Chapitre 48
« On dirait qu’ils sont arrivés les premiers. »
En regardant la colonne de lumière dans le ciel, Cabernard avait le pressentiment que ses plans avaient une fois de plus été déjoués.
C’était peut-être un simple phénomène naturel, comme une sorte d’aurore boréale, mais en tant que commandant militaire réaliste, Cabernard avait dû prévoir le pire.
Cela mis à part, comment l’ennemi était-il arrivé avant lui ?
Ils étaient peut-être plus proches de la ville dès le départ, mais l’armée de Cabernard avait commencé à marcher plusieurs jours à l’avance, il n’aurait pas été facile de les devancer.
« Oh, je vois, ils ont dû utiliser leurs griffons. »
C’était la conclusion à laquelle Cabernard était finalement parvenu. Étant donné la vitesse moyenne des soldats de Lapland, c’était la seule véritable explication logique.
Et si c’était vrai, cela signifierait que les seuls ennemis actuellement présents à Berglund étaient Frigga et les très rares élites qui pouvaient monter des griffons.
Peut-être que cet homme mystérieux serait là aussi.
Cabernard hésitait. Était-il censé continuer à marcher ou battre en retraite et mieux se préparer pour un assaut futur ?
Il avait apporté beaucoup de canons magiques et de balistes cette fois-ci.
Il pensait que même cet homme mystérieux ne pourrait probablement pas lutter contre de telles armes.
Cependant, s’il avait tort, cela signifiait qu’il allait mener le quatrième escadron vers une nouvelle défaite écrasante, ce qui pousserait très probablement certains des pays voisins à soutenir Lapland.
Bien que Cabernard soit un commandant militaire, il était aussi un diplomate, et il savait que de telles séquelles ne pouvaient être ignorées.
En outre, si la lumière qu’il voyait était vraiment une attaque magique, alors peut-être que Berglund n’était plus une base d’approvisionnement viable.
Les importantes forces armées d’Asgard étaient un lourd fardeau pour l’approvisionnement. S’ils ne reconstituaient pas leurs réserves à Berglund, ils finiraient par manquer de provisions.
Dans le pire des cas, les troupes pourraient finir par devoir se retirer complètement à cause de la soif et de la faim.
Après avoir pesé l’impact politique d’un hypothétique échec, ainsi que les différents aspects militaires de la situation, Cabernard décida de se retirer.
« Votre Excellence ! Il y a un cavalier griffon qui s’approche depuis Berglund ! »
« Préparez les balistes ! Préparez-vous à intercepter l’ennemi ! »
Il semblerait que l’ennemi ne souhaitait pas le laisser se retirer pacifiquement, mais l’armée du quatrième escadron n’était pas si facile à gérer.
Tandis qu’il fixait le griffon qui semblait glisser dans le ciel, Cabernard avait souri férocement.
Il suffit de les menacer un peu et ils se retireront.
Si le commandant d’Asgard n’était pas incompétent, il aurait dû comprendre que l’occupation de Berglund n’en valait pas la peine.
Il ne pouvait plus compter sur les provisions et les fournitures qu’il s’attendait à recevoir du comte.
Même s’il décidait de ne soutenir son armée qu’en pillant les ressources des habitants de la ville, cela limiterait certainement la portée de l’action de son escadron en Lapland à partir de maintenant.
Toutefois, ce choix placerait également Lapland dans une situation troublante.
Après leur victoire à Crowdagen, ce que Lapland voulait le plus maintenant, c’était de créer coûte que coûte une série de victoires contre l’armée d’Asgard.
Malgré leur victoire dans la bataille de Crowdagen, leurs pertes écrasantes dans la bataille qui l’avait précédée leur donnaient encore l’impression d’être désavantagés.
Pour obtenir le soutien des pays voisins, ils avaient besoin d’une réalisation qui ferait croire à leurs alliés que « Lapland a encore gagné, le cours de cette guerre a changé ». Mais perdre Berglund aurait l’effet contraire.
