Un nouveau jeu dans les profondeurs de la captivité! – Tome 2

***

Prologue : L’homme qui a apprécié ses regrets

Takumi avait lentement ouvert les yeux avant de découvrir qu’il se trouvait dans un endroit vide de toute chose.

« Bonjour ! Quelle chance d’avoir une autre chance ! » Une forme humanoïde était apparue dans la scène vide et avait parlé avec une voix inappropriée.

« Tu as tenu combien de temps ? Déjà sept ans ? » continua-t-elle.

Son comportement était resté inchangé, mais c’était à attendre d’une existence comme celle-là.

« Ça fait un moment, déesse, » répliqua Takumi.

« Ah ! Si je pouvais choisir, je ne te reverrais plus jamais..., » lâcha la déesse.

Son sourire était sarcastique, mais après avoir soupiré, elle avait rapidement affiché un sourire neutre.

« Je n’arrive pas à croire que tu aies survécu si longtemps... avec ton comportement insolent, j’ai cru que tu allais mourir en un clin d’œil. Je l’ai même souhaité, » déclara la déesse.

« Es-tu vraiment une déesse ? » demanda Takumi.

« C’est impoli, bien sûr que je le suis ! Au moins, j’en suis une de niveau intermédiaire, » elle avait répondu en gonflant sa poitrine abondante avec fierté.

Takumi avait alors soupiré alors qu’il regardait sa réaction stupide.

Il avait alors parlé à la déesse. « D’accord, supposons-le... Mais comprends-tu au moins que tu n’as pas exaucé mon vœu comme je te l’ai demandé ? »

« Hein ? Ne voulais-tu pas te réincarner en tant qu’esclave dans un monde dur tout en gardant tes capacités et ton apparence ? » demanda la déesse avec innocence.

« Tout à fait. Sur ce point, tu as fait exactement ce que je voulais, mais... tu as oublié un petit détail et tu as ajouté quelque chose à ma situation ? » demanda-t-il.

Son regard était aiguisé comme une lame.

Face à cette question, elle haussa simplement les épaules et laissa ses longs cheveux de platine se déplacer derrière elle. « Oups, m’as-tu démasquée ? »

« Bien sûr que je l’ai fait. Même un demeuré aurait pu relier les points, » répliqua Takumi en se remémorant les deux filles.

Kunon, une louve blonde et active aux yeux dorés, et Karin, une elfe lugubre aux cheveux noirs et soyeux.

Il s’agissait de deux demi-humaines dont la puissance transcendait celle de l’homme, et qui avaient été capturées exactement au moment de sa réincarnation.

« Il y a une limite à la chance de l’homme. Pourquoi as-tu fait ça ? » demanda Takumi.

Il l’avait montrée du doigt, alors que de son côté, elle affichait une expression timide.

Elle avait alors répondu après quelques secondes. « Je pensais que c’était mal si tu mourais au moment où tu t’es réveillé... Après tout, je suis une déesse bienveillante... »

« Souviens-toi de ce que j’ai dit, déesse sénile, » Takumi lui coupa alors la parole.

« Je ne suis pas sénile ! J’ai ce faible sentiment d’avoir été en vie il y a longtemps, mais je ne suis certainement pas sénile ! » répliqua la déesse qui avait été blessée par les paroles de Takumi.

« Qui se soucie de ton état mental ! Dis-moi simplement quel était ton but en agissant ainsi, » demanda Takumi en baissant l’intensité de sa voix.

Elle avait souri, puis elle lui avait elle-même demandé quelque chose en tant que réponse. « Permets-moi de répondre par une question. Pourquoi penses-tu que nous faisons réincarner les individus ? »

« Je n’en ai aucune idée, » répondit Takumi.

« Oh, allez, allez ! Tu es plutôt vif d’esprit... ou plutôt, je dirais même que tu étais la personne la plus intelligente dans ton monde d’origine. Donc, connais-tu la raison ? » demanda-t-elle.

Elle avait ensuite ri, mais il n’avait pas répondu à sa question.

« Quoi qu’il en soit, rassure-toi, » déclara la déesse. « Tu as été réincarné dans la classe sociale la plus basse de ce monde. Je suis désolée de te pousser un peu... mais bon, que dirais-tu d’un peu d’énergie pour cette fois ? »

« Bien sûr, mais seulement si je peux te frapper à mort après ça, » répliqua Takumi.

« Ce serait un peu extrême ! Ne le crois-tu pas !? » s’écria la déesse.

« Tu récoltes juste ce que tu sèmes. Je me suis réincarné uniquement pour pouvoir tester mes propres capacités sans intervention extérieure, » répondit Takumi.

Il ne pouvait pas les utiliser pleinement dans son monde d’origine, alors ses regrets l’avaient amené à souhaiter un environnement où il serait libre de les utiliser comme il le souhaitait.

« Mais sans ces deux-là, tu serais mort, non ? Franchement, tu devrais démontrer un peu de gratitude envers une déesse qui se sent si concernée par ton sort, » répliqua la déesse.

« Essaye donc d’intervenir à nouveau et je promets de ne pas seulement te frapper à mort, déesse attardée, » répliqua Takumi.

« Ça ressemblait-il à des mots de gratitude selon toi !? » s’écria la déesse.

« Et aussi, si j’étais seul, avec les membres liés et tout en ignorant la langue du monde, alors le résultat aurait été le même. Je me serais échappé et j’aurais survécu dans tous les cas, » déclara Takumi.

« Eeeh ? Si c’était vrai, alors cela serait vraiment ennuyeux, » déclara-t-elle.

« Désolé d’avoir gâché ton humeur. De toute façon, comme la dernière fois, je n’ai pas pu dissiper mes regrets. Alors, ne m’aide plus du tout à partir de maintenant, » demanda Takumi.

« D’accord. J’ai bien compris... Je ne le ferais pas là, et donc je ne t’aiderai pas non plus à l’avenir. Tu pourras ainsi tester tes capacités autant que tu le souhaites, » déclara la déesse.

Elle avait finalement atteint ses limites et elle avait abandonné tout en abaissant les épaules.

« J’ai déjà compris que tu es beaucoup plus talentueux que l’humain moyen, donc ça ne me dérange pas de te laisser faire ce que tu veux, puisque de toute façon, j’atteindrai quand même mon but, » déclara la déesse.

« Je ne sais pas ou ne me soucie pas de ce que tu complotes, tant que je suis libre de faire ce que je veux. Quoi qu’il en soit, j’ai encore beaucoup à faire, alors ramène-moi dans mon monde, s’il te plaît, » demanda Takumi.

« Mon devoir est également terminé. Maintenant, j’ai mal à la tête à cause de toi... Là, marche dans cette lumière et tu te réveilleras, » déclara la déesse.

« D’accord. Et appelle-moi la prochaine fois que tu voudras avoir un autre mal de tête, » répliqua Takumi.

Alors qu’il commençait à marcher vers sa destination, la voix de la déesse l’atteignit à nouveau. « Que penses-tu de ce monde ? »

Son ton était totalement différent de celui d’avant, car il était maintenant teinté de tristesse.

Takumi se retourna afin de lui montrer son visage souriant. « Ce n’est pas si mal. »

En entendant sa réponse, la déesse avait timidement souri.

***

Chapitre 1 : L’oiseau de couleur cendrée

Partie 1

« Uaaaah ! Je suis fatiguée ! » Kunon avait brisé le silence du bureau de Suzuran tout en agitant les bras en l’air.

Karin avait alors levé son visage tout en laissant ses cheveux noirs et soyeux se balancer derrière elle.

« Si tu ne commences pas à travailler, ça ne finira jamais, tu sais ? » déclara Karin.

« Je sais ! Mais je ne suis pas douée pour ça ! » s’écria Kunon. En faisant ça, elle avait fait gonfler ses joues et avait tapoté sa plume à plusieurs reprises avec son index.

Sur le bureau devant elles se trouvaient une montagne de papiers... ou plutôt, deux ou trois énormes piles de papiers n’étaient pas une vraie « montagne », mais cela faisait tout de même beaucoup.

Même l’elfe diligente lâcha un soupir empli de tristesse face à cette vue.

« On ne peut pas y faire grand-chose. Gaitsu gère l’entreprise, mais nous devons encore choisir les nouvelles routes et les nouveaux clients pour nos transactions, » déclara Karin.

Un mois auparavant, une grande entreprise s’était effondrée.

Les gardes avaient pris d’assaut l’une de ses propriétés où les paris illégaux étaient effectués en secret et avaient arrêté le cerveau derrière lui et tous les nobles qui s’y rattachaient.

C’était ainsi qu’Amberg s’était effondré. Après ça, il avait été absorbé et remplacé par Valeria, aujourd’hui nommé Suzuran, dont Takumi et les autres étaient membres.

« Takumiii... ! Allons manger quelque chose... ! » Kunon plaida en larmes tout en déplaçant son regard sur lui.

« Bon, très bien. Allons chez Lilia quand on aura fini, » répondit-il.

« Ce n’est pas bien ! Je veux manger maintenant quelque chose ! » s’écria Kunon.

« Si tu veux ça, tu n’as qu’à apposer un sceau sur ces choses et cela sera fini. Je sais que tu n’es pas habituée à ce genre de travail, mais regarde ce à quoi je dois faire face, » répliqua Takumi.

La tasse de thé noir froid tremblait tandis que Takumi se déplaçait pour prendre quelques papiers, faisant flotter ceux qui se trouvaient à proximité. Il lui montra les documents dont il parlait.

Karin les regarda aussi et elle se souvint alors de quelque chose. « N’est-ce pas... Le rapport de Gaitsu ? » demanda-t-elle.

« Ouais. Un gros bonnet s’est plaint de la réorganisation de l’installation située dans la zone supérieure, » répondit Takumi.

« Un gros bonnet... ? Lux n’est-il pas en train de tenir les nobles à distance ? » demanda Karin.

« Exactement ! Mais il ne peut pas faire ça avec tout le monde, » répondit Takumi.

En regardant le nom sur ces papiers, Takumi avait fait une expression aigre.

« Kiad Fortesea…, » murmura-t-il alors.

« Fortesea... ? Est-ce l’un des trois seigneurs supérieurs ? » demanda Karin.

« Oui. Mais même Lux ne peut rien faire contre eux, » répondit Takumi.

La famille royale de Listina, et plus précisément la reine, avait la plus forte influence dans la capitale, mais la politique nationale était entre les mains de ceux qu’on appelait « trois seigneurs supérieurs ».

Le vertueux Fairstadt, qui régnait sur la justice, l’harmonieux Administrer, qui gérait l’administration, et le vaillant Fortesea, qui régnait sur la guerre.

Ces trois-là n’étaient pas seulement les trois ducs du royaume, mais aussi les délégués de la magie de Richtert.

Dans le Royaume saint de Richtert, le culte de la magie en tant que don du ciel était une coutume nationale. Les nobles privilégiés avaient été sélectionnés afin d’apprendre la magie particulière de Richtert.

Les plus forts étaient un pas au-dessus des autres, même sur le plan social, et parmi eux se trouvaient les seigneurs susmentionnés.

Ils faisaient partie d’un groupe supérieur aux autres aristocrates.

« Mais... nous avons seulement changé notre installation. De quoi ce Fortesea se plaint ? » demanda Karin.

« Te souviens-tu des outils de magie défensive que j’ai retirés des installations de l’ancien Amberg ? On dirait que nous devrions les ramener parce qu’il y a un problème à ce niveau-là, » répondit Takumi.

« Eh bien... se plaindre n’aidera pas, hein ? Mais nous sommes aussi une grande entreprise qui participe à la gestion de l’État, donc se faire voler ou agresser serait troublant pour nous, » répondit Karin.

Les manoirs des nobles et les sièges sociaux des grandes entreprises étaient des installations importantes pour la politique nationale, de sorte qu’un grand nombre d’objets magiques avaient été créés pour les défendre.

Mais comme Takumi n’était pas autorisé à les enlever et à les réutiliser comme il le voulait, il était naturel que les Fortesea, qui portaient la défense nationale sur leurs épaules, se plaignent de ce qu’il faisait.

Le marchand d’esclaves avait placé une main sur son menton tout en regardant les papiers.

« Les bas quartiers sont une chose, mais les vols et les agressions sont rares dans la partie supérieure, » déclara Takumi. « Je comprendrais cette tournure des événements si nous étions en pleine guerre, mais il n’y a pas eu de grands conflits depuis trente ans. Pourtant, le lendemain après que nous les ayons démantelés, nous avons reçu le rapport de Gaitsu concernant leurs plaintes. »

Takumi avait tapoté sur ses tempes avec son index à plusieurs reprises.

« Voyons voir, que devrions-nous faire à ce sujet…, » murmura Takumi

« ... Est-ce que tu planifies encore quelque chose ? » demanda l’elfe.

« Bien sûr. Ma philosophie est d’utiliser n’importe quoi tant que cela peut être utilisé, » répondit Takumi.

« Quoi qu’il en soit, il suffit de me dire à l’avance ce que tu as trouvé comme solution, puisque je dois répondre à tes demandes impossibles. Sinon, je n’aurai pas assez de temps pour les remplir, » demanda Karin.

« Tu seras la première à le savoir, » annonça-t-il. « De plus, ton aide sera essentielle à l’exécution de mon plan. Après tout, tu es la seule qui peut comprendre ce que je vise à obtenir. »

« ... Alors je suppose que c’est bon ainsi, » déclara Karin.

En ce moment, elle boudait, alors elle avait tourné la tête afin de cacher son embarras, mais ses oreilles l’avaient trahie alors qu’elles commençaient à rougir.

« Commençons par dire à Gaitsu de se débarrasser de ces objets magiques, » déclara Takumi.

« Je ne pense pas que tu devrais... Les gens tueraient pour eux, » déclara Karin.

Les objets magiques, comme leur nom l’indique, étaient des objets enchantés par la magie.

On pouvait utiliser la magie lorsqu’ils étaient activés, et leur facilité d’utilisation en faisait des appareils idéaux pour les militaires, les colporteurs et les voleurs, qui n’en avaient jamais assez.

Pourtant, ces objets n’avaient pas seulement été créés à partir de matériaux rares, mais ils avaient aussi besoin de la « formule d’accès », qui était la formule magique qui composait leur noyau.

Seuls les mages compétents, c’est-à-dire ceux qui comprenaient la bonne méthode pour écrire ces formules, pouvaient les concevoir, de sorte que la distribution des objets magiques était déficitaire par rapport à la demande.

« De plus, si ces objets sont bien ceux d’Amberg, ils devraient être fabriqués par l’archevêque de Crest. Savais-tu qu’ils sont les meilleurs de toute la capitale ? » demanda Karin.

« Crest... ? Ceux qui ont complètement changé les objets magiques utilisés par les mages il y a deux ans ? » demanda Takumi.

« Exactement. Celui qui a également créé la Magie de la Saisie pour les gardes, et les barrières défensives dont tu veux te débarrasser, ainsi que pratiquement tous les objets magiques que tu peux trouver dans la partie supérieure de la capitale. Tous ces objets ont été faits par le même archevêque, » répondit Karin.

« Wôw... Que savons-nous de celui-ci ? » demanda-t-il.

« Presque rien. Il n’apparaît que dans le château royal ou dans la cathédrale. Même nos esclaves n’ont pas le droit d’entrer dans ces endroits, » répondit l’elfe.

Elle voulait bien entendu parler du réseau d’esclaves qu’ils avaient créé au cours de toutes ces années.

Grâce à eux, Takumi avait pu acquérir toutes sortes d’informations.

Mais ils étaient limités à leurs employeurs et à leurs proches. Il était assez difficile de recueillir des informations sur les structures importantes de la partie supérieure, en particulier le château et la cathédrale.

Lux pouvait leur donner un coup de main, mais étant donné sa personnalité et sa position en tant que l’un des trois seigneurs, le niveau de confiance était différent de ce que Takumi avait avec ses informateurs.

« Si les esclaves ne peuvent pas accéder à ces endroits, je dois penser à une autre façon de recueillir de l’information à partir de là, » déclara Takumi.

« Je suis d’accord avec toi, » répondit Karin. « J’aimerais mieux utiliser Gaitsu, mais la hiérarchie de la branche de la société dans la partie supérieure n’est pas encore prête, alors il faut donc attendre un peu de temps... »

« Ça doit être amusant de se parler pendant que je meurs de faim, hein ? » commenta Kunon en regardant les deux autres personnes dans la pièce. « Surtout toi, Karin. Tu as l’air plus heureuse que d’habitude quand tu lui parles. »

« Plus heureuse... ? Je ne pense pas que cela soit vrai, non ? » demanda Karin.

« C’est un mensonge ! Tu souries d’un bout à l’autre de ton visage ! » s’exclama Kunon.

« Qu... !? Je ne souris nullement ! » répliqua Karin.

Karin avait immédiatement commencé à toucher ses joues afin de le confirmer.

« Tu vois !? Je ne le fais pas ! Je suis la même que d’habitude ! » confirma-t-elle après ça.

« OK, arrêtez vous deux. Karin, tu as l’air détendue, et c’est normal que tu souries de temps en temps, n’est-ce pas ? » demanda Takumi.

« Combien de fois dois-je me répéter ? » demanda Karin, gênée par la tournure des événements.

« Takumiii ! Donne-moi à manger, s’il te plaît ! » cria Kunon.

Tandis que les filles perdaient complètement leur concentration, Takumi avait agité la main puis il avait soupiré.

« Très bien. Je dois de toute façon entendre le rapport de Killfer, alors terminons un peu plus tôt aujourd’hui, » annonça-t-il.

« Vraiment !? Yaaay ! » cria Kunon.

En entendant la grande nouvelle, les yeux de Kunon avaient commencé à scintiller et ses oreilles à se contracter, et un large sourire s’étaient formés sur le visage de Karin.

« J’ai entendu son rapport avant de venir ici. Il m’a demandé de te dire que le texte pour le Saint-Texte a été diffusé et que tout le monde l’a bien reçu, » annonça l’elfe.

« Oh, c’est bon à entendre. Eh bien, dans ce cas, il n’y a aucune raison d’y aller, » déclara Takumi.

« Nooon ! Karin, espèce d’idiote ! » cria Kunon en constatant que son repas s’éloignait d’elle.

« C’est ce qu’on obtient quand on dit des trucs bizarres ! » affirma l’elfe avec son visage rougi et ses lèvres repliées dans un sourire enfantin.

La fille-bête avait alors commencé à la frapper légèrement quand ses rêves s’étaient brisés.

Pendant ce temps, Takumi avait commencé à ranger le lieu de travail, car il ne semblait pas que les choses allaient aller plus loin pour aujourd’hui. À ce moment-là, quelqu’un avait frappé à la porte et l’avait ouverte après ça.

« Takumi, as-tu une minute ? » demanda une voix féminine.

Une jeune fille était entrée dans la pièce et ses cheveux de platine se balançaient derrière elle.

« Mirta, quoi de neuf ? J’allais justement faire une pause, » déclara Takumi.

« Tu as une invitée... Les filles, que s’est-il passé ? » demanda Mirta.

Elle avait baissé la tête, regardant une Karin rouge et une Kunon désespérée qui se trouvait au bord des larmes.

« Rien, juste un coup de timidité et une polyphagie. Quelqu’un veut me voir ? » demanda Takumi.

Il était un peu tard pour les visites, puisqu’il était presque minuit, mais une autre personne était entrée dans la pièce. Il s’agissait d’une fille aux longs cheveux rouges flamboyants, attachée à une queue de cheval et portant un uniforme blanc comme neige.

En la voyant, Karin avait laissé échapper une voix surprise. « Elsa ? C’est étrange que tu passes si tard le soir. »

« Mon service vient de se terminer, c’est pour ça que je suis en retard, » répondit Elsa.

« Quoi !? Es-tu venue ici à cette heure pour t’assurer que je ne cause pas d’ennuis ? » demanda Takumi.

« ... Franchement, même moi, je ne serais pas aussi effrontée, d’accord ? » demanda Elsa.

Actuellement, Suzuran et les gardes de la ville basse collaboraient étroitement.

Bien qu’ils avaient été une compagnie illégale avant ça, ils étaient maintenant l’une des compagnies majeures choisies par le Royaume saint de Richtert afin de gérer les affaires publiques, et leur siège social actuel résidait dans un bureau avec une quantité surréaliste de paperasse.

C’est pourquoi ils n’avaient pas seulement gardé le contact les uns avec les autres, mais un service de sécurité composé de garde compétent avait été chargé de les défendre.

Avant, les gardes évitaient de passer autant que possible, mais maintenant, ils entraient et sortaient effrontément de là.

« Donc tu es venue ici parce qu’il y a quelque chose d’urgent dont tu as besoin ? » demanda Takumi.

« Non, rien d’urgent... attends, qu'est-ce qui est arrivé à cette fille-loup ? » demanda Elsa.

« *Pleure*... Capitainnnneee... ! Donne-moi de la nourriture s’il te plaît... ! » Kunon s’était lamentée.

Kunon marchait de manière instable vers son nouvel espoir avec une expression étrange bien visible.

« Oh, tu as faim ? C’est une bonne chose. Je me demandais s’il n’était pas trop tard... car ils m’ont donné beaucoup d’extra au bar, alors…, » déclara Elsa.

Elle avait offert à Kunon un sac en papier, et l’instant d’après, la force revint dans son petit corps. Les yeux de la fille-louve avaient commencé à scintiller, et elle avait serré dans ses bras la garde.

« Yaaay ! Capitaine, tu es... une déesse ! » s’écria Kunon.

« Wôw, calme-toi ! Tiens, mange ça ! Descends de là... Ne bave pas ! Tu vas tacher mon uniforme ! Lâche-moi ! Marchand d’esclaves, arrête de regarder avec ce sourire et viens m’aider ! » Elsa avait crié en essayant de repousser Kunon.

 

 

Les trois témoins hochèrent la tête avec sympathie.

« C’est paisible. »

« Paisible, en effet. »

« Comme c’est paisible, n’est-ce pas ? »

« Arrêtez d’avoir l’air si calme et aidez-moi ! » s’écria Elsa.

Kunon avait finalement pris sa nourriture et s’était jetée sur le contenu du sac en papier pendant qu’Elsa s’asseyait sur un fauteuil se trouvant à proximité.

« Aujourd’hui, je ne suis pas ici en tant que garde en patrouille, mais en tant que messager. Mon frère Lux me l’a demandé, » déclara Elsa.

Takumi avait alors affiché une expression emplie de doute, tandis qu’Elsa avait sorti une lettre de sa poche de poitrine.

« Dans trois jours se tiendra le buffet royal pour célébrer votre promotion. La famille royale, les trois seigneurs supérieurs, les quatre grandes compagnies et tous les nobles influents qui ont le droit de parler seront présents... il y aura beaucoup de monde, » annonça Elsa.

« Je vois. Tu es venue nous avertir de ça, » déclara Takumi.

« Votre invitation a été écrite par Sa Majesté la reine elle-même. En fait, cela aurait dû avoir lieu dans un avenir proche, mais une certaine grande entreprise a fait tout changer et c’est arrivé plus tôt que prévu, » elle avait continué à parler après avoir fait asseoir Kunon sur ses genoux.

« Mais à la place que cela soit une véritable fête, c’est plus qu’ils veulent vous rappeler votre position, » continua Elsa. « La politique nationale est discutée dans les congrès, mais comme il s’agit ici d’un rassemblement formel, il sera difficile de saisir l’attitude des autres. Ce buffet sert exactement à partager des informations et à échanger des idées. »

« Merci de me l’avoir expliqué, » répondit Takumi. « Je n’ai pas beaucoup d’informations sur la partie supérieure de Listina, donc accepter cette invitation pourrait m’aider à en rassembler. »

Takumi avait souri avec joie, et la garde l’avait à son tour regardé d’un regard empli de doute.

« N’essaye pas de faire quelque chose d’étrange là-bas, d’accord ? » demanda Elsa. « Si tu fais quelque chose, la famille Fairstadt, c’est-à-dire Lux et moi, qui t’avons recommandé, aura des ennuis. As-tu bien compris ? »

« Pourquoi ferais-je quelque chose d’étrange ? » demanda Takumi.

« Parce que c’est ce que tu fais toujours !? Arg, mon estomac…, » elle avait commencé à caresser son estomac avec une expression affichant le fait qu’elle était mal à l’aise.

Cela arrivait chaque fois qu’elle essayait d’interagir avec Takumi.

« Mirta... Je compte sur toi. Tiens-le à distance, » demanda Elza.

« Hein ? Suis-je également invitée ? » demanda Mirta.

« Bien sûr que oui, » répondit Elsa. « Il est naturel que le dirigeant d’une grande entreprise soit invité, non ? De plus, toi, tu sais comment te comporter correctement et avoir les bonnes manières pour participer, n’est-ce pas ? »

« J’ai en effet beaucoup appris de l’époque où nous pratiquions l’étiquette ensemble à ta résidence, mais…, » commença Mirta.

Elle n’avait pas seulement trop réfléchi à ce qui allait arriver, mais elle avait aussi imaginé participer à un rassemblement où la famille royale et les trois seigneurs seraient présents et tout cela l’avait rendue si nerveuse que son regard avait commencé à errer sans but dans toute la pièce.

« Mirta, pourquoi n’es-tu pas plus confiante ? » demanda Takumi.

« Je suis confiante ! » s’exclama Mirta.

En la voyant gonfler la poitrine, Takumi avait hoché la tête d’un air satisfait.

« C’est bien ainsi, » continua Takumi. « Peu importe l’endroit ou l’adversaire, tu dois continuer à bien paraître. Prépare-toi à regarder de haut les trois seigneurs, la famille royale et même les dieux si nécessaire. »

« Qu’est-ce que c’était... ? Pourquoi peux-tu dire tout cela si facilement ? » demanda Mirta.

« Parce que je le ferais même si une déesse décidait d’aller contre moi, » déclara Takumi.

« Écoute... si quelqu’un t’entend dire ça, ce ne serait pas étrange que l’inquisition t’attrape, tu sais ? Les gens adorent la déesse Filia ici, alors ne l’oublie jamais, » répliqua Elsa.

Il avait été réprimandé par une Elsa dégoûtée, mais comme il traitait déjà la déesse de la Réincarnation avec insolence, il ne faisait que dire la vérité.

« Quoi qu’il en soit, veille attentivement à ton apparence. De plus, elle est plus ou moins la sœur de l’un des seigneurs supérieurs. Si tu te sens mal à l’aise, exerce-toi devant elle, » déclara Takumi en pointant du doigt Elsa.

« Je suis sa vraie sœur ! Mais il a raison, Mirta. Si tu as besoin de moi, je t’aiderai, » déclara Elza.

« Je devrais considérer Elsa comme une ennemie... ? Euh... Comme si cela pouvait être une bonne chose ? » demanda Mirta.

Le chef de Suzuran avait ajusté son expression et avait mis en avant sa poitrine d’un air assuré tout en regardant directement son amie, qui l’avait de son côté regardée avec un air satisfait... puis elle avait raidi son visage.

« Comment le dire... Tu as vraiment grandi…, » déclara Elza.

« Quoi... ? » demanda Mirta.

« Haha... De penser que nous les avions à un moment donné de même taille…, » murmura Elza.

« Où regardes-tu !? Elza, où diable regardes-tu en ce moment !? » s’écria Mirta.

Mirta avait commencé à la frapper pendant qu’elle rougissait, et la garde avait tremblé sous l’assaut de son amie tout en la regardant d’un air distrait. Elles étaient comme des sœurs, si bien que des sentiments contradictoires faisaient probablement rage en elles en ce moment même.

« Eh bien, ce n’est pas comme si tu étais sans rien de ce côté-là. Allez, mets-toi un peu plus en avant ! » déclara Takumi.

« Hahahaha... Takumi, tu as vraiment besoin de quelques leçons pour comprendre comment traiter les questions délicates des femmes, » répliqua Elza.

« N’est-il pas un peu tard pour dire ça ? » demanda Takumi.

« C’est moi qui devrais dire ça ! » déclara Mirta.

Puis, Karin avait légèrement levé la main. « En y réfléchissant, Elsa, est-ce que Kunon et moi pouvons aussi venir au buffet ? »

« Mh ? Oui, pas de problème. Les gardes et les accompagnateurs sont également invités... comme c’est curieux. Je croyais que tu détestais ce genre de choses, » répondit Elza.

« Je déteste les nobles, mais mon maître a dit qu’il irait là-bas, donc je ne peux pas ne pas le rejoindre, ne le penses-tu pas ? » demanda Karin.

« ... C’est vrai. Ce sera rassurant d’avoir ma grande secrétaire avec moi, » déclara Takumi.

L’elfe avait alors répondu en hochant la tête en restant silencieuse.

Ils avaient finalement eu l’occasion parfaite afin de recueillir des informations, et Karin avait la capacité la plus utile pour mener à bien cette tâche. Elle pouvait lire l’esprit des gens en les regardant dans les yeux, ce qui signifiait qu’ils pouvaient sauter beaucoup d’étapes pour obtenir ce qu’ils voulaient.

Elsa n’était pas au courant, alors elle avait hoché la tête sans avoir trop de soupçons.

« Quoi qu’il en soit, n’hésite pas à venir avec Kunon. Venez tous à la résidence de Fairstadt le jour fixé, et je vous y conduirai moi-même, » déclara Elza.

Alors qu’elle essayait de se lever, elle s’était soudainement arrêtée.

« ... Hé, fille-louve. Descends de là. Je dois y aller, » demanda Elza.

« Nnnh... Tzzz nuit~ ? » Kunon s’était endormie pendant que les autres parlaient et elle marmonnait maintenant quelque chose d’incompréhensible.

Elsa avait apprécié cette scène avant de commencer à la gifler sur ses joues.

« Allez, réveille-toi. Dormir juste après avoir mangé n’est pas bon pour la santé ! » s’écria Elza.

« J-Je ne dors pas maintenant... m-ma nourriture est toujours là…, » balbutia Kunon.

Quand son visage avait commencé à être touché, elle avait commencé à se tortiller sans cesse.

« Hehehehe… miam, du pudding pour le dessert…, » murmura Kunon, encore toute endormie.

« Hé, ne me touche pas là ! Non, arrête de baver ! S’il te plaît, arrête, pour le bien de Filia ! Si tu trempes mon manteau, il fait froid dehors ! Nooon ! » cria Elsa.

Elsa avait essayé de l’arracher de ses genoux, mais en regardant son visage innocent et endormi, elle avait hésité un instant, et... l’instant d’après, son manteau était devenu complètement baveux.

Tout le monde pouvait voir le profond chagrin d’Elsa pendant qu’elle marchait sur la route dans la nuit froide avec son manteau à la main.

***

Partie 2

S’ils n’étaient pas autorisés, même les nobles ne pouvaient pas entrer dans le niveau supérieur de Listina, où les gardes patrouillaient toujours.

Le château du Royaume Saint de Richtert était blanc comme neige, et les individus priaient dans la cathédrale de la déesse Filia, qu’ils adoraient.

C’était le territoire d’entités importantes comme la famille royale, un endroit que les habitants des quartiers pauvres, comme Takumi et ses camarades, ne pouvaient visiter que lorsque les étoiles s’alignaient.

Si une personne pieuse était autorisée à entrer, elle commencerait sûrement à pleurer de joie.

Mais pour les membres de Suzuran, qui marchaient dans le couloir du château rempli d’une atmosphère lugubre, ce n’était pas le cas.

« ... Aaah... »

« Uuuah... Totalement troublant... ! »

Karin et Kunon étaient indifférentes devant la cathédrale et le château royal, et marchaient vers l’avant avec un regard déprimé et tourné vers le sol.

« ... Hé, vous deux. Nous sommes sur le point d’arriver, alors restez ensemble, » déclara Elsa.

« Elsa a raison. C’est toujours une sorte de buffet public, vous savez  ? » déclara Mirta.

Le capitaine de la garde des bas quartiers et Mirta les avaient réprimandés, alors que de leurs côtés, elles avaient répondu avec tiédeur, alors Elsa avait décidé de demander à Takumi.

« Tu es leur maître, n’est-ce pas ? Dis-leur quelque chose. »

« Je ne peux pas y faire grand-chose... Les filles, pourquoi êtes-vous comme ça ? » demanda Takumi.

« Ne sais-tu pas déjà... ? » Karin grogna avec des yeux baissés, ses lèvres pressées en une fine ligne.

Une longue fente sur sa robe de couleur bordeaux affichait clairement son décolleté, et comme elle avait l’habitude de cacher beaucoup de peau, cette tenue la rendait terriblement mal à l’aise.

« J’ai dit que je viendrais aussi, mais je n’ai jamais accepté de porter une robe, » déclara Karin.

« On n’y peut rien, Karin, » déclara Takumi. « On est peut-être des types sans goût des bas quartiers, mais on ne peut pas venir ici en tenue décontractée. Il y a un code vestimentaire à respecter pour ce genre d’occasion. »

Elsa était vêtue de ses vêtements de travail habituels, car elle était là en tant que garde, et Mirta portait la même tenue, manteau inclus, qu’elle avait quand elle avait prononcé son discours pour devenir la dirigeante de Suzuran.

« Mais tu es toujours vêtu comme d’habitude, » répliqua Karin.

« D’habitude, je soigne mon apparence. Et aussi, à part le fait que je suis un marchand d’esclaves, je gagnerais l’antipathie des nobles si j’étais habillé de façon trop voyante, » répondit Takumi.

L’apparence était essentielle pour les personnes ayant un certain statut social.

Si l’on devait s’habiller plus pompeusement que quelqu’un d’un statut supérieur, on l’aurait automatiquement repoussé, mais si le contraire s’était produit, les nobles deviendraient contents. Ou plutôt, les choses auraient été plus faciles à traiter avec eux.

« Je comprends, mais... Il n’était pas nécessaire de montrer ma poitrine et mes jambes. Si je devais porter une robe, est-ce que la tenue de Mirta ne me conviendrait pas ? » demanda Karin.

« Vu son rôle, ce genre de choses lui va plutôt bien, » répondit Takumi.

« Son rôle... ? » demanda Karin.

« Tout à fait, » répondit Takumi. « Elle ne manque pas de féminité, et ce n’est pas comme si elle flirtera avec les hommes. Même si elle est une femme, elle devrait quand même s’habiller comme la dirigeante d’une grande entreprise... C’est pourquoi j’ai dit “son rôle”. »

La fille dont ils parlaient marchait fermement devant eux, le dos droit.

« Il y a beaucoup de chauvinisme dans les tendances de Richtert sous de nombreux aspects, » continua à expliquer Takumi. « Ils vont s’inquiéter du fait qu’une femme devra s’occuper des finances publiques. »

Les hommes ne faisaient normalement pas de discrimination à l’égard des femmes, mais les femmes avaient généralement une position sociale inférieure.

Pourtant, la plus haute autorité de Richtert était la reine. Elle avait été traitée comme une exception parce qu’elle était censée être une descendante de la déesse.

En outre, elle était le symbole du Royaume Saint. Elle avait un pouvoir de décision, mais la plus grande partie du pouvoir réel était entre les mains des trois Seigneurs, de sorte qu’elle n’était pas particulièrement impliquée dans la politique nationale.

« Si nous continuons d’apporter de bons résultats, les individus auront une meilleure impression des femmes et d’autres possibilités de carrière s’ouvriront à elles, » expliqua Takumi.

Il ne pensait pas seulement au présent, mais aussi à l’avenir. Après que Takumi avait expliqué tout cela...

« Ne parlait-on pas de ma robe ? » demanda Karin.

« Écoute-moi. J’aime celle-là, d’accord ? Je voulais pouvoir me vanter de toi devant les nobles, » déclara Takumi.

« Ne peux-tu pas garder cette idée pour toi... !? » s’écria Karin.

Il avait commencé à siffler et l’avait ignorée pendant qu’elle essayait de se contracter dans sa robe tentatrice.

« Ça ne te tuera pas de t’habiller comme ça de temps en temps. Si tu te sens trop embarrassée, reste tranquille derrière moi ou Mirta, » déclara Takumi.

« Souviens-toi, Takumi. Je vais te faire payer pour ça, » annonça Karin.

« J’ai hâte d’y être, » répondit-il.

Il avait souri face à son regard rancunier, puis regarda celle qui était à ses côtés.

Kunon était déguisée en apprentie d’un marchand d’esclaves et portait un chapeau pour couvrir ses oreilles. Elle marmonnait son mécontentement avec ses joues gonflées. « Takumi, je n’ai jamais accepté de venir ici ! »

« Voilà ce qui arrive quand on s’endort, » déclara Takumi.

« C’est parce que les genoux de la capitaine sont confortables et accueillants ! De plus, je déteste les rassemblements formels ! » se plaignit Kunon.

« Tu n’as qu’à agir comme d’habitude comme notre garde du corps, et tu n’as pas à te soucier de ton comportement, alors va manger quelque chose si tu t’ennuies, » déclara Takumi.

« Oh, je peux ? Alors, tout va bien ! » annonça-t-elle.

Elle avait levé le pouce et était revenue à son état normal. Merci, Filia, elle est facile à manipuler.

« As-tu fini ta conversation ? Nous sommes arrivés, alors essaie de ne pas causer de problèmes, » Elsa était intervenue, et après avoir donné des ordres à quelques gardes, la porte massive devant eux s’était ouverte.

Il y avait beaucoup de meubles extravagants alignés dans la vaste pièce.

Le tissu des rideaux était brodé de fils d’or et d’argent, et le beau marbre poli qui composait le sol et les murs n’était pas seulement un spectacle pour les yeux douloureux, mais reflétait parfaitement la lumière, améliorant ainsi la visibilité dans la pièce.

« Wôw... alors c’est un buffet, hein ? » s’exclama Kunon.

Beaucoup de gens bavardaient entre eux avec un verre à la main, mais un sentiment de traîtrise et de noirceur dérivait dans l’air.

Par exemple, les nobles entouraient les plus influents individus, qui n’avaient de cesse de montrer leur pouvoir et leur dignité en accumulant de plus en plus de gens dans leurs petits rassemblements tout en essayant de montrer leurs talents d’orateur.

Ceux qui formaient la foule leur faisaient face avec des sourires flatteurs.

Mais les bergers étaient ambitieux, alors non seulement ils s’assuraient de garder le contrôle de leur troupeau de moutons, mais aussi de saisir toutes les occasions de voler davantage aux autres.

Ceux qui essayaient de faire du commerce parlaient de sujets liés aux affaires.

Ils avaient tous soigneusement choisi leurs mots tout en jouant avec le boulier des affaires dans leur esprit pour réaliser le plus grand profit possible.

Il s’agissait du mensonge et de la méfiance qui étaient mélangés à cet endroit.

« Je ne peux pas vous guider plus loin, car je dois retourner avec les autres gardes pour patrouiller dans le périmètre. S’il vous plaît, n’oubliez pas d’être courtois envers les autres..., » déclara Elsa.

« Elsa, nous avons déjà un problème, » Takumi l’avait interrompue, puis avait montré du doigt son côté. « Kunon a senti quelque chose de bon et a disparu. »

« ... Franchement, pourquoi as-tu laissé cette fille-louve irresponsable libre... »

D’une voix légèrement larmoyante, Elsa haussa les épaules et commença à chercher l’enfant perdue. Elle grognait souvent, mais à la fin, la gentille garde s’occupait sincèrement d’eux.

« Eh bien, il est temps de..., » commença Takumi.

Au moment où Takumi ouvrit la bouche, une voix les atteignit. « Ne sont-ils pas de la nouvelle entreprise ? »

Ces mots avaient été prononcés si fort qu’ils avaient résonné dans toute la pièce.

« En tant que peuple révoltant des taudis, ils ont quand même eu le courage de se montrer ici ? »

« N’est-ce pas exactement parce qu’ils viennent des bidonvilles ? »

« Oui, probablement. Le manque d’intelligence et de grâce les a amenés à un endroit auquel ils n’appartiennent pas. »

« En effet. Ils rendront cet endroit puant avec leurs eaux noires. »

« Les Fairstadt les soutiennent, n’est-ce pas ? J’avais quelques attentes à l’égard du Seigneur Lux malgré son jeune âge, mais maintenant je vais changer d’avis sur lui. »

Dès qu’ils étaient entrés, beaucoup d’individus avaient commencé à se moquer d’eux l’un après l’autre.

C’était tout à fait naturel, car ceux qui venaient des bas quartiers étaient les plus bas de la hiérarchie sociale.

Normalement, les nobles ne les auraient même pas regardés, mais maintenant que les gardes avaient accepté leur aide et qu’ils étaient même devenus une grande compagnie, les nobles avaient affiché leur vraie nature.

Pour ceux qui ne pensaient qu’à leur autorité personnelle, les habitants des bas quartiers n’étaient que des ordures inesthétiques.

Mais Takumi avait souri. « Frannnnnnchement ! Je suis si ravi qu’ils nous aient insultés ! »

« Hahahaha... Tu sais que tu ne devrais pas être heureux d’être méprisé ? » demanda Mirta.

« Ma sensibilité est plutôt déformée. De toute façon, je ne m’attendais pas à ce que tu restes calme, » déclara Takumi.

D’habitude, Mirta aurait été découragée si quelqu’un s’était moqué de sa compagnie, mais elle souriait maintenant.

« Je suis ici en tant que dirigeante de Suzuran, donc je ne peux laisser personne voir un côté honteux de ma personne, ne le penses-tu pas ? » demanda Mirta.

Elle n’apparaissait pas comme une fille simple, mais comme une véritable dirigeante se tenant au-dessus des autres, et Takumi avait fait un sourire satisfait face à cette vue.

« Jolie réponse. On se présente ? » demanda Takumi.

Elle hocha lentement la tête et commença à marcher vers les nobles qui se moquaient d’eux jusqu’à présent.

Elle avait ignoré les voix qui s’agitaient autour d’elle, et s’était arrêtée devant un homme d’âge moyen, puis s’était inclinée poliment devant lui tout en tenant l’ourlet de sa robe.

« Il s’agit de la première fois que nous nous rencontrons. Je suis la dirigeante de Suzuran, Mirta Famille. Vous êtes le comte de Lingen, Alfas Hilbert, n’est-ce pas ? » demanda Mirta.

« Oui, oui... en effet. J’apprécie votre politesse, » répondit Alfas.

« Aujourd’hui, je ne me tiens pas devant vous uniquement parce que nous avons reçu l’invitation, mais surtout pour le grand honneur de me présenter à vous, monsieur, » enchaîna Mirta.

