Chapitre 50 : Preuve de ma résolution
Partie 1
***Point de vue d’Alkelios***
Les leçons de Kataryna et les paroles de cette nuit-là étaient des choses que je n’allais pas oublier de si tôt. Elles avaient été prononcées à travers des larmes et des sourires, mais aussi avec une sagesse recueillie au cours des siècles. Sans cela, j’aurais peut-être eu du mal à le croire.
Quand nous étions rentrés en ville, Kataryna m’avait prêté quelques pièces pour payer une autre semaine à l’auberge… dans une autre pièce, en voyant comment elle avait détruit la précédente. J’en avais aussi eu assez pour m’acheter de nouveaux vêtements et prendre un bain. Pour le reste de mon équipement, y compris une bague de stockage et des fournitures pour camper, elle allait s’en occuper.
À cause de notre combat, la plupart des dragons et même des gardes se tenaient à distance de nous. Je me sentais mal d’avoir gâché tant de bâtiments, mais Kataryna m’avait assuré que la Troisième Princesse veillerait à ce qu’ils soient tous remboursés correctement, en particulier les propriétaires de l’auberge.
La dragonne aux écailles argentées m’avait escorté jusqu’à la rue où se trouvait l’auberge, mais elle avait ensuite fait demi-tour et était partie. Quand je l’avais appelée, elle s’était excusée en disant qu’elle n’aimait pas le sentiment sinistre que l’auberge dégageait. Je ne ressentais rien de la sorte.
Les débris à l’extérieur avaient été en grande partie nettoyés. J’étais donc entré avec l’idée de m’excuser auprès des propriétaires pour le dérangement occasionné, même si j’avais une bonne excuse. En tant qu’ami de Brekkar et sa famille, il était mal de ma part de me comporter de la sorte.
Après avoir vu mon état, Collentra m’avait bien regardé de la tête aux pieds puis m’avait poliment demandé. « As-tu fini de dégriser maintenant ? »
« Oui, je m’excuse pour mon comportement inesthétique. » Je baissai la tête.
« Bien. Si Kataryna ne l’avait pas fait, j’aurais peut-être été celle à aller te gifler jusqu’à l’autre côté de Drakaria ! » Elle me jeta un regard noir.
« J’apprécie l’intention, mais je peux vous assurer que Kataryna m’a donné un coup de poing m’ayant fait traverser TOUT Drakaria, » déclarai-je en faisant un sourire ironique.
« Le méritais-tu ? » demanda-t-elle en plissant les sourcils.
J’avais baissé les yeux et fermé les yeux en répondant : « Oui. »
Collentra s’était approchée de moi et m’avait tapoté la joue gauche. Quand j’avais ouvert les yeux, elle me faisait un doux sourire.
« Je peux ne pas savoir ce qu’il t’est arrivé quand tu es allé au palais, mais je sais quelque chose. Je n’avais JAMAIS vu ni Seryanna ni Kléo aussi brillante et heureuse depuis ce jour-là, il y a 38 ans, lorsque Brekkar les a amenés. Après la mort de leurs parents, elles n’étaient plus pareilles. » Elle secoua la tête et soupira. « Il ne faut pas être un génie pour se rendre compte que tu es la raison pour ces sourires. »
« Même si celui ayant apporté ces sourires est un humain ? » demandai-je.
Elle avait souri : « Cela signifie d’autant plus que notre roi avait raison et qu’il y a encore de l’espoir dans ton espèce… tu peux très bien être l’incarnation de cet espoir. Eh bien, c’est probablement trop demander pour le moment, mais au moins… n’abandonne pas ces deux filles. Si tu peux toujours être leur ami et les aider au besoin, fais-le. »
Elle me tapota la joue puis recommença à balayer.
« En outre, dis à cette demoiselle à écailles argentée que je ne la lâcherai pas aussi facilement pour avoir brisé ma maison ! » déclara-t-elle
J’avais souri et répondu. « Je le ferai, mais d’abord… j’ai besoin d’un bain. » Je ris.
« Merci aux Dieux, il l’a remarqué ! » déclara Bayuk en levant les mains au ciel.
« Hey ! Je ne pue pas autant ! » Je le pointais du doigt.
« Effectivement ! Tu pourrais tuer tout un troupeau de moutons avec ton odeur ! Je vais te faire un bain de la maison juste pour te laver ! » répondit-il.
« Oui, Monsieur Bayuk… et merci ! » Je lui fis un petit salut.
