Divas de la Bataille – Tome 2
Table des matières
- Prologue
- Chapitre 1 : Émotions Dispersées : Partie 1
- Chapitre 1 : Émotions Dispersées : Partie 2
- Chapitre 1 : Émotions Dispersées : Partie 3
- Chapitre 1 : Émotions Dispersées : Partie 4
- Chapitre 1 : Émotions Dispersées : Partie 5
- Chapitre 1 : Émotions Dispersées : Partie 6
- Chapitre 2 : L'Inquisiteur d'Eshantel : Partie 1
- Chapitre 2 : L'Inquisiteur d'Eshantel : Partie 2
- Chapitre 2 : L'Inquisiteur d'Eshantel : Partie 3
- Chapitre 3 : Déplacement Privé : Partie 1
- Chapitre 3 : Déplacement Privé : Partie 2
- Chapitre 3 : Déplacement Privé : Partie 3
- Chapitre 3 : Déplacement Privé : Partie 4
- Chapitre 3 : Déplacement Privé : Partie 5
- Chapitre 3 : Déplacement Privé : Partie 6
- Chapitre 3 : Déplacement Privé : Partie 7
- Chapitre 3 : Déplacement Privé : Partie 8
- Chapitre 3 : Déplacement Privé : Partie 9
- Chapitre 4 : Roi-Démon Vs Divas : Partie 1
- Chapitre 4 : Roi-Démon Vs Divas : Partie 2
- Chapitre 4 : Roi-Démon Vs Divas : Partie 3
- Chapitre 4 : Roi-Démon Vs Divas : Partie 4
- Chapitre 5 : Épilogue
- Illustrations
***
Prologue
« Qu-Qu’est-ce qui s’est passé !? »
Le pays était en flammes. Le ciel nuageux reflétait vaguement la lumière rouge des flammes qui engloutissaient tout, du château où ils avaient grandi, à la petite ville du château où ils s’étaient glissés pour jouer, la merveilleuse ville située sous de leur demeure. Chaque rue, et chaque recoin dégageait une épaisse fumée noire vers le ciel.
Au sommet de la colline qui donnait normalement une vue dégagée de la ville, des soldats portant une armure exceptionnellement voyante regardaient sans paroles la destruction complète de leurs maisons. Quelqu’un au centre du groupe de soldats, le seul en armure simple, avait fait trois pas en avant.
« Pourquoi... ? Pourquoi avoir fait cela... ? » demanda-t-il.
Sa voix était claire, ainsi que le cliquetis de son armure, se faisant entendre au-dessus de la colline sans se soucier du casque d’acier qu’il portait.
« Inquisiteur Kanon, » un soldat s’agenouilla derrière l’Inquisiteur Kanon et lui parla.
« Je sors quelques jours et voici ce qui se passe... Qui donc a osé faire ça... ? » demanda Kanon.
Le pays de Kanon, Esanthel, était un pays beaucoup plus petit que ses voisins, mais sa puissance militaire rivalisait avec celle de l’Empire. Mais en quelques jours, alors qu’ils étaient en train d’exterminer des bandits, le pays était tombé dans une ruine indescriptible.
« Hehehehe, comme c’est laid, inquisiteur d’Esanthel. » La voix moqueuse et angoissante venait de derrière Kanon.
« Qui est là !? » s’écria le soldat.
« Arrête, Toshisaka ! » s’écria Kanon.
Le soldat n’avait pas obéi aux ordres de Kanon et avait dégainé son épée en se retournant. Mettant toute sa rage dans son coup, il l’avait abaissée vers la cible, mais...
« Hehehehe, trop lent. Bien trop lent... et bien trop faible. »
Le bout de l’épée avait été arrêté par un seul doigt blanc comme neige.
Clac !
Elle s’était cassée en deux, apparemment sans aucune résistance.
« Qu’est-ce... !? Mon épée ! » s’écria Toshisaka.
Toshisaka s’était assuré qu’il ne tuerait pas sa cible. Il avait vérifié la position de l’ennemi avant l’attaque et avait prévu d’arrêter la lame avant qu’elle puisse causer des blessures mortelles. Mais cela n’expliquait pas comment une personne ordinaire pouvait l’arrêter à mains nues. Sans parler de son épée, qui était un chef-d’œuvre d’un expert, aucune personne ordinaire n’aurait dû être capable de la briser en deux en un seul contact. Il se tenait là, en état de choc total, déplaçant son regard entre son épée cassée et la fille aux cheveux blonds et à la peau pâle qui sortait de nulle part.
« Oh, je suis désolée. Je ne pensais pas que ça se casserait, » la jeune fille avait laissé tomber la lame cassée devant elle tout en s’excusant en agitant la main.
« Hey, vous. Vous êtes une Diva ? » demanda Kanon.
Contrastant le ton décontracté de Kanon, ses yeux brillaient de tension. Kanon serra les dents, plia son corps et dégaina son épée.
« Hehehehe. Oui, je le suis. Je suis la Diva de l’Empire, Eleanor, et il est notre commandant en chef, Gil, » répondit Eleanor.
« Eh !? Quant est-ce qu’il... !? » s’écria Kanon.
Les mots s’étaient échappés à ses dents serrées. Kanon aurait dû être en état d’alerte maximal, mais la personne qui se tenait juste derrière Eleanor n’avait pas été détectée avant ça.
C’est une sacrée paire d’individus, pensa Kanon, léchant ses lèvres desséchées. Il s’était rendu compte de la chance qui lui avait été donnée et n’avait pas l’intention de la laisser passer. L’Empire était leur plus grand ennemi, s’immisçant dans les affaires d’Esanthel à chaque occasion qui se présentait. Maintenant que le commandant lui-même était apparu sur le champ de bataille, il ne faisait aucun doute qu’il était derrière la destruction apportée sur leurs terres.
« Alors je prendrai votre tête et la monterai devant les tombes de mes camarades tombés au champ d’honneur, commandant ! » cria Kanon.
Et le responsable se tenait juste en face lui.
« Voilà ! » cria Kanon.
Dépassé par la rage, le Kanon revêtu d’acier avait bondi vers l’ennemi à une telle vitesse que même Toshisaka, un soldat vétéran, ne pouvait le comprendre. La victoire d’Esanthel avait été assurée par cette attaque défiant la physique. C’est du moins ce que tout le monde pensait, mais...
« Gahhhhhhhhhh ! »
Comme si un météore avait frappé la colline, la terre trembla sous ses pieds. Des cris désespérés avaient rempli ses oreilles et une énorme quantité de saleté et de sable avait obscurci sa vision.
« Inquisiteur ! »
Même l’armée d’Esanthel, la plus forte du continent, ne pouvait rien faire face à une attaque aussi soudaine et mystérieuse.
« Hehehehe, vous vous attendiez à ce que je laisse quelqu’un d’assez fou qui essaye de toucher mon cher frère vivant ? » dit Eleanor d’une voix charmante derrière le rideau de poussière.
« Hehe... Je suppose que le nom de Démone Blonde n’est pas juste pour le spectacle. »
Alors que la pluie de cailloux et de poussière se calmait, les silhouettes d’Eleanor et Gil apparurent au milieu de l’impact.
Juste à côté d’eux se trouvait Kanon, bloquant la longue lance d’Eleanor avec son épée.
« Hehehehe, c’est un peu décevant. J’attendais plus de l’Inquisiteur qui peut soi-disant égaler les Divas. Non seulement cela, mais ce pouvoir est…, » commença Eleanor.
« Qu’est-ce que vous voulez dire par là !? » demanda Kanon.
Kanon se moqua de la Diva souriante tout en luttant pour tenir sa lance à distance. L’épaisse soif de sang qui les entourait était pratiquement visible.
« Range ton arme, Eleanor. Inquisiteur, puis-je vous demander de faire de même ? Nous sommes venus pour parler, » déclara Gil.
Au milieu de cette atmosphère tendue, Gil s’approcha d’eux avec désinvolture, comme s’il faisait sa promenade de l’après-midi.
« Tch ! »
Une fois de plus, Kanon ne s’était pas rendu compte de sa présence.
« Vous voulez parler après avoir fait des ravages dans mon pays !? Ne vous embêtez pas avec ça, » déclara Kanon.
Kanon se recula et avait pris un peu de recul, envoyant sur Gil, qui n’en était pas du tout effrayé, sa soif de sang palpable.
« Mon cher frère ! » déclara Eleanor.
« Ne t’inquiète pas, » déclara Gil.
Il avait arrêté Eleanor d’une main et s’était dirigé vers Kanon.
« Permettez-moi de commencer notre discussion par un simple fait : votre pays n’a pas été détruit par nous, » déclara Gil.
« ... »
Gil commença son explication malgré l’attitude apparemment inchangée de Kanon.
« Il est certain que nous, l’Empire, voulons ce pays. Est-ce que vous comprenez ? Le pays ! » déclara Gil.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda Kanon.
Kanon fit un pas en avant sans cacher sa colère, mais Gil s’arrêta juste en face de lui et lui fit une expression très sérieuse.
« Le pays. Cela signifie ses citoyens, ses terres, ses ressources, sa culture, ses bâtiments. On veut tout ce qui est présent. Pensez-vous que nous nous occuperions de votre terrain dans son état actuel, dépourvu de vie et de valeur ? » demanda Gil.
Gil jeta un regard aiguisé sur l’Inquisiteur.
« Une terre ravagée…, » dit douloureusement Kanon.
« Je suis venu ici pour vous avertir de la venue du Roi Démon, mais il semble que je sois arrivé trop tard…, » déclara Gil.
Kanon avait finalement vu le mystérieux cristal dans les mains de Gil qui avait une flamme vert émeraude qui brûlait à l’intérieur.
« Le Roi Démon ? Et c’est quoi ce cristal ? » demanda Kanon.
Qu’est-ce qu’il raconte ?
Les yeux de Kanon avaient été attirés par le cristal.
« Le nouveau souverain d’Althos est le Roi Démon. C’est du moins ce que disent les rumeurs…, » déclara Gil.
Bien sûr, ces rumeurs avaient été répandues par l’Empire, mais Gil avait continué avec un visage sérieux.
« Vu ce qui s’est passé ici, je suppose qu’on ne peut plus les appeler des rumeurs, » continua Gil.
« Vous dites que le roi d’Althos, qui est en fait le Roi Démon, est venu ici et a détruit mon pays ? On dirait un conte de fées selon moi, » déclara Kanon.
« Il en va de même pour l’existence des Divas. Si les rumeurs sont vraies et qu’Alnoa est bien le Roi Démon, alors c’est mon devoir en tant que résident de ce continent de rallier les Divas et de sceller le mal comme prophétisé, » déclara Gil.
Kanon voulait encore se moquer de lui, mais il s’était souvenu de quelque chose.
« Attendez, si Althos est... ! Feena... Qu’est-il arrivé à la Diva de Subdera ? » demanda Kanon.
Kanon avait accidentellement laissé échapper son surnom. Gil s’approcha de l’inquisiteur stupéfait et lui chuchota la réponse à l’oreille.
« Qui sait… ? Mais les rumeurs disent que les Divas de Freiya et Subdera ont été emprisonnées ou soumises à un contrôle mental après avoir accepté la demande en mariage d’Alnoa, » déclara Gil.
« Non... Alors Feena…, » commença Kanon.
Entendant les dangers possibles dans lesquels Feena aurait pu tomber, Kanon chuchota son nom, les yeux fixés sur le cristal.
« Le réveil du Roi Démon est un danger pour tous les êtres vivants de ce continent. J’ai donc une proposition à vous faire : mettons nos petites querelles de côté pour l’instant et formons une alliance pour soumettre le Roi Démon. Bien sûr, l’Empire est plus que disposé à donner un coup de main, » déclara Gil.
« D’accord. Je suis d’accord, » répondit Kanon.
Le casque d’acier hocha la tête en signe d’accord face à la proposition douce et innocente.
« Inquisiteur Kanon ! Nous avons affaire à notre ennemi juré, alors soyez plus prudent, s’il vous plaît —, » déclara Toshisaka.
« Toshisaka. N’oublie pas que je suis ton maître tant que l’on ne sait pas où est mon père ! As-tu toujours des objections ? » Kanon lui répondit d’un ton calme, mais vif.
« Inquisiteur Kanon…, » déclara Toshisaka.
Il hocha la tête, maudissant sa propre impudence. Il était déjà trop tard. Alors qu’il se tenait là en silence, Kanon tomba dans le piège soigneusement tendu par l’Empire. Les paroles de Gil avaient résonné à travers le cristal, se glissant dans les oreilles du jeune inquisiteur au moment même où il pleurait la perte de son pays et son échec envers ses amis. C’était comme si le diable lui-même l’avait attiré en utilisant sa plus grande faiblesse...
***
Chapitre 1 : Émotions Dispersées
Partie 1
Quelques jours après le combat avec l’Empire.
Al ordonna à Brusch de rendre compte du mouvement de l’Empire à Esanthel, tandis que Jamka travaillait au renforcement des défenses d’Althos en vue d’une invasion. Bien sûr, Al ne perdait pas non plus son temps. Il s’était terré dans la chambre de son défunt père depuis l’aube jusqu’au crépuscule, cherchant partout des informations sur le Roi Démon. Malheureusement sans aucun résultat.
« Arghhhhhhhh ! Je savais que ce ne serait pas facile, mais franchement... ! » s’écria Al.
Il s’était affaissé sur la chaise de son défunt père et avait jeté le livre dans un coin de la pièce. Ses yeux avaient dérivé vers les quelques rayons de lumière qui avaient réussi à pénétrer les rideaux tirés. Il semble qu’un autre jour se soit levé sur lui.
« J’ai même trouvé la porte cachée, mais toujours rien…, » déclara Al.
Il poussa un soupir fatigué avant de retomber dans ses profondes pensées.
Comment n’ai-je rien trouvé après toutes ces recherches ? Mon père a-t-il détruit tous les documents avant sa mort, ou les a-t-il cachés ailleurs ? Mais où ? Je ne vois pas d’autre endroit que celui-ci. Le seul endroit où je n’ai pas vérifié, c’est le sous-sol... Qu’est-ce que je pourrais trouver si je redescendais là-bas ? Il n’y a rien d’autre que la porte qui scelle le Roi Démon. Ça ne sert à rien d’y retourner.
Il en était arrivé à sa conclusion.
« Je vais devoir le redemander à Lilicia, » il chuchota ça pour lui-même et se prépara à quitter la pièce. Les couloirs du château étaient peints en orange par les premiers rayons du soleil qui pénétraient par les fenêtres. Se frayant un chemin vers son bureau, il avait attiré l’attention d’une servante et lui avait demandé d’ordonner à Lilicia de s’y rendre.
Il n’y avait pas d’autre moyen. Quelques jours s’étaient écoulés depuis sa transformation, mais elle travaillait toujours comme femme de chambre. Bien sûr, comme c’est une succube, Al avait envisagé avec sa sœur, Cécilia, de la chasser du château, mais leur manque de main-d’œuvre était plus préoccupant que l’objectif de Lilicia de faire revivre le Roi-Démon. Ils avaient conclu qu’il serait sage de garder leurs ennemis près d’eux. Fait intéressant, Lilicia avait également accepté cette proposition et avait juré une loyauté absolue à Al. Bien que l’intégrité de sa déclaration soit, au mieux, douteuse.
À cause de ça, ils avaient décidé d’appliquer la compétence unique de Cécilia, Contrat, et de la forcer à ne jamais pouvoir mentir à Al. Cependant, ils ne peuvent pas être certains de l’efficacité des sorts contre une succube. C’était dommage cela, même si elle essayait de les aider, ils ne pourraient jamais lui faire confiance aveuglément. C’est pourquoi, au lieu de lui demander directement, Al avait décidé de fouiller dans la chambre de son père, mais...
« Oh mon Dieu, tu as pris un peu de temps. »
Perdu dans ses pensées, Al ne se précipitait pas vraiment dans son bureau. Lilicia était arrivée avant lui et s’était étirée devant la porte en souriant d’un air ironique.
« Ah, eh bien... Quoi qu’il en soit, entrons, » déclara-t-il.
Ce sourire lui rappelait les événements qui s’étaient déroulés dans le sous-sol, alors il était entré dans sa chambre un peu désarçonnée.
« Il n’y a que nous deux, Votre Majesté ? » demanda Lilicia.
Après s’être respectueusement inclinée devant Al, Lilicia l’avait suivi dans la pièce. Le fait de voir son attitude humble calma un peu Al, mais peut-être qu’il était juste naïf à cause de son manque de sommeil.
« Ouais. Sinon, tu ne dirais rien, » déclara Al.
« Oh, je parlerais de tout ce que tu veux, sauf bien sûr de ce qui concerne le Roi Démon, » répondit Lilicia avec un sourire effronté. Elle disait la vérité. Chaque fois que Cécilia ou n’importe quelle autre Diva était à proximité, elle esquivait toutes les questions concernant le Roi Démon.
« Assieds-toi, je t’en prie, » déclara Al.
Al lui avait offert le canapé pendant qu’il s’asseyait sur son bureau. Si c’était ainsi, la grande épée qui décore le mur serait à sa portée. Lilicia avait facilement compris ses intentions et se tenait à côté du canapé avec un sourire encore plus grand sur son visage.
« Ne t’inquiète pas, j’ai déjà mentionné que je ne lèverais jamais le petit doigt sur le réceptacle du Roi Démon. De plus, le Contrat de Lady Cécilia est toujours actif, » déclara Lilicia.
« Bien, alors asseyons-nous ici, » déclara Al.
On n’arrivera à rien d’autre.
Il s’était alors renforcé le cœur et s’était assis.
Par où devrions-nous commencer ?
Pas un seul mot n’avait été prononcé pendant quelques secondes après qu’ils se soient assis. Al grinçait des dents, essayait de trouver la bonne question.
« Oh, mon Dieu, pourquoi me fixes-tu si intensément ? As-tu été charmé par la beauté de ta servante ? » demanda Lilicia.
Contrastant avec les nerfs tendus d’Al, Lilicia riait avec insouciance.
« Hehe, maintenant je comprends pourquoi tu m’as invitée seule dans ton cabinet. Pouvons-nous continuer là où nous nous étions arrêtés la dernière fois ? » demanda Lilicia.
Elle avait immédiatement sauté du canapé et s’était glissée dans le lit sans aucune hésitation.
« Non, désolé, je ne t’ai pas appelée ici pour faire l’imbécile ! » déclara Al.
« Qui fait l’imbécile ? Je suis toujours prête pour toi, Votre Majesté. Je suis une succube, après tout, » déclara Lilicia.
Al s’approcha du lit pour la tirer hors du lit, mais comprenant la gravité de la situation, Lilicia se leva toute seule, l’air aussi déçu que jamais. C’est du moins ce qu’il pensait, mais son regard déçu se transforma rapidement en un regard envoûtant.
« Voilà ! » s’écria Lilicia.
Elle avait sauté sur Al et l’avait poussé sur le canapé.
« Hé, qu’est-ce que... !? Comment es-tu si forte !? » s’écria Al.
« Je suis une succube, » déclara Lilicia.
Sans perdre son sourire enchanteur, elle avait pris le dessus sur Al en un clin d’œil.
« Alors, qu’est-ce qu’on fait ? » demanda-t-elle.
Elle léchait le bout de ses doigts de façon suggestive. Ce charme inhumain avait ensorcelé Al, son corps se réchauffait rapidement et son esprit en manque de sommeil était surchargé par les sensations extrêmes.
Si je n’arrête pas ça maintenant, les choses vont mal tourner !
Al avait utilisé le rebond du canapé à son avantage et avait fait perdre l’équilibre à Lilicia.
« Maintenant ! » s’écria-t-il.
Il avait réussi à changer de position avec elle.
« Quelle assurance, Votre Majesté ! » s’écria Lilicia.
Portant son uniforme de bonne, elle avait été clouée sur le canapé par Al. Il serait certainement dans une situation difficile si quelqu’un les surprenait, mais il n’avait pas le luxe de s’inquiéter de tels détails maintenant.
« Lilicia. Dis-moi tout ce que tu sais sur la Surtension Céleste et sa relation avec la défaite du Roi Démon et des Divas, » il était allé droit au but.
« Haah... Quel visage grossier et quelle question grossière, vu la situation ! » déclara Lilicia.
« C’est quoi ton problème avec mon visage !? » demanda Al.
Épinglées sous Al sur le canapé, les joues de Lilicia étaient légèrement rouges, comme si elle s’attendait à quelque chose de complètement différent.
« Surtension Céleste... Une augmentation massive du pouvoir magique lorsque la faux du Roi Démon et les reliques, ainsi que les sentiments du Roi Démon et des Divas, s’entremêlent et se renforcent mutuellement, », mais elle était soudainement revenue en mode sérieux, s’était assise et s’était penchée vers Al, ne laissant que quelques centimètres entre leurs visages. « Voilà ♥. »
Al avait instinctivement reculé, mais il n’avait pas pu s’empêcher d’inverser la tendance une fois de plus. Lilicia célébrait sa victoire, tandis qu’Al se maudissait pour avoir baissé sa garde. Lorsqu’il s’était rendu compte que sa taille était coincée sous les jambes de Lilicia, sa moitié inférieure avait commencé à se tortiller lascivement. Ses cuisses grassouillettes et la peau qui recouvrait ses jambes féminines et qui sortait de sous sa jupe avaient tenté Al à entrer dans le trésor de la nature.
« Mais dans ce château, juste au-dessus du sanctuaire du Roi Démon, l’énergie magique augmenterait considérablement même sans la faux, » déclara Lilicia.
***
Partie 2
Ah, c’est pour ça que Cécilia est devenue si puissante à l’époque..., pensa Al.
Pendant qu’Al commençait à saisir les tenants et aboutissants de Surtension Céleste, Lilicia fit glisser la main d’Al sur ses genoux.
« H-Hey ! Arrête..., » déclara Al.
Sachant très bien qu’Al luttait contre ses pulsions, Lilicia commença à déboutonner ses vêtements d’une manière lente et taquine.
« Pourrrrquoiiiii ? Nos sentiments s’entremêlent mieux quand nos corps font la même chose, Votre Majesté, » déclara Lilicia.
Malgré tous ses efforts, Al ne pouvait pas quitter des yeux la poitrine de Lilicia, essayant sans relâche de s’échapper des limites de ses vêtements. Pendant qu’il essayait d’échapper aux monticules ensorcelants, Lilicia se pencha vers lui et le regarda avec des yeux pleins de luxure. En même temps, il pouvait sentir ses seins pousser contre sa poitrine. Sa tête tournait à cause de la sensation sauvage, il était sur le point de perdre le contrôle de sa moitié inférieure déjà vigoureusement frétillante. Lilicia avait poussé pour tester la détermination d’Al.
« Tu sais, avoir certaines parties du corps en contact et échanger des fluides corporels chargés par la magie fonctionne aussi très bien. Par exemple, l’échange de sang, de salive, de sueur ou de #$@@& déclencherait certainement la Surtension Céleste, » déclara Lilicia.
« #$@& !? Es-tu sérieuse !? » s’écria Al.
Elle n’irait pas si loin, n’est-ce pas ?
Lilicia avait regardé Al qui déglutissait nerveusement.
« Plus tu le fais, plus les fluides corporels mélangés - non, l’énergie magique devient plus épaisse, ce qui fait que la Surtension Céleste devient plus puissante, » expliqua Lilicia.
En nageant dans le plaisir, elle avait continué à partager des informations précieuses.
Je veux en savoir plus sur Surtension Céleste, mais c’est mauvais. Si je ne fais rien, je deviendrai son jouet !
Toujours dans un état d’étourdissement, il avait encore une fois enroulé ses bras autour de Lilicia pour prendre le dessus, mais...
« Shhhh ♥. »
« Eep ! »
Lilicia arrêta son projet à la suite d’un doux bruit qui se fit entendre à ses oreilles.
« Votre Majesté, comment suis-je censée finir mon explication si tu es si énergique ? » Elle l’avait dit sans aucune hésitation. Pour être juste, elle avait raison dans un sens, mais ce n’était pas le point auquel Al s’attendait. Il était déjà fatigué de gérer sa libido avide, prêt à prendre le contrôle de tout son être chaque fois que Lilicia commençait à se coller contre lui, mais ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait lui dire franchement. Elle le ferait probablement encore plus pour taquiner le jeune roi.
« Ouais, tu as raison. Merci. Désolé de t’avoir appelée ici si rapidement. Tu peux retourner travailler maintenant, » déclara Al.
C’était pour cette raison qu’il avait décidé d’opter pour une stratégie plus calme, mais au lieu de l’accepter, Lilicia avait poussé ses seins lascivement rebondissants ensemble et avait démontré une chose vraiment critique sur un ton séducteur.
« Pourquoi cette hâte ? J’ai parlé de la Surtension Céleste, mais je n’ai pas encore dit un mot sur le Roi Démon, n’est-ce pas ? Comme la façon dont le sceau se brisera dans quelques années, » déclara Lilicia.
« Oh, mon Dieu, tu ne le savais pas ? N’importe qui ayant le moindre talent pour la magie l’aurait réalisé à partir de toute cette énergie magique qui s’infiltre à travers la porte, » déclara Al..
Elle s’était soudain transformée en la même renarde qui avait trompé Al au sous-sol. Al la trouvait clairement révoltante.
« Mais veux-tu savoir comment réappliquer le sceau ? » Elle l’avait dit avec taquinerie. Elle était comme l’incarnation du terme jouée avec le feu.
Il voulait lui dire qu’il ferait quelque chose à ce sujet et qu’il s’en tiendrait là, mais d’après les résultats de ses recherches jusqu’à présent, il savait qu’il n’était pas en mesure de lui refuser des renseignements précieux et, bouder, alors il l’avait laissée continuer.
« Hehehehe, je te récompenserai pour avoir été un bon et honnête garçon. La réplication du sceau est très simple, tout ce que tu as à faire est d’exécuter la Surtension Céleste avec les sept Divas, » déclara Lilicia.
« Attends ! Dois-je vraiment faire la Surtension Céleste avec toutes les Divas ? » demanda Al.
Elle hocha la tête. « Exactement ! Le pouvoir des sept Divas, la force de la Valkyrie s’accumulera en toi, ce qui renforcera le sceau au point où le Roi Démon ne pourra plus rien faire ! »
Elle avait séduit Al en faisant glisser ses doigts le long de sa poitrine, tandis que ses pastèques mûres et tremblantes l’hypnotisaient.
La vieille dame de la cantine nue, le gros ventre de Dante...
Il imaginait tout ce à quoi il pouvait penser pour résister à la tentation.
« Oh, et s’il te plaît, garde ça secret pour toutes les Divas, y compris Cécilia. Ce serait trop amusant si elles l’apprenaient. Ça influencerait grandement leurs sentiments si elles le découvraient, » déclara Lilicia.
Attendez, qu’est-ce que c’est !?
En essayant de faire l’idiote, elle détourna le regard et posa un doigt sur ses lèvres, ce qui le séduisit.
« Mais c’est bon si je le sais ? » demanda Al.
Il avait essayé d’attaquer en retour, mais...
« C’est tout à fait bien ! Ce n’est pas comme si tu pouvais contrôler tes émotions de toute façon ! » répondit Lilicia.
« Ughhhh ! »
Ça s’était retourné contre lui.
« Y a-t-il autre chose ? » demanda Al.
Elle mordilla l’oreille du jeune roi. En le voyant tendu, Lilicia gloussa de rire.
« Uhhhh... Il y a encore une chose, » complètement vaincu, il trouva encore un dernier point d’intérêt dans ce qu’elle avait dit.
« Tu es une succube dont le but est de faire revivre le Roi Démon. Pourquoi quelqu’un dans ta position me dirait-il comment arrêter tout ça ? » demanda Al.
Elle était censée travailler afin de ranimer le Roi Démon, mais tout ce qu’elle avait dit dans cette salle allait à l’encontre de cet objectif.
« Dis-moi, pourquoi ? » demanda-t-il d’une voix tremblante. Et un moment plus tard...
« Pfahahahahaha ! Qu’est-ce qui te rend si nerveux ? Je ne savais pas que Votre Majesté était si effrayante ! » déclara Lilicia.
Elle éclata de rire.
S’il te plaît, pour l’amour de Dieu... Ils secouent trop !
Peut-être avait-elle senti les cris désespérés d’Al, alors que Lilicia essuyait ses larmes et se calma un peu.
« Je te l’ai dit. Je ne toucherais pas au réceptacle du Roi Démon, et je suis toujours sous le Charme de Cécilia, » déclara Lilicia.
Elle ne pouvait pas lui mentir. Il le savait très bien.
« Et ne te méprends pas, t’aider maintenant aide aussi le Roi Démon. Si le sceau doit se briser avant que le réceptacle ne soit prêt à l’accueillir, le pouvoir du Roi Démon va simplement se répandre, » continua Lilicia.
« Vraiment ? » demanda Al.
« Oh, oui, oui. T’ai-je déjà menti ? » dit-elle en souriant quand elle vit qu’Al s’était calmé un peu.
« Eh bien, il y a un truc à propos de toi étant une succube et tout ça ! » déclara Al.
« Je te l’aurais dit si tu l’avais demandé, » Lilicia avait gonflé ses joues alors qu’elle répondit.
Quelle logique rétrograde !
Al la regarda fixement.
« Et j’ai apprécié les années que j’ai passées avec toi et Cécilia, alors je pense que je pourrais attendre le prochain réceptacle pour ranimer le Roi Démon, » déclara Lilicia.
Al était sans voix devant son sourire content et mignon après qu’elle soit soudainement revenue en mode femme de chambre. Lilicia avait lentement mis un doigt sur ses lèvres et...
« N’oublie pas, c’est un secret ! » déclara Lilicia.
Puis elle poussa lentement son doigt contre les lèvres d’Al, descendit de lui et quitta la pièce.
« H-Hey ! Lilicia ! » Il s’était souvenu d’une dernière chose qu’il voulait lui demander, alors il s’était assis et l’avait appelée. « Pourquoi le bras de Jamka ne guérit-il pas ? Son corps a complètement récupéré après avoir été fendu par la faux. »
Quand Jamka lui avait montré sa blessure plus tard, il n’y avait pas une seule égratignure où son bras était séparé. Mais Cécilia avait dit que son bras avait commencé à se briser devant ses yeux.
« Ça me dépasse. C’est peut-être lié au cristal rouge que Lesfina étudie. Mais plus important encore, essaye aussi d’utiliser ta tête parfois. Tu t’ennuieras si tu ne fais que poser des questions, » sans même se retourner pour donner une réponse, elle avait quitté la pièce. Al n’avait même pas eu la force de commenter son comportement grossier.
« Haaah. Bon sang, à quel point puis-je lui faire confiance ? » se demanda Al.
Essuyant l’endroit où Lilicia avait touché sa bouche, il avait regardé la porte fermée dans la pièce vide.
« Merde, quel endroit lugubre ! » s’exclama Al.
Al essuya la sueur froide de son front et entra dans le couloir sombre. Il se dirigeait vers le sous-sol, où seuls les membres de la famille royale pouvaient mettre les pieds. Il avait eu envie d’y revenir après sa discussion avec Lilicia.
« Je ne voulais pas vraiment venir, mais me voilà..., » murmura-t-il.
Découvrir que la gentille, merveilleuse et digne de confiance servante qui avait été à ses côtés depuis qu’il était tout petit était une succube était incroyablement difficile à avaler pour le jeune roi.
« Et ce n’est même pas une rumeur sans fondement, elle l’admet elle-même, » continua-t-il.
Se souvenant de ses derniers mots de leur conversation, cela le fit trembler de dégoût. Réfrénant son instinct, il s’était forcé à aller de l’avant.
« Je ne suis là que pour confirmer ce que Lilicia a dit, rien d’autre. J’ai réalisé la Surtension Céleste avec Sharon une fois, donc si ce qu’elle a dit est vrai, il devrait y avoir une sorte de changement ici, » il marmonnait tout seul. Et puis...
« La porte du sceau. »
Il soupira, arrivant à la porte géante et totalement noire.
« Qu’est-ce que c’est... ? Je n’ai ni chaud ni froid..., » marmonna-t-il.
Il s’était préparé au pire en se basant sur sa visite précédente, mais il n’y avait rien. La magie qui s’infiltrait par la porte avait aussi considérablement diminué.
« Est-ce qu’elle disait la vérité, c’est-à-dire que le sceau est devenu plus fort ? » se demanda-t-il.
Il n’avait ressenti aucun signe de vertige ou de nausée.
« Je ne m’y suis pas habitué... n’est-ce pas ? Je veux dire, je suis le réceptacle du Roi Démon, donc je l’ai peut-être très bien fait, mais... rien n’a changé chez moi depuis ma dernière visite, » continua-t-il.
Malgré le temps qu’il avait pris pour réfléchir à ses options, la magie qui s’était infiltrée par la porte n’avait eu aucun effet sur son corps.
« Peut-être que je peux... après tout, faire confiance à Lilicia ? » Les yeux collés à la porte, il murmura ça à lui-même.
***
Partie 3
Le lendemain matin, Al s’était réveillé dans son lit. Le soleil éclatant qui brillait entre les rideaux indiquait une autre merveilleuse journée. Mais peu importe le temps qu’il faisait, Al ne se sentait pas au top de sa forme, et il savait exactement pourquoi. Sa tête tournait depuis la discussion d’hier avec Lilicia.
« Si je ne fais pas la Surtension Céleste avec les sept Divas, le Roi Démon renaîtra, hein ? C’est logique, mais c’est quand même bizarre... Bien qu’après avoir vu le sceau par moi-même, je dois la croire pour l’instant. La Surtension Céleste, hein..., » il se murmurait à lui-même de façon distraite.
« Aimerais-tu faire la Surtension Céleste ? »
« Ah non, ce n’est pas que je veuille nécessairement... »
Il avait honnêtement répondu à la question soudaine.
Attends, ai-je entendu quelqu’un me demander ça ?
Il était certain d’avoir entendu une voix, mais sa porte était renforcée par des dizaines de sorts défensifs. Actuellement, sa chambre avait de meilleures défenses que le trésor royal.
« Nhhhhhh ! »
Au moins, elle était censée avoir de meilleures défenses.
Non, c’est impossible. C’est impossible, n’est-ce pas ?
Mais ses supplications étaient...
« Si doux et chaud... »
Détruit par la petite personne qui se blottissait contre ses couvertures juste à côté de lui.
« Pourquoi !? Comment !? » demanda Al.
Il se retourna, abasourdi...
« Bonjour, Al. »
Il avait vu Feena se cacher sous les couvertures à côté de lui.
« Bonjour, Feena. Qu’est-ce qui t’amène ici en cette merveilleuse matinée ? Sharon a fait quelque chose de semblable il n’y a pas si longtemps. Est-ce que se glisser dans la chambre de quelqu’un pendant qu’il dort est normal à l’étranger ? » demanda Al.
Il reprenait lentement mais sûrement ses esprits, mais il était encore loin d’être capable de saisir sa situation actuelle. C’était probablement pour ça qu’il avait entamé une conversation si calme et normale.
« Non, c’est différent. Sharon était enveloppée dans des rubans, moi je porte autre chose, » répondit Feena.
Puis, elle avait porté le coup de grâce.
« J’ai seulement une chemise blanche, à la fois révélatrice et subtile, » déclara Feena.
« Qu’est-ce qui est révélateur et subtil dans une chemise blanche ? Je ne comprends pas, » répondit Al.
Al avait repoussé les couvertures alors qu’il essayait d’échapper à l’attraction gravitationnelle de son lit. En se retournant, il avait finalement aperçu Feena assise sur son lit, portant une chemise blanche surdimensionnée. La chemise avait été déboutonnée jusqu’au décolleté, révélant sa peau claire comme du cristal, blanche comme neige, qui faisait honte à tout tissu blanc, et ses cuisses élégantes et belles étaient visibles en bas de la chemise.
« Attends ! Tu voulais littéralement dire, rien d’autre qu’une —, » commença Al.
« Eh bien. Non, pas du tout. Alors, comment est-ce ? Dis-le-moi ~ ! » déclara Feena.
Ne portant que cette chemise blanche et peut-être une culotte, sa peau blanche avait frappé quelque chose qui sommeillait dans l’âme d’Al, alors qu’il devenait incapable de quitter de ses yeux la fille assise là.
« ... »
Son cœur battait plus fort que jamais. Il l’avait trouvée adorable, même si c’était très gênant. Dernièrement, la façon dont elle était toujours sur la pointe des pieds autour de lui comme un chaton était devenue plus attachante pour lui, et il était récemment devenu capable de lire les légers changements dans ses expressions.
Même si elle avait dit plusieurs fois qu’elle voulait le transformer en marionnette avec un visage sans expression, tout ce qu’elle avait fait avait été incroyablement utile pour Al. Elle n’avait peut-être pas un sourire chaleureux, mais au fond, c’était une fille bienveillante. C’est du moins ce qu’il pensait.
Attends. Et si j’étais déjà sous le charme qui fait de moi sa marionnette !?
Mais il avait rapidement nié cette idée.
Après tout, le sceau du Roi Démon annulait toutes les attaques venant d’une Diva.
Mais alors, quel est ce sentiment ? La dernière fois que j’ai ressenti quelque chose comme ça, c’était quand j’ai fait la Surtension Céleste avec Sharon.
« Feena..., » il avait dégluti pour essayer de se calmer.
« Attends, je n’ai pas encore fini ! » déclara Feena.
Elle était devenue trop sûre d’elle à cause de son plan apparemment réussi. Alors elle avait pris un seau plein d’eau de Dieu sait où.
« Ahhhhh... ! »
Éclaboussure !
Elle l’avait fièrement versé sur sa tête.
« Qu’est-ce que tu fais, bon sang !? » s’écria Al.
Al était abasourdi. Les contours du corps de Feena étaient entièrement visibles à travers la chemise mouillée, complètement transparente et blanche. Non seulement ça, mais...
« J’y vais en attaque commando ! » déclara Feena.
Elle s’expliqua en se vantant avec un léger soupçon de rose sur les joues. Avec son niveau de taquinerie exagéré, elle était déjà sûre de sa victoire. C’était tout à fait naturel, avec ses jambes d’un blanc neige invitant et sa chemise blanche transparente collée à sa peau, personne ne pouvait reprocher à Feena d’avoir proclamé sa victoire. Si tu la regardais, bien sûr.
« Alors dis-moi : pourquoi diable veux-tu tremper mon lit !? »
La compréhension, l’appréciation et l’admiration pour Feena s’étaient rapidement dissipées des yeux d’Al alors qu’ils suivaient l’eau qui coulait doucement de son lit jusqu’au sol.
Incertain de ce qu’il fallait faire avec le lit trempé, il regarda Feena, dépourvu d’empathie ou d’appréciation.
« Pourquoi tu ne me sautes pas dessus, Al ? J’ai lu que les hommes sont les plus actifs le matin — Atchoo ! » Feena avait été brutalement interrompue par un éternuement.
« Heeeeeey, toiiiiiiiii ! Qu’est-ce qui t’a pris ? Tu vas attraper un rhume si tu te trempes avec une chemise mince ! » déclara Al.
« Kyahh ! »
D’un seul coup, il l’avait recouverte d’une couverture et l’avait ramassée dans ses bras.
« Al ? » demanda Feena.
Al regarda la jeune fille confuse avec une expression légèrement frustrée.
« Ne bouge pas du tout ! » déclara Al.
Il passa devant le canapé et posa Feena devant la cheminée.
« Boule de feu ! » déclara Al.
Puis il lança une petite boule de feu dans la cheminée, créant une petite flamme dansante et chaleureuse.
« Reste là jusqu’à ce que tes vêtements soient secs ! » déclara Al.
Elle est toujours si imprudente !
Il se retourna et se dirigea vers le lit en faisant de grands pas audibles.
« Comment nettoyer cette inondation ? » demanda Al.
Il se tenait immobile et tapait sur ses tempes, quand...
« Laisse-moi sécher tout ça, » déclara Feena.
Il sentit soudain Feena derrière lui.
« Non, n’essaie pas de lancer une boule de feu ici ! Toute la pièce va s’enflammer ! » déclara Al.
Elle avait fait un sourire suffisant après avoir entendu les plaintes d’Al.
« Je ne suis pas une idiote. » Après avoir dit ça un vent doux s’était mis à danser autour d’elle.
« Coup de Vent Infernal, » déclara Feena.
Le vent chaud lui caressa doucement les joues, mais ensuite...
« Je sais que ça ne brûlera pas ma chambre, mais..., » commença Al.
La brise légère s’était rapidement transformée en un vent déchaîné et avait balayé la pièce.
« Ne t’inquiète pas, je vais — Ah ! » s’écria Feena.
Elle avait été projetée à travers la fenêtre par le vent fort avant de pouvoir finir sa phrase, ce qui n’aurait normalement pas été un gros problème, mais ils se trouvaient au dernier étage du château.
« Feena ! »
Al s’était précipité à la fenêtre, mais...
« Ce n’était pas loin, » déclara Al.
Feena jeta rapidement un sort de Lévitation et atterrit doucement avec la couverture encore enroulée autour d’elle.
« ... Au moins, elle n’est pas blessée. Rien ne sera fait si je reste là à me morfondre, alors il est temps de faire de l’exercice le matin, » déclara Al.
Regardant autour de lui la pièce vide et dévastée, il avait complètement renoncé à la nettoyer. Suivant les conseils de quelqu’un qui l’avait quitté, il avait vite enlevé son pyjama, se changeant, avant de franchir la porte du château avec sa faux.
Dès qu’il était arrivé dans le couloir, Al avait rencontré une bonne.
« Bonjour, Votre Majesté ! » déclara la bonne.
Elle avait tressailli un moment à cause de la sinistre faux qu’Al portait, mais elle s’était rapidement ressaisie.