Elle avait parlé avec un sourire doux, et l’expression de l’homme s’était déformée dans l’embarras, mais ce n’était pas parce qu’elle pouvait parler si poliment, même en tant que simple résident des bas quartiers.

« ... Famille, vous dites ? Pardonnez mon impolitesse, mais que diriez-vous de vous présenter à quelqu’un de plus important que moi ? » demanda Alfas.

Il n’avait pas prononcé ces mots humblement, même si, comparé à d’autres ducs, il n’était qu’un jeune homme vivant dans un entrepôt, et une goutte d’eau dans la mer par rapport aux seigneurs et aux princes qui assistaient au buffet.

Pourtant, Mirta lui avait montré une expression gracieuse.

« Je vous suis reconnaissante pour votre suggestion, Sire Alfas, mais en tant qu’habitant des bas quartiers, je considère tous les hommes ici présents comme égaux, » déclara-t-elle.

« ... je vois. Votre attitude est louable, » répondit Alfas.

Il avait été légèrement choqué par son comportement.

Elle avait tout simplement montré à tout le monde que peu importe la puissance de l’autre, ils allaient tous être considérés avec le même respect.

Après cela, la dérision et l’hostilité présente dans l’air s’étaient estompées.

« Madame Famille, c’est surprenant de voir quelqu’un d’aussi jeune comme dirigeant d’une entreprise, et c’est incroyable qu’elle le soit devenue si importante en raison de l’accident imprévu de l’autre jour, » déclara Alfas.

« Mon titre est réel, mais aussi une sorte de décoration. Cet homme, Takumi, a été le premier à me soutenir, et beaucoup d’autres ont suivi son exemple pour me faire atteindre cette position, » déclara-t-elle.

Le jeune homme qui se tenait derrière elle avait fait un pas en avant.

« Très honoré de faire votre connaissance, Sire Alfas. Je suis un marchand d’esclaves et un membre de Suzuran. Je m’appelle Takumi, » se présenta-t-il.

Au lieu d’agir avec arrogance comme d’habitude, il inclinait la tête et parlait avec élégance. Pourtant, le visage du noble s’était déformé de dégoût lorsqu’il avait entendu son occupation et l’avait regardé d’un air agacé.

« Un marchand d’esclaves... ? Beaucoup de membres d’autres sociétés essaient de faire des profits lors de ces événements, mais c’est la première fois qu’une personne aussi vile y assiste, » déclara Alfas.

Les marchands d’esclaves échangeaient des vies humaines et demie humaines, de sorte qu’Alfas ne pouvait pas retenir son dégoût.

Non seulement les nobles et les citoyens normaux essayaient d’éviter tout contact avec eux, mais aussi les autres commerçants se moquaient d’eux derrière leur dos.

Mais Takumi avait souri. « Vous avez tout à fait raison... mais chaque personne autorisée à participer à ce buffet, y compris vous, possède de grandes capacités. »

« Insinuez-vous qu’il en va de même pour vous ? » demanda Alfas.

Le visage de l’homme commença à rougir de colère, mais le marchand d’esclaves continuait à parler.

« Sire Alfas, puis-je vous demander comment vous voyez l’elfe qui nous regarde ? » demanda Takumi.

« Elfe... ? » demanda Alfas.

Une dame comme Karin, qui se tenait derrière Takumi, déplaça son regard vers le bas alors que l’expression de l’homme se déformait.

« Je n’arrive pas à croire que vous ayez amené un demi-homme avec vous..., » déclara Alfas.

« Pourquoi cela ? Voyez-vous cette elfe comme un simple demi-homme ? » demanda Takumi.

« Qu’est-ce que vous dites ? À quoi d’autres pourrait-elle ressembler ? » demanda Alfas.

Sans saisir le sens de ses mots, le noble le regarda d’un air perplexe.

« Les esclaves sont comme du minerai. Ils ont le potentiel de devenir des joyaux s’ils sont polis et raffinés correctement. Les elfes sont considérés comme des jouets sexuels dégoûtants, mais comme vous pouvez le voir chez cette magnifique jeune fille, en déclarant qu’elle n’est pas différente des autres, cela pourrait représenter un sérieux manque de sens esthétique de votre part, » déclara Takumi.

En regardant la jeune fille gracieuse qui n’avait pas encore levé son regard du sol, Alphas était à court de mots, et Takumi en avait profité pour continuer.

« Mais parfois, j’apprécie mes produits bien plus que de simples pierres précieuses, » déclara Takumi.

« Leur accordez-vous plus de valeur que les pierres précieuses ? C’est tout à fait scandaleux de dire cela, » l’homme haussa les épaules en riant, mais Takumi était imperturbable.

« Permettez-moi de vous donner un exemple, » déclara Takumi. « Dix employeurs embauchés remplissent chacun un sac de cuir de minerai, mais un seul demi-homme peut trouver instantanément où sont cachées les pierres les plus précieuses. Dans un tel cas, une seule personne pourrait faire le travail, n’est-ce pas ? »

« La prochaine étape de votre vantardise sera-t-elle une illusion ? » demanda Alfas.

« Non, puisque ce genre de demi-homme existe. J’en connais beaucoup étant donné mon travail, et je comprends donc très bien le poids de mes paroles, » déclara Takumi.

Le regard latéral du noble révélait un léger intérêt caché.

Takumi gloussa dans son cœur et continua à parler. « Avec un tel demi-homme, le processus de travail s’accélérerait considérablement et deviendrait plus rapide que si ces dix employeurs s’en occupaient... Cela signifierait que pour vous, Sire Alfas, et beaucoup d’autres voudraient engager des demi-hommes, car cela serait bien évidemment mieux pour eux. »

« Si vous dites la vérité, je dirais presque que je suis d’accord avec vous. La valeur serait en effet plus grande qu’une gemme, » déclara Alfas.

« Merci de votre compréhension, » déclara Takumi. « J’essaie de saisir les capacités de mes articles afin d’offrir à mes clients ce dont ils ont besoin. Voici le genre de marchand d’esclaves que je suis. »

Alfas avait apporté une main à son menton avec intérêt.

« Il y a beaucoup de demi-hommes avec des capacités utiles. Par exemple, les dragonides sont de grands mineurs, puisqu’ils peuvent survivre si le site s’effondre grâce à leurs solides écailles. Un homme-oiseau pourrait lire le courant de vent dans le tunnel et creuser un trou pour laisser l’air empoisonné s’éloigner. En y réfléchissant, avez-vous déjà entendu dire que le nombre de mineurs qui meurent dans ces circonstances diminue ? » demanda Takumi.

« ... C’est suffisant, je comprends à quel point vous êtes doué, » déclara Alfas. « J’ai déjà examiné les antécédents des habitants des régions éloignées. »

« Oh, s’il vous plaît, je ne parlais que d’un accident courant dans les mines, » déclara Takumi.

Le noble avait souri ironiquement face au sourire éclatant de Takumi.

Il y avait eu beaucoup de victimes parmi les mineurs à cause de gaz toxiques ou d’autres accidents, et il y a quelques années, certains s’étaient même produits sur le territoire d’Alfas.

Sa mine était actuellement fermée à cause du gaz, et les travaux n’avaient pas pu aller de l’avant.

C’est pourquoi son rang de noblesse avait décliné.

« Si vous êtes intéressé par les services des esclaves, n’hésitez pas à parler à Suzuran, notre société. J’organiserai notre rencontre bien en avance, » déclara Takumi.

« Je viendrai quand je trouverai du temps libre. Malgré ma haine pour les marchands d’esclaves, je peux au moins faire confiance à quelqu’un de compétent comme vous, » déclara Alfas.

Après cela, le noble avait souri amicalement avant de s’en aller.

« C’est fait, j’ai un nouveau client. Je vais continuer de la même manière, » déclara Takumi.

« ... Franchement, tu es comme un escroc. Tu n’arrêtes jamais de parler, » déclara Karin.

« Tu ne peux pas vendre si tu ne sais pas parler, Karin. Merci de m’avoir aidé, » déclara Takumi.

« Tu voulais m’utiliser comme ça depuis le début, hein ? Si me tenir tranquillement est tout ce que j’ai besoin de faire, je me sens un peu mieux, » déclara Karin.

Elle avait poussé un léger soupir mêlé de gratitude et de choc.

« Il reste six autres clients potentiels. Commençons par ceux de rang inférieur et voyons si nous pouvons nous rapprocher des subordonnés des leaders... Hmm ? » demanda Takumi.

Tandis que Takumi réorganisait ses pensées, il avait senti quelqu’un saisir sa manche, et une fois qu’il tourna la tête, il trouva une petite fille qui le regardait. Elle avait l’air très petite, peut-être qu’elle n’avait même pas dix ans.

Il avait pensé qu’elle était peut-être la fille d’un préposé au buffet.

 

 

« Oui ? Puis-je vous servir d’une façon ou d’une autre, jeune fille ? » demanda Takumi.

Takumi s’assurait de continuer à parler poliment pendant qu’il se penchait pour la regarder. Ses yeux de couleur cendre l’examinaient.

Elle hocha la tête, et sa double queue argentée, presque transparente, se balançait doucement. « Vous êtes un marchand d’esclaves de Suzuran, n’est-ce pas ? »

Elle parlait avec un léger zézaiement, mais son ton était dur et totalement inadapté à un enfant.

Takumi remarqua qu’elle était différente des individus autour d’eux, et il analysa ses vêtements. Cela lui rappelait les vêtements occidentaux.

Ils étaient bleus comme la mer et le ciel, et le blanc présent semblait ressembler à la pureté et à l’honnêteté.

Puis, la fille avait de nouveau ouvert la bouche. « Je suis Lise Crest... Archevêque de la sainte doctrine de Filia. »

Son regard s’aiguisait à mesure que son ton devenait plus lourd. « Au nom de Son Altesse la Reine... On m’a ordonné d’emmener Takumi, l’un des marchands d’esclaves de Suzuran, loin d’ici. »

***

Partie 3

Le dallage de la partie intérieure du château était composé de marbre blanc, pour représenter l’élégance de la meilleure portion de la capitale, et de pierre bleue, qui rappelait le lac Verna.

La famille royale l’appelait le « jardin d’aigue-marine ».

Ils l’utilisaient pour se détendre l’après-midi, car seule une poignée de personnes pouvait y accéder.

« Pardonnez-moi d’interrompre votre conversation, marchand d’esclaves au cœur tendre. »

Une femme lui avait manifesté un sourire gracieux alors qu’elle était assise sur une simple chaise.

Elle avait l’air d’être dans la première moitié de la vingtaine, et Takumi se souvient d’elle.

« C’est un honneur de vous revoir, Votre Majesté Eluria Richtert, » déclara-t-il.

Il s’inclina et s’agenouilla, et la femme lâcha un petit rire étouffé et doux.

« Oh, mon Dieu, cette politesse n’est qu’un signe de votre nature trompeuse, n’est-ce pas ? Je vous préférais la dernière fois, » déclara la reine.

« Alors, je suppose que je devrais être comme ça. Évitons tout discours détourné, » déclara Takumi.

Dès qu’il avait fini la phrase, quelqu’un avait frappé son dos.

Quand il s’était retourné pour voir qui l’avait fait, il avait trouvé une Lise extrêmement mécontente.

« ... Vous êtes en présence de Sa Majesté. Vous devez faire attention à votre langage et à votre attitude, » déclara Lise.

« Ne puis-je pas m’excuser pour ce que j’ai dit ? » demanda Takumi.

« Non. Poursuivez aussi longtemps que Sa Majesté le veut, » déclara Lise.

« D’accord, très bien. Ma Reine, puis-je être pardonné ? » demanda Takumi.

« Oui, bien sûr, bien sûr. Lise, ne dérange pas Takumi, » déclara la reine.

Lise avait baissé la tête avec des joues gonflées devant cette réprimande.

« Alors, pourquoi suis-je ici ? Il ne devrait pas y avoir de problèmes avec les esclaves que j’ai renvoyés chez eux ou avec quoi que ce soit d’autre, » demanda Takumi.

« En effet. L’opération s’est déroulée sans faille et nous n’avons pas reçu de dissensions de la part des pays voisins. Ce résultat est en réalité tout à fait idéal, » pendant qu’elle parlait, Eluria se tourna vers lui. « Permettez-moi d’exprimer à nouveau ma gratitude pour vos efforts. J’attends beaucoup de Suzuran. »

« Je suis heureux de vos paroles, mais utilisez les gardes pour m’appeler, s’il vous plaît, » déclara Takumi.

« Oh, Lise n’était-elle pas à votre goût ? » demanda la reine.

« Bien sûr que non. Qui serait heureux d’être traîné par un guerrier saint ? Pendant un moment, j’ai cru que c’était l’inquisition, » répondit Takumi.

Plusieurs ordres de membres du clergé agissaient au nom de Filia.

Les plus célèbres étaient les prêtres, qui répandaient Ses Paroles et faisaient des sermons, mais parmi eux se trouvaient aussi les membres de l’inquisition et des soldats, qui étaient compétents au combat, appelé guerriers saints.

Ils étaient semblables aux moines combattants, qui pratiquaient leur doctrine, protégeaient et instruisaient les gens, mais ils capturaient aussi les hérétiques et purifiaient les pécheurs.

« Toutefois... Je ne m’attendais pas à ce que le célèbre archevêque soit un enfant, » déclara Takumi.

« Ceux qui l’ont vue ont eu la même réaction, mais Lise est une véritable guerrière sainte qui a mérité ce titre, » déclara la reine.

« En effet. Mon titre est la preuve de ma grandeur, » déclara fièrement Lise.

Elle avait essayé de gonfler sa poitrine avec fierté, mais sans la matière première indispensable, on aurait dit qu’elle s’était quelque peu surmenée.

 

 

Il était maintenant clair quant à la raison pour laquelle l’archevêque de Crest n’était pas une figure publique.

« Eh bien ! À cet âge, il vaut mieux ne pas trop se promener, » déclara Takumi.

« Nous n’aimons pas l’exposer à un danger potentiel, et bien qu’elle soit le génie qui a écrit la formule de loi, Lise est encore une enfant. Pour cette raison, nous ne lui permettons de se déplacer que dans les endroits les plus sûrs, c’est-à-dire le château royal et la cathédrale, » déclara Eluria.

« ... Je pouvais me débrouiller seule, puisque je ne suis plus une enfant, » déclara Lise.

Elle avait l’air déprimée, mais Eluria souriait allègrement.

« Ce sera un problème si tu te perds, n’est-ce pas ? » demanda Eluria.

« Tout va bien tant que cela n’arrive pas, » répondit Lise.

« C’est vrai, mais étant donné à quel point tu es aimable, que se passerait-il si une brute te kidnappait ? » demanda Eluria.

« K-Kidnappe, moi... ? Cela sonne plutôt mal, » déclara Lise.

« C’est vrai, n’est-ce pas ? Alors pourquoi ne restes-tu pas ici et ne continues-tu pas à me parler ? » demanda Eluria.

Eluria avait étreint Lise, qui frissonnait maintenant, et lui avait tapoté sur la tête. Le manque de liberté de l’archevêque était probablement dû à l’inquiétude de la reine, plutôt qu’à sa propre volonté.

« Votre Majesté, vous avez l’air d’aimer l’archevêque de votre doctrine, » déclara Takumi.

« Hehehehe... En tant que réceptacle du sang de la déesse, j’aime ma doctrine et mes enfants, même si Lise n’a le droit d’être à mes côtés que temporairement, » déclara la reine.

« Voulez-vous dire officiellement ? » demanda Takumi.

« Oui. J’ai demandé au seigneur des Fortesea de laisser leur invité d’honneur venir me parler pendant son temps libre, » déclara Eluria.

Eluria avait affiché un sourire désolé pendant que le visage de l’archevêque s’obscurcissait. Takumi haussa les épaules et poussa un soupir.

« Quoi qu’il en soit, je suis désolé, mais être conduit ici par une enfant était une expérience douloureuse, » déclara Takumi.

« ... Je ne suis pas une enfant. J’ai toujours été bien plus distingué que vous, » Lise avait dit cela d’un ton plat et indifférent.

« Bon. Mais me confondre avec quelqu’un de l’inquisition devrait vous faire avoir honte de vous-même, » continua-t-elle.

« Je viens des bas-fonds, vous savez ? Il n’y a presque rien qui me fasse ressentir ça, » déclara Takumi.

« ... Votre Majesté, je souhaite que cet homme soit saisi par l’inquisition, » déclara Lise en se tournant vers la reine.

« Oh, mon Dieu, ce serait problématique, » déclara Eluria.

Lise le dévisageait comme un enfant qui dévisageait les ennemis de ses parents, et Eluria, qui aurait dû tenir ses rênes, laissait échapper un rire modéré.

« Pourquoi me regardez-vous comme ça ? Il s’agit de notre première rencontre, » déclara Takumi.

« ... Ce n’est pas le cas. J’étais à proximité de Sa Majesté lors de votre première audience, » expliqua Lise.

Maintenant qu’elle en parlait, Takumi se souvenait qu’un mois auparavant, lorsqu’il se tenait devant la reine, il avait remarqué que quelque chose d’argenté se déplaçant derrière le trône.

« ... Alors c’était donc vous, hein, » déclara Takumi.

« Que quoi ? C’est vraiment pire. Franchement, ne pas être aperçu est vraiment la pire chose. Je veux vous punir ici et maintenant au nom de Filia, » déclara Lise.

« Ce n’est pas ma faute si je ne pouvais pas vous voir d’ici. Vous êtes juste trop petite, » déclara Takumi.

« Je ne le suis pas. Je vous ferai savoir que vous regardez le plus grand de mes pairs, » déclara Lise.

« Vous êtes tous encore des enfants. Alors, quelle est la différence ? » demanda Takumi.

« J-Je suis quand même la plus grande ! » déclara Lise.

Elle avait fait cette remarque qui démontrait qu’elle était contrariée, mais la vérité était qu’elle ne mesurait même pas 1,4 m de haut et qu’il était encore plus inutile de se comparer à d’autres enfants de son âge.

« Je suis sûr que vous allez grandir suffisamment au cours de ces dix prochaines années, » déclara Takumi.

« Je vous ai dit que j’ai déjà assez grandi ! Et arrêtez de me caresser la tête ou je vais vraiment appeler l’inquisition, pour le bien de Filia ! » déclara Lise.

Tandis qu’il lui frottait la tête, Lise lui donna une claque pour la repousser.

Eluria, qui les observait attentivement, avait ouvert la bouche. « Pardonnez-moi, mais je vais aller pour sa défense. Je suis sûre qu’en étant témoin de votre échange avant, elle pense maintenant que vous êtes une mauvaise personne. »

« ... Non, Votre Majesté. Je crois qu’il est diabolique, » elle avait déclaré ça d’une manière impitoyable, poussant son index vers lui.

Elle avait alors continué. « Non seulement il a osé négocier avec Sa Majesté, qui a le sang de la déesse coulant dans ses veines, mais il s’est aussi comporté de façon grossière sans s’excuser ! Je peux percevoir la méchanceté dans son âme ! »

« Lise, tu connais beaucoup de mots compliqués pour ton âge... Tu mérites des éloges, » déclara Eluria.

« V-Votre Majesté, pourquoi me traitez-vous aussi comme une enfant... ? » demanda Lise.

Se sentant trahie par sa seule alliée, Lise se mit à trembler avec des larmes aux yeux, et la reine la regarda chaleureusement tout en se répétant à quel point elle était mignonne.

Peut-être qu’Eluria était la vraie méchante ici.

« Pourtant, on ne peut pas pleurer sur quelque chose comme ça. Je sais très bien à quel point tu es douée, Lise, » déclara Eluria.

« ... Vraiment ? » demanda Lise.

« Absolument. Alors, arrête de pleurer, d’accord ? » demanda Eluria.

Avec un sourire aimable, la reine essuya ses yeux tristes.

Puis, après avoir réaffirmé à quel point l’archevêque était mignonne avec une expression quelque peu excitée, les deux autres avaient commencé à ignorer son comportement.

« Je suis content que vous reconnaissiez la valeur des autres. Il y a beaucoup de personnes qui peuvent être utilisées si vous considérez leurs capacités seules, » déclara Takumi.

« Je suis d’accord. En vérité, vous êtes l’un d’entre eux, et je suis prête à vous reconnaître seulement pour bénéficier de vos efforts, » déclara Eluria.

« ... Je vois. Mais je suis un marchand d’esclaves, donc je n’accepterais pas n’importe quel travail en dehors de mon domaine d’expertise, et cela se fera uniquement après quelques consultations, » déclara Takumi.

« C’est vrai... alors, laissez-moi vous assigner quelque chose d’approprié, » déclara Eluria.

Elle le regardait attentivement tout en affichant un sourire qui impliquait quelque chose de gênant, donnant à Takumi un fort sentiment de déjà vu...

« S’il vous plaît, ne dérangez pas Sa Majesté, » une Lise fronçant les sourcils commença à frapper le côté du marchand d’esclaves, mais il haussa les épaules.

« ... Très bien. Ça ne vous dérange pas si j’y retourne maintenant, n’est-ce pas ? C’est ma chance de rassembler plus de contacts parmi les nobles, » déclara Takumi.

« Oui, je vous y verrai. Lise, peux-tu l’accompagner au buffet ? » demanda la reine.

« ... Je n’en ai pas envie, mais je vais suivre votre ordre..., » déclara-t-elle d’un ton plus formel.

Avec des mots insatisfaits, la jeune fille s’inclina et saisit la main de Takumi avant de quitter le jardin.

Au début, aucun d’entre eux n’avait essayé d’entamer une conversation en marchant en silence sur le chemin de marbre, mais Lise avait été la première à briser la glace.

« Bon sang... Je ne comprends pas ce que Sa Majesté a vu en vous, » déclara Lise.

« Elle l’a déjà dit, n’est-ce pas ? J’ai du talent, » répondit Takumi.

« Il ne s’agit pas de votre talent, mais de votre chance. Vous avez eu vos contacts avec les gardes par chance. Les grandes entreprises se comportaient mal, et vous avez trouvé une solution... Je ne peux pas penser que c’est un talent ou une capacité, » déclara Lise.

Elle était fermement convaincue de ses paroles. On aurait dit qu’elle ne voulait pas reconnaître Takumi, qui secouait la tête dans le déni.

« J’avais des attentes compte tenu de votre rôle, mais je suppose que vous êtes encore qu’une enfant, » déclara Takumi.

« ... Vous êtes vraiment la pire personne. Je ne fermerai pas les yeux sur toute autre tentative de me traiter comme une enfant, » déclara Lise.

« Le pire, c’est que vous avez arrêté d’utiliser votre cerveau. Le concept même de chance est quelque chose que seuls les paresseux croient en ayant verrouillé leur cerveau. Ce n’est pas un mot qui peut être utilisé si facilement, » déclara Takumi.

Elle tourna la tête pour regarder son visage sans s’arrêter de marcher.

« Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? » demanda Lise.

« Oh, ne pouvez-vous pas répondre ? Alors, laissez-moi vous montrer ça avec un jeu, » déclara Takumi.

Il avait pris une pièce d’argent dans sa poche de poitrine.

« Essayons de tirer à pile ou face. Pensez-vous que si j’obtiens la bonne réponse avant qu’elle ne tombe, que cela ne serait qu’un coup de chance ? » demanda Takumi.

« ... Puis-je supposé qu’un côté n’est pas plus lourd que l’autre, de sorte qu’il n’y a aucune chance qu’il s’agisse d’une contrefaçon ? » demanda Lise.

« Bien deviné. Rassurez-vous, cette pièce est parfaitement équilibrée, donc je ne vous piégerai pas, » déclara Takumi.

« Alors vous devinerez la réponse en raison de la chance, » déclara Lise.

« Voyons voir. Essayez vous-même de la lancer, » déclara Takumi.

Elle s’arrêta de marcher et prit la pièce de monnaie dans sa main avec une expression perplexe, puis l’ajusta sur son doigt.

Un cliquetis avait retenti de son pouce. Et dès que la pièce avait commencé à tourner dans l’air...

« ... Pile, » déclara Takumi.

« Hein ? » s’exclama Lise.

Elle avait entendu ses paroles très clairement, et quand la pièce était tombée sur sa paume, c’était exactement comme Takumi l’avait dit.

« J’ai gagné. Croyez-vous que j’ai eu de la chance ? » demanda Takumi.

« ... Bien sûr. Ce n’était qu’une coïncidence, » déclara Lise.

« Et si je vous disais que je l’avais prédit ? » demanda Takumi.

Un sourire débordant de confiance s’était formé sur son visage.

« J’ai pris en compte la force que vous avez mise dans le lancement, le nombre de pirouettes, le temps qu’il aurait fallu pour atterrir, la surface qu’elle allait frapper, et j’ai deviné la bonne réponse. Pensez-vous que tout cela n’est que de la chance ? » demanda Takumi.

« Il n’est... pas possible de faire tout cela. Ça ne compte pas ! Vous m’avez piégé ! » Incapable de supporter ce résultat, elle avait commencé à tirer ses vêtements pendant qu’elle protestait.

« Non, j’ai juste considéré les facteurs primaires et calculé ce qui allait arriver. Si vous le qualifiez de chance, cela signifie que vous avez cessé d’utiliser votre cerveau, » déclara Takumi.

Elle l’avait regardé vers le haut afin de voir son visage de profil.

« Ce que les personnes appellent “chance” peut être désassemblé pour être analysé et être prédit, mais vous le niez maintenant. Alors, êtes-vous devenu archevêque par un coup de chance ? » demanda Takumi.

« Non... ! J’ai étudié dur et j’ai mérité mon rôle ! » déclara Lise.

« Dans ce cas, n’étiquetez pas tout comme de la chance. Tout le monde fait des efforts et travaille dur dans ce qu’il fait, il n’est donc pas juste de le considérer comme une simple “chance”, » déclara Takumi.

La fille déprimée avait baissé sa tête en raison de la honte qu’elle ressentait, et Takumi lui avait légèrement caressé les cheveux.

« Comprenez-vous maintenant ? » demanda Takumi.

« ... Oui. J’en ai trop dit. Désolée, » déclara Lise.

« Ne vous inquiétez pas. Alors, laissez-moi vous dire un petit secret, » déclara Takumi.

« ... Un secret ? » Elle dirigea sa tête vers lui et il lui sourit d’une oreille à l’autre.

« Ce que vous venez d’entendre était un tas d’absurdités. Je l’ai obtenu par chance, » déclara Takumi.

« ... Puis-je vous frapper avec force ? » demanda Lise.

« Je crois que maintenant, je comprends mieux la reine. C’est amusant de taquiner les enfants, » déclara Takumi.

« Vous êtes le pire ! Et arrêtez de me traiter comme un enfant, pour l’amour de Filia ! » cria Lise.

Il riait malicieusement pendant qu’elle le frappait à plusieurs reprises sur le côté du torse.

Puis, ses mains s’étaient arrêtées tout d’un coup.

« Alors, avez-vous vraiment de la chance ? » tandis qu’elle abaissait sa voix presque en un chuchotement, son regard se tourna vers le sien.

« Laissez-moi appliquer vos paroles à moi-même. J’ai de la chance d’être née, et c’est ainsi que j’ai grandi dans une famille noble et que j’ai été choisie par une personne riche. Ma capacité n’est pas une exception... alors est-ce que toute cette fortune est-elle bénie ou juste une erreur ? »

Elle avait demandé ça d’un ton clair et Takumi, voyant à travers ses questions, avait reniflé avec force comme s’il s’ennuyait.

« Désolé, je n’abandonnerais jamais et je ne douterais jamais de moi-même, alors je n’y ai jamais pensé, » répondit-il.

« ... Je vois, » elle avait encore baissé la tête pendant quelques instants, puis l’avait relevée.

« C’était un peu intéressant, » déclara Lise.

« Joli. Je vous taquinerai encore une fois quand j’en aurai l’occasion, » déclara Takumi.

« Je ne parlais pas de cette partie. J’appellerai l’inquisition si vous osez me taquiner à nouveau, » déclara Lise.

Elle le regarda d’un air tranchant et se tourna vers l’extérieur pour constater qu’il n’y avait plus personne.

Il sentait que quelque chose avait changé dans l’air, à mesure que cela devenait plus sombre et plus lourd.

Et c’est alors qu’un soudain cri avait retenti dans les lieux.

« Donnez-lui du repos ! »

L’instant d’après, une voix résonnait dans le château.

***

Partie 4

Le visage rougi et l’expression de colère de Mirta étaient au centre de l’attention.

« Enlevez vos mains de moi, Seigneur Kiad ! J’ai déjà dit que je refusais ! » s’écria Mirta.

« N’es-tu pas un peu trop froide avec moi ? Mon invitation devrait rendre heureuse une femme adulte comme toi. »

Elle avait regardé l’homme devant lui, qui non seulement appréciait la situation en tenant son bras, mais affichait aussi un sourire vulgaire après avoir reniflé ses cheveux blonds.

Il s’agissait de Kiad Fortesea, le seigneur supérieur qui administrait et maintenait le pouvoir militaire de la ville.

« Ce buffet est animé par Sa Majesté, et je ne vois pas comment..., » commença Elvis.

« Hmm... et alors ? Sa Majesté n’est toujours pas venue, et mon père Elvis ne pouvait pas assister à cette fête, alors ce serait un gaspillage de ne pas m’amuser, ne le penses-tu pas ? » demanda Kiad.

Elle s’était mordu la lèvre inférieure, dégoûtée par son comportement.

L’hôte était la reine Eluria elle-même, et ils se trouvaient maintenant dans le château royal, ce qui signifiait que toute conduite inappropriée serait interprétée comme une insulte envers la famille royale, mais Kiad ne semblait pas s’en soucier. Après tout, les seigneurs détenaient le vrai pouvoir à Richtert. Le prestige de la reine n’était qu’une simple décoration.

Ces pensées étaient évidentes sur son visage, et son harcèlement n’allait pas cesser de sitôt. Les seigneurs et princes voisins, ainsi que les gardes qui étaient attirés par le grabuge et qui voulaient vérifier ce qui se passait, regardaient la scène sans essayer de l’arrêter.

La famille Fortesea était si puissante que même les pays étrangers tremblaient de peur en entendant parler de leurs chevaliers magiques, et leur influence dans la ville était évidente.

Ils pourraient ruiner n’importe quelle famille noble s’ils le désiraient.

Leur leadership était basé sur la puissance et l’intimidation. C’est ainsi qu’ils avaient gagné le suffixe « vaillant ».

« J’aime les gens forts. Tu es venue jusqu’ici après avoir renversé Amberg alors que tu faisais partie d’une entreprise des bidonvilles, puis tu entres dans le jardin d’aigue-marine avec les nobles les plus influents de Richtert... J’apprécie beaucoup tes capacités, tu sais ? » déclara Kiad.

Il avait prononcé ces mots avec un soupçon de mépris dans sa voix, et l’avait regardée avec une passion ardente brûlant profondément dans ses yeux, comme une bête regardant sa proie.

« Je ne peux pas m’empêcher de désirer une dame magnifique qui a accompli un tel exploit, » déclara Kiad.

« En tant que leader de Suzuran, je suis très occupée, donc je ne changerai pas d’avis ! Je refuse humblement votre invitation ! » déclara Mirta.

« Est-ce que c’est le cas ? Refuses-tu même si passer une seule nuit avec moi, l’héritier de Fortesea, accordait la protection de ma famille à toi et à ton organisation ? » demanda Kiad.

Mirta ne pouvait plus cacher sa répugnance et montrait ouvertement ses émotions.

« Je sais déjà à quel point mes hommes sont doués, donc aucun d’entre nous n’en a besoin, » déclara Mirta.

« Hahahaha, bien dit ! Peut-être que cette elfe nous a approchés pour profiter de mon parrainage ? » demanda Kiad.

Il avait éclaté de rire tout en levant les yeux vers Karin, et Mirta avait perdu son sang-froid.

« Cette elfe joue un rôle clé dans notre entreprise, et c’est l’une de mes amies les plus importantes ! Retirez ce que vous venez de dire ! » s’écria Mirta.

« Une amie ? Penses-tu que les demi-hommes sont à ton niveau ? C’est gentil de dire ça ! Habituellement, ils sont utilisés comme pièces jetables, et les elfes ne sont particulièrement séduisantes que comme jouets ! » déclara Kiad.

Poussée hors de ses limites, Mirta avait libéré sa main et l’avait levée pour le gifler, mais Karin l’avait arrêtée depuis derrière elle.

 

 

« Calme-toi, Mirta, » déclara Karin.

« Pas question ! Il a osé t’insulter, toi et notre organisation alors... ! » commença Mirta.

« J’apprécie ton inquiétude, mais ne te fâche pas maintenant, » déclara Karin.

Karin avait souri tendrement à son amie. Puis, un son sec et tonitruant avait fait écho, et d’autres gardes étaient venus en courant pour voir ce qui se passait.

Kiad s’était retourné pour faire face à la source de ce coup possédant un éclat aigu, et avait vu un homme calme et insouciant s’approcher d’eux pendant que l’odeur de la poudre à canon flottait dans l’air.

« Bonjour. Je vous ai vu inviter mon chef avec enthousiasme, mais... pouvez-vous comprendre que la coercition que vous affichez n’a pas l’air cool ? » demanda Takumi.

Takumi souriait vivement tandis que le noble devenait pâle et déplaçait une main à l’épée courte attachée à ses hanches.

« ... As-tu fait ce bruit ? » demanda Kiad.

« Oh non ! Comment pourrais-je le faire ? Ce bruit m’a fait penser à un fusil... pensez-vous que j’en ai un en ce moment ? » demanda Takumi.

Le marchand d’esclaves l’avait provoqué en montrant ses mains vides.

« Maintenant, essayer de forcer des filles au hasard à entrer dans votre chambre est une chose, mais malheureusement cette fois vous avez choisi Mirta, le leader de Suzuran, et Karin, l’une de ses importantes employées. Pourriez-vous retirer ce que vous venez de dire et vous excuser, s’il vous plaît ? » demanda Takumi.

« Comment oses-tu me parler ainsi... ? Tu n’as aucune idée de qui je suis ! » s’écria Kiad.

« Vraiment, seigneur Kiad Fortesea ? Je ne pense pas qu’il y a quelqu’un dans tout Richtert qui ne vous connaîsse pas, » déclara Takumi.

« Haha ! Donc, tu sais à qui tu parles ! Je suppose cependant que tu n’as pas saisi le sens de mon commentaire, » répliqua le noble tandis qu’un sourire triomphant se répandait sur son visage.

« Est-ce que c’est... et alors ? » demanda Takumi.

Takumi ne pouvait plus contenir ses rires. Cela avait l’air étrange, mais c’était différent de celui d’un fou. Tout cela avait une signification profonde.

« En tant que propriétaire des chevaliers magiques, vous détenez l’influence et le leadership pour contrôler les gens... Vos capacités conviennent à un seigneur supérieur..., » continua Takumi.

Takumi avait courbé ses lèvres en un sourire sûr de lui.

« Mais c’est tout, » annonça Takumi.

Pendant un instant, aucune des personnes présentes ne pouvait comprendre ce qu’il voulait dire par là.

Même la bouche de Kiad était restée fermée pendant que tout son corps se raidissait.

Personne ne pourrait concevoir que quelqu’un puisse dire au symbole du Saint Royaume, Fortesea, « C’est tout. »

« Suzuran est une entreprise, et je suis responsable de la vente de ses produits. Je m’intéresse aux choses de valeur, mais... ceux qui abusent de leur pouvoir ne valent rien, » déclara Takumi.

« Essaies-tu d’insulter Fortesea !? » s’écria Kiad.

Kiad était revenu à la raison et avait vigoureusement dégainé son épée.

« Ça ne m’a jamais traversé l’esprit. En tant que commerçant, dire que quelque chose d’inutile vaut vraiment quelque chose ne ferait que ruiner ma réputation, » déclara Takumi.

L’instant d’après, la soif de sang avait jailli du noble, qui s’était précipité et avait balancé son épée sur Takumi, mais la lame s’était arrêtée en plein vol.

« Ce n’est pas bon..., » déclara une voix féminine.

Une fille blonde et joyeuse l’avait bloqué avec l’un de ses poignards noirs.

« Tu dois me dire quand les choses deviennent épicées, Takumi, » déclara Kunon.

La férocité brûlait dans les pupilles de Kunon alors qu’elle affichait son sourire habituel.

L’homme avait essayé de se calmer, mais quand il avait vu les oreilles sur la tête de la jeune fille, il s’était montré ouvertement agacé.

« Tu as beaucoup de courage pour même amener ici une sale renarde..., » s’écria Kiad.

« Je suis une louve, pas une renarde ! Je vous tuerai si vous vous trompez encore ! » répliqua Kunon.

Elle répondit d’un ton joyeux, mais ses yeux dorés étaient très sérieux, et l’intention meurtrière débordait d’elle. Le corps de Kiad s’était figé, mais son arrogance n’avait pas disparu.

« Quelle grande gueule que tu as là, malgré ton impuissance devant notre magie ! » déclara Kiad.

La magie était largement répandue dans le monde, et même les pays insulaires lointains le savaient, mais tout le monde reconnaissait que les magiciens de Richtert étaient extraordinaires.

Il y a trente ans, Richtert avait fait la guerre contre Dämmerung, connu pour utiliser des demi-humains pour vaincre les soldats humains, mais Richtert avait été victorieux malgré le fait qu’il n’avait que quelques centaines d’unités de mages.

Elvis Fortesea avait fait des magiciens la partie clé de leurs batailles.

Ils avaient fait des recherches sur la magie depuis les temps anciens, de sorte qu’ils avaient les compétences, les équipements et la puissance nécessaires pour atteindre ce résultat dans une situation aussi désastreuse.

Pourtant, Takumi avait montré un sourire endiablé.

« Pensez-vous vraiment que notre garde du corps perdrait contre les magiciens dont vous êtes si fiers ? » demanda Takumi.

« Il n’y a qu’un moyen de le savoir ! » s’exclama Kiad.

Kiad avait fusillé du regard Kunon, lorsqu’une voix les avait rejoints.

« Rengainez votre arme ! »

Tout le monde s’était tu lorsqu’ils avaient reconnu le propriétaire de cette voix. Après un moment, une personne avait traversé la foule.

« Qu’est-ce qui pourrait perturber le calme de mon buffet ? » déclara Eluria.

Les paroles d’Eluria étaient graves, et Elsa, qui était à ses côtés, avait fait un pas en avant.

« Sa Majesté a donné un ordre. Tout autre acte hostile de l’une ou l’autre des parties entraînera leur arrestation, » déclara Elsa.

« Pff. Occupe-toi de tes affaires, garçon manqué des Fairstadt, » déclara Kiad.

« Silence, fils indiscipliné des Fortesea. On dirait que vous prenez de l’avance sur vous-même pendant l’absence de votre père, mais allez-vous vraiment continuer votre mauvaise conduite devant Sa Majesté ? » demanda Elsa.

Malgré le fait qu’ils étaient tous deux des seigneurs supérieurs, ils ne semblaient pas s’entendre, car ils se regardaient l’un l’autre avec des poignards dans les yeux.

« C’est ce ruffian de marchand d’esclaves qui a commencé, et je n’ai agi que pour lui donner une leçon, » déclara Kiad.

« Si c’est vrai, il sera sévèrement puni... mais nous entendrons d’abord sa version des faits. Marchand d’esclaves de Suzuran, qu’avez-vous à dire ? » demanda Eluria.

« J’ai montré mon mépris pour l’oisiveté des Fortesea, et j’ai aussi critiqué la puissance de la magie, » déclara Takumi.

Eluria avait regardé Takumi, qui avait calmement prononcé ces mots, et avait hoché la tête.

« Donc, êtes-vous en train de dire qu’il y avait une divergence entre vos opinions ? Cela ne change rien au fait que vous avez dérangé les autres nobles rassemblés ici avec votre comportement, » déclara Eluria.

Elle s’était ensuite arrêtée un moment avant de commencer à leur parler à tous les deux.

« Par conséquent... en tant qu’autorité principale de ce royaume, je propose de mettre en place un lieu pour dissiper leur malaise, » déclara Eluria.

« Oh... ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » s’écria Kiad.

« C’est simple, Kiad. Notre Reine vous a dit de conclure un accord digne du titre de chevalier magique que vous avez gagné dans le passé, » déclara Elsa.

« Précisément. Vous réglerez votre différend avec un match et la famille royale le supervisera personnellement. Nous fixerons une date et il se tiendra en présence de vos entreprises et de tous les nobles présents. Est-ce bon pour vous ? » demanda Eluria.

« Absolument. Je ne voulais plus jamais les rencontrer, mais je suppose que je dois leur apprendre de quoi sont faits les chevaliers magiques... même si je ne pense pas qu’ils dureront assez longtemps, » déclara Kiad en regardant avec mépris le marchand, qui de son côté ne lui avait pas prêté attention.

« Votre Majesté, comme le Seigneur Kiad l’a dit il y a un instant, il est impensable que ce soit un combat équitable. Pour avoir une chance de gagner, puis-je fournir une liste de handicaps dont nous devrions tenir compte ? » demanda Takumi.

« ... Je vois. En effet, les chevaliers magiques de Richtert sont..., » commença Eluria.

« Permettez-moi de clarifier mes paroles : mon organisation devrait avoir ces handicaps, sinon les Fortesea n’auront aucune chance de gagner, » déclara Takumi.

L’aura solennelle d’Eluria s’était dissipée alors qu’elle le regardait avec émerveillement. Puis, elle essaya timidement de confirmer ce qu’elle venait d’entendre.

« Êtes-vous... sûr de votre décision ? » demanda Eluria.

« Oui. Sinon, ce match serait ennuyeux. Nos participants seront notre elfe Karin, la demi-humaine la plus impuissante, et Kunon, qui aura les yeux bandés et les mains menottées... Est-ce que ce sera juste ainsi ? » demanda Takumi.

Eluria était déconcertée, et Kiad, d’autre part, atteignait les limites de sa patience.

« Combien de temps vas-tu te moquer des chevaliers magiques ? » demanda Kiad.

« Qu’est-ce que vous voulez dire ? Si je voulais vous ridiculiser, n’irais-je pas avec tout ce que j’ai sans handicap ? » demanda Takumi.

Puis, Takumi l’avait affronté en portant un sourire railleur.

« Échec et mat, jeune maître des Fortesea, » déclara Takumi.

