Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 1

Table des matières

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Prologue

Et maintenant, qu’est-ce que je dois faire... !? Zagan s’était retrouvé dans une situation vraiment complexe.

Il se trouvait actuellement dans son château, dont le sol en chêne vieilli était parfaitement assorti aux murs de pierre recouverts de mousse. Des tapis avaient été posés sur le sol et des objets décoratifs égayaient les murs. Tout cela avait été utilisé afin d’essayer de donner une certaine ambiance à ces lieux. Cependant, Zagan n’avait jamais procédé à un entretien des lieux depuis qu’il en était devenu l’unique résident.

La construction de cette bâtisse remontait à au moins deux cents ans, et il s’agissait d’un château vraiment isolé possédant une atmosphère lugubre entouré d’un vaste domaine sauvage.

Zagan se tenait en ce moment assis sur le trône de ce château présent dans la salle principale. Il était là, avec ses jambes croisées alors qu’il se penchait vers l’arrière. Devant lui se trouvait une jeune fille qui se tenait debout, immobile, et totalement silencieuse.

La première chose qui attirait l’attention chez cette fille était sans aucun doute sa chevelure blanche comme la neige qui s’étendait jusqu’à sa taille. Après ça, ce qui vous aurait sauté aux yeux aurait sans aucun doute été le ruban d’un profond cramoisi qui ornait ses cheveux. Et si l’on parlait de son apparence, alors nous pourrions la décrire comme ayant un petit visage, de grands yeux d’un bleu azuré qui ressemblait au ciel d’été, et des lèvres qui étaient d’un rose modérément pâle.

Ce qui couvrait ses membres délicats et son corps maigre était une robe blanche, et à travers l’ouverture au niveau de sa poitrine, on pouvait facilement apercevoir deux grosses bosses qui contrastaient fortement avec sa silhouette mince.

Cependant, ses yeux étaient actuellement terriblement vides de toute émotion et ses oreilles s’effilochaient en une pointe.

Il s’agissait d’un membre de la race légendaire connue depuis l’antiquité sous le nom de Fée du Norden — autrement dit, une Elfe dans un langage courant.

De plus, les individus aux cheveux blancs étaient particulièrement rares en ce monde, et les légendes disaient qu’un énorme pouvoir résidait en eux.

Ces individus particuliers étaient considérés comme étant des êtres plus proches de la divinité que de l’humain, mais précisément à cause de cette sainteté, nombreux étaient les humains qui les recherchaient. Une seule mèche de leurs cheveux, une seule goutte de leur sang, et encore plus, la vie de ces elfes détenait un pouvoir insondable lorsqu’ils étaient utilisés en tant que catalyseur magique par des sorciers.

Et autour du cou de cette fille éphémère et mystique..., se trouvait un collier rudimentaire ainsi qu’une chaîne qui y était attachée.

En d’autres termes, un simple collier d’esclave.

Et ainsi, l’existence même de cette fille était devenue depuis peu la source de l’énorme angoisse de Zagan.

Comment puis-je commencer une conversation avec la fille dont je suis tombé amoureux... !? Il y a quelques heures, alors qu’il avait eu le coup de foudre lorsqu’il avait vu pour la première fois cette elfe, il avait fini par l’acheter sur un coup de tête. Il s’était senti sur un petit nuage à ce moment-là. Toutefois, comme Zagan n’avait presque jamais eu l’occasion jusqu’ici dans sa vie de parler avec une fille d’âge nubile, il était maintenant dans un désarroi total une fois arrivé chez lui. Il n’avait aucune idée de la manière dont il devait s’y prendre pour gagner le cœur d’une personne du sexe opposé.

La fille en question était bien celle qu’il avait achetée il y a quelques heures, de sorte qu’elle avait le statut social d’esclave. Ainsi, peut-être, à cause de la tension présente en ce moment et dans ces lieux bien particuliers, son expression était raide et terne. C’était même au point où l’on pouvait parfaitement la décrire comme n’ayant pas la moindre expression.

Mais il savait bien qu’il ne pourrait pas se taire jusqu’à la fin des temps. Il se devait de lui dire quelque chose tôt ou tard.

Zagan avait ainsi essayé certaines phrases dans sa tête afin de trouver laquelle conviendrait le mieux.

« Ne trouves-tu pas que le ciel est tout simplement magnifique ? »... Non. Ce n’est pas bon. Pas bon du tout.

Il se trouvait actuellement dans une pièce sans fenêtres, et si l’on regardait le plafond, on pouvait voir des chaînes rouillées suspendues à plusieurs dispositifs utilisés pour la torture. D’ailleurs, en passant, le ciel était couvert en ce moment.

Peu importe la façon dont il y réfléchissait, ce n’était pas une chose qu’il pouvait dire. Dans ce cas, que devrait-il exactement dire ?

« Est-ce que mon château te plaît ? » Attends, penses-y plus calmement. N’est-ce pas un château abandonné jonché de cadavres et de dispositifs de sorcellerie et de torture ? Ne dirait-on pas un site pour les exécutions ou un même un lieu tiré des enfers ? Il s’agit de la seule pensée qui me vient à l’esprit quand je pense à l’état de ma demeure.

Il serait plutôt juste de dire qu’en ce moment, il regrettait amèrement qu’il n’eût pas du tout nettoyé l’endroit avant de l’emmener jusqu’ici.

Et puis, cela avait continué jusqu’à ce qu’une demi-heure se soit écoulé depuis son arrivée dans les lieux. Mais la personne qui avait ouvert la bouche en premier... n’avait pas été Zagan.

« Maître. Permettez-moi... une faveur. Est-ce acceptable... que je vous pose une question ? » Il s’agissait d’une voix calme et jolie, semblable à celle d’un carillon.

« ... Quoi ? » Le fait qu’il ait donné une réponse si brusque démontrait clairement que Zagan était sur le point de craquer.

Mais en répondant ainsi, n’est-ce pas comme si j’étais offensé par elle ? Même si elle lui avait finalement parlé d’elle-même, il avait tout foiré. Et alors que Zagan se tordait d’agonie à cause de sa réaction trop brutale, la jeune femme demanda ce qui suivit d’un ton qui indiquait clairement qu’elle ne ressentait rien du tout.

« Comment... allez-vous... me tuer ? »

Zagan avait alors ouvert la bouche en étant totalement choqué par sa demande.

« A-Attends ! P-Pourquoi devrais-je te tuer ? » lui demanda-t-il.

« Euh... ? Ai-je... tort ? » Tout en disant cela, la jeune fille avait regardé les objets suspendus aux murs et au plafond.

Des scies avec du sang séché présent dessus se trouvaient là ainsi que des cercueils en fer possédant de longues aiguilles insérées à l’intérieur. De plus, il y avait également des cisailles de différentes formes et tailles, et beaucoup d’autres dispositifs dangereux sans pareil qui avaient été laissés dans les lieux comme s’il s’agissait de simples décorations.

Il s’agissait uniquement d’appareils de torture laissés par l’ancien propriétaire du château.

Et même en mettant ça de côté, j’ai également laissé le cadavre de l’intrus de ce matin dans le vestibule. Ce n’est pas étonnant qu’elle ait peur..., pensa-t-il.

En y repensant, il avait l’impression que le corps de la jeune fille s’était raidi en voyant ce cadavre. Et bien, c’était normal vu qu’il s’agissait du corps de quelqu’un qui avait rencontré une fin violente en se faisant littéralement exploser la tête.

S’il existait un sorcier amenant une fille dans un endroit aussi flippant et qu’il prétendait d’une manière douce : « Je suis un gentleman. Je ne te ferai rien d’effrayant ». Alors même Zagan commencerait par ne pas vraiment le croire.

De la sueur froide s’était mise à couler le long de sa colonne vertébrale sous la forme de nombreuses gouttes alors qu’il pensait à tout cela.

En regardant dans les yeux de la jeune fille qui semblait avoir perdu tout signe d’espoir, Zagan était incapable de trouver des excuses.

Quant au début de toute cette situation... Eh bien, il s’agissait de quelque chose qui s’était déroulé le matin même de cette journée qui restera à jamais dans la mémoire de Zagan.

***

Chapitre 1 : Le premier amour est une méchante maladie dont tout le monde souffre

Partie 1

À l’aube, un cri strident avait retenti dans une forêt normalement silencieuse.

Les feuillages des arbres très proches les uns des autres s’étendaient au-dessus de la tête tel un plafond de verdure. Il s’agissait d’une forêt où même la lumière du jour ne pouvait percer. Les villes voisines l’appelaient même la Forêt des Perdus et peu de personnes osaient la franchir. Au centre de cette forêt se trouvait un ancien château abandonné couvert de lierre, et selon la rumeur, un sorcier ou un diable y résidait, tuant tout ceux qui osaient s’approcher impunément de son domaine.

Et dans cette étrange forêt, Zagan se promenait en ce moment.

Il s’agissait d’un jeune homme qui allait avoir dix-huit ans cette année. Portant une robe noire à une doublure rouge, il avait des cheveux noirs et des yeux argentés ainsi que de beaux et nobles traits du visage. S’il s’était habillé de façon un peu plus soignée, il pourrait probablement se présenter comme faisant partie de la noblesse sans que l’on puisse prétendre le contraire.

« Meyers, s’il te plaît, arrête ! Reprends tes esprits..., » en jetant un coup d’œil dans la direction de la voix, il pouvait apercevoir une femme se faisant plaquer au sol par un homme habillé de la tenue des Chevaliers Angéliques.

La femme était encore très jeune, et était probablement à l’âge où on l’appellerait encore une jeune fille. Elle avait de beaux cheveux roux comme du cuivre poli et des yeux bleu foncé. Sa peau était blanche, au point où elle semblait presque transparente. En raison des lignes lisses de l’arête de son nez, il pouvait ressentir venant d’elle un certain air de raffinement comme celui d’un noble. Pourtant, l’impression qu’elle donnait en tant que garçon manqué était beaucoup plus forte que tout le reste.

Cependant, même ce visage agréable et vivant était maintenant tordu par la terreur.

Avait-il raison en supposant qu’il s’agissait de la fille d’un noble et de son escorte ? Zagan pensait à de telles choses pendant qu’il marchait vers eux à un rythme détendu, comme s’il était le maître de ses lieux.

Et pendant ce temps, la jeune fille avait résisté avec violence et avait griffé le visage de l’homme qui tentait de la maîtriser.

« Ahh ! » Cependant, celui qui avait pâli sous l’assaut n’était pas l’homme. Après tout, le visage dans lequel les ongles de la fille s’étaient enfoncés... s’était fait arracher sans difficulté.

Sa peau s’était vraiment fissurée, et des morceaux de viande mélangés avec du sang s’égouttaient, au goutte-à-goutte en dessous de lui.

« Ahh..., » en voyant ce spectacle épouvantable, la fille avait poussé un cri de terreur.

Il n’y avait pas de visage derrière la peau qui avait été arrachée. Et comme les oreilles et le nez avaient été arrachés en même temps que la peau du visage, il avait perdu ses pommettes ainsi que tout élément distinctif de sa tête.

Hmm. Donc cet homme est un sorcier, non ? Zagan savait que son propre visage était le prix que cette personne payait pour accéder à une certaine forme particulière de sorcellerie.

Alors que ce visage grotesque était presque collé à elle, à une telle proximité vraiment inquiétante, les dents de la pitoyable jeune fille claquèrent en tremblant.

À ce moment-là, l’homme avait dégainé un couteau se trouvant avant ça à sa taille, puis il l’avait glissé sur la poitrine de la fille comme s’il la frôlait.

« Ah ! » Avec un léger froissement, sa chemise avait été coupée et ses seins avaient été exposés à la vue de tous. Il était facile d’imaginer ce qui se passerait du côté de la fille.

Puis, fixant la jeune femme, qui n’était plus capable de faire entendre sa voix en raison de sa honte et de sa terreur, l’homme avait ri d’un rire grossier.

« Haha, ne me fais-tu pas là une tête si stimulante ? Mais désolé de te décevoir, car je n’ai nullement l’intention de te violer comme tu sembles l’espérer. Tu vois, une vierge possède beaucoup de valeur pour un sorcier, » déclara l’homme.

— Je ne souillerais pas ton corps — en entendant ses intentions, l’expression de la jeune fille avait affiché des signes de soulagement, mais cela n’avait duré qu’un instant.

Cependant, ce que la jeune fille ne savait pas, c’est que ce qu’elle allait vivre était quelque chose de beaucoup plus répugnant que d’être souillée par un homme.

« La peau du visage d’une vierge, qui a été retirée alors qu’elle est encore vivante, est... un excellent médium pour ma sorcellerie. Tu me feras plaisir en ne mourant pas trop vite, compris ? » Les morceaux de viande tombés au sol se reflétaient dans les yeux de la jeune fille.

« N-Non... NOOOOOOOOOOOOOOOOOONN ! » en voyant la fille crier, l’homme avait souri comme si son humeur devenait de plus en plus joviale.

« D’ailleurs, je ne me lasse jamais d’éplucher le visage d’une jeune et belle femme comme toi. Et détends-toi, car une fois que j’aurai fini de retirer ton visage, je montrerai beaucoup d’amour à ton corps comme tu sembles le vouloir ! Hihyahyahya ! » C’était à ce moment-là que Zagan était arrivé pile derrière l’homme sans avoir produit le moindre bruit jusqu’à maintenant.

Quasi instantanément, il avait saisi la tête de l’homme comme un aigle attrapant quelque chose avec l’une de ses serres, puis il avait facilement soulevé l’homme d’une seule main comme s’il était léger.

« E-Euh... ? » Après avoir retiré le couteau qu’il avait appuyé contre le visage de la jeune fille, l’homme avait libéré une voix vraiment pitoyable.

« Qui diable êtes-vous !? » Le sorcier ne semblait pas comprendre la situation dans laquelle il se trouvait, et Zagan avait été immédiatement exaspéré face à cet homme en colère.

« Je te retourne la pareille. Je m’en fiche que tu la violes ou que tu la tortures. Mais là, tu viens t’amuser dans le domaine de quelqu’un d’autre... Alors même que j’allais faire une sieste, je suis maintenant bien réveillé à cause de toi, » dérangé lors de sa sieste... Le fait d’entendre ces paroles, qui n’avaient pas montré le moindre soupçon de pitié envers la situation de la jeune fille, avait choqué l’homme, mais également la jeune fille.

Alors que le château abandonné se trouvait en son centre, toute cette forêt était le domaine de Zagan. Il était à noter que personne ne pourrait vaincre Zagan alors qu’il se trouvait ici.

Et précisément parce qu’il était un sorcier, l’homme avait au moins compris la signification particulière derrière ces paroles. Il avait immédiatement jeté son couteau et avait levé les deux mains en signe de paix.

« Attendez ! N’êtes-vous pas un sorcier tout comme moi ? Même si vous me tuez, vous n’aurez rien à gagner. Si vous me laissez partir, je vous donnerai les résultats de mes recherches ! » Il suppliait pour sa vie. De plus, il était dans une situation où il était même d’accord de lui donner la totalité de tous ses biens pour ainsi garder sa vie.

Pour un sorcier, ses recherches équivalaient à son propre pouvoir. C’était vraiment le cas, car en s’emparant des connaissances, on pouvait accéder à beaucoup plus de sorcellerie de plus en plus puissante et ainsi être soit même plus puissant.

Et malgré cela, Zagan avait regardé l’homme avec des yeux suspicieux avant de lui parler comme s’il lui crachait dessus.

« Parles-tu de cette sorcellerie merdique qui ne peut être utilisée qu’en épluchant de la peau fraîche ? Je n’en ai nullement besoin. » Et à l’instant suivant, la tête de l’homme avait littéralement explosé comme un fruit écrasé.

« ... Ah, finalement, j’y suis allé et j’en ai fini de lui, » murmura-t-il. Le corps de l’homme était toujours positionné à cheval sur la fille. Mais comme sa tête venait d’être littéralement écrasée, les morceaux de viande et de sang avaient été pulvérisés sans cesse sur elle.

Après avoir été complètement ensanglantée, la jeune fille avait perdu connaissance. Si elle se réveillait un jour, elle porterait probablement en elle un ou deux traumatismes mentaux à la suite de ce spectacle vraiment désagréable.

Et comme on pouvait s’y attendre de lui, le fait d’affecter si négativement une si jeune fille avait laissé un sentiment de culpabilité dans la poitrine de Zagan.

— B-Bon sang. C-Calme-toi. Je suis un sorcier. Je peux restaurer assez facilement un truc si trivial, pensa-t-il.

Si tous les restes de sang avaient disparu à son réveil, la fille pourrait probablement finir par oublier tout cela comme s’il ne s’agissait que d’un mauvais rêve.

Tandis que Zagan respirait profondément afin de calmer ses nerfs, il leva l’index et commença à le faire tourner.

« Anneau du Flux, » après avoir dit cela à haute voix, un grand cercle s’était propagé sur le sol. Il s’agissait d’un cercle magique conçu avec délicatesse avec des lettres et des chiffres. Et comme si le temps revenait en arrière, tout le sang et la chair qui étaient éclaboussés sur le corps de la jeune fille s’étaient retirés d’elle et étaient retournés sur le cadavre du sorcier. Bien sûr, cela s’appliquait également au sang qui était présent sur la main de Zagan.

Il s’agissait de la sorcellerie en plein travail et c’était quelque chose que l’on utilisait en traçant un cercle magique. Et à l’intérieur de ceux-ci, un sorcier était capable de manifester des phénomènes qui ignoraient complètement les lois physiques comme il le jugeait bon. En observant le processus de fabrication et le déroulement du sortilège en lui-même, la différence de pouvoir individuel et de capacité était clairement mise en évidence.

Il y avait aussi une méthode permettant d’omettre l’étape de devoir tracer un cercle magique en déclarant sa signification du sortilège. En ce moment, la même chose était en train d’être faite.

Alors que cette sorcellerie n’avait été lancée qu’une seule fois afin de rassembler tout fragment pour que cela redevienne qu’un seul objet, la masse de viande qui se rassemblait à nouveau en une boule rougeâtre là où la tête manquait s’était immédiatement émiettée en morceaux après la fin du sort.

Mais alors même que c’était arrivé, le corps et les vêtements déchirés de la jeune fille étaient redevenus dans leur précédent état. Puis, regardant encore une fois son visage, Zagan avait poussé un profond soupir.

Quelle beauté, hein ? Et c’est alors qu’il remarqua qu’un pendentif pendait le long de son cou.

« ... Une croix ? Wôw, elle vient donc de l’Église ? » Par Église, il se référait aux apôtres du dieu autoproclamé qui en voulait aux sorciers, ainsi qu’à l’Ordre des Chevaliers qui exécutait leur justice.

Le terme « Chevalier » était à l’origine un titre qui identifiait les soldats qui se consacraient loyalement à un roi, mais ils étaient incapables de s’opposer au pouvoir d’un sorcier. Cependant, l’Église possédait des pouvoirs qui pouvaient s’opposer aux sorciers. Ils disaient qu’il s’agissait des Miracles de Dieu.

Ceux qui se battaient contre les sorciers n’étaient donc pas les chevaliers qui servaient la famille royale, mais les Chevaliers Angéliques de l’Église. Et avant que personne ne s’en rende compte, le mot chevalier avait fini par n’identifier que les membres de l’Église.

En d’autres termes, l’Église était l’ennemi juré des sorciers.

Qu’est-ce que je fais maintenant... ? J’ai l’impression qu’ils vont penser que je suis le coupable si je laisse les choses dans cet état..., pensa-t-il.

Pour l’instant, Zagan avait véritablement sauvé cette fille, mais l’autre partie ne verrait probablement tout cela que comme une querelle entre deux sorciers maléfiques. De plus, il avait fini par l’arroser avec une douche sanglante.

Même si elle se réveillait, il serait probablement très difficile de dissiper le malentendu. Cependant, d’une façon ou d’une autre, tuer la fille qu’il avait sauvée lui laisserait un arrière-goût fort désagréable.

« ... Bon, peu importe, » après s’être un peu inquiété de la situation, Zagan avait décidé de la transporter dehors.

S’il l’abandonnait sur la route principale qui s’étendait à côté de la forêt, quelqu’un la trouverait probablement. Si, par hasard, une personne malveillante finissait par la trouver et lui causait d’autres préjudices, cela signifiait simplement qu’elle n’avait pas de chance. Il n’avait aucune obligation de s’occuper d’elle jusqu’à ce point.

Zagan tapota légèrement sa semelle contre le sol. Et alors, un autre cercle magique, différent de celui d’avant, avait été tracé autour du corps de la fille.

Il s’agissait d’un cercle magique de téléportation qui se connectait à l’extérieur du territoire de Zagan.

Cependant, avant que la fille puisse être téléportée, quelque chose était apparu de l’autre côté du cercle magique.

« Tch ? » Les yeux de Zagan s’étaient légèrement ouverts plus grand.

Mon cercle magique... a-t-il été détourné ? Se demanda Zagan.

Pour se préparer à faire face des intrus, Zagan avait mis en place de nombreux cercles magiques dans son propre château et sur les terres qui l’entouraient.

Il s’agissait de ce que les sorciers appelaient une barrière même si en vérité, il s’agissait d’un empilement de nombreux sorts.

Cette barrière lui permettait de l’informer de l’emplacement des intrus, et tout cela avait été également préparé dans le but de capturer lesdits intrus. Il y avait également des sortilèges placés dans la barrière qui atténuaient les pouvoirs de tous les sorciers autres que lui. Et, il existait également des enchantements qui fortifiaient son propre pouvoir tant qu’il se tenait dans ces lieux.

En d’autres termes, tout et n’importe quoi à l’intérieur de cette zone se trouvaient dans le domaine de Zagan, où il régnait en maître.

Ainsi, le détournement d’un cercle magique à l’intérieur n’était pas un exploit que n’importe quel vieux sorcier pouvait accomplir. Il s’agissait d’un intrus d’un talent extraordinaire, et pourtant, la réaction de Zagan était restée insouciante.

« N’utilise pas le cercle magique de quelqu’un comme tu le veux, Barbatos, » ce qui était apparu devant lui était un jeune homme grand et mince.

Il semblait avoir une vingtaine d’années, soit environ deux ou trois ans de plus que Zagan et il était un peu plus grand. Cependant, il existait de profondes ombres qui s’étendaient autour de ses yeux. Il portait une robe qui se prolongeait dans un capuchon placé sur sa tête, et l’on pouvait également voir plusieurs amulettes suspendues à son cou.

En ajoutant le fait qu’il avait franchi la barrière, Zagan savait déjà que cet homme possédait un pouvoir extraordinaire.

« Yo, Zagan. Je vois que tu as comme toujours ce regard malsain, » déclara Barbatos.

« Si on parle d’apparence malsaine, n’est-ce pas la même chose pour toi, Barbatos ? » lui répliqua Zagan.

Parmi les sorciers, il était celui qui s’immiscerait effrontément dans le domaine de Zagan. De plus, il était aussi le seul et unique ami indésirable de Zagan.

« Et n’utilise pas mon cercle magique comme il te plaît, » déclara Zagan.

« Si je ne le faisais pas, comment pourrais-je me téléporter jusqu’ici ? » lui demanda Barbatos.

Le pouvoir d’un sorcier était, en bref, celui des cercles magiques. Cet homme avait fait sien le cercle magique de Zagan et il avait ainsi été capable de s’immiscer dans le domaine de Zagan. C’était quelque chose de beaucoup plus difficile à faire qu’il n’y paraît.

Même si ce domaine était avantageux pour Zagan, il n’était pas sûr qu’il serait capable de gagner contre cet homme dans une bataille frontale. Il était tout simplement ce genre de sorcier.

Barbatos avait alors regardé la fille inconsciente et le cadavre qui était étendu à côté d’elle, et avait plissé ses yeux.

« Qu’est-ce que c’est ? Étais-tu au milieu d’une fête ? » lui demanda Barbatos.

« Tout ce que j’ai fait, c’est de donner une légère punition à un mécréant qui batifolait dans mon jardin, » répliqua Zagan.

« Heehee, comme si tu pouvais parler ainsi, » les sorciers étaient tous de méchantes personnes. Tout ce qui les intéressait était après tout d’accumuler ce qui leur servait pour en faire leur propre pouvoir, et ils trouvaient peu de valeur dans la vie des autres ou dans n’importe quelle fortune. S’ils le trouvaient nécessaire, ils ne se culpabiliseraient pas non plus en volant ce dont ils avaient besoin, sans penser aux conséquences pour les autres.

Même si Zagan avait tout à l’heure sauvé la jeune fille, ce n’était pas en raison de sa vertu, mais simplement parce qu’il ne s’intéressait pas à ce qui se passait autour de lui.

Barbatos avait continué à fixer la fille. « Hoo, cette fille... elle possède une grosse quantité de mana, non ? Vas-tu l’utiliser comme un sacrifice ou un autre truc que tu as prévu ? »

« Ce n’est pas dans mes habitudes d’utiliser la sorcellerie qui exige des sacrifices, je déteste ça et tu le sais bien, » en disant cela, Zagan tapota une fois de plus la plante de son pied contre le sol.

Une faible lumière enveloppa le corps de la jeune fille, et elle disparut aussitôt. Cette fois, elle aurait dû être transportée avec succès à l’extérieur du domaine de Zagan.

« Quel gâchis ! Tu aurais dû me la donner si tu ne voulais pas d’elle, » déclara Barbatos.

« Ne kidnappe pas des personnes lorsqu’elles sont présentes dans mon domaine. Car sinon je serai traité comme étant le coupable, » déclara Zagan.

« Heehee, ça a l’air sympa. Je suppose que je le ferai la prochaine fois, » déclara Barbatos.

« ... Si tu fais ça, alors je ferais sauter ton repaire, compris ? » Cet homme était vraiment susceptible de le faire, et Zagan l’avait vu grincer des dents avec une lueur dangereuse dans les yeux.

 

 

Cependant, même cela n’avait duré que quelques secondes, et Zagan avait laissé sortir un bâillement.

« Hé, qu’est-ce que c’est que ça ? Tu as l’air vraiment somnolent, » déclara Barbatos.

« J’ai été absorbé par la lecture de livres sur la sorcellerie pendant toute la nuit. Je vais donc aller dormir. Si tu as besoin de quelque chose, reviens donc plus tard, » déclara Zagan.

« Wôw, tu n’as pas à te soucier de quelque chose comme la somnolence si tu t’amuses un peu avec l’adrénaline présente dans ton cerveau, non ? Comme je suis venu te rendre visite, ne dis rien avec tant de froideur, » déclara Barbatos.

« C’est précisément parce que tu fais ce genre de choses que tu as l’air si malsain, » les sorciers étaient ceux qui avaient consacré toute leur vie à la recherche sur la sorcellerie en visant toujours à surpasser l’humanité.

Ils vivaient précisément pour pouvoir faire des recherches sur la sorcellerie. C’est pourquoi les sorciers avaient commencé par étudier comment manipuler en profondeur leur propre chair et leur sang. Cependant, ce n’était pas seulement quelque chose de simple comme augmenter leur force physique. Il s’agissait de la base de la sorcellerie de manipuler l’intérieur de leur propre corps au niveau cellulaire. Pour cette raison même, les sorciers étaient très éloignés des questions telles que la maladie et la durée de vie.

Après être arrivé à ce stade, on pouvait finalement se nommer sorcier.

Cependant, s’ils n’avaient pas d’eau ou de nourriture, ils mourraient de faim ou de soif. Ils pouvaient escroquer la question du besoin de sommeil, mais ils ne pouvaient pas s’en débarrasser complètement. Et ainsi, le résultat de ces actes avait été les caractéristiques faciales que Barbatos possédait en ce moment.

C’est pourquoi Zagan n’avait pas vraiment utilisé de sorcellerie pour régler ses problèmes de sommeil.

Barbatos avait ri comme s’il trouvait la notion étrange.

« Ne dis pas ça. Je suis venu avec une histoire intéressante pour toi, » malgré un front maladif, Barbatos avait placé son bras autour de Zagan d’une manière amicale.

« Une histoire intéressante ? » Tout en repoussant le bras de son ami irritant, Zagan posa cette question en réaction.

Un sourire était alors apparu sur le visage maigre de Barbatos.

« Bien sûr que oui. Tu sais qu’un des Archidémons, Marchosias est mort récemment, non ? » En entendant ce nom, les yeux de Zagan s’étaient ouverts en grand.

Le terme Archidémon n’était pas donné au roi des monstres comme dans les contes de fées. À la place, il s’agissait du nom donné aux maîtres de la sorcellerie qui se tenaient à son sommet de leur art.

En plus de ce titre, ils recevaient une énorme quantité de mana et étaient capables de soumettre les sorciers de rang inférieur en tant que serviteurs. Il s’agissait du point culminant représentant tout le pouvoir et l’autorité que les sorciers désiraient tant.

À l’origine, il y avait treize « Archidémons », mais l’un d’eux, âgé de plus de mille ans, avait finalement rendu son dernier souffle. Même s’ils utilisaient la sorcellerie pour prolonger leur durée de vie, il semblerait que mille ans soient une limite absolue.

Lorsqu’il s’agissait de nouvelles concernant les Archidémons, même Zagan ne pouvait les ignorer.

« Oh ? Qu’est-ce que c’est ? Tu fais une tête comme si tu voulais en entendre parler, tu sais ? Non, attends un peu. Tu as dit que tu voulais dormir, n’est-ce pas ? Hmmm, bien que ce soit malheureux, je ne veux vraiment pas encourir ta colère ici, » déclara Barbatos.

« Arrête de prendre des airs et dis-le-moi, » déclara Zagan.

« ... Mec, tu es le même trou du cul insociable que d’habitude, » après avoir poussé un soupir déconcerté, Barbatos avait continué à parler.

« Il y a une ville appelée Kianoides, la connais-tu ? Elle est présente dans le domaine de Marchosias, et il y a une énorme vente aux enchères qui s’ouvre là-bas. Tu peux tout trouver. Des biens légaux jusqu’aux trucs plus illégaux sont vendus là-bas, » expliqua Barbatos.

« Ne veux-tu pas dire que…, » le son provoqué par la déglutition de Zagan avait retenti.

« C’est exactement ça ! Je suis sûr qu’il se trouvera là-bas. Je parle de l’héritage de l’Archidémon, » déclara Barbatos.

Cela semble vraiment louche, tel fut la première pensée qui vint dans l’esprit de Zagan.

Cependant, l’Archidémon Marchosias avait plus de mille ans. Même si Barbatos l’appelait simplement son héritage, cela n’était probablement pas limité à une ou deux babioles. Il s’agissait de la raison pour laquelle le fait d’y voir quelques objets ne semblait pas si improbable que ça.

Barbatos avait ensuite donné un coup de coude à Zagan.

« Alors, écoute ! Tu devrais aussi venir. Si tu veux, je te laisserais choisir une ou deux femmes. Et aussi, comment dire... tant qu’on y est, ça m’aiderait si tu pouvais un peu m’aider. Est-ce que tu me comprends ? » En disant cela, Barbatos avait imité la forme d’une pièce de monnaie avec deux de ses doigts.

En d’autres termes, il semblait qu’il n’avait pas les fonds nécessaires pour participer à la vente aux enchères.

Et bien qu’il avait poussé un soupir, Zagan ne l’avait pas rejeté. « Si c’est le cas, je prendrai pour moi son héritage, comprends-tu ça ? »

« Hé, franchement ? C’est moi qui t’en ai parlé, » répliqua Barbatos.

« Si tu n’aimes pas ça, alors essaye d’aller voir quelqu’un d’autre, » déclara Zagan.

« Il n’y a aucune chance qu’il y ait un autre sorcier qui me prêterait l’or, non ? » Tandis que Barbatos s’accrochait à lui au bord des larmes, Zagan avait fini par le suivre jusqu’à la vente aux enchères.

Cependant, une pensée avait traversé l’esprit de Zagan.

Des femmes... c’est vrai, pensa-t-il.

Zagan était également un homme. Ce n’était pas comme s’il ne s’intéressait pas au corps féminin.

En vérité, une jeune fille était même venue jusqu’à chez lui il y a peu de temps de ça.

Néanmoins, plutôt que de ressentir le charme de cette scène emplie des attentes normales venant d’une femme, l’impression que tout cela était trop gênant était beaucoup plus prononcée en lui.

Il y avait aussi la manière d’agir en les traitant comme un outil. Mais dans ce cas, il s’était dit qu’il valait mieux utiliser un dispositif de sorcellerie qui accomplissait ce rôle qui lui avait été donné précédemment sans qu’il soit nécessaire d’ouvrir la bouche.

Ce n’était pas comme s’il n’avait aucun désir d’être aimé, mais penser à la façon dont il devait faire en sorte que l’autre partie se sente bien avec lui était tout simplement trop gênant dans son esprit.

Plutôt que les charmes du corps, c’était tous les démérites possibles produits par l’accomplissement de ce désir qui flottaient dans son esprit. C’est pourquoi Zagan ne connaissait pas de femmes jusqu’à ce jour.

Plus important encore, si les humains ne sont pas assez forts, ils mourront tout de suite, pensa-t-il.

Peu importe ce qui avait été fait à un faible humain, ils ne pouvaient pas s’en plaindre.

S’ils voulaient se protéger, ils devaient devenir forts.

C’est pourquoi... Zagan était devenu un sorcier par pure volonté dès l’âge de huit ans.

... Eh bien, même si un sorcier aussi distant s’était donné des airs, ses pensées sur le sujet n’étaient vraies que jusqu’à ce point.

***

Partie 2

Kianoides se trouvait être une ville à canaux.

Avec des ramifications qui s’étendaient dans les quatre directions du continent, il s’agissait d’une cité qui devait sa prospérité au transport de biens en utilisant des bateaux qui circulaient le long de ses nombreux canaux. Non seulement de la marchandise, mais même diverses races s’étaient rassemblées en ce lieu afin de commercer.

Mis à part les humains, il y avait des thérianthropes qui possédaient des crocs et de la fourrure tels ceux des bêtes. Il y avait également des hommes-oiseaux qui possédaient des ailes sur leur dos. De plus, des nains étaient présents, et malgré leur corps rude de petite taille, ils s’enorgueillissaient d’être les artisans pouvant créer les bijoux les plus finement détaillés.

Chacune de ces races arborait leurs propres armoiries sur leurs voiliers, et même le vent qui soufflait sur les canaux ne pouvait pas gommer l’odeur de la terre qui se soulevait lors de leurs agitations. Dans ce pays, il s’agissait de l’une des villes les plus tape-à-l’œil qu’on puisse trouver. On avait même dit dans le passé qu’au cours d’une seule journée, plus d’un million de personnes transitaient par ce lieu, vacant à leurs occupations.

Et dans cette ville même, on pouvait voir ici et là des files d’individus contenant de nombreuses personnes portant des colliers autour du cou avec des chaînes qui leur étaient reliées.

Des esclaves.

Parmi eux, il y avait des humains, mais aussi des individus provenant d’autres races. Celui qui les dirigeait n’était pas nécessairement un humain. Il y avait par exemple un nain qui frappait avec une canne un homme de grande taille issu de la race humaine, et il y avait également une belle femme-oiseau qui les observait. On pouvait également voir un peu plus loin de là un thérianthrope buvant du lait dans une assiette laissée sur le sol tel un chien.

Une partie de ces individus allait pour ainsi dire être vendue aux enchères comme de simples marchandises.

La différence entre ceux qui étaient et ceux qui n’étaient pas esclaves n’était qu’au niveau de la différence de richesse et de pouvoir, ou selon certain, s’ils avaient eu de la chance ou non dans leur vie.

Et parce que Zagan ne voulait pas finir ainsi, depuis qu’il était très jeune, il cherchait désespérément le pouvoir pour éviter ça. C’est pourquoi aucun sentiment de sympathie n’avait surgi en lui en les voyant.

Finalement, Zagan avait murmuré quelque chose d’étrange pour lui-même. « Je sens... un étrange picotement dans l’air. » C’était l’atmosphère même de la ville qui lui faisait ressentir cette sensation.

Ce n’était pas la première fois qu’il venait à Kianoides, mais des Chevaliers Angéliques de l’Église patrouillaient ici et là, bien plus qu’en temps normal. C’était comme si les habitants de la ville avaient peur de quelque chose, et que l’air était rempli d’une sorte d’indignation, comme s’il y avait là une présence qui n’était pas à sa place, et que quelque chose couvait ici.

Barbatos avait ri à haute voix en entendant ses paroles comme s’il trouvait cela agréable. « On dirait que des idiots n’ont rassemblé que de jeunes femmes pour faire des expériences de sorcellerie. »

« Pour des sacrifices ? C’est comme s’ils marchaient sur la glace trop fine, hein ? » Si l’on utilisait un sacrifice, il était possible d’effectuer certaines sortes de sorcellerie qui ne s’activerait pas qu’avec leur propre pouvoir. En tant que catalyseur de la sorcellerie, c’était assez courant de les utiliser pour ainsi augmenter temporairement la puissance de sa magie.

Cependant, pour obtenir de tels sacrifices, il fallait acheter des esclaves ou enlever des enfants dont l’identité était complètement inconnue. Et donc au minimum, il fallait couvrir ses traces afin d’éviter au maximum les répercussions.

Zagan ne pouvait pas comprendre la signification derrière le fait d’enlever des filles ordinaires, tout en bravant les dangers d’attirer l’attention de l’Église. C’était comme s’ils cherchaient la bagarre avec l’Église elle-même.

Barbatos haussa légèrement les épaules. « Qui sait ? Lorsqu’on commence à s’imposer à soi-même tant de restrictions quant au choix, tel que leur âge et tout ça, il n’est pas étonnant qu’il n’y ait que des filles kidnappées, n’est-ce pas ? »

« Ont-ils l’intention d’invoquer un Démon ou alors, est-ce quelque chose d’équivalent ? » lui demanda Zagan.

Le terme « Démon » était le nom donné à un monstre à cornes et ailé qui apparaissait dans les contes. Il n’était pas certain que quelque chose comme ça puisse réellement exister et rien ne l’avait mise en existence, mais il existait des traces de « quelque chose » liées aux dieux et aux démons qui pouvaient être trouvées ici et là dans ce monde.

***

Si une telle chose devait être convoquée, alors un rituel comme celui dont parlait Barbatos serait nécessaire. Cependant, Zagan croyait que ce n’était rien de plus qu’un rêve un peu fou.

Tandis qu’il faisait une expression exaspérée, Barbatos continuait à rire de plaisir. « Ça me rappelle d’un truc, Zagan. Est-ce que tu savais que tu fais partie de la liste des suspects ? »

« Comme c’est stupide. La sorcellerie qui exige un sacrifice est inutile dans les moments d’urgence, non ? » lui demanda Zagan en réponse.

« Hehe, Hahaha, sans blague. En fait, il n’y aura jamais de compagnons bizarres qui t’accompagneraient tellement tu es indigeste, » après que l’autre ait dit ça, Zagan avait involontairement affaissé ses épaules.

Eh bien, ce n’est pas comme si j’avais besoin de compagnons, pensa-t-il.

Il avait l’habitude d’être seul. Il y était habitué depuis très longtemps déjà. Et bien qu’ils parlaient de telles choses, l’objectif de ces sorciers n’était pas de faire du tourisme.

Barbatos avait guidé Zagan jusqu’à un endroit se trouvant sous les fondations de la ville. Cet endroit souterrain était une ancienne ruine et cela devait probablement avoir été une arène ou une bâtisse similaire, qui avait été abandonnée depuis des lustres, et qui avait maintenant vu une partie de son architecture qui avait été réparée. C’était un endroit où l’on faisait des transactions pour des biens qui ne pouvaient pas être vendus à la surface.

Le lieu de la vente aux enchères se trouvait dans une partie de l’arène en elle-même. En utilisant la zone circulaire comme scène pour les ventes, les sièges des invités étaient alignés tout autour de la scène. Il semblait que la vente aux enchères avait déjà commencé, et le son de plusieurs voix criant des numéros résonnait déjà ici et là.

Le seul endroit qui était éclairé se trouvait être la scène elle-même, et aucune bougie n’était en place parmi les sièges des invités. Il ne s’agissait pas d’un acte hostile, mais plutôt d’un acte de considération pour que les invités ne puissent pas voir le visage des autres personnes présentes.

... Ça n’avait pas beaucoup de sens pour un sorcier.

Tandis qu’ils s’installaient sur leurs sièges, vérifiant ce qui se trouvait autour, Barbatos s’était mis à siffler.

« He, regarde, Zagan. La “Lame Noire” Kimaris, et là-bas se trouve l’“Enchanteresse” Gremory. De plus, nous avons même Valefor, l’“Apparition” de ce côté-là. » Avec les lumières toujours éteintes, il était naturel pour tous ceux qui se nommaient sorciers d’utiliser au moins la sorcellerie pour que leurs yeux fonctionnent bien dans l’obscurité.

Tandis que Zagan regardait dans les directions que Barbatos indiquait, il aperçut plusieurs ombres revêtues d’une extraordinaire aura.

Zagan ne les connaissait pas, mais ils étaient tous des sorciers bien connus. Les humains étaient la race la plus commune, mais parmi ceux qui étaient présents, il y avait également ceux issus d’autres races. La Lame Noire, Kimaris était un thérianthrope avec une fière crinière. L’Apparition, Valefor cachait tout son corps avec une robe, un capuchon et un masque, donc sa race était inconnue.

La Lame Noire, et d’autres surnoms de ce genre étaient les deuxièmes noms des sorciers. On pourrait même dire que c’étaient leurs titres. C’était quelque chose qui avait été conféré à un sorcier après avoir acquis un certain degré de pouvoir.

Le plus célèbre était probablement le deuxième nom de l’Archidémon Marchosias, qui était « l’Aîné ». Même Barbatos était connu sous le nom de « Purgatoire ».

Zagan était aussi un sorcier assez bien connu, mais il n’avait pas encore reçu de surnom.

C’était probablement en partie parce qu’il était encore jeune avec son âge de dix-huit ans, mais la raison la plus importante était que celui qui supervisait tous ceux de la région, l’Archidémon Marchosias, était décédé. Il s’agissait de l’un des rôles de l’Archidémon d’attribuer un surnom, mais il avait péri avant d’avoir eu le temps d’en accorder un à Zagan.

Bref, un surnom était la preuve de son pouvoir.

Bien qu’ils soient des étrangers pour lui, Zagan était légèrement intéressé par les sorciers qui possédaient un surnom.

« Sont-ils forts ? » demanda Zagan.

« Extrêmement fort. Comme toi et moi, ce sont toutes des personnes qui se présentent comme candidats pour être le prochain Archidémon, » actuellement, en raison de la disparition de Marchosias, il n’y avait qu’un seul siège vacant parmi les Archidémons.

Il y avait en ce moment des discussions parmi les Archidémons restants sur la façon de remplir ce siège, mais ce serait probablement l’un des sorciers recommandés qui possédaient assez de pouvoir qui serait choisi après de longues délibérations.

« Mec, si même ces types sont là, il semble que ce que je te disais sur l’héritage est quelque chose de vrai, non ? » lui demanda Barbatos.

« Je l’espère bien, » si ce n’était pas le cas, cela n’aurait servi à rien de mettre de côté son sommeil tant désiré.

Et même pendant que tout cela se passait, la vente aux enchères se poursuivait.

« À vous tous qui êtes réunis ici aujourd’hui. Le lot suivant sera le dernier de la journée. Il s’agit également notre plus important ! » En écoutant la voix de l’animateur, Barbatos s’était penché vers l’avant en raison de l’excitation.

« Eh bien, on dirait qu’il est temps, Zagan, » déclara Barbatos.

« Ouais, » il ne savait pas encore avec certitude s’il y avait vraiment quelque chose comme l’héritage d’Archidémon ici, mais c’était maintenant le moment où la vente clef était au centre de la scène.

Et ce qui avait fini par monter sur scène... était une personne de petite taille avec un capuchon couvrant sa tête. Un manteau s’étendait jusqu’à ses pieds, de sorte que même sa race était encore inconnue. Elle n’était pas aussi petite qu’un nain, mais si elle était d’une autre race, elle aurait certainement la taille d’un enfant.

Quant à l’héritage en question, la personne à capuchon y était-elle liée ? Comme toutes les personnes présentes dans la salle avaient concentré leur attention sur cette silhouette, l’animateur avait commencé à expliquer.

« Ce que nous avons ici, c’est de la marchandise qui devait à l’origine être livrée à Archidémon Marchosias. Cependant, avant son arrivée, Marchosias a péri et étant donné les circonstances, la marchandise non livrée en question nous a été retournée. » En entendant ces mots, Barbatos avait grimacé.

« Ce n’est donc pas son héritage, n’est-ce pas ? » demanda Barbatos.

« C’est dans ce cas probablement l’un de ses catalyseurs, » lui répondit Zagan.

Dans la sorcellerie, il y avait plus que le fait d’invoquer la sorcellerie ou de tracer un cercle magique ou encore d’incanter un sort. En vérité, il y avait vraiment de nombreuses occasions où des accessoires étaient également utilisés. Cela pouvait s’agir de l’encre utilisée pour tracer le cercle magique, aux bijoux portés par le sorcier, ou même de l’aide offerte par un sacrifice afin de renforcer le pouvoir de la sorcellerie utilisé par le sorcier.

De tels outils étaient appelés catalyseurs, mais leur qualité différente démontrait une différence de pouvoir.

Il était malheureux que ce ne soit pas l’héritage, mais l’intérêt de Zagan avait été attiré par le fait qu’il s’agissait d’un catalyseur choisi en personne par l’Archidémon.

Peu de temps après ça, le manteau avait été retiré de la silhouette présente dans son champ de vision. Et ce qui avait été révélé... était une charmante fille avec de longues oreilles pointues.

Il le savait d’un seul coup d’œil. Elle appartenait à la légendaire race qui vivait dans le Norden, une terre où personne ne pourrait mettre les pieds. Oui, c’était une elfe.

Elle possédait des cheveux blancs comme la neige qui s’étendaient jusqu’à la taille, et un ruban d’un cramoisi profond les ornait. Son petit visage présentait de grands yeux azurés qui ressemblaient au ciel d’été, et ses lèvres étaient d’un rose modérément pâle. Une robe blanche recouvrait ses membres délicats, et elle présentait l’apparence qui ferait immédiatement penser à la fille d’un noble.

Cependant, des menottes se trouvaient autour de ses mains et de ses pieds, et un collier qui scellait le mana avait été placé autour de son cou.

En regardant les yeux de cette fille, Zagan avait senti son cœur bondir. Il avait ressenti une sensation étrange qui était allée de la pointe de ses orteils jusqu’au sommet de sa tête.

Ternes... et ses yeux semblaient vides.

Ses yeux étaient de ceux qui ne reflétaient rien, ne pensaient à rien. Il s’agissait de ceux de quelqu’un qui avait tout abandonné quant à leur avenir.

Et pourtant, pour une raison inconnue, Zagan n’avait pas pu détourner son regard de là.

« Il s’agit d’un membre de la race légendaire, une elfe qui a été capturée dans le Norden ! Non seulement ça, mais, comme vous pouvez le voir, elle possède les cheveux blancs. Ils n’ont pas été teints. Il s’agit donc d’une elfe aux cheveux naturellement blancs ! » Mais au lieu de dire qu’ils étaient des êtres de chairs, on disait que les elfes étaient plus proches de quelque chose de divin ou spirituel.

Et, quelle que soit l’espèce, les individus aux cheveux blancs étaient des spécimens anormaux, dont beaucoup possédaient des quantités extraordinaires de mana en eux.

L’utilisation d’un elfe aux cheveux blancs comme sacrifice permettrait d’atteindre le pouvoir digne d’un « Archidémon ».

Alors que l’hôte tournait autour de l’elfe, il avait pris ses cheveux de façon fluide avec ses doigts.

« Non seulement cela, mais même en tant que femme, elle est tout à fait agréable à contempler, si bien qu’en plus d’être utilisable comme sacrifice pour la sorcellerie, elle possède également une valeur extrêmement élevée en tant qu’animal de compagnie. Que vous la taquiniez ou la mordiez, c’est à votre entière discrétion, mes chers clients ! » Le vendeur avait ensuite fait une déclaration à haute voix.

« Sans plus attendre, l’enchère commencera à dix mille..., » déclara-t-il.

« Un million, » avant même qu’il ne s’en rende compte, Zagan avait fait cette proclamation.

Qu’est-ce que c’est que cette douleur violente dans ma poitrine ? se demanda-t-il.

Adorable... Était-ce correct d’utiliser cette expression ?

Il voulait sauver la fille elfe qui se tenait là. Il voulait la voir sourire. Et puis, il voulait aussi pouvoir toucher sa peau.

De telles impulsions que Zagan n’avait jamais ressenties auparavant s’agitaient en lui telle une tempête.

 

 

Le lieu était devenu complètement silencieux. Et puis, avec un craquement, Barbatos s’était mis à crier en regardant Zagan. « Qu-Qu’est-ce que tu fais, Zagan... !? »

Ce « un million de pièces d’or de Curiothes » représentait toute la fortune de Zagan.

Finalement, le vendeur déconcerté s’était remis de son choc et avait fait entendre sa voix tout en essuyant la sueur sur son front avec un mouchoir.

« Merci beaucoup ! C’est une somme d’argent plutôt magnifique ! Un million ! Y a-t-il quelqu’un qui souhaite surenchérir ? Quelqu’un ? » Comme les sorciers s’immergeaient entièrement dans la recherche de la sorcellerie, ils avaient une forte tendance à accumuler des richesses.

Cependant, peu importe combien ils avaient pu accumuler, un million n’était pas un montant qui revenait trop souvent sur la table. S’il s’agissait de la possession de ce montant, il y en avait plusieurs qui l’avaient, mais s’ils l’utilisaient, ils ne pourraient pas poursuivre leurs recherches. C’était un montant vraiment très élevé.

« Zagan, à quoi penses-tu ? Même si c’est pour une elfe, jeter autant d’argent, c’est un peu..., » commença Barbatos.

« Il y a quelque chose que j’ai toujours voulu, mais je n’ai jamais su ce que c’était. Et finalement, j’ai l’impression de l’avoir trouvée, » sans savoir comment expliquer cette sensation, Zagan avait marmonné cela comme s’il délirait.

Cependant, en regardant ses yeux qui brillaient d’une flamme ardente, il paraissait extrêmement maléfique. Mais il s’agissait de quelque chose à quoi on devait s’attendre lorsqu’il était poussé par son propre désir.

Et comme s’il avait été effrayé par ce qu’il voyait, Barbatos avait écarquillé ses yeux.

« Toi... Quel genre de sorcellerie as-tu l’intention d’utiliser... ? » Barbatos semblait être en plein dans un malentendu.

Cependant, Zagan avait nié en secouant la tête.

« Ce n’est pas ça. Je l’ai peut-être achetée pour autre chose que de la sorcellerie. Je ne peux pas vraiment la décrire, mais c’est quelque chose comme ça, » répondit Zagan.

« Es-tu en train de dire que tu vas obtenir un pouvoir à un niveau différent de la sorcellerie... ? » Il semblait que la façon dont Zagan expliquait cela était encore pire, et Barbatos avait commencé à trembler de peur.

Il s’était rendu compte que s’il continuait à en parler, les fausses idées de Barbatos ne feraient qu’empirer. Et ainsi, Zagan avait souri comme s’il disait qu’il y avait une signification différente, et cela même si cela semblait effrayer Barbatos à mort. Ce qu’il faisait ne ressemblait qu’au sourire du diable.

Avec un bruit sourd, Barbatos s’était laissé tomber sur sa chaise. C’était comme si sa colonne vertébrale avait été retirée de là.

A-t-il encore mal compris ? Comme si la rationalisation de son ami indésirable s’éloignait progressivement, le son du marteau en bois déclarant l’offre gagnante avait retenti dans la salle.

« Félicitations ! L’elfe aux cheveux blancs va au sorcier Zagan ! » Zagan ne se rappelait pas s’être lui-même nommé, mais le commissaire-priseur avait deviné correctement son nom en voyant son visage. Cela démontrait à quel point il était connu dans de tels cercles, mais rien de tout cela n’avait d’importance en ce moment.

Zagan se leva de son siège, puis il laissa tout simplement derrière lui Barbatos qui s’était couché sur le sol. Zagan avait invoqué la sorcellerie du vol.

Sautant par-dessus les sièges des spectateurs, il s’était posé en douceur sur la scène.

Il s’était alors placé devant la jeune fille, mais elle continuait à regarder vers le sol sans lever le visage.

Qu’est-ce que je fais ? Comment dois-je lui parler ? C’était bien de sauter si vigoureusement en avant, mais il n’avait pas eu une seule pensée sur ce qu’il fallait ensuite faire.

Et comme il était soudainement perplexe, le vendeur avait commencé à lui parler d’une voix persuasive. « S’il vous plaît, veuillez nous remettre le paiement. N’est-ce pas une elfe chanceuse d’avoir été acquise aux enchères par le célèbre sorcier Zagan ? D’ailleurs, la robe et le collier de scellement du mana sont des cadeaux. Si jamais vous enlevez le collier, il y a un risque qu’elle s’enfuie, alors, faites attention, s’il vous plaît. »

« D’accord, » Zagan n’écoutait pas vraiment ce que le vendeur avait à dire, mais il avait tout simplement donné une réponse non engageante et agréable.

Va-t-elle au moins me regarder ? Non, je suppose qu’après tout, elle a peur. Au contraire, n’a-t-elle pas vécu une expérience amère pour en arriver là ? Puisqu’elle était une si belle fille, il y avait probablement beaucoup d’expériences répugnantes qu’elle aurait pu vivre. Il y avait aussi le cas de la jeune fille de ce matin, ce qui avait conduit la pensée de Zagan à des endroits plutôt horribles.

Rempli d’anxiété, Zagan avait tendu la main vers le menton de la jeune fille.

Elle avait une peau lisse comme de la soie. Zagan ressentait maintenant le malaise de ne pas savoir s’il allait laisser une marque juste en la touchant.

Néanmoins, il essaya de la toucher aussi doucement qu’il le pouvait, et inclina légèrement le visage de la jeune fille vers le haut.

Ces yeux creux regardaient Zagan.

Un soupir s’était involontairement échappé des lèvres de Zagan. Comme prévu, c’était une fille vraiment adorable.

Cependant, elle ne semblait pas se concentrer sur son environnement. Il se demandait si elle pouvait ou non voir Zagan. Non, avant même de penser ça, il ne pouvait même pas sentir quelque chose comme une volonté en elle.

Est-ce qu’elle va bien ? N’est-elle pas manipulée ? Une sorcellerie qui avait brisé et volé sa volonté n’était pas si étrange que ça.

Et alors que Zagan devenait pâle, le vendeur avait fait entendre une voix nerveuse. « Maître Zagan ? Y a-t-il quelque chose que vous trouvez à redire ? »

« ... Eh bien, a-t-elle sa propre volonté ? » Ce qui s’était échappé de sa gorge serrée, plutôt qu’une voix anxieuse, était une voix agressive. C’était au point qu’il avait l’impression de se demander ce qui le mettait à ce point en colère.