J’ai l’impression d’alimenter les rumeurs avec ça.
Il la salua négligemment, car il était trop occupé à regarder la faux dans sa main.
« ... »
On aurait dit une simple faux ordinaire.
« Quoi qu’il en soit, je dois admettre que c’est une arme très utile, » déclara Al.
Dans une guerre normale entre humains, il aurait demandé à Cécilia de la sceller, mais c’était une arme inestimable quand il s’agissait de sauver les gens qui étaient attaqués par des abominations. Face à une invasion de l’Empire, ils auraient certainement besoin d’utiliser cette faux. Mais Al lui-même devait aussi devenir plus fort pour réaliser son rêve de protéger son peuple. Et la force physique n’était pas le seul domaine dans lequel il devait s’améliorer. Il devait aussi forger sa volonté s’il voulait empêcher le Roi Démon de s’emparer de son corps. Mais tout commençait avec la maîtrise de cette faux.
Il était arrivé aux portes du château en réfléchissant à tout ça. C’était au même endroit où ils avaient rencontré ce trafiquant d’esclaves visqueux il n’y a pas si longtemps. Les terrains d’entraînement se trouvaient du côté droit des portes, bien qu’il ait pu être exagéré de les appeler ainsi. Il s’agissait d’un endroit simple, avec une seule salle de rangement pour les épées et quelques bûches pour l’entraînement. Même à ce moment-là, il y avait habituellement pas mal de gens qui s’entraînaient l’après-midi, mais il n’y avait personne qui venait à une heure aussi matinale, ce dont Al était incroyablement reconnaissant. Il ne voulait pas renforcer inutilement les rumeurs selon lesquelles il serait le Roi Démon.
« Fuuuu... Bien ! »
Il regarda autour de lui une fois de plus pour confirmer qu’il était seul.
« Haaaa ! »
Il s’élança de toutes ses forces, effectuant un arc de cercle en utilisant la technique de base que Jamka lui avait enseignée. Dans le passé, il s’était entraîné avec des armes de base, mais il avait rarement utilisé une faux auparavant, de sorte que ses compétences n’étaient pas à un niveau convenable pour le champ de bataille. Il avait trompé la mort lors de sa dernière bataille, mais il n’y avait aucune garantie que la chance le soutiendrait à nouveau. À ce titre, il s’entraînait autant qu’il le pouvait.
« Haaaa ! Arghhhh ! Ughhhh ! »
Au début, il balançait sa faux avec confiance, mais quelques pensées oiseuses avaient rapidement obscurci son esprit.
Je dois faire la Surtension Céleste avec les sept Divas, hein... ? Surtension Céleste... Je l’ai déjà fait avec Sharon, donc il n’en reste que six...
La scène où il avait effectué la Surtension Céleste avec Sharon s’était rejouée de façon vivante dans son esprit, rendant le visage du jeune roi rouge vif en quelques secondes.
Je dois le faire encore six fois...
« Arghhhhhh ! »
Il avait balancé la faux de toutes ses forces pour tenter de cacher sa gêne. La fin de son exercice de base l’avait également aidé à se vider l’esprit.
***
Partie 4
« Fuuuu… Mais je n’avancerais pas du tout si je ne fais rien, n’est-ce pas !? » déclara-t-il pour lui-même.
Il ne pouvait pas faire entièrement confiance à Lilicia, mais ses tripes lui avaient dit que quelque chose se préparait, quelque chose qui pourrait engloutir tout le continent. Pour quelqu’un qui ne pouvait même pas sauver son propre pays, penser qu’il pouvait assumer le destin du monde serait tout simplement impudent, mais il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour repousser les dangers cachés dans l’ombre.
« Je ne veux pas faire de choses obscènes avec elles, mais je dois m’assurer que Lilicia dise la vérité…, » déclara-t-il.
« Quoi, tu fais déjà une pause ? Ne fais pas le malin, » une voix aiguë répondit à son excuse. C’était Sharon.
« H-Hey, Sharon. C’est rare de te voir si tôt…, » déclara-t-il.
« Oui, il se trouve que je me suis réveillée tôt aujourd’hui, » répondit Sharon.
Les deux individus se saluèrent timidement l’un et l’autre, chacun tenant son arme de prédilection. Cela faisait quelques jours qu’ils avaient fait le Surtension Céleste, mais l’atmosphère entre les deux ne s’était pas améliorée du tout. Ils savaient tous les deux qu’ils réagissaient de façon excessive, mais ils ne pouvaient rien y faire.
« Al, t’es-tu habitué à la faux ? Je pourrais t’aider si tu veux…, » déclara Sharon.
Ils savaient peut-être qu’ils avaient tort, mais les sentiments d’une personne ne changeaient pas si facilement. Malgré cela, Sharon était visiblement heureuse de lui offrir son aide. Au moins, à en juger par la moitié de son visage qu’elle ne cachait pas en raison de l’embarras.
« U-Umm… Pourrais-tu le faire ? » répondit Al, affichant un regard sérieux.
« OK, dans ce cas… prépare-toi ! » déclara Sharon.
Elle avait raffermi sa prise sur son épée. Son expression timide précédente avait presque disparu. Pas étonnant qu’on l’appelait la Diva de l’Épée, sa position ne laissait rien à désirer.
« S’il te plaît, sois douce, » demanda Al.
Al avait aussi saisi la poignée de sa faux et se mit en position de combat.
« … »
Leur intense combat acharné s’était terminé brusquement alors qu’ils détournaient tous les deux leur regard.
Qu’est-ce que je fous !? Comment suis-je censé m’entraîner en regardant le sol ?
Il s’était dit que son cœur battant trop fort était peut-être dû à son entraînement intense il y a quelques instants, mais Sharon regardait aussi le sol avec les joues roses.
« Ce n’est… pas moi ! »
Elle fixait Al, apparemment bouleversée.
« Al, je ne me retiens pas. Prépare-toi ! » déclara Sharon.
Sharon avait saisi son épée et se prépara à attaquer.
« Haaaaaaaaaaaaaa ! »
Il ne restait plus que de la poussière dansante pour indiquer la position de Sharon alors qu’elle semblait disparaître dans le néant avec sa charge.
« Qu’est-ce… !? Gh, rghhhh ! » s’écria Al.
Un instant plus tard, elle réapparut devant Al, prête à frapper. Grand bruit ! Al se rassura en se disant qu’il avait réussi d’une manière ou d’une autre à empêcher la lame de le décapiter à quelques millimètres près.
« Qu’est-ce que tu fous ? Es-tu sérieuse…, » s’écria Al
« Tais-toi et bats-toi ! » cria Sharon.
Rougissante, elle avait effectué un autre attaque.
« Attends ! N’est-ce pas ton plan d’assassinat encore une fois !? » demanda Al.
« Non, je ne peux pas penser clairement si je ne fais pas d’exercice, » déclara Sharon.
« Bon sang, à quel point peux-tu être difficile !? » s’écria Al.
Tout en fermant les yeux sur sa propre contribution à la situation actuelle, il avait inséré son propre petit commentaire tout en repoussant les attaques acharnées de Sharon. Bien sûr, il savait qu’elle se retenait, il aurait goûté la terre depuis longtemps si elle ne le faisait pas.
« Hé, pas de relâchement ! Défends également ton dos ! » s’écria Sharon.
Mais le fait de se retenir ne l’avait pas dépouillée de toute sa puissance. Un faux pas et le tranchant de sa lame lui avaient frotté la joue. Il savait qu’il ne pourrait jamais l’atteindre, mais son corps s’était raidi quand il avait vu la longue épée osciller rapidement.
« Ne sois pas tendu ! Il faut être plus flexible quand on prend un coup ! » Elle lui avait adressé de sévères critiques. « Tu n’auras pas le temps de t’entraîner pendant une bataille ! »
Il trébuchait de temps en temps, mais il arrivait à encaisser les coups de Sharon. Puis, après s’être habitué aux schémas d’attaque de Sharon, il avait commencé le début de sa contre-attaque.
« Maintenant ! Whoaaaaa ! » s’écria Al.
« C’est une ouverture ! » répliqua Sharon.
Blam !
Mais il avait encaissé un coup percutant avant de pouvoir faire quoi que ce soit.
« Gahhhh ! »
Bien sûr, la lame n’avait pas vraiment atteint son corps, mais la pression de la frappe elle-même avait suffi à le faire rouler dans le terrain comme une balle. Après avoir confirmé qu’Al était à terre pour de bon, Sharon avait relâché un cri de fiertés et avait fait un sourire suffisant.
« Tu as encore du chemin à parcourir, » déclara Sharon.
Mais quand elle s’était approchée d’Al, son sourire avait disparu. C’était rare pour elle d’afficher une expression sérieuse, mais c’était l’une de ces fois.
« Bref, qu’en penses-tu ? » Elle demanda ça au jeune roi, qui essayait de se relever du sol.
« Hein ? À propos de quoi ? » demanda Al.
Sharon demandait quelque chose de complètement non prévisible, laissant Al sans voix. C’était devenu une sorte de situation burlesque entre les deux. Et comme d’habitude, il avait incliné la tête dans la confusion.
« Tu sais… à propos de moi, euh… je parle du fait que j’ai été esclave ! » déclara Sharon.
Elle ferma les yeux et se tint fermement comme si elle s’était décidée sur quelque chose.
« Hein ? » demanda Al.
Je n’ai rien compris de tout ça… De quoi diable parle-t-elle !?
« Vas-y, dis quelque chose ! » déclara Sharon.
Sharon s’en était pris à Al, qui avait renoncé à essayer de comprendre le sens de ses mots énigmatiques.
« Je suis une Diva, mais j’ai été esclave ! C’est, euh… Ce ne serait pas étrange si tu me jetais en prison et me réduisais à nouveau en esclavage ! » déclara Sharon.
Une certaine douleur était projetée sur son visage. Elle avait raison, Al aurait un atout diplomatique contre Freiya s’il les surprenait à mentir en envoyant un esclave au lieu d’une princesse comme ils l’avaient promis. Mais Sharon serait méprisée par les deux pays, alors il avait déjà sa réponse.
« Je ne ferais jamais ça. Bien que tu m’aies causé de sacrés ennuis, tu m’as aussi beaucoup aidé… et jeter un ancien esclave en prison irait à l’encontre de tout ce que je défends, » il avait gonflé sa poitrine après avoir dit ce qui lui paraissait évident.
« Euh… Hm, je vois…, » déclara Sharon.
Elle devait s’y attendre, car elle n’était pas très surprise. Non seulement ça, mais elle avait rajouté une nouvelle question.
« Al... Es-tu heureux quand tu libères des esclaves ? » demanda Sharon.
Il avait déjà entendu cette question. C’était un imbécile à l’époque, un roi naïf qui ne savait rien du monde. C’était peut-être encore le cas, mais Al voulait croire qu’il s’en était remis,
Il avait alors donné son avis honnête sur la question. « Je ne sais pas ce qui est juste, ou si ça me rendrait heureux. Ce qui est important, c’est que je veux le faire. »
« Ce que tu veux faire, hein… ? » Sharon le regarda, perplexe.
« Vis ta vie comme bon te semble. Si les gens sont toujours prêts à te suivre, alors tu as l’étoffe d’un grand leader, » il y a très longtemps, le défunt roi lui avait dit ces mots.
« Je continuerai à libérer les esclaves, mais j’ai dit adieu à mes manières imprudentes. Je veux leur montrer comment mener une vie heureuse et épanouissante et faire de mon pays un endroit où chacun peut avoir une chance d’être libre. Nous sommes encore loin d’y parvenir, mais un jour, je ferai de ce pays un havre de paix pour les malheureux, » déclara Al.
Il s’était complètement ouvert à Sharon.
« Ne reste pas bloqué sur des détails insignifiants, fais ce en quoi tu crois. Tu n’as pas à t’inquiéter, je serai là pour porter ce fardeau avec toi si jamais tu es coincé, » déclara Sharon.
« Hehe, comme c’est généreux de ta part, » déclara Al.
Elle répondit à Al avec un doux sourire. « Ouais. Tu sais, mon père disait toujours : “Si on te frappe, frappe deux fois plus fort, mais si quelqu’un te fait une faveur, rends-lui dix fois plus”. »
Alors, Al, emporté par la situation, déclara. « Vraiment ? Alors tu me dois vingt faveurs au total, n’est-ce pas ? »
« Hé, pourquoi en as-tu ajouté une autre !? Hein ? Est-ce que ça va ? » demanda Sharon.
Il voulait faire une réplique drôle, mais le sourire de Sharon avait soudainement disparu de son visage.
« Al. Savais-tu que j’avais une autre raison de venir ici à part t’assassiner ? » demanda Sharon.
Son changement de ton soudain et ses yeux puissants laissaient n’importe qui figé sur place.
« Tu as dit vouloir utiliser ma position avant ça, » répondit Al.
« Ouais. Je veux utiliser ton pays pour écraser cet imbécile assis sur le trône de Freiyan et sauver mes amis qui sont tombés en esclavage ! » déclara Sharon.
Al n’avait pas pu s’empêcher de laisser échapper un petit rire après avoir entendu cette déclaration ridicule. Il savait très bien qu’ils n’avaient aucune chance contre cette superpuissance. Mais les yeux inébranlables de Sharon ne permettraient pas un tel manque de respect, et Al le savait. Tandis qu’il se tenait là, complètement abasourdi, Sharon lui fit un sourire doux.
« Bien que ton pays devrait devenir plus fort avant que nous puissions faire quoi que ce soit à ce sujet. Et si tu trouves que mon plan va à l’encontre de tout ce que tu défends, n’hésite pas à me jeter en prison ! » déclara Sharon.
Elle avait défié ses idéaux tout en gardant le même sourire doux. Al essaya de choisir ses mots avec soin, mais il avait abandonné. Il n’y avait pas besoin de marcher sur la pointe des pieds avec quelqu’un qui partageait ses sentiments les plus profonds.
« J’ai déjà dit que je porterai ce fardeau avec toi, et je ne vais pas te jeter en prison, » déclara Al.
« C’est quoi cette réponse à la con !? Dis-moi au moins que tu sacrifierais ta vie pour mon rêve ! » Elle répondit par une remarque grossière, qui n’était pas inconnue d’Al. Mais Al savait que Sharon plaisantait, alors qu’il jetait un coup d’œil sur son visage.
« Je pense que tu devrais continuer à faire ce que tu fais, » continua-t-il. « Mais si tu continues à manger autant, tu n’entreras pas dans nos cellules…, » déclara Al en la taquinant.
Blam !
« Gahh ! »
Sharon avait l’air agitée, mais les remarques grossières d’Al n’en étaient pas moins accueillies d’un plein coup du plat de sa lame.
« Tu ne sais jamais quand la fermer, n’est-ce pas… ? Mais merci, » déclara Sharon.
Ses derniers mots n’arrivèrent pas aux oreilles d’Al, qui se retrouva une fois de plus en train de tomber sur le sol.
« Puis-je rester au château ? » Elle le regardait attentivement, cherchant une confirmation.
« Ow, ow, ow, ow... Bien sûr que tu peux ! Plus important encore, est-ce que frapper quelqu’un avec une épée longue est ta façon de montrer ta gratitude ? » demanda Al.
« Hehehehe, ouais, ça l’est, alors ne m’appelle pas “Ow”, » déclara Sharon.
« Qu’est-ce que ça veut dire !? » demanda Al.
Sharon avait complètement ignoré le roi enragé et s’était approchée de lui avec nonchalance.
« Oh mon Dieu, tu es couvert de boue ! » déclara Sharon.
« À qui la faute !? » s’écria Al.
Sharon avait laissé échapper un rire chaleureux.
« Va te laver avant le petit-déjeuner ! Tu ne survivras pas à notre prochaine séance d’entraînement si tu oses laisser couler de la boue sur mon délicieux repas, compris !? » répliqua Sharon.
Pourquoi la personne qui m’a fait plonger dans la boue me réprimande-t-elle maintenant ?
« Et…, » continua Sharon.
Oh, super, elle n’a pas encore fini.
« Maintenant qu’on en est là, que les choses soient claires ! À l’époque, je… Umm... Ce qui s’est passé ne veut pas dire que je t’aime ! Tu pleurais, donc je n’avais pas le choix, j’étais coincée dans un coin. Je voulais te consoler et c’était un service spécial de ma part ! Ne nous vois pas comme des amoureux ou des amants ! » déclara Sharon.
Elle avait tout dit d’un seul coup. Al avait fait un sourire ironique, se sentant un peu mal pour Sharon.
« Ne t’inquiète pas, je le sais. Je suis vraiment reconnaissant que tu m’aies aidé à protéger mon peuple et c’est tout. Le baiser n’a pas compté, et nous ne sommes pas amants. Sommes-nous sur la même longueur d’onde ? » demanda Al.
« Non, je veux dire, tu n’avais pas à le nier comme si tu étais faussement accusé de meurtre…, » répliqua Sharon.
Mais tu as fait la même chose, n’est-ce pas ? Pourquoi as-tu l’air si triste tout d’un coup ? Qu’est-ce que j’aurais dû dire !?
Il s’était peut-être plaint à l’intérieur, mais il voulait mettre un sourire sur le visage de la fille, alors il avait essayé de s’en sortir en parlant.
« Ne t’inquiète pas… considère cela comme quelque chose de banal, comme confondre le sel et le sucre, et oublie cela. Je l’effacerai aussi de ma mémoire, » déclara Al.
Son corps se souvenait encore faiblement de ce sentiment extatique, mais il croyait qu’il s’agissait d’un effet secondaire de la Surtension Céleste. Al était certain que Sharon était du même avis et qu’elle accepterait sa proposition.
« Espèce… d’idiot ! » répliqua Sharon.
Elle ne pouvait même pas produire un cri, réprimandant Al d’une voix fine et aiguë. Mais même ainsi, ses paroles avaient transpercé son âme.
« Hé, pourquoi t’énerves-tu ? Tu devrais —, » demanda Al.
« Ta gueule, gros nigaud ! Va prendre un bain, tu pues ! » répliqua Sharon.
Il avait essayé de combattre la douleur dans son âme en parlant à Sharon, mais elle l’avait poussé vers la porte, lui coupant la parole.
« D’accord, je vais prendre un bain si c’est ce que tu veux ! Bon sang…, » déclara Al.
Ils ne pourraient pas avoir une discussion paisible comme celle-ci, alors il avait fait ce qu’elle lui avait demandé.
« Je… ne l’oublierai jamais, » fixant le dos d’Al, Sharon se murmura ça à elle-même.
« Hm ? As-tu dit quelque chose ? » demanda Al.
« Rien, imbécile ! » répondit Sharon.
Al avait demandé en réponse, mais il avait été immédiatement rejeté.
Elle était rouge comme une betterave, et elle devait être furieuse.
Al ne voulait plus la mettre en colère, alors il était entré à contrecœur dans le château malgré le sentiment qu’il manquait quelque chose. Leur échange s’était terminé là, sans qu’aucun d’eux remarque la présence de la fille aux cheveux bleus qui veille sur eux…
***
Partie 5
Dès qu’il entra dans le château, il aperçut Jamka, fixant attentivement un morceau de papier.
« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Al.
Al avait l’intention de s’éclipser avant que Jamka ne puisse se plaindre à lui, mais le regard impatient de Jamka l’avait forcé à entamer une discussion.
« Pourquoi es-tu caché dans ce coin ? Quelqu’un t’a chassé ou quoi ? » demanda Al.
Il craignait que le personnel ne l’intimide parce qu’il était un soi-disant « traître », mais…
« Ne dis pas quelque chose d’aussi cruel dès qu’on se rencontre ! Et tu sais que tout le monde se disait : “Eh bien, je ne t’en veux pas. Si j’apprenais que le roi que j’ai servi de tout mon cœur est un enfant gâté et qu’on dit maintenant qu’il est le roi démon, alors je voudrais aussi m’enfuir !” Pourquoi ces gens voudraient-ils me chasser, hein !? »
Il s’était fait gronder. Al avait fait une note mentale pour demander qui avait dit exactement cela, tandis que Jamka avait fait un sourire amical.
« Même si tu as l’air d’une belle-mère harcelante, je sais que tu t’inquiètes pour moi. Désolé, » déclara Jamka.
Mais son sourire doux n’avait pas pu tromper Al. Jamka essayait manifestement de cacher le document qu’il venait de lire.
« D’accord. Préviens-moi s’il se passe quelque chose, » déclara Al.
Al avait fait comme s’il n’avait rien vu, et avait lentement dépassé Jamka, mais ensuite…
« Et qu’est-ce que c’est que ça !? » demanda Al.
Dès qu’il était passé derrière Jamka, il lui avait pris le document.
« Ah ! Hé, attends, ce n’est pas ce que tu crois ! C’est Lady Cécilia qui me l’a donné…, » déclara Jamka.
Jamka avait essayé de trouver une excuse sur le champ.
« De ma sœur ? » demanda Al.
Jamka était rarement agité, alors Al l’avait trouvé incroyablement suspicieux. Il passa rapidement en revue le papier qu’il tenait dans ses mains.
« Un projet de loi pour permettre le mariage entre frères et sœurs, parents et enfants, et hommes et femmes de tous âges ! » Al avait lu le titre scandaleux. « Haah... Bon sang, c’est quoi ce bordel, Cécilia… ? »
Il sentit son esprit s’engourdir tandis qu’il poussait un soupir d’épuisement.
« Quoi qu’il en soit, je lui donnerai ça moi-même. Tu as déjà assez à faire, ne te laisses pas emporter par ses idées folles, » déclara Al.
« Tu as raison, mais j’ai reçu ça d’elle personnellement, donc c’est à moi de le rapporter ! » déclara Jamka.
Al n’avait pas pu s’empêcher de sourire en voyant la loyauté absolue de Jamka.
« C’est très bien. Laisse-moi t’aider de temps en temps, » déclara Al.
« D’accord, alors… Merci…, » répondit Jamka.
Jamka s’en alla, apparemment déprimé.
Il se comportait souvent ainsi quand c’était arrivé…
Al s’était rappelé des événements qui avaient conduit à la désertion de Jamka. Il avait vite couru après son vieil ami, mais…
« Haah, et voilà pour le mariage de Brusch…, » il avait à peine capté ce murmure prudent. Il s’était arrêté sur ses pas.
« Quelle putain de blague ! » Il déchira agressivement le document qu’il tenait à la main et se dirigea vers le grand bain.
« Haah, enfin. Ça m’a pris du temps pour venir ici, » déclara Al.
Al avait encore du temps avant le petit-déjeuner, mais pour une raison ou une autre, cela le dérangeait de savoir combien de temps il avait perdu avec Jamka.
Qu’est-ce que je dois faire de lui ?
En ayant de nombreux sentiments en lui en ce moment, il avait ouvert les portes de la grande baignoire avec force.
« Bien, au moins c’est libre, » déclara Al.
Il avait jeté un coup d’œil dans le bain. La baignoire géante, capable d’accueillir vingt personnes, avait rempli la pièce d’une vapeur épaisse et chaude. Il examina attentivement le bain massif, environ quatre fois plus grand que la chambre d’Al, mais il ne pouvait même pas voir le bout de la pièce à travers l’épaisse vapeur.
« J’ai déjà eu affaire à notre maniaque de l’assassinat, donc je pense que je peux y aller en toute sécurité, » déclara Al.
En disant cela, il avait enroulé une serviette autour de sa taille et était entré dans le bain. Il voulait sauter immédiatement dans la baignoire si invitante, mais ce serait impoli de le faire couvert de boue. Il avait rempli d’eau un seau posé sur le sol et il le versa sur sa tête.
« Aïe, aïe, aïe… »
L’eau chaude avait envahi toutes les égratignures présentes sur son corps.
« Je n’ai même pas pu effectuer une contre-attaque…, » murmura-t-il.
Après avoir parcouru les égratignures avec son doigt, il avait plongé son corps dans l’eau. Il ferma les yeux et s’enfonça dans le fond de la baignoire.
« Ahhhh ! C’est ce que j’ai attendu toute la journée ! » déclara Al.
Il avait serré les poings en signe de bonheur. Althos n’était en aucun cas un pays riche, mais dans d’autres pays, même la royauté ne pouvait pas se permettre de s’imbiber d’autant d’eau chaude. Mais Althos était différent. Il avait été choisi comme lieu de repos pour le Roi Démon en raison de l’immense énergie magique qui coulait sous terre. Cette énergie avait renforcé le sceau, mais elle avait aussi procuré de nombreux avantages à ses résidents. L’un de ces avantages était l’eau. L’énergie magique purifiait les cours d’eau souterrains, ce qui permettait à l’eau de jaillir à la surface du sol sous forme d’eau chaude, ce qui permettait aux résidents d’avoir accès à de l’eau chaude en tout temps.
« Haah ~, est-ce que c’est à ça que ressemble le paradis ? » demanda Al.
Il se lava le visage et regarda autour de lui sans but. Mais soudain, il aperçut une ombre menaçante nager à la surface de l’eau.
« Je croyais que Sharon en avait fini avec ça… Est-ce un nouvel assassin ? » demanda Al.
Il fixait attentivement l’ombre, bouillonnant de rage, car son temps de qualité était en train d’être gâché. Restant sous la surface, cela s’approchait lentement d’Al. Al se leva avec précaution et saisit la seule arme à sa portée : un seau en bois. Et puis…
« Qu’est-ce que… !? » s’écria Al.
Il était sans voix lorsqu’il avait finalement repéré la silhouette projetant l’ombre. C’était Feena, toute nue.
« Hein ? F-Fee — quoi ? Pourquoi ? » demanda Al.
En raison du passage soudain d’une situation de relaxation totale à une situation apparemment mortelle, il avait perdu la capacité de former une phrase cohérente.
« Je ne vois rien avec toute cette vapeur. Je n’arrive pas à voir sa belle peau claire qui devient lentement légèrement rougeâtre ! » Il chuchota comme s’il priait les Dieux. Le fait de détourner son regard ne lui avait même pas traversé l’esprit étant donné sa stupeur.
Elle est toute nue !
Quelque chose s’était mis à gonfler, et pour être plus précis, en bas du corps d’Al, prouvant qu’il était bien un jeune homme en bonne santé.
« Ahh ! » Al s’était vite enfoncé dans l’eau pour cacher sa virilité gonflée.
« Al, c’est impoli d’entrer dans le bain avec ta serviette autour de toi, » déclara Feena.
« Et pourquoi n’est-ce pas impoli pour nous de prendre un bain en même temps, hein ? » demanda Al.
Il s’était tranquillement félicité d’avoir conjuré une réplique dans cette situation.
« C’est normal pour un couple marié, » mais la Diva aux cheveux bleus n’en avait pas été affectée du tout par ça. Au contraire…
« Al, laisse-moi te laver le dos. Alors je vais laver ton #$@@& avec mes & #**@& $. Je vais même nettoyer ton %#&@$, alors s’il te plaît…, » déclara Feena.
Dès qu’elle avait terminé son plan inutilement détaillé…
Éclaboussure !
Elle était plutôt chancelante quand elle s’était rendue à Al, alors elle s’était effondrée dans l’eau. Elle s’enfonça comme une pierre, on n’entendait que l’eau bouillonnante derrière elle.
Un… deux…
Son dos rosé flottait au-dessus de l’eau, mais le reste de son corps était encore enfoncé dans l’eau.
« Hein !? Hé ! Vas-tu bien ? Arrête de faire l’imbécile ou tu vas te noyer…, » déclara Al.
Il s’était précipité vers Feena, mais il s’était soudainement arrêté.
Je ne peux pas la toucher comme ça.
S’il touchait Feena directement, elle serait dépassée par la luxure… euh, la Surtension Céleste.
Attends, c’est peut-être ma chance. Si je n’active pas la Surtension Céleste avec les sept Divas, le Roi Démon sera libéré.
Il s’était répété les paroles de Lilicia.
« Si Feena est faite, alors il en resterait cinq, hein ? »
Il envisageait de le faire, mais Al n’était toujours pas sûr de pouvoir faire confiance à Lilicia.
Oh, et nous n’avons pas la faux ou sa relique ici…
Puis il se souvint que ce n’était pas le moment de réfléchir à de telles questions.
« De toute façon, ce n’est pas juste. Je peux jeter ma fierté, avec mon rêve, à la poubelle si je fais une Surtension Céleste avec une fille inconsciente ! » déclara Al.
Mais maintenant que j’y pense, on est tous les deux nus dans une pièce fermée… C’est mauvais, ça.
Non seulement la situation de la fille qui se noyait était horrible, mais sa maîtrise de soi qui s’estompait lentement l’inquiétait tout autant.
« Merde… Mais je dois faire quelque chose…, » déclara Al.
La Diva de Subdera s’était noyée dans le bain d’Althos. Même si c’était vrai, personne ne croirait à une déclaration aussi ridicule. Al s’était décidé, alors il avait enlevé la serviette de sa taille et s’était approché de Feena… tout en gardant les yeux fermés. Puis, au moment où il avait essayé d’enrouler la serviette autour d’elle et de la ramasser — .
Éclaboussure !
Feena avait soudain levé la tête hors de l’eau. Al avait ouvert les yeux devant le bruit des éclaboussures, mais il avait rencontré sa magnifique peau blanche comme neige, reflétée par l’eau chaude du bain, ainsi que ses monticules étonnamment modestes.
« Pwah ! Al... tu as été si lent… Je devais… me retenir… J’ai failli m’y noyer… ! » déclara Feena.
Ce qu’elle avait vu, c’est Al debout là, comme une sorte de statue ancienne dans toute sa gloire virile… c’est du moins ce qu’il imaginait. Ce qu’il n’avait pas réalisé, c’est que la tête de la fille était juste au niveau de sa taille, et que ses yeux étaient collés vers une certaine partie de sa tête. Ses joues devenaient de plus en plus rouges chaque seconde.
« Quelle assurance de ta part... ! Mais ne penses-tu pas que c’est un peu trop tôt ? » demanda Feena.
Feena devait être gênée. Elle bougeait et se couvrait les yeux avec ses mains.
Al n’avait pas eu le temps de s’inquiéter pour ça.
« Non, attends ! Je voulais te sauver —, » il avait rapidement nié l’accusation la plus odieuse, mais…
« Al, voulais-tu m’attacher les mains avec cette serviette et faire de moi ton jouet ? » demanda Feena.
« Non, quoi !? Si je te touchais directement, tu serais dévorée par la luxure, tu t’en souviens ? » demanda Al.
« Tu es tellement amoureux de moi que tu veux faire le Surtension Céleste… Merci…, » déclara Feena.
Ses délires devenaient incontrôlables et ses joues devenaient de plus en plus rouges, jusqu’à ce qu’elle s’enfonce à nouveau dans l’eau.
« Blub! »
« Hé, Feena ! »
Il avait rapidement attrapé Feena avec la serviette et l’avait tirée hors du bain. Il avait finalement eu le temps de pousser un soupir de soulagement, mais…
Une soif de sang.
« Oh mon Dieu, quelle surprise de te trouver ici ! Laisse-moi laver ton…, » déclara Cécilia.
« Ahh, Cécilia ! Qu’est-ce que…, » commença Al.
La porte de la baignoire s’était ouvert et le son résonna dans la pièce. Cécilia et Sharon étaient entrées dans le bain. Il n’avait aucune idée de la raison de leur présence, mais il ne pouvait pas s’inquiéter à ce sujet. La raison de leur arrivée était loin d’être anodine. Le vrai problème, c’était l’endroit où elles regardaient.
« … » « … »
De leur point de vue, Al avait peut-être l’air d’avoir attaqué la Feena complètement nue. Non, pas « peut être ». Ça ressemblait vraiment à ça.
« Non, c’est un malentendu ! Je peux expliquer…, » commença Al.
Juste au moment où il était sur le point de commencer son explication, la Diva aux cheveux bleus avait repris connaissance.
« Tu es si long… C’était incroyable…, » déclara Feena.
Même ses monologues délirants l’accablaient.
!!
« Hé, ne marmonne pas quelque chose d’aussi incriminant ! » répliqua Al.
Puis, elle avait de nouveau fermé les yeux.
« Ne t’évanouis pas quand j’ai besoin de toi ! Dis-leur que je suis innocent…, » déclara Al.
« … »
Mais elle dormait profondément, comme si elle venait de se glisser dans son lit confortable après un délicieux repas chaud par une froide nuit d’hiver. Alors, Al s’était demandé comment il pourrait échapper à la situation dans laquelle il se trouvait.
« O-Oh mon Dieu… Peux-tu m’expliquer ce qui s’est passé ? » demanda Cécilia.
« Espèce de porc ! Jusqu’où peux-tu descendre ? » demanda Sharon.
Il était certain que le regard de Cécilia allait lui transpercer l’âme, tandis que Sharon lui donnait son tout nouveau titre, plutôt déshonorant : « porc ».
« Fuuuu… Je vous en supplie, s’il y a quelqu’un dehors, sauvez-moi ! » cria Al.
Il avait mis ses mains ensemble et avait plaidé vers le plafond.
***
Partie 6
« A-Alnoa ? »
Brusch s’était comme d’habitude précipitée énergiquement dans le bureau d’Al, mais la situation l’avait apparemment choquée au plus profond d’elle. Feena dormait sur le lit dans le coin de la chambre, ce qui, à lui seul, ne sortait pas de l’ordinaire. Cependant, Cécilia était assise sur le canapé, rayonnant d’une aura presque palpable, vile et empoisonnée de derrière son sourire incassable. À côté d’elle se trouvait Sharon, dont l’expression n’était pas une chose qui devait être vue par ceux qui avaient le cœur fragile, et devant eux, la cible de leurs regards mortels, était le prétendu dirigeant du pays, tremblant de peur. Brusch était incapable de comprendre ce qu’elle voyait. Ils ne l’avaient même pas regardée quand elle avait mis les pieds dans la pièce.
« Je t’ai dit d’aller au bain de vapeur, mais je ne voulais pas dire que tu devrais t’exciter avec Feena, non ? » dit Sharon avec assurance.
« Mais je ne l’ai pas fait…, » déclara Al.
« Oh, je sais ! Tu t’es tout simplement laissé emporter par l’occasion ! N’est-ce pas vrai ? » demanda Cécilia.
Cécilia avait interrompu Al avec quelque chose qu’une mère aurait dit pour défendre son enfant qui avait été pris en train de voler à l’étalage, tout en portant son sourire charmant. Bien que le regard dans ses yeux soit plus sinistre que tout…
« Euh… Alnoa…, » déclara timidement Brusch dans l’atmosphère tendue.
« J’espère que c’est quelque chose d’important, ce n’est pas le moment pour une candidate au mariage temporaire de nous interrompre ! » Sharon lui avait répliqué ça.
« Ce n’est pas “temporaire” ! Je suis une candidate valide et forte ! » répliqua Brusch.
Mais Brusch n’était pas une petite fille banale et énergique. Elle était fière d’être à la tête de l’agence de renseignement et candidate au mariage avec Alnoa, alors elle avait effectué un regard fixe et intense.
« Huhhh !? » « Qu’est-ce que tu as dit !?? »
Elles se regardaient comme des chiens enragés, attendant le signal du début du combat.
« Alors, pourquoi es-tu ici ? » Cela semblait hors de question au début, mais Sharon avait fini par lâcher prise et lui avait demandé ça.
« Je ne dirai rien ! Je suis la subordonnée d’Alnoa et une candidate au mariage, donc je lui donnerai mon rapport directement et à personne d’autre ! » répliqua Brusch.
Mais il semblerait que la remarque précédente de Sharon ait touché une mauvaise corde sensible, alors qu’elle se détournait d’elle avec une moue.
« Que s’est-il passé, Brusch ? » Ils n’arrivaient à rien comme ça, alors Al avait décidé de briser la glace.
« Ah, oui, écoute ça ! Nos soldats qui sont partis pour enquêter sur les environs d’Esanthel ont rapporté qu’un bateau devait partir d’Esanthel pour l’Empire dans quelques jours seulement, et qu’il était rempli à ras bord de prisonniers de guerre, » expliqua Brusch.
« Pourquoi as-tu attendu pour me dire quelque chose d’aussi critique ? » demanda Al.
« Elle m’appelait “temporaire”, c’est tout aussi critique ! » déclara Brusch.
Al avait simplement tapoté ses tempes en entendant la déclaration fière de Brusch.
« Nhhhh… Si bruyante…, » Feena, toujours dans le lit, s’était réveillée.
Maintenant que j’y pense… Je suis…
Elle s’était retournée et s’était enfouie sous l’oreiller tout en essayant de rassembler ses pensées.
« L’odeur d’Al... C’est le lit d’Al ! » déclara Feena.
Mais elle s’était égarée en se frottant le visage contre l’oreiller.
« C’est un peu gênant, alors peux-tu arrêter ? » demanda Al.
Puis elle aperçut Al du coin de l’œil et leva instantanément la tête de son oreiller.
« … »
Arrêtée par Al lui-même dans un tel moment de bonheur, elle avait fait la moue avant de passer à l’évaluation de la situation.
« Attends… J’étais dans le grand bain prêt à tendre une embuscade à Al, puis il… m’a sauté dessus, non ? » Elle avait lâché cette bombe comme si ce n’était rien.
Al sentit alors des regards qui le transperçaient de derrière lui.
« Je ne l’ai pas fait ! Ne pousse pas tes torts sur moi ! Quoi... Quoi encore !? C’est quoi ce regard-là ? » demanda Al.
Tout en essayant de supporter les regards brûlants dirigés vers son dos, il regarda Feena, suppliant désespérément pour de l’aide. Mais l’expression de Feena devint plus sombre que jamais.
« Pourquoi ne m’écoutes-tu pas ? » demanda Al.
Elle s’était contractée tout d’un coup.
« Attends, quoi ? Tu as mal au ventre ou quoi ? »
L’expression de Feena, alors qu’elle était au bord des larmes, avait fait disparaître les regards insupportables qui perçaient le dos d’Al. Il craignait que la jeune fille ne se sente gravement malade après s’être évanouie dans le grand bain. Voyant l’inquiétude sincère se répandre sur le visage d’Al, Feena avait rougi et se mit à parler lentement.
« Kanon est un bon ami à moi, alors je veux m’assurer que lui et son peuple vont bien avec mes propres yeux. Mais je reste ici en ce moment en tant que candidate au mariage, donc je ne peux pas sortir seule quand je veux…, » déclara Feena.
Al avait essayé de se rappeler toutes les informations qu’il savait sur Kanon. Il était l’inquisiteur d’Esanthel et on disait qu’il avait pris la place et le pouvoir de la Diva précédente, qui avait rencontré une mort subite. On disait aussi qu’il était tout un numéro.
Pourquoi se connaissent-ils ?
Après avoir révélé des informations plutôt inattendues, elle se cacha de nouveau le visage dans l’oreiller d’Al comme si elle était gênée par quelque chose, bien que l’on ne sache pas exactement ce qui l’avait rendue agitée. Al ne comprenait pas comment elle pouvait se glisser dans son lit et essayer de lui tendre une embuscade dans le bain si elle trouvait son regard embarrassant maintenant, mais au moins il comprenait pourquoi Feena s’ouvrait à lui maintenant.
« Pourquoi n’as-tu pas commencé par ça ? Ai-je l’air si négatif que ça ? » demanda Al.
Feena avait sorti la tête de l’oreiller et l’avait secouée.
Si elle pense que je le suis, alors pourquoi aurait-elle abordé cette situation de façon si détournée ?
Al essayait de comprendre le raisonnement de Feena, mais…
« J’ai lu que… c’est beaucoup plus facile d’avoir ce qu’on veut… après le sexe, » déclara Feena.
Après avoir un peu réfléchi, Feena marmonna sa réponse. Elle n’avait pas tort, mais sa réponse rougissante ressemblait à un couteau transperçant le cœur d’Al.
Attends, suis-je jaloux parce qu’elle tient beaucoup à un autre homme ?
La tête d’Al était remplie de toutes les fois où elle disait qu’il deviendrait un jour sa marionnette.
Elle disait ça depuis le moment où on s’était rencontrés. Je suis idiot de penser qu’elle a été gentille avec moi tout ce temps…
Feena regardait en silence Al.
Oui… Tout se déroule selon son plan, mais en même temps… Je lui suis redevable.
Il se mit à réfléchir avant de se tourner vers Feena avec un sourire chaleureux.
« Tu n’as pas besoin de tourner autour du pot comme ça après tout ce que tu as fait pour moi. Je serai ravi de te donner un coup de main, » déclara Al.
Il avait dit cela aussi joyeusement qu’il le pouvait pour masquer ses pensées intérieures.
« Al... Je te remercie. » Elle regarda Al comme s’il était son sauveur et fit un signe de tête fort.
« Hm ? As-tu quelque chose d’autre à dire ? » demanda Al.
« Oui. Puisque tu m’aideras à sauver Kanon et les habitants d’Esanthel, je suis d’accord pour continuer là où nous en étions, » déclara Feena.
« Dis-moi, pourquoi essaies-tu de rendre ça encore plus dur pour moi ? » Et, alors qu’Al rétorquait ça…
« S’il te plaît, ne t’en fais pas, Lesfina. Et Al, j’ai quelque chose à te dire, » Cécilia avait saisi le cou d’Al avec un sourire plus froid que le point le plus au nord de l’Arctique.
« Cécilia, puis-je me joindre à toi ? » Sharon avait aussi saisi le cou d’Al, affichant un regard tout aussi froid.
« Hein ? Quoi ? Cécilia ? Sharon ? Vous savez que je n’ai rien fait, hein ? Ça n’a rien à voir… Hein ? Ehhhh !? » s’écria Al.
Sans logique ni sophisme, les deux filles avaient emmené le jeune roi hors de sa chambre.
« Merci, Al, » murmura Feena.
