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Divas de la Bataille – Tome 1

***

Prologue

Ce jour-là, il avait rencontré une déesse. Ses longs cheveux roux coulaient le long de son dos tel une rivière de flammes et ses yeux cramoisis miroitaient avec détermination. Sa poitrine était bombée, contrastant avec sa taille serrée. Ses cuisses rebondies jaillissaient sous sa jupe courte, portées pour permettre une grande liberté de mouvement sur les champs de bataille. Un ensemble d’armures de jambe avait complété son Régalia [1], ajoutant ainsi une couche supplémentaire de protection.

Elle avait l’air tout droit sortie d’un tableau. Mais ce que cette belle jeune fille offrit au jeune roi d’Althos n’était pas un bouquet de bénédictions, mais l’extrémité pointue d’une grande épée mal adaptée à la carrure féminine de son porteur.

« Roi d’Althos, c’est un plaisir de vous rencontrer. Désolée d’être si brusque, mais il est temps pour vous de mourir ! »

Elle avait proclamé son intention avec un ton léger et un adorable sourire. En face de ses actions dignes, le vent continu rempli de poussière était apparu comme un peu plus qu’une douce brise. Il aurait pu la regarder pour toujours, mais compte tenu de son statut et de la situation, il ne pouvait pas se perdre dans ses yeux, car cela marquait la deux millième et quelques fois où Althos avait été attaqué par le pays voisin de Freiya.

« Êtes-vous une Diva ? » demanda le roi à la beauté aux cheveux rouges et aux yeux rouges, son énorme épée pointant toujours vers lui.

« Hehehe... Et si je le suis ? »

« Hein ? L’êtes-vous ou ne l’êtes-vous pas... ? »

Au lieu de se concentrer sur l’épée, il était complètement perdu dans ses yeux puissants et sa voix retentissante.

« Qu’importe ? Voulez-vous bien mourir, ici et maintenant ! »

Elle chargea vers lui et balança son épée avec une élégance digne d’une Diva.

« Je vais prendre... »

Enfin, le jeune roi revint à la raison. Mais lui aussi était en retard. Beaucoup trop tard.

« ... votre tête ! »

Elle frappa d’en haut, le son de sa lame coupant le vent fournissait à sa victoire une sonate.

Le roi ne pouvait rien faire d’autre que d’être emplie par la terreur.

Chaque spectateur s’attendait à ce que sa tête s’envole, mais...

*Boing!*

La lame fut repoussée par une force invisible à quelques centimètres du cou du roi.

« Quoi !? »

Elle n’avait pas compris. Pourquoi n’avait-elle pas touché ?

Le blocage soudain l’avait déséquilibrée et l’avait envoyée s’écraser juste devant sa cible.

« Faites attention ! »

Le jeune roi, par réflexe, tendit la main pour attraper la fille, ne pensant qu’à la sauver.

Et ainsi, elle atterrit dans ses bras.

« Euh... »

« ... »

Un silence de mort. Pendant un moment, personne n’avait dit un mot. On disait que tout pouvait arriver sur les champs de bataille, mais il était assez rare que vous vous retrouviez à tenir une fille si près que vous pouvez sentir son souffle sur votre cou.

Les joues de la jeune fille virèrent lentement du blanc au rose, puis finalement au rouge vif.

« Vos mains... »

Son calme était revenu. Elle dirigea un regard furieux vers son adversaire, rempli d’un mélange de mépris et d’inconfort.

Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Avec elle, qui était couchée fermement dans ses mains et son corps en feu. Quelque chose clochait dans la scène, quelque chose de plus que la maladresse dans cette situation inconnue. Elle sentit quelque chose qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant, remuant sa suspicion.

« Hé ! Qu’est-ce que vous m’avez fait ? » demanda-t-elle bruyamment, leurs visages à peine séparés de quelques centimètres.

« Hein ? Eh bien ! Euh, je pensais tout simplement que vous auriez pu vous faire mal..., » il la regarda, abasourdi.

« On s’en fout de ça !? Relâchez-moi ! »

Avec ses joues rouges et brûlantes, elle se décolla avec force de sa poigne et sauta habilement hors de ses bras.

