Chapitre 48 : Auto destruction
Partie 1
***Point de vue de Kataryna***
Seryanna était une forte dragonne. Elle avait retenu ses larmes de toutes ses forces et essaya de ne pas montrer sa souffrance aux personnes l’entourant. Normalement, cette discussion d’encouragement aurait dû être faite par son maître, une collègue en qui elle avait confiance, ou Kléo, mais honnêtement, je ne croyais pas que l’une d'elles soit capable de l’aider.
Tous se seraient juste arrêtés à sa porte et elles n’auraient pas essayé de se forcer à l’intérieur comme je l’avais fait. Si je m’étais engagée dans cette voie, Seryanna m’aurait finalement laissé entrer, mais seulement APRÈS que la lumière dans ses yeux ait complètement disparu sans possibilité de revenir. À ce moment, même moi je n’aurais rien pu faire. Les paroles de tout le monde lui seraient simplement passées au travers, et le seul qui pourrait avoir un effet ne pourrait pas l’atteindre.
En ce qui concerne l’éveil… même si peu semblaient en parler, il y avait d’innombrables dragons morts de vieillesse ne s’étant jamais éveillés. J’avais fait tout ce que je pouvais pour Seryanna, maintenant tout dépendait de la force, de sa volonté et de son désir de se libérer de ses propres chaînes.
Alkelios était un autre travail… c’était un humain, même pas de ce monde, à ma connaissance. La façon dont il voyait le monde ressemblait beaucoup à celui de quelqu’un ayant atteint l’éveil supérieur, mais contrairement à eux, il n’avait ni le pouvoir ni la conviction de renforcer ses propres croyances. En tant que tel, il finirait par être mis à l’écart ou giflé par les convictions des autres. Il avait tort quand ils avaient raison.
Cela étant dit, je ne savais pas trop comment l’approcher… S’il pensait comme un éveillé supérieur, son obstination serait aussi grande que la mienne. La dernière fois que j’avais fini par souffrir énormément, je m'étais isolée pendant plusieurs siècles, laissant le monde comme si de rien n’était. Si je prenais cette période comme exemple, alors cette fois je devrais faire le contraire de ce que j’avais fait avec Seryanna, ce qui voulait dire attendre que ses sentiments se calment un peu et ensuite essayer de lui parler.
« Qu’est-ce que tu veux dire par "il n’est pas là" ? » demandai-je en plissant le front.
« Alkelios n’est pas revenu depuis votre départ. Quelque chose est arrivé ? » Demanda Collentra.
Il n’était pas à l’auberge. Cela signifiait qu’il se déplaçait autour de Drakaria ou que quelque chose lui était arrivé. Puisqu’il était dans ce genre d’état, je ne serais pas surprise qu’il se batte avec un garde et se fasse jeter en prison.
« Disons simplement qu’il ne se sent pas trop bien, » déclarai-je en me grattant la tête.
« Est-ce vrai ? Voulez-vous rester plus longtemps ici ? » Demanda-t-elle.
« Non. Nous restons actuellement au Palais. Alkelios continuera à rester ici. Je paierai un mois d’avance, » déclarai-je en sortant mon porte-monnaie.
« Merci pour votre parrainage. » Collentra m’avait fait un sourire.
Après avoir payé les frais requis, j’étais partie à la recherche de l’homme insensé.
Maintenant, où pourrait-il être ? Je me le demandais.
***
***Point de vue d’Alkelios***
C’est bizarre comme une rupture peut avoir un tel effet sur moi. Je me sentais bizarre comme si le monde entier était sur mes épaules. Je ne pouvais pas voir directement, mes pas étaient lourds et même respirer était une corvée.
Depuis que j’avais quitté le palais, je m’étais traîné dans la ville, attendant le moment où mon corps serait à bout de forces et où je m’effondrerais, mais mes statistiques étaient trop élevées, car cela faisait bien plus de 48 heures et je marchais toujours.
À un moment donné, quelqu’un avait réussi à me voler mon épée. C’était la seule chose de valeur sur ma personne. Je n’avais pas de monnaie, pas de bijoux, rien… le voleur avait craché dessus en me demandant pourquoi j’étais plus pauvre que lui. J’avais ri de sa remarque en continuant à me déplacer dans la ville, marchant dans les rues comme un vieux bateau à la recherche d’un endroit où il pourrait devenir une épave.
J’avais pensé à boire sans fin, mais je détestais l’alcool. Non, pour être plus précis, ils n’avaient pas de bière. Ce n’est pas comme si j’avais beaucoup d’expérience en tant que buveur non plus. La loi roumaine sur la consommation d’alcool était de 18 ans, mais comme tout enfant, j’avais bu quelques gorgées de bière et de vin avant d’être majeur. Je ne m’étais jamais saoulé, tout au plus un peu éméché, mais compte tenu de mon âge, un verre de vin était suffisant.