Cependant, le vendeur hocha la tête comme s’il était parvenu à comprendre ce qu’il demandait. « S’il vous plaît, soyez à l’aise. Cette elfe a été docile dès l’instant de sa capture et elle a été gardée en détention à l’état naturel. En premier lieu, le mana du spécimen est extrêmement élevé, et toute sorcellerie ordinaire serait inutile face à elle. En tant que tel, je peux moi-même garantir de sa fraîcheur. »

Dans le cas où on l’utiliserait comme sacrifice, si on lui avait lavé le cerveau en utilisant la sorcellerie, cela provoquerait une impureté dans le rituel et diminuerait sa puissance. Le vendeur avait probablement pensé que c’était le point clef qui préoccupait Zagan.

Cependant, en inspectant la jeune elfe qui était déguisée en noble dame, elle n’avait pas l’air d’avoir de blessures. Même si elle était traitée comme une esclave, la direction de la vente aux enchères n’était pas assez folle pour laisser une blessure sur une marchandise aussi précieuse. C’était donc acceptable de leur faire confiance sur parole.

Zagan avait finalement poussé un soupir de soulagement.

« Je vous ferai confiance sur ça, » déclara Zagan. « Je serais troublé si elle ne pouvait pas au moins pépier d’une bonne voix. » Pour l’instant, il avait essayé de parler d’une manière claire quant à ses intentions... mais cela avait semblé plutôt prétentieux, et franchement dangereux.

L’animateur de la vente s’était ensuite rétracté avec un visage pâle.

Il avait aussi l’impression que la jeune elfe tremblait de peur.

Ah, bien. Il semble qu’elle peut au moins entendre ce que je dis, pensa-t-il.

Alors qu’il avait trouvé la paix de l’esprit en voyant ce fait, Zagan n’était pas en mesure de comprendre à quel point les choses qu’il avait dites étaient trompeuses.

C’était le tout premier amour de l’homme qui pensait encore il y a quelques heures à peine : « les femmes sont tout simplement trop fatigantes ».

***

Chapitre 2 : Le premier amour de quelqu’un qui a un trouble de la communication est semblable au goût du pain moisi

Partie 1

Et donc, revenons au présent.

Après avoir terminé son paiement sans incident notoire, Zagan s’était senti en pleine forme jusqu’à son retour au château. Cependant, après cela, il s’était retrouvé dans une situation où il ne savait pas comment lui parler. Il s’était inquiété sans fin pendant une demi-heure, mais la première chose que la jeune fille avait demandée à haute voix avait été — .

« Comment... allez-vous... me tuer ? »

Avec une voix qui ressemblait à un carillon, elle avait demandé une telle chose — et il n’avait pas eu le temps de s’immerger dans sa mémoire persistante pour trouver une réponse plus appropriée.

Les menottes autour de ses mains et de ses pieds avaient bien été retirées, mais le collier qui avait permis de sceller son mana était toujours attaché autour de son cou.

Il voulait aussi l’enlever, mais même pour Zagan, ce n’était pas quelque chose qui pouvait être si facilement détaché. Il semble que les organisateurs de la vente aux enchères ne savaient pas non plus comment le retirer, et il n’y avait rien comme une clé fournie avec elle.

Il s’agissait probablement d’une relique de l’acheteur original, l’Archidémon Marchosias. La seule option était de passer du temps à étudier le collier.

Cela ne se voyait pas dans son expression faciale, mais la jeune fille avait fait une demande à Zagan sur un ton déprimé.

« Si je sais de quelle manière je vais mourir, je pense que je pourrais mieux rassembler ma détermination... un peu. » Son visage sans expression ne semblait pas être quelque chose qui venait de la tension, mais cela semblait plutôt lié au fait qu’elle s’était clairement résignée à son sort.

Zagan haussa alors sa voix d’un air agité. « Attends, attends un peu ! Je n’ai pas l’intention de te tuer. Et même, ce serait plutôt un problème si tu n’étais pas en vie ! » Il avait dit cela pour essayer de la rassurer, mais pour une raison inconnue, l’expression de l’elfe semblait s’être encore plus assombrie qu’auparavant.

« En d’autres termes, vous ne me laisserez même pas trouver le repos dans la mort... est-ce ce que vous me dites ? » Alors qu’elle demandait ça, la fille regardait à ce moment-là vers le haut les chaînes suspendues au plafond, ainsi que le squelette attaché là-haut.

Des sueurs froides avaient couru le long de sa joue.

Ce n’est pas bien. C’est compliquer pour moi de tout ranger alors que je faisais de la sorcellerie tout le temps. Ainsi j’ai fini par tout laisser là où c’était ! Ce château était à l’origine la demeure d’un autre sorcier.

La fortune utilisée pour faire l’achat de cette fille était également quelque chose que le sorcier précédent avait laissé derrière lui. Pour le dire franchement, ce n’était pas quelque chose que Zagan avait en stock.

Cependant, pour le meilleur ou pour le pire, l’ancien propriétaire était un sorcier stéréotypé, et à l’intérieur de son château, ils avaient des appareils de torture, des dispositifs de sorcellerie, et même des squelettes éparpillés un peu partout. Les os suspendus au plafond n’étaient pas non plus au goût de Zagan, mais même s’il le disait à haute voix, il n’avait probablement aucune chance de la persuader.

Bien qu’elle soit pratiquement effrayée à en mourir, Zagan parlait afin d’apaiser la situation.

« Sois à l’aise. Je n’ai pas l’intention d’utiliser des choses aussi dérangeantes sur toi. Je n’ai pas non plus l’intention de te tourmenter. Il n’y a pas une seule chose... dont tu dois avoir peur. » Il n’était pas capable de le dire d’une voix si douce, mais du point de vue de Zagan, il pensait avoir réussi à transmettre ce qu’il voulait lui dire... qu’elle ait été convaincue ou non, c’était une tout autre histoire.

Et peut-être, comme attendu, la jeune fille avait incliné la tête sur le côté alors qu’elle était confuse.

« Euh... ? Dans ce cas, pourquoi m’avez-vous achetée ? » lui demanda-t-elle.

« Eh bien, c’est..., » il s’agissait d’un questionnement tout à fait approprié.

Toutefois, en raison de la personnalité de Zagan, il n’y avait aucun moyen qu’il puisse dire que c’était parce qu’il avait eu le coup de foudre pour elle.

Qu’est-ce que je suis censé faire dans ces moments-là ? J’aurais dû demander à Barbatos..., pensa-t-il.

Zagan l’avait perdu de vue sur le lieu de la vente aux enchères, mais pour une raison inconnue, il ne l’avait pas suivi.

Barbatos ne semblait pas lui-même avoir beaucoup d’expérience avec les femmes, mais c’était au moins au niveau où il pouvait naturellement dire « ce que les femmes apprécient ». Dans tous les cas, il en savait probablement plus sur les relations avec les femmes que Zagan, ou du moins c’était ce qu’il pensait.

Zagan avait fait sortir un gémissement comme s’il avait été poussé dans un coin puis ce qui était sorti de sa bouche fut les mots suivants. « Tu n’as pas besoin de savoir. »

Qu’est-ce que je dis comme connerie là !? Il criait ça dans son cœur.

Cependant, de façon inattendue, l’expression de la jeune fille n’avait pas du tout changé. Elle semblait légèrement déprimée, mais ce n’était pas si grave que ça.

N’est-ce pas un peu étrange ? C’était peut-être simplement que ses expressions ne se voyaient pas vraiment sur son visage, mais avant cela, il avait l’impression que la fille semblait avoir tout abandonné.

Il avait entendu dire qu’après qu’elle eut été capturée, son corps n’avait rien subi, mais qu’est-ce qui lui était arrivé exactement... ?

« Toi..., » il avait essayé de lui parler, mais Zagan s’était alors rendu compte qu’il ne connaissait même pas son nom.

Ce qui veut dire qu’elle ne sait probablement rien de moi, non ? se demanda-t-il.

Et finalement, il avait l’impression d’avoir saisi le sujet parfait pour entamer une conversation.

« Je m’appelle Zagan. Comme tu peux le voir, je suis un sorcier, mais ce n’est pas vraiment mon passe-temps de torturer les gens, » déclara-t-il.

« D’accord, » répondit la jeune fille.

« Et donc, qu’en est-il..., » même s’il voulait simplement lui demander son nom, Zagan ne pouvait plus parler.

Espèce d’idiot... ! Je demande simplement son nom ! Pourquoi est-ce que je deviens si nerveux simplement parce que je suis conscient que c’est une fille ? Zagan possédait déjà beaucoup de puissance en tant que sorcier.

Et malgré cela, il cherchait à rassembler assez de courage comme s’il s’opposait une mort certaine dans une situation sans aucune chance de victoire.

Le courage était en temps normal un mot qui n’avait pas aucun rapport avec lui.

Cependant, s’il n’arrivait pas à parler, il ne serait pas en mesure de faire un seul petit progrès ici.

« Quel est ton —, » et quand il avait ouvert la bouche, la fille s’était écrié avec un « Ah ».

« Excusez-moi... de vous l’avoir dit si tard. Je m’appelle... Néphélia. » Un sentiment de chaleur avait soufflé à travers la poitrine de Zagan comme un vent rafraîchissant.

Il semblait qu’elle était capable de deviner ce que Zagan essayait de lui dire. Cela lui avait fait penser qu’elle était une fille fantastique et attentive.

« Néphélia... Hein ? » Il avait l’impression de pouvoir entendre l’écho se répéter plusieurs fois dans la pièce.

Dans les légendes, le mot Néphélia signifiait « celle qui est tombée du ciel ». C’était ce genre de signification féminine. Il avait trouvé que c’était un nom mystique et beau.

Tout comme son apparence, c’est un nom adorable et mignon, pensa-t-il.

Le simple fait d’apprendre son nom donnait à Zagan l’impression qu’il s’envolait. Il parvenait amèrement à comprendre le sens des paroles « l’amour conduit l’homme à sa ruine ».

Il était déjà dans un état où il pouvait être décrit comme sur un nuage. Si l’on restait dans un tel état mental anormal, peu importe à quel point la personne était exceptionnelle, elle chuterait probablement vers sa ruine.

Attends, est-ce que Néphélia est son prénom ou son nom de famille ? Se demanda-t-il.

Tandis que son visage s’était adouci, Zagan avait posé sa question. « Néphélia... quoi, exactement ? »

« Juste Néphélia. Je n’ai pas de nom de famille. Si c’est difficile à dire, vous pouvez m’appeler Néphy. »

« Est-ce d’accord !? » s’écria Zagan.

« Oui ? » Le nom Néphélia avait un magnifique tintement, mais son surnom de Néphy était aussi adorable.

Zagan avait involontairement haussé la voix en lui demandant ça et la fille, Néphy, avait incliné la tête sur le côté.

Au contraire, c’est la même chose que moi qui n’ai pas non plus de nom de famille..., au moment où il s’était rendu compte de ce qui l’entourait, Zagan était en train d’amasser des pensées inutiles à une vitesse vraiment alarmante.

Oublions un nom de famille, il ne connaissait pas le visage de ses parents. Le nom Zagan était un mot d’argot venant des bidonvilles de la ville, et c’était quelque chose qui s’était attaché à lui à mesure qu’il grandissait pour être vu comme quelque chose qui ressemblait au diable.

En y repensant, c’était le moment le plus agréable de ma vie. À l’époque, j’avais pu parler correctement à mes compagnons de route et aux habitants de la ville. Et même si j’ai été battu à maintes reprises, c’était en quelque sorte satisfaisant, pensa-t-il.

Il avait commis des crimes immoraux, mais il s’était toujours tenu dans un endroit où le soleil brillait. Et naturellement, il avait aussi été capable de parler aux filles à cette époque. S’il y avait un endroit ensoleillé dans les souvenirs de Zagan, c’était bien cette période.

Réalisant que Néphy le regardait avec perplexité, Zagan secoua la tête.

« Pour un elfe, est-ce commun ? Ce dont je parle, c’est le fait que tu n’as pas de nom de famille, » lui demanda Zagan.

« Non. C’est parce que je suis une enfant maudite, » répondit Néphy.

« Une enfant maudite... ? » après avoir entendu un terme plutôt inexcusable, Zagan plissa ses sourcils.

Néphy avait ensuite fermé sa bouche comme si elle avait dit quelque chose qu’elle n’aurait pas dû.

« Euh... Pourquoi me posez-vous cette question ? » lui demanda finalement Néphy.

« Aucune raison, je suis juste un peu curieux, c’est tout..., » Zagan hésitait à dire qu’il ne voulait pas seulement connaître son nom et la signification de l’enfant maudit, mais aussi tout ce qui la concernait. Et après que Néphy ait hoché la tête comme si elle était parvenue à une entente, pour une raison inconnue, elle avait tiré vers le haut les ourlets à l’avant de sa jupe.

Ses cuisses laiteuses avaient ainsi été exposées, et Zagan pouvait même apercevoir la dentelle délicatement tissée de sa culotte.

« Soyez à l’aise. Je suis vierge. » Zagan était conscient que son visage rougissait.

« Comprends-tu ce que tu dis ? » lui demanda Zagan.

« Oh... ? On m’a dit qu’une vierge possédait plus de mana. Ne parliez-vous pas de savoir si ma valeur en tant que matériel de recherche avait été endommagée ? » lui demanda Néphy.

« Ne te méprends pas. Je n’ai pas l’intention de t’utiliser dans des expériences ou de te torturer. » Néphy avait alors fait une tête comme si elle était encore plus confuse qu’avant.

« Alors, pourquoi m’avez-vous achetée ? » lui demanda Néphy.

« ... » Zagan avait plissé son front puis il avait gardé le silence pendant un moment.

« Tu n’as pas besoin de le savoir, » puis il avait répété une fois de plus les mêmes mots qu’avant.

Ou plutôt, il ne pouvait pas lui répondre avec franchise. Peu importe qui c’était ou comment ils en avaient entendu parler, si on leur disait que Zagan avait acheté une esclave lors d’une sombre vente aux enchères après être tombé amoureux d’elle dès le premier regard, ils penseraient qu’il était tout simplement un pervers. Si Néphy le regardait avec des yeux comme ça, Zagan serait incapable de se rétablir. Même si les sorciers avaient une jeunesse perpétuelle, il était tout à fait possible d’envisager la mort à la suite d’un choc mental.

Cela dit, si je ne réponds pas du tout à sa question, alors Néphy se sentirait aussi anxieuse, n’est-ce pas ? Se demanda Zagan.

Que devait-il faire ? Aurait-il mieux valu la renvoyer chez elle... ?

Eh bien, en premier lieu, a-t-elle un endroit où retourner ? Plus tôt, elle s’appelait elle-même une enfant maudite. Elle avait parlé avec une expression troublée, et il ne pensait pas qu’il allait pouvoir lui poser des questions à ce sujet. Zagan lui-même n’avait nulle part où retourner, et il ressentait la même absence chez elle.

Bien sûr, si elle voulait retourner à son lieu de naissance, alors il voulait l’aider, mais cela ne semblait pas être une atmosphère où il serait capable de lui demander cela sans réfléchir.

Dans ce cas, puisque Zagan l’avait achetée, cela signifierait qu’en surface, ils finiraient par vivre ici ensemble, mais...

Attends ! Vivre ensemble ? Lui, qui ne pouvait même plus rien dire correctement, était censé vivre sous le même toit que cette adorable fille ? Zagan avait été frappé par une légère vague d’étourdissements.

Dans quelle situation scandaleuse s’était-il mis en agissant ainsi ?

C’était vrai qu’il en était heureux, mais pour une raison inconnue, il avait l’impression d’avoir fait quelque chose qu’il n’aurait pas dû faire.

Du calme. Je suis un sorcier. Un puissant sorcier ne se déstabilise jamais, pensa-t-il.

Ce n’était pas comme s’ils allaient dormir dans le même lit. Tout d’abord, je dois penser à ce qu’il faut pour vivre... ensemble.

Zagan était assis sur son trône qui était placé devant Néphy.

« Néphy, » déclara Zagan.

« Oui. » Il avait essayé de l’appeler par son nom face à face, et un étrange sentiment d’embarras avait rempli son cœur.

Mais même ainsi, il n’avait pas hésité et Zagan s’était adressé à elle.

« Écoute-moi, Néphy. Tu es quelque chose que j’ai acheté, et donc, tu m’appartiendras désormais, » déclara Zagan.

« Je sais, » répondit Néphy.

« Pour l’instant, je t’accorde une chambre. Tu es autorisée à choisir la pièce que tu aimes le plus, » déclara Zagan.

« En d’autres termes, vous me dites de choisir l’endroit où je vais mourir ? » demanda Néphy.

« N’ai-je pas dit plus tôt que je ne te tuerai pas ? » Ayant finalement élevé la voix en raison de son chagrin, Néphy déplaça ses yeux vers le bas comme si elle était troublée.

« Je ne comprends pas... la signification de cela. Comment allez-vous m’utiliser de façon à ce que je ne meure pas ? » lui demanda Néphy.

Depuis qu’elle avait été capturée par les humains, elle avait sûrement été torturée par les pensées de son funeste destin. En raison de cela, elle ne croyait probablement même plus à l’espoir.

En vérité, Zagan était aussi familier avec de tels sentiments.

Cela s’était passé à peu près à l’époque où il était en train de commettre des agressions sur les routes tout en cherchant des restes de nourriture dans les ordures des bidonvilles.

À l’époque, qu’est-ce que j’aurais voulu entendre... ? se demanda-t-il.

Même à l’époque, il ne connaissait sûrement pas la réponse à cette question. Néanmoins, Zagan étendit lentement sa main vers les cheveux de Néphy.

Il avait alors touché ses cheveux blancs comme la neige avec la paume de sa main. Il savait que le corps de Néphy tremblait et frémissait.

Et à ce moment-là, tout en s’assurant de ne pas mettre de force dans sa main, Zagan lui murmura quelque chose.

« Je t’ai achetée... parce que j’ai besoin de toi. Alors, arrête de dire quelque chose comme : “Mourir, mourir, mourir”. » Néphy avait écarquillé les yeux et avait levé les yeux vers le visage de Zagan.

Elle avait été surprise.

C’était la toute première fois qu’il voyait quelque chose comme une expression sur son visage.

« Vous... avez besoin de... moi ? » C’était quelque peu embarrassant, mais il sentait qu’il devait clairement le lui dire.

« Oui, j’ai besoin de toi. C’est pourquoi, à partir de maintenant, tu vivras pour moi, » déclara Zagan.

« ... D’accord, » comme d’habitude, l’expression de Néphy ne varia pas du tout, mais elle ne montrait aucun signe de doute face aux paroles de Zagan.

Ce n’était probablement pas qu’elle croyait tout ce que Zagan avait à dire. Mais même ainsi, elle n’avait pas prononcé un mot de plus quant au fait de se plaindre de sa mort.

Ce fut ainsi le début d’une longue cohabitation entre deux individus forts maladroits.

***

Partie 2

« Maintenant, à propos de la chambre que tu utiliseras..., » il se demandait où il pourrait la faire dormir.

Néphy avait été capturée pour en faire une esclave. Elle avait sûrement dû vivre beaucoup d’émotions douloureuses depuis. Alors, plutôt que de la faire vivre sous terre ou dans un endroit sombre, une chambre avec une belle vue serait meilleure.

Dans ce cas, la pièce toute au sommet du château serait l’endroit le plus approprié. Et quand il était question de la vue, c’était vraiment le meilleur endroit qu’il pouvait imaginer. Et alors qu’il la guidait vers ce lieu, il s’était soudain rendu compte de quelque chose pouvant être gênant.

« Néphy, est-ce que tu te sens à l’aise dans les endroits en hauteur ? » Pour une fois, il avait l’impression de lui demander quelque chose d’une manière assez naturelle.

Et sans faire aucune sorte d’expression, Néphy acquiesça une fois amplement de la tête.

« Oui. Pendez-moi par les mains ou le cou, c’est comme vous le préférez, » répondit Néphy.

« Je me demande bien qui a parlé de torture là, non ? » lui demanda Zagan.

« Mes... excuses. Quand je vous ai entendu parler d’endroits en hauteur, rien d’autre ne m’est venu à l’esprit. » Tandis que Néphy le regardait fixement, Zagan plaça sa paume sur la tête.

J’aimerais que tu aies un peu plus d’espoir en vivant ici..., pensa-t-il.

Si c’était ainsi, alors peut-être qu’une pièce en hauteur serait un problème. Il ne pensait pas que c’était possible, mais le risque que Néphy se jette du balcon lui avait traversé l’esprit.

Mais ils avaient continué à monter l’escalier en colimaçon et s’étaient dirigés vers l’étage supérieur.

Il semblerait que la lumière extérieure était déjà en déclin.

Zagan claqua des doigts, et les bougies alignées le long du mur s’illuminèrent d’un seul coup.

« Par ici, » déclara Zagan.

« Oui... Ah. » Alors que Zagan commençait à monter l’escalier une fois de plus, Néphy poussa un petit cri en titubant.

Les flammes vacillantes des bougies n’étaient pas très fiables comme source de lumière. Leurs pieds étaient dans la noirceur, et avec les talons effilés des chaussures de Néphy, il semblait difficile pour elle de marcher.

Zagan avait soudainement pris sa main et l’avait soutenue.

« Mes... excuses..., » le visage de la fille qui avait dit cela était assez proche pour que son nez touche le sien.

Une légère odeur sucrée chatouillait le nez de Zagan.

Il avait regardé droit dans ses yeux azur, qui étaient bordés de cils blancs.

Il avait été complètement charmé par elle, et en même temps, il avait été assailli par un sentiment extrême d’embarras. Et comme s’il essayait de le faire passer inaperçu, Zagan avait laissé échapper un petit son avec un « Hmph ».

« S-Sois prudente. Fais attention où tu marches, » déclara Zagan.

« O-Oui..., » et il avait fini par lui parler sur un ton dur. Il lui avait alors semblé que Néphy vacillait d’une manière ou d’une autre.

Et ainsi, alors qu’ils continuaient à monter l’escalier en colimaçon, Zagan remarqua la sensation tendre se trouvant dans sa main.

Hm ? Se pourrait-il... que je tienne la main de Néphy ? Il avait saisi sa main quand il l’avait soutenue. Et après ça, il avait fini par la tenir de manière désinvolte tout au long de la montée.

Zagan ne pensait pas que c’était la première fois qu’il tenait la main d’une fille, mais il s’était avéré difficile pour lui de se souvenir d’un autre cas dans sa mémoire... En fin de compte, c’était peut-être sa première fois.

Sa main blanche était mince, douce et chaude. Sur la paume de sa main, il pouvait sentir une palpitation. C’était peut-être la sienne.

De façon inattendue, Néphy avait continué à fixer cette main tout en gardant le silence.

Zagan était empli par un inexplicable sentiment de timidité, mais il ne voulait pas non plus lâcher cette main.

En passant d’un rythme rapide de déplacement à un rythme lent, Zagan avait atteint le sommet du château.

Finalement, après avoir grimpé trois étages, la porte du dernier étage était apparue devant eux.

Il s’inquiétait un peu de la difficulté qu’elle aurait à monter et descendre s’il faisait de cette salle la chambre de Néphy, mais pour l’instant il avait mis sa main contre la porte.

« Il s’agit d’une pièce qui n’est généralement pas utilisée. C’est peut-être... un peu sale, mais..., » en disant cela, la question fondamentale de savoir s’il était déjà entré dans cette pièce auparavant était venue à l’esprit de Zagan.

Cela faisait environ dix ans qu’il avait commencé à vivre ici, mais en général, il se retirait dans les archives, de sorte qu’il était un propriétaire qui ne connaissait pas tout l’intérieur de son propre château.

Et puis, il avait regretté de ne pas avoir levé correctement ce doute dans son esprit avant de venir ici.

Dans cette pièce où soufflait un vent rafraîchissant, la lame d’une guillotine produisait un bruit inquiétant en se balançant dans l’air.

À part cela, il y avait plusieurs squelettes qui avaient été laissés là négligemment après de nombreuses années, et des fioles contenant des choses mystérieuses éparpillées à l’intérieur de la pièce. De concert avec la lugubre lumière des bougies, il s’agissait de l’endroit le plus inhabitable et le plus effrayant qu’il connaissait.

 

 

« N’utilisons pas cet endroit. » Il avait immédiatement commencé à fermer la porte, mais c’était un peu trop tard.

Après tout, les personnes ressentaient le plus grand désespoir lorsque leurs plus faibles espoirs avaient été anéantis.

Juste après avoir dit qu’il avait besoin d’elle, des appareils de torture avaient été placés devant elle, de sorte que la lumière dans les yeux de Néphy avait disparu.

La jeune fille avait ouvert les deux bras comme si elle abandonnait tout. « S’il vous plaît... faites ce que vous voulez, Maître. »

« Tu te trompes, tu entends ? C’est, eh bien... Oh, c’est juste ! Ce n’est qu’un piège préparé pour les ennemis qui envahiraient mon château en venant du ciel. » Après avoir dit ça, même Zagan s’était rendu compte que c’était une excuse boiteuse.

« Mais comment le dire franchement ? C’est finalement tout à fait inutile, et ce genre de choses ne ferait qu’entraver la vie ici. Je vais donc m’en débarrasser de la plus simple des manières, » déclara Zagan.

En disant cela, Zagan avait jeté de la sorcellerie de foudre dans la pièce avec la lame de guillotine pendante, et il avait une fois de plus fermé la porte.

Immédiatement après ça, le bruit d’une explosion avait éclaté.

L’onde de choc s’était échappée par l’ouverture sous la porte, faisant flotter doucement les cheveux blancs comme neige de Néphy. Et pendant que Zagan était captivé par ce spectacle, la porte s’était effondrée dans la pièce avec un bruit sourd.

Il semblait que même les charnières s’étaient fait détruire par le sort.

Ainsi, toutes les traces d’objets répugnants avaient complètement disparu de l’intérieur de la pièce...

Eh bien, le plafond était d’un noir brûlé, et il n’était pas certain que la pièce puisse servir de logement. Même les bougies avaient été soufflées au loin.

Et juste à ce moment-là, une sueur froide avait coulé sur la joue de Zagan.

J-Je voulais faire disparaître la source de ses peurs se trouvant ici, pensa-t-il.

Et lorsqu’il se retourna pour regarder une Néphy terriblement effrayée, il remarqua qu’elle était devenue encore plus pâle. Finalement, ses lèvres tremblantes s’étaient ouvertes.

« C’est la première fois... que je vois une sorcellerie si dévastatrice..., » murmura-t-elle.

Eh bien, je suppose que ce serait terriblement effrayant si la sorcellerie offensive était soudainement relâchée comme ça, n’est-ce pas ? De plus, même vu d’un point de vue prudent, il avait une force destructrice suffisante pour réduire un sorcier moyen en cendres plusieurs dizaines de fois de suite. Il n’y avait probablement pas une personne ordinaire qui ne serait pas ébranlée en étant témoin de cela.

Ce n’est pas bien ce que j’ai fait. Tout ça, c’est parce que Barbatos est la seule personne avec qui j’ai eu des conversations normales depuis des années, je..., pensa-t-il.

Il avait été de l’avant et avait réglé le problème en utilisant le bon sens partagé entre les autres sorciers et non pas le commun des mortels.

Alors qu’il pensait qu’il ne pourrait plus faire grand-chose avec ce qu’il avait fait, Zagan avait tourné le dos à la pièce.

« ... Mhm. Cet endroit n’est pas bon. C’est trop lugubre, » déclara Zagan.

« Est-ce que c’est... ce que vous appelleriez cet endroit lugubre ? » La fille avait incliné la tête sur le côté comme un petit oiseau chanteur, et Zagan ne pouvait rien lui dire en réponse.

Néphy avait ensuite fait un pas dans la pièce.

Alors qu’elle marchait, les cendres s’envolaient dans les airs. La fenêtre n’avait pas de vitre, et plutôt qu’une pièce, il était probablement plus approprié de l’appeler une cage à oiseaux ou quelque chose du genre. Bien que ce ne soit pas trop extrême, ce n’était pas le genre d’endroit qu’une fille devrait fouler.

Malgré cela, Néphy ne semblait pas y prêter attention et continuait à marcher vers la terrasse.

Je devrais... mettre en place une barrière pour l’empêcher de tomber par-dessus les rambardes, n’est-ce pas ? pensa-t-il.

Il ne croyait pas vraiment que Néphy se jetterait de la terrasse, mais Zagan avait quand même activé sa sorcellerie. Dans le pire des cas, il était possible de se dire qu’elle pourrait tombé par erreur, alors mieux valait prévenir que guérir.

Et pour être prêt pour cet événement improbable, Zagan s’était aligné à côté de Néphy.

La terrasse avait une rambarde en briques de pierre à hauteur de taille, alors il pensait qu’il ne serait pas étrange qu’elle se fendille et s’effondre en morceaux.

Posant ses mains sur la pierre de la rambarde, Néphy avait levé les yeux vers le ciel.

Il faisait maintenant nuit, et les nuages s’étaient quelque peu dissipés. Une fine ligne de lumière de la lune était apparente d’ici tel un fil.

Regardant vers le haut, Néphy étendit les deux mains vers le ciel. Même s’il s’agissait d’un geste si désinvolte, Zagan avait l’impression qu’il s’agissait d’une sorte de rituel sacré.

« Aimes-tu... la lune ? » lui demanda Zagan.

« ... Je n’en sais rien. » Néphy secoua la tête comme si elle était troublée en répondant à la question de Zagan.

« Alors, quel est le sens de ce geste ? » lui demanda Zagan.

« ... Je n’en sais rien. » Et maintenant, elle disait seulement qu’elle ne savait pas.

Cependant, les yeux de Néphy, lorsqu’elle regardait la lune, semblaient présenter un sentiment de nostalgie déchirant. Et, sans raison particulière, Zagan l’imita et étendit les mains.

« Je n’arrive pas à saisir quoi que ce soit, hein ? » murmura Zagan.

« ... Je crois que c’est bien le cas. » Zagan avait l’impression de mourir d’embarras en entendant sa réponse faite d’une manière si sérieuse par l’elfe.

Comment se fait-il qu’à ces moments-là, il ne pût pas penser à quelque chose de sensé à lui dire ?

Et puis, Néphy marmonna. « Est-ce acceptable... pour moi de... recevoir cette chambre ? » C’était la première fois que Néphy parlait d’elle-même.

Cependant, Zagan se retourna pour regarder la situation horrible de la pièce.

Les articles dangereux avaient certainement disparu, mais il ne restait pas une seule chose, pas même une fenêtre en verre. Ça ne ressemblait pas à un espace dans lequel quelqu’un pourrait vivre.

Si j’utilise la sorcellerie pour le restaurer, alors même la guillotine reviendra..., pensa-t-il.

Le nettoyage et la décoration devraient donc être faits que par un effort classique et non pas à l’aide de la magie.

« Peut-être qu’une pièce plus appropriée serait…, » et quand il avait commencé à dire cela, il s’était souvenu que toutes les pièces étaient à peu dans la même situation qu’ici.

Même s’il n’y avait pas d’appareils de torture, il y avait de sinistres dispositifs de sorcellerie qui traînaient partout. En fin de compte, aucune d’entre elles n’était une pièce qu’une fille normale devrait utiliser.

Et, alors que ce fait le troublait, Zagan avait une fois de plus parlé. « Ça ne te dérange pas d’avoir un endroit comme ça ? »

« Tout à fait. Après tout, il s’agit de la pièce que vous m’avez préparée, Maître. » Tout ce qu’il avait fait, c’était de balancer sans réfléchir de la sorcellerie offensive pour réduire tout ce qui se trouvait dans la pièce en cendres. Zagan ne pensait pas vraiment que cela pouvait être décrit comme ayant préparé la pièce...

Cependant, comme il ne pouvait s’empêcher d’incliner la tête sur le côté, car il se demandait si une autre pièce serait meilleure pour elle, Zagan lui avait fait signe de la tête.

« Très bien. Alors, utilise cet endroit comme bon te semble. » Sur l’impulsion du moment, il avait fini par parler encore une fois de façon exagérée, mais Néphy inclina la tête en un mouvement de haut en bas puis elle se remit à parler.

« Merci beaucoup, Maître. » Et, pour une raison inconnue, cette seule phrase avait percé de part en part la poitrine de Zagan.

Néphy avait ensuite incliné la tête sur le côté.

« Il y a un problème ? » lui demanda Néphy.

« ... Non, c’est juste que ça fait longtemps... que personne ne m’a dit ça, » il y avait parfois des moments où il laissait partir sans les tuer les individus qui s’étaient perdus dans le château, mais Zagan n’était pas naturellement une bonne personne.

Dans la totalité des cas, ils s’enfuiraient à pleine force et n’offriraient pas un seul mot de gratitude.

Cependant, Néphy n’avait pas du tout semblé trouver cela curieux, et avait hoché la tête comme si elle était pleinement convaincue.

« J’ai aussi l’impression que... cela fait longtemps que je n’ai pas dit cela, » déclara Néphy.

« Je vois…, » Zagan se demandait si le jour viendrait où il dirait aussi merci à quelqu’un.

Le fait d’ouvrir son cœur aux autres était encore quelque chose de lointain pour lui, mais il était franchement heureux qu’elle écoute maintenant ce qu’il avait à dire d’une manière appropriée.

C’est ainsi que leur première journée ensemble s’était terminée pacifiquement.

***

Partie 3

Le lendemain matin.

Comme la chambre accordée par Zagan à Néphy au dernier étage du château ne pouvait pas encore être utilisée, ils dormaient tous les deux dans la salle du trône.

En vérité, je n’ai pas pu du tout dormir, pensa-t-il.

Zagan n’avait pas non plus dormi la veille. Il pensait qu’il allait pouvoir s’endormir tout de suite, mais le simple fait de penser que Néphy était juste à côté de lui l’avait tenu bien éveillé. De toute façon, ce n’était pas comme s’il avait le courage de faire quoi que ce soit. Mais malgré cela, il pensait simplement à la façon dont elle finirait par le haïr s’il ne s’empêchait pas de le faire.

D’un autre côté, Néphy devait être probablement assez fatiguée avec tout ce qui s’était passé avant ça.

Après s’être recroquevillée sur le tapis, elle s’était tout de suite endormie.

Cependant, il s’agissait également de l’une des raisons pour lesquelles Zagan n’arrivait pas à s’endormir. Le fait d’avoir une telle silhouette sans défense exposée face à lui faisait qu’il n’arrêtait pas de penser à elle.

Au cœur de la nuit, Néphy avait semblé avoir froid, alors, au lieu d’une couverture, il l’avait couverte de son manteau. Cependant, cela avait peut-être été une mauvaise décision de sa part. Pour une raison inconnue, le fait de penser à cette charmante fille portant son manteau avait encore plus chamboulé le cœur de Zagan.

Et pendant qu’il s’inquiétait sans fin à propos de n’importe quoi, le temps s’était écoulé, et le soleil du matin s’était levé.

Son estomac avait alors laissé échapper un son chaleureux et pathétique.

« ... Je vais chercher quelque chose à manger. » Après que Zagan soit descendu dans l’entrepôt de la cave, il avait préparé deux portions de viande séchée et du lait qu’il y avait stocké. Il ne savait pas quand Néphy se réveillerait, mais il voulait être préparé pour qu’elle puisse prendre tout de suite son petit-déjeuner.

Quand il était retourné dans la salle du trône, Néphy était déjà bien réveillée et l’attendait, assise sur ses genoux. Le manteau dont il l’avait recouverte était soigneusement plié sur le côté. Pour une raison inconnue, il lui semblait maintenant inutile de le remettre.

« Alors tu es réveillée, » déclara Zagan.

« Oui. Bonjour, Maître, » Zagan s’était presque involontairement mis à sourire.

Donc, elle m’accueille correctement, pensa-t-il.

Et bien qu’il avait essayé de répondre, une pensée l’avait laissé complètement perplexe. Hm ? Après qu’on me dise bonjour, avec quoi devrais-je répondre ?

Était-ce bien de dire bonjour en réponse ? Ou était-il censé dire salut ? Bonjour à toi lui semblait un peu trop, du moins c’était ce qu’il pensait.

Après qu’il ait réfléchi ça, combien d’années s’étaient écoulées depuis qu’il n’avait pas reçu une salutation aussi franche à son égard ?

Et tandis que Zagan se tordait d’agonie, Néphy le fixait d’un regard abasourdi.

En voyant cela, il s’était éclairci la gorge à l’aide d’une toux.

« Je t’ai apporté un repas. Vas-y, mange. » Après avoir dit cela, Zagan avait lui-même été repoussé par ce qu’il venait de dire.

Donc je ne peux même pas la saluer correctement... ? Quand était-il devenu si désespéré ?

... En y repensant, il avait l’impression d’être si désespéré depuis le tout début.

Alors même qu’elle regardait Zagan avec curiosité alors qu’il était en pleine angoisse, Néphy avait pris la viande séchée et la tasse de lait.

« Merci beaucoup, Maître, » déclara Néphy.

« ... Hmm. » Tandis que Zagan se sentait découragé par son manque de courage, Néphy le regarda timidement.

« Maître, » demanda Néphy.

« Quoi ? » lui demanda Zagan en retour.

« Qu’est-ce que je devrais faire ? » lui demanda Néphy.

« Hmm, voyons voir..., » même si une soirée s’était écoulée, il n’avait pas encore réfléchi à ce que Néphy devrait faire.

Dois-je lui demander de faire un peu de ménage ou autre chose ? Cependant, hier encore, jeter un coup d’œil dans une seule pièce était tout à fait un événement catastrophique.

Dans ce château, il y avait près de cinquante pièces dans un tel chaos, et plus important encore, Zagan n’en avait jamais nettoyé une seule. Ce n’était pas quelque chose qui pouvait être fait par une seule personne, et d’une manière ou d’une autre, il avait l’impression que s’il lui en donnait l’ordre, cette fille irait jusqu’au bout de la tâche.

En premier lieu, Zagan ne se souciait pas de l’esthétique, et même si elle ne s’y intéressait pas, il ne voulait pas lui faire faire faire quoi que ce soit qui la conduirait à la mort.

Cependant, dans ce cas, que pouvait-elle faire ?

Elle deviendra probablement anxieuse si elle n’a rien à faire, n’est-ce pas ? Se demanda-t-il.

On avait donné à cette fille l’idée qu’elle allait être un sacrifice ou un rat de laboratoire. Donc, si l’homme qui l’avait achetée lui avait simplement dit de ne rien faire, il ne pensait pas qu’elle serait contente de penser : « Ah, c’est bien de ne rien avoir à faire. »

Pendant qu’il gémissait, Zagan était incapable de trouver une réponse, alors il avait posé sa tasse de lait sur le sol et avait commencé à mâcher la viande séchée.

Néphy avait ensuite fait une grimace comme si elle avait trouvé cela inattendu.

« Maître, mangez-vous aussi la même chose ? » lui demanda Néphy.

« Bien sûr... ? Y a-t-il quelque chose d’étrange à ce sujet ? » lui demanda Zagan.

« Non, euh..., » on aurait dit qu’elle avait quelque chose qu’elle voulait dire, mais le regard de Néphy errait comme si elle avait du mal à trouver les mots.

« Parle, c’est tout. Tu ne me fâcheras pas trop en le faisant. » Alors que Zagan s’était lui-même maudit pour avoir été incapable de le dire d’une manière un peu plus amicale. Mais il avait réussi, d’une manière ou d’une autre, à dire cela.

Néphy avait maintenu son expression immuable, et avait ouvert la bouche comme si c’était difficile à dire.

« Je me sens... privilégiée d’avoir simplement reçu un repas. Cependant, Maître, je trouve étrange que vous mangiez les mêmes choses..., » à sa manière, elle avait fait de son mieux pour exprimer ses doutes.

Zagan avait alors croisé les bras et y avait réfléchi. Qu’est-ce que Néphy trouvait si étrange ? La seule chose devant ses yeux était une tasse sale remplie de lait, et de la viande séchée depuis un temps que seul Dieu devait connaître.

Hm ? Maintenant que j’y pense, il y avait un groupe qui mangeait des choses semblables en ville hier aussi, pensa-t-il.

Oui. S’il s’en souvenait bien, c’était les esclaves de Kianoides.

Les voir au milieu des rues était assez pitoyable, mais quand il y avait bien réfléchi, Zagan mangeait lui-même quelque chose de semblable.

Après avoir hoché la tête, Zagan avait ouvert la bouche pour parler.

« Serait-ce parce que c’est un repas trop modeste ? » lui demanda Zagan.

« Euh, oui... Je crois qu’il s’agit de la nourriture convenable pour un esclave comme moi, » en d’autres termes, plutôt qu’un repas, c’était des déchets.

Cependant, plutôt que de s’offenser de cela, Zagan le déplorait sincèrement. Ou en vérité...

S’inquiète-t-elle... pour moi ? Non, c’était peut-être un peu faux.

Ce n’était pas comme si elle allait soudainement ouvrir son cœur après hier et aujourd’hui.

Ce n’était pas ça, mais c’était comme si elle ne pouvait pas rester là et regarder qui que ce soit. C’était presque comme si elle disait : « Cette personne ne mourra-t-elle pas si je ne fais pas quelque chose à ce sujet ? »

Zagan rongea sa viande pendant un certain temps, puis il regarda la viande sèche ratatinée.

Aaah, c’est vrai. Cette nourriture est à un niveau où on ne peut même pas l’appeler un repas, pensa-t-il.

Depuis qu’il avait été un bandit de grand chemin, c’était la seule chose qu’il avait à manger, alors il n’y avait jamais pensé une seule fois à changer son habitude. Il en était au point où, tant qu’il ne mourait pas de faim, peu importe ce qu’était la nourriture.

Outre la viande séchée, il mangeait aussi du pain dur, mais qui moisissait trop vite et ne restait pas longtemps comestible. Il avait déjà essayé de le manger de force quand il en était rendu là, mais après cela, il n’avait eu que des maux d’estomac et des souvenirs tragiques.

En repensant à la façon dont je n’ai pas progressé avec elle depuis hier, cela me fait me souvenir du goût du pain, hein ? pensa-t-il.

Il avait déjà entendu dire qu’un premier amour avait un goût de citron, mais en réalité c’était plutôt un sentiment d’amertume qui semblait déchirer son estomac.

S’il devait nommer une chose qu’il trouvait franchement délicieuse, ce serait de l’alcool. L’alcool que Barbatos apportait en parlant comme un idiot était vraiment délicieux, mais à ces moments-là, le plat principal était aussi de la viande séchée.

Quand il s’agissait d’alcool, Zagan ne savait pas ce qu’il valait mieux acheter, et donc, finalement, de viande séchée et du lait avait simplement continué à être consommé tous les jours.

« Qu’est-ce que... une personne normale mange, je me le demande... ? » Alors qu’il marmonnait involontairement cela, Néphy avait ouvert la bouche comme si elle s’était décidée.

« Euh, Maître, » déclara-t-elle.

« Quoi ? » lui demanda-t-il en réponse.

Après avoir pris une petite, mais profonde respiration, Néphy s’était mise à parler.

« Bien qu’il soit impertinent de ma part de le dire, devrais-je... cuisiner quelque chose pour vous ? » Zagan s’était levé d’un coup en entendant ça.

Il avait alors saisi la main de Néphy alors qu’elle se rétrécissait sur elle-même en étant effrayée par lui.

« Sais-tu cuisiner ? » lui demanda Zagan.

« Je n’ai appris qu’en regardant. Donc je ne peux pas garantir le goût, mais..., » quel talent inattendu venant de sa part !

De la cuisine maison... Non seulement ça, mais cela serait fait par la fille dont il était tombé amoureux. Pour Zagan, cela n’avait jamais été une option auparavant.

Maintenant que j’y pense, parmi les trois grands désirs de l’homme, c’est l’appétit pour la nourriture..., commença-t-il à penser.

Il n’avait fait que des recherches sur la sorcellerie, alors il n’avait jamais pensé à satisfaire ce genre de désir.

Les contours de ses yeux étaient devenus brûlants.

Ce sentiment gonflait-il dans ses larmes sortant de ses yeux ? C’était une révélation choquante pour Zagan qu’une telle chose restait encore présente en lui.

Par la suite, il avait avalé son lait en une gorgée.

« Ouf, écoute-moi, Néphy. J’ai décidé de ce que tu dois faire, » déclara Zagan.

« Oui. Qu’est-ce que c’est ? » lui demanda Néphy.

« Tu vas faire des achats ! » Dans ce château, il n’y avait pas d’autres ingrédients que de la viande séchée et du vieux lait. Même Zagan savait qu’il était impossible de faire quelque chose de délicieux avec ces produits.

« ... Ah, d’acc... d’accord, » Néphy avait répondu comme si elle était décontenancée, fixant Zagan tout le temps. Puis, elle avait acquiescé légèrement.

Elle avait peut-être pensé qu’elle devait réagir d’une façon ou d’une autre, mais c’était plutôt embarrassant.

***

Partie 4

La plus grande ville dans les environs était certes Kianoides, mais il y avait plusieurs autres petits villages et agglomérations près du château abandonné.

Zagan se dirigeait vers l’un d’entre eux, mais en quittant le château, il s’était vite rendu compte qu’il y avait un problème.

En y réfléchissant bien, j’ai dépensé toute ma fortune pour Néphy, hein ? pensa-t-il.

Il était sans doute sans le sou.

Au moment de la vente, il était agité par la voix de son cœur, de sorte qu’il n’avait pas ménagé une seule pensée de ce qui allait arriver par la suite.

Comme Kianoides était une ville de commerce, elle avait des routes bien entretenues qui s’étendaient jusqu’à divers endroits. Des villes étaient parsemées le long de ces routes, et il était normal d’utiliser des chariots pour se déplacer entre elles. Si l’on marchait le long de la route, ils pourraient au moins attraper assez rapidement une diligence.

Cependant, Zagan s’était finalement rendu compte qu’il ne possédait pas d’argent pour monter à bord d’une telle diligence.

« Vous ne montez pas ? » Le cocher, un jeune homme thérianthrope avec le visage d’un chat, avait incliné la tête sur le côté, et Zagan avait secoué négativement la tête en réponse.

« Aaah, il semble que j’ai oublié quelque chose. Continuez sans moi, » déclara Zagan.

« Vraiment ? » Le cliquetis des roues de la diligence avait retenti au moment de son départ.

Tandis que Zagan fixait en vain le chariot, derrière lui, Néphy inclinait sa tête sur le côté.

« Retournons-nous au château ? » lui demanda Néphy.

« Non, ce n’est pas nécessaire, » lui répondit Zagan.

« Est-ce que c’est si... ? » Même s’il était retourné au château, il ne restait plus une seule pièce de cuivre. Il lui aurait été possible de vendre certains de ces appareils de torture, mais cela lui coûterait beaucoup d’argent de faire venir un commerçant capable de les évaluer et d’effectuer la transaction.

En plus, Néphy a aussi besoin de nouveaux vêtements, pensa-t-il.

Depuis la nuit précédente, cette fille portait toujours la même robe blanche. De plus, comme le château était sale, elle avait été salie.

Pour pouvoir faire quelque chose pour régler ça, il fallait se procurer de l’argent.

Et comme s’il l’oubliait, Zagan avait marmonné avec une expression solennelle. « Cela fait un bon moment que je ne suis pas sorti à cette période de la journée. Ce n’est pas mal de se promener de temps en temps. »

« Oui. » Tout en faisant une excuse boiteuse, Zagan commença à marcher dans la direction où se dirigeait la carriole, et Néphy avait suivi son exemple.

Alors qu’il jetait un coup d’œil derrière lui, il remarqua que Néphy soulevait les ourlets de sa jupe et faisait une petite course. Il y avait le fait que la longueur de leur pas était différente, mais il pensait que la difficulté était surtout présente, car elle avait du mal à marcher avec cette robe et ces chaussures. Et ainsi, Zagan avait gardé cela à l’esprit et avait marché à un rythme plus réduit.

Alors qu’il marchait, Zagan avait commencé à s’inquiéter à propos de diverses choses. Serait-il acceptable de s’attaquer à la diligence de plus tôt et de prendre tout leur argent et toutes leurs marchandises ? Dernièrement, il ne l’avait pas vraiment fait, mais à l’époque, c’était comme ça qu’il se nourrissait.

Mais hier soir, il avait fini par effrayer Néphy en utilisant sa sorcellerie offensive sans penser aux conséquences.

Et en plus, à quoi penserait cette fille en regardant un homme voler des innocents ? Finalement, j’ai l’impression que voler ne sert à rien.

Cependant, dans ce cas, comment gagnerait-il de l’argent ?

Quoi qu’il en soit, alors que Zagan pensait que puisque Néphy pouvait cuisiner, il devrait vendre son château et ouvrir un restaurant en ville... un cri venant de plus loin sur la grande route avait retenti.

Néphy avait dégluti. « Maître. »

« Hm ? Oh, c’est probablement un vol. Des bandits apparaissent dans cette zone de temps en temps, » au loin, des hommes portant des haches attaquaient un chariot.

Il y avait une douzaine d’hommes armés. C’était une bande de brigands inoffensifs pour les hommes et les bêtes.

Mais ce n’étaient pas des sorciers, mais de simples personnes. Aucun d’entre eux n’avait reçu une formation comme les Chevaliers Angéliques, et ils ne portaient pas non plus d’armure gênante comme les Archanges. C’étaient des gens ordinaires qui couraient comme des fous, maniant des outils tranchants faciles à utiliser.

C’était ainsi que Zagan les voyait.

Les passagers avaient été tirés hors de la carriole, et les bandits volaient tout l’argent et les marchandises. Il semblerait qu’ils avaient l’intention d’emmener une jeune femme en butin, alors qu’ils la traînaient dans un autre chariot. Ils avaient probablement l’intention de la vendre comme esclave ou de l’utiliser comme jouet. Dans les deux cas, le sort de cette femme était déjà scellé.

Zagan pensait vraiment que ce qui arrivait à jeune fille enlevée était pitoyable, mais lui-même avait déjà fait des choses similaires auparavant. Il ne pensait pas que c’était une scène si misérable.

Alors qu’il regardait la scène comme si elle ne le concernait pas du tout, il s’était finalement rendu compte que Néphy tremblait sur place.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » lui demanda Zagan.

« R-Rien..., » la personne en question faisait semblant d’être calme, mais son visage était complètement pâle et ses lèvres tremblaient. En vérité, il semblait qu’elle ne pouvait pas quitter des yeux la scène qui se déroulait devant eux.

Zagan avait été décontenancé.

Se pourrait-il que Néphy ait été enlevée de cette manière ? Ce n’était pas comme si Néphy avait été capturée par des marchands d’esclaves dès le début. Elle aurait dû mener une vie paisible quelque part avant cela. Ainsi, cette scène lui avait peut-être rappelé un souvenir douloureux.

Zagan avait ensuite pointé du doigt les bandits.

« Néphy, regarde bien. Ces choses ne sont que des ordures, » déclara Zagan.

« ... D’accord, » sa voix semblait indiquer qu’elle était très déprimée.

Il ne savait pas ce qui la décourageait, mais Zagan avait rassemblé son mana dans le doigt qu’il avait tendu.

Immédiatement après cela, un unique éclair avait jailli comme une flèche.

« Kyaaaaa. » Néphy s’était couvert le visage alors qu’elle lâchait un adorable glapissement.

Touchés par l’éclair qui s’était ramifié, plusieurs bandits avaient disparu de la surface du monde.

La bouche de Néphy s’était ouverte et fermée sans faire de bruit.

En raison de cette attaque soudaine, les bandits s’étaient également raidis comme s’ils ne comprenaient pas ce qui s’était passé.

Je n’ai pas l’intention de dire que je te protégerai ou une autre phrase aussi grandiose, pensa-t-il.

Bien sûr, la sorcellerie offensive l’avait peut-être effrayée, mais, quelles que soient les circonstances, il était inacceptable d’être effrayée par de simples bandits. Ces êtres étaient comme de la mauvaise herbe ou des cailloux, donc il n’y avait rien à craindre.

C’est pourquoi il lui avait montré que les bandits n’étaient que de minuscules insectes.

Dans tous les cas, il semblerait que les bandits avaient au moins compris qu’un ennemi était apparu.

« N-Ne paniquez pas ! Même si c’est un sorcier, ce n’est pas comme s’il pouvait continuer à lancer sa magie sans arrêt ! Frappons le avant qu’il puisse invoquer le sort suivant ! » en entendant la voix de ce qui semblait être leur chef, les bandits s’étaient précipités sur eux avec leurs armes à la main.

« Maître, » déclara Néphy.

« Reste simplement derrière moi, » en disant cela à Néphy après que la voix tremblante de la jeune elfe se soit fait entendre, Zagan avait fait un pas en avant.

Le bandit le plus proche de Zagan était un homme de grande taille d’environ deux têtes de plus que lui. Ses bras étaient bombés par des muscles peut-être plus épais que la taille de Néphy.

Cet homme était venu à lui avec la hache à la main. Même un grand arbre serait probablement coupé en deux, puisqu’il s’agissait d’une frappe vraiment brutale. Quelque chose comme la tête de Zagan serait facilement écrasé comme un œuf, et en ce moment, l’arme descendait directement sur le crâne de Zagan.

« R-Ridicule... Argh ? » Cependant, celui qui avait laissé échapper une voix choquée avait été l’homme de grande taille.

Zagan avait attrapé la hache du grand homme à mains nues. Non seulement cela, même lorsque l’homme avait poussé dessus avec plus de force, la hache n’avait pas bougé d’un pouce.

« Défier un sorcier avec une force brute n’est-il pas un acte vraiment ridicule ? » En parlant de sorciers, pour la plupart des gens, ils avaient probablement l’impression d’un individu peu athlétique qui s’enfermait dans un laboratoire sombre entouré d’une grande quantité de livres.

Cependant, avec la puissance apportée par la sorcellerie, ils pouvaient appeler la foudre, manipuler le feu et donner naissance à des boucliers invisibles. Même s’ils étaient toujours des mortels, ce pouvoir tout-puissant serait d’abord utilisé pour se protéger.

Ils possédaient une peau si dure qu’une lame moyenne ne laisserait pas une seule blessure, des pieds si puissants qu’ils pouvaient même dépasser un cheval rapide, des bras qui pouvaient déchirer, même à mains nues, le corps d’un homme, et un cœur qui ne se fatiguait pas même après s’être battus pendant toute une journée et une nuit.

En tant que sorciers âgés, ils accédaient à des capacités encore plus surhumaines qui semblaient sortir tout droit des légendes. Même s’ils pouvaient tomber face à un Chevalier Angélique qui consacrait d’innombrables heures à l’entraînement, le simple corps d’une personne normale ne pourrait pas croiser le fer avec ces monstres.

Il s’agissait des existences connues sous le nom de sorciers.

Zagan avait mis sa force dans sa main pour tenter de contre-attaquer. Une fissure était apparu le long de la hache d’acier, et les yeux du grand homme s’étaient écarquillés.

« I-Impossible..., » avec un cliquetis, la hache s’était brisée comme du verre, et la voix choquée de l’homme s’était échappée.

L’homme s’était effondré à genoux et Zagan avait légèrement frappé son front avec son doigt comme s’il s’agissait simplement de chasser une mouche.

« FUGYAH !? » Laissant échapper une voix comme un cochon qu’on égorgeait, l’homme avait été soufflé jusqu’au chariot. Un vil bandit qui se trouvait là s’était retrouvé coincé sous lui.

« Eeek, le chef ! »

... Il semblait que le malheureux bandit était le chef. Avec leur chef à terre, les autres bandits se jetèrent dans l’ombre du carrosse, certains se précipitant même dans les fourrés environnants.

