les enfants regarder l’eau remplir l’étang qu’il avait construit, Kurats tomba dans ses pensées.
Ces enfants n’avaient probablement jamais pu nager ou pêcher dans une rivière comme il l’avait fait à leur âge.
Et donc, en utilisant la magie de la terre, Kurats avait créé un bassin sur place. Et bien qu’ils aient été un peu effrayés et timides au début, ils s’étaient amusés à y tremper leurs pieds.
Même s’ils n’avaient jamais connu le concept de jeu dans l’eau, ils restaient néanmoins des enfants. Il n’était pas surprenant qu’après un certain temps, ils se soient soudainement mis à applaudir et à jouer en éclaboussant l’eau.
« Mon seigneur, êtes-vous sûr que ça va ? Pouvons-nous vraiment nous permettre de gaspiller l’eau comme ça… ? »
« Gaspiller ? Je ne savais pas que laisser les enfants s’amuser était un gaspillage. »
L’étang contenant l’eau qui devait être transféré vers les champs de Narak par un autre canal n’avait été en rien affecté. Et bien qu’il n’ait pas pris la peine d’économiser de l’eau toute la journée, l’étang en contenait toujours plus qu’il n’en fallait.
« Qui aurait cru que nous pourrions assister à une telle scène ici à Bashtar… ? »
« Eh bien, maintenant que nous avons ça, nous allons prendre un bain ! »
Les paroles de Kurats avaient apporté une toute nouvelle nuance aux yeux de Lunaria et de Frigga.
En tant que princesses, elles étaient habituées à une vie de luxe. Peu importe leurs expériences, le fait de ne pas pouvoir prendre de bain pendant un long moment les stressait beaucoup.
« V-vraiment ? S’il te plaît, dis-moi que tu ne mens pas. »
« Maître, si tu as l’intention de faire l’effort de nous construire un bain, puis-je y entrer avec toi… ? »
« Kurats, tu vas vraiment faire un bain ? Tu ne décevras pas ta sœur, hein ? »
« O-oui. »
Sous la pression du regard plein d’espoir des trois femmes, Kurats avait construit un sauna par la force de l’alchimie. Il fabriqua d’abord une baignoire d’environ deux mètres carrés. Puis il l’avait ensuite entourée de murs de boue. Puis, il ajouta de l’eau et le chauffa avec un sort de feu.
Il ajouta également secrètement un judas.
« Ce truc d’alchimie est plus pratique que je ne le pensais. »
Il n’y avait aucune chance que Kurats puisse reproduire les effets de l’alchimie par la seule force physique.
{C’EST VRAI !}
Dès qu’il a entendu les mots de Kurats, Bernst cria triomphalement.
Tu m’as fait peur ! Ne crie pas dans ma tête.
{L’alchimie est vraiment le moyen le plus simple de montrer la force de la magie en dehors de la bataille !}
Ta notoriété est-elle si importante pour toi ? Pourquoi dois-tu en faire toute une histoire ? !
{Prends ça ! TES MUSCLES NE PEUVENT RIEN FAIRE FACE A LA MAGIE !}
On aurait dit que ce cri venait de l’âme même de Bernst.
« Kurats ! Peut-on déjà aller dans le bain ? »
Kurats sourit gentiment à Cornelia et aux autres filles, qui s’accrochaient à leurs vêtements de rechange et à leurs serviettes, attendant avec impatience qu’il finisse de construire les bains publics.
« S’il vous plaît, changez de vêtements dans le vestiaire de ce côté. Si vous voulez changer la température de l’eau, dites-le-moi. »
« Oui ! »
Bien que combattantes, Lunaria et Frigga étaient encore de jeunes filles en pleine maturité. Elles se sentiraient blessées si elles devaient rester en présence de l’homme qu’elles aimaient, avec des cheveux poussiéreux et une odeur de sueur.
« … Maître, regardes-tu ? »
Frigga exposa lentement le haut de son corps.
« Ne me mêle pas à tes singeries ! Idiote ! »
Lunaria vira au rouge cramoisi en tirant Frigga par le cou.
Il y avait un dicton : « Quand les femmes se réunissent dans une pièce, préparez-vous à ce qu’elle devienne bruyante. »
Kurats avait pensé que c’était peut-être ce que cela signifiait.
{C’est aussi une possibilité !}
Juste au moment où la conversation entre les trois femmes s’installait, Bernst recommença à crier.
Pourquoi cries-tu maintenant ?
{Hahaha... J’ai une idée qui fera comprendre à tout le monde la grandeur de la magie au premier coup d’œil ! Nous allons faire un rempart qui protégera ce village, et aussi les trois villages entourés par les monstres !}
Jusqu’à présent, la seule couverture dont disposait le village était une clôture qui le protégeait en partie. La construction d’un rempart qui pourrait physiquement bloquer toute invasion de monstres aurait un effet énorme.