Une semaine plus tard, au coucher de soleil, je retrouvai Kataryna et Kléo dans ma chambre à l’auberge. Pour des raisons que je ne connaissais pas, la dragonne argentée grognait quelque chose à propos d’un uniforme de serveuse, tandis que la dragonne gothique se retenait de rire.
Nous avions d’abord regardé tout ce que Kataryna avait apporté pour mon voyage. J’allais passer quelques mois dans la forêt Seculiar et, quelle que soit ma chance, j’avais appris que le simple fait de compter dessus ne me permettrait pas d’arriver à ce que je voulais à chaque fois. En fait, il y avait des défauts et des effets secondaires possibles chaque fois que je forçais. Ainsi, je devais regarder ma situation actuelle comme j’avais peu de chance.
La bague que Kataryna a apportée n’était pas aussi bien que la sienne, mais elle pouvait contenir à peu près la même quantité d’objets que celle que Seryanna avait lors de notre première rencontre. Elle m’avait également apporté quelques sacs pour tout type de matériaux ou de plantes ne pouvant être stockés dans la bague.
Une fois que tout était prêt, j’avais expliqué le reste du plan ainsi de la manière dont j’allais tenter d’entrer par effraction dans le bâtiment le plus sécurisé de tout le royaume.
« C’est complètement fou..., » déclara Kléo en entendant mon plan.
« Mon premier plan consistait à emprunter l’écureuil de Seryanna et tes démons de l’autre monde, mais je me suis dit qu’apporter l’apocalypse était un peu trop pour cela. » Je haussai les épaules.
Kataryna avait ri en entendant cela.
« Ouais… ça aurait été trop. » La dragonne à écailles noires me regarda en plissant les sourcils. « Les quatre cavaliers ne sont qu’un mythe. Ils sont plus de 500… et chers. Bâtards gourmands..., » ajouta-t-elle.
Apparemment, ma blague avait une part de vérité.
« Alors, quand tu auras fini de parler à Seryanna, tu reviendras ici ? » demanda Kataryna.
« Oui. Je reviendrai ensuite avec vous deux pour voler vers la forêt Seculiar, » répondis-je.
« Voler ? » Demanda Kléo.
« Votre forme de dragon est bien plus rapide qu’un typique Khosinni, et vous pouvez aller en ligne droite, » déclarai-je.
« Vraiment ? Un humain chevauchant un dragon… ce sera quelque… de jamais vu. » Rigola Kataryna.
« Bien, qu’en penses-tu ? » avais-je demandé avec un sourire narquois.
« C’est bien, mais tu oublies quelque chose. » Fit-elle remarquer.
J’avais cligné des yeux emplis de surprise.
« Quoi ? »
« Ça. » Elle me tendit ensuite une lettre avec l’emblème de la Troisième Princesse.
« Est-ce que… ? » Demandai-je.
« Oui. La princesse l’a écrit et scellé en ma présence, tu peux donc être assuré de l’authenticité. » Elle hocha la tête.
« Génial ! Ensuite, cela signifie que je n’ai plus qu’à obtenir maintenant quelque chose prouvant que je suis l’ami de la famille Draketerus, » déclarai-je avec un grand sourire.
« Je l’ai ici, » déclara Kléo avant de remettre une autre lettre scellée, mais celle-ci portait l’emblème de la famille Draketerus.
« Quand l’as-tu obtenue ? » avais-je demandé en la recevant avec soin.
« Quand nous avons quitté Tomeron, grand-père me l’a donné et m’a dit de te la remettre si tu allais rendre visite au roi. » Elle sourit fièrement.
« Je vois… Merci. » Je hochai la tête.
« Alkelios, j’ai encore le sentiment que tu ne comprends pas ce que signifie d’avoir guéri mon grand-père et d’être devenu notre ami..., » m’avait dit Kléo.
« S’agit-il de la bataille d’il y a 38 ans ? » avais-je demandé.
Elle acquiesça.
« Ce que tu as entre les mains… est essentiellement la preuve que deux des familles lourdement frappées par les humains ont mis toutes leurs fois en toi, » déclara-t-elle d’un ton grave.
« Souviens-toi que c’est pareil quand tu as rencontré Seryanna, Alkelios. Tu n’es pas quelqu’un qui devrait penser légèrement de lui-même. À mes yeux, tu es déjà quelqu’un vraiment sur la voie de devenir l’individu le plus ridicule sur tous les continents, » avais déclaré Kataryna.
« Et qui serait-ce ? » avais-je demandé.