Compte tenu de tout cela, Bernst pouvait deviner que le commandant de l’armée d’Asgard hésitait actuellement entre ses deux options. Il pouvait soit choisir d’assumer la tâche difficile d’occuper Berglund, avec la détermination de subir quelques pertes, soit attendre une meilleure occasion et limiter ses pertes au minimum.
« Attends, dis-tu qu’il faut les provoquer pour qu’ils ne contre-attaquent pas ? Ça ne devrait-il pas être le contraire ? »
{Si leur commandant pense que notre but est d’épuiser ses troupes, il se retirera. N’importe quel bon commandant le ferait. Comment ne comprends-tu pas ça ? Espèce d’abruti !}
Voyant que Kurats était plus ignorant que jamais en matière de tactique psychologique, Bernst s’était senti mal à la tête.
Certes, c’était précisément la raison pour laquelle Kurats était si facile à manipuler pour lui, mais quelque part, dans un coin de son cœur, Bernst se sentait toujours impuissant face à ce point faible.
{Ne baisse pas ta garde, ils attaquent !}
« Oh merde ! »
Les énormes balistes de l’armée d’Asgard avaient toutes visé le griffon. Elles se mirent à tirer simultanément.
Plutôt que d’utiliser des cordes d’arc traditionnelles, chacun de ces coups était alimenté par l’explosion de gemmes magiques.
Les balistes avaient été créées pour détruire des remparts massifs, elles étaient beaucoup trop puissantes pour être utilisées contre de simples humains.
Bien que Kurats ne mourait pas de ces attaques, un seul coup serait suffisant pour tuer Frigga et son griffon.
Mais avant qu’ils ne puissent être touchés, Kurats avait à peine réussi à changer la trajectoire des tirs en érigeant une barrière défensive régulière.
« Désolé, Kurats. Tu m’as sauvé la vie. »
« Non, c’est moi qui devrais m’excuser de t’avoir fait venir dans un endroit si dangereux. »
Pendant que Kurats et Frigga avaient cette conversation, on leur avait de nouveau tiré dessus, mais cette fois-ci, par des projectiles d’énergie magique.
Dans cette situation, le manque de talents de Kurats en matière de magie était apparu directement à la surface.
Le fait qu’il ne pouvait pas segmenter ses pensées pour contrôler plusieurs sorts à la fois signifiait également qu’il ne pouvait pas utiliser un sort défensif régulier et un sort défensif anti-magique en même temps.
De plus, il ne pouvait lancer aucun sort d’attaque pendant qu’il se défendait.
{Je lui ai dit que ça arriverait !} À ce moment précis, Bernst n’était pas du tout satisfait.
Si se battre contre ce genre d’ennemis était déjà difficile pour Kurats, il pouvait très bien imaginer ce qui se passerait quand un adversaire réellement fort apparaîtra.
« Kurats, laisse-moi la défense. Shellac et moi n’aurons aucun mal à éviter des attaques de ce niveau. »
Frigga souriait. Elle avait vraiment une grande confiance en soi.
Elle était comme une grande fleur qui illuminait tout le champ de bataille.
Elle avait le courage de ces guerriers qui ne craignaient pas la mort et qui n’avaient pas peur de perdre la vie au combat.
Curieusement, c’était quand elle était au milieu d’une bataille que sa beauté brillait le plus.
Kurats déglutit nerveusement devant cette beauté extraordinaire.
« D’accord, je te laisse faire. »
Embarrassé, il avait à peine réussi à dire ces mots avant de détourner le regard.
« Maintenant, quel sort puis-je utiliser ? »
{Le soleil altaïque engloutira la princesse, alors n’y pense même pas. Contrairement au monstre bestial que tu es, c’est un être humain normal.}
Seul quelqu’un comme Kurats ne souffrirait d’aucune conséquence autre que d’obtenir une coupe afro après avoir été avalé par un sort comme le soleil altaïque.
Si c’était un être humain normal, son corps aurait été brûlé vif. L’explosion en lui-même était suffisante pour lui couper les membres et les faire voler.
