
Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 18
Table des matières
☆☆☆
Prologue : Le vieil homme, l’arme ultime
Publiée conjointement par l’Alliance maritime et l’Empire du Grand Tigre de Haan, la déclaration de la libération complète du Domaine du Seigneur-Démon avait atteint les gens à travers tout le continent de Landia. Grâce à un compromis entre les deux parties, elle se présentait comme suit :
1) Les forces combinées de l’Empire du Grand Tigre et du Royaume de Friedonia avaient pénétré dans le Domaine du Seigneur Démon et avaient rencontré des entités connues sous le nom de démons dans les profondeurs du territoire. Bien que de brèves escarmouches se soient produites, après une rencontre avec le représentant des démons, Mao — que l’on pensait auparavant être le Seigneur-Démon Divalroi —, la fin des hostilités avait été décidée.
2) En échangeant des informations, nous avions appris que les démons sont une autre race humaine connue sous le nom de « Seadians » qui est venue de l’autre côté de la mer, au nord. Pour eux, nous étions connus sous le nom de « Landiens », c’est-à-dire le peuple qui habite le continent de Landia. La bataille contre les démons était une bataille contre l’humanité.
3) On avait découvert que les Seadiens étaient également attaqués par des monstres et qu’ils s’étaient réfugiés à Landia. Grâce à cela, un point d’intérêt commun avait été trouvé. Les forces combinées avaient travaillé avec Mao pour sceller la porte d’un autre monde d’où les monstres s’étaient d’abord déversés.
4) Avec la fermeture de la porte, les vagues de démons qui venaient une fois par décennie allaient probablement cesser. Les monstres existeront toujours dans chaque région, mais en collaborant avec les Seadiens pour les éliminer, ils ne tarderont pas à être complètement exterminés.
5) Haalga, la ville de l’extrême nord habitée par les Seadiens, sera placée sous un mandat conjoint de l’Empire du Grand Tigre et de l’Alliance maritime et recevra leur protection combinée.
L’Empire du Grand Tigre voulait cacher à son peuple que « Souma et Mao ont fermé la porte d’un autre monde » tout en soulignant ses propres contributions.
À l’inverse, le royaume de Friedonia voulait éviter que Souma soit célébré comme le héros qui avait libéré le domaine du Seigneur-Démon, craignant que cela n’attise la colère du royaume du Grand Tigre et de l’État pontifical orthodoxe lunaire. Si la vérité sur l’affaire devenait publique, il y avait un risque que la nouvelle de l’origine de Souma et des droits accordés à ceux de sa lignée apparaisse au grand jour.
Le désir de l’Empire d’insister sur leurs contributions et celui du Royaume de minimiser les leurs étaient en accord. L’annonce reflétait les intentions des deux pays, mais avait tout de même provoqué une vague d’euphorie sur le continent.
Lorsque les habitants de Landia avaient appris que le domaine du seigneur des démons, qui les avait tourmentés pendant des années, avait disparu et que les démons (les Seadiens) avaient accepté de cesser les hostilités, ils avaient pensé qu’une période de paix était enfin à portée de main.
Ceux qui avaient été chassés du nord avaient dû espérer qu’ils pourraient retourner chez eux. Cependant, ceux qui avaient une vision critique de l’exploit restaient mal à l’aise. La menace imminente du Domaine du Seigneur-Démon ayant été écartée, le continent était divisé en deux camps : l’Empire du Grand Tigre de Haan et ses alliés, et l’Alliance maritime. Sans ennemi commun, les deux factions parviendraient-elles à entretenir des relations amicales ? Un conflit pour la suprématie se préparait-il en arrière-plan ? En tout cas, c’est ce qu’espérait le peuple de l’empire du Grand Tigre.
Le toujours victorieux et invaincu (bien qu’on ne puisse pas vraiment l’appeler ainsi) Fuuga ne serait-il pas capable de réaliser l’exploit sans précédent d’unir le continent ? L’Alliance maritime était une grande faction composée du Royaume de Friedonia, de la République de Turgis, du Royaume de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes et du Royaume d’Euphoria. Chacune de ces nations devait paraître petite et faible à côté de l’Empire du Grand Tigre.
À la fin de la période des États en guerre en Chine, lorsque les Qin avaient annexé les six autres États, les gens n’auraient-ils pas espéré que les puissants Qin seraient capables de mettre fin au chaos et d’unir les sept États en un seul ?