« Le héros humain des dragons qui gouverne le royaume d’Albeyater. » Elle sourit.
J’avais dégluti et même s’il me manquait quelques réalisations, je n’avais pas l’impression que c’était une prédiction si fausse.
***
***Trois heures et 24 minutes plus tard***
Au milieu de la nuit, quand les dragons dormaient, j’avais ouvert la fenêtre de ma chambre. Je fermai les yeux et pris une profonde inspiration pour calmer mon cœur.
Avec un esprit calme et de toutes les fibres de mon être, je souhaite atteindre la chambre de Seryanna ce soir sans qu’un seul dragon me repère. Je souhaite que lorsque j’atteindrai sa chambre, je l’y retrouve. Je souhaite atteindre les objectifs que je me suis fixés ce soir.
N’importe quel mauvais mouvement à partir de maintenant pourrait me conduire en prison ou me faire tuer. Ce que j’étais sur le point de faire était risqué, stupide et impensable pour le dragon commun, mais pour moi… c’était ma seule chance.
Je ne faisais pas cela pour un pays. Je ne faisais pas ça pour sauver la Terre. Je ne faisais pas ça parce qu’on me l’avait ordonné. J’allais le faire parce que j’étais tombé amoureux d’une dragonne rousse. C’était tout.
J’avais donc grimpé par la fenêtre et j’avais sauté dans l’allée. Avec une vitesse dépassant de loin celle d’un humain, je commençai à courir à travers les bâtiments, ne restant que dans l’obscurité.
Pour ce soir, je portais des vêtements noirs, avec une cape et une capuche pour mieux me cacher au fur et à mesure que je progressais. Juste au cas où, je portais aussi une paire de gants en cuir noir, pour éviter de me faire repérer ou couper. À ce moment-là, je ne pensais pas que, grâce à mes statistiques, ce genre de choses aurait presque été impossible.
Grâce aux informations que ces deux dragonnes m’avaient fournies, éviter les gardes au sol et se cacher de ceux dans le ciel n’était pas bien difficile.
Malgré tout, il y a eu des moments où j’avais attendu plusieurs minutes dans l’ombre avant de pouvoir avancer, mais petit à petit j’étais arrivé aux murs entourant le palais. En plus, les patrouilles étaient constituées de gardes royaux au lieu de gardes normaux. Ils étaient différents dans leurs capacités et forces. La moitié de ces groupes se déplaçaient dans le sens des aiguilles d’une montre au-dessus des murs, tandis que l’autre moitié dans le sens inverse.
Utilisant ma force et mon agilité, je grimpai rapidement jusqu’au sommet et attendis un peu jusqu’à ce que deux patrouilles se croisent. À ce moment-là, j’avais sauté et étais tombé dans un buisson de l’autre côté du mur. Là, j’avais attendu quelques minutes avant d’avancer à nouveau.
Tous ces arbustes et statues étaient parfaits pour que je puisse me cacher et passer inaperçu. Le nombre de patrouilles ici était également moins important que celles au-dessus des murs, ce qui montrait qu’elles s’attachaient davantage d'empêcher les intrus d'entrer que d’essayer de repérer ceux ayant pu passer. J’étais donc bien arrivé au palais. De là où j’étais à la chambre de Seryanna, il n’y avait pas une grande distance, mais je ne pouvais pas me permettre de baisser ma garde maintenant.
Avec un bon chronométrage et en restant à l’affût, j’avais réussi à passer à travers et enfin atteindre sa fenêtre, que j’avais ouverte avec facilité puisqu’elle n’était pas verrouillée de l’intérieur. Cela avait marqué la fin de la première étape : l’entrée par effraction dans le palais royal de nuit.
Mais, à vrai dire, même si à l’extérieur, le trajet était lisse, j’avais eu plus d’un moment où j’avais presque paniqué et prié comme un fou pour ne pas être vu. Le plus gros danger pour moi était les patrouilles aériennes qui, bien que moins nombreuses, avaient une vue plongeante de l’ensemble de la région.
Malgré le danger et le fait de faire quelque chose que beaucoup auraient pensé à la fois impossible et fou, j’avais finalement pu atteindre cet endroit et, devant moi, j’avais vu celle que je voulais rencontrer.
« Hey ! Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vue, » déclarai-je avec un doux sourire en baissant ma capuche.
Merci pour le chapitre.
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C’est la première fois qu’on lui incinère pas ces vêtements à cause de l’odeur.
Merci pour le chapitre !
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merci pour ce chapitre^^. hâte de lire la suite^^.