Chapitre 114 : La rencontre avec le seigneur de la ville
Table des matières
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Chapitre 114 : La rencontre avec le seigneur de la ville
Partie 1
***Point de vue de Seryanna***
Le lendemain, à midi, un El’Doraw avec quelques années pesant sur ses épaules était venu au port où nous étions amarrés. À première vue, ses vêtements le faisaient ressembler à un noble, mais son maniérisme et son étiquette étaient plus serviables qu’arrogants et supérieurs. Il avait salué nos marins draconiens avec un sourire poli et avait ensuite demandé que sa présence soit annoncée aux principales personnes à bord de notre navire.
Il portait le nom de Johan’Der et était le majordome familial de l’estimé Seigneur Talmarund Offspray. Plutôt que de monter à bord, il avait préféré transmettre le message qu’il était chargé de transmettre du port, affirmant que c’était la bonne façon de faire les choses. En d’autres termes, il s’agissait d’une déclaration selon laquelle le Seigneur de la ville n’avait aucune envie de cacher cette réunion à son peuple.
Que le majordome Johan’Der soit un noble ou non n’importe pas à ce stade, même les paroles d’un fidèle roturier pouvaient causer des dommages ou au contraire modifier l’impression qu’un noble étranger laisse sur la population locale. Devant les El’Doraws, nous voulions apparaître comme un peuple civilisé qui ne se souciait ni de fumer, ni de boire, ni de jurer… du moins en public.
Par conséquent, afin d’éviter tout malentendu possible en raison de différences culturelles ou sociales, hier, après que Tanarotte se soit calmée, nous nous étions assurées de partager avec tous nos marins les informations que nous avons apprises sur les manières el’Doraws en général. Pour cette raison, les dragons luttaient maintenant pour garder la bouche fermée, afin de ne pas laisser échapper une injure, ils gardaient leurs boissons hors de vue et quant au tabac, eh bien… aucun d’entre eux n’en possédait, donc c’était bon.
Pour être honnête, je n’avais personnellement jamais compris pourquoi certains dragons et dragonnes avaient choisi de fumer. Ils avaient affirmé que c’était une activité relaxante pour eux et, dans certains cas, combinés à la médecine, cela pouvait faire des merveilles sur le corps et l’esprit. Alkelios n’était pas non plus intéressé par ce passe-temps, bien qu’il ait affirmé une fois que certains des héros humains qui étaient arrivés avec lui de la Terre pourraient avoir une dépendance à une substance connue sous le nom de nicotine, qui avait été trouvée dans les feuilles des cigares qu’ils fumaient. Bien qu’il ne sache personnellement pas si cette substance pouvait être trouvée dans les feuilles fumées par les dragons, il était à tout le moins certain qu’à moins que le coût de fabrication ne soit considérablement réduit, nous n’aurions pas à nous inquiéter de tomber sur des fumeurs, dans les magasins et restaurants.
Sur le continent des dragons, fumer était le privilège des riches, mais le parfum qui restait sur les vêtements et les meubles était désagréable pour beaucoup d’entre nous. La dernière chose que tout dragon voulait, c’était de finir par cracher une boule de feu par erreur face au dragon ou à la dragonne qu’ils essayaient de séduire. Bien qu’Alkelios ait mentionné que cela dépendait également des feuilles et de l’utilisation de la méthode de production. Les plus avancés et les plus raffinés pourraient même faire passer la fumée comme agréable plutôt que nauséeuse. Cela dit, je ne pouvais même pas commencer à imaginer comment c’était possible.
Après que nous nous soyons réunis sur le pont conformément à la demande de ce majordome, Son Altesse lui avait dit : « Vous pouvez continuer. »
« Très bien ! Son Altesse Princesse Elleyzabelle Seyendraugher est invitée de la manière la plus cérémonieuse à la résidence de l’estimé Seigneur Talmarund Offspray, où ils pourront discuter de la poursuite des négociations accompagnées d'un bon thé et de collations ainsi que des délicieuses musiques au violon jouées par Resmera Offspray, estimée fille de Talmarund Offspray ! » Avait-il alors déclaré assez fort pour que tout le monde sur le navire et autour de lui l’entende.
