Chapitre 44 : Politique draconique
Partie 1
***Point de vue d’Alkelios***
Je n’avais pas pu dormir correctement cette nuit-là. Je m’étais retourné dans tous les sens dans mon lit en continuant à penser aux paroles de ce soldat et à ma visite au palais. Qu’est-ce qui allait arriver ? Qui allais-je rencontrer ? Qu’est-ce que j’allais dire ? Comment devais-je agir ? Qu’est-ce que j’allais faire si… ?
Ce n’était pas de l’excitation ou de l’anticipation que je ressentais… mais de la peur.
Après tout, j’étais un humain et ils étaient des dragons. J’étais faible et ils étaient forts. Sans eux, j’étais encore plus faible. Sans eux, je mourrai, mais avec eux, ma vie serait constamment menacée. J’étais humain et différent, alors ils allaient chercher à m’éliminer. J’étais faible et différent, alors c’était naturel pour eux d’essayer d’attaquer ceux comme moi.
De telles pensées et inquiétudes avaient traversé mon esprit et mon cœur comme d’agaçants moustiques par une chaude journée d’été, me tourmentant toute la nuit, pendant l’intégralité des douze heures. Je commençais à détester le fait qu’un jour sur cette planète signifiait 32 heures. Dans l’ensemble, même une année était plus longue, mais là encore, c’était une autre planète.
Se réveiller le matin avait été un processus cruel et angoissant pour moi, qui n’avait pas bien dormi. Je plissai les yeux vers le plafond pendant plusieurs minutes, puis je roulai sur le côté et tombais du lit. Le plancher en bois dur était assez accueillant pour que j’essaie de gagner quelques minutes de sommeil, mais je savais bien que je ne fermerais pas les yeux si facilement.
Avec une malédiction s’échappant de mes lèvres, je me levais et marchais vers le seau empli d’eau. Je m’étais lavé plusieurs fois le visage puis m’étais séché. Trois bâillements plus tard, j’avais décidé que j’étais trop fatigué pour fonctionner normalement dans un monde rempli de dragon, alors j’avais décidé de prendre une potion de guérison et de Rotiqus afin de récupérer une partie de mes forces. Mon esprit était encore brumeux. Il continuait de penser à ce qui pourrait arriver aujourd’hui une fois au palais.
Pour le dire simplement, j’étais effrayé.
C’était la conclusion à laquelle j’étais arrivé après une nuit de turbulences. J’avais peur des dragons, mais pas de ceux étant devenus mes amis. En fait, j’avais l’impression que c’était le seul moyen que j’avais pour les empêcher de me tuer.
Je savais que j’exagérais probablement parce que j’avais la force suffisante pour me défendre contre la majorité des dragons qui essaieraient de m’attaquer, mais cela ne m’empêchait pas de penser à ceux contre lesquels je ne le pouvais pas.
C’était foireux, je le savais… mais que pouvais-je y faire ?
En renonçant à chercher la cause de mes peurs et à les résoudre, je me suis dirigé vers la salle de restauration de l’auberge. C’était ici que j’attendais Kataryna et Kléo, je me sentais en sécurité avec elles aux alentours.
Après avoir pris un petit-déjeuner, nous avions quitté l’auberge.
Quelques minutes plus tard, nous étions assis devant les portes du mur extérieur du palais royal et nous bâillions à tour de rôle.
« Vous trois êtes ici à cause d’une convocation ? » Nous avait demandé l’une des gardes avec un sourcil levé.
« Oui. Je m’appelle Alkelios. » J’avais répondu.
« Est-ce vrai ? Donnez-moi un moment, » déclara-t-il avant de regarder un registre.
Après environ deux minutes, il était revenu à son poste.
« Eh bien ? » avais-je demandé.
« Un garde a été envoyé pour informer Sire Seryanna de votre arrivée. Vous allez attendre ici, » déclara-t-il.
J’avais cligné des yeux surpris.
Je pensais que nous étions convoqués par Draejan, et non pas par elle. Que se passe-t-il ? Me demandais-je.
« Attendons alors, » déclara Kataryna après avoir laissé échapper un autre bâillement.
J’avais haussé les épaules et avais essayé de trouver quelque chose à faire pour passer le temps.
Environ vingt minutes plus tard, la dragonne rousse était finalement arrivée à la porte.
« Ouvrez les portes et laissez-les passer, » ordonna-t-elle.
« Oui, Sire Seryanna ! » Ils avaient tous fait un salut et avaient agi comme ordonnée.
Après que nous soyons entrés, la dragonne nous avait accueillis avec un câlin.