Dans le chaos de la fin de la période Muromachi, les gens n’avaient-ils pas souhaité que Nobunaga unifie le pays du Soleil-Levant ? Et lorsqu’il était tombé, ne s’étaient-ils pas tournés vers Hideyoshi, puis vers Ieyasu après la mort de Hideyoshi ?
Le peuple, enchanté par le mythe de l’indétrônable Fuuga, n’aurait-il pas espéré qu’il soumette l’Alliance maritime et unisse le continent ? Le peuple avait espéré l’émergence d’un grand homme, et un grand homme s’était levé pour répondre à ces espoirs. Puis le peuple souhaitait encore plus d’exploits venant de ce grand homme, et il se précipitait, amassant leur espoir en lui-même.
Cependant, s’il ne parvenait pas à concrétiser ces espoirs, le peuple l’abandonnerait.
Pour éviter d’être abandonné par le peuple, le grand homme n’avait d’autre choix que de continuer à avancer, quitte à prendre des mesures drastiques. C’était le destin de tous ceux qui devenaient grands.
Ce que le peuple du Grand Empire du Tigre voulait maintenant, c’était un affrontement final entre le grand Fuuga Haan et Souma E. Friedonia de l’Alliance maritime. Ce désir était transparent pour le peuple de l’Alliance maritime, de sorte qu’une atmosphère de conflit inévitable balayait la joie initiale de la libération du domaine du Seigneur-Démon.
◇ ◇ ◇
Après être revenu à Parnam depuis la limite nord du continent, j’avais rapidement rassemblé les meilleurs cerveaux de notre pays.
Dans la pièce se trouvait une équipe fiable composée de Liscia, du Premier ministre Hakuya, qui était venu ici depuis le royaume d’Euphoria pour surveiller les lieux pendant mon absence, de son successeur Ichiha, de Julius le stratège blanc, commandant en chef de la force de défense nationale Excel et de son second Ludwin, ainsi que de Kaede, la conseillère de Ludwin.
Nous avions expliqué à ces individus comment Mao et moi avions fermé la porte d’un autre monde, ce qui impliquait un bref résumé de l’histoire de ce monde et des privilèges accordés à ceux qui portaient mon sang — le sang de l’ancienne humanité. Tous ceux qui avaient entendu l’histoire avaient l’air de vouloir se serrer la tête ou de venir de mordre dans quelque chose de désagréable.
« Dire que le fardeau ne pèserait pas seulement sur Souma, mais aussi sur les enfants… » déclara Liscia avec dépit. J’avais ressenti la même chose.
Les échecs des futurs habitants de la Terre étaient placés sur des enfants qui ne savaient même pas ce qu’était la Terre, après tout.
« Après avoir parlé avec Mao, j’ai pu arrêter ses fonctions les plus dangereuses comme l’ouverture de la porte de l’hémisphère nord et la création de nouveaux donjons. Je ne pense pas que l’on aura à nouveau besoin de mon sang immédiatement, mais… »
« Pourtant, ton sang sera nécessaire pour partir dans l’hémisphère nord », dit Julius en croisant les bras. « Si le royaume de Lastania était encore intact, j’aurais sûrement demandé à adopter l’un de tes enfants et de ceux de Roroa. Je voudrais que la lignée soit intacte si quelque chose devait arriver. »
« Oui, c’est vrai », ajouta Hakuya. « En tant que consort royal de la reine d’Euphoria, le royaume d’Euphoria aimerait aussi adopter l’un de tes enfants et de ceux de Maria. »
Même Hakuya est du même avis, hein ? m’étais-je dit. Je comprends ce sentiment, mais laissez-moi respirer.
« Bon, mettons de côté la question de l’hémisphère nord pour plus tard. Les problèmes du sud sont prioritaires », dis-je, ce qui fit que Kaede ouvrit la bouche avec un sentiment de tension.
« Vous voulez dire que… Fuuga Haan va enfin passer à l’attaque. »
« Eh bien, ceux de l’Alliance maritime sont les seuls pays qui peuvent encore s’opposer à lui maintenant », dit Excel en cachant sa bouche derrière son éventail. « Le pays de Fuuga a obtenu le soutien de la population grâce à une croissance constante. Bien qu’il ait libéré le Domaine du Seigneur-Démon, s’il cessait de progresser, ils commenceraient bientôt à faire face à un mécontentement interne. Cela entraînerait rapidement le déclenchement d’une guerre civile, et le maintien du pays deviendrait difficile. L’empire de Fuuga pourrait durer jusqu’à la fin de sa vie naturelle, mais il éclaterait peu de temps après. »
« Le fait est que son pays n’a pas d’autre choix que de se battre, n’est-ce pas ? » demanda Ludwin en soupirant.
