Chapitre 33
Une femme seule s’agenouilla devant un homme assis sur un trône.
Sa tenue vestimentaire ressemblait à celle d’une prostituée. C’était une robe sensuelle qui couvrait à peine sa peau et ses seins scintillants. L’homme la regardait avec intérêt.
« Permettez-moi d’exprimer ma joie et ma gratitude à Sa Majesté, le sage et grand empereur, pour l’exceptionnelle bienveillance dont il a fait preuve envers une femme aussi modeste que moi. »
Ses longs cheveux blonds et attachés témoignaient clairement de la noble lignée dont elle était issue. Et contrairement à ce qu’elle disait, la femme avait une expression raide sur son visage, déformée par l’humiliation.
« Je suis un homme magnanime. En récompense de ce que tu viens de dire, tu as le droit de lécher mes chaussures. »
L’homme fit un sourire joyeux, tout en regardant la femme belle à en couper le souffle, dont le visage se raidissait encore plus.
Il s’appelait Heimdall Tilfin Asgard.
Il avait des cheveux blonds sophistiqués et des yeux verts pleins d’arrogance. Cela lui donnait un tel sentiment d’intimidation qu’il donnait l’impression de pouvoir tuer une personne d’un seul regard.
Il était l’empereur de l’empire Asgard, qui se vantait de posséder la plus grande puissance militaire parmi les cinq puissances du continent.
Et il était encore dans la force de l’âge, il avait la trentaine.
Depuis son intronisation, il avait déjà détruit deux petits pays, et même maintenant, il avait poussé un royaume au bord de l’extinction.
Les gens l’appelaient à la fois le souverain avide et le souverain suprême des temps troublés.
Mais son passe-temps favori, et de loin, était de capturer les princesses et de les humilier.
« Qu’est-ce que tu attends ? Ce n’est pas grave si tu ne veux pas le faire. »
« Il n’y a aucune chance que ce soit le cas. C’est avec plaisir que je le fais. »
La femme s’accroupit de façon décisive aux pieds de Heimdall.
C’était une princesse du duché de Maclean, qui avait été récemment détruit.
Comme il s’agissait d’un petit pays, il avait été détruit en trois jours seulement. Et après la destruction du duché, l’archiduc, qui était le père de la femme, fut décapité et exposé publiquement.
Le fait qu’elle doive maintenant servir l’ennemi de son père était une humiliation pire que la mort.
Cependant, utiliser la mort pour s’échapper n’était pas une option pour la princesse.
« Tu es vraiment pitoyable. Tu es si proche de moi que tu peux me toucher, et pourtant tu es si loin de pouvoir prendre ta revanche. »
Heimdall se moquait de la femme, comme s’il voyait à travers son esprit.
Chaque parole et chaque acte de la femme pouvait décider de la destinée des citoyens et des soldats de son ancienne nation.
À l’époque où elle venait de devenir captive, elle avait laissé ses émotions faire leur chemin, elle avait désobéi à Heimdall. En retour, il détruisit une ville entière de sa nation et la fit regarder pendant qu’il tuait toutes les femmes et tous les enfants.
Par conséquent, peu importe à quel point elle se sentait déshonorée, elle avait abandonné son corps et son esprit, car c’était le seul moyen de protéger sa nation.
La princesse avait commencé à lécher les chaussures d’Heimdall d’une manière maladroite.
Les sons aqueux de sa langue avaient donné à la pièce une atmosphère obscène.
{Pas mal, mais ça devient un peu ennuyeux.}
Ce que Heimdall aimait, c’était que les femmes de haut rang lui cédaient du terrain pour qu’il puisse les piétiner jusqu’à ce qu’elles deviennent ses servantes.
Cependant, une fois le processus de soumission terminé, et bien qu’il en ait tiré une certaine excitation, la partie qu’il avait vraiment appréciée était la résistance qui l’avait précédé.
{Je suppose qu’il est temps de casser une autre fleur.}
Heimdall avait commencé à réfléchir au nom de la nouvelle beauté qui se soumettrait devant lui.
« Je suis désolé de vous interrompre pendant votre temps libre. », dit un homme grand et élancé, tout en s’inclinant respectueusement à la taille.
Il avait de longs cheveux qui s’étendaient jusqu’aux hanches et semblait avoir près de quarante ans.
Il était très beau, à tel point qu’il ferait probablement tourner les têtes de 100 % des femmes qui passaient à côté de lui. Sa beauté et son apparence pure lui avaient valu l’alias de la Lune des Asgards.
Son vrai titre, cependant, était Mathias d’ Elvasti, Premier ministre de l’empire Asgard.
Contrairement à la douceur qu’il montrait à la surface, Mathias était un intrigant, et beaucoup fronçaient les sourcils face à ses tactiques impitoyables et rusées.