Les iris du marchand d’esclaves étaient noirs comme des fosses sans fond.

Son regard sûr de lui se détachait encore plus sur son sourire ferme, et la pression globale qu’il exsudait produisait pour la première fois une distorsion dans l’expression de Kiad.

« ... Très bien. Sois témoin de ta défaite, » déclara Kiad.

En faisant claquer sa langue, un Kiad ennuyé avait quitté l’endroit. Maintenant que l’agitation était terminée, les nobles curieux avaient recommencé à se parler, et la reine Eluria, qui semblait jouir de la paix qu’elle avait restaurée, avait souri tout en levant la main sur sa joue.

« Oh, mon Dieu, ce sera un mal de tête pour Lux, » déclara la reine.

« J’essayais de répondre à vos attentes, Votre Majesté, » déclara Takumi.

« Dans ce cas, j’attends avec impatience votre épreuve de force, » répondit Eluria.

Avec cela, la reine tourna le dos et se dirigea vers les nobles perplexes, tandis qu’une aura dense d’envie meurtrière amena Takumi à faire face à quelqu’un dont les veines jaillissaient de son front en raison de la colère.

« N’es-tu pas satisfait tant que tu n’as pas créé autant de désordre ? » s’écria Elsa.

« Le bang que tu as entendu tout à l’heure venait de ça, » déclara Takumi.

« Où !? Et où est le type qui s’est battu avec Fortesea ? » s’exclama Elsa.

« Devant toi ! » répondit Takumi.

« QUI SE SOUCIE DE TOI ! » s’écria Elsa.

Elsa avait commencé à le frapper avec force sur l’épaule, mais après quelques instants, elle s’était arrêtée et avait poussé un bref gémissement en tombant à genoux à cause d’un terrible mal de ventre.

« Merci d’avoir appelé la reine, » déclara Takumi.

« Euh... ? Va remercier l’archevêque de Crest, et non pas moi. Je saluais Sa Majesté quand elle nous a appelées en toute hâte, » elle avait répondu et avait déplacé son regard vers Lise, qui suivait la reine tout en les regardant pour confirmer leur état.

« Le gars que tu cherches est déjà parti. Oh ! Désolé, mais pourrais-tu m’apporter Kunon ? Elle a encore disparu, » demanda Takumi.

« Quoi !? N’était-elle pas là il y a une minute ? » demanda Elsa.

« Comme elle ne pouvait pas se battre quand la reine est apparue, elle s’est ennuyée et est allée chercher plus de nourriture, » répondit Takumi.

« Et pourquoi ne l’as-tu pas arrêtée ? Et tu prévois de m’obliger à m’occuper d’elle à nouveau !? Tu es son maître, ne devrais-tu pas prendre tes responsabilités ?? Aaah, pour l’amour de Filia ! Peu importe les problèmes qu’elle causera, de toute façon, ils me blâmeront ! » s’écria Elsa.

Takumi se retourna et Elsa s’éloigna en criant pour ramener Kunon. Peu importe ce qui s’était passé, la capitaine des gardes était très diligente.

« Mirta, vas-tu bien ? » demanda Takumi.

« O-Oui. Mon bras ne me fait qu’un petit peu mal... Désolée, il m’a interrompue pendant que je parlais, et les choses ont dégénéré de cette manière. Maintenant, nos plans sont ruinés, et je ne peux pas simplement essayer de nous présenter à des entreprises influentes..., » déclara Mirta.

Réalisant qu’elle ne pouvait pas accomplir son devoir, ses yeux avaient été emplis de larmes, la culpabilité la rongeant de l’intérieur.

« Maintenant que j’ai enfin pu agir comme un vrai leader... comment les choses ont-elles pu tourner de cette façon... ? », demanda Mirta.

« Ne sois pas triste, Mirta. Tu as fait exactement ce que tu devais faire. Notre chef ne mépriserait pas ses camarades, que tu les as fermement protégés. C’était ton vrai devoir, » déclara Takumi.

En lui caressant la tête, il avait déplacé son regard vers Karin.

« Et aussi, cela nous a rapprochés de notre véritable but... n’est-ce pas ? » demanda Takumi.

« J’ai recueilli beaucoup d’informations, et nous avons choisi un combat comme nous l’avions prévu, donc tout était parfait, » répliqua Karin.

Ils s’étaient souri l’un à l’autre, tandis que Mirta avait levé sa tête, perplexe.

« Notre... vrai but ? » demanda Mirta.

« On voulait se battre avec cet imbécile de Kiad. Nous avions besoin d’un prétexte pour l’attirer dans ça, et même si ce n'est pas moi qui ai commencé, j’ai réussi à arranger une belle table pour ce jeu, » répondit Takumi.

En tapotant sur sa tempe, il n’arrêtait pas de parler.

« La magie est le fondement de Richtert et l’influence grandement. Les nobles et les classes privilégiées l’utilisent pour contrôler les autres pays et pour se moquer des demi-hommes, » déclara Takumi.

Les demi-hommes manquaient généralement de pouvoir magique. Seuls les elfes pouvaient battre les humains, mais leurs connaissances n’étaient transmises qu’à leurs descendants, et ils continuaient à vivre dans des régions isolées... ou du moins, selon Karin.

Même si un demi-homme avait appris la magie, il ne pouvait pas seulement vivre de batailles. Comme la magie était considérée comme « sacrée » pour la doctrine de Richtert, les nobles voulaient que les demi-hommes, qui ne pouvaient pas l’utiliser, résident dans le pire endroit possible : la ville basse, ou bidonvilles dit d’une manière plus vulgaire.

Grâce à cette vision tordue, les citoyens avaient commencé à penser que les demi-hommes étaient simplement inférieurs aux humains et avaient développé des préjugés non fondés à leur sujet.

« Je veux détruire cette idée stupide d’omnipotence, » déclara Takumi.

La magie était le pouvoir ultime, donc les chevaliers magiques étaient imbattables.

Bientôt, ils auraient su la différence énorme entre eux et les demi-hommes.

« Ne penses-tu pas que ce sera très amusant ? » demanda Takumi.

Il avait imaginé cette scène dans son esprit, et avait souri tout en fixant ce qui se trouvait devant lui.

Karin n’avait pas pu s’empêcher de lui donner un coup de poing dans le dos.

« Ce sera amusant pour toi et Kunon, mais ne m’entraîne pas là-dedans, s’il te plaît, » déclara Mirta.

« Je suis d’accord ! Kunon est une chose, mais Karin ne peut pas se battre ! » s’écria Elvis.

« En fait, je suis d’accord pour me battre, » déclara Mirta.

« C’est vrai !? » s’écria Elvis.

« En tant qu’ancienne esclave, je m’y suis habituée. Cependant, je ne peux pas utiliser l’arme à laquelle je me suis habituée, » déclara Karin.

Elle s’entraînait plus que quiconque avec l’arme que Takumi avait construite pour elle, mais elle ne pouvait pas l’apporter dans un match avec autant de personnes.

Les armes modernes devraient faire l’objet de recherches et être développées sur une longue période. Sinon, l’équilibre du monde aurait été facilement détruit.

« Alors, Maître, me donneras-tu une grande récompense pour m’avoir fait combattre ? » demanda Karin.

« Une récompense, hein... ? Que penses-tu de ça ? » demanda Takumi.

Il avait fait face à Karin avec un sourire complaisant.

« Si tu gagnes ce match, je ferai tout ce que tu veux à l’occasion d’un seul souhait, » déclara Takumi.

« ... Es-tu sérieux ? » demanda Karin.

« Oui. Tout va bien tant que c’est possible, » déclara Takumi.

« N’importe quoi... Il a vraiment dit ça... ! » Elle murmura quelque chose d’une voix mignonne, puis hocha la tête légèrement. « Nous gagnerons, et tu sentiras sur ta peau la honte de porter une robe ! »

« Karin... détestes-tu tant que ça les robes ? » demanda Mirta.

« Bien sûr, Mirta ! Je veux seulement rentrer chez moi et me changer en vêtements normaux..., » répondit Karin.

Alors qu’elle se souvenait que beaucoup de gens l’avaient déjà vue, elle avait rougi furieusement et se serra dans ses bras pour cacher son corps.

« Takumi, ce sera ma première bataille magique, » déclara Karin.

« Je connais quelques personnes qui pourraient nous aider, alors ne t’inquiètes pas de ça, » déclara Takumi.

« Connais-tu un expert en batailles de magies ? » demanda Karin.

« Tout à fait. Elle devrait bientôt venir ici, » répondit Takumi.

Karin affichait une expression emplie de doute alors que des pas s’approchaient d’elle venant de derrière.

« Capitaine ! Ne me tiens pas comme si j’étais un sac de patates ou un autre truc dans le genre ! » s’écria Kunon.

« Tu t’échapperais encore si je te prenais dans mes bras d’une autre manière ! » s’écria Elsa.

Elsa tenait Kunon sous l’aisselle, et une fois que la garde avait vu Takumi, elle s’était dirigée vers lui.

« Voici ton chien de compagnie perdu, marchand d’esclaves ! Et n’ose pas partir sans moi ! Tu m’en dois une pour ça, tu as entendu !? » s’écria Elsa.

« Oh, bon travail, Elsa. Au fait..., » commença Takumi.

« ... Quoi ? Je suis tout ouïe pour tes excuses, » déclara Elsa.

« Désolé, mais pourrais-tu être notre instructeur pour gagner la bataille de magies ? » demanda Takumi.

« ... J’ai dû mal entendre ça. Peux-tu répéter ? » lui demanda Elsa.

« Seigneur Supérieur Fairstadt, pourriez-vous, s’il vous plaît, être notre instructeur ? » demanda Takumi.

« Oooh. Tu vois, en tant que membre de la famille Fairstadt, je suis très occupée, » répondit Elsa.

« Oh, voyons. Tout le monde dans la ville basse te connaît comme “le garde en charge du marchand d’esclaves”. Nous sommes amis, donc tu nous aideras en ces temps difficiles, n’est-ce pas ? » demanda Takumi.

« Je voudrais presque te voir saluer et crier “ma sauveuse” pendant que je m’en vais ! » répliqua Elsa.

Tandis qu’elle faisait sortir un rire sec, Takumi posa une main sur son épaule.

« Nous comptons sur toi, » déclara Takumi.

Il va sans dire qu’Elsa était tombée par terre à cause d’un autre horrible mal de ventre ô combien soudain !

***

Chapitre 2 : L’oiseau qui ne pépie pas

Partie 1

« Aaah... parler de manière formelle et en ayant l’étiquette à l’esprit m’a rendu les épaules raides..., » déclara Takumi.

Le lendemain, Takumi quitta à nouveau le château et après s’être fait craquer les épaules pour se détendre, il vérifia son emploi du temps.

« Le duel aura lieu dans sept jours dans la partie Ouest des plaines d’Eltern... Je ne peux pas croire cette reine. Elle est trop autoritaire, et nous devons maintenant gérer un autre de ses caprices, » murmura Takumi.

Habituellement, des duels normaux et même des batailles magiques se déroulaient dans la capitale, mais comme ce match pouvait être plus violent que d’habitude, il avait été décidé de le déplacer en dehors de la capitale. Eluria avait ordonné l’installation de sièges spéciaux pour les seigneurs et la famille royale, autres que des sièges provisoires pour les nobles.

« Et pour empirer les choses, Elsa s’est effondrée à cause d’un mal de ventre... ce n’est pas bon, » continua-t-il.

La dernière rencontre avec Takumi avait été un coup mortel pour elle. Elle avait accepté la demande tant qu’elle pouvait avoir une journée entière de repos.

Le marchand d’esclaves y pensait encore avant de lever la tête.

« ... Aigle, peux-tu demander à Gaitsu ce qui se passe ? Le fait d’essayer de gérer ça tout seul, c’est peut-être un peu trop, » déclara Takumi.

L’homme-oiseau qui marchait avec lui avait déployé ses ailes blanches et avait redressé son dos.

« Oui, mon Monseigneur ~ ! » répondit Aigle d’une voix très forte.

« Ne crie pas comme ça. J’ai mal aux oreilles, » répliqua Takumi.

« Pardonnez-moi ! Je ferai plus attention la prochaine fois ! » répondit l’autre.

« ... Arrête de crier, c’est tout, » répliqua Takumi.

« Hahahahaha ! Croyez-vous vraiment que je vais le faire ? » demanda l’homme oiseau.

Avec une passion brûlante dans les yeux et un feu imaginaire derrière lui, il n’arrêtait pas de crier, alors Takumi appuya ses paumes sur ses oreilles en fronçant les sourcils. Puis, le drakonide qui les accompagnait s’était joint à la discussion. Ses écailles étaient noires comme du kurogane, et sa grande bouche était remplie de dents pointues.

« Dahahahahaha ! Aigle a été grondé parce qu’il est trop bruyant ! » déclara le drakonide.

« Lewin, toi aussi ne cries pas, » répliqua Takumi.

« Euh !? L’ai-je fait !? C’est quoi le problème avec ma voix si ardente ? » demanda Lewin.

« C’est que tu es sensuelle, » répliqua Takumi.

« Duh, alors c’est un éloge, donc pas un problème ! » répliqua Lewin.

Ouvrant sa bouche rouge, Lewin avait éclaté de rire alors que Takumi avait poussé un profond soupir.

D’habitude, Kunon et Karin l’accompagnaient, mais elles avaient déjà quelque chose à faire dans la ville basse, alors Aigle et Lewin étaient devenus ses gardes du corps pour la journée.

Ils faisaient partie de son escouade demi-humaine, dont les membres étaient équipés d’armes modernes et se voyaient confier différents rôles en fonction de leurs capacités. Takumi leur avait enseigné la guerre tactique moderne, et Kunon était leur tutrice, ce qui en avait fait de véritables élites. Ils n’étaient dépassés que par elle en matière de puissance.

Aigle était un homme-oiseau d’une force incroyable grâce à son énorme charpente et son corps musclé. Une seule flèche de son arc long pourrait presque couler un navire.

D’autre part, Lewin possédait des écailles particulièrement solides ce qui lui avait accordé un corps robuste. De plus, il était très fort ce qui faisait qu’il était presque sans égal dans la bataille.

Il était difficile d’amener de nombreuses personnes dans le château royal, et Takumi ne pouvait permettre à personne de voir ses employés subalternes utiliser les armes ou les tactiques qu’il leur avait enseignées.

C’est pourquoi il avait choisi d’être accompagné de ces deux-là, qui n’avaient pas besoin d’armes, mais...

« Au moins, celle de Kunon est un peu mignonne..., » déclara Takumi.

« Je suis tout à fait d’accord, mon Seigneur ! La beauté de ma professeure brille comme un trésor ! Chaque fois qu’elle verse sur moi des paroles abusives, je ressens une joie impressionnante qui réchauffe mon cœur... ! » déclara Aigle.

« Je connais ce sentiment, Aigle ! Quand Kunon me botte les fesses et me regarde comme si j’étais une ordure, je me sens trop bien ! » déclara Lewin.

... Takumi aurait dû prédire à quel point ils pouvaient être pourris, malgré leurs capacités étonnantes.

« J’en ai assez de vous deux. Fermez vos gueules. Je ne veux pas qu’on me voie marcher avec deux pervers criant dans un endroit pareil, » déclara Takumi.

« Un pervers !? Je suis si honoré d’être loué par vous, mon Seigneur ! » déclara Aigle.

« Forcez-moi à le faire ! Allez, venez, on va le faire ! Frappez-moi super fort ! » cria Lewin.

Le fait de tenter de les contrôler donna à Takumi un mal de tête pour la première fois, mais son regard tomba sur la cathédrale de la déesse qui scintillait sous la lumière du soleil.

Sur ses murs étaient gravés des textes de loi, ainsi que des motifs et des figures complexes, ce qui n’avait fait qu’améliorer son aspect artistique et beau.

Takumi se souvint du jour précédent, et se mit à marcher dans sa direction avec désinvolture.

« Aigle, va voir Gaitsu et mets-le au courant. Lewin, va voir Mirta et demande-lui d’écrire une liste de gens qui ont besoin de faire des travaux, puis va retrouver Aigle, » ordonna Takumi.

« Mais nous sommes censés être votre escorte, mon Seigneur ! » déclara Aigle.

« Il a raison, Maître ! Et si on n’est pas avec vous et qu’il se passe quelque chose, que va-t-on faire ? » demanda Lewin.

« Je vais à la cathédrale. Voulez-vous aussi venir ? » demanda Takumi.

Tous les deux avaient tout de suite fermé la bouche.

Les hommes-oiseaux adoraient le ciel, les arbres et le soleil, tandis que les drakonides adoraient leurs ancêtres, qu’ils considéraient comme des divinités.

Chaque race demi-humaine avait ses propres croyances et respectait celles des autres.

C’est pourquoi ils étaient enclins à éviter tout contact avec les autres, et la cathédrale de Filia ne faisait pas exception : ils n’y seraient entrés qu’en cas de nécessité absolue.

« Je suis sûr que vous seriez venus si je ne vous avais pas donné un autre travail il y a une minute. Mais ne vous inquiétez pas, la cathédrale est un endroit sûr, et je ne ferai rien d’imprudent, » déclara Takumi.

« Très bien ! J’accomplirai alors mon nouveau devoir ! » déclara Aigle.

« Ouais, moi aussi ! Pour nos grandes sœurs ! » déclara Lewin.

Les deux hommes avaient levé les mains dans le ciel avec des mots passionnés avant de s’éloigner. Certes, c’étaient des pervers bruyants, mais lorsqu’il s’agissait de faire une tâche, ils étaient fiables.

Takumi, maintenant seul, s’approcha des gardes stationnés devant la cathédrale et leur parla.

« Excusez-moi, je suis Takumi de la grande compagnie Suzuran. Lady Fairstadt m’a chargé de délivrer un message verbal à l’archevêque. Lise Crest est-elle là ? » demanda Takumi.

« Elle prie actuellement dans la cathédrale... Pardonnez-moi, mais êtes-vous peut-être le même Takumi qui a dénoncé les méfaits d’Amberg !? » demanda le garde.

« ... Eh bien, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de Takumis dans le coin..., » répondit Takumi.

« Oh mon Dieu ! Je n’aurais jamais imaginé faire votre connaissance, Monsieur ! » déclara le garde.

Takumi fut légèrement surpris par l’excitation du garde et attendit le bon moment pour parler à nouveau.

« J’ai participé à l’opération pour démasquer Amberg, le mois dernier ! Votre plan était parfait ! Vraiment merveilleux ! » déclara le garde.

« Oh, vraiment ? Désolé de vous avoir utilisé comme leurres, » déclara Takumi.

« N’en parlons plus ! Nous étions juste... des lâches incapables de toucher ces nobles, » déclara le garde.

Pendant un moment, le garde avait baissé la tête avec honte face à ses propres mots.

« Nous ne pouvions que regarder comme de misérables lâches... Mais nous sommes maintenant des gardes respectueux et honorable, et c’est grâce à vous, Sire Takumi ! » déclara le garde.

Le marchand d’esclaves avait vivement souri face au sourire immaculé du garde.

« Je vous ai seulement un peu poussé, mais vous avez gagné le respect que vous méritez en vous en tenant avec courage à une tactique déraisonnable, » déclara Takumi.

« Merci... ! Je chérirai vos paroles et prierai pour marcher sur le chemin de la justice pour toujours ! » déclara le garde.

« Bien. Je ferai également de mon mieux pour répondre à vos attentes, » déclara Takumi.

Le garde s’inclina profondément avant de redresser à nouveau le dos et de hocher la tête à Takumi, qui s’apprêtait à entrer.

La cathédrale était baignée par là soleil, et probablement grâce au vitrail, il n’y avait pas une seule ombre à l’intérieur. Au plus profond de la pièce, une jeune fille priait à genoux. Elle avait dû entendre le bruit de l’ouverture de la porte, car à l’instant d’après, elle s’était tournée vers elle.

« ... Baissez d’un ton, marchand d’esclaves. Je pouvais vous entendre d’ici, » déclara Lise.

« Aïe, vraiment ? Désolé, » déclara Takumi.

« ... Pas de problème. J’avais déjà terminé mes prières quotidiennes, » répondit Lise.

Après s’être débarrassée de la poussière sur ses genoux, elle l’avait regardé droit dans les yeux.

« Alors, qu’est-ce qui vous amène ici dans la cathédrale sainte ? » demanda Lise.

« Je viens de quitter le château royal et j’ai pensé à passer pour bavarder un peu... C’est quoi cette tête ? » demanda Takumi.

« C’est le miroir de mon déplaisir actuel, » répondit Lise.

Takumi avait souri amèrement face à son expression réticente.

« Ce n’est pas un endroit pour les incroyants comme vous. Rentrez chez vous, s’il vous plaît, » déclara Lise.

« C’est malpoli. Vous savez, je suis un croyant dévoué de Filia, » déclara Takumi.

« Arrêtez de mentionner en vain le nom de notre déesse. Vous n’avez même pas correctement lu le texte saint..., » déclara Lise.

« “Vous qui aspirez à être un héros, votre déesse vous accordera le sourire de la victoire,” chapitre de la déesse, douzième paragraphe. Les paroles que la déesse Filia réserve aux héros qui marchent à la guerre, » déclara Takumi.

« ... Chapitre des héros, vingtième paragraphe, » demanda Lise.

« “Pour notre choix, nous suivons le droit chemin que nous avons décidé”, » répondit Takumi.

« ... La différence entre les autres chapitres et celui de la loi ? » demanda Lise.

« Les premiers racontent l’ancienne guerre entre des héros et des dieux sans nom et sont divisés en chapitres et paragraphes, tandis que les seconds sont composés de deux cent soixante-quatre articles et quarante poèmes qui racontent la loi établie après ladite guerre, » répondit Takumi.

« ... Umpf, » Lise lâcha une bouffée d’air, incapable de trouver une erreur dans sa réponse.

« Ce qui compte, ce n’est pas le contenu, mais ce qui se cache derrière, » déclara Lise.

« Je ne peux pas vous prendre au sérieux avec ces joues gonflées... de toute façon, ne pensez-vous pas que je suis un peu mieux que ceux qui traitent le texte saint comme une simple décoration ? Ne devrais-je pas être récompensé pour ça ? » demanda Takumi.

« ... Je n’y peux rien. Le devoir de l’archevêque est aussi d’échanger des paroles avec d’autres croyants, » déclara Lise.

En parlant de son travail, Lise avait tapoté un banc de mécontentement, et Takumi s’était assis dessus face à elle pour avoir une bonne conversation.

« En y repensant, n’êtes-vous pas le génie qui a inventé la formule de loi ? » demanda Takumi.

« Oui, je l’ai fait. Y a-t-il quelque chose que vous voulez demander à cet archevêque de génie ? » demanda Lise.

« Oh, ouais, c’est bien le cas, » déclara Takumi.

« Vu votre conduite brutale, vous ne méritez pas de réponse... mais peu importe, » déclara Lise.

« Merci pour votre générosité, ô archevêque de génie. J’ai une question au sujet de la formule de loi, » déclara Takumi.

« ... Vraiment ? Je pensais que vous alliez demander quelque chose à propos de la magie, » déclara Lise.

Lise inclina la tête, et Takumi leva les yeux vers le plafond en répondant.

« Quelqu’un m’enseigne déjà ses bases et son utilisation au combat... et j’ai aussi fait quelques recherches à ce sujet, » déclara Takumi.

La magie était divisée en deux parties : Innée et Contrôlée.

Le premier se référait au pouvoir stocké dans l’âme, qui était la source de la magie, et le second était essentiellement l’imagination, qui servait à contrôler et à polir ce puissant pouvoir connu dans le monde entier. Les gens pouvaient créer des événements surnaturels en combinant ces deux éléments, et Takumi s’intéressait particulièrement à la partie innée.

« Innée, c’est quelque chose que l’on peut tout simplement se l’imaginer en le rassemblant sur le bout des doigts ? » demanda Takumi.

« Oui et non. Il existe de nombreuses façons de le contrôler et de l’utiliser, » Lise avait parlé en tournant la main en rond. « Imaginer le fait de le rassembler, de le faire circuler avec des mots, de l’activer en le déplaçant selon des motifs précis... Il ne s’agit pas seulement d’imagination, mais des diverses significations que les actions ont. »

« Comme ce que vous venez de faire ? » demanda Takumi.

« ... Vous avez des yeux très vifs. J’imaginais que la magie se rassemblait dans mon doigt tout en l’enrichissant de mots et en le façonnant comme un cercle. De cette façon, j’ai superposé les chants, les différents hiéroglyphes et les actions, donc peu importe comment vous le faites, ils ont le même but, » répondit Lise.

« Je vois. La dernière fois que j’ai vu quelqu’un faire de la magie, il l’a seulement chantée, » répondit Takumi.

« C’est assez courant. La magie des autres pays est faible exactement pour cette raison. Le chevauchement de plusieurs méthodes est un processus lent, mais il amplifie considérablement le résultat du sort, et le seul moyen d’accélérer le processus de préparation est de tout faire simultanément, » répondit Lise.

« Je suppose que ce n’est pas si facile, » déclara Takumi.

« En effet. Écrire quelque chose avec une main tout en traçant une forme avec l’autre et en chantant en même temps n’est pas une tâche facile, mais un vrai guerrier saint devrait chercher comment accélérer, polir et améliorer ce processus, » répondit Lise.

« Wôw... c’est assez intéressant, » déclara Takumi.

« Je suis d’accord. C’est comme essayer de résoudre un puzzle de différentes façons, » expliqua Lise.

Son expression était plus terne que jamais, mais elle balançait ses jambes avec excitation.

Au bout d’un moment, Lise avait tourné son regard vers Takumi.

« Quoi ? J’écoutais, » déclara Takumi.

« ... C’est pourquoi je suis surprise en ce moment, » déclara Lise.

« Ne me prenez pas pour un de ces adultes qui n’écoutent jamais les enfants..., » répondit Takumi.

« Il y a beaucoup d’individus comme ça parmi les nobles. Ils ne se soucient pas des effets et des points essentiels de la formule de loi qui fait fonctionner la magie, de sorte que presque personne n’a écouté ce genre d’explication, sauf Sa Majesté, » déclara Lise.

« Dans ce cas, n’est-il pas mieux d’avoir une conversation décontractée avec eux ? » demanda Takumi.

« ... Je passe tout mon temps à faire des recherches, donc je ne sais pas comment faire, » répondit Lise.

Elle avait répondu avec son ton plat habituel, mais il y avait un soupçon de solitude dans ses paroles.

Elle faisait partie de l’élite de la société, et n’était pas seulement une sainte guerrière unique grâce à ses idées distinctes et son intelligence, qui lui avaient valu le titre d’archevêque, mais elle avait même assez de prestige pour être invitée par le seigneur des Fortesea comme hôte de marque.

Takumi avait commencé à penser à ses paroles, et l’instant d’après il s’était levé.

« Lise, voulez-vous tenter le coup en sortant d’ici pendant un moment ? » demanda Takumi.

« ... Hein ? » s’exclama Lise.

Le marchand d’esclaves avait saisi sa main et il se mit après ça à marcher vers la porte.

« N-Non, attendez. Je dois reprendre mes recherches..., » déclara Lise.

« Il devrait y avoir des gondoles qui passent dans cette zone, non ? » demanda Takumi.

« Je les ai vues passer derrière la cathédrale... ne devriez-vous pas vous préparer pour votre match ? » demanda Lise.

« On s’en fout, je le ferai demain. Avez-vous déjà été dans une gondole ? » demanda Takumi.

« N-Non, jamais. Je les ai seulement regardés descendre les canaux de Listina. C’était relaxant, » répondit Lise.

« C’est encore mieux d’en prendre une, croyez-moi. Listina n’est pas la capitale de l’eau pour rien. De plus, l’aspect de la ville est étonnant lorsque..., » déclara Takumi.

Il n’arrêtait pas de parler afin d’amplifier l’intérêt de Lise alors qu’ils s’approchaient de la gondole, et une fois qu’ils s’étaient retrouvés devant l’une d’elles, Takumi l’avait aidée à entrer dans la nacelle.

***

Partie 2

Au fur et à mesure que la gondole descendait la rivière, l’élégant paysage urbain qui les entourait s’était progressivement transformé en ce qui se trouvait dans la ville basse.

Les individus avaient tendance à se détendre lorsqu’ils retournaient dans des endroits qu’ils connaissent. D’un autre côté, ceux qui s’aventuraient sur un nouveau territoire étaient généralement excités et curieux, et c’était précisément cette curiosité qui faisait disparaître leur prudence, poussant même les agneaux les plus prudents dans la gueule du loup...

« J-J’aurais dû rester à la maison, » murmura Lise.

Lise était maintenant dans la salle à manger de Suzuran, tremblant légèrement.

« Ce que Sa Majesté a dit était vrai... Des gens effrayants m’ont kidnappée quand j’étais seule..., » continua-t-elle.

« Hé, qui est effrayant ? Ne ternissez pas la réputation des autres, » déclara Takumi.

« ... Je suis sûr qu’elle parle de toi, Takumi, » répliqua Karin.

Karin, qui avait terminé son travail, faisait une pause et soupirait profondément en ce moment.

« Je n’arrive pas à croire que tu aies kidnappé l’archevêque..., » déclara Karin.

« Je ne l’ai pas kidnappée, mais j’ai seulement suscité son intérêt et l’ai amenée à venir avec moi sans préciser où nous allions aller, » déclara Takumi.

« Donc, tu n’es pas seulement un escroc, mais tu as aussi piégé une enfant, hein... ? » murmura Karin.

« Je ne suis pas une enfant. Je peux y retourner seule quand je veux, » déclara Lise.

Lise avait essayé d’être courageuse, mais sa voix était plus faible que d’habitude.

« Je vous ai déjà dit qu’on vous ramènerait plus tard. Détendez-vous, » déclara Takumi.

« E-Est-ce que c’est vrai... ? Ne me mentez-vous pas ? » demanda Lise.

« Non, je ne le fais pas. Vous avez dit que vous n’avez jamais visité la ville, alors je voulais vous montrer la partie que vous n’auriez jamais pris la peine de visiter de toute votre vie, » déclara Takumi.

« V-Vous ne pouvez pas tout décider par vous-même, s’il vous plaît !? » s’écria Lise.

L’archevêque avait démontré sa colère, et Mirta aussi, qui écoutait leur échange.

« Elle a raison. Tu ne peux pas continuer à faire ce que tu veux et cesses d’impliquer les autres dans tes choix lunatiques, » déclara Mirta.

« ... Comment puis-je te prendre au sérieux ? Tu as préparé tout ça avec un énorme sourire, Mirta, » déclara Takumi.

« J-Je ne l’ai pas fait ! J’essayais seulement de cuisiner ce que tu m’as suggéré et... j’ai fini par en faire trop ! » répliqua Mirta.

Tout en pressant le bout de ses doigts, elle baissa le regard vers la longue table de la salle à manger, qui était couvert de nourriture.

Ragoût, omelettes, doria, gratin, hamburgers, frites, pizzas, curry, fritures diverses, tonkatsu, crevettes frites, udon, carbonara, napolitaine, sandwiches, pain perdu, crêpes... et bien plus encore.

Elle avait l’habitude de cuisiner de grandes quantités de nourriture, étant donné le nombre de personnes que comptait leur entreprise, mais elle avait demandé conseil à Takumi pour élargir le menu, et les choses s’étaient passées ainsi.

« On dirait un restaurant familial..., » déclara Takumi.

« Une famille... quoi ? » demanda Mirta.

« Rien, ne fais pas attention à moi. Tu as rassemblé une bonne quantité d’ingrédients, hein ? » demanda Takumi.

« Gaitsu a demandé à ses contacts de l’aider, et ils l’ont forcé à conclure un accord commercial avec une nouvelle route maritime, qui transporte beaucoup d’ingrédients étrangers. Il a dû se donner beaucoup de mal pour ça, » répondit Mirta.

Mirta avait un sourire radieux et fier. Elle était en effet une cuisinière passionnée, ce qui était merveilleux, mais ce n’était pas une grande caractéristique pour un leader.

Malgré tout, devant ses efforts, Lise avait eu l’air stupéfaite par les mets délicieux qui se trouvaient devant elle.

« Il y a beaucoup de nourriture que je n’ai jamais vue auparavant... Puis-je goûter ? » demanda Lise.

« Tout à fait. Je n’ai jamais cuisiné ça avant, mais n’hésitez pas à vous servir, » déclara Mirta.

« Je vais le faire, » répondit Lise.

Lise avait pris une cuillère et elle apporta timidement du ragoût jusqu’à sa bouche. Puis, elle avait fait le même mouvement encore et encore, en silence, comme si elle était en transe.

Voyant qu’elle aimait ça, le visage de Mirta s’illumina.

« Lise, voulez-vous des hamburgers ? » demanda Mirta.

« Hm, oui, s’il vous plaît. J’adorerais goûter beaucoup de ces plats, » répondit Lise.

« Je suis heureuse de l’entendre. Alors, laissez-moi vous en donner, » déclara Mirta.

Le chef de Suzuran avait commencé à prendre de petites portions de différentes assiettes pour son invitée.

L’allure habituelle d’un leader digne n’était nulle part visible, mais elle appréciait vraiment le moment présent, alors personne n’avait rien dit.

« Mais... la consommation de ce repas n’est-elle pas impossible pour nous seuls ? » demanda Lise.

« Probablement... Je me sentirais mal d’avoir des restes, et Karin ne mange pas beaucoup..., » répondit Takumi.

Devant eux, il y avait de la nourriture pour des dizaines de personnes, et beaucoup d’assiettes étaient des plats principaux et des plats frits, donc ils étaient assez lourds sur le ventre.

« Ah, ne vous inquiétez pas. Il y a des membres voraces dans notre compagnie, » déclara Mirta.

« Veux-tu parler de Kunon ? » demanda Takumi.

« Parles-tu de Kunon ? » demanda Karin.

« Oui, comme Kunon... Lewin m’a dit qu’Aigle et lui viendraient ici après leur travail, » déclara Mirta.

Karin et Takumi se raidirent immédiatement à ses paroles.

« Karin, as-tu compris ? » demanda Takumi.

« Parfaitement. Et si Aigle essaye de faire quelque chose ? » demanda Karin.

« Assure-toi qu’il ne puisse pas bouger. Si nécessaire, n’hésite pas à le battre jusqu’à ce qu’il s’évanouisse, » répondit Takumi.

« Roger, » déclara Karin.

« Pourquoi tu ferais ça !? » s’écria Mirta.

« Mieux vaut prévenir que guérir. On ne peut pas lui faire rencontrer l’A —, » commença Takumi.

La porte s’était ouverte, interrompant Takumi.

« Woah ! Il y a beaucoup de nourriture ! » s’exclama une première voix féminine.

« Il y en a vraiment beaucoup, Instructeur ! Cet arôme n’est-il pas un bonheur pour le nez ? » demanda une deuxième voix, cette fois, masculine.

« Baisse d’un ton, Aigle ! Sinon, je t’arrache les ailes ! » répliqua la première voix.

« Ahaaaah ! Ce serait un véritable honneur pour moi ! »

« Alors, Sis Mirta les cuisinera ! » déclara Aigle.

Les trois demi-humaines entrèrent dans la pièce, et dès que Kunon vit Takumi et Karin, elle trottina vers eux.

« Hé, Karin, Takumi ! Vous êtes déjà de retour ? » demanda Kunon.

« Oui... nous sommes revenus pour manger. D’ailleurs, pourquoi es-tu avec ces deux-là ? » demanda Takumi.

« Je les ai rencontrés en venant ici ! Je viens de finir d’entraîner les autres enfants ! » elle répondit avec joie et Takumi cacha son visage avec ses mains.

C’était mauvais. Il ne s’attendait pas à cette tournure des événements, et maintenant il était trop tard pour les empêcher, surtout lui, de venir ici.

À l’instant suivant, Aigle ouvrit grand ses yeux injectés de sang et renifla profondément l’air.

« Je sens une fille inconnue, » déclara Aigle.

« Bon sang, arrête de renifler les gens, » déclara Takumi.

« Je peux cibler des proies avec mes yeux et mon nez ! » déclara Aigle.

« Tu peux le faire !? Pour le bien de Filia... tes super-sens sont un casse-tête dans ces cas-là, » déclara Takumi.

Ignorant le choc de Takumi, Aigle regarda autour de lui pour trouver la source de l’odeur, et après l’avoir trouvée en train de manger nonchalamment à la table, il marcha lentement et s’arrêta près de Lise.

Sa silhouette écrasante se dressait au-dessus d’elle, qui le regardait en étant perplexe.

L’instant d’après, quelque chose avait changé dans son expression, qui était devenue plus élégante, et il s’était agenouillé.

« Pardonnez mon impolitesse, Dame aux cheveux d’argent... voudriez-vous monter sur mes épaules ? » demanda Aigle.

« ... Sur vos épaules ? » demanda Lise.

« Tout à fait. Si possible, j’aimerais que vos jambes douces et soyeuses se balancent devant mon visage... Juridiquement parlant, profiter des jambes nues ne devrait pas être un problème ! » déclara Aigle.

« Je crois que votre mort soulagera le monde, » déclara Lise.

« NHHH ! Je suis si content d’avoir été maltraité par une voix si douce ! » s’exclama Aigle.

Tandis qu’Aigle criait son torrent de sentiments dans le ciel, Lise se tourna vers Takumi.

« Marchand d’esclaves, quel est le problème de cet oiseau révoltant et tordu ? » demanda Lise.

« Pour faire court, c’est un pervers, » répondit Takumi.

« ... Merci de le dire clairement, » déclara Lise.

« Aigle est un peu dégoûtant, mais c’est aussi un type bien... Ne faites pas attention à lui et continuons à manger avant que cela ne refroidisse, » déclara Takumi.

« Lady Mirta a foiré mon service... mais ça fait du bien à sa façon ! » déclara Aigle.

Tout le monde s’était mis à manger pour ne plus penser à lui.

« Hé, Dame aux cheveux argentés ! Ce curry est vraiment bon, vous savez !? Il est si épicé qu’il atteint même mon cœur flamboyant ! » déclara Lewin.

« ... Je ne supporte pas la nourriture épicée, » répondit Lise.

« Dahhahahahaha ! Il est probablement encore trop tôt à votre goût ! » déclara Lewin.

« Madame, alors, essayez cette viande de poulet frite ! De délicieux jus se répandent dans votre bouche quand vous la mordrez ! » déclara Aigle.

« ... Oiseau, consommez-vous la chair de votre race ? » demanda Lise.

« Je descends des faucons, donc, techniquement, je ne suis pas cannibale ! » déclara Aigle.

L’intensité sonore et l’énergie des deux demi-hommes avaient adouci l’atmosphère, et cela s’était probablement répandu chez Lise, dont l’expression froide semblait un peu chaleureuse.

Alors qu’il l’observait de loin, Takumi sourit.

« Karin, assure-toi que ces deux-là ne s’emportent pas, » demanda Takumi.

« Je sais... Tu es vraiment doux, » déclara Karin.

Karin fut surprise par son choix, mais elle se rapprocha d’eux avec bonheur juste après ça.

Kunon, qui mangeait à table, se leva après avoir vu son amie s’approcher, et se dirigea vers son Maître.

« Takumi ~ ! Comme tu l’as dit, le capitaine m’a donné ça ! » déclara Kunon.

« Oh, beau travail. Es-tu sûre que ce sont deux types différents ? » demanda Takumi.

« Oui ! Ce sont les plus anciens et les plus récents objets magiques de ce style ! » répondit Kunon.

En disant cela, elle avait pris quelques bracelets dans sa pochette.

Il s’agissait des objets magiques fournis aux gardes : tous deux étaient faits d’or et d’argent et avaient une forme particulière, et des inscriptions gravées sur eux.

Takumi avait essayé de les analyser en utilisant seulement la vue.

« Je vois. Écrire le code avec de l’or sur de l’argent sacré accélère la transmission magique... et utiliser la langue du continent Veril, qui vient de l’ancien Centaria, augmente la puissance de sortie... hein ? » déclara Takumi.

« Woooah ! Peux-tu le dire seulement en le regardant ? » demanda Kunon.

« J’ai déjà analysé d’autres de ces objets magiques et de ces formules de loi, » déclara Takumi.

« N’as-tu pas dit qu’ils ressemblent à certaines des machines que tu avais dans ton pays ? » demanda Kunon.

« Ouais, juste un petit peu. Si je considère la magie comme de l’électricité et les formules de loi comme des circuits, cela correspond, » déclara Takumi.

Les objets magiques n’étaient pas si différents des machines de son ancien monde.

Ils reproduisaient la magie grâce aux matériaux dont ils étaient faits, à leur forme et à la formule de loi qui liait les composants entre eux.

Fondamentalement, ils contrôlaient le flux de la magie pour reproduire l’effet désiré.

« Mais c’est plus proche des choses occultes que des machines. Les formules de loi sont un mélange de sémiotique, d’iconographie et surtout d’herméneutique allégorique, tandis que le concept de magie est plus proche du taoïsme et de la médecine chinoise, » déclara Takumi.

« Je n’ai aucune idée de quoi tu parles ! » déclara Kunon.

« En gros, il y a beaucoup de choses confuses et ambiguës. Grâce à ce que j’ai appris dans mon pays, j’ai pu comprendre certaines parties du texte, ce qui m’a permis de créer une formule de loi que Richtert n’a pas encore trouvée, » expliqua Takumi.

« Woah... ! Tu sais vraiment beaucoup de choses ! Je ne veux pas étudier plus que nécessaire, et je préfère deviner plutôt que de me souvenir ! » déclara Kunon.

« Je pense que tu es bien comme tu es, Kunon... et alors ? Que te dit ton intuition ? » demanda Takumi en regardant les outils magiques, et le Chien Fonceur fronça légèrement les sourcils.

« Je ne suis pas sûre... mais ceux-là sont un peu mauvais, » répondit Kunon.

« Mauvais ? » demanda Takumi.

« C’est comme... une goutte d’huile qui se dissout dans l’eau... quelque chose comme ça ? » répondit Kunon.

Elle avait commencé à réfléchir avec intensité, car elle ne pouvait pas exprimer clairement ses sentiments.

« Je me souviendrai qu’il y a quelque chose qui cloche. Vous, les demi-hommes, vous avez des sens incroyables et pouvez percevoir beaucoup de choses que nous ne pouvons pas percevoir, alors je vous fais confiance, » déclara Takumi.