Après cela, Johan’Der avait enroulé le parchemin puis s’était incliné vers nous. Un lourd silence suivit alors que tout le monde attendait la réponse de Son Altesse.
Celui qui avait parlé en premier n’était ni un marin grossier qui avait laissé passer une injure, ni Kataryna qui avait envie de lancer Tanarotte au majordome pour le faire paraître plus grand qu’il ne l’était vraiment, ni les gars à moitié ivres qui cachaient leur bière, c’était notre bon capitaine Matthew.
« Ah ! Des moutons foudroyés écorchés par un loup ! J’ai encore laissé tomber mon cigare dans ma bière ! » cria-t-il de l’intérieur de ses quartiers.
Puisqu’il avait ouvert ses fenêtres et qu’il y avait un silence presque grave à la suite de la grande invitation du majordome, ses mots étaient sortis comme un tonnerre et c’était très… embarrassant.
« Ahem… Nous accepterons l’invitation du Seigneur de la cité. Vous pouvez nous accompagner sur notre chemin, » avait déclaré la princesse Elleyzabelle après avoir toussé une fois pour dissiper la maladresse qui s’était installée.
« Ce majordome fera exactement cela, Votre Altesse ! » l’homme s’inclina encore une fois devant nous et attendit là comme un poteau au milieu du champ.
Prenant un peu de recul, la princesse Elleyzabelle nous avait chuchoté : « Kataryna, Seryanna, vous serez mes gardes personnels. Tanarotte, tu nous regarderais de loin sans te faire attraper. Je dirai au capitaine Matthew de s’assurer que le navire soit prêt à naviguer à tout moment. » Elle se tourna ensuite pour entrer dans le navire.
« Devons-nous nous attendre à des ennuis ? » Demanda Kataryna en fronçant les sourcils.
« Non, mais il vaut mieux être prévoyant. » Elle lui répondit avec un sourire.
Après son départ, j’avais demandé à la dragonne aux écailles d’argent « As-tu remarqué quelque chose d’étrange ? »
« Non, et c’est peut-être justement la chose, surtout quand on repense à tout ce qui s’est passé jusqu’à présent. » M’avait-elle dit.
Ce à quoi elle faisait allusion était le fait que l’El’Doraw semblait trop naturel… trop normal quand on pensait à ce qui se passait sur les autres continents, y compris le nôtre.
En effet, il y avait eu quelques incidents majeurs, tels que l’éruption du volcan dans la capitale naine, l’enlèvement de la princesse Relliar et puis il y avait eu les héros humains, qui avaient réussi, volontairement ou non, à changer la façon dont des pays en entier fonctionnaient ainsi que transformer les traditions. Notre présence semblait également avoir eu une sorte davantage pour les endroits que nous avions visités, mais en y réfléchissant en détail, nous n’aurions jamais pensé à partir vers l’inconnu à moins de rencontrer Alkelios dans la forêt secrète. Ses dons avaient réussi à inciter les nains et les Relliars à accepter une alliance avec nous. Sans lui, je n’ose penser à ce qui aurait pu se passer à Albeyater et ici, loin du continent des dragons.
Lorsque nous avions escorté la princesse jusqu’aux quais, le majordome nous avait dit qu’il avait déjà préparé une calèche pour nous. C’en était une tirée par les Uskarans, qui ressemblaient à des lapins, mais ils mesuraient presque trois mètres de haut et avaient une pointe venimeuse poussant au bout de leurs oreilles. Ces choses pourraient tuer un El’Doraw adulte avec un seul coup, mais pour la plupart, c’était des herbivores dociles.
Nous étions partis rapidement, aucun trafic ne nous retardant. Les chevaliers du Seigneur de la ville gardaient les gens loin des rues principales que nous empruntions. En jetant un coup d’œil à l’extérieur, j’avais remarqué que notre chariot était non seulement plus grand que les autres de la ville, mais aussi la seule avec des Uskarans la tirant. Tous les autres chariots ici avaient des chevaux, des mules et une créature avec une fourrure noire épaisse sur tout le corps, un dos argenté, de grands bras forts, mais de petits pieds et un visage humain.
« Comment s’appelle cette créature ? » avais-je demandé.