« Geh, a-ahh... Monsieur le Sorcier ! Aidez-nous ! » Bien que ce soit une voix suppliant de l’aide, ce n’étaient pas des paroles dirigées vers Zagan.

Il n’était pas clair où il était caché auparavant, mais un homme s’était soudain mis en travers du chemin de Zagan, en étant apparemment à l’aise.

Un sorcier.

Il semblait que ces bandits avaient engagé un sorcier.

« Hmmm... Un sorcier qui sauve des personnes ? C’est un événement bien étrange. » Tandis que le sorcier caressait son menton d’une manière perplexe, il leva l’autre main.

« Cependant, il s’agit également d’un contrat. Je ne sais pas qui vous êtes, mais je vous assure que vous regretterez d’avoir comparu devant moi, » déclara le sorcier ennemi. Après qu’un petit cercle magique avait fini par se former dans la paume de cet homme, des flammes en étaient sorties.

Il faisait assez chaud pour éprouver des difficultés à respirer. L’herbe des environs brûlait, et même les bandits qui s’y cachaient étaient couverts de flammes lorsqu’ils poussaient des cris.

Observant attentivement les mouvements du sorcier et les flammes, Zagan marmonnait quelque chose pour lui-même.

« Je vois... en utilisant les flammes comme médium, il dessine un autre cercle magique, hein ? » Les flammes ne se répandaient pas sans une trajectoire bien définie. Elles progressaient comme si elles dessinaient un cercle avec le sorcier en son centre. Il ne s’agissait pas d’une attaque, mais d’une forme de restriction employée pour former un cercle magique.

Engouffrant le carrosse et Zagan, un cercle magique massif s’étirait. Il semblait qu’il considérait Zagan comme un ennemi redoutable et qu’il avait l’intention d’utiliser une sorcellerie à grande échelle.

Et bien, je n’ai aucune raison de rester assis et d’attendre ça non plus, pensa-t-il.

Un jet de flammes se referma devant ses yeux. Néphy s’était réfugiée derrière lui, mais Zagan était celui qui se tenait devant elle.

Zagan avait balancé son bras sur le côté comme si c’était tout simplement quelque chose d’irritant.

Les flammes avaient disparu comme si elles se dissolvaient, et même les broussailles et le chariot en feu avaient été éteints. Il ne restait plus que la lumière du cercle magique se trouvant à ses pieds.

Mais même ainsi, le sorcier avait tendu son bras et avait crié de manière retentissante.

« Vous êtes plutôt bon. Mais vous avez un temps de retard ! Transformez-vous en cendres ! » Le cercle magique avait brillé — et puis, il ne s’était rien passé.

« Qu’est-ce que... ? » Le cercle magique brillait encore maintenant.

Cependant, il n’appartenait plus à ce sorcier.

Zagan avait émis un soupir de façon exagérée.

« Après avoir fait un si grand cercle magique, ne vas-tu pas utiliser la moindre sorcellerie sur moi ? » Quand Zagan avait dissipé les flammes, il avait volé l’hégémonie du cercle magique de l’autre sorcier.

Il s’agissait de la même chose que l’autre jour, lorsque Barbatos s’était téléporté dans la barrière de Zagan.

« C’est bon pour les imbéciles comme toi. » Après avoir levé l’index en l’air, Zagan l’avait fait basculer vers le bas et avait tracé une ligne verticale.

Une grande lumière avait alors jailli du cercle magique.

« Gah ? » Une lance de lumière s’était tombé depuis le ciel.

Il s’agissait de simple frappe de foudre convergeant. Ce n’était pas si sophistiqué, mais quand Zagan l’avait déclenchée, elle avait assez de puissance destructrice pour pulvériser un mur de château.

Quant au sorcier qui avait pris la frappe dans la tête, il avait été volatilisé sans même laisser une seule trace.

Cependant, la chose la plus terrifiante était le fait que le carrosse et ses passagers dans les environs n’avaient pas du tout été blessés.

Le sorcier n’avait créé qu’une seule série de flammes et il y avait même entraîné ses alliés, tandis que Zagan n’avait détruit que sa cible. La différence de capacité avait été clairement démontrée ici.

Zagan s’était alors approché de la voiture à un rythme détendu. Il restait encore des bandits devant lui.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Venez me chercher. Si vous êtes prêt à voler les autres, alors ça ne vous dérange pas non plus qu’on vous vole, n’est-ce pas ? » demanda Zagan.

« E-Eeek ! Pensez-vous qu’on voudrait vraiment cela ?? » s’écria un autre homme.

« Je ne veux pas entendre cela de votre part » aurait probablement été une réponse appropriée à ce moment-là.

Le chef des bandits s’était finalement échappé de dessous l’homme de grande taille, et il s’était rétracté sur lui-même tout en tenant sur ses fesses.

« Je me demande un truc. N’est-ce pas juste parce que tu es une horreur visuelle ? Tu devrais vraiment subir la même chose, n’est-ce pas ? » demanda Zagan.

« HIGYAAAAAAAAAAAAAAH ! » En poussant un cri, le bandit avait été effacé de la surface de ce monde pendant qu’il écarquillait les yeux en raison de la peur...

À ce moment-là, Zagan pensait qu’il y avait une odeur désagréable dans l’air, et il s’était avéré que le bandit s’était piteusement chié dessus.

Les autres bandits s’étaient également rendus et avaient jeté leurs armes en voyant ce qui était arrivé à leur chef.

S’assurant qu’il n’y avait plus personne lui faisant face, Zagan se retourna pour regarder Néphy.

Il avait l’intention de dégager un chemin sûr pour elle, mais Néphy était complètement raide, les yeux grand ouverts.

Hm ? Est-ce que j’ai encore fait une erreur ? Zagan avait eu des sueurs froides, mais il s’était raclé la gorge et avait calmement essayé d’expliquer les faits tels qu’il les avait vus.

« M’entends-tu bien, Néphy ? Comme tu l’as vue, les bandits sont de simples déchets inoffensifs pour l’homme et la bête. Ils n’ont aucune chance de pouvoir te causer le moindre tort, et ils sont une plaie pour les yeux. De plus, ils deviennent dociles après avoir reçu une petite tape sur la main comme je viens de le faire. »

« Ils ont attaqué un chariot, donc sont-ils vraiment inoffensifs... ? » lui demanda Néphy.

« Euh..., » le fait que Néphy lui avait fait remarquer cela avait été dur, surtout quand elle avait encore ce regard vide encore présent sur son visage.

Cette fille... Quand elle est dans un état de confusion, elle peut vraiment répliquer durement, hein ? pensa-t-il.

Il était étonné, mais le fait de se rendre compte de tout ça était aussi une heureuse découverte pour lui.

Cependant, en les regardant tous les deux, quelqu’un avait lâché des mots comme s’ils ne pouvaient plus rester silencieux. Et comme si elle surgissait, une voix en plein essor avait retenti.

« C’est incroyable, Monsieur le Sorcier ! » avec cette voix, les passagers s’étaient rassemblés autour de Zagan.

« Hé, n’êtes-vous pas la personne qui n’êtes pas montés plus tôt ? »

« Merci, vous nous avez sauvés. »

« Il y a des gens bien, même parmi les sorciers, hein ? » Les yeux de Zagan avaient commencé à s’agiter face à tout ce qui se passait autour de lui.

Ce n’était pas la première fois qu’il donnait un coup de pied aux culs de bandits. Il avait aussi sauvé sans aucune raison des personnes qu’il avait déjà croisées auparavant, mais c’était la première fois qu’il entendait des paroles de gratitude.

Et celui qui était mis dans le lot n’était pas seulement Zagan.

« Hé, êtes-vous la compagne de Monsieur le Sorcier ? »

« Quelle enfant magnifique ! »

« Est-ce un bon maître, hein ? »

« Euh..., » Néphy était également bousculée.

Et Zagan avait ainsi été convaincu de quelque chose.

C’est peut-être parce que Néphy est avec moi, n’est-ce pas ? S’il était seul, comme toujours, ils se seraient enfuis en raison de la peur.

Il ne savait pas ce qui changeait avec la présence de Néphy à ces côtés, mais il semblerait qu’elle était le principal facteur qui provoquait d’autres sentiments que la peur.

Jusqu’à il y a quelques instants, Zagan envisageait sérieusement de prendre tout leur argent et leurs biens, mais maintenant il lui restait une sensation de chatouillement complexe et inconfortable.

Et puis, le cocher avait sorti une petite pochette.

« Hé, vous. Si ça ne vous dérange pas, pourriez-vous nous accompagner en tant qu’escorte ? Naturellement, je vous paierai... Bien que je n’ai pas beaucoup d’argent, » déclara le cocher.

« Bien sûr. Cela a l’air bien, » alors que la petite pochette avait été placée de force dans sa main, Zagan l’accepta sans poser de questions. D’après la sensation de poids, il pouvait dire qu’il y avait des douzaines de pièces d’or à l’intérieur.

Auparavant, ce montant aurait été de la petite monnaie pour lui, mais maintenant il en était très reconnaissant. Il y avait de quoi acheter des ingrédients et des vêtements pour Néphy.

Qu’est-ce que c’est ? L’or est-il quelque chose qui surgit si facilement ? En d’autres termes, il semblerait que s’il se contentait d’anéantir les vils êtres comme il le voulait, alors l’argent viendrait à lui de cette façon.

Juste au moment où il avait commencé à nourrir ce léger espoir, il en était venu à une prise de conscience surprenante. Aux yeux d’une personne moyenne, il était au premier rang de la liste de ces vils êtres.

Cette pensée lui fit penser que ses genoux allaient lâcher, et pendant que Zagan se tordait intérieurement en raison de l’angoisse, lui et Néphy furent poussés dans le chariot.

Puis, assis l’un à côté de l’autre, ils avaient échangé des regards.

« Maître, » demanda Néphy.

« ... Quoi ? » lui demanda-t-il en retour.

« Pourquoi... avez-vous sauvé ces personnes ? » lui demanda Néphy.

« Hein ? Ah... Je vois. J’ai fini par les sauver, hein ? » Tout ce que Zagan voulait faire, c’était de démontrer à Néphy qu’il n’y avait pas besoin d’avoir peur des bandits. Il ne s’était pas rendu compte qu’il sauvait par la même occasion les passagers de la calèche ou quelque chose du genre.

Mais n’est-ce pas une bonne occasion d’attirer son attention ? Les arrière-pensées avaient commencé à gonfler à l’intérieur de Zagan.

Selon lui, il lui fallait simplement prononcer des paroles motivantes qui amèneraient Néphy à lui ouvrir son cœur.

Tout en priant pour que des conseils lui parviennent de Barbatos pour cet instant précis, Zagan avait répondu comme si c’était parfaitement naturel. « Tout ce que j’ai fait, c’est d’enseigner leur place à ces ordures prétentieuse. »

Pourquoi est-ce que je foire toujours tout !? Était-ce son ego qui l’empêchait de bien agir ? Il n’arrivait tout simplement pas à dire des mots doux en annonçant par exemple qu’il l’avait fait pour protéger Néphy, ou qu’il ne pouvait pas abandonner les faibles ou alors quelque chose dans le même genre.

Et pourtant, la seule chose qui sortait de sa bouche était un bluff qui ne valait pas plus que de la merde de chien. Après avoir foutu tout seul son occasion tant attendue à la poubelle, Zagan était une fois de plus en proie à l’angoisse.

C’est pourquoi il n’avait pas remarqué que, contrairement à ses attentes, Néphy le regardait avec les yeux pleins d’intérêt et d’admiration.

***

Partie 5

« À plus tard, mon pote. Tu peux repartir avec moi quand tu veux. En fait, si c’est toi, alors tu peux l’emprunter gratuitement, » après avoir fait un tour en calèche, Zagan avait fini par aller à Kianoides. Alors que le chariot s’arrêtait, le cocher au visage de chat lui avait dit ça avant de partir.

Comme d’habitude, la ville était bruyante. D’un côté, une noble dame faisait des achats. En regardant ailleurs, un sale voyou vendait des narcotiques. Bien qu’il s’agisse d’une ville chaotique, elle avait l’avantage que tout était à sa disposition.

Alors, où devrions-nous aller ? se demanda-t-il.

Pour l’instant, son objectif était de rassembler les ingrédients, mais le château ne possédait pas tous les objets nécessaires au quotidien de Néphy.

Pour commencer, de quoi a-t-elle besoin au quotidien ? Zagan était totalement ignorant de la réponse.

Après s’être raclé la gorge en toussant, il s’était focalisé sur Néphy.

« Écoute-moi, Néphy. La plupart des choses sont disponibles ici dans cette ville. Tu peux tout à fait choisir ce que tu veux, » déclara Zagan.

« Même si vous me donniez des haillons, je serais satisfaite, » en entendant cette réponse, qui ne contenait aucune allusion de rêves ou d’espoirs, Zagan avait eu envie de pleurer.

Voyons voir la situation... Même dans un avenir proche, je ne pense pas que cette fille souhaite quelque chose tout d’un coup, pensa-t-il.

Cependant, dans ce cas, qu’était-il censé lui acheter ?

Alors qu’il souffrait face à cette pensée, Zagan s’était concentré sur les individus qui se promenaient dans la ville.

Ce n’était pas comme s’il n’y avait pas de nobles portant des robes éblouissantes, mais la plupart étaient habillés avec des vêtements relativement faciles à porter. Lorsqu’il s’agissait de chaussures, la majorité d’entre eux portaient des bottes ou des sandales ou d’autres choses semblables qui étaient faciles à enfiler.

La longue robe où les ourlets semblaient devoir être soulevés et les chaussures à talons effilés que portait Néphy avaient vraiment l’air d’être difficiles à porter. Et c’était d’autant plus vrai pour un tel trajet pour aller faire des achats.

« ... Hmm. Pour l’instant, va-t-on te chercher des vêtements ? » lui demanda-t-il.

« Vêtements... est-ce bien ça ? » lui demanda-t-elle en réponse.

« Tout à fait. Cette tenue... c’est dur de se déplacer avec, n’est-ce pas ? » Hier, elle avait titubé en montant les escaliers, et aujourd’hui, lorsqu’elle avait dû marcher, elle avait dû soulever les ourlets de sa robe.

Néphy avait cligné des yeux comme si elle ne pouvait pas croire ce qu’il lui disait, mais mystérieusement, elle ne montrait aucun signe d’aversion face à ses paroles.

Tout en marchant dans la rue et en regrettant qu’il n’eût pas au moins demandé au cocher où ils vendaient des vêtements féminins, après un certain temps, ils avaient pu trouver un magasin qui semblait correspondre à ce qu’il voulait en matière de prix.

Il semblerait que ce magasin s’était spécialisé dans les tenues destinées aux voyageurs, mais ils avaient des ensembles complets d’équipement pour les femmes posés sur des stands en bois. Ils avaient l’air d’avoir au moins quelques vêtements décontractés.

Lorsque Zagan avait ouvert la porte du magasin, l’intérieur était soudainement devenu silencieux.

Il semblerait qu’ils étaient sur leurs gardes en voyant le vêtement d’un sorcier.

Ce qui ressemblait à une jeune employée du magasin était immédiatement arrivé auprès de lui. Il s’agissait d’une femme-oiseau avec des ailes vertes sur le dos, et elle portait avec style un exemple de l’un des ensembles de vêtements alignés dans la boutique. Sur sa poitrine bien arrondie se trouvait une plaque avec l’inscription « Manuela ».

La vendeuse, Manuela, s’adressa à Zagan avec un sourire crispé.

« B-Bienvenue. Quel genre de vêtements désirez-vous ? » Il s’agissait d’une atmosphère franchement peu accueillante, mais Zagan était vraiment reconnaissant que la vendeuse soit venue.

Il désigna alors Néphy, qui se tenait derrière lui.

« J’aimerais que tu choisisses des vêtements appropriés pour cette fille, » Manuela regarda Néphy puis elle avait eu la bouche grande ouverte.

« Wôw, quelle belle enfant... ! » Il semblait que même les membres du même sexe ressentaient la même chose. Même s’il ne s’agissait pas de lui, pour une raison inconnue, Zagan se sentait fier.

Cependant, l’expression de Manuela s’était instantanément assombrie. Et son regard était dirigé vers le collier.

Comme je le pensais, je devrais enlever son collier dès que possible, hein ? se dit-il.

 

Si elle recevait déjà des regards si bizarres juste parce qu’elle était dans un magasin, elle ne pourrait pas s’en sortir. Il se fichait de la façon dont on lui avait dit qu’elle pourrait s’enfuir s’il enlevait le collier.

Zagan souhaitait vraiment sauver Néphy. Naturellement, il avait une arrière-pensée, puisqu’il était amoureux d’elle, mais il n’y avait pas de sens à tout cela même si le collier signifiait qu’elle lui appartenait. Même sans lui, il était sûr qu’elle le regarderait toujours comme un sorcier de la même manière avec ce visage effrayé.

Néphy avait été emmenée par la préposée plus profondément dans le magasin et avait disparu de sa vue.

Zagan ne savait pas vraiment où se tenir, alors pour le moment, il était placé vers l’entrée et s’était tenu le long d’un mur.

Un peu après avoir fait ça, Manuela était revenue le voir.

« Que diriez-vous de ce genre de style ? » lui demanda-t-elle.

« Hm... Euh, quoi !? » En regardant Néphy sortir de l’intérieur de la cabine d’essayage, les paupières de Zagan s’ouvrirent en grand.

Sur son corps nu, Néphy n’avait rien d’autre que des ceintures de cuir qui l’habillait.

Cela avait plus ou moins la forme d’un vêtement, du moins en apparence. Ses mamelons et son aine étaient superbement dissimulés. Cependant, tout le reste avait été mis à nu, et ses gros seins n’étaient pas du tout cachés.

Il pensait que même le collier semblait se fondre dans le décor d’une manière quelque peu artistique, mais ce n’était pas comme s’il avait fait ce genre de demande. S’il y avait des commis ou des clients de sexe masculin dans le magasin, cela aurait dû leur arracher les yeux en le voyant.

Néphy était rouge jusqu’au bout de ses oreilles blanches, et elle se tortillait en essayant de cacher son corps.

Il s’agissait d’une réaction qu’il n’avait jamais vue, même lorsqu’elle avait relevé calmement sa jupe la nuit précédente.

Même quelqu’un qui voulait vraiment mourir ne pouvait pas supporter cette honte. En ce sens, elle avait au moins un peu de volonté de vivre en elle, et cela rendait Zagan un peu heureux, mais ce n’était pas le moment pour avoir ce genre de pensée.

 

 

Les cheveux blancs cachaient une petite partie du corps tremblant de la jeune fille.

« S-S’il vous plaît... ne regardez pas..., » alors que Zagan avait été ramené à la réalité par la voix hésitante de Néphy, pour une raison ou pour une autre, Manuela avait gonflé sa poitrine avec fierté.

« Comment est-ce ? Je crois que c’est la combinaison parfaite si je devais moi-même la décrire, » déclara Manuela.

« En quoi est-ce parfait ? J’ai juste dit de choisir des vêtements appropriés. Alors comment ça s’est terminé comme ça ? » demanda Zagan.

« Euh... ? Je voulais correspondre à vos goûts, mais... » Que pensait-elle exactement de lui ?

Je suppose qu’elle me voit comme un infâme sorcier avec une jolie fille dans un collier..., pensa-t-il.

Le titre de sorcier était fondamentalement synonyme de mal. En y réfléchissant bien, la réaction de la vendeuse semblait assez raisonnable.

... Non, même ainsi, ce genre de vêtements était toujours hors de question.

En se grattant la tête, Zagan avait parlé. « Je cherche des vêtements de tous les jours. »

« Eeeh... Même si vous avez de si jolis éléments que vous pouvez embellir ? » Pendant que la vendeuse faisait une expression insatisfaite de façon flagrante, elle emmena Néphy plus profondément dans le magasin.

« Attendez, laissez derrière vous ce que vous tenez dans votre main. » Incorrigible, Manuela s’était accrochée à des vêtements lascifs qui semblaient être des sous-vêtements.

Ayant elle aussi remarqué cela, même Néphy avait les larmes aux yeux.

Après s’être fait parler ainsi par Zagan, comme on pouvait s’y attendre, la vendeuse avait levé les deux mains et avait renoncé.

« Allez, c’est bon. Je plaisantais, d’accord ? » Cela ne ressemblait pas du tout à ça, et Zagan avait dirigé un regard suspect vers elle. Après que la vendeuse ait déposé les vêtements douteux, Néphy avait posé ses mains sur sa poitrine comme si elle était soulagée du fond du cœur.

Peu de temps après s’être changé une deuxième fois, Néphy était revenue.

« Alors, comment est-ce ? » demanda Manuela.

« Hoo..., » cette fois, Zagan avait poussé un soupir d’admiration.

Elle portait une robe bleu vif avec un tablier sur le dessus, qui était décoré de dentelle voyante, et des bottes qui semblaient faciles à porter protégeaient ses pieds.

Il s’agissait des vêtements appropriés pour une servante, mais il pensait franchement qu’elle était adorable dans cette tenue.

Manuela commença alors à expliquer d’une manière quelque peu morose.

« Il s’agit là d’un uniforme de bonne classique, mais la robe et le tablier sont tous les deux en soie, de sorte qu’ils peuvent même être utilisés comme habits pour une dame d’honneur. Les bottes ont également des propriétés curatives, ce qui réduit la fatigue pour tout travail effectué debout, » ils n’avaient pas mauvaise mine et ils semblaient également très fonctionnels.

En la regardant une fois de plus, Zagan avait senti que c’était de beaux produits qu’il avait devant ses yeux.

« Alors Néphy, est-ce que ça va ? » lui demanda Zagan.

« Si c’est quelque chose que vous me donnez, Maître, alors je l’utiliserai, » déclara Néphy.

« ... Écoute, si tu continues à dire ça, je vais te faire porter les vêtements de tout à l’heure. » Les yeux de la vendeuse femme-oiseau à côté d’elle avaient brillé d’un éclat suspect, et elle avait une fois de plus attrapé les vêtements faits de ceintures de cuir se trouvant sur une étagère.

À ce moment-là, Néphy secoua rapidement la tête en montrant son agitation. Zagan avait l’impression que c’était la première fois qu’elle faisait une réaction aussi amusante.

« J-Je pense que c’est bon, Maître ! » déclara Néphy.

« Je vois. Alors ça fera l’affaire. » Manuela avait claqué sa langue. Il s’agissait d’une employée de magasin avec de mauvaises manières.

Après avoir fait la facture, la vendeuse avait chuchoté quelque chose à l’oreille de Néphy.

« Heureusement que ton maître te chérit tant. » Zagan n’avait pas du tout entendu ce qui avait été dit, mais les yeux de Néphy s’étaient soudainement écarquillés.

Et après cela, elle avait hésité et avait hoché la tête avec sérieux.

« ... Tout à fait, » son expression avait l’air d’indiquer qu’elle était heureuse.

Après avoir quitté le magasin, Zagan l’avait interrogée sur ce qui s’était passé.

« Qu’est-ce que la vendeuse t’a dit ? » lui demanda-t-il.

« Oh... Que j’ai un bon Maître, » répondit Néphy.

« Est-ce que c’est vraiment le cas ? » Ce n’était probablement que des paroles en l’air, mais il ne pouvait pas vraiment comprendre la raison d’avoir été jusqu’à lui dire cela.

À côté de Zagan, qui inclinait maintenant sa tête, Néphy brossa doucement ses nouveaux vêtements comme si elle en était satisfaite.

« Suis-je... vraiment chérie par lui..., je me le demande ? » Cette voix tremblante qui ne savait pas si elle pouvait vraiment le croire n’avait atteint aucune oreille quand elle s’était dissipée dans le vent.

***

Partie 6

Alors, où va-t-on maintenant ? se demanda-t-il.

Ayant changé de vêtements, Néphy semblait pouvoir marcher beaucoup plus facilement. Avec cela, il serait probablement correct de se promener ici et là.

Tout en pensant cela, Zagan avait senti que quelque chose le retenait. Tandis qu’il se retournait, il pouvait voir que Néphy saisissait timidement l’ourlet de sa robe.

La personne en question semblait l’ignorer alors qu’elle avait incliné la tête pour voir tout autour d’elle.

Je vois... Après avoir été taquiné par la vendeuse, il se peut qu’elle ait eu peur, pensa-t-il.

Le fait de comparer sa silhouette glauque d’hier à son charme d’aujourd’hui avait rendu Zagan heureux.

Zagan avait continué à marcher prudemment en s’assurant de ne pas lui serrer trop fort la main, mais il avait aussi essayé de s’assurer que Néphy ne réalise pas ce qu’il faisait. Et tandis qu’ils marchaient, ils entendirent ensuite le son bien audible du métal contre le métal.

En regardant la source du bruit, il semblait qu’il y avait un forgeron à proximité. À côté des épées et des armures utilisées par les Chevaliers Angéliques et les soldats, il y avait une montagne de bibelots de métal empilés ensemble.

Et parmi eux, il y avait également des colliers d’esclaves.

« Nous entrons dans ce magasin, » déclara Zagan.

« D’accord, » tandis que Zagan marchait vers le forgeron, Néphy le suivait.

L’intérieur ressemblait à n’importe quel atelier un peu ancien. Les murs présentaient une grande quantité de marchandises alignées sur les étagères et, dans les profondeurs de l’atelier, plusieurs hommes frappaient du métal surchauffé.

Après avoir appelé les hommes, l’un d’entre eux avait sursauté, clairement surpris.

Cependant, cette réaction était tout à fait naturelle que lorsqu’un sorcier vous avait soudainement appelé.

Alors qu’il avait l’air terrifié, l’homme se retourna vers Zagan.

« Que puis-je faire pour vous aider ? » lui demanda l’homme après avoir marché vers eux.

« Alors, il y a un sujet sur quoi je voudrais ton avis, » celui qui était venu auprès de lui était un nain. Il n’avait pas de barbe, et à cause de cela, il était difficile de lui donner un âge. Il avait l’air d’être un jeune homme, mais il était peut-être aussi d’un âge bien plus important.

Les nains étaient agiles de leurs mains, et on disait qu’ils étaient fiers d’eux-mêmes lorsqu’il s’agissait des bijoux et d’objets délicats.

Zagan avait placé Néphy devant lui.

« Je veux que tu jettes un coup d’œil au collier de cette fille... Sais-tu comment l’enlever ? » Le corps de Néphy s’était mis à trembler avec une unique secousse.

Et puis, elle avait regardé Zagan comme si elle n’y croyait pas.

Hm ? Maintenant que j’y pense, ai-je dit à Néphy que j’enlèverais son collier ? Il avait l’impression de n’avoir jamais rien dit à ce sujet.

Même s’il ne pouvait pas l’enlever tout de suite, si elle savait qu’il avait l’intention de le faire, elle serait probablement plus à l’aise, de sorte que Zagan était découragé par son niveau déplorable quand il s’agissait de ses compétences sociales.

Néphy avait alors ouvert nerveusement la bouche pour parler. « Maître... »

« Si tu continues à porter ce collier, tu seras à jamais la propriété de Marchosias, n’est-ce pas ? Tu n’en as plus besoin. » Ayant une fois de plus fait référence à Néphy en tant qu’objet, Zagan se couvrit le visage.

Et pourtant, les joues de Néphy rougirent légèrement quand elle hocha la tête.

« ... Oui, » répondit-elle.

« ... Bien. » Il ne savait pas ce qu’il y avait quelque chose de bien à ce sujet, mais il avait fallu tous les efforts de Zagan pour prononcer cette réponse.

Après cela, le forgeron nain avait haussé la voix d’une manière troublée. « L’enlever, vous dites ? Voulez-vous parler de ce collier ? »

« Tout à fait, » répondit Zagan.

« ... S’il vous plaît, épargnez-moi les blagues. N’est-ce pas un dispositif de sorcellerie ? Nos mains ne peuvent pas faire face à ça. » L’épaule de Néphy s’était légèrement affaissée, mais Zagan en savait déjà beaucoup plus grâce à ça.

« Je veux entendre parler de sa structure. Est-ce que c’est quelque chose qui peut être enlevé en cassant la serrure ? » Après avoir entendu cette question, le forgeron observa fixement le collier.

Finalement, il avait désigné la serrure qui reliait le collier ensemble. La masse de métal reliée au trou de serrure avait six fûts qui en sortaient, et semblait lier ensemble les deux bouts du collier.

« Jetez un coup d’œil à cette serrure. Ce collier est structuré de telle sorte qu’il est fixé sur ce point central. Dès que la serrure sera enlevée, elle se séparera en morceaux. Normalement, c’est ainsi. » En ajoutant normalement, cela signifiait probablement qu’il ne savait pas quel genre de mécanisme avait été ajouté avec la sorcellerie.

Zagan répondit alors par un grognement. « Et précisément parce que la sorcellerie est un pouvoir qui a pour but de renverser les notions naturelles, elle est faite pour ressembler à l’original. Vis-à-vis d’un collier possédant une telle structure, la serrure n’est probablement pas seulement une décoration, n’est-ce pas ? »

« Et aussi, c’est un peu difficile à vous dire, mais..., » le forgeron avait fait une grimace comme s’il hésitait à parler.

Il semblait qu’il ne voulait pas que Néphy l’entende. Et après s’être éloigné d’elle, il chuchota à l’oreille de Zagan.

« Il est probable qu’il y a un piège dans ce truc, » murmura le nain.

« Un piège ? » demanda Zagan en un murmure.

« Oui, s’il n’est pas enlevé avec les bonnes procédures, alors un mécanisme s’activera... Dans le pire des cas, il y a une probabilité que quelque chose d’horrible arrive au cou de cette petite dame..., » répondit le nain.

Zagan ne voulait même pas penser à ce que cette horrible chose impliquerait.

C’était probablement la raison pour laquelle le forgeron était aussi quelque peu évasif dans ses réponses.

Comme je le pensais, il sera dangereux de l’enlever par la force..., pensa-t-il.

S’il s’agissait simplement de détruire le collier, alors la puissance de Zagan était plus que suffisante.

Cependant, il avait décidé de faire preuve de prudence puisque le collier avait été laissé par un Archidémon, et il semblait qu’il avait pris la bonne décision.

« Je pense que la meilleure option serait d’utiliser la clé d’origine pour l’ouvrir, » déclara le nain.

« Je parie que oui, » Zagan le savait déjà, mais même les employés de la vente aux enchères ne l’avaient pas.

Quant aux indices, eh bien, ce n’est pas comme si je n’en avais pas..., pensa-t-il.

Cependant, il était vrai qu’il n’y avait pas de carte en main qu’il pouvait réellement jouer en ce moment.

Pour l’instant, Zagan avait découvert tout ce qu’il voulait savoir, puis il avait sorti quelques pièces d’argent de sa poche. C’était la monnaie de quand il avait acheté les vêtements de Néphy.

« Tu as mes remerciements. Prends-le, » déclara Zagan.

« Non ! Je n’ai rien fait qui vaille la peine de vous faire payer. En plus, il n’y a aucun moyen que je puisse vous prendre de l’argent, » déclara le nain.

« Euh... ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » Tout en affichant un sourire amer, le forgeron nain avait déclaré ce qui avait suivi.

« Après tout... j’ai été... sauvé par vous avant ça, » Zagan ne se souvenait pas du tout d’une telle chose, alors il avait incliné la tête sur le côté.

« Ça fait déjà... c’était il y a environ un an. Quand notre chariot a été attaqué, vous nous avez sauvés, ma fille et moi. À l’époque, nous avons paniqué et nous nous sommes enfuis, mais vous nous avez ignorés sans vous mettre en colère. S’il vous plaît, pardonnez-nous pour ça, » déclara le nain.

Il semblait que parmi la racaille se présentant devant ses yeux, Zagan avait donné des coups de pied parce qu’il trouvait qu’ils étaient des horreurs pour ses yeux, que cela soit un sorcier ou autre chose qui s’était présenté devant lui. Et comme résultat, cet homme et sa fille avaient fini par être sauvés par Zagan.

Il n’avait pas véritablement l’intention d’exiger d’eux de la gratitude, mais il était reconnaissant de ne pas vouloir être payé maintenant. Zagan avait ensuite replacé dans sa poche les pièces d’argent qu’il avait sorties.

« Alors, je vais ranger ça. Tu devrais aussi oublier cette chose insignifiante. Je ne m’en souviens pas non plus. » En disant cela, il donnait l’impression qu’il essayait de passer sous silence le fait qu’il n’avait pas donnée de pièces, mais le forgeron avait laissé échapper un rire étrange.

« Je ne l’oublierai pas, vous savez ? Si vous avez besoin de quoi que ce soit d’autre, n’hésitez pas à passer. » Après cela, Zagan et Néphy avaient quitté le magasin.

Qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ? Les individus autour de lui étaient beaucoup trop amicaux au point où cela en faisait peur. Était-ce que le fait d’emmener Néphy avait vraiment changé les choses de façon aussi drastique ?

Zagan ne semblait pas réaliser la terrible vérité, du point de vue d’un sorcier.

Il ne semblait pas savoir que lui, qui avait toujours fait un visage comme si tout dans le monde méritait sa colère, faisait maintenant une expression terriblement douce et affectueuse.

***

Partie 7

Après cela, ils avaient continué à faire tous les achats dont ils avaient besoin et à la toute fin, le soleil commençait à se coucher.

Il n’était pas si tard dans la journée. Mais il était assez tard qu’il serait déraisonnable de retourner au château et de faire préparer un repas par Néphy. Et ainsi, tous les deux étaient allés dans un petit restaurant.

Et peut-être à cause de l’heure de la journée, il n’y avait pas trop de clients présents. Si l’on incluait Zagan et Néphy, il n’y avait qu’une dizaine de personnes dans les lieux. Les planchers de bois grinçaient au fur et à mesure que les employés du restaurant marchaient, et les poutres atteignaient jusqu’au toit de la bâtisse. Les lampes suspendues aux poutres éclairaient faiblement les différentes tables.

Zagan n’avait rien compris de ce qui était écrit sur le menu. Après tout, même les noms de tous ces plats lui étaient étrangers. Pourtant, pour l’instant, il avait essayé de commander quelque chose qui était probablement de la viande, ainsi que quelque chose comme une salade et du pain.

Il n’avait pas vraiment l’habitude de manger des légumes, mais il n’avait pas besoin de s’imaginer ce qui arriverait à la silhouette de Néphy si elle ne mangeait que de la viande.

En attendant la nourriture, Zagan s’était rendu compte que Néphy le regardait comme si elle avait quelque chose à dire.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » lui demanda Zagan.

« Non, euh..., » elle hésitait à parler, mais Néphy avait quand même touché son collier avant de se remettre à parler.

« Maître, avez-vous l’intention d’enlever ce collier ? » demanda Néphy.

« Hm ? Oh, maintenant que tu en parles, je n’en ai jamais vraiment parlé, non ? Oui, c’est tout à fait exact, » parce qu’il l’avait dit d’une manière si détournée auparavant, il semblait qu’elle n’était pas sûre de ce fait.

Alors qu’il se sentait un peu gêné de la voir lui poser cette question en face à face, Zagan répondit en agissant de façon un peu trop brusque. « Bien sûr que oui ! » ou d’autres mots qui lui apporteraient la paix de l’esprit ne sortiraient pas facilement.

Néphy avait ouvert la bouche plusieurs fois comme si elle était quelque peu en conflit, mais elle n’avait pas vraiment trouvé les mots qu’elle voulait lui dire.

Cependant, comme si elle rassemblait sa résolution, la jeune fille à l’allure d’une servante avait ouvert la bouche pour parler.

« Ne vous inquiétez-vous pas... que si le collier m’est enlevé, je m’enfuirais ? » lui demanda-t-elle.

Néphy était une elfe. Non seulement cela, mais elle était un individu aux cheveux blancs comme neige, qui possédait d’énormes quantités de mana en eux. Si le collier lui était retiré, elle pourrait probablement utiliser la sorcellerie.

Ce collier lui-même était aussi la preuve qu’elle était liée à Zagan. Cependant, Zagan avait essayé de faire enlever ce collier.

Il n’y a aucune chance que je ne m’inquiète pas pour ça, hein ? pensa-t-il.

Bien sûr, même Zagan avait pensé à ce risque. Il avait dépensé une somme d’argent scandaleuse, un million de pièces d’or, pour l’acheter. Il n’avait pas les moyens de la perdre après tout ça. En tant qu’homme, et en tant que sorcier, ce serait une énorme perte à son image.

Il pensait aussi qu’en réalité, ça finirait ainsi. Après tout, contrairement à Zagan, Néphy n’avait aucune affection pour lui.

C’était tout à fait le cas. Mais même si c’était le cas, si par exemple elle s’était échappée — .

Mais même ainsi, je veux l’enlever, pensa-t-il.

Zagan n’avait pas l’intention de traduire ses sentiments en mots.

C’est pourquoi, à la fin, tout ce qui sortait de sa bouche était les mots suivants.

« Hmph... Quoi qu’il en soit, ce n’est pas quelque chose qui peut être enlevé dans l’immédiat. Ne garde donc pas d’espoirs futiles, » il était vraiment à bout de nerfs.

Mais dans un tel cas, ne disait-il pas « Mais même ainsi, je veux quand même enlever le collier, » ?

C’est probablement parce que je veux rester à ses côtés. C’est probablement pour cela qu’il lui avait dit de ne rien attendre de ce côté-là.

Cela mis à part, l’utilisation du mot « futile » allait vraiment trop loin. N’y avait-il pas quelque part un grimoire du genre « Comment tenir une conversation avec une fille pour les nuls et les sorciers » ? À cette occasion, Zagan souhaitait de tout son cœur que quelqu’un lui dise une telle chose, même si elle était fausse.

Et pourtant, Néphy hocha la tête comme si elle était satisfaite de la réponse.

« D’accord. » Zagan avait l’impression d’avoir dit quelque chose de cruel à la fille, et il était, encore une fois, de plus en plus perplexe.

Pourtant, cette fois-ci, la période de temps qu’il avait passé à se tourmenter par l’angoisse se termina plus rapidement.

Leur repas leur fut rapidement apporté.

Il s’agissait d’un menu qu’il n’avait jamais vu auparavant, mais c’était quelque chose dont il avait rêvé de mangé il y a longtemps. Il ne se souvenait même pas de la dernière fois qu’il avait utilisé un couteau et une fourchette, mais il se souvenait au moins comment les utiliser.

Même lorsque Zagan avait commencé à couper sa viande, Néphy était restée immobile tout en regardant la nourriture de manière détournée.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Ne sais-tu pas comment utiliser une cuillère et une fourchette. » S’il se souvenait bien, il avait entendu dire que dans les pays du Nord, ils utilisaient des bâtonnets de bois appelés « baguettes » pour manger leurs repas.

Donc, il se pouvait que les elfes, qui vivaient vraiment très au Nord, n’utilisaient pas non plus de couteaux et de fourchettes.

C’était ce que Zagan pensait en lui demandant ça, mais Néphy secoua la tête sur les côtés avec énergie.

« Non, ce n’est pas le..., » commença Néphy.

« Alors, mange. Il n’y a aucune chance que tu n’aies pas faim, n’est-ce pas ? » Il l’avait dit une fois de plus d’une manière où il avait l’impression de la presser à le faire, mais il semblerait que Néphy s’était aussi habituée à sa manière de parler. Elle n’avait fait qu’une curieuse expression et n’avait pas semblé avoir peur de lui cette fois-ci. Il s’agissait probablement de quelque chose qu’il aurait dû réaliser plus tôt.

En tant que sorcier, Zagan était capable d’utiliser la sorcellerie pour atténuer sa sensation de faim, mais Néphy avait son mana scellé par le collier, donc ce n’était pas possible. De plus, elle n’avait pas l’air d’avoir beaucoup de force physique. En premier lieu, elle n’avait eu rien d’autre à manger depuis ce matin que de la viande séchée et du lait, ce qui était quelque chose qu’on ne pouvait même pas appeler un repas.

Comme s’il confirmait ce que Zagan avait dit, l’estomac de Néphy avait émis un adorable grognement.

À ce moment-là, les oreilles pointues s’étaient légèrement teintes en rouge.

« Est-ce que même moi, je peux manger ? » lui demanda Néphy.

« Quoi... ? Y a-t-il une raison de ne pas le faire ? » lui demanda Zagan.

En fait, se pourrait-il que ce soit un choix de menu trop frugal ? Cependant, sa réaction cette fois-ci semblait être différente de celle qu’elle avait eue le matin.

Et puis, Zagan s’était soudainement souvenu de sa situation.

« ... Se pourrait-il que ce soit la première fois que tu aies un repas comme celui-ci ? » Néphy avait fait un simple signe de tête.

Ah, je vois... Néphy était... comme ça aussi..., pensa-t-il.

Zagan avait l’impression qu’il avait enfin compris pourquoi il était tombé amoureux de Néphy au premier regard.

Elle était la même chose que lui.

Elle était la même que Zagan à l’époque où il n’avait aucun pouvoir, aucun endroit auquel il appartenait, alors qu’il était désespéré face à la dureté du monde.

C’est pourquoi Zagan avait pu lui donner la réponse suivante comme si ce n’était rien.

« Alors, ne t’inquiète pas pour ça. Je suis également semblable à toi dans ce sens. C’est bien si tu manges tout ce qui a l’air bon. Ici, il n’y a personne face à qui tu dois faire preuve de retenue, » déclara Zagan.

« Pourtant, je..., » commença Néphy.

« C’est assez, mange. Il s’agit d’un petit restaurant, mais cela reste beaucoup mieux que la viande séchée de ce matin, » en disant cela, Zagan avait apporté une tranche de viande à sa bouche, mais en vérité, il ne pouvait pas vraiment en saisir le goût.

Ne se sent-elle pas déprimée à la suite des discussions sur le collier ? Et aussi, franchement, comment l’inviter normalement à un repas à deux ? Tandis que ses questions et ses angoisses tournoyaient dans son esprit, Zagan ne pouvait même pas goûter quoi que ce soit.

Néphy avait posé sa petite main serrée contre sa bouche. Les coins de ses yeux se relevaient aussi, et c’était peut-être l’imagination de Zagan, mais ces actions semblaient indiquer qu’elle riait.

Après cela, Néphy avait mis ses deux mains ensemble et avait pris la fourchette.

« Merci pour le repas, » la première chose qu’elle avait tenté de saisir avait été une petite tomate. Elle avait essayé de la poignarder avec la fourchette, mais cela ne s’était pas très bien passé et la tomate avait glissé.

L’expression de Néphy ne semblait pas du tout changer, mais l’extrémité de ses oreilles pointues était légèrement teintée en rouge. Il semblait qu’elle était embarrassée à sa façon.

« ... » Après avoir remarqué le regard de Zagan, le corps de Néphy avait tremblé en un léger frémissement, et cette fois elle avait pris une cuillère à la main. Après avoir ramassé délicatement la tomate, elle l’avait finalement portée à ses lèvres roses.

« Hein... ? » En le plaçant sur sa langue, Néphy avait fait un visage empli de curiosité. Il était probable que la tomate n’avait aucun goût.

Il n’a pas de goût si on lèche la peau... Mords dedans ! Zagan n’était pas assez confiant pour lui donner de gentils conseils comme il le souhaitait. Et, par-dessus tout, Néphy elle-même aurait probablement été embarrassée s’il avait essayé de le faire.

Tandis qu’il la regardait attentivement et l’encourageait dans son cœur, Néphy avait finalement enfoncé ses dents dans la tomate.

Avec le son de quelque chose de juteux écrasé, les yeux de Néphy s’étaient ouverts en grand.

« C-Comment est-ce que c’est... ? » Incapable de répondre, après avoir déplacé la bouche silencieusement pendant un certain temps, Néphy avait fait un simple signe de tête. En raison de ce mouvement, ses cheveux blancs comme neige s’étaient déplacés le long de sa poitrine.

« Je pense... que c’est délicieux. » Après qu’il eut dit ça, trouvant peut-être ses mots insuffisants, elle secoua la tête.

« C’est la première fois... que je mange... ça. » Maintenant qu’il y avait pensé, quand elle avait dit qu’elle allait cuisiner pour lui, elle avait dit qu’elle avait appris en observant. Il se pouvait aussi qu’elle ne fût pas dans un environnement où elle pouvait manger n’importe quoi.

Un tel environnement était quelque chose à déplorer, mais au contraire, le visage de Zagan semblait se relâcher en raison de l’affinité qu’il ressentait envers elle.

« L’aimes-tu bien ? » lui demanda-t-il.

« Je ne sais pas... vraiment. » En disant cela, elle avait ramassé une autre tomate dans sa cuillère.

« Je pensais... que ce serait une sorte de douceur. Mais... manger quelque chose de si juteux comme ça... est une première pour moi, » déclara-t-elle.

Eh bien, je suppose que la petite tomate ressemble à une boule de bonbons, pensa-t-il.

Zagan avait également vécu un événement comprenant le vol d’une tomate dans un magasin alors qu’il pensait avant ça qu’il s’agissait d’un bonbon. Il avait été déçu du goût aigre après l’avoir mangé. Et juste après ça, il s’était fait attraper et pour couronner le tout, il avait été tabassé.

Je vois. Après tout, c’est une fille. Je pense donc qu’elle aime les sucreries, pensa-t-il.

Zagan avait l’impression que c’était la première fois qu’il apprenait quelque chose sur ce que l’on pourrait appeler les goûts de Néphy. Il avait pensé à commander une sorte de dessert sucré plus tard.

Tout en pensant à de telles choses, Zagan avait également étiré sa fourchette vers une tomate.

« Argh..., » cependant, tout comme pour Néphy, elle avait été poussée plus loin.

Il avait essayé de l’attraper deux ou trois fois, mais comme prévu, il ne pouvait pas bien la poignarder. Zagan n’utilisait généralement pas de fourchette, donc sa lutte avait du sens.

Alors qu’il s’était résigné et qu’il pensait à la place à utiliser la cuillère... Néphy avait ramassé cette tomate avec sa cuillère. Puis, elle avait présenté cette cuillère à Zagan.

« ... Je vous en prie, » déclara Néphy.

« Qu’est-ce que... c’est... !? » Les yeux de Zagan s’étaient ouvert en grand.

— Est-ce qu’elle... me nourrit... ? Il essaya de se rappeler pourquoi la scène lui paraissait si familière. Il était sûr d’avoir déjà vu ça avant.

Un homme et une femme qui semblaient très proches et qui utilisaient une cuillère pour se nourrir mutuellement d’une confiserie — bien qu’il s’agissait dans ce cas d’une tomate.

À ce moment-là, un sentiment de haine s’était développé en lui, qu’il ne pouvait même pas expliquer correctement, mais il savait qu’il n’avait pas de sentiments particuliers envers l’action elle-même, mais à propos de quelque chose de différent. Pourtant, il pensait bien qu’un jour viendrait où il serait lui-même confronté à cela.

Elle faisait un visage calme, mais le bout des oreilles de Néphy était rouge vif. Après l’avoir regardée un peu plus longtemps, il avait remarqué que ses joues avaient aussi commencé à rougir légèrement.

Attends, n’est-ce pas la cuillère que Néphy a mise dans sa bouche ? N’avait-elle pas indiqué qu’il pouvait la mettre dans sa propre bouche ?

Zagan avait rapproché sa bouche de la cuillère, alors que la tension l’avait presque submergé. Finalement, la tomate était arrivée sur sa langue.

Mordant dedans, des gouttelettes remplies d’un goût acide avaient inondé sa bouche.

« ... Est-ce bon, hein ? » demanda Néphy.

« ... Oui, » répondit-il.

Après cela, Néphy s’adressa à lui d’une voix basse comme si elle chuchotait. « Maître, n’allez-vous pas me donner d’ordres ? »

« C-C’est vrai. » Avant ça, il ne savait même pas de quoi parler. Même s’il pensait vouloir lui donner une tâche, il n’avait aucune idée de ce qu’elle devait faire.

Tout en gardant la même expression, Néphy hocha la tête comme si elle vérifiait quelque chose.

« Maître, pourriez-vous me pardonner... de penser que je pourrais vous être utile ? » C’était le tout premier moment où Néphy avait mis son désir dans des mots de son propre chef.

Cependant, le fait d’avoir exprimé cela avec des mots ne lui avait pas mystérieusement donné l’impression qu’elle essayait de le flatter.

Elle était sûrement dans une position où elle hésitait même à s’accrocher à n’importe quelle sorte d’aspiration.

Et pourtant, il ne s’agit pas d’elle... Elle pose des questions sur moi, n’est-ce pas ? Pour une fois, Zagan avait été capable de répondre en toute honnêteté.

« Je te l’autorise. Néphy, tu peux faire ce que tu veux, » déclara Zagan.

... En fin de compte, il n’avait pu lui parler que sur un ton arrogant.

Malgré tout, Néphy acquiesça d’un signe de tête avec une expression sérieuse.

« D’accord. J’y mettrai tous mes efforts. » C’était une réponse terriblement formelle, mais Zagan était heureux de voir qu’elle faisait preuve de sa propre volonté.

« T-Très bien. Alors, je te laisse faire, » alors qu’il pointait sa fourchette vers une autre tomate pour tenter de cacher sa gêne, il avait réussi à l’embrocher.

Zagan était sur le point de le porter à sa bouche, mais il arrêta ses pensées et il la plaça devant Néphy.

« Euh... ? » Comme si elle ne comprenait pas le sens de ce geste, Néphy avait incliné la tête sur le côté.

Ne l’a-t-elle pas elle-même fait ? se demanda-t-elle.

Peut-être que par un pur hasard, l’avait-elle fait sans le remarquer ? Cependant, malgré cela, elle semblait assez embarrassée.

Pourtant, tout cela était aussi assez embarrassant pour Zagan. Le fait de maintenir une telle posture pendant une longue période de temps était difficile, même en utilisant le pouvoir de la sorcellerie.

« Ne l’as-tu pas aimée ? Alors peut-être que tu le voudrais, » après qu’il eut dit cela, Néphy avait finalement semblé avoir remarqué qu’il retournait ce qu’elle avait fait juste avant.

Non seulement ses oreilles, mais même ses joues étaient devenues rouges quand elle avait timidement ouvert la bouche.

Avec ses lèvres roses ouvertes, il avait aperçu ses dents blanches scintillantes, et la langue qui s’étirait de là semblait étrangement coquette. Pendant qu’elle faisait entendre une voix comme si elle haletait, la tomate était tombée dans les profondeurs au-delà de ses lèvres.

Après avoir retiré la fourchette, certaines gouttelettes s’étaient répandues, puis elles avaient transité le long de sa mâchoire.

Comme si elle n’était pas capable de supporter la timidité, Néphy se couvrit le visage.

D’une certaine manière, c’était comme s’il la taquinait, mais au lieu de ressentir des remords, Zagan voulait encore plus la voir faire ce genre de visage.

« Comment est-ce ? » Tandis qu’il essayait de lui demander cela, Néphy avait regardé à travers les ouvertures de ses doigts avec une expression trop sérieuse et avait hoché la tête.

« C’est... délicieux, » répondit-elle.

« ... C’est sûr, hein ? » murmura Zagan.

Zagan n’arrivait pas à se débarrasser du sentiment qu’il lui avait fait du tort d’une manière ou d’une autre. Et ce petit échange avait été vu par toutes les personnes à l’intérieur du restaurant. Lorsqu’ils s’en étaient finalement rendu compte, ils avaient fini par quitter le restaurant dans un certain état d’agitation.

Après tout cela, la paire maladroite s’était placée avec la perception mutuelle qu’ils étaient pour le moment à leur manière, maître et serviteur.

***

Chapitre 3 : C’est terrifiant quand un enfant normalement silencieux se met en colère

Partie 1

C’était arrivé il y a une semaine — le matin du jour où Zagan et Néphy s’étaient rencontrés.

Dernièrement, il y avait eu des enlèvements en série de jeunes femmes dans la ville commerçante de Kianoides. Les criminels n’étaient qu’une poignée de sorciers, et il semblait que les filles étaient utilisées comme sacrifices pour une sorcellerie particulièrement répugnante.

Le groupe de Chastille était l’escouade assignée pour l’asservissement de ces criminels. Après avoir vaincu les grands sorciers impliqués dans le crime, ils avaient sauvé les filles capturées. Il s’agissait vraiment du retour triomphal des héros — et quelque chose d’étrange s’était produit immédiatement après ça.

Les filles sauvées avaient été laissées aux renforts venant de l’église. Au petit matin, alors que l’escouade de subjugation revenait à Kianoides avant eux, Chastille s’était retrouvée dans une situation problématique alors qu’elle ne portait pas son équipement, car elle venait de finir de se baigner.

À ce moment-là, l’un des hommes qui l’avaient souvent protégé jusque là avait soudainement dégainé son épée et il avait attaqué ses alliés. Grâce à l’aide de ses autres camarades, elle avait réussi à s’enfuir de cet endroit, mais elle ne possédait pas d’armes décentes et s’était immédiatement retrouvée acculée.

Cependant, il s’était avéré que cet homme était quelqu’un d’autre, un sorcier qui avait pris la propre peau de l’ancien soldat pour se faire passer par lui. Un jour plus tard, l’enveloppe sans peau de cet homme serait découverte alors qu’elle avait été emportée sur le rivage par la rivière proche du lieu de l’incident.

Et en ce moment, Chastille était sur le point d’éprouver la même douleur... Non, elle savait qu’elle subirait un sort pire que lui, étant donné qu’elle était une femme, mais à ce moment-là, « quelqu’un » avait fini par la sauver.

Ça ne pouvait pas être... un simple rêve, pensa-t-elle.

Il s’agissait d’un homme aux yeux beaucoup plus cruels que celui qui l’avait attaquée. En vérité, il avait tué un adversaire qui mendiait pour sa vie sans aucune hésitation, comme si pour lui, il n’était rien, une nuisance, ou un déchet.

Mais malgré ça, elle pensait à quelque chose d’étrange quand elle se remémorait de son sauveur. D’une façon ou d’une autre, il avait l’air d’être accablé par une profonde solitude.

Après une petite enquête, elle avait très rapidement découvert que son sauveur était un sorcier bien connu dans les environs nommé Zagan. Et depuis, pour quelques raisons inconnues, Chastille ne pensait qu’à lui.

Oui, ce matin-là, quand elle avait été attaquée dans la Forêt des Perdus, Zagan avait sauvé Chastille.

Tout en rabattant ses cheveux roux, elle s’était écrasé face contre son bureau.

« Haaaa..., » et après ça, elle avait poussé un profond soupir.

 

 

« Vous inquiétez-vous à propos de quelque chose, Archange Chastille ? » En entendant une voix l’appeler depuis derrière elle, cela avait fait sursauter Chastille.

« M-Mes excuses, Votre Éminence Clavwell ! » Un vieil homme vêtu de la tenue de cérémonie d’un prêtre de haut rang se tenait là. Un Cardinal — en fait, une personne parmi les plus hauts dignitaires de l’Église, et le supérieur direct de Chastille.

Le vieil homme avait alors fait un léger sourire et secoua la tête.

« S’il vous plaît, ne soyez pas si formelle. Si l’héroïne qui a subjugué les criminels derrière l’enlèvement en série devait s’humilier ainsi, alors j’aurais l’hostilité de la population dirigée vers moi. Sans parler du fait que vous êtes aussi la Vierge de l’Épée Sacrée, n’est-ce pas ? » Vierge de l’Épée Sacrée — c’était le titre conféré à Chastille.

