Chapitre 124 : Arrivé à la capitale du royaume des Dix Épées
Table des matières
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Chapitre 124 : Arrivé à la capitale du royaume des Dix Épées
Partie 1
***Point de vue de Seryanna***
Au départ, nous pensions que les Larmes de joie de la reine des elfes étaient un objet réel ou peut-être une sorte de potion que seule l’impératrice d’Anui’Yahna savait préparer. Nous avions tort...
Après que l’impératrice eut accepté de signer le contrat d’échange ainsi que le projet de traité qui exigeait que certaines lois soient modifiées, la princesse Elleyzabelle lui donna la Potion de brise nocturne d’un million de morts. En voyant son effet, celle qui fondit en larmes était en fait la princesse Ser’Ezire. Tombant à genoux, elle avait été submergée de joie alors qu'elle pleurait en sachant que sa mère était enfin libérée de la terrible maladie qui lui avait presque coûté la vie.
À ce moment-là, celui qui avait recueilli ces larmes était le premier prince Xardun Overtur. Les gouttes de cristal étaient tombées dans un flacon transparent et, une fois suffisamment rempli, un bouchon avait été utilisé pour le sceller. Ensuite, le flacon avait été remis à la princesse Elleyzabelle.
Il s'agissait des Larmes de joie de la reine des elfes... Apparemment, peu importe que ce soit la mère ou la fille, quiconque appartenant à la lignée originelle d’Anui'Yahna pouvait verser ce type de larmes. Notre seule inquiétude était qu’il ne s’agissait peut-être que d’une mauvaise interprétation du nom, cependant, afin de nous rassurer que ce n’était pas le cas, après avoir consommé la potion et finalement guérie, l’impératrice avait également versé des larmes de joie, assez pour remplir une deuxième bouteille. Le seul qui pouvait l’identifier correctement, cependant, était Alkelios, donc jusque-là, nous devions leur faire confiance.
Un mensonge de cette ampleur aurait brisé nos liens politiques déjà fragiles. C’était quelque chose qu’aucune des parties ne souhaitait, alors au moins, nous étions certains qu’ils prendraient toutes les mesures nécessaires pour empêcher que quelque chose de ce genre se produise.
Maintenant, nous avions acquis certains des ingrédients les plus difficiles de notre liste. Il y en avait beaucoup d’autres qui manquaient également, mais nous n’avions aucune idée pour le moment comment nous allions les obtenir. Le jus d’orange, en particulier, était un si grand mystère que nous ne savions pas comment le produire ni où le trouver.
Avec la récupération de l’impératrice Eld’Wanna Anui’Yahna, notre accueil au palais avait changé en s'améliorant. Les lois que la princesse Elleyzabelle proposait d’ajouter ou de modifier pour s’adapter au traité avaient été officialisées et mises en œuvre dans les jours suivants. Cela avait ouvert la voie à la signature d’un traité officiel entre nos deux nations. Avec l’Empire Anui'Yahna était venu le Royaume de Ledmerra, et tous deux avaient rejoint notre Alliance.
Nous étions restés sur le continent des elfes pendant deux semaines supplémentaires jusqu’à ce que les procédures finales soient terminées, puis nous étions partis de Ledmerra. L’Impératrice avait envoyé une escorte impressionnante pour nous conduire au port, où nous avions retrouvé le capitaine Matthew. Nous avions mis les voiles le même jour et notre voyage de retour vers le continent des Dragons avait été paisible.
Aujourd’hui, deux ans plus tard, ces traités commerciaux étaient devenus l’épine dorsale de notre Alliance et celle-ci commençait à peine à s’accélérer à partir de maintenant. De plus en plus d’aventuriers des continents Nain, Relliars et Elfe étaient arrivés à Albeyater dans l’espoir d’explorer le continent des Dragons et de devenir plus forts en chassant les monstres ici. Les importations et les exportations étaient également en plein essor, entraînant une croissance globale de la puissance économique et militaire de toutes nos nations.
Pendant ce temps, les marines humaines étaient moins agressives qu’avant, probablement en raison de la tourmente interne provoquée par les héros humains. Ils n’avaient pas le temps d’aller à la recherche de navires de commerce ou de se battre avec nos convois.
C’était un changement bienvenu, car il nous avait donné plus de temps pour renforcer nos propres flottes, pour construire plus de navires, former de meilleurs marins et embaucher des escortes plus fortes. Dans un an à peine, le continent humain deviendrait isolé du reste du monde grâce à notre marine alliée.