« Hm ? » Kataryna avait également jeté un coup d’œil, puis avait répondu : « C’est un capzan dos argenté. Ils sont très forts et très territoriaux. Je me demande comment ils ont réussi à les apprivoiser pour tirer les chariots. Ils ne peuvent pas courir trop longtemps et dépendent principalement de leurs bras pour se déplacer et attaquer. »
« Vous en savez beaucoup sur eux, » fit remarquer la princesse Elleyzabelle.
« Il y avait une fois un marchand qui en avait amené quelques-uns sur le continent des dragons, mais ils étaient beaucoup trop faibles par rapport à un Khosinni, et ceux qui ont réussi à augmenter leurs forces n’avaient aucune chance contre les moutons parce qu’ils les confondaient avec ceux du continent humain. » Répondit-elle en se penchant en arrière sur son siège et en croisant les bras contre sa poitrine.
« Il y a tellement d’étranges créatures dans ce monde… » dis-je en regardant la fenêtre une dernière fois avant de lâcher les rideaux.
En arrivant au manoir du seigneur de la ville, nous avions été accueillis par les domestiques qui travaillaient ici. Ils étaient alignés en deux rangées avec les femmes de chambre debout à gauche et les majordomes à droite, les deux s’inclinant les yeux fermés. C’était une étrange façon de nous accueillir, mais je n’avais pas demandé pourquoi ils agissaient comme ça, mon attention était sur les gardes de cet endroit. Les chevaliers el’doraw qui travaillaient pour le seigneur de la ville avaient posé leurs paumes sur la poignée de leurs épées, mais il n’y avait aucun signe d’agression de leur part.
S’ils essaient de nous tendre une embuscade, je pense que nous pouvons nous échapper rapidement par cette fenêtre… La porte des domestiques devrait également être moins gardée que les autres sorties, mais les humains ne peuvent pas voler, il était donc préférable de prendre le toit. Je doute qu’ils aient des défenses antiaériennes appropriées comme des balistes ou des hwachas, sans parler des armes anti-dragon. Quelque chose comme ça serait bien spécialisé… Même ainsi, je ne devrais pas baisser la garde. J’avais pensé à tout ça en suivant les domestiques à l’intérieur.
Le manoir lui-même nous avait été présenté comme une construction élégante avec de nombreuses peintures, sculptures et autres objets artistiques décorant le lieu. Il n’y avait pas d’objets rares ou de matériaux de monstre, qui auraient pu montrer une puissante force militaire présente dans cette ville portuaire. Quant à savoir si ces choses avaient un pouvoir économique, je n’en avais aucune idée. Aucun d’entre nous ne semblait impressionné par eux, et ce n’était pas comme si nous n’avions jamais vu une œuvre impressionnante auparavant. Contrairement aux artistes humains, les dragons avaient vécu plus longtemps et avaient beaucoup plus de temps pour affiner et perfectionner leur art. La différence était telle, que j’avais entendu un jour mon grand-père dire que pour certaines de nos peintures, il faudrait au moins trois générations aux humains pour être achevées, tandis qu’un maître peintre de notre pays pourrait le terminer en moins d’un an.
Compte tenu de la durée de vie d’un El’Doraw, il était naturel que nous supposions qu’ils prendraient leur temps pour affiner leur sens artistique et leurs compétences pratiques. Une peinture qui avait pris dix ans à être réalisé n’était pas impossible, mais une normalité.
En tant que Chevalier Royal au service de Son Altesse la Princesse Elleyzabelle Seyendraugher, je devais être consciente de la puissance des gardes d’autres nobles au cas où quelque chose se passerait. D’un seul coup d’œil, je pouvais dire que même s’ils travaillaient parfaitement ensemble, ils n’arriveraient toujours pas à ma cheville en force.
Nos armures et nos armes étaient suffisantes pour piétiner ces El’Doraws comme s’ils étaient les plus faibles des ennemis, mais nous ne savions pas qui parmi eux était un maître cachant sa véritable force juste pour le moment opportun de frapper.