Pouvant couper à travers les cercles magiques des sorciers, annulant les effets de la sorcellerie, il était dit que si les douze Épées Sacrées étaient réunies, ils étaient même capables d’affronter un Archidémon avec une chance de victoire. Les Épées Sacrées étaient les armes ultimes de l’Église.

Contrairement à l’époque où elle avait été sauvée par Zagan, Chastille portait son Armure Sacrée, et à côté d’elle se tenait une grande épée dont la longueur couvrait à peu près sa propre taille. Ils étaient tous deux de l’équipement anti-sorcière et servaient aussi de tenue vestimentaire formelle pour des lieux nécessitant un certain respect de l’étiquette.

Chastille secoua la tête sur les côtés.

« ... J’ai même perdu quatre des Chevaliers Angéliques qui m’ont été confiés par Votre Éminence. C’est un échec dû à mon inexpérience. Pourquoi serais-je récompensé pour cela ? » Meyers, Emilio, Jamilio, et Doran étaient tous des Chevaliers Angéliques fiers et vaillants.

Ce matin-là, s’il n’y avait pas eu l’attaque-surprise, ils auraient probablement facilement remporté la victoire même contre ce sorcier.

Leur mort était un événement tragique causé par l’insouciance de Chastille.

Le vieux Cardinal secoua alors la tête d’une manière affectueuse.

« Ce n’est pas de votre faute. Ceux qui devraient être abhorrés sont ces sorciers damnés qui manipulent une telle sorcellerie répugnante. Vous avez splendidement vengé vos camarades tombés au champ d’honneur et vous êtes revenue. C’est une bonne chose que vous soyez fière de cela, » déclara le Cardinal.

« ... Compris. » Avec une expression compliquée sur son visage, Chastille lui fit un signe de tête.

Ce n’est pas elle qui avait vengé ses camarades tombés au champ d’honneur. C’était un sorcier de passage. Sans lui, même Chastille n’aurait pas été présente.

Et pourtant, c’était Chastille qui avait été reconnue ici comme étant celle ayant réalisé ce haut fait.

Chastille était une fervente croyante dans l’Église, mais elle comprenait aussi que l’Église n’était pas aussi saine et sacrée qu’ils le prétendaient. Elle avait des responsabilités en tant qu’Archange, un titre qu’elle avait gagné en raison de son talent avec une Épée Sacrée, mais elle n’avait pas l’intention de rejeter sa propre volonté.

Elle savait au moins faire la différence entre les mots qu’elle devrait dire et ceux qu’elle ne devrait pas dire.

Le Cardinal fixa alors Chastille d’un regard fixe.

« Chastille, il semble que vous enquêtiez sur le sorcier Zagan, n’est-ce pas ? » lui demanda le Cardinal.

« Tout à fait, » Chastille lui répondit clairement avec un signe de tête l’accompagnant.

« Le sorcier qui nous a attaqués se nomme Zagan, » déclara-t-elle. C’était d’ailleurs le nom qu’il leur avait donné. Mais Zagan est en vérité le nom du sorcier qui m’a sauvée.

En d’autres termes, il prenait ce nom et commettait des crimes.

L’une des raisons pour lesquelles Chastille enquêtait sur Zagan était qu’elle voulait prouver son innocence. Et face au Cardinal, elle avait étalé les documents sur lesquels elle enquêtait.

« Cependant, d’après ce que j’ai compris, le sorcier connu sous le nom de Zagan semble être une personne complètement différente, » Le Cardinal acquiesça alors comme s’il le savait déjà.

« Il est probable que c’était le sorcier connu sous le nom de “Peleur de Visage”. Comme son nom l’indique, il épluche la peau fraîche des gens et l’utilise pour alimenter sa sorcellerie répugnante. Un ordre avait été envoyé pour l’assujettir. Il semble qu’il soutenait aussi les enlèvements en série, » en raison de ces mots, Chastille avait compris que le Cardinal avait aussi enquêté sur l’affaire.

« Écoutez-moi Chastille. Cette affaire... n’a pas été classée. Il semble qu’à part les sorciers que nous avons amenés à la lumière, il y a toujours le véritable coupable derrière tout cela, » déclara le Cardinal.

« ... Pff, est-ce que d’autres victimes sont apparues ? » Le Cardinal secoua alors négativement la tête comme pour la réconforter.

« Ne soyez pas téméraire, Chastille. Grâce aux efforts de votre escouade, les plans de ces maudits sorciers ont certainement été entravés... Cependant, d’après notre enquête sur leur cachette, nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il y a toujours un véritable coupable qui a été négligé. » Il y avait encore des survivants autres que le « Peleur de Visage » qui avait attaqué Chastille.

Ai-je encore la chance de venger mes camarades ? Après avoir avalé sa salive en raison de la tension, le Cardinal prononça son nom d’une voix solennelle.

« Le sorcier Zagan — un sorcier qui a construit le pouvoir à un rythme effrayant ces dernières années, » déclara-t-il.

« Quoi —, » sans le vouloir, Chastille avait haussé sa voix.

« Cet homme ne devrait pas être lié au coupable, » déclara-t-elle.

« Le nom d’un sorcier sans lien de parenté est apparu deux fois au cours des mêmes incidents. Il ne peut s’agir d’une simple coïncidence, » et par cette déclaration, le Cardinal avait transmis ce qui suivait sur un ton lourd.

« Les sorciers sont mauvais. Ils doivent être détruits. Même s’il n’est pas lié à l’incident, rien ne change le fait qu’il est un homme maléfique qui doit être traduit en justice. Ainsi, notre branche Kianoides réalisera la subjugation du sorcier Zagan, » déclara-t-il.

« Tch..., » c’était un précepte de conformité absolue vanté par l’église.

En vérité, il aurait même pu être approprié d’appeler cela une malédiction.

Jusqu’à ce que les sorciers soient annihilés, l’église continuera à les chasser, pensa-t-elle.

Même si Zagan avait été faussement accusé d’un crime, une fois que l’église avait décidé de le chasser, il n’y avait pas de révocation de cette décision. Même si un manieur d’une Épée Sacrée comme Chastille était vaincu, même si des milliers et des dizaines de milliers de cadavres étaient empilés, l’Église ne s’arrêterait pas jusqu’à ce que le sorcier soit tué.

Compte tenu de ce fait, il n’y avait aucun sens pour Chastille à revendiquer son innocence.

Au contraire, il était tout à fait possible qu’elle soit considérée comme une traîtresse et jugée comme hérétique.

Je n’ai pas l’intention de tenir ma propre vie trop chèrement, mais rien ne changera si j’agis sans prudence, pensa-t-elle.

Si elle voulait rendre la faveur à celui qui lui avait sauvé la vie, elle ne pouvait pas simplement râler ou protester ici et se faire mal voir.

Elle avait dû prendre des mesures pour le protéger et le laisser s’échapper.

Après avoir fermé les yeux pendant une courte période, Chastille avait ouvert la bouche.

« Alors, Votre Éminence, par tous les moyens, veuillez accorder à l’Archange Chastille le devoir de soumettre ce Zagan. S’il vous plaît, donnez-moi l’occasion d’effacer la disgrâce de mon échec antérieur. » En réponse à ces paroles, le Cardinal avait fait entendre une voix d’admiration avec un « Oooh... ».

« Bien parlé. Comme on peut s’y attendre de notre Archange, la Vierge de l’Épée Sacrée, » déclara le Cardinal.

Chastille savait que sa décision pouvait ruiner sa vie. Mais même ainsi, elle avait ses propres convictions.

Même si elle allait à l’encontre de l’église, elle avait des choses sur quoi elle ne céderait jamais.

Même si personne ne la remerciait pas, même si les gens du monde lui crachaient dessus, si elle devait jeter ses convictions juste pour protéger sa propre vie, alors elle aurait préféré choisir la mort.

C’est précisément parce qu’elle était ce genre de femme qu’on lui avait accordé une Épée Sacrée à l’âge mûr de dix-sept ans. Et en plus...

Cet homme... avait des yeux emplis de solitudes, pensa-t-elle.

C’était comme si, même si au fond de son cœur, il cherchait la chaleur, il ne pouvait pas l’accepter et repoussait tout. C’étaient les yeux d’un chien errant.

À cette époque, celui qui avait vraiment besoin d’être sauvé n’était pas Chastille, mais cet homme. C’était au point où elle pensait de telles choses...

C’est pourquoi Chastille avait fait de cette mission sa propre quête.

***

Partie 2

« Maître, peut-être, êtes-vous réveillé ? » Zagan était celui qui dormait plus ou moins alors qu’il était assis là.

Le trône du château était au centre de la barrière, donc c’était également le point où toutes ses fonctionnalités étaient concentrées. S’il était assis là, peu importe l’attaque qu’il recevrait, il ne perdrait pas la vie en une seule frappe. Et surtout, si une présence suspecte s’approchait de lui, il pourrait immédiatement la sentir.

En d’autres termes, sous la protection solide de son château se trouvait un espace encore plus vraiment sécurisé au sommet du trône.

Ainsi, plutôt que de dormir dans une autre pièce, ou même juste à côté du trône, il pourrait mieux réagir s’il était assis normalement dessus. C’est pourquoi, avant même qu’il ne s’en rende compte, c’était devenu une habitude d’y dormir ainsi.

Et c’était maintenant le matin.

« Bonjour, Maître ! » Néphy, vêtue de sa tenue de servante, l’avait saluée ainsi.

Ce n’est pas comme si elle l’avait réveillé.

« O-Oui, » quand Zagan lui avait répondu, Néphy avait fait un geste de la tête puis elle avait incliné son corps.

« Les préparatifs pour le petit-déjeuner sont terminés. Venez-vous manger ? » lui demanda-t-elle.

« Hein, petit-déjeuner ? L’as-tu préparée, Néphy ? » lui demanda Zagan.

« Tout à fait, » certes, hier matin, elle avait dit qu’elle ferait les repas, mais il n’aurait pas pensé qu’elle serait prête à le faire immédiatement dès le lendemain...

Et là, une question lui était venue à l’esprit.

« Se pourrait-il que tu attendes que je me réveille depuis tout ce temps ? » lui demanda Zagan.

« Oui, » répondit Néphy.

« ... Tu peux me réveiller dans des moments comme ceux-là, » déclara Zagan.

« Mais vous aviez l’air endormi..., » après lui avoir dit cela, Zagan avait ressenti quelque chose d’étrange.

Maintenant que j’y pense, le fait d’avoir quelqu’un devant moi sans que cela me réveille... c’est plutôt étrange, n’est-ce pas ? se demanda-t-il.

Il savait que le simple fait de négliger le sommeil pendant une journée ne suffisait pas à le faire tomber dans un sommeil aussi profond.

Tout en baissant la tête dans l’étonnement, il s’était souvenu que Néphy était encore debout là où elle se tenait tout le temps.

« Si tu es restée là, ne te sens-tu pas fatiguée ? » lui demanda-t-il.

« Je vais très bien. Je crois que c’est grâce au mana dans mes bottes, » maintenant qu’il s’en remémorait, la vendeuse du magasin de vêtements avait dit qu’elles avaient le pouvoir de réduire la fatigue. Cela avait certainement eu cet effet.

« Pendant que tu attendais mon réveil, étais-tu immobile pendant tout ce temps ? » lui demanda-t-il.

« Non, je regardais votre visage, Maître, » déclara Néphy.

« Je vois..., » alors qu’elle lui avait dit ça, Zagan s’était couvert le visage.

Cependant, puisqu’elle avait fait des pieds et des mains pour préparer un repas, il ne pouvait pas la faire attendre indéfiniment.

« Le petit-déjeuner, c’est ça ? » demanda-t-il.

« Oui, » tandis que Zagan se levait, Néphy s’avançait sur le côté et s’inclinait.

Elle avait déjà les manières d’une femme de chambre professionnelle.

Alors qu’il se dirigeait vers la salle à manger du château, Zagan lâcha un léger « Ah ! »

« Euh... ? Il y a un problème ? » lui demanda Néphy.

« Ah, euh, Néphy, » balbutia Zagan.

« Oui, » en réponse à la fille qui inclinait la tête sur le côté tout en le regardant fixement, Zagan se gratta la nuque et l’appela d’une voix agitée.

« ... Bonjour, Néphy, » il s’agissait des mots qu’il ne pouvait pas lui dire la veille.

Néphy cligna deux fois des yeux comme si c’était inattendu, puis elle parla d’une voix enchanteresse.

« Oui. Bonjour, Maître. » D’une manière ou d’une autre, l’intérieur de la poitrine de Zagan était chaud et il se sentait étrangement bien.

 

◇◇◇

 

La porte du côté droit du hall d’entrée donnait accès à une salle à manger.

La salle spacieuse de l’autre côté possédait une unique longue table qui pouvait accueillir une vingtaine de personnes, et un lustre extravagant était suspendu au-dessus.

Cet endroit aurait aussi dû être un cimetière rempli de squelettes et de toiles d’araignée, mais à l’heure actuelle, c’était incroyablement propre. Même la nappe n’avait pas un seul pli, comme si elle était toute neuve.

Il semblait que Néphy était le genre de fille qui, lorsqu’on lui donnait un travail, se déplaçait et l’exécutait méticuleusement.

Sur la table maintenant immaculée, il y avait une salade saupoudrée d’huile et du pain moelleux. Juste au moment où Zagan pensait que l’un des bols était vide, Néphy y avait versé de la soupe réchauffée. Elle semblait tenir compte du fait que Zagan pourrait ne pas se réveiller tout de suite.

Il s’agissait d’une quantité modérée de nourriture, mais même Zagan avait compris que c’était un menu avec un bon équilibre nutritionnel.

Et puis, il avait incliné la tête sur le côté.

« Hm ? Hier, est-ce qu’on a acheté quelque chose comme du pain ? » lui demanda Zagan.

« Non. Je l’ai fait cuire il y a un instant, » répondit Néphy.

« Peux-tu même faire du pain ? Toute seule ? » Zagan avait fait une tête comme s’il n’arrivait pas à le croire, et Néphy avait incliné sa tête sur le côté comme un petit oiseau.

« Est-ce que c’est étrange ? » lui demanda Néphy.

« Je n’en sais rien. C’est la première fois que je rencontre quelqu’un qui sait si bien cuisiner. Du moins, il n’y avait personne autour de moi qui pouvais faire un aussi beau repas, » répondit-il.

« Est-ce que c’est le cas ? » Bien qu’elle murmurait cela d’une voix monotone, Zagan ne négligeait pas le fait que ses longues oreilles tremblaient.

Est-ce que c’est peut-être un signe... qu’elle est ravie ? Il était certain que lorsqu’elle était gênée, le bout de ses oreilles devenait rouge.

On disait que les yeux en disaient beaucoup plus sur une personne que sa bouche, mais dans le cas de Néphy, il aurait été plus facile d’observer ses oreilles.

Tout en trouvant une telle découverte agréable, Zagan remarqua que Néphy était toujours debout.

Sur la table, seule la portion de nourriture de Zagan avait été préparée.

« Néphy, as-tu déjà mangé ? » lui demanda Zagan.

« Non, » répondit-elle.

« Alors, maintenant, mange avec moi, » au contraire, Zagan se sentait mal à l’aise s’il mangeait tout seul.

Néphy avait légèrement remué sur elle-même comme si elle était troublée.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » lui demanda-t-il.

« C’est... j’ai seulement fait assez... pour la part du Maître, » répondit Néphy.

« N’avais-tu pas l’intention de manger ? » lui demanda Zagan.

« Eh bien, j’ai tout simplement oublié de faire ma propre portion. » Ça ressemblait vraiment à quelque chose que cette fille ferait.

Et laisser une fille digne d’éloges sans rien et manger tout seul n’était pas quelque chose que Zagan pouvait supporter.

« Alors, c’est correct de le partager en deux, n’est-ce pas ? » Zagan avait séparé le pain en deux.

Le pain fraîchement cuit était encore un peu chaud, et il s’était facilement séparé alors qu’il s’étirait un peu. Tandis que l’arôme parfumé frottait vers le nez de Zagan, il poussait un soupir avec un « Hooo ».

Cependant, Néphy n’avait toujours pas pris place.

« Et si tu t’asseyais ? » lui demanda Zagan.

« ... La seule chaise que j’ai réussi à préparer... est celle que vous utilisez, Maître. » Au début, cette pièce était tellement sale qu’elle ne pouvait pas être considérée comme un bon environnement pour un repas. Si Néphy avait nettoyé le dessus pour la nourriture, alors elle n’avait pas encore eu le temps de préparer toutes les chaises, surtout qu’elle n’avait pas prévu cette situation.

Zagan aurait pris un autre siège sans se soucier de se salir, mais toutes les autres chaises avaient déjà été rangées ailleurs.

Si je lui cède la seule chaise à table... Non, Néphy ne s’assiérait jamais à la table qu’elle a faite juste pour moi, hein ? pensa-t-il.

Cependant, il ne pouvait rien voir qui ressemblait à un siège dans la zone. Et donc, pour l’instant, il avait pensé que c’était bien de partager la chaise. Cependant, la chaise n’avait pas semblé être faite de façon assez large. Si les deux s’asseyaient dessus, il était clair qu’elle basculerait.

Non, il devrait être possible de le garder stable, n’est-ce pas ? pensa-t-il.

Même s’il était inutile d’essayer de s’asseoir sur la moitié de la chaise, cela fonctionnerait peut-être si elle s’asseyait sur ses genoux. Vu le poids de Néphy, cela ne l’aurait pas dérangé du tout si elle s’était assise sur lui pendant qu’ils mangeaient, et puisqu’ils seraient tous les deux face à la nourriture, c’était une bonne idée. Pour le dire franchement, Zagan venait de se réveiller et il était peut-être encore à moitié endormi.

C’est pourquoi il n’avait pas douté une seule seconde que c’était la meilleure solution.

Après s’en être assuré, Zagan hocha la tête.

« Alors tu peux t’asseoir ici, » déclara-t-il.

« P-Par ici, vous voulez dire... ? » Néphy avait tressailli.

En entendant la voix perplexe de Néphy s’échapper, Zagan indiqua irrémédiablement ses propres genoux.

Il était évident de constater que les yeux azur de Néphy tremblaient en raison du malaise ressenti lorsqu’on lui avait dit de s’asseoir sur ses genoux. On aurait même dit que les pointes de ses cheveux blancs comme neige étaient en train de pousser.

Mais en raison de la réaction de cette fille, Zagan s’était finalement rendu compte qu’il disait quelque chose d’étrange.

Hm ? Non, attends ! Assise sur mes genoux... N’est-ce pas pratiquement la même chose que de s’enlacer tous les deux ? Revenant à la raison, il s’était quand même rendu compte que c’était une idée terrible, ce qui lui avait donné envie de se mettre en boule et de mourir.

Cependant, Néphy avait alors ouvert la bouche avec résolution pour parler.

« Je ne peux pas commettre un acte aussi grossier. » C’était tout simplement raisonnable. C’était aussi la meilleure réponse possible à donner dans une telle situation. Si Zagan avait simplement hoché la tête, tout aurait été réglé.

Cependant, le tact et l’efficacité de la réponse de Néphy avaient perturbé Zagan, de sorte qu’il avait fini par être complètement obstiné face à elle.

« Ne t’inquiète pas de ça. Je te dis que c’est très bien ainsi, » déclara-t-il

Qu’est-ce que je dis !? C’était peut-être simplement qu’il ne voulait pas admettre sa propre erreur. Franchement, si c’était quelque chose qu’il pourrait s’arracher, il était sûr qu’il se serait arraché la bouche après avoir dit cela.

« M-Mais..., » les bouts d’oreilles de Néphy étaient teints en rouge. Et tandis qu’il regardait son visage dont les yeux semblaient former de petites larmes...

Qu’est-ce que c’est ? J’ai l’impression que je vais la pousser dans un coin un peu trop cette fois-ci, pensa-t-il.

Même s’il savait que c’était impoli de sa part, après l’avoir vue si secouée, il avait envie d’en voir plus.

S’éclaircissant la gorge en toussant, Zagan avait encore une fois giflé le haut de ses jambes.

« Dépêche-toi de venir. Les aliments deviendront froids si tu prends trop de temps, » déclara-t-il.

« Euh..., » avec un soupir long et délicat, les oreilles pointues de Néphy s’affaissèrent.

Il semblait qu’elle avait abandonné.

« Maître, tout est... comme vous le demandez..., » Néphy s’était assise avec timidité sur les genoux de Zagan.

Elle l’a vraiment fait ! La douceur de ses fesses se transmettait à travers sa jupe. Il voulait l’étreindre par-derrière et doucement la caresser.

Sans le vouloir, les bruits de Zagan déglutissant avaient retenti.

Mais même ainsi, puisque c’était son ordre, Zagan avait fait semblant d’être calme et avait pris un morceau de pain.

« Tiens, tu peux le manger, » déclara-t-il.

« ... Maître, c’est... assez embarrassant, » les oreilles de Néphy étaient d’un rouge vif jusqu’aux racines.

« En effet. Je peux le dire en te regardant, » répondit-il.

« ... Maître, c’est méchant, » Néphy avait rapproché son visage de la paume de Zagan. Et puis, elle avait pris le morceau de pain avec ses lèvres roses et l’avait mangé.

« Je peux manger le reste tout seul, donc..., » commença-t-elle.

« D-D’accord, » il voulait regarder Néphy être timide un peu plus longtemps, mais il était arrivé au moment où le cœur de Zagan atteignait ses limites à cause des sentiments de culpabilité et de honte.

Et puis, il avait remarqué que les oreilles pointues de Néphy tremblaient.

C’était en effet embarrassant, mais il semblait qu’elle ne le détestait pas tant que ça.

Se sentant en quelque sorte soulagé de constater cela, Zagan avait ensuite pris la parole.

« La prochaine fois, assure-toi de préparer ta propre portion de nourriture, » déclara-t-il.

« ... D’accord, » répondit-elle.

« Ça ne me dérange pas non plus de refaire ça la prochaine fois, » continua-t-il.

« Je vais faire les préparatifs nécessaires pour la prochaine fois, » il s’agissait d’une réponse résolue.

Zagan avait ensuite tendu la main pour prendre de la soupe avant qu’elle ne soit froide, mais Néphy avait poussé la cuillère de côté avant qu’il ne puisse le faire.

« Néphy ? » Tandis que Zagan plissait ses sourcils, la fille habillée en servante avait ramassé de la soupe dans sa propre cuillère.

 

 

Après avoir doucement soufflé dessus pour la refroidir, elle l’avait tenue devant Zagan.

« Je vous en prie, profitez-en, Maître, » son expression était aussi inorganique que d’habitude, mais on aurait dit qu’elle était en colère.

Ainsi, il s’agit de sa vengeance pour ce que je lui ai fait ? se demanda-t-il.

Quoi qu’il en soit, la personne qui l’avait fait était également embarrassée. Les bouts de ses oreilles étaient teints en rouge comme s’ils brûlaient, et sa main, qui tenait la cuillère, tremblait légèrement. En pensant à la façon dont elle avait soufflé affectueusement sur la soupe pour la refroidir, plutôt que de se venger, cela ressemblait plus à une récompense.

J’ai le sentiment de vouloir qu’elle le fasse à chaque fois, pensa-t-il.

C’est pourquoi Zagan avait ouvert sa bouche et l’avait laissée faire ce qu’elle voulait.

Avec des mouvements un peu maladroits, Néphy avait porté la cuillère sur ses lèvres.

Il semblait être un mélange de viande d’agneau et de légumes racines qui avaient été bouillis dans du lait, mais après l’avoir placé dans sa gorge, Zagan pouvait sentir une sensation de chaleur s’étendre jusqu’à son estomac.

« Est-ce chaud, hein ? » lui demanda-t-il.

« Oui ? » lui demanda-t-elle en retour.

« Ah ! Non, je parle de la soupe ! » Bien sûr, il y avait également la chaleur de Néphy assise sur ses genoux, mais Zagan l’avait nié avec une grande agitation.

Néphy le fixait d’un air vide, mais après un petit moment, elle hocha lentement la tête.

« ... Oui. C’est... assez chaud, » comme si elle mordait dans quelque chose, Néphy l’avait dit à haute voix.

Ce serait bien... si ce genre de choses pouvait continuer pour toujours, pensa-t-il.

Et dans son cœur, elle s’était également dit ça à elle-même.

***

Partie 3

Ce jour-là, la chambre de Néphy était enfin impeccable.

Elle avait insisté pour faire toute seule le nettoyage, mais il lui était difficile de transporter avec ses bras minces des objets lourds comme les meubles. C’est pourquoi Zagan avait lui-même transporté des choses comme le lit et les commodes.

Cela étant dit, même aujourd’hui, les seuls vêtements qu’elle possédait étaient la robe qu’elle portait à l’origine, les vêtements de bonne et une poignée de sous-vêtements. Zagan voulait lui offrir un peu plus de variété par rapport à ce qu’elle avait là.

Je pense que je devrais réfléchir à la façon de gagner de l’argent, pensa-t-il.

Vendre ses connaissances en sorcellerie était la méthode la plus rentable pour gagner de l’argent, mais elle avait le défaut qu’il était facile de remonter jusqu’à lui. Bien que cela avait été possible quand il était seul, si l’Église intervenait maintenant et qu’il arrivait quelque chose à Néphy, cela ne pourrait pas être défait même s’il massacrait tous ses ennemis.

Dans ce cas, tout comme faire office de garde contre les bandits de l’autre jour, il serait rapide et facile de se faire embaucher par quelqu’un, mais il y avait aussi de longues heures de trajet, et il y avait des jours où il ne pourrait pas retourner au château.

Les gens disaient toujours qu’il y avait des choses qu’on ne pouvait pas acheter avec de l’or, mais c’était une réalité qu’il ne reste plus d’argent pour vivre correctement.

Il lui restait encore un peu d’argent de la récompense qu’il avait reçue pour avoir sauvé le chariot, de sorte qu’il n’aurait plus de problèmes de nourriture pour tout de suite, mais il lui fallait quand même penser rapidement à une contre-mesure.

Et puis, tout en continuant à nettoyer le château avec Néphy, quelques jours s’étaient écoulés.

Tandis que Zagan était dans les archives du château, parcourant des textes sur la sorcellerie qui s’étalaient devant lui, Néphy lui posa une question.

« Maître, que recherchez-vous depuis tout ce temps ? » Même s’il était absorbé dans sa vie heureuse avec Néphy, Zagan n’oubliait pas de se consacrer à l’étude de la sorcellerie.

Néphy s’occupait sans relâche de choses comme la cuisine et le nettoyage, donc même s’il l’aidait un peu, c’était rendu au point où il avait pu faire encore plus de progrès dans ses recherches.

En réponse, Zagan avait incliné la tête sur le côté. « Même si tu demandes quoi, est-ce que ça ressemble à autre chose que de la sorcellerie ? »

« Je crois... que c’est le cas, mais je ne vois pas la raison de dessiner de tels cercles..., » en entendant cela, Zagan avait été assailli par un certain émerveillement.

« La sorcellerie elfique est-elle différente ? » lui demanda-t-il.

Néphy secoua la tête, et ses cheveux blancs comme neige se balançaient dans l’air. « C’est parce que... Je ne peux pas utiliser la sorcellerie. » Il s’agissait d’une réponse inattendue.

Même si elle est censée posséder un mana de bien meilleure qualité que la plupart des autres..., pensa-t-il.

Il pensait que c’était vraiment dommage. Cependant, même si cela ne pourrait pas lui servir, Zagan indiqua le cercle magique qu’il était en train de dessiner.

« C’est ce qu’on appelle un cercle magique. C’est le “schéma” utilisé par les sorciers pour provoquer des phénomènes de la manière dont ils voudraient qu’ils arrivent, » déclara-t-il.

« Sch... éma? » Il semblait que c’était du vocabulaire qu’elle n’avait jamais entendu auparavant. Et ainsi, Zagan avait commencé à expliquer dès le début.

« Voyons voir. Par exemple, il y a des dispositifs en ville comme des roues à eau et des chariots, n’est-ce pas ? Ces choses sont différentes des simples outils tranchants et marteaux dans la mesure où ils sont composés de nombreux composants. Si ces composants ne sont pas tous assemblés correctement, l’objet ne fonctionnera pas. Le document qui indique toutes les mesures et autres pour consolider ces composants s’appelle un schéma, » expliqua-t-il avec douceur.

Une carriole possédait des mesures comme la taille des roues et de la boîte et elle comprenait des composants tels que la porte, les sièges faits de nombreux morceaux de bois assemblés avec des clous et des morceaux métalliques. Une roue à eau était encore plus complexe, et la taille et le nombre d’engrenages devaient être correctement réunis pour la créer. Ce n’était pas quelque chose que l’on pouvait faire avec juste de la pratique. Non, il fallait avoir un dessin que tout le monde peut comprendre d’un seul coup d’œil.

Néphy acquiesça d’un signe de tête lorsqu’elle parvint à le comprendre.

« La sorcellerie n’est pas si différente. Tout commence par le dessin du plan — dans notre cas, un cercle magique, » tout en parlant, Zagan avait dessiné un symbole sur le sol poussiéreux.

« Il y a une notion que de tels symboles possèdent du pouvoir. Le symbole de croix qui est vanté par l’Église est à peu près dans le même cas. On dit qu’il s’agit de lettres laissées par les dieux, ou de preuves de contrat avec le diable, mais je ne sais même pas ce qu’ils sont réellement. » Ou peut-être, la simple croyance qu’il y avait du pouvoir ou du divin en eux avait donné naissance au véritable pouvoir.

Après avoir touché à la sorcellerie, les lois du monde étaient devenues ambiguës, et il était devenu clair qu’il avait une structure insondable présente en toile de fond.

Après ça, Zagan avait entouré le symbole qu’il avait dessiné avec un cercle.

« Ceci... est le cercle magique avec la forme la plus simple. Celui-ci provoque un éclair de foudre, et après avoir versé du mana dedans, cela se produira, » déclara-t-il.

« Euh, quoi..., » elle ne pensait probablement pas qu’il l’activerait dans cet endroit, alors une voix paniquée s’était échappée de Néphy.

Mais même ainsi, alors que Zagan touchait le cercle magique, une petite étincelle crépitante se répandit.

Après s’être mise sur la défensive, Néphy avait cligné des yeux comme s’il s’agissait de quelque chose de totalement inattendu.

« Est-ce... un éclair ? » lui demanda-t-elle.

« Oui. Cela dit, il se disperse tout de suite dans l’air, de sorte qu’il n’a pas l’air d’être un éclair, » répondit-il.

« Haaaa..., » en voyant Néphy faire une réponse insatisfaite, un sourire semblait se glisser sur le visage de Zagan.

« Tout cela n’est pas si différent des feuilles qui flottent à la surface de l’eau. Tu ne peux pas donner naissance au feu juste en frappant le silex ensemble, n’est-ce pas ? C’est pourquoi nous ajoutons des symboles pour amplifier l’effet. Il y a des symboles pour déterminer la direction de la puissance, des symboles pour définir la portée et des symboles qui définissent le moment de l’activation, » tout comme lorsqu’il avait dessiné le symbole pour la foudre, Zagan avait continué à dessiner plusieurs symboles alignés ensemble, puis avait tracé un cercle autour du tout.

« Maintenant, avec ces symboles en plus, nous pouvons enfin créer un phénomène digne de ce nom, » alors qu’il déversait du mana, des traînées d’éclairs descendirent en provenance du plafond.

« Hya, » en entendant Néphy laisser sortir un petit gémissement, Zagan avait légèrement ri.

« Désolé, désolé. Cependant, grâce à ce cercle, n’importe qui peut utiliser la sorcellerie en versant la bonne quantité de mana. C’est pourquoi, même si tu traces un cercle magique, cela n’a pas de sens si ton ennemi le vole avant que tu ne puisses l’utiliser. C’est aussi pourquoi l’étape suivante est d’ajouter des contraintes pour que toi seul puisses l’utiliser, » d’une certaine manière, il s’agissait de la sorcellerie qui protégeait de la sorcellerie.

L’autre jour, lorsque Barbatos s’était introduit dans la barrière et que Zagan avait annulé l’effet de la sorcellerie de son ennemi, cela avait été fait en écrasant cette partie du cercle magique et en la volant.

« Cette chose doit être compliquée, sinon elle sera tout de suite saisie par un autre sorcier. À partir de là, c’est directement lié aux compétences de l’individu. Ainsi, un cercle magique avec ce genre de composition s’appelle un “circuit”, comprends-tu ça ? » La véritable force d’un sorcier était basée sur l’efficacité des circuits de haut niveau, ainsi que sur la capacité à protéger les symboles de son noyau.

On pouvait aussi dire que l’altération d’un cercle magique afin de remplacer le sort inscrit était une autre démonstration de force.

Après avoir entendu tout cela, Néphy semblait fixer le cercle magique avec un profond intérêt.

« Quelque chose ne va pas ? » lui demanda Zagan.

« Eh bien, Maître, vous avez ajouté le “circuit” à l’extérieur. Est-il possible de l’ajouter à l’intérieur ? » Avec un « Hooo », Zagan avait poussé un soupir d’admiration.

« C’est un bon point sur lequel se concentrer. La réponse est que c’est impossible, mais c’est également possible, » répondit-il.

« ... Quoi ? » Néphy avait incliné la tête sur le côté comme s’il disait n’importe quoi.

Mais Zagan avait continué sur un ton quelque peu étrange.

« Pour l’instant, ce serait comme prendre un cercle magique complété et créer un autre cercle magique en son sein. Mais en faisant cela, le flux de mana deviendra chaotique et ni l’un ni l’autre ne s’activera, ni ne se libérera spontanément. Cependant, comme la sorcellerie elle-même est basée sur le flux du pouvoir contenu dans le mana, cela devrait en théorie être possible, » Néphy ruminait un peu là dessus.

Après cela, elle avait ouvert la bouche comme si elle n’était pas entièrement convaincue.

« Est-ce que cela aide à mieux contrôler la sorcellerie activée ? » Cette fois, c’était Zagan qui avait ouvert en grand ses yeux.

« Correct. Et si cela pouvait être fait, cela signifierait qu’aucune sorcellerie ne pourrait être volée. » Toutes les attaques nées de la sorcellerie seraient une simple source d’énergie pour celui qui était attaqué. C’était à un autre niveau que de détourner un cercle magique. C’était comme si vous pouviez jouer au jeu de pierre-papier-ciseaux après que votre adversaire ait choisi.

Non seulement cela, mais la sorcellerie pourrait être activée sans échec possible et il n’y aurait aucun moyen de l’empêcher.

« En d’autres termes — en théorie, ce serait la forme ultime de la sorcellerie, » après avoir dit ça, Zagan haussa les épaules.

« Mais ce n’est qu’une théorie. S’il était si facile à mettre en pratique, personne ne connaîtrait de difficultés, » continua Zagan.

« Oh... ? On dit que les sorciers vivent longtemps et qu’ils consacrent tout à la recherche de la sorcellerie. Mais même ainsi, cela ne peut pas être fait ? » lui demanda Néphy.

« Hmm, eh bien, je dirais que c’est plus parce que personne ne fait de recherches sérieuses sur cette théorie, » Néphy avait incliné la tête sur le côté comme si ce qu’il disait avait encore moins de sens que ses déclarations précédentes.

« Les sorciers ne sont pas des chiens de guerre comme les soldats ou les Chevaliers Angéliques. Ils font des expériences par désir pour des choses comme l’immortalité, ou pour savoir jusqu’à quel point ils peuvent aller avec un miracle qu’ils peuvent créer avec la sorcellerie, ou pour savoir s’il est possible de ressusciter les morts. » En d’autres termes, les sorciers ne pensaient qu’à eux-mêmes. C’était une race égoïste.

Les gens qui ne reconnaissaient rien en dehors de leur propre monde ne ressentaient même pas la signification de la compétition avec les autres.

« Naturellement, il y a ceux comme le sorcier d’hier qui sont engagés par d’autres ou qui coopèrent dans les guerres. Mais ce n’est que le moyen, pas la fin en soi. Ils ne font cela que parce qu’une bonne recherche coûte de l’argent. Le seul but dans leur esprit est de savoir comment en faire plus pour qu’ils puissent financer leurs recherches, » déclara Zagan.

Néphy avait ouvert la bouche comme si elle avait du mal à traduire ses pensées en mots.

« ... J’ai déjà entendu dire que les sorciers torturent les autres, » déclara Néphy.

« Ouais. Il y a probablement des idiots qui font ça pour se distraire ou pour tuer le temps. Cependant, il n’y a aucun d’eux qui étudient la sorcellerie pour uniquement pouvoir faire ça. Après tout, il y a une montagne d’outils plus efficaces quand il s’agit de torture. » L’histoire des appareils de torture était longue. Se procurer des secrets en faisant ouvrir la bouche des autres était une tradition de longue date.

Ils avaient été en grande partie nettoyés, mais même ce château était rempli d’une montagne d’appareils de torture.

Il existait une sorcellerie qui utilisait l’angoisse et la haine des gens comme catalyseur.

« Pour en revenir au sujet original, la sorcellerie ultime que j’ai mentionnée tout à l’heure est quelque chose qui vous aiderait à lutter contre d’autres sorciers. Il peut être utile pour voler les recherches d’autres sorciers, mais il n’a pas d’autre utilité. C’est pourquoi personne ne se donne la peine de faire des recherches, » déclara Zagan.

Eh bien, ce n’est pas comme s’il n’y avait pas d’idiots qui font des recherches sérieuses..., pensa-t-il.

Zagan avait décidé qu’il n’y avait pas de sens à en parler et donc, il l’avait mis de côté.

Après lui avoir expliqué cela, Néphy lui avait fait un signe de tête convaincu.

Cependant, elle marmonnait encore quelque chose, comme si elle n’était pas entièrement satisfaite. « J’ai l’impression de comprendre la théorie derrière la sorcellerie, mais... »

« Quoi ? Je t’écoute, » lui demanda Zagan.

D’un ton quelque peu empli de curiosité, Néphy avait dit ce qui suit. « Mais, tant que l’on connaît la structure, une personne ne peut-elle pas l’utiliser ? »

Néphy semble avoir un vrai talent pour la sorcellerie, hein ? pensa-t-il.

Sûrement que si elle n’avait pas ce collier, elle aurait l’étoffe d’une sorcière exceptionnelle. Et c’était peut-être même au-delà de Zagan.

Après cela, Zagan hocha la tête comme s’il faisait l’éloge d’un étudiant qui s’était bien débrouillé.

« Oui, très bien. Lorsque nous, sorciers, nous acquérons des connaissances, il y a un lien direct avec le pouvoir que nous acquérons. Le degré d’efficacité et de rendement de l’utilisation de ces ressources dépend toutefois des compétences individuelles. » Ce n’était pas comme si Zagan était un sorcier dès sa naissance.

S’il était devenu un sorcier renommé à l’âge de dix-huit ans, c’était parce qu’il avait volé le savoir d’un certain sorcier.

Ça fait déjà... dix ans depuis... hein... ? pensa-t-il.

C’était quelque chose qui s’était produit quand Zagan avait huit ans.

Mais même ainsi, cela n’avait rien à voir avec le sujet à l’étude. Et après avoir secoué la tête, il avait continué à parler.

« C’est pourquoi nous avons mis en place une montagne de pièges et d’astuces pour qu’elle ne puisse pas être volée... Néphy, fais attention quand tu touches à quelque chose dans cette pièce, d’accord ? » déclara-t-il.

« ... Hein. » Néphy avait réagi avec surprise en entendant ça.

« Je plaisante, je plaisante. C’est réglé pour que les pièges ne s’activent pas même si tu les touches, » déclara Zagan.

« ... Maître. C’est méchant, » il s’agissait d’un ton délicat, comme si c’était un reproche et un soulagement en même temps.

Ensuite, l’extrémité des oreilles pointues de Néphy avait frémi comme si elle était heureuse.

« Oh... ? Tu as l’air heureuse. S’est-il passé quelque chose de bien ? » lui demanda Zagan.

« Hyuuuuu ? » Tandis que Zagan inclinait la tête sur le côté, Néphy sursauta et perdit sa présence d’esprit. Elle avait ensuite touché son propre visage comme si elle trouvait cela étrange.

« Comment le savez-vous ? » lui demanda Néphy.

« C’est que je peux le dire juste en te regardant. » Cette fois, l’extrémité des oreilles pointues de Néphy s’était affaissée avec découragement, puis s’était tortillée et avait été se replacer comme s’il s’agissait d’un cycle. Elle semblait à la fois bouleversée et heureuse.

Tout en couvrant son visage, Néphy regarda timidement Zagan à travers l’espace entre ses doigts.

Franchement, il admirait le fait que son expression de base n’avait pas changé du tout au cours de tout ce processus.

Après s’être un peu arrêtée, elle s’était mise à parler. « Maître, c’est parce que c’est la première fois... que vous m’avez tellement parlé... » Zagan savait que son propre visage était devenu rouge. Et, en même temps, il était tourmenté par un fort sentiment de regret.

C’est vrai, n’est-ce pas !? Je ne parle qu’en termes détournés, pas vrais ? Tout comme Zagan était troublé de pouvoir lire l’expression de Néphy, elle aussi était probablement troublée par le fait qu’elle ne pouvait jamais comprendre ce qu’il essayait de dire.

Après s’être éclairci la gorge avec une toux, Zagan avait retrouvé son sang-froid.

« Après tout, je n’ai rien d’autre que la sorcellerie. Comme c’est mon domaine d’expertise, mes lèvres vont se relâcher un peu plus, » déclara Zagan.

« D’accord. » Il ne savait pas exactement de quoi elle était convaincue, mais Néphy hocha la tête et il pouvait savoir qu’elle était heureuse sans même regarder ses oreilles.

Après cela, tout en montrant de légers signes d’hésitation, Néphy avait ouvert la bouche avant de lui parler.

« Maître, me permettez-vous de poser une question ? » Quand elle agissait d’une manière si cérémoniale, cela signifiait qu’elle avait pris la résolution de demander quelque chose à sa façon.

Et ainsi, Zagan corrigea sa posture en hochant la tête.

« Qu’est-ce que c’est ? Écoutons ce que tu as à me dire, » déclara-t-il.

« Maître, il me semble que vous possédez déjà un grand pouvoir. Et pourtant, en ce moment même, vous faites des recherches pour devenir encore plus fort. » S’arrêtant brièvement, après avoir dégluti, la jeune fille avait dit ce qui avait suivi. « Maître, que désirez-vous ? Qu’espérez-vous gagner en devenant plus fort ? »

Zagan n’avait pas été en mesure de répondre immédiatement à cette question. Qu’est-ce qu’il désire... ? Pourquoi exercerait-il ce pouvoir ?

L’expression de Néphy s’était assombrie en attendant qu’il réponde.

« Mes excuses. Ce n’est pas quelque chose que j’aurais dû demander, » déclara Néphy.

« Non, c’est très bien, vraiment. » Alors qu’il se grattait la nuque, Zagan avait ouvert la bouche comme s’il avait du mal à exprimer ses pensées.

« Franchement, je n’y ai jamais vraiment pensé, » déclara Zagan.

« Jamais... pensé à ça ? » Quand elle l’avait dit comme ça, cela semblait vraiment stupide.

Tandis que son regard dérivait dans les airs, Zagan hocha la tête.

« Si je devais dire quelque chose, alors... peut-être... pour vivre ? » déclara Zagan.

Néphy avait avalé ses paroles.

« Pour... vivre ? » lui demanda-t-elle.

« Tout à fait. Quand j’étais gosse, je n’avais pas d’argent ou d’endroit où vivre, alors j’ai survécu en volant des choses. À l’époque, eh bien, je ne pouvais pas défier les adultes ou les gens avec un vrai pouvoir, mais je me sentais quand même assez chanceux. Ce que j’entends par là, c’était qu’au moins, j’étais en vie. » Maintenant qu’il y avait repensé, il pensait qu’elles étaient toutes de bonnes personnes.

Il y avait eu des moments où il avait été jeté en prison, mais même à ce moment-là, il avait reçu au moins de la nourriture et n’avait jamais été menacé de mort.

« Et puis un jour, j’ai été capturé par un sorcier. Même si je ne suis pas une elfe comme toi, les enfants font toujours de bons sacrifices, » déclara Zagan.

« Ah ! » Après avoir dit cela, il avait réfléchi sur le caractère irréfléchi de ses paroles.

Il y a quelque temps, Néphy avait été capturée pour le même usage.

Quoi qu’il en soit, il serait contre nature d’arrêter de parler ici. Et ainsi, Zagan avait continué à parler à un rythme légèrement plus rapide.

« Eh bien, alors que j’étais sur le point d’être tué, j’ai trouvé une ouverture et j’ai retourné la situation, » continua-t-il. « Et puis j’ai réalisé que pour survivre, le seul choix qui s’offrait à moi était d’acquérir du pouvoir. C’est pourquoi je voulais devenir fort. Si nous parlons de désirs, alors cela serait limité à ça. Cela peut sembler cliché, mais c’est cette petite chose qu’on appelle l’immortalité. »

Avait-elle été déçue ? Néphy s’était tenu la poitrine et avait baissé sa tête.

« ... J’ai été... incapable... de devenir... si forte que ça. » Certes, les circonstances de Zagan et de Néphy étaient peut-être assez similaires.

Et parce qu’elle n’avait jamais réussi à acquérir toute seule le pouvoir, même maintenant Néphy se regardait avec dédain

Zagan avait ensuite essayé de briser la glace avec audace. « Hé, Néphy. »

« Oui, Maître, » répondit-elle.

« Si la sorcellerie t’intéresse, alors — Hm ? » Quand il avait commencé à dire ça, l’expression de Zagan était devenue sinistre.

« Y a-t-il un problème ? » demanda Néphy.

« ... On dirait qu’on a des invités non désirés. Néphy, je vais aller les saluer, alors je te laisse t’occuper du dîner, » déclara Zagan.

« Comme vous le souhaitez. Combien de portions dois-je préparer ? » lui demanda-t-elle.

« Juste assez pour nous deux, c’est parfait. Quoi qu’il en soit, ce lot devrait partir immédiatement. » En laissant Néphy alors qu’elle inclinait la tête sur le côté, Zagan était sorti des archives.

Sans pouvoir, je ne peux pas survivre, pensa-t-il.

Il avait serré ses dents comme s’il détestait ce fait lorsque l’idée lui avait traversé l’esprit.

***

Partie 4

« Il y a une demeure de sorcier dans un tel endroit..., » un homme avait haussé la voix en raison de sa perplexité.

Il y avait quatre personnes qui pénétraient dans la forêt qui s’étendait autour du château de Zagan. Trois hommes et une femme. Les hommes étaient dans la vingtaine ou la trentaine et Zagan pouvait dire que chacun d’entre eux était un Chevalier Angélique compétent. Il était probable que les trois hommes escortaient la femme.

Cependant, ce qui était gênant, c’était la femme qu’ils protégeaient.

Bien qu’elle avait l’air assez jeune, elle portait une grande épée sur son dos. Il était évident que ses bras minces ne contenaient pas la force nécessaire pour la déplacer, mais la jeune fille portait l’équipement de l’église appelé « Armure Sacrée ». Quiconque revêtait une telle armure gagnait des capacités physiques rivalisant avec celles d’un sorcier.

L’Armure Sacrée était certainement gênante, mais le plus gros problème était cette grande épée sur son dos.

Les Chevaliers Angéliques de l’Église utilisaient des épées qui possédaient une grande résistance à la sorcellerie, et elles avaient même la capacité de franchir les défenses d’un sorcier. Cependant, ce qu’elle présentait, c’était une aura de force qui s’échappait d’elle et qui se situait clairement à un tout autre niveau.

Est-ce l’une de ces Épées Sacrées... ? se demanda-t-il.

Il avait l’impression d’avoir déjà vu le visage de la jeune fille, mais avec son attention attirée par l’Épée Sacrée, il n’a pas réussi à se souvenir de qui il s’agissait.

L’un des chevaliers avait alors grogné. « Le vrai coupable derrière les enlèvements en série, hein ? Dire qu’il rôdait dans ce genre d’endroit. »

« ... Cela n’est pas encore clair. Nous sommes venus ici pour vérifier ce fait. » En entendant la conversation des Chevaliers Angéliques, Zagan était parvenu à une compréhension.

Maintenant que j’y pense, Barbatos a dit que j’étais l’un des suspects, n’est-ce pas ? Et il semblerait qu’ils se rendaient dans son domaine pour atteindre la gloire de subjuguer le coupable.

Il semblait qu’il avait raison, et même si tout était faux, l’Église n’était pas du genre à reculer.

Ils avaient déclaré l’existence même des sorciers maléfiques. Même s’il prouvait son innocence, le résultat ne changerait pas. Zagan était un sorcier. C’est pourquoi il était un ennemi qu’ils devaient abattre.

En réponse à la jeune fille, qui haussa la voix pour leur faire des reproches, un autre des Chevaliers Angéliques éclata de rire.

« Comme on peut s’y attendre de notre Vierge à l’Épée Sacrée, Lady Chastille. Vous faites preuve d’une telle compassion, même pour un sorcier, » déclara l’homme.

« Nous sommes fiers d’avoir eu l’honneur de nous battre à vos côtés, Lady Chastille. » Alors que les chevaliers la louaient d’une manière extravagante, la jeune fille avait fait une expression compliquée. Et finalement, ils avaient arrêté de marcher et s’étaient figés.

« C’est encore ce buisson. On ne peut pas continuer comme ça. » Il semblerait qu’ils avaient des difficultés avec l’une des barrières mises en place pour éviter les intrus. Alors qu’ils perdaient leur sens de l’orientation, ils tournaient en rond depuis un moment.

Zagan regardait cette scène de l’intérieur de la forêt, très amusé.

Le chemin qui menait au château s’étendait devant Zagan. L’autre jour, il avait sauvé une fille attaquée par un sorcier dans la même zone. Et les chevaliers se déplaçaient en pleine confusion sur le sentier de bifurcation se trouvant à cet endroit.

En regardant ces chevaliers, un doute lui était soudain venu à l’esprit.

Comment le sorcier de l’époque... a-t-il franchi ma barrière ? C’était une barrière qui pouvait même gêner les Chevaliers Angéliques. Il était impossible d’arriver dans une telle profondeur par chance ou par pur hasard.

De plus, il n’avait pas l’air d’un sorcier qui possédait assez de pouvoir pour franchir la barrière de Zagan. Après tout, il était le type d’homme qui avait commencé à mendier pour sa vie juste parce que Zagan s’était confronté à lui.

Quoi qu’il en soit, le vrai problème de Zagan était les Chevaliers Angéliques.

Ce serait bien qu’ils abandonnent et partent d’ici..., cependant, même si c’était évident, ils n’étaient pas des adversaires aussi capricieux.

« S’il vous plaît, écartez-vous. Il s’agit probablement d’une barrière faite par la sorcellerie. Je vais..., » la jeune fille s’avança, dégainant la grande épée à son dos.

Il y avait des symboles gravés le long de la surface de l’épée. C’était très différent de ceux utilisés en sorcellerie, mais la théorie était probablement la même. Si les symboles de la sorcellerie étaient semblables à des lettres, alors celle de son épée venait d’un alphabet différent. Et ces symboles présentaient un éclat pâle.

« J’y vais ! » L’épée de la fille s’était déplacée dans les airs.

Peu de temps après son attaque, Zagan pouvait dire que la barrière qui recouvrait le château s’était effondrée. La moitié... a été détruite, hein ?

Plusieurs des éléments qui fortifiaient sa puissance subsistaient encore, mais tous ceux destinés à chasser les intrus avaient été détruits avec cette seule frappe.

Comme la barrière qui trompait les yeux des chevaliers avait été détruite, Zagan n’avait pas d’autre choix que de les rencontrer.

« ... Mon Dieu. Les gens de l’Église ne connaissent-ils pas les bonnes manières ? Vous venez chez moi, et c’est ce que vous choisissez de faire ? » Il semblait que cette phrase les avait finalement alertés de la présence de Zagan, de sorte que les chevaliers avaient fait entendre leur voix en étant agités.

Les hommes s’étaient mis en travers de son chemin comme une tentative de protéger la fille, mais elle les avait simplement tenus en arrière avec sa main.

Après avoir regardé Zagan droit dans les yeux, elle murmura d’une voix amère. « Comme je le pensais... c’est vous. »

« Pardon, s’est-on déjà rencontrés ? » Il avait l’impression de l’avoir déjà vue, mais...

Après avoir regardé son visage un peu plus longtemps, il s’était finalement souvenu.

Je vois... C’est la fille qui allait être tuée l’autre jour, hein ? pensa-t-il.

Elle était d’une beauté considérable, mais à cette époque, elle ne portait pas d’Épée Sacrée et ne portait certainement pas d’Armure Sacrée. Actuellement, elle avait aussi les cheveux attachés, donc sa coiffure était très différente.

Mais même ainsi, s’il se souvenait bien, elle possédait un pendentif avec le symbole de l’église.

Si j’avais su qu’elle était un Chevalier Angélique, je ne l’aurais pas renvoyée comme ça..., il s’était rendu compte qu’il avait commis une grave erreur. Cependant, il serait inesthétique de s’arrêter là-dessus après si longtemps. Zagan avait donc décidé de faire comme s’il ne la connaissait pas.

« Je ne sais pas qui vous êtes ni d’où vous venez, mais disparaissez de là. Je suis occupé en ce moment, » Zagan avait levé rapidement son doigt, comme s’ils étaient simplement irritants, puis l’avaient ramené directement vers le bas sans un seul avertissement.

« Quoi ? » Immédiatement après cela, la foudre s’était abattue sur le groupe. Il s’agissait de la même sorcellerie qui avait réduit en cendres le dernier sorcier qu’il avait combattu.

S’ils portent une Armure Sacrée, ils ne mourront probablement pas, pensa-t-il.

L’armure qu’ils portaient avait des capacités défensives extrêmement élevées. S’il s’agissait d’une sorcellerie mineure, il était même capable de la refléter. Même s’il semblait plutôt brutal, Zagan essayait de se retenir à sa façon. Cependant — .

« Je vois, lancer d’une attaque-surprise. Comme je le pensais, les sorciers ne sont que des lâches dans l’âme. » Un Chevalier Angélique brandissant un grand bouclier avait protégé la fille. La fille qu’il couvrait était une chose, mais cela n’avait pratiquement eu aucun effet même sur les autres chevaliers.

Eh bien, c’est tout simplement évident, en fin de compte, il s’agissait toujours d’un groupe qui avait franchi la barrière de Zagan. S’ils n’étaient pas capables de supporter une telle attaque, ils n’auraient jamais pénétré aussi profondément dans son domaine.

« ... Quelle bande d’idiots ! Ce serait bien si vous arrêtiez simplement avec des bluffs aussi ennuyeux et rentriez chez vous, » Zagan avait soudain plissé les yeux et avait dit tout cela d’une manière si autoritaire que c’était pratiquement une attaque.

Si je n’en finis pas rapidement, je ne reviendrai pas à temps pour le dîner que Néphy me prépare ! S’il ne pouvait pas le manger alors qu’il était encore chaud, ce ne serait pas une bonne chose pour Zagan et Néphy.

« Argh..., » sentant cette vigueur anormale, la fille avait pris du recul.

Comme s’il remplissait cet espace, le Chevalier Angélique avec le grand bouclier s’avança. Puis, les deux autres l’avaient rejoint.

« Lady Chastille, reculez. Nous, les Chevaliers du Ciel d’Azur, sommes plus que suffisants pour lui, » se nommant d’un surnom exagéré, les chevaliers avaient fait face à Zagan.