{Je sais, tu n’as pas besoin de me le dire !}
En combattant une armée de cette envergure, les seuls types de magie que Kurats avait dans son arsenal étaient des sorts comme « la lance du tonnerre de Teinan » qu’il avait utilisés plus tôt et « le mur de Malaga ».
En raison de son manque de contrôle sur ses pouvoirs, il ne pouvait pas encore utiliser d’autres sorts similaires.
{Si tout ce dont j’ai besoin est quelque chose de puissant, alors la lance à tonnerre de Teinan marcherait, mais…}
{Quelque chose ne va pas avec ce sort ?}
{Pour être honnête, j’ai mis trop de puissance dans le coup précédent, je ne pense pas pouvoir l’utiliser une seconde fois…}
{Huuuuh ?!! Tu ne pouvais pas mesurer la consommation de ta magie pour un sort aussi faible ? Espèce d’amateur !}
À la place de Kurats, Bernst aurait pu réduire de plus de moitié l’utilisation de ses pouvoirs magiques.
Il n’avait jamais imaginé que Kurats gaspillerait autant d’énergie.
{On ne peut rien y faire. Essaye alors d’utiliser le « mur de Malaga », nous verrons comment ça se passe. Et ne gâche pas inutilement ta magie !}
{Ouais, ouais.}
Comme on pourrait s’y attendre d’un sort jeté par le roi magique, même quelqu’un avec une réserve anormale de pouvoirs magiques comme Kurats ne pouvait pas l’utiliser sans frais.
{Comme je le pensais, attaquer avec des pierres aurait été bien mieux.}
« Aux éléments naturels qui habitent cette terre, répondez à l’appel de Kurats Hans Almadianos ! »
Cabernard avait pu sentir l’énorme quantité de pouvoir magique qui s’était rassemblée autour de Kurats lorsqu’il commença son incantation.
« Quelque chose de gros arrive ! Érigez une barrière anti-magie, vite ! »
« Le symbole anti-magie a été activé ! La formation défensive magique a été déployée ! La barrière est maintenant levée ! »
Kurats pouvait dire d’un seul regard que l’ennemi préparait des contre-mesures.
Sa magie était certainement inégalée, mais il valait la peine de mentionner qu’il essayait actuellement de limiter les dommages au minimum, ce qui rendait difficile de prédire le résultat.
Sur la base d’un protocole qu’elles avaient établi au préalable, les forces d’Asgard avaient préparé leurs défenses en mettant en place un emblème anti-magie et un symbole magique spéciales.
Malgré la supériorité écrasante de son armée, Cabernard avait encore soigneusement préparé ces contre-mesures.
Ce n’était pas pour rien qu’il avait gagné la confiance de l’empereur en tant que commandant d’escadron.
« Retiens mes ennemis dans une prison sans fin. Qu’ils s’endorment dans un mur de glace éternelle qui peut même geler l’acier du mur de Malaga. »
Un haut mur de glace s’éleva du sol, entourant les forces d’Asgard et avançant comme une vague qui était sur le point de les engloutir toutes.
Cependant, au tout dernier moment, cette glace qui pouvait geler instantanément quiconque la touchait était retenue par le bouclier anti-magie des unités de mages du quatrième escadron.
{C’est mauvais !}
À ce moment-là, Kurats sentit ses instincts bestiaux l’alerter.
Les unités de mages d’Asgards et Kurats s’attaquaient et se bloquaient mutuellement, comme s’ils jouaient au tennis de table.
Mais il sentait qu’il pourrait être capable d’écraser leurs défenses s’il jetait un autre sort tout de suite, et y mettait tout son pouvoir magique restant.
Malgré cela, il n’avait pas hésité une seconde à suivre son instinct.
« Frigga, emmène-nous plus haut ! »
« Compris ! »
Mais juste au moment où lui et Frigga étaient sur le point de prendre de l’altitude, une lame était venue de derrière eux comme un tourbillon.
Tout s’était passé en un éclair.
L’attaque venait d’un chevalier solitaire en armure blanche qui était apparu de nulle part, et il était sur le point de trancher la tête de Kurats.
Merci pour la bataille 🙂