Comme le disait le proverbe : « Même les plus puissants des dragons peuvent être pris par surprise par les plus faibles des loups s’ils abaissent leur garde parce qu’il n’y a pas de moutons autour. »
Johan’Der nous avait emmenés dans une grande pièce avec deux canapés élégants face à face et une simple table basse entre eux. De là, il était allé de l’autre côté de la pièce, où nous pensions qu’il reviendrait avec Talmarund Offspray. Voyant cela, la princesse Elleyzabelle s’assit sur le canapé qui nous était réservé pendant que Kataryna et moi restions debout derrière elle.
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Partie 2
Même pas une minute ne s’était écoulée avant que le noble el’Doraw ne fasse son apparition. C’était un grand homme avec un ventre rond, une longue moustache blanche et des cheveux longs attachés en queue de cheval. Étant donné que les El’Doraws en tant qu’espèce avaient une peau foncée tendant vers la couleur cendre qui changeait de couleur en fonction de leurs émotions, cela rendait le choix d’une tenue de bon goût plus compliqué, mais d’après ce que j’avais vu jusqu’à présent, l’arc-en-ciel de bonbon ne faisait pas partie de leur sélection. Ce Seigneur de la ville était-il peut-être une exception aux autres ?
« Ah ! Salutations ! Salutations, chers invités de l’autre côté des mers ! J’espère que vous avez fait un bon voyage ici et que vous avez été émerveillés par notre belle ville ! » dit l’eldoraw avec un grand sourire sur le visage avant de s’asseoir rapidement sur le canapé.
« Ce fut un voyage agréable, merci, Seigneur de la ville Offspray. » Répondit Son Altesse.
« C’est bon ! C’est bon ! Mais puis-je vous demander, pourquoi avez-vous voyagé si loin ? » Demanda-t-il en fronçant les sourcils en regardant chacun de nous.
« Notre arrivée de l’autre côté du continent était peut-être un peu surprenante, vu que nous voyagions ici depuis le continent nain. » Lui dit-elle avec un petit sourire poli qui ne laissait aucune place à l’interprétation.
« Continent nain ? C’est très loin ! » dit-il avec surprise.
« Oui, mais bien que la distance ne soit pas une raison de rire, les différents navires embêtants qui ont essayé de nous barrer le chemin l’ont été. »
« Navires embêtants ? » demanda-t-il en plissant les sourcils.
« Pirates… des flottes de la marine humaine, des faibles comme ça. » Elle lui avait montré un sourire.
« Je vois… je vois… des faibles comme ça… » Le Seigneur de la ville acquiesça puis sortit un petit mouchoir rose pour essuyer sa sueur.
« Nous avons des affaires à voir avec l’Empire des Elfes, et nous avons pensé qu’il serait peut-être bon de passer également par le Royaume d’El’doraw. Nous avons tellement entendu parler de vos merveilles et nous, les nations dragons, souhaiterions établir entre nous des relations commerciales de base. Si cela pouvait être fait, avec qui devrions-nous parler ? » lui demanda Son Altesse.
« hm… j’ai peur que personne ne le puisse dans notre humble royaume. » Talmarund fit une expression de regret et secoua la tête.
« Pourquoi donc ? »
« C’est parce que le Royaume de Ledmerra est une fière nation vassale de l’Empire Anui’Yahna ! Si vous souhaitez commencer un commerce avec nous, vous devez d’abord obtenir la permission de le faire. Après tout, nous ne nous sentirions pas à l’aise pour faire du commerce avec une nation qui n’a pas encore gagné sa faveur. On peut même dire que cela pourrait être considéré comme une trahison, et bien qu’il soit permis de conclure de petites affaires pour un petit navire, une flotte commerciale est tout autre chose. » Expliqua Talmarund alors qu’il continuait à essuyer sa sueur.
Ce que le Seigneur de la ville disait semblait logique, mais nous ne nous attendions pas à ce que la relation entre ces deux nations soit comme ça. Même les livres que Son Altesse avait lus ne mentionnaient pas ce détail important. Peut-être parce que personne dans le passé n’avait tenté quelque chose comme ça avant ? Il y avait aussi d’autres nations vassales sur le continent Dragon, mais aucune d’entre elles n’avait des réglementations politiques et économiques aussi strictes. Ils devaient juste rendre un hommage une fois par an et se joindre à leurs batailles chaque fois qu’ils étaient convoqués, c’était tout.