Ceux qui étaient conscients de notre force étaient également conscients du fait que se battre contre nous n’était probablement pas le choix le plus sage qu’ils pouvaient faire pour le moment. C’était aussi l’une des raisons pour lesquelles le prince Voydarum du Vent avait pris les mots de ce traité potentiel et de cette alliance avec nous aussi au sérieux que possible. Après tout, s’ils nous rejoignaient, cela signifierait également un libre accès pour leurs flottes commerciales à quatre autres continents. Le potentiel commercial était illimité s’ils savaient négocier.
Il avait fallu deux jours pour terminer le projet de traité avec le royaume Majin, que le prince Voydarum du vent avait signé au nom de son père. Il avait l’autorité et le pouvoir de le faire. Avec cela, nous avions également reçu un laissez-passer gratuit pour le port de Mondarc et j’étais donc un peu plus près de retrouver Alkelios.
Alors que notre navire partait pour le port, deux navires appartenant au Prince nous avaient rejoints comme escorte officielle. Cela avait gardé la marine du royaume des dix épées à l’aise jusqu’à ce que nous jetions l’ancre dans le port.
« Paix ou pas de paix, nous ne pouvons pas encore vous permettre de marcher sur notre bonne terre ! » avait déclaré le chef de la ville de cet endroit après s’être précipité sur notre jetée pour nous saluer.
« Dans ce cas, que devons-nous faire pour mettre le pied sur votre terre ? » Demanda Elleyzabelle avec un sourire.
« Écrivez une demande officielle à Sa Majesté le roi des dix épées, puis, s’il accepte, nous vous laisserons entrer en tant que représentants diplomatiques de votre nation ! » déclara-t-il en essuyant la sueur de son front.
Les deux gardes avec lesquels il était arrivé tremblaient tous dans leurs bottes. Je suppose qu’ils ne s’attendaient pas à ce que de vrais dragons arrivent dans leur port.
« Très bien, c’est exactement ce que nous ferons. Mais... dites à vos troupes de rester à l’écart de mon peuple. Si vous nous attaquez pour une raison quelconque, nous n’aurons aucun scrupule à libérer toute notre puissance contre vous. » Elle l’avertit avec un sourire.
« B-bien sûr ! N-Nous allons... Je veillerai à ce qu’une telle impolitesse ne se produise pas ! » il déclara aussitôt « Au fait, je dois vous féliciter pour le bon accent du langage du royaume que vous avez là, mademoiselle ! » ajouta-t-il avec un sourire.
« Merci, comparer au langage Nain ou Elfe, celui-ci était facile. » Répondit-elle avec un sourire.
Je ne savais pas ce qu’ils disaient, mais le capitaine Matthew avait eu la gentillesse de traduire pour nous. Tanarotte, de son côté, avait du mal à saisir les mots. Grâce à ses capacités, elle avait rempli divers rôles : d’espionne à bonne en passant par l’appât sur une ligne de pêche, mais personne ne contestait sa valeur sur ce navire.
« Capitaine, ils n’ont pas d’armes antiaériennes, n’est-ce pas ? » avais-je demandé en regardant les défenses du port.
« Ils ont quelques balistes, mais il serait presque impossible de vous abattre avec ces choses... Pourquoi ? Attendez... vous ne pensez pas simplement à faire voler ce bateau, n’est-ce pas ? » demanda-t-il en me regardant avec de grands yeux.
« J’y pensais… » répondis-je.
Elleyzabelle, qui n’était qu’à deux pas de nous, m’avait entendue et avait immédiatement ordonné : « N’ose même pas ! Attends sur ce bateau jusqu’à ce que je te dise le contraire ! »
J’avais laissé échapper un grognement puis j’avais regardé le ciel.
En ce moment... je suis si proche de toi... et pourtant si loin, avais-je pensé.
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Partie 2
***Point de vue d’Alkelios***
La capitale des dix épées étendait sa majestuosité devant nous, mais plutôt que de me sentir impressionné, je me sentais repoussé.
Sur les murs, suspendus par le cou, se trouvaient d’innombrables cadavres humains, presque comme si une exécution massive venait de se produire ou qu’un ennemi prenait le contrôle de la capitale et affichait les anciens dirigeants pour démoraliser ses habitants. C’était déplaisant, mais parmi eux, il y en avait quelques-uns qu’Ildea reconnut au premier coup d’œil.
« Ce sont les femmes de chambre de ma mère… et c’est… le cuisinier, le jardinier… Que leur est-il arrivé ? Pourquoi ces bons hommes et ces femmes… ? Ils… S’il vous plaît, dieux, ne laissez pas ma mère être parmi eux ! » cria-t-elle en déplaçant son regard sur tous les corps accrochés aux murs.