J’avais pensé à me battre, mais sérieusement, est-ce que l’un de ces dragons pourrait être un bon adversaire ? Si je le souhaitais assez fort, je tomberais probablement sur quelqu’un pouvant me tuer d’une gifle, mais à ce moment-là, je ne me sentais même pas capable de souhaiter réellement quelque chose.
Pour le dire simplement, j’étais déprimé et plus rien n’avait d’importance.
Quand le ciel s’assombrit à nouveau, je songeai à essayer de fuir la ville en courant. Peu importait que je revienne ici ou non. Qui m’attendrait ? Je n’avais plus de famille… J’étais seul dans ce monde étrange où le seul humain que j’avais rencontré a essayé de me tuer !
Tant de fois, j’avais eu envie de crier au ciel et de demander à ce « Dieu » pourquoi il m’avait envoyé ici. Pourquoi étais-je tombé amoureux de Seryanna ? Pourquoi devais-je traverser ça ?! N’aurais-je pas pu vivre mieux si j’avais été envoyé au même endroit que les autres terriens ? Au moins… avec eux… je n’aurais pas à me sentir étrange tous les jours. Je n’aurais pas besoin de m’inquiéter pour ma vie et de mettre constamment le masque de quelqu’un qui s’en fichait.
J’étais un humain de 18 ans… Encore un enfant, peut-être ? J’avais peur… j’avais peur… mais je savais… que je n’étais pas censé être comme ça, montrer mes peurs, mes incertitudes. Dans un pays peuplé de dragons puissants et imposants… comment pourrais-je montrer de la peur ?
Mais… même ainsi… je suis humain… n’ai-je pas le droit d’avoir peur ? Je ne suis pas autorisé à trembler ? Hah! Amour… de toutes les personnes, je suis tombé amoureux d’une dragonne. Et même alors… je n’ai pu la retenir, je l’ai perdue… Je l’ai laissée tomber… je l’ai laissée partir… je suppose que peu importe ma chance, certaines choses ne sont jamais censées se passer. Où peut-être… ne la méritais-je pas depuis le début ? Qui suis-je pour mériter Seryanna ? Elle est une dragonne et je suis un humain… Elle doit être avec ses semblables, pas moi… qui suis de la même espèce que ceux ayant tué sa famille. Est-ce qu’elle y pensait à chaque fois qu’elle me regardait ? Qu’a-t-elle ressenti quand je l’ai embrassée… ? Est-ce que je l’ai forcée à se trahir… et à ses parents morts ? Pourquoi est-ce qu’elle ne m’a pas tué à l’époque ? Pourquoi ? POURQUOI ?! POURQUOI ?!!
En pensant cela, j’étais tombé sur quelqu’un. Je ne m’étais pas excusé, je l’avais contourné, mais elle m’avait attrapé par le cou et un froid soudain avait balayé mon corps ainsi que l’air autour.
« Oho~ c’est donc là que tu as erré ? »
J’avais reconnu la voix. C’était Kataryna.
En la regardant, je vis l’un de ses yeux se contracter.
« Heu… peux-tu me laisser aller... » Dis-je.
« Non. Tu penses faire quelque chose de stupide, n’est-ce pas ? » me demanda-t-elle en plissant les yeux.
« Juste courir à travers les champs jusqu’à ce que mes jambes me lâchent… écoute, je peux me défendre si quelque chose arrive. » Dis-je en essayant de toucher mon épée, mais elle n’était plus là. « Ah, elle a été volée. J’ai oublié, » avais-je dit avec un haussement d’épaules. « Alors je vais les frapper ou appeler Jophiel..., » murmurai-je.
« Comme si ce Phoenix allait répondre à ton appel dans ton état, » elle renifla.
« Laisse-moi partir, Kataryna, je ne suis pas d’humeur pour quoi que ce soit, » déclarai-je.
« Non, » m’avait-elle dit avant de me frapper dans l’estomac.
Je ne sais pas ce qu’il s’était ensuite passé parce que j’avais perdu connaissance.
Quand je m’étais réveillé, j’étais dans mon lit à l’auberge. Mon armure avait été remplacée par des vêtements de tous les jours. Les morceaux d’armures étaient posés sur la chaise à côté de la table. Tout était en lambeaux et semblait à peine tenir ensemble. Aucun aventurier sensé ne porterait quelque chose comme ça.
« Tu t’es finalement réveillé. Je commençai à m’inquiéter, » avait déclaré Kataryna après être entrée dans la pièce, une cruche d’eau à la main.
« Inquiète ? Pourquoi ? » avais-je demandé.
« Tu es inconscient depuis deux jours, » me déclara-t-elle.
« Argh… Vraiment ? » demandai-je en me frottant le front.
« Ouais. Un total de 34 heures ! » déclara-t-elle en posant la cruche sur la table puis en s’approchant de moi.
« Étais-je malade ? » Demandai-je.
« Non, juste très fatigué. Quand je t’ai trouvé, tu étais pâle comme un cadavre et tu bougeais aussi comme eux. Les gens commençaient à se demander si, par hasard, tu commençais à en devenir un. Un garde envisageait même de t’abattre, » répondit-elle.