Je doute qu’il y ait même des nations humaines qui aillent jusque-là… pensai-je.
« Hm, serait-ce impoli de ma part de demander pourquoi les règles sont ainsi ? » lui demanda Son Altesse.
« C’est une question assez facile et raisonnable à laquelle je peux répondre, estimée invitée. » le seigneur de la ville nous avait fait un sourire éclatant puis avait poursuivi : « Vous voyez, à l’époque où les el’doraw ont été libérés des ténèbres corrompues du Dieu fou, le puissant Anui'Yahna nous a donné le choix de former nos propres nations indépendantes. Cependant, plutôt que de choisir une indépendance complète et de risquer la possibilité de mordre nos bienfaiteurs à l’avenir, nous avons décidé de règles strictes et incassables que tous les el’doraw des jeunes et des moins jeunes doivent suivre à la lettre. Parmi elles, “Tous les accords politiques, militaires et économiques avec des nations étrangères doivent être approuvés en premier par l’Empire Anui'Yahna.” Donc, comme vous pouvez le voir… il serait assez difficile pour nous de le faire moins que nous ne le souhaiterions briser une tradition qui s’étend sur des millénaires. »
« Je comprends et je vous assure que ce n’était pas mon intention. Je suppose que ce serait mieux pour nous de partir pour un voyage dans l’Empire des Elfes. » Dit-elle avec un signe de tête.
« En effet, ce serait pour le mieux. Allez-vous voyager en bateau ou en calèche ? » demanda-t-il à la fin.
« Hm, qu’en pensez-vous, Sire Seryanna ? » demanda-t-elle sans se retourner.
« Je crois que voyager en bateau est de loin le meilleur choix, car nous ne serions pas obligés de relever des défis inattendus sur une terre étrangère avec de nombreux éléments inconnus. » J’avais répondu d’un ton ferme tandis que je redressais le dos.
« Sire Kataryna ? »
« Je suis malade et fatiguée de la mer, je préfère avoir des crampes de crosse de chariot plutôt que de pêcher un autre requin avec Tanarotte… » elle poussa un soupir lourd. « Les appâts vivants deviennent ennuyeux rapidement. » Elle avait ajouté à la fin.
« Je vois, alors en calèche. » Avait-elle déclaré.
« Votre Altesse, êtes-vous certaine ? » J’avais demandé cela avec de grands yeux quand j’avais entendu sa décision.
« Oui, Kataryna a raison, nous voyageons en bateau depuis bien trop longtemps maintenant. Une petite randonnée sur terre ne nous fera pas de mal. » La princesse Elleyzabelle s’était tournée vers moi et m’avait fait un petit sourire.
Sentant la défaite, j’avais hoché la tête en accord.
« Magnifique ! Alors, si vous me le permettez, que diriez-vous de demander à l’ami de ma fille, Callipso Emerdel, de vous escorter jusqu’à la frontière ? Je peux témoigner de sa force ! Elle est une Chevalière Royale très respectée au service de Son Altesse la Princesse Issera La Troisième. » Nous avait-il offert.
« Je ne voudrais pas déranger un chevalier royal, Seigneur de la ville de Talmarund, un simple messager fera l’affaire. Mes deux chevaliers sont eux-mêmes assez forts. » dit Son Altesse avec un sourire.
« Je n’ose pas penser cela, mais elle serait meilleure que n’importe quel messager, un représentant de la royauté même ! » déclara-t-il avec un hochement de tête.
« Pardonnez-moi, mais pourquoi un chevalier royal est-il ici et pas avec son maître ? » avais-je demandé en fronçant les sourcils.
« Mlle Callipso est en vacances et devrait reprendre son service actif dans environ quatre jours. Même si elle partira un peu plus tôt pour la capitale, je ne crois pas qu’escorter un dignitaire étranger soit une perte, mais plutôt un exploit, une opportunité même de mettre son nom en avant ! » déclara-t-il avec un sourire.
« Eh bien, dans ce cas, si Mlle Callipso le veut, nous accepterons l’offre. Mes deux chevaliers et quelques autres gardes voyageront également avec nous. Nous aurons besoin d’un chariot pour au moins six personnes et de bagages. » Lui avait-elle dit.