Nous avions attendu patiemment qu’elle ait fini et nous l’avions vue laisser échapper un soupir de soulagement.
« Elle n’est pas là, n’est-ce pas ? » demanda Drumora en posant sa main sur son épaule.
« Non… Merci aux dieux. » Répondit-elle avec un faible sourire, mais des larmes de tristesse coulaient encore sur ses joues. « Pourtant, pourquoi ont-ils été pendus comme des traîtres ? Une mort si honteuse… à quoi pensait mon père ? » Demanda-t-elle.
« Probablement pas quelque chose de sain d’esprit. » Dis-je en haussant les épaules et en regardant autour de moi. Il y avait des voyageurs qui regardaient notre groupe par curiosité « Nous devrions bouger, nous nous démarquons trop, » avais-je fait remarquer.
« Ouais, les capes noires à capuchon qui couvrent tout le corps et les masques pour couvrir les visages ne ressortent pas du tout… » commenta Kalderan, tellement optimiste.
« Eh bien, c’est mieux que d’entrer dans la ville et de découvrir que nous sommes des hommes recherchés. » Coshun intervint en se retournant vers des aventuriers qui se chuchotaient en regardant notre chemin.
« Ugh… Tamara n’aime pas les capes étouffantes ! » grogna le Nekatar, mais elle garda sa capuche baissée.
« C’est mieux que ce que nous avions en fuyant Akutan. » Amadeus avait en quelque sorte fait son compliment.
« C’est vrai, elles sont meilleures que des capes ordinaires, les autres sont probablement juste envieux de notre équipement. Nous devrions bouger. Si nous réussissons à franchir les portes, nous serons en sécurité, » déclara Risha en les désignant.
Pour un déguisement de dernière minute, je devais admettre que j’avais assez bien fait. Il n’y avait pas non plus beaucoup de matériel sous la main, mais les masques étaient enchantés par un peu de ma magie qui aidait à réduire la perception quand ils nous regardaient. Seul quelqu’un avec des statistiques relativement élevées pourrait percer cette petite illusion.
La raison pour laquelle je m’étais soudainement arrêté pour faire ces déguisements était que j’avais remarqué avant tout le monde ici le spectacle horrible qui devait nous accueillir dans cette ville. Cela signifiait que quelque chose de désagréable venait de se passer à l’intérieur de la capitale, même si je ne pensais même pas une seule seconde que toutes ces personnes étaient des personnes proches de la reine. Si Ildea ne l’avait pas mentionné, je ne l’aurais peut-être jamais su.
Grâce au fait qu’un tournoi allait bientôt être organisé, les gardes s’attendaient à voir beaucoup d’individus étranges essayer d’entrer. Même avec notre étrange tenue, nous pouvions nous fondre avec d’autres candidats et déclarer que « en raison de notre croyance religieuse, nous considérons enlever nos masques comme une offense envers les dieux » ou quelque chose comme ça. Si les masques échouaient, Kalderan prévoyait de se démasquer et de montrer sa carte d’identification de la guilde des aventuriers.
Celles que nous ne voulions pas qu’ils vérifient à tout prix étaient Ildea, Amadeus, Drumora et Coshun. Alors que je pouvais provoquer l’excuse d’un esclave avec Coshun, les trois autres étaient un peu difficiles à présenter comme des gens normaux, après tout, une fois qu’ils auraient lavé la saleté et la crasse de leur visage, leur beauté naturelle serait révélée, et c’était assez puissant pour hypnotiser la plupart des gens.
Ainsi, nous avions fait la queue et avions attendu notre tour pour entrer dans la ville. Kalderan avait parlé pour nous, pendant ce temps j’avais prié pour avoir de la chance.
Mes souhaits avaient été exaucés et nous avions été autorisés à entrer dans la ville sans trop d’histoires. Ils n’avaient même pas pris la peine de nous demander d’enlever nos masques. Une fois que nous avions mentionné que c’était pour une raison religieuse, ils avaient conclu d’eux-mêmes que nous faisions partie d’un culte reclus.
Au début, je pensais que c’était parce que nous avions de la chance, mais apparemment, le garde était juste corrompu. Ils avaient demandé une pièce d’or pour détourner le regard. Bien sûr, nous avions payé. Puis, quand j’avais regardé en arrière, j’avais vu qu’ils faisaient de même avec d’autres groupes suspects.