« Que m’avez-vous fait ? Dites-moi exactement ce que vous m’avez fait ! »

Elle réprima son malaise avec son esprit brûlant, leva à nouveau son épée et regarda le roi.

Mais le roi d’Althos n’avait pas rendu son regard. Il regardait plutôt derrière elle, le panache de fumée qui s’élevait au loin.

« Hé ! M’écoutez-vous !? »

Elle lui lança un regard noir avec de la colère qui brûlait dans ses yeux.

Alors qu’elle soulevait son épée et préparait une autre attaque, un messager de l’armée freiyane sortit de la forêt et l’interrompit.

« Princesse ! Notre convoi d’approvisionnement a été attaqué ! La plupart de nos fournitures ont été volées et les esclaves ont été libérés ! »

« Ils ont libéré les esclaves !? »

Le roi d’Althos avait souri face à leur conversation. « C’est vrai ! Je ne me reposerai pas jusqu’à ce que tous les esclaves de ce continent soient libérés ! »

Le rapport du messager continua. « Nous avons essayé de les rattraper, mais une embuscade d’Althos nous a arrêtés et les esclaves se sont tous enfuis. »

La princesse freiyane cacha son désarroi et continua de regarder le roi, ses yeux enflammés de rage.

« Je comprends. Tout le monde, retraite ! » Elle rengaina son épée et ordonna calmement, mais fermement une retraite.

Le mécontentement était clair sur son visage alors qu’elle regardait le roi devant elle.

« Ne pensez pas que vous avez gagné ! J’aurai votre tête à coup sûr la prochaine fois ! »

Elle tourna les talons et partit rapidement.

Elle est magnifique, mais terrifiante... C’est une bonne chose que nous ne nous voyions pas pendant un moment, pensa-t-il à lui-même alors qu’il la regardait à contrecœur partir. Il n’avait aucune idée de ce que le Destin lui réservait.

Notes

  • 1 Régalia : Les Regalia (ou Régalia) sont un ensemble d’objets symboliques de royauté. Chaque royauté a ses propres Régalias qui ont une histoire souvent légendaire. Ils sont conservés précieusement comme des trésors et se constituent par ajouts successifs.

***

Chapitre 1 : Les deux fiancées

Partie 1

« Un mariage royal !? »

Quelques jours après avoir repoussé l’armée freiyane, le château royal était surchargé par les tractations post-bataille. Dans l’une des chambres royales, le jeune roi Alnoa tenait une conversation inattendue pendant le repas avec sa sœur, Cécilia.

« Oui. Je suis d’accord de former une alliance, mais je n’aime pas trop cette idée de mariage royal, » déclara Cécilia.

Cécilia était magnifique, comme on pouvait s’y attendre d’un membre de la famille royale. Ses cheveux dorés étaient emmaillotés dans un chignon parfait, et elle regardait le jeune roi avec des yeux bleus emplis de tristesses.

« Comment en est-on arrivé à ça ? » demanda Cécilia.

Le père d’Alnoa, le légendaire Roi-Sorcier d’Althos, avait usé de nombreux sorts et combattu vaillamment aux côtés de l’armée freiyane. Il était décédé un an plus tôt à la suite d’une épidémie.

Avec sa mort, l’influence d’Alnoa sur Freiya s’était considérablement affaiblie. Cécile, la Diva d’Althos et héritière légitime du trône, se déclara prêtresse et abdiqua. À sa place, Alnoa, le suivant dans la ligne de succession, avait été couronné roi.

Le décès du Roi-Sorcier avait déstabilisé tout le royaume. La plupart des ministres et des généraux qui avaient loyalement servi le dernier roi avaient démissionné ou s’étaient retirés. Beaucoup de nobles avaient rassemblé leurs richesses et avaient fui le pays. Les seuls restés présents étaient des citoyens qui n’avaient aucun moyen de fuir et d’anciens esclaves abandonnés par leurs maîtres.

L’empire légendaire avait été réduit à une puissance mineure, à la différence de ceux qu’il dominait autrefois. Manquant cruellement de main-d’œuvre, même Cécilia avait dû mettre la main à la pâte sur les questions diplomatiques. Alnoa ne savait pas quoi penser d’un mariage royal alors que son propre royaume était si mal en point.