Feena, qui se précipitait habituellement à l’aide d’Al, les regardait maintenant simplement partir, mettant ses mains ensemble comme si elle priait pour sa sécurité.
***
« Haah, c’était horrible ! »
Depuis une heure, il était coincé entre sa sœur surprotectrice et Sharon, le garde qui avait attrapé le vilain Al lors d’un vol à l’étalage. Ça n’avait peut-être duré qu’une heure, mais c’était comme une éternité pour lui.
« Franchement…, elles savent que je suis occupé…, » La Diva aux cheveux bleus le regardait du coin du couloir menant à son bureau alors qu’il ronchonnait à lui-même.
« Oh, Feena. Est-ce que ça va ? » demanda Al.
Comme toujours, elle garda le silence, malgré tout, elle semblait vraiment heureuse pour Al. Bien qu’en réalité, quelqu’un utilisant le pouvoir de la Valkyrie ne serait pas hors service longtemps après avoir eu le vertige dans le bain. Mais même à ce moment-là, Al se sentait soulagé de la revoir sur ses pieds. Cela aurait été un problème si elle avait été clouée au lit pendant des jours, car ils avaient des choses à discuter.
« Feena. Selon Brusch, les prisonniers de guerre d’Esanthel seront envoyés dans l’Empire dans quelques jours, » déclara Al.
Il avait essayé d’être aussi clair et précis que possible.
« Quoi ? Alors il faut se dépêcher, » déclara Feena.
Il leva la main pour la calmer.
« Oui, on fait déjà les préparatifs. Ça prendra un peu de temps avant qu’on puisse partir, mais ne t’inquiète pas, » déclara Al.
« Hmm ? C’est très bien, venant de toi. Tu aurais agi en un clin d’œil il y a quelques semaines, » déclara Sharon.
Pendant qu’Al partageait son plan avec Feena, Sharon s’était approchée d’eux.
Nous observe-t-elle depuis le début ?
« Bien sûr que j’ai grandi avec le temps ! Et je sais très bien que je causerais des ennuis à tout le monde en agissant seul ! » déclara Al.
Il s’était expliqué à Sharon et avait regardé vers elle. Un moment plus tard…
Smoosh!
La tête d’Al était coincée entre deux choses incroyablement lisses et élastiques, et il savait exactement ce que c’était.
« Oh mon Dieu. Bon travail, mon adorable petit frère ! Tu deviens un meilleur roi chaque jour, n’est-ce pas ? » Cécilia enfonça avec force la tête d’Al entre ses seins.
« Pfwah ! Gah ! »
Malheureusement, il n’avait pas eu le luxe d’apprécier la sensation de confort ou le parfum merveilleux. Son rire avait disparu à un moment donné alors qu’elle tenait la tête d’Al baissée.
Il n’y avait eu aucun effet visible.
Oh, donc la Surtension Céleste ne s’activera pas par les seins.
Feena avait réfléchi, bien qu’elle n’ait pas vraiment eu le temps de réfléchir à de telles choses. Al avait lentement cessé de lutter, et non pas parce qu’il s’était livré au plaisir. Son visage, au fond de la vallée, commençait probablement à devenir violet.
« Cécilia, n’est-ce pas suffisant ? Al devient mou, » déclara Sharon.
« Oh mon Dieu. Ne t’inquiète pas, Al est un dur à cuire » déclara Cécilia.
« Mais franchement, regarde-le, il n’a plus l’air de bouger, » Sharon l’avait avertie, mais Cécilia était déjà trop prise par ce qu’elle faisait.
« Mlle Cécilia, veux-tu... » commença Feena.
Feena avait essayé de tendre une main secourable quand elle avait vu la comédie — euh, la tragédie se déroulant devant ses yeux, mais…
« Oh mon Dieu. N’essaie même pas, je n’abandonnerai jamais mon temps spécial avec mon petit frère ! » Cécilia l’avait repoussé.
« Et…, » continua Cécilia.
Cécilia dirigea triomphalement ses yeux vers une certaine partie de Feena. Après un moment de silence…
« Quelqu’un doit le réconforter comme ça puisque tu ne peux pas, » elle avait porté le coup de grâce.
« Kuhhhh ! Je me fiche que tu sois ma belle-sœur, je ne pardonnerai jamais une telle humiliation ! » Feena écarta rapidement les jambes et se prépara à attaquer.
« Cécilia est vraiment effrayante quand elle est comme ça, » déclara Sharon.
« Eeeep ! »
Toute couleur avait disparu du visage de Cécilia alors qu’elle poussait un cri strident et relâcha son emprise sur Al.
« Qu’est-ce que tu racontes, Sharon ? Je ne suis pas effrayante du tout, n’est-ce pas ? Est-ce ce que je fais ? » demanda Cécilia.
Elle cherchait désespérément la confirmation d’Al, qui venait d’échapper à une expérience de mort imminente, mais…
« Hahahaha… Hehehehehehehe..., » en entendant le rire menaçant de la jeune fille aux cheveux bleus, Cécilia s’était figée sur place.
« Oh mon Dieu. Qu’est-ce que c’est, L-Lesfina ? »
Malgré les sueurs froides qui coulaient sur ses joues, elle avait fait de force un sourire. Peut-être à cause du manque d’oxygène, Al semblait remarquer un sourire satisfait sur le visage de Feena.
« Ce n’est rien, Mlle Cécilia, » déclara Feena.
Et le ton habituel de Feena soutenait cette théorie, bien qu’elle ait pu s’arrêter parce que Cécilia souffrait manifestement.
« Quoi qu’il en soit, arrête de faire l’imbécile. Préparons-nous à —, » commença Sharon.
« Alnoa ! Terrible nouvelle ! L’inquisiteur d’Esanthel aurait traversé la frontière avec deux mille de ses soldats ! » cria Brusch.
Franchement !? Pourquoi tout ne se passe-t-il pas comme prévu ?
Il avait espéré au moins reprendre son souffle après les événements qui s’étaient produits il y a peu de temps, mais il semblait que son mal de tête ne disparaîtrait pas dans un avenir prévisible.
***
Chapitre 2 : L’Inquisiteur d’Eshantel
Partie 1
« Dépêchez-vous ! Esanthel est secoué après leur défaite écrasante, alors ne prenez que le strict minimum en termes d’armement et revêtez votre meilleur visage de guerrier ! »
La voix de Jamka s’était fait entendre tel un rugissement sur les terrains d’entraînement, dirigeant les troupes confuses sous le soleil chaud du printemps. Les soldats portaient leur tenue de combat, mais il n’y avait aucun signe de la tension qui, d’habitude, remplissait l’air avant une bataille. C’était comme s’ils allaient faire une promenade l’après-midi pour réconforter les troupes Esanthel vaincues.
« Je vais d’abord leur parler, alors tu restes ici et tu regardes, » dit Jamka alors que sa manche droite flottait dans la brise du printemps.
« Non, ils ont rapporté avoir vu l’Inquisiteur en personne. Il s’agit maintenant d’une affaire diplomatique, alors je dois commencer » répliqua Al.
Al sourit malicieusement et il monta à cheval. Bien sûr, il avait laissé sa faux derrière lui pour éviter toute rumeur inutile. Jamka ne pouvait pas faire grand-chose, mais il poussa un grand soupir et laissa tomber ses épaules.
« Haah, je savais que ça arriverait… D’accord, mais je viens avec toi, et on emmène des troupes…, » déclara Jamka.
« Je vais y aller, donc ce n’est pas la peine » déclara Sharon.
« Oh mon Dieu. Je me joindrai aussi à toi, » déclara Cécilia.
Pendant ce temps, Sharon et Cécilia s’étaient alignées à côté d’Al, toutes deux avec un regard déterminé.
« Bien sûr, j’y vais aussi. »
« Ahhhh ! » Surpris par le chuchotement venant de derrière, Jamka dégaina son épée par réflexe.
« Oh, vous osez dégainer votre épée vers une invitée de l’État ? Il s’agit maintenant d’une question diplomatique. Al, je te ferai faire tout ce que je dis, à moins que tu ne veuilles une guerre totale. »
« Attends, ça ne nuirait-il pas aussi à ta réputation ? Gah, peu importe. Je ferai ce que tu veux tant que ce n’est pas trop sauvage, » répliqua Al.
Quel genre de Diva essaierait de me faire chanter au lieu de simplement me demander ?
Al poussa un soupir fatigué et vaincu, tandis que Feena hocha la tête et courut vers le cheval d’Al.
« Nhhh ! »
Elle se tourna vers Al et étendit les bras.
« Veux-tu monter sur mon cheval ? » demanda Al.
Deux petits hochements de tête silencieux et joyeux se firent.
« Et bien, je ne pense pas qu’il va se passer quelque chose. Après tout, nous n’accueillerons que les soldats d’Esanthel, » déclara Al.
Bien qu’il rencontrerait des soldats brisés et en deuil avec deux Divas à ses côtés et un troisième sur son propre cheval, on pourrait dire que le roi d’Althos avait pris un peu d’avance sur lui-même, et qu’il voulait se vanter de belles filles présentes à côté de lui.
« Ne t’inquiète pas, je connais très bien Kanon. Il ne penserait jamais que tu es arrogant, » déclara Feena.
Elle le connaît très bien, hein… ?
Sans remarquer l’agitation intérieure d’Al, Feena étira à nouveau les bras.
« Quelle est ta relation avec Kanon… ? » Il avait chuchoté, mais ils n’avaient pas eu le temps d’en discuter. Il aurait été impoli de faire attendre l’armée d’Esanthel plus longtemps.
« Oh mon Dieu, comment oses-tu m’ignorer et t’accrocher à Al ? » Mais Cécilia semblait avoir des choses plus urgentes à faire.
« Comme c’est effrayant… ! » murmura Feena.
« Gahh ! »
Feena se tourna vers elle et chuchota. Al pensait que cette affaire traînerait un peu, mais…
« Rgh... Je vais laisser passer ça pour cette fois…, » déclara Cécilia.
« Quoi !? Elle a déjà abandonné !? » Al et Sharon l’avaient dit à l’unisson face à cette évolution imprévue.
« Allons-y, Al. Dépêchons-nous ! » déclara Cécilia.
Cécilia avait agi comme si rien ne s’était passé pendant que Feena s’attendait à être arrêtée.
« A-Ah… Trop tard… »
Sharon tremblait parce qu’elle avait raté sa chance de s’opposer. La façon dont sa bouche s’ouvrait et se fermait lui donnait l’air d’une…
« Tu ressembles à un poisson rouge. Félicitations, tu es passé de gorille à poisson ! » Feena termina avec désinvolture les pensées d’Al.
« Je ne l’ai pas fait ! Et pourquoi un poisson est-il plus avancé qu’un gorille ? » demanda Sharon.
« Un poisson rouge ne peut pas parler ou faire du grabuge. J’appellerais ça une amélioration, » répliqua Feena.
« Je vais devoir m’asseoir et avoir une discussion sérieuse avec toi un jour, » déclara Sharon.
Même si Sharon voulait apparemment parler, elle avait attrapé son épée et regardé Feena depuis son cheval.
« Attendez, attendez. Si nous passons plus de temps ici, le délégué d’Esanthel abandonnera et rentrera chez eux ! » déclara Al
Al s’était interposé entre les deux filles.
« Tch. Très bien, » déclara Sharon.
Sharon avait fait sur Al un regard aiguisé comme si elle avait quelque chose de plus à dire, mais elle s’était détournée et avait fait la moue.
Bon sang, pourquoi dois-je m’occuper de tout ça avant de faire face à l’armée d’Esanthel et son chef ?
Al regarda Feena, qui le regardait comme un chiot bien élevé attendant d’être ramassé. Équipé de ses fidèles gantelets spéciaux anti-Déferlement Céleste, plus communément appelés gants blancs ordinaires, il avait tendu la main à Feena.
« Je t’écoute pour l’instant, mais promets-moi que tu ne feras pas de boucan ! C’est peut-être ton ami, mais c’est toujours un invité estimé qui est venu nous demander de l’aide ! » déclara Al.
Il l’avait tirée vers le haut. Bien sûr, Feena était aussi leur invitée, mais c’est une autre histoire. On aurait dit qu’elle n’avait pas fait preuve d’hypocrisie, alors qu’elle s’asseyait joyeusement derrière Al et enroulait ses bras autour de sa taille.
« C’est bon, allons-y ! » déclara Feena.
Al pria pour que leur rencontre se déroule sans problèmes ni malentendus.
Mais ses prières n’avaient pas été entendues. Ce n’est pas parce que Sharon s’était battue, ou que Feena avait lancé un sort ou que Cécilia avait utilisé Liens avec son langage abusif habituel, c’est simplement parce qu’Esanthel n’avait pas besoin d’aide ou ne cherchait pas à former une alliance. Après avoir appris ce qu’Esanthel voulait vraiment, ils retournèrent au château et rassemblèrent trois cents hommes, avec Jamka, pour retrouver l’armée d’Esanthel à la frontière nord-ouest.
« Halte ! » Après avoir vu l’armée adverse, Jamka avait donné son ordre.
« D’accord, on s’en va. Je compte sur toi, Jamka, » Al avait dit au revoir et avait salué son ami.
Jamka plissa son front et ouvrit la bouche, « Faites attention ! »
Mais il avait décidé d’en rester là. Avec trois Divas, chacune capable d’affronter un millier de soldats, ils devraient être relativement en sécurité.
« Ouais, ne t’inquiète pas. Vous trois, faites ce que je vous dis, » déclara Al.
Bien sûr, il n’avait pas oublié de prévenir les trois filles de ne pas se bagarrer inutilement.
« Oh mon Dieu. Ne t’inquiète pas, je ne bougerai pas un doigt tant que tu ne seras pas blessé, » déclara Cécilia.
« Ouais, ouais, je sais. Je reste en arrière à moins qu’ils n’attaquent d’abord, » déclara Sharon.
« C’est le devoir d’une femme d’écouter les ordres de sa marionnette, » déclara Feena.
J’ai un mauvais pressentiment à ce sujet… Mais je pense qu’aucune d’entre elles ne soit d’accord pour regarder depuis la ligne de touche.
Cela prouvait à lui seul qu’elles ne lui obéissaient pas vraiment, mais Al avait décidé de laisser tomber. Entre-temps, ils avaient galopé plus près de l’armée d’Esanthel.
« C’est donc l’armée d’Esanthel. Ils sont peu nombreux, mais on dit toujours qu’ils sont l’armée la plus puissante du continent, » chuchota Al du haut de son cheval.
Esanthel était le voisin d’Althos au nord-ouest. Il était entouré de hautes montagnes du nord et de l’est, de la mer de l’ouest et d’une forêt profonde couverte de brouillard épais au sud. C’était une partie inaccessible du continent. En raison de leur isolement extrême, ils avaient développé leur propre culture unique. Ils appelaient leurs soldats des « guerriers ». Au lieu d’épée traditionnelle, ils étaient équipés de katanas minces, courbes et à simple tranchant, et leur armure n’était pas non plus la variété d’acier terne habituelle. Ils décoraient leur équipement avec divers tissus et des ficelles épaisses et colorées. Voyant l’armée de loin, leur armure décorée était à la fois imposante et magnifique.
« Wôw, comme c’est joli ! » déclara Sharon.
Il semblait que la Diva à l’Épée elle-même et Al partageaient la même opinion alors qu’ils regardaient l’armée devant eux.
« Ils portent une armure si extravagante pour s’assurer que leur seigneur, leur Inquisiteur, voit leurs prouesses sur le champ de bataille. Leur armure sert aussi de vêtement funéraire. Kanon a dit un jour que le dernier moment d’un guerrier devrait être rempli de splendeur lorsqu’il offre sa vie à l’inquisiteur, » chuchota Feena de derrière Al. Elle semblait de bonne humeur, probablement grâce au bien-être de son ami.
« Dis-moi, quel genre de personne est cet Inquisiteur ? » Al avait demandé ça à la fille derrière lui. Il était incroyablement curieux. Après tout, l’Inquisiteur était l’ami de Feena.
« C’est un homme doux et énergique, du même âge que moi. Nous nous sommes rencontrés dans une bagarre il y a deux ans, qui a servi à décider de son épouse, » répondit Feena.
Une bagarre ? Elle ne parle pas plutôt d’un bal ? Qu’est-ce qu’elle faisait avant de venir ici ?
Al était complètement confus.
« Alors, tu as gagné ? » demanda Al.
Logiquement, elle ne serait là que si elle avait perdu, mais Al ne pouvait s’empêcher de demander.
« J’ai perdu, mais cette arène était faite pour le combat rapproché. Ce n’était pas un combat équitable pour un lanceur de sorts comme moi, » répondit Feena.
On aurait dit que ce jour-là la hantait encore, mais on ne savait pas si sa colère venait de sa perte ou du fait qu’elle n’était pas devenue l’épouse de Kanon.
« Mais Kanon est le guerrier le plus fort d’Esanthel. Il a été formé par son père, et j’aurais pu de toute façon perdre, » continua Feena.
Feena avait l’air heureuse de se souvenir de son bon ami, mais Al était de plus en plus mal à l’aise.
« Et Kanon… peut-être…, » commença Feena.
« Hein, vraiment ? C’est quoi cette lame sur son dos ? C’est vraiment fragile. Est-ce que c’est utilisé par tous leurs guerriers ? » complètement aveugle aux luttes d’Al, Sharon interrompit Feena d’un ton qui rayonnait de pure curiosité. Peut-être qu’elle voulait juste dire quelque chose, mais c’était rare de toute façon.
« Ça s’appelle un katana. La lame est martelée d’innombrables fois pour la rendre mince et flexible, puis elle est polie et affûtée. Kanon m’a montré un jour qu’il pouvait fendre un énorme rocher en deux avec une seule frappe. Il l’appelait Iai, que j’ai lu plus tard, c’est l’art de dégainer son épée, de couper l’adversaire et de la rengainer, » Feena avait répondu à Sharon du mieux qu’elle pouvait.
Elles peuvent s’entendre quand elles veulent, hein ?
En regardant les deux filles bavarder, il avait louché involontairement. Mais un moment plus tard…
Hyuuuuuuuuuuuuuuu !
Était-ce une sorte d’oiseau ?
« C’est… Le cri de guerre d’Esanthel ! » déclara Feena.
Alors que Feena commençait son explication, une flèche siffla à leurs oreilles et frappa le sol. Un cavalier tout seul s’était mis à galoper devant l’Al complètement abasourdi. Le cliquetis de son armure dominait le bruit des sabots de son cheval sur le sol dur. Curieusement, ce cavalier seul portait une armure d’acier complètement plate.
« Vous devez être l’émissaire d’Althos, » déclara la silhouette en armure d’une voix digne d’un adolescent.
« Je connais cette voix… Kanon ? » chuchota Feena par-derrière. Il semblait que ce n’était rien d’autre que l’inquisiteur d’Esanthel, Kanon.
« C’est vrai. Je suis le roi d’Althos, Alnoa. J’ai entendu parler de la destruction qui a frappé votre pays. Nous vous offririons de vous aider dans votre rétablissement si vous venez nous demander de l’aide, » déclara Al d’un ton amical. Il espérait que la flèche avait été tirée par l’un des guerriers par erreur, sur les nerfs après une guerre perdue. Mais au lieu de le remercier, la personne vêtue d’une armure n’avait fait que faire sortir une soif sanguinaire. Son cheval galopait encore plus près d’Al tout en émettant des hennissements bruyants.
« Le Roi-Démon Alnoa ! » déclara Kanon.
Kanon chuchota quelque chose, mais cela ne parvint pas aux oreilles d’Al en raison des bruits du cheval. Même si la météo du printemps était parfaite, Al avait des frissons sur la colonne vertébrale et des sueurs froides qui coulaient sur ses joues.
***
Partie 2
Je l’ai déjà ressenti une fois…
Malheureusement, il n’avait pas eu le temps de se le remémorer. Il avait encore une fois élevé la voix pour essayer de parler avec Kanon.
« Nous ne voulons pas nous battre. D’abord —, » commença Al.
« La ferme ! Je ne veux pas entendre un mot du Roi-Démon ! » La voix de Kanon explosa dans le champ alors qu’il s’approchait lentement du jeune roi.
N’est-il pas censé être quelqu’un de gentil ?
Il pouvait sentir la soif de sang jaillir des profondeurs du casque de Kanon.
« La Diva de Freiya et Feena… Vous n’étiez pas satisfait de transformer les Divas de Freiya et Subdera en vos jouets, alors maintenant vous vous êtes tourné vers Esanthel… Mais sachez ceci : Je ne céderai pas si facilement, Roi-Démon ! »
Kanon dégaina son épée et la poussa vers Al. Al savait déjà ce qui se passait. C’était un simple et innocent malentendu. Il avait envisagé de dire à Kanon qu’il était celui qui finissait habituellement par devenir leur jouet, mais cela ne ferait probablement qu’empirer les choses.
« Kanon, vous semblez mal comprendre quelque chose ! Laissons nos armes et nos armures derrière nous et discutons ! » Al avait crié, mais…
« Vous ne me tromperez pas, Roi-Démon ! Je sais que vous pouvez féconder une femme en la regardant dans les yeux ! »
Quel genre de rumeurs sur moi suis-je en train d'entendre !?
Juste au moment où il commençait à sombrer dans le désespoir…
« Alors, j’aurai donc notre petit bébé ici…, » déclara Feena.
« Pourquoi t’accroches-tu à ces rumeurs ? Hé, enlève tes mains de ton ventre ! » Il s’était retourné et avait grondé Feena.
« Oh mon Dieu, tu as raison. Cette rumeur est juste… Argh. J’ai envie de vomir, » déclara Cécilia.
« Cécilia… Tombes-tu malade ? Est-ce déjà le matin !? » s’écria Feena.
« Cécilia ! Je sais que tu plaisantes, mais arrête ! » déclara Al.
« Tu es dégoûtant ! Espèce de sauvage ! » s’écria Sharon.
« Calme-toi, Sharon ! Ne crois pas tout ça ! Attends, pose cette épée ! » déclara Al.
En une seule phrase, le groupe était tombé dans le chaos — non, dans un chaos total. C’était de la manipulation de l’information à un tout autre niveau.
« En tout cas, parlons, d’accord ? » déclara Al.
« Non ! Je ne suis pas venu pour parler ! Je suis venu ici pour vous vaincre ! » cria Kanon.
C’était comme si la farce était terminée, alors que Kanon regardait droit dans les yeux d’Al, alors que sa soif de sang faisait rage en lui. Oui, droit dans les yeux.
« Ehh !? Attendez, je vais…, » commença-t-il.
Il avait commencé à courir dans… la direction générale d’Al. Feena laissa échapper un soupir en voyant les actions imprévisibles de Kanon.
« Kanon est incroyablement pur et naïf, alors je pense qu’il a détourné le regard parce qu’il ne veut pas tomber enceinte, » déclara Kanon.
« Mais c’est un mec ! » s’écria Al.
Pour commencer, quel genre de Roi-Démon pourrait imprégner les gens de leur regard ? Kanon ne s’était même pas arrêté pour y penser, il avait maintenu son cap à pleine vitesse. Une fois que Kanon s’était approché assez près… il avait rapidement envoyé son cheval droit dans Al !
Wlam !
Al avait essayé de s’écarter, mais c’était trop tard. Le cheval de Kanon s’était cogné contre le sien.
« Quoi ? Whoaaaaa !? »
La force de l’impact les avait éjectés de leurs chevaux et ils avaient atterri l’un sur l’autre.
« Grahhh ! »
Coincé sous l’Inquisiteur en armure, Al avait gémi de douleur.
« Al, ne me trompe pas ! » déclara Feena.
« C’est à ça que ça ressemble pour toi !? On est tous les deux des mecs, tu sais ! » s’écria Al.
Feena était descendue précipitamment de son cheval tout en exprimant ses inquiétudes. Elle était certainement une candidate au mariage, mais Al avait dû se concentrer sur la situation actuelle plutôt que sur les illusions de Feena. Le fait de sentir l’haleine d’un homme vêtu d’une armure sur les joues n’équivaudrait même pas à un S dans « Séduisant » à moins qu’Al ne passe dangereusement près d’une frontière qu’il n’était pas prêt à franchir.
« Prince — non, Inquisiteur Kanon… Pourrait-on se calmer et régler ça par une discussion ? » demanda Al.
Al avait d’une manière ou d’une autre laissé sortir quelques mots en dépit du fait que son corps ait été littéralement pressé à mort par l’homme en armure sur lui. Les yeux en orchidées de Kanon rencontrèrent le regard d’Al. Alors…
« A-Argh ! Je suis un homme ! » s’écria Kanon.
« Hein !? Mais il en va de même —, » déclara Al.
Bam !
Kanon l’avait frappé à la tête au milieu de sa phrase. Al pouvait pratiquement sentir son cerveau trembler à l’intérieur de son crâne alors que sa tête frappait le sol.
« Hm ? J’ai déjà vu cette attaque auparavant…, » déclara Al.
Il avait réfléchi avant que la douleur ne prenne le dessus sur lui.
« Oh franchement, ce n’était pas loin. J’ai failli tomber enceint ! » déclara Kanon.
Kanon sauta du sol comme si son armure était en papier et s’éloigna loin d’Al, qui s’accroupissait en se tenant dans ses bras et souffrait énormément.
« Ow, ow, ow, ow... Je parie que vous vous sentez si haut et puissant parce que j’ai merdé ! » Al n’avait crié rien de moins que des insultes diplomatiques quand il s’était levé.
« C’est ça ! Il est temps de récupérer les gens que vous avez kidnappés ! » s’écria Kanon.
Non seulement Kanon n’écoutait pas Al, mais il se vantait aussi de graves malentendus.
Il avait probablement les yeux fermés lorsqu’il avait crié sur Al, faisant face à la direction complètement opposée.
Mais pourquoi cela arrive-t-il en premier lieu ? Nous avons rarement rencontré Esanthel, mais ils sont hostiles envers nous et semblent croire que j’ai attaqué leur pays en tant que Roi-Démon…
Il ne pouvait penser qu’à une seule explication possible.
L’Empire !
« Kanon, attends. Écoute Al. »
Il était revenu à la réalité quand il avait entendu une voix familière. Feena se tenait maintenant entre Al et Kanon.
« Feena ? Est-ce vraiment toi ? » demanda Kanon.
Quand Kanon aperçut Feena, sa soif de sang avait disparu un instant, mais…
« Oui, c’est moi, alors calme-toi et écoute Al, » déclara Feena.
Alors que Feena s’approchait, les bras écartés, couvrant Al, la soif de sang de Kanon revint en force.
« Kanon… ? » Feena l’appela d’une voix tremblante.
« Non, Feena. Tu as été victime du lavage de cerveau du Roi-Démon. Je ne peux pas t’écouter maintenant, » Kanon avait saisi la poignée de son épée.
« Feena ! »
Il avait couru vers Feena, mais il n’avait pas l’air d’y arriver. Kanon se lança vers l’avant, faisant disparaître en un instant la distance qui le séparait de la fille.
« Ne t’inquiète pas, il utilisera le dos de mon épée, » déclara Kanon.
« Kanon… ? » demanda Feena.
Elle devait avoir la plus grande foi en lui. Elle était restée là, sans défense, sans sa baguette.
« Désolé…, » déclara Kanon.
La lame avait scintillé pendant une seconde avant…
Cling !
Le bruit du métal qui frappait le métal et l’impact proche d’un tourbillon remplissaient le champ de bataille.
« Qu’est-ce que… Whoa ! » s’exclama Al.
Un rideau de poussière les enveloppait, interrompant Al. Il ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Au fur et à mesure que la poussière se dissipait, leurs silhouettes sont finalement devenues visibles.
« Hey… Je croyais que tu étais l’ami de Feena. Cette attaque aurait pu facilement la tuer, » déclara Sharon.
Sharon se tenait au milieu de la poussière, protégeant Feena avec son épée, ainsi que Kanon, jetant un regard aiguisé sur elles, son épée en position d’attaque, mais toujours fermement en opposition contre la puissance de Sharon.
« Quelqu’un m’a dit que vos subordonnés sont protégés par un pouvoir maléfique, donc je n’ai pas besoin de me retenir. De plus, je ne pourrais même pas égratigner Feena avec une attaque aussi rachitique. »
« Vous avez raison. Elle est aussi rusée qu’un renard, donc elle s’en serait tirée indemne. Ce visage lugubre et ces actes commodes et sans paroles ne font que cacher un tueur silencieux…, » déclara Sharon.
Sharon avait saisi fermement son épée.
« Sharon, de quel côté es-tu déjà ? » demanda Feena.
Mais Sharon avait complètement ignoré la remarque de Feena et avait regardé Kanon avec un sourire forcé.
« Mais plus que tout, c’est ma plus grande rivale ! Je ne laisserai jamais une attaque furtive l’abattre ! » déclara Sharon.
« Sharon…, » chuchota Feena. Sharon était curieuse de l’expression de Feena, mais…
« D’abord, je vais le battre jusqu’à ce qu’il pleure et le faire supplier pour ton pardon ! » déclara Sharon.
Sharon déplaça son épée vers le haut, accompagnée d’un énorme rugissement. Son adversaire s’était envolé haut dans le ciel, coupant à travers le vent. Malgré l’impact audible, Kanon s’était posée en toute sécurité sur le sol.
« Ahahahahaha, comme c’est impressionnant ! Cette armure pèse plus de deux cents kilos, mais c’est après tout un jeu d’enfant pour une Diva ! En passant, mon poids est top secret ! » Kanon l’avait dit d’une voix moqueuse comme s’il ne faisait que jouer, mais…
« Je suppose qu’il est temps de commencer à être sérieux, » déclara Kanon.
Contraste à sa voix joyeuse, il rangea méticuleusement son épée et… s’évanouit dans les airs.
« Là-bas ! »
Clic !
Sharon s’était avancée à un endroit apparemment aléatoire, mais Kanon était soudainement apparue au bout de son épée. Son katana dégainé avait été bloqué par l’attaque de Sharon.
« Ahahaha, impressionnant ! Maintenant…, » déclara Kanon.
Kanon tourna son corps, dérivant son katana le long de l’épée de Sharon.
« Hahh ! »
Utilisant la force centrifuge à son avantage, il avait frappé Sharon à l’estomac.
« Kyah ! »
Sharon avait soudainement volé à reculons.
« J’ai oublié de le mentionner, mais ne croyez pas que cette épée soit ma seule arme, » dit-il en la taquinant.
« Hah. Je pensais que tu étais un maniaque de l’épée, alors je voulais jouer avec ton jeu… » déclara Sharon.
Elle bougea à droite et à gauche en se levant, mais ses yeux étaient remplis de feu et de détermination, comme un loup sauvage chassant sa proie.
« Mais dans ce cas, je ne me retiendrai pas non plus ! » déclara Sharon.
Sharon avait raffermi sa prise sur son épée et brisa la terre. Pas métaphoriquement, cependant. Elle avait littéralement creusé le sol devant elle.
« Votre arme ne sert qu’à couper, mais elle ne fait rien sur autant de gravats ! J’espère que vous aimez être enterré vivant ! » déclara Sharon.
Sharon avait réalisé son point faible après avoir échangé seulement quelques coups. Elle l’avait mis en échec et mat. C’était du moins ce qu’elle espérait.
« J’aimerais vous féliciter, mais mon épée n’est pas qu’un simple couteau ! » dit-il en abaissant son centre de gravité, en plaçant le plus possible son épée vers l’arrière avec sa main droite, et en poussant sa main gauche vers l’avant.
« Haaaaaaaaaaaaaaa ! »
Il avait frappé de toutes ses forces son épée dans la masse de terre géante. Al avait entendu un bang fort, et dans l’instant qui avait suivi… Kanon dispersa la masse géante avec son épée,
Et l’avait renvoyée à son expéditeur.
« Attendez, il vient par ici ! » s’écria Al.
Alors qu’Al tentait de fuir, il aperçut Feena, complètement gelé sur place.
« Ahhhh, et maintenant !? »
Dans la panique, il avait couru jusqu’à Feena.
« Cécilia ! Dis à Jamka de se replier ! On trouvera un moyen de régler ça ! » ordonna Al.
« Oh mon Dieu. Fais attention ! » déclara Cécilia.
Il avait trouvé un peu de réconfort dans le sourire inébranlable de sa sœur malgré un tel désordre, mais…
« On n’a pas le temps, Feena ! Replie-toi ! » déclara Al.
« … »
Elle avait complètement ignoré les cris désespérés d’Al. Il n’y avait aucun moyen d’échapper aux énormes masses de terre qui leur volaient dessus.
« Merde ! » Jurant comme aucun membre de la royauté ne devrait jamais le faire, il avait bondi vers les rochers qui arrivaient pour couvrir Feena.
Mais ensuite…
« Éclatement, » cria Feena.
Le sable avait commencé à danser autour d’elle, formant un cercle avant d’éclater violemment vers l’extérieur. Cette explosion de sable avait fait voler les rochers qui arrivaient…
« Aghhhhh ! »
Avec Al, qui était en route pour faire quelque chose contre le danger imminent.
« Hm ? Al, vas-tu bien ? » Feena se retourna comme si de rien n’était et aida Al à sortir des décombres.
***
Partie 3
C’est vrai, même si elle est négligente, c’est toujours une Diva, pensa Al.
Il avait commencé à regretter de s’être précipité pour aider alors qu’il crachait du sable par la bouche.
« As-tu pensé quelque chose d’incroyablement grossier, Al ? » demanda Feena.
« Non, pas vraiment. Quoi qu’il en soit, si nous n’arrêtons pas ces deux-là bientôt, ils vont transformer toute la zone en terrain de jeu, » déclara Al.
Il avait essayé de changer de sujet.
« Tu as raison…, » déclara Feena.
Peut-être que l’expression sérieuse d’Al l’avait fait changer d’avis, alors qu’elle regardait à nouveau la paire en duel, et…
« Étoiles dans le ciel infini, écoutez mon appel…, » elle avait commencé à chanter un sort.
Attends, Feena chante !? Ça ne peut pas être bon.
« Feena ? Tu peux jeter des sorts sans chanter, n’est-ce pas ? » Al la regarda avec anxiété.
S’il te plaît, dis-moi qu’elle ne fait pas ce que je pense qu’elle fait.
Al priait toutes les divinités auxquelles il pouvait penser. Feena arrêta son chant et se retourna.
« Oui, mais j’ai encore besoin d’un chant pour un sort assez fort pour arrêter ces deux-là, » déclara Feena.
Elle était retournée à son chant après avoir terminé son explication. En réalisant que le mot étoile revenait de plus en plus souvent, Al avait été mortifié.
« Hey, Feena. Essayes-tu vraiment de lancer la Chute de Météore ? » demanda Al.
Al espérait ne pas avoir raison, mais Feena acquiesça lentement. Il avait raison sur toute la ligne.
« Arrête ! Arrête de chanter ! Si tu lâches ce sort, toute cette zone sera réduite en cendres ! » déclara Al.
« Ce n’est pas grave. Ça arrivera de toute façon si ces deux-là continuent, » répliqua Feena.
Elle n’avait pas tort à ce sujet.
« Et je n’appellerai qu’un petit météore, l’un de ceux qui affecteront une zone d’à peine cinq kilomètres, » déclara Feena.
« Oh, c’est un soulagement. Le seul problème, c’est que moi et toutes nos troupes sommes inclus dans ces cinq kilomètres ! » déclara Al.
« Ah ! » s’exclama Feena.
« Ne me dis pas “Ah !” Qu’est-ce qui t’a pris ? » demanda Al.
« Alors vas-tu rester là et les regarder se déchaîner ? » demanda Feena.
Faisant taire la réplique d’Al, Feena avait indiqué que la cause de son propre échec était ces deux-là qui avaient créé le grabuge. Al se frotta les tempes de frustration et poussa un profond soupir.
« Haah... Très bien, j’irai, » déclara Al.
Il s’était retourné pour faire face au duel en cours. Tout ce qu’il pouvait voir dans le rideau de sable, c’était deux ombres qui s’affrontaient pendant un moment, accompagné d’un bruit métallique, avant qu’elles ne se séparent un instant plus tard, soulevant encore plus de sable.
Qu’est-ce qui se passe là-dedans ?
Il commença à marcher prudemment vers eux.
C’est bon, je suis protégé par le sceau. Je survivrai tant que je pourrai me défendre contre les attaques de Kanon… Du moins je pense…
Il avait pris une grande bouffée d’air avant de se diriger vers le cœur du champ de bataille.
« Arrêtez, vous deux ! Posons les épées et discutons ! » cria Al.
Mais un moment plus tard…
« Hahhhh ! Ahhhhhhhhhhhh ! »
Sans le savoir, Al était devenu le prochain point d’affrontement entre les deux individus.
« Gahhh ! Ughhh ! »
Deux cris étouffés avaient retenti, suivis plus tard par un troisième venant d’Al. Le mur de poussière impénétrable avait caché le résultat de l’attaque aux spectateurs. Tout le monde s’attendait à ce que son abdomen ait été percé par l’épée de Sharon de la gauche et le katana de Kanon de la droite. Mais grâce au sceau, les deux épées furent repoussées, et les assaillants furent repoussés par le recul.
« Hein ? Pourquoi ? » Kanon ne comprenait pas pourquoi sa lame n’avait pas atteint Al. « Le Roi-Démon peut repousser les reliques, hein ? Quelle puissance de l’autre monde ! »
Stupéfait, Al n’entendit pas le marmonnement de Kanon, ses yeux étaient collés à la silhouette en armure.
« Vous êtes donc une Diva ? » déclara Al.
Al croyait que Kanon était un homme. Il le regardait fixement, priant pour une explication.
« Ne savez-vous rien sur vos voisins, Roi-Démon ? Je suis le premier homme sur le continent à utiliser une relique ! » déclara Kanon,
« J’avais entendu dire que vous pouviez faire effectuer une attaque ayant la même puissance qu’une Diva, mais je ne pensais pas que vous utiliseriez une relique, » déclara Al.
Il voulait savoir comment — et pourquoi — cela était possible, mais en même temps, il avait réalisé autre chose, quelque chose de beaucoup plus crucial.
Attends, ça veut dire que je dois faire une Surtension Céleste avec un homme !?
« Al, pousse-toi de là ! On vient de finir de s’échauffer ! » déclara Shanon.
Sharon l’avait sorti de son train de pensée inapproprié. Mais il semblait qu’elle était complètement perdue, engloutie par le combat au point qu’elle avait oublié la raison pour laquelle ils s’entretuaient au départ.
« Elle a raison. Vous êtes horrible de faire ça, » en accord avec Sharon, la voix joyeuse de Kanon était pleine d’autorité…
frémissement
Al avait senti les frissons l’envahir à nouveau. Ils ne pouvaient pas se voir à cause de toute la poussière, mais des frissons avaient quand même parcouru le long de sa colonne vertébrale…
« C’est comme… la porte du sceau ? » demanda Al.
L’image de la porte lui était soudain venue à l’esprit. Pour une raison quelconque, la voix de Kanon lui rappelait cet endroit.
« Ne bougez-vous pas ? Alors mourez ! » cria Kanon.
La voix joyeuse de Kanon se fit entendre sur le champ de bataille dévasté. On aurait dit qu’ils n’allaient pas pouvoir s’asseoir et parler de sitôt.
« Posons les épées pour l’instant ! Si vous continuez, nos armées vont se mêler là-dedans aussi ! » déclara Al.
« Mes… hommes…, » avec cela, la soif de sang de Kanon s’était légèrement estompée. À ce moment-là…
« C’est une bonne occasion ! » cria Sharon.
La lame de Sharon s’était avancée par le côté, visant Kanon tout en ignorant complètement le fait qu’Al soit sur son chemin.
« Ughh ! » « Ahh ! »
Al fut instantanément soufflé, et Kanon, qui avait baissé sa garde, connut le même sort.
whaaaaaaam
« Sharon, toi — ! Pourquoi l’as-tu attaqué alors que j’étais entre vous deux ? » demanda Al.
Al criait de douleur, mais…
« C’est quoi le problème ? Ce n’est pas comme si je pouvais te tuer, » déclara Sharon.
Sharon avait juste haussé les épaules.
Je te jure, je vais lui faire regretter ça.
Mais après cela, Al devait d’abord se lever de terre. Il avait posé ses mains sur le sol pour se relever, mais… l’un d’eux avait été posé sur quelque chose de beaucoup plus mou que le sol.
Haah, suis-je sérieusement en train de faire quelque chose de si cliché avec un mec !?
Alors qu’il maudissait la divinité de la malchance qui riait de son malheur, il se leva. Le Kanon vêtu d’une armure était toujours allongé sur le sol, mais Al pouvait voir un peu de sa peau blanche apparaître de sous l’armure. C’était l’une de ses épaules blanches comme neige, et son teint était comme Al n’en avait jamais vu sur un homme. Al la tenait dans sa main.
« Dieu merci. Je m’attendais à participer à un jeu beaucoup plus cruel, » déclara Al.
Juste au moment où il allait pousser un soupir de soulagement…
« Kyahhhh ! »
Hein ? Qui est-ce ?
Une voix inhabituellement excitante s’était répandue dans tout le champ de bataille. Al était immédiatement sorti de son état d’esprit soulagé, car ce cri ne venait de nul autre que de la personne derrière le casque d’acier sous lui.
« Gah... Tuez-le pour m’avoir causé une telle honte ! Vous m’entendez ? Abattez ce pervers ! » cria Kanon.
« La honte ? Nous sommes deux hommes ! Qu’est-ce que je suis censé faire !? » demanda Al.
Alors que Kanon détournait les yeux…
« Soutenez l’Inquisiteur ! Tirez avec vos arcs ! » cria un soldat.
D’innombrables flèches furent lancées par l’armée d’Esanthel, accompagnées du cri de guerre de guerriers.