Fuuga avait mis la main sur des administrateurs compétents comme Lumière. S’il voulait y mettre du sien et planifier, il pourrait probablement prolonger la vie de son pays au-delà de sa mort. Mais avec sa personnalité du tout ou rien, il ne pouvait pas prendre cette décision.
« Fuuga veut confier son destin à ses propres talents », avais-je affirmé. « C’est un homme d’ambition, qui demande au monde jusqu’où il peut aller. C’est pourquoi il ne s’arrêtera jamais. Il va sûrement déclarer la guerre à l’Alliance maritime, et sa première cible sera le royaume de Friedonia, qu’il considère comme la plus grande menace. »
Une vague d’expressions tendues avait envahi toutes les personnes présentes dans la pièce. Personne n’avait adopté un point de vue optimiste ou n’avait exprimé une position contraire. Tous avaient compris qu’il s’agissait de la vraie nature de Fuuga.
« Il n’arrête pas son avancée. Même si nous le repoussions à plusieurs reprises, il se relèverait implacablement, puis reviendrait à la charge. L’époque — le peuple — veut de lui. C’est ce que signifie être Fuuga Haan. Le héros né à cette époque est protégé par l’époque dans laquelle nous vivons. C’est pourquoi, si nous voulons l’arrêter, nous devons changer l’époque elle-même. »
Le seul moyen de vaincre Fuuga était de mener le monde vers une ère où les gens ne le rechercheraient pas.
« Je crois que je sais comment faire exactement cela. Je m’en suis rendu compte après que nous ayons atteint Haalga, la ville dirigée par Mao, le chef des Seadiens. Écoutez bien ce que je vais vous dire… »
J’avais ensuite expliqué la méthode que j’avais trouvée à Haalga pour vaincre Fuuga. Tout le monde pencha la tête sur le côté à certains moments, mais avec suffisamment d’explications, ils comprirent.
« Je vois. Est-ce ainsi que cela fonctionne ? » Excel me fit un sourire qui montrait qu’elle n’était pas tout à fait mécontente de la situation. « Tu m’as dit que ce n’était pas une question de tactique ou de stratégie à Haalga, mais… Oui, je suis tout à fait d’accord pour dire que ce n’est ni l’un ni l’autre. Hee hee ! Si tu y parviens, je suis sûre que les habitants de l’empire du Grand Tigre ne pourront pas réagir. »
« C’est sans aucun doute une manœuvre efficace. Si ça marche, je pense que Fuuga et Hashim auront beaucoup de choses à se mettre sous la dent », approuva Julius. Mais il pencha la tête sur le côté et ajouta : « Cependant… ne faudra-t-il pas du temps pour la mettre en pratique ? »
« Oui… on m’a dit que ça prendrait encore une demi-année », avais-je dit.
« Fuuga ne peut pas bouger tant qu’il n’a pas rallié le sentiment populaire, mais il attaquera probablement dès qu’il sera prêt à le faire. Il ne va pas attendre que nous soyons prêts. »
« C’est pourquoi nous devons gagner autant de temps que nous le pouvons. »
Ichiha, qui écoutait depuis tout ce temps, leva la main avec hésitation. Étant le plus jeune entouré de toutes ces personnes expérimentées, il devait se sentir assez nerveux.
« Ichiha ? » Je l’avais appelé par son prénom. Il sembla trouver sa résolution et s’avança.
« Hum… Dans ce cas, je pense que nous ne pouvons avoir recours qu’à une stratégie de retardement. Même si Fuuga attaque, nous devons faire en sorte qu’il soit difficile de mener une bataille décisive. Si nous défendons les frontières, cela aboutira rapidement à une bataille décisive, alors je pense que nous devons nous esquiver à certains moments, nous défendre à d’autres, et nous retirer lentement. »
Ce style de combat nous coûtait beaucoup d’efforts. Cependant, il n’y avait probablement pas d’autre moyen pour nous de gagner du temps contre l’Empire du Grand Tigre. Le fait de pouvoir donner une opinion réaliste comme celle-ci, même si elle n’était pas facile à entendre, montrait qu’il prenait de plus en plus conscience de son rôle de successeur d’Hakuya.