« Je m’excuse pour cette convocation inhabituelle, mes amis, » nous avait-elle dit.
« Pas besoin de t’en soucier. Mais pourquoi ce Draejan nous a appelés ? » demandai-je curieusement.
Seryanna détourna le regard un moment, mais elle ne répondit pas.
« Suivez-moi, la princesse Elleyzabelle a demandé à vous rencontrer, » avait-elle déclaré.
J’avais cligné des yeux de surprises puis avais regardé Kléo et Kataryna, qui haussèrent simplement les épaules. Elles aussi ne savaient pas de quoi il s’agissait. Par contre, je souhaitais que cette réunion se déroule bien ou que, au bout du compte, je sois encore en vie sans être enfermé dans une cellule en attente de mon exécution.
En suivant Seryanna, j’avais regardé le palais. Cela m’avait rappelé beaucoup de bâtiments que j’avais vus dans les jeux en films de fantasy. Chaque pierre, chaque colonne et même les haies du jardin semblaient indiquer que c’était un lieu de grande élégance et de raffinement. Juste en suivant la dragonne rousse à travers cet endroit, j’avais ressenti le besoin de gonfler ma poitrine, de me tenir plus droit et d’apparaître plus digne qu’avant.
Le nombre de gardes patrouillant dans cet endroit dégageait un certain sentiment de sécurité, mais aussi de danger. Si quelque chose arrivait, ça n’aurait pas été beau à voir. S’échapper de cet endroit était un exploit qu’aucune personne ordinaire ne pourrait accomplir, mais grâce à tous les jeux d’infiltrations auxquels j’avais joué, j’avais trouvé une quantité surprenante de faille dans leur sécurité. Le manque de caméra en était la principale raison, mais il y avait aussi la manière dont les gardes eux-mêmes patrouillaient. Même s’ils semblaient intimidants, un assassin expérimenté pouvait même marcher derrière eux sans se faire repérer.
« Est-ce que c’est moi ou il serait très simple d’infiltrer cet endroit ? » avais-je demandé en regardant autour de moi.
« Le palais royal de Drakaria possède le titre d’endroit le plus sécurisé du royaume d’Albeyater. Je ne crois pas que ça soit si simple d’infiltrer cet endroit, » répondit Seryanna.
« Je pourrais toujours passer par les portes de devant, » renifla Kataryna.
« J’utiliserai juste mes ombres pour me cacher. Donne-moi n’importe quelle nuit de l’année et je pourrai même atteindre les chambres du roi et de la reine, » se vantait Kléo.
« Je me garderai de déclarer de telles choses dans le palais, ça pourrait être mal pris, » nous avait avertis Kataryna d’un ton sérieux.
Après avoir traversé le grand jardin, nous étions finalement arrivés à l’entrée. Alors que cet endroit était assez grand, j’avais l’impression que le palais du parlement de Bucarest était bien plus grand.
Les deux gardes à l’entrée saluèrent Seryanna et nous laissèrent passer. Une fois à l’intérieur, je m’étais retrouvé une fois de plus à court de mots pour décrire la beauté du lieu. Les peintures exquises accrochées au mur, la tapisserie, aux colonnes en spirale avec des dragons sculptés, à la moquette conduisant à un escalier en colimaçon, aux élégants lustres suspendus au plafond par une chaîne dorée. Tout ça m’avait rendu muet.
« Tu vas gober une mouche comme ça, » gloussa Kléo.
« Ouais… j’étais juste… cet endroit est… wôw, » dis-je, stupéfait.
« C’est l’un des nombreux palais dont notre royaume est fier. On dit que plus de 1000 dragons ont travaillé sans relâche pour le construire, » avait déclaré Seryanna.
« Incroyable..., » dis-je.
Au bout du tapis, juste entre les deux escaliers, j’avais vu deux grandes portes dorées sur lesquelles se trouvaient deux sculptures de dragons européens.
Curieux à ce sujet, j’avais demandé. « Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? »
« C’est la salle du trône où Sa Majesté accueille habituellement ses invités ou pour tenir des audiences. » Répondit Seryanna.
« La salle du trône ? Hm, mais pourquoi habituellement ? Quelque chose est arrivé ? Est-ce qu’ils font des réparations ? » avais-je demandé.
« Ah, non… Sa Majesté a actuellement certaines circonstances, elle n’est pas apparue en public récemment..., » répondit Seryanna en baissant les yeux vers le sol avec un regard triste.