Il était aussi le confident d’Heimdall et l’un des seuls à avoir la confiance totale de l’empereur.
« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu veux te joindre à nous ? »
« Je m’excuse, j’ai déjà ma tendre épouse dans mon cœur. »
Outre son côté intrigant, Mathias était également connu pour être un mari dévoué.
Le charmant couple qu’il formait avec sa femme était une source d’envie même en dehors de l’empire.
« Alors, qu’y a-t-il de si important que tu aies dû venir personnellement m’informer ? »
« Selon un rapport d’un subordonné, la seconde princesse du royaume de Jormungand, Lunaria, s’est complètement rétablie et s’est remise sur pied pour la première fois en six mois. »
Bien qu’il avait entendu parler de la guérison de Lunaria, qui était une ennemie, Heimdall avait un sourire radieux sur son visage.
« C’est dommage. »
Sachant trop bien que l’empereur n’avait pas pensé une seconde que c’était une mauvaise chose, Mathias avait poursuivi son rapport.
« De plus, il semblerait que nos assassins aient été exposés au roi. Je ne crois pas qu’ils aient compris notre implication, mais un changement de stratégie est nécessaire. »
« Ne t’inquiète pas, je n’ai jamais beaucoup aimé ce plan de toute façon. »
L’empire Asgard était naturellement au courant de la querelle domestique qui prenait place dans le royaume de Jormungand pour la succession au trône.
Pour en profiter, l’empereur s’était rapproché d’Albert, l’époux de la première princesse du royaume.
Considérant les aspirations cachées d’Albert, Mathias pensait que se débarrasser de Lunaria serait également bénéfique pour l’empire Asgard.
« Je sais que Votre Majesté est favorable à la princesse Lunaria, mais cela ne doit pas l’emporter sur notre stratégie nationale. »
« J’en suis bien conscient. C’est pour ça que je ne me suis pas opposé au plan. »
Lunaria était connue pour être une chevalière exceptionnelle avec des compétences de première classe. Elle correspondait en effet parfaitement au goût de Heimdall.
Il avait un grand désir de la transformer en jouet, tout comme la femme qui léchait ses chaussures tout à l’heure.
« Même ainsi, cet Albert s’est-il avéré inutile ? C’est inattendu. »
Bien qu’Heimdall n’avait pas une opinion particulièrement élevée d’Albert, il ne pensait pas qu’il était incompétent.
Si l’empire parvenait à conquérir le royaume de Jormungand, Heimdall envisageait de laisser Albert se faire appeler le roi du royaume, il lui donnerait un tiers du territoire.
« Ce qui m’inquiète, c’est autre chose. »
« Oho… Quelque chose t’inquiète ? »
Heimdall ricanait comme si son intérêt avait été piqué.
Chaque fois que son intrigant de Premier ministre s’inquiétait de quelque chose, cela ne signifiait souvent rien de bon.
Cependant, bien que ces inquiétudes précédaient généralement l’ajout d’un fardeau inutile sur l’empire, Heimdall avait la mauvaise habitude de profiter de ce genre de situation.
« La personne qui a guéri la maladie de la princesse est un sage sans nom d’une région éloignée du royaume. »
« C’est un mage ? »
« Non, ou du moins, il n’a pas reçu l’entraînement standard des mages. Cependant, la rumeur dit qu’il utilise un autre système de magie que le système Magus Arturius. »
« On dirait qu’un autre type incroyable est apparu de nulle part ! »
Si les rumeurs étaient vraies, alors cet homme devait être un génie. C’était le genre de personne que l’empire Asgard voudrait obtenir à tout prix.
Après tout, ses puissantes troupes de magiciens étaient la principale raison pour laquelle l’empire Asgard avait la plus grande puissance militaire de tout le continent.
« Son nom est Kurats Hans Almadianos de Gaura. Considérant que Christopher lui a tout de suite accordé une baronnie, je ne peux nier la possibilité que les rumeurs soient vraies. »
« Une baronnie, dis-tu... ? Ça ne me dérangerait pas de lui donner le rang de comte si ça pouvait l’attirer dans l’empire. »
Bien qu’il l’ait dit, Heimdall ressentait encore une certaine admiration à l’égard de la décision de Christopher.
Dans les pays qui avaient une histoire ancienne, comme les cinq grands pays du continent, il fallait faire preuve d’une grande fermeté pour pouvoir transformer un roturier en noble.
Normalement, il aurait été fait au mieux chevalier.
« Apparemment, la princesse Lunaria l’apprécie beaucoup, cela pourrait donc être difficile de le convaincre. »
« C’est dommage. »
Même s’il était en effet impossible d’attirer les Kurats dans l’empire, Heimdall voulait seulement qu’il lui enseigne son système magique.
Se basant uniquement sur son intuition, Heimdall n’avait personnellement pas douté de la véracité des rumeurs concernant ce système magique qui n’avait pas encore été reconnu.