« Oui. C’est pourquoi je voulais réunir tout le monde ici pour élaborer notre stratégie et nos tactiques en gardant cette politique à l’esprit. Les cerveaux de ce pays se trouvent ici même. J’espère que vous pourrez tous trouver de meilleures stratégies que moi. »
Tout le monde hocha la tête pendant que je disais cela. Puis Hakuya leva la main.
« Si c’est de cela qu’il s’agit, alors il y a deux personnes que j’aimerais voir se joindre à nous au quartier général du commandement. »
« Hmm ? Ça ne me dérange pas. Qui appelleras-tu ? »
Hakuya sourit. « Il y a des gens que vous connaissez bien, Sire. »
◇ ◇ ◇
Quelques jours plus tard, dans la nouvelle ville de Venetinova…
« Et c’est pourquoi je veux que tu te rendes à Parnam sans tarder. »
Il y avait une personne que Weist Garreau, le seigneur de cette ville, avait personnellement convoquée dans son bureau. Cette personne était venue sans savoir pourquoi elle avait été appelée, et venait de recevoir un ordre royal du roi Souma de se présenter au château.
L’homme eut l’air abasourdi pendant un instant, mais cria de surprise dès qu’il comprit ce qu’on lui demandait. « Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi moi ? »
Weist donna à l’homme l’ordre écrit, puis lui donna une tape rassurante sur l’épaule.
« Sa Majesté et le Premier ministre en robe noire veulent te voir. N’est-ce pas un honneur ? J’espère que tu feras de ton mieux pour eux en tant que représentant de cette ville, Sire Urup. »
« … »
La bouche d’Urup s’ouvrit sans mot dire devant le sourire affable de Weist, qui avait même fait baisser sa garde au prince souverain Gaius d’Amidonia.
☆☆☆
Chapitre 1 : Les petites tromperies sont une affaire de famille
Partie 1
Lors de la construction de la nouvelle ville de Venetinova, en 1546e année du calendrier continental, le vieil homme Urup avait raconté à Souma la légende du dieu de la mer, qui mettait en garde contre les dangers d’un tsunami.
Après sa rencontre avec Souma, les plans de la ville avaient été modifiés. Urup avait déménagé à Venetinova, où il continua son travail de pêcheur tout en travaillant comme conteur à côté, racontant aux gens les légendes et ce qu’il fallait faire en cas de tsunami.
Au fil des ans, le dur labeur de la pêche poussa l’endurance d’Urup à ses limites. Il finit par laisser ce travail à ses enfants et petits-enfants pour se concentrer sur son métier de conteur. Il se rendait dans les crèches — sur le modèle de celle du château de Parnam — et racontait ses contes aux enfants. Après avoir fait cela pendant un certain temps, il eut un jour une idée.
Il doit y avoir des légendes avertissant des catastrophes naturelles dans chaque région. Celles qui ne concernent pas seulement les tsunamis, mais aussi les glissements de terrain dans les montagnes et les vallées, et les inondations près des rivières sur les plaines. Près des forêts, il y a aussi des bêtes dangereuses. Toutes ces légendes… ont-elles vraiment leurs propres conteurs ?
Grâce aux connaissances acquises dans son ancien monde, Souma avait reconnu la valeur de la légende du dieu de la mer d’Urup et lui avait accordé beaucoup d’importance. En revanche, jusqu’à ce qu’il rencontre Souma, Urup ne connaissait pas la valeur de la légende qu’il racontait. Il était possible qu’à la fin de sa vie, la légende soit perdue. Et si personne ne connaissait la légende lorsque le jour de la calamité arriverait, combien de vies seraient perdues ?
Je frémis à l’idée d’y penser. Et je ne supporte pas de voir les légendes que nos ancêtres se sont donné la peine de nous laisser s’évanouir, inaperçues…
À ce moment-là, Urup eut un éclair d’inspiration.
Aussi vieux qu’il soit, il ne serait pas étrange qu’il tombe raide mort d’un jour à l’autre. Dans ce cas, il consacrera le temps qu’il lui restait à rassembler des légendes et à devenir le conteur de toutes ces légendes. Une fois cette décision prise, Urup agit rapidement. Il rédigea immédiatement une lettre à Souma pour lui expliquer ce qu’il pensait. Le temps passé à apprendre à lire et à écrire après avoir pris sa retraite de pêcheur en valait bien la peine.