Nous avions monté les escaliers de droite et, au moment où nous avions atteint le sommet, nous avions rencontré un dragon portant une longue robe bleue brodée de fil d’or et rose. Il avait de longs cheveux bruns, tombants plus bas que ses épaules et avait une expression grave sur le visage. En tant que dragon, sa queue était cachée sous la robe et ses ailes étaient de taille moyenne et couverte d’écailles brunes et dorées.
« Bonjour, monsieur le Premier ministre Elovius, » déclara Seryanna en s’inclinant devant lui.
Nous avions tous suivi son exemple, sauf Kataryna qui avait plissé les sourcils.
« Bonjour, Sire Seryanna. Je vois que vous amenez des invités particuliers dans le palais. Sur convocation, si je peux demander ? » Il nous regarda le menton levé.
« Sire Draejan Andrakaryus Doesya les a convoqués, mais la Troisième Princesse Elleyzabelle Sojourn Seyendraugher souhaite les voir en premier, » répondit-elle docilement.
« Je vois. Ma sœur l’a fait, Hm ? » Il avait ensuite plissé les yeux en me regardant.
Qu’est-ce qu’il y a avec lui ? Je m’étais demandé en déglutissant.
« Je suis surpris que vous ameniez… un humain à l’intérieur du palais royal, Sire Seryanna, » Dit Elovius, montrant clairement à quel point il était dégoûté face à mon espèce.
J’avais dégluti et je ne pouvais que me demander ce qui m’avait fait découvrir.
« Il a reçu une convocation officielle et je peux vous assurer que…, » Seryanna avait essayé d’expliquer, mais il a levé la main pour l’arrêter.
« Je ne me soucie pas de telles choses. Chevalière royale, mais vous devriez savoir très bien quelle honte est d’être juste à ses côtés pourrait apporter à la troisième Princesse, sans parler de votre propre réputation. Je le dis par inquiétude, mais vous devriez le faire sortir de la capitale avant qu’il ne montre ses vraies couleurs et ne commence à mordre le bout de votre queue. »
« Je comprends, votre excellence, » déglutit Seryanna.
« Je me demande si vous le faites… dois-je vous rappeler la douleur et la souffrance que son genre a causée à la famille royale ? Vous de tous, devez savoir ce dont ils sont capables, Sire Seryanna. Votre famille a le plus souffert à cause d’eux et a fait face à la possibilité de ne plus exister. Où avez-vous oublié les larmes que vous avez versées sur la tombe de vos parents ? » demanda-t-il froidement.
« Non, votre excellence… mais je crois que tous les humains ne sont pas comme ça. » Elle parlait à peine assez fort pour les deniers mots, mais il était clair qu’elle était secouée à la fois par la présence de ce dragon et par ses paroles.
Pendant ce temps, je ne savais pas quoi dire. Tout ce que je savais c’était qu’Albeyater, comme tous les autres royaumes dragon, était en guerre contre les humains et que Brekkar se trouvait il y a quelque temps dans une bataille qui avait failli lui coûter la vie. Cependant, le vieux dragon était maintenant complètement guéri. Quant aux parents de Seryanna, tout ce que je savais, c’était qu’ils n’étaient plus en vie, mais leur mort avait-elle à voir avec la guerre ?
« Je prie pour que vous réfléchissiez, Sire Seryanna. Contrairement à moi, Sa Majesté ne peut pas prendre cette… intrusion à la légère. Bonne journée, » déclara-t-il avant de partir.
Nous étions tous restés inclinés quelques secondes de plus puis nous avions repris notre chemin. Pourtant, les choses dont ce dragon avait parlé m’avaient un peu inquiété. Il semblerait que le passé de Seryanna n’était pas aussi simple que ce que je pensais.
Je me demande ce que cela signifie pour elle d’être tombée amoureuse de moi ? Avec quel genre de sentiments luttait-elle ? pensais-je en la regardant alors qu’elle nous faisait avancer dans les couloirs.
Ni Kataryna ni Kléo n’avaient dit quoi que ce soit. Nous l’avions calmement suivie en espérant qu’aucun autre dragon ne se dresse sur notre chemin. En même temps, je priais pour ne pas rencontrer le roi aujourd’hui parce que je voulais vraiment rester en vie, ne pas devenir une tache de sang sur ces murs exquis.
S’arrêtant devant une porte en bois noire, Seryanna frappa trois fois et annonça son arrivée.
« Votre chevalière, Seryanna Draketerus, a amené ceux que vous avez convoqués, Votre Altesse. »
« Entrez. » La voix d’une femme vint de l’autre côté.
J’avais dégluti.
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre !
merci pour le chapitre ! (hâte d’avoir la suite 😉 )
Merci pour le chapitre.
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