Maintenant qu’ils en avaient parlé, Zagan avait remarqué qu’ils portaient tous les trois une armure bleue.

L’homme qui haussait la voix était un homme considérablement grand, et il tenait une hache dans sa main droite. Derrière lui se trouvait un grand et mince guerrier portant une lance. Cependant, plus loin derrière eux se trouvait quelqu’un avec une épée longue dégainée.

Il semble que leur tactique était d’utiliser le bouclier pour fatiguer leur adversaire, arrêter leurs mouvements à l’aide de la lance, puis d’utiliser l’épée longue pour porter le coup de grâce.

C’était une stratégie assez conventionnelle, tout bien considéré, et elle avait été largement utilisée en raison de son efficacité. On pourrait même dire que c’était la formation parfaite pour affronter un adversaire seul.

Cependant, Zagan s’était gratté la tête comme si c’était tout simplement ennuyeux.

« Allez-vous rentrer chez vous si je vous tabassais un peu ? » En entendant ce bref commentaire, qui pourrait être pris pour une provocation, les visages des Chevaliers Angéliques étaient teints de colère.

« Espèce de petit impudent ! » Celui avec le grand bouclier avait chargé en disant ça.

Le bouclier et l’armure pesaient probablement plus de cent kilos, mais il fonçait quant même à la vitesse d’un cheval rapide.

Ce n’était en aucun cas possible pour un humain ordinaire. Non, l’exploit n’avait été possible que grâce à la puissance de l’Armure Sacrée, que tous les Chevaliers Angéliques portaient.

L’armure et l’écu avaient été baptisés par l’Église et des symboles y étaient inscrits. La sorcellerie de bas étage serait incapable de percer leurs défenses, et ce n’était pas non plus une situation où il avait le temps d’invoquer quoi que ce soit de puissant.

« Fuhahahaaaaa ! Je t’écraserai avant même que tu ne puisses utiliser la sorcellerie. » Le grand bouclier de l’homme avait été mis en avant alors qu’il chargeait. C’était comme affronter un boulet de canon. Même s’il était un sorcier, Zagan savait qu’il serait transformé en viande hachée lors d’un coup direct. De plus, même s’il avait encaissé le bouclier, la longue lance derrière lui était à l’affût. Et puis, s’il avait miraculeusement survécu à l’attaque de la lance, l’épée longue à la toute fin serait inévitable.

Une victoire certaine était à leur portée grâce à cette méthode, mais Zagan ne montrait aucun signe de panique. À la place, il avait juste serré sa main droite.

Il avait brandi cette main vers le haut comme s’il s’apprêtait à lancer une pierre, puis il s’élança vers le bouclier.

Le poing et le grand bouclier étaient entrés en collision.

Arborant un sourire victorieux, le chevalier avait crié.

« Imbécile, tu mourras ic..., », mais, au moment même, le grand bouclier s’était brisé comme du verre.

***

Partie 5

Le poing de Zagan continua et pulvérisa même l’Armure Sacrée en s’enfonçant dans l’estomac du Chevalier Angélique.

« Qu’est-ce que... ? » Alors qu’il faisait une tête comme s’il n’avait aucune idée de ce qui s’était passé, le Chevalier Angélique qui portait le grand bouclier avait été renvoyé vers l’arrière à une vitesse supérieure à sa charge initiale.

Et pile derrière lui se trouvait l’homme à la lance, qui n’avait aucune chance d’éviter d’être frappé par le corps de l’homme portant une armure de 200 kilos.

« Mer —, » sans même pouvoir crier, le deuxième chevalier avait aussi été écrasé au sol.

Le troisième homme, qui portait une épée longue, avait réussi de peu à ne pas subir le même sort, mais son visage s’était raidi comme s’il n’arrivait pas à y croire.

« R-Ridicule, il s’agit de la formation ultime des Chevaliers du Ciel d’Azur..., » déclara-t-il.

« ... N’auriez-vous pas dû au moins regarder qui était la personne vivante dans le château quand vous envahissez un tel lieu ? Si vous aviez enquêté sur le genre de sorcellerie que j’utilise, vous n’auriez pas choisi une stratégie aussi stupide, » déclara Zagan.

Le poing de Zagan était entouré d’un cercle magique très complexe. Il avait condensé toute la puissance du cercle magique se trouvant autour de son château en un seul endroit.

Le mana avait une grande puissance quand il s’agissait de déplacer des choses. Et il pouvait atteindre un point où il avait assez de force pour briser l’Armure Sacrée de l’Église.

De plus, Zagan excellait dans la sorcellerie qui l’aidait à se défendre. Même une blessure mortelle serait immédiatement régénérée, et s’il n’avait aucune chance de victoire, il pourrait s’enfuir à une vitesse dépassant la compréhension humaine. Il avait concentré ses recherches sur le renforcement de ses capacités physiques. Et ainsi, pousser sur lui un bouclier, qui n’était rien de plus qu’une feuille de papier, était vraiment un acte empli de stupidité.

Zagan avait alors agité la main comme s’il chassait un insecte.

« Avez-vous bien vu là ? Si vous comprenez la situation, alors allez-vous-en. Ou alors, avez-vous l’intention de faire en sorte que cette femme mince trimballe trois morceaux de poids mort ? » Le visage du dernier Chevalier Angélique s’était tordu de colère au point qu’il avait eu l’impression de pouvoir tuer avec son regard.

« Pas encore ! Tant que je serai debout, la victoire sera à nous ! » cria le dernier chevalier.

« Hé, arrêtez ! Écartez-vous ! »

« Je ne m’écarterai pas, Lady Chastille. UOOOOOOOOOOOOOOH ! » Tenant son épée longue en l’air de ses deux mains, le chevalier était arrivé devant le sorcier en frappant directement de front avec un coup dirigé vers la tête.

Zagan le regarda de ses yeux froids et fit pivoter sa main gauche vers l’épée.

Sa main, enveloppée par la lumière d’un cercle magique, avait pris la forme d’une lame en prolongement de ses deux doigts tendus.

L’épée longue et les doigts de Zagan étaient entrés en collision. Et, en libérant un son d’un bruit aigu, l’épée longue s’était brisée au milieu.

Après cela, l’homme avait écarquillé les yeux au point qu’il avait l’impression que ses yeux allaient tomber.

« Impossible... Arg. » Et alors, Zagan avait tendu son bras.

« Qu-Qu’est-ce que tu es..., » Zagan avait donné un petit coup avec l’un de ses doigts sur le front déconcerté du Chevalier Angélique. Il s’agissait d’une farce qu’il faisait souvent quand il était enfant.

« Arggg ! » Cependant, à partir de cette seule frappe, l’arrière de la tête de l’homme était rentré en collision avec le sol.

Zagan avait alors impitoyablement marché sur le nez de l’homme qui se tortillait sur le sol.

« Hiigigigigigigi... »

« Comprends-tu maintenant ? Si j’applique simplement un peu plus de pression, ta tête sera écrasée comme une tomate. Le son des os dans ta tête grinçant... est quelque chose que tu n’oublieras jamais. Même maintenant, je ne peux pas dire que cela ait quitté mon esprit, » déclara Zagan.

C’était arrivé quand il avait été capturé par un certain sorcier. Alors qu’il était tombé dans le désespoir parce qu’il avait été offert en sacrifice, Zagan avait été horriblement torturé.

C’est pourquoi il savait à quel point ce son était terrorisant. Et pendant qu’il parlait, il tournait son attention vers la fille.

« Ne fais rien d’inutile. Avant même que tu puisses dégainer ton épée, le cerveau de ce type sera éclaboussé sur le sol. Je suis sûr que tu ne serais pas capable de laisser ça arriver quand tu as une chance de le sauver, n’est-ce pas ? » lui demanda Zagan.

« S-Sauvezzzzz... moiiii... AAAH ! » Alors que le Chevalier Angélique poussait un cri inesthétique, la jeune fille avait retiré sa main de la grande épée placée sur son dos.

Quelle fille sensée ! pensa-t-il.

En vérité, si la jeune fille l’avait agressé à ce moment-là, cela aurait été un problème pour Zagan.

Les trois Chevaliers Angéliques étaient peut-être des adversaires sans valeur, mais une Épée Sacrée était une tout autre affaire. Le poing de Zagan aurait probablement été impitoyablement coupé, avec tout le mana présent à l’intérieur. Il n’était pas sûr de pouvoir gagner, même dans son propre domaine.

Après avoir réfléchi un instant, la jeune fille l’avait regardé fixement.

« Tch... Pourquoi vous comportez-vous comme si c’était un jeu ? Avez-vous l’intention de ridiculiser les vaincus ? » Les yeux de la jeune fille qui avait dit cela étaient pour une raison inconnue colorés avec plus de déception que de colère.

Zagan avait alors fait une tête exaspérée comme si elle aurait dû connaître la réponse. « Savez-vous comment utiliser au mieux la peur ? »

« Quoi... ? » Le visage de Chastille devint de plus en plus sur ses gardes.

Zagan avait besoin de leur faire ressentir de la peur. Il devait leur faire comprendre que cela ne valait pas la peine de le défier et que ceux qui ne s’impliquaient pas seraient en sécurité. Il devait forer cette peur dans la tête non seulement d’eux, mais aussi aux gens au-dessus d’eux.

C’est pour cela qu’il s’efforçait de les tourmenter.

Zagan piétinait impitoyablement le Chevalier Angélique, et semait en lui les graines de la peur.

« Les gens ont peur de l’inconnu. Cependant, ce qui répand cette peur, c’est la bouche d’une personne. Même si je vous massacre tous ici, les gens qui vous ont envoyés ne verraient cela que comme un problème de nombres. Pour répandre la peur, vous avez besoin de survivre et de leur faire part de vos expériences. Des expériences comme celle-ci. » Alors qu’il mettait plus de force dans son pied, le Chevalier Angélique sous lui avait poussé un cri.

Il était probablement quelqu’un d’un statut social considérable, mais avec de la boue, des larmes, de la bave et du mucus mouillant tout son visage, il ne pouvait être décrit qu’avec un seul mot. C’était le mot pitoyable.

Cependant, la jeune fille avait dit ce qui avait suivi. « C’est un mensonge. »

« Oh... ? » Zagan avait ouvert ses yeux comme s’il trouvait ce qu’elle disait amusant.

« Il est vrai que l’instinct de conservation est probablement l’une des raisons pour lesquelles vous faites cela. Et en parlant de l’Église, ils réessaieraient probablement, avec un plus grand nombre, si vous nous tuez tous. Cependant, ce n’est pas votre véritable motif. » Le corps de Zagan s’était complètement raidi.

Si un cadavre était trouvé sur le terrain, alors Néphy aurait peur..., il s’agissait de la raison derrière le fait qu’il voulait les repousser sans les tuer.

Soudain, la jeune fille qui semblait avoir vu à travers Zagan avait vraiment souri.

« ... Comme je le pensais, » déclara-t-elle en plaçant sa main sur la grande épée à son dos.

« Attteendez... je n’ai pas envie de mourir..., » Le Chevalier Angélique sous le pied de Zagan suppliait pour sa vie, mais la fille n’enleva pas sa main de cette épée.

C’est mauvais. Elle a vu que je ne souhaite pas les tuer, pensa-t-il.

Un otage n’avait de sens que si l’on pouvait utiliser sa vie comme bouclier. S’il n’avait aucun intérêt à tuer l’otage, ils étaient inutiles.

Finalement, la jeune fille avait dégainé l’Épée Sacrée de son dos.

« Chastille Lillqvist. Par ordre de mon Seigneur, je subjuguerai le sorcier Zagan ! » déclara-t-elle.

Zagan savait qu’il ne pouvait pas se retenir contre un adversaire avec une Épée Sacrée. Mais même ainsi, il était réticent à tuer une jeune fille du même âge que Néphy. Non seulement cela, il savait que tuer quelqu’un qu’il avait sauvé une fois lui laisserait un mauvais goût dans la bouche.

En tout cas, bien qu’elle soit un adversaire difficile à combattre pour lui, la fille — Chastille ne le laisserait pas s’enfuir.

« Tch —, » Zagan avait donné un coup de pied à l’homme à ses pieds, qui était tombé sur le sol et avait heurté les deux autres personnes effondrées.

Pendant qu’il faisait cela, Chastille se précipita sur Zagan avec son Épée Sacrée à la main.

« HAAA ! » Elle avait déplacé l’Épée Sacrée directement sur lui.

Zagan l’avait repoussé en frappant son poing contre le plat de la lame, mais — .

« ... Merde, » en faisant simplement cela, une fissure était apparue sur le cercle magique protégeant le poing de Zagan.

Même s’il évitait le tranchant de la lame, le simple fait de la toucher l’avait réduit à cet état. Rien que de penser à ce qui se passerait s’il était coupé par elle lui donnait des frissons dans la colonne vertébrale.

Chastille s’était alors baissée sur elle même et elle avait frappé avec son épée vers le haut. Il s’agissait de frappes consécutives comme un ruisseau qui coulait, et tout ce que Zagan pouvait faire, c’était de battre en retraite.

Mais il ne semble pas avoir beaucoup de force derrière ça..., pensa-t-il.

Le tranchant dans les frappes était considérable, mais le coup lui-même était sans beaucoup de force. Cela signifiait probablement que même si elle avait la protection divine de l’Armure Sacrée, il y avait une limite.

Alors qu’elle balançait son épée, Chastille lui criait dessus.

« Pourquoi !? Pourquoi ne pas contre-attaquer ? Essayez-vous de dire que je ne suis pas suffisante en tant qu’adversaire ? » Zagan n’avait fait qu’esquiver et il n’avait effectué aucune attaque contre elle.

Et tout en esquivant une frappe qui arrivait horizontalement en s’allongeant face contre terre, Zagan avait répondu.

« Ne soyez pas déraisonnable. Frapper les femmes n’est pas vraiment ma spécialité. » Ou plutôt, il s’y opposait de plus en plus.

Frapper une fille du même âge que Néphy, c’est un peu..., pensa-t-il.

Ce n’était pas qu’il s’inquiétait de savoir si Néphy finirait par le haïr. Non, chaque fois qu’il serrait le poing, le visage de cette charmante fille flottait sur sa tête. Il n’y avait aucune chance qu’il puisse calmement frapper une fille semblable juste parce qu’elle n’était pas Néphy.

C’est pourquoi il cherchait une autre méthode pour s’en sortir sans la frapper.

Avant de s’écrier, Chastille avait serré ses dents. « Pourquoi quelqu’un comme vous s’est taché les mains avec la sorcellerie ? » Plutôt que de la colère, on aurait dit qu’elle se lamentait sur son sort dans la vie.

Zagan avait incliné la tête sur le côté.

« Je ne sais pas ce que tu dis, mais est-ce si mal d’utiliser la sorcellerie ? » Il savait que les autres pensaient qu’il était un méchant, mais l’idée que la sorcellerie était à blâmer lui paraissait étrange.

Chastille avait alors crié avec fureur. « C’est le mal ! Parce que ce pouvoir existe, le peuple est opprimé et souffre. »

« Alors qu’en est-il exactement du pouvoir que vous utilisez dans l’Église ? Y a-t-il une différence ? N’est-ce pas le pouvoir de tuer unilatéralement un sorcier plus faible que vous ? » lui répliqua-t-il.

« Arg..., » même le visage de Chastille montrait des signes d’agitation, et l’Épée Sacrée qu’elle balançait avait raté sa cible et elle s’était enfoncé dans le sol.

Puis, sans perdre de temps, Zagan avait marché dessus.

***

Partie 6

S’il pouvait bloquer l’épée, même quelqu’un avec une Armure Sacrée aurait des problèmes pour la retirer.

« Argh..., » tandis que la jeune fille gémissait, Zagan la regardait avec indifférence.

« Je n’ai pas l’intention de me justifier, mais il y a une montagne de personnes qui ne seraient pas vivantes si la sorcellerie n’existait pas. Quiconque piétine ces personnes et les traite comme des proies... ne défend aucune sorte de justice, » déclara Zagan.

« Ah..., » même cette fille semblait se forcer à le calomnier, alors elle avait probablement compris ses véritables intentions.

Alors qu’elle était devenue pâle, elle ne pouvait rien dire en réponse.

Oh, voyons. Ne réagis pas comme ça. Ça rendra encore plus difficile le fait de te frapper... Bon sang..., pensa-t-il.

Si elle avait crié d’une manière disgracieuse que ce qu’elle faisait était juste, alors Zagan aurait pu la frapper sans s’inquiéter.

Malgré cela, Chastille avait mordu ses lèvres et avait mis toute sa force dans la main en saisissant son épée.

« Toutefois... Non ! Précisément parce que c’est vrai, je ne peux pas me permettre de perdre ! » déclara la fille.

« Argh, wôw. » La fille avait sorti l’Épée Sacrée en utilisant la force. Et comme Zagan marchait dessus, il avait perdu l’équilibre.

« Voilà ! » Chastille déchaîna une frappe de toutes ses forces.

Malheureusement, ta technique est beaucoup trop grossière, pensa-t-il.

Sans s’écarter du chemin, Zagan avait réuni ses mains. Et alors qu’il l’avait fait, il avait magnifiquement attrapé le bout de la lame.

La protection offerte par son cercle magique avait craqué. Les paumes de sa main étaient chaudes, comme si elles étaient brûlées. Malgré cela, Zagan lui avait répliqué avec un sourire féroce.

« Es-tu bonne dans un concours de force ? » lui demanda-t-il.

« J’accepte votre défi ! » Loin de s’écarter de ça, Chastille avait mis tout son poids en poussant l’arme vers l’avant.

Le symbole gravé sur l’Épée Sacrée brillait à tel point que c’était aveuglant, et comme s’il était en accord avec cela, son Armure Sacrée était également enveloppée de lumière.

« Quoi ? » c’était un peu incroyable, mais la fille avait soulevé son Épée Sacrée avec le corps de Zagan.

Cette fille... cachait un tel atout depuis le début ? Juste au moment où Zagan attendait pour voir son attitude, Chastille semblait cacher sa vraie force.

Et puis, elle avait fait descendre son Épée Sacrée sans autre précaution.

« Ce foutu — Arg ? » Une fille si délicate avait réussi à déplacer un morceau d’acier avec un humain qui y était attaché. C’était un peu difficile de le croire.

Choisissant de ne pas encaisser ça, Zagan avait lâché prise. Cela l’avait envoyé s’écraser sur un arbre derrière lui, où il s’était étouffé après que son souffle soit sorti d’un coup de sa poitrine.

Elle a plus de puissance que moi... à l’intérieur de ma propre barrière ? Il était vrai qu’une barrière n’avait pas beaucoup de sens contre un Chevalier Angélique, mais ce n’était pas comme si Zagan lui-même avait perdu son pouvoir renforcé.

Même si c’était dû à la puissance d’une Épée Sacrée et de son Armure Sacrée, la force physique pure de Chastille avait submergé Zagan.

Zagan avait inspecté ses mains, qui venaient de toucher l’épée, alors qu’il se levait.

Sa peau avait été abîmée et présentait des brûlures. Même s’il avait commencé à les guérir par la sorcellerie, la régénération avait été lente. C’était probablement aussi le pouvoir d’une Épée Sacrée.

À l’époque... J’aurais vraiment dû la tuer, hein ? pensa-t-il.

Comme on pouvait s’y attendre, il se sentait mal à l’aise de tuer une femme sans défense, mais il savait qu’il aurait dû être plus prudent avant d’avoir un contact avec quelqu’un de l’Église.

Pendant qu’il gémissait, Chastille se précipita une fois de plus sur lui.

Zagan avait réussi à immobiliser l’épée, qui descendait d’en haut, mais le grand arbre à son dos s’était brisé en morceaux en produisant un important bruit.

Si ce n’était pas Zagan, ou peut-être s’il n’était pas dans sa propre barrière, il aurait été fracassé comme cet arbre.

Un soupir s’était échappé de ses lèvres. S’il en était arrivé là, il n’y avait pas d’autre option.

Je n’ai pas d’autre choix maintenant... Dois-je la tuer ? pensa-t-il.

Il avait la possibilité de s’enfuir. Cependant, Néphy était dans le château. Si Zagan s’enfuyait, alors Néphy serait tuée. Après tout, l’Église exécutait tous ceux qui s’étaient alliés aux sorciers, sans aucun remords.

Il semblait qu’il était impossible de briser une Épée Sacrée, même avec le pouvoir de Zagan. Cependant, ce n’était pas comme s’il n’y avait rien d’autre qu’il ne pouvait faire pour lui faire face.

Et puis, juste au moment où il avait rassemblé le pouvoir entre ses deux mains pour déclencher une destruction totale...

« Restez comme ça et écoutez-moi. Pouvez-vous faire semblant de mourir de ma main ? » Zagan avait involontairement ouvert les yeux en état de choc lorsqu’il avait entendu cela.

Déplaçant son regard vers l’arrière de la jeune fille, Zagan remarqua que les trois Chevaliers Angéliques qu’il avait battus avaient commencé à se lever. Est-ce qu’elle essaie de parler en s’assurant qu’ils ne l’entendent pas ?

« Qu’est-ce que tu prépares ? » chuchota-t-il.

« L’Église n’abandonnera pas l’idée de vous tuer. Si je perds ici, quelqu’un de plus fort que moi sera ensuite envoyé. Faites en sorte que vous mouriez ici. Et puis jetez cette maudite sorcellerie et vivez comme une personne ordinaire, » répondit la jeune femme en un murmure.

Zagan doutait de ses oreilles.

« Je ne m’attendais pas à entendre de tels mots de la bouche d’un Chevalier Angélique, » répliqua Zagan.

« ... Vous n’avez pas tué mes subordonnés. Et même si vous dites que vous essayez de leur inculquer la peur, vos yeux sont colorés avec quelque chose comme de l’affection, » répondit-elle.

Ses paroles étaient difficiles à accepter pour Zagan.

Je ressemble à ça ? Zagan ne savait pas que ses sentiments pour Néphy se manifestaient de cette manière.

Naturellement, il ne le dirigeait pas vers ses adversaires, mais Chastille avait vu le fait qu’il y avait quelqu’un que Zagan voulait protéger.

Et puis, Chastille avait dit ce qui avait suivi. « Par-dessus tout, je n’ai pas oublié... que vous êtes mon sauveur. » En disant cela, Chastille avait vraiment l’air de vouloir s’excuser.

« ... Désolée. C’est... à peu près tout ce que je peux faire, » déclara-t-elle.

Il semblerait que cette fille n’a pas oublié le fait que Zagan l’avait sauvée.

Ce n’était pas la première fois que Zagan affrontait des Chevaliers Angéliques. Cependant, c’était la première fois qu’il rencontrait quelqu’un qui pleurerait la mort d’un sorcier.

Cette fille... doit avoir la vie dure, hein... ? pensa-t-il.

Si un Chevalier Angélique protégeait un sorcier, cela ne se terminerait pas seulement par la perte de leur statut.

Ils seraient déclarés traîtres, se verraient privés de tous les droits de l’homme et finiraient par être torturés et exécutés d’une manière telle qu’on hésiterait à essayer de la décrire. Pour une fille aussi belle que Chastille, le viol était aussi inévitable.

Elle n’avait pas l’air assez stupide pour ne pas le savoir. Et donc, ces mots n’avaient probablement pas été prononcés avec une faible résolution.

Il était devenu encore plus difficile de l’attaquer en raison de cela.

Mais... Je ne peux pas vraiment faire ça, hein ? pensa-t-il.

Si Zagan faisait comme Chastille l’avait dit, il pourrait s’enfuir en toute sécurité. C’était aussi une chose logique, car il n’y avait plus de biens dignes d’intérêt dans le château.

Cependant, il savait qu’il serait impossible de sauver Néphy s’il s’engageait dans cette voie.

S’ils fouillaient le château, ils la trouveraient. Et Néphy ne s’enfuirait certainement pas. Après tout, cette fille n’avait pas vraiment envie de vivre.

Juste au moment où il s’inquiétait de ce qu’il fallait faire...

« Maître ! » Néphy, qui aurait dû rester au château, l’avait appelé.

Tandis que Zagan se retournait, une fille habillée comme une servante couraient vers lui.

Peut-être parce que Zagan avait été en retard, ou peut-être parce qu’elle avait senti des problèmes, elle était venue auprès de lui.

« Ne t’approche pas, Néphy ! » cria Zagan.

« Eh, une fille... ? » Chastille parlait d’un ton ahurissant.

C’était aussi le moment où les deux individus avaient présenté en même temps une ouverture.

« Tu te fouuuus de notre gueule !! » Parmi les trois Chevaliers Angéliques vaincus avant, l’homme à la lance s’était levé. Contrairement aux deux autres, il n’avait subi que des blessures mineures.

Après avoir regardé autour de lui, ses yeux s’étaient arrêtés sur Néphy, qui courait vers eux.

« Le compagnon du sorcier, hein ? » À quoi pensait-il exactement ? Il avait brandi sa lance sur Néphy, qui se précipitait vers Zagan.

« Arrête, Torres ! » Chastille avait fait entendre sa voix pour le retenir, mais le Chevalier Angélique avait projeté sa lance.

« Bouge-toi de là ! » Zagan avait repoussé Chastille, puis s’était précipité devant Néphy.

Cependant, Zagan savait que Néphy ne s’en tirerait pas à la légère s’il la poussait sur le côté avec la puissance qu’il avait actuellement en lui. Il avait essayé de l’envelopper doucement dans ses bras, mais il avait fini par prendre la lance à sa place.

« Tch —, » Zagan avait placé sa main gauche pour l’utiliser comme bouclier.

La pointe de la lance avait percé à travers sa paume, accompagné par le bruit de chair et d’os écrasés.

« Maître ! » Néphy avait poussé un cri de douleur.

Pourtant, Zagan avait réussi à arrêter la lance avec sa main.

« Ce n’est pas grave. Quelque chose comme ça... n’est qu’une égratignure. » Pendant que Zagan parlait, la sueur coulait légèrement sur son front.

Il avait été blessé dans un moment où ses capacités de guérison avaient été obstruées, de sorte que son bras gauche allait probablement être inutile pendant un certain temps.

En un goutte à goutte, le sang était lentement tombé au sol.

Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu son propre sang.

Ne t’emporte pas... putain de merde..., pensa-t-il.

Cependant, Zagan n’avait pas été en mesure de faire disparaître ce genre de vile pensée.

Dans ses bras, il pouvait sentir un important froid surgir.

« Avez-vous osé blesser... mon maître ? » Zagan n’avait pas tout de suite réalisé que c’était Néphy qui parlait.

C’était une voix froide qu’il n’aurait jamais cru pouvoir entendre venant de la bouche de cette fille douce et léthargique.

Et immédiatement après cela...

« Euh, qu’est-ce que c’est ? »

On disait souvent qu’une forêt était vivante. Cela s’était généralement produit lorsque toutes les choses vivantes de l’endroit bougeaient en même temps et que les arbres se balançaient sous l’effet d’un vent puissant.

Cependant, il n’y avait pas d’animaux qui couraient partout. Et il n’y avait pas non plus de vent.

Et pourtant, la forêt donnait quand même l’impression d’être vivante.

Les animaux se rassemblaient depuis les profondeurs de la forêt. Il y avait entre autres de petits écureuils, de féroces loups et des sangliers. Sans pousser un seul cri, ils fixaient tous les Chevaliers Angéliques.

Ce n’était pas non plus comme si les arbres se balançaient. À la place, les feuilles et les branches elles-mêmes avaient commencé à s’étirer, et les arbustes épineux s’étendaient vers eux à partir des fourrés.

La forêt était vivante, agissant comme si elle avait une volonté propre. Et quelque chose, peut-être la malice de la forêt, fixait les Chevaliers Angéliques.

Qu’est-ce que c’est exactement... ? Ce n’était pas de la sorcellerie. Après tout, Néphy avait un collier qui scellait la sorcellerie encore présente à son cou, donc elle ne pouvait pas en utiliser. Cela dit, il était clair que ce n’était pas non plus le pouvoir de l’Église.

Si l’on était obligé de l’expliquer...

Est-ce qu’elle... contrôle la forêt elle-même ? C’était complètement différent en termes d’échelle et de qualité par rapport à la sorcellerie de Zagan. Une sensation de froid avait parcouru le long de sa colonne vertébrale.

Cela devait probablement aussi être le cas pour les Chevaliers Angéliques.

Face à ce pouvoir mystérieux, celui qui avait projeté sur Néphy la lance avait commencé à trembler.

« Non... A-Arrêtez, AAAAAAAAAAAAAAAAAH ! » L’homme que Chastille avait appelé Torres s’était enfui.

« Je ne vous laisserai pas vous échapper, » Néphy étendit son bras alors qu’elle déclarait ça avec froideur.

Des lierres avaient rampé sous ses pieds, les attachant.

« Argh ! » Des racines dures avaient également rampé vers Torres après qu’il soit tombé. Ils avaient agi comme un unique être vivant, avalant le corps puis le maintenant dans le sol.

 

 

Le pouvoir était terrifiant, et en regardant de près, Zagan remarqua que des fissures se formaient sur l’Armure Sacrée de Torres.

Zagan était finalement revenu à la raison en entendant le bruit des os qui se brisaient.

« C’est assez ! C’est déjà bien assez... Alors, arrête ça, Néphy. » Néphy avait baissé sa main lorsqu’il l’avait prise dans ses bras. Elle avait été clairement surprise.

Heureusement, Torres semblait encore un peu respirer.

Est-ce que c’est... Le pouvoir de Néphy... ? Était-ce quelque chose de caractéristique aux elfes ? Ou bien pouvait-elle l’utiliser à cause de son existence unique, qui se manifestait à l’extérieur par ses cheveux blancs comme neige ?

Quoi qu’il en soit, ce pouvoir surpassait même la sorcellerie, et c’était quelque chose vis-à-vis de quoi Zagan n’avait absolument aucune connaissance.

***

Chapitre 4 : L’amour non partagé est quelque chose qui peut même blesser physiquement

Partie 1

Chastille et les autres Chevaliers Angéliques s’étaient retirés.

Les trois autres qui étaient avec elle avaient été assommés, et donc, après que Zagan ait fini de réparer sa barrière, il les avait jetés hors de son domaine. Il pensait que Chastille serait tout à fait capable de se débrouiller après ça.

« J’ai impliqué quelqu’un qui n’a rien à voir là-dedans. Désolée. » Jusqu’à la fin, la fille n’arrêtait pas de répéter ce genre de phrases.

Après son retour au château, Néphy avait commencé à soigner la blessure de Zagan. Elle semblait habituée, ce qui avait surpris Zagan. Après quelques instants, il commença à interroger la fille qui s’occupait habilement de ses blessures.

« Néphy, je croyais que tu ne pouvais pas utiliser la sorcellerie, non ? » En un clin d’œil, le corps de Néphy s’était mis à trembler.

« Ce n’était pas de la sorcellerie, » murmura Néphy.

« Alors qu’est-ce que c’était ? » lui demanda Zagan.

« Vous voyez..., » l’expression de Néphy s'aigrit. Son visage en lui-même n’avait pas beaucoup changé, mais la pointe de ses oreilles pointues s’était légèrement affaissée.

En remarquant cela, Zagan haussa les épaules.

« Eh bien, peu importe. Le genre de pouvoir que tu possèdes n’est pas important pour moi. » Bien sûr, il ne savait pas si c’était de la sorcellerie ou autre chose, mais si elle possédait une sorte de pouvoir, pourquoi n’avait-elle pas résisté quand elle avait été capturée ? Pourquoi n’avait-elle pas cassé son collier ? Pourquoi n’avait-elle pas pensé à fuir Zagan ? Il y avait une montagne de questions qui l’assaillait en ce moment.

Toutefois, rien de ce qui s’était déroulé avant ça n’avait fait changé son opinion envers elle... c’était ce qu’il voulait lui transmettre, mais...

Merde ! Quand je le dis comme ça, on dirait que je me fous d’elle, pensa-t-il.

Il était clair que la façon dont il avait formulé ses pensées avait trahi ses sentiments. Voyant Néphy affaisser ses épaules d’une manière plus prononcées, Zagan avait essayé de se corriger.

« Tu es Néphy, et rien ne peut changer cela. Peu importe le pouvoir que tu possèdes, tu es toujours la même, » déclara-t-il.

Je l’ai dit correctement ! Il avait l’impression qu’il était encore un peu difficile à comprendre, mais Néphy le regardait avec émerveillement et surprise.

« ... Merci... beaucoup, » ses oreilles tombantes tremblèrent légèrement.

Pour une raison inconnue, il semblait qu’elle était un peu plus à l’aise... bien qu’on puisse encore se demander si les intentions de Zagan étaient claires ou non.

Pendant qu’ils parlaient de telles choses, elle avait fini de faire les bandages. Zagan ressentait toujours de la douleur, mais au moins, il pouvait encore bouger sa main. Grâce à cela, il savait qu’il n’aurait probablement pas de problèmes pour sa routine quotidienne. Dans une certaine mesure, il pouvait même faire un combat.

S’il n’y avait pas eu la puissance de l’Épée Sacrée, il aurait immédiatement guéri une blessure aussi mineure, mais les premiers soins de Néphy étaient parfaits.

« Hmm... Pas mal. Bien joué, » déclara-t-il.

« ... Non, après tout, c’était... ma faute..., » répliqua Néphy.

Cette fois, il pensait qu’elle serait heureuse des remerciements, mais Néphy avait penché sa tête de honte.

Zagan aurait vraiment souhaité que quelqu’un lui ait enseigné avant ça des paroles de réconfort qu’il pourrait utiliser dans une telle situation. Il envisageait même sérieusement d’arracher la langue de Barbatos et de la transplanter sur lui.

Après s’être inquiété au point où il avait l’impression que son cerveau allait bouillir, Zagan avait finalement réussi à faire sortir quelques mots.

« Aah... As-tu... eu peur ? » lui demanda-t-il.

« N’est-ce pas à moi que vous me demandez ça ? » Et contrairement à ses attentes, elle avait fait un visage qui montrait clairement sa surprise.

Cette expression donnait à Zagan l’impression d’avoir touché un point sensible. Après avoir gémi, Néphy avait timidement ouvert la bouche pour parler.

« Maître, ne pensez-vous pas... que je suis... effrayante ? » lui murmura-t-elle.

« Pourquoi ? » S’il devait dire quelque chose à propos d’elle, c’était qu’elle lui semblait encore plus charmante ces derniers temps, alors que de minuscules indices de ses sentiments se répandaient sur son visage. Qu’est-ce qui était exactement effrayant chez elle ?

Quand Zagan avait incliné la tête sur le côté avec un air sérieux, Néphy avait regardé son visage à plusieurs reprises et avait déplacé ses yeux vers le bas.

Et puis, elle murmura quelque chose, rassemblant clairement tout son courage pour le faire. « Pourquoi... ? À cause... de... la puissance... plus tôt... »

« Oh, ça. C’est quelque chose que je n’avais jamais vu auparavant. En vérité, cela m’intéresse beaucoup, mais c’est tout, » en vérité, il pensait que l’Archidémon Marchosias l’avait achetée à cause de ce pouvoir.

En disant cela, Néphy avait demandé avec un ton empli de curiosité. « Est-ce que c’est... tout ? »

« Hm ? Je crois t’avoir dit que je n’avais pas l’intention de t’utiliser comme rat de laboratoire, non ? » lui demanda-t-il.

« Je... comprends cela, mais ce n’est pas de cela que je..., » il semblait au moins qu’elle croyait enfin en sa bonne volonté.

Il en était franchement heureux, mais la perplexité de Néphy ne faisait qu’augmenter.

Peu de temps après, peut-être en se résignant au fait qu’ils ne faisaient aucun progrès, Néphy avait peigné ses cheveux blancs comme neige et avait commencé à parler.

« Ce pouvoir... n’est pas de la sorcellerie... Ça s’appelle le “mysticisme”, » déclara-t-elle.

« Mysticisme... tu dis ? » Zagan avait déjà entendu le terme auparavant.

Ce n’était pas une technique développée en accumulant les théories et les définitions de la sorcellerie. Non, avec le mysticisme, c’était le simple désir d’avoir quelque chose qui interférait avec les lois de la nature, et selon la situation, on disait qu’il pouvait même ressusciter les morts.

C’était vraiment un miracle qui surpassait l’intellect humain.

Il n’avait jamais pensé qu’il serait un jour témoin de ce pouvoir de ses propres yeux, alors Zagan avait regardé Néphy avec émerveillement.

« Donc c’est réel... Est-ce que tous les elfes peuvent utiliser ce pouvoir ? » lui demanda-t-il.

Néphy secoua négativement la tête face à ses paroles.

« Non. C’est parce que... Je suis une enfant maudite, » Néphy répéta les mots qu’elle avait hésité à dire lors de leur première rencontre. Et Zagan la regarda fixement, attendant que ses prochains mots suivent.

« J’ai... ce pouvoir étrange. Oui, c’est... un pouvoir qui ne devrait pas exister. Les enfants aux cheveux blancs qui possèdent ce pouvoir... n’auraient jamais dû naître... C’est pourquoi..., » ses yeux azur ne reflétaient aucune émotion en disant cela. Aucune larme n’avait coulé sur ses joues.

Vous n’êtes pas une personne. Vous n’avez pas le droit d’avoir une opinion. Vous n’avez même pas le droit d’avoir votre propre volonté. C’étaient les yeux d’une personne à qui l’on disait de telles choses.

Elle a traversé beaucoup de choses, hein... ? pensa-t-il.

Une fois de plus, Zagan ne savait pas quoi dire afin de la réconforter.

Et Néphy ne présentant aucune expression, telle une poupée, continua à parler. « Dans notre village, quand les humains ont attaqué, on m’a demandé d’utiliser mon pouvoir, pour... »

Alors que résonnait le son de Zagan qui déglutissait, Néphy devint complètement pâle et confessa son péché.

« Rembourser le fait d’être autorisée à vivre... Quand je les ai entendus me dire cela, j’ai senti quelque chose se briser dans ma tête, » d’une voix tremblante, elle continua à parler.

« Je n’ai pas... résisté non plus... et j’ai été capturée par les humains. C’était... ma vengeance... contre tout le village, » déclara-t-elle.

Zagan pensait que ses actions étaient tout à fait sensées. En vérité, à ses yeux, tous ceux qui voulaient protéger ceux qui les persécutaient avaient quelques vis desserrées dans leur caboche. Franchement, pourquoi ces gens pensaient-ils qu’elle se précipiterait pour leur défense ? Il semblait qu’ils étaient beaucoup trop arrogants.

« Tout le monde... s’est enfui, l’air vraiment désespéré. Il n’y en avait que quelques-uns qui ont été capturés, et tous les autres ont été tués par l’épée ou brûlés par la sorcellerie. Je suppose que personne n’a réussi à s’échapper. Après tout, même les cadavres d’elfes sont utiles, » les lèvres de Néphy avaient pris la forme d’un sourire.

« En voyant cela, la seule pensée qui m’est venue à l’esprit était “bien fait pour vous”, » sa voix tremblait.

« C’est cruel de ma part, n’est-ce pas ? Je... j’ai vu tout le monde mourir en me maudissant, et je riais du fond du cœur. Je leur avais dit “Cette fois... c’est à votre tour de souffrir”. » Après avoir terminé son histoire, le visage de Néphy était une fois de plus revenu à son état neutre.

« Après tout ce qui s’est passé, j’ai réalisé à quel point j’étais méprisable. J’ai compris que j’étais une personne qui pouvait rire calmement tout en regardant les autres mourir, » continua-t-elle.

Quand elle avait dit ça, un soupir s’était échappé des lèvres de Zagan.

Je vois. C’est pourquoi Néphy a perdu sa capacité à afficher la moindre expression..., pensa-t-il.

Parce qu’elle se détestait, elle avait fini par nier ses propres émotions.

Cependant, Zagan croyait que ses actions ne servaient qu’à prouver à quel point cette fille était vertueuse.

Néphy, n’ayant rien perçu dans les sentiments de Zagan, sombra par terre avec découragement.

« Je suis désolée. Je suis... dégoûtante, n’est-ce pas ? » déclara-t-elle.

« Pourquoi ? » Tandis que Zagan s’était placé à ses côtés, il répondit comme s’il trouvait sa question étrange.

Face à quoi, Néphy avait cligné des yeux comme si elle doutait de ses oreilles.

« E-Euh, quoi ? Non, je veux dire... N’est-ce pas... tout simplement normal ? Si cela avait été moi, j’aurais moi-même massacré les habitants du village. Ouais, j’aurais fait équipe avec les envahisseurs humains. Puisque tu ne l’as pas fait, je pense que tu es vraiment très gentille, Néphy. » Il ne bluffait pas quand il avait répondu ça.

Non, il le ferait très certainement. Il tuerait même une jolie jeune fille comme Chastille s’il le fallait. Et c’était sans parler de ceux qui lui avaient fait du mal. Il était même difficile pour lui de trouver une raison de laisser ces gens vivre. Il les aurait volontiers tous massacrés.

Et si une personne venant du village qui avait tourmenté Néphy se présentait devant lui, il l’aurait même torturé en prime juste pour le plaisir.

Néphy avait alors fait un visage encore plus déconcerté.

« Est-ce que... c’est vrai ? » lui demanda-t-elle.

« Tout à fait. Quand tu parlais à ces foutus Chevaliers Angéliques tout à l’heure, tu étais vraiment effrayante, tu sais ? Si tu peux faire autant de choses, tu aurais dû pouvoir frapper tous ces elfes sans problème. » En disant cela, Zagan avait poussé son doigt vers Néphy.

« De plus, Néphy, tu sembles mal comprendre quelque chose, » déclara Zagan.

« E-Est-ce le cas ? » lui demanda Néphy.

« Tout à fait. Tu penses au mysticisme comme quelque chose de mal, mais il n’y a pas de bien ou de mal quand il s’agit de pouvoir. Y a-t-il des idiots qui pensent qu’une lame connaît le bien ou le mal ? Je dirais que les seuls qui le pensent sont ceux qui ne les manient pas, » déclara Zagan.

Peut-être submergée par la vigueur présente dans les paroles de Zagan, Néphy hocha la tête rapidement et à plusieurs reprises. Mais même ainsi, ses oreilles tombaient toujours vers le bas.

« Mais je pense que... ce que j’ai fait... ne peut être pardonné, » déclara Néphy.

« Qui ne te pardonne pas ? » lui demanda Zagan.

« C’est... Tout le monde... dans le... village, » répondit Néphy.

« Ne sont-ils pas morts ? Alors, oublie-les. Il n’y a aucun moyen pour eux de continuer à se plaindre vu leur situation, » déclara-t-il.

Avec un *pop*, la bouche de Néphy s’était ouverte.

« Tu m’entends, Néphy ? Les gens ne peuvent pas survivre uniquement avec de bonnes pensées. Si tu possèdes le pouvoir, alors utilise-le afin de pouvoir vivre. Si tu ne le fais pas, alors tu ne feras que manquer de respect aux masses impuissantes qui sont déjà mortes, » déclara-t-il.

Comme pour dévaloriser le sens de ces mots, Néphy tapota sa poitrine.

« Est-ce vraiment acceptable... pour moi de posséder... ce pouvoir ? » lui demanda Néphy.

« Alors, laisse-moi te demander une chose. Est-ce mal de posséder de la puissance ? Est-ce mal de désirer la force ? » lui demanda-t-il.

« C’est..., » Néphy ne pouvait pas répondre, alors Zagan avait continué à lui parler affectueusement comme un père aimant.

« Au fait, la plupart des gens me considèrent comme étant un être maléfique et méprisable, » en entendant ces mots, Néphy s’était raidie.

« ... Hein ? » En réponse à cette fille choquée, Zagan avait parlé comme s’il se remémorait des souvenirs emplis de nostalgiques.

« Je ne me souviens pas qui c’était, mais ils m’ont dit que moi, qui pouvais faire n’importe quoi par moi-même, je ne pouvais pas comprendre leurs sentiments. Que les forts ne pouvaient pas comprendre les sentiments des faibles. » S’il se souvenait correctement, c’était une jeune fille extraordinairement pitoyable, mais mignonne, qui fuyait une attaque de bandit. Elle s’était perdue dans le domaine de Zagan, et avait déclenché un piège.

C’était arrivé au moment où Zagan avait commencé à acquérir la puissance en tant que sorcier. Il se sentait seul, donc il avait également en lui l’arrière-pensée de vouloir bien s’entendre avec elle s’il arrivait à la sauver. Mais il croyait vraiment que c’était une bonne chose s’il faisait de son mieux pour sauver quelqu’un dans le besoin.

Zagan avait chassé les bandits et l’avait sortie du piège, mais la seule chose que cette fille avait à dire en retour était la phrase suivante. « Est-ce mal pour les faibles de vivre ? Vous sentez-vous bien après avoir affiché votre pouvoir ? »

Il avait alors regretté de l’avoir sauvée. Et, à l’époque, il avait l’impression de vouloir vomir alors que la fille s’était enfuie.

En y repensant, il avait compris que la jeune fille était frustrée et voulait évacuer sa colère. Pourtant, cet incident l’avait rendu très méfiant envers les étrangers.

La pitié et la gentillesse n’étaient que du poison qui corrompait les gens. Et ainsi, cette fille détestait être submergée dans un sentiment si médiocre.

Sauver les gens n’avait absolument aucun sens au-delà de l’autosatisfaction.

Piétiner les faibles sous les pieds était une évidence. Après tout, ils ne valaient rien.

Il n’y a aucune chance... que je veuille comprendre les sentiments des faibles, pensa-t-il.

Comme s’il crachait sur ces souvenirs amers, Zagan avait parlé. « C’est évident. Je suis devenu fort parce que je ne voulais pas être comme ces individus. » Les faibles avaient toujours entraîné les autres avec eux.

L’idée qu’un étranger vous sauve alors que vous en aviez besoin était pathétique.

S’en remettre à quelqu’un, alors que même un parent abandonnerait son enfant, c’était la même chose que de l’inviter à profiter de vous. C’est pourquoi Zagan cherchait désespérément le pouvoir afin de devenir plus fort.

Cependant, il n’y avait rien au bout de cette route, s’était-il dit.

Après avoir cherché désespérément la puissance pendant si longtemps, il s’était rendu compte que les individus ne méritaient pas sa confiance.

Le fait d’être appelé supérieur sonnait bien et faisait qu’on se sentait bien, mais tout cela n’avait aucune valeur. Mais même ainsi, il pouvait quand même croire en lui-même.

Si cela l’aidait à survivre, il l’accepterait volontiers.

Zagan se moquait de lui-même.

Je dis ça, mais j’ai perdu mon sang-froid simplement parce que Néphy se sent un peu déprimée..., pensa-t-il.

Même lui avait trouvé ce fait humoristique. Pourtant, même s’il avait évité les autres depuis si longtemps, il n’avait pas pu s’empêcher de trouver adorable la fille se trouvant devant ses yeux.

Tout en crachant que l’amour n’était qu’une invention, il aimait quelqu’un d’autre du fond du cœur.

Il s’agissait de sa première expérience romantique.

Il savait que la contradiction pouvait un jour l’amener à la ruine, mais même ainsi, il voulait accepter ses sentiments.

C’est pourquoi Zagan avait désespérément rassemblé quelques mots maladroits.

« C’est pourquoi Néphy, tu ne dois pas t’inquiéter pour les autres. » Touchant de la main la joue blanche de Néphy, sans même savoir ce qu’il devait dire, il s’était efforcé d’exprimer ses sentiments.

« Alors... ne fais pas cette tête. Je t’ai déjà dit... que j’ai besoin de toi, n’est-ce pas ? » continua-t-il.

Ses yeux d’azur tremblèrent lorsqu’elle entendit ses paroles. Et puis, ses doigts fins avaient serré la main de Zagan.

« Puis-je... rester ici ? » lui demanda Néphy.

« Bien sûr que oui. Tu m’as nourri d’une nourriture si délicieuse. Je ne peux même pas imaginer vivre sans toi à partir de maintenant. » Il se demandait si parler de nourriture était approprié, mais au fur et à mesure qu’il prononçait ses mots, il s’était rendu compte que rien de tout cela n’avait d’importance.

Des larmes coulaient sur les joues de Néphy.

« N-Néphy ? » demanda Zagan.

« Uwah... Hic... »

Tandis que Zagan faisait entendre une voix déconcertée, Néphy s’agrippa à la poitrine de Zagan et se mit à sangloter.

« Uwaaaaaaaaaaaaaaah. » Et alors, elle avait fait entendre sa voix avant de pleurer à chaudes larmes.

Zagan n’avait rien dit, choisissant plutôt de caresser sa tête jusqu’à ce que ses larmes se tarissent.

Après s’être calmée et s’être ressaisie, Néphy avait baissé sa tête et avait froissé son tablier dans ses mains.

« ... Je vous ai montré... quelque chose d’embarrassant, » déclara Néphy.

« Ça ne me dérange pas. C’est la première fois que je te vois autant parler, Néphy. » Comme il l’avait dit pour la taquiner, la pointe des oreilles de Néphy était devenue rouge.

« Maître, c’est méchant, » déclara Néphy.

Après avoir dit cela, Néphy baissa le regard vers la main de Zagan. Il s’agissait de la main qui caressait la tête de Néphy jusqu’à il y a quelques instants.

« Maître, votre main ne vous fait-elle pas mal ? » lui demanda-t-elle.

« Hm ? Maintenant que tu en parles..., » avant qu’il ne s’en rende compte, il avait cessé de ressentir la douleur.

Ce n’était pas comme s’il avait perdu la tête, alors, pourquoi ? Tandis qu’il inclinait la tête sur le côté, Néphy avait pris cette main avec ses deux mains.

« Maître, excusez-moi, » en disant cela, elle avait commencé à démêler les bandages qu’elle avait déjà placés avant.

Et après avoir fait ça, qu’avait-elle trouvé ? La blessure, sur laquelle il y avait encore des traces de sang il y a quelques minutes à peine, avait disparu sans laisser de trace.

Voyant cela, même Zagan avait écarquillé les yeux avec étonnement.

« Néphy, as-tu fait ça ? » lui demanda-t-il.

« Je ne sais pas... Mais... probablement, » elle ne le savait probablement pas parce que c’était arrivé inconsciemment.

Comme elle avait été intimidée par les autres villageois, l’idée de guérir les blessures des autres ne lui était probablement jamais venue à l’esprit.

« Quelle surprise ! » Il semblait que le mysticisme surpassait même la puissance d’une Épée Sacrée.

« Wôw, c’est incroyable, » déclara-t-il.

« Est-ce que... c’est si... ? » demanda Néphy.

« Tout à fait. Merci, Néphy, » les yeux de Néphy s’étaient écarquillé alors qu’il exprimait avec franchise sa gratitude.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » lui demanda-t-il.

« Maître, c’est la première fois... que vous me dites une telle chose, » même Zagan avait été laissé perplexe par cette phrase.

Jusqu’à présent, je me rends compte que je n’ai jamais dit, « merci », même une seule fois, réalisa-t-il.

Même si Néphy avait fait tout ce qu’elle pouvait pour préparer ses repas et s’occuper de son château...

« ... Oh, à ce propos... désolé, » quand Zagan avait dit ça, le bout d’oreilles de Néphy s’était mis à frétiller, montrant sa joie.

« Après tout, je vous appartiens, Maître. » Il était très probable que ce n’était pas son imagination que sa voix semblait heureuse quand elle disait ça.

Ce sentiment de solitude, qui était présent partout dans l’être qu’était Zagan et dans sa vie, était maintenant introuvable.

***

Partie 2

Minuit. Pour autant qu’il s’en souvienne, c’était la période de temps où Zagan s’immergeait dans ses recherches, mais dernièrement, c’était devenu pour lui le moment pour aller dormir. Comme Néphy suivait un horaire plutôt normal, Zagan avait fini par s’y habituer à son rythme.

Avec un coude sur le trône, il sentait la somnolence en lui. Cependant, quelqu’un frappa à la porte de la pièce, puis un petit bruit put être entendu venant de l’extérieur.

« Néphy ? Qu’est-ce qui ne va pas à ce genre d’heure ? » lui demanda-t-il.

Normalement, Néphy devait déjà dormir à une heure si tardive. Elle avait peut-être juste soif, mais c’était la première fois qu’elle descende du sommet et qu’elle se déplace jusqu’à la salle du trône si tard dans la nuit.

Lorsque Néphy entra dans la pièce, il remarqua sa chemise de nuit blanche, ce qui expliqua le fait qu’elle s’était déjà couchée. La façon dont elle portait un oreiller duveteux dans ses bras était si adorable qu’elle donnait l’impression à Zagan qu’il perdrait toute raison.

Tout en enlaçant l’oreiller, Néphy avait ouvert avec timidité la bouche pour parler. « Maître... »

« Hm ? » Voyant qu’elle semblait être en train d’agir de manière cérémoniale, Zagan s’était redressé.

Et peu de temps après ça, Néphy avait rassemblé sa résolution et elle avait pris la parole.

« Serait-ce... bien... de coucher ensemble ? » Non seulement ses oreilles, mais même son visage était devenu rouge quand elle avait prononcé ces mots.

 

 

Et le visage de Zagan s’était à son tour raidi.

Je suis un homme, et Néphy est une femme, donc quand elle dit coucher ensemble, ça veut dire... ! Zagan avait dégluti en pensant à ça.

Même lui était un homme. Mais l’idée de vouloir gâcher la peau douce et pure d’une si belle fille lui avait traversé l’esprit à nombreuses reprises.

Cependant, s’il se livrait à la luxure ne serait-ce qu’une fois et qu’il blessait Néphy à cause de ça, Zagan ne s’en remettrait sûrement jamais. Il s’agissait de la raison pour laquelle il s’était retenu jusqu’à présent.

Et maintenant, Néphy est venue se donner à moi !? Considérant la possibilité qu’il eût mal entendu ou qu’il s’agissait simplement d’un lapsus, Zagan s’était calmé en lui demandant de se répéter.

« Néphy, comprends-tu le sens de ce que tu viens de dire ? » lui demanda-t-il.

« ... Oui, » elle était probablement aussi très nerveuse. Et ainsi, avec des larmes se formant même dans ses yeux, elle avait franchement dit ce qu’elle pensait.

« Après tout, il n’y a qu’un seul lit... dans ce château, » et alors qu’il s’apprêtait à crier de joie, Zagan inclina sa tête sur le côté.

Hm ? Attends, c’est une drôle de façon de le dire..., certes, si l’on pensait à une sorte de lit convenable dans ce château, seul celui de Néphy leur viendrait à l’esprit. Tout le reste était soit cassé ou bien trop sale, et Néphy avait fait de son mieux pour les faire tous disparaître.

Bien sûr, il ne s’opposait pas à l’idée qu’ils se collent l’un à l’autre dans la chambre de Néphy, mais il avait l’impression que ce n’était pas ce qu’elle essayait de dire.

Tout en considérant cela pendant plusieurs secondes, il s’était rendu compte qu’il ne pouvait pas aller au cœur du problème par lui-même, alors il l’avait poussé pour obtenir plus de détails.

« L-La S-Signification... ? » lui demanda-t-il.

Néphy semblait aussi avoir réalisé que son explication était insuffisante, et après s’être mordu la lèvre, elle avait commencé à expliquer dès le début.

« Maître, vous dormez toujours sur ce trône, » déclara-t-elle.