« À Sa Majesté Royale, bien que je ne puisse résister aux vagues du temps ni ramer plus longtemps en mer, je prends maintenant cette plume dans l’espoir d’accomplir une dernière tâche. Haha ! » Souma rit aux éclats après avoir lu la première ligne de la lettre, sans se soucier de qui l’entend. « Ce vieil Urup va devenir folkloriste, hein ? Il a encore beaucoup d’énergie ! »
Essuyant ses larmes sous le regard étonné de Liscia et des autres, Souma commença à rédiger une lettre d’approbation sur-le-champ où il promit de financer l’entreprise. De plus, il délivra également un certificat attestant que les recherches d’Urup étaient approuvées par le roi et que les gens devaient coopérer avec lui. Il s’arrangea même pour que Juno, Dece et d’autres aventuriers dignes de confiance escortent le vieil homme dans ses déplacements.
Plus tard, cette lettre d’Urup fut offerte au musée de la capitale et devint l’une de ses principales pièces d’exposition. Mais c’est une histoire pour un autre jour…
« Hé, vieil homme Urup, j’ai apporté une lettre pour toi de la part du roi. »
« Oh, ma fille ! Dépêche-toi, et montre-la-moi ! »
Après avoir lu la réponse envoyée avec Juno et les autres aventuriers, Urup alla voir sa famille. Ils étaient raisonnablement inquiets de sa récente tendance à faire des choses dangereuses à son âge, mais il ne laisserait pas cela le ralentir.
« Je m’en vais pour l’instant ! », annonça-t-il, et il se mit en route.
« D’accord, par où commencer, mon vieux ? » demanda Juno.
Urup se frotta la moustache et dit : « Les catastrophes impliquant de l’eau sont effrayantes, alors nous allons d’abord longer la côte, puis je pense que cela sera les rivières. Ensuite, ce sera les montagnes. Une fois que j’aurai recueilli des légendes de partout, nous devrons retourner à Venetinova pour que je puisse les compiler. »
« Cela semble incroyablement chronophage… »
« Bien sûr. J’ai l’intention de passer le reste de ma vie à le faire. »
Sur ce, Urup se mit à marcher avec beaucoup d’entrain.
Normalement, les missions d’escorte se faisaient d’un village à l’autre. Juno et les autres se joignaient à lui lorsque cela correspondait à leurs plans. Dans les cas où cela ne leur convenait pas, Urup était accompagné par d’autres aventuriers de confiance de la guilde qui avaient reçu une demande du royaume.
Certains se méfiaient d’Urup et de son entourage qui se renseignaient sur les légendes locales, mais en voyant le certificat écrit du roi Souma, ils changèrent rapidement d’attitude avant de coopérer. Les gens qui avaient assisté aux rencontres d’Urup répandirent des histoires à leur sujet qui étaient exagérées de façon amusante. Plus tard, il y eut même une pièce de théâtre intitulée « Le voyage du Vieil Urup » dans laquelle il ressemblait un peu à un certain vieux dirigeant retraité de la région de Mito.
D’ailleurs, les membres qui l’accompagnaient dans cette pièce, comme Suke et Kaku dans l’original, faisaient toujours partie du groupe de Juno. (Même si ce ne sont pas toujours eux qui voyagent avec lui… mais on s’éloigne un peu trop du sujet.)
C’est ainsi qu’Urup parcourut tout le pays, enquêtant sur les mythes et les histoires populaires qui étaient restés comme des leçons de chaque région. Il revenait ensuite à Venetinova pour les compiler avant de repartir enquêter sur d’autres légendes. Ses compilations éditées étaient soumises au pays sous forme de rapport, et Souma et Hakuya étaient satisfaits du travail qu’il accomplissait.
Un jour, après que cela ait duré quelques années…
À son retour à Venetinova pour compiler le dernier lot d’histoires, Urup reçut une convocation du seigneur Weist Garreau et reçut l’ordre de Souma de se présenter au château de Parnam. Le lendemain, une gondole-wyverne arriva pour le conduire à la capitale, et en un rien de temps, Urup devint un homme du ciel.
Ai-je fait quelque chose qui l’a offensé ? Y a-t-il quelque chose dans mon rapport qui n’a pas plu au roi ou au Premier ministre ?
La gondole était spacieuse, au service de la famille royale, mais Urup se blottit dans un coin de celle-ci. Alors qu’il se demandait comment il en était arrivé là, la gondole continua son voyage. Avant qu’il ne s’en rende compte, ils avaient atterri dans la cour du château de Parnam.