« Oh ! Il se trouve que j’en ai un pour huit personnes que j’utilise à peine ! Cela ne me dérangerait pas de le vendre à Votre Altesse ! »
« Le vendre… à moi ? » La princesse Elleyzabelle plissa les sourcils.
« Bien sûr. Vous n’avez peut-être pas besoin du chariot après votre visite dans l’empire Anui’Yahna, et qui sait quand je pourrais le récupérer ! Le vendre à bas prix m’aidera à en acheter un tout nouveau et vous pourrez faire ce que vous voudrez avec celui-ci ! » déclara-t-il joyeusement.
« Je comprends… Seryanna, veux-tu payer cet homme ? »
« Bien sûr, Votre Altesse ! » J’avais hoché la tête, puis j’avais regardé le grassouillet El’Doraw. « Combien coûte-t-il ? »
« La valeur de la voiture est estimée à 600 drahmas d’or ou quoi que ce soit de valeur similaire. » Il a dit.
« Drahmas… hm, je n’ai pas cette monnaie sur moi…, » c’était en fait la première fois que j’en entendais parler.
« Je vais devoir punir Tanarotte quand nous reviendrons pour avoir omis cette information assez importante… » Kataryna avait parlé à voix basse, pas différente d’un murmure doux.
« Que diriez-vous… ceci et cela ? » avais-je demandé en sortant de mon anneau Stockage une potion Rotiqus et une épée d’acier moyenne fabriquée par Alkelios.
« Hm, quelle sorte de potion est-ce ? » demanda-t-il en montrant la bouteille.
« Une potion Rotiqus, et en ce qui concerne l’épée, je peux vous assurer que c’est une bonne. » Je lui ai dit avec un sourire.
« Oh ! Une potion Rotiqus ! Je n’en ai jamais entendu parler ! » dit-il avec un sourire. « Et je ne suis pas intéressé par les cutlery. Avez-vous autre chose de valeur ? » demanda-t-il en agitant les objets.
cutlery? Cette épée est de loin meilleure que toute autre épée que j’ai vue sur vos propres gardes. Comment ça, les cutlery ? Comment osez-vous insulter le travail de mon mari comme ça ! J’avais rugi dans mon esprit, mais j’avais souri à l’extérieur.
« Que dis-tu de ça ? » Dit Kataryna en sortant une étrange sculpture de sa propre bague de Stockage.
« OH ! Quel savoir-faire incroyable ! C’est exquis ! Je vais le prendre ! » déclara-t-il dans un souffle.
« Hein ? » Je clignai des yeux surpris puis regardai entre le Seigneur de la ville qui regardait déjà la chose étrange de haut en bas et Kataryna qui souriait malicieusement.
« Si vous êtes satisfait de ce travail, je pense que nous devons partir et nous préparer pour notre long voyage. » Dit la princesse Elleyzabelle avec un sourire en se levant du canapé.
« Oui en effet ! Merci, Votre Altesse et chères invitées d’avoir visité cet humble seigneur de la ville ! Ce fut un plaisir ! »
Ensuite, les deux individus avaient échangé la noble salutation traditionnelle d’El’Doraw.
« Puissiez-vous avoir une journée prospère et une longue vie. » dit la princesse Elleyzabelle.
« Et que vos journées soient paisibles pour une si longue vie. » Répondit Talmarund.
Cette salutation sonnait bien et le message était agréable. En pensant au passé tumultueux des El’Doraws, une telle salutation traditionnelle était comme une étincelle d’espoir dans un temps autrement sombre et déprimant.
Ce n’est qu’après avoir quitté le manoir du seigneur de la ville que j’avais regardé Kataryna et lui avais ensuite demandé : « Où as-tu obtenu cette sculpture ? »
« Oh, cette chose ? C’est quelque chose que Tanarotte saisissait pour sa chère vie quand je l’ai pêchée du ventre d’un requin-monstre quand nous sommes allées pêcher il y a une semaine. Je l’ai trouvé bizarre et drôle, alors je l’ai gardé. » Avait-elle répondu.
« Tu viens de donner à un noble étranger… de la camelote qui a été pêchée dans les tripes d’un monstre ? » Lui avais-je demandé en plissant les sourcils.
« Plus ou moins. » Dit-elle en riant.