« La sécurité dans cet endroit est ridicule… » avais-je fait remarquer.
« C’est une bonne chose aussi… regardez. » Kalderan désigna le mur.
Quand j’avais regardé là-bas, j’avais vu les affiches de personnes recherchées. Ils demandaient la capture morte ou vivante de l’ancienne princesse Ildeanussi Vermida Kor. Le portrait était très bien fait, ce qui rendait difficile de la confondre avec quelqu’un d’autre.
« C’est… ridicule… » dit Coshun.
« Morte ou vivante… pour sa propre fille. » Risha eut le souffle coupé, mais la personne en question, Ildea, resta silencieuse.
En marchant vers l’affiche, je l’avais ramassée et l’avais regardée attentivement.
« Est-ce que 10 000 pièces d’or sont beaucoup ou pas assez ? » Avais-je demandé en regardant Kalderan.
« C’est considéré comme une fortune pour tout le monde… même les nobles. »
« Alors… c’est… vraiment ridicule. » J’avais hoché la tête, puis j’avais émietté l’affiche avant de la jeter dans un tas d’ordures à proximité. « Allons nous inscrire à ce tournoi, puis trouvons une chambre dans une bonne auberge. Nous devons nous reposer et réfléchir à notre prochaine action, » leur avais-je dit.
« D’accord. » Coshun hocha la tête.
« Qui va y participe ? » Demanda Kalderan.
« Moi. Coshun et toi remplirez les nombres. Risha, tu resteras avec les autres en tant que garde. » avais-je répondu.
« J’avais prévu de faire ça depuis le début, en plus, je ne suis pas aussi puissante que n’importe lequel d’entre vous… Honnêtement, j’ai pitié du pauvre bâtard qui essaiera de combattre n’importe lequel d’entre vous sur le ring. » Risha commenta puis haussa les épaules.
« C’est parce que tu n’as pas suffisamment entraîné tes muscles ! Quand nous en aurons l’occasion, je transformerai tes bras en forme de brindille en véritables bras de dragon ! » Coshun rit en lui tapotant le dos.
« Bras volumineux couverts de muscles, non merci ! En plus, je suis une femme ! » lui répliqua-t-elle.
« On devrait y aller… » Ildea parla d’une voix douce en se détournant des affiches et en regardant la route goudronnée devant nous.
Je n’avais pas besoin de lui demander si elle allait bien, il était clair même pour un idiot comme moi qu’elle était toujours secouée par ce qu’elle avait vu dehors il y a quelques instants et si cela ne suffisait pas, apprendre que ton propre père la chassait comme un criminel ordinaire était un coup dont elle n’avait vraiment pas besoin pour le moment.
Nous nous étions dirigés vers le Colisée où le tournoi devait avoir lieu. Malgré le fait qu’ils avaient annoncé ce concours partout, il n’y avait pas beaucoup de gens qui essayaient de se faire une place dans le concours. Au contraire, la billetterie était celle qui avait du mal à gérer le nombre d’acheteurs.
L’enregistrement était assez facile. Dix pièces d’argent. On nous avait donné un jeton qui nous permettrait, à nous et à nos invités, un passage gratuit à l’intérieur du Colisée par la porte des participants. Eh bien, nous avions payé cinq pièces d’argent supplémentaires parce qu’il y avait trop d’invités à leur avis, mais cela ne nous avait pas dérangés.
Une fois cela fait, nous avions trouvé une auberge tranquille à environ dix minutes à pied du Colisée et avions réservé deux chambres, une pour les hommes et une pour les femmes. Je pensais mettre Coshun et Ildea dans la même pièce pour les aider dans leur romance naissante, mais cela l’aurait été trop, surtout compte tenu des circonstances actuelles. La pauvre fille n’avait pas besoin de cette maladresse supplémentaire maintenant qu’elle savait que son père essayait de la ramener morte ou vivante.
Nous nous étions endormis avec des pensées assez compliquées, mais nous étions enfin là, dans la capitale des dix épées. C’était notre dernier arrêt et après demain, peut-être pourrions-nous enfin commencer à comprendre ce qui se passait dans ce pays. Il y avait cette étrange entité effrayante qui avait anéanti toute l’armée d’invasion, il y avait le truc avec la folie du roi, et probablement aussi un tas d’autres problèmes.
Tout semble tellement compliqué… Est-ce trop demander de revenir du côté de ma femme ? Elle me manque tellement… J’avais pensé cela et puis, juste avant de m’endormir, je lui avais envoyé un nouveau ping pour lui faire savoir que j’étais bien vivant.