Et bien que certains membres de la garde soient encore là, ils sont loin d’être assez nombreux pour protéger Bashtar.
{Il doit être suffisamment solide pour que même un ours aux yeux rouges ne puisse le franchir, et suffisamment haut pour empêcher de gros monstres comme les tortues de roche de passer par-dessus… Je dirais donc au moins environ cinq mètres de haut.}
Hé, attends, c’est beaucoup trop !
{Si tu peux construire un canal avec des muscles, pourquoi ne pourrais-tu pas construire un mur avec de la magie !?}
Bernst brûlait apparemment d’un sentiment de compétitivité après que Kurats ait achevé un canal d’eau de plus de 20 kilomètres de long en une journée.
Il ne savait pas comment la construction d’un rempart lui permettrait de se sentir mieux, car c’est toujours Kurats qui le ferait, mais cela ne semblait pas avoir d’importance…
{Regarde ! Voici le pouvoir de ma magie !}
Oui, oui. Alors, on fait comme d’habitude ?
À ce stade, Kurats se trompait beaucoup sur le sérieux et la passion de Bernst à ce sujet.
Des événements qui s’étaient déroulés lors de la bataille en Lapland jusqu’au creusement du canal d’eau, Bernst était arrivé à un point où il voulait pleurer à la seule pensée des muscles.
Mais ce qui avait semé ce germe d’insatisfaction encore plus profondément en lui, c’était le soutien que Kurats, ce cerveau rempli de muscle, recevait dans ce monde, en raison de la facilité avec laquelle il était possible de comprendre et de percevoir sa force.
L’état de sous-développement de la magie dans ce monde avait fait en sorte que personne n’avait vraiment pu comprendre la supériorité des techniques de Bernst.
Mais s’il s’agissait de barbares qui ne pouvaient pas saisir la grandeur de sa magie, alors il allait leur montrer quelque chose de très visuel. Quelque chose que même des barbares comme eux pouvaient comprendre.
{En mon nom, le nom du souverain de tout ce qui existe, je ferai plier les atomes à mes désirs !}
« Kurats Hans Almadianos te commande. Viens, rempart ! »
Très rapidement, un gigantesque rempart apparut.
Ce rempart de cinq mètres de haut s’étendait bien au-delà de l’horizon. Il comportait de nombreuses petites fenêtres pour permettre les attaques à l’arbalète, ainsi que des chemins de 1,5 mètre de large, reliés par des escaliers, pour que les soldats puissent se déplacer à l’intérieur. Il y avait même des portes de sortie.
Lorsqu’ils assistèrent à l’apparition soudaine de ce rempart grandiose, mais sinistre, les villageois tombèrent dans la panique. Cela n’excluait pas Gilbert et Lucas, qui se précipitent à la recherche de Kurats pour lui demander si ce n’était pas l’œuvre de monstres.
Cependant, Kurats n’était pas en état de s’en soucier pour le moment.
Il ressentait un grand malaise, comme si une main invisible était entrée directement dans son cerveau. Ce sentiment s’accompagnait d’une extrême léthargie, au point qu’il ne pouvait plus bouger un doigt lorsque sa conscience commençait à s’estomper.
C’était peut-être la première fois qu’il craignait vraiment la mort.
{Je m’excuse, j’ai peut-être oublié de remplir ta réserve magique.}
Comment as-tu pu l’oublier ? !
{Je me suis déjà excusé.}
Alter ego ou pas, Kurats n’avait ni le talent ni la capacité de pouvoir magique de Bernst. Ce sort avait consommé son pouvoir bien plus rapidement que prévu, au point que son stock de pouvoir magique avait été complètement vidé.
Une fois qu’il n’avait plus de magie, sa force monstrueuse avait été ciblée et lui avait été enlevée pour remplir son pouvoir magique.
Alors que les villageois se déplaçaient à gauche et à droite dans la panique, tout ce qui se trouvait dans les yeux des Kurats s’était effacé dans l’obscurité.
Il avait perdu connaissance.
Pendant ce temps, dans les bois, un monstre regardait le rempart qui était soudainement apparu.
« … Je dois en informer le maître Triestela. »
Les humains n’étaient que des proies, mais lorsqu’ils avaient ce genre de défenses magiques de leur côté, ils pouvaient être gênants à gérer.
S’ils étaient devenus vaniteux et pensaient qu’une chose de ce niveau suffisait pour obtenir la victoire contre les monstres, alors ils allaient devoir une fois de plus tirer la leçon d’il y a 70 ans.
Merci pour le chapitre.
Merci pour le travail.