« Vous devez être Maître Urup. C’est gentil d’être venu », salua poliment la servante en chef, Serina, alors qu’il débarquait avec hésitation de la gondole.
Bien que lié au roi Souma, Urup était toujours un roturier. Il était sidéré d’être accueilli comme une sorte de noble ou de ministre.
Serina fit un geste vers sa droite avec la paume de sa main droite. « S’il vous plaît, venez par ici. »
Urup lui emboîta le pas sans dire un mot. Il était habitué à Souma et à certains autres à ce stade, mais même les couloirs du château lui semblaient si formels qu’il se sentait nerveux. Il marcha jusqu’à ce qu’on l’emmène dans une pièce.
« Veuillez attendre ici un moment », déclara Serina en s’inclinant, puis en prenant congé.
En plus d’être décorée de peintures et d’autres œuvres d’art, la pièce comportait également deux grands canapés rouges confortables. Cela semblait être une sorte de chambre d’attente.
« Puis-je m’asseoir… ? »
Urup, qui était un peu avare, hésita à s’asseoir sur quelque chose d’aussi opulent. Après avoir lutté pendant un certain temps, il entendit une voix de l’autre côté de la porte.
« Veuillez attendre un moment dans cette pièce. Sa Majesté sera bientôt avec vous », déclara-t-elle.
La porte s’entrouvrit et il aperçut la servante dragonewt Carla de l’autre côté.
Puis, soudain, une personne fit irruption dans la pièce. C’était un grand homme barbu qui avait l’air encore plus déplacé dans le château qu’Urup.
Qui est ce type ? Il me semble que c’est un bandit, pensa Urup.
Leurs regards se croisèrent et le grand homme dit : « Hm ? Le roi t’a aussi convoqué, vieil homme ? »
« Je m’appelle Urup, je viens de Venetinova. Qui demande ça ? »
Si le grand homme se montrait violent dans cette pièce, il pourrait casser le vieil homme en deux. Cependant, Urup bomba le torse, ne voulant pas perdre face à lui, au moins dans l’attitude.
Voyant le comportement d’Urup et sentant qu’il avait effrayé le vieil homme, ce dernier se gratta l’arrière de la tête avec un sourire gêné.
« Je m’appelle Gonzales. Je suis le capitaine de l’équipe de sauvetage en montagne. J’ai reçu un appel soudain du roi aujourd’hui… Toi aussi, mon vieux ? »
« Oui… Je l’ai reçu. » Sentant que l’homme ne représentait pas un danger pour lui, Urup relâcha sa garde. « J’ai entendu parler de l’équipe de secours en montagne lorsque j’ai voyagé dans les villages de montagnes. Sa Majesté les a mis en place pour rechercher et secourir les gens qui se perdent. Beaucoup de ses membres sont d’anciens bandits des montagnes qui ont quitté cette vie de crime, mais les gens leur font confiance parce qu’ils connaissent bien les montagnes et sont prêts à aller n’importe où pour aider les gens. »
« Héhé héhé… Tu me fais rougir, là », dit Gonzales, sans avoir l’air de s’en préoccuper le moins du monde. Un sourire rendait n’importe qui un peu plus charmant, mais il avait le charme d’un ours totalement détendu.
« On t’a aussi appelé, n’est-ce pas, mon vieux ? As-tu entendu quelque chose ? »
« Non, je ne connais pas non plus les détails… »
Alors qu’ils discutaient, la porte s’ouvrit et Souma entra dans la pièce avec Hakuya à sa suite.
« Vieux Urup, Gonzales. Désolé de vous avoir convoqués si rapidement », dit Souma d’un ton désinvolte.
« Merci d’avoir pris la peine », ajouta Hakuya en inclinant la tête.
« V-Votre Majesté ! »
« Mon roi… Oh, désolé. »
En réponse à l’apparition soudaine de leur roi, Urup se prosterna précipitamment, tandis que Gonzales mit un genou à terre d’une manière qui ne semblait pas lui être familière.
Avec un sourire en coin devant leurs réactions, Souma déclara : « Non, non. Ne vous sentez pas obligés d’agir de façon formelle. Allez, levez-vous, vous deux. »
Les deux hommes se levèrent, ne sachant pas trop quoi penser de tout cela.
Souma sourit et leur dit : « Merci à tous les deux d’être venus. Il y a quelque chose pour lequel j’ai vraiment besoin de votre aide à tous les deux. »
Urup et Gonzales se regardèrent l’un et l’autre.
☆☆☆
Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.