« Eh bien, c’est vrai, » répondit-il.

« Je crois qu’être allongé pendant le repos... vous ferait peut-être vous sentir... plus à l’aise, » déclara-t-elle.

Cependant, même s’il voulait s’allonger, le seul lit disponible était celui de Néphy. En d’autres termes... Hm ? Alors il ne s’agit pas d’abandonner son corps ou quoi que ce soit ? Tandis que Zagan revêtait un visage complètement confus, Néphy terminait ce qu’elle disait.

« En tant que telle... que diriez-vous de... coucher... ensemble... ? » Son visage était déjà rouge vif à tel point qu’on aurait dit qu’un incendie se déclencherait sous peu.

Zagan pensait qu’il faisait probablement le même genre de visage à ce moment-là.

Tu es trop pure, bon sang... En d’autres termes, il semblait qu’elle ne voulait pas dire qu’elle voulait qu’ils entrent dans une relation physique. Non, elle souhaitait simplement partager un lit. Pourtant, cela semblait plutôt inadéquat, compte tenu de ses attentes antérieures...

Le sentiment de convoitise suscité par tant d’espoir et le sentiment de vouloir accepter purement et simplement Néphy s’était engagé dans une lutte à mort. Et à la fin de ce conflit, Zagan était arrivé avec une réponse plutôt étrange.

« Écoute-moi, Néphy. Je suis reconnaissant pour cette pensée, mais cette pièce est la pierre angulaire de ma barrière. C’est l’endroit le plus pratique pour déployer des contre-mesures en cas d’intrusion, » c’était comme si des larmes de sang jaillissaient de ses yeux. Cependant, c’était aussi la vérité.

Après tout, ces fichus Chevaliers Angéliques ont fait irruption ici dans l’après-midi, normalement, il ne s’en serait pas tant soucié, mais il avait vraiment l’impression qu’il ne pouvait pas se permettre d’être négligent.

Il était facile de se sentir détendu après avoir repoussé des intrus, de sorte que la probabilité qu’une deuxième vague arrive pour viser cette occasion était élevée.

C’est pourquoi Zagan devait être placé dans la pièce afin de pouvoir prendre des mesures immédiates.

Cependant, Néphy hocha la tête comme si elle avait déjà prédit sa réponse.

« Je pensais... que ça aurait pu être le cas, donc..., » Néphy s’était assise sur le tapis et étendit les bras.

« S’il vous plaît, allez-y... et utilisez mes genoux, » déclara-t-elle.

Un oreiller... de genoux ? Il ne s’attendait pas à ce développement. De plus, voyant qu’elle avait même transporté son oreiller avec elle, elle semblait avoir l’intention de rester toute la nuit. Zagan pensait même que s’il se levait, il pourrait même mourir de bonheur.

Voyant que Zagan n’était pas en mesure de prendre une décision rapide, Néphy avait commencé à agiter les bras pour lui faire signe. Il semblerait que c’était trop embarrassant à répéter, alors elle essayait de lui faire signe de venir rapidement.

Je ne peux pas refuser une telle invitation... ! Il avait envie de regarder Néphy un peu plus longtemps, mais Zagan s’était immédiatement levé de son trône, n’ayant plus de résistance.

« Je... Je vois. Alors, je vais te laisser faire, » s’affalant avant de s’étaler sur le sol, il confia sa tête à Néphy.

Il s’agissait d’un tapis sur lequel on marchait avec des chaussures, mais parce que Néphy l’avait lavé, il était encore plus doux qu’une couverture ordinaire. Et à cause de la chaleur corporelle de ses tendres cuisses, un étrange sentiment de tranquillité avait dominé sa convoitise.

Néphy le regarda fixement, la tête baissée vers ses genoux.

« Comment... est-ce que c’est ? » lui demanda-t-elle.

« Pas... pas mal. » Le visage de Néphy était bloqué par ses seins gigantesques alors que Zagan la regardait d’en bas. Il pouvait encore voir la moitié de son visage, mais il n’était franchement pas sûr de l’endroit où regarder.

Finalement, Néphy avait commencé à caresser maladroitement la tête de Zagan.

Le regard de Zagan avait commencé à errer encore plus à cause du sentiment chatouilleux et quelque peu réconfortant. Et, comme s’il retrouvait son sang-froid, il s’éclaircit la gorge.

« Mais pourquoi fais-tu cela tout d’un coup ? » lui demanda-t-il.

Néphy détourna aussitôt son regard, comme si elle était dans le désarroi, puis parla en chuchotant.

« Maître, même quand... vous avez appris pour mon mysticisme, vous m’avez dit que je pouvais rester ici. C’est pourquoi... Je veux vous montrer ma gratitude... d’une façon ou d’une autre... » Le fait d’exprimer une telle pensée et de tels sentiments était une première pour elle. Et le fait de la voir ravie par ce qu’il lui avait dit avait rendu Zagan satisfait.

Tout en restant étendu sur le sol, Zagan avait tendu sa main sur la joue de Néphy.

« Tu m’aides toujours de tant de façons... Alors franchement, pas besoin d’exprimer notre gratitude de façon aussi formelle, » déclara-t-il.

« ... D’accord, » Néphy hocha timidement la tête.

Zagan s’était alors rappelé qu’il y avait quelque chose qu’il avait omis de lui mentionner. Parce que les Chevaliers Angéliques étaient venus, il n’avait pas pu le dire.

« Hé, Néphy, » déclara-t-il.

« Oui. » Zagan voulait parler de ce qu’il avait en tête alors qu’elle hochait la tête vers lui, affichant une expression vide sur son visage.

« Veux-tu essayer... d’apprendre la sorcellerie ? » Néphy cligna deux fois des yeux, puis ses yeux s’ouvrirent en grand en raison de la surprise.

« Moi... apprendre la sorcellerie ? » lui demanda-t-elle.

« Tout à fait. Je pense que tu as un don pour ça. D’ailleurs, tu ne peux pas contrôler ce “mysticisme” ou quoi que ce soit que tu as utilisé cet après-midi, n’est-ce pas ? » Pour l’instant, elle n’avait pas pu utiliser la sorcellerie avec le collier scellant son mana. Cependant, elle avait été capable de manifester du mysticisme même avec lui.

S’il n’était pas intervenu à ce moment-là, les Chevaliers Angéliques que Néphy avait attaqués auraient probablement été déchiquetés. En plus, elle avait également guéri la blessure de Zagan. Si elle pouvait le contrôler plus consciemment, il y avait de bonnes chances qu’elle puisse devenir assez forte pour même blesser Zagan.

« C’est un pouvoir avec une structure différente, donc le simple fait d’étudier la sorcellerie ne t’aidera pas nécessairement à contrôler le mysticisme. Cependant, tu devrais au moins être en mesure de te défendre pour le moment. » Il avait fait face à quelques revers, mais Zagan n’avait pas renoncé à lui enlever son collier. C’est pourquoi il voulait la préparer pour le jour où elle aura été libérée.

Et, comme si elle ne pouvait cacher sa perplexité, les yeux de Néphy tremblèrent.

« E-Est-ce que je... serais vraiment capable de le faire... ? » lui demanda-t-elle.

« Tu peux le faire. Néphy, tu deviendras une sorcière bien plus forte que moi, » déclara Zagan.

À l’origine, les elfes étaient une race qui emmagasinait un puissant mana en eux. Avec cela, avec en plus le talent de Néphy, même le siège de l’Archidémon était possible.

Néphy s’était alors serré fort contre sa poitrine.

« Serai-je... capable d’atteindre un moment où je vous serais utile, Maître ? » lui demanda-t-elle.

« Tu es déjà... très utile pour moi, » il ne s’agissait pas seulement de la gestion de ses affaires quotidiennes. Peu à peu, il avait pu montrer plus d’émotions, et chaque jour ils se rencontraient face à face et avaient une conversation. Il sentait vraiment qu’il avait gagné quelque chose d’irremplaçable grâce à tout cela.

« Vais-je aussi... devenir comme vous, Maître ? » lui demanda-t-elle.

« Euh... En termes de pouvoir, n’est-ce pas ? Si possible, mais j’aimerais que tout le reste reste identique. » Bien sûr, il voulait lui apprendre la sorcellerie, mais c’était un peu gênant pour elle d’admirer un être maléfique comme Zagan. Il voulait voir beaucoup plus de ses expressions, mais il avait aussi l’impression qu’il voulait que Néphy reste la même.

« Serai-je... capable de vous assister, Maître ? » lui demanda Néphy.

« Tu m’as protégé de ces foutus Chevaliers Angéliques, n’est-ce pas ? » Il avait l’impression que c’était plutôt pitoyable d’être protégé par une fille, mais il en était franchement heureux.

Alors qu’elle y réfléchissait, les oreilles de Néphy rebondissaient et tremblaient.

« Je vais le faire. Maître, pour votre bien, j’apprendrai la sorcellerie, » déclara Néphy.

Je préférerais que tu dises que c’est pour ton propre bien..., même ainsi, le fait d’avoir atteint le point où elle avait une sorte d’ambition était un pas en avant. C’est pourquoi Zagan avait répondu sur un ton enjoué.

« Alors Néphy, tu es ma disciple à partir de maintenant, » déclara Zagan.

« Oui, » son expression semblait indiquer qu’elle était heureuse.

Une disciple, hein... ? Jusqu’à ce qu’il le dise, il n’avait jamais pensé à l’idée de transmettre son savoir et son pouvoir à un autre que lui.

Pourtant, il voulait transmettre à Néphy toutes ces connaissances sans restriction, sans compensation.

Tous les deux étaient restés comme ça pendant un moment, se prélassant dans le silence.

Après une longue période de temps, Néphy avait soudainement parlé sur un ton réconfortant.

« Euh, Maître, » déclara-t-elle.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » lui demanda-t-il en réponse.

« À propos de ce soir..., » le soir, elle voulait probablement dire après qu’ils eurent fini de repousser les Chevaliers Angéliques, quand Néphy soignait la blessure de Zagan.

« Maître, on vous a dit — que vous, qui pouvez tout faire par vous-même, ne pouvez pas comprendre les sentiments des faibles, » déclara Néphy.

« Tout à fait, j’ai dit quelque chose comme ça, non ? » Il s’agissait de l’une des choses qu’il avait dites à Néphy après qu’elle ait parlé ouvertement de son secret.

C’était une histoire ennuyeuse venant de son passé, mais il voulait faire savoir à Néphy qu’il n’y avait pas besoin de s’inquiéter des regards et des paroles des autres.

Et en réponse, Néphy avait doucement caressé la tête de Zagan avec tendresse.

« Maître, vous en avez parlé comme si ce n’était rien, mais en vérité, c’était douloureux, n’est-ce pas ? » lui demanda Néphy.

Zagan avait écarquillé les yeux quand il avait saisi ces paroles.

« Pourquoi... tu ressens ça ? » lui demanda-t-il.

Les cheveux blancs comme neige de Néphy se balançaient en secouant la tête.

« Je ne sais pas, mais..., » comme s’il s’agissait de sa propre douleur, elle s’était tenu la poitrine.

« À ce moment-là, vous aviez l’air terriblement triste, » Néphy s’était ensuite enroulée autour du corps de Zagan comme si elle l’embrassait. De tendres renflements s’appuyaient sur son visage, ce qui avait fait que Zagan avant involontairement rougit.

« H-Hey... » Sans s’inquiéter de l’agitation de Zagan, Néphy avait continué à parler.

« Maître, vous n’êtes pas mauvais. Même si les mots que vous dites sont peu nombreux, je n’oublierai jamais... que vous avez été gentil avec moi, » déclara Néphy.

Même si c’était pathétique, Zagan se sentait susceptible d’éclater en larmes en entendant ces mots. Sa voix tremblait, et il n’avait réussi qu’à répondre brièvement et simplement.

« ... Je vois, » répondit-il.

Cependant, malgré cela, les oreilles de Néphy tremblaient joyeusement lorsqu’elle hochait la tête.

« Je suis heureuse. » Le battement de cœur de Néphy lui était transmis par la poitrine, qui s’appuyait sur lui. Que ce soit à cause des nerfs, de la timidité ou peut-être d’une autre émotion, il s’agissait d’un son très rapide.

Il s’agissait également d’une sensation provoquée par ses émotions gelées qui fondaient doucement, ce qui avait fait perdre à Zagan tout force dans ses épaules.

« Néphy, » murmura-t-il.

« Oui. » Il voulait juste prononcer son nom, même s’il n’avait rien à dire. Il voulait juste... essayer de dire son nom.

« Ce genre de chose... n’est pas mal... n’est-ce pas ? » lui demanda-t-il.

« ... N’est-ce pas, » Néphy hocha simplement la tête comme elle l’avait toujours fait.

Et sûrement, même s’il cherchait à aller plus loin avec elle, elle ne le refuserait pas. Pourtant, le fait d’être sur ses genoux était beaucoup trop confortable pour permettre de telles pensées.

Zagan s’était endormi avant qu’il ne le sache. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi à l’aise.

***

Partie 3

« C’est quoi ce bordel, mec ! Je suis venu ici après avoir entendu dire que tu as été attaqué par les Chevaliers Angéliques, mais tu n’as pas une égratignure ! »

Le lendemain, dans la salle du trône.

Celui qui avait dit cela après avoir franchi la barrière et effectuer une intrusion n’était nul autre que Barbatos.

Cela faisait environ une semaine qu’ils ne s’étaient pas rencontrés en face à face, mais sa façon d’agir n’avait pas changé.

Zagan agita la main comme s’il le trouvait irritant. Franchement, il ne s’était jamais montré quand on avait vraiment besoin de lui, et c’était juste un obstacle qui arrivait si tard, alors il était vraiment irrité.

« Comme si ça m’intéressait. C’est de leur faute s’ils sont faibles, non ? » déclara Zagan.

« Faible ? Voyons, j’ai entendu dire que quelqu’un avec une Épée Sacrée a été envoyé ! » déclara Barbatos.

« Épée Sacrée ? Oh, maintenant que tu en parles, il y en avait bien une, » répondit Zagan.

Il parlait de Chastille. Pour le dire franchement, le souvenir d’elle s’était effacé de son esprit en raison de l’utilisation du mysticisme par Néphy. De plus, bien qu’elle soit un Chevalier Angélique, elle n’avait pas montré d’hostilité envers lui. Si elle était devenue sérieuse, elle aurait probablement pu se battre au niveau de Zagan. C’est pourquoi il ne la considérait pas comme une ennemie.

« Wôw, même la Vierge à l’Épée Sacrée n’était pas un adversaire digne de ce nom ? » demanda Barbatos.

« Non, en vérité, elle était assez forte. Elle a après tout brisé quelques barrières du château. » Et, comme il n’avait pas encore fini de réparer ces barrières, il avait l’impression qu’il préférait aller terminer le travail plutôt que de continuer leur conversation.

Cependant, alors qu’il pensait cela, Néphy était venue avec sur un plateau du thé et des biscuits cuits.

Après avoir aligné le plateau sur le dessus d’une petite table qu’elle avait préparée à l’insu de Zagan, elle s’était penchée jusqu’à la taille avec courtoisie.

« Je vous en prie. Veuillez utiliser le lait et le sucre à votre convenance avec le thé. » La bouche de Barbatos s’était ouverte en regardant tout ça.

« H-Hey, c’est... l’elfe d’avant, n’est-ce pas ? Ai-je tort ? » demanda Barbatos.

« Non, tu as tout à fait raison, c’est la fille de la vente aux enchères, » répondit Zagan.

« Ne l’as-tu pas déjà utilisée comme sacrifice ? Ou alors, en échange d’une prolongation de sa vie, la fais-tu te servir ? Comme c’est gentil. Tu as bon goût en la matière, » déclara Barbatos.

Néphy s’accrocha au manteau de Zagan comme si elle était effrayée par les pensées de Barbatos.

« Ne me place pas dans le même panier que toi. Néphy est, eh bien... Hum, ma disciple, » déclara Zagan.

Le visage de Barbatos s’était empli de spasmes, puis il avait crié, clairement incapable de croire les paroles de Zagan.

« Que dis-tu ? Une disciple ? Viens-tu de dire disciple ? As-tu bien dit disciple ? Ce truc où tu apprends à quelqu’un d’autre ta sorcellerie, n’est-ce pas ? Toi ? » s’écria Barbatos.

« Ne puis-je pas le faire ? » Zagan avait rejeté son ami indésirable comme s’il le trouvait détestable.

Cependant, il était difficile de dire qu’il l’avait achetée parce qu’il avait eu le coup de foudre pour elle. Après s’en être inquiété pendant un certain temps, il avait trouvé une bonne excuse qui semblait convenir à ses projets.

« Il y a de la sorcellerie que je ne peux pas utiliser seul. Néphy sera certainement utile. » Il parlait de Néphy comme si elle était à nouveau un outil, mais il faisait de son mieux pour la complimenter.

Même avec la sorcellerie, je ne peux pas tout obtenir seul. Après tout, le bonheur simple qu’il avait gagné en étant avec Néphy était l’une de ces choses.

Il semblerait que Néphy se soit habituée à la façon de parler de manière détournée de Zagan. C’est ainsi qu’elle étendit gracieusement l’ourlet de sa jupe en inclinant la tête.

« Je suis honorée, » et ainsi, comme s’il était décontenancé, Barbatos s’était frappé le front.

« Merde, j’ai compris... Rien n’est hors d’atteinte si tu as une elfe à tes côtés... Merde, je n’ai jamais pensé à en utiliser une comme ça..., » déclara Barbatos.

Zagan était conscient que son visage devenait sombre lorsqu’il entendit Barbatos parler de Néphy comme d’un outil. Bien sûr, il avait lui-même dit quelque chose de semblable, mais cela ne signifiait pas qu’il permettrait à quelqu’un d’autre de le faire.

Après un certain temps de réflexion, Barbatos avait affiché un air surpris, comme s’il était tombé sur une pensée curieuse.

« C’est impossible... Ne me dis pas que tu as écrasé ces foutus Chevaliers Angéliques grâce à ce pouvoir ? » demanda Barbatos.

« Néphy a certainement joué un rôle, » l’un des Chevaliers Angéliques avait été vaincu par Néphy, donc il n’était pas faux de dire qu’il avait emprunté son pouvoir.

Puis, avec une expression douce sur son visage, Barbatos marmonna. « Donc, cette destruction à l’entrée est aussi à cause de son pouvoir ? »

En analysant ce qui s’était passé, Zagan s’était rendu compte qu’il n’avait jamais nettoyé les conséquences de la manipulation de la forêt effectuée par Néphy. D’après ce qu’il disait, Barbatos avait probablement déjà vu les traces. Et, cette vision avait probablement mis en évidence le fait que quelque chose d’autre que la sorcellerie était en jeu.

Prenant l’expression de Zagan comme confirmation, Barbatos avait poussé un gémissement.

« Vises-tu sérieusement le titre d’Archidémon, hein ? » lui demanda Barbatos.

En entendant ce mot, Zagan s’était finalement souvenu que lui et Barbatos étaient candidats pour succéder à Archidémon Marchosias. Franchement, sa tête était pleine de pensées liées à Néphy, donc il n’avait pas eu la moindre pensée pour ce genre d’idée annexe.

La raison en était que Zagan avait finalement quelque chose qu’il désirait bien plus que le rang.

Cela ne me dérange pas d’être couronné Archidémon, tant que je peux avoir avec moi ce que je veux vraiment..., pensa-t-il.

Ce n’était pas comme si le fait d’avoir l’esprit complètement occupé par Néphy lui faisait perdre tout intérêt pour le titre. Au contraire, Zagan était probablement celui qui convenait le mieux au poste.

Pourtant, il ne souhaitait pas le titre, mais quelque chose qui l’accompagnait... Oui...

Devenir un Archidémon éloignera-t-il les autres sorciers de Néphy ? Néphy était devenue la disciple de Zagan. S’il était un Archidémon, alors elle serait la disciple de l’un d’eux. En plus, elle deviendrait une existence semblable à la sienne.

Peu importe le degré de confiance du sorcier, il n’y avait probablement pas d’idiots qui se battraient avec lui dans cette affaire. C’est pourquoi Zagan avait répondu avec un rire féroce.

« Y a-t-il une raison pour que je ne le fasse pas ? » En toute franchise, à l’heure actuelle, il ne pensait pas vraiment qu’il serait sélectionné.

Ce n’était pas qu’il doutait de ses compétences, mais il savait qu’il serait difficile d’être vue comme étant apte face à des sorciers qui avaient vécu pendant plusieurs centaines d’années alors qu’il n’avait que dix-huit ans.

Zagan avait seulement commencé à marcher sur le chemin d’un sorcier il y a dix ans, et les autres sorciers avaient passé plusieurs centaines d’années à perfectionner leurs arts. Peu importe comment il aurait lutté contre les connaissances qu’ils avaient acquises au fil du temps et leur expérience accumulée, il n’avait aucune chance de gagner.

Cependant, tant que je continuerai à respirer, je m’efforcerai de devenir le prochain Archidémon après celui-ci, pensa-t-il.

Un nouvel Archidémon n’était pas couronné très souvent, mais il s’était dit qu’il aurait une chance aussi longtemps qu’il vivrait cent ans de plus.

Zagan avait pris une tasse de thé dans sa main. Après en avoir humé l’arôme rafraîchissant, il avait porté la tasse à ses lèvres. Il ne savait pas quelle sorte c’était, mais il avait une saveur élégante. Il s’accordait parfaitement avec les biscuits cuits au four.

« Hm... Il a bon goût, » déclara Zagan.

« Cela m’apporte la plus grande joie, Maître, » déclara Néphy.

Barbatos avait regardé cet échange comme si c’était inattendu.

« Zagan, dis-moi que je me trompe, mon pote. Ne commences-tu pas à t’intéresser à cette fille ? » lui demanda Barbatos.

« Est-ce si étrange de chérir sa disciple ? » Après l’avoir dit, Zagan s’était rendu compte que le mot disciple était très pratique. Son coup de foudre, qu’il cherchait à expliquer, était passé sous silence grâce à un seul mot.

Barbatos avait alors fait entendre sa voix avec un petit rire. « Hehe... Je vois. C’est comme ça, hein ? Même toi, tu as encore un peu d’humanité en toi. Bizarre. »

« Tais-toi, » déclara Zagan.

Après avoir avalé le thé en une seule fois, Barbatos avait quitté son siège.

« Quoi !? Pars-tu déjà ? » lui demanda Zagan.

« Ouais. Je dois y aller, car il n’y a aucune chance que je te laisse me voler le titre d’Archidémon. En plus, un lot inattendu a surgi. » Barbatos s’était éloigné, laissant derrière lui Zagan, qui inclinait la tête sur le côté.

« Ce type est venu ici pour... ? » murmura-t-il.

Tandis que Zagan poussait un soupir d’étonnement, Néphy parlait d’une voix curieuse. « N’est-il pas votre ami ? »

« Aucune chance que cela soit possible. Les amis n’apportent que des inconvénients, il faut donc bien les choisir, » répondit Zagan.

« Mais Maître, vous aviez l’air de vous amuser, » répondit Néphy.

« Est-ce que c’est vraiment le cas ? » lui demanda Zagan.

« En effet. » Il ne voulait pas l’admettre, mais Néphy acquiesça d’un signe de tête convaincu.

Parler avec un type comme ça... est-ce amusant ? Il pensait que l’idée était stupide. Néphy faisait sûrement erreur. Cependant, pour une raison inconnue, il n’avait pas été en mesure de nier complètement ses paroles. Par hasard, il se pourrait que Zagan n’ait tout simplement pas réalisé qu’il avait déjà eu la chance d’avoir un ami.

Faisant disparaître son incapacité à accepter ce fait avec une tasse de thé, Zagan descendit de son trône.

« Il est temps que je commence à réparer totalement la barrière que ces fichus Chevaliers Angéliques ont cassée. Néphy, tu devrais venir m’assister. Considère ça comme une leçon. Je vais commencer par les fondations du cercle magique, » déclara Zagan.

« Oui, Maître, » répondit-elle.

Les moments qui n’avaient pas été passés seul, contrairement à ses attentes, possédaient un goût assez sucré.

***

Partie 4

Un demi-mois s’était écoulé depuis le jour fatidique où Zagan avait acheté Néphy.

Pendant ce temps, elle avait étudié avec diligence les fondements de la sorcellerie. S’il n’y avait pas le collier, elle aurait déjà atteint le point où elle pourrait l’utiliser raisonnablement bien.

Quant au mysticisme, eh bien, il semblait difficile de le contrôler. Il était également apparu que ce n’était certainement pas un pouvoir omnipotent, car il présentait de nombreuses limitations. Zagan avait eu l’impression que le chemin vers l’amélioration de cette compétence particulière était encore assez long.

Mais même ainsi, il pensait que leur vie ensemble était épanouissante. Et pendant ce temps, Zagan avait reçu une convocation des Archidémons. Que veulent-ils exactement ?

Après avoir été à leur convocation, il s’était trouvé à faire face à douze silhouettes fantomatiques. Chacun d’entre eux avait le visage caché, et ils étaient placés de manière à pouvoir rester dans l’ombre, de sorte que Zagan n’avait pu distinguer aucun de leurs traits.

Cependant, cette dissimulation n’avait probablement aucun sens. Le mana qu’il sentait en eux était d’un ordre de grandeur différent, ce qui rendait leur identité évidente.

C’est quoi ce bordel... ? pensa-t-il.

La sueur s’était soudainement formée sur son front. Oui, même s’ils ne faisaient que le regarder, ils dégageaient une aura intimidante qui envoyait des frissons jusqu’à la moelle de ses os. C’était comme si l’air lui-même s’était transformé en boue à cause de la malveillance qui s’accrochait à son corps. Le simple fait de se tenir là l’avait rendu malade alors que ses boyaux se tordaient.

Étaient-ils vraiment des créatures mortelles, tout comme lui ? N’était-ce pas le malaise qu’une grenouille éprouverait à être regardée par un serpent ? Non, c’était plus comme être une grenouille qui était déjà dans l’estomac d’un serpent.

Les douze Archidémons existants... s’étaient réunis ici en ce lieu.

Ils étaient ce qui attendait les sorciers à la fin de leur long voyage. La question était de savoir si l’on devenait quelque chose de pourrissant avant d’en arriver là. Il s’agissait des deux seuls destins qui attendaient tous les sorciers. Et finalement, l’un d’eux avait ouvert solennellement la bouche.

« Alors tu l’es, Zagan, » déclara le premier.

Après cela, la voix d’une femme avait retenti. « J’ai entendu des chuchotements disant qu’il était jeune, mais il n’est encore qu’un enfant... »

Et encore, une autre voix avait continué par la suite. « Comme c’est amusant. Cela ferait de lui le plus jeune de l’histoire, n’est-ce pas ? »

Les Archidémons regardèrent Zagan, puis ils se mirent à rire d’une manière quelque peu étrange.

Zagan n’aimait pas être ridiculisé. Bien sûr, ils étaient tous des personnes qui méritaient son respect, mais Zagan n’avait pas le temps libre pour divertir un groupe de personnes âgées.

Si je ne reviens pas rapidement à la maison, je n’arriverai pas à temps pour le repas de Néphy. Néphy l’attendait à la maison, toute seule, car il se tenait devant des personnes dont il se fichait pas mal.

De plus, bien que la barrière du château ait été restaurée, elle n’était pas assez forte pour arrêter un Chevalier Angélique avec une Épée Sacrée, ou n’importe quel sorcier du niveau de Barbatos. Tant que le mysticisme de Néphy était encore instable, il devait garder ses voyages loin du château le plus court possible.

C’est pourquoi Zagan s’était exprimé avec impudence.

« Quoi !? M’avez-vous convoqué ici juste pour observer un animal rare ? Si vous êtes satisfait, alors j’aimerais maintenant rentrer. » Il avait fait une remarque insouciante à l’égard de personnes d’un rang beaucoup plus élevé, de sorte qu’il ne pouvait même pas se plaindre s’il était tué. Cependant, les Archidémons murmuraient simplement, apparemment satisfaits de son attitude.

« Comme c’est impoli de notre part, » déclara l’un d’eux.

« Même pour nous, un sorcier comme toi est une première. Pardonne-nous pour notre curiosité lancinante, » déclara un deuxième.

« Je dois dire que tu es plutôt audacieux, en nous parlant avec tant d’acuité dans cet endroit. » Après que plusieurs voix rieuses se soient fait entendre, l’une silhouette parmi eux, qui semblait être le chef, avait pris la parole.

« J’irai droit au but. » Le ton rusé de cette voix donnait l’impression que le cœur de Zagan avait été pris dans un étau.

Tout en faisant face à une sueur froide, il avait regardé la silhouette ombragée se trouvant directement devant lui. Et puis, cette silhouette avait fait une annonce choquante.

« Sorcier Zagan. Tu deviendras notre treizième ami assermenté — nous t’avons jugé digne de porter le titre d’Archidémon. »

En réponse à cette annonce soudaine, Zagan s’était raidi en place.

Ai-je mal entendu ? Ils font de moi... un Archidémon ? Plutôt que de la joie, des sentiments de doute s’installèrent en lui.

Avant que Zagan ne puisse ouvrir la bouche, un énorme sceau de lumière s’éleva derrière les Archidémons.

Non, ce n’était pas de la lumière, c’était du mana pur. Il avait été tissé en utilisant une quantité non naturelle de mana tout en possédant une importante densité. Le simple fait d’en être témoin avait fait plier les genoux de Zagan. Il s’agissait d’une masse de pouvoir écrasant. Et puis, il avait senti la même puissance que ce symbole provenant des douze personnes présentes.

La personne principale se tenant dans l’ombre avait ensuite pris la parole.

« C’est l’Emblème de l’Archidémon qui a été confié à Marchosias. Chaque nouvel Archidémon doit en hériter d’un pour nous rejoindre, » déclara-t-il.

Un bruit de gorge s’était échappé de Zagan. Archidémon n’est-il pas qu’un titre distingué et rien de plus, non ? Héritage d’un emblème — si cela signifiait hériter de ce pouvoir, alors il n’y avait aucun moyen qu’un sorcier normal puisse rivaliser avec un Archidémon. Il semblait que la raison pour laquelle tous les sorciers n’avaient pas d’autre choix que de se conformer aux décrets d’un Archidémon n’était pas seulement à cause de la hiérarchie.

Après avoir vu un tel spectacle, Zagan s’était rendu compte que ce n’était pas une blague et qu’il était sur le point de devenir un Archidémon.

Avant qu’il ne s’en rende compte, les profondeurs de sa gorge s’étaient desséchées. Et pendant que sa gorge palpitait, Zagan avait demandé des éclaircissements.

« Vais-je... devenir un Archidémon ? »

« Es-tu mécontent ? » demanda l’ombre.

« Pas tout à fait, mais c’est déconcertant. Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas des sorciers bien plus puissants que moi, n’est-ce pas ? » Barbatos, par exemple. Même les sorciers qu’il avait repérés à la vente aux enchères où il avait acheté Néphy avaient vécu plus longtemps que Zagan, et ils étaient tous des individus qui avaient accumulé un vaste savoir et un grand pouvoir. En revanche, Zagan ne possédait même pas de surnom.

« Un soupçon naturel, Zagan. Ton pouvoir n’est encore qu’un grain de sable. »

« Au point où tu disparaîtrais si l’on te soufflait dessus. » Cependant, les silhouettes d’ombre avaient continué à parler.

« Mais même ainsi, il n’y a pas un sorcier qui peut te tuer. » Au fond de son esprit, Zagan avait claqué sa langue.

Donc ils ont même découvert mon atout unique, Hmm ? Le pouvoir de Zagan était comme ils l’avaient décrit.

« Le premier sorcier que tu as tué était Andras, qui portait le surnom de “Ressentiment”, n’est-ce pas ? » C’était le nom du sorcier qui avait l’intention d’utiliser Zagan comme sacrifice.

« Il ne possédait pas autant de pouvoir que tu as maintenant, mais il n’était pas non plus un faible sorcier. »

« Même si c’était une chance sur dix mille, il n’était pas si incompétent qu’il tomberait face à un enfant de huit ans. »

« Et pourtant, tu l’as tué au lieu que cela soit toi qui meurs, et tu as volé toute sa sagesse. » Une histoire de trahison. Et pourtant, les Archidémons l’avaient exalté comme s’il s’agissait d’un grand exploit.

« Jusqu’à ce moment-là, tu n’avais même pas une seule occasion de toucher à la sorcellerie. »

« La seule fois où tu as été témoin de la sorcellerie... c’est la seule fois où Andras t’a tiré dessus. »

« Et dans cet état, tu as massacré un sorcier qui possédait un surnom, n’est-ce pas ? » Et, comme s’il parlait avec une certaine affection, l’une des silhouettes dans l’ombre haussa la voix.

« Tu as appris la sorcellerie en la voyant une seule fois. » Et une autre silhouette dans l’ombre les suivit.

« Eh même plus important encore. De cette seule fois, tu as même compris la structure de la sorcellerie comme peu peuvent se vanter de l’avoir fait. »

« C’est pourquoi, à partir de cette expérience, tu as créé ta sorcellerie unique. »

Zagan ne possédait qu’une seule sorcellerie qui n’appartenait qu’à lui. Ce n’était pas quelque chose qu’il avait volé à Andras, et ce n’était pas quelque chose qu’il avait appris de la sorcellerie provenant du passé.

C’était quelque chose que personne d’autre ne pouvait utiliser, une sorcellerie qui n’appartenait qu’à lui. C’est la première sorcellerie qu’il avait apprise, et c’est le pouvoir même qui avait fait chuter Andras.

« La sorcellerie impressionnante. Et aussi — . »

« Un talent abominable. » Les douze silhouettes ombragées chuchotèrent comme si elles le louaient.

« C’est-à-dire qu’une fois que tu as décidé de voler quelque chose, personne ne peut t’arrêter. »

« C’est-à-dire qu’une fois que tu as décidé de tuer quelqu’un, personne ne peut survivre. »

« Si tu désirais le pouvoir, tous les sorciers ne pourraient s’empêcher de t’offrir tout ce qu’ils ont. »

« Si tu leur avais ordonné une fois de faire quelque chose, tous les sorciers n’auraient d’autre choix que d’obéir à ta volonté sans condition. »

« Vraiment digne du nom Archidémon... Le pouvoir d’un tyran, en effet. » Pendant qu’ils lui lançaient divers mots d’admiration, Zagan pouvait sentir une conviction dans leur voix comme s’ils disaient « mais pas face à nous » à chaque phrase.

Et puis, comme si on lui avait présenté ce fait, ils avaient continué à parler.

« Bien que ce soit une contradiction, comme tu l’es maintenant, tu es toujours un nain. »

« Mais tu possèdes un talent si puissant qu’il semble répugnant. »

« Le talent est une possibilité. »

« Un jour, tu deviendras le plus grand sorcier de l’histoire. »

« C’est pourquoi nous osons faire de ton être encore petit un Archidémon. »

« Tout est pour atteindre de nouveaux sommets dans la sagesse. »

« Tout cela dans le but de porter la sorcellerie à ses extrêmes. » Le chœur des Archidémons qui semblait chanter s’arrêta là. Et Zagan sentait qu’il se faisait avaler dans l’aura de ces silhouettes d’ombre.

Finalement, comme pour se débarrasser de tout cela, Zagan les avait regardés.

« Si tout est comme vous le dites, cela ne signifierait-il pas que je pourrais tous vous voler ici et maintenant ? » Bien sûr, Zagan n’était pas assez fou pour mettre les individus présents ici au défi de se battre. Mais quand même, il demandait comme pour confirmer s’il s’agissait de telles existences.

Et, comme s’ils attendaient cette question, les Archidémons avaient ri.

« En effet. Cependant, garde cela à l’esprit. »

« Tu as peut-être beaucoup plus à perdre qu’à gagner en nous volant, n’est-ce pas ? »

L’estomac de Zagan s’était contracté. S’ils ont déjà appris tant de choses sur moi, alors ils savent pour Néphy, hein ?

Les voler signifierait s’opposer à douze êtres d’une puissance inimaginable. Même s’il les surpassait d’une façon ou d’une autre, il savait que cela ne se terminerait pas par une simple prise d’otage. Et la vérité, c’était que le résultat n’aurait pas changé de manière significative s’il n’avait pas rencontré Néphy.

Tous ceux qui leur résistaient seraient ruinés. Bien sûr, même un Archidémon n’aurait peut-être pas été capable de tuer Zagan, mais cela signifiait simplement qu’il survivrait. Zagan n’avait aucun moyen d’en vaincre un. Chaque fois qu’il gagnait quelque chose, il serait arraché et brisé.

En fin de compte, tout ce qui attendait était la ruine. Et là, Zagan avait réalisé ce qu’il avait fait pour la toute première fois. Ai-je... impliqué Néphy dans une situation aussi dangereuse ?

Et puis, le chef de l’assemblée avait une fois de plus parlé. « Nous entendrions ta réponse. »

« ... Avant cela, il y a une chose que je désire. Cela dépend si je l’obtiens ou non, » déclara Zagan.

« Hahaha, je vois que ton avarice est vraiment importante. Alors, fais-moi entendre ce que tu désires, » lui répondit-il.

Zagan avait traduit ses désirs en mots, et les silhouettes d’ombre hochèrent la tête comme s’ils trouvaient cela étrange.

« Très bien. Tu peux faire ce que tu veux de l’héritage de Marchosias, » déclara le chef.

« Vous avez cédé... très vite, » déclara Zagan.

« Ne te l’avons-nous pas déjà dit ? Si tu as décidé de voler quelque chose, personne ne pourra t’en empêcher. » Ce qu’il voulait obtenir, il l’avait si facilement saisi. C’était plutôt contre nature, mais Zagan acquiesça quand même.

« Alors j’accepterai avec gratitude le poste vacant d’Archidémon, » déclara Zagan.

L’ombre du chef avait parlé une fois que Zagan avait terminé.

« Nous souhaitons la bienvenue à notre nouveau camarade assermenté. » De façon inattendue, ce qui avait accueilli Zagan, c’était des applaudissements.

Ils ne conversaient pas comme les humains se trouvant dans une assemblée, donc cette réaction ordinaire était contraire à ses attentes. Et inversement, c’était d’autant plus inquiétant. C’était comme si des monstres inhumains imitaient les humains.

Avant que Zagan ne s’en rende compte, son poing serré était mouillé de sueur. Néanmoins, alors qu’il était quelque peu libéré de cette pression excessive, Zagan avait retrouvé suffisamment de sang-froid pour poser une question qui n’avait aucun rapport avec la situation actuelle.

« Il y a une chose... J’aimerais vous demander à tous. Connaissez-vous un homme qui utilise la sorcellerie en épluchant la peau fraîche ? » demanda Zagan.

L’une des ombres avait immédiatement pris la parole.

« Oui, ce serait probablement l’“Éplucheur de Visages”. Un sorcier sans valeur. J’ai entendu dire que tu as déjà mis fin à la vie de cet homme ? » Il semblerait que c’était vraiment ce sorcier.

« Était-il un sorcier d’une compétence importante ? Assez pour franchir la barrière du domaine d’un autre sorcier ? » demanda Zagan.

« Ce serait probablement impossible pour lui. C’était un excellent espion, mais lorsqu’il s’agissait de barrières, il n’aurait pas pu faire face à ça. » Entendant cette réponse, Zagan était tombé dans une humeur quelque peu sombre.

En d’autres termes, ce type avait un complice. Et le groupe de suspects se limitait à ceux qui étaient capables de franchir la barrière de Zagan. En tant que tel, il connaissait déjà la véritable identité de ce complice. Comprendre cela lui avait fait réaliser une fois de plus que les sorciers n’avaient aucun espoir de salut.

La silhouette d’ombre devant lui avait ensuite incliné sa tête sur le côté. « Il ne devrait pas être un homme dont tu devrais t’inquiéter à un tel point... »

« Oui, c’est exactement ce que vous dites. J’ai posé une question triviale. S’il vous plaît, oubliez ça. » Et après cela, une autre silhouette acquiesça de la tête.

« Je vois que nous avons eu une perte de mémoire, » déclara la deuxième ombre.

« À propos de quoi ? » demanda Zagan.

« Que tu ne possèdes pas un surnom. C’est très gênant, » déclara l’ombre.

« Ah oui. Maintenant que vous en parlez, je n’en ai pas. » Donner le titre d’Archidémon à un tel individu était probablement sans précédent.

« Cependant, quelque chose comme ton surnom a déjà été réglé, non ? » déclara l’une des ombres.

« C’est bien ce qui s’est passé. Il semble que Marchosias l’avait déjà décidé, » déclara le chef des Archidémons.

Et ainsi, Zagan était devenu d’une manière inattendue un Archidémon.

***

Partie 5

« Bienvenue à la maison, Maître. » Néphy était sortie afin de rencontrer Zagan alors qu’il rentrait au château. Comme toujours, les changements dans son expression étaient maigres, mais ses oreilles frémissaient en montant et descendant plusieurs fois. Cela avait fait penser à Zagan qu’elle attendait avec anxiété son retour.

« Les préparatifs pour le dîner sont terminés. J’ai fait du ragoût d’agneau pour ce soir, » déclara Néphy.

« O-Oui, merci..., » un sentiment de culpabilité avait commencé à se développer au sein de Zagan alors que Néphy le traitait avec tant de gentillesse.

Néphy n’a pas encore... été souillée, pensa-t-il.

Même dans l’incident du village des elfes, Néphy n’avait tout simplement rien fait, de sorte qu’elle n’avait tué personne. Et quand ils avaient été attaqués par les Chevaliers Angéliques, Zagan l’avait arrêtée avant qu’il ne soit trop tard.

Cependant, Zagan était différent. En fait, il avait été rendu douloureusement conscient de la différence juste avant ça.

Les mystérieux Archidémons. Tous les sorciers recherchaient leur pouvoir et leur prestige. Une position parmi eux était l’objectif final de chaque individu qui étudiait la sorcellerie. Et Zagan faisait maintenant partie de leurs rangs. Il était déjà devenu l’un d’eux.

En restant proche de Zagan, Néphy serait attirée dans leur monde. Elle plongerait profondément dans cette obscurité boueuse, où nulle lumière ne brillerait.

Pour l’instant, il lui est encore possible de faire demi-tour. Il était déjà trop tard pour Zagan, mais Néphy avait encore un avenir dans la lumière.

« Maître ? S’est-il passé quelque chose ? » demanda Néphy.

Tandis que Zagan déplaçait son regard vers le bas, Néphy le regardait, les yeux pleins d’inquiétudes. Ses oreilles, qui avaient été parfaitement pointées vers le haut il y a quelques secondes, s’affaissaient avec désespoir. Il était clair qu’elle sympathisait avec Zagan.

Était-ce vraiment acceptable d’entraîner une fille si pure dans les ténèbres ?

Le cou de Néphy était entouré d’un collier un peu grossier. Il s’agissait du symbole qui prouvait qu’elle était la propriété de Zagan.

S’il n’y avait pas une telle chose, Néphy pourrait être libre, pensa-t-il.

Si ce collier n’existait pas, alors tout le monde l’accepterait sans préjugés. En vérité, Kianoides aurait probablement été un bon endroit pour qu’elle y réside. Après tout, les habitants de cette ville avaient chaleureusement reçu un sorcier comme Zagan. Et si quelque chose devait arriver, Zagan était assez proche pour la protéger.

Au début, Néphy serait sûrement déconcertée, mais si elle était accueillie chaleureusement, elle ouvrirait peu à peu son cœur. Elle avait réussi à faire baisser sa garde en étant proche de quelqu’un comme Zagan, de sorte que ce serait encore plus rapide avec les villageois ordinaires.

Après avoir bien réfléchi à son plan, Zagan avait retiré une clé d’une pochette.

« Néphy, j’ai fini par devenir un Archidémon, » déclara Zagan.

« Un Archidémon... ? » demanda-t-elle.

« Un roi parmi les sorciers. Le sommet du pouvoir, une existence à laquelle tous les autres sorciers doivent obéir, » déclara Zagan.

Après un moment d’émerveillement devant la soudaine annonce, elle serra les mains et hocha la tête.

« Félicitations, Maître. » Son expression était la même que d’habitude, mais il pouvait quand même sentir qu’elle le félicitait du fond du cœur.

Et, précisément à cause de cela, la douleur dans son cœur n’avait fait qu’empirer. Cependant, il n’avait pas encore fini. Zagan continua à parler, même si le poids de ses paroles semblait écraser son âme.

« J’ai obtenu l’héritage de mon prédécesseur, Marchosias, lorsque j’ai pris sa place. Néphy, c’est le sorcier qui t’a capturée. » Et ainsi, la clé dans la main de Zagan faisait aussi partie de l’héritage de Marchosias. C’était ce que Zagan avait exigé des douze Archidémons.

« Néphy, ne bouge pas, » dit Zagan en insérant la clé dans son collier. Et, d’un léger clic, le collier de fer s’était séparé en deux.

« Hein ? » Néphy fixa le collier tombé au sol, arborant une expression stupéfaite sur son visage pendant tout ce temps.

« M-Maître, c’est…, » quand Néphy avait commencé à pleurer, Zagan avait hoché la tête.

« Ouais. En tant qu’Archidémon, je n’ai plus besoin de toi, Néphy. Pars de là. » Zagan avait froidement déclaré cela à une fille qu’il trouvait plus belle que toute autre personne.

Et ainsi, la longue cohabitation entre deux individus maladroits avait brusquement pris fin.

***

Chapitre 5 : Les actes d’un Archidémon sont censés être audacieux

Partie 1

Avant même de s’en rendre compte, Néphy se trouvait dans un coin de la ville, accroupie devant une maison déserte.

Pourquoi... suis-je dans un endroit comme ça... ? C’était comme si un brouillard avait été placé dans son esprit, et elle était incapable de penser correctement à ce qui s’était produit avant ça.

Le paysage lui était familier. C’était probablement Kianoides, la première ville qu’elle avait visitée avec Zagan, et aussi un endroit dans lequel elle se rendait de temps en temps pour acheter des ingrédients et tout le reste.

Elle n’avait absolument aucun souvenir de la façon dont elle était arrivée là.

Tout d’abord, pour quelle raison avait-elle à voyager si loin ? Elle se souvenait jusqu’au moment où elle avait préparé le dîner, mais est-ce que Zagan l’avait mangé ? C’était le premier repas que Néphy avait préparé, le ragoût que son maître insociable regardait avec émerveillement et plaisir.

Elle voulait une fois de plus voir son expression joyeuse. Elle devait donc retourner rapidement à son service.

Cependant, au fur et à mesure que cette pensée lui était venue à l’esprit, elle s’était rendu compte de ce qu’elle se remémorait. Les morceaux du collier qui s’était effondré au sol. Et, à sa grande surprise, il n’y avait plus de collier autour de son cou.

Ah, c’est vrai. J’ai été..., pensa-t-elle.

« Jetée... par le Maître, » alors qu’elle mettait ses pensées en mots, son esprit s’était brisé en morceaux et était devenu un véritable chaos.

Elle sentait son cœur se figer. Et si cela ne l’avait pas fait, alors peut-être que Néphy aurait simplement perdu la tête.

Même s’il a dit... qu’il me permettrait de rester à ses côtés..., pensa-t-elle.

C’était une première pour elle.

C’était la première fois que Néphy avait été traitée comme une personne, et qu’on lui avait parlé comme un individu. Il lui avait même préparé une chambre et des vêtements et lui avait donné une raison de vivre.

Le seul qui lui avait dit qu’on avait besoin d’elle... était Zagan. Il avait dit qu’il n’y avait pas de problème vis-à-vis de Néphy, alors elle avait pensé qu’elle avait trouvé un endroit où elle avait vraiment sa place.

Et pourtant...

Néphy avait enterré son visage dans ses genoux et s’était mise en boule.

« Est-ce que les larmes... ne coulent pas dans des moments comme ça... ? » La situation ne lui paraissait pas réelle. Et peut-être à cause de cela, elle ne se noyait pas dans le chagrin.

Elle pensait que si elle fermait les yeux et s’endormait, au moment où elle se réveillerait, elle serait de nouveau dans le château.

Et pourtant, dans un coin de son esprit, elle avait compris que cela n’arriverait jamais, que c’était la réalité et qu’elle devait y faire face.

Malgré cela, aucune de ses émotions ne s’activait correctement. Et à ce moment précis...

« Vous êtes... celle de la dernière fois... ? La servante du sorcier Zagan, n’est-ce pas ? » Il s’agissait d’une voix dont elle ne se souvenait pas avoir entendu parler avant.

Alors qu’elle levait les yeux, une fille portant l’Armure Sacrée des Chevaliers Angéliques se tenait devant elle. Et elle portait une grande épée sur son dos.

Même si Néphy ne reconnaissait pas sa voix, elle avait l’impression de reconnaître son visage, alors elle l’avait observée un peu plus longtemps. Et après un petit moment, elle se souvient de l’endroit où elle l’avait déjà vue.

« Celle qui s’est battue contre le Maître... ? » C’était l’un des Chevaliers Angéliques de la bataille dans la forêt.

Et maintenant qu’elle y pensait, cette fille était la seule à s’être retirée sans blessure significative.

« Tu m’entends, Néphy ? Ne t’approche pas de ces foutus Chevaliers Angéliques. » Zagan lui avait donné cet avertissement à un moment donné.

Il lui avait dit qu’ils étaient les ennemis naturels des sorciers et qu’ils étaient des tueurs professionnels qui exécutaient même tous ceux qui avaient un lien avec les sorciers, les condamnant comme pécheurs. Et aussi, sur le fait qu’il y avait un danger qu’ils se tournaient vers Néphy, alors elle devrait se méfier d’eux.

Malheureusement, Zagan, qui lui avait dit tout cela, n’était plus à ses côtés. Pourquoi est-ce que cela s’était terminé comme ça ? Elle n’en avait aucune idée.

« Allez-vous... me tuer ? » Néphy marmonnait comme si elle avait renoncé à tout.

Il était probable que cette fille avait aussi été témoin de son mysticisme. Elle ne pensait pas que ceux qui décidaient arbitrairement que même un sorcier avec un cœur bon comme celui de Zagan était mauvais laisseraient Néphy vivre.

En plus, elle n’avait plus son collier. Avec la sorcellerie que Zagan lui avait enseignée et son mysticisme, elle aurait peut-être pu se battre contre la jeune fille sous ses yeux, mais elle n’avait même pas trouvé de raison de le faire.

Si le Maître n’est pas là, alors il n’y a pas de raison de vivre. Elle pensait que ce serait bien de mourir dès maintenant.

Curieusement, la jeune fille devant elle secoua la tête d’un air paniqué.

« A-Attendez ! Ne vous méprenez pas. Je n’ai pas l’intention de vous faire du mal, » déclara-t-elle.

« Hm... ? Les Chevaliers Angéliques sont des individus qui tuent les sorciers, n’est-ce pas ? Je suis... la Servante du Maître et la Disciple du Maître. Alors, je vous en prie, décapitez-moi, » déclara Néphy.

« Arrêtez de parler de moi comme si j’étais une sorte d’égorgeur ! » déclara la chevalière.

« Ai-je tort ? » lui demanda Néphy.

« Complètement ! » Pour une raison inconnue, c’était le Chevalier Angélique qui était au bord des larmes.

Et peut-être parce qu’une telle dispute avait éclaté, avant qu’elles ne s’en rendent compte, une foule s’était rassemblée autour d’elles.

« C’est quoi ce vacarme ici ? Celle-là, là-bas, n’est-ce pas Néphy ? »

« C’est un Chevalier Angélique... N’ont-ils pas les yeux rivés sur Néphy parce que c’est une Servante de ce sorcier ? »

« Alors, quelqu’un ne devrait-il pas la sauver ? Même dans les meilleurs moments, il semble que Néphy a un tempérament faible. »

Les spectateurs disaient chacun ce qu’ils voulaient, mais pour une raison inconnue, toutes les critiques étaient centrées sur le Chevalier Angélique.

« J-Je vous dis que ce n’est pas vrai, d’accord ? » Et elle s’éloigna comme si elle était effrayée par leurs paroles.

Et puis, comme si elle ne pouvait plus regarder sans rien faire, une personne avait bondi hors de la foule.

« Hup ! Néphy, ça va ? » Celle qui avait bondi comme pour couvrir Néphy était une jeune femme-oiseau dont Néphy se souvenait clairement.

« Manuela..., » déclara Néphy. Il s’agissait de la vendeuse qui avait choisi des vêtements pour Néphy au magasin de vêtements.

Même après cela, elles se rencontraient parfois en ville et elle recommandait de nouveaux vêtements à Néphy. La robe de nuit qu’elle portait dans le château était aussi quelque chose que Manuela avait choisi pour elle.

En regardant le visage de Néphy, Manuela était restée sans voix.

« Qu-Qu’est-ce qui ne va pas ? Qu’est-ce qu’elle t’a fait ? Es-tu blessée ? Où est ton maître ? » D’une manière ou d’une autre, il semblait que Néphy faisait un visage vraiment misérable. Manuela s’était mise à paniquer comme si elle venait de trouver une personne blessée couverte de sang.

« Ce n’est... rien. Je ne suis pas... blessée, » répondit Néphy.

« Il n’y a aucune chance que ce ne soit rien, n’est-ce pas !? » Alors que sa voix devenait rude, la jeune fille-oiseaux avait regardé le Chevalier Angélique.

« Hé, vous ! Ne vous sentez-vous pas gêné de faire cela juste parce que vous êtes de l’Église ? Intimider une fille si fragile et si gentille, c’est dégoûtant ! » déclara Manuela.

« Exactement ! C’est tout à fait exact ! »

« Dégagez de là, Chevalier Angélique ! »

« Et aussi, rendez vos dons forcés moins chers ! »

Une tempête de critiques avait surgi de la foule.

« V-Vous vous trompez…, » tenta de dire la chevalière.

« Qu’est-ce qui ne va pas exactement chez vous ? »

« Vous avez fait faire à Néphy un visage si triste, comment osez-vous mentir si calmement !? »

« C’est tout simplement inhumain ! »

Le Chevalier Angélique était devenu remarquablement pâle et elle s’était écrasée sur le sol.

Le tumulte devenait de plus en plus grand, mais ce n’était pas comme si le Chevalier Angélique avait fait quoi que ce soit à Néphy. C’est ainsi qu’elle avait élevé la voix pour servir de médiateur.

« Euh, s’il vous plaît attendez... tout le monde, attendez, » déclara Néphy.

« C’est bon, Néphy. Nous te protégerons ! » Tandis que Manuela se retournait vers elle avec un sourire déterminé, Néphy répondit tout en maintenant son regard de cadavre.

« ... Non, cette personne... ne m’a rien fait, » soudain, la foule était tombée dans le silence.

« Eh, mais... »

« Alors même si je vous ai dit que vous aviez tort…, » Le jeune Chevalier Angélique avait déjà éclaté en larmes. Ce n’était qu’un spectacle misérable, la voyant couverte de larmes et de mucus.

« Hic... J’ai juste... hic, j’étais inquiéte quand, ack, s’inquiéter... J’ai vu qu’elle avait l’air blessée…, » il semblait qu’elle n’avait parlé à Néphy que parce qu’elle avait l’air misérable.

En pensant qu’elle avait été acculée par les citoyens à cause d’elle, Néphy s’était sentie en quelque sorte désolée pour elle.

« Euh…, » Manuela avait fait une tête franchement troublée.