« Bon sang, qu’est-ce qui se passe !? » demanda Al.
Al s’était mis à rouler au sol en essayant de s’éloigner le plus possible de Kanon. Ses efforts n’avaient cependant servi à rien, car il avait vu deux cavaliers qui fonçaient vers eux. Les deux cavaliers tenaient un filet fermement entre eux.
« Gah. Ils veulent m’attraper vivant ? » demanda Al.
Al se leva et dégaina l’épée à sa taille pour se protéger du danger qui approchait.
« … Hein ? » s’exclama Al.
« Tch. Nous avons perdu… On se retire pour aujourd’hui, » Kanon lança cette remarque alors que les cavaliers l’emmenaient avec lui à l’arrière, alors que son armure cliquetait alors qu’il rebondissait sur le sol depuis l’intérieur du filet.
« Qu’est-ce que c’est… ? » demanda Al.
Alors qu’Al regardait la scène incroyable se dérouler, une personne rousse s’approcha de lui par-derrière.
« Quelles autres tactiques visqueuses as-tu dans tes manches pour chasser l’ennemi, hein !? »
C’était Sharon, et elle n’était pas heureuse du tout. Elle voulait se défouler après ce qui s’était passé sur le terrain, et avec raison, mais Al avait l’impression qu’on l’accusait faussement ici.
« Il ne s’est rien passé ! Je n’ai rien fait d’inapproprié ! Et c’est aussi un mec, je viens de lui toucher l’épaule ! » déclara Al.
Il faisait de son mieux pour s’expliquer, mais…
« Ce n’est pas la réaction que tu as quand quelqu’un te touche l’épaule ! Il semblait… tu sais… excité… en extase… Attends, tu joues dans les deux équipes ? » demanda Sharon.
« Non ! Je n’activerai jamais la Surtension Céleste avec un mec ! Regarde, j’ai même porté mes gants ! » déclara Al.
Al avait regardé Sharon en réaction, alors que son esprit s’était mis à éclaircir leur malentendu.
« Hmm, donc tu as… Restons-en là pour l’instant, » déclara Sharon.
Il n’était pas clair si Al avait réussi à la convaincre ou si elle venait de s’ennuyer, mais quoi qu’il en soit, Sharon était passée à autre chose, se préparant à partir. Il aperçut la Diva aux cheveux bleus du coin de l’œil. Elle était silencieuse depuis le départ de Kanon et de son armée. Al n’avait pas eu le temps d’y penser pendant la bataille, mais elle avait été attaquée par son ami.
« Eh bien, je connais ce sentiment…, » déclara Al.
Alors qu’il se souvenait de l’image de son ami manchot, Al s’approcha lentement de Feena.
« Dis, Feena. Quand je me sentais trahi, tu m’as dit quelque chose, tu t’en souviens ? Tu as dit que Jamka devait avoir ses raisons. Je pense qu’on peut en dire autant de Kanon, » déclara Al.
Il posa doucement ses mains sur les épaules de Feena.
« Al..., » elle avait posé ses mains sur celles d’Al sans se retourner.
« C’est Cécilia qui l’a dit, » déclara Feena.
« Hein… ? » s’exclama Al.
Tu parles d’une erreur.
« Ah, non, umm… Eh bien…, » déclara Al.
Al avait complètement perdu son sang-froid. Il souhaitait que le sol l’engloutisse.
« Mais… merci, » déclara Feena.
Al avait senti ses lobes d’oreilles se réchauffer face au petit murmure de Feena, alors il se retourna et partit en se demandant si ses encouragements étaient vraiment efficaces.
« Oui… Merci à toi aussi, » il avait réussi à faire sortir ces mots.
« Très bien, Esanthel s’est retiré, donc on devrait se préparer et rentrer chez nous aussi ! » déclara Al.
Après avoir retiré doucement ses mains des épaules de Feena, Al avait commencé à marcher de nouveau vers son peuple.
***
Chapitre 3 : Déplacement Privé
Partie 1
Le lendemain de la bataille, Al avait convoqué son commandant militaire pour discuter de leur stratégie en vue de l’affrontement imminent. Al était assis sur le canapé, coincé entre Sharon et Feena. Pour info, il ne les avait pas invitées. Devant eux, Jamka était assis, complètement seul, sur un canapé similaire.
« Foutus Adonis ! » déclara Jamka.
Al avait décidé d’ignorer le murmure douloureux de son ami. Dans un coin de la pièce, Cécilia était occupée à préparer son thé favori, en grognant et en jurant. Après leur retraite, Esanthel avait établi un camp dans les bois près de la frontière. Afin de dissiper les malentendus, Al avait envoyé une lettre à l’aide d’un messager, mais il n’avait reçu aucune réponse. Ils s’étaient donc réunis pour discuter de ce qu’il fallait faire, mais juste avant qu’ils ne puissent le faire, Brusch avait ouvert la porte.
« Alnoa ! On a un gros problème ! » Elle débordait d’énergie comme d’habitude, mais son expression était sinistre.
« Brusch, que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui presse ? » demanda Al.
« L’Empire s’est joint à Esanthel ! » déclara Brusch.
« Je vois…, » dit Jamka en un murmure. Ils s’y attendaient probablement tous…
« Quoi !?? Pourquoi !?? Qu’est-ce que l’Empire a à voir avec tout ça ? »
Sauf Sharon.
« Je m’attendais à ce que l’Empire arrive tôt ou tard. C’était clair dès le moment où Kanon m’a appelé “Roi Démon”, » déclara Al.
En premier lieu, l’Empire avait répandu les rumeurs à son sujet, alors Al s’était dit que c’était eux qui tiraient les ficelles cette fois-ci aussi. Il avait croisé les bras et avait essayé d’évaluer la situation.
« Brusch, combien de soldats l’Empire a-t-il amenés ? » demanda Al.
« 1 500 cavaliers et 3 000 fantassins, » répondit Brusch.
« Leur force combinée est donc d’environ cinq mille cinq cents, hein… ? » déclara Al.
C’était toute une force militaire pour s’emparer d’Althos, bien qu’ils savaient qu’Althos possédait trois Divas.
« Nous surveillons toujours les environs, mais pour l’instant il n’y a aucun signe d’abominations, de renforts ou de troupes de guérillas, » Brusch continua comme s’il lisait l’esprit d’Al. Cela prouvait qu’elle était au sommet de sa forme en tant que chef de l’agence de renseignement.
« Je me suis si bien débrouillée ! Caresse-moi la tête ! » Elle attendait sa récompense bien méritée. Cela prouvait qu’au fond, c’était une petite fille ordinaire.
« Oh mon Dieu, tu distribues des caresses sur les têtes ? As-tu vu comme j’ai travaillé dur sur ce thé ? »
Lorsque Cécilia avait fini de distribuer les biscuits et le thé, elle avait poussé Brusch sur le côté et s’était blottie à côté d’Al.
« Attends, pourquoi dois-je te caresser maintenant !? » Al se plaignit de sa situation difficile, attendant que le prochain petit lapin se blottisse contre lui, mais…
« Hein ? »
… il a été pris au dépourvu quand le petit lapin en question n’avait pas bougé d’un pouce.
« Ça va, Feena ? » demanda Al.
Elle avait l’air d’aller mieux quand ils étaient revenus au château, mais elle baissait la tête avec une expression qui déprimerait n’importe qui rien qu’en la regardant.
A-t-elle pris à cœur ce que Kanon a fait ?
Il voulait lui remonter le moral, mais en même temps, il n’avait pas vraiment apprécié la situation. Il était comme un enfant, jaloux de tous ceux qui s’entendaient bien avec leurs amis. Il le savait. Il savait que c’était mal, mais Al n’arrivait pas à le sortir de sa tête.
« Haah... Arghhhhhh ! »
Il se gratta la tête et rugit de désespoir. Bien sûr, cette petite action avait instantanément fait de lui le centre de l’attention.
« Ah, Hmm… Mes épaules sont raides, alors…, » déclara Al.
C’est quoi cette excuse ?
Alors qu’il faisait semblant de bouger sa tête pour faire disparaître ses « épaules raides », son regard rencontra une paire d’yeux bleus remplis de préoccupations.
« Ça va, Al ? » demanda Feena.
La fille dont il s’inquiétait était inquiète pour lui !
« Regarde comme tu es raide. C’est bon, laisse tout sortir, » déclara Feena.
« Laisser sortir quoi !? Non, en fait, ne réponds pas à ça ! Et arrête de te déshabiller ! » déclara Al.
Au moins, leur petit numéro de comédie était redevenu normal.
« Quoi qu’il en soit, ça va, Feena ? » demanda Al.
Al avait jeté un coup d’œil à Feena tout en essayant de retrouver son calme. Elle avait l’air plus stoïque que jamais, mais…
« Moi ? Je vais toujours bien, je réfléchissais un peu, » répondit Feena.
On aurait dit qu’elle était redevenue normale. Elle avait regardé droit dans les yeux d’Al quand il avait enfin corrigé sa posture.
« Al, j’ai réfléchi… Je vais aider les citoyens d’Esanthel, puis leur dire d’éclaircir les rumeurs sur toi, » Feena avait trouvé sa solution. « Donc, je suis désolée, mais je vais devoir quitter cet endroit pour un moment. Me laisseras-tu faire ? »
Elle regardait Al droit dans les yeux. Son souhait était aussi pur que ses yeux bleu ciel.
Il voulait réaliser son souhait, mais son cœur le retenait.
« Il pourrait dire que j’ai lavé le cerveau de son peuple comme je t’ai lavé le tien, » déclara Al.
C’est peut-être pour ça qu’il l’avait dit de façon si moqueuse.
« C’est très bien ainsi. Je veux faire ce que je peux, » Feena, cependant, avait clairement indiqué son but.
Al avait fermé les yeux et s’était décidé. « D’accord. Mais je viens avec toi. »
« Ehh !? » Feena avait poussé un cri de surprise.
« Quoi ? Je voulais y aller depuis le début. Avoir un allié aussi puissant que mille hommes signifie que je n’ai pas à affaiblir les défenses du pays pour ma petite sortie, » déclara Al.
Il ne mentait pas, mais la façon dont il devait s’expliquer donnait l’impression de l’être.
Juste au moment où il pensait avoir enfin trouvé la solution…
« À quoi penses-tu !? C’est toi le roi ! Que crois-tu qu’il se passera quand le peuple découvrira que son roi est sorti pendant que nous attendons d’être assiégés !? » Jamka s’était levé et avait claqué le poing sur la table tout en étant en désaccord avec la proposition d’Al.
Il avait tout à fait raison.
« Laisse-le partir, c’est tout, » alors qu’Al s’apprêtait à s’expliquer à Jamka, une voix autoritaire retentit dans la pièce.
Sharon avait été complètement silencieuse auparavant, mais elle avait fièrement avalé son thé en une seule fois.
Un coup d’œil à son assiette avait révélé qu’elle avait fini ses biscuits.
T’es sérieuse, toi !? N’a-t-elle pas dit un mot jusqu’à maintenant parce qu’elle était trop occupée à manger !?
Mais comme elle la soutenait, Al avait décidé de laisser faire. Et alors qu’il avait quitté son assiette des yeux — .
« Et… »
Il regarda Sharon, s’attendant à plus de soutien de sa part.
« Et ce n’est pas comme si le fait qu’il soit avec toi ferait une grande différence, » continua Sharon.
Aïe ! Ça fait vraiment mal ! Je m’attendais à de l’aide, mais au lieu de ça, tu m’as brisé le cœur !
« Mais ne t’inquiète pas, j’y vais aussi ! On peut s’en prendre à deux mille personnes comme ça ! » continua Sharon.
Elle avait continué avec un sourire éclatant. Se mesurer à « deux mille personnes » semblait un peu stupide, mais le sourire sincère de Sharon était si rare qu’Al s’était laissée entraîner sans penser à la façon dont elle l’avait formulé.
« Je viens avec toi, d’accord ? Je veux voir Esanthel par moi-même…, » déclara Sharon.
Embarrassée par le regard d’Al, Sharon se détourna en faisant la moue. L’équipe s’était enfin réunie. C’est du moins ce qu’il pensait…
« Non. Reste ici, Sharon. »
Mais quelqu’un était contre l’idée.
« Quoi ? Est-ce que je briserais ton petit voyage avec Al ? » demanda Sharon.
Le sourire précédent de Sharon avait disparu, remplacé par une soif de sang palpable. Feena avait encaissé cette soif de sang au complet, inclinant sa tête.
« Non. J’ai besoin que tu fasses autre chose, » déclara Feena.
« Hein ? As-tu besoin de moi ? » demanda Sharon.
Sharon fixa Feena, les yeux et la bouche grands ouverts. Elle était prête à se battre, mais les choses avaient pris une tournure inattendue. Al lui-même s’était déjà mis sur la défensive.
« Kanon est un maître quand il s’agit de combat rapproché, donc…, » continua Feena.
Elle n’avait pas tort. Cécilia était peut-être une Diva, mais elle s’était spécialisée dans la magie sacrée. Le combat rapproché n’était pas son fort.
« Alors ? » demanda Sharon.
Sharon faisait de son mieux pour comprendre ce que Feena suggérait.
« Pourrais-tu rester ici, s’il te plaît ? Il n’y a personne d’autre qui peut le faire, » déclara Feena.
Feena avait alors sorti sa plus grande arme : ses yeux de chiot.
« Vraiment ? » Sa stratégie semblait fonctionner,
Mais…
« Oui. Seul un gorille enragé, féroce et rouge peut égaler la force de Kanon, » déclara Feena.
« Veux-tu te battre avec moi ? » demanda Sharon.
Elle était passée instantanément de la bouffée de chaleur à l’aiguisage de ses dents.
« Non. Je dis que tu es ma rivale honnête et digne de confiance, » dit Feena avec une expression complètement vide.
« Qu’est-ce que… !? Qu’est-ce que tu dis !? Tch… D’accord, puisque tu es prête à aller aussi loin, je vais laisser passer, » déclara Sharon.
Le visage de Sharon devint rouge, au point où elle poussa Feena sur le côté et quitta la pièce, laissant tout le monde deviner ce qu’elle allait laisser passer.
« Je te remercie, » déclara Feena.
On dirait qu’ils ne seront que tous les deux. Ils pouvaient enfin commencer leurs préparatifs et — .
« Oh mon Dieu. Puis-je venir avec toi, Al ? S’il te plaît, s’il te plaît ? »
Mais d’abord, ils avaient dû faire face à un autre problème. Du moins, ils le pensaient.
« Que dis-tu, Mlle Cécilia ? Qui sera la commandante en chef si tu partais aussi ? Sharon est notre invitée, et je ne suis pas noble. Pour empirer les choses, j’ai trahi le pays une fois ! » demanda Jamka.
Jamka s’était mis en travers du chemin de Cécilia avant qu’elle ne puisse atteindre Al. Il n’avait pas non plus donné l’occasion à Brusch d’offrir ses services, car il lui avait couvert la bouche avant qu’elle puisse dire un mot.
« Ughhhh… Mais, mais…, » balbutia Cécilia.
Elle changeait son regard désespéré entre Al et Jamka, mais…
« Cécilia, s’il te plaît, » Al l’avait fait taire en une seule phrase.
« Aww… Bien…, » elle avait finalement abandonné.
« Je vais préparer mes bagages, » après avoir jeté un coup d’œil à la sombre Cécilia, Feena se leva et quitta la pièce.
« Oh ! Qui sait ce qui va se passer pendant notre voyage… Je devrais prendre des sous-vêtements en plus ! » Elle s’était arrêtée dans l’embrasure de la porte pendant une seconde pour partager ses pensées.
***
Partie 2
Le lendemain matin, Al et Feena étaient prêts à partir sous un ciel à peine éclairé. Ils plaçaient en ce moment sur leurs chevaux leurs sacs, remplis de douzaines de portions de nourriture, de deux couvertures et de vêtements de rechange. Al avait sa faux sur le dos, et Feena était équipée de sa fidèle baguette.
« Nous serons de retour dans quelques jours. Merci de bien vouloir me couvrir jusque-là, » déclara Al.
Ils avaient dit au revoir à Cécilia alors qu’ils montaient à cheval. Ce n’étaient pas les mots que l’on pouvait attendre du roi d’un pays, mais Al pouvait se permettre de dire de telles choses en raison de sa confiance en Cécilia, Jamka, et Brusch. Du moins, Jamka espérait que c’était le cas.
Je ne sais pas comment il peut faire confiance à quelqu’un qui l’a trahi il y a seulement quelques jours…, se dit Jamka en fixant son bras manquant. Eh bien, je penserai à mon bras perdu comme un signe de confiance au lieu d’une sorte de punition.
Il avait saisi sa manche palpitante et lui fit un sourire ironique.
« Oh mon Dieu. Lesfina, on a oublié quelque chose, » Cécilia passa devant un Jamka sentimental et s’approcha de Feena.
« Quoi ? J’ai déjà Al, » répondit Feena.
« Hé, pourrais-tu ne pas me voir comme un objet ? » demanda Al.
Cécilia avait ignoré leur petit échange et s’était arrêtée devant le cheval de Feena.
« Oh, nous avons oublié de prier pour votre sécurité et votre succès, » déclara Cécilia.
« Bénis-tu notre voyage ? » demanda Feena.
Malgré la légère différence de nuance, Feena avait montré un sourire ravi lorsque Cécilia avait levé les paumes de ses mains. En regardant sa forme solennelle et pure, cela suffisait pour aider chacun à trouver un peu de réconfort à l’intérieur de soi.
Mais…
« Je suis une messagère des Dieux. Ceux qui me prêtent serment ne manqueront jamais —, » commença Cécilia.
« Hein ? Attends…, » Al était arrivé trop tard.
« Si cette fille stoïque ose s’en prendre à mon précieux petit frère, qu’elle fasse #$@& — attends, non. Allons-y avec quelque chose de plus simple cette fois. Faites en sorte que son corps soit complètement ligoté, ce qui la rend immobile pendant un certain temps ! » déclara Cécilia.
« Comment ça, “quelque chose de plus simple” ? Tu sais que le Contrat ne s’activera que si l’autre partie le reconnaît, n’est-ce pas !? » Al était outré que Cécilia les ait retenus pour ça.
« Oh mon Dieu. Ne t’inquiète pas, c’était Renvoi, et non pas Contrat, » répondit Cécilia.
Mais tout ce que cela avait fait, c’était encore plus inquiéter Al. Malgré cela, Cécilia était tout sourire.
« Et pourquoi diable envoies-tu des sorts de haut niveau ainsi ? » Al était en pleine détresse tandis que Feena, la cible du sort elle-même, semblait plus calme que jamais.
« Je pense que… je peux lui laisser quelques secondes de mon temps, » déclara Feena.
Elle l’avait déclaré calmement, même si elle avait tous les droits de s’énerver.
« Mais maintenant, je peux me concentrer sur l’objectif sans me laisser distraire par mes désirs. »
Son petit murmure n’avait pas été entendu par Al, mais il était clair pour tous les spectateurs que son cœur avait été bouleversé d’une manière ou d’une autre.
« C’est vrai, ça devrait aller tant que tu ne touches pas à Al. J’annulerai le sort quand tu reviendras, » dit joyeusement Cécilia. Feena ne montrait toujours aucun signe de colère.
« Partez avant qu’il n’arrive quoi que ce soit d’autre, » Sharon, qui était restée complètement silencieuse jusqu’à maintenant, les avait fait partir.
« Je prie pour votre succès, » Jamka avait prononcé ses mots d’adieu.
Je veux dire, ils ont raison, mais est-ce que le fait de nous voir partir doit vraiment être si froid et désinvolte ?
Al avait décidé de garder ses préoccupations pour lui.
« Ouais, on s’en va, » déclara Al.
« Au revoir. »
Al avait commencé à galoper avec Feena derrière lui, se sentant un peu vaincu. Ils étaient partis en voyage après avoir été à peu près expulsés du château.
C’est bien qu’on soit partis, mais… De quoi devrions-nous parler ?
Quelques heures après leur départ, Al était tombé dans le même dilemme que lors de son rendez-vous avec Sharon. Le soleil était déjà monté à l’horizon et les oiseaux chantaient leur mélodie du matin. Tous les deux se promenaient silencieusement sous le beau ciel clair. Pendant qu’il était avec Sharon, il savait ce qui la passionnait (la nourriture), alors il avait réussi à s’en sortir, mais…
Qu’est-ce que Feena aime ?
Il s’était tordu la cervelle comme un fou. Ils allaient passer les jours suivants ensemble, mais il ne savait pas comment entamer une conversation. Al avait réalisé à quel point il savait peu de choses sur Feena.
Il ne connaissait pas la nourriture ou la boisson préférée de Feena, ni même le genre de vêtements qu’elle aimait. Elle mangeait tout ce qu’on lui présentait sans se plaindre, et elle changeait rarement de vêtements. Quand elle le faisait, c’était quelque chose qui plaisait à Al. En gros, c’était une cosplayeuse.
Que dois-je faire… ?
Il avait jeté un coup d’œil sur son côté. Feena chevauchait toujours la tête relevée, apparemment perdue dans son propre petit monde.
Glisse…
Al s’attendait à ce qu’elle admire le ciel clair au-dessus d’eux quand elle s’était penché la tête en arrière, mais malheureusement, son corps avait suivi son exemple. Elle avait glissé de son cheval et s’était écrasée par terre avec un bam !
« Huhhhh !? Feena !? » s’écria Al.
Il avait sauté de cheval et s’était précipité vers elle.
« Que s’est-il passé !? Est-ce que ça va !? » demanda Al.
Al l’avait prise dans ses bras, quand…
« Zzzzz… Zzzzz… »
« Attends, tu dors !? » cria Al, mais il n’y avait aucun signe que Feena se réveillerait bientôt. Mais ce n’était pas une surprise. Après tout, elle dormait en tombant de cheval. Malgré cette grande chute, elle ne semblait pas avoir été blessée. Est-ce parce que c’était une Diva ?
Peut-être qu’elle n’avait pas beaucoup dormi parce qu’elle n’arrêtait pas de penser à Kanon.
Al avait émis une théorie. Il avait l’impression d’avoir entrevu les vraies émotions de Feena, ce qui les rendait encore plus douloureuses.
« Bien qu’elle nous aide aussi avec ça, » murmura Al.
Pendant qu’il essayait de rationaliser les choses avec lui-même, Al avait mis sa faux sur son cheval et avait mis la fille endormie sur son dos. Quelqu’un pourrait les confondre avec un père et une fille.
« Ne t’inquiète pas, on changera au bout d’un moment, » il l’avait dit en tapotant la nuque de son cheval.
« Zzzzz… »
Il s’était mis à avancer le plus discrètement possible afin d’éviter de réveiller la fille endormie.
« … Hmm ? De la nourriture ? »
L’odeur parfumée de la cuisson du déjeuner sur un feu allumé avait aiguisé l’appétit de Feena. Toujours à moitié endormie, elle s’était assise lentement et regarda autour d’elle, distraite. Pendant qu’elle était au pays des rêves, le soleil avait atteint son point culminant et la douce brise printanière s’était levée.
« Où en sommes-nous ? » demanda Feena.
« Oh, tu es réveillée ? » Une voix familière répondit la jeune fille complètement confuse.
« Al, où sommes-nous… ? Qui suis-je… ? » demanda Feena.
« Nous sommes près de la frontière. Tu es la Diva de Subdera, Lesfina, » il avait souri à Feena.
« Désolée, je viens de…, » commença Feena.
Comprenant enfin ce qui s’était passé, elle baissa les yeux vers le sol. Al avait posé sa main sur la tête de Feena, déprimée.
« Tu n’arrivais pas à dormir parce que tu étais trop inquiète pour Kanon, non ? Je suis content que tu t’inquiètes pour lui, mais tu ne peux pas te battre si tu ne te reposes pas assez. Ne pas sauver le peuple d’Esanthel par manque de sommeil serait tragique, n’est-ce pas ? » Il l’avait dit d’une voix douce, mais ses émotions étaient présentes.
« Sauver… Ah ! J’avais oublié ! » déclara Feena.
Il était trop concentré sur la tempête qui faisait rage en lui pour entendre le murmure de Feena.
Haah, qu’est-ce qui se passe avec moi ?
Il avait enlevé sa main de la tête de Feena, s’était retourné et avait commencé à marcher.
« Mange quand c’est chaud pour qu’on puisse y aller, » déclara Al.
Il le savait. Il savait qu’il était déraisonnable, mais il ne pouvait pas apaiser ses émotions. Il ne pouvait même pas tenir une conversation. Ils avaient déjeuné en silence et étaient partis peu après.
« Al... Es-tu fâché ? » demanda Feena peu après leur départ.
« Non, pas du tout, » il avait répondu sans ménagement.
Une fois de plus, il s’était remis à se détester d’agir ainsi. Ils avaient continué leur voyage comme ça — dans le silence total. Lorsqu’ils avaient atteint l’épaisse forêt qui signalait la limite de la zone neutre, le soleil s’était déjà retiré sous l’horizon.
« Faisons un camp ici pour aujourd’hui, » déclara Al.
Al avait soigneusement vérifié les alentours. Les arbres et les buissons à proximité faisaient des cachettes parfaites, et il y avait une petite rivière qui coulait non loin d’eux. Ils auraient pu aller plus loin s’ils l’avaient vraiment voulu, mais la mise en place d’un camp semblait beaucoup plus raisonnable.
« …, » Feena accepta le murmure d’Al avec un petit signe de tête.
Haah, pourquoi suis-je toujours comme ça ?
Incapable d’avoir la moindre conversation avec Feena, sa jalousie envers Kanon n’avait fait qu’augmenter.
Il savait qu’il était à l’origine de la situation, ce qui l’avait amené à remettre en question sa capacité de roi.
Le dîner n’était pas différent, passé sans dire un mot. Après cela, il envoya Feena s’endormir pour sauver sa dignité, en réfléchissant à ses sentiments sous la lueur du clair de lune.
Un nouveau jour, une nouvelle chance ! Je me remonterai le moral et on pourra déconner comme d’habitude.
Juste au moment où il y pensait…
« Al... »
Feena l’appela soudain. Il était si profondément dans sa pensée qu’il n’avait même pas réalisé que Feena s’était glissée hors de ses draps et qu’elle était juste à côté de lui.
« Rawwr… Je vais te mordre ! »
Feena lui avait sauté dessus sans la moindre tension dans sa voix.
« Hm ? Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Al.
Il avait fait de son mieux pour rester calme pendant que Feena s’enroulait autour de lui avec la couverture dans ses mains.
Mais…
« Attends, qu’est-ce que tu portes sous ces couvertures !? » demanda Al.
Elle est nue !?
Il pouvait sentir une paire de bosses modestes se presser contre son dos juste au moment où cette pensée pénétrait dans son cerveau.
« J’ai lu qu’on devrait se blottir nus pour se réchauffer les nuits froides, » déclara Feena.
« Ouais, si on est coincés sur une montagne enneigée ! Et —, » répliqua Al.
Puis, il avait réalisé quelque chose.
Si cela continue, le Surtension Céleste s’activera !
Son esprit avait été ramené à la réalité alors que les bras blancs comme neige de Feena s’enroulaient autour de sa taille. Et une fois de plus, il s’était rendu compte de la gravité de la situation : Elle n’avait pas sa relique avec elle.
« H-Hey, Feena, ta baguerrrreee ! » s’écria Al.
Quand Al s’était retourné, leurs visages n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Il s’était soudain penché en arrière pour éviter tout contact direct.
bam !
Il s’était cogné la nuque.
« Ow ow ow ow ow... »
Alors qu’il était au bord des larmes et qu’il se frottait la tête, une petite personne dans une couverture l’enveloppa.
« Al..., » déclara Feena.
« Bwah ! »
Il avait hurlé. C’était la seule réaction naturelle à une Feena presque complètement nue grimpant sur lui. Le clair de lune brillait sur le dos de Feena, Al ne pouvait voir sa silhouette que s’il plissait ses yeux, même s’il n’était guère en mesure de s’inquiéter de sa déficience visuelle.
« Al..., » murmura Feena.
Le souffle doux de Feena chatouilla la joue d’Al quand elle prit sa main et la pressa rapidement contre sa poitrine.
« C’est un peu… un tout petit peu plus petit que ceux de Sharon ou de Cécilia, mais…, » déclara Feena.
Juste un peu !?
Cette pensée lui avait brièvement traversé l’esprit, mais il savait qu’il ne pouvait pas le dire à voix haute.
« Maintenant, on est quittes, » déclara Feena.
Al avait essayé de comprendre exactement à quoi Feena faisait référence lorsqu’elle s’était penchée de plus près les yeux fermés. Sa chance d’activer la Surtension Céleste était arrivée. Il regarda autour de lui, essayant de trouver sa faux et la baguette de Feena. La faux était à sa portée, mais la baguette était un peu plus loin.
***
Partie 3
Je pense que je peux l’atteindre si je m’étire davantage…
Au fur et à mesure que le visage de Feena se rapprochait, il essayait de tendre sa main libre.
Juste un peu plus… !
Il s’étira de toutes ses forces, quand…
« Al... Je ne peux pas bouger, » déclara Feena.
Feena s’était lentement effondrée sur la poitrine d’Al. Bien sûr que oui. Feena était sous l’effet du sort de Scellage de Cécilia.
« Elle te cause toujours des ennuis, hein ? » demanda Al.
C’était une situation plutôt dangereuse pour lui. À plus d’un titre.
Je veux dire, je voulais juste activer la Surtension Céleste ! Je ne voulais rien faire de pervers !
Sous la jeune fille sans défense, il commença à expliquer son pouls ascendant à un juge qui n’existait qu’au fond de son esprit.
Je ne peux même pas imaginer ce qui se passerait si on… avait un petit rodéo dans la chambre, et que Dieu nous en préserve, on décidait de se marier.
L’image d’une Diva aux cheveux rouges lui traversa l’esprit.
« Al..., » le murmure de Feena avait ramené Al à la réalité. Seule sa tête était visible sous les couvertures.
« Qu’y a-t-il, Feena ? Peux-tu bouger ? » demanda Al.
Elle hocha la tête.
Non seulement c’était une Diva, mais c’est aussi une princesse. Ce ne serait pas étrange que ce soit sa première fois en camping. Peut-être qu’elle était trop excitée pour s’endormir, et c’est pourquoi…
Al avait réfléchi, mais…
« Sniff, sniff, sniff… »
« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Al.
Il regarda Feena, pour la voir renifler sa couverture, ses mains et ses épaules avant de retourner à sa couverture.
« Euh, Feena ? Est-ce que ça va ? » demanda Al.
Elle avait peut-être eu un peu de fièvre parce qu’elle était à moitié nue.
« Désolée… Je veux prendre l’air, » déclara Feena.
Elle avait remis ses vêtements, s’était glissée hors de la couverture et s’était lentement mise à marcher plus profondément dans les bois.
« Haah... Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » se demanda-t-il.
Al avait envisagé de s’arrêter là, mais…
« La laisser errer dans les bois sans sa baguette risque de mal finir, » il murmura à lui-même en ramassant sa faux et la baguette, avant de la suivre.
« Ah ! »
Il avait trouvé Feena au bord de la rivière. Une rivière tout à fait normale. Cependant, voir une fille se baigner dans cette rivière n’était pas du tout un spectacle normal et quotidien. Ses cheveux bleus mouillés brillaient sous l’éblouissante lueur de la lune comme s’ils étaient remplis d’étoiles, sa peau cristalline reflétait la lumière de la lune comme si elle était elle-même pleine de lumière. Le temps s’était arrêté pour Al. Il était complètement abasourdi.
« Al ? » demanda Feena.
Feena s’était instinctivement couverte. Son comportement inhabituellement embarrassé avait touché les cordes sensibles d’Al.
« Ah… Désolé…, » déclara Al.
Al s’était finalement rendu compte qu’il regardait la fille nue et avait rapidement détourné son regard.
« Tu peux me fixer autant que tu le veux, » déclara Feena.
Boom
Le cœur d’Al n’en pouvait plus.
Non, c’est juste que… ouais ! Je fais ça pour le bien du continent ! On ne peut pas laisser le Roi-Démon se déchaîner !
Poussé par ces pensées, Al commença lentement à marcher vers Feena. Elle l’avait juste regardé fixement.
« Al, est-ce que je ne sens pas bon ? » Elle avait demandé ça d’un seul coup.
« L’odeur ? Non, pourquoi penses-tu ça ? » demanda-t-il, perplexe.
« Dieu merci. Tu te tortillais si fort quand je t’ai tenu dans mes bras, j’ai cru que c’était parce que je puais la sueur. Je voulais me rincer, » déclara Feena, soulagée. Il s’était certainement tortillé, mais c’était seulement pour pouvoir atteindre sa baguette… Néanmoins, il avait apprécié à quel point elle en était consciente. Une seconde plus tard, cependant…
Al avait été agressé par un mal de tête soudain et violent.
Tu l’apprécies vraiment ?
Une voix mystérieuse résonna dans sa tête.
Tous ces soins, ces câlins et ces attentions, et cet attrait, c’est pour faire de toi sa marionnette afin qu’elle puisse sauver un type au hasard, n’est-ce pas ?
La voix était projetée directement dans son cerveau.
Est-ce le Roi-Démon ? Le sceau s’affaiblit !?
Avec un sourire peiné sur son visage, il avait essayé de percer le mystère.
Je dois faire la Surtension Céleste dès que possible !
Il avait immédiatement commencé à agir selon son instinct.
« Hein !? A-Al !? Ah ! » s’écria Feena.
Comme s’il se débarrassait d’une mouche persistante, Al retira ses gants et avait saisi les épaules de Feena.
« Al... Sois plus doux…, » déclara Feena.
Il n’était pas vraiment un expert dans ce genre de choses, alors il était allé un peu trop loin. Elle aurait déjà dû nager avec plaisir comme la Surtension Céleste était présente, mais son visage disait exactement le contraire.
Cependant, il devait continuer.
« Ne t’inquiète pas, on aura fini dans une minute. Tu veux sauver Kanon, n’est-ce pas ? » demanda Al.
Il l’avait dit sans réfléchir.
Attends, est-ce que je la fais chanter maintenant ?
Ses derniers éclats de conscience avaient été des signaux d’alerte, mais Al les avait ignorés.
« Mon mal de tête disparaîtra si on fait la Surtension Céleste. En plus, il sera plus facile de sauver Kanon. C’est ce que tu veux aussi, n’est-ce pas !? » demanda Al.
« Ahhhh… Al, je…, » sa voix tremblante n’était pas parvenue aux oreilles d’Al,
Parce que…
C’est étrange. La Surtension Céleste aurait déjà dû s’activer, mais il ne se passe rien.
Il avait enlevé ses gants, la faux et la relique étaient à leur place, et les joues de Feena commençaient à rougir. Mais ça n’avait rien à voir avec ce qu’il faisait avec Sharon.
Pourquoi !?
La réponse était venue de Feena, sous la forme d’un chuchotement.
« Al... Je t’aime, mais… Ce n’est pas juste. Ce n’est pas ce que je veux, » déclara Feena.
Leurs sentiments n’étaient pas entrelacés.
« Qu’est-ce que tu dis !? Tu veux faire de moi ta marionnette, n’est-ce pas !? Tu veux utiliser mon pouvoir pour sauver Kanon, n’est-ce pas !? C’est la seule raison pour laquelle tu essaierais de t’approcher de moi, le Roi-Démon incarné ! » déclara Al.
Complètement paniqué, il secoua les épaules de Feena, espérant la faire accepter.
« Non… Non, non, non, non, non, non ! Ce n’est pas ça du tout ! » déclara Feena.
Mais elle secoua la tête avec véhémence, niant ses accusations à pleins poumons.
« Al, je… t’aime, » déclara Feena.
L’esprit d’Al ne pouvait pas comprendre ce qui se passait.
« Je suis venue ici pour ça, mais… À un moment donné, tout a changé, et je ne sais pas pourquoi. J’ai lu sur le sujet et j’ai conclu que c’était un coup de foudre, » déclara Feena.
Les larmes commencèrent à couler le long des joues de Feena.
« Je t’aime… J’aime tout chez toi. J’aime quand tu es en colère, j’aime quand tu boudes, j’aime quand tu dors, j’aime quand tu souris. Je t’aime du fond du cœur ! C’est pour ça que j’essayais de me retenir jusqu’à ce qu’on sauve Kanon, mais je ne pouvais pas. J’étais étourdie d’excitation rien qu’en pensant à notre voyage ensemble. À tel point que je n’ai pas dormi de la nuit dernière, » déclara Feena.
Sa réserve habituelle était introuvable.
« Tu as déjà embrassé Sharon. Tu l’as même tripotée. Quand tu es avec moi, tu as toujours l’air si inquiet, si concentré. C’est comme si tu détestais passer du temps avec moi, » déclara Feena.
Il était si surpris qu’il avait oublié son mal de tête. Bien sûr qu’il l’avait fait. Après tout, c’était la première fois qu’une personne extérieure à sa famille exprimait aussi ouvertement son amour pour lui.
Qu’est-ce que je fous ? Je l’ai accusée de m’avoir utilisé, puis je l’ai forcée à…
Vaincu par les regrets, Al était prêt à crier toute sa douleur et à s’enfuir. Mais fuir les dégâts qu’il avait causés n’équivaudrait pas à des excuses. Il s’était creusé la tête, essayant de décider de la meilleure ligne de conduite à adopter. Ses relations interpersonnelles étaient épouvantables, mais il faisait de son mieux.
« Al..., » murmura Feena.
La timide fille aux cheveux bleus se tenait devant lui.
Ce n’est pas le moment de parler !
Il avait jeté sa faux sur le côté et l’avait serrée dans ses bras.
« Al ? » demanda Feena.
Cette petite silhouette, cette voix perplexe, ce doux parfum…
« Je suis désolé, Feena. Tu fais toujours attention à moi, mais je ne faisais attention qu’à moi…, » murmura Al.
Al l’avait serrée plus fort dans ses bras, en faisant bien attention à ne pas toucher son corps directement. Il ne voulait pas pousser la Surtension Céleste encore plus loin. Mais curieusement, même s’il ne la touchait pas directement, Feena devint de plus en plus rouge, jusqu’à ce que tout son corps prenne une teinte rose clair.
« Et ne sois pas jalouse de Kanon. C’est nul ! » déclara Feena.
« Jaloux ? » demanda Al.
« Oui. Tu es comme un gamin, » déclara Feena.
Al avait senti son visage se réchauffer. Il était embarrassé. Il était prêt à s’enfuir à l’improviste, mais il voulait répondre aux sentiments honnêtes de Feena avec les siens.
Pourquoi m’admire-t-elle si je suis si puéril ?
Al ne pouvait pas lire son expression en la serrant dans ses bras.
« Je suis si heureuse, » elle avait chuchoté cela.
« Ehh ? Quoi ? » Il avait crié quand il l’avait entendue. Mais son désir de vraiment comprendre ces mots l’avait mis dans l’embarras. Feena, heureuse de pouvoir respirer à nouveau librement, leva les yeux vers Al.
« J’ai dit que j’étais heureuse. Quelqu’un qui se fiche de moi ne serait pas jaloux, » déclara Feena.
Le doux sourire sur le visage de la fille habituellement stoïque avait fait bondir le cœur d’Al.
« Ah, non… Tu sais… tu es une invitée de l’État… Je dois te garder en sécurité… et tout ça…, » balbutia Al.
Les joues d’Al brûlaient, il avait l’impression que son visage allait prendre feu à tout moment. En entendant les mots en désordre d’Al, Feena avait laissé échapper un rire mignon.
« C’est très bien pour l’instant, » déclara Feena.
Après ça, elle s’était encore collée contre la poitrine d’Al.
« Atchoo ! » Feena avait éternué.
« Ah, désolé ! Vêtements ! Froid ! Malade ! » Parlant en un langage d’homme des cavernes, il était parti chercher des vêtements pour la jeune fille tremblante et ramasser ses gants.
« Hein !? Ça va, Feena !? » demanda Al.
Mais dès qu’il l’avait laissée partir, elle s’était évanouie.
Merde, elle a déjà attrapé un rhume, non ? Ou, attends, est-ce que la Surtension Céleste a fait effet !?
Alors qu’Al s’était précipité vers elle et l’avait ramassée, le corps de Feena avait bondi dans ses bras.
« Je suis désolée… Le sort de Cécilia…, » déclara Feena.
« Ah ! Ahh ! C’est vrai, je l’avais complètement oublié ! » déclara Al.
Quel désastre ! La même chose s’était produite il y a quelques minutes, mais il l’avait complètement oubliée.
« Désolé, je t’ai encore fait mal…, » déclara Al.
Des regrets s’étaient emparés d’Al alors qu’il mettait doucement Feena dans sa chemise.
« Al..., » elle l’avait attrapé avec sa main légèrement froide et douce. « Ce n’est pas grave. Je suis heureuse. »
Même avec son corps complètement engourdi, elle avait réussi à forcer un sourire. Al voulait désespérément l’aider.
« Ah, je sais ! Feena, attends ici un peu ! » déclara Al.
Il s’était levé et avait regardé autour de lui avec enthousiasme.
***
Partie 4
« C’est là qu’elle est ! » déclara Al.
Il avait ramassé sa faux.
« Je me demande si le Roi Démon me détestera s’il apprend à quoi j’utilise ses pouvoirs, » il chuchota avec un sourire effronté. Sa faux à la main, il s’était dirigé vers la rivière.
« Là-bas ! »
La magie noire avait traversé le sol devant lui.
« Ooh, ça s’est plutôt bien passé ! » déclara Al.
La poussière et les cailloux s’étaient déposés pour révéler un trou assez grand pour accueillir une personne. Quand il l’avait vu, Al avait célébré en silence et avait commencé à creuser avec la poignée de la faux, comme s’il essayait de relier la rivière au trou.