« Yaaay ! Alors, puis-je retourner manger maintenant ? » demanda Kunon.

« Bien sûr que oui ! Il y a beaucoup d’assiettes de mon pays —, » répondit Takumi.

« Je veux manger de la viande ! » déclara Kunon.

« ... Alors, essaye le tonkatsu, » déclara Takumi.

Kunon avait pris une fourchette et elle perça la viande tendre et colorée, puis elle l’apporta à sa bouche, où elle fondit lentement pendant qu’elle la mâchait.

« Nhhhh ~ ! C’est croustillant, mais juteux, et l’assaisonnement est parfaitement réalisé ! La saveur de la sauce est plus riche et ressemble un peu à celle de la pomme, ce qui fait aussi disparaître le goût problématique de l’huile ! » déclara Kunon.

« Essaie d’exprimer ce que tu viens de ressentir de la même manière, » déclara Takumi.

« Je peux parler de bonne bouffe, mais tout le reste est ennuyeux, alors oublie ça ! Donne-m’en plus ! » déclara Takumi.

« Ouais, très bien... Mange autant que tu le souhaites, » déclara Kunon.

« Eeeh ? Je suis fatiguée avec tout ce travail, alors je veux que tu me nourrisses, » déclara Kunon.

« ... Non ? Si tu ne veux que te bourrer l’estomac, ne devrais-tu pas le faire toute seule ? » Il protesta en lui apportant à bouche ouverte de la nourriture.

« Seiiiiiignnnneur ! Je suis vraiment envieux de ce que vous faites ! »

« Maiiiiiiitreeee ! Ce n’est pas ce qu’un Maître devrait faire ! »

« Fermez vos gueules, tête d’oiseau et imbécile. Si vous voulez le faire, faites-le, » déclara Takumi.

« Hourraayyyy ! »

« Putain ouais ! »

Alors qu’ils poussaient leurs poings l’un contre l’autre et libérèrent des cris de joie, Kunon détourna son visage.

« Oubliez ça. Aigle est trop bruyant, et Lewin est trop sensuel, » déclara Kunon.

« Nnnhhhhh ! Instructeur, abusez encore plus de moi, s’il vous plaît ! »

« Sœurette Kunon, frappez-moi encore dans la bouche ! »

Alors qu’ils demandaient de leur faire du bien, ils se sentirent fermement agrippés par leurs épaules.

« Tu sais ce qui arrivera si tu oses la toucher, non ? » demanda Karin.

« Les gars... Si vous continuez à crier comme ça, vous allez gâcher notre repas, vous savez ? » déclara Mirta.

Mirta et Karin souriaient en les dominant.

« Si tu veux, je peux t’arracher les plumes du front et écrire “idiot” dessus, » déclara Karin.

« Ah, cette poêle à frire est encore très chaude... mais tu aimes les choses chaudes, n’est-ce pas, Lewin ? » demanda Mirta.

L’instant d’après, les deux demi-hommes se prosternèrent en implorant le pardon.

***

Partie 3

Le crépuscule qui approchait commençait à peindre le ciel en rouge.

Comme promis, Takumi et ses camarades ramenaient Lise à la maison, et ils marchaient actuellement dans les rues après être descendus de la gondole.

« Merci de m’avoir raccompagnée chez moi. »

L’archevêque inclina la tête et Takumi lui serra la main.

« Je tiens toujours mes promesses. Je suis désolé d’avoir interrompu vos recherches, » déclara Takumi.

« Ça ne me dérange pas. Si j’avais pu, j’aurais aimé goûter au dessert de Mirta, » répliqua Lise.

« Ouais... elle s’est enfuie précipitamment pour le “spectacle de marionnettes”, » déclara Takumi.

Mirta était contente que Lise ait apprécié la nourriture. Ainsi, elle avait même commencé à préparer un dessert, mais elle avait remarqué qu’il se faisait tard et elle était partie sans le finir.

« Le fabricant de poupées avait terminé son travail, mais elle ne pouvait pas rater la pièce, » expliqua Takumi.

« Je ne m’attendais pas à ce que vous travailliez même comme fabricant de poupées et comme compagnie théâtrale, » déclara Lise.

« Ah, eh bien, nous prévoyons de faire un peu de tout, » répondit Takumi.

« ... Vous êtes des gens étranges. J’ai entendu dire que vous étiez à l’origine une entreprise illégale de la ville basse, alors je pensais que vous ne faisiez que des boulots effrayants, » déclara Lise.

Karin affichait une expression compliquée en regardant les yeux légèrement brillants de Lise.

« ... Takumi, veux-tu vraiment qu’elle le croie ? » demanda Karin en un murmure.

« Pourquoi pas ? De toute façon, elle n’a pas demandé directement, » répondit-il.

Les deux parlaient à voix basse, de sorte que l’enfant ne pouvait pas entendre.

Il avait utilisé un code.

Le spectacle de marionnettes était en vérité une livraison de marchandises de contrebande, le fabricant de poupées était la vente, et les marionnettes étaient la méthode de commerce, qui consistait à cacher les choses dans un faux corps dans un cercueil.

Vatel avait inventé tout cela, et seuls les membres de Suzuran pouvaient comprendre le vrai sens de ces mots.

Karin était désolée de voir que Lise leur faisait confiance, mais ce genre de travail n’était pas quelque chose qu’une enfant comme elle devait savoir. Bien que le cadavre qu’ils utilisaient ne soit pas réel, elle aurait montré son indignation et les aurait grondés pour avoir utilisé des méthodes aussi blasphématoires.

« Alors, Lise, comment s’est passée votre première fois dans la ville basse ? » demanda Takumi.

Après leur repas, Takumi et les autres l’avaient emmenée faire un tour.

Elle ne pouvait pas voir la ville basse depuis la cathédrale ou le château parce qu’elle se trouvait derrière les zones supérieure et intermédiaire. C’est pourquoi, si le temps le permettait, elle voulait visiter autant d’endroits qu’elle le pouvait.

« Vous avez vu quelque chose que vous ne pouvez pas regarder de là-haut, » déclara Takumi.

« ... Tout à fait. J’ai vu l’incarnation de l’enfer sur terre, » répliqua Lise.

Se souvenant de ce qu’elle avait vu, Lise poussa un profond et lourd soupir.

« Beaucoup de gens bourrés qui dorment dans leur vomi et leurs excréments en plein jour... des marchands et marins se battent au hasard entre eux tout en étant entourés d’individus qui les ont poussés à la violence... Les enfants en profitent pour voler des marchandises... La ville basse est-elle toujours aussi chaotique ? » demanda Lise.

« Non, d’habitude, c’est encore pire, » répliqua Takumi.

« Tout à fait. Les personnes qui dormaient crient sur les combattants pour qu’ils se taisent, et les choses finissent dans d’énormes bagarres, » déclara Karin.

« Ouaip ! Puis les gardes se joignent à nous et étouffent tout ! » déclara Takumi.

« ... Certes, je peux facilement l’imaginer, » déclara Lise.

Le ton de l’archevêque indiquait qu’elle était résignée, mais son expression s’était quelque peu détendue à mesure que son regard s’éloignait, comme si elle regardait un pays lointain.

« C’est le pire, le plus horrible endroit que j’aie jamais vu..., » déclara Lise.

Puis, sa voix était devenue un murmure.

« ... mais je ne peux m’empêcher de l’envier, » murmura-t-elle.

Elle vivait dans un monde complètement différent, et bien qu’elle admirait encore le paysage urbain autour d’elle, elle avait fini par baisser les yeux.

« Vous êtes tous si libres. Même l’oiseau pervers et le drakonide sensuel sont, bien qu’étant des demi-hommes, des existences qui ne devraient pas pouvoir s’amuser et être aussi bruyantes étant donné l’environnement hostile qui les entoure, » continua Lise.

Ses lèvres se plièrent légèrement en un petit sourire en se souvenant du comportement insouciant de ce duo.

« Les gens qui vivent dans la ville basse sont pauvres et luttent pour survivre, poursuivant les quelques choix qu’ils ont... mais tout de même, ils n’ont pas perdu la liberté dans leur cœur, » déclara Lise.

Sa réponse avait pris une direction philosophique tandis que son sourire était devenu légèrement plus grand.

« Voir des personnes agir comme ça, c’était... vraiment sympa, » continua Lise.

Sa résignation et une ombre d’envie lui peignirent le visage, ainsi que l’espoir.

En la voyant, Takumi se frotta la tête.

« Si vous êtes jalouse, pourquoi n’essayez-vous pas aussi d’agir comme nous ? » demanda Takumi.

« Parce que... Je ne peux pas le faire, » déclara Lise.

Ses paroles s’étaient répandues sur ses lèvres alors que des larmes coulaient le long de ses yeux.

« L’oiseau en cage... ne pourra jamais gazouiller librement, » déclara Lise.

Dès qu’elle avait regardé vers le bas en bougeant les mains, une voix inattendue s’était fait entendre.

« Vous vous rattrapez vite, Lise Crest. »

Tout son corps avait commencé à trembler.

« Comment cette ordure répugnante ose-t-elle emmener mon invitée faire un tour ? »

Une épaisse arrogance imprégnait ces mots, et bientôt, l’orateur était apparu.

« Lise... nous ne vous avons pas trouvée dans la cathédrale et nous nous sommes inquiétés, » continua l’homme.

« ... Je suis désolée, Seigneur Kiad, » déclara Lise.

En la voyant s’incliner en s’excusant, il lui grogna dessus.

« Maintenant... les voyous qui ont enlevé l’archevêque méritent une punition exemplaire..., » déclara Kiad.

Un simple geste de sa main, et beaucoup de soldats arrivèrent en dégainant leur épée. Ils faisaient la fierté de Richtert : les chevaliers magiques.

« S’il vous plaît, attendez une minute ! Ils n’ont rien fait de mal ! Je –, » commença Lise.

« Qui a dit que vous pouviez parler ? » demanda Kiad.

Il grogna et la saisit par son cou mince.

L’enfant avait lutté en subissant une agonie alors que ses voies respiratoires étaient écrasées.

« Vous êtes très sage malgré votre jeune âge. Je pensais que vous connaissiez votre place, et vous avez même dit tout ça il y a une minute, mais vous n’étiez probablement pas assez instruite... ! » déclara Kiad.

Il l’avait facilement soulevée et l’avait jetée de force loin de Takumi et des autres, qui avaient regardé la scène sans bouger d’un pouce.

« Oh, vous n’étiez pas de bons amis ? Je pensais que vous essaieriez de l’aider, » déclara Kiad.

« ... Croyez-vous vraiment qu’on tomberait dans le piège d’une provocation aussi minable ? Vous devez trouver quelque chose de mieux, » déclara Takumi.

« Haha... Je ne savais pas que les ordures pouvaient être intelligentes. Si seulement vous aviez essayé de me toucher, on aurait lavé les rues avec votre sang, » déclara Kiad.

Un sourire tordu se fendit sur son visage alors qu’il poussait légèrement Lise, qui était allongée sur le sol.

« Regardez ce que vous avez fait en prenant avec vous ce qui m’appartient... C’est dur de la voir faire une telle tête... personne n’a même demandé ça, » déclara Kiad.

« ... Vous avez tout à fait le statut pour la traiter comme quelque chose qui vous appartient, » déclara Takumi.

« Je sais, n’est-ce pas ? Vous appartenez tous à Fortesea. Et tôt ou tard, tout le monde le fera, » déclara Kiad.

Takumi écouta tranquillement tout en le regardant fixement.

« Lise, levez-vous et revenez vite chez vous, » déclara Kiad.

« Oui, Seigneur Kiad... Merci de les avoir épargnés, » déclara Lise.

« Eh bien, je dois considérer un plaidoyer de quelqu’un qui fait toujours ce qu’on lui demande. Aussi... J’ai enfin quelque chose sur le cœur, » déclara Kiad.

Il sourit sadiquement devant elle, dont le corps endolori tremblait de peur.

« On se reverra dans le match. Profitez de vos derniers jours, ordure, » déclara Kiad.

Crachant des mots durs, Kiad tourna les talons et commença à s’éloigner, suivi par ses hommes et Lise, qui regardèrent Takumi et ses amis pendant un bref instant. Une ombre lugubre coupait son visage meurtri tandis que ses lèvres bougeaient en silence.

 

 

« Je me suis bien amusée. »

Puis, elle s’éloigna silencieusement.

« Bravo pour t’être contrôlé, Kunon, » déclara Takumi.

« Je ne suis pas si stupide pour sauter dans une bagarre sans penser aux conséquences ! Tu parles à une louve, tu sais !? Toutefois..., » commença Kunon.

Elle avait saisi la poignée de ses poignards noirs et chuchota d’une voix basse et gutturale.

« ... ce n’était pas agréable à voir, » continua-t-elle.

Une aura de soif de sang s’était formée autour d’elle, tandis que Karin avait replacé ses cheveux vers l’arrière et avait montré qu’elle était irritée.

« Je suis tout à fait d’accord. Même si j’ai l’habitude de voir ce genre de choses, ça me tape encore sur les nerfs, » déclara Karin.

« Ouais, je sais d’où vous venez toutes les deux... mais maintenant il y a quelque chose dont on est sûrs, » déclara Takumi.

Takumi commença à tapoter sur sa tempe en répétant les paroles de Kiad.

« Bien qu’il ait dit qu’ils ne pouvaient pas trouver l’archevêque dans la cathédrale, le reste de la ville était trop calme. Il n’a pas mobilisé les gardes ou son armée personnelle pour la chercher, et ce vantard ne semblait pas du tout inquiet, » déclara Takumi.

« ... Donc, il ne la considère pas comme si précieuse que ça ? » demanda Karin.

« Non, dans ce cas, il ne serait pas venu jusqu’ici. De plus, il l’a forcée à rentrer chez elle avec violence. Tu sais mieux que moi qui est traitée comme ça, n’est-ce pas ? » demanda Takumi.

Il avait utilisé la violence pour la plier à sa volonté.

Même si elle n’était pas esclave, elle avait agi de la même façon, et cela signifiait qu’il y avait une raison pour laquelle elle devait être comme ça.

« Comment a-t-il pu nous trouver ? Une simple estimation du chemin que nous allions prendre ne serait pas exacte, et il a dit que nous étions de bons amis avec elle... Presque comme..., » déclara Takumi.

Il avait ensuite arrêté son doigt.

« Je vois... c’est pour ça que cela avait été écrit, » déclara Takumi.

« Veux-tu parler de cette demande personnelle... ? » demanda Karin.

« Oui. Ce n’était qu’une phrase, » déclara Takumi.

Quelques jours auparavant, ils avaient reçu une lettre.

Il n’y avait aucun détail d’aucune sorte, alors ils avaient dû chercher aveuglément de l’information, mais la seule chose qu’ils avaient trouvée était une phrase qui ressemblait à une demande d’aide :

L’oiselet en cage ne pourra jamais pépier librement.

Takumi n’arrêtait pas de réfléchir à ce que ça pouvait signifier.

« ... Ce n’est pas une demande facile, » déclara Takumi.

« En effet... C’est de l’archevêque dont nous parlons. Contrairement aux esclaves ou aux gens ordinaires, nous ne pouvons pas simplement l’enlever, et elle ne peut pas non plus s’enfuir seule. Quiconque l’aiderait serait considéré comme un traître du pays et exécuté, » déclara Karin.

Être archevêque signifiait avoir une certaine autorité, et aussi être soumis à des règles très strictes.

Même s’enfuir pour une courte période serait difficile, car les ombres de Fortesea peuvent apparaître à tout moment, inspirant chaque jour une peur croissante à l’évadé.

« Elle est vraiment dans une cage d’acier, » déclara Takumi.

« Et ce n’est pas tout, n’est-ce pas ? » demanda Karin.

« Ouais. Ils en tirent beaucoup de profit, » déclara Takumi.

En disant cela, Takumi avait souri d’un air amusé, et les autres le regardèrent et firent la même chose.

« Est-ce faisable, Maître ? » demanda Kunon.

« Bien sûr que oui. Je me demandais pourquoi elle avait agi de façon si détournée, mais maintenant que je l’ai compris, on peut agir quand on veut, » déclara Takumi.

Takumi avait repris le chemin de la ville en tapotant sur sa tempe.

« Karin, une fois à la maison, réorganise les informations que nous avons recueillies. Kunon, tu viens avec moi. Je vais te laisser te défouler un peu, » déclara Takumi.

« ... Tu vas me laisser tuer ce type ? » demanda Kunon.

« Quelque chose comme ça, » déclara Takumi.

« Vraiment !? Supperrrrr ! Takumi m’a enfin dit que je pouvais tuer quelqu’un ! » déclara Kunon.

« Tu sais à quel point les choses vont devenir désordonnées si tu tues l’autorité supérieure de la capitale ? » demanda Takumi.

Voyant Kunon dégainer ses épées et couper l’air joyeusement, il l’attrapa par la nuque.

« Owww... mais je veux l’écraser tellement durreeeement... »

« Je t’ai déjà dit que tuer ne ferait que mettre fin à quelqu’un. Tuer pour se venger fait d’abord du bien, mais au fond de soi, le cœur cherche toujours le pardon..., » déclara Takumi.

Alors qu’il la grondait, ses lèvres se replièrent à nouveau.

« Mais je ne pardonnerai jamais à Kiad. Je n’aurai pas pitié. Chaque cellule de son corps doit crier d’agonie et être oubliée dans le trou le plus sombre de la solitude, sinon je ne me sentirai pas à l’aise, » déclara Takumi.

Le visage douloureux de Lise, alors qu’elle s’éloignait, apparut à nouveau devant les yeux noircis de Takumi, et les mots qu’elle ne pouvait prononcer résonnaient dans ses oreilles.

« Je me suis bien amusée. »

Avec son image encore gravée dans sa vue, Takumi avait fait face aux autres.

« Ça fait un moment qu’on n’a rien à faire dans notre domaine. C’est parti. Allons-y, » déclara Takumi.

« Récemment, nous n’avons dû travailler qu’en tant que grande entreprise... Je suis contente que tu n’aies pas oublié notre activité principale, » déclara Karin.

« Je suis parfaitement d’accord pour tout détruire ! » annonça Kunon.

« N’hésite pas à le faire dans le match. Cette fois, nous devons dire à Mirta ce qui se passe. Nous devons définir certains détails, et elle sait très bien le faire, » déclara Takumi.

« Roger. Comment dois-je lui dire ? » demanda Karin.

« Je suppose que lui dire directement fonctionnera très bien, » déclara Takumi.

Un autre sourire apparut sur son visage.

« Allons sauver Lise Crest, » annonça Takumi.

***

Chapitre 3 : La façon d’ouvrir la cage

Partie 1

Le lendemain, l’état d’Elsa s’était finalement amélioré et elle avait invité Takumi et les autres au manoir des Fairstadts, qui n’était pas plus grand que les domaines des autres nobles, mais qui avait l’air plus raffiné.

L’eau douce jaillissait des fontaines et la diligence des jardiniers était évidente, compte tenu de la beauté et de l’entretien soigné du jardin. Même les balustrades en pierre avaient des motifs attrayants sculptés dessus.

Pourtant, les membres de Suzuran n’étaient pas invités à visiter les lieux.

« Désolé de te déranger et d’utiliser ainsi ton terrain d’entraînement, » déclara Takumi.

« Hahahaha, n’en parle pas... Mes subordonnés m’ont dit d’être ton ami, alors maintenant c’est le seul endroit où je peux être moi-même..., » déclara Elsa.

Vêtue en civil et étreignant ses genoux, Elsa le fixait avec ses yeux vides, tandis que Kunon sautait dans l’euphorie.

« Capitaine, Capitaine ! Je peux vraiment aller à fond ici !? » demanda Kunon.

« Hmm ? Oh, oui, oui. Des objets magiques sont utilisés pour déployer une barrière magique autour du champ d’entraînement, donc peu importe à quel point tu frappes fort ou si ta magie est très puissante, tu n’endommageras rien en dehors de cet endroit. »

Elsa leva légèrement la tête et regarda le ciel, qui se déformait légèrement à cause de la barrière.

Les nobles s’efforçaient de faire de la magie, d’effectuer des recherches et de s’exercer à la contrôler, et donc, ils étaient obligés d’installer des objets magiques qui maintenaient toujours des barrières actives pour éviter les accidents comme les dommages causés aux zones environnantes par des décharges spontanées ou la magie qui devenait incontrôlable.

C’est exactement pourquoi Elsa avait dit qu’il valait mieux s’entraîner dans un endroit sûr, et c’était aussi la raison pour laquelle ils y avaient été invités.

Pourtant, Karin fronça les sourcils en levant les yeux vers le ciel, avec une légère nuance de malaise obscurcissant son visage.

« Je n’aime pas ces obstacles. Ils n’ont pas l’air très robustes..., » déclara Karin.

« Ne crains rien. Elles ont été faites —, » commença Elsa.

« Je les ai faits moi-même. Ces barrières sont incassables, » déclara une deuxième voix.

Le regard de Takumi se déplaça entre elle et Mirta, qui tenait la main de l’archevêque, avant de regarder l’enfant.

« Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda Takumi.

« Je ne suis pas “tu”. Je m’appelle Lise, » déclara Lise.

« Non, je veux dire, est-ce correct pour toi d’être avec nous ? » demanda Takumi.

En se souvenant de ce qui s’était passé la dernière fois, il avait baissé le ton de sa voix, mais elle avait gardé son expression habituelle, indifférente.

« Oui, il n’y a pas de problème. La dernière fois, je n’ai dit à personne que je sortirais, mais aujourd’hui, le Seigneur Kiad m’a donné sa permission, » déclara Lise.

« C’est super, mais il t’a fait mal la dernière fois, » déclara Takumi.

« Je suis l’invitée des Forteseas, la chevalière sainte qui a inventé et recherche toujours les formules de loi. Le Seigneur Kiad a fait ça probablement pour m’avertir que de telles choses ne devraient plus jamais se reproduire, étant donné mon importance, » déclara Lise.

« Je vois... Alors, tu t’es fait fesser comme une enfant, » déclara Takumi.

« ... Eh bien, mon âge est toujours ce qu’il est. Et aussi, le Seigneur Kiad s’est excusé, donc tu n’as plus à t’inquiéter pour moi, » déclara Lise.

Takumi regarda dans ses yeux, essayant de percevoir ce que son cœur voulait vraiment transmettre, puis elle poussa un petit soupir et sourit.

« C’est bon à entendre. Mirta, pourquoi es-tu avec elle ? » demanda Takumi.

« Euh... J’allais rencontrer Jill dans la partie supérieure, mais je l’ai trouvée près de notre quartier général. Elle avait l’air perdue, alors je l’ai invitée à venir avec moi, » répondit Mirta.

« Exactement. Mirta est douce et gracieuse comme une déesse, » déclara Lise.

L’enfant n’avait pas lâché sa main en acquiesçant.

« Et... et Jill ? » demanda Takumi.

« Eh bien... comme les nouvelles routes commerciales de Gaitsu ne vont pas très bien, Jill est partie de la capitale ce matin pour aller l’aider, » déclara Mirta.

« ... Quel mauvais choix du moment ! J’avais l’intention de lui faire enseigner à Karin..., » déclara Takumi.

Jill était généralement aux côtés de Mirta en tant qu’assistant, mais lorsqu’il travaillait sous Vatel, il était surtout un combattant et un assistant dans les réunions commerciales. C’est pourquoi il était bien connu de leurs partenaires d’affaires.

« Et moi qui pensais que Jill de Dämmerung pourrait être d’une grande aide..., » déclara Takumi.

Les demi-humains utilisaient à peine la magie, puisqu’ils en possédaient généralement une petite quantité à l’intérieur de leur corps. Pourtant, même s’ils ne pouvaient pas l’utiliser, ils devaient bien connaître cela.

C’est pourquoi Takumi avait prévu de faire d’Elsa, qui en savait beaucoup sur la magie de Richtert, et de Jill, qui en savait beaucoup sur la magie étrangère, d’enseigner à Karin et Kunon, mais maintenant les choses prennent un tournant inattendu.

Le marchand d’esclaves commença à se creuser les méninges pour résoudre le problème... mais Lise l’interrompit en tirant ses vêtements.

« Si tu as besoin d’aide avec la magie, je peux t’aider, » déclara Lise.

« ... Vraiment ? » demanda Takumi.

« Oui. La déesse dit de toujours rembourser nos dettes, et Mirta m’a accompagnée ici, » déclara Lise.

« Mais la magie sacrée et la magie commune sont assez différentes, n’est-ce pas ? » demanda Takumi.

« Oui, elles le sont. Leurs principes et leur utilisation sont différents, et elles donnent des résultats différents pour les traitements médicaux, les liens, etc. J’ai dû faire des recherches sur la magie pour créer des formules de loi et des objets magiques, alors j’en sais quelque chose, » déclara Lise.

Elle avait gonflé sa poitrine avec fierté.

« Ça fait de moi une experte en magie. Félicitez tous la génie qui se tient devant vous, » déclara Lise.

« Woah, super cool ! Quel génie ! » s’exclama Takumi.

« Te moques-tu de moi ? » demanda Lise.

« Je n’ai jamais voulu le faire. Je ne perdrais pas la chance de recevoir un cours de l’archevêque elle-même, » déclara Takumi.

La voyant sourire, Takumi se retourna et regarda les autres.

« Elsa, lève-toi et bats-toi avec Kunon, » déclara Takumi.

« As-tu entendu ce que j’ai dit ? Nous allons tout mettre en œuvre, » demanda Elsa.

« Bien sûr. Imagine que c’est un vrai défi. Vous vous battrez même avec de vraies épées, » déclara Takumi.

« Alors... laisse-moi me détendre un peu, » déclara Elsa.

Elsa se leva sur ses pieds et dégaina son épée.

« Alors, la Louve, as-tu confiance en ta force ? » demanda Elsa.

Kunon la regarda avec les yeux entrouverts et commença à mettre sa force dans ses jambes.

« Tiens-toi prête, je n’irai pas doucement avec toi ! » déclara Kunon.

Le sol sous elle s’était fissuré quand elle avait donné un coup de pied et avait sauté vers l’avant.

Elle voulait finir la bataille en un seul coup, en utilisant son incroyable vitesse pour frapper avant qu’Elsa ne puisse réagir, mais...

« Ça ne marchera pas sur moi, » déclara Elsa.

Un léger murmure parvint aux oreilles de Kunon avant qu’Elsa ne la frappe avec le manche de l’épée.

Elle avait bloqué le coup et s’était éloignée, car son visage s’était légèrement déformé : aucun être humain ordinaire n’avait ce genre de force.

« Est-ce ta magie, capitaine ? » demanda Kunon.

« Quelle vivacité d’esprit ! Comme on s’y attendait d’un combattant aguerri comme toi, » déclara Elsa.

En regardant vers le bas la demi-humaine au sol, Elsa s’était calmement préparée à utiliser son épée.

« La magie de Fairstadt que j’utilise s’appelle “Équité”. Peu importe la rapidité ou la force de mon ennemi, ma puissance sera toujours égale au sien, » déclara Elsa.

La magie de Richtert n’avait pas été utilisée simplement pour produire des piliers de feu ou des morceaux de glace, mais était composée de nombreuses voies uniques qui avaient été recherchées, polies et transmises depuis les anciens temps.

C’est pourquoi la magie de Richtert était la plus puissante.

« Mais tu n’es pas la seule cible possible. Si je veux être plus rapide, je l’utiliserai sur le vent, et si je veux être plus solide, je l’utiliserai sur ma lame. Cette magie est exclusive à ma lignée, » déclara Elsa.

Elsa n’affrontait pas Kunon en tant que capitaine des Gardes, mais en tant que chevalière magicienne.

Comprenant enfin la situation, Kunon avait souri en montrant ses canines.

« Ce n’est pas aussi ennuyeux que le dernier que j’ai vu... Intéressant ! Laisse-moi en profiter encore, encore, encore, encore ! » déclara Kunon.

Elle avait l’air folle quand elle avait donné un coup de pied au sol, mais Elsa l’avait facilement repoussée avec son épée.

« Les hommes-loups ont peut-être des capacités étonnantes... mais ils ne sont rien devant ma magie, » déclara Elsa.

« Bien sûr... Mais je suis la seule à connaître ma force. Je dois juste trouver la bonne façon ! » déclara Kunon.

Sur ce, Kunon avait penché son bras vers le bas et avait heurté le sol, qui s’était fissuré et avait laissé de la poussière et des débris volants dans l’air ce qui cachait la vision d’Elsa.

« Tch... Quel coup tristement célèbre... ! » déclara Elsa.

Elsa fit claquer sa langue, et quand elle coupa le nuage de poussière, une couleur dorée se reflétait dans ses yeux.

« Si je fais tout mon possible, ne pas utiliser d’armes, c’est mieux, » déclara Kunon.

Kunon avait donné un coup de pied à l’épée d’Elsa, l’écrasant complètement, produisant des cliquetis aigus chaque fois qu’un fragment tombait sur le sol.

Profitant de l’occasion, la demi-humaine avait continué son assaut en levant le poing, mais l’adversaire n’avait montré aucune crainte.

« Je te préviens aussi, » déclara Elsa.

Kunon avait essayé de la frapper au visage, mais son poing s’était arrêté devant elle, comme si elle avait heurté un mur invisible.

« Je n’ai jamais dit que je ne pouvais utiliser qu’une seule sorte de magie, » continua Elsa.

Elle n’avait pas eu le temps d’assimiler ces mots quand une lumière rouge s’était mise à briller sous ses pieds, et à l’instant d’après, quelque chose avait retenu ses membres tout en la soulevant dans les airs.

« C’est quoi cette magie, Capitaine ? La magie contraignante est injuste ! Et pourquoi ça ne s’enlève pas ? » s’écria Kunon.

Kunon luttait de toutes ses forces, mais elle ne pouvait pas s’échapper.

Voyant cela, Elsa acquiesça de la tête.

« Chaque famille noble de Richtert utilise sa propre magie... et l’utilisation d’objets magiques défensifs pour combattre avec la magie n’est que du bon sens. La magie contraignante est une particularité des gardes. »

Elsa lui avait montré le bracelet enroulé autour de son poignet.

« Maintenant, la fille-louve... tu me donnes toujours du fil à retordre..., » déclara Elsa.

Elle avait commencé à s’approcher de sa proie avec un sourire méchant sur son visage, et Kunon, sentant le danger, avait levé et raidi ses oreilles et sa queue.

« Merci de toujours prendre soin de moi ! » déclara Kunon.

« Oui, je le fais toujours... Comme quand j’ai dû te chercher au banquet, ou quand j’ai dû payer pour ta nourriture, ou quand j’ai dû oublier les choses que tu as détruites... La liste est assez longue, tu sais ? » déclara Elsa.

Surplombant Kunon, qui frissonnait et pleurait presque de peur, elle souriait comme un ange pendant que des veines jaillissaient sur ses bras et sa tête.

 

 

« Je vais maintenant te donner un peu de discipline, puisque ton Maître ne l’a jamais fait, » déclara Elsa.

Pendant un certain temps, les deux seuls sons que l’on pouvait entendre étaient les rires d’Elsa et les cris de Kunon.

***

Partie 2

Alors qu’Elsa donnait la fessée à Kunon tout en la grondant, Takumi et les autres analysaient les détails du match.

« ... Elsa vient de commencer une séance de châtiment au lieu d’un combat de force face à la magie, » déclara Karin.

« Bon. Nous devrions dans ce cas commencer la leçon avec notre Lady Archevêque, » déclara Takumi.

« Mais franchement, ne devrait-on pas l’aider ? » demanda Karin.

« Karin, ne vois-tu pas à quel point elles s’amusent ? » demanda Takumi.

« Elles s’entendent très bien ! Ah, je vais préparer du thé ! » déclara Mirta.

« Vous êtes vraiment sans cœur..., » déclara Lise.

Takumi et Mirta appréciaient la scène, et alors que Karin savait que se mêler de la punition d’Elsa aurait eu de graves répercussions sur elle plus tard, alors elle les avait simplement ignorées.

« ... Alors, que voulez-vous savoir ? » demanda Lise.

Se sentant probablement coupée des autres, Lise attira leur attention en tirant sur leurs vêtements tout en arborant une expression de malaise, et le marchand d’esclaves avait alors réfléchi un moment à sa question.

« Voyons voir... Les chevaliers-magiciens de Richtert peuvent utiliser deux types de magie, non ? » demanda Takumi.

« Si nous le disons simplement, oui. Tu m’as dit que tu savais quelque chose, mais jusqu’à quelle ampleur va cette connaissance ? » demanda Lise.

« Je suppose que cela ne couvre que les bases. Nous pouvons manifester la magie grâce à des formules magiques et des formules de loi. Tout le monde possède l’accès au premier ainsi que le pouvoir magique, mais seule une poignée de personnes peut l’utiliser. Je n’ai pas fait que des recherches théoriques, alors j’aimerais que tu me donnes des détails à ce sujet, » déclara Takumi.

Lise hocha légèrement la tête et dessina deux cercles avec un caillou.

« Mais laisse-moi te corriger. Si seulement tu avais besoin d’étudier pour utiliser la magie, tout le monde pourrait l’utiliser librement, » déclara Lise.

« Donc... moi et Kunon, et même Takumi pourrions le faire ? » demanda Mirta.

« Exactement. Toi, cette louve, le marchand d’esclaves : tant que vous avez du pouvoir magique en vous, vous pouvez hypothétiquement utiliser la magie. Mais la magie de Richtert est un peu différente. »

Elle avait dessiné quelques figures tout en parlant.

« Les créatures intelligentes ont un pouvoir magique en elles, et les formules magiques sont gravées dans leur âme. Le mélange de connaissances, d’expérience et de la compréhension du processus permettent d’obtenir des résultats plus tangibles et plus complexes, » déclara Lise.

« Je vois... Donc, les individus ne peuvent pas l’utiliser s’ils ne comprennent pas comment tout cela fonctionne. Mais c’est aussi pourquoi, même s’ils connaissent le principe, ils ne peuvent pas manifester ce qu'ils veulent, » déclara Mirta.

« Précisément. Quelques-uns naissent avec des formules complexes en eux, dont le pouvoir n’est pas lié à leur âge ou à leur lignée héréditaire. Pour votre information, je suis l’une de ses personnes, » déclara Lise.

En voyant Lise gonfler fièrement sa poitrine, Karin avait souri avec ironie.

« C’est la principale différence entre les personnes. L’étude de la magie se transmet depuis les temps anciens... mais les formules magiques sont complexes, car nous devons tenir compte du fait que leur pouvoir est variable, et qu’il peut y en avoir des spéciales, » déclara Lise.

Elle avait tracé une figure complexe à l’intérieur d’un des cercles et avait écrit « magie prodigieuse » en dessous. Puis, elle avait tapoté sous l’autre cercle.

« Maintenant, les formules de loi sont le moyen par lequel nous pouvons manifester le phénomène magique. Ils peuvent être renforcés et aussi écrits de manière plus complexe, mais leur simplification est courante dans la magie de Richtert, » expliqua Lise.

« Et cela implique une sorte de démérite, puisqu’il s’agit de bénédictions, n’est-ce pas ? » demanda Takumi.

« Exactement. Pour dire les choses simplement, considérez la magie comme un dessin, » déclara Lise.

Lise avait fouillé dans ses poches et avait pris une plume et une bouteille d’encre, puis elle avait commencé à dessiner.

« Cette plume représente une formule magique, l’encre est le pouvoir magique, et la formule de loi est le dessin. Si nous devions dessiner une image complexe, nous aurions besoin de beaucoup d’encre et de temps, ce qui pourrait être fatal au combat, donc les formules magiques doivent être simples, tout en maintenant un rendement considérable, » expliqua Lise.

Alors que Lise l’avait expliqué, Karin avait rejoué dans sa tête la scène qu’elle avait vue quelques minutes auparavant.

Elsa avait jeté quelques sorts en dépit d’être en plein combat, mais elle avait été si rapide que Kunon ne pouvait rien faire pour l’arrêter.

« Les chevaliers saints comme nous suivent les enseignements des Dieux et s’efforcent de comprendre les règles qu’ils ont créées. Nous nous spécialisons dans les formules de loi, tandis que les sorciers se spécialisent dans les formules magiques... ensemble, nous avons amené la magie de Richtert à sa renommée actuelle, » expliqua Lise.

« Je vois, donc vous êtes la base de la force de Richtert, » déclara Mirta.

« Oui. Aucun de nous n’a le droit de perdre. Cela signifie que nous avons besoin de gens forts comme moi pour garder..., » déclara Lise.

Alors, Lise, qui parlait franchement jusqu’à ce moment précis, ferma la bouche.

Takumi s’était souvenu d’elle en train de faire ça avant, et avait essayé de passer à autre chose.

« D’ailleurs, que se passe-t-il si la loi ou les formules magiques sont entravées ? » demanda Takumi.

« Mmh... C’est une bonne question, mais il est difficile d’y répondre, » déclara-t-elle.

Elle avait levé la main jusqu’à sa bouche puis elle s’était mise à réfléchir.

« D’abord, la magie ne fonctionnera pas. Les formules de magie et de loi peuvent fonctionner indépendamment, mais la magie doit être composée de ces deux éléments pour pouvoir agir, » déclara Lise.

« Donc, si je dérange quelqu’un pendant qu’il lance, je peux interrompre son attaque, non ? » demanda Takumi.

« Oui, mais on ne peut pas toucher aux formules magiques, car elles sont gravées dans leur âme. Seul Dieu peut faire cela, » déclara Lise.

« Je vois... mais ça veut dire que je pourrais interférer avec les formules de loi, oui ? » demanda Takumi.

« ... C’est difficile à pouvoir l’affirmer pour un saint chevalier, mais je ne peux pas dire que c’est impossible, » déclara Lise.

Le malaise de Lise était devenu évident sur son visage.

« Une formule de loi est “une manière de matérialiser la magie dans ce monde”. C’est nécessaire si nous voulons manifester la magie, donc si elle est écrite sur quelque chose, il est possible de la perturber, » déclara Lise.

« Mais dans le cas d’Elsa, elle n’avait rien de tel, non ? » demanda Takumi.

« C’est vrai. Elle a évoqué une formule de loi en provenant de sa mémoire, puis a imaginé comment utiliser la magie, et a bougé d’une certaine manière avant d’activer son sort. Elle a en fait entrelacé certaines choses, mais nous ne pouvons pas voir le pouvoir magique, donc seul le lanceur de sorts saura à l’avance où la magie se manifestera, » déclara Lise.

L’archevêque s’arrêta après pour reprendre son souffle.

« Détruire quelque chose que tu ne peux pas voir est difficile. De plus, il est très important de saisir la structure de la formule de loi que tu essaies d’ébranler, » déclara Lise.

« ... Je vois. Dans ce cas, c’est presque impossible, » déclara Takumi.

Sans savoir où il se trouve, comment elle est tracée et comment fonctionne cette formule de loi spécifique, il était impossible de l’arrêter.

Pourtant, après avoir tapoté sur sa tempe pendant un certain temps, Takumi avait souri joyeusement.

« Euh... avez-vous fini de parler ? » demanda Mirta.

Mirta se tenait près d’eux avec une théière et des biscuits dans les mains tout en les regardant d’un air désemparé.

« Oui, on peut s’arrêter ici pour l’instant, » déclara Takumi.

« Ow... désolé d’avoir pris tout ce temps, mais je n’ai pas mis les pieds ici depuis si longtemps que je ne savais pas où tout se trouvait..., » déclara Mirta.

« ... Mirta, es-tu vraiment la dirigeante de Suzuran ? Je me demandais la même chose quand je mangeais chez toi, » demanda Lise.

« Oui, pourquoi cette question ? Je ne suis peut-être pas fiable, mais je suis toujours une dirigeante à part entière ! » déclara Mirta.

Elle parlait avec fierté en levant la main vers sa poitrine, mais le doux parfum des biscuits et du thé qui flottaient dans l’air avait totalement ruiné tout le sérieux de l’image qu’elle projetait.

« J’en ai apporté pour toi aussi, Lise, alors n’hésite pas à te servir, » déclara Mirta.

« Tu m’as déjà accompagnée ici, je ne peux quand même pas accepter —, » commença Lise.

Tandis qu’elle se levait, essayant de se tenir debout, son ventre grondait bruyamment.

« ... Il y a aussi des sandwichs, si tu le souhaites, » déclara Mirta.

« ... J’en prendrai, merci, » déclara Lise.

Elle avait rougi puis elle était retournée à son siège avant d’accepter sa part de nourriture et de thé.

Son expression lapidaire avait commencé à se détendre un peu pendant qu’elle appréciait son sandwich.

De la nourriture, quelle grande magie !

« Mirta n’est pas seulement une magnifique dirigeante, mais aussi une grande cuisinière, » déclara Karin.

« C’est pour ça que nous sommes fiers d’elle. C’est aussi une pleurnicheuse, et elle est si tendre dans son cœur qu’elle guérit même les demi-humains blessés, » déclara Takumi.

« N’es-tu pas connu pour être un homme au cœur tendre, Takumi !? » s’exclama Mirta.

Mirta agita les mains dans le déni, alors que son visage était rouge en raison de la gêne, tandis que Lise inclinait la tête tout en réfléchissant.

« Guérir leurs blessures... ? La sainte magie pourrait faire cela, mais la magie ne le peut pas, » déclara Lise.

« Hein ? V-Vraiment ? » demanda Mirta.

« Bien sûr. Si quelqu’un essayait de guérir des blessures ou une maladie avec la magie, le lanceur et le pouvoir magique du patient se mélangeraient et réagiraient... dans le pire des cas, ils se déchargeraient spontanément. C’est pourquoi les personnes ne peuvent pas guérir les autres en utilisant la magie, » déclara Lise.

« Pourtant, cela n’arrive pas avec la sainte magie, n’est-ce pas ? » demanda Mirta.

« En vérité, la magie sacrée est une collection de formules de loi complexes. Elle est fondamentalement utilisée sur un sujet qui ne connaît pas la magie afin d’utiliser son pouvoir magique pour se guérir lui-même, » expliqua Lise.

Tout en parlant, elle avait écrit quelque chose sur un bout de papier.

« Une formule de loi est un empilement de chiffres, de symboles et de règles... Si vous en touchiez un comme ça, vous l’activeriez. C’est ainsi que fonctionne la magie sainte, » déclara Lise.

« Donc... utiliser le pouvoir magique des utilisateurs sans mélanger les pouvoirs de différentes personnes empêche la magie de se déchaîner ? » demanda Takumi.