« À ce point ? » J’avais plissé les sourcils.
« Ouais. Comment te sens-tu maintenant ? » Me demanda-t-elle.
« Mieux… mais qui m’a changé ? » avais-je demandé.
« Je l’ai fait. » Elle avait souri.
« Tu as oublié le pantalon. » Je plissai les yeux.
« Ne t’inquiète pas, j’ai essayé de t’attaquer dans ton sommeil, mais ton corps était trop fatigué pour réagir à quoi que ce soit. En fait, j’ai dormi nue à côté de toi et tu n’as eu aucune réaction. » Elle l’avait dit comme si ce n’était rien.
« Tu as essayé… tu as réellement essayé ? N’est-ce pas un crime ?! » Demandai-je en fronçant les sourcils.
« Le reporterais-tu ? » Elle sourit et gonfla la poitrine.
J’avais détourné le regard. « Non... »
J’avais alors ri, elle aussi.
« Alkelios... » Elle commença à parler. « Je sais que tu traverses beaucoup de choses à cause de ce qui s’est passé. Seryanna est aussi... »
J’avais ramené mes genoux vers ma poitrine et regardai par la fenêtre.
« Je ne suis pas digne d’elle..., » déclarai-je.
« C’est ce que tu crois, mais tu sais que ce n’est pas la vérité... » Elle s’arrêta et se gratta l’arrière de la tête. « Ah, donner des conseils, c’est dur... »
« Désolé d’être pénible, mais hé ! Regarde le bon côté des choses, je suis le bâtard qui n’a pas su réagir même lorsque deux beautés se sont proposées à lui ! Vos efforts pour ce bout de chair humaine ont été vains ! » Je ris, mais c’était forcé.
« Ce n’est pas vrai. » Elle fronça les sourcils.
« Comment cela pourrait ne PAS L’ÊTRE ? » Criai-je en la regardant.
« Alkelios... » Elle avait essayé de parler, mais je l’avais arrêtée.
« Écoute, Kataryna, j’apprécie tes efforts, mais… regardons les choses en face… je ne suis pas bon. Comme ce bâtard l’a dit, je suis faible. Je ne peux même pas protéger la femme que j’aime ! Et honnêtement, je n’ai pas envie d’en aimer une autre… je ne suis plus qu’un être en ruine. Ma copine et mes amis étaient dans une situation difficile et tout ce que j’ai fait était d’empire tout cela… je ne pense pas que tu puisses comprendre ce que je ressens. » Je la foudroyai du regard.
Au lieu de lever un sourcil avec une expression de suffisance, Kataryna sembla peinée et baissa les yeux.
« Tu ne peux pas non plus savoir ce que j’ai vécu dans ma vie, Alkelios, mais laisse-moi te donner un conseil... » Elle me regarda ensuite dans les yeux, elle avait un regard doux. « En ce moment, tu es un chaos émotionnel. À mon avis, tu ne peux même pas penser clairement et dès que quelque chose t’énerve, tu te mets à crier comme tu viens de le faire. En ce moment, tu te détestes probablement, tu détestes la façon dont tu agis et penses, mais ce n’est PAS le vrai toi. Alkelios, tu n’es pas quelqu’un comme ça. Peu importe combien toutes ces voix dans ta tête crient que ce n’est pas la vérité, tu sais que ce n’est pas le cas. Si tu n’y crois pas, crois en moi, ton amie. La seule raison pour laquelle je suis ici. La seule raison pour laquelle je t’ai ramené à l’auberge avant de mourir d’épuisement, c’est parce que je TIENS à toi comme ami. » Elle s’arrêta et prit une profonde inspiration.
Je ne pouvais pas répondre quoi que ce soit. Non, il y avait des choses que je voulais dire, mais elles sortaient toutes de cette partie de moi que je ne voulais pas montrer, cette obscurité qui murmurait à mes oreilles que je n’étais qu’un déchet. Je n’osais pas dire ces mots… ils n’étaient pas les miens, peut-être.
« Au cours des 500 dernières années, tu as été la première personne, humaine comme dragon ou autre, à être venu et à m’avoir demandé honnêtement de devenir mon ami… sans aucune condition. Tous ceux m’ayant approché me voulaient pour mon pouvoir ou mon corps. Au moment où ils prononçaient le mot “ami”, je les tuais. Mais toi… tu, là-bas, dans cette grotte, tu m’as demandé d’être ton amie parce que tu le voulais vraiment. J’ai aussi le sentiment que ta compétence ne s’est activée que parce que je cherchais un véritable ami et non un pseudo-ami aux intentions cachées, » dit-elle avant de se lever et de se diriger vers la porte.
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre bien long je trouve c’est bien vivement le prochain 🙂
Merci pour le chapitre !
Merci pour le chapitre.
Merci pour ce chap ^^ Super la Kataryna !
Merci pour le chapitre.
merci !