« Je suis sûr que le Roi Démon n’aurait jamais pensé que son artefact chéri serait utilisé pour quelque chose comme ça, » déclara Al.
Al se plaignait à lui-même alors qu’il continuait à pelleter, et peu de temps après, le trou était finalement relié à la rivière. Il hocha la tête joyeusement alors que l’eau commença à remplir le trou.
« Passons maintenant à la touche finale… Je pense que ça devrait aller, » déclara Al.
Il avait encore une fois scruté la zone. Ses yeux avaient finalement vu quelque chose d’intéressant, et il s’était rapidement mis à chanter un sort.
« Al, qu’est-ce que tu fais ? » Feena, qui se remettait lentement du sort de Cécilia, était assise et le regarda fixement.
« Il suffit de regarder ! » dit-il gaiement. « Boule de feu ! »
Al avait jeté un sort sur un petit rocher qui s’enfonçait dans le sol, tandis que Feena le regardait comme s’il était devenu fou. Ne tenant pas compte du regard confus de la jeune fille, il ramassa la pierre chauffée avec la lame de sa faux et la jeta dans le trou rempli d’eau. Elle s’était enfoncée dans l’eau, accompagnée d’un bruit de pétillement audible. Feena n’avait toujours aucune idée de ce qu’il faisait, elle le regardait simplement répéter le processus jusqu’à ce qu’un nuage de vapeur ludique apparaisse au-dessus du trou.
« Ah ! Serait-ce… ? » demanda Feena.
Ayant fini ses préparatifs, Al avait vérifié la température avec sa main.
« C’est ça, une baignoire improvisée ! Suivez-moi, s’il vous plaît, madame, » déclara Al.
Al avait réussi à créer un bain.
« Ce n’est pas des excuses pour ce que j’ai fait, mais au moins, ça te réchauffera, » il l’avait dit fièrement en dépit d’être couvert de boue et légèrement rougi.
« Je n’aurais jamais cru que je prendrais un bain ici…, » déclara Feena.
Un peu perplexe, Feena s’enfonça dans la baignoire. Elle avait d’abord flanché, mais son corps fatigué s’était habitué assez rapidement à la chaleur relaxante.
« Il faut du temps pour que les pierres refroidissent, alors fais attention ! » Al l’avait avertie, faisant face à l’autre côté.
« Où as-tu appris à faire un bain comme ça ? » demanda Feena. C’était une bonne question. Althos était peut-être pauvre, mais grâce aux lignes de mana qui traversaient le sol, ils avaient accès à l’eau chaude. Sans parler du fait qu’Al était un membre de la famille royale. Il n’y avait aucune raison pour quelqu’un comme lui s’adonne à des bains improvisés en plein air ?
« Mon frère m’a appris, » répondit Al.
« Ton frère ? » demanda Feena.
« Ouais. Cependant, je suis sûr que je pourrais faire quelque chose de beaucoup plus impressionnant, » répondit-il.
Feena avait tapoté sa tempe, essayant de frayer un chemin dans sa mémoire. Elle avait commencé à se souvenir de l’histoire du frère jumeau d’Al...
« Je pense que c’était il y a environ dix ans… Ah ! » Elle voulait reprendre ce qu’elle avait dit, mais c’était trop tard.
« Ne t’inquiète pas pour ça. Je mentirais si je disais que je ne suis pas blessé, mais je ne peux pas être triste pour toujours, » déclara Al.
Al agita la main, indiquant qu’il n’était pas fâché. Au lieu de cela, il avait commencé à parler de son défunt frère.
« Mon frère était exceptionnellement doué à la fois en sabre et en magie. Non seulement ça, mais il pouvait tout mettre en pratique après l’avoir appris une seule fois. Il n’était rien de moins qu’un génie, » il décrivit joyeusement son frère. « De retour dans la journée, nous nous glissions au milieu de la nuit et installions un campement proche de la rivière voisine. C’est là qu’il m’a appris à faire un bain, ainsi qu’à faire quelques plats simples. »
Al se souvient que leurs tuteurs les grondaient sévèrement le lendemain matin. Il souriait alors qu’il parlait de son frère.
« Aimais-tu ton frère ? » demanda Feena, même si elle savait que c’était un sujet délicat. Elle voulait simplement en apprendre davantage sur Al, ce qui l’emportait sur la culpabilité qu’elle ressentait en posant la question.
« Oui, tout à fait. Si mon frère était encore en vie, je ne serais peut-être jamais devenu roi et l’Empire ne nous aurait jamais ciblés. On les aurait peut-être écrasés il y a longtemps et on serait devenus la plus grande puissance du continent, » déclara Al.
Mais Al se souvient simplement de son frère tout en dirigeant son regard vers la lune éblouissante.
« Alors peut-être que personne n’aurait découvert que j’étais le réceptacle du Roi-Démon et que j’aurais pu agir de manière tout à fait normale, tous les jours, hein ? » continua Al.
Une paire de bras blancs comme neige s’était soudainement enroulée autour de son cou.
« H-Hey ! Tu viens de te délier… et il fait froid… et…, » commença Al.
« Ce n’est pas grave. Je peux y faire face pour l’instant, » répondit Feena.
Il avait été complètement pris au dépourvu par cette accolade soudaine et chaleureuse.
Feena chuchota à son oreille. « Je suis heureuse que tu sois devenu le roi d’Althos. »
« Tu dis ça parce que tu ne connais pas mon frère. Il —, » répondit Al.
« Je t’aurais quand même préféré, » ajouta Feena.
Al pouvait sentir les petits monticules de Feena pousser contre son dos pendant qu’elle le serrait plus fort dans ses bras.
Puis, pour rendre les choses encore plus dures pour lui, elle lui murmura à l’oreille. « Et ne t’inquiète pas pour la Surtension Céleste. Je suis toujours prête pour ça… »
Elle avait raison, comme si elle pouvait lire dans l’esprit d’Al. Incapable de trouver une bonne réponse, il toucha doucement les bras de Feena.
« Al... »
Il sentait son souffle doux et chaud sur son cou. Peu importe à quel point il était bête et antisocial, il savait ce qui allait suivre.
« Guhehehehe ! Regarde ces gosses qui baisent à découvert ! »
Malheureusement, la chose suivante qu’il avait entendue n’était pas aussi romantique. Parce qu’ils avaient gravement négligé leurs défenses, le petit monde d’Al et Feena avait été perturbé. Les intrus se rapprochaient lentement.
« L’… Empire ? »
Trois soldats de l’Empire, qui patrouillaient probablement dans le secteur, se rapprochaient d’eux. Ils s’étaient séparés, essayant d’encercler Al et Feena avec un sourire troublant. Avant même qu’Al puisse regretter son impudence, Feena s’enfonça rapidement dans l’eau.
« Hé, hé, c’est quoi cette idée de montrer tes seins, bien que ce ne soit pas comme si tu avais des seins mass... »
« Tombe de Glace ! » cria Feena.
Le soldat arrogant, avec son cheval, avait été gelé sur place. Elle avait dû être absolument furieuse par ses commentaires grossiers, car elle avait utilisé l’un des trois sorts les plus puissants à sa disposition. Le soldat était pris au piège dans une tombe froide et éternelle. Sa conscience était intacte, mais il mourrait si lentement.
Je vais devoir faire attention à ce que je dis en étant à côté d’elle. Al se le rappela à lui-même en saisissant sa faux.
« Feena, reste là ! Je m’occupe du reste ! » déclara Al.
Il ne pouvait pas laisser une fille s’occuper de tous ses problèmes.
« Concentre-toi sur l’homme ! Attrape cette mauviette et prenons-le en otage ! »
L’un des soldats avait donné un ordre et avait commencé à galoper vers Al, son partenaire reflétant ses actions. Ils se rapprochaient de lui des deux côtés à peu près à la même vitesse.
« Je dois dire que je suis sur le point de m’offenser, » déclara Al.
Il avait raffermi sa prise sur sa faux avec déception après avoir été traité de faible.
« As-tu la moindre idée du nombre de fois où j’ai survécu aux regards de deux Divas en même temps ? » cria Al.
Criant quelque chose qui ne semblait pas pertinent, il chargea vers le soldat de droite, en évitant leur attaque en tenaille.
« Crois-tu vraiment que tu peux gagner en duel !? »
L’attaquant qui s’approchait s’y attendait et avait dégainé son épée pour frapper.
« Trop lent ! »
Al avait frappé la lame qui arrivait.
Clac !
La lame avait été envoyée dans les fourrés. Profitant de son élan, il s’était retourné et avait fait tomber le soldat de son cheval avec la poignée de sa faux.
« Gahh ! »
Bien que le soldat tomba par terre, son cheval passa comme si de rien n’était.
« Hah ! Vos attaques peuvent aussi bien être au ralenti par rapport aux frappes de Sharon ! » déclara Al.
Al se retourna et regarda droit dans les yeux de l’autre soldat, figé en place par ce qui venait de se passer.
« Alors, tu veux que je te frappe, que je te gèle ou alors, tu te rendes ? C’est à toi de choisir, » déclara Al.
Feena, enfin complètement vêtue et tenant sa baguette, s’approcha lentement d’Al. Le soldat n’avait aucune chance de s’échapper.
« J’abandonne ! Franchement, on s’amusait juste un peu avec cette charmante fille, » déclara le soldat.
Le soldat lâcha son épée et leva les deux bras en l’air.
« Charmante… » Feena savait qu’il cherchait des excuses.
« J’ai… j’ai compris ! Voyager avec une si belle dame serait un rêve devenu réalité, Votre Excellence ! »
Le soldat qui avait subi le coup d’Al s’était levé et s’était joint à la conversation. Al voulait y mettre fin le plus tôt possible, car ils lui tapaient sur les nerfs, mais le sourire enchanté de Feena lui avait fait changer d’avis. Mais c’était une erreur de sa part.
« Tout à fait ! Je donnerais ma vie pour voyager avec une femme aussi belle que vous ! Honnêtement, vous êtes comme une poupée — Aghh ! » Il avait soudain crié.
Que s’est-il passé !?
La situation s’était détériorée au moment où ses pensées s’étaient égarées. Il n’y avait personne d’autre dans les environs qu’eux-mêmes et les soldats, mais Feena, heureuse jusque-là, se tenait juste devant le soldat qui hurlait…
« Qu’est-ce que tu fais, Feena !? » demanda Al.
Après avoir finalement compris ce qui s’était passé, Al avait regardé Feena. Son sourire doux n’était plus, ses yeux bleus glacés se remplissaient d’une flamme enragée.
Je suppose que ce qu’on dit à propos de la flamme bleue qui brûle plus fort est vrai.
Ses yeux appuyaient certainement cette théorie. Sa rage n’était pas une soif de sang aveugle qui engloutissait les cieux, la terre, et tout ce qui se trouvait entre les deux, c’était plutôt une attaque dirigée qui ne laissait rien dans son sillage. Et elle dirigeait cette rage contre les soldats.
« Je ne suis pas une poupée silencieuse ! » déclara Feena.
« Je n’ai jamais dit — Eep ! » s’écria le soldat.
D’innombrables cercles magiques avaient piégé l’homme complètement vaincu. Avec une telle puissance de feu, elle aurait pu effacer un manoir de la surface de la Terre.
« Je peux parler comme tout le monde… J’ai ma propre volonté… Je fais ce que je veux ! » déclara Feena.
« Oui, bien sûr ! Je vous en supplie, épargnez-moi ! »
Feena, grinçant des dents en raison de sa frustration, fixa le soldat qui se recroquevillait.
C’est la première fois que je la vois si émotive.
Al avait été stupéfait pendant un moment, mais…
« Je vais te tuer ! »
Elle donnait l’impression d’être une personne complètement différente. Mais au moins, cela avait fait sortir Al de son choc.
« Feena, arrête ! Il a déjà abandonné ! » déclara Al.
Feena avait tourné la tête vers lui avec une hostilité qui l’avait pris par surprise.
« Al. Il m’a traitée de poupée ! » déclara Feena.
Il l’avait entendu aussi, mais ça n’avait pas du tout l’air d’une insulte.
« Je ne peux pas. Je ne peux pas. Il est fini…, » murmura Feena.
La fille triste et vaincue se retourna vers le soldat.
« Frappez ! » cria Feena.
En un claquement de doigts, tous ses cercles magiques se libérèrent sur l’ennemi. Heureusement, Al tenait sa faux.
« Merde ! S’il te plaît, fais-le ! » déclara-t-il.
Il tendit le bras et déclencha son sort noir, qui submergea les cercles magiques de Feena.
« Pourquoi… ? » demanda Feena.
Enfin, voir Feena réagir avec vivacité avait été un beau changement de rythme, bien qu’il n’ait pas eu le temps de l’admirer face à sa rage bouillonnante. Mais il ne pouvait pas céder non plus. Il enfonça sa faux dans le sol, étendit les bras et s’approcha d’elle.
« Je t’ai déjà dit la raison. Je ne participerai pas à un meurtre, qu’il s’agisse d’un ami ou d’un ennemi. Si tu veux rester avec moi, n’oublie pas ça ! Si tu ne peux pas, nous devrons nous séparer ! »
Al s’inquiétait d’avoir été un peu trop dur, mais c’était trop tard. Feena le dévisageait en se mordant la lèvre inférieure. Il était prêt à se défendre si elle attaquait,
Mais…
« Je-je suis désolée…, » balbutia Feena.
Des larmes géantes commencèrent à couler de ses yeux de chiot alors que sa soif de sang s’évanouissait dans le néant.
Haah… Combien de fois l’ai-je fait pleurer aujourd’hui ?
Al avait raison, mais ça n’avait pas changé le fait qu’il l’avait fait pleurer.
***
Partie 5
« Désolée. Je ne suis pas fâché, » déclara Al.
Une fois de plus, il caressa doucement la tête de Feena alors qu’elle était collée contre lui.
Une trentaine de minutes plus tard, Al était revenu de son nettoyage pour voir Feena assise, les bras autour de ses genoux. Il avait envisagé de laisser partir les soldats après les avoir débarrassés de leurs biens, mais ils couraient le risque qu’ils reviennent avec des renforts, alors il les avait simplement attachés à un arbre. Ils l’avaient menacé de toutes sortes de choses, lui disant qu’ils n’oublieraient jamais, mais Al avait eu la gentillesse de les attacher le plus haut possible pour que les animaux sauvages ne puissent les atteindre… enfin, probablement.
« T’es-tu calmée ? » Son sang-froid enfin rétabli, Al se dirigea vers Feena et versa du thé qu’il avait chauffé sur le feu.
« Ce n’est pas aussi bon que celui de ma sœur, mais ça devrait t’aider à te détendre un peu, » déclara Al.
Feena avait pris la tasse et était retournée bouder.
« Tu sais, je crois que je suis allé trop loin. S’il te plaît, pardonne-moi, » déclara Al.
Se réconcilier était plus important que d’avoir raison, mais Feena secoua simplement la tête.
« Haah... Je pensais que j’avais enfin dissipé les malentendus, mais…, » déclara Al.
Al avait poussé un profond soupir.
« Ce n’est pas ça…, » déclara Feena.
« Hein ? Qu’est-ce qui n’est pas ça ? » demanda Al.
Al pensait qu’il avait peut-être mal entendu le petit murmure de Feena.
« C’est… JE-JE-JE… Je l’ai encore fait…, » déclara Feena.
« Quoi, quand tu t’es fâchée ? J’étais choqué, mais dans le bon sens du terme. Je ne t’ai jamais vue t’investir dans quoi que ce soit, » déclara Al.
Il essaya de maintenir la conversation, mais cela n’aida pas du tout la morosité de Feena.
« Je ne me souviens de rien de mon enfance, » déclara Feena.
Elle était assise sur le sol. Elle avait regardé Al et avait commencé à parler de son passé. Al l’avait simplement écoutée en silence.
« Apparemment, j’étais une Diva géniale depuis ma naissance. Je pouvais utiliser la magie plus tôt que je ne pourrais marcher. J’étais soi-disant une fille vive, intelligente, aimée et adorée de tous, » continua Feena.
Normalement, tu ne dis pas ça de toi-même ! Et c’est quoi ce « soi-disant » ?
Al inclina la tête en écoutant.
« Mais un jour, quand j’avais six ans, mon pouvoir est devenu fou pendant une expérience. J’ai perdu tous mes souvenirs jusque-là, » déclara Feena.
Peu à peu, elle s’ouvrit tranquillement sur son enfance.
« Après ça, je suis devenue une fille silencieuse, stoïque et adorable, » déclara Feena.
Al trouvait la partie « adorable » superflue, mais il aurait été impoli de la mentionner, alors il l’avait gardée pour lui.
« Tout le monde avait pitié de moi. “Cette pauvre petite fille a perdu ses émotions dans un accident. Elle est comme une poupée maintenant”, disaient-ils. Mais peu importe le nombre de fois où j’ai lu mon journal, je ne me rappelais plus de mes souvenirs et de ma vie jusque-là, » déclara Feena.
Elle se frotta les yeux, faisant de son mieux pour retenir ses larmes.
« J’ai lu beaucoup de livres sur l’amour et la vie conjugale avant de venir à Althos. Je ne voulais pas échouer à nouveau. Je ne voulais pas redevenir une poupée, » déclara Feena.
Je vois. C’est pourquoi… Attends, quel genre de livres lisait-elle ?
Al avait finalement compris pourquoi elle semblait toujours si froide.
« Je pensais que je m’en sortais bien, mais…, » continua Feena.
Il savait que même si elle ne le disait pas, le mot « poupée » déclenchait son traumatisme. Il se demandait comment réagir, mais quelque chose lui traversa l’esprit.
« Attends, Sharon ne t’a-t-elle pas appelé de la même manière une fois ? » demanda Al avec curiosité.
« C’est un gorille rouge enragé et féroce ! Les animaux ne peuvent pas contrôler ce qu’ils disent, » déclara Feena.
« N’est-ce pas un peu grossier !? » demanda Al.
Al avait été un peu décontenancé. Feena ne s’était pas levée, mais l’atmosphère lourde avait disparu.
« Et c’est mon… amie, donc… Je vais la laisser s’en tirer, » elle l’avait dit à voix basse. Il ne pouvait pas voir son expression, mais ses oreilles étaient rouge vif, et cela non à cause du feu qui brûlait à proximité.
« Al..., me laisserais-tu rester à tes côtés ? » demanda Feena d’une voix tremblante. Elle était beaucoup plus timide que d’habitude, mais Al savait qu’il n’y avait qu’une seule réponse.
« Bien sûr que tu peux. Si tu te souviens de ce que j’ai dit, tu peux rester aussi longtemps que tu le veux, » répondit Al.
Elle avait vacillé une seconde avant de pousser un énorme soupir de soulagement et de détente. Le simple fait d’imaginer son expression l’avait fait sourire.
« J’ai peut-être déjà dit quelque chose comme ça, mais…, » commença Al.
Al se frotta le nez avant de continuer.
« Tu peux te créer de nouveaux souvenirs dans Althos, alors, euh… Tu sais, Sharon a l’intention de faire la même chose, alors… Quoi qu’il advienne de ce mariage, tu y es la bienvenue, » déclara Al.
Il n’aurait jamais pu se résoudre à chasser une fille seule et sans défense, sans nulle part où aller, même s’il devait encore travailler jusqu’au bout.
« Mhm… Mhm… »
Comme si elle avait trouvé du réconfort dans les paroles d’Al, Feena acquiesça d’un signe de tête véhément. Une fois les choses entre eux réglées, le côté insolent d’Al avait pris le dessus.
« Bref, ne penses-tu pas que tu es un peu trop dure avec Sharon ? C’est ton amie, tout bien considéré » déclara Al.
Il avait veillé à mettre l’accent sur le mot « amie ». Feena avait tressailli un peu en entendant ça.
« Espèce… d’idiot ! » Elle avait crié sans lever la tête.
Les rayons du soleil matinal brillaient sur la forêt. Al et Feena avaient prévu de partir avant l’aube, mais ils avaient trop dormi après les événements de la nuit précédente. Tous les deux étaient extrêmement épuisés malgré le fait d’avoir passé la nuit sous la protection du champ défensif de Feena, donc faire quoi que ce soit si tôt n’avait même pas traversé leur esprit.
« Hé, dépêche-toi ! Je veux aller à Mistwood avant le déjeuner ! » déclara Al.
« Hehehehe... J’ai couché avec Al ! » répliqua Feena.
Mais même si elle était si pressée, Feena avait crié vers Al sur un ton qui ressemblait à son ton habituel et joyeux. Al était ravi qu’il l’ait réconfortée, mais il aurait été encore plus ravi qu’ils puissent enfin accélérer leur rythme. Il avait poussé un soupir fatigué, mais pour une raison ou une autre, il s’était senti un peu enjoué. Il était parti sur son cheval sans attendre Feena.
« Ah, c’est le jeu où tu fais semblant de t’enfuir, mais ensuite je te rattrape et te serre dans mes bras par derrière comme “Hehe, je t’ai attrapé ~ ?”, » demanda Feena.
Feena se sentait encore plus enjouée…
« En avant tout ! En avant tout, vers Esanthel ! » déclara Al.
Mais Al avait décidé de l’ignorer complètement. Avec un petit coup de pied sur le flanc, le cheval d’Al avait accéléré encore plus.
« Ah ! Pardon ! Attends, je ne peux pas ! Je ne peux pas avancer vite ! » s’écria Feena.
Feena avait aussi fait galoper son cheval. Leur voyage actuel leur avait semblé beaucoup plus agréable que le précédent.
« Très bien, faisons une petite pause. On traversera la rivière après ça, » déclara Al.
Au bout d’un moment, Al avait ralenti, trouvant du plaisir à regarder Feena essayer désespérément de le rattraper. Il était descendu de cheval et s’était préparé pour une petite pause.
« C’est méchant ! »
Feena se plaignait en lâchant la bride. Les deux chevaux s’étaient mis à faire du bruit en approchant de la rivière voisine. De l’autre côté se cachaient Esanthel et le camp de l’Empire. Pour atteindre Esanthel sans entrer dans leur campement, ils devaient passer par le fameux Mistwood. Il n’était pas rare de voir des gens entrer dans la forêt et disparaître dans le brouillard épais et dense. C’était incroyablement proche, mais la partie dans laquelle ils se trouvaient n’avait pas du tout été affectée. La mignonne petite rivière et le chant des oiseaux en faisaient un endroit plutôt agréable.
« Il fait si beau. C’est un peu tôt. Et si on faisait une petite sieste ? » demanda-t-il en mettant les pieds dans l’eau rafraîchissante.
« Oui ! C’est le moment idéal pour montrer mes talents d’épouse ! » Elle chuchota en regardant au loin, mais Al n’y prêta aucune attention.
Rattraper le sommeil était plus important que ce que Feena avait prévu. Il posa sa faux à côté de lui alors qu’il se couchait sur le sol. Son dernier instant de vision fugace fut Feena s’approchant lentement de lui.
« Hm ? Qu’est-ce que c’est ? Repose-toi tant que tu le peux encore, » elle marcha à côté de lui et s’assit gracieusement.
« Tes vêtements vont se salir si tu restes assis là ! » déclara Al.
Peut-être à cause de son hypocrisie, Feena avait décidé d’ignorer complètement ce qu’il avait dit. Elle s’était assise à côté de lui sur ses jambes, laissant ses genoux complètement dégagés pendant qu’elle retirait la poussière qui était tombée sur lui.
Et puis…
« Tiens, Al ! » dit-elle avec enthousiasme, bien qu’avec un soupçon de nervosité.
« Hm ? “Tiens” quoi ? » demanda Al.
Elle tapotait ses genoux comme si elle invitait un chaton à lui sauter dessus.
Est-ce une sorte de rituel étrange ?
Feena en avait eu marre des échecs d’Al à capter des indices pas si subtils, et…
« Al, on fait un acte classique pour les couples ! Je t’offre un oreiller de genoux ! » déclara Feena.
Il y a très, très longtemps, Al avait lu ça dans un livre. À l’époque, il riait de couples qui faisaient quelque chose d’aussi stupide que ça.
« Hein… ? Non, ce n’est pas grave, » déclara Al.
Et il semblait qu’il n’avait pas beaucoup changé. Il avait trouvé ça embarrassant, et franchement, une chose problématique, alors il avait décidé de se retirer du rituel de Feena.
« Uhhhh… Là ! »
« Aghh ! »
Feena avait eu recours à une solution beaucoup plus énergique alors qu’elle avait enfermé la tête d’Al dans ses bras et l’avait tiré sur ses genoux.
« Ow ow ow ow ow! Qu’est-ce que… ? » s’écria Al.
Il la regarda, alors qu’il cherchait désespérément à être sauvé. Son dos se frottait contre le sol et son cou faisait un bruit alarmant.
« Hehe... Incroyable, n’est-ce pas ? » demanda Feena.
Mais il ne pouvait rien dire après avoir vu ce sourire merveilleux.
« Eh bien, n’es-tu pas audacieuse aujourd’hui ? » demanda Al.
Eh bien, peut-être pas seulement aujourd’hui, mais…
Le regard enchanteur de Feena était trop beau pour lui, alors il avait détourné son regard.
« Bien sûr ! Tu l’as dit hier : “S’il te plaît, ne va nulle part ! Ta place est ici, juste à côté de moi !” C’est naturel de me consacrer à toi ! Je suis ta femme, après tout ! » déclara Feena.
« Bizarre, je ne me souviens pas d’avoir dit quelque chose comme ça ! » répliqua Al.
Il aurait aimé s’y opposer, mais il s’était perdu face au vent doux qui lui caressait les joues, avec le murmure calme et relaxant de la petite rivière, le parfum délicieux de ce qui l’entourait.
Je vois… Voilà donc la sagesse que nos prédécesseurs ont accumulée au cours de leur vie.
Il avait finalement accepté pleinement l’histoire de son espèce, mais malheureusement, cette expérience apaisante avait été de courte durée, alors qu’il s’était rappelé des événements d’hier.
« Attends, qu’en est-il de Cécilia ? » Al avait essayé de se lever, mais Feena l’avait repoussé au sol.
« Hm ? Je l’ai déjà dissipé, » déclara Feena.
« Ah, OK… Attends, qu’est-ce que ça veut dire !? » demanda Al.
Feena avait enlevé ses mains de la tête d’un Al surpris.
« Je me suis rendu compte qu’il n’y avait aucune raison d’enfouir mes sentiments et mes désirs, alors j’ai dissipés hier soir le sort, » déclara Feena.
« Je vois… Félicitations ? » Al s’était à nouveau détendu…
« Je te remercie. Maintenant, nous pouvons…, » déclara Feena.
… Et ils étaient entrés dans l’apogée de l’humanité.
« Al... » déclara Feena.
« Hm ? » demanda Al.
Feena se pencha plus près de lui.
Même comme ça, elle est si douce.
***
Partie 6
Mais il n’avait pas eu le temps d’apprécier cette expérience. Son esprit s’était détendu, tandis que Feena était déjà à quelques centimètres de son visage, les yeux fermés.
« Euh, Feena ? On n’a vraiment pas besoin de se dépêcher avec ce truc de Surtension Céleste, tu sais…, » déclara Al.
Il avait essayé de s’en sortir, mais il savait au fond de lui-même que c’était futile. Son but n’était pas la Surtension Céleste. Sa tête n’était pas retenue et il n’était pas menacé par une épée, mais peut-être son instinct ou le pouvoir du Roi Démon l’empêchait-il de s’échapper. Alors qu’il était allongé là, complètement sans défense, les lèvres de Feena se rapprochèrent encore plus. Mais juste à ce moment-là…
Grrrrrrrr.
Un mystérieux bruit les avait interrompus. Pendant une seconde, Al, complètement abasourdi, regarda Feena avec les yeux grands ouverts, et puis…
« Hyaaaaaaaaah ! »
Il pouvait pratiquement voir des flammes jaillir des joues de Feena alors qu’elle se levait et s’enfuyait, laissant la tête d’Al retomber.
« Aghh ! »
Son oreiller confortable ayant disparu, sa tête avait eu une rencontre malheureuse avec le sol dur.
Il n’avait pas subi quelque chose de grave, mais…
« Je n’ai pas du tout faim, c’est juste que… J’étais si contente que tu sois redevenue toi-même, j’ai oublié de prendre mon petit-déjeuner…, » elle l’avait expliqué en devenant aussi rouge que du charbon de bois en feu.
« Tu me cours toujours après à moitié nue, mais tu es gênée par tes grognements d’estomac !? Est-ce que ça a de sens !? » demanda Al.
Al n’arrivait pas à comprendre son processus de pensée, et bien que la situation semblait plutôt mauvaise, c’était en fait le contraire. S’ils n’avaient pas été interrompus, il aurait dû commencer à planifier comment élever un petit Al.
« Moi aussi, j’ai un peu faim. C’est un peu tôt, mais allons déjeuner, » déclara Al.
Elle était amusante à taquiner, mais c’était devenu effrayant au bout d’un moment, alors Al avait décidé d’arrêter.
« Je vous ai trouvé ! » Soudain, une voix familière se fit entendre dans la forêt.
« Hein !? Kanon ? » cria Feena avec surprise. Le cliquetis familier de l’armure lourde prouvait que c’était lui.
« Roi-Démon, éloignez-vous de Feena ! » cria Kanon.
Il avait foncé vers l’avant en produisant un nuage de poussière et s’était servi de la situation pour charger Al.
« Merde ! » s’écria Al.
« Argh… C’est reparti pour la prochaine fois. » Feena déclara ça comme si elle en avait assez des pitreries de Kanon, et se tourna vers lui.
« Boule de feu, » elle avait jeté son sort sans prévenir.
« Hé, es-tu sûre de ça !? » Al n’avait pas pu cacher son choc.
« C’est très bien. Regarde, » dit Feena avec confiance, ses yeux suivant la boule de feu qu’elle avait lancée à Kanon. Son sort s’était dirigé vers l’Inquisiteur, et…
ping!
Après ce qui semblait être un coup direct, la boule de feu avait rebondi sur son armure comme si de rien n’était.
« L’armure de Kanon est imprégnée de la protection divine de la Valkyrie. Elle peut repousser toute sorte de magie, » déclara Feena.
« C’est quoi cette armure divine !? Et as-tu jeté ce sort juste pour démontrer sa défense !? » demanda Al.
« Non, tu vois… la magie ne peut pas pénétrer sa défense, mais les objets si, » déclara Feena.
Al avait été déconcerté par le regard triomphant de Feena pendant une seconde, avant de se rendre compte du danger imminent qui le guettait littéralement. Il avait rapidement regardé sa cible, mais…
« Euh, Feena… Où est-ce qu’il va ? » demanda Al.
Kanon, qui fonçait droit sur lui, avait soudain changé de direction…
Bonk!
Et il s’était écrasé sur un grand arbre.
« Argh…, » s’écria Kanon.
Kanon avait coupé l’arbre en deux, mais avait perdu connaissance à cause de l’impact.
« Son armure est incroyable, mais son intelligence l’est moins. Je suis sûre qu’il a évité de te regarder par peur de tomber enceinte, » déclara Feena.
« Même si c’est un mec ? » demanda Al.
« Oui. Même si c’est un mec, » répondit Feena.
« Donc ta boule de feu était…, » commença Al.
« Oui. C’était une distraction, » elle acquiesça fièrement. Al n’arrivait pas à croire ce qui s’était passé.
« Feena, dis-moi si je me trompe, mais est-ce que ce type…, » commença Al.
Feena avait probablement compris de quoi Al parlait, en acquiesçant d’un signe de tête préventif.
« Oui. Pour dire les choses gentiment, il est pur. En d’autres termes, il est aussi simple qu’une planche, aussi naïf qu’un enfant, et aussi bête qu’un roc…, » expliqua Feena.
« Attends, n’êtes-vous pas amis ? L’idiot est… Peu importe, ce n’est pas comme si je pouvais le réfuter, » déclara Al.
Il avait renoncé à défendre Kanon.
« Mais il a de bons arguments, » déclara Fiona.
Entendre sa belle et gentille voix, alors qu’elle protégeait son ami bien-aimé, aurait déjà pu brisé Al, mais plus maintenant.
« Très bien ! Mettons-le six pieds sous terre avant qu’il ne se réveille ! » déclara Al.
« Al !? » Feena s’était accrochée à Al après qu’il ait dit ce qu’il pensait à haute voix.
« Non, je plaisante… C’est à moitié une blague… Bref, qu’est-ce qu’on fait ? Je ne pense pas que parler soit une option tant que je suis ici, » déclara Al.
Il avait cependant choisi de mettre cela de côté. Feena avait poussé un profond soupir avant de sortir quelque chose d’entre ses seins.
« Ton décolleté est comme un chapeau de magicien, je ne sais jamais ce que tu vas sortir ensuite ! Alors, qu’est-ce que tu as cette fois ? » demanda Al.
Malgré le commentaire un peu cynique d’Al, elle avait fièrement présenté une…
« C’est une fausse moustache ! » déclara Fiona.
« Je vois ça, mais pourquoi ? » Al demanda ça en étant vraiment curieux.
« J’ai pensé qu’on pourrait en avoir besoin un soir, » répondit Fiona.
« Pour quoi faire !? Non, tu sais quoi, ne réponds pas ! » déclara Al.
Il secoua violemment la tête.
« Alors, quoi, je vais le mettre ? Tu crois que ça va tromper quelqu’un ? » demanda Al.
Kanon n’était peut-être pas l’outil le plus pointu de la remise, mais un déguisement aussi simple ne fonctionnerait certainement pas.
« Maintenant, il va penser que tu es un riche noble, » déclara Al.
La réaction instinctive d’Al avait été « Tu te fous de moi », mais le sourire confiant de Feena avait suffi à lui faire croire en elle.
« Tu es son ami, et il ne peut pas me faire de mal de toute façon, alors…, » déclara Al.
« Ne t’inquiète pas, je suis sûre que ça marchera. Et plus important encore…, » répondit Fiona.
Elle était plus stoïque que jamais, mais Al avait senti une aura taquine s’échapper d’elle. Quoi qu’il en soit, il avait arrêté de se disputer et avait collé la fausse moustache sur ses lèvres.
« Euh… Où suis-je ? » Un peu plus tard, Kanon ouvrit les yeux. « J’étais en patrouille, quand… »
« Tu es réveillé ? » demanda Feena.
Ses pensées avaient été interrompues par une fille aux cheveux bleus qui lui était apparue.
« Hein !? Feena !? » Sa voix avait semblé explosée dans la forêt silencieuse. Après avoir réalisé que c’était sa vieille amie Feena, Kanon s’était levé.
« Feena ? Est-ce vraiment toi ? Regarde, c’est moi ! Kanon ! » déclara Kanon.
Kanon s’était laissé emporter par l’instant et avait serré Feena dans ses bras.
« Je sais… Kanon, ça fait mal… Boule de feu, » déclara Feena.
Ça a dû être douloureux, vu qu’elle avait plissé son front et tiré une boule de feu sur Kanon.
« Feena, je sais que cela va le repousser, mais ne crois-tu pas que ça va encore un peu trop loin ? » demanda Al.
Même Al ne pouvait pas tenir sa langue quand il avait vu ça.
« Ahahaha, je connais ce pouvoir ! C’est vraiment toi ! » déclara Kanon.
Mais malgré le fait qu’on l’ait envoyé rouler sur le sol, Kanon s’était levé avec le sourire.
« Quoi ? C’est le lancement d’une boule de feu que vous sers maintenant de salut !? » s’écria Al.
Sans tenir compte du commentaire d’Al, Kanon s’était précipité à Feena.
« Ah, c’est vrai ! Je suis désolé pour ce qui s’est passé, je pensais que tu étais contrôlée par le — attends, t’es-tu libérée du contrôle du Roi-Démon ? » demanda Kanon.
Il avait saisi à nouveau les épaules de Feena, mais d’une manière beaucoup plus prudente. Si Feena répondait mal, ça déclencherait une guerre totale.
Sourire en coin.
Elle avait fait un sourire espiègle à Al.
« Oui, c’est moi. Je me suis échappée quand le sort sale et pervers du Seigneur Nympho s’est affaibli, » déclara Feena.
Le Seigneur Nympho…
Al avait regardé Feena droit dans les yeux, mais elle l’avait simplement balayé avec un sourire malicieux.
« Dieu merci ! Je suis si content que tu sois en sécurité ! » déclara Kanon.
Kanon était totalement tombé dans le panneau. Il tapota les épaules de Feena.
Leur mensonge avait été planté comme la seule et unique vérité en lui.
« Alors, qui est notre invité ? J’ai l’impression de l’avoir déjà vu — attends, c’est un mec ! » déclara Kanon.
J’espère qu’il n’a pas vu à travers mon… déguisement pas du tout magistral. Bien qu’il ait seulement dit que j’étais un homme, j’espère qu’on sera en sécurité.
En raison de sa peur, Kanon n’avait pas vu directement le visage d’Al pendant leur bataille, mais le tromper avec une fausse moustache n’était qu’un vœu pieux. Tout en essayant de garder son sérieux, Al avait fait un pas en avant pour se présenter, mais…
Bam !
Kanon l’avait abattu de son poing avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit. Comme Kanon était un utilisateur de reliques, sa frappe ne pouvait pas atteindre directement Al, mais…
« Gahh ! »
La force de l’attaque lui avait fait manger la terre.
« Hé ! Je me fiche que vous soyez l’inquisiteur d’Esanthel ou quoi que ce soit, comment osez-vous m’attaquer de nulle part !? » s’écria Al.
Tandis qu’Al saisissait enfin ce qui venait de se passer, il réprimandait Kanon d’une manière qui ne convenait pas à un membre de la royauté.
« Ahhhh, comme c’est grossier ! Et plus important encore, c’est un mec ! Feena, qu’est-ce que tu fais avec un autre homme !? » demanda Kanon.
Quelle catastrophe pour les deux parties ! Kanon avait analysé la situation et avait décidé qu’il n’y avait pas besoin de formalités vis-à-vis d’Al.
« Kanon, il est…, » commença Feena.
Feena avait essayé de mettre un terme à la situation explosive avant que quelqu’un, très probablement Al, ne soit gravement blessé.
« Feena, tu savais qu’il m’agresserait depuis le début !? » demanda Al.
« Oui, cependant… Je ne pensais pas que ça irait si mal…, » déclara Feena.
« Ne t’avise pas de parler à Feena, espèce d’animal sale et pervers ! Je sais ! Tu as dû lui faire quelque chose en échange de l’aider à s’échapper, espèce de péon ! » s’écria Kanon.
Kanon avait instantanément mis fin à leurs bavardages.
« Je veux dire, je suis offensé d’être traité d’animal pervers, mais pourquoi suis-je un péon maintenant !? » demanda Al.
Enragé, Al avait quand même trouvé le temps de répliquer à Kanon. Peut-être, que sa résistance accrut à la violence verbale était dû à une certaine fille aux cheveux roux, mais de toute façon, il n’était pas satisfait de la situation.
« Hehehehe, je peux le dire d’un coup d’œil ! Regarde Feena, sa beauté à l’état pur et ses vêtements magnifiques prouvent sa richesse ! Tu as du culot de l’approcher comme une simple roturière ! Ma preuve ? Regarde cette faux sur ton dos ! Sinon, pourquoi transporterais-tu un outil utilisé par les paysans ? » demanda Kanon.
« … »
Kanon prit l’absence de réplique d’Al comme un aveu de son statut, et les coins de sa bouche se recourbèrent en un sourire triomphant.
Mais en réalité, l’absurdité de la déduction de Kanon avait laissé Al sans voix. Il avait les talents de détective d’un chien.
« Pffft... La faux du Roi Démon n’est rien de plus qu’un outil de paysan… Pffft ! » murmura Feena.
Feena était à la limite du rire, hors de la vue de Kanon. Al avait décidé qu’il lui parlerait sérieusement dès qu’il en aurait l’occasion.
« Quoi qu’il en soit, je dois apprécier tes efforts pour prendre soin d’elle malgré le fait d’être un animal. Je veux entendre ton nom, » déclara Al.
Sans aucune connaissance de la lutte intérieure d’Al, le maître détective lui avait demandé son nom avec arrogance. Aussi contrarié qu’il ait pu l’être, il parla encore à l’inquisiteur d’Esanthel. Il fallait qu’il soit plus grand et qu’il laisse filer.
« Je suis Alfonz, mais mes amis m’appellent Al. Enchanté de vous rencontrer, Coureur de Jupons d’Esanthel, » répliqua Al.
Aux yeux d’Al, sa réponse avait été impeccable. Mais seulement aux yeux d’Al.
« Hahahaha, tu ne te retiens pas, n’est-ce pas ? Et si on enterrait la hache de guerre pour l’instant ? » dit Kanon, mais c’était plus comme s’il voulait fendre la tête d’Al avec cette hache métaphorique que toute autre chose. Al pouvait pratiquement voir le sourire effronté de Kanon derrière son casque d’acier.
« Ce n’est pas le moment de se battre ! » déclara Kanon
« Comment veux-tu que je me lie d’amitié avec ce type, Feena !? » demanda Al.
« Tu as du culot de l’appeler “Feena” ! » déclara Kanon.
Personne ne pouvait blâmer Al de vouloir se défendre, mais il commençait à se lasser de son regard furieux,
Alors…
« C’est bon, on en a fini ici ! Allons-y, Feena ! » déclara Al.
Alors qu’Al tournait le dos à Kanon avec Feena derrière lui…
« Ah, attendez ! » Kanon les a appelés. Juste à ce moment-là…
Wham!
“Gahhhh !”
Pour la deuxième fois, Kanon avait frappé Al.
« Hahahaha, désolé. J’ai toujours l’impression que Feena est en danger quand elle est avec un autre homme…, » déclara Kanon.