« Alors, pourquoi Néphy fait-elle un visage si triste ? Cela n’a pas l’air d’une question triviale…, » déclara Manuela.

« C’est…, » commença Néphy.

« Waaaaaaaaaah ! » En perdant de vue quant à une façon de répondre, le Chevalier Angélique éclata en larmes sans tenir compte de son comportement honteux.

Néphy se leva et baissa la tête avec un hochement.

« Je m’excuse... d’avoir semé la confusion... Et envers la Chevalière Angélique aussi, je suis désolée. Dans ce cas, je vais prendre congé, » et alors qu’elle essayait de partir, Manuela l’avait arrêtée en pleine panique.

« A-Attends... Attends un peu. Je ne peux pas te laisser seule après t’avoir vu comme ça, non ? » déclara Manuela.

« Mais…, » tandis qu’elle murmurait ce mot, Néphy regardait le Chevalier Angélique devant elle qui continuait à pleurer excessivement. En parlant de personnes qui ne pouvaient pas être laissées seules, Néphy croyait que cela s’appliquait aussi à cette fille.

Manuela avait également perdu la parole et elle avait fini par sortir un « Aaah, bon sang » puis elle avait tiré sur les cheveux roux de la jeune fille.

« Vous deux, venez avec moi ! » C’était ainsi que l’étrange combinaison d’une disciple d’un sorcier, d’une Chevalière Angélique et d’une commis d’un magasin de vêtements, était parti en toute hâte.

***

Partie 2

« ... Je suis désolée de vous avoir montré un comportement aussi laid, » La Chevalière Angélique, qui s’était finalement arrêtée de pleurer, avait dit cela alors que son nez était encore rouge. En la regardant à nouveau, la jeune femme semblait avoir à peu près le même âge que Néphy.

Toutes les trois étaient entrées ensemble dans un bar, mais malheureusement l’atmosphère autour d’eux était plutôt gênante. Même si ce n’était pas un endroit très spacieux, les clients autour d’eux se déplaçaient tous vers des sièges plus près des murs.

Si possible, Néphy pensait aussi qu’elle aurait préféré les rejoindre et devenir un ornement sur le mur, mais elle était l’une des raisons pour lesquelles l’ambiance était devenue si lugubre.

Mis à part la Chevalière Angélique qui avait attaqué Zagan, Manuela s’y était impliquée en protégeant Néphy. Néphy n’avait pas perdu tout sentiment au point de pouvoir s’enfuir et l’abandonner.

Mais il était vrai qu’elle n’avait aucune idée du genre de visage qu’elle devrait faire, étant donné la situation.

C’est pourquoi la seule chose que Néphy pouvait faire était de rester sans expression et silencieuse.

Manuela avait ensuite fait de son mieux pour parler d’une voix joyeuse.

« Il y a beaucoup de visages amicaux ici, donc tu peux te détendre. Le deuxième étage est aussi une auberge, donc..., » à en juger par l’état dans lequel se trouvait Néphy et le fait que Zagan était introuvable, elle avait conclu que Néphy n’allait pas rentrer chez elle.

 

 

Après avoir été amenée au bar comme une véritable cliente, Néphy avait secoué la tête.

« Je n’ai pas... d’argent en ce moment. » Il semblerait vraiment qu’elle n’était sortie avec rien de plus que ses vêtements sur son dos. Tout ce qu’il y avait dans sa poche était un mémo pour la recette du dîner, rien de moins, rien de plus.

En regardant ce bout de papier, l’expression de Manuela s’était obscurcie.

« Ce soir, ce sera à mes frais, alors assieds-toi ! Tu n’as pas encore dîné, n’est-ce pas ? » Néphy n’avait pas l’intention de répondre, mais la Chevalière Angélique à côté d’elle avait fait entendre un grognement en provenance de son estomac, ce qui avait fait que Manuela la regarda froidement.

« ... »

« J-Je suis désolée pour ça. ! »

De toute façon, en tant que disciple d’un sorcier, Néphy, et cette fille qui était une Chevalière Angélique étaient des ennemis jurés... ou bien, elles étaient censées l’être. Cependant, pour quelque raison que ce soit, Néphy ne pouvait ressentir aucune inimitié venant de la jeune fille peu fiable.

Après que Manuela ait fait s’asseoir Néphy, elle avait commencé à commander une chose après l’autre... cependant, la plupart semblaient être de l’alcool.

Alors qu’elles attendaient leur nourriture, la Chevalière Angélique avait ouvert la bouche pour parler.

« Maintenant que j’y pense, je ne me suis pas encore présentée, n’est-ce pas ? Je m’appelle Chastille. Je suis sûre que vous devez déjà le savoir, mais je suis un Chevalier Angélique. »

« ... Chastille. Vous payez votre part, compris ? » demanda Manuela.

« Pourquoi êtes-vous si froide envers moi ? » demanda Chastille.

« Parce que je ne sais toujours pas si vous intimidiez vraiment Néphy ou non ? » Chastille s’était raidie en sursautant. Peut-être qu’elle avait fait ça parce qu’elle avait, en vérité, attaqué la maison de Néphy.

« Euh... C’est..., » balbutia Chastille.

« Vous voyez !? Comme je le pensais, vous avez vraiment fait quelque chose, » cria Manuela.

« M-Mais c’était ma mission, donc..., » commença à se défendre Chastille.

« Quoi ? Dites-vous que vous pouvez lui faire du mal si c’est votre mission ? » demanda Manuela.

Il semblait que les Chevaliers Angéliques n’avaient pas une bonne réputation parmi les habitants de la ville. Cela n’avait de sens que parce que Kianoides était considéré comme le domaine d’un sorcier, ce qui avait probablement affecté les opinions des résidents.

Et en réponse à Chastille, qui semblait susceptible à nouveau de pleurer, Néphy avait pris la parole. « Non, ce n’est pas grave. Même à l’époque, vous ne m’avez pas fait de mal. »

« Vraiment ? » demanda Manuela.

« Quelqu’un d’autre a blessé le Maître, et cette personne nous a déjà correctement indemnisés pour cela. » Peut-être après s’être rappelé le mysticisme de Néphy, le corps de Chastille s’était mis à trembler.

« Alooors, qu’est-ce que celle-ci a fait ? » demanda Manuela.

« Je ne sais pas vraiment. Mais elle nous a aidés à faire partir les intrus hors de notre maison, » répondit Néphy.

« Oh, donc, elle portait les bagages ? » demanda Manuela.

« Tout à fait, » répondit Néphy.

« Vous vous trompez ! » Chastille avait crié en faisant claquer les mains sur la table.

« Vous savez, je suis la Vierge à l’Épée Sacrée ? En d’autres termes, je suis parmi les douze Archanges ! Et pourtant, qu’est-ce que c’est que ces remarques à l’instant !? » s’écria Chastille.

« Quelque chose ne va pas avec la façon dont je l’ai décrit ? » demanda Néphy.

« C’est... Euh..., » Chastille marmonnait comme si elle essayait de la réfuter.

Est-elle juste timide... ? Se demanda Néphy.

Et pendant qu’elles parlaient de telles choses, peu de temps après ça, une grosse quantité de soupe avait été placée devant Néphy.

« Euh, je ne peux pas accepter ça, » déclara Néphy.

« Quoi, tu prévois de rester assise là sans rien manger ? Si tu fais ça, je ne pourrai pas du tout me soûler. Tu tuerais mon amusement là ! » s’écria Manuela.

« Ha..., » c’était une raison un peu inintelligible, mais dominée par la vigueur de Manuela, Néphy avait simplement fait un signe de tête.

Pourquoi... cette personne est-elle si gentille avec moi... ? Tandis qu’elle prenait une cuillère dans sa main, elle avait mis sur la table l’une des parties de son collier qu’elle avait soigneusement transporté tout ce temps.

« Ton collier s’est cassé ? » lui demanda Manuela.

« Non, Maître... l’a enlevé pour moi, » répondit Néphy.

Chastille regarda fixement le visage de Néphy.

« Malgré cela, vous n’avez pas l’air d’être heureuse — aïe, » s’écria Chastille.

« ... Hé, lisez un peu l’ambiance ici, » il semblerait que Manuela avait donné un coup de pied à Chastille sous la table. Sa jambe aurait dû être protégée par une Armure Sacrée, mais l’attaque était passée au travers des espaces présents dans la structure. Le coup infligé avait fait former des larmes dans les yeux de Chastille.

Troublée par la façon de répondre, Néphy avait serré plus fort sa cuillère.

« ... Merci pour le repas, » déclara Néphy.

« Hmm, » après avoir apporté la soupe à ses lèvres, un goût nostalgique lui était venu à l’esprit.

Non, ce n’était pas de la nostalgie ou quoi que ce soit. C’était le même goût que la soupe qu’elle avait préparée ce soir-là.

C’était du ragoût d’agneau.

Alors que des gouttes se formaient les unes après les autres, une sensation de chaleur traîna le long de sa joue.

« Euh... ? » Les larmes coulaient sur ses joues. Même si elle n’était pas censée ressentir le chagrin, une fois qu’elle avait goûté à la soupe chaude, les larmes avaient commencé à déborder sans montrer le moindre signe de vouloir s’arrêter.

Chastille haussa alors sa voix d’une voix complètement bouleversée.

« Est-ce que ça va ? Est-ce que... J’ai encore dit quelque chose de mal ? » demanda Chastille.

« Waaaah, waaaaaaaaaaaaaah ! » Incapable de l’endurer plus longtemps, Néphy s’était mise à pleurer à chaudes larmes.

Pourquoi, pourquoi, Maître..., se demanda-t-elle.

En réponse à Néphy qui s’était effondrée en larmes, Manuela avait déployé ses grandes ailes et l’avait enlacée comme pour partager sa douleur.

« Bon sang... Tu peux pleurer autant que tu le veux et t’accrocher à ta grande sœur, » déclara Manuela.

« M-Mais je ne pleure pas. » Le monde pouvait peut-être être bien plus gentil que ce que Néphy pensait.

Après avoir pleuré un moment, Néphy avait commencé petit à petit à parler de ce qui s’était passé au château. Manuela l’écouta en silence tout en tenant une chope de bière dans une main. Il était à noter qu’au moment où elle avait fini d’écouter, il y avait déjà cinq chopes vides alignées sur la table.

Chastille l’écoutait aussi avec son souffle retenu. Même si elle était une Chevalière Angélique, elle n’était pas une mauvaise personne.

Tandis que Néphy terminait son histoire, Manuela avait violemment fait claquer la chope sur la table alors qu’elle l’avait tenu avant ça contre son visage rougi.

« Alors, tu as été chassée sans raison. Est-ce bien ça ? » lui demanda Manuela.

Néphy avait répondu par un léger signe de tête.

« Est-ce que... j’ai fait une erreur ? » C’était beaucoup trop soudain, et elle ne pouvait pas dire ce qui était arrivé.

Cependant, Chastille acquiesça d’un signe de tête indigné.

« Et moi qui pensais que c’était un homme plein de promesses... Comment a-t-il pu faire quelque chose d’aussi cruel ? C’est presque comme s’il se servait de vous ! » déclara Chastille.

« Le maître n’est pas comme ça, » répondit Néphy sans un instant de retard. C’était ce qui avait fait chanceler Chastille.

« J-Je sais au moins ça, mais c’est exactement pour ça que je ne comprends pas pourquoi il vous a fait partir..., » déclara Chastille.

« Q-Que savez-vous de lui ? » lui demanda Néphy.

« Ehh, vous n’avez pas besoin d’être si en colère..., » demanda Chastille.

« Je ne suis pas en colère. » Après avoir pleuré sèchement, il semblait que Néphy était devenue encore plus inerte qu’à l’accoutumée, ce qui confondait Chastille.

Manuela s’interposa entre elles et pacifia la situation.

« Franchement..., bien sûr qu’elle se fâchera si vous calomniez son cher maître comme ça, » déclara Manuela.

« Ce n’est pas comme si je le calomniais ! » déclara Chastille.

Manuela regarda Néphy, qui les regardait se disputer.

« Alors Néphy, que comptes-tu faire à partir de maintenant ? » lui demanda Manuela.

« Que... devrais-je faire... ? » Parce qu’elle ne pouvait rien faire, elle était complètement à court d’idées.

Chastille s’éclaircit la gorge en effectuant une toux.

« Que diriez-vous d’entrer sous la protection des Chevaliers Angéliques ? Protéger les citoyens qui ont été blessés par des sorciers est l’un de nos devoirs, » déclara Chastille.

« Quoi ? Oh, franchement. Si elle vient avec vous, elle sera jugée par l’Église ! Comme je le pensais, vous ne faites qu’intimider Néphy ! » s’écria Manuela.

« Vous vous trompez ! Il est clair qu’elle n’est qu’une servante. Comme nous la traiterons comme une victime, même l’Église devrait être obligée de la protéger..., » déclara Chastille.

« S’il y a un procès, ils comprendront tout de suite que ce n’est pas vrai. On ne peut pas livrer Néphy à un endroit où elle sera en danger, » déclara Manuela.

« Alors que devrions-nous faire... ? » demanda Chastille.

Néphy secoua la tête en réponse à Chastille, qui affichait une expression maussade.

« Je vous suis reconnaissante de votre considération, mais cela ferait du Maître un méchant. Je ne peux pas... faire ça, » déclara Néphy.

Les épaules de Chastille s’affaissèrent en entendant cela. Et puis, elle avait ouvert la bouche comme s’il lui était difficile de le dire.

« Il y a quelque chose que j’aimerais vous demander. Pensez-vous que Zagan commande plusieurs sorciers ? Est-il le genre d’homme qui kidnappe des innocents pour alimenter des rituels sacrificiels ? » demanda Chastille.

« Je ne pense pas que ce soit le cas. » C’était probablement une sorte de préjugé contre les sorciers, mais Néphy avait immédiatement pu répondre.

Même si une telle personne se montrait favorable à Néphy et répétait les mêmes actions, elle ne croyait pas qu’il aspirerait à l’individualité de Néphy.

« Le maître est... celui qui ne se soucie nullement des faibles. Même lorsqu’il a sauvé un chariot qui était attaqué par des bandits, le Maître a dit qu’il ne l’avait fait que parce qu’il était dérangé par les bandits. » Elle pensait aussi que, peut-être, c’était pour montrer à Néphy qu’elle devait se sentir à l’aise face à eux.

Cette scène avait fait remonter le souvenir à Néphy de lorsque son village avait été attaqué — bien qu’elle avait eu peur au lieu de ressentir de la culpabilité. Et quand elle s’était fait rappeler cela, Néphy était devenue pâle, et ce moment coïncidait avec l’attaque des bandits par Zagan.

« Ces choses ne sont que des ordures. » C’est tout ce qu’il avait dit. Sans chercher de compensation auprès de qui que ce soit, et sans attendre d’éloges de la part de Néphy.

... En vérité, la personne en question voulait montrer ses bons points à Néphy, mais elle ne pouvait pas le savoir.

***

Partie 3

Chastille hocha la tête et lâcha un gémissement.

« Comme je le pensais, hein... ? » murmura Chastille.

« Quoi... à propos de ça ? » demanda Néphy.

« Non, c’est probablement comme vous le dites. En vérité, même lorsque nous avons croisé les épées, cet homme s’est retenu parce que je suis une femme. C’était humiliant, mais, euh, comment dire..., » alors que Chastille commençait à marmonner et hésitait à en dire davantage, Manuela vida une autre chope avant de faire un large sourire.

« Oooh mon Dieu ? Qu’est-ce que c’est, Mademoiselle la Chevalière Angélique ? C’est quoi cette tête ? Êtes-vous peut-être une jeune fille amoureuse ? » lui demanda Manuela.

« Qu-Quoi !? Ne parlez pas avec une telle insolence ! » Après avoir crié cela, les épaules de Chastille s’étaient affaissées. Et puis, elle avait continué à parler.

« Quand je l’ai rencontré pour la première fois, cet homme... semblait avoir besoin d’être sauvé. » Et à partir de cette seule phrase, le cœur de Néphy avait tressailli.

De temps en temps, le Maître avait l’air empli d’un sentiment extrême de solitude. Surtout quand il parlait du passé, il faisait souvent une expression triste. Elle ne savait pas quand et où Zagan et Chastille s’étaient rencontrés, mais le fait de savoir que quelqu’un d’autre qu’elle connaissait cette face que Zagan possédait au fond de lui la rendait un peu jalouse, mais en même temps aussi un peu heureuse.

Le Maître que je connais... n’est sûrement pas un menteur. Le soir de leur première rencontre, elle avait pu regarder une fois de plus la lune qu’elle n’aurait jamais pensé revoir, et avait pu tendre les mains sans hésitation. Et à côté d’elle, Zagan avait aussi regardé la lune.

Je n’arrive pas à saisir quoi que ce soit, comme s’il est troublé, c’était ce qu’il pensait. Il n’y avait aucune chance que ce soit un mensonge. C’était ce qu’elle pensait.

Le Maître n’a-t-il pas... besoin d’être sauvé, même maintenant... ? Le visage qu’il avait fait quand il avait dit à Néphy de partir était beaucoup plus empli de douleurs que celui que Néphy elle-même faisait.

Néphy avait mis sa main sur sa poitrine.

Grâce à Manuela et Chastille qui l’avaient écoutée, elle avait au moins pu retrouver son sang-froid jusqu’au point où elle avait clairement pu se souvenir de Zagan.

Est-ce que le Maître qu’elle connaissait vraiment était quelqu’un qui la rejetterait sur un caprice ou parce que son utilisation avait pris fin ? Il ne voudrait pas... Il n’y a aucune chance que cela soit vrai. Il n’y a pas eu d’erreur sur le fait qu’il avait ses raisons.

En y pensant, elle se souvient du mot qui avait attiré son attention lorsqu’elle s’était séparée de Zagan.

« Qu’est-ce qu’un Archidémon ? Êtes-vous au courant de ça ? » Même quand elle leur avait raconté les détails, elle avait oublié d’évoquer ce nom.

Manuela et Chastille avaient ensuite échangé des regards.

« N’est-ce pas le meilleur des sorciers ? Même cette ville était contrôlée par un Archidémon nommé Marchosias. Mais je pense que comme l’ordre public était bon, cela ne donnait pas vraiment l’impression d’être quelqu’un de particulièrement effrayant ou quoi que ce soit, » Manuela n’avait qu’une chose à rajouter.

« C’est juste que cet Archidémon semble être décédé récemment, et depuis, il y a eu cet incident désagréable, » déclara Manuela.

« ... Voulez-vous parler de l’enlèvement en série de femmes ? » demanda Chastille.

« Oui, celui-là. Pour l’instant, le coupable a été subjugué par l’Église, » Manuela hocha la tête sur le sujet que Chastille avait soulevé. Néphy ne connaissait pas vraiment les détails, mais elle avait au moins entendu les rumeurs.

En entendant que l’incident avait été résolu d’une manière ou d’une autre par l’Église et les Chevaliers Angéliques, Néphy avait incliné la tête sur le côté.

« Compte tenu de tout cela, on dirait qu’ils ne sont pas très appréciés des citadins..., » déclara Néphy.

« Arg, c’est..., » commença Chastille.

« C’est parce qu’après ça, ils ont prélevé des dons stupidement élevés comme frais de sauvetage. Comme ça, personne ne les remercierait franchement, n’est-ce pas ? » demanda Manuela.

« Même si c’est un don, ils les prélèvent ? » demanda Néphy.

« Ouais, ça n’a aucun sens, n’est-ce pas ? » Pendant que Manuela jetait un coup d’œil sur le côté, Chastille était là, baissant les épaules dans un triste état.

« Ce n’est pas comme si c’était elle qui prélevait directement les dons, n’est-ce pas ? Donc, je ne pense pas qu’il y ait de raison de la blâmer, » déclara Néphy.

En entendant cela, Chastille s’était encore une fois mise à pleurer en regardant Néphy.

« Vous êtes si gentille. Je peux comprendre pourquoi cet homme vous a laissé rester à ses côtés, » déclara Chastille.

« Est-ce que... c’est si... ? » C’était la première fois que quelqu’un lui avait dit cela, alors Néphy l’avait regardé fixement.

Et puis, Chastille avait incliné la tête sur le côté.

« Nous nous sommes éloignés du sujet. En ce qui concerne l’Archidémon, il est dit qu’ils sont un symbole du mal qui doit être abattu et cela même si l’Église devait mettre en jeu la vie de tous les Chevaliers Angéliques. Cependant, alors qu’il n’y a que douze Épées Sacrées, il y a treize Archidémons. Ainsi, même si chaque manieur d’une Épée Sacrée pouvait en abattre un dans la mort, ce serait encore insuffisant, » le plus grand ennemi de l’Église — il semblait que Zagan était devenu une telle existence.

« Si l’on devient un Archidémon, doit-on lutter contre l’Église ? » demanda Néphy.

« Oui, c’est comme ça que ça se passerait. Actuellement, l’un des Archidémons est décédé, de sorte que même l’Église pense à se battre contre les sorciers... Je vous dis ça, mais ce n’est pas comme si je le pensais personnellement, d’accord ? Quoi qu’il en soit, l’Église est remplie de vigueur, impatiente de vaincre les sorciers, » quand Manuela avait commencé à la regarder, Chastille s’était corrigée en pleine panique.

« Si un nouvel Archidémon était né, alors l’Église jugerait probablement qu’il s’agit d’une bonne occasion de l’abattre. Après tout, il est difficile d’imaginer à quel point ils pourraient devenir puissants s’ils ne sont pas immédiatement tués. Ou peut-être qu’il y en aurait d’autres qui visent le poste, » continua Chastille. Et Zagan lui avait dit de s’éloigner d’un tel Archidémon.

Cela ne deviendrait-il pas un conflit massif ? N’était-ce pas pour cela qu’il essayait d’éloigner Néphy de là ?

Néphy fixa la paume de sa main. Au cours de la semaine dernière, Zagan lui avait enseigné les bases de la sorcellerie simple. De cette façon, elle aurait un moyen de se défendre, et cela l’aiderait aussi un jour à contrôler son mysticisme. Mais ce n’était pas pour ça qu’elle avait appris.

Je voulais... être utile au Maître, alors j’ai appris la sorcellerie, pensa-t-elle.

Même si elle y retournait, il y avait une chance qu’elle ne ferait que l’accabler. Mais même ainsi, Néphy s’était levée.

« Je reviendrai aux côtés du Maître, » déclara Néphy.

« E-Est-ce vraiment une bonne idée ? N’avez-vous pas été jetée de là ? » Tandis que Manuela et Chastille la regardaient avec surprise, Néphy secoua la tête vers elles.

« Le Maître est fort. Il a déjà la force de ne pas perdre contre qui que ce soit. Mais... ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas être blessé, » déclara Néphy.

« Les forts ne peuvent comprendre les sentiments des faibles. » C’était ce que Zagan avait dit quand il lui avait ouvert son cœur. Il n’avait jamais dit que ces mots lui faisaient mal, mais il semblait terriblement triste en les prononçant.

Il n’y avait probablement aucune chance qu’il ait été poussé à détester les gens pour cette seule raison. Mais elle croyait que c’était ce qui l’avait poussé à renoncer à interagir avec les autres. Lorsqu’elle y pensait de cette façon, Néphy était soudainement frappée par l’envie de l’enlacer.

« Je ne suis peut-être pas d’une grande utilité pour le Maître. Mais je ne pense pas qu’il sera indemne à partir de maintenant. » Avec un « C’est pourquoi », Néphy avait poursuit.

« Je veux... devenir le fondement de la force du Maître. » C’était peut-être vaniteux de sa part de souhaiter cela. Et il était possible qu’il la chasse à nouveau si elle revenait. Mais même ainsi, à ce moment-là, lorsque Néphy enlaçait Zagan, elle pensait qu’il l’avait finalement acceptée. C’est pourquoi... Je veux être à ses côtés.

Ils n’avaient passé qu’un demi-mois ensemble, mais elle voulait croire aux souvenirs qu’ils avaient partagés.

Il n’y avait pas de personne qui était contente avec le fait d’être seul. Après tout, même Néphy détestait l’idée.

Finalement, Chastille avait souri.

« Je vois. Alors, dois-je moi aussi aller faire ce que je peux ? » demanda Chastille.

« Euh... ? Prévoyez-vous... à nouveau de défier le Maître ? » lui demanda Néphy.

« Non, vous vous trompez, » cria Chastille avec un visage rouge vif.

« Ce n’est pas ça, vous voyez... Je ne peux pas... le couvrir, mais je pense que je peux enlever la stigmatisation qui l’entoure, » déclara Chastille.

« Stigmatisation... ? » Tandis que Néphy inclinait la tête sur le côté, Chastille hocha la tête.

« Il semble qu’un sorcier commette des crimes en utilisant le nom de Zagan, » déclara Chastille.

Néphy ne savait pas qu’elle parlait du coupable derrière les enlèvements en série. Et Chastille continua à parler, comme si elle voulait cacher ce fait.

« Ils essaient clairement de le piéger, alors je vais révéler la vérité ! » déclara Chastille.

« Les Chevaliers Angéliques et les Sorciers ne sont-ils pas hostiles les uns envers les autres ? » demanda Néphy.

« C’est... certainement vrai, mais..., » comme si c’était quelque peu inconfortable, Chastille commença à marmonner.

« N’est-ce pas frustrant d’être sauvé deux fois et de ne rien faire en réponse ? » à sa façon, elle avait probablement réfléchi à ça depuis un bon moment.

Manuela les regarda toutes les deux avec un large sourire.

« Maintenant que vous êtes toutes les deux remises sur pied, il est temps d’en finir pour la nuit, hein ? Ah, mademoiselle la chevalière, je vous laisse l’addition, d’accord ! » déclara Manuela.

« Qu-Quoi!? Je n’ai rien commandé ! » s’écria Chastille.

Le fait de regarder Chastille se faire taquiner avait mis Néphy à l’aise pour une raison inconnue. Comment... ce sentiment s’appelle-t-il, je me le demande ?

Et tandis que Néphy était perplexe, Manuela avait enroulé ses bras autour d’elle.

« Si quelque chose te dérange encore, tu peux venir chez moi quand tu le veux. Je vais au moins entendre tes plaintes. En échange, je te ferai essayer les produits du magasin, Hahahah, » déclara Manuela.

La regardant en réponse, Néphy inclinait la tête sur le côté.

« Manuela, pourquoi es-tu si gentille avec moi ? » C’était une sensation différente de quand Zagan la traitait avec gentillesse.

Et Manuela la regarda elle aussi, comme si elle était choquée que Néphy ne le sache même pas par elle-même.

« N’est-ce pas parce que nous sommes amies ? » Entendant ce mot auquel elle n’était pas habituée, Néphy avait involontairement dégluti.

« Amies..., » murmura Néphy.

« Eh, ne l’est-on pas ? » demanda Manuela.

« ... Je n’en sais rien. Jusqu’à présent, personne ne m’a jamais dit ça. » Le mot ami lui avait fait penser à la relation entre Zagan et Barbatos. Zagan l’insultait, mais il y avait une étrange attitude détendue entre eux, et franchement, Néphy était vraiment un peu jalouse d’eux. Ce genre de relation s’appelait certainement l’amitié.

Manuela avait fait une tête montrant sa surprise pendant un instant, mais s’était immédiatement mise à rire.

« Alors, ça veut dire que je suis ta première amie, n’est-ce pas ? Toutes mes félicitations ! » déclara Manuela.

« E-Euh... Oui, » répondit Néphy.

« Wôw, tes oreilles sont rouge vif, tu sais ? Est-ce que ça va ? » demanda Manuela.

Et puis, Chastille avait timidement levé la main.

« Est-ce que ça va... si je pense la même chose ? » demanda Chastille.

« À propos de quoi ? » demanda Néphy.

« Euh, je souhaite aussi... te considérer comme une amie ! » annonça Chastille.

« Eeeh ? N’êtes-vous pas un Chevalier Angélique ? Est-ce acceptable d’être ami avec un sorcier ? » lui demanda Néphy.

« Voyons ! » En voyant Chastille être aux bords des larmes, Manuela l’avait fièrement couvert de ses ailes. Et puis, elle avait peigné les cheveux roux de la Chevalière Angélique comme s’il n’y avait pas d’autre choix possible.

« Si tu n’étais pas une amie, on ne pourrait pas te taquiner comme ça, n’est-ce pas ? » déclara Manuela.

« La taquinerie... est-elle une partie essentielle de l’amitié ? » Tout en faisant un visage terriblement insatisfait, Chastille semblait quand même soulagée alors qu’elle demandait ça.

Et puis, après avoir quitté le restaurant, alors qu’elles étaient sur le point de se séparer...

« Lady Chastille ! »

Les demoiselles avaient entendu une voix grave venant de l’autre côté de la rue. Tandis qu’elles portaient leur attention vers la source, elles avaient vu trois hommes portant l’Armure Sacrée se précipiter vers elles. Se sentant comme si elle reconnaissait ces silhouettes dans ses souvenirs, Néphy avait plissé les yeux.

« Hee, t-tu es cette salope de la dernière fois ! » Sentant peut-être qu’il était fusillé par leurs regards, un homme s’était échappé du groupe.

Et puis, Néphy s’était souvenue de qui il était.

« C’est la personne... qui a blessé le Maître cette fois-là... ? » déclara Néphy.

« Eh, quoi ? Ces types ont-ils aussi blessé le maître de Néphy ? C’est pourquoi l’Église est si..., » commença Manuela.

« Comme je l’ai dit, pourquoi êtes-vous si hostile envers l’Église ? » Les Chevaliers Angéliques avaient chacun préparé leurs armes, et Chastille s’était placée entre eux comme pour servir de médiateur. Et à ce moment précis...

« Les petits qui s’entendent bien, c’est beau, hein ? » Néphy avait entendu cette voix flippante provenant de derrière elle.

Et immédiatement après cela, une flaque d’obscurité s’était étendue autour de ses pieds.

« Eh —, » Inconsciente de ce qui se passait, Néphy avait été entraînée dans l’obscurité, qui l’avait déjà engloutie jusqu’à la taille.

« Néphy — Khhh !? » Alors même que Chastille essayait de dégainer son Épée Sacrée, elle était saisie par l’obscurité boueuse. Avec les bras coincés, elle avait été traînée vers le bas sans jamais pouvoir dégainer son arme.

« Lady Chastille ! » Les Chevaliers Angéliques s’étaient précipités vers elle, mais il n’y avait aucune chance qu’ils arrivent à temps. Et même ainsi, Chastille était un Chevalier Angélique.

« Fuyez... fuyez... Manuela, » même si elle était entièrement avalée par la noirceur, elle avait quand même réussi à repousser Manuela loin de là.

Après quoi, la jeune fille-oiseau avait déployé ses ailes pour s’échapper dans le ciel. Cependant, un tentacule de noirceur s’était quand même lancé vers elle alors qu’elle s’était élevée vers le ciel dans la panique pour essayer de s’enfuir.

« Arg, protégez le citoyen ! » Et ayant finalement été rattrapés, les Chevaliers Angéliques avaient abattu les tentacules de noirceurs avec leurs épées.

« Tch, donc l’un d’eux s’est enfui, hein ? Eh bien, peu importe ! Écoutez bien, je m’appelle Zagan ! Si vous voulez sauver ces gens, venez me voir dans mon château ! » Le maître des ténèbres avait dit cela d’une voix qui ne convenait pas à Zagan, même si elle avait été faite pour lui ressembler.

Néphy avait instantanément reconnu la voix.

« Pourquoi... êtes-vous... ? » Et dans cette obscurité, un visage familier lui était venu à l’esprit.

***

Partie 4

Quelques heures plus tard, Zagan regardait le ciel nocturne depuis l’entrée de son château.

Le soir de leur première rencontre, Néphy avait tendu ses mains vers la lune. Quel était le sens de cette action ? Il ne l’avait jamais tout à fait compris, et maintenant il n’avait aucun moyen de le faire.

Zagan avait étendu ses mains vers la lune une fois de plus, mais comme prévu, il ne pouvait rien saisir.

Non, à ce moment-là, je l’ai peut-être simplement saisi, pensa-t-il.

Parce qu’à cette époque, la première fille qui lui avait volé son cœur se tenait à ses côtés.

« Cet endroit est vraiment calme quand je suis tout seul, hein ? Je suppose que ça a toujours été comme ça..., » c’était beaucoup trop calme, au point où ses oreilles lui faisaient mal.

Néphy n’était pas une fille très bavarde, mais le bruit de ses déplacements pendant qu’elle nettoyait ou cuisinait ici et là rendait certainement le château plus vivant.

Dans cette forêt inhabitée, Zagan se tenait immobile, réfléchissant. Et sous ses pieds, un gémissement retentit.

« Guoooh, ridicule... Nous... Les Chevaliers du Ciel d’Azur ne pouvaient pas vous égratigner..., » c’était les trois idiots... non, les Chevaliers Angéliques, qui étaient entrés par effraction il y a quelque temps. Parce qu’ils étaient arrivés en trombe, Zagan était sorti en colère à leur rencontre.

Ont-ils déjà entendu dire que j’étais devenu un Archidémon ? Il avait l’impression qu’il était trop tôt pour que ce soit le cas, mais rien de tout cela n’avait vraiment d’importance.

Néphy n’était plus là. Et franchement, Zagan n’arrivait pas à oublier son expression douloureuse quand il lui avait dit de partir.

Je lui ai fait du mal... Ouais, pensa-t-il.

C’était évident. Après tout, c’était douloureux d’être seul, et Néphy l’avait probablement trop bien compris.

Cependant, après une éternité de solitude, elle lui avait finalement ouvert son cœur, choisissant de lui montrer enfin des émotions. Cependant, après l’avoir acceptée comme ça et lui avoir fait croire en lui, il l’avait repoussée pour sa propre convenance. Cet acte était probablement beaucoup plus cruel que de lui faire du mal.

Mais si elle est en ville, ils la traiteront sûrement très bien, pensa-t-il.

Zagan savait que les citoyens de Kianoides accueillaient Néphy favorablement lorsqu’elle faisait des achats là-bas. Il pensait qu’elle serait même capable de tromper les yeux de l’Église.

En premier lieu, Néphy n’avait été impliquée avec Zagan que depuis un demi-mois. Une fois la piste refroidie, même s’ils cherchaient une relation, il n’y aurait rien à trouver.

Elle serait capable de vivre paisiblement dans la lumière chaude, sans aucun lien avec des choses comme les sorciers et l’Église. Un bien meilleur sort, à son humble avis.

Tout s’arrangerait pacifiquement. Tout redeviendrait comme avant sa rencontre avec Néphy.

Et puis, au moment où Zagan était sur le point de retourner au château...

« Attendez..., » l’un des Chevaliers Angéliques qui était allongé sur le sol avait attrapé le pied de Zagan. Son Armure Sacrée avait été brisée, et même sa précieuse épée longue avait été brisée en morceaux.

Zagan avait poussé un soupir fatigué alors qu’il se forçait à répondre.

« Écoutez, je suis de mauvaise humeur en ce moment. Ne pensez pas que je serai assez aimable pour vous laisser repartir comme la dernière fois, d’accord ? »

La seule raison pour laquelle les trois n’étaient pas morts, c’est qu’ils avaient été vaincus par un piège avant que Zagan n’ait à s’occuper lui-même de quoi que ce soit. C’était donc une affaire qui n’avait rien à voir avec le fait qu’il se retenait.

Maintenant que j’y pense, ce piège est quelque chose que Néphy a fait..., comme une expérience pour aider à contrôler son mysticisme, il avait essayé de faire quelque chose avec le mysticisme qui serait déchaîné compte tenu d’une certaine condition.

Il s’agissait des Chevaliers Angéliques qui possédaient assez de force pour atteindre la face avant du château de Zagan, alors il s’était dit que l’expérience était un succès puisqu’elle avait réussi à les vaincre. Bien qu’à ce moment-là, il n’avait aucune méthode pour relayer le succès à Néphy.

Tandis que Zagan donnait un coup de pied à la main du Chevalier Angélique, le chevalier s’adressa à lui d’une voix qui lui donnait l’impression de vomir du sang.

« Ce qui nous arrive ne nous dérange pas ! Cependant, juste notre Lady... S’il vous plaît, épargnez Lady Chastille, » déclara-t-il.

« Chastille... ? » Maintenant que le chevalier l’avait mentionné, Zagan n’avait pas pu repérer la fille qui portait l’Épée Sacrée. Il pensait simplement que les trois Chevaliers Angéliques étaient impertinents, mais...

« Notre Lady... a dit que vous n’étiez pas le foutu coupable derrière les enlèvements, et a même confronté Son Éminence le Cardinal pour trouver le vrai coupable. Si vous n’êtes pas vraiment le coupable, alors ça devrait être acceptable de ne pas la faire souffrir, n’est-ce pas ? » demanda le chevalier.

« ... Je ne comprends pas de quoi vous parlez. » Zagan savait qu’on l’accusait d’être le coupable des enlèvements en série à Kianoides. Cependant, il n’avait pas l’impression que les Chevaliers Angéliques parlaient comme s’ils étaient confus.

« A-t-elle été kidnappée ? » demanda Zagan.

« Ne faites pas l’imbécile ! N’est-ce pas vous qui avez traîné Lady Chastille dans l’ombre et nous avez dit de venir ici, espèce de salaud !? » s’écria le chevalier.

À ce moment-là, Zagan était finalement parvenu à une compréhension. Il semblerait que ces Chevaliers Angéliques étaient venus chez lui au triple galop parce qu’ils avaient l’impression que Zagan avait enlevé Chastille.

Ils s’étaient peut-être mis à penser ainsi en étant eux-mêmes dans l’erreur, mais d’après le combat de Zagan avec Chastille, il avait montré qu’il pouvait se battre sur un pied d’égalité avec elle, même en se retenant. Cela avait probablement rendu inutilement crédibles ces fausses allégations.

Ou peut-être qu’il s’agissait d’un coup monté mis sur pied pour inciter ces personnes à le faire ? Si Zagan avait tué Chastille à ce moment-là, l’Église aurait probablement versé toute leur énergie dans son asservissement comme il aurait tué un Archange. Même s’il l’avait épargnée et l’avait laissée partir, comme maintenant, ils avaient réussi à faire de Zagan le coupable après l’avoir enlevée.

L’attaque de ce jour-là avait peut-être été conçue dans ce but précis.

« Si c’est le cas, c’est bien préparé, hein ? » Et puis il s’était dit, je vois. Donc elle a été kidnappée.

C’était une Chevalière Angélique qui avait essayé de sauver Zagan, donc il croyait qu’elle n’était pas quelqu’un dont il devait vraiment s’inquiéter, et aussi qu’il ne la détestait pas.

Cependant, il ne l’avait sauvée que parce qu’elle était au bord de la mort alors qu’elle était sous ses yeux. Mais en ce moment, il ne savait pas où elle avait été emmenée et, plus important encore, il ne savait même pas si elle était encore en vie, alors si on lui disait d’aller la sauver, il ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter.

« Le retour... Dame Chastille... auprès de nous..., » balbutia le chevalier.

Cela l’avait également découragé de se faire critiquer sans raison valable. Et donc, bien que la laisser mourir lui avait laissé un mauvais goût dans la bouche, il avait perdu la volonté d’aider. À l’origine, Zagan avait ce genre de personnalité non coopérative. Il n’était peut-être pas mauvais, mais il n’était certainement pas non plus bon.

Et pendant qu’il réfléchissait à une décision...

« Monsieur le Sorcier ! » Du ciel, cette voix s’était abattue sur lui.

À cause de l’intrusion des Chevaliers Angéliques, la barrière autour de son château avait perdu une partie de sa protection.

« Qu’est-ce que c’est cette fois ? » Tout en disant cela, il avait fait un seul pas en arrière. Et tout de suite après, une femme était tombée du ciel.

« Yowza ! » Et cette même femme avait atterri sur la tête de l’un des Chevaliers Angéliques.

En regardant son visage, Zagan avait plissé ses sourcils.

« Tu es... ? » Ce qui était descendu du ciel... c’était une femme-oiseau aux cheveux d’or. Il se rappelait de l’avoir déjà vue. C’était la vendeuse du magasin où il avait acheté les vêtements de Néphy.

Le Chevalier Angélique qui était utilisé comme amortisseur de pieds avait alors élevé sa voix dans la colère. « Espèce de salope, pourquoi te mets-tu en travers du chemin ? »

« Comme je l’ai dit, le coupable n’est pas cette personne, n’est-ce pas ? » déclara Manuela.

« Qu’est-ce que tu racontes ? Mais ne t’es-tu pas aussi précipitée ici ? » cria le chevalier.

« N’est-on pas venus ici pour demander de l’aide ? Pourquoi vous précipitez-vous pour attaquer ? » Voyant la fille et les Chevaliers Angéliques commencer à se disputer, Zagan avait poussé un soupir.

Quelle douleur... ! Je suppose que je vais les jeter dehors, lorsque Zagan avait commencé à utiliser un cercle magique, la fille s’était accrochée à lui.

« Monsieur le Sorcier, à l’aide. Ces filles... Néphy et Chastille ont été enlevées ! » déclara Manuela.

« Qu’est-ce que tu as dit ? » Il ne savait pas pourquoi le nom de Néphy avait été dit, mais Zagan avait poussé un gémissement.

Les trois Chevaliers Angéliques sur le sol avaient également mentionné l’enlèvement. Les enlèvements en série à Kianoides n’avaient pas encore pris fin. De plus, il semblerait maintenant que même Néphy s’était retrouvée impliquée.

Non, ce n’est pas juste. Si Zagan avait raison sur l’identité du coupable, c’était sûrement une tentative de le provoquer. Il la visait spécifiquement parce qu’elle était à la fois la servante et la disciple de Zagan.

C’est assez loin, mais est-ce trop tard ? Et tandis qu’il gémissait, Manuela secoua ses épaules.

« Je vous en supplie, aidez-moi, s’il vous plaît. Quelqu’un d’aussi fort que vous pouvez certainement les sauver, n’est-ce pas ? » cria Manuela.

« M-Mais..., » si Zagan allait ouvertement la sauver, cette fois-ci, on saurait que Néphy lui était liée. Elle serait vraiment considérée comme l’une de ses camarades. Elle ne pourrait plus s’enfuir de l’Église.

Bien sûr, il n’avait pas l’intention de l’abandonner, mais il devait penser à un moyen de manœuvre qui masquerait son implication. Il ne pouvait pas y aller tout de suite sans réfléchir.

Et voyant Zagan en conflit comme ça, Manuela avait décidé de l’engueuler.

« Qu’est-ce que vous attendez ? Néphy était sur le chemin pour retourner vers vous... Elle ne se souciait pas des conséquences et voulait juste rester à vos côtés ! Comment pouvez-vous l’ignorer alors qu’elle a besoin d’aide ? » cria Manuela.

« Qu’est-ce que tu viens de dire ? » Tandis que Zagan ouvrait en grand les yeux, Manuela s’adressa à lui d’un ton nostalgique.

« J’ai entendu à propos de la manière dont vous l’avez fait partir. Mais même ainsi, Néphy a dit qu’elle voulait être à vos côtés, qu’elle voulait vous soutenir. C’est pourquoi, peu importe combien de fois vous l’auriez repoussée, elle a dit qu’elle reviendrait toujours. » Manuela avait ensuite saisi la poitrine de Zagan.

« Les sorciers ne ressentent-ils vraiment rien quand quelqu’un vous aime tant ? Si c’est vrai, pourquoi avez-vous été si gentille avec elle ? » Avec un bruit sourd, Manuela avait frappé la poitrine de Zagan.

Ce n’était ni la main d’un Chevalier Angélique ni celle d’un Sorcier, juste celle d’une femme. Et pourtant, cela faisait mal. C’était beaucoup plus douloureux que n’importe quelle attaque qu’il avait reçue auparavant.

Néphy... revenait ? Elle revenait chez moi, qui lui ai dit une chose si cruelle... ? pensa-t-il.

Il n’avait même pas besoin de penser au pourquoi.

Zagan avait observé Néphy attentivement pendant la période où ils étaient ensemble, donc la raison pour laquelle elle faisait cela était quelque chose qu’il savait sans même avoir à regarder ses oreilles qui étaient si pleines d’émotions.

Elle s’était attachée à lui, à l’horrible et méchant Zagan. Bien que franchement, si elle décidait de le faire, il aurait été bien mieux si elle l’avait fait vers une personne plus noble.

Zagan s’était vite rendu compte qu’il avait dépassé le point de non-retour. Et ainsi, il avait poussé un profond soupir.

« ... Tu as raison. C’est exactement ce que tu dis, » puis, il avait ri et il avait continué en disant : « Les sorciers sont des déchets d’un bout à l’autre. Ils ne pensent qu’à eux-mêmes, ne traitent les autres que comme de simples outils, et considèrent la vie et la mort comme des choses avec lesquelles jouer sur un coup de tête. »

« Qu-Qu’est-ce que vous dites... ! » s’écria Manuela.

« Et, en tant que sorcier de ce genre, je devais avoir un problème. » Même s’il s’agissait d’une illusion momentanée, sympathiser avec Néphy était complètement insensé.

C’est exact. Les sorciers... ne devraient penser qu’à ce qui leur est bénéfique, pensa-t-il.

Il n’avait pas besoin de vivre des sentiments aussi douloureux. Après tout, il aurait pu continuer comme il l’entendait.

Quand il avait rencontré cette fille, il avait dû le faire sans hésiter. Comme quand il avait réduit en cendres l’appareil de torture et les bandits parce qu’elle avait peur. Tout comme quand il l’avait protégée sans même penser quand le Chevalier Angélique avait pointé sa lance sur elle.

Et en réponse à la jeune fille-oiseau, qui était devenue remarquablement pâle, Zagan avait dit ce qui suit :

« Tu as mes remerciements. Grâce à toi, mon esprit est clair. » Son chemin était clair depuis le tout début. C’est pourquoi Zagan avait fait un pas en avant.

« Néphy m’appartient. Je dois donc noyer l’idiot qui l’a touchée dans une mare de sang. » Ses propres mains seraient tachées, mais cela n’avait pas d’importance puisque les sorciers étaient des créatures pécheresses.

Même s’il avait dû sacrifier toute l’autorité et le mana qui accompagnait le titre Archidémon, il devrait pouvoir protéger Néphy face à n’importe quoi.

Et pourtant, je me suis dégonflé. Les douze Archidémons... Il avait perdu la raison en les rencontrant parce qu’il sentait qu’ils étaient à un niveau complètement différent. C’est pourquoi il avait fait une crise de panique et avait fini par blesser Néphy.

Puis-je encore... la récupérer ? Il ne le savait pas.

Cependant, il savait qu’il ne lui restait qu’une seule chose à faire. Et puis, il s’était souvenu des Chevaliers Angéliques stupéfaits.

Tant que j’y suis, je vais aussi sauver Chastille. Si elle était capturée aux côtés de Néphy, il la rencontrerait inévitablement.

Tandis que Zagan tapait le sol avec son talon, un grand cercle magique s’étendait sous ses pieds. Il s’agissait du cercle magique de téléportation qu’il avait utilisé il y a quelque temps lorsqu’il avait jeté Chastille hors de son domaine.

Cette fois-ci, elle était liée à une certaine base de sorcier. Je sais très bien... qui est exactement le coupable.

Et puis, Zagan s’était tourné vers la fille-oiseau.

« Tu t’es mise en colère pour Néphy. Pourquoi cela ? » demanda Zagan.

« N’est-ce pas évident... Parce que nous sommes amies, hein ! » Et quand Manuela avait répondu, Zagan lui avait tendu la main.

« Alors, viendras-tu avec moi ? Je parle du fait d’aller sauver Néphy, » déclara Zagan.

« ... Euh, bien sûr que je viens, » déclara-t-elle.

Et en dessous d’eux, les Chevaliers Angéliques gémissent en élevant la voix.

« Attendez... nous allons aussi... Pour Lady Chastille... » Ils auraient déjà dû être incapables de se lever, mais les trois Chevaliers Angéliques s’étaient accrochés aux jambes de Zagan et ils avaient supplié de les laisser venir.

« ... Bon, j’ai compris, ne vous inquiétez pas. Je vous emmène, alors enlevez vos sales pattes de moi, » déclara Zagan.

Et ainsi, une combinaison étrange d’un sorcier, de trois Chevaliers Angéliques et d’une vendeuse d’un magasin de vêtements avait disparu dans le cercle magique.

***

Partie 5

« Néphy, es-tu... blessée ? »

Néphy s’était retrouvée dans une sombre prison alors qu’elle reprenait ses esprits. C’était probablement un endroit qui avait été remodelé à partir d’une grotte. Le sol et les murs étaient tous en pierre, et il y avait une multitude de roches pointues suspendues au plafond. C’était clairement des stalactites. À en juger par le fait qu’il n’y avait pas de stalagmites venant du sol, le sol sous leurs pieds avait probablement été préparé avec de la terre. Il n’y avait pas de barreaux, mais à sa place il y avait des chaînes suspendues au mur.

Alors qu’elle se concentrait sur la source de la lumière, elle pouvait voir une grande pièce dans les profondeurs. Il semblait qu’un cercle magique rayonnait avec une certaine lumière, mais il était inhabituellement grand.

De sa position, Néphy n’était pas en mesure d’en voir chaque partie, mais en pensant à la taille du cercle, il se pouvait même qu’il soit plus grand qu’une partie de la salle principale du château de Zagan.

Le bruit des chaînes résonnait. Une fois de plus, un collier avait été placé autour du cou de Néphy. Elle avait cette fois même des menottes autour de ses mains et de ses pieds, et elle pouvait dire que chacun d’eux avait le pouvoir de sceller le mana.

À côté d’elle, Chastille était également attachée, mais son Épée Sacrée et son Armure Sacrée lui avaient été arrachées et elle avait également des chaînes. La jeune fille, qui ne portait maintenant qu’une chemise et une jupe, ne semblait rien de plus qu’une fille ordinaire, à tel point qu’il serait difficile de croire qu’elle était une Chevalière Angélique.

Leurs chaînes étaient reliées au mur de pierre, et il ne semblait pas qu’elles puissent utiliser leur force pour sortir de là.

Si c’était la Néphy d’avant, elle aurait tout simplement abandonné. Après tout, elle était sur le point d’être tuée. Mais les choses étaient différentes maintenant.

J’ai décidé... que je reviendrais auprès du Maître. Et ainsi, elle devait tout simplement s’échapper.

Cependant, avec les chaînes et le collier, elle ne pouvait pas utiliser la sorcellerie, et il n’y avait pas non plus assez de nature autour d’elles pour utiliser le mysticisme. Le mysticisme n’était pas un pouvoir qui pouvait être utilisé sans aucune limitation, comme le pensaient les sorciers.

Après s’être tortillée pendant un certain temps, Néphy avait jeté un coup d’œil aux alentours.

« Où... ? » demanda-t-elle.

« Je n’en sais rien. Je pense que c’est le repère du sorcier qui nous a attaqués, » et alors, les pas se rapprochaient d’elles.

Chastille s’était levée pour protéger Néphy, mais elle était aussi enchaînée au mur. Tout ce qu’elle avait pu faire, c’était de s’exposer à son adversaire sans avoir la moindre défense.

Et ce qui était apparu était, comme prévu, quelqu’un que Néphy connaissait.

« N’étiez-vous pas l’ami du Maître ? Barbatos, » c’était le sorcier qui avait rendu visite à Zagan en ami. Elle ne pouvait pas tout à fait dire qu’ils s’entendaient bien, mais ils semblaient tout de même très proches.

En entendant cela, un sourire était apparu sur le visage mince de Barbatos.

« Amis !? Oh, comme c’est surprenant. Je ne pensais pas qu’il y avait des gens qui pouvaient regarder un sorcier et penser une telle chose. » Tout en riant, Barbatos avait saisi la joue de Néphy avec une poigne telle une griffe d’aigle.

« Parmi les sorciers que ce type a tués, il y avait un homme surnommé “Ressentiment”... Andras. Il a été le premier sorcier que Zagan a tué. Et vous voyez, j’étais son disciple..., » déclara Barbatos.

Les yeux de Néphy s’ouvrirent en état de choc lorsqu’elle entendit cela.

« Ne vous méprenez pas, d’accord ? Se venger d’un professeur n’est pas quelque chose que les sorciers font. Si Zagan ne l’avait pas tué, j’aurais fini par le faire, » déclara-t-il.

Néphy ne pouvait ressentir aucune tromperie ou aucun ressentiment dans ses paroles. Ces mots n’étaient probablement pas du bluff, mais ses vraies intentions.

« Cependant, ce château dans lequel ce type s’étire les jambes, l’or qu’il a utilisé pour t’acheter, et même la sagesse qu’il a acquise était toutes des choses dont j’étais censé hériter. Ce n’est pas bien de rester silencieux et de tout lui laisser n’est-ce pas ? » Ensuite, il avait regardé Chastille.

« Au début, j’ai essayé d’instiguer la colère de l’Église, mais rien ne s’est déroulé sans heurts. Mes satanés subordonnés étaient facilement retrouvés, et les individus que j’ai envoyés pour faire face à Zagan ont été si facilement vaincus. J’espérais que s’il faisait face à une Épée Sacrée, il se ferait couper au moins l’un de ses bras ou quelque chose comme ça, » déclara Barbatos.

Néphy avait été décontenancée. Barbatos avait visité le château immédiatement après l’attaque des Chevaliers Angéliques, et non seulement cela, mais il s’inquiétait de l’état des blessures de Zagan. Cependant, il semblait que c’était dans un but néfaste, et non pas une véritable préoccupation.

Sans le mysticisme de Néphy, il aurait vraiment été bloqué à devoir se battre d’une seule main.

Chastille avait fusillé du regard Barbatos.

« Ce n’est pas possible... Êtes-vous le coupable derrière les enlèvements !? » s’écria Chastille.

« Qu’est-ce que c’est ? Viens-tu juste de t’en rendre compte ? » demanda Barbatos.

Le cerveau derrière les kidnappings... Néphy s’était souvenue que Zagan avait dit que c’était un incident qui semblait vouloir attirer l’attention de l’Église.

Peut-être... Le maître sait déjà qui est le coupable. Il n’avait pas révélé un nom, mais il avait une expression plutôt amère sur son visage lorsqu’il en parlait.

Chastille avait alors rugi d’une voix instable. « Avez-vous causé un incident aussi répugnant juste pour piéger Zagan, salaud ? »

« Pas possible ? Hehehehehe, » Barbatos avait commencé à rire d’une manière effrayante.

« Celui qui a suggéré d’utiliser des sacrifices, c’est ce type, l’Éplucheur de Visages, et j’ai joué le jeu parce que j’avais besoin d’un moyen d’afficher mon pouvoir, » déclara Barbatos.

« Pour afficher... ? Dans quel but ? » demanda Chastille.

« N’y a-t-il pas qu’une seule réponse logique à cette question ? Les douze Archidémons ! » Barbatos avait étendu ses deux bras.

« C’est pour montrer aux Archidémons que je suis clairement apte à rejoindre leurs rangs ! C’est aussi la seule et unique méthode pour éliminer tous les autres candidats, » et alors, Barbatos avait rapproché son visage de Néphy.

« Franchement, j’étais un peu troublé quand on m’a arraché mes sacrifices, mais tu es tombée entre mes mains. Avec le mana d’une elfe aux cheveux blancs, je pourrai ouvrir la porte..., » déclara Barbatos.

Néphy avait fixé son regard sur Barbatos sans afficher d’expression.