Cécilia plaça une tasse de thé devant son frère et lui expliqua la situation.

« Pour résumer, immédiatement après notre bataille avec l’armée freiyane, Freiya et le royaume voisin de Subdera nous ont demandé une alliance. Comme preuve de leurs bonnes intentions, les deux pays souhaitent envoyer leurs Divas ici pour se marier au sein de la famille royale. »

Les Divas étaient sept filles qui avaient hérité du pouvoir de la Valkyrie.

Il y a longtemps, la Valkyrie avait vaincu le Roi-Démon en sacrifiant sa propre vie afin de le sceller. Afin d’empêcher le retour du Roi-Démon, elle avait créé sept artefacts qui devaient être transmis à chaque génération à sept jeunes filles. Cécilia était l’une d’elles.

Les sept Divas d’origine avaient été bénies en personne par la Valkyrie avec une force dépassant de loin celle d’une personne normale. Chacune avait fondé son propre pays, et les pouvoirs dévastateurs de la Valkyrie avaient été transmis dans la lignée royale de chaque royaume. Les Divas actuelles, en tant que descendantes des dieux, étaient annoncées comme des symboles de leurs pays respectifs et n’apparaissaient que rarement sur les champs de bataille.

Alnoa n’avait pas eu à se demander pourquoi ils le lui avaient proposé si soudainement, car il avait immédiatement compris le problème. Les coins de sa bouche se recroquevillèrent en un sourire cynique en entendant les détails de l’arrangement. Les Divas se rendraient à un mois d’intervalle, et il devrait faire un choix entre les deux filles. Les pièces étaient toutes disposées devant lui, il devait juste jouer ses cartes correctement. Les intentions des pays voisins étaient aussi claires que le ciel.

Mais sa sœur pensait tout autrement.

« Al, tu n’as pas besoin d’épouser qui que ce soit. Tu m’as, » déclara Cécilia.

Cécilia serrait doucement la tête de son frère avec ses deux bras.

« Euh, Cécilia !? Je pense que je suis assez vieux pour me marier, » répondit-il.

Il avait essayé de résister à son étreinte. Le contact physique constant de sa demi-sœur avait fait des ravages dans l’esprit d’Alnoa, âgé de 15 ans.

« La première visite est prévue pour demain. Comment osent-ils forcer mon petit frère à se marier ? » s’exclama-t-elle. Elle regarda affectueusement son précieux frère. « Mais je suppose que comme tu es roi, cela serait une bonne idée d’au moins les rencontrer. »

« J’aimerais aussi que tu me demandes mon avis de temps en temps, » déclara Alnoa.

Malgré tous ses efforts, Alnoa ne pouvait pas échapper à l’étreinte suffocante de sa sœur. Il se résigna à son sort en voyant l’expression présente sur le visage de sa sœur.

« Si tu veux, je les rencontrerai, mais..., » commença-t-il.

Cécilia lâcha son frère et l’interrompit en mettant un doigt sur les lèvres d’Alnoa. Elle avait ensuite amené son visage juste devant le sien.

« Ne t’inquiète pas. Tu ne devras jamais te marier. Je serai toujours là pour toi, » déclara Cécilia.

Alnoa ne savait pas si elle plaisantait ou pas, et il avait trop peur de le demander. Avec leurs nez se touchant presque, il pouvait sentir la chaleur de son doux regard.

« Mais tu devrais être plus proactif pour rencontrer de nouvelles personnes, » elle avait porté le coup final avec un sourire toujours présent sur son visage.

Le jour suivant, Alnoa se tenait aux portes sous le soleil chaud, habillé en tenue de cérémonie. Il ressemblait plus à un jeune acteur dans le rôle d’un roi qu’à un membre de la famille royale.

Il réprima sa réticence et attendit patiemment la première des candidates pour son mariage. Ce serait son premier visiteur étranger depuis qu’il avait été couronné roi. Les citoyens avaient déjà eu vent de la visite royale et s’étaient rassemblés près des portes du château afin d’apercevoir la Diva étrangère. C’était comme si un festival se déroulait dans la ville. Alnoa était fatigué et grincheux, mais le fait de regarder à travers la mer de ces citoyens avait réchauffé son cœur.