« Qu’est-ce que ça veut dire !? Tu es la seule menace ici ! » cria Al.
« Wôw, tu peux encaisser un coup de poing ! » déclara Kanon.
Al avait été tempéré par une certaine rousse, alors il s’était vite remis sur pied et s’était défoulé.
« Tu sais, je suis toujours curieux de savoir pourquoi tu m’as frappé ! » s’écria Al.
Kanon était hors de sa portée, alors un autre regard furieux s’était mis à le fixer.
« Hahahaha, ne t’inquiète pas pour ça. Je m’occupe de Feena, tu peux retourner aux champs ou ailleurs, » déclara Kanon.
Kanon se tourna vers Feena, faisant comme si Al n’était même pas là.
« Tu as finalement réussi à échapper à ce pervers de Roi-Démon ! Maintenant, rejoins-moi ! Ce pauvre Roi-Démon ne sera pas à la hauteur de nous deux, il sera scellé en un rien de temps ! On pourrait même le vaincre pour de bon ! » déclara Kanon.
Kanon se vantait d’avoir devancé Al, mais en toute honnêteté, il avait déjà donné non pas un, mais deux coups de poing.
« Heh. Tu crois vraiment que le roi d’Althos est un boulet ? » demanda Al.
Il devait évacuer sa frustration.
« Le roi d’Althos…, » chuchota Kanon.
Tout comme Kanon chuchota que d’un ton calme et menaçant, son attitude changea instantanément. Ce n’était pas une simple colère ou soif de sang, mais quelque chose de beaucoup plus sinistre. Al sentit la même énergie émane de lui sur le champ de bataille.
« Le roi d’Althos est mon ennemi juré. J’ai promis à mes camarades tombés au champ d’honneur de lui couper la tête et de la monter devant leur tombe, » déclara Kanon.
Son ton était également différent, comme si quelque chose l’avait possédé.
***
Partie 7
Je sais qu’il déteste les hommes, mais je ne pensais pas que ce serait à ce point.
Al avait jeté un regard inquiet sur Feena.
Je ne l’ai jamais vu comme ça.
Feena fit signe en secouant la tête.
« Je suis même allé jusqu’à jurer allégeance à notre plus grand ennemi, l’Empire, » déclara Kanon.
Son aura sinistre s’était dissipée, ne laissant sur son visage qu’une expression de douleur grave. Mais il avait admis avoir travaillé avec l’Empire. Avant, il y avait une petite chance que Kanon ait écouté Al s’il s’était expliqué, mais c’était passé par la fenêtre.
« Je vois. Alors, continue à faire ce que tu as à faire, » déclara Feena.
« Feena, quoi !? » s’exclama Al.
Feena avait interrompu les pensées d’Al.
Qu’est-ce qu’elle dit !?
Il avait rapidement essayé d’empêcher Feena de renforcer la détermination de Kanon, mais…
« Mais s’il te plaît, attends avant d’attaquer Althos, » déclara Feena.
Il semblait qu’il n’y avait aucun besoin.
« Pourquoi devrais-je faire ça ? » demanda Kanon, curieux de connaître la demande de son amie.
« Je ne peux pas te le dire maintenant, mais c’est important. Je t’en supplie, attends un peu, » déclara Feena.
« Hmmm, donc tu veux que je retarde l’attaque, mais tu ne peux pas dire pourquoi. C’est une demande plutôt douteuse, même pour une amie, » répondit Kanon.
« Kanon…, » déclara Feena.
Ce n’était plus une conversation amicale entre deux amis, il y avait des étincelles entre eux.
« Inquisiteur Kanon ! » « Nous les avons trouvés ! »
Plusieurs guerriers à cheval piétinèrent l’atmosphère tendue.
« On dirait que mon entourage est arrivé, » déclara Kanon.
L’expression de Kanon s’était éclaircie lorsqu’il salua ses camarades.
« Ooh, Inquisiteur ! C’est bon de vous voir en sécurité ! »
Les guerriers descendirent de leurs chevaux, soulagés. Pour confirmer son bien-être, ils se précipitèrent jusqu’à Kanon comme si leur lourde armure était faite de papier.
« Inquisiteur, vous devez me dire si vous partez en patrouille ! »
« Ahh, désolé, Toshisaka. Je ne voulais pas vous déranger davantage, » répondit Kanon.
« Vous avez tout faux, Inquisiteur ! Il y aura des ennuis si vous disparaissiez ! » déclara Toshisaka.
« Exactement ! Il a cherché comme un chien enragé alors qu’il n’arrivait pas à vous trouver ! »
« Ferme-la, Gengai ! Tu parles alors que tu n’arrivais même pas à monter sur la selle ! » s’écria Toshisaka.
Les guerriers avaient laissé échapper un rire chaleureux.
« D’accord, désolé. C’était de ma faute ! » déclara Kanon joyeusement.
Comment sont-ils en si bons termes alors que ses troupes sont toutes des hommes !?
Alors qu’Al réfléchissait à l’incohérence du caractère de Kanon…
« Ce sont mes troupes, donc c’est bon ! » déclara Kanon.
Kanon avait résolu son conflit intérieur.
« Inquisiteur, qui sont-ils ? » L’un des guerriers regarda Al et demanda ça à Kanon.
« C’est vrai. C’est la Diva de Subdera, Feena, cependant… Je suis sûr que vous le saviez tous. L’homme à côté d’elle est un nouvel homme riche et égoïste, » déclara Kanon.
L’introduction d’Al, à la surprise de personne, avait été incroyablement grossière.
« Je suis Feena de Subdera. C’est un plaisir de tous vous rencontrer, » déclara Feena.
L’accueil de Feena présenté dans les manuels scolaires était un contraste frappant avec celui d’Al, qui grognait à ses côtés.
C’est dans ces moments-là qu’elle me rappelle qu’elle est de la royauté, peu importe à quel point elle est misérable.
« Al, on en reparlera plus tard, » elle avait jeté un regard aiguisé sur Al en chuchotant ça. On se demandait si les Divas avaient des pouvoirs spéciaux de lecture de l’esprit. « Ton visage en dit plus que ta bouche. »
Mais le secret résidait dans le fait qu’il n’avait pas de visage de poker.
« Ummm, je suis Alfonz. Je suis un fugitif, nouvellement riche et égoïste d’Althos, » déclara Al.
Il ne voulait pas se battre avec une meute de guerriers compétents, alors il avait répété les mots de Kanon.
« Alfonz, vous dites ? » Toshisaka se caressa le menton en fixant Al.
« Il y a un problème, Toshisaka ? Ah, attends, j’ai compris ! Aussi beau que vous soyez, vous vous intéressez beaucoup plus aux hommes qu’aux femmes ! Mais laissez-moi vous prévenir, c’est un bâtard rusé ! Prenez quelqu’un d’autre ! » Kanon avait une fois de plus utilisé sa maîtrise de la déduction.
« Qu’est-ce que vous dites, Inquisiteur !? Je ne suis pas vraiment…, » Toshisaka avait désespérément essayé de nier ces allégations, mais…
« Hahahaha, alors je devrais aussi surveiller mes arrières, hein ? » déclara Kanon.
« S’il vous plaît ! Arrêtez de faire l’imbécile, Inquisiteur ! » déclara Toshisaka.
Toshisaka devenait rouge. Al se demanda si ce genre de relation faisait partie de la culture d’Esanthel, car les autres soldats souriaient simplement comme s’ils étaient habitués à ce genre de plaisanterie.
« Inquisiteur, ordonnez à Toshisaka de caresser —, » commença l’un d’eux.
Frappe
Le guerrier qui faisait l’idiot avait rencontré la lame de Toshisaka avant même qu’il ne puisse cligner des yeux.
« Kanemitsu, je ne pensais pas que tu tomberais si bas…, » déclara Kanon.
« Je plaisantais, c’est tout…, » avec une goutte de sueur froide sur la joue, Kanemitsu leva les mains.
« Je vois que j’avais tort. Désolé, mon raisonnement est généralement au point, » dit Kanon, un peu déçu. Sa confiance en ses capacités déductives était clairement déplacée, à en juger par sa performance. Al avait décidé de se taire à ce sujet.
« Mais Toshisaka, je veux être le premier à savoir si vous tombez amoureux ! » déclara Kanon.
Toshisaka s’était calmé quand il avait vu le sourire éclatant de Kanon, et les soldats environnants avaient tous poussé des soupirs fatigués. En les regardant, Al avait l’impression que, pour une fois, la déduction de Kanon était vraie.
Il savait que certaines personnes préféreraient le même sexe, et il n’avait aucun problème avec ça… tant qu’il n’était pas impliqué. Pendant que Kanon était perdu dans ses pensées, les guerriers avaient fini leur petit bavardage. Kanon sauta sur le cheval de secours que son peuple lui apporta.
« Feena. Je ne sais pas ce qui se passe, mais comme tu es une amie en qui j’ai confiance, je vais attendre deux jours. J’espère que tu viendras me voir et que tu t’expliqueras en attendant, » dit-il avec un sourire solitaire.
« Ce n’est pas grand-chose, mais j’espère que ça facilitera votre voyage, » déclara Toshisaka.
Toshisaka avait donné à Al une pochette de la taille d’un poing. C’était plutôt lourd, alors Al s’était dit que c’était pour les frais de voyage.
Mais pourquoi m’a-t-il donné ça ?
Quelque chose n’allait pas. Si c’était pour les frais de voyage, il aurait été plus logique de le donner à une Diva qu’à un paysan inconnu.
Pensent-ils que je suis le majordome de Feena ?
Al regarda Toshisaka pendant qu’il réfléchissait à la situation.
« Alors, à la prochaine fois, » déclara Toshisaka.
Il les fixa pendant quelques secondes avant de se retourner.
« Je prie pour ta sécurité, Feena. Toi, péon ! Rappelle-toi que si tu oses toucher l’adorable fille, peu importe où tu iras, je te trouverai et je te découperai ! » déclara Kanon.
Al pouvait presque voir les yeux de Kanon briller sous son casque. Après avoir salué Feena une dernière fois, Kanon se retourna gracieusement et partit. Il avait l’air d’un roi bien élevé.
Oui. Il en avait l’air.
« Qu’est-ce qui se passe avec cette fausse Diva ? » Al s’était murmuré cela à lui-même en rage en voyant partir Kanon.
Quelques heures après le départ de Kanon, Al et Feena étaient entrés à Mistwood. Brusch les avait informés que le brouillard se dissiperait juste avant l’heure du déjeuner, mais comme ils avaient perdu du temps en raison de l’apparition inattendue de Kanon, alors ils perdirent leur chance. Le fait d’entrer quand même dans la forêt était une énorme erreur. Ils savaient que le brouillard serait mauvais, mais pas au point où il en était. Incapables de voir plus de quelques centimètres devant eux, ils étaient complètement perdus. Al ne pouvait même pas voir le visage de Feena malgré le fait qu’elle marchait juste à côté de lui. Ils avaient pensé qu’il serait dangereux d’avancer à cheval, alors ils avaient lentement tiré leurs chevaux derrière eux tout en se rapprochant de leur destination. Du moins, c’était leur plan.
« Merde, je ne pensais pas que ce serait si grave, » déclara Al.
« Moi non plus…, » répondit Feena.
La réponse de Feena était exceptionnellement réservée. Elle avait peut-être été secouée après leur rencontre fortuite avec Kanon.
« Euh… Es-tu sûre que c’était une bonne idée de rester avec moi ? Tu aurais peut-être pu convaincre Kanon si tu étais partie avec lui, » Al avait demandé à Feena.
C’était sans aucun soupçon de la jalousie qui le rongeait l’esprit la veille. Il s’inquiétait vraiment pour elle.
« Non, pas encore, » mais elle avait rejeté sa proposition.
« Comment ça, “pas encore” ? » demanda Feena.
Feena était extrêmement confiante dans sa réponse, alors Al voulait connaître les fondements de sa réponse.
« Je pense que Kanon est sous le contrôle d’un sort, » déclara Feena.
« Un sort ? Je n’ai senti aucune trace de ma — Ah ! Ce sentiment effrayant ! » déclara Al.
Il regarda de son côté pour vérifier l’expression de Feena, mais il ne pouvait rien voir.
« Oui. Je sentais une légère distorsion d’énergie magique quand il s’est fâché sur toi, » déclara Feena.
« Une distorsion, hein… ? Peux-tu y faire quelque chose ? » demanda Al.
On aurait dit qu’elle secouait la tête.
« Pas avec mon pouvoir actuel. Mais tout le monde à Esanthel l’adore, ils sont incroyablement proches. Peut-être que leurs voix peuvent le lui faire comprendre, » déclara Feena.
« Et…, » Feena était de plus en plus excitée. « Et je ne laisserai personne interrompre notre lune de miel avant le mariage, que ce soit un ami ou un ennemi ! »
« On n’est pas vraiment en lune de miel, n’est-ce pas !? » s’écria Al.
On aurait dit que leur conversation avait vraiment aidé Al à accepter ses sentiments. Même en disant ça, il ne se sentait pas mal du tout.
« J’aimerais voir ton visage…, » déclara Feena.
C’est pour ça qu’elle est déprimée ? Ce serait un bon changement de rythme si elle était sérieuse pour une fois !
Il pensait ça, mais il avait fait un grand sourire. Juste au moment où les choses commençaient à s’améliorer…
« Qui est là !? Répondez-moi ! » demanda Al.
Ils entendirent un bruissement venant des fourrés à proximité. Al prit immédiatement sa faux, et il semblait que Feena avait aussi préparé sa baguette.
« Feena, restons ensemble. On ne veut pas se frapper par accident ! » déclara Al.
« Compris ! » déclara Feena.
Il sentit Feena glisser vers lui.
« Ah ! Pas si près ! » déclara Al.
Il avait fait un pas en arrière.
C’est mauvais, ça. Si on s’approche trop, la Surtension Céleste pourrait s’activer !
Il avait voulu le faire au début du voyage, mais il avait changé d’avis après ce qui s’était passé la veille. Il pensait que le faire avec désinvolture ou par la force ne serait pas juste. C’est pour ça qu’il avait dit à Feena de rester un peu en arrière, mais…
« Méchant ! Tu ne m’aimes pas ? » demanda Feena.
Elle avait complètement mal interprété la situation.
« Quoi ? Personne n’a dit ça ! » répliqua Al.
« Alors, puis-je rester à tes côtés ? » demanda Feena.
« Non, je veux dire, la Surtension —, » commença Al.
« Tu me détestes après tout…, » déclara Feena.
Feena ne comprendrait pas ses sentiments.
Je devrais peut-être la serrer dans mes bras et laisser la Surtension Céleste se faire.
Ça lui avait traversé l’esprit, mais…
« Euh… Désolé d’interrompre votre petite liaison, mais… »
« Quelle liaison !? » s’écria Al.
Attends… Je connais cette voix.
« Êtes-vous le guerrier de l’Inquisiteur Kanon... Toshisaka ? » demanda Al.
« Oui, je le suis. Je sais que c’est dur à voir, mais suivez-moi, » déclara Toshisaka.
Sans aucune explication, les buissons avaient recommencé à bruisser, signalant le départ de Toshisaka.
« Que devrions-nous faire ? » demanda Feena, complètement perplexe. C’était une situation alarmante, ils ne savaient pas si l’identité d’Al avait été découverte, mais ils étaient dans un endroit dangereux et avaient désespérément besoin d’un guide.
« D’accord, suivons-le. Ne baisse pas ta garde, » déclara Al.
« Compris, » répondit Feena.
C’est ainsi qu’ils avaient commencé à suivre l’autre personne.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Al.
Ni Al ni Feena ne pouvaient croire ce qui se passait. Ce n’était que quelques minutes après qu’ils aient commencé à suivre Toshisaka, mais le brouillard épais avait complètement disparu. Ils marchaient à travers une forêt dense sous un ciel bleu et clair, accompagnés par le chant des oiseaux.
« Ah, j’avais complètement oublié ! Nous sommes sur un chemin secret, connu des seuls habitants d’Esanthel ! » déclara Feena
« Ne pouvais-tu pas t’en souvenir plus tôt ? » demanda Al.
« Incroyable, Lady Lesfina. Je ne pensais pas que vous vous en souviendriez, » Toshisaka répondit avec un sourire joyeux, même si ses joues étaient anormalement pulpeuses.
Comme s’il avait reçu un coup de poing au visage… « Alors, pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez laissé votre inquisiteur pour revenir et nous aider ? »
Al voulait le remercier du fond du cœur, mais d’abord, il devait savoir pourquoi il était revenu les chercher. C’était dangereux, mais plus vite il en a appris la raison, mieux c’était.
« Il se trouve que j’avais un petit quelque chose à faire dans le coin, Votre Majesté, » déclara Toshisaka.
« Et qu’est-ce qu’il y a de si petit ? Attendez, “Votre Majesté” !? » demanda Al.
Cette expression cruciale avait été prononcée si naturellement qu’elle avait failli passer à côté d’Al.
« C-Comment connaissez-vous l’identité d’Al ? » demanda Feena.
« Feena ! » s’écria Al.
Il était déjà trop tard.
« Hahahaha, j’ai eu l’intuition que c’était le cas, » déclara Toshisaka.
En raison de l’erreur de Feena, il avait réussi à confirmer qu’Alfonz, le péon nouvellement riche, était, en fait, le roi d’Althos, Alnoa.
« Feena…, » déclara Al.
C’était si soudain qu’Al ne pouvait pas vraiment lui en vouloir.
« Ah… Désolée…, » déclara Feena.
« Non, non, non, vous n’avez pas dérapé ou quoi que ce soit. J’ai déjà rencontré Sa Majesté, » déclara Toshisaka.
Toshisaka avait essayé de remonter le moral de Feena.
« On s’est déjà rencontrés ? Quand ? Où ça ? » demanda Al.
Les choses avaient changé. Feena le dévisagea intensément, mais Al ne se souvenait pas du tout de leur rencontre, alors il secoua tout simplement la tête.
« J’étais présent à votre intronisation en tant que représentant d’Esanthel, » déclara Toshisaka.
Al avait certainement eu une cérémonie d’intronisation, mais il était beaucoup trop nerveux et confus à l’époque pour se souvenir des invités.
« Je suis désolé, mais j’étais juste…, » Al avait commencé à inventer une excuse, mais…
« Al, je te ferai une potion spéciale qui t’aidera à te souvenir une fois à la maison ! » Feena croisa les bras et fit la moue.
« Je ne vous voyais pas très bien dans ce brouillard épais. Ce qui vous a trahi, c’est l’agitation de Lady Lesfina, » déclara Toshisaka.
***
Partie 8
La situation s’était de nouveau inversée.
« Peut-être que tu as besoin d’une potion pour améliorer ton jeu d’actrice ! Attendez, alors de quel côté êtes-vous !? » demanda Al.
« Hein ? Je suis bien sûr le fidèle subordonné de l’Inquisiteur Kanon, » répondit Toshisaka, l’air un peu abasourdi. Al réalisa que la plupart des troupes Esanthel qu’il avait rencontrées étaient plutôt difficiles à comprendre. On ne pouvait jamais être sûr de ce qu’ils pensaient.
« Et qu’allez-vous faire de cette information ? Allez-vous courir le lui dire ? Ou voulez-vous…, » commença Al.
Al avait saisi sa faux. Il se préparait à une rude bataille. La façon dont Toshisaka tirait son épée pendant qu’ils s’amusaient et sa façon habile avec des mots qui faisaient allusion à lui était une grande menace. Ou peut-être que Feena et lui avaient été trop facilement impressionnés. Toshisaka ouvrit la bouche pour répondre au roi nerveux.
« Oh, au fait. Même si Votre Majesté portait un badge, Kanon aurait probablement accepté votre histoire. Vous avez vu son raisonnement négatif de première main, » déclara Toshisaka.
« Cela pourrait très bien être le cas, » déclara Al.
Feena accepta, et Al poussa un profond soupir. Il commençait à être un peu désolé pour l’Inquisiteur. Ses meilleurs amis et ses subordonnés le considéraient comme un imbécile.
« Cependant, l’Inquisiteur est aussi pur que la neige la plus blanche, » dit Toshisaka avec un doux sourire.
« Vraiment ? On dit que l’amour est aveugle, » déclara Feena.
« Vous avez besoin qu’on vous examine la tête si vous pensez que “pur” est une bonne description de lui, » déclara Al.
« S’il vous plaît, pourquoi supposeriez-vous cela ? Je ne suis rien de plus que l’aide de camp de l’Inquisiteur, » déclara Toshisaka.
Les joues de Toshisaka étaient devenues rouge vif dès qu’il avait entendu leurs commentaires. Il était probablement plus pur que n’importe qui d’autre.
« Alors, qu’est-ce qui vous a poussé à quitter votre cher Inquisiteur pour venir ici ? » demanda Al.
Al avait essayé de remettre sur les rails la conversation qui avait déraillé.
« Je ne suis pas du tout amoureux de lui, mais je suis venu ici pour parler de Kanon, » déclara Toshisaka.
Au moment où la discussion reprit son cours, son expression douce devint beaucoup plus sinistre.
« Lady Lesfina, qu’avez-vous pensé de Kanon aujourd’hui ? » demanda Toshisaka.
Leurs yeux s’étaient rencontrés. Il semblait que tout le monde ressentait la même chose, même si Toshisaka était probablement encore plus conscient des singeries étranges de Kanon, parce qu’il passait ses journées près de lui.
« Oh. Eh bien…, » commença Feena.
Ils avaient échangé des informations, mais comme Al ne savait pas grand-chose, tout ce qu’il pouvait dire à Toshisaka était son plan pour sauver les citoyens d’Esanthel.
« L’Empire travaille donc dans les coulisses… Kanon agit bizarrement depuis sa rencontre avec eux…, » Toshisaka fixa Al en répétant ce qu’il avait appris.
« Quoi... Quoi !? Attendez, est-ce que vous aimez vraiment… ? » s’écria Feena.
« Je savais que tu étais ainsi ! » s’écria Al.
« Non, je ne le suis pas ! Pourquoi sautez-vous instantanément à la même conclusion !? » s’écria Toshisaka.
« Hé, je rembourse juste ce que j’ai reçu de votre amant, » déclara Al.
« Nous sommes mariés. Être sur la même longueur d’onde est tout à fait naturel, » répondit Feena.
« Alors pourquoi n’êtes-vous pas du tout synchronisé avec ça !? Honnêtement, c’est un peu dérangeant ! » déclara Toshisaka.
Al avait trouvé Toshisaka plutôt sensible après leur brève interaction.
« Je me demandais simplement pourquoi Votre Majesté me le rappelle tant ! » déclara Toshisaka.
Toshisaka poussa un profond soupir. Il semblait plutôt fatigué, peut-être qu’on lui mettait beaucoup de pression.
« Pourriez-vous arrêter avec votre regard mitigé ? » demanda Toshisaka.
Il n’avait même pas l’énergie d’apprécier la gentillesse d’Al.
« Quoi qu’il en soit, nos objectifs sont les mêmes. J’aimerais vous demander à tous les deux, d’aider à sauver les citoyens d’Esanthel, » déclara Toshisaka.
Sur ce, leur discussion avait finalement repris son cours, même si une seule question restait sans réponse.
« Avez-vous obtenu la permission de Kanon ? » demanda Al.
Les ordres de l’Inquisiteur étaient absolus pour ses guerriers, mais à première vue, Toshisaka agissait seul. Il avait pris une grande respiration.
« J’ai pris quelques jours de congé…, » il avait chuchoté. Prendre un peu de temps libre ne peut que signifier…
« Avez-vous… quitté l’armée ? » demanda Al.
C’était la seule explication plausible. On aurait dit que ses joues gonflées étaient dues à une gifle.
« Ma loyauté envers l’Inquisiteur est inébranlable ! Je suis fier d’être un guerrier d’Esanthel ! Mais… mais… Je veux que l’ancien inquisiteur revienne dès que possible, » déclara-t-il.
Il s’était alors giflé les joues.
« Notre dernière réunion a confirmé que c’était le meilleur moment pour agir, » continua-t-il.
Chacun pouvait voir la détermination dans ses yeux.
« Alors, puis-je demander à me joindre à la quête pour sauver notre peuple ? » demanda Toshisaka.
Toshisaka avait fait un pas en avant. Al sauta instinctivement en arrière à cause de la détermination qui émanait de lui, mais Toshisaka s’avança encore plus.
« Je suis un guerrier d’Esanthel. Je ne peux pas laisser une partie non apparentée, que ce soit un bon ami de l’Inquisiteur ou quelqu’un d’autre, sauver notre peuple sans mon aide ! » déclara Toshisaka.
« Eh bien, vous nous avez sortis de cette forêt…, » commença Al.
Submergé par sa volonté, Al acquiesça d’un signe de tête.
« Je suis contre, » Feena avait sauté entre les deux.
« Je pense qu’on devrait le faire. Il pourrait nous mener directement à Esanthel, » déclara Al.
Mais Feena n’arrêtait pas de secouer la tête.
« Nous sommes en lune de miel avant le mariage…, » répliqua Feena.
« C’est pour ça !? » s’écria Al.
Al se couvrait le visage de sa main, mais il savait que Feena était têtue comme une mule quand il s’agissait d’une telle chose.
« Umm… Je ne vous dérangerai pas du tout… Ah ! J’ai entendu dire que votre amour ne devient plus fort que lorsque vous surmontez un obstacle, donc… puis-je me joindre à vous ? » demanda Toshisaka.
Feena croisa les bras et réfléchit profondément. « Cela pourrait alimenter notre amour ! »
Ses pensées les plus intimes étaient, malheureusement, audibles pour tous ceux qui se trouvaient à proximité.
« Je suppose que vous pouvez vous joindre à nous, mais faites de votre mieux comme carburant ! » Elle l’avait dit comme une déesse miséricordieuse qui donnait un coup de main.
« Merde, je ne pensais pas qu’ils seraient aussi rapides, » déclara Al.
Ils avaient suivi Toshisaka à travers Mistwood sous le couvert de la nuit. À l’aube, ils étaient arrivés à l’orée des bois dangereux surplombant la ville côtière de Sanda, à l’ouest de la capitale Esanthel. Malheureusement, ils n’avaient pas eu le temps de pleurer à la vue déchirante des champs dévastés et brûlés.
« Je croyais qu’ils partaient ce soir…, » chuchota Feena, confirmant les soupçons d’Al. Malgré les informations dont ils disposaient, les citoyens d’Esanthel avaient déjà été poussés sur les navires visibles au loin.
« Que devrions-nous faire ? Les docks n’auront pas assez de couvertures pour une attaque-surprise, » déclara Al.
Al avait répondu à sa propre question. Leur opération n’était pas risquée uniquement à cause du manque de couverture, les abominations pouvaient facilement rôder derrière les décombres.
« Al, dois-je utiliser la magie de l’illusion pour nous déguiser ? » demanda Feena.
Il avait réfléchi à la proposition de Feena.
Nous sommes encore loin du port, donc un seul sort ne suffira pas à couvrir nos traces. Que devrions-nous faire ?
Peu de temps après, il avait trouvé une solution.
« J’agirai comme un leurre. Vous deux, prenez le contrôle du vaisseau pendant l’agitation, » déclara Al.
Al était prêt à aller réaliser sa stratégie, mais…
« Non. Si quelque chose tourne mal, je devrais prendre le blâme, » déclara Toshisaka.
Toshisaka prit Al par le bras et lui fit un sourire chaleureux.
« Toshisaka…, » déclara Al.
« Ne me dites pas que c’est dangereux, j’en suis conscient. Le danger est la nature de notre mission. Mais même si c’est en ruines, c’est toujours ma ville natale. Je suis probablement plus doué pour me cacher que Votre Majesté, » déclara Toshisaka.
Il ne pouvait pas s’y opposer.
« Al, il faut qu’on bouge, » déclara Feena.
Feena était d’accord avec le plan de Toshisaka et commença à se préparer à partir.
« Haah, ok, mais faites attention ! Kanon aura ma tête si je vous laisse avoir une seule égratignure ! » déclara Al en plaisantant, mais Toshisaka baissa les yeux.
« Ça n’arrivera pas. On ne peut pas redevenir guerrier après avoir quitté son poste, » déclara-t-il avec un sourire amer. À cet instant, Al avait eu l’idée de l’aider.
« Alors, venez vivre avec nous ! Nous ne sommes pas vraiment riches, donc vous pourriez avoir une baisse de salaire importante, mais je peux vous garantir un endroit où rester et de la nourriture chaude sur votre table tous les jours ! Feena y vit aussi, donc une fois que nous aurons résolu cette situation, je suis sûr que Kanon viendra de temps en temps, » déclara Al.
Al avait partagé son plan. Ils n’avaient passé qu’une journée ensemble, mais Al le considérait déjà comme un ami.
« Ne le prenez pas mal, mais Votre Majesté est un vrai rêveur, » déclara Toshisaka.
Toshisaka se sentait un peu gêné.
« Vous pouvez m’appeler Al. Pensez à ma proposition quand on aura fini, d’accord ? » demanda Al.
Une fois leur planification terminée, ils avaient commencé à se préparer à agir.
« Je vais créer une distraction de l’autre côté du port, » annonça Toshisaka.
Toshisaka avait terminé ses préparatifs et était parti faire son devoir.
« Ah, Toshisaka. Je déteste vous demander ça, mais si vous rencontrez des abominations…, » commença Al.
« Je sais, je sais. Je vais simplement courir comme un leurre pour attirer leur attention. Je ne tuerai personne, » répondit Toshisaka.
Après avoir deviné correctement la demande d’Al, il leur avait fait un au revoir.
« Bonne chance, Votre Majesté, » déclara-t-il avant de partir.
« Je prie pour votre succès, » Al lui avait fait un signe de la main et lui avait rendu ses bons vœux.
« Rahh ! Venez vers moi si vous voulez vous faire tabasser ! » cria Toshisaka.
Toshisaka avait provoqué l’ennemi de l’autre côté du port. Il avait fait un leurre réussi, comme il s’y attendait. Son cri attira l’attention de l’ennemi alors qu’il coupait les jambes des abominations qui arrivaient, les immobilisant complètement. Il avait utilisé leurs corps comme obstacles et boucliers, repoussant avec succès les attaques venant de toutes les directions. Pendant tout ce temps, Al remerciait toutes les divinités qu’il connaissait qu’il n’avait pas à aller à la guerre contre des guerriers aussi talentueux.
« Je devrai le convaincre quand cette mission sera terminée, » Al se murmura ça à lui-même, se cachant derrière les ruines d’un mur même si le sort de Feena masquait leur apparence.
« Al, on parlera de tes désirs homoérotiques plus tard. Concentre-toi sur la tâche à accomplir, » déclara froidement Feena.
Feena avait totalement mal compris le sens du sourire d’Al. Mais elle avait néanmoins raison. Ils devaient se concentrer sur leur mission.
« On y est presque. Ça va, Feena ? » demanda Al.
Elle hocha la tête en silence. Grâce à la diversion de Toshisaka, ils avaient réussi à s’approcher du navire sans éveiller les soupçons. Il aurait dû gagner assez de temps pour qu’ils appliquent à nouveau le sort et se faufilent à bord.
« D’accord, on passera à la suivante, » déclara Al.
« Ahhhhh ! » Il avait été interrompu par un cri aigu.
« Gwrahhhhhhhhhhhh ! »
Al tourna la tête vers le cri troublant, pour voir une abomination sous la forme d’un loup debout sur deux pattes, prêt-à-porter un coup final à Toshisaka.
« Tch, on était si proches ! » déclara-t-il à contrecœur, mais il n’y avait pas eu de retard dans ses mouvements.
« Toshisaka, baissez-vous ! » cria Al en pointant son bras vers l’abomination.
« Sortez, pouvoir du Roi-Démon ! » Il avait crié, même si ses paroles n’avaient aucun sens. Cela n’était ni des chants ni des malédictions.
Quoi qu’il en soit, des flammes noires jaillirent de la paume de la main d’Al, propulsant l’abomination hors de son chemin.
« Hé ! D’autres intrus là-bas ! »
Avec cela, l’illusion de Feena avait été dissipée. Les soldats de l’Empire se précipitent sur le pont et forment une ligne défensive. Après que Toshisaka eut repéré Al, il commença à se précipiter vers lui tout en repoussant d’innombrables attaques des abominations environnantes.
« Bon sang, Al... mais je ne peux pas t’en vouloir. J’aurais demandé le divorce si tu ne l’avais pas aidé ! » dit Feena en évoquant une boule de feu.
« Mes plus sincères excuses, Votre Majesté. J’ai échoué dans ma mission, » déclara Toshisaka.
« Il faut qu’on passe au travers ! Allons-y ! » déclara Al.
Leur plan avait échoué, mais ils n’avaient pas eu le temps de se plaindre. Tous les trois commencèrent à se frayer un chemin jusqu’au navire, mais…
« Gwrahhhhhhhhhhhh ! »
Des dizaines d’abominations étaient apparues devant eux.
« Dégagez le passage ! » Al avait balancé sa faux sur les abominations.
« Boule de feu. Orbe glacé. Frappe d’Éclairs. » Les sorts de Feena avaient fait disparaître quelques abominations.
« Attention ! Attention ! Ils ne sont pas la seule menace ici ! » déclara Toshisaka.
Toshisaka avait bloqué plusieurs coups mortels, mais leur attaque conjointe n’avait pas été très importante devant les innombrables abominations formant un mur entre le navire et eux.
« Al, le vaisseau s’en va ! » cria Feena.
Avant même que Feena ne fasse son commentaire, Al pouvait voir l’énorme navire qui tentait à la hâte de prendre la mer.
« Feena ! Vise la voile ! » ordonna Al.
Leur navire était un voilier générique. Sans la voile, elle ne pouvait aller nulle part.
« Je vais essayer… Non, je vais le faire ! » déclara Feena.
« Toshisaka, couvrez Feena ! » ordonna Al.
« Compris ! » déclara Toshisaka.
Al et Toshisaka avaient repoussé les attaques visant le dos de Feena.
« Boule de feu ! » Feena avait lancé une boule de feu. Sa cible : la voile.
fwoosh !
La voile avait pris feu en un instant. Grâce à cela, ils avaient gagné un peu de temps. Du moins, ils auraient dû, mais leurs espoirs avaient été rapidement anéantis. Le navire ne montrait aucun signe de ralentissement. Soudain, des dizaines de rames apparurent de chaque côté du navire.
« C’était une galère depuis le début !? » cria Al, frustré.
Mais…
« Feena, tu t’occupes du côté droit ! Je m’occupe de la gauche ! » déclara Al.
« Compris ! » répondit Feena.
Al n’avait montré aucun signe d’abandon. Ils avaient chacun préparé des sorts pour détruire les rames, mais…
« Gwahhh ! »
Une abomination de type singe géant s’était jetée devant la boule de feu de Feena. Malgré les flammes qui rongeaient sa chair, elle avait tenu bon, bloquant la ligne de vue de Feena.
« Merde ! Laisse-moi m’en occuper ! » cria Al.
Le sort sombre d’Al avait frappé l’abomination et l’avait fait disparaître. Mais ensuite…
« Tch, ils n’ont pas de fin ! » s’écria Toshisaka.
Le katana de Toshisaka s’était coincé dans l’épaule d’une abomination.
« Urahhhhh ! »
Mais l’abomination n’avait même pas bronché, au contraire, elle avait balancé ses bras en forme de tronc d’arbre directement sur lui.
« Uhhh… Gahhhh ! »
***
Partie 9
Toshisaka avait réussi à bloquer l’attaque, mais il n’avait pas réussi à bloquer tout l’impact. Il avait été renvoyé jusqu’à Feena. Les abominations avaient pris le dessus. Elles avaient commencé à inonder l’espace laissé par Toshisaka. Feena pouvait voir le bateau, mais elle ne pouvait toujours pas le viser.
« Al, à côté de moi ! » déclara Feena.
Tenant Toshisaka par la nuque, Feena avait commencé à concentrer son mana. Puis, au moment où Al s’était rapproché d’elle…
« Valse cramoisie : Éclat Rondo ! »
Normalement, il s’agissait d’un simple sort qui avait causé une petite explosion autour du lanceur de sorts. Il était largement utilisé pour créer un rideau de poussière. Cependant, en raison de l’affinité magique de Feena, le sort avait arraché des rochers du sol, les faisant pleuvoir sur les abominations.
« Ce n’est pas fini. Bam ! » cria Feena.
Elle l’avait dit d’une manière taquine, mais la portée de son sort s’était élargie au moment où ces mots avaient quitté sa bouche. C’était le chaos total. Al avait aperçu une abomination malchanceuse, frappée directement dans la mâchoire par un rocher. Plusieurs autres avaient été emportés par le sol. Leur nombre avait diminué d’une seconde à l’autre.
« Incroyable ! Est-ce le pouvoir de la Diva de Subdera ? » demanda Toshisaka.
« Ce n’est pas le moment de s’émerveiller ! Couvrez Feena, je m’occupe du… vaisseau…, » déclara Al.
Alors que le nuage de poussière se dissipait, Al s’était rendu compte que le navire s’était déjà éloigné de quelques centaines de mètres des docks.
« Nous n’avons pas réussi…, » dit Feena, choquée.
« Putain…, » chuchota Toshisaka en s’effondrant à genoux. Mais Al n’avait pas abandonné.
« Non, je n’accepterai pas ça ! Il doit y avoir un moyen ! S’il vous plaît, je dois trouver quelque chose ! » cria Al.
Al avait serré le poing au point que ses articulations avaient craqué. Sa persévérance était une épée à double tranchant. Certains pensaient que c’était cool, mais d’autres pensaient qu’il était tout simplement mauvais perdant.
« J’ai trouvé ! » déclara Al.
Al se tourna avec enthousiasme vers Feena. Son changement d’humeur soudain lui avait donné l’impression qu’un rocher l’avait frappé à la tête.
« Feena ! Peux-tu faire un mur de glace — non, un pont de glace comme la dernière fois ? Un qui se connecte au vaisseau ! » demanda Al.
« Hein ? Un pont de glace, vous dites ? » demanda Toshisaka.
« Compris ! » déclara Feena.
L’abasourdi Toshisaka avait été complètement ignoré pendant que Feena préparait sa baguette.
« Mur de Glace ! » Elle avait chanté le sort. Soudain, un long chemin de glace avait commencé à s’étendre à la surface de l’eau.
Bam !
C’était un coup direct sur le vaisseau. Le pont de glace reliant la terre ferme au navire s’était enfin terminé, arrêtant le vaisseau dans son mouvement.
« Merci, Feena ! Couvre-moi, s’il te plaît ! » cria Al alors qu’il commençait à se précipiter vers le navire.
« Il est seul ! Tirez les arcs ! »
« Détruisez la glace ! Vite ! »
Les marins complètement abasourdis avaient finalement commencé leur contre-attaque. Les archers se préparèrent à attaquer et les rames commencent à détruire la glace sous le navire. Pendant ce temps, Al courait vers le vaisseau à toute vitesse.
« Avance, vent ! » déclara Feena.
Feena soutenait Al tandis que Toshisaka protégeait Feena. Une forte rafale s’éleva, éparpillant les flèches visant Al, bien qu’il sentit aussi l’effet du sort et parvint à peine à s’empêcher de glisser dans l’eau. Après avoir retrouvé son équilibre, il avait continué à se précipiter vers le navire, mais…
Bam ! Crépitement, Crépitement !
Des bruits soudains d’explosions interrompirent le déroulement de la bataille. La glace qui emprisonnait le navire avait été emportée par le vent.
« Merde, ils avaient de la poudre à canon !? J’étais si près du but ! » déclara Al.
Alors qu’il tentait de reprendre pied, secoué par l’explosion, il fixa du regard le navire qui s’éloignait de plus en plus.
« Je devrais peut-être demander un autre pont à Feena. Mais ça connaîtrait probablement le même sort, » déclara Al.
À court d’idées, de faux espoirs tels que des ailes germèrent dans son esprit, jusqu’à ce que…
« Feena ! Frappe-moi avec une boule de feu ! » Al se tourna vers Feena et cria.
« Quoi !? » s’écria Feena.
Feena le regarda avec des yeux plus froids qu’une nuit d’hiver tranquille. Apparemment, elle n’était pas très excitée d’avoir un petit ami masochiste.
« Non, pas comme ça ! Je veux que tu me propulses jusqu’au vaisseau ! » expliqua Al.
Après avoir entendu son explication précipitée, Feena décida de suivre le plan.
« Boule de feu ! » cria Feena.
Baamm !
Un instant plus tard, la boule de feu avait frappé la glace juste sous les pieds d’Al et il avait été envoyé dans les airs.
« Hyaaaaaaaaah ! »
Il s’était dirigé vers le navire dans une belle parabole, et comme il s’agissait d’une Diva, il fallait s’attendre à ce que son tir soit impeccable.
« Gahhhh ! »
Une douleur aiguë avait traversé le corps d’Al, mais il n’avait pas eu le temps de panser ses plaies. Il s’était rapidement relevé, prêt à agir. Les soldats avaient été pris au dépourvu, comme en témoigne leur réaction tardive face à la chute littérale de l’homme du ciel.
« Raaaaaah ! »
Al avait commencé son attaque contre les soldats abasourdis. Les corps s’étaient effondrés sur le pont l’un après l’autre après avoir reçu des coups de la poignée ou touché accidentellement la lame de l’arme.
« C’est comme la faux de la Mort elle-même, piégeant les âmes de tous ceux avec qui elle entre en contact. »
En plein conflit, la bouche d’Al s’était transformée en un sourire cynique, sans que l’on sache qui était vraiment le méchant.
« Boule de feu ! Frappe de Foudre ! »
Pendant qu’ils se concentraient sur Al, Feena avait réussi à recréer le pont et elle se rapprochait à toute vitesse.