C’était pour cette raison qu’il pensait aussi que cet homme serait terriblement difficile à affronter s’il devenait un jour un ennemi.
« Cependant, il y a plus. C’est aussi ce même homme qui a découvert la tentative d’assassinat et qui l’a mis à jour. »
« Depuis quand les mages de ce pays agissent-ils comme des espions ? »
Cela s’était avéré plus gênant que prévu.
Enfin, la lueur ludique et paisible présente dans les yeux de Heimdall disparut.
Peu importe la puissance d’un mage, il y avait une limite claire à ce qu’une seule personne pouvait faire.
Cependant, si l’homme était capable de combiner son pouvoir avec une connaissance de la collecte de renseignements et de la politique, l’empereur ne pouvait absolument pas se moquer de lui.
« Utilise tout ce qui est en ton pouvoir pour enquêter sur lui. Je veux même connaître chaque détail insignifiant. Sa famille, ses amis, ses passe-temps, ses goûts, tout. »
« Je m’en occuperai. »
De toute façon, Mathias avait déjà prévu d’enquêter sur Kurats, sans que Heimdall eût à lui en parler en premier.
Et s’il pouvait trouver une opportunité, il allait prendre la vie de Kurats.
Kurats était un joker qui pouvait prendre n’importe quelle forme à l’avenir, ce qui en faisait un ennemi naturel pour un tacticien comme Mathias.
« Mettons ça de côté, Votre Majesté... »
Mathias avait changé de sujet.
« Quoi ? Il y a autre chose ? »
« Veuillez demander en mariage la seconde princesse Lunaria, maintenant qu’elle est guérie. »
Heimdall grimaçait, comme s’il buvait le sédiment amer d’un vin antique.
« Dois-je aller aussi loin ? »
« Si ça se passe bien, on pourrait obtenir Jormungand sans aucun effort. »
Bien qu’il savait qu’Heimdall n’aimerait pas cela, Mathias parlait franchement, comme si l’opinion de l’empereur ne le concernait pas.
Si Lunaria devait se marier dans l’empire Asgard, le prochain héritier du trône serait automatiquement la première princesse, Felbell.
Après cela, il ne restait plus qu’à faire démanteler lentement le royaume par Albert, puis à l’envahir au nom de Lunaria.
Bref, la seule chose qu’Heimdall aurait à faire serait d’obtenir du royaume de Jormungand son accord pour un mariage entre lui et Lunaria, et tout serait mis en place.
Pour le royaume, le mariage serait l’occasion d’élargir son influence dans les relations diplomatiques au sein de la sphère des grandes puissances du continent. Ce serait aussi une occasion irrésistible pour tous les aristocrates qui soutenaient Felbell.
Bien qu’Heimdall avait voulu se plaindre et qu’il voulait rejeter cette façon peu excitante d’obtenir Lunaria, il n’arrivait pas à trouver une seule raison rationnelle pour aller contre la proposition de Mathias.
« Peu importe. »
Heimdall n’était pas un dirigeant insensé qui pouvait négliger une question d’importance nationale au nom de ses passe-temps.
Pourtant, Heimdall ne pouvait pas effacer son mécontentement puisque ce plan allait entraver son hobby.
Voyant la réaction enfantine de son supérieur, Mathias continua à parler comme s’il venait de se rappeler de quelque chose.
« À bien y penser, je n’ai pas encore mentionné le fait que la quatrième troupe, dirigée par Sire Cabernard, a remporté la victoire dans la bataille à la frontière de Lepland. Cependant, je crains de dire qu’il n’a pas amené la “Blanche-Neige Valkyrie” que vous souhaitiez ardemment posséder. »
La Laponie était un petit pays au nord-ouest d’Asgard.
Bien que leur territoire soit petit, il était réputé pour avoir une armée puissante. Cette renommée s’appliquait surtout à la petite sœur du roi, Frigga Lapland, également appelée la Blanche-Neige Valkyrie, dont le nom était connu même dans les pays voisins en raison de son talent inné comme commandante de cavalerie.
La simple mention de l’alias de Frigga avait fait apparaître un large sourire sur le visage d’Heimdall.
Frigga était une proie assez charmante pour remplacer Lunaria.
Cependant, conscient qu’il réagissait exactement comme Mathias s’y attendait, Heimdall rétrécit les yeux.
« ... Dis juste à Cabernard de faire attention à ne pas la tuer. »
« Comme vous le voulez. »
Merci pour le chapitre.
Il s’agit bien du début du tome 2 comme indiqué dans le titre ? La, c’est marqué chap. 33 tome 1.
Je signale que le pays Lepland est nommé Laponie en fin de chapitre.
C’est que le tome finissait au départ à 34, mais cela a été changé, mais pas partout.
Je vais corrigé cela.