« Exactement. Guérir soi-même les blessures sur son propre corps n’est pas un problème, c’est pourquoi les chevaliers-magiciens sont obligés de savoir comment le faire, mais la magie sacrée est surtout utilisée sur les gens ordinaires. Maintenant, laissez-moi vous montrer un exemple, » elle avait encore écrit quelque chose sur un papier, puis elle avait marché jusqu’à Kunon.

« La Louve, laisse-moi t’emprunter ton corps un moment, » déclara Lise.

« Eeeh !? Mon corps et mon âme sont brisés en ce moment..., » déclara Kunon.

« Je veux te guérir... mais cette magie d’entrave pourrait être un problème, » déclara Lise.

Lise toucha l’endroit d’où venait la lumière rouge, et la magie se brisa en petits fragments qui disparurent dans l’air en produisant le bruit du verre qui se brisait.

Kunon s’était retrouvée en chute libre l’instant d’après et avait atterri lourdement sur le sol.

« Outche... ! Je ne pouvais pas me libérer avec ma force, mais tu pouvais la détruire si facilement... !? » s’écria Kunon.

« En fait, j’ai renversé sa structure avec une formule à loi inverse. Maintenant, s’il te plaît, » déclara Lise.

***

Partie 3

Après avoir dit ça, Lise posa le papier qu’elle tenait encore sur la poitrine de Kunon, et les symboles écrits entrèrent directement dans son corps.

« ... Pourquoi n’ai-je plus mal aux fesses ? » demanda Kunon.

« Parce que j’ai utilisé ma sainte magie. Il s’agit d’une récupération instantanée, » déclara Lise.

Elsa, qui avait regardé toute la scène, avait fait entendre sa voix avec admiration. « C’était vraiment merveilleux à voir ! »

« ... C’est normal pour moi, » déclara Lise.

« C’est exactement pourquoi vous êtes devenue l’archevêque de Crest ! Analyser quelque chose de loin et préparer un contre est une chose, mais écrire une formule de loi de guérison sur place est quelque chose que le saint chevalier moyen ne serait jamais capable de faire ! » s’écria Elsa.

« Je, euh... Merci, » murmura Lise.

Lise s’était gratté la joue en raison de son embarras lorsque Elsa avait baissé la tête en signe de respect.

La guérison était le point fort d’un chevalier saint.

Ils devaient saisir la nature de chaque blessure et créer des formules de loi qui pourraient les guérir le plus rapidement possible.

Ce que l’archevêque venait de faire était quelque chose de difficile, même pour un chevalier saint compétent.

« Je vais retourner à ma leçon maintenant, alors s’il vous plaît, continuez votre entraînement, » déclara Lise.

« Hein ? Je-Je suppose qu’on peut s’arrêter là, et à ce propos..., » commença Kunon.

Kunon avait essayé de s’enfuir en secouant la tête, mais son action avait été vaine, car elle avait rapidement été de nouveau retenue.

« J’ai inventé ce sort de blocage. Il devrait être plus fort que celui d’Elsa, qui est un type polyvalent et qui se dissipera après un certain temps. Vous deux, faites de votre mieux, » déclara Lise.

« Comment le pourrais-je !? Je suis peut-être coriace, mais j’ai aussi une limite ! Ahhhh ~ ! Non, capitaine ! Pas ma queue ! Je ne peux pas faire face à ça ! » cria Kunon.

Lise avait ignoré les cris de Kunon et était retournée auprès des autres en portant une expression impassible.

« C’est donc ça la guérison de la magie sainte, » déclara Karin.

« Woah ! C’était fantastique ! Ma magie demande beaucoup plus que ça pour fonctionner ! » déclara Mirta.

Mirta avait saisi les mains de l’archevêque en raison de son excitation.

« Lise, pourrais-tu m’en apprendre plus sur la sainte magie ? » demanda Mirta.

« Ça ne me dérange pas, mais... ça t’intéresse vraiment ? » demanda Lise.

« Oui, mais comment le dire... ? J’ai étudié la magie avec Elsa quand nous étions petites, et j’ai utilisé mon pouvoir pour guérir les autres. Ça a très bien fonctionné jusqu’à présent, mais ce serait un vrai problème si ma magie perdait le contrôle et que je blessais quelqu’un, » déclara Mirta.

Puis, Mirta avait affiché un sourire ironique.

« Blesser quelqu’un avec un pouvoir qui pourrait l’aider est... vraiment une chose triste à faire, n’est-ce pas ? » déclara Mirta.

Mais à l’instant d’après, son sourire était redevenu brillant. Après l’avoir regardée pendant quelques instants, Lise s’était rapprochée de Mirta et l’avait serrée dans ses bras.

« L-Lise ? Est-ce que ça va ? » demanda Mirta.

« ... Tu es une personne gentille, Mirta. Presque comme Sa Majesté, » déclara Lise.

Après l’avoir un peu serrée, elle l’avait lâchée.

« Hmm, maintenant, je suis satisfaite. Tu es vraiment merveilleusement douce, » déclara Lise.

« M-Merveilleusement douce ? Est-ce que cela veut dire que j’ai pris plusieurs kilos ? » demanda Mirta.

« Pas vraiment ! En vue d’où elle t’a étreinte, elle faisait allusion à ta... Quoi de neuf, Lise ? Arrête de me regarder fixement, » déclara Takumi.

« ... Les esclavagistes lubriques comme toi devraient tout simplement mourir, » déclara Lise.

Le mécontentement était présent sur son jeune visage, mais dès qu’elle avait porté un biscuit à sa bouche, son expression s’était relâchée. Sa colère n’avait pas duré longtemps.

« Alors, comment peut-on gérer la magie ? » demanda Takumi.

« D’accord... si Kunon ne peut pas arrêter le lancement, nous serons dans un grand désavantage, » déclara Karin.

« Utilisez dans ce cas des objets magiques. Ils nécessitent très peu de pouvoirs magiques, et si vous en avez besoin, je peux les syntoniser pour vous, » déclara Lise.

Takumi baissa la tête.

« Non, ça ne marchera pas. Nous devons les vaincre sans utiliser la magie, » déclara Takumi.

Il avait une raison de se battre avec Kiad au banquet.

« Les nobles sont privilégiés aussi en raison de leur potentiel au combat. C’est pourquoi la magie de Richtert est connue comme la plus puissante, » continua Takumi.

Les nobles n’arrêtaient pas de faire des recherches pour que les autres puissent les admirer et compter sur leur pouvoir.

Afin de pouvoir détruire cette croyance, les individus devaient assister à la défaite de la magie.

« Si nous utilisons n’importe quel tour lié à la magie pour les vaincre, les gens penseront que la magie est imbattable, et tout sera ruiné. »

« ... Pourtant, combattre un chevalier-magicien sans magie ni objets magiques n’est qu’un suicide, » déclara Lise.

Le visage de Lise s’était obscurci.

« La famille Fortesea dirige l’ordre des chevaliers magiques de Richtert. Gagner contre eux est impossible, » déclara Lise.

Ses seules paroles suffisaient à faire perdre tout espoir.

Takumi l’avait observée avant de déplacer son regard vers Karin, puis avait souri.

« Si c’est impossible, pourquoi ne pas le rendre possible ? » demanda Takumi.

« Si mon maître le veut, je devrais respecter sa volonté... Je peux probablement faire taire tous ces paysans qui pensent que nous les elfes sommes impuissants, » déclara Karin.

« Alors, fais-le. Montre-leur que les elfes ne sont pas seulement belles, » déclara Takumi.

« ... Cependant, je ne pense pas que j’ai besoin de faire ce genre de choses, » répliqua Karin.

Karin s’était tournée pour regarder ailleurs alors qu’elle gonflait ses joues dans son embarras, et Mirta affichait encore son expression inquiète habituelle.

« ... Est-ce que ça va aller ? Tu auras un handicap, et Kunon est désavantagée contre la magie. De plus, Karin n’est pas très habituée quand il s’agit de se battre..., » déclara Mirta.

« Ouais, ne t’inquiète pas, » répondit Takumi.

« Tout à fait, tu n’as pas besoin de te faire des soucis, » déclara Karin.

« Comment pouvez-vous être aussi positifs tous les deux ? » demanda Mirta.

Takumi agita la main nonchalamment.

« Mirta, j’ai seulement demandé un handicap, » déclara Takumi.

« Et... qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Mirta.

« Tu verras bien. Maintenant, le problème, c’est moi, » déclara Takumi.

« Hein ? Mais tu ne participeras pas au match, n’est-ce pas ? » demanda Mirta.

« Essaie de réfléchir à la personnalité de Kiad. Si l’un de mes serviteurs bat l’un des siens, ne penses-tu pas qu’il va me défier directement ? » demanda Takumi.

« Je... Je le vois venir, » déclara Mirta.

Takumi avait fait de son mieux pour que Kiad le déteste.

Dans des circonstances normales, être vaincu devant tout le monde montrerait à quel point la magie était imbattable.

Pourtant, gagner contre Kiad était possible... s’ils préparaient les bonnes mesures.

« Peu importe à quel point je lutte, je suis toujours un humain moyen. Je ne gagnerai pas un combat au poing contre lui, et encore moins un combat magique, » déclara Takumi.

« Oh, c’est vrai, tu es plus ou moins un humain normal..., » déclara Karin.

« J’oublie souvent ça aussi, Karin..., » déclara Mirta.

« ... Les filles, c’est vraiment la première chose que vous vouliez dire maintenant ? » demanda Takumi.

Il soupira profondément, puis il corrigea son expression.

« Mais aussi, je ne suis pas un humain normal, » continua-t-il.

Après avoir jeté un coup d’œil à l’elfe, il avait continué à parler. « Je n’ai pas la moindre once de magie en moi. »

« Cela ne peut pas être... Les formules magiques et la magie sont en nous au moment où nous prenons vie. Tu en as peut-être une très petite quantité, mais ne pas en avoir du tout, c’est..., » commença Lise.

« Je te dis la vérité. Si j’en avais le moindrement, je pourrais activer n’importe quel objet magique, mais ce sont tous les mêmes objets inutiles pour moi, » répondit Takumi.

Interrompue sur un ton sérieux, Lise s’était tue.

Après tout, Takumi n’était pas né dans ce monde.

Il s’y réincarna en demandant de préserver le corps de son ancien monde, ce qui signifie que, exactement comme dans son ancien monde, il n’avait pas de magie en lui.

La Déesse avait raison. Il était l’existence la plus faible au monde.

Ne pas avoir de magie dans un endroit où c’était une clé de voûte était pratiquement suicidaire.

Si les humains n’avaient pas eu la magie, ils auraient sûrement été inférieurs aux demi-hommes, vu l’écart entre leurs prouesses physiques.

« Ça ne me dérange pas vraiment. Il n’y a pas beaucoup de chances que les choses tournent mal, et je suis sûr que Kiad va se montrer à la hauteur, » déclara Takumi.

Il avait montré une expression radieuse, mais Lise avait baissé le regard en réfléchissant intensément.

Elle se serra la main et, après quelques secondes, leva de nouveau la tête.

« ... Marchand d’esclaves, tu devrais —, » commença Lise.

« Takumiiiiii ! Mes fesses me font malllllll ! » cria Kunon.

Kunon lui sauta dessus en pleurant, coupant les paroles de l’archevêque.

Elsa s’approchait d’eux par-derrière avec une expression satisfaite présente sur l’intégralité de son visage.

« Heheheheh... Je le savais, Fille Louve ! D’habitude, l’usage de la magie est interdit, mais les gardes sont tous des parents de sang de nobles ! N’oublie jamais qu’ils pourraient même utiliser des objets magiques pour te saisir ! » déclara Elsa.

« Uuuh... ! Te voir aussi imperturbable est déroutant... ! » s’écria Kunon.

« Je voulais seulement te le montrer, mais je suppose que tu ne l’as pas compris tout de suite... Essayons une autre fois, d’accord ? » déclara Elsa.

Le sourire de la garde avait fait hurler Kunon avant qu’elle ne se cache derrière son Maître.

« Takumi ! S’il te plaît, sauve-moi d’elle ! » cria Kunon.

« Quoi, Takumi ? Veux-tu également une fessée ? » demanda Elsa.

« Merci, mais je ne suis pas adepte de ce genre de choses, et je n’essaye pas de la protéger, » déclara Takumi.

« Tu me laisses tomber !? Maître, m’abandonnes-tu vraiment comme ça !? » s’écria Kunon.

« Ne le fais pas paraître si mal. C’est quelque chose de nécessaire, » déclara Takumi.

Il s’était mis à tapoter sur sa tempe en souriant avec audace.

« Va t’amuser avec Elsa pendant encore une petite période de temps, » déclara Takumi.

« Non, s’il te plaîtttttt... ! C-Capitaine, cesse de me traîner ! Et c’est quoi ce visage si enjoué ? » demanda Kunon.

Elsa avait saisi Kunon par la nuque et elles avaient repris leur entraînement en souriant joyeusement. Une fois que les cris de douleur de la louve commencèrent à résonner à nouveau dans la barrière, les autres se serrèrent les mains et firent une prière en silence.

« Désolé pour l’interruption. Essayais-tu de dire quelque chose avant, non ? » demanda Takumi.

Il avait essayé de pousser Lise à finir sa dernière phrase, mais elle était restée silencieuse, son corps bougeant à peine.

Il était sur le point de reparler, mais il avait remarqué que ses yeux étaient fermés alors que sa respiration était sereine et régulière.

« Elle... s’est endormie, hein ? » murmura Mirta.

« Laissons-la tranquille. C’est encore une enfant, mais elle doit penser à beaucoup de choses, ce qui n’est pas très facile pour son corps et son esprit... Je suppose qu’elle a atteint ses limites, » déclara Takumi.

Mirta et Takumi parlaient à voix basse, et elle déplaça doucement la tête de Lise sur ses genoux.

Voyant l’enfant dormir aussi profondément, Takumi hocha la tête.

« Karin, apporte-moi les papiers de mon bureau, » ordonna Takumi en un murmure.

Devinant probablement le sens de sa demande, elle avait souri.

« D’accord. Je vais aller dans la ville-basse et je reviens tout de suite, » déclara Karin.

« Hein ? Si tu le veux, tu peux aller le prendre auprès de Gaitsu..., » déclara Mirta.

Takumi interrompit Mirta en levant son index.

« Je suis parti depuis un moment, alors je ferais mieux de retourner à ma tâche principale, » déclara Takumi.

« ... Oh, c’est ce que tu voulais dire, » déclara Karin.

Mirta était probablement arrivée à la même conclusion que Karin alors qu’elle joignait ses mains avec bonheur.

« Puis-je t’être utile ? » demanda Mirta.

« Bien sûr... peux-tu faire des desserts ? Mets-les dans un panier et fais-en plus qu’il n’en faut pour deux personnes. Oh ! Et essaye de les maintenir à la bonne température, s’il te plaît, » déclara Takumi.

« Laisse-moi m’en occuper. T’occupes-tu de Lise ? »

« Ouais. Je vais juste lire un livre, alors fais-lui utiliser mes genoux pour l’instant, » déclara Takumi.

Après avoir déplacé et mise en place Lise à ses côtés, Mirta se dépêcha de retourner à la cuisine.

Puis, Takumi enleva son manteau. Alors qu’il s’apprêtait à le mettre sur l’enfant...

« Désolée... »

... elle murmura et continua à dormir profondément sans se réveiller.

Il ne pouvait pas comprendre si elle murmurait cela en rêvant, ou si cela venait directement de son subconscient, et il ne pouvait pas non plus comprendre à qui elle s’excusait.

C’est exactement la raison pour laquelle Takumi avait levé son livre et s’était mis à réfléchir profondément.

***

Partie 4

Le crépuscule avait peint la partie supérieure de Listina dans des tons de vermillon.

Et sûrement parce qu’elle avait remarqué qu’un long moment s’était écoulé, Lise se frotta les yeux en levant son corps.

« Si je me suis endormie... !? » demanda Lise.

« Oui. Le soir est présent maintenant, » répondit Takumi.

Lise sursauta face à la voix de Takumi, ne s’attendant pas à ce qu’il soit si proche.

« ... C’est vraiment la pire chose. Te laisser voir mon visage endormi, c’est vraiment horrible, » déclara Lise.

« Alors, essaie de penser un peu plus à toi. Peu importe la quantité de travail stressant que l’on a à faire, un bon enfant ne devrait pas le faire pendant des nuits entières et s’endormir le matin, » déclara Takumi.

« Je ne suis pas une enfant... mais j’ai sûrement causé des problèmes. Désolée, » déclara Lise.

« Pas besoin de t’excuser. Je te suis redevable de m’avoir enseigné la magie, alors si tu as besoin d’aide, n’hésite pas à venir chez Suzuran, » déclara Takumi.

« Ce n’était pas si grave que ça... et aussi, je n’ai pas besoin de quoi que ce soit, » déclara Lise.

« ... Je vois. Alors, continue de faire de ton mieux, » déclara Takumi.

Lise avait fait un geste ferme de la main en entendant ses paroles.

« Mon travail n’est pas si important..., » et quand il s’agissait d’exprimer ses sentiments, elle prononça ces mots en chuchotant.

Avant qu’il n’ait pu commenter, le bruit de pas lourds qui s’approchaient d’eux leur arriva aux oreilles, et ils se retournèrent pour voir Mirta se dépêcher vers eux.

« Désolée de vous avoir fait attendre ! Oh, Lise, tu es réveillée ? » demanda Mirta.

« ... Oui. Désolée de m’être endormi au milieu de la leçon, » déclara Lise.

« Ne t’inquiète pas ! Je suis passée quelques minutes plus tôt, mais tu dormais encore sur les genoux de Takumi... J’avoue que j’étais un peu envieuse, » déclara Mirta.

« ... Ai-je dormi sur les genoux de ce marchand d’esclaves ? » demanda Lise.

Tandis qu’elle fixait avec émerveillement la dirigeante de Suzuran, Takumi tapota la zone en question.

« Oui, je lisais ce livre pendant que tu reposais la tête ici. C’était horrible quand tu as commencé à baver, » déclara Takumi.

« ... Ce n’est pas possible. Je ne bave pas, » déclara Lise.

« Alors, c’est quoi ce truc au coin de la bouche ? » demanda Takumi.

Elle avait rougi furieusement en se frottant la bouche avec sa manche.

« Je suppose que je viens de l’imaginer, hein ? » demanda Takumi.

« ... Les individus comme toi sont les plus bas du bas de tous ! » s’écria Lise.

« Oh, qui s’en soucie. Au moins, tu t’es réveillée, n’est-ce pas ? » demanda Takumi.

Incapable de digérer le sourire de Takumi, Lise avait agité les bras pendant que son visage rougissait d’un rouge vif et que des larmes coulaient dans ses yeux, et le marchand d’esclaves avait décidé de se reprendre en main.

« Au fait, l’un des messagers de Fairstadt est venu pour t’escorter chez toi. S’il te plaît, prends ça comme un signe de gratitude pour ce que tu as fait pour nous aujourd’hui, » déclara Takumi.

Mirta avait remis un panier à l’archevêque.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Lise.

« Une tarte aux pommes que je viens de faire, » déclara Mirta.

Le nez de l’enfant avait frémi en sentant le doux parfum des mains de Mirta, et elle regarda le panier avec des yeux pétillants, comme si c’était un trésor.

« Takumi m’a dit que tu voulais goûter mon dessert, alors j’ai pensé t’en donner... est-ce que tu n’aimes peut-être pas ça ? » demanda Mirta.

« Non, j’aime les choses douces... mais je ne suis pas habituée à ce genre de choses, donc je suis surprise. »

Tenant le panier près de sa poitrine, comme si elle tenait une pierre précieuse, Lise inclina la tête.

« Je vous remercie beaucoup. Je saurai quoi faire avec, » déclara Lise.

« N’en parlons plus. Malgré tout, bien que la saveur de la tarte devrait être bonne, la forme est un peu bizarre. Fais attention à ne pas froisser le papier quand tu le soulèves, d’accord ? » déclara Mirta.

Regardant le sourire ironique de la femme, la bouche de Lise se courba légèrement.

« ... D’accord. Je ferai attention, » déclara Lise.

« J’espère qu’elle te plaira ! Allons-y maintenant, le messager attend à la porte avec un carrosse, » déclara Mirta.

La leader de Suzuran tendit la main vers Lise, qui était sur le point de l’attraper, quand...

« Non... Je me débrouillerai toute seule. Merci de vos préoccupations, » déclara Lise.

... Puis, après un salut agile, elle s’était mise à courir.

En la regardant s’éloigner, Mirta avait murmuré quelques mots. « Lise, veux-tu... ? »

« Je ne peux pas promettre ça, mais au moins elle ne devrait pas être abusée à outrance. Cette merde de Kiad ne l’a fait que pour nous provoquer, et, dans le passé, elle l’était probablement... mais je ne pense pas que ça ait été si terrible depuis qu’elle est devenue archevêque, » déclara Takumi.

Lise avait maintenant la chance de se montrer devant d’autres nobles, de sorte que Fortesea ne pouvait pas la blesser sans réfléchir, étant donné que les rumeurs auraient pu se répandre et ternir sa renommée. Kiad ne penserait jamais que c’était bien.

« Kiad n’est qu’une brute, c’est pour ça qu’il l’a frappée. Mais il sait bien ce que ses actions pourraient apporter... Au moins, il sait qu’il ne serait pas seulement un peu flagellé s’il le faisait, » déclara Takumi.

Takumi avait souri.

« Pourtant, les gens comme lui sont faciles à manipuler, » continua-t-il.

Il avait tapoté à plusieurs reprises sur sa tempe.

« Allons-y, on a des trucs à faire. Dis bonjour à Elsa de notre part, » déclara Takumi.

« Ok... Takumi, occupe-toi de Lise, » déclara Mirta.

Alors qu’elle le regardait en étant mal à l’aise, il lui tourna le dos et lui fit signe de la main, puis déclara aux autres de venir avec lui et de se diriger vers la ville basse.

***

Partie 5

Le carrosse se déplaçait en semblant glisser sur la route.

Personne parmi ses passagers ne murmurait un mot, et il en fut également ainsi du cocher, qui avait l’air occupé à faire son travail.

La servante qui s’occupait toujours de Lise était silencieuse pendant qu’elle vérifiait sa robe et son corps, puis, après avoir fini, elle avait tourné la tête.

La bouche de l’archevêque était restée scellée, car elle ne voulait pas parler. En fait, elle pensait que parler aurait été un acte impardonnable.

« Tu as pris ton temps, hein ? »

Elle sursauta en entendant la voix de l’homme assis à côté, et trembla.

Devant elle, le sourire aux lèvres, Kiad Fortesea était assis.

Elle commença à élaborer une réponse en resserrant son étau sur le panier qu’elle tenait dans ses bras. « ... je suis désolée. Je me suis endormie. »

« Oui, je le sais. Inutile de sursauter à ce point, tu sais ? Lise Crest, » déclara Kiad.

Il était probablement de bonne humeur en étouffant un rire dans sa gorge.

« Tu es une si grande actrice malgré ton jeune âge ! Il y a eu une sacrée fuite d’informations ! Je n’arrêtais pas de rire ! » s’exclama-t-il.

Elle s’était mordu la lèvre inférieure, mais il n’avait pas fait attention à elle et avait continué à parler.

« Quelle fantastique sainte chevalière que tu es ! Tu n’as pas seulement créé les outils magiques pour nous, mais tu as aussi entrelacé deux types différents de magie en eux ! » continua-t-il.

Depuis qu’elle était archevêque, Lise avait créé beaucoup de nouveaux outils magiques.

Elle avait optimisé les formules de loi jusqu’à leurs limites, en diminuant la quantité de pouvoir magique nécessaire pour les activer, et aussi en améliorant significativement les barrières qu’elles fournissaient pour la défense.

Les Fortesea, en tant que grande entreprise, commencèrent à les vendre à des nobles, et en seulement deux ans elles se répandirent largement... bien que personne ne savait que leurs formules de loi avaient un code secret en elles.

« Le fait d’écouter les conversations des gens sans être là, c’est très utile, non ? De cette façon, il est facile d’espionner les études de magie des autres familles, et... de cette façon, je peux savoir tout de suite à quel point les idiots qui s’opposent à moi sont forts et quand ils préparent quelque chose, » déclara-t-il.

Kiad avait entendu toutes les conversations que Takumi avait eues avec Lise.

Dans les formules de loi des outils magiques s’entremêlait une magie qui envoyait des messages à quelqu’un d’autre, de sorte que Kiad pouvait écouter n’importe quelle conversation librement.

« Toutefois... Haha, je n’arrive pas à croire que ce marchand d’esclaves n’ait pas de pouvoir magique ! Je ne peux m’empêcher de rire ! Comment peut-il essayer de s’opposer à moi avec un corps si maigre !? » s’exclama-t-il

Son sourire se tordit en raison de sa méchanceté et sa soif de sang se peignait dans son regard.

Il connaissait aussi l’entraînement de Kunon, le manque d’expérience au combat de Karin et le fait qu’aucun d’eux ne voulait utiliser des outils magiques... il savait tout.

Et c’était la faute de Lise, bien qu’elle n’ait pas eu le choix.

Sa mission était de confirmer ce qu’ils savaient de la magie, quelles tactiques ils préparaient et à quel point ils pouvaient être dangereux.

Au début, Lise aurait dû activer son propre outil magique, mais heureusement il y en avait dans le manoir de Fairstadt, donc elle n’avait pas à le faire et risquer d’être soupçonnée.

« Pourquoi as-tu été honnête avec eux à propos de la magie ? » demanda-t-il.

« ... Désolée, je ne suis pas douée pour mentir, alors j’ai préféré dire aussi peu de vérité que possible, » déclara Lise.

« Haha ! Ton expression ne change jamais. Comment ont-ils pu remarquer un mensonge ? Pourtant, tu es digne d’éloges pour t’en être inquiétée, » déclara-t-il.

Elle avait lutté pour garder son expression impassible malgré ses mensonges.

La vérité, c’était qu’elle ne voulait pas mentir.

Malgré tout, malgré son manque de clarté, Mirta lui avait tendu la main et Takumi ne semblait jamais mécontent de sa présence, même si elle était arrivée de nulle part.

Elle ne voulait pas mentir aux personnes comme eux, même si elle les avait déjà trahis, et voulait éviter de se sentir encore plus coupable.

Lorsqu’elle avait senti que ses sentiments allaient se répandre, elle s’était agrippée à son panier avec encore plus de force comme si elle essayait de les serrer avec ses mains.

Mais ce n’était pas la bonne décision.

« Au fait, qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? » demanda-t-il.

Kiad lui fit un geste en regardant le panier.

« Laisse-moi voir ce qu’il y a à l’intérieur, » déclara-t-il.

« Mirta m’a donné de la tarte aux pommes..., » répondit-elle.

« Tu m’as entendu ? Je t’ai dit de me laisser voir ce qu’il y a à l’intérieur, » ordonna-t-il.

Son expression joyeuse s’était tordue en un instant, et une nuance de colère s’était fait entendre dans sa voix.

Timidement, l’enfant lui avait remis son cadeau. Il le lui avait arraché, puis en avait retiré la boîte emballée.

« Ooh... la forme n’est pas très bonne, mais ça ressemble à une tarte, » déclara-t-il.

Il l’avait ensuite déballée, avait regardé à l’intérieur et l’avait écrasée.

« Hmm... Je pensais qu’ils avaient caché quelque chose ici, mais je suppose qu’ils ne sont pas si intelligents, » déclara Kiad.

Une seconde plus tard, Kiad avait jeté la boîte et le panier puis il l’avait écrasée sur le sol, puis les avait poussés vers Lise.

« ... Ah... Ahhhh... ! » s’exclama Lise.

Lise ne pouvait pas arrêter sa voix en voyant le gâchis que sa tarte était en ce moment — le cadeau que Mirta voulait lui offrir.

Mais l’homme s’en fichait, et il était probablement amusé par son expression, qu’elle ne changea guère, il affichait un sourire désagréable.

« Quoi ? Ça t’a plu ? Alors, faisons en cuire une pour toi, » déclara-t-il.

« ... Non, je... je peux m’en passer..., » répliqua-t-elle.

Probablement irrité de la voir remettre la boîte dans le panier et l’enlacer à nouveau, l’homme fit entendre sa voix sans retenir sa colère. « Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? Comprends-tu ta position ? »

« ... Oui. Je la comprends, » déclara Lise.

« Alors, essaye de me le dire, » ordonna Kiad.

Il l’avait dévisagée d’un regard qui aurait brisé le bonheur de n’importe qui.

« Dis-le ! C’est quoi, ta position, bordel !? » cria Kiad.

« ... J’ai accepté la protection de Fortesea en tant qu’invitée, » répondit Lise.

« Exactement ! Qui s’est occupé de toi après la mort de ton père et l’effondrement de ta mère à cause de sa maladie !? » s’écria Kiad.

« ... Le Seigneur Kiad Fortesea, » répondit-elle.

« Oui, je l’ai fait ! J’ai confirmé ton talent de saint chevalier, je t’ai préparé un espace de travail, j’ai discuté avec mon père, et je t’ai fait devenir ce foutu archevêque ! Et à qui as-tu demandé de l’aide quand ta mère était alitée ? N’as-tu pas demandé, aux Fortesea, de t’aider !? As-tu oublié ça !? » s’écria Kiad.

« Non. Je n’oublierai jamais votre gentillesse, Seigneur Kiad, » répondit-elle.

Pendant qu’elle parlait, elle portait une expression impassible.

Elle se détestait.

D’avoir peur des puissantes Fortesea, et d’être si pathétique.

Lors de son sixième anniversaire, Lise était heureuse de faire partie de la famille Fortesea.

Elle était une sainte chevalière comme son défunt père, et grâce à la formule de loi qu’elle avait inventée, elle croyait pouvoir aider sa mère à aller mieux. Elle étudiait jour et nuit, oubliant parfois même de dormir.

Grâce à ses efforts et à son ingéniosité, elle avait très vite approfondi sa connaissance des formules magiques et de loi, et en trois ans à peine, elle était devenue un prodige. Puis, Elvis, chef de la famille des Fortesea, lui accorda le statut d’archevêque.

Elle croyait que sa création pouvait aider les gens... mais au cours des deux années suivantes, sa foi s’était effondrée.

« Sommes-nous arrivés ? Lise, tu as fait ton travail. Maintenant, va faire des recherches comme d’habitude, » déclara Kiad.

La voiture s’arrêta pendant qu’il prononçait ces mots, et revenant à la raison, l’archevêque sentit son humeur s’enfoncer.

Dans le sous-sol du château royal se trouvaient la salle de développement et le laboratoire pour les formules de loi.

« Avec ton dernier rapport, j’imagine que tes progrès ne vont pas très bien... mais tu ne vas pas te décourager maintenant, n’est-ce pas ? » déclara-t-il.

« ... Non. Ce que je recherche actuellement est assez difficile, donc j’ai seulement besoin de plus de temps, » déclara-t-elle.

« Haha, c’est dur même pour un prodige comme toi ? Alors, n’hésite pas à t’y enfermer jusqu’au jour du match. Je vais préparer tout ce dont tu as besoin, » déclara-t-il.

Elle était clairement assignée à résidence et il lui était impossible de s’échapper.

Faisant de son mieux pour ne pas regarder le sourire dégoûtant de Kiad, Lise était descendue de la voiture.

« Vas-y, maintenant. Et n’oublie pas qui t’a laissé vivre avec ta mère, » déclara Kiad.

« Je le sais. Mais pourrais-je manger quelque chose avant ? » demanda-t-elle.

« Tu me refais le coup ? Les domestiques t’apporteront n’importe quoi n’importe quand, » déclara Kiad.

« Non... Je ne veux pas de repas. Je veux juste manger ça avant qu’il ne refroidisse, » répliqua-t-elle.

Elle leva le panier dans sa main, et l’homme grogna en la voyant agir ainsi.

« Fais ce que tu veux. Après avoir mangé cette merde, va tout de suite au laboratoire, » ordonna Kiad.

Après qu’il eut craché ces affreuses paroles, la voiture se remit à bouger avec le hennissement des chevaux.

Ne s’en souciant pas, elle se précipita dans sa chambre, qui était en fait une chambre d’amis dans le château royal.

Malgré son enfance, elle était à la fois archevêque et invitée de Fortesea, de sorte que sa chambre était d’une beauté folle et très spacieuse.

Ils pensaient qu’elle serait heureuse d’aller au sous-sol et d’en revenir s’ils lui donnaient cette pièce, et cette décision n’était qu’un aperçu du pouvoir que les Fortesea détenaient en tant que famille.

Lise s’était déplacée seule dans la pièce et avait posé avec douceur le panier sur le bureau, puis avait ouvert la boîte écrasée et avait regardé la tarte écrasée.

Elle apporta à sa bouche un morceau encore chaud et sentit la saveur du sucre se mélanger parfaitement avec le fruit aigre.

« Ce n’est... nullement de la merde, » déclara-t-elle.

 

 

Incapable de contenir les émotions qui remplissaient son murmure, des larmes coulèrent le long de ses joues et tombèrent sur le dos de sa main.

Plus cette saveur douce se répandit dans sa bouche, plus ses sentiments s’approfondissaient.

« Ce n’est... rien à voir avec la merde, » continua-t-elle.

Cette tarte avait été faite par quelqu’un qui pensait tendrement à elle.

Le goût doux et chaleureux de ce cadeau rappelait à Lise la cuisine de sa mère quand elle était encore en bonne santé. Elle méprisait Kiad pour l’avoir écrasée et l’avoir traitée de merde.

Mais elle n’avait pas eu le courage de l’affronter directement.

Elle n’avait pas la confiance de Takumi, qui pouvait parler clairement devant ce monstre.

La seule chose qu’elle pouvait faire était d’enfermer ses sentiments et de suivre les ordres de Fortesea.

C’était le seul sacrifice nécessaire pour les garder en vie, elle et sa mère. Vivre en lui donnant tout et en réfrénant son cœur.

Ce n’était pas différent de vivre comme... une esclave.

Elle avait essayé de sécher ses larmes jusqu’à ce que, sans s’en rendre compte, elle s’était retrouvée devant de l’air. Il ne restait rien de la tarte.

« La prochaine fois qu’on se rencontrera, je dois la remercier, » murmura-t-elle.

Tout en chuchotant ces mots, elle s’essuya le visage avec ses manches, puis fixa le papier au fond de la boîte.

Elle voulait faire attention à son cadeau jusqu’à la fin, alors elle l’avait soigneusement pris tout en ressentant l’envie de nier les paroles de Kiad, mais...

« ... Hmm ? »

Le papier ne semblait pas plissé.

Maintenant qu’elle l’avait constaté, bien que Kiad ait écrasé la boîte, cette feuille de papier avait parfaitement conservé sa forme originale.

Puis, elle s’était souvenue des paroles de Mirta — ne pas froisser le papier quand tu le soulèves — et c’était ce qu’elle avait fait.

***

Partie 6

Les rues de la ville basse étaient généralement plus bruyantes que les couches supérieures de la ville.

À l’approche de minuit, les cris de colère et les gloussements des gens d’un certain bar atteignaient l’extérieur du bâtiment, celui-là même dans lequel Takumi allait entrer avec un rythme soutenu.

« Bienvenue ! Je ne peux pas vous conduire à une table, mais n’hésitez pas à vous asseoir où vous voulez... Oh, Takumi ? »

La fille qui bougeait en tenant un plateau s’était arrêtée pour lui faire face.

« Désolé de te déranger quand tu es si occupée, Lilia. Je vais m’asseoir avec les autres, » déclara Takumi.

« Ouais, n’hésite pas à le faire ~ ! Mais sache que je vais te faire payer le siège ~ ! » déclara Lilia.

Elle lui afficha un large sourire et il lui répondit par un sourire ironique avant d’entrer dans la partie intérieure du bar.

« Mhhh ? Takuuuumi, tu es finalement làààà ! » déclara Kunon.

« Tu as pris ton temps. J’en avais marre d’attendre, » déclara Karin.

Kunon et Karin le regardèrent en même temps, assises devant une simple table.

« J’ai eu quelques trucs à faire. Kunon, vas-tu mieux maintenant ? » demanda Takumi.

« Bien mieuuuuux depuisssss que je peux mangerrrr ! » déclara Kunon.

« Je ne comprends pas un mot, mais je suppose que tu t’en sors bien, » déclara Takumi.

En voyant Kunon se bourrer de bouffe, les mains pleines de brochettes de bœuf, Karin poussa un profond soupir.

« On peut passer aux choses sérieuses ? Nous n’avons plus à nous soucier de l’insecte, » déclara Karin.

« Je trouve ironique que la ville basse soit l’endroit le plus relaxant de toute la ville, » déclara Takumi.

Takumi s’était assis sur une chaise vide et posa ses coudes sur la table.

« Tout d’abord, bon travail, les filles, » déclara Takumi.

Quand il avait souri, les demi-humaines avaient souri et avaient hoché la tête.

« Nous avons maintenant confirmé que l’information a été divulguée avec succès, » déclara-t-il.

« Bon sang... J’ai de la peine pour Lise. Elle s’est consacrée à l’étude de la magie et nous l’a expliquée avec soin, mais il a été difficile de réfréner mes bâillements, » déclara Karin.

« Même moi, j’ai dû endurer de perdre contre la Capitaine ! Mais elle était assez forte, donc je n’avais pas besoin de faire grand-chose, » déclara Kunon.

Takumi acquiesça d’un signe de tête placide face à leurs paroles.

Ils avaient déjà commencé à exécuter leur plan.

Sept ans s’étaient écoulés depuis qu’ils avaient rejoint Suzuran, et dire qu’ils passaient la moitié de ce temps à faire des recherches sur la magie n’était pas une exagération.

La magie était la force la plus dangereuse du monde. Elle était inaccessible à Takumi et était aussi l’ennemie naturelle des demi-humains comme Kunon et Karin.

C’est pourquoi ils avaient dû préparer un moyen d’y faire face et cela, bien à l’avance.

Bien sûr, la Magie de Richtert n’avait pas fait exception à ça.

Pourtant, ils avaient dû faire savoir à Kiad un certain nombre de choses pour gagner le match : ils cherchaient un moyen de contrer la magie, puisque même la force de Kunon ne pouvait pas y faire face, et Karin en savait peu, alors elle avait dû approfondir ses connaissances pour y faire face.

De plus, Takumi n’avait aucun pouvoir magique en lui.

« Qui aurait cru que les outils magiques ont une magie miroir intégrée dans leurs formules de loi ? » déclara Takumi.

« ... S’il te plaît, pas besoin de dire ça. Tu t’en doutais depuis le début, » déclara Karin.

« Eh bien, n’est-ce pas évident ? En deux ans, un unique saint chevalier, qui devint alors l’invité de Fortesea, réforma tous les outils magiques. Qui ne deviendrait pas suspicieux ? » demanda Takumi.

Il tapota légèrement sur sa tempe.

« De plus, même si j’avais agi différemment, ils ont fait les choses selon mes plans, pour que je puisse deviner ce qu’ils avaient en tête et remarquer que certaines choses n’étaient pas à leur place, » déclara Takumi.

Son réseau d’information avait été créé grâce aux esclaves qu’il avait vendus.

Alors qu’il recueillait des informations auprès d’eux, il surveillait les mouvements de Fortesea et avait remarqué qu’ils étaient trop précis.

Il commença alors à réfléchir à la raison pour laquelle Lise avait réformé les outils magiques, et conclut que Fortesea voulait les utiliser pour espionner les gens.

« Le fait de demander à Zeiss était le bon choix. Il a vraiment l’œil pour les outils, » déclara Takumi.

« En parlant de lui, n’est-il pas devenu le disciple d’un marchand ambulant ? Sont-ils déjà de retour ? » demanda Karin.

« Oui, mais ils sont repartis. Kunon m’a dit que les outils magiques avaient quelque chose de bizarre, alors je lui ai demandé de vérifier si quelque chose n’était pas à sa place, et il a immédiatement remarqué qu’il y avait un matériau étrange en eux, » déclara Takumi.

« Excellent travail pour se souvenir de quelque chose d’aussi vague..., » déclara Karin

« L’information constitue la fortune. Il n’y a pas d’informations sans valeur dans le monde, » déclara Takumi.

L’elfe fut impressionnée de le voir tapoter à nouveau sur sa tempe.

« Et tu as beaucoup appris en regardant Lise, n’est-ce pas, Karin ? » demanda Takumi.

« Oui. Eh bien, ton hypothèse sur sa situation était tout à fait juste, » déclara Karin.

Elle feuilleta les pages de son carnet avec des yeux brillants.

« Les Fortesea ont pris sa mère en otage, et ils menacent Lise en lui montrant leur autorité, puis la forcent à appliquer une formule de loi sur un humain... Ça doit être dur à supporter pour une fille de onze ans, » déclara Karin.

« Cela signifie simplement que Lise est essentielle pour Kiad. L’attacher avec un collier et des chaînes ne lui suffisait pas, alors il l’a enfermée dans une cage, » déclara Takumi.

« ... Mais cela ne justifie pas leur choix de tuer des gens indirectement, » déclara Karin.

Le fait de voir Karin si contrariée alors qu’elle tapait plusieurs fois du doigt sur la table était une chose rare.

« Je n’arrive pas à croire qu’ils aient écrit une formule de loi qui fait que le pouvoir magique de quelqu’un se déchaîne intentionnellement, » déclara Karin. « Et aussi, enfouir dans ce même corps la partie centrale d’un outil magique qui pourrait attirer ce pouvoir et le cristalliser pour l’élever à son niveau... c’est de la folie. Franchement, ce qui est étrange, c’est que Lise n’a pas été détruite par ça. »

« Ouais... C’est un truc sérieux, » déclara Takumi.

En se souvenant de l’enfant qui ne souriait jamais, le visage de Takumi s’était déformé... en une expression qui montrait clairement son intention de tuer quelqu’un qui n’était pas là.

« Quoi qu’il en soit, nous avons terminé notre préparation. Concentrez-vous sur ce qui vous attend maintenant, » déclara Takumi.

Puis, il avait fait face à la louve.

« Kunon, tu te souviens du match contre Elsa ? » demanda-t-il.

« Déglutir ! Oui, parfaitement ! Maintenant, je peux aussi distinguer des choses ! » déclara Kunon.