« Aaaaaaah ! »
Toshisaka avait également rattrapé le groupe. Il poussait les soldats hors du pont, les uns après les autres.
« Rendez-vous, chiens de l’Empire ! Vous n’avez aucune chance ! » cria Al.
À en juger par leur pouvoir écrasant, Al était certain de leur victoire.
« L’Empire ne connaît aucune défaite ! »
Cependant, l’Empire ne partageait pas son point de vue. Al s’était retourné, prêt à finir l’épreuve fatigante une fois pour toutes, mais…
Il était arrivé trop tard.
« Commandant Gwain ! Qu’est-ce que vous êtes — !? »
Le soldat impérial appelé Gwain s’approcha d’une pile de canons avec une torche à la main.
« Ça doit être de la poudre à canon, » chuchota Toshisaka.
« Je vais tout faire sauter ! » cria Gwain.
Al avait levé la main pour arrêter Feena avant qu’elle ne fasse quoi que ce soit d’irréfléchi.
« Vous feriez sauter tous les prisonniers et la moitié du vaisseau ! » déclara Al.
Ils ne pouvaient pas se permettre de prendre des risques et d’agir imprudemment alors que l’ennemi avait tant de force destructrice entre les mains.
« Votre Majesté, pouvons-nous le distraire une seconde ? » demanda Toshisaka.
Toshisaka avait glissé sa main dans ses poches. Il avait probablement quelque chose en tête.
« D’accord, mais on fait les choses à ma façon, » déclara Al.
Al jeta un coup d’œil rapide à Toshisaka, qui signala son accord d’un léger signe de tête.
Voyons s’il mérite d’être recruté.
Al avait pris du recul par rapport à Toshisaka, attirant instantanément l’attention de tous.
« Hé, toi ! Qu’est-ce que tu crois que tu fais !? » déclara Al.
Il avait fait un pas en arrière.
« Tu trahirais tes camarades juste pour protéger ton honneur !? » continua Al.
« Tais-toi ! Tu crois tout savoir !? Si j’échoue à cette simple mission, non seulement je serai dépouillé de mon rang, mais je tomberai directement en esclavage ! Qui sait ce qui arrivera après ça, ils pourraient me transformer en une abomination grossière avec leur cristal tout-puissant ! Je préférerais que ce bateau et tout ce qui s’y trouve dorment avec les poissons ! » répliqua Gwain.
Al avait prévu de s’enquérir des abominations en détail, mais d’abord…
« Il y a un autre moyen. Déserte l’Empire ! » déclara Al.
« Désert… l’Empire ? » demanda Gwain.
N’importe qui pouvait voir dans les yeux du commandant qu’il était vraiment perdu. Saisissant l’occasion, Al avait fait un pas en avant.
« Exactement. Tu peux t’installer à Althos à la place ! Nous sommes peut-être pauvres, mais il n’y a pas de peine capitale pour une mission ratée. En tant que roi, je peux te le garantir ! » déclara Al.
Les yeux du commandant brillaient quand Al lui tendit les bras. Enfin, Al avait pu se détendre. Mais ce moment de bonheur s’était évanoui en un instant.
« Pfwahahahahaha ! Tu penses que l’Empire n’écraserait pas ton pays faiblard !? Je préfère mourir ici que de rencontrer le destin d’un traître ! » déclara Gwain.
Malheureusement, l’étincelle précédente n’était pas une étincelle d’espoir, mais de folie.
« Hyahh ! Meurs ! » Le commandant fou avait lâché sa torche sur la poudre à canon.
« Baissez-vous ! » Alors qu’Al grinçait des dents en essayant de couvrir Feena de l’explosion…
« Hé maintenant, Monsieur. Nous aimerions beaucoup en savoir plus sur ce cristal avant que vous ne partiez en fumée, » demanda Toshisaka.
Aussi vite que le vent, Toshisaka s’était faufilé vers le commandant ennemi et avait attrapé la torche avant qu’elle ne puisse se poser sur les barils.
« Espèce de salaud ! » cria le soldat.
La lame de Toshisaka appuya doucement contre la gorge du commandant qui se tortillait. Toshisaka avait parfaitement évalué la situation et trouvé le plan le plus approprié.
« Je me fiche de ce qu’il faut, je le veux dans mon pays », déclara Al.
Toshisaka avait souri à l’Al qui souriait joyeusement,
Mais…
« Arghhhhhh ! Tuez-moi ! Je mourrai de toute façon, alors prenez ma vie ici et maintenant ! » cria Gwain.
Le commandant luttait violemment pour tenter de s’ouvrir la gorge avec la lame de Toshisaka.
« Ne le tuez pas ! » ordonna Al.
Entendant cela, Toshisaka baissa son katana.
« Hyahh ! »
Au moment où Gwain s’était libéré, il avait attrapé le bras de Toshisaka qui tenait la torche.
« Crève, enfoirée ! » cria Gwain.
Il avait poussé la torche vers les barils.
« Votre Majesté ! Lady Lesfina ! Baissez-vous ! » cria Toshisaka.
Al était immédiatement intervenu pour protéger Feena.
Boom !
C’était une explosion étrangement silencieuse pour de la poudre à canon. Une fois l’onde de choc passée, Al leva les yeux…
« T-Toshisaka ? » s’écria Al.
Toshisaka était allongé là, ses vêtements en lambeaux. Les soldats environnants avaient été emportés par le vent, mais pour une raison quelconque, il était resté à proximité du centre de l’explosion, bien qu’il n’ait pas eu le temps d’étudier comment cela s’était produit. Il s’était relevé malgré ses blessures,
Mais ses jambes n’avaient pas pu le supporter longtemps.
« Toshisaka ! » cria Al.
Al s’était précipité à Toshisaka et l’avait tenu dans ses bras, mais ses blessures étaient extrêmement graves.
« Toshisaka ! Tenez bon ! » déclara Al.
« Gbwahhh ! »
Au lieu d’une réponse, il n’avait laissé sortir qu’une énorme quantité de sang de sa bouche. Il saignait abondamment de l’estomac également, malgré tous ses efforts pour appliquer une pression sur sa blessure.
« Hé ! Y a-t-il un docteur ici !? Aidez… Aidez Toshisaka ! » demanda Al.
Al s’était maudit de sa décision de laisser Cécilia derrière lui.
« La magie est… interdite pour… nous…, » déclara Toshisaka.
Toshisaka tourna la tête vers Al. Sa réponse plus ou moins insignifiante était probablement due à sa perte de conscience.
« Nous ne pouvons… utiliser la magie qu’une seule fois… dans nos vies pour sauver l’Inquisiteur… Votre invitation à Althos… signifiait beaucoup pour moi… Je serais heureux de votre — Gahhhh ! » déclara Toshisaka.
« Je sais, mais… ne parlez pas maintenant ! » déclara Al.
Al le tenait encore plus fort dans ses bras.
« Ahh, Votre Majesté… Mes plus sincères excuses, mais… c’est la fin… pour moi… S’il vous plaît… dites à l’Inquisiteur Kanon…, » continua Toshisaka.
Alors que ses bras tombaient sur le côté, le sang avait commencé à jaillir de la plaie ouverte de son abdomen.
Al avait désespérément essayé d’appliquer une nouvelle pression pour arrêter le saignement, mais…
« Merde, pourquoi ça ne s’arrête pas !? Hé, Roi-Démon ! Arrête de me protéger et aide quelqu’un d’autre de temps en temps, salaud ! » Pendant qu’Al maudissait le Roi-Démon, Toshisaka avait dégainé le poignard équipé à sa ceinture.
« C’est… un héritage que j’ai reçu du père de l’Inquisiteur… S’il vous plaît, ramenez-le…, » déclara Toshisaka.
« Ne vous foutez pas de moi ! Qui serait heureux de recevoir un souvenir d’un camarade mort ? Donnez-le-lui vous-même ! Alors, s’il vous plaît… Ouvrez les yeux, Toshisaka ! » cria Al.
« Donnez le… Inquisiteur… mes salutations… Ils sont…, » balbutia Toshisaka.
« Toshisaka ! » cria Al.
Le poignard était tombé d’une main sans force.
« Désolé… J’aurais dû…, » balbutia Al.
C’était les ordres d’Al qui avaient causé cette situation.
« Al..., » Feena avait pris le poignard et elle le donna à l’Al en deuil. « Al. Toshisaka a donné sa vie pour protéger son maître actuel. Le moins que tu puisses faire, c’est… d’exécuter sa volonté. »
Elle l’avait dit alors que de grosses larmes coulaient le long de ses joues.
Comment peut-on la traiter de poupée sans émotion ?
En la regardant, Al ferma les yeux et…
« Toshisaka, je suis désolé que vous ayez dû servir un si mauvais leader. Ne vous inquiétez pas, je vais réaliser votre souhait. Je vous le promets, » déclara Al.
Al coucha doucement le corps sans vie de Toshisaka et prit la dague de Feena.
« Je donnerai ceci à votre vrai maître, » déclara Al.
Al avait promis une dernière fois avant de se lever.
« Nous retournerons à Althos quand nous aurons libéré les prisonniers et enterré Toshisaka. Je vais mettre un terme à cette guerre insignifiante. Veux-tu bien rester à mes côtés un peu plus longtemps ? » demanda Al.
Il avait regardé Feena droit dans les yeux.
« Oui. Tu es le maître de Toshisaka et mon mari, donc c’est mon devoir d’exécuter chacune de tes demandes ! » répondit Feena.
Al remercia Feena et leva les yeux vers le ciel.
S’il ne l’avait pas fait, un fleuve de larmes lui aurait échappé…
L’armée d’Esanthel était stationnée à quelques kilomètres de la frontière d’Althos… aux côtés des soldats de l’Empire.
« Combien de temps allons-nous rester ici sans rien faire, Inquisiteur !? Nous sommes ici pour aider à l’assaut d’Althos, pas pour traîner au camp toute la journée ! »
Le capitaine des forces de l’Empire, Bouda, pris d’assaut la tente, servant de quartier général temporaire.
« Nous avons notre propre façon de gérer les choses. J’apprécie beaucoup votre aide, mais ça ne fait pas de vous notre patron. On fera ce qu’on voudra. »
Le Kanon en armure n’avait pas dit un mot. Au lieu de cela, son fidèle assistant, Kanemitsu, avait répondu à la question de Bouda. Bouda était peut-être le commandant de l’Armée Impériale, mais il était lui-même un noble sans aucune expérience de la guerre. Il ne pourrait jamais se mesurer à un vétéran endurci comme Kanon.
« Demain ! Demain est votre dernière chance ! Si vous ne lancez pas l’assaut, nous nous retirerons de ce combat, compris !? » déclara Bouda.
« … »
Après avoir lancé un dernier regard furieux sur Kanon, Bouda s’était rapidement dirigé vers la sortie.
« Tch, cette foutue Diva ! » Il l’avait dit alors que personne ne pouvait l’entendre et se retira de la tente, laissant Kanon seul avec ses gardes. Cependant, cette fois, Toshisaka n’était pas dans leurs rangs.
« Inquisiteur, si je peux… Je suis bien conscient de votre promesse avec la Diva de Subdera, mais je vous conseille d’agir rapidement, » déclara Kanemitsu.
Comme si sa posture autoritaire n’était qu’une farce, Kanemitsu essaya de persuader son seigneur de repenser à la situation d’une voix douce.
« … »
Kanemitsu avait reçu les regards des autres soldats. Pendant ce temps, après quelques instants de réflexion, Kanon se leva, signifié par le cliquetis de son armure.
« Nous mènerons notre assaut demain. Ce combat marquera la fin d’Alnoa, le Roi-Démon. Tout le monde, assurez-vous d’être prêt à affronter le mal ultime ! » déclara Kanon.
« Oui ! » « Oui ! » « Oui ! »
Après avoir entendu les réponses de ses gardes, Kanon avait quitté la tente.
« Je suis désolé, Feena…, » déclara Kanon.
Il leva les yeux vers le ciel doré qui s’étendait sur toutes les terres et s’excusa auprès de sa chère amie.
***
Chapitre 4 : Roi-Démon Vs Divas
Partie 1
« Ennemi en vue ! Préparez les pétards ! Feu ! »
Le siège d’Althos commença le lendemain matin. Jamka avait intercepté l’assaut initial sur une terre agricole autrefois prospère qui avait été réduite en ruines.
« Utilisez vos boucliers pour arrêter la cavalerie ! Utilisez les pétards comme écran de fumée de couverture ! Ruu, au rapport sur le mouvement de l’Empire ! »
Jamka se dépêcha de donner des ordres à l’armée à partir du quartier général. Malheureusement, les trois mille soldats sous son commandement étaient loin d’être suffisants pour utiliser une grande stratégie militaire. Ses formations manquaient inévitablement, et leurs rangs avaient failli s’effondrer en divers points.
« Aucun mouvement pour l’instant, Monsieur. Ou plutôt, c’est comme s’ils n’étaient même pas là, » déclara le vice-chef de l’agence de renseignement, Ruu, d’une voix monotone. Avec Brusch en route pour escorter Al, Ruu était maintenant l’aide de Jamka.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? » murmura Cécilia à côté de Jamka.
« L’Empire devrait se joindre à l’assaut s’il s’agit d’une attaque générale, non ? Quoi qu’il en soit, je suppose que je ne peux pas encore devenir folle, » déclara Sharon.
Et à côté de Cécilia, Sharon mangeait des bonbons au sommet de son cheval, comme si elle n’avait aucun souci. Elle croyait probablement qu’elle n’avait rien à faire jusqu’à l’arrivée de Kanon, alors elle était paresseuse comme un chat un dimanche après-midi.
« Concentrez-vous sur les défenses ! Ruu, gardez les yeux ouverts sur toute activité suspecte ! » ordonna Jamka.
Choisissant d’ignorer la Diva paresseuse, Jamka s’inclina devant Cécilia avant de donner ses ordres sur le champ de bataille.
« Pourquoi leur ligne de défense n’a-t-elle pas été détruite ? Vous vous prétendez être l’armée la plus forte de tous les pays !? Pathétique ! Abattez-les ! » cria Kanon avec fureur dans son armure alors qu’il s’appuyait sur son cheval.
« Avec tout le respect que je vous dois, l’ennemi semble avoir un tacticien assez compétent. Sans parler de l’absence totale d’assistance de notre allié… Si seulement nous avions Toshisaka, il traverserait les lignes ennemies… Oups, mes excuses. Ce n’était qu’un lapsus, » déclara Kanemitsu.
Sentant le regard aiguisé de Kanon le transpercer, Kanemitsu s’était rapidement calmé.
« Merde ! Bon sang ! Comment cette canaille ose-t-elle nous abandonner juste avant cette bataille… ? » Kanon avait regardé en direction du champ de bataille et avait maudit la situation en un petit murmure.
Le départ de Toshisaka avait été un coup dur pour lui. Immédiatement après leur rencontre avec Feena, Toshisaka avait exprimé ses doutes sur l’Empire pour la millionième fois et avait conseillé d’envoyer un messager à Althos. Mais, bien sûr, la position de Kanon était la même qu’avant.
« J’ai pris une décision. Si ça ne te plaît pas, pars d’ici ! » avait déclaré Kanon.
Normalement, cela aurait mis fin à leur désaccord. Normalement. Les choses avaient empiré.
« Compris. Je me retire en tant que guerrier d’Esanthel, » avait annoncé Toshisaka.
« Hein !? Qu’est-ce que tu as dit !? » s’écria Kanon.
Il y a longtemps, le père de Kanon avait vu le potentiel du petit Toshisaka, et en tant que tel, il était devenu le garde personnel de Kanon. Ils devinrent des amis proches, Toshisaka aida à contrecœur Kanon à élever ses farces au niveau supérieur. Bien sûr, cela signifie qu’ils avaient été grondés tous les deux ensemble. Une fois qu’ils avaient grandi et que Kanon était devenu le chef des guerriers, Toshisaka avait immédiatement été promu commandant en second. En plus de cela, il était le seul guerrier à connaître le secret de Kanon, qui était étroitement gardé au sein de la royauté. Et puis son ami, son frère l’avait quitté, juste comme ça.
« C’est à cause de ce Roi-Démon ! » Kanon s’était dit ça pour lui-même, sur le point d’exploser. Mais comme si quelque chose amplifiait ses émotions, l’air autour de lui avait changé.
« Inquisiteur…, » déclara Kanemitsu.
Sentant ce changement soudain, Kanemitsu se tourna vers Kanon avec une expression de profonde tristesse. Mais Kanon l’avait complètement ignoré. Au lieu de cela, il leva les yeux, comme si quelque chose vacillait juste au-dessus de lui.
« Je sais ! Si je prends la tête du Roi-Démon Alnoa et que je la présente à Toshisaka, il pourrait réaliser ses méfaits et implorer son pardon ! Alors moi, étant le seigneur gracieux que je suis, je pardonnerai, bien sûr, sa folie ! »
Pleinement déterminé à réaliser son plan génial, Kanon avait donné un coup de pied à son cheval.
« Où allez-vous, inquisiteur ? » demanda Kanemitsu.
« Ne vous inquiétez pas ! Je reviens bientôt avec la tête du Roi-Démon ! » Kanon l’avait dit comme s’il allait faire sa promenade de l’après-midi.
« C’est tout le but de notre opération ! » cria Kanemitsu en essayant frénétiquement de le rattraper.
« Regardez, Toshisaka. Je serai de retour avant que vous vous en rendiez compte, » déclara Kanon.
Ses yeux s’illuminaient de mauvais augures sous son casque, et sa bouche se plissait en un sourire de mauvais augure.
« Ouvrez le barrage ! Que l’eau contrecarre la cavalerie ! »
Suivant l’ordre de Jamka, ils avaient ouvert le barrage. L’eau s’était précipitée sur tout le champ de bataille en quelques instants. C’était la raison pour laquelle il avait choisi leur emplacement actuel comme champ de bataille.
La voie navigable d’Althos couvrait tout le champ. De plus, le sol avait été cultivé spécifiquement pour contenir de grandes quantités d’eau. Ainsi, lorsque l’eau avait été libérée, le sol s’était transformé en une substance argileuse. En quelques instants, les chevaux déjà épuisés s’arrêtèrent alors que leurs sabots s’enfonçaient profondément dans la boue collante. Comme Jamka l’avait prédit, la cavalerie d’Esanthel fut considérablement affaiblie par leur mouvement.
« Haah... Bon sang, où es-tu dans un moment pareil, Al !? » s’exclama Jamka.
Lorsque l’attaque s’était calmée, Jamka avait finalement trouvé une petite fenêtre pour se défouler. Quelques heures s’étaient écoulées depuis le début de la bataille. Ils avaient renforcé leurs défenses, mais le bruit de la bataille faisait toujours rage. L’attaque imprudente d’Esanthel se poursuivit alors que le cliquetis des armures lourdes et le choc des épées se répercutaient sur le champ de bataille. Heureusement, le nombre de victimes était encore nul, mais l’infirmerie d’Althos se remplissait à un rythme alarmant.
« Je suis sûre qu’il reviendra bientôt, » Cécilia l’avait dit si calmement, malgré les perles de sueur qui coulaient sur son front alors qu’elle essayait désespérément de soigner les innombrables soldats blessés.
« Si nous continuons à tomber à ce rythme, notre formation sera —, » commença Jamka.
Un messager s’était précipité vers eux. « Au rapport ! Nous apercevons un cavalier s’avançant à travers le champ de bataille ! Nous pensons que c’est l’Inquisiteur ! »
« Bon, je crois que c’est à moi de briller ! » Sharon écrasa son sac vide de biscuits et s’essuya grossièrement la bouche en souriant sans crainte. Elle était prête à se battre.
« Oh, mon Dieu, Sharon. J’espère que tu te souviens de ta promesse à Lesfina, » déclara Cécilia.
Cécilia pensait qu’il aurait mieux valu ramener Sharon à la réalité avant qu’elle ne s’investisse trop dans le massacre de son adversaire.
« Bien sûr que si ! Tout ce que j’ai à faire, c’est le réduire en bouillie et lui demander de s’excuser ! » répondit Sharon, débordant de confiance. Elle n’avait pas tort, mais…
« Quoi qu’il en soit, assure-toi de faire ce que tu as à faire et de revenir, compris ? » déclara Cécilia.
Tout comme un certain jeune Inquisiteur, Sharon, toujours aussi insouciante, était montée sur son cheval dans la mêlée.
« Oh, mon Dieu, sois prudente ! » dit Cécilia en souriant dans le dos de la Diva de feu.
***
« Avons-nous… réussi ? »
Al avait essayé de retrouver son sang-froid au sommet de son cheval hennissant. Après avoir rencontré Brusch et entendu parler de ce qui se passait, Al avait laissé les citoyens survivants d’Esanthel sous sa garde. Avec Feena, il sauta sur un cheval et se précipita à Althos. Quand il était arrivé, il avait vu que le combat avait déjà commencé, mais c’était loin d’être terminé. Grâce à la stratégie de Jamka, le champ de bataille s’était transformé en marais boueux. La cavalerie d’Esanthel était visiblement découragée. La plupart d’entre eux l’étaient, du moins.
« Al, regarde ! » cria Feena.
Al avait suivi le doigt de Feena, montrant du doigt deux personnages engagés dans la bataille.
« J’ai l’impression qu’on était en retard, » déclara Al.
Sur le côté du champ de bataille principal, les deux personnages s’affrontaient, créant une tempête de poussière et de cailloux et transformant un paysage qui n’avait pas changé depuis des siècles.
« Hahahaha ! Encore toi !? Attention ! Cette fois-ci, je vais le faire à pleine puissance ! » s’écria Kanon.
« C’est ce que je voulais entendre ! Voyons si tu peux m’égaler ! » cria Sharon.
Ils étaient aussi désinvoltes qu’une fille faisant sa tournée d’un marché fermier malgré le fait qu’ils avaient donné un coup de pied assez fort dans le sol pour faire un cratère.
« Hahahaha ! Voilà à quoi ressemble un vrai combat ! » cria Kanon tout excité.
« Bien sûr ! Tu te bats contre moi, après tout ! » Sharon avait encore levé son épée en disant cela. Voyant deux cavaliers de l’Apocalypse s’y mettre, Al s’était inquiété en tapant sur sa tempe.
« Haaaaaaaaaaah... J’allais transformer cet endroit en ferme la prochaine fois ! » cria Al.
Le champ de bataille avait été réduit à un marais, et la terre à côté avait plus de trous que le fromage suisse.
Combien de temps et de main-d’œuvre devrons-nous consacrer à la restauration de cette zone sinistrée ?
Les tapotements ne suffisaient plus, il s’était enfoui le visage dans les mains.
« Très bien ! Pour l’instant, concentrons-nous sur l’arrêt de cette folie ! On s’occupera des réparations plus tard ! » déclara Al.
Il avait essayé d’échapper à son cauchemar, ou peut-être s’était-il faufilé pour y faire face. Quoi qu’il en soit, pour atteindre Sharon, ils devaient d’abord traverser le quartier général d’Althos.
« Continue comme ça, Al ! C’est la dernière poussée ! » déclara Feena.
Mais Feena lui avait volé l’occasion de faire un discours de motivation.
« Hé ! Ne me vole pas mes répliques ! » cria Al, sans se rendre compte qu’il avait un léger sourire sur le visage.
« Désolé de te le demander après tout ce que tu as traversé aujourd’hui, mais s’il te plaît aide-moi pour un peu plus longtemps, » déclara Al.
D’un léger tapotement sur le cou, son cheval reparti. Puis, il avait crié vers les soldats en essayant désespérément de se défendre contre ce qui semblait être une menace arrivant vers lui.
« C’est moi, Alnoa ! On n’a pas le temps de parler, laissez-moi passer ! » cria Al.
Ils passèrent rapidement entre les soldats paniqués.
« Hé, Al ! Dis au moins bonjour si tu es de retour ! J’ai beaucoup de choses à te dire ! » cria Jamka.
« Désolé, Jamka, on n’a pas le temps. On en reparlera plus tard ! » cria Al.
Mais il avait été complètement ignoré. Ils avaient volé à travers le quartier général comme une flèche, et s’étaient précipités directement vers les Divas en conflit.
« Je ne te laisserai pas passer ! »
Un des cavaliers d’Esanthel fonça vers Al et Feena avec son katana dégainé. Al ne pouvait pas voir le visage de l’attaquant derrière son casque, mais il se rappelait que la voix appartenait à Kanemitsu.
« Désolé, mais nous sommes pressés ! On va passer à travers ! » répliqua Al.
Al avait pris sa faux dans son dos, prêt à se battre.
« Vous allez essayer ! »
Kanemitsu chargea la tête la première, lâcha la bride, et attaqua avec les deux mains saisissant le katana.
« Rahhhhhh ! »
« Arghhhh ! »
Un instant après que les deux chevaux se soient croisés…
« Va-t’en ! » cria Feena.
crrrrrrk !
Kanemitsu avait été gelé après avoir été frappé par le sort de Feena.
« Je veux dire, merci, mais… Je voulais montrer…, » commença Al.
Al avait boudé en passant devant le guerrier qui était littéralement gelé sur place.
« On n’a pas le temps. Vite ! Vite ! » s’exclama Feena.
« Désolé ! Je te promets qu’on te fera fondre plus tard ! » Al s’était excusé alors qu’il s’éloignait.
« Incroyable…, » Al avait ouvert sa bouche en grand en regardant la bataille entre les deux Divas.
« Haaaaaaaaa ! »
Sharon balança son épée latéralement derrière le rideau de poussière.
« Arghhhhhh ! »
Kanon avait repoussé son attaque avec une attaque. Si Sharon était une tornade déchaînée, Kanon était un éclair sans peur. Fondamentalement, ils avaient tous les deux été un désastre pour les gens normaux.
« Maintenant, comment pouvons-nous arrêter ça… ? » demanda Al.
Alors qu’Al descendait à pied, il se plaignait de leur dernier affrontement.
« Hein ? Feena !? » s’exclama Al.
Pendant ce temps, Feena était déjà descendue de cheval et en route vers le centre de l’agitation.
« Kanon ! Je suis là ! Écoute-moi bien ! » Elle criait, mais sa voix ne pouvait pas surpasser le vacarme sauvage des épées.
« Argh… Écoute-moi bien ! » cria Feena.
Ils étaient trop pris dans la lutte pour l’entendre, alors elle avait levé les yeux vers le ciel et avait commencé à murmurer quelque chose.
« Feena, tu ne peux pas ! Stoppp ! » cria Al.
Elle n’avait pas tenu compte des supplications d’Al et avait continué le chant.
« Merde ! Allez, viens ! » Il avait essayé de se précipiter et de couvrir sa bouche, mais…
« Chute de météores ! » cria Feena.
Il était arrivé trop tard. Al regarda le flash brillant qui illuminait le ciel, alors que le désespoir se répandait sur son visage.
***
Partie 2
Le flash avait pris de l’ampleur et, un instant plus tard, un météore de la taille d’une petite maison était apparu de nulle part, accompagné d’un grondement menaçant.
« C’est peut-être un peu trop puissant…, » déclara Feena.
« “PUISSANT” !? Quoi, tu veux faire sauter tout le pays maintenant !? » s’écria Al.
Feena se tourna calmement vers l’Al furieux
« Ne t’inquiète pas, ils le voient venir, » répondit Feena.
« Et alors !? Ça ne le fera pas disparaître ! » s’écria Al.
Il regarda les Divas en plein dans le combat.
« Et maintenant !? On s’échauffait ! » s’écria Sharon.
Enfin, Sharon leva les yeux vers la masse de pierre qui tombait. Il y avait une lueur insolente dans ses yeux…
« Hah! Sortons ce caillou d’ici ! » cria Sharon.
Tu te fous de moi…
Sharon avait incliné son corps, se positionnant dans la direction du météore.
« Je veux retourner à notre bagarre, puis-je t’aider ? » Kanon l’avait rejointe aussi. Il avait rengainé son épée et s’était préparé à frapper.
« Hmph. Fais ce que tu veux, » elle l’avait dit d’une manière apathique, mais ses yeux scintillaient d’excitation. Après un rapide signe de tête, ils s’étaient concentrés sur le météore au-dessus d’eux. Un moment plus tard…
« Haaaaaaaaa ! »
Sharon avait fendu le météore en deux avec une seule frappe.
« Arghhhhhhhh ! »
Kanon avait frappé sur le météore fendu avec une attaque rapide comme l’éclair. Le météore avait été réduit à de simples cailloux, qui pleuvaient sec sur le sol alors que le soleil brillait à nouveau sur eux dans toute sa gloire.
« Pas mal du tout ! » déclara Sharon.
« Tu es plutôt bonne toi aussi ! » déclara Kanon.
En regardant le résultat de leur victoire sans effort, ils avaient tous les deux laissé échapper un petit rire. Ils s’étaient entretués quelques instants auparavant, mais ils se comportaient comme de vieux amis.
« Hmph ! Faire équipe, c’est tricher ! Mais c’est bon, je vais en faire un plus grand ! » déclara Feena.
« Ne fais pas ça ! Tout ce que nous voulions, c’était qu’ils arrêtent cette folie, pas qu’ils fassent équipe contre un troisième adversaire ! » s’écria Al.
Sharon avait finalement semblé prendre conscience de la présence d’Al.
« Al, tu es de retour ? Désolée, je ne l’avais pas réalisée. Tu devrais essayer de parler plus fort la prochaine fois, » et elle lui avait immédiatement brisé le cœur.
« Feena ! Désolé, je n’ai pas pu tenir ma promesse…, » déclara Kanon.
« Ce n’est pas grave. Je l’ai fait à temps, » déclara Feena.
« Ah, et le péon ! T’es-tu fait couper les cheveux ? » demanda Kanon.
« Une coupe de cheveux !? C’est ma moustache qui a disparu ! » déclara Al.
Tu veux dire que j’aurais été bien même sans cette stupide moustache !? En plus, c’est quoi ces retrouvailles calmes ? On ne devrait pas se battre ?
« Pffft... Péon… C’est très bien. Je peux t’appeler comme ça aussi ? » demanda Sharon.
Il faudra que je lui parle sérieusement une fois tout ça terminé.
En regardant Sharon, les yeux de Kanon s’ouvrirent.
« Oh, Sharon, tu connais Alfonz ? » demanda Kanon.
Al n’arrivait toujours pas à comprendre pourquoi ces deux-là se comportaient comme de vieilles connaissances, mais pour élucider ce mystère, il fallait attendre. La question de Kanon était vraiment une mauvaise nouvelle, car Sharon n’avait aucune idée de leurs plans.
« Hm ? Qui est Alfonz ? Il est…, » demanda Sharon.
« Lady Sharon, quelle coïncidence ! Je suis venu humblement pour —, » commença Al.
« Qu’est-ce que c’est que ces humbles absurdités !? Tu es le roi d’Althos, alors parle comme ça ! Tu sais, comme un roi ! » déclara Sharon.
Leur couverture s’était envolée en flammes cramoisies.
« C’est le roi d’Althos ? » demanda Kanon.
« Pfff ! C’est Alnoa, le roi d’Althos ! Quoi, tu ne savais pas ? » demanda Sharon.
Sharon riait de tout son cœur malgré les prédictions de Kanon et le visage incolore d’Al.
Oui, on est en train de discuter.
Avant même qu’Al puisse diriger son regard méprisant sur Sharon…
« Roi d’Althos… Roi Démon… Préparez-vous à mourir ! » cria Kanon.
La soif de sang de Kanon s’était répandue dans tout le champ.
« Je le sens, Al. Il est sous le charme, » déclara Feena.
« Rahhhhhhhh ! » En ignorant complètement Feena, Kanon avait avancé vers Al.
« Si vite ! » s’écria Al.
Il s’était avancé vers Al sans avoir le temps de dégainer sa faux.
« Ah ! Al ! »
Al n’avait réalisé ce qui s’était passé qu’un instant plus tard. La lame l’avait frappé du côté avec tellement de force que ses vêtements étaient en lambeaux.
« Je vais très bien ! Les divas ne peuvent pas — Ah ! » répondit Al.
Un petit poignard était tombé de ses vêtements en lambeaux.
« Est-ce que c’est... » Kanon avait reconnu la dague dès qu’il l’avait vue.
« C’est celui de Toshisaka… Avez-vous… L’avez-vous tué !? Avez-vous tué Toshisaka !? » s’écria Kanon.
« Non ! Avec sa dernière once de force, il me l’a donné et m’a demandé de vous le rendre ! » déclara Al.
« Ne me mentez pas, espèce d’enfoiré de Roi-Démon sans cœur ! » cria Kanon.
La haine qui s’infiltrait dans chaque pore de son corps était pratiquement visible. Bien qu’ignorant complètement les circonstances, Sharon avait sauté par réflexe devant Al.
« À quoi penses-tu !? Tu es peut-être fort, mais moi, je suis beaucoup plus forte ! Tu veux me combattre aux côtés de Feena, qui est aussi une Diva et, euh… Al, qui, je suppose, est utile tous les soirs de lune bleue ? » déclara Sharon.
Je te jure qu’elle n’entendra pas la fin de tout ça !
Al s’était juré de mettre les choses au clair avec elle une fois leur mission terminée. Cela dit, elle n’avait pas tort. Tous les trois auraient dû pouvoir triompher sans effort. Au moins sur papier. Mais la soif de sang de Kanon n’avait pas diminué d’un poil. Au contraire, elle s’était encore épaissie.
Et puis…
« Je suis désolé, Toshisaka… Je-Je… Je massacrerai tous les citoyens d’Althos pour vous venger ! » cria Kanon.
Kanon tenait un cristal vert foncé.
« Attendez, est-ce que c’est… ? » s’écria Al.
Cela ressemblait au cristal qui avait fait de Jamka une abomination.
« Je vous le promets ! Je vais tous les massacrer ! » cria Kanon.
« Kanon, arrête ! » Même la voix de Feena ne pouvait pas percer la rage de Kanon.
« Ô toute Puissante Valkyrie endormie en moi ! Accepte cet humble corps comme un sacrifice et frappe ton ennemi, l’odieux Roi Démon ! » cria Kanon.
Kanon claqua le cristal contre le plastron de son armure. Mais le cristal ne s’était pas brisé. Au lieu de cela, il avait traversé son armure sans aucune résistance…
« Grrrgh ! Gwaaaaaaaah ! » cria Kanon.
Alors que Kanon s’agenouillait, le cristal était absorbé dans son corps. Feena regarda fixement un Kanon dans la douleur avec des soupçons d’eau dans le coin de ses yeux, tandis que Sharon se mettait sur la défensive.
« Ahhhh… Gahhhh… Fwaahhhh ! »
Puis, il s’était levé comme si de rien n’était. Il ne s’était pas transformé comme Jamka, mais ses bras pendaient de côté. Ses yeux sans vie brillaient depuis les profondeurs de son casque, et une étrange énergie magique recouvrait son corps.
« Kanon… Qu’as-tu fait… ? » demanda Feena.
La main de Kanon trembla si légèrement devant la fille aux cheveux bleus qui s’approchait de lui en état de choc.
« Eh !?? »
En un clin d’œil, Kanon se tint devant Feena, prêt à la frapper. Elle n’avait pas eu le temps de réagir, car il avait balancé son katana à une vitesse fulgurante.
Cliquetis !
C’était une attaque sans égal qui couperait n’importe qui proprement en deux.
« Sharon… Pourquoi… ? » demanda Feena.
C’était Sharon qui avait souffert de ce coup dévastateur, elle avait sauté devant la lame au dernier moment.
« Tch… Tu n’as pas encore réalisé — Aghhhh ! » cria Sharon.
Sharon était tombée sur un genou, le visage déformé par la douleur. Il y avait une coupure qui parcourait directement de sa hanche jusqu’en haut de son dos, avec du sang frais qui s’en échappait.
« Hé, Sharon ! » cria Feena.
« Cours ! Je ne peux pas le retenir comme ça ! » cria Sharon.
Elle avait poussé Feena vers Al, maintenant sa façade de force même si elle était gravement blessée. Leur situation était certainement désastreuse. Al avait serré Feena dans ses bras alors qu’il retirait sa faux de son dos.
« Sharon, on se replie ! Les renforts devraient être — Ah ! » s’exclama Al.
Il avait senti quelque chose. La fille dans ses bras le regardait avec des yeux pleins de détermination.
« Anhhh… Al, je — Ahhhh… Je veux aider… Hahhhh… Sharon et… Anhhhhhh ! Et Kanon…, » déclara Feena.
Indiquée par les joues de Feena qui devenaient rapidement écarlates, la Surtension Céleste s’était activée. Regardant dans ses yeux braves, Al avait pris sa décision.
« Compris. Je veux les aider aussi, alors j’emprunterai ta force ! » déclara Al.
Al enlaça son petit corps aussi doucement qu’il le pouvait tout en étant ferme.
« Désolé de faire cela au milieu d’une terre agricole morte avec des soldats qui se battent en toile de fond, » déclara Al.
On aurait dit qu’Al l’avait vraiment pris à cœur.
« Je te l’ai dit, je suis prête à t’accueillir pleinement n’importe quand, n’importe où, » déclara Feena.
Mais Feena l’avait serré dans ses bras. Elle posa doucement sa main sur celle d’Al et le conduisit lentement le long de son dos, avant de déplacer sa main sous sa jupe.
« Hein ? Feena, qu’est-ce que… !? » demanda Al.
Ce qu’elle avait fait n’était pas sur la longue liste de choses auxquelles Al avait été préparé. Il était perplexe… non, perturbé par les actions soudaines de Feena.
« Je t’offre tout ce que j’ai, » déclara Feena.
Elle avait laissé Al découvrir de première main les secrets que sa culotte avait cachés si longtemps.
« Pourquoi… ? » demanda Al.
« Parce que… mes seins ne tiendraient pas dans tes mains, » déclara Feena.
Al était sans voix, mais…
« Al... »
La fille agitée leva les yeux vers Al et ferma les yeux.
« Ahhhh ! D’accord, peu importe ! »
« Anhh ♥ ! »
Al avait dirigé toute son énergie magique dans ses mains alors qu’il tâtonnait les fesses molles et pulpeuses de Feena.
« Feena…, » murmura Al.
Les lèvres douces et roses de Feena avaient rencontré les siennes.
« Hahhhh ! Tu… t’empares de mon… Je deviens plus fort !? Ah… Ahhhhhhh !! » cria Feena.
Tout comme ce qui s’était passé avec Sharon, la voix de Feena avait résonné dans son esprit alors qu’il sentait le mana s’échapper de son corps.
« Ah ! Ahhhh ! Je vais me briser ! Al, c’est trop ! Je vais me brisssserrrrr ! » cria Feena, mais on ne savait pas si c’était dû au plaisir ou à l’énergie magique débordante.
Alors, Al...
« Wôw… C’est beaucoup plus intense que la dernière fois. C’est vraiment… Ah… Rahhhhhhh ! » cria Al.
Leurs corps étaient enveloppés de plaisir et de mana.
bang !
La faux d’Al avait commencé à briller et son corps débordait de mana.
« Mistilteinn… »
Comme si Mistilteinn comprenait ses sentiments, la lame de la faux trembla joyeusement en réponse au murmure d’Al.
« Al... »
Il avait regardé devant lui.
« C’est Caducée. »
Elle avait fièrement présenté sa baguette. Sa relique simple avec un globe bleu à l’extrémité s’était transformée en une belle baguette élaborée. Son extrémité s’était ramifiée en un cristal en forme de croissant de lune pulsant d’une lumière bleue glacée.
« Roi-Démon… trouvé… ! ROIIIIII-DÉMONNNNNNN! »
Mais ils n’avaient pas eu le temps d’en admirer la beauté.
« Feena, emmène Sharon chez Cécilia ! Je m’occupe de Kanon ! » déclara Al.
« Quoi !?? Juste courir…, » commença Sharon.
Al leva la main pour interrompre Sharon.
« Al ? » demanda Feena.
Feena était également perplexe devant ses actions. Même s’ils avaient fait la Surtension Céleste, leur adversaire était toujours Kanon, la seule personne au monde dont la force égalait celle d’une Diva. Et pour empirer les choses, son incroyable force avait été encore amplifiée par ce mystérieux cristal. Ses attaques n’étaient pas seulement rapides comme l’éclair, elles étaient aussi très puissantes.
« Fais ce que je te dis ! Sorts Sharon d’ici ! » ordonna Feena.
Al avait poussé son faux vers Feena quand il avait donné son ordre.
clanggg !
Un katana avait frappé la faux d’Al.
« RAHHHHHHHHH ! MEURTTTTT ! » Derrière ça, Kanon criait comme une bête enragée.
« Est-ce qu’il vient de… m’attaquer ? » demanda Feena.
« Eh bien, il est complètement perdu, » déclara Al.
Alors qu’Al avait commencé son explication, Kanon avait crié avant de déclencher une avalanche d’attaques.
« S-Si rapide…, » déclara Al.
Mais Al avait réussi à les repousser.
« Tch. Feena, recule ! » murmura Sharon, apparemment inquiète.
« Mais…, » commença Feena.
« Peux-tu sérieusement avoir une bataille de vie ou de mort avec Kanon ? » demanda Sharon.
« Uhhhh…, » elle n’avait pas pu donner de réponse.
« Je m’en doutais. On ne peut pas continuer à le retenir comme ça ! Nous devons retourner voir Cécilia, nous faire soigner, et nous dépêcher de revenir à l’aide ! » déclara Sharon.
Sharon s’était décidée et avait commencé à fuir la scène.
« Al... »
Même au milieu des attaques incessantes de Kanon, Al avait réussi à calmer le cœur de Feena.
« Ne t’inquiète pas. Je jure que je vais le sauver, » dit-il avec un sourire confiant.
« D’accord. Je te laisse faire, » Feena s’inclina, confiant sa mission à Al.