« Je m’excuse ! Mais tout cela n’a probablement aucun sens, » déclara Néphy.

« Hmm, tu sais parler. Tu crois que je ne te tuerai pas ? Ou... ce pourrait-il que... quoi, crois-tu que Zagan va venir te sauver ? » demanda Barbatos.

« Zagan va venir te sauver. » La poitrine de Néphy s’était serrée et avait commencé à la faire souffrir en entendant ces mots.

Est-ce que Maître... va vraiment finir par venir ? En premier lieu, il ne savait même pas que Néphy avait été capturée. Et aussi, pour une raison inconnue, il essayait de s’éloigner d’elle.

Mais Néphy ne pensait pas qu’il la chasserait de son cœur. Quelqu’un qui avait fait ça... ne ferait pas un visage si empli de douleurs. Mais même ainsi, il avait peut-être une raison de ne pas venir sauver Néphy.

Néphy secoua alors la tête. Ce n’est pas ça. Une fois de plus, elle pensait comme les faibles. J’ai décidé d’être utile, alors qu’est-ce que je fais à ralentir le Maître ?

Si elle ne pouvait pas faire quelque chose au sujet d’une question aussi insignifiante, cela ne servait à rien de retourner à son service.

Après cette prise de conscience, Néphy regarda fixement Barbatos tout en conservant son regard sans expression.

« Vous vous trompez. Je n’ai pas l’intention de causer des ennuis au Maître pour quelque chose comme ça. J’essaie de vous dire autre chose, » déclara Néphy.

« Oh, quoi ? » demanda Barbatos, amusé.

« Le maître a déjà hérité du titre d’Archidémon, » annonça Néphy.

Toute expression avait disparu du visage de Barbatos.

« ... Tu mens ! » cria Barbatos.

« Je ne dis que la vérité. Apparemment, c’est pour ça qu’il m’a fait partir, » déclara Néphy.

Alors qu’il était devenu chancelant, Barbatos avait fait un pas en arrière.

« Impossible. Ce type est... un Archidémon ? » Barbatos avait commencé désespérément à se gratter la tête.

 

 

« Il ne s’est pas contenté de me voler l’héritage d’Andras, alors il a même pris le siège d’Archidémon ? » Après cela, il s’était tourné vers Néphy avec un regard fixe.

Tandis qu’elle reculait en sentant son corps trembler, il tira sur le collier de Néphy.

« Argh..., » ses mains et ses pieds étaient attachés, de sorte que Néphy n’avait pas été capable de s’accrocher lorsqu’elle était tombée au sol.

« Viens ! » Barbatos l’avait traînée vers la grande salle.

« Ce type est un Archidémon ? D’accord, alors faisons-le. Je vais devoir lui voler ce titre par la force. Tant que je peux accomplir ce rituel, peu importe qu’il soit un Archidémon, je gagnerai. » Un cercle magique sinistre avait été tracé devant eux. Il semblait même relié aux murs. Il s’agissait de l’énorme cercle magique qu’elle avait vu tout à l’heure.

Un symbole massif avait été tracé en son centre, et autour de lui se trouvaient des dizaines de couches de symbole détaillées qui servaient de « circuit ». Même Néphy pouvait dire que tout le cercle magique avait été tracé avec du sang. Elle se demande combien de sacrifices avaient été nécessaires pour dessiner un cercle magique aussi complexe.

Et, à ce moment-là, elle savait qu’elle serait ajoutée comme touche finale.

En arrivant également à la même idée, Chastille avait crié de colère. « A-Arrêtez-vous ! Si vous voulez utiliser un sacrifice, alors choisissez-moi. En tant que Chevalier Angélique, je me suis au moins résolue à un tel destin ! »

Barbatos avait regardé Chastille d’un air suspicieux quand il l’avait entendu.

« Même si tu ne me convaincs pas comme ça, tu n’as pas à t’inquiéter. Je t’utiliserai pour autre chose. Mais tu comprends, ce rituel exige le meilleur des outils ? » déclara Barbatos.

Néphy avait serré ses dents face à ces mots. Outil, déclara-t-il. Il était vrai que Néphy s’était habituée à être appelée ainsi tout au long de sa vie.

Mais... Le maître ne m’a jamais traitée d’outil. Et elle ne l’avait toujours pas remboursé pour ça. En tant que telle, il n’y avait aucune chance qu’elle meure ici.

Je veux vivre. C’était la toute première fois que Néphy souhaitait cela de son propre chef.

« Je vivrai... et reviendrai... au côté du Maître. » Il pourrait la repousser. Il pourrait la gronder. Mais même ainsi, elle voulait rester avec obstination dans le château.

Quand le matin arrivait, elle préparait le petit-déjeuner, regardait et attendait que Zagan vide son assiette avant de nettoyer les petits morceaux qui restaient. Et si cuisiner trois repas par jour ne suffisait pas, elle essayait de le laisser dormir sur ses genoux. Elle était prête à faire n’importe quoi, tant que cela rendait Zagan heureux.

Quand il s’agit d’un test d’endurance, je ne perdrai même pas face au Maître, se dit-elle.

Il y avait eu une époque où elle ne faisait qu’obéir comme un cadavre. Comparée à ces jours-là, où elle vivait dans un endroit sans trace de chaleur, la résidence de Zagan était un paradis.

Il n’avait peut-être pas eu un besoin particulier de Néphy. Et franchement, il y avait toujours la possibilité qu’il finisse pour chérir quelqu’un bien mieux qu’elle, mais...

Mais vous ne pouvez pas rester seul, Maître, pensa-t-elle.

La solitude avait détruit son cœur. Cela leur avait fait perdre tous leurs sentiments, et le monde entier avait perdu sa couleur quand on le voyait à travers de tels yeux.

Quelque chose comme ça ne pouvait pas être considéré comme vraiment vivant. Néphy, qui avait survécu jour après jour sans désirs, voulait accorder ce monde vivant à nul autre que Zagan.

C’est pourquoi elle voulait le soutenir plus que tout au monde. Et ainsi, elle avait résisté à Barbatos.

« Laissez-moi... partir, » déclara Néphy.

« Tch, salope ! » Barbatos avait été irrité alors il avait tiré sur la chaîne, ce qui avait fait retomber Néphy au sol. Puis, traînée sur le sol, du sang s’était répandu de ses bras et de ses jambes.

Des larmes étaient sorties en raison de la douleur. Cependant, Néphy se contentait de grincer des dents et de fusiller du regard Barbatos.

Quelque chose comme ça... n’est pas du tout douloureux. Ce n’était rien comparé à la fois où Zagan lui avait dit de partir. Rien de comparable à ce qu’elle avait eu quand elle avait vu son expression emplie de douleurs.

C’est pourquoi Néphy avait fait une déclaration stupéfiante. « J’appartiens au Maître. Je ne veux pas être touché par des individus comme vous ! »

Le visage de Barbatos s’était tordu en une expression de bonheur lorsqu’il avait entendu ces mots.

« Sale esclave, ne sois pas vaniteuse ! » Barbatos leva la main et il plaça sa main comme s’il s’apprêtait à la frapper. Si elle était frappée par la force d’un sorcier, alors le corps délicat de Néphy céderait facilement en raison de sa faible résistance.

Et pourtant, Néphy n’avait pas détourné son regard. Alors qu’elle se préparait à l’impact... Le mur de pierre s’était effondré, accompagné d’un grondement tonitruant.

« Qu’est-ce qui se passe ? » s’écria Barbatos.

Un homme était soudain apparu devant Barbatos en provenance du nuage de poussière. Et cet homme s’était mis à parler après avoir laissé sortir un « Ah ».

« Bien dit, Néphy. J’attends vraiment cela de ma disciple, » déclara l’homme.

Son maître, celui qu’elle voulait rencontrer plus que quiconque au monde, se tenait devant elle.

***

Partie 6

« Salut, Barbatos. Cela ne fait-il pas déjà une semaine ? » Zagan l’avait appelé comme toujours, comme s’il parlait à un ami proche.

Le visage de Barbatos était devenu clairement raide.

Après l’arrivée de Manuela, Zagan s’était précipité ici. Il connaissait toutes les cachettes de Barbatos, et comme il s’agissait de quelque chose dans Kianoides, il n’y avait qu’une sélection assez limitée parmi ce groupe.

Il existait d’autres endroits potentiels, mais Zagan avait l’intention de les traverser l’un après l’autre. Le fait qu’il ait réussi à trouver Néphy du premier coup n’était qu’un coup de chance.

« Vous savez, Monsieur le Sorcier. Est-ce que c’est bon ? J’ai entendu dire que les sorciers sont extrêmement désavantagés dans le domaine d’un autre sorcier..., » Manuela parlait d’un ton vraiment effrayé alors qu’elle suivait Zagan, mais tout ce qu’il avait fait, c’était de hausser les épaules.

Dans tous les cas, comme les trois Chevaliers Angéliques n’étaient pas en état de combattre, ils avaient d’ailleurs été laissés de côté.

Et ayant peut-être retrouvé un peu de son sang-froid après l’avoir entendue, Barbatos fixait Zagan.

« Depuis combien de temps le sais-tu ? » La raison pour laquelle il n’avait pas demandé pourquoi Zagan était venu ici... était probablement parce que Barbatos s’était préparé à une telle situation.

Zagan avait alors répondu en se grattant la nuque. « J’ai plus ou moins eu des soupçons depuis que cet “Éplucheur de Visages” ou je sais plus trop son nom est apparu. » Il parlait du sorcier qui avait attaqué Chastille.

Maintenant que j’y pense, est-elle aussi ici ? En regardant autour de lui, il avait aperçu la fille en question enchaînée à un mur... C’était une Chevalière Angélique qui semblait souvent perdre face aux sorciers, et il sympathisait un peu avec elle à propos de ça.

Quoi qu’il en soit, après avoir confirmé sa présence, Zagan retourna son regard sur Barbatos.

« Quand j’ai essayé de foutre cette femme dehors, tu es venu comme si tu voulais vérifier les résultats. Ne serais-je pas un idiot si je ne te soupçonnais pas ? » Il était devenu sûr de l’implication de Barbatos après avoir entendu l’histoire des Archidémons, mais il avait toujours eu des doutes.

La raison pour laquelle il n’était jamais allé jusqu’à en parler... c’est simplement parce qu’il ne s’en souciait pas vraiment. Il ne considérait pas Barbatos comme un ami, de sorte qu’il ne se souciait pas de savoir si Barbatos l’avait trahi.

Barbatos avait ensuite fait une grimace comme s’il avait trouvé cela inattendu.

« Tu as eu le culot... d’accepter mon invitation à l’enchère comme ça..., » déclara Barbatos.

« J’étais intéressé par ce que tu avais prévu. D’ailleurs, j’étais vraiment curieux au sujet de l’héritage de l’Archidémon. » Avec le recul, grâce à cela, Zagan avait réussi à rencontrer Néphy. En ce sens, il était presque reconnaissant à l’homme qui l’avait piégé.

Après avoir retrouvé un sourire amer, Zagan avait continué avec un « Mais avant cela ».

« Tu as blessé Néphy, n’est-ce pas ? » Le sol s’était alors effondré. Le substrat rocheux s’était fissuré tout autour de Zagan, alors qu’il faisait un seul pas vers l’avant.

 

 

« Argh..., » quand Barbatos s’était finalement placé en position défensive, Zagan se tenait déjà juste devant lui.

« Fils de..., » commença à crier Barbatos.

« D’abord, je prendrais tes bras, » Barbatos avait avancé ses bras comme s’il allait utiliser une certaine sorte de sorcellerie, mais Zagan les avait poussés d’une seule main. Alors qu’un son désagréable de quelque chose se brisant avait résonné dans l’air, les deux bras de Barbatos se plièrent dans une direction impossible.

« Quoi — ? » s’écria Barbatos.

« Ensuite, cela sera ton genou, » en réponse au cri de Barbatos, Zagan l’avait fait tombé au sol sans pitié. Non, ce n’était pas tout à fait exact. Il avait frappé l’un des genoux de Barbatos en diagonale depuis le haut. En raison de cette seule frappe, l’articulation de son genou s’était brisée en morceaux.

« AGUAAAH ! » Barbatos s’était évanoui, faisant mousser de la bave hors de sa bouche à ce moment-là.

Il n’y avait que quelques instants qui s’étaient écoulés depuis que Zagan était intervenu.

Puis après un dernier regard sur son ami indésirable, dont les bras et la jambe avaient été brisés et qui était étendu sur le sol comme une chenille, Zagan était tombé à genoux devant Néphy.

Il avait arraché les chaînes qui liaient ses mains et ses pieds à l’aide de la pure force, puis il avait enlevé le collier. Celui qu’elle portait était différent de celui d’avant, et pouvait fort heureusement être enlevé par la force sans véritables tours de passe-passe.

Vérifiant qu’il n’y avait plus rien qui la liait, Zagan regarda finalement le visage de Néphy. Ses cheveux blancs comme neige étaient souillés de terre, et ses yeux étaient pleins de larmes.

« Aaah, euh... Est-ce que cela te fait mal ? » demanda Zagan.

« Ça fait mal, c’est sûr, » répondit Néphy.

« C’est normal, n’est-ce pas... ? Désolé. » Avec un coup de poing, Néphy lui avait frappé la poitrine.

« Mais plus que moi, Maître, vous aviez l’air de souffrir... beaucoup plus que moi, » déclara Néphy.

« ... Est-ce vraiment le cas ? » demanda Zagan.

De grosses larmes tombèrent des yeux de Néphy pendant qu’elle continuait à lui parler.

« Je ne suis pas sûre de ce qui vous est arrivé, Maître. Si vous dites que vous n’avez pas besoin de moi, alors je l’accepterai, mais —, » Néphy s’accrocha à la poitrine de Zagan, puis elle déclara. « Il n’y a aucune chance... que je sois d’accord pour que cela vous fasse mal, Maître ! »

C’était la première fois qu’il entendait Néphy parler avec tant de force et de volonté.

« Ai-je l’air d’être blessé ? » demanda Zagan.

« Oui, » répondit Néphy.

« Pour le dire franchement, je dirais que c’est moi qui te fais souffrir..., » déclara Zagan.

« C’est une question différente de celle de savoir si vous êtes blessé ou non, Maître, » répliqua Néphy.

« Comme je le pensais, je t’ai fait du mal, hein ? » demanda Zagan.

« S’il vous plaît, n’essayez pas de changer de sujet, » déclara Néphy, agissant de façon très stricte. Et, tout en s’accrochant à lui, Néphy leva les yeux vers le visage de Zagan.

« S’il vous plaît..., ne me laissez plus jamais seule, Maître. » Lentement mais sûrement, la chaleur s’élevait dans les profondeurs de sa poitrine.

T’ai-je laissée toute seule ? Et pourtant, loin de le maudire, c’était ce qu’avait dit Néphy.

L’idée de l’étreindre et d’essayer de la reconquérir semblait beaucoup trop difficile après tout ce temps.

« Néphy..., », mais plus que toute autre chose, à ce moment-là, il y avait quelque chose qu’il avait simplement à lui dire.

 

 

Et juste au moment où il essayait de prononcer ces mots...

« Connard, ne fais pas comme si tu avais gagné sans même m’achever ! » Barbatos s’était levé, ayant probablement restauré ses bras et jambes écrasés.

Sous ses pieds, un cercle magique rouge sang se déployait.

« Maître ! » Néphy avait poussé un cri, mais Zagan avait calmement caressé sa tête.

« Ne t’inquiète pas. Il ne se passera rien, » déclara Zagan.

« Quoi — ? » s’écria Néphy.

Et bien sûr, comme Zagan l’avait dit, rien n’était sorti du cercle magique. Il n’y avait aucune chance que Barbatos n’invoque pas sa sorcellerie. Cependant, même s’il l’avait fait, il ne s’était rien passé.

« Que... s’est-il passé... !? » demanda Néphy.

Tandis que Néphy revêtait une expression perplexe, Zagan avait parlé.

« Avant, nous parlions d’une sorcellerie ultime qui n’existait qu’en théorie, n’est-ce pas ? » Il s’agissait d’une sorcellerie qui détruisait d’autres sorcelleries en ajoutant un circuit à l’intérieur d’un cercle magique. Elle existait en théorie, mais elle était impossible de la mettre en pratique.

« Pour te dire la vérité, il y a une méthode sournoise pour l’utiliser. » Il avait ensuite passé son doigt dans l’air en disant cela, dessinant un cercle magique identique à celui du sol.

« S’il s’agit d’une copie exacte du cercle magique de ton adversaire, tu peux l’empiler à l’intérieur de l’autre. Si tu fais cela, alors un phénomène de résonance se produira, » déclara-t-il.

La première fois que Zagan avait utilisé la sorcellerie, c’était à l’âge de huit ans. À l’époque, le jeune vagabond Zagan avait été capturé par Andras pour être utilisé en tant que sacrifice.

Zagan comprenait déjà ce que cela signifiait pour un enfant comme lui avec une identité inconnue d’être capturé par un sorcier. C’est pourquoi il avait mémorisé la forme du cercle magique lorsqu’il avait été capturé et l’avait tracé en secret sur son propre bras. Puisqu’il n’avait rien pour écrire, Zagan avait même été forcé d’utiliser son propre sang.

En y repensant, ce n’était rien d’autre que l’idée superficielle en provenance d’un enfant. Après tout, un amateur qui imitait simplement la forme ne pourrait jamais utiliser quelque chose comme la sorcellerie. Et contre toute attente, Zagan avait réussi.

Alors qu’il tentait de s’enfuir, il avait été découvert par Andras, et au moment où Zagan était sur le point d’être tué par un éclair... Zagan avait utilisé exactement la même sorcellerie.

Ce n’était probablement qu’une coïncidence. Lorsque la même sorcellerie avait été invoquée sans le moindre décalage dans le temps entre les deux, la sorcellerie résonnante avait rebondi sur Andras.

Cependant, ce n’était pas un phénomène aussi simple qu’il y paraissait. Si l’on essayait d’empiler des sorcelleries identiques, soit elles se déchargeaient spontanément toutes les deux, soit elles retournaient toutes à celui qui avait essayé de le faire. Et en premier lieu, l’invocation n’arriverait probablement jamais à temps.

C’était un miracle qui s’était produit parce que la même sorcellerie était empilée sur celle d’un ennemi en une fraction de seconde et Zagan avait tué Andras.

Il l’avait transformé en une technique qui n’appartenait qu’à Zagan — le pouvoir qui avait poussé ces douze Archidémons à choisir Zagan comme leur camarade assermenté.

Barbatos avait ensuite reculé.

« R-Ridicule... dis-tu que c’est l’héritage d’Andras ? » demanda Barbatos.

« Andras... ? Ah, maintenant que tu en parles, il y avait un type avec ce nom... A-t-il aussi réussi un tel exploit ? » En prenant cela en considération, il était étrange qu’il soit mort si facilement.

Sachant que ce n’était pas le cas, le visage de Barbatos était devenu complètement bleu.

« Qu’est-ce que tu es, bordel !? » Devenu complètement frénétique, Barbatos s’était mis à balancer avec frénésie sa sorcellerie.

Ils se trouvaient à l’intérieur de sa barrière. Le pouvoir de Barbatos avait été augmenté à son extrême limite, et inversement, le pouvoir de Zagan avait été énormément réduit.

Néanmoins, pas une seule attaque de Barbatos n’avait fait mouche. À la place, elles avaient simplement disparu juste avant Zagan. Il avait copié le cercle magique de chaque sortilège que Barbatos invoquait, faisant provoquer une « résonance ».

Il l’avait fait en un instant, même contre quelque chose dont il n’avait été témoin que pour la toute première fois.

S’il y avait quelque chose à décrire comme étant le talent de Zagan, alors ce serait ça.

Néphy marmonna alors avec étonnement.

« Mais... pourquoi rien ne se produit-il ? Si la même sorcellerie est empilée l’une sur l’autre, alors la sorcellerie elle-même ne s’activerait-elle pas quand même... ? » demanda Néphy.

« Bien jouer, Néphy, » Zagan avait en toute honnêteté fait l’éloge à sa disciple, qui avait compris le cœur de l’affaire.

« Je ne t’ai expliqué que les bases. Même un amateur peut le faire au bon moment. Pourtant, la sorcellerie n’est-elle pas quelque chose que l’on développe ? » demanda Zagan.

La toute première chose que Zagan avait apprise fut le reflet de la sorcellerie à l’aide de la résonance. C’était ainsi que sa vie de sorcier avait commencé alors qu’il tentait de déterminer s’il pouvait utiliser la résonance pour faire plus que réfléchir les sorts.

En peu de temps, il avait réussi à absorber la sorcellerie qui était utilisée afin d’en faire son propre mana.

Après avoir laissé Barbatos être un fou furieux pendant un certain temps, Zagan avait déplacé sa robe alors qu’il avait étendu ses bras. Et il y avait plusieurs cercles magiques visibles sur son bras droit.

Les cercles magiques étaient tous dans un état activé, et le mana circulait continuellement à travers eux.

« Peux-tu les voir ? Ce sont des cercles magiques qui ont converti la sorcellerie que Barbatos a jetés, » en d’autres termes, ils avaient absorbé sa sorcellerie.

L’utilisation de la sorcellerie alimentait le pouvoir de Zagan. Même si un Archidémon l’attaquait, Zagan ne pourrait pas être tué par la sorcellerie. Et ce pouvoir exact lui avait permis de succéder à Marchosias.

« Cela dit, je ne peux toujours pas le convertir en quelque chose d’autre que la sorcellerie dans laquelle je me spécialise. Je dois le développer jusqu’à ce que je puisse l’appliquer à n’importe quelle sorcellerie. » Son pouvoir était encore trop peu raffiné. C’est pourquoi les Archidémons avaient traité Zagan de nain.

Après avoir entendu tout cela, le visage de Barbatos s’était tordu en raison de la peur.

« Es-tu en train de dire... que tu as dévoré ma sorcellerie ? » Le fait de pouvoir trouver une telle expression en un coup d’œil avait montré qu’il était aussi un sorcier de premier ordre.

La sorcellerie dans laquelle Zagan se spécialisait le plus... était l’amélioration physique. Il provoquerait une résonance dans la sorcellerie que d’autres sorciers utilisaient, puis la convertirait pour améliorer son propre corps. Il serait approprié d’appeler cela de la sorcellerie dévorante.

Soudain, Zagan avait parlé comme s’il se souvenait soudainement de quelque chose.

« Oh, c’est vrai, Barbatos. On m’a enfin donné un surnom, » il avait serré sa main droite en un poing fermé, et le cercle magique s’enroulant autour de son bras avait tourné pendant qu’il brillait.

« Le “Tueur de Sorciers”... Eh oui, c’est mon surnom. » Et alors, il avait fait avancer son poing.

Barbatos avait probablement une sorte de défense en place. Cependant, toute sa sorcellerie avait été absorbée par Zagan. Même s’il avait amélioré son corps, il n’y avait pas de sorcier qui excellait dans l’amélioration physique plus que son adversaire.

Bref, si Zagan balançait son poing, aucun sorcier ne pourrait l’arrêter. Et cela était également le cas même si, par exemple, il faisait face à un Archidémon.

« Argh..., » le poing de Zagan avait percé l’abdomen de Barbatos. Ses organes internes s’étaient rompus, et même la sensation de briser sa colonne vertébrale avait été transmise à Zagan.

Lorsque Barbatos fut emporté par la frappe, il tomba sur l’énorme cercle magique qui s’étendait dans toute la salle. Finalement, il s’était arrêté, mais n’avait saigné que lorsqu’il avait commencé à convulser.

Saisissant cette opportunité, Zagan avait donné la chasse, mais il l’avait fait à un rythme détendu.

« A-Attends un peu. J’ai... perdu. Je ne peux... plus me battre. Je ne montrerai plus jamais mon visage... devant toi... plus jamais... Je le jure. Je vais aussi... te transférer... toutes mes connaissances..., » déclara Barbatos.

Zagan avait serré le poing quand Barbatos avait commencé à supplier pour sa vie. Le nombre de cercles magiques s’enroulant autour de son bras avait diminué en nombre, mais il en restait encore beaucoup.

Le visage de Barbatos était devenu pâle en voyant ça.

« Zagan... ne sommes-nous pas... amis ? » lui demanda Barbatos.

Ce commentaire inesthétique avait fait pencher la tête de Zagan sur le côté en raison de la confusion.

« Est-ce que le concept d’amis... existe même pour un sorcier ? » Et alors, il avait déplacé son poing vers le bas.

Le sol rocheux s’était effondré et le cercle magique tracé à travers la grande salle s’était brisé sans laisser de trace. Mais la destruction ne s’était pas arrêtée au sol et s’était même étendue jusqu’aux murs et au plafond. Ces fissures empiétaient jusqu’au mur auquel Chastille était liée et cela avait libéré ses chaînes.

Quant à Barbatos, qui avait pris l’attaque à pleine puissance, il n’y avait même plus un seul morceau de viande... ou c’était comme ça que ça aurait dû être.

« Eu-Euh... ? » Les yeux de Barbatos étaient écarquillés. Le poing de Zagan avait atterri directement sur le côté de sa tête. Et en réponse au regard pathétique de son ami indésirable, Zagan avait ri.

« Hahahaha, je plaisante. Ne te chie pas dessus, mec, » déclara Zagan.

« T-Toi... ? Qu’est-ce que tu prépares ? » demanda Barbatos.

Zagan haussa les épaules devant ces mots.

« Cela ne me fait rien de te tuer, mais si je le fais, je ne pourrai plus boire d’alcool. Après tout, je ne sais pas comment juger de la qualité. »

« As-tu pitié de moi... ? » demanda Barbatos.

« Appelle cela plutôt, avoir le loisir de le faire, » déclara Zagan.

Barbatos s’était mis à bouger vers Zagan avant de répondre.

« Ne te fous pas de moi... Si tu me laisses vivre, je te tuerai. Je n’abandonnerai jamais ! » cria Barbatos.

« Je m’en fiche. Chaque fois que tu perdras, je te demanderai de me donner de l’alcool, » Barbatos avait alors ouvert en grand ses yeux, réalisant finalement ce que Zagan disait.

« Toi... C’est quoi ce bordel ? Veux-tu dire qu’il y a des avantages à laisser un ennemi en vie ? » s’écria Barbatos.

« Ah oui, à ce propos..., » Zagan avait frappé ses deux mains ensemble comme s’il avait oublié quelque chose.

« Barbatos, j’ai succédé à l’Archidémon Marchosias, » déclara Zagan.

Barbatos avait serré ses dents comme si c’était vraiment très frustrant. Et, tout en le regardant faire, Zagan continua à parler.

« Ne trouves-tu pas qu’un Archidémon qui n’en a rien à foutre des règles et des lois plutôt chouettes ? » Les douze Archidémons étaient extrêmement puissants et terrifiants.

Et après les avoir rencontrés, après avoir réalisé le rêve de chaque sorcier, il avait pleinement réalisé quelque chose. Et ce quelque chose était qu’ils ressentaient de la peur.

Ne te fous pas de moi. Comment avait-il si mal compris tout cela ? N’était-il pas devenu plus fort parce qu’il voulait vivre ? Ne cherchait-il pas la force parce qu’il détestait être une victime ? S’il devait céder face à la force d’un autre, c’était la même chose que de lui-même se trahir.

Parce que j’étais si pathétique, j’ai même fini par blesser Néphy. Zagan n’était pas du genre à rester un mauvais perdant. C’est pourquoi il avait déclaré avec audace son intention...

« J’agirais comme je le veux. Si je veux laisser Néphy vivre sous la lumière du jour, alors je dois simplement dominer tout ce qui est présent sous cette lumière, » et une fois de plus, il avait regardé Barbatos de haut.

« C’est pour ça que je ne te tuerai pas, parce que j’ai décidé de ne pas le faire. Si tu n’aimes pas ça, alors force-moi à t’obéir avec ta propre force, » continua-t-il.

Épuisé, Barbatos avait étiré ses membres. Il avait admis qu’il avait perdu non seulement en termes de pouvoir, mais aussi au niveau de la volonté. Dans le vrai sens du terme, c’était une pure perte.

« Quel merdeux arrogant ! » déclara Barbatos.

« C’est tout à fait vrai. Sans arrogance, comment vais-je survivre en tant qu’Archidémon ? » Et au moment où Zagan répondait... le cercle magique qui était placé de l’autre côté de la salle, et qui aurait dû avait été brisé, avait commencé à faiblement briller.

« ... Veux-tu toujours te battre, Barbatos ? » Comme prévu, Zagan faisait une tête exaspérée, mais Barbatos secoua la tête.

« Non, ce n’est pas de ma faute, » déclara Barbatos.

Zagan avait regardé vers le bas où il avait enfoncé son poing. Il s’agissait du centre du cercle magique. La sorcellerie de Zagan était en résonance avec d’autres sorcelleries, de sorte qu’il avait peut-être inconsciemment interféré avec le cercle magique.

Qu’est-ce que c’est ? Une quantité bizarre de mana se rassemble ? C’était un pouvoir que même Zagan ne pouvait pas absorber. Il n’était pas très éloigné de pouvoir le faire, mais il dépassait quand même la limite maximale permise pour un humain.

« ... Qu’est-ce que tu comptais faire ici ? » Le visage de Barbatos avait été affecté par un tressaillement.

« Cela pourrait... invoquer un vrai démon. » Les symboles utilisés par les sorciers, et peut-être même ceux utilisés par l’Église, seraient des lettres laissées par les dieux et les démons de l’Antiquité.

Est-ce qu’un vrai démon... peut être invoqué ? pensa-t-il.

Il s’agissait d’un abîme de la sorcellerie, dont le jeune Zagan ne savait rien. Et ainsi, Zagan avait poussé un cri, paniquant visiblement.

« Néphy, cours ! Manuela, et les autres, courez également ! » Cependant, même Zagan savait que c’était une demande déraisonnable. Après tout, la grotte tremblait à un point tel qu’elle pouvait s’effondrer à tout moment.

Elle était déjà couverte des fissures issues de la frappe de Zagan, et maintenant il y avait la puissance de ce cercle magique en plus de cela. Le plafond avait commencé à s’effondrer, de sorte que même l’acte de se lever était devenu difficile.

« Argh. Qu’est-ce qui se passe ? » Malgré cela, Chastille avait rampé jusqu’à Néphy, et elle s’était placée au-dessus d’elle comme pour la protéger. À la fin, elle était un Chevalier Angélique. Même avec ses ailes, Manuela ne pouvait pas voler dans un endroit aussi confiné, donc elle ne pouvait pas bouger.

Pas d’autres choix que d’y faire face, hein ? Il ne savait pas ce qui se montrerait, mais son seul choix était de l’abattre.

Quelques instants plus tard, il était apparu en provenance du centre du cercle magique, et Zagan avait immédiatement réalisé son propre orgueil.

Peut-être qu’en raison du fait que le cercle magique était incomplet, ou peut-être parce qu’il avait été activé par coïncidence, ce n’était qu’une « ombre » qui ne possédait aucune forme distincte. Cependant, il ressentait toujours de la peur en voyant l’ombre.

Ça ne sert à rien. Un humain ne peut rien faire à quelque chose comme ça. Le simple fait de le voir lui faisait perdre son souffle en raison de la peur.

À ses yeux, même la rencontre avec les douze Archidémons n’était pas aussi intimidante.

Néphy avait pâli et elle tremblait. Chastille n’avait pas pu le supporter et avait perdu connaissance. Et Manuela couvrait son visage pendant qu’elle se recroquevillait.

C’est... un démon... ! On lui avait donné le deuxième nom « Tueur de Sorciers », mais le monstre devant lui maniait-il même la sorcellerie ? Et même si c’était de la sorcellerie, la puissance de Zagan serait-elle capable de la contrebalancer ?

C’était probablement impossible. Après tout, peu importe la puissance obtenue, l’homme ne pouvait pas devenir dieu.

Et ainsi, alors qu’il se préparait à mourir... Le monstre... s’était soudainement mis à genoux, presque comme si... il s’inclinait devant Zagan. Puis, il avait prononcé des paroles plutôt choquantes.

« Oh, mon roi. Ordonnez-moi comme bon vous semble. » Le monstre qui avait surpassé l’intellect humain... obéissait à Zagan.

Alors qu’il essayait de remettre en ordre ses pensées, il remarqua qu’un glyphe était apparu sur son propre poing. C’est l’Emblème de l’Archidémon dont il avait hérité... et le monstre s’inclinait devant lui.

Qu’est-ce que... je viens d’obtenir ? L’Emblème de l’Archidémon détenait beaucoup trop de pouvoir pour être considéré comme un simple titre.

***

Épilogue

Le soleil matinal s’étendait devant eux après la longue pause de l’aube.

Le monstre était rentré dans son monde après en avoir reçu l’ordre de Zagan. Il ne savait pas d’où il avait été convoqué, mais c’était certainement un endroit qu’il ne connaissait pas du tout.

Immédiatement après ça, la grotte avait commencé à s’effondrer, et Zagan avait été forcé de s’échapper en transportant Néphy, Chastille, Manuela et même Barbatos.

Il pensait vraiment que c’était surprenant qu’il y soit arrivé à temps.

Franchement, il n’aurait pas dû y arriver, mais au moment où il pensait que c’était fini, les trois Chevaliers Angéliques étaient venus à la rescousse. Et parce qu’ils avaient porté Chastille et Manuela, ils avaient tous réussi à le faire.

Il pensait qu’ils étaient totalement inutiles, mais à la toute fin, ils avaient vraiment été utiles.

... Eh bien, jusqu’à la fin, ils criaient d’une manière agaçante : « Nous ne faisions que donner la priorité à la sécurité de Lady Chastille et de la civile, donc ce n’est pas comme si nous coopérions avec un sorcier maléfique ou si nous les ignorerions. »

Et ainsi, ils avaient emporté Chastille et étaient partis. Ils avaient également récupéré l’Épée Sacrée que Barbatos lui avait confisquée. À la fin, il n’avait pas eu l’occasion d’échanger des mots avec elle puisqu’elle était inconsciente.

Après avoir emmené Chastille, Manuela était aussi rentrée chez elle.

« Il ne reste plus qu’à vous deux de discuter, d’accord ? » Elle avait laissé ces paroles fouineuses derrière elle pendant qu’ils se séparaient.

Et puis, il ne restait plus que Zagan, Néphy et Barbatos qui regardaient la grotte effondrée. Tout en regardant les morceaux de roches, Zagan avait posé une question à Barbatos.

« Alors, qu’est-ce que tu vas faire ? Vas-tu continuer ? »

« ... Haaaa, que veux-tu que je fasse après avoir vu ce monstre ? » Bien qu’encore imparfait, Zagan avait montré qu’il pouvait asservir le monstre — même maintenant il ne savait pas s’il fallait l’appeler « démon ».

À ce moment-là, il semblait que toute l’hostilité de Barbatos s’était brisée.

« Alors, on fait quoi ? Si j’apporte de l’alcool, est-ce que cela peut servir d’excuse ? » demanda Barbatos.

« Oui, mais je m’attends à quelque chose de première qualité, » répondit Zagan.

« Ouais ouais. » Après que Barbatos ait réussi à récupérer au point de pouvoir se lever, il avait disparu.

Cet homme était sûrement encore en train de comploter pour prendre Zagan au dépourvu avec un piège. Cependant, Zagan n’avait pas vraiment de problème avec ça.

Il était tout simplement ce genre d’homme, donc aux yeux de Zagan, il n’avait pas vraiment besoin d’être tué. Il ne pouvait pas se résoudre à haïr son ami indésirable, alors il l’avait laissé en vie.

Après cela, Zagan et Néphy étaient finalement restés seuls.

Que dois-je faire... ? Qu’est-ce que je devrais dire... ? Même s’il avait atteint le point où il pouvait lui parler correctement au cours de la dernière moitié de mois, il avait encore une fois perdu tout son sang-froid.

Dans tous les cas, il n’y avait eu qu’une seule journée écoulée depuis que Zagan avait blessé Néphy et l’avait chassée.

Alors que de la sueur s’était formée sur son front, la première à ouvrir leur bouche avait été Néphy.

« Maître, je veux... être à vos côtés, » déclara-t-elle.

« ... Est-ce que c’est acceptable ? Je t’ai maltraité, alors tu n’as pas à te forcer, » répondit Zagan.

« Maître, avec vous... c’est parfait. » Et Zagan avait peut-être été charmé par elle avec ça.

Qu’est-ce qui se passe ? Es-tu devenue plus forte ? Se demanda-t-il.

Comparée à Zagan, qui était complètement perdu en essayant de transmettre un seul mot, elle était beaucoup plus forte. Et ainsi, Zagan avait répondu avec un visage troublé.

« Cependant, cela ne peut pas être comme avant, » déclara-t-il.

« Cela... ne peut pas ? » lui demanda-t-elle.

« Tout à fait, ça ne peut pas. » Tandis que Zagan s’agenouillait devant Néphy, il avait regardé droit dans ses yeux azur.

Il avait des mots qu’il devait lui transmettre. Il avait besoin de dire qu’il ne la laisserait plus seule. Il avait besoin qu’elle sache qu’il la protégerait, même s’il devait employer toute l’autorité d’un Archidémon.

C’était jusqu’où il était prêt à aller pour la garder à ses côtés pour toujours. Et par-dessus tout... J’aime Néphy. Je suis amoureux d’elle.

Elle souhaitait toujours revenir vers lui après qu’il lui ait fait tant de mal. Si de tels sentiments ne lui avaient pas été transmis, il n’aurait pas eu le courage de dire ce qu’il pensait.

Après avoir lentement stabilisé sa respiration, Zagan avait ouvert la bouche pour parler.

« Je ne veux pas que tu m’appelles Maître... Utilise mon nom à la place, » déclara Zagan.

Néphy l’avait regardé avec étonnement après avoir dit cela.

« Est-ce que “Maître” n’est pas bon ? » lui demanda-t-elle.

« Oui, ce n’est pas bon. Si tu m’appelles comme ça, tu seras une esclave, peu importe combien de temps passe, et je ne serai rien de plus que ton propriétaire, n’est-ce pas ? » Zagan avait saisi les épaules de Néphy.

« Pas une esclave, pas une servante, pas même un disciple... Je ne veux pas que notre relation soit comme ça, » déclara-t-il.

« Qu-Que voulez-vous dire par là... ? » Ses oreilles pointues avaient commencé à trembler comme si elles étaient convulsives.

Et Zagan tremblait aussi pendant qu’il parlait.

« Ce qui veut dire que je t’ai... euh... me, » balbutia-t-il.

Je t’aime, cette simple phrase ne sortirait pas, comme si elle était prise au fond de sa gorge.

Sa gorge était asséchée, alors ses mots s’étaient éteints. Il avait vaincu Barbatos en un instant, et même détourné un démon, mais maintenant ses genoux tremblaient pathétiquement.

Et comme si cette discorde en lui prenait fin, quelques mots un peu bizarres étaient sortis de la bouche de Zagan.

« Tu m’appartiens. Pour toujours, jusqu’à ce que l’un de nous meure, non, même après la mort ! » Après avoir dit cela, il s’était effondré sur le sol, clairement sans force.

Pourquoi ne puis-je pas transmettre ce mot simple, « amour » ? Elle lui avait volé son cœur dès qu’il l’avait vue. Désireux d’être aimé d’elle, il avait tout chamboulé dans sa vie pour elle au cours du dernier demi-mois. Pourtant, parce qu’il était un lâche et un timide, il n’avait fait que lui faire du mal. Et même si c’était le moment idéal pour ouvrir son cœur et transmettre ses sentiments, Zagan était incapable de le faire.

Alors que les larmes commençaient à monter dans ses yeux à cause de son incompétence, Néphy avait répondu avec joie.

« Oui ! » Elle hocha la tête comme toujours, souriant comme une fleur en pleine fleuraison.

Néphy... sourit..., pensa-t-il.

Il s’agissait de la toute première fois que Zagan pouvait voir une telle expression. Et, alors qu’il avait été involontairement fasciné par cela, Néphy avait sorti les deux morceaux de son collier. Jusqu’à il y a quelques heures, il était enroulé autour de son cou. Cependant, parce qu’il avait été enlevé avec la clé, il n’avait pas été brisé.

« Pourriez-vous... s’il vous plaît le remettre sur moi ? » lui demanda-t-elle.

« Non, ce n’est pas bon, non ? C’est pour un esclave... » Alors que Zagan commençait à parler, Néphy plaça son index contre ses lèvres.

« C’est très bien ainsi. Pour le Maître et moi... » Alors qu’elle commençait à dire quelque chose, Néphy marmonnait comme si elle était troublée quant à la façon de continuer.

« N’est-ce pas la première chose qui a relié le Maître Zagan et moi ? » demanda-t-elle.

Face à ces mots, Zagan avait pris le collier qu’elle avait placé dans sa main. Il était incapable d’exprimer ses sentiments. Et pourtant, Néphy disait de lui remettre le collier. Comme si... c’était un anneau de fiançailles.

C’était beaucoup trop grossier pour appeler cela une bague de fiançailles, mais pour eux deux, c’était indubitablement une « preuve » de leur lien.

« Bon, j’ai compris. » Et ainsi, Zagan avait placé le collier autour du cou de Néphy.

Il avait scellé le mana de Néphy, l’enchaînant, et c’était un morceau de fer généralement désagréable à regarder, mais c’était un symbole de bonheur pour eux deux.

Après cela, Néphy avait incliné la tête sur le côté alors qu’elle fixait Zagan sans émotion.

« Maître Zagan, » lui demanda-t-elle.

« Oui ? » demanda Zagan.

« Quelle est exactement notre relation si je ne suis pas votre esclave, servante ou disciple... ? », lui demanda-t-elle.

Le visage de Zagan s’était raidi. C’est moi qui veux demander ça ! Je veux que nous soyons des amoureux, pensa Zagan, mais son visage était rempli d’angoisse, car il était incapable de prononcer ces mots.

Moi, un Archidémon, j’ai fait d’une esclave elfe ma fiancée, mais comment lui exprimer mon amour ? Et de tout son cœur, il priait pour que quelqu’un lui apprenne à le faire.

***

Histoires courtes en prime

L’expérience culinaire de Néphy

« Maître, les préparatifs pour le déjeuner sont terminés, » déclara Néphy, alors que ses cheveux blancs comme neige se balançaient dans l’air.

« Je vois. J’arrive tout de suite. »

Zagan ferma le grimoire qu’il avait feuilleté jusqu’à maintenant et se leva. Il avait décidé de montrer sa gratitude pour avoir préparé ses repas pour lui avec le sourire, mais à la fin, il ne pouvait que se sentir légèrement déprimé de ne pouvoir rien faire d’autre que hocher la tête avec un regard aigri présent. En arrivant à la salle à manger, il remarqua que du pain, de la soupe et le plat principal, du ragoût d’agneau, étaient déjà alignés sur la table.

« Wôw, le déjeuner a l’air plutôt bon aujourd’hui. »

« Je suis indigne d’un tel éloge, Maître. » Même sans expression, les oreilles pointues de Néphy frémissaient joyeusement d’un coup face au compliment de Zagan.

« Mais tu n’as jamais mangé ce genre de repas, n’est-ce pas, Néphy ? Comment peux-tu le faire si parfaitement ? »

« L-Le qualifier de parfait, c’est un peu…, » Néphy marmonna en tenant timidement son tablier, puis continua en disant : « On ne m’a jamais donné à manger cela, mais on m’a chargée d’aider dans la cuisine. »

« Ah, tu l’as donc déjà fait ? »

« Non, je n’avais guère le droit de faire plus que peler les légumes. »

« Hein… ? Comment cela t’a-t-il aidé à apprendre à cuisiner ? »

Tandis que Zagan inclinait la tête sur le côté, dans un virage inhabituel, Néphy avait serré le poing et avait répondu d’une voix sérieuse. « Eh bien… Je regardais tout le temps attentivement. »

« Par regarder, tu veux dire les étapes à suivre pour cuisiner… ? » demanda-t-il.

« Il y en avait aussi, mais je veux dire… les ingrédients, » répondit Néphy.

Zagan pensait qu’elle plaisantait un moment, mais il semblait que Néphy était vraiment sérieuse.

« Les plats qu’ils cuisinaient dans ces casseroles sentaient toujours bon quand ils se mélangeaient avec les épices. Et pour le dire franchement, j’avais encore plus faim en voyant la plupart des… En tout cas, c’était douloureux à voir. C’est pourquoi j’ai fini par mémoriser comment le faire tout en les regardant avec nostalgie. »

« Ne se sont-ils pas fâchés contre toi pour ça ? » demanda-t-il.

« Parce qu’ils se mettaient en colère quand je le faisais, je les regardais toujours de la fissure dans la porte, » répondit-elle.

Zagan avait essayé d’imaginer la vue de cette fille sans expression qui jetait un coup d’œil depuis la fissure d’une porte. Dans son esprit, chaque fois que ses yeux rencontraient la personne qu’elle regardait, elle tremblerait sûrement au début. Rien que d’y penser, il pensait que son visage allait se détendre dans la joie.

« Maître, s’il vous plaît, ne riez pas, » déclara Néphy.

« Non, ce n’est pas comme si je riais. Écoute, mangeons maintenant, » déclara Zagan.

Et ce jour-là aussi, Zagan et Néphy étaient assis côte à côte et tenaient leurs cuillères à la main.

Chastille et les trois chevaliers

« Je suis l’archange Chastille Lillqvist… Bien que vous soyez malheureux de manier votre épée sous le commandement de quelqu’un qui a fait massacrer ses subordonnés sous leurs yeux, j’attends beaucoup de vous à partir d’aujourd’hui, messieurs. »

Trois Chevaliers Angéliques dans la fleur de l’âge s’étaient alignés devant Chastille alors qu’elle élevait une voix vaillante avec son Épée Sacrée à la main. L’autre jour, Chastille avait fini par perdre ses subordonnés dans un certain incident, alors ces trois hommes avaient été choisis pour les remplacer. Les trois Chevaliers Angéliques, cependant, secouèrent simplement la tête comme si elle était complètement à côté de la plaque.

« Nous devons manier nos épées sous les ordres de la Vierge à l’Épée Sacrée. C’est un honneur extraordinaire, alors qui, sain d’esprit, exprimerait son mécontentement ? »

« … Ce n’est pas nécessaire de me montrer un tel respect. Leur mort est de ma responsabilité, après tout, » déclara Chastille.

« Lady Chastille, nous sommes des Chevaliers Angéliques. C’est vrai qu’il est douloureux de perdre ses camarades, mais chacun d’entre nous a déjà décidé de mettre sa vie en jeu. La vue d’une jeune fille assez jeune pour être ma fille faisant une expression si découragée pèse plus lourd sur mon cœur que cela, je vous assure. Ah, asseyez-vous s’il vous plaît. »

Chastille s’était assise sans y penser et lui offrit une chaise.

« Il a raison. Nous ne vous demanderons pas de les oublier, mais vous n’avez pas besoin de porter seul un fardeau aussi lourd. Ah, on a fait du thé. Vous en voulez un peu ? »

« M-Mmm… Je suppose que je vais en prendre, » déclara Chastille.

« C’est aussi un gâteau populaire en ville. Profitez-en autant que vous le souhaitez. »

« Merci… Non, hein ? Du gâteau ? Est-ce vraiment le bon moment ? » demanda Chastille.

« Ah, pourriez-vous croiser les jambes pendant que vous tenez la tasse ? Oui, juste comme ça. »

Chastille avait suivi le flux et avait fait ce qu’ils avaient dit, ce qui avait fait que les trois chevaliers angéliques l’avaient regardée avec tendresse en souriant. Et tout à coup, Chastille était revenue à la raison.

« Vous foutez-vous de moi ? » demanda Chastille.

« Pardonnez-moi cette pensée ! Lady Chastille est comme une fille pour nous ! »

« En effet. Comme vous êtes la seule femme parmi les Archanges, il est aussi de notre devoir de vous montrer l’affection que nous montrerions à une fille en vous servant, Lady Chastille. »

« Est-ce comme ça que ça marche… ? » demanda Chastille.

La vigueur avec laquelle ils avaient parlé avait fait croire à Chastille qu’ils disaient la vérité.

« Non, attendez, c’est plutôt bizarre, n’est-ce pas !? Je suis votre officier supérieur, n’est-ce pas !? » demanda Chastille.

« Il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Dans un lieu public, nous servirons naturellement de boucliers silencieux, Lady Chastille. »

« Ce n’est pas le problème ici ! » s’écria Chastille.

Les Chevaliers Angéliques sentirent leur visage se relâcher en voyant Chastille au bord des larmes.

Elle ne ressentait aucun respect pour leur supérieur, mais tout en étant taquinée par eux, Chastille avait retrouvé le sourire qu’elle avait auparavant.

Habille-toi avec Manuela

« Bienvenue dans la boutique ! Entre, Néphy ! »

Manuela salua Néphy d’un ton joyeux alors qu’elle mettait les pieds à l’intérieur de la boutique. C’était une boutique de vêtements qui avait tout, des vêtements décontractés à l’équipement pour les aventuriers. Néphy était venue l’autre jour, mais elle avait oublié d’acheter quelque chose à ce moment-là. C’était ça la situation, mais Néphy avait été entraînée dans les profondeurs du magasin avant même d’avoir eu l’occasion d’expliquer ce fait.

« Euh, aujourd’hui, je suis…, » commença Néphy.

« J’ai compris, ne t’inquiète pas. Tu n’as probablement pas de vêtements de nuit, n’est-ce pas ? Tu n’en as pas acheté la dernière fois, alors j’ai pensé qu’il était temps pour toi de passer, » déclara Manuela.

Néphy avait regardé Manuela avec émerveillement, car elle pensait avoir eu raison sur l’affaire. Et malgré cela, pas un seul de ses autres muscles faciaux n’avait fait le moindre mouvement, ce qui était peut-être même assez impressionnant dans un certain sens. Après avoir atteint le vestiaire, elle s’était rendu compte qu’une gamme complète de vêtements de nuit était déjà prête pour elle.

« Heh… Maintenant, je vais te mettre toutes sortes de vêtements aujourd’hui, d’accord ? » déclara Manuela.

« Euh, la raison pour laquelle tu n’as pas dit que j’avais oublié d’en acheter l’autre jour serait…, » commença Néphy.

« Eh bien, ouais. Si ton maître était avec toi, il ne m’aurait pas laissée te faire essayer quelque chose d’indécent, hein ? » demanda Manuela.

« Je suis désolée. J’ai oublié quelque chose, alors je dois rentrer tout de suite, » déclara Néphy.

Manuela avait saisi fermement la nuque de Néphy alors qu’elle tentait de s’enfuir.

« Maintenant, ton maître va être ravi, tu sais ? » déclara Manuela.

Ces mots avaient fait bondir le cœur de Néphy. Et profitant de cette pause momentanée comme ouverture, Manuela ferma la porte et la loge fut fermée hermétiquement.

« Tout d’abord, ce négligé transparent ! Si tu t’approches de lui avec ça, même ton maître tombera d’un seul coup, tu vois ? » déclara Manuela.

« Hum… euh… ça ne remplit même pas le rôle de sous-vêtements… non ? » demanda Néphy.

« Hmmm, donc tu veux quelque chose de plus comme sous-vêtements, hein ? Alors… que dirais-tu de ces porte-jarretelles et de cette lingerie ? » demanda Manuela.

« C’est… c’est vraiment quelque chose… tu dors dans… !? » demanda Néphy.

Manuela avait déshabillé Néphy et lui avait changé de vêtements avec des mouvements si rapides qu’elle ne pouvait pas les suivre de ses yeux. Sa vitesse terrifiante avait amené Néphy à se demander s’il s’agissait d’une sorcellerie non identifiable. Finalement, après avoir vu Néphy tomber à genoux et pousser un soupir, Manuela avait fait une expression surprise.

« Cela s’applique aussi à ton maître, mais tu n’as pas beaucoup d’expérience, Néphy ? » demanda Manuela.

Après avoir fait cette remarque, elle avait fait claquer ses mains ensemble comme si elle ne pensait qu’à une mauvaise blague.

« Alors, et si tu faisais quelque chose comme ça pour lui ? » demanda Manuela.

« Un coussin à genoux… me dis-tu ? » demanda Néphy.

« Ouaip ! Pour vous deux, quelque chose de plus simple comme ça serait peut-être mieux, » déclara Manuela.

« … Si jamais j’ai l’occasion… Je vais l’essayer, » déclara Néphy.

Contrairement aux attentes, cette occasion s’était présentée beaucoup plus tôt qu’elle ne le pensait, mais c’est une histoire pour une autre fois.

Rencontre avec une créature duveteuse

« Maître, il y a une créature non identifiable présente. » Bien qu’elle parlait d’une voix monotone, le bout des oreilles pointues de Néphy s’affaissait. Elle avait l’air effrayée.

« Quelle créature ? » demanda Zagan.

La zone entourant le château de Zagan s’appelait la Forêt des Perdus, et de temps en temps, des monstres émergeaient. Ils étaient plutôt faibles, mais s’il y avait une possibilité qu’ils fassent du mal à Néphy, alors il fallait les détruire. Zagan écarta sa robe et se dirigea vers Néphy, mais…

« Qu’est-ce que… n’est-ce pas un chat ? C’est probablement un chat errant qui s’est perdu dans la forêt, » déclara Zagan.

« Un… chat… ? » demanda Néphy.

Zagan avait trouvé un chaton avec une fourrure de la même couleur que les poils de Néphy en inspectant la créature dont elle parlait.

« Qu’est-ce que c’est ? C’est la première fois que tu en vois un ? » demanda Zagan.

« Oui. Il n’y avait pas de tels animaux dans le Norden, » répondit Néphy.

« Les chats sont des animaux domestiques par ici. Après les avoir caressés doucement, ils s’attachent rapidement, ce qui plaît aux gens. En plus, ils sont complètement inoffensifs pour l’homme et les bêtes, » déclara Zagan.

Tandis que Zagan essayait de caresser la tête du chaton pour en faire la démonstration, il avait craché sur lui et s’était caché derrière Néphy.

« Argh… Toi, fils de… ! » s’écria Zagan.

Comment oses-tu rejeter mon contact ?

Zagan fit grincer ses dents, ses yeux injectés de rage sanguinaire, alors que le chaton lui échappait. Néphy prit alors timidement le chaton dans ses bras et caressa doucement sa fourrure.

« C’est si doux, » dit Néphy, sans expression pendant tout le temps, même si ses oreilles tremblaient comme si elle était profondément émue. Finalement, elle avait tendu le chaton vers Zagan.

« Je vous en prie, Maître, » déclara Néphy.

« Non, ce n’est pas comme si je voulais vraiment le caresser… Eh bien, peu importe…, » déclara Zagan.

Il ne savait plus qui faisait une démonstration à qui, mais Zagan avait quand même essayé de caresser la tête du chaton. Cette fois-ci, il avait l’air de l’accepter, puisqu’il n’avait pas tenté de s’enfuir.

« … Je vois. C’est vraiment doux, hein ? » déclara Zagan.

« Oui. C’est aussi très mignon, » déclara Néphy.

Mais tu es bien plus mignonne. C’est du moins ce qu’il voulait dire, mais Zagan n’était pas capable de prononcer des mots aussi romantiques.

Et ainsi, il continua simplement à regarder les oreilles de Néphy, qui frémissaient joyeusement, alors qu’il faisait semblant d’avoir du plaisir à caresser le chaton.

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Illustrations

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