« Bien. Alors, tu peux manger autant que tu le veux, » déclara Takumi.

« Vraiment !? Superrrr ! Lilia, apporte-moi un chariot de viande !! »

Ses yeux brillaient comme des étoiles, et elle trottinait vers la porte en criant avant de faire sonner la sonnette de la porte à plusieurs reprises. Cette fille affamée avait noyé le bruit de tout le bar.

« Et toi, Karin ? Il y a quelque chose que tu veux ? Je vais demander à Gaitsu de te l’apporter, » déclara Takumi.

« Voyons voir... puisque je ne peux pas utiliser un fusil, j’aurais besoin d’utiliser l’arc d’Aigle ou quelque chose comme ça, » déclara Karin.

« ... Veux-tu apporter ça ? » demanda Takumi.

« Quoi ? Je suis une elfe, alors pourquoi je ne peux pas utiliser un arc ? » demanda Karin.

« Non, je veux dire... comment dire... tu es très ostentatoire pour les choses les plus étranges, » déclara Takumi.

« J’ai peut-être été influencé par le marionnettiste tape-à-l’œil qui est mon maître, » déclara Karin.

Takumi haussa les épaules devant sa remarque.

« Je crois en tes capacités, peu importe comment tu les utilises. Rien ne changera ce que tu peux faire, » déclara Takumi.

Sa voix était calme et majestueuse alors qu’il prononçait les mots suivants. « Écrase la magie devant tout le monde. »

***

Chapitre 4 : Les larmes de l’oiseau

Partie 1

Au cours de cette semaine, Richtert avait été vraiment très actif.

Eluria organisera un match officiel entre les chevaliers magiques de Richtert et la compagnie Suzuran — cet avis avait été diffusé dans toutes les couches de la capitale, et beaucoup de gens avaient été choqués par l’annonce.

Mais c’était tout à fait normal. Après tout, il s’agirait de la première fois où une telle chose allait se produire. En raison de ça de nombreux citoyens avaient commencé à accorder plus d’attention à l’entreprise qui était sortie de la ville basse et qui avait gagné son pouvoir et sa place en détruisant celle qui était corrompue.

Les nobles et les roturiers avaient l’impression qu’elle pouvait vraiment faire basculer l’équilibre présent dans la capitale.

Et finalement, nous étions finalement arrivés au jour J...

« C’était vraiment prévisible, venant de la part de la reine. Il y a vraiment beaucoup de monde ici, » déclara Karin.

Tous les individus qui venaient regarder le combat faisaient du tapage dans l’ouest des plaines d’Eltern.

Afin d’assurer la sécurité de la zone, des barrières magiques avaient été érigées autour des sièges réservés aux membres de la royauté et aux nobles.

Lise n’était pas la seule assise près d’Eluria, car il y avait aussi les trois accompagnateurs des seigneurs et les frères et sœurs de Fairstadt.

La proclamation publique d’un événement aussi unique avait attiré l’attention d’hommes et de femmes de tous âges et de tous les coins de la ville, ce qui s’était traduit par la totalité des sièges pour les roturiers qui étaient occupés.

En regardant la foule présente dans les lieux, Takumi acquiesça d’un signe de tête. « Sympa... ne me dis pas que tu vas être nerveuse devant autant de gens. »

« Crois-tu vraiment que je le serais ? » répondit Karin avec un certain calme.

« Je ne peux même pas les voir ! » Et du côté de Kunon, qui avait les yeux bandés et était menottée en ce moment, elle commentait joyeusement sa situation.

« C’est une bonne chose. Vous êtes observées par beaucoup de gens, alors ne vous agitez pas tout de suite, d’accord ? » déclara Takumi.

Alors que Takumi parlait, il déplaça son regard vers les sièges royaux.

Eluria les regardait calmement avec Lise qui avait une certaine allure lugubre présente sur son visage.

Takumi avait alors remarqué qu’un homme s’approchait de son groupe.

« Haha ! Ne pas fuir ce match est déjà un exploit admirable pour des individus comme vous ! » Il s’agissait de Kiad qui avait énoncé ça avec son attitude arrogante habituelle.

Deux hommes le suivaient, un brun aux cheveux courts et un homme plus sombre portant des lunettes.

« Oh, ne vous êtes-vous pas non plus enfui, le jeune de la famille Fortesea ? » demanda Takumi.

« Ce n’est vraiment pas nécessaire pour quelqu’un comme moi de s’enfuir loin de vous... Je veux seulement que Sa Majesté et tous ces gens voient un match agréable, » déclara Kiad.

Alors qu’il disait ça, un sourire tordu s’était formé sur le visage de Kiad.

« Voici Boris et Castells, deux individus issus de l’élite, » continua Kiad. « Ils sont les plus puissants parmi les chevaliers magiques, et aussi de fidèles serviteurs en qui j’ai toute confiance. Vous devriez être reconnaissant d’affronter des individus comme eux. »

Le plan du noble était d’écraser l’équipe de Suzuran devant tout le monde avec de puissants chevaliers magiques afin de gagner les mérites de la Reine. En les regardant, Takumi avait simplement souri joyeusement.

Les adversaires de Karin et Kunon étaient très forts... donc le résultat du match aurait ainsi une influence considérable sur le public, ce qui allait dans le sens de son plan.

« Vous vous tortillerez jusqu’à la mort, ordures des bidonvilles, » après avoir craché ces mots à voix basse, Kiad s’était retourné sur ses talons et était retourné de son côté de l’arène.

« Les filles, il vous a dit de mourir, » déclara Takumi.

« Ne te parlait-il pas ? Tu l’as vraiment rendu furieux, » déclara Kanon.

« Je suis d’accord ~ ! Je suis sûre que Takumi ne mourait pas même si tu le tuais, » déclara Karin.

Tous les trois s’étaient parlé en s’amusant tout en se préparant pour le match.

« Ne jouez pas trop... mais faites de votre mieux pour que tout le monde passe un bon moment, d’accord ? » déclara Takumi.

Après leur avoir dit ces quelques mots, Takumi avait quitté la zone couverte par la barrière.

Après son départ, les chevaliers magiques ne pouvaient plus supporter leurs rires, alors ils se lâchèrent.

« Castells, as-tu entendu ? Ils pensent vraiment qu’ils peuvent gagner, » déclara Boris.

« Hihihihi... n’est-ce pas bon, Boris ? Mais n’oublie pas. Tout le monde a bien le droit de penser et de rêver, non ? » répliqua Castells.

Celui aux cheveux courts riait avec mépris, tandis que l’autre faisait un rire étrange.

« Bon, allons-y. Le Seigneur Kiad a dit que ça ne le dérangerait pas si vous mouriez accidentellement, donc vous pourriez mourir au moment où vous allez faire le moindre mouvement. Êtes-vous conscientes de ça ? » demanda Boris.

Boris avait alors dégainé son épée courte qu’il avait placée sur sa hanche et il provoqua les demi-humains en agitant son épée.

De leur côté, malgré les provocations, Kunon et Karin l’avaient ignoré et avaient gardé leur sang-froid. L’elfe posa au sol la longue boîte en bois qu’elle portait sur son dos.

« Kunon, n’hésite pas à choisir. Je vais essuyer le sol avec l’autre, » déclara Karin.

« Okaaay ~ ! Alors, c’est mon tour ! » s’exclama Kunon. « Je me sens à l’étroit avec ce bandeau et les menottes, alors je vais mettre fin à tout ça rapidement ! »

Après avoir dit ça, elle avait commencé à marcher vers sa cible, puis elle avait commencé à sauter avec joie à mesure qu’elle avançait. « J’arrive, Monsieur le perdant ! »

« ... Tch. L’ennuyante fille est-elle donc celle que je vais écraser ? À quoi pensait ton maître quand il a décidé de t’envoyer au combat avec les yeux bandés et menottés ? » demanda Boris.

« Oh mon dieu... n’est-ce pas évident ? » demanda Kunon.

Son sourire était si large qu’on aurait dit qu’il lui fendait la tête en deux.

« Il voulait montrer à tout le monde à quel point vous êtes laids et minables, » continua Kunon.

Un coup de sifflet avait annoncé le début du match et Boris avait serré le poing autour de la garde de son épée.

« Alors, laisse-moi commencer par t’écraser la bouche ! » s’exclama Boris.

Il avait déplacé son arme derrière lui tout en hurlant, puis avait déclenché son attaque chargée.

« Je te complimenterai si tu survis à mon attaque décapitante ! » s’exclama Boris.

La terre s’était fendue en suivant la trajectoire de sa frappe. Cela ressemblait à une lame invisible qui traversait tout ce qui se trouvait sur son passage et qu’il avait envoyé sur Kunon. De son côté, Kunon l’avait parfaitement esquivée en se déplaçant sur le côté, mais Boris n’avait pas été surpris par cela.

« Bien sûr que tu pouvais éviter cela... Après tout, tu as une bonne ouïe. Tu n’as pas besoin d’utiliser tes yeux pour comprendre où je suis, hein. » déclara Boris.

« ... Oh, comme c’est malin de ta part. Et j’ai cru que j’allais t’arracher la trachée en un clin d’œil, » répliqua Kunon.

« Sais-tu combien de douzaines de demi-humains j’ai tuées pendant les escarmouches de l’ancien empire ? Bien sûr que je connais vos points forts et vos points faibles, » déclara Boris.

Il posa son épée courte sur son épaule et afficha alors un sourire sadique.

« Ne dit-on pas que ce sont les meilleurs prédateurs ? » demanda Boris. « Loups, tigres, lions, ours, cochons, bœufs... Peu importe qui ils étaient, j’en ai tué beaucoup. Comment pourrais-je perdre contre un renard ? »

Les oreilles de Kunon avaient frémi face à ses paroles.

« Combien de fois dois-je répéter que je suis une louve ? » s’écria Kunon.

Son rugissement avait résonné dans toute la zone et cela avait même secoué l’air.

Elle s’était probablement sentie mieux l’instant d’après.

Puis, elle avait souri... « Takumi m’a dit de ne pas te tuer... alors je vais me contenter de te mutiler, » déclara Kunon.

Une nuance vive d’intention meurtrière était présente dans son ton.

Pourtant, Boris pensait qu’elle bluffait. Il ne l’avait pas prise au sérieux.

« Laisse-moi voir comment tu cours avec ta queue entre les jambes ! » s’exclama Boris.

Souriant comme s’il était en train d’apprécier le frisson d’une chasse, Boris déclencha une autre de ses attaques. Contrairement à la précédente, après s’être déplacée au sol, elle avait « bondit » sur sa cible telle une vipère.

De son côté, Kunon se concentrait afin d’en capter le son, et une fois que ses oreilles frémirent après l’avoir perçu, elle s’éloigna légèrement et l’esquiva.

Bien qu’elle ne soit pas pleinement consciente de ce qui se passait autour d’elle à cause du bandeau, aucune des attaques ne l’avait effleurée.

« Oh ! Alors, qu’en penses-tu !? Si tu n’esquives pas mieux, tu vas perdre la tête ! » s’exclama Boris.

Sans répondre à ses provocations, la femme-louve n’arrêtait pas d’esquiver chaque attaque.

Puis, l’homme avait eu un pressentiment terrible.

Il pensait qu’un homme-loup qui avait l’habitude de se battre pouvait esquiver l’une de ses attaques... mais seulement une seule.

« Mecccccc, tu crains tellement... Ne sais-tu pas comment chasser ? » demanda Kunon.

Sa voix était calme et son visage détendu tout en évitant la tempête d’attaques, ce qui avait permis à Boris de développer ce sentiment étrange.

« Laisse-moi te montrer comment faire, » déclara Kunon.

Elle sauta encore quelques fois pour se préparer à son prochain mouvement, puis frappa du pied le sol avec force et se précipita vers son adversaire.

« Qu’est-ce que c’est ? » s’exclama Boris.

Son allure dorée ressemblait à du tonnerre qui zappait. La distance qui les séparait s’était réduite à néant en un clin d’œil, et une fois qu’elle était devant lui, elle avait souri.

« D’abord, tu coinces ta proie, » déclara Kunon.

L’instant d’après, il avait vu l’une des jambes de Kunon faire un arc en l’air, et un cri aigu avait retenti quand elle lui donna un coup de pied au visage.

Son objet magique de défense avait réussi à créer une barrière, mais elle avait profité de sa confusion pour acquérir de nouveau de la distance.

« Et ça, c’en est le premier point, » déclara Kunon.

Après ça, elle abaissa alors son corps et laissa les chaînes de ses menottes s’entrechoquer comme si elles se moquaient de Boris.

Pour le dire franchement, Boris avait été un peu surpris par ce qui venait de se produire.

Ils étaient très éloignés l’un de l’autre, mais elle avait pu venir jusqu’à lui en une fraction de seconde, et ce n’était pas tout.

« Qu’est-ce que tu as fait ? » demanda Boris.

« Es-tu en train de parler de ta magie pathétique ? » demanda Kunon.

Il avait dégluti face à ces paroles.

« Tu aurais dû mettre une intention meurtrière dans cette première attaque... mais tu étais de toute façon bien trop facile à comprendre, » déclara Kunon.

L’homme pouvait sentir des sueurs froides couler le long de sa colonne vertébrale.

« Ta magie... c’était quoi déjà, l’attaque décapitante ? Joli nom ! Mais tes attaques ne sont que pour la figuration, non ? Alors que tu as produit un divertissement en soulevant de la poussière et en faisant du bruit, et tu as activé les pièges décapitants que tu avais préparé bien avant ça, n’est-ce pas ? » demanda Kunon.

Elle riait joyeusement de ses propres mots.

« Pas mal. Les attaques que tu fais sont invisibles, c’est comme ça que tu as pu massacrer tant de demi-humains... n’est-ce pas ? » demanda Kunon.

Kunon expliqua le tour impitoyablement, puis elle attendit quelques instants. « Attends, ne veux-tu pas me répondre parce que j’ai raison ? Puisque j’ai pris la peine de l’expliquer, pourrais-tu continuer à parler avant que ça ne devienne encore plus ennuyeux ? »

Après avoir entendu sa provocation, il n’avait pas dit un mot de plus. Une clochette dans sa tête hurlait qu’il était en danger. Si le moindre son s’échappait de sa bouche, la femme-louve devant lui aurait tranché sa trachée avec ses crocs.

Le seul fait de l’imaginer l’effrayait.

Pendant ce temps, Kunon n’arrêtait pas de rire.

« Mec, ton cœur est si bruyant ! N’hésite pas à la fermer, mais je saurai toujours où tu es grâce à tes battements de cœur. N’est-ce donc pas inutile de te taire ? » demanda Kunon.

« Comment... Comment as-tu pu voir à travers ma magie ? » demanda Boris.

Tandis qu’il faisait difficilement sortir ces mots, elle laissa ses chaînes s’agiter à nouveau en posant un doigt sur ses lèvres.

« Mmmh... J’ai les yeux bandés, donc je ne pouvais rien voir. J’ai senti l’odeur de ta magie et j’ai deviné ce qu’elle faisait, » répondit Kunon.

« Arrête avec tes conneries ! La magie ne sent pas —, » commença Boris.

« Oh, c’est vrai ce que je dis. Quand la formule de loi est active et que ta magie se manifeste, elle sent mauvais, » déclara Kunon.

Elle avait dénudé ses canines tout en souriant férocement.

« Une fois que je l’ai capté avec mon nez... je peux atteindre sa source où qu’elle soit, » déclara Kunon.

Gaitsu avait déjà envoyé des mages contre Takumi et ses camarades, et tout ce qu’elle avait à faire était de taper du pied là où les piliers du feu allaient surgir.

« Bien sûr, c’est impossible pour vous les humains de le faire, parce que même les demi-humains ont besoin d’entraîner leur odorat pour le sentir... mais tu vois, c’est vraiment facile quand tu sais que tu combats un utilisateur de magies, » déclara Kunon.

Elle l’avait dit comme si c’était simple, mais il avait compris que c’était une tâche ardue.

Il n’y avait pas un seul demi-humain qui pouvait comprendre comment sa magie fonctionnait avant.

« Si j’ai les yeux bandés, mon odorat et mon ouïe deviendront naturellement plus aiguisés, » déclara Kunon.

Loups, tigres, lions, ours, cochons, bœufs... aussi féroce soit-il, aucun d’entre eux ne pouvait échapper à leur mort.

Aucun d’eux ne pouvait sentir sa magie.

C’est pourquoi il était le prédateur et non l’inverse...

Mais maintenant, un monstre riait devant lui, faisant beaucoup de bruit avec les chaînes qui la retenaient.

« Maintenant... faisons un spectacle comme Takumi l’a demandé, » déclara Kunon.

À ce moment, Boris remarqua que ses mains tremblaient. Pour les arrêter, il serra avec force son épée courte.

« Haha... alors essaie de me tuer, sale loup-garou ! » s’écria Boris.

Il avait poussé un cri de guerre afin de se remonter son moral, puis il avait fait tournoyer son épée tout autour de lui pour former une barrière coupante. Si quelqu’un s’en approchait, il aurait fini en viande hachée.

Si elle comprenait ce qu’il pouvait faire, il valait mieux ne pas la laisser s’approcher.

Kunon avait souri alors qu’elle avait reniflé. « Penses-tu que le fait de couper ton propre itinéraire d’évasion qui te maintient en vie t’aidera ? Tes actions sont très stupides, » déclara Kunon.

Elle avait pris une profonde bouffée d’air, puis elle avait émis un grondement qui résonna dans le ciel comme un hurlement. Mais c’était plus près d’une chanson, et encore plus près d’un mot. Tout le verre des environs résonnèrent face à ça, et bientôt les sons produits par eux qui se chevauchaient augmentèrent leur nombre et devinrent une mélodie.

 

 

« Q-Qu’est-ce que tu fais... !? » Boris l’avait demandé quand même, mais il avait compris ce qu’elle venait de faire.

Ce monstre avait détruit ses défenses.

Afin de manifester sa magie, il l’avait canalisée avec une formule de loi, mais... elle avait été dissipée avec ce mur de son.

Non seulement sa première attaque avait été détruite, mais tous les autres pièges avaient résonné les uns avec les autres et ils avaient disparu.

Alors que le concert se déroulait, Kunon s’approcha de lui. Ses chaînes se firent une nouvelle fois entendre.

« Un archevêque célèbre m’a dit que pour interagir avec des formules de loi, j’ai besoin de connaître à la fois leur emplacement et leur forme. L’ouïe d’un homme-loup est bonne. Si quelque chose est tangible, il peut se répercuter, et si j’entends cela, je peux en saisir la forme, » expliqua Kunon.

Boris avait remarqué trop tard qu’elle avait déjà crié comme ça quand il l’avait traitée de renard.

En entendant comment sa voix s’étendait dans l’air, elle pouvait saisir avec précision la forme des formules de loi utilisée par sa magie.

« En outre, si quelqu’un sait comment les formules de loi sont créées... même un demi-humain comme moi pourrait interagir avec. Comme tu l’as vu, il est possible de l’autodestruction, » continua Kunon.

L’homme ne pouvait même pas prononcer « impossible », car le monstre devant lui venait de prouver à tout le monde que ses paroles étaient véridiques.

« Chasser, c’est coincer une proie à la fois physiquement et mentalement, » déclara Kunon.

Elle ricanait de plus en plus à mesure que leur distance diminuait.

« Espèce de... putain de salope ! » cria Boris.

Il dissipa la peur qui le paralysa d’un cri de colère et commença à frapper avec son épée courte au hasard, essayant d’améliorer sa défense, mais Kunon poussa un soupir d’ennui.

« Mecccc... puisqu’il n’y a pas d’issue pour toi, essaie au moins avec un peu plus de vigueur..., » déclara Kunon.

Elle avait levé une jambe et avait donné un coup de pied sur le sol sous elle à pleine force, provoquant une fissure et envoyant des cailloux volés vers lui.

Ses projectiles avaient été coupés en l’air sans bruit, et lorsque les frappes de Boris s’étaient activées, ils avaient laissé un vide pendant un instant.

« Il devrait y avoir une limite à l’ennui que ça peut être de te combattre, » déclara Kunon.

Lorsqu’elle s’était entraînée avec Elsa les yeux bandés, les objets magiques étaient protégés par la barrière qui entourait le champ d’entraînement. Mais quand cette même barrière était sur le point de s’activer, elle avait frappé le vide de toutes ses forces — l’instant d’après, le bruit du verre brisé avait empli l’arène, et ses chaînes s’étaient serrées autour du cou de Boris.

« Gah... aah... ! »

« Ne te l’avais-je pas dit ? Je sens l’odeur de la magie, même si c’est la formule de loi d’un objet magique. Je n’y ai même pas pensé cette fois, et j’ai juste frappé très fort, » déclara Kunon.

Ses chaînes commencèrent à s’enfoncer dans la peau de son cou pendant qu’elle lui murmurait à l’oreille. « Tu n’as jamais eu une seule chance de gagner. Seul un perdant, une proie, serait poussé au fond du gouffre si unilatéralement. »

Puis, un sourire cruel s’était rependu sur son visage.

« Tu étais vraiment fier de dire que tu avais tué des dizaines de demi-humains... »

Alors que la gorge de Boris commençait à s’écraser à cause de la pression de la chaîne, elle avait prononcé ses derniers mots avec un sourire lunatique déformant son expression.

« Quant à moi, j’ai massacré d’innombrables insectes comme toi, humain. »

La dernière chose que Boris avait pu entendre avant de perdre conscience était le bruit de sa colonne vertébrale qui se brisait en deux.

***

Partie 2

L’arène devint silencieuse alors que Boris s’effondrait sur le sol, de l’écume coulant de ses lèvres.

Un chevalier magique a été vaincu par un demi-homme.

Cette vérité inacceptable était devenue réalité devant tout le monde.

Pourtant, l’annonce de fin du premier combat fut reportée et le temps — qui semblait gelé jusque-là — recommença à couler tandis que des cris de joie et d’égarement remplissaient l’air.

Karin poussa un soupir d’ennui. « … Je parie que les plus bruyants sont les gars de la ville basse, hein… ? Ne devraient-ils pas être au travail en ce moment ? Au juste, pourquoi sont-ils là ? »

« Ce n’est pas possible… Un simple loup-garou ne peut pas vaincre Boris… ! »

« Oh, ce type était fort ? Kunon l’a écrasé en une minute. »

Castells, qui ne pensait même pas que ce résultat était possible, commença à se frotter la tête, s’arrachant les cheveux tout en marmonnant. « ce n’est pas possible. »

« Alors, que vas-tu faire ? Si tu abandonnes maintenant, je t’épargnerai avec plaisir, » déclara Karin.

« Ne te fous pas de moi ! Les fiers chevaliers magiques ne fuiront jamais de simples demi-hommes ! » s’écria l’autre.

« Je vois. C’était une suggestion, mais c’est à vous de choisir. Maintenant que votre ami a été sorti de l’arène, peut-on aussi s’amuser ? » demanda Karin.

Ses cheveux noirs ondulaient alors qu’elle se leva, laissant derrière elle la boîte en bois qu’elle utilisait comme chaise.

Castells, retrouvant probablement son sang-froid, avait laissé échapper un autre rire étrange. « Hihihi... ! Tu t’amuses un peu ? Parles-tu de ce qui t’attend après ta défaite ? »

« … En fait, c’est toujours ce que les gens insinuent. Les elfes ne peuvent-ils pas être autre chose que des prostituées ou des esclaves sexuels ? Ne pouvez-vous pas au moins y réfléchir, petit malin ? » demanda Karin.

« Seul un perdant y penserait. N’as-tu pas choisi de vivre comme ça toi-même ? Hihihihi ! Je m’intéresse à ton corps, mais pas de cette façon, » répliqua Castells.

Il la regardait en se léchant les lèvres. « Je n’ai toujours… pas tué d’elfe. Ton espèce est très précieuse, alors je n’ai trouvé des gens comme toi qu’en tant que jouets et jamais en tant qu’ennemis… J’ai hâte d’y être. »

« Merci de me l’avoir fait savoir. Les nobles mâles sont stupides et dégoûtants, tout comme leurs goûts terribles. Je les frapperais volontiers à mort, » déclara Karin.

« Hihihihi... Même si tu avais quelques notions de magie, tu ne serais toujours qu’un jouet devant la magie toute puissante de Richtert. Mon Épine de l’Ombre va — attends, qu’est-ce que tu fais ? » s’écria Castells.

« Pourquoi me demandez-vous ça ? Le match commence bientôt, alors je prépare mon arme, » déclara Karin.

Elle en avait sûrement déjà marre qu’il se vante. Elle ouvrit la boîte en bois, enleva le tissu qu’elle contenait et en sortit le contenu avec un certain effort.

En plus de ses grognements, le son de quelque chose de terriblement lourd frappa les tympans de tout le monde, et quand cette chose devint enfin visible, le public s’était remué.

C’était un arc incroyablement énorme, encore plus grand que Karin. Si sa corde d’arc avait été détachée et qu’il était revenu droit, il aurait plutôt ressemblé à un Bō (bâton de combat) solide et complexe.

« Aaah… c’est une douleur à l’utiliser. Mais au moins, ce n’est pas le mien, alors je vais m’en sortir pour aujourd’hui, » déclara Karin.

Karin sortit également un carquois de la boîte en bois et le porta sur son dos. Puis elle sortit ce qui ressemblait à une arme contondante plutôt qu’à une simple flèche et elle fit face à son adversaire.

« OK, je suis prête. On commence ? » demanda Karin.

« … J’ai une question idiote. Veux-tu vraiment te battre avec ça ? » demanda Castells.

« Eh bien, je suis une elfe. Maintenant, ce sera encore plus clair pour tout le monde, » répondit Karin.

« Hihihihi ! Oui, tout à fait mieux ! Une elfe impuissante ne serait même pas capable de tirer avec cet arc —, » déclara Castells.

« En fait, les elfes peuvent utiliser n’importe quel objet, » déclara Karin

Elle avait encoché la flèche en parlant, puis elle avait fait virevolter son corps. Elle avait percuté un rocher voisin qui avait été endommagé par l’impact, mais cela lui avait permis de stabiliser sa visée avant de tirer en l’air.

« Si je l’utilise comme une arbalète, même les elfes les plus impuissants peuvent réussir à affronter un adversaire, » déclara Karin.

« … Je vois. Mais tu n’as que trois flèches, » déclara Castells.

« Je ne peux pas en amener beaucoup. Elles sont lourdes, » déclara Karin.

Tandis qu’elle haussait les épaules, les flèches de son carquois firent du bruit, et Castells riait étrangement.

« Tu n’as aucune chance de gagner contre moi, ma fille. Laisse-moi te battre dans ton jeu, » déclara Castells.

Le sifflet avait fait un son fort dès qu’il avait terminé sa phrase, annonçant le début.

L’ombre de Castells rampa vers l’avant pendant qu’elle moussait. Cela éclaboussait comme de l’eau alors que sa forme s’était transformée en plusieurs aiguilles foncées.

« Vois-tu, mon pouvoir, l’Épine de l’Ombre, me permet de produire n’importe quel objet en utilisant mon ombre. Tant que je suis ici, je peux envoyer des flèches sans fin, » déclara Castells.

Il étouffait son rire tandis que son ombre se répandait autour de lui en ébullition.

« Crois-tu vraiment que tu peux gagner contre moi avec seulement trois flèches ? » demanda Castells.

Plusieurs dizaines de projectiles noires éclatèrent, révélant des ombres en forme de flèches prêtes à voler contre elle. Elle ne fit que soupirer légèrement.

« Cette bataille se terminera bientôt, donc je n’aurai pas besoin de plus, » répliqua Karin.

Elle avait souri avec confiance en regardant devant elle, exactement comme quelqu’un de confiant l’aurait fait.

« Où est l’intérêt d’avoir un stock infini de flèches si aucune d’entre elles n’atteint sa cible ? » demanda Karin.

Elle baissa les yeux vers son ennemi et se moqua de lui. Vu comment les sourcils de Castells tremblaient, ses railleries avaient été efficaces.

« Alors je vais te vaincre ! » cria Castells.

Il baissa la main comme un commandant donnant un ordre à ses troupes et des flèches noires commencèrent à voler dans le ciel.

Alors que son champ de vision était rempli d’une pluie mortelle, elle retira agilement une autre flèche métallique de son carquois et commença à repousser la volée de tirs qui arrivait.

Chaque fois que les ombres touchaient sa flèche, un son métallique retentissait bruyamment avant qu’elles ne perdent leur forme et disparaissent, et il en était de même chaque fois qu’elle utilisait son immense arc comme bouclier, qu’elle agitait dans une sorte de danse.

L’instant d’après, elle était là, immaculée et calme. Le sol autour d’elle était percé d’innombrables ombres qui, perdant leur forme, avaient commencé à disparaître.

« Ohh, je ne m’attendais pas à ce que cet arc soit aussi bon. Je suppose que le bois d’un arbre sacré est assez difficile à casser, car il est encore en parfait état… Compte tenu de l’oiseau fou qui est son propriétaire, je ne devrais pas être surprise…, » déclara Karin.

Elle avait dû lui donner plusieurs coups de pied pour ajuster sa position lors de la manœuvre précédente, et voyant qu’il n’avait subi aucun dommage, elle souriait d’une manière satisfaite.

« Alors ? Où est votre stock infini de flèches ? Si vous ne me frappez jamais…, » déclara Karin.

Boom. Une onde de choc tonitruante déchira l’air.

« … vous mourrez bientôt, » déclara Karin.

Le son métallique et lourd qui résonnait dans l’arène faisait penser aux spectateurs que la flèche qu’elle avait tirée avait finalement atterri quelque part, et tout le monde imaginait facilement ce qui se serait passé si un humain avait été touché par elle.

« J’ai tiré dans le ciel parce que je ne voulais pas que quelqu’un dans le public risque sa vie, mais si elle atterrissait sur vous, vous seriez déjà mort. Si elle vous égratignait, vous seriez maintenant sans membre, et s’il vous perçait, vous auriez maintenant votre corps divisé en deux, » déclara Karin.

« Hihihihi… ouais, effrayant. Pourtant, cela ne m’a pas frappé, » déclara Castells.

Devant cela, Castells était calme.

« Notre archevêque nous a donné les meilleurs objets magiques. Peu importe à quel point tu me frappes fort, tu ne perceras pas ma défense, » déclara Castells.

En effet, l’objet magique de Boris l’avait défendu contre l’une des attaques de Kunon à pleine puissance.

L’arc n’était pas aussi fort que les coups de la fille-chienne, mais même si son coup de pied n’avait pas frappé directement sur lui, sa barrière s’était activée.

Mais Karin s’en fichait. Elle avait encoché la flèche, puis avait tenu l’arc d’une seule main pendant quelques instants.

« Eh bien, je ne peux pas me servir de mon nez pour vous vaincre, je ne sais pas non plus où votre formule de loi est écrite, donc je ne peux pas m’en mêler avant l’activation de votre magie, » déclara Karin.

Elle tapota sur sa tempe avec son doigt. « Mais je peux contourner votre défense, car activer l’objet magique dépend de vous. »

Les objets magiques activaient leurs barrières lorsque leur utilisateur percevait une attaque.

Par exemple, il était hautement improbable que leur créateur tienne compte des très rares instants avant qu’un utilisateur ne jette son sort. Dans ces moments-là, le lanceur de sorts se déplaçait de manière offensive sans se soucier de la défense, ce qui signifiait qu’il était vulnérable pendant cette très courte période.

« Votre camarade pouvait se défendre contre l’une des attaques de Kunon parce qu’il avait l’habitude de se battre contre de demi-hommes… mais vous ne l’êtes pas. En fait, quelqu’un d’aussi déprimant que vous ne peut se battre qu’à distance, » déclara Karine.

« Hihihihi... Je déteste qu’on m’appelle comme ça. Mon style harcèle mon adversaire de loin jusqu’à ce qu’il se fasse embrocher. Rien de plus, » répliqua Castells.

Avec un sourire vulgaire fendant son visage, il prépara une autre tempête de flèches noires, mais Karin, qui le regardait avec des yeux dorés, hocha la tête avant de parler.

« Je vois. Vous n’êtes donc pas habitué aux combats à grande vitesse. »

Elle avait poignardé le sol avec son arc, l’avait tendu et avait visé directement l’homme.

« Si je vous attaque assez vite, vous n’aurez pas le temps de vous défendre, » déclara Karin.

« Hihihihi... Qui sait ? Pourquoi n’essaies-tu pas ? » demanda Castells.

Mais sans ressentir la tension, son corps avait tremblé lorsque son sourire avait disparu de son visage.

Pendant ce temps, Karin fronça légèrement les sourcils avant de lâcher sa flèche.

La corde de l’arc avait provoqué un bruit de tonnerre dans l’arène.

Coupant dans les airs à une vitesse incroyable, prête à empaler sa cible, la flèche s’enfonça dans un mur d’ombre qui s’était formé en quelques instants devant Castells, ce qui brisa tout de suite son élan et la fit tomber au sol avec un bruit.

« C’était à deux doigts… J’allais activer mon objet magique, » déclara Castells.

Il la regardait avec dédain. « Tu as manifestement utilisé une mesure magique pour repousser mes flèches d’ombre. Je ne comprenais pas ce que c’était… mais c’est probablement un objet magique ou quelque chose qui pourrait détecter ma formule magique, non ? »

Karin ne répondit pas et plaça une autre flèche. Elle pouvait fouiner dans les pensées des gens, mais c’était juste un pouvoir, pas de la magie. De plus, elle avait déjà jeté un coup d’œil à la position de la formule de la loi de Castells.

Kunon avait déjà montré qu’une fois qu’elle était connue, il n’était pas difficile d’éviter et de traiter avec les formules de loi.

De plus, si elle détectait quelle flèche allait la frapper, elle pouvait les repousser facilement.

Enfin, si elle pouvait voir où se trouvait son objet magique, elle pouvait interagir avec avant qu’il ne s’active… exactement comme Kunon.

« Oh, quel dommage, tu visais ma formule de loi. Tu as pensé à te mêler de ça avec ta dernière flèche ? L’esprit superficiel des elfes est tout simplement trop évident ! » déclara Castells.

Le voyant prêt à tirer la prochaine vague de flèches noires, elle fit claquer sa langue avant de poignarder à nouveau le sol avec son arc, puis tira sa dernière flèche.

« Hihihihihahaha ! Comme c’est inutile ! Tu es impuissante devant ma magie ! Peu importe la vitesse ou la puissance de tes coups, cela ne sert à rien ! » s’écria Castells.

Tandis qu’il faisait sortir un rire dissonant, il érigea un autre mur d’ombres devant lui, et exactement comme avant, la flèche s’y enfonça, puis tomba sur le sol.

« Ihhihihihihi ! Maintenant que tu n’as plus de munitions, ton arc est inut —, » commença Castells.

Il sortait sa langue en riant d’elle quand son champ de vision avait été empli par un jet de sang frais.

« Eh… Ah… ! AAAHHHHH ! » Il baissa le regard en criant, comprenant que l’origine du sang et la sensation de chaleur dans son pied étaient liées.

Là, empalant son pied au sol, il y avait une flèche qui semblait en métal.

« AAAHHHHH ! MON PIED ! MON PIEDSSSS ! » cria Castells.

Des élancements lui avaient déchiré toute la jambe.

Il avait crié en tortillant son corps pour échapper à la douleur, mais il n’avait pas pu y échapper. Cette douleur lui donnait l’impression que tous ses os étaient fracturés.

« Ohh, donc c’est votre fin ? Eh bien…, » déclara Karin.

Des larmes avaient brouillé la vision de Castells pendant qu’une ombre humanoïde s’approchait de lui.

« Je vous ai dit que je n’avais pas besoin de plus de flèches, » déclara Karin.

Tenant son arc, Karin le regarda de haut avec un sourire triomphant.

« Comment !?? J’ai arrêté —, » balbutia Castells.

« La dernière flèche ? Eh bien, elle n’aurait jamais frappé. Je l’ai envoyée seulement pour vous laisser utiliser votre mur d’ombre, » déclara Karin.

Elle riait comme une enfant dont la farce avait réussi.

« Je n’ai jamais pensé à la façon dont vous utilisiez votre magie. Je ne pensais qu’à obtenir un coup au but, » déclara Karin.

Dès le départ, elle avait écarté l’idée de faire face à la magie et avait tiré une flèche dans le ciel, avait calculé sa trajectoire et le temps qu’il lui aurait fallu pour retomber, avait conduit son ennemi là où il le fallait. Elle avait agi pour qu’il reste immobile, et lui avait fait dresser son mur d’ombre pour couvrir sa propre vue.

Mais peu importe comment les gens y pensaient, la seule flèche qui aurait pu le faire était la première.

« Diriger, c’est votre style, non ? Si ma mémoire est bonne, vous avez dit “harceler votre adversaire de loin jusqu’à ce qu’il se retrouve sur une brochette”. Merci de me l’avoir dit, ça m’a fait gagner beaucoup de temps, » déclara Karin.

Elle lisait les pensées de Castells avant même le début du match, donc elle savait déjà comment sa magie fonctionnait et comment il bougeait. Profitant du doute que Kunon avait inculqué aux gens, elle avait fait en sorte que sa première attaque reste inaperçue jusqu’à la toute fin.

Le fait d’agir avec prudence l’avait amenée à ce résultat.

« Pour votre information, je pourrais gagner même contre Kunon si on était un contre un, » déclara Karin.

Avec la lumière derrière son dos, ses yeux envoûtants brillaient comme de l’or. Puis elle abaissa son arc et cessa de le bandé, tandis que l’expression de l’homme semblait se dissiper en entendant le son du sifflet.

***

Partie 3

L’instant d’après, un autre rugissement éclata dans l’arène.

Cette fois-ci, non seulement les habitants de la ville basse avaient applaudi, mais aussi ceux qui s’intéressaient de près ou de loin à Suzuran. L’entreprise de la ville basse s’était courageusement battue et avait réalisé l’impossible, c’est pourquoi même ceux qui ne pouvaient pas comprendre la situation actuelle étaient excités.

D’un autre côté, les nobles étaient terriblement silencieux. Aucun d’entre eux n’avait osé dire un mot. Mais c’était évident, car la victoire de Suzuran cachait un sens profond : la magie pouvait perdre.

C’était la carte maîtresse qui les avait menés à la victoire dans la grande guerre entre les humains et les demi-humains qui avait ravagé le continent quelques siècles auparavant, et elle était aussi devenue la pierre angulaire de leur fermeté dans le temps.

Même trente ans auparavant, pendant la guerre avec l’ex-empire, la magie de Richtert avait été couronnée comme l’arme la plus puissante. C’est pourquoi les classes privilégiées comme les nobles avaient une fermeté inébranlable face à la populace.

Pourtant, cette fermeté s’était effritée au moment où Suzuran avait gagné.

La magie pouvait être vaincue même par de simples demi-humains qui ne pouvaient pas en utiliser, de sorte que même l’arme la plus puissante connue à ce jour avait un défaut, un point faible.

« Franchement… c’est mieux si tu agis maintenant, tu sais ? » Le murmure de Takumi avait été englouti par les rugissements de chahut alors qu’il regardait les réactions du public.

Un « tueur de magie » n’était pas quelqu’un qui pouvait neutraliser la magie, mais quelqu’un qui pouvait plonger son autorité dans l’abîme.

À partir de ce moment, ce que l’on croyait être le « pouvoir absolu » n’était plus « absolu », et s’il était négligé, Richtert — qui incarnait le noyau de la magie — pourrait s’effondrer.

Maintenant que ces deux chevaliers magiques avaient été vaincus par Kunon et Karin, l’autorité, la paix et l’ordre établis grâce à ce pouvoir même étaient susceptibles d’être menacés.

Raison pour laquelle, dans une telle situation, cette personne se serait sûrement montrée.

« … Quel spectacle merveilleux, membres de Suzuran ! »

Une voix claire avait coupé à travers l’excitation bouillante et avait résonné dans l’arène, calmant lentement le public pendant que son propriétaire — Kiad Fortesea — marchait vers le centre de la scène.

« Laisse-moi t’exprimer mon respect pour ton exploit ! En tant que chevalier magique qui fait aussi partie de la vaillante famille des Fortesea, je veux te défier ! »

Sa déclaration avait été suivie d’un regard noir sur Takumi alors qu’une intention meurtrière se dégageait de son sourire malicieux.

« Takumi, marchand d’esclaves de Suzuran ! Toi, qui as appris à ces demi-humains à contraster la magie, tu es digne d’éloges ! Relève mon défi et montre-moi tes vraies capacités ! »

Le marchand le regarda silencieusement tandis que le public commençait à s’agiter.

Kiad avait espionné Suzuran à travers Lise, il savait donc que Takumi n’avait aucun pouvoir magique et qu’il était plus faible qu’un demi-homme.

C’était l’humain le plus faible jamais vu.

Si quelqu’un comme lui s’était battu contre un chevalier magique dans une bataille en tête-à-tête, il serait certainement mort.

Néanmoins, Kiad avait formulé sa déclaration de manière à ce que les gens perçoivent comme « Toi, qui as appris à ces demi-humains à contraster la magie », alors si Takumi devait fuir son défi, les gens auraient compris que même les plus forts ne battraient pas la magie de Fortesea, donc la valeur de la magie elle-même ne se serait pas affectée.

Une chose était claire : si le marchand avait accepté ce défi, le noble aurait joué avec lui jusqu’à sa mort.

N’importe lequel de ces choix menait à la même conclusion — la valeur de la magie serait la même qu’avant, et le plan de Takumi serait parti en fumée.

Dans ce cas, le meilleur choix pour lui était de refuser le défi et de sauver sa propre vie.

« Permettez-moi donc d’accepter volontiers votre défi, » la réponse discrète de Takumi parvint aux oreilles de tout le monde. « Mais faisons un grand spectacle ! »

Il étendit ensuite les bras tandis que le public, les visages mêlés de perplexité et d’excitation, le regardait fixement.

« Les chevaliers qui perdent contre des demi-humains et d’anciens esclaves ne méritent pas leur titre, donc si je gagne, je veux que mes subordonnés le gagnent ! Et si je perds… Je vous offre ma tête en gage de mon impolitesse, » déclara Takumi.

Alors que le public éclatait de nouveau dans des rugissements tonnants d’excitation et d’étonnement, le visage de Kiad indiquait qu’il était perplexe.

« … Es-tu venu ici pour gâcher ta vie ? » demanda Kiad.

« Quelle belle façon de dire que je vais perdre ! » répondit Takumi.

Takumi croisa les bras sur sa poitrine tandis que son sourire brillait de confiance.

« Vous avez dû oublier ce que j’ai dit, » déclara Takumi.

« Comme si je pouvais me souvenir des mots d’une personne inférieure comme toi. Tu as perdu dès que tu as accepté mon défi. Je t’ai laissé recueillir des informations de Lise pour te pousser à venir ici… Je ne perdrai pas, » déclara Kiad.

Takumi tapa du doigt sur sa tempe.

« Laissez-moi vous dire quelque chose que je n’essaie même pas de cacher. Je n’ai aucun pouvoir magique, donc la magie et les objets magiques sont inutiles pour moi… Sans ça, je suis l’homme le plus faible du monde, » déclara Takumi.

C’est la magie qui avait permis aux gens de se démarquer des autres. Grâce à elle, ils pouvaient faire face aux capacités absurdes des demi-humains, mais Takumi n’avait rien en lui… et c’était exactement pour cela qu’il pouvait tuer la magie, être le véritable tueur de magies.

« J’ai prouvé que les demi-humains peuvent gagner contre la magie selon la situation. Que se passera-t-il quand un humain faible qui ne sait même pas utiliser la magie comme moi gagnera contre vous ? » demanda Takumi.

« Hahahaha ! Crois-tu vraiment que tu peux me battre ? Le pire, l’homme le plus faible du pays battant Fortesea, les magiciens les plus forts !? » s’écria Kiad.

« C’est ce que vos chevaliers pensaient aussi. Avez-vous vu comment ils ont fini ? Je suppose que vous ne l’avez toujours pas remarqué, » déclara Takumi.

Le sourire de Takumi débordait de confiance en lui. Perdre était inconcevable pour lui.

« Mon but était d’amener quelqu’un sur scène dès le début, » déclara Takumi.

Peu importe l’écart entre leur pouvoir, son comportement était le même.

« Détruire les formules de la loi, attaquer les chevaliers magiques sans qu’ils s’en rendent compte, trouver les défauts de vos objets magiques… J’ai inventé tout ça, alors pensez-vous vraiment que mes chances de gagner sont nulles ? » demanda Takumi.

Il se pencha un peu pour regarder Kiad vers le bas.

« J’ai accepté votre défi parce que je vais sûrement gagner. Même si je suis bien plus faible qu’un demi-humain et que je ne peux même pas utiliser la magie, je vais vous vaincre. Alors, je deviendrai le tueur de magies, » déclara Takumi.

L’instant d’après, le noble commença à entendre quelques commentaires du public.

« Peut-il vraiment gagner contre le Seigneur Kiad… ? »

« Il a offert sa tête en gage s’il perdait… Il doit avoir quelques tours dans sa manche. »

« Il a appris aux demi-humains à défier la magie, n’est-ce pas ? Il sait probablement comment annuler d’autres types de magie… »

« Est-il donc vraiment convaincu de gagner ce challenge… ? »

Ces doutes se répandirent dans le public comme une maladie et infectèrent bientôt les nobles et les chevaliers magiques qui étaient encadrés par Fortesea. Un tourbillon d’insécurité s’était propagé dans les airs et était descendu sur Kiad, qui avait commencé à concevoir la possibilité de perdre.

Bien qu’il puisse voir beaucoup de visages inquiets, il essayait de rationaliser ce qui se passait.

L’homme devant lui ne pouvait pas utiliser la magie — il était le plus faible, le plus mauvais humain existant. D’autre part, Kiad était un membre de la famille des Fortesea, la famille avec les magiciens les plus forts du pays, et lui-même, en tant que puissant chevalier magique, il ne pouvait pas se permettre de souiller le nom de sa famille.

Toutefois…

« … Et alors, chevalier magique le plus fort ? Vous avez l’air effrayé, » déclara Takumi.

Il resta figé sur place tout en méditant pendant que le marchand d’esclaves le regardait.

Bien qu’il fût terriblement plus fort que son ennemi, il devait quand même ériger une façade… mais bientôt Kiad avait laissé sortir un sourire ironique.

« Peu importe l’ennemi… Les Fortesea ont battu tout le monde jusqu’à présent, » déclara Kiad.

Il avait alors éclaté d’un rire fou et avait dégainé l’épée courte qu’il avait attachée à sa hanche.

« Fais ce que tu veux ! Je vais t’écraser avec ma bravoure ! » déclara Kiad.

Presque hurlant, Kiad leva son épée courte sur Takumi qui, pour la première fois, laissa son expression s’effondrer alors qu’il plissait les sourcils.

L’instant d’après, après que l’épée ait commencé à couper l’air avant de trancher sa cible, Kiad fut projeté comme s’il avait été frappé par une main invisible et puissante.

« Gh… Gwah... ! »

Sa souffrance s’échappait de ses lèvres dans des mots sans forme tandis que le bruit de ses os qui se fendaient et se brisaient dans son corps atteignait ses oreilles.

Tandis que Takumi le regardait de loin, tick — un son aigu résonna dans l’arène.

« … Je ne te permettrai pas de prononcer le nom de ma famille tout en montrant ce comportement honteux, » la voix d’un homme d’âge moyen s’était rapprochée et s’était alourdie à chacun de ces mots.

Son expression était dure et froide comme l’acier et les sillons ridaient son visage tandis que sa présence submergeait le public — sa canne poignardait le sol en approchant les deux hommes dans l’arène.

« Bien que tu ne mérites pas de faire partie de Fortesea, nous sommes toujours liés par le sang. J’ai toléré ce spectacle inesthétique jusqu’à présent, mais si ça continue… Moi, Elvis Fortesea, je vais te purger. »

La fin de sa phrase avait été marquée par le tic-tac de sa canne.

L’expression de Kiad s’était tordue alors qu’il tentait d’extraire une réponse pour la voix de l’homme qui avait conduit la magie à son autorité actuelle il y a trente ans.

« Pourquoi… ? J’allais montrer à tout le monde notre bravoure —, » déclara Kiad.

« Qu’est-ce qu’un idiot comme toi peut montrer aux autres ? Ce marchand d’esclaves a prouvé que la magie avait des défauts, ce qui était très important, » déclara Elvis.

Elvis, le regard aiguisé comme un couteau à glace, se tourna vers Takumi et demanda d’un ton glacial.

« As-tu trouvé un moyen pour que cette elfe et cette louve puissent faire face à la magie ? » demanda Elvis.

« … Oui. Après de nombreuses recherches, j’ai créé une approche qui pourrait s’opposer à la manifestation possible de la magie, » répondit Takumi.

« Vraiment merveilleux. Tu es un observateur attentif, » déclara Elvis.

« Je vous remercie. Je suis honoré d’être loué par l’homme qui a tordu ce pays, » déclara Takumi.

Takumi fixa les yeux d’Elvis qui, après quelques instants, furent renversés.

« Cette fois, tu as gagné ce match. Maintenant, laisse-moi mettre fin à ce spectacle, » déclara Elvis.

« S’il te plaît, attends, Père ! Si nous nous écartons sans nous battre, notre nom sera —, » déclara Kiad.

Lorsque Kiad essaya de protester, l’homme poignarda à nouveau le sol avec sa canne.

« Quand ai-je dit qu’un idiot qui perdait sans même se battre pouvait dire ce qu’il pensait ? Ce qui te rend si stupide, Kiad, c’est que tu ne sais même pas quand tu as perdu, » déclara Elvis.

Sa canne continuait à tourmenter le sol d’une manière agaçante.

« Père, es-tu en train de dire… que j’ai perdu !? » demanda Kiad.

« Que signifie la défaite ou la victoire maintenant ? Actuellement, je ne peux pas dire qui a gagné, » déclara Elvis.

C’était précisément l’un des objectifs de Takumi, car c’était la marche vers le résultat qu’il voulait.

« Ce marchand d’esclaves a utilisé des actions mystérieuses pour gagner contre toi. Il a utilisé tes mots, l’auditoire et toute cette situation, » déclara Elvis.

Il jeta un coup d’œil à Takumi, dont les lèvres étaient scellées.

« Ses compétences sont claires puisqu’il a pu apprendre à deux demi-humains à contraster la magie. Il connaît peut-être un moyen de l’annuler comme l’ont fait ses compagnons, bien qu’il ne puisse pas utiliser d’objets liés à la magie, » déclara Elvis.

Elvis avait insisté sur ce mot précis.

« Étant donné qu’il a accepté le défi de la vaillante Fortesea, il sait peut-être comment gagner contre nous. Si on y pense, il est peut-être plus fort que ses demi-humains, puisqu’il leur a appris à faire face à la magie, et même offrir sa tête pourrait être un moyen d’atteindre complètement son but…, » déclara Elvis.

Elvis marqua chacun des points de son analyse en cognant sa canne sur le sol et Kiad fut pétrifié devant son barrage d’explications.

Les paroles et l’attitude de Takumi l’avaient amené à ne pas penser à la victoire, mais à un autre résultat potentiel qui n’était pas encore clair.

Même s’il perdait au moins un match sur un million, cela prouverait que la magie n’était pas un pouvoir absolu — elle aurait été réduite à quelque chose de battable même par quelqu’un qui n’avait pas du tout de magie en lui.

Fortesea avait été poignardée par cette possibilité.

Le marchand d’esclaves utilisait ses paroles, son comportement, le public et même la façon de penser de son ennemi pour lui inculquer un doute : Takumi pourrait gagner.

Mais cette arme en forme de lame n’était pas destinée à Kiad Fortesea.

« Le but de ce marchand d’esclaves était de m’amener ici et d’arrêter ce match. Parce qu’il n’y avait pas d’autre moyen de briser ce résultat hypothétique, » déclara Elvis.

Pour Elvis, Takumi n’aurait rien gagné en gagnant, mais la défaite de Kiad était un risque qui aurait eu des conséquences dévastatrices sur l’image de la magie.

Néanmoins, l’interruption du match avait empêché le risque de se matérialiser.

C’était la façon de Takumi de survivre à la situation actuelle.

« Ouais… peut-être que j’ai planifié ça, » Takumi haussa les épaules devant le regard meurtrier d’Elvis.

« N’hésitez pas à arrêter ce match, mais rappelez-vous que j’ai mis ma vie en jeu. Si je perdais, ce serait très mauvais, » déclara Takumi.

« J’ai dit que cette victoire est la tienne. Et bien que tu ne l’aies demandé qu’oralement, je devrais conférer le titre de chevalier à tes demi-humains, » déclara Elvis.

« Père ! Tu veux vraiment donner un titre aussi honorifique à des êtres inférieurs ? » s’écria Kiad.

« Bien sûr que oui. Ces êtres inférieurs ont gagné contre deux faibles qui ne devraient pas être dans les rangs de mes chevaliers magiques, je vais donc les dépouiller de leur titre. Aussi… Je pardonnerai une erreur, mais je n’ai aucune sympathie pour ceux qui les accumulent, » déclara Elvis.

Après avoir frappé son fils avec ces mots tranchants, il l’avait giflé avec sa canne, et Kiad avait ouvert les yeux en grand avant de perdre conscience.

Puis, le laissant là, Elvis avait fait face au public.

« Le match est terminé. Applaudissez bruyamment les membres de Suzuran qui ont gagné contre mes chevaliers, » déclara Elvis.

Bien que l’apparition d’Elvis ait jeté un voile d’égarement sur tout le monde, l’arène qui était restée silencieuse jusque-là a une fois de plus été secouée par l’agitation.

Takumi regarda les nobles qui gardaient le silence.

« Seigneur Elvis, la magie est-elle si importante ? » demanda Takumi.

« Évidemment. Tu sais que ce pays a besoin d’un pouvoir absolu, n’est-ce pas ? » répliqua Elvis.

Richtert était étiqueté comme un petit pays sur le continent du Veril.

Les raids venant de Denmerg, au nord, avaient frappé le territoire de Richtert, les tanières des monstres de la forêt vierge de Bestia à l’ouest se répandaient, et la mer entourait le royaume au sud.

Pour survivre dans cette cage sanglante, Richtert s’était confiné et avait développé un pouvoir absolu et sans égal : la magie.

Grâce à son utilisation pendant la guerre de Trente Ans, la fréquence des raids de Denmerg avait fortement chuté et aucune autre guerre n’avait éclaté.

Cette paix n’avait été gagnée que grâce à la magie de Richtert, de sorte qu’une fois ce pouvoir perdu, le pays tout entier serait à nouveau plongé dans le chaos.

« Ce que tu fais n’est pas différent de détruire ce pays, » déclara Elvis.

« Mais est-ce que c’est bien pour vous de détruire d’autres personnes dans les coulisses ? » demanda Takumi.

Elvis ne répondit pas à l’homme qui essayait de couvrir d’arrogance ses raisons et ses idéaux, et ayant l’air d’avoir perdu tout intérêt, il se retourna sur ses talons.

« Permets-moi de te féliciter sincèrement pour ce que tu as fait aujourd’hui. Tu t’en es bien sorti, mais si c’est ton pouvoir, je peux me détendre, » déclara Elvis.

« Est-ce que c’est le cas ? Si vous dites ça… vous avez probablement vu votre limite, » répondit Takumi.

Avec un sourire arrogant, Takumi pointa son arme sur le dos d’Elvis… puis baissa la main.

« Regardez tout le monde de haut et un jour vous serez détruit, » déclara Takumi.

« Le devoir du fort est d’écraser tous ceux qui s’y opposent, » répliqua Elvis.

Sans se tourner vers lui, Elvis avait simplement regagné les sièges des nobles pendant que Takumi regardait son dos s’éloigner en silence.

***

Partie 4

Takumi et ses camarades étaient maintenant devant les sièges des nobles, la tête baissée.

Les individus les plus puissants du Saint Royaume de Richtert — les seigneurs et la reine Eluria Richtert, symbole de son pays — étaient à quelques pas.

Elle portait quelque chose de plus simple que d’habitude, essayant d’équilibrer le confort et l’apparence puisqu’elle savait qu’elle allait devoir marcher jusqu’à l’arène à un moment donné. L’épée de cérémonie attachée à ses hanches rappelait à tous le statut officiel du match.

« Ça a été… un merveilleux match, membres de Suzuran, » déclara la reine.

Après avoir entendu ses paroles, tous les trois levèrent la tête.

« Le Seigneur Elvis a loué votre courageux combat, et je ne peux qu’être d’accord avec lui et approuver son choix. Aujourd’hui, nous tiendrons également la cérémonie pour vous baptiser chevaliers, vous, les vainqueurs, » déclara-t-elle.

Takumi jeta un coup d’œil à Elvis qui était assis quelques pas derrière Eluria, mais ne pouvait lire aucune inquiétude sur son visage.

« Je suis profondément ravi des paroles que Sa Majesté a adressées à mes subordonnés. Leur victoire a été bénie par notre déesse Filia, ils devraient donc viser à devenir votre épée, ma Reine — l’épée de l’entité la plus proche de Filia. »

« Hehehehe… Vous entendre prononcer des paroles sages est hilarant…, » déclara la reine.

« … Votre Majesté, s’il vous plaît, évitez de murmurer quelque chose au milieu de votre discours, » déclara Lux.

« Pourquoi, tu es de mauvaise humeur, Lux ? » demanda la reine.

« Je ne le suis pas. Mais chaque fois que ce marchand d’esclaves fait l’impossible, je reçois beaucoup d’exhortations, alors j’ai un peu mal au ventre, » répondit Lux.

Lux, qui était assis derrière elle, avait réussi à sourire malgré le tic-tac de ses joues.

Tout près de lui, un vieil homme avait ajusté ses lunettes sur son nez. « Ohohhh… On dirait que vous allez vous creuser la cervelle, Seigneur Lux. L’homme sur lequel vous avez mis les yeux est en train de gagner un titre, alors ne devriez-vous pas être plus heureux ? »

« … Je vous remercie de votre observation, Seigneur Cramer. J’envie la façon dont vous évitez les problèmes et dont vous n’avez presque jamais à vous en occuper personnellement, » déclara Lux.

« Ohohhh… Gérer les problèmes et la discorde est la façon de faire de l’administrateur harmonieux. Chaque fois que nous trouvons une mer calme, nous ne savons jamais ce qui bout au fond d’elle, » déclara Cramer.

L’Administrateur Cramer, le seigneur supérieur qui avait porté la politique nationale de Richtert sur ses épaules en tant que Premier ministre et qui contrôlait également les ministres du cabinet, avait répondu au cynisme de Lux en secouant ses moustaches.

C’était un homme rusé qui avait agi pour maintenir l’harmonie et la stabilité dans son pays.

« Pardonnez à ce vieil homme de s’immiscer dans votre conversation, Votre Majesté. Je suis désolé, » déclara Cramer.

« Eh bien, vous feriez mieux de l’être. Nous sommes au beau milieu d’un discours public, » déclara la reine.

« Ohohhh… Je ne m’attendais pas à être réprimandé comme ça…, » déclara Cramer.

« … Une autre conversation inutile peut-elle s’arrêter maintenant ? Aucune ne vaut le temps de ce peuple. »

Craignant peut-être que leur conversation ne dure trop longtemps, Elvis l’avait coupé d’une voix aiguë et avait poussé la reine, qui l’avait regardé avec un sourire ironique, à continuer et à faire face à Takumi de nouveau.

« Le Seigneur Lux vous notifiera les détails des terres dont vous aurez la charge après que vos subordonnés seront devenus chevaliers. J’ai aussi une affaire personnelle dont je veux discuter avec vous, marchand d’esclaves, » déclara la reine.

Tandis qu’Eluria prononçait ces mots, elle échangea des regards avec Lise, qui se tenait encore debout derrière le trône — son regard aigre habituel était plâtré sur son visage.

L’enfant fit un pas vers Takumi tout en serrant fortement ses lèvres l’une contre l’autre.

« … Je n’arrive pas à croire que vous ayez vraiment gagné, » déclara Lise.

« Mais j’espérais entendre “j’ai cru en votre victoire”, » répliqua Takumi.

L’entendant plaisanter, elle pressa son bâton plus fort avec ses lèvres.

« Je ne devrais pas croire… c’est pour ça que j’ai abandonné, » déclara Lise.

Après avoir écrasé ses croyances, la seule chose qui lui restait à faire était d’obéir.

Elle avait abandonné parce qu’elle croyait qu’elle n’aurait jamais pu gagner ce combat.

Il n’y avait rien à y faire — c’est cette justification qui l’avait aidée à supporter sa vie actuelle.

« Avez-vous aimé la tarte aux pommes, Mgr Lise Crest ? » demanda Takumi.

« … Oui. C’était si délicieux que je me sentais mieux, » répondit Lise.

Sa simple question lui dégagea le visage de toute ombre alors qu’elle lui répondait avec un sourire rayonnant de chérubin.

Takumi acquiesça de satisfaction.

« J’ai bien entendu les paroles de Sa Majesté. Je respecterai les détails du Seigneur Lux dès que je recevrai sa notification, » déclara Takumi.

« J’ai hâte d’y être. Maintenant… nous ne pouvons plus laisser les gens attendre. C’est une cérémonie ennuyeuse, achevons-la tout de suite. »

En disant cela, Eluria se leva et dégaina son épée, symbole de la famille royale — le bleu de sa lame était plus clair que celui du ciel et plus profond que celui de la mer — et l’abaissa sur Kunon et Karin, qui gardèrent toutes les deux la tête baissée.

« Au nom d’Eluria Richtert, votre reine, je vous accorde le titre de chevalier. Par le pouvoir qui vous est conféré, je vous demande votre loyauté envers mon pays. »

La partie plate de son épée toucha leurs épaules, marquant ainsi la fin officielle du match et une fois la cérémonie terminée, les camarades de Takumi, silencieuses jusque-là, relevèrent la tête.

Pour la dernière fois de la journée, le public avait applaudi avec enthousiasme.

***

Partie 5

Alors que le match avait été déclaré comme terminé et que l’arène se vidait, le silence tomba sur les plaines et le château royal…

« Merde, je l’emmerde ! Merdeeeeee ! »

La chambre de Kiad était la seule exception.

Il avait défoncé le mur pour évacuer la rage qui bouillonnait dans son estomac.

Vaincre… ce mot s’accrochait à son esprit comme un parasite. Il était inégalé jusqu’alors, mais maintenant… il avait finalement été vaincu.

Il était né fils aîné des Fortesea et, contrairement à son frère cadet, il avait été béni par la magie la plus forte… du moins, il l’avait cru.

Il avait repéré les meilleurs sorciers et considérablement augmenté leurs capacités avec les meilleurs outils magiques qu’il pouvait leur fournir. Ils auraient dû être capables d’écraser tout ce qui se trouvait sur leur chemin, et pourtant… ils avaient perdu.

Et pour empirer les choses, il avait été vaincu dès qu’il était entré dans l’arène pour rétablir le score. L’homme le plus bas de la planète, un type qui ne pouvait même pas utiliser la magie, l’avait dans la paume de sa main depuis le début.

« Non… Je n’ai pas perdu… ! »

Même si Kiad avait perdu le match, sa défaite n’avait jamais été officiellement déclarée. Mais même essayer de trouver une justification pour lui-même l’énervait.

Ce qu’il devait faire, c’était envoyer ce satané marchand d’esclaves en enfer. Et s’il ne le faisait pas… il avait peur que quelque chose en lui se brise.

Il essaya de chasser ce sentiment et se dirigea vers le laboratoire du château royal lorsque, au bout du couloir, il vit une petite fille qui marchait vers lui — ses cheveux argentés attachés en queues jumelles.

« … Vous êtes réveillé, Seigneur Kiad ? » Le ton de sa voix était plus plat que jamais.

« … Lise, je te cherchais. Les outils magiques que tu as créés étaient si mauvais qu’ils ont fait perdre Boris et Castells. Je veux que tu commences à travailler sur de meilleures versions, maintenant, car ils sont la cause principale de tout —, » déclara Kiad.

« Désolée, je ne peux pas vous aider, » déclara Lise.

« … Qu’est-ce que tu as dit ? » demanda Kiad.

« J’ai été au laboratoire pour détruire tous les prototypes et les formules de loi que j’ai créés. J’ai même bloqué la magie qui vous a permis d’entendre tout ce que vous vouliez, » déclara Lise.

Elle baissa le regard tout en faisant face à l’homme.

« Je ne vous aiderai plus dans vos expériences, » déclara Lise.

L’expression de l’homme se tordit inesthétiquement face à ces mots.

« ESPÈCE DE PETITE MERDE INGRATE ! TU SAIS CE QUE TU DIS, BORDEL ? » s’écria Kiad

Frappé par son rugissement, son corps trembla et gela.

« QUI T’A LAISSÉE ÉTUDIER QUAND TON PÈRE EST MORT !? QUI EST CELUI QUI A TRAVAILLÉ COMME UN FOU POUR T’EMMENER LÀ OÙ TU ES MAINTENANT À UN SI JEUNE ÂGE !? QUI PENSES-TU QUI GARDE TA MÈRE MALADE EN VIE !? » cria Kiad.

Écrasée par son accès de rage et son regard fou, Lise sentit ses yeux pleurer, mais elle se mordit la lèvre inférieure pour réprimer sa peur et le regarda fixement.

« Je vous suis reconnaissante pour votre gentillesse, Seigneur Kiad. Grâce à vous et à la famille Fortesea, je suis devenue une guerrière sainte et j’ai gagné mon titre. Mais…, » déclara Lise.

Tremblante, elle exprima les sentiments qu’elle avait enfermés pendant si longtemps.

« Je ne suis pas devenue qui je suis pour faire ce genre de choses ! Je suis contente d’avoir pu aider les gens avec mes outils magiques ! Je suis fière d’avoir pu sauver des gens comme mon père, qui est tombé au combat, d’une mort certaine ! » déclara Lise.

Elle avait été forcée de déformer lentement ses recherches : certaines des formules de loi qu’elle avait enchevêtrées étaient nocives pour les gens, et pourtant elle avait dû les expérimenter sur des sujets humains. En raison de cela, un sentiment constant de culpabilité la tourmentait et lui rongeait le cœur.

Bien qu’étant enfant, elle le savait très bien — ce qu’elle faisait était absolument mal… mais elle était forcée de le faire. Cadenasser son cœur était sa seule façon de le garder intact — pour ne pas briser sa santé mentale.

« J’en ai assez… Je ne veux plus blesser des personnes avec mon travail ! » déclara Lise.

Sa voix nerveuse était claire malgré ses jambes tremblantes.

Elle avait finalement extrait d’elle-même les mots qu’elle craignait le plus de dire devant Kiad.

« C’est tout, Lise Crest ? » demanda Kiad.

Le son grave et lourd de ses paroles était souillé d’une intention meurtrière.

« Mon chien m’a quand même mordu alors qu’il était enchaîné et avec son collier serré, hein ? » déclara Kiad.

Alors que la rage commençait à l’aveugler, il avait lentement rapproché leur distance.

« Tu ne comprends pas du tout… Tu ne peux même pas rêver d’être libre, » déclara Kiad.

Son regard semblait regarder un déchet inutile alors qu’il se tenait au-dessus d’elle.

« LAISSE-MOI MARQUER SUR TON CORPS CE QUI IMPLIQUE DE TRAHIR LES FORTESEA ! » cria Kiad.

Il déplaça son poing pour exprimer toute sa rage sur Lise lorsqu’un rayon de lumière jaillit de l’obscurité et s’enroula autour de son bras. Beaucoup d’autres rayons avaient lié son corps jusqu’à ce qu’il se retrouve complètement bloqué, puis il avait rugi, incapable de contenir sa rage plus longtemps.

« JE N’ARRÊTE PAS DE ME FAIRE CONTRARIER CHAQUE FOIS ! JE SUIS UN FORTESEA, ET RIEN NE PEUT M’EMPÊCHER DE FAIRE CE QUE JE VEUX ! » cria Kiad.

Son cri dément hurla dans le couloir alors que ses yeux devenaient injectés de sang.

Puis, le claquement des pas qui s’approchaient avait commencé à résonner par dessus sa voix — un sourire sûr de lui avait rempli le visage de l’homme qui s’approchait calmement.

« … Puis-je vous demander de ne pas poser vos sales mains sur mon meilleur article ? »

En entendant cette voix, Kiad se tordit le cou pour regarder derrière lui : il y avait Elsa, dont la magie contraignante le retenait, et Takumi.

« Marchand d’esclaves… ! »

« Oui, c’est moi. Je suis venu chercher mon article et je vous trouve sur le point de le battre à mort… Je ne peux pas le permettre, » déclara Takumi.

« … Takumi, tu ne sais jamais quand parler correctement, n’est-ce pas ? » Elsa commenta en étant presque choquée, et Kiad se mit à crier à nouveau.

« PUTAIN DE FAIRSTADT ! JE N’EN AI RIEN À FOUTRE QUE TU SOIS UN SEIGNEUR, JE NE TE LE PARDONNERAI JAMAIS POUR ÇA ! » cria Kiad.

« Je ne vous pardonnerai pas non plus, Kiad. Je vous ferai savoir que Sa Majesté m’a ordonné d’escorter ce marchand d’esclaves jusqu’à son nouvel article, » déclara Elsa.

« ARRÊTE DE CRACHER DES CONNERIES ! QU’EST-CE QUE ÇA VEUT DIRE, BORDEL !? » cria Kiad.

Le sourire de Takumi s’était élargi lorsque le regard furieux de Kiad passa d’Elsa à Lise, qui se tenait toujours devant lui.

« Lise Crest, nous sommes venus vous récupérer comme appartenant à ce marchand d’esclaves, » déclara Elsa.

Takumi sortit un document de sa poche de poitrine et le brandit vers le visage de Kiad.

« Cette gosse m’a demandé une grosse somme d’argent il y a quelques jours, mais comme elle ne pouvait pas la rembourser entièrement, je l’ai fait devenir mon esclave, » déclara Takumi.

« ÉPARGNE-MOI TES CONNERIES ! » cria Kiad.

« Ce n’est pas des conneries. Elle ne pouvait pas me rembourser les ingrédients super chers que nous avons mis dans sa tarte aux pommes, qui serait proche… d’un millier de pièces d’argent sacrées, » déclara Takumi.

Takumi plaisantait évidemment, mais le document qu’il tenait dans sa main était absolument authentique, et le nom de Lise Crest y était scrupuleusement écrit.

Ils avaient dû trouver un moyen de rester en contact avec elle sans qu’il le sache, c’est pourquoi elle s’était cachée dans le laboratoire jusqu’à aujourd’hui.

Pourtant, le seul contact qu’elle aurait dû avoir avec les gens, c’était avec les bonnes qui lui apportaient de la nourriture et qui examinaient son corps pour voir si quelque chose n’allait pas… ce qui signifie qu’ils n’auraient pu utiliser qu’un seul moyen.

« Ça ne peut pas être… Je l’ai écrasée, il n’y avait rien…, » déclara Kiad.

« C’est méchant. Avez-vous vraiment écrasé la tarte de ma chef ? Elle y a mis son âme… bien que ce ne fût qu’une collation pour Lise, » déclara Takumi.

Takumi sursauta en agitant le document devant lui.

« Avez-vous oublié que Suzuran est une entreprise de la ville basse ? Nous sommes les plus petits crapuleux du coin… et notre façon de faire nous rend vraiment justice. Nous connaissons beaucoup de moyens de contrebande, et c’est très facile pour nous de communiquer quand nous parlons en langage codé entre nos camarades, » déclara Takumi.

Les sucreries cuites signifiaient qu’ils allaient passer quelque chose en contrebande, le panier était la façon dont ils allaient l’exécuter, mettre les sucreries dans le panier signifiait que le contrat était quelque part là-dedans, et le faire pour Lise signifiait qu’elle était impliquée avec le contrat.

« Notre ancien chef adorait inventer ce genre de truc. Si vous faites les bonnes choses dans le bon ordre, la poignée du panier se détache et révèle qu’il est vide à l’intérieur, » expliqua Takumi.

C’était ce que la Famille Vatel avait inventé.

Si l’on ne froissait pas le papier mince du panier et qu’on pelait lentement celui du dessous, on voyait le mémo montrant comment activer le mécanisme, puis on trouvait le contrat et le message cachés dans la poignée du panier.

« Ce panier est comme une liste imprimée d’instructions. Il n’y a pas de raison de faire autrement, » déclara Takumi.

« Comment quelqu’un peut-il comprendre comment ça marche sans explications ? C’est inutilement risqué ! » déclara Kiad.

« Risqué ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? Je ne laisse rien au hasard, » Takumi avait dit ça en riant sous son nez. « Je savais que Lise comprendrait. Je me suis assuré qu’elle ferait ce qu’il fallait, puisque j’ai observé sa personnalité, ses principes comportementaux, les gens autour d’elle et ce qu’elle pense d’eux. »

C’est pourquoi il avait préparé la lettre et le contrat pour elle.

Lise avait été réduite en esclavage à cause de l’énorme dette qu’elle avait envers Takumi : comme elle ne pouvait pas le rembourser avec de l’argent, elle avait dû le payer de sa vie.

« JE… JE NE PEUX PAS DU TOUT ACCEPTER ÇA ! » cria Kiad.

« On s’en fout si vous ne le faites pas, la loi de ce pays me permet de l’asservir, » déclara Takumi.

Takumi avait tapoté sur sa tempe.

« Texte sacré… section droit, article vingt, ligne dix-huit : Si un débiteur ne peut pas payer sa dette à son créancier, le débiteur peut être asservi par le créancier, qui sera alors propriétaire de la fortune et des droits de la personne du débiteur. J’asservis légalement Lise Crest, » déclara Takumi.

Cette loi avait presque été oubliée… mais la loi était toujours en vigueur.

« Si vous essayez de m’empêcher d’avoir ce que je possède légitimement, vous serez exposé publiquement comme un criminel. Alors, en tant que criminel, la loi vous forcerait à l’esclavage malgré votre statut de seigneur, » déclara Takumi.

Le sourire cruel de Takumi ressemblait à celui d’une bête sauvage.

« C’est dommage que Lise soit devenue esclave, mais j’ai déjà trouvé quelqu’un qui paierait beaucoup d’argent pour elle. Je rencontrerai l’acheteur quand j’en aurai fini avec vous, » déclara Takumi.

Il n’avait pas précisé le nom de l’acheteur, mais c’était évident.

« Maintenant… Je vous le dirai autant de fois que vous le voulez — échec et mat, » déclara Takumi.

C’était les mêmes mots qu’il lui avait dits au buffet.

Il avait tout planifié jusque-là.

« Vous n’avez jamais rien pu changer à mon plan. Peu importe à quel point vous vous tortillez, il n’y a rien qu’un ver comme vous puisse faire, » déclara Takumi.

Takumi regarda les yeux de Kiad — une ombre de peur les peignait.

« Je ne vous ai jamais regardée. Chaque fois que quelqu’un essaie, il ne voit qu’une ombre de Fortesea. Vous êtes si insignifiant que vous ne méritez l’attention de personne, » déclara Takumi.

Tandis que Takumi disait cela, les yeux de Kiad se mirent à trembler violemment — ces mots étaient comme des couteaux qui tranchaient son cœur.

Puis, Takumi avait pris un autre document de sa poche de poitrine. Cette fois, il avait été attaché avec un fil.

« Et pourtant, aussi insignifiant que vous soyez, vous avez toujours été si insistant et pompeux… c’est pourquoi je vais vous faire tomber à l’endroit parfait pour vous, » déclara Takumi.

« L’endroit parfait pour moi… ? » demanda Kiad.

« Vous allez tomber dans l’endroit le plus hideux et le plus détestable que vous puissiez imaginer, » déclara Takumi.

Lorsqu’il déplia le document, Kiad se masqua les yeux.

Il avait compris que la liste de symboles et de codes complexes devant lui était une formule de loi, mais c’était la première fois qu’il voyait ce langage. Il n’y avait rien de tel à Richtert… Il aurait même pu s’agir d’une variante d’un langage quelconque.

« Quand j’ai étudié la magie, les formules de loi étaient ce qui m’intéressait le plus — je n’ai pas de pouvoir magique en moi, donc je trouve la magie et les outils magiques inutiles, mais les formules de loi font usage du pouvoir magique des autres personnes, » déclara Takumi.

Le sourire aux lèvres, Takumi agita le papier devant Kiad.

« Les formules de lois sont très intéressantes… elles peuvent être actives tant que le langage et les symboles utilisés ont du sens. Elles pourraient fonctionner même avec quelque chose qui ne fait pas partie de ce monde, » déclara Takumi.

Cette formule de loi avait été écrite avec la langue qu’il avait apprise dans son monde précédent, donc c’était quelque chose qui n’aurait pas dû exister dans leur monde actuel.

C’est pourquoi cela pouvait apporter des résultats inattendus.

« Kiad, dites-moi… qu’arrive-t-il à un humain quand on le dépouille de ses pouvoirs magiques ? » demanda Takumi.

Lentement, Takumi rapprocha le document de sa cible, qui secouait violemment la tête.

« C’est impossible ! Les humains ne peuvent pas dominer la magie ! » cria Kiad.

L’instant d’après, son instinct l’avait averti qu’il devait s’éloigner de là, mais il ne pouvait plus bouger.

« Tombez en enfer, » déclara Takumi.

Takumi poussa le document contre la poitrine de Kiad, et le papier se tortilla comme s’il était vivant, attaquant le corps de l’homme.

« ARRÊTE ÇA ! JE FAIS PARTIE DE LA VAILLANTE FORTESEA, LA PLUS FORTE —, » cria Kiad.

Il avait l’impression que son moi intérieur se faisait déchiqueter par un intrus. Sa dignité, sa fierté, son pouvoir, tout ce qui faisait partie de lui était détruit.

Takumi le regarda froidement.

« … Vraiment ? Je ne me suis pas battu contre vous, donc je ne peux pas vous le dire, » déclara Takumi.

Quelques secondes plus tard, les liens de lumière enroulés autour de son corps avaient disparu, et il se retrouva à regarder l’air les yeux vides, tremblants et faisant claquer ses dents.

« Pourquoi... Pourquoi mon pouvoir… ce que j’ai hérité des Fortesea…, » déclara Kiad.

Il était impuissant — son cœur avait été déchiré et sa condition était maintenant un enfer vivant. Takumi, après l’avoir observé un bref instant, avait perdu tout intérêt pour lui et avait fait face à Elsa.

« J’en ai fini ici. J’amène Lise à son acheteur et je vous laisse le reste, » déclara Takumi.

« D’accord, pas de problème. Je ne pense pas que j’aurai quoi que ce soit à voir avec Kiad ainsi, » déclara Elsa.

Son expression se raidit lorsqu’elle jeta un coup d’œil à l’homme qui baissait la tête en état de transe.

« Takumi… Je te fais confiance parce que nous collaborons un peu, mais… dis-moi encore une fois, qui es-tu ? Qu’est-ce que tu vises à faire ? » demanda Elsa.

Elle plissa un peu ses yeux verts.

« Tu apparais dans les endroits les plus étranges…, » continua Elsa.

Se souvenant qu’il n’y a pas si longtemps, même Lux lui avait demandé la même chose, Takumi avait souri joyeusement.

« Je veux juste voir jusqu’où mes capacités peuvent m’amener. Je vise… disons quelque chose d’important, comme la paix dans le monde ou la domination du monde, » déclara Takumi.

« Tch, je le savais. Tu es le genre de gars qui répondrait comme ça, » déclara Elsa.

« Merci de ta compréhension. De toute façon, sois assuré, car je ne ferai rien de mal, » déclara Takumi.

« Je ne m’inquiète pas pour ça… tu es, après tout, le “marchand d’esclaves au cœur tendre”, » déclara Elsa.

Il fit face à une Elsa en haussant les épaules avec un sourire amer, puis se tourna vers Lise.

« Comment ça va ? Tu as vraiment fait de ton mieux là-bas, » déclara Takumi.

« … Oui, j’ai fait de mon mieux… et j’ai un service à te demander, » demanda Lise.

« Une faveur ? Qu’est-ce que c’est ? » demanda Takumi.

« … Mes jambes tremblent tellement que je ne peux plus bouger, » avoua Lise.

Atteignant ses limites, ses jambes avaient lâché et elle était tombée lentement sur ses fesses.

« Bon sang… Je vais te porter sur le dos, monte, » déclara Takumi.

« Arrête de me traiter comme une enfant ! Non, je n’ai jamais dit que j’avais besoin de ça ! » déclara Lise.

Les joues rougissantes, elle grimpa sur le dos de Takumi, qui s’était penché, puis il se dirigea vers le jardin où l’acheteur l’attendait.

Pendant un court moment, ils restèrent silencieux alors que les bruits de pas de Takumi résonnaient dans les couloirs pavés de pierre.

« Merci, Takumi, » les quelques mots de Lise ressemblaient à un murmure lointain. « Je n’ai eu le courage de le dire que grâce à toi… que j’en ai assez. Que je ne veux pas que mon travail blesse les gens… »

« Tu l’as dit parce que tu le voulais. Même si tu ne lui avais rien dit, je t’aurais quand même amenée chez notre reine, » déclara Takumi.

« Pourtant, tu n’as jamais tourné le dos à toi-même comme je l’ai fait, et tu as réussi à vaincre des magiciens puissants comme ceux de Fortesea… si tu ne m’avais pas montré cela, j’aurais gardé ces mots pour moi seule, » déclara Lise.

Elle parlait lentement en s’accrochant à ses épaules.

« Je faisais semblant de ne pas voir que ce que je faisais faisait du mal aux gens… C’est pourquoi j’ai dû agir à l’opposé de ce que je voulais, » continua Lise.

Ses paroles étaient une déclaration ferme — je ne peux pas oublier ceux que j’ai blessés avec mes actions, et je ne peux pas oublier d’essayer de trouver une justification à ce sujet.

Elle avait poussé un doux gémissement quand il lui avait mis la tête sur le côté et lui avait frappé le nez avec l’arrière de la tête.

« Cela fait mallll…, » cria Lise.

« Ce que je veux te dire… c’est que les enfants ne devraient pas penser à des choses aussi complexes. Affronte sincèrement ce que tu veux vraiment faire, » déclara Takumi.

« Ce que je veux vraiment faire… ? » demanda Lise.

« Sois heureuse de ce que tu as accompli. Les gens voient toujours la mauvaise partie dans tout, comme si c’était la seule partie qui laisse une trace… mais tu as accompli beaucoup plus que ça, » continua Takumi.

Il avait commencé à parler de ces réalisations avec un rire chaleureux.

« Les formules de loi que tu as inventées peuvent être utilisées de bien des façons différentes. La magie de liaison que nous venons de voir n’est que l’une d’entre elles, » continua Takumi.

« … C’est vrai. Lux m’a demandé de créer une formule de loi qui aiderait les gardes à arrêter les gens sans leur faire de mal. C’est utile pour arrêter les criminels ou pour réprimer les émeutes, » déclara Lise.

« Tu vis dans cette partie de la ville et tu ne le sais probablement pas, mais ces outils magiques sont souvent utilisés dans la ville basse. Cet endroit est en désordre et l’ordre public est très mauvais, tu sais ? » déclara Takumi.

Comme la ville basse était remplie de violence et de criminels, l’équipement des gardes comprenait des barrières défensives et des outils magiques comme celui d’Elsa. Ils avaient été utilisés fréquemment.

« Avec eux, même une simple querelle peut se terminer avec des personnes indemnes, et il n’y a pas beaucoup de risques pour les gardes d’affronter des criminels, puisqu’ils ont leurs barrières défensives. Aussi, Elsa m’a dit qu’ils peuvent être utilisés de bien d’autres façons, » continua Takumi.

Il avait fait une brève pause avant de reprendre son exposé. « Prenons l’exemple de la magie de liaison. Lorsqu’il pleut très fort, l’eau qui s’écoule dans la ville basse devient très boueuse et son courant devient rapide et puissant comme un ruisseau qui coule à toute vitesse, il n’est donc pas rare que les enfants soient frappés par une vague ou un objet physique et tombent dans l’eau, où ils se noient habituellement. Pourtant, certaines fois, ils ont été sauvés grâce à ces outils magiques. »

Les sauver avait été très difficile, mais cela n’avait été possible que grâce à la magie de liens.

« Elle a même été utilisée pour reconstruire une église détruite. Apporter des bûches de bois d’une telle hauteur demande beaucoup d’attention, mais grâce à la magie de liens, elles pourraient accélérer le processus et fournir à nouveau un abri à ceux qui ont perdu un endroit pour dormir, » continua Takumi.

Pendant qu’il parlait, il sentait que Lise tremblait, mais il faisait semblant de ne pas le remarquer et continuait à parler.

« C’est la même chose pour les barrières défensives. Avant, quand quelque chose s’effondrait, les gens devaient pulvériser les décombres avec de la magie, mais cela pouvait blesser les survivants qui étaient enterrés sous eux. Maintenant, les soldats peuvent simplement sauter sur les gens et les sauver tout de suite lorsque la barrière s’active. Ouais, ceux qui décident de faire ça ont des couilles d’acier, mais c’est grâce à des outils magiques s’ils peuvent faire des choses comme ça. Ils sont tous heureux de les avoir. »

Il entendait Lise essayer d’étouffer un sanglot.

« Je parie que tu n’as pensé qu’aux mauvaises choses que tu as faites, mais beaucoup d’autres personnes te sont reconnaissantes, car elles ont pu sauver quelqu’un ou être sauvées par quelqu’un avec les outils que tu as créés, » déclara Takumi.

Lise lâcha une douce plainte quand ses larmes commencèrent à tacher le manteau de Takumi.

« C’est pourquoi tu ne devrais pas nier tout ce que tu as fait. Même si tu te critiques pour ce qui s’est mal passé, tu devrais être fière de tes réalisations, » déclara Takumi.

Incapable de se retenir, elle s’était mise à sangloter à voix haute.

 

« Tu t’en es bien sorti toute seule jusqu’ici, » déclara Takumi.

Elle appuya son visage sur le dos de Takumi tandis que son petit corps tremblait. Ses larmes jaillissaient de ses yeux comme pour laver son sentiment de culpabilité — une réaction adaptée à une enfant de son âge.

Takumi ne déclara pas un mot de plus, et après avoir gagné un peu de temps avec quelques détours, il se dirigea vers le jardin où Eluria les attendait.

***

Partie 6

Le soir qui approchait obscurcissait le ciel, masquant le chemin de Takumi alors qu’il marchait dans le jardin d’aigue-marine. Le marbre brillant sous ses pieds continuait à réfléchir une faible lumière, même au coucher du soleil.

« Pourquoi, êtes-vous un peu en retard ? »

Les paroles d’Eluria parvinrent à Takumi lorsqu’il entra dans le belvédère. Son regard errait dans le ciel qui s’obscurcissait.

« J’ai dû garder votre article et maintenant elle fait une sieste. Cela ne vous dérange pas ? »

La reine regarda Lise et sourit joyeusement en tendant la main pour caresser le visage endormi de l’enfant.

« Hehehehe... Elle est adorable même maintenant, n’est-ce pas ? » déclara la reine.

« Ouais, bon, peu importe. Passons aux choses sérieuses, » déclara Takumi.

Takumi posa l’enfant près de sa cliente et prit un document dans la poche de sa poitrine.

« C’est le contrat de Lise. D’habitude, je veux que l’acheteur traite ses esclaves comme des êtres humains, mais comme il s’agit d’un cas assez particulier, il y a d’autres choses que vous devez suivre. Lisez ceci attentivement avant d’accepter, » déclara Takumi.

« Ce n’est pas la peine, je comprends déjà de quoi il s’agit. Ce contrat lie la reine Eluria pour assurer la sécurité de Lise Crest et de sa mère Serena Crest. Elle doit aussi prendre en charge les frais de traitement médical de cette dernière, n’est-ce pas ? » demanda la reine.

Elle avait pris le document et Takumi avait haussé les épaules.

« Ne vous inquiétez pas, c’était mon intention depuis le début. Maintenant que Lise m’appartient, je ferai tout pour la protéger, elle et sa famille. C’est mon devoir moral, et si quelqu’un ose ternir mon vœu, j’agirai avec effronterie, » continua la reine.

« C’est vrai… les seigneurs supérieurs tiennent le vrai pouvoir du pays entre leurs mains, mais ils craignent votre terrible pouvoir politique. Cependant, en tant qu’incarnation du symbole de la ville et descendante directe de notre Déesse, vous ne pouvez pas trop vous déplacer… mais avec Lise, vous pouvez maintenant contourner le problème, » déclara Takumi.

« Exactement. Même si je suis une reine, je ne peux pas laisser mon pays se tortiller sans lever le petit doigt, » répondit la reine.

Son sourire rayonnant trahissait la rage enflammée dans ses yeux.

« J’ai été intronisée quand mon prédécesseur, ma mère, a péri. Étant donné mon âge à l’époque, le pouvoir du pays a dû être partagé entre les trois seigneurs supérieurs… ainsi j’ai été privée de ma liberté, » déclara la reine.

Elle ne possédait aucun pouvoir exécutif bien qu’elle soit le symbole vivant de la ville et leur reine — son état actuel n’était que le produit du plan qu’une tierce partie avait mis en œuvre.

Peu importe son autorité ou ses discours influents, les seigneurs supérieurs avaient le dernier mot sur la majorité des décisions.

« Cependant, je vais maintenant agir par l’intermédiaire de Lise et Lux. Surtout contre Elvis, cet homme rusé. Sinon, je ne serai jamais satisfaite, » déclara-t-elle.

« Bien. Faites-nous savoir si nous pouvons vous aider. Vous pouvez maintenant utiliser Lise, alors, arrêtez de nous envoyer des lettres secrètes et des invitations étranges, d’accord ? » déclara Takumi.

Une demande était écrite dans l’invitation au buffet adressée à Suzuran : sauver une certaine personne. Ce bref message était la raison des actions de Takumi depuis le jour où il les avait lues.

« Au fait, Lux va-t-il aussi se joindre à vous ? » demanda-t-il.

« Oui. Il a peur du pouvoir que la famille Fortesea est en train de rassembler, alors nous collaborons pour les garder sous contrôle, » répondit la reine.

« J’en ai profité la dernière fois, alors ça ne me dérange pas. Au fait, pouvez-vous répondre à une de mes questions ? » demanda-t-il.

Eluria lui hocha la tête en changeant légèrement le ton de sa voix.

« Comment avez-vous remarqué que Kiad recevait ce genre d’information ? » demanda-t-il.

L’archevêque n’aurait jamais trahi Kiad en disant la vérité à quelqu’un.

Si Lise, qui disposait d’outils magiques lui permettant d’obtenir des informations avec elle, avait parlé à Eluria, tout ce qu’elle aurait entendu aurait été transmis.

« Vous m’avez envoyé une lettre parce que vous ne pouviez pas la demander à haute voix, hein ? Et vous avez même pris en considération le fait qu’écrire trop aurait alerté les auditeurs par le son prolongé du pinceau sur le papier, c’est pourquoi vous avez gardé le message court, non ? » demanda Takumi.

« Exactement. Je connais quelqu’un de très observateur, ce qui a rendu possible la compréhension de ce que Lise traversait… Après tout, vous avez basé votre réseau d’information sur les esclaves que vous liez à ces contrats, non ? » demanda la reine.

Le marchand d’esclaves plissa ses yeux — c’était une information top secrète.

Seuls Takumi, Karin, Kunon et une partie de l’unité demi-humaine le savaient. Aucun de leurs amis les plus proches et les plus intimes ne le savait.

Les mots spécifiques « réseau d’information » étaient tout simplement trop spécifiques, même pour quelqu’un comme Killfer, qui était très pointu et qui faisait aussi partie du réseau. Seul quelqu’un qui le savait déjà pouvait être aussi précis.

« Les contrats que vous avez créés sont très intéressants. Les lettres sont positionnées de manière spécifique, la mise en page globale est constante, tout est à l’intérieur des bords ou des cadres, vous utilisez différents types d’encre pour différents types de papier… il y a plusieurs raisons à cela, non ? » demanda la reine.

Elle regarda Takumi, qui avait baissé la tête, perdue dans ses pensées, tandis qu’une autre question dormait de ses lèvres. Elle venait d’aborder l’essence même de ses contrats.

Quelques instants plus tard, il parvint à la réponse à sa question et se leva la tête en réponse, puis fit face au regard de la Reine.

« Je vois… Vous avez tout compris en regardant la formule de loi que j’ai créée, hein ? » demanda Takumi.

« Heheheheh, vous obtenez une note parfaite ~ ! Ou plutôt, j’aurais aimé que vous l’ayez eu, mais vous n’avez qu’à moitié raison. »

« Je suppose que l’autre moitié sera un secret, non ? » demanda Takumi.

« Bien sûr que oui. En échange, personne ne connaîtra la vérité derrière vos contrats. Partager un secret avec votre reine semble amusant, n’est-ce pas ? » demanda la reine.

« Je vais vous demander de m’épargner ce lien, ô méchante Reine…, » déclara-t-il.

« Pourquoi ? Les femmes plus âgées ne correspondent-elles pas à vos goûts ? » demanda la reine.

« C’est faux. Je regarde bien du côté d’une esclave plus âgée que moi, » déclara-t-il.

« Ah… Même moi je ne peux pas égaler la beauté d’une elfe, hein… ? » déclara la reine.

Takumi ne put s’empêcher de sourire avec ironie devant la Reine déprimée qui tendit tristement la main sur la joue.

« Quoi qu’il en soit, vous vous en êtes bien sorti cette fois. Je pense vraiment que vous l’avez fait, alors ne doutez pas de mes paroles, » déclara-t-elle.

« Eh bien, c’est un peu une récompense. Je veux dire, j’ai choisi un combat assez dur pour une enfant toute seule, » répondit-il.

Il désigna Lise et Eluria et lui caressa doucement la tête.

« Elle n’est pas très différente de moi… utilisée par les adultes depuis notre enfance, laissée seule, car notre cœur est épuisé par la solitude… Je veux la sauver entre toute chose, » déclara la reine.

Le doux sourire sur son visage était pur comme les mots qu’elle disait.

« Aussi, elle est tellement adorable ! Regardez ! Regardez comme elle marmonne dans son sommeil ! Son existence même est apaisante pour mon cœur… ugh ! »

« Continuez de faire l’imbécile et elle va se réveiller. J’ai compris que vous êtes comme son parent au cœur tendre, mais ne pouvez-vous pas vous comporter comme une vraie reine pour une fois ? » demanda Takumi.

« Pourquoi ? N’êtes-vous pas celui qui a le cœur tendre ? Vous avez même mis de côté votre objectif pour satisfaire ma demande et sauver cette enfant, » déclara la reine.

Eluria avait légèrement plissé les yeux pendant qu’elle respirait profondément.

« Vous aviez prévu de faire perdre à la magie sa valeur pour dépouiller Richtert de la dissuasion qui empêchait les autres pays d’agir… et personne n’a rien remarqué de tout cela, » déclara la reine.

Takumi haussa les épaules en silence.

« J’ai seulement inclus Lise dans mon plan parce que je pensais que ce serait amusant à l’avenir, » répondit Takumi.

« Oh, vous n’avez pas besoin d’être si embarrassé, » déclara la reine.

« Je ne dis pas ça pour cacher ma gêne. De plus, il est évident que j’ai le cœur tendre, » déclara Takumi.

Un sourire avait fendu le visage de Takumi en regardant sa reine dans les yeux.

« Après tout, je suis le marchand d’esclaves au cœur tendre, » déclara Takumi.

***

Chapitre 5 : Qu’en est-il de l’homme qui a ouvert la cage à oiseaux

Partie 1

Deux semaines après que Lise soit devenue propriété de la Reine, Lux avait appelé Takumi pour le voir dans son bureau. C’était dans le château.

« Salut, marchand d’esclaves. Cette fois, tu as vraiment répondu à mes attentes de façon positive, » déclara Lux.

Lux avait l’air totalement différent de la dernière fois, car il parlait en étant de bonne humeur. D’un autre côté, Takumi avait laissé échapper un bâillement apathique.

« Ouais, peu importe, je suis content d’entendre ça… Ai-je déjà mentionné que te voir de bonne humeur à Fairstadt m’énerve un peu ? Parce que c’est ainsi et que c’est étrange. Peut-être que je comprends pourquoi Kunon se donne à fond quand elle est près de toi, » déclara Takumi.

« Tu aurais pu m’épargner ta remarque idiote et éviter de m’énerver aussi. Mais bon, grâce à toi, la Reine m’a entraîné dans son plan, alors je vais fermer les yeux pour l’instant, » déclara Lux.

« Merci. De toute façon, pourquoi m’as-tu appelé jusqu’ici ? » demanda Takumi.

Lux s’était redressé avec une expression aigrie sur son visage. Il savait que leur conversation n’allait pas être agréable.

« Commençons par la bonne nouvelle. La Reine a assigné leur territoire à tes subordonnées chevalières. C’est l’endroit que tu as demandé, » déclara Lux.

Pendant qu’il parlait, Lux avait sorti un document de son bureau et l’avait remis à son interlocuteur.

« Enfin… maintenant, beaucoup de choses vont être plus faciles, » déclara Takumi.

« Beaucoup de choses, hein… ? Je ne peux pas baisser ma garde quand tu es impliqué… Qu’est-ce que tu fais cette fois ? Ne va pas trop loin, ou tu devras faire face à un type gênant, » déclara Lux.

Lux plissa légèrement les yeux pendant qu’il poursuivait la conversation.

« Elvis t’a reconnu comme son ennemi. Il vaudrait mieux que tu n’attires pas trop son attention, » déclara Lux.

« Crois-tu que je vais rester planquer seulement pour ça ? » demanda Takumi.

« Bien sûr que non. Mais il est sûrement la personne la plus gênante de tout le royaume. Ce que je vais dire vaut aussi pour toi — les personnes les plus effrayantes sont celles qui sont difficiles ou impossibles à lire, » déclara Lux.

Lux avait soutenu son menton avec sa main tout en tapant à plusieurs reprises sur le bureau avec un doigt.

« Il n’était pas seulement derrière les expériences de la formule de loi de l’archevêque Crest. J’ai entendu dire qu’il était en contact avec de nombreuses grandes compagnies des districts du nord pendant l’ancien empire, et il a aussi des contacts avec Denmerg. Il doit chercher quelque chose et cacher son véritable objectif… mais rassembler des informations sur lui n’aide pas à tout reconstituer, » déclara Lux.

Peu importe l’inexpérience de Lux, il était toujours un Seigneur Supérieur avec tous les privilèges qu’il incluait. Cela signifiait que s’il ne pouvait pas comprendre ce qu’Elvis prévoyait malgré ses recherches sur lui, le chef de la Fortesea était particulièrement doué pour couvrir ses actions.

« La seule chose dont je suis sûr, c’est qu’il prépare quelque chose de l’ombre. Garde les yeux ouverts, d’accord ? » demanda Lux.

« Oui, bien sûr. Devrais-je donc aussi trouver un moyen de recueillir des informations sur lui et de les partager avec toi ? » demanda Takumi.

« Je savais que tu serais allé droit au but, mais je ne veux pas que tu fasses quelque chose d’imprudent. Pour être honnête, ce serait un coup dur si nous devions te perdre maintenant, » déclara Lux.

« … Répondre à tes attentes apporte autant de fruits que de problèmes, tu sais ? Les nobles m’ont envoyé des pétitions depuis l’annonce de notre combat officiel, » déclara Lux.

Takumi haussa légèrement les épaules pendant que Lux faisait une grimace en se tapotant le ventre.

Les nobles voyaient la magie comme quelque chose d’incomparable et personne ne s’attendait à ce que de simples demi-humains écrasent leurs opposants. La conséquence évidente d’une telle absurdité était un sentiment de détresse persistant pour ceux qui regardaient de haut les demi-humains depuis si longtemps.

« D’un autre côté, nous sommes maintenant des héros pour la ville basse, n’est-ce pas ? C’est la première fois dans l’histoire que certains demi-humains obtiennent le titre de chevalier, » déclara Takumi.

« Eh bien, vous êtes des héros depuis un moment maintenant. La grande compagnie héroïque qui lutte contre l’injustice, les chevaliers héroïques qui sont sortis de la ville basse… et, je suppose, les chasseurs de monstres héroïques, » déclara Lux.

Lux avait remis une enveloppe au marchand d’esclaves.

« Passons aux mauvaises nouvelles. Elvis Fortesea ordonna aux nouveaux chevaliers novices d’exterminer quelques monstres, » déclara Lux.

Takumi avait rapidement lu les documents dans l’enveloppe tandis que Lux l’abreuvait de détails.

« Elles ont été affectées au village de Renunt, qui a été attaqué par des monstres. Kunon et Karin doivent éliminer les monstres et améliorer le moral du village. De cette façon, vous ferez également taire les nobles sceptiques en leur montrant vos capacités, » déclara Lux.

L’instant d’après, Takumi fit une expression aigre.

« … Tu plaisantes, n’est-ce pas ? » demanda Takumi.

« Ne vois-tu pas le tampon officiel d’Elvis en bas ? » demanda Lux.

« Je me fiche qu’il soit authentique. Ne puis-je pas juste brûler ça et rentrer chez moi ? » demanda Takumi.

« Félicitations, tu serais accusé de trahison. La prison sera ta nouvelle maison maintenant, » déclara Lux.

Lux sourit amèrement devant le profond soupir de Takumi.

« Ne t’inquiète pas, le village de Renunt est situé au pied de la chaîne de montagnes Meld dans le Nord. C’est probablement pour ça qu’on nous signale des monstres mineurs qui attaquent le village. Ça ne devrait pas être un problème pour vous les gars, n’est-ce pas ? » déclara Lux.

Les monstres étaient des créatures vivantes dans leur monde.

Parfois, le pouvoir magique sur la terre faisait que certaines bêtes deviennent trop grandes. Ces curiosités étaient appelées « monstres », car elles étaient généralement dangereuses, et il fallait souvent les éliminer.

Mais les monstres mineurs n’étaient pas si dangereux.

Quant aux quelques fois où l’un d’entre eux avait dépassé les limites de sa capacité, même un homme fort qui avait saisi les bases des arts martiaux ou une femme qui avait su construire et poser des pièges autour d’eux aurait pu les capturer sans grand effort.

« Eh bien, ton ordre d’en haut est essentiellement de faire bonne impression sur ton patron. Maintenant, même si ces monstres sont mineurs, nous avons reçu beaucoup de rapports sur leurs attaques. Il pourrait être difficile de les affronter tous sans chevalier magique s’ils sont trop nombreux. Mais tu devrais essayer de t’en occuper et de protéger le village, » déclara Lux.

« … Combien de rapports as-tu reçus ? » demanda Takumi.

« Peut-être des douzaines ? Cependant, aucun des villages voisins n’a signalé de dégâts importants, » déclara Lux.

L’expression de Takumi s’était déformée en un instant, en entendant ces mots.

Puis, son sourire habituel était revenu pour lui fendre le visage.

« … Tant qu’on n’a pas à chasser un monstre majeur ou à répondre à des demandes insensées, tout va bien, » déclara Takumi.

« Où est ton arrogance habituelle du genre “ça va être du gâteau” ? » demanda Lux.

« Je veux dire, tant qu’on a affaire à des monstres mineurs ou de classe moyenne, c’est peut-être un problème… mais les grands peuvent utiliser la magie, tu sais ? » déclara Takumi.

Les monstres de la classe moyenne avaient des corps énormes, mais il fallait « simplement » plusieurs hommes pour en vaincre un.

D’autre part, les monstres majeurs n’avaient pas seulement des corps énormes, ils pouvaient aussi utiliser la magie. Cela signifiait que leur taille les plaçait généralement au sommet de la chaîne alimentaire, et leur magie ne faisait que confirmer cette position — ils pouvaient littéralement être des géants mangeurs d’hommes.

Le pire était que les monstres ne se régalaient pas seulement des humains, mais aussi de leurs formules magiques, ce qui signifiait qu’ils devaient être vaincus le plus vite possible.

« Si quelqu’un qui peut utiliser la magie avancée devait apparaître, ce pays pourrait être détruit, » déclara Takumi.

« Tu as raison. Nous les avons vaincus les quelques fois où ils sont apparus, mais je me souviens qu’il y a quelques années, la majorité des chevaliers magiques avaient été déployés pour en faire tomber un. Probablement que seuls les héros des villes-états de l’Ouest auraient pu y faire face seuls comme nous, » déclara Lux.

« Ouais, combattre un monstre comme ça serait une énorme douleur dans le cul. Mais les humains sont toujours plus effrayants que les monstres, » répondit Takumi.

« Je suis d’accord. Elvis t’a envoyé cette directive pour une raison. Je suis sûr qu’il prépare quelque chose… et tu devrais aussi envisager que Kiad prenne sa revanche, » déclara Lux.

Lux avait croisé ses bras sur sa poitrine, avec une expression aigre.

« J’ai entendu dire qu’il a changé de façon négative. Les gardes des couches supérieures ont dit que son arrogance a disparu et qu’il a toujours l’air fatigué et presque émacié. Il n’a pas encore mis les pieds hors de son manoir, » expliqua Lux.

« Oww, le pauvre. J’ai fait quelque chose d’horrible, » déclara Takumi.

« S’il te plaît, je sais que tu n’es pas du tout désolé… honnêtement, il le méritait. Il était plutôt désagréable à voir, donc tu as ma gratitude, » déclara Lux.

Lux haussa les épaules, puis fit face à Takumi avec un regard aiguisé.

« Quoi qu’il en soit, fais attention, d’accord ? Tu as encore beaucoup de choses à faire, » déclara Lux.

« Oui, bien sûr. Je suppose que je vais laisser mes subordonnées tranquille pour une fois, » déclara Takumi.

« … Excuse-moi ? » Lux était encore plus perplexe de voir l’expression joyeuse de Takumi.

« Je veux dire, le village de Renunt a quelques sources chaudes, non ? On a été affectés là-bas, pour pouvoir prendre une pause et profiter d’un bain pour une fois, » déclara Takumi.

« … Ne me dis pas que tu as demandé un endroit au milieu de nulle part comme ça seulement pour cette raison, » demanda Lux.

« Quoi ? Est-ce si mal ? J’aime me baigner et j’adore les sources chaudes. La raison pour laquelle j’ai accepté la demande de la Reine a été la moitié pour Lise et l’autre moitié pour les sources chaudes, » répondit Takumi.

« Je ne sais pas pourquoi j’ai l’impression que ce n’est pas tout… aussi, je crois que je comprends pourquoi tu es si heureux…, » déclara Lux.

Lux sentit toutes ses forces s’épuiser pendant que Takumi mettait tous les documents dans son sac.

« Je vais prendre congé maintenant. J’ai une invitée aujourd’hui, » déclara Takumi.

« Une invitée… ? Oh, l’Archevêque Crest ? » demanda Lux.

« Exactement. J’ai entendu dire que la Reine lui a ordonné de s’entendre et d’approfondir son amitié avec la grande compagnie Suzuran. Notre chef est de bonne humeur depuis ce matin, » déclara Takumi.

« Oh… Mirta est ainsi ? Ça a l’air bien, n’est-ce pas ? » demanda Lux.

Un sourire amer amincit les lèvres de Lux alors qu’il se souvenait de Mirta quand elle était plus jeune.

« Au fait, puis-je t’emprunter Elsa pour un moment ? » demanda Takumi.

« Bien sûr. Si je la laisse s’occuper de toi, mon mal de ventre va sûrement s’atténuer, » déclara Lux.

« Ne vous imposez pas votre stupide mal de ventre, frère et sœur, » déclara Takumi.

« Je ne veux pas entendre ça de sa cause vivante. Va t’amuser autant que tu le veux, » déclara Lux.

Takumi sortit de la pièce l’instant d’après avec des pas légers, en fermant la porte derrière lui. Lux pouvait enfin pousser un doux soupir de soulagement.

« Je ne peux pas du tout lire en toi…, » murmura Lux.

Ses paroles étaient dirigées vers la porte que le marchand d’esclaves gênant venait de fermer derrière lui.

***

Partie 2

La sombre salle du sous-sol était peinte de pâles nuances mélancoliques. Les faibles sources de lumière qui brillaient étaient issues des outils magiques dispersés dans la salle. La lumière naturelle n’avait jamais atteint cet endroit.

Kiad se recroquevillait sur le sol, alors que son corps tremblait. Ce qui avait été de sa silhouette musclée avait maintenant disparu. Il semblait une ou deux tailles plus petites et plus faibles qu’auparavant.

Aucune lumière ne brillait dans ses yeux de mort alors qu’il balayait la pièce de son regard.

Ce qui était posé avant ça sur son bureau jonchait maintenant le sol. Tous ses documents avaient été déchirés en morceaux et des fragments de bois gisaient près des murs — il s’agissait probablement d’anciennes chaises qu’il avait cassées.

Kiad avait été privé de son pouvoir magique. Takumi l’avait jeté dans cet enfer après leur combat.

Il ne pouvait plus activer aucune des formules de loi que son père avait recherchées pendant si longtemps.

Bien que lié par le sang à Elvis, il n’avait jamais goûté à la bienveillance ou à la pitié de son père. Tout ce qu’il avait à faire était de ne pas échouer, et s’il le faisait une fois, il n’avait pas le droit de le faire une deuxième fois.

Elvis, qui ne se souciait que du pouvoir des gens, ne voulait pas laisser ses enfants hériter de la tête de la famille uniquement parce qu’ils étaient ses fils légitimes. Sigurd — le frère cadet de Kiad — avait été choisi pour être l’héritier du trône en raison de sa diligence à suivre les ordres de son père.

Il n’avait jamais échoué lors de l’accomplissement de ses tâches.

D’autre part…, le destin de Kiad était de devenir une misérable risée si les gens apprenaient qu’il avait perdu son pouvoir magique.

« Je… Je n’échouerai plus… ! »

Il fit sortir ces mots de sa gorge, mais ses tremblements de main avaient trahi son manque de confiance.

L’image de ce sourire odieux et triomphant était gravée dans son esprit — elle scintillait sans fin, tout comme son courage.

Il avait fait son chemin dans la vie en croyant en lui-même et en agissant comme il le voulait… mais maintenant il ne pouvait plus faire un seul pas en avant — aucun avenir ne l’imaginait victorieux.

« Si seulement… Si seulement j’avais gagné cette bataille… ! »

Il croyait fermement qu’il pouvait gagner le match qu’Elvis avait arrêté. Il savait qu’il aurait pu gagner contre Takumi à l’époque. Ce n’était pas son arrogance qui parlait, c’était juste une question de fait — Kiad était à tous les coups fort et possédait la magie la plus puissante de tout le Royaume, celle de la vaillante Fortesea. Ce marchand d’esclaves n’avait aucune chance de gagner contre lui.

Cependant, Elvis n’en était pas sûr, alors les choses s’étaient passées ainsi. Son père lui avait refusé cette victoire.

« C’est vrai… ce n’était pas ma faute… ! Je n’étais pas la cause de ma défaite… ! »

Oui, son père venait de devenir vieux et lâche… il n’avait pas à se soucier de lui.

Il n’avait qu’à être lui-même… et à agir comme il le voulait.

Au moment où un souffle de soulagement lui avait été insufflé, il entendit quelqu’un frapper à la porte.

« J’AI DIT QUE JE NE VOULAIS RENCONTRER PERSONNE — »

« Ne t’avise pas de parler à ton père comme ça. »

Kiad avait tout de suite compris qui parlait et il s’était rétracté encore plus.

La porte s’était ouverte lentement, laissant entrer le tic-tac de la canne qui tapait sur le sol.

« Je n’ai pas vu ton visage depuis un moment… tu as une mine affreuse. »

La voix grave de l’homme correspondait à son expression pierreuse, alors qu’il regardait son fils pitoyable.

« Père… pourquoi es-tu ici ? »

« Quelle question étrange ! Un père doit rendre visite à ses fils lorsqu’ils se morfondent. »

Kiad avait claqué sa langue dans son esprit face à ces mots éhontés. Il savait que son père venait de mentir. Elvis Fortesea n’avait pas la moindre once d’amour familial en lui — ses fils n’étaient que des êtres utiles ou inutiles comme les autres.

« J’ai ordonné au marchand d’esclaves de Suzuran et à ses serviteurs de chasser quelques monstres. »

« Chasser des monstres… ? »

« Oui. Cette fois-ci, je suis inquiet, alors j’ai pris les bonnes mesures. »

Curieusement, il y avait une nuance d’émotions dans la voix d’Elvis.

« Mettons de côté ton échec, car mon sang coule dans tes veines. Contrairement à Sigurd, qui ne serait personne sans moi, tu as l’étoffe d’un vaillant Fortesea… Je suis ici pour te donner une chance de te racheter, bien que je n’aie jamais investi mon temps sur toi jusqu’à présent. Aide-moi, au lieu de pourrir dans un endroit comme celui-ci. »

Kiad leva la tête, la lumière lui revenant dans les yeux — son père l’avait loué.

« Veux-tu… me laisser me racheter ? »

« Pourquoi ne le ferais-je pas ? C’est ma considération pour mon fils. »

« Je… Je ne manquerai pas de te remercier de ta gentillesse. »

Kiad baissa la tête.

Il ne s’attendait pas à ce que son père lui montre de la pitié… mais maintenant, il pourrait se venger. Il pouvait attiser ses flammes en faisant jaillir la colère et la haine. Cet odieux marchand d’esclaves allait payer pour ce qu’il avait fait.

« J’ai déjà envoyé un message à Sigurd. Il est incompétent, mais il obéit à mes paroles. Il devrait être en route pour Renunt à l’heure qu’il est. »

« Sigurd… ? Alors, va-t-il utiliser les monstres de Denmerg ? »

« Bien sûr. Ce marchand d’esclaves pourrait entraver mes plans. Alors brûler son environnement et le laisser se tortiller de désespoir est le moins qu’il mérite. »

Tack, tack — Elvis avait poignardé le sol à plusieurs reprises avec sa canne.

Takumi n’était pas quelqu’un avec qui il pouvait s’amuser, alors il avait soigneusement rassemblé assez de ressources pour le faire tomber.

« Si j’utilise le cristal magique que l’Archevêque Crest a fabriqué pour toi, notre plan sera parfait… et il n’y a aucune chance qu’il ne le soit pas, donc il n’y a rien à craindre. »

Kiad était particulièrement attentif aux paroles de son père. Lorsqu’il avait perçu le ton glacial de la voix du vieux, il avait soudain compris que quelque chose n’allait pas.

« Alors… que dois-je faire pour toi, père ? »

« Mh ? Ne comprends-tu pas ? »

« Je m’excuse… Pour autant que je sache, le plan est de faire en sorte que Sigurd les écrase. C’est pourquoi tu lui as ordonné d’aller à… »

« Tu ne comprends pas, Kiad ? »

Son père l’avait interrompu effrontément et l’avait poignardé à la poitrine avec sa canne, un sourire éclatant déformant son visage.

« Aïe… ! Que… ? »

Kiad avait laissé échapper une voix muette quand il avait regardé en bas pour voir le bout de la canne qui le transperçait.

« Je vois… donc il t’a fait quelque chose. Étant donné que tu ne peux pas utiliser la magie ou activer des outils magiques, il a dû gâcher ta formule magique, hein… ? »

Elvis n’avait cessé de poignarder la poitrine de son fils, son expression ne changeant jamais. Son regard sans cœur lui donnait l’impression de regarder un ver de terre.

« C’est la considération que je te porte. Mon plan serait parfait sans toi… alors, n’aie pas peur de l’avenir et parts dans le même ciel que celui dans lequel dorment tous les héros. »

« Ne… fais pas ça ! Tu ne veux quand même pas dire que je devrais mourir ici… !? »

Kiad saisit la canne qui le poignardait, essayant de se défendre, mais les bras fins du vieil homme étaient incroyablement forts, et progressivement ses coups perforants devinrent plus durs.

« Tu es un échec, Kiad. »

Quand sa canne avait empalé son fils, il l’avait tordue et avait vu Kiad cracher une quantité inquiétante de sang.

« Tu es bien trop incompétent et tu n’as jamais su le remarquer. Tu n’es qu’un bon à rien qui pense trop à lui-même, et tu n’as même pas suivi mes traces. Ton ambition couvée, presque inexistante, n’est qu’un fragment de sagesse… mais laisse-moi te dire quelque chose. »

Ses paroles froides avaient coupé Kiad comme un couteau alors qu’il s’apprêtait à le poignarder à nouveau dans le trou qu’il avait creusé sur sa poitrine.

« La seule raison pour laquelle tu étais en vie était pour te laisser te reproduire afin que le sang de Fortesea puisse continuer à couler dans ce monde après ma mort… c’était la seule attente que j’avais pour toi, et pourtant tu ne pouvais pas être à la hauteur de cela aussi. Tu n’es qu’un porc inutile qui rampe sur cette terre. »

Elvis n’avait jamais cessé de poignarder son fils pendant qu’il parlait.

« Pourtant, j’ai trouvé une certaine valeur dans ton inutilité. Même un déchet comme toi pourrait être utile contre cet odieux marchand d’esclaves. Réjouis-toi, car ta fin a maintenant un sens qu’elle n’aurait pas eu autrement. D’abord, tu as laissé ce marchand d’esclaves prendre le dessus sur toi — tu as été ridicule de danser sur sa paume comme une marionnette — puis tu l’as laissé t’enlever Lise, et enfin tu l’as laissé détruire ta formule magique, qui était quelque chose d’inviolable. Personne ne doit le savoir. »

Lorsque la conscience de son fils avait commencé à s’estomper, Elvis s’était souvenu de quelque chose et avait arrêté un moment son attaque de fou.

« Bon… J’ai failli oublier de te le dire. C’est la première fois que tu m’es utile, mon cher fils. »

Son expression était rocailleuse et froide alors qu’il regardait la lumière dans les yeux de Kiad s’éteindre.

***

Partie 3

Takumi était retourné à Suzuran après la réunion.

« Salut les gars. Désolé d’avoir été si long… qu’est-ce qui se passe ici ? » demanda Takumi.

Un grand bruit l’avait frappé lorsqu’il avait ouvert la porte.

Il avait alors vu une petite foule à l’étroit dans la salle à manger. Les trois membres les plus célèbres de Suzuran, Kunon, Karin et Mirta, l’équipe des tâches spéciales Jill et Geiz, les membres d’honneur de la force semi-humaine Aigle et Levin, leurs amis de toujours Lilia et Killfer et bien d’autres étaient réunis là.

Pour une raison inconnue, Lise était projetée très haut dans les airs au milieu de cette foule.

Karin se retourna pour voir qui était venu, et Takumi qui regardait la scène avait été abasourdi, se demandant probablement en lui ce qui se passait en ce monde.

Elle s’était approchée de lui. « Bienvenue à nouveau. Comment s’est déroulée ta discussion avec Lux ? »

« Oh, on a parlé de territoire et tout ça… attends, pourquoi diable jettent-ils Lise en l’air ? » demanda Takumi.

« Eeeeehhhhh bien… quand nous avons commencé la fête de bienvenue de Lise, Lilia a crié que le gagnant du jeu de boisson aurait gagné le droit de serrer Lise dans ses bras, mais ensuite Jill a gagné et Aigle a commencé à pleurer et à le supplier de lui donner ce droit, et… je suppose que les choses se sont terminées ainsi, » répondit-elle.

« Je ne comprends pas comment on en est arrivé là. J’ai des frissons…, » répondit-il.

« Honnêtement, je ne comprends pas non plus vraiment tout ça…, » répondit-elle.

Karin avait pointé la foule juste à temps pour voir Lise, qui avait été libérée à l’instant même, courir vers eux pour chercher de l’aide.

« Aidez-moi ! Ils vont me briser si ça continue ! » cria Lise.

« NHHH ~ ! Le simple fait de toucher Lady Lise me fait éclater de joie ! » cria Aigle.

« Arrête ! Surtout toi, l’oiseau ! Je veux que tu arrêtes de t’en prendre à moi ! » cria Lise.

Lise s’était cachée derrière Takumi alors que l’immense charpente d’Aigle se rapprochait d’eux.

« NYUUUHHH ! QUE DOIS-JE SUIVRE MAINTENANT, LA FOI DANS MON CŒUR OU LA LOYAUTÉ DANS MON CERVEAU ~ !? » cria Aigle.

« Bon sang, ta foi te demande-t-elle de courir après les enfants ? Et aussi, baisses un peu le volume de ta voix stupide, » répliqua Takumi.

« HAAAHHH ! JE TE DEMANDE PARDON ! » cria l’homme oiseau.

« Levin, punit cet oiseau turbulent, » ordonna Takumi.

« Quoi ? C’est une punition pour moi aussi, n’est-ce pas !? » s’écria Levin.

« Si vous ne vous comportez pas bien, Kunon va vous imposer une certaine discipline, » déclara Takumi vers les deux demi-humains.

« SEIGNEUR LEVIIIN ! JE VEUX MOURIR MAINTENANT ! » cria Aigle.

« Alors, laisse-moi faire, Aigle ! Allons chercher notre prix auprès de la Sœur Kunon ! » déclara Levin.

Les gens qui les regardaient riaient à gorge déployée en ce moment.

Takumi les ignora et tourna son regard vers Lise, qui avait jusqu’alors tiré sa manche… et elle était là, les bras grands ouverts.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Takumi.

« Tout le monde m’a serrée dans ses bras… c’est maintenant l’occasion de remplir ton devoir, » déclara Lise.

« Qui a décidé que le fait de te serrer dans leurs bras était mon devoir… ? » demanda Takumi.

« Il serait injuste que tu sois le seul à ne pas le faire, » déclara Lise alors qu’elle rougissait légèrement en détournant son visage de lui, mais elle garda les bras grands ouverts.

Takumi sourit avec ironie en la soulevant rapidement. « Regarde comme tu voles haut ~ ! »

« Cela a été beaucoup plus pétillant que prévu. Laisse-moi descendre, s’il te plaît », lui demanda-t-elle.

« Oh, allez, ne dis pas ça. Ne vois-tu pas ? » demanda Takumi.

Takumi avait désigné la foule d’un signe de tête, et Lise avait tourné la tête pour regarder par là : tout le monde souriait.

Les personnes les plus proches et les deux clowns riaient à gorge déployée de la scène drôle, ceux qui avaient ignoré ces idiots arboraient un sourire ironique, et ceux qui avaient gardé un peu de distance étaient entraînés dans l’ambiance par la vivacité.

Des races différentes avaient abattu les murs qui les séparaient… c’était très nostalgique, comme si le monde entier avait oublié ce sentiment jusqu’à ce moment.

« C’est une vue magnifique, non ? » demanda Takumi.

Lise avait souri joyeusement devant le sourire de Takumi.

« Oui, c’est merveilleux… et tu l’es aussi, puisque tu l’as réalisé, » répondit-elle.

Ses paroles étaient douces alors que ses lèvres se recroquevillaient dans le plus pur et innocent des sourires.

La personne dans les bras de Takumi n’était pas l’enfant lugubre qui avait toujours peur et s’inquiétait de son environnement : c’était la petite fille qui avait gagné sa liberté après avoir été enfermée si longtemps.

Pensant cela, il ne pouvait s’empêcher de lui sourire en réponse.

« J’ai rempli mon devoir maintenant, n’est-ce pas ? Combien de temps dois-je continuer à te serrer dans mes bras comme un enfant ? » demanda Takumi.

« … Je ne suis pas une enfant. Mais pour cette fois, je vais fermer les yeux là-dessus, » répondit Lise.

« Oh, merci. C’est ta fête de bienvenue, n’est-ce pas ? Va donc t’amuser avec tout le monde, » déclara Takumi.

Il l’avait déposée au sol délicatement puis il l’avait poussée légèrement vers la foule animée. Lise acquiesça avant de s’approcher joyeusement des gens.

L’instant d’après, Takumi avait commencé à marcher avant de parler. « Karin, je te laisse le reste. »

« D’accord, mais… où vas-tu ? » demanda Karin.

« Elsa m’attend. Je dois aller avec elle. »

« As-tu un nouvel emploi ? Alors, laisse-moi…, » commença Karin.

« Non, j’y vais seul. “Je te laisse le reste” signifie que tu dois rester ici, » déclara Takumi.

Takumi lui avait montré un sourire troublé en lui ébouriffant les cheveux.

« Arrête ! Combien de fois dois-je te dire que je suis plus vielle que to —, » commença Karin.

« C’est pourquoi je te laisse le soin de tout faire, » répondit Takumi.

Il l’avait ensuite frappée sur le front et l’avait laissée ici. L’elfe avait eu l’air perplexe lorsqu’elle fixa son dos jusqu’à ce que la porte, se refermant derrière lui, la cachant à sa vue.

La ville basse était comme toujours bruyante. Takumi avait pris une grande respiration — que même un flatteur ne pourrait pas qualifier de « propre », « agréable » ou « parfumée » — avant de faire face à Elsa.

« Merci de votre sollicitude, Elsa Fairstadt, capitaine de la Garde, » déclara-t-il.

Il avait essayé d’être drôle, mais Elsa, qui l’attendait devant la porte, n’avait pas changé d’expression.

« Je t’ai déjà dit d’arrêter de faire comme si nous ne nous connaissions pas. C’est pourquoi je suis inquiète, » déclara Elsa.

« Je vois… mais ne vas-tu pas un peu trop loin ? » demanda Takumi.

Takumi regarda autour d’eux en haussant les épaules.

Des dizaines de soldats avaient les yeux sur lui, et tous avec la même expression lugubre qu’elle. Ils étaient tous des gardes de la ville basse.

« J’ai pris cette mesure pour ne pas te faire fuir. Si tu essaies, je serai obligé de prendre ta tête, » déclara Elsa.

« C’est assez brutal, mais je suppose que tu ne fais que ton travail. Ne t’inquiète pas, je n’ai pas l’intention de résister. Je me comporterai bien, » déclara Takumi.

« … Merci pour ta collaboration. Suis-moi donc selon les formalités, » déclara Elsa.

Elsa avait percé Takumi de son regard acéré après avoir pris une profonde inspiration.

« Takumi, marchand d’esclaves de Suzuran, vous êtes soupçonné d’avoir assassiné le prince Kiad Fortesea. Vous devez me suivre à la centrale et assister au procès de l’inquisition, où votre culpabilité sera discutée. »

Elsa s’était alors mordu la lèvre en comprenant qu’elle venait d’annoncer une condamnation à mort.

« Vous êtes en état d’arrestation. »

Elle avait parlé fort, avec une expression amère sur son visage alors qu’elle faisait face au sourire de Takumi.

« D’accord. Je viens avec vous, » déclara Takumi.

 

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Illustrations

 

Fin du tome 2.

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Un commentaire :

  1. Ce type serieux… lol

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