« Tch ! Ne t’avise pas de perdre, Al ! » Amère face à sa faiblesse, Sharon avait crié sur Al avant de s’enfuir vers le quartier général.
***
Partie 3
Feena la suivit, offrant son épaule à la fille boiteuse.
« Hein ? Maintenant, tu veux venir avec nous ? » demanda Sharon en taquinant, surprise par le soudain changement d’avis de Feena.
« Merci, Sharon, » Feena avait répondu en un chuchotement.
« Pourquoi me remercies-tu !? Je n’ai rien pu faire après que Kanon m’ait attaquée…, » Sharon avait avoué ses ressentiments.
« Mais tu as tenu notre promesse et es venu nous aider, alors… Je te remercie, » déclara Feena.
« Qu’est-ce qui t’arrive ? Bon sang…, » Sharon détourna maladroitement son regard.
« Tu me sembles différente, comme si quelque chose avait changé en toi. Tu es devenue beaucoup plus bavarde… Ah ! As-tu fait quelque chose avec Al pendant ton voyage ? » demanda Sharon.
Elle fixait Feena les yeux grands ouverts.
« Ah, attends, non… Je n’essaie pas de fouiner ou quoi que ce soit…, » embarrassée par ses propres pensées, elle trébucha sur ses paroles.
« Pourquoi ? Que crois-tu qu’il s’est passé pendant notre voyage ? » demanda Feena avec un petit sourire.
« Quoi qu’il en soit, nous devons rentrer et demander à Cécilia de nous aider, » déclara Sharon.
« Hé, réponds à ma question ! » déclara Feena.
« On fera ça plus tard ! Vite ! Vite ! »
Leur querelle avait continué jusqu’à ce qu’ils atteignent le quartier général.
« Je suis désolé pour ça. Alors, êtes-vous prêt ? » après avoir confirmé que les filles étaient à une distance de sécurité, Al avait paré une dernière attaque avant de sauter en arrière.
« GRRRRRRR ! MEURS, ROI DÉMON ! » cria Kanon.
Il sentait le regard furieux de Kanon lui transpercer le crâne. Al tremblait, mais curieusement, même pour lui, ce n’était pas de la peur. Il était ravi de l’imminence du combat.
Est-ce à cause de la Surtension Céleste, ou pourrait-il être...
Il secoua la tête comme s’il essayait de se débarrasser de ses pensées.
« Je dois me concentrer sur le sauvetage de Kanon, » déclara Al avec un sourire ironique. Il avait un plan en tête, mais c’était tellement imprudent que Feena ne l’approuverait jamais dans un million d’années.
« Il n’y a qu’une seule façon de le faire ! »
Al avait ajusté son emprise sur Mistilteinn…
« C’est parti, Kanon ! » cria Al.
Et chargé vers son ennemi.
« Aaaaarghh ! »
Comme s’il répondait à un défi, Kanon avait également chargé, détruisant le sol sous ses pieds.
Clac !
Les étincelles volaient dans les airs, et pas seulement à cause de la tension entre eux. Mais derrière les étincelles, Kanon avait disparu.
« Là-bas ! »
Une autre pluie d’étincelles avait dansé entre eux. Enfin capable de percevoir les attaques de Kanon, Al s’était encore heurté à lui quelques fois. Il maîtrisait sa défense, mais…
« Je ne peux pas gagner en parant ! » Al s’était motivé et s’était préparé à l’attaque.
Shnk !
« Gahhhhhh ! »
L’épée de Kanon était apparue derrière Al, depuis ses côtés. Il aurait dû être puni, mais ça faisait partie de son plan. Il s’était préparé à l’impact et…
« Je t’ai attrapé ! » Al avait soulevé sa faux. « Hahhhh ! »
Kanon sauta en arrière par réflexe, évitant le coup fatal de la largeur d’un cheveu.
« Comment pouvez-vous vous déplacer si librement dans cette armure !? » s’écria Al.
Toujours sur les nerfs, Al avait rapidement tapoté son côté et avait soufflé tout l’air refoulé dans ses poumons.
C’est…
Al avait jeté un coup d’œil à Mistilteinn. En raison de la Surtension Céleste, le mana sortait littéralement des pores d’Al. Il serait devenu fou s’il n’avait pas consciemment travaillé pour le contenir. Avec une telle force qui coulait dans ses veines, sa précédente attaque aurait assuré sa victoire s’il avait eu une meilleure prise sur son arme.
Je dois dire que ma deuxième fois que je fais une Surtension Céleste est bien différente…
Les frappes de Kanon avaient été très douloureuses, mais elles n’avaient pas été fatales. Bien que cela ne l’ait pas protégé de tous les dégâts.
« Je suppose que ce sera une bataille d’endurance, hein ? » déclara Al.
La faux d’Al avait rugi en se tournant vers Kanon.
***
« Qu’est-ce que… c’est… c’est… c’est… ? »
Après que Cécilia eut plus ou moins terminé, Feena et Sharon étaient regroupées auprès d’Al. Les deux armées étaient extrêmement épuisées, mais la bataille faisait toujours rage. Cependant, dès qu’ils auraient récupéré Kanon, la bataille serait terminée.
« Al... Qu’est-ce que tu fous, bon sang ? » murmura Sharon en voyant la scène brutale devant elle.
« Ah, Sharon ! Ne t’inquiète pas, je l’aurai bientôt ! »
Al était trempé de sueur. Il n’y avait pas une seule égratignure sur son corps, mais la quantité de sueur que son corps avait produite n’était certainement pas naturelle.
« Es-tu…, » commença Sharon.
« GRAHHHHHHH ! »
En éclipsant complètement la voix de Sharon, Kanon avait encore une fois frappé.
« Gahh ! »
C’était un coup propre sur l’épaule sans défense d’Al.
« Aaaaaaaah ! »
Puis, en un clin d’œil, Al avait levé sa faux et s’était jeté sur Kanon. Au moment où sa faux avait terminé son arc de cercle, Kanon n’était plus du tout près de lui.
« Es-tu… en train d’échanger des coups ? » demanda Feena.
« Arrête tes conneries ! Tu vas t’effondrer —, » cria Sharon.
« Ne vous inquiétez pas ! La Surtension Céleste me permet de faire le plein d’énergie, et environ une fois tous les cinq coups, je peux réussir un coup ! » déclara Al.
« Mais ton endurance…, » Feena avait instantanément repéré la seule faiblesse d’Al.
« Al, j’y vais ! » Sharon avait dégainé son épée, prête à charger.
« Non ! C’est moi qui sauverai Kanon ! C’est peut-être idiot, c’est peut-être égoïste, mais Toshisaka m’a fait confiance pour sauver son ami, et je serai damné si je ne réalise pas son dernier souhait ! » cria Al.
Al ne se souciait plus s’il était considéré comme un gamin égoïste. Tout ce qu’il voulait, c’était tenir sa promesse, et à cause de cela…
« Alors… Je te surveillerai, » déclara Feena.
Une voix grave, mais gracieuse tomba sur le champ de bataille. Al jeta un coup d’œil pour voir Feena le regarder fixement, saisissant les côtés de sa robe.
« Je regarderai, alors va sauver Kanon ! » déclara Feena.
Feena s’était mordu la lèvre dans la frustration et l’anticipation.
« D’accord, d’accord. Je ne sais pas ce qui se passe, mais je vais rester derrière et regarder. Tu ferais mieux de finir ça vite, compris !? » dit Sharon en rangeant son arme.
« Merci. Je vais finir ça avec le prochain coup ! » déclara Al.
Même s’il ne semblait pas avoir été blessé, son corps atteignait ses limites. Malgré cela, il avait une fois de plus raffermi sa prise, et…
« Venez, Kanon ! Venez vers moi avec tout ce que vous avez ! » cria Al.
Al s’était préparé à attaquer.
« Il est temps d’en finir une fois pour toutes ! Ô faux du Roi Démon, prête-moi ta force ! » cria Al.
« RAHHHHHHH ! MEURS, ROI-DÉMON ! »
Ils avaient tous les deux chargé en même temps.
« Urrraaaaaaaaah ! »
Kanon avait dévié la frappe d’Al avec sa lame. Il avait réussi à frapper le casque de Kanon, mais cela l’avait laissé complètement sans défense au milieu de son saut. Il avait essayé de réajuster sa prise aussi vite qu’il le pouvait, mais Kanon avait été plus rapide.
« Je ne perdrai pas ici ! » cria Al.
Al avait abandonné la défense et avait poussé son bras droit vers l’avant. Afin de détourner l’attaque de Kanon, il avait jeté un sort sur son armure.
« Sorte de là, Flammes du Démon ! » cria Al.
Il avait espéré que le sort rebondisse sur l’armure de Kanon et modifie la trajectoire de son attaque, mais son plan avait échoué.
Parce que…
Whoosh! Crackkk !
Au lieu d’être repoussé, le sort avait instantanément détruit son armure.
« AAAAH... AAAAAAAH ! MON ARMURE ! » dit Kanon, incapable de bouger à cause du choc. Al avait finalement eu l’occasion parfaite de mettre fin au chaos, mais il avait aussi été gelé sur place. Al n’avait jamais vu Kanon sans armure auparavant. Il avait une taille affreusement fine pour un homme, sans parler de son derrière incurvé et de sa belle peau impeccable. Sa poitrine avait deux bosses qui ressemblaient moins à des pectoraux et plus à des petits fruits.
« Attendez… Vous n’êtes pas un homme, vous êtes une Di…, » commença Al.
« URAHHHHHHHHHHHH ! »
Malheureusement, Al n’avait pas eu le temps de confirmer ses soupçons. En armure ou non, Kanon avait continué à charger furieusement. Alors qu’Al était stupéfait, Kanon lança son attaque.
Il savait qu’il ne pourrait pas esquiver à temps, alors il s’était préparé à prendre l’attaque dirigée directement sur sa tête. Un moment plus tard…
« Inquisiteur Kanon ! »
Il y avait une voix faible, mais clairement audible.
« RAHHHHH ! »
Kanon s’était figé quand elle l’avait entendu.
« Toshi... saka ? » dit-elle, ses lèvres tremblant.
« Uraaaaaaaaaah ! »
L’instant d’après, la faux d’Al frappa impitoyablement la fille sans défense.
Bris !
La Faux d’Al s’enfonça dans sa poitrine et détruisit le cristal sinistre niché au plus profond d’elle.
« Aaaaah... Toshi... saka..., » elle s’était effondrée avec un petit murmure. C’était terminé. Regardant la jeune fille immobile, Al avait été envahi par l’épuisement et s’était mis à genoux.
« Est-ce des voix ? » demanda-t-il.
La réponse était entrée dans son champ de vision.
« Inquisiteur ! Nous allons bien ! »
« C’était l’Empire ! Ils nous ont attaqués avec des créatures étranges, Althos n’a rien à voir avec ça ! »
« Cette guerre n’a aucun sens ! Lâchez vos armes ! »
Les citoyens d’Esanthel avaient inondé le champ de bataille en criant après leurs troupes.
« Ce sont les… citoyens ? » demanda Al.
Cela ne semblait pas approprié selon Al. Il aurait juré que c’était Toshisaka…
« Eh bien, peu importe. Ça n’a pas vraiment d’importance, » murmura Al.
Mais il était trop fatigué pour s’en faire.
Bruit sourd
« Qu’est-ce que c’est que ça…, » murmura Al.
Incapable de se tenir debout plus longtemps, Al était tombé au sol. Toute son endurance avait disparu, à tel point qu’il ne pouvait plus bouger un seul doigt.
« Est-ce que ça va !? » demanda Sharon.
« S’agit-il de la Surtension Céleste… ? » demanda Feena.
Al avait renoncé à se battre contre l’épuisement et avait regardé le ciel dégagé au-dessus de lui d’un regard vide.
« La même chose s’est produite avec nous, mais… Feena, vas-tu encore bien ? » demanda Sharon.
« Peut-être que le sort est toujours actif et qu’Al n’a tout simplement plus de force…, » répondit Feena.
Al ne pouvait même pas ouvrir la bouche pour exprimer son opinion.
« Quoi qu’il en soit, nous devons l’emmener voir Mlle Cécilia ! » déclara Feena.
« Ouais. Avec Kanon vaincue, la guerre est…, » déclara Sharon.
Tout comme elles allaient aller aider Al à se relever…
« Aaaaaaah ! »
Un rugissement avait balayé le champ de bataille.
« L’Empire ! L’Empire arrive ! »
Un cri tendu avait confirmé la situation.
« Pourquoi maintenant… ? »
« Ils attendaient probablement jusqu’à ce que… les deux armées soient épuisées…, » Al ne pouvait toujours pas bouger, mais il a réussi à faire sortir cette phrase.
« Sharon, je sais que tu es fatiguée, mais… s’il te plaît, emmène Kanon à Jamka et… dis-lui de battre en retraite en couvrant les troupes d’Esanthel, » Al se donnait à fond pour surmonter son épuisement.
« Pourquoi dites-vous ça !? Vous êtes en bien pire forme que moi, alors pourquoi essayez-vous encore de nous sauver ? » demanda Kanon.
Kanon semblait s’être réveillée, et elle n’aimait pas ce qu’elle avait entendu. Alors qu’Al était incapable de bouger, il avait crié vers le ciel.
« La ferme ! C’est comme ça que je fais les choses ! Sharon, Feena, vu que les individus têtus sont apparemment communs à Esanthel, vous êtes autorisées à utiliser toutes les méthodes que vous jugez nécessaires pour les faire battre en retraite ! » ordonna Al.
Elles avaient toutes les deux regardé Al, et…
« Je comprends un peu ce que tu dis, mais… Non, » déclara Sharon.
« Je suis d’accord. Je… non, nous sommes des Divas ! » déclara Feena.
« Hein ? Qu’est-ce que vous faites, bon sang ? » s’écria Al.
Tandis qu’elles regardaient Al la tête penchée…
« On ne fuira pas certains chiens impériaux, » déclara Sharon.
« On va les faire fuir ! » déclara Feena.
Elles s’étaient regardées et avaient ri.
« Enfin quelque chose sur lequel nous pouvons nous mettre d’accord ! » déclara Sharon.
« Ne t’inquiète pas… Ça n’arrivera plus, » déclara Feena.
« Alors, nous allons prendre congé et faire des ravages ! Oh, et je m’assurerai de faire un saut dans la tente pour informer Cécilia ! » déclara Sharon.
« Vous deux, attendez ici, compris ? » cria Al.
« Allons-y maintenant…, » déclara Sharon.
Avec sa dernière once de force, Al avait levé la tête pour regarder les deux filles partir.
***
« Wahahahahaha ! À toutes les troupes, en avant ! Abattez tout le monde en vue ! »
Le commandant de l’Empire, Bouda, était en extase, car le moment qu’il attendait était enfin arrivé.
Leur plan, une fois qu’Althos et Esanthel auraient dépensé leurs forces, était de marcher avec leurs quatre mille cinq cents soldats. C’était un plan simple que n’importe qui pouvait exécuter. Et même l’Inquisiteur Kanon, l’as d’Esanthel, était inconscient. Bouda avait supposé que les Divas étaient extrêmement fatiguées après leur bataille contre Kanon, alors il avait ordonné l’attaque sans vérifier le champ de bataille.
« Je vais massacrer les restes d’Esanthel, occuper Althos et capturer plusieurs Divas ! C’est mon billet pour devenir général ! » déclara Bouda.
On lui avait confié cette tâche dès le départ, mais il avait des doutes quant à son succès.
« Mwahahaha ! Les dieux nous ont vraiment bénis ! »
Bouda chevauchait joyeusement son cheval dans la boue et la terre tout en suivant ses troupes, une action indigne d’un commandant. Malheureusement pour lui, ces rêves heureux avaient été de courte durée.
« Hein ? Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il.
Deux personnes s’étaient présentées devant toute l’Armée Impériale.
« Est-ce des messagers envoyés pour livrer leur reddition ? Hah, qui s’en soucie ? Piétinez-les ! » cria Bouda.
Dès réception de l’ordre ignorant de Bouda, ses troupes se précipitèrent vers les supposés messagers. Il regarda autour de lui pour admirer le sang versé et les restes dispersés des imbéciles qui osèrent se tenir debout devant le puissant Empire…
« Haaaaaaaaa ! »
Un cri violent, mais digne avait alors traversé le champ de bataille.
***
Partie 4
Wham!
Le sol en dessous d’eux avait tremblé, ce qui avait poussé Bouda à fermer les yeux par réflexe.
« C’est quoi ce bordel !? » s’écria Bouda.
Il avait ouvert les yeux sur une scène violente. Ses troupes se faisaient abattre par une fille aux cheveux roux, jonglant habilement avec une longue épée…
« Bête du Feu ! Bête du Tonnerre ! Bête de l’Eau ! Et enfin, Bête de Glace ! Détruisez-les ! »
Des bêtes élémentaires avaient déchiré ses troupes, mettant le feu à certaines d’entre elles et en gelant d’autres. Derrière eux, une fille aux cheveux bleus avait lancé un sort après l’autre avec une quantité apparemment infinie de mana. Ses troupes, ainsi que ses rêves de promotion, étaient annihilées par ces deux-là.
« Hé, Feena ! Laisse-m’en aussi ! » dit Sharon, abattant un ennemi après l’autre.
« Mais c’est à moi de briller ! » Feena s’amusait comme une folle.
« Hé maintenant ! »
Elles commencèrent à se disputer, attirant à elles les malchanceux soldats impériaux.
« Qui diable sont ces deux-là ? » chuchota Bouda. Il ignorait qu’il venait d’assister au début de la fin.
***
« Pourquoi m’aides-tu — nous ? » quelques minutes après le départ des deux Divas, Kanon avait finalement réussi à se relever de terre. Elle s’approcha d’un Al immobile et s’était assise à côté de lui.
« Hé, j’espère que tu vas laisser tomber les coups de poing et les coups de tête pour aujourd’hui ! » dit Al en plaisantant.
« Hahahaha, ne t’inquiète pas. J’accepte ma défaite… Mais maintenant, je serais heureuse d’entendre une réponse, » elle répondit en souriant. Voyant son sourire pur et adorable pour la première fois, le cœur d’Al avait bondi dans sa poitrine.
« Ne te méprends pas, je ne fais pas ça pour toi ! Je, euh… Mon rêve est de créer un pays où tout le monde peut sourire ! » déclara Al.
Dans ce bref moment de bonheur, Al avait partagé son rêve.
« Hmm… Ton rêve, hein… ? » demanda Kanon.
Kanon le regarda avec émerveillement. La voir sans armure avait confirmé qu’elle était sans aucun doute une Diva. Sa beauté pure rivalisait avec celle des autres, elle avait une peau lisse et impeccable,
Des yeux violets, honnêtes et apaisants, de beaux cheveux longs, soyeux, d’un pourpre pâle, qu’elle avait en quelque sorte cachés dans son casque.
« Hmm, intéressant… Penses-tu qu’une telle chose soit possible ? » demanda-t-elle en penchant la tête. C’était une question honnête de la part d’une personne qui avait perdu tout son pays, mais pour Al, c’était comme si elle niait son existence même.
« On s’en fout si c’est possible ou pas !? Je le rendrai possible, et j’abattrai tous ceux qui oseront s’opposer à moi, même toi ! » s’exclama Al alors qu’il était encore complètement paralysé. Il était trop tard quand il avait réalisé sa grave erreur.
Kanon avait été visiblement ébranlé par sa déclaration sauvage.
« Eep ! Non seulement il m’a battue dans un duel loyal, mais sa seule volonté est… ! Nhhhh ! »
Hein ? Est-ce qu’elle vient de dire « Nhhhh » ?
C’était un murmure, calme comme une brise du soir, mais Al l’entendit haut et fort. Non seulement cela, mais il avait été soumis à ce qui ressemblait à un regard lascif alors que les seins de Kanon tremblaient, affirmant leur domination devant ses yeux. Incapable de bouger, Al était dans le pétrin.
« Quel est le problème, Kanon !? Est-ce que ça va ? » demanda Al.
Al était inquiet à cause de son brusque changement d’attitude.
« J’ai moi-même un rêve. Un vœu, si tu veux, » même sa façon de parler avait considérablement changé.
« Et c’est quoi… ? » demanda Al.
Kanon continua à parler sans faire attention à Al. Bizarrement, ses joues rougissaient, ce qui déclenchait des signaux d’alarme dans tout son esprit. À juste titre, puisque…
Smoosh.
Sans aucun moyen de s’échapper, Al n’avait pas eu d’autre choix que de supporter la poitrine de Kanon qui appuyait contre son torse alors qu’elle s’appuyait sur lui.
« Qu’est-ce que tu fais !? » demanda Al.
Il semblait que la personnalité de Kanon avait fait un cent quatre-vingts, alors qu’elle le regardait avec les yeux embués.
« J’ai fait mon choix. Je vais t’épouser ! » annonça Kanon.
D’où est-ce que ça vient ? Qu’est-ce qui a conduit à cette décision ?
Ces questions traversèrent l’esprit d’Al jusqu’à ce qu’il sente le souffle chaud de Kanon sur sa joue. Malgré la témérité de leur combat, le parfum de Kanon était aussi agréable qu’un champ de fleurs après la pluie. C’était une Diva séduisante, cela ne faisait aucun doute.
« J’ai prétendu être un homme parce que mon père ne voulait pas que j’épouse quelqu’un. Par amour pour mon cher et tout-puissant père, j’ai décidé d’épouser la première personne qui pourrait me battre en duel…, » déclara Kanon.
Sa situation actuelle, plutôt dangereuse. Cela lui avait rappelé l’incident avec une certaine succube. Kanon était monté sur lui, fixant ses yeux d’un regard inéluctable tandis que ses seins lui massaient doucement la poitrine chaque fois qu’elle bougeait.
« Et tu m’as vaincue, » déclara Kanon.
Son regard devint encore plus insupportable.
« Mais j’ai eu de la chance. En plus, j’ai le pouvoir du Roi-Démon et tout… ! » Al avait essayé désespérément de réorienter la discussion.
« S’il te plaît, tu n’as pas besoin d’être si humble ! Imagine un enfant né de l’amour entre une Diva et le Roi-Démon ! Ne penses-tu pas qu’il serait imbattable !? » demanda Kanon.
« Non, pas du tout ! Ne nie pas tout ce que la Valkyrie a béni dans notre monde ! » déclara Al.
« Ah ! Mais tu devras prendre mon nom avant qu’on commence à reconstruire Esanthel ! » déclara Kanon.
« N’as-tu pas un peu trop besoin d’aide depuis qu’on sait que tu es une fille ? J’aimerais que tu m’écoutes de temps en temps, mais tu es une Diva, alors je ne pense pas que cela arrive…, » déclara Al.
Il avait voulu régler ça calmement, mais ça n’avait pas vraiment marché.
« Ahhhh… Je ne peux pas… ces mots audacieux, ces yeux enflammés…, » déclara Kanon.
Elle s’enroula les bras autour d’elle et commença à se tordre sur Al, le laissant très confus.
« Hmm ! Merveilleux ! Comme c’est viril ! Maintenant, je sais pourquoi Toshisaka t’a confié cette mission ! » déclara Kanon.
Alors qu’elle passait ses doigts le long du souvenir de Toshisaka, elle jeta son regard sur la moitié inférieure d’Al.
« Oh ? Qu’est-ce que c’est ? » demanda Kanon.
Elle avait remarqué une bosse dans le pantalon d’Al. Toute la vie d’Al avait défilé devant ses yeux alors qu’il maudissait la seule partie de son corps qui n’était pas paralysée.
« C’est une réaction biologique tout à fait normale ! » déclara Al.
Tandis qu’il tentait de s’expliquer, un fort stimulus avait traversé tout son corps. En fait, ce que Kanon caressait n’était pas le souvenir de Toshisaka, mais l’autre poignard qu’Al avait sur lui.
« Hahahahahaha... Les hommes sont fascinants… Ou peut-être que c’est toi qui es fascinant, » déclara Kanon.
L’esprit d’Al avait été mis en orbite alors que Kanon, la personne qu’il avait supposé être un homme pendant si longtemps, traçait sensuellement le renflement de son pantalon avec un sourire insolent, taquin, mais charmant.
« Tu sais, je n’aurais jamais cru qu’un homme aussi excité…, » elle l’avait dit avec un sourire qui pouvait captiver n’importe quel homme et conquérir n’importe quel roi. « Maintenant, ne tournons plus autour du pot. Échangeons nos vœux ! »
« Je préfère continuer à tourner autour du pot ! » déclara Al.
Elle se pencha encore plus près, caressant toujours le renflement toujours croissant d’Al.
« Aaaaaaaaaaaaah ! »
Ils avaient entendu un cri d’à côté.
« Tch, on en arrivait à la partie amusante ! » déclara Kanon.
Dès qu’il avait regardé dans la direction du cri, Al avait su que le cri venait d’un soldat impérial qui cherchait à capturer le roi blessé et la Diva. Curieusement, il avait senti le besoin de remercier son sauveur inhabituel.
« Kanon, cours ! Tout ira bien pour moi, » déclara Al.
Il voulait au moins s’assurer que Kanon soit en sécurité, mais elle ne montrait aucun signe de départ.
Au lieu de cela…
« Hahahaha ! Je suppose que je te protégerai, mais d’abord… »
Elle l’avait soudainement embrassé.
Encore !?
Comme leurs désirs de se protéger mutuellement s’entremêlèrent, la Surtension Céleste s’activa une fois de plus. Cette fois, cependant, le mana d’Al était entré dans le corps de Kanon par un endroit… non divulgable…
« Ehh ? Ahhhh, nhhhhh… Je… Je suis si excitée ! Est-ce à ça que ressemble le plaisir d’une femme ? » demanda Kanon.
Ils nageaient dans le mana et le plaisir.
Boom !
La faux d’Al s’était illuminée et son corps avait été complètement rempli par le mana.
« On se retrouve, Mistilteinn, » Al se leva et salua sa fidèle faux.
« Al, regarde, regarde ! Mon katana ! »
Il regarda la source de la voix trop excitée.
« Bienvenue… Byakuya, » l’épée, deux fois plus longue qu’avant, était noire comme la nuit, seule sa lame scintillait d’un blanc comme l’argent le plus pur. Voyant sa relique réformée, elle murmura. « Hahahaha, quel merveilleux cadeau de mariage ! »
La jeune fille balança joyeusement l’épée, plus longue qu’elle n’était grande.
« On n’a jamais été d’accord pour se marier, n’est-ce pas ? » demanda Al.
« Attends ici, mon chéri. Laisse-moi sortir les poubelles avant notre cérémonie ! » déclara Kanon.
« Écoute-moi bien… Peu importe, essaie de ne pas les tuer ! » demanda Al.
Kanon leva la main pour signaler qu’elle l’avait entendu haut et fort alors qu’elle se dirigeait vers les soldats impériaux.
***
« Qu’est-ce que je dois faire ? » demanda Bouda.
Le vainqueur avait déjà été décidé. Althos et Esanthel auraient dû être effacés de la surface du continent. Qu’est-ce qui n’allait pas ? Selon les rapports, deux Divas, aux côtés de nul autre que la Diva d’Esanthel, avaient fait des ravages sur les forces de l’Empire et étaient en route vers sa position même.
Qu’est-ce que je fais maintenant ? Dois-je battre en retraite et essayer de me regrouper ? Allons-nous plus loin, en nous fiant à nos chiffres ?
Mais juste derrière le commandant novice qui s’effondrait…
« Oh, mon Dieu, ils se disputent déjà ? »
« Qui est le…, » balbutia Bouda.
Bouda était complètement sans voix. Derrière lui se trouvait une déesse blonde aux yeux bleus, portant une robe de cérémonie blanche.
« Qui... Qui… êtes-vous… !? » demanda Bouda.
La déesse souriante ne répondit pas au commandant complètement abasourdi. Elle l’avait regardé dans les yeux, et…
« Oh, mon Dieu, maintenant c’est ton tour. Déshabille-toi, » déclara la déesse.
« Compris ! Compris ! » déclara Bouda.
Charmé par la beauté de la déesse, Bouda enleva son équipement une pièce après l’autre.
Alors…
« Aaaaaaaaaah ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Aaaaaaaaaah ! » cria Bouda.
C’est ainsi que le second commandant impérial fut victime de Cécilia d’Althos.
***
« Je vois… Toshisaka est donc… »
Après la bataille, Al avait partagé les derniers instants de Toshisaka avec Kanon, paralysée par les séquelles de la Surtension Céleste. Après une petite sieste pour lutter contre son épuisement complet, Kanon était de retour à son état normal. Al avait enfin retrouvé sa capacité de bouger. En plus d’un peu d’engourdissement ici et là et d’un mal de tête lancinant, il était revenu à la normale. Il était seul avec Kanon, Sharon et Feena. Jamka et Brusch s’occupaient des opérations post-bataille, et Cécilia soignait les soldats blessés à l’infirmerie, qui était désignée par le commandant ennemi suspendu à un bâton dans ses sous-vêtements.
Elle s’adonne à un passe-temps étrange : déshabiller les commandants ennemis jusqu’à leurs sous-vêtements.
Faisant fi de cette pensée, Al se tourna vers Kanon.
« Si… Si j’avais pu l’arrêter, alors peut-être…, » commença Al.
« Ce n’est pas ta faute. C’est de ma faute si j’ai été jouée par l’Empire si facilement, » elle l’avait dit avec un sourire éclatant — ou plutôt rafraîchissant, comme si elle avait décidé de quelque chose.
« Et tu m’as apportée le poignard de Toshisaka pour honorer son dernier souhait, » Al, incapable de supporter son sourire pur, détourna le regard et répondit d’un petit signe de tête. Kanon avait passé ses doigts sur le souvenir de Toshisaka.
« J’apprécie ce que tu as fait du fond du cœur, mais j’ai une dernière faveur à te demander, » elle avait regardé Al droit dans les yeux. « Tout ce qui s’est passé entre nos pays relève de ma responsabilité. J’ai personnellement donné tous les ordres, alors j’aimerais que tu pardonnes à mes troupes. Bien sûr, je suis prête à faire des réparations pour les dommages, même si cela signifie… te donner ma personne même ! »
Frappe
Al avait tapé sur le front de Kanon.
« Ehh !? Quoi ? Pourquoi m’as-tu frappée ? Est-ce tout ce que vous, les hommes, pouvez faire ? » demanda Kanon.
« Prends-le comme tu veux ! » C’était une réponse exceptionnellement brutale de la part d’Al.
« Est-il en colère ? » demanda Sharon.
« Non, il est furieux ! » déclara Feena.
Al entendit le petit échange de Feena et Sharon et se tourna vers elles.
« Bien sûr que je le suis ! Toshisaka a donné sa vie pour la protéger, et maintenant elle jette sa vie ! » Al avait diffusé ses émotions, sans filtre.
« Alors qu’est-ce que je dois faire ? Quel est l’intérêt de mon existence sans mon pays, sans Toshisaka !? Dis-moi ! » demanda Kanon.
Kanon regarda Al, les larmes coulant le long de ses joues, apparemment sans fin.
Mais Al répondit avec un doux sourire. « Tu peux toujours reconstruire ton pays. Tu as encore toutes tes troupes, tous les gens que vous avez sauvés et tous tes amis prêts à donner un coup de main, n’est-ce pas ? »
« Mon peuple… Mes amis… » demanda Kanon.
Kanon essuya son visage et fit à Feena un regard doux. Feena hocha doucement de la tête.
« En plus, on a un tas de maisons vacantes et assez de produits pour tout le monde. Si tu n’as nulle part où aller, n’hésite pas à rester avec nous jusqu’à ton rétablissement, » il avait proposé ça, indépendamment des réprimandes d’une heure qu’il recevrait inévitablement de Jamka.
« Ça veut dire… ça… ça… Ce n’est pas ma fin ou celle d’Esanthel…, » déclara Kanon.
« Bien sûr que non. Tu peux rester ici, rassembler les tiens, récupérer et rentrer quand tu veux, » déclara Feena. Elle s’approcha lentement et enlaça la fille en pleurs.
« Merci… et désolée, Feena… Je t’ai causé tant d’ennuis…, » déclara Kanon.
Kanon avait rendu le câlin. Sachant que Kanon était une fille, il n’avait aucune raison d’être jaloux… Probablement.
« C’est génial et tout, mais je meurs de faim ici ! » Malgré ses plaintes, Sharon souriait.
« T’es-tu calmé ? » demanda Feena.
Quelques minutes, ou peut-être quelques heures plus tard, Kanon avait cessé de pleurer dans les bras de Feena.
« Oui. Désolée, Feena, HAAAAAAA !? » L’expression douce de Kanon fut soudain dépassée par la terreur alors qu’elle levait les yeux vers Feena.
« Bien. Alors, écoutons tes excuses, » déclara Feena.
Son visage doux avait disparu depuis longtemps, remplacé par un regard froid et sombre qui rappelait les nuits d’hiver les plus sombres alors qu’elle tâtonnait la poitrine de Kanon.
« Hein ? Feena ! Lâche-moi… Aïe ! Ça fait mal ! » cria Kanon.
Kanon avait lutté, mais l’emprise de Feena était inébranlable.
« Tu m’as dit que tu étais un homme. Était-ce un mensonge ? » demanda Feena.
« Non ! Je l’ai fait pour mon… Aïe ! Écoute — Owowowowowowowowow ! Je ne voulais pas mentir ! » déclara Kanon.
Après l’avoir torturée un peu, Feena avait finalement lâché les seins de Kanon.
Hmph ! Espèce de menteuse ! Traîtresse ! » déclara Feena.
« Hein !? Ne viens-tu pas de me traiter d’amie ? » demanda Kanon.
« Je n’ai jamais dit ça. Si tu restes dans ce pays, coupe ces melons ou reste hors de ma vue ! » déclara Feena.
La contradiction dans ses paroles était claire comme de l’eau de roche, mais personne n’osait s’élever contre elles.
Je vois ! Elle portait cette armure pour cacher ses seins !
Al était visiblement satisfait de sa découverte, mais Feena, qui le regardait au mauvais moment, l’était moins. Elle s’était enfuie en boudant.
« Feena, attends ! Écoute, on peut enfin vivre ensemble ! Discutons un peu ! » déclara Kanon.
Sa grâce sur le champ de bataille ayant apparemment disparu dans les airs, Kanon courut après Feena, essayant désespérément d’attirer son attention.
« Je veux être avec Al... et personne d’autre, » son petit murmure en jetant un coup d’œil en arrière sur Al avait été emporté par le vent.
***
« Hehehehe. C’est merveilleux, Roi-Démon… »
Au fond du château, dans la niche la plus sombre où seules les membres de la royauté pouvaient marcher, se tenait une servante. Elle traçait si lentement l’empreinte de son doigt dans la porte géante. Dans ce trou se trouvait une faux colossale.
« Ils ont relâché la deuxième faux… Hehehehe, bientôt, mon Seigneur. Très bientôt en effet… »
Son sourire sadique et envoûtant avait scintillé dans l’obscurité avant de disparaître.
***
Chapitre 5 : Épilogue
« Je me demande ce qu’est vraiment la Surtension Céleste ? » se demanda Al à voix haute.
Quelques jours après l’incident, Al était dans son bureau tranquille, réfléchissant alors même qu’il triait les documents. Il ne connaissait qu’une poignée de choses sur l’étrange phénomène connu sous le nom de Surtension Céleste. Il ne s’activerait que si la faux du Roi-Démon et la relique d’une Diva étaient présentes et si leurs émotions et leurs buts correspondaient. Il savait aussi que cela causait des problèmes et des anomalies dans le corps après son achèvement. Tout le reste n’était pas clair. Cependant, il y avait d’autres choses mystérieuses qui se passaient autour de lui aussi. Qui était Gil, la personne qui avait lavé le cerveau de Kanon ? C’était quoi ce cristal ? L’attaque même de l’Empire avait aussi des irrégularités. Al avait trop de questions et trop peu d’informations. Il avait enfoui son visage dans ses bras en désespoir de cause quand...
« On s’est embrassés, il m’a vue nue, et on s’est pelotés ! Je suis clairement sa femme légale maintenant, » déclara Feena.
« Comment oses-tu !? Non, je veux dire, je ne veux pas du tout l’épouser, mais… ! Il m’a vue nue aussi, et on s’est embrassés, » déclara Sharon.
« Hah ! Tu appelles ce stratagème du ruban “nue” ? Ne me fais pas rire ! En plus, il m’a lui-même demandé un baiser ! Qu’est-ce que c’est que ça, sinon l’amour pur ? » déclara Feena.
Alors qu’Al était au bord de la folie à la recherche de réponses, les filles sur le canapé discutaient ouvertement de ses moments les plus embarrassants.
Haah, pourquoi en arrive-t-on à ça chaque fois ?
Juste au moment où il décida d’ignorer leur conversation, il aperçut Kanon s’approchant de lui comme un chaton s’attendant à des câlins chaleureux et douillets. Après qu’il soit devenu notoire qu’elle était une fille, Kanon avait décidé d’échanger son armure robuste contre une robe pourpre claire. Bien que ce ne fût pas une décision volontaire, car Al lui-même avait brisé ladite armure… En regardant la fille qui le suppliait de ses yeux, Al prit une petite gorgée de thé…
« Al ! Faisons l’amour ! » annonça Kanon.
« Pfwhhhhhhhh ! »
Ce qui l’avait fait se projeter dans toute la pièce.
« Whoa, c’était quoi ça ? Pratiques-tu un soin du visage ? » demanda Kanon.
*Toux* *Toux* « ! D’où est-ce que ça vient ? Non, attends, où as-tu appris ce mot !? » demanda Al.
Al avait crié sur Kanon alors qu’il essayait de se défendre contre sa toux.
« Pourquoi ? La femme de chambre m’a dit que pour augmenter la population, il faut d’abord faire des bébés. Elle m’a aussi dit que je devrais beaucoup te câliner et te faire plaisir puisque tu es le réceptacle du Roi-Démon. »
Cette foutue succube… Pourquoi doit-elle tout compliquer ?
« En plus, tu n’es pas n’importe quel homme. Tu m’as conquise sur le champ de bataille ! Tu es mon propriétaire, alors pourquoi on ne pourrait pas faire beaucoup, beaucoup de SEXXXXXXXEEEEE ! » déclara Kanon.
Sa voix calme s’était soudain transformée en cri. Feena s’était faufilée derrière Kanon et l’avait violemment tripotée.
« Tu as encore ces excuses molles au niveau des seins !? Rentre chez toi et débarrasse-toi d’eux ! » déclara Feena.
Al était assis au premier rang pour regarder Feena caresser Kanon, donnant à ses seins de nouvelles formes. Pour le dire simplement, il était témoin d’une démonstration lascive de lesbianisme, avant qu’il ne détourne son regard.
« Ow ow ow ow ow ow ! Feena ! Pourquoi es-tu si cruelle ? Et ça fait mal ! Ta cruauté fait mal ! » Enfin libérée de ses contraintes, Kanon se plaignait, mais…
« Qu’est-ce que c’était, espèce de pudding querelleur !? » déclara Feena.
Feena avait attrapé sa baguette et avait commencé à toucher la poitrine de Kanon.
« Anhhhh ! Non, Feenaaaaaa ! » Elle avait protesté, mais seulement verbalement.
« Vous vous entendez vraiment bien, n’est-ce pas ? » murmura Sharon, mais…
« Oui ! » « Pas du tout… »
Elles avaient des réponses contradictoires.
« Haah... Écoutez, je dois travailler, alors sortez, » Al s’était lassé de l’agitation, mais…
*Bam !*
Sa porte s’était soudainement ouverte.
« Al ! Je l’ai enfin fini ! » Cécilia se tenait de l’autre côté, souriant d’oreille à oreille.
« Finit quoi ? » demanda Al.
Elle était arrivée avec une excitation inhabituelle dans les yeux.
« Oh, mon Dieu, tu aimerais savoir, n’est-ce pas ? Dois-je te le dire ? C’est bon, regarde ! » déclara Cécilia.
Elle lui avait poussé un paquet de papier.
C’était…
« Un projet de loi pour permettre le mariage entre frères et sœurs, parents et enfants, et hommes et femmes de tous âges ! » annonça Cécilia.
Il avait feuilleté les pages remplies de signatures.
« J’ai recueilli les signatures des nouveaux guerriers d’Esanthel, ainsi que de nos résidents de longue date. Les deux tiers de notre population sont en faveur de cette proposition et, à ce titre, le projet de loi a finalement été adopté ! » Elle l’avait dit fièrement, mais…
« Cécilia, » déclara Al, suivi d’un profond soupir, face à sa magnifique, mais déplorable sœur.
« Cécilia. Les guerriers ne sont pas nos citoyens, leurs signatures ne comptent pas, » déclara Al.
Il la regarda avec des yeux pleins de pitié.
« C’est exact, mais quand j’épouserai Al, nos citoyens — ! Feena, arrête de me tripoter ! » s’écria Kanon.
« Mais c’est… mettre la charrue avant les bœufs ! » Cécilia s’était insurgée contre le fait que Kanon n’avait pas réussi à cerner le vrai problème avec ses plans.
« Quoi qu’il en soit, c’est un congédiement…, » déclara Al.
« Excusez-moi, Votre Majesté. Des visiteurs sont arrivés. » Soudain, Lilicia apparut sur le pas de la porte.
« Des visiteurs ? Qui viendrait ici maintenant ? »
Aucune visite n’était prévue,
Alors, il l’avait demandé à Lilicia.
« Ce serait un messager de Freiya, et…, » répondit Lilicia.
« “Et” ? Il y en a d’autres ? » demanda Al.
Al était déjà inquiet, mais sa mâchoire était tombée dès qu’il avait entendu le nom de l’autre visiteur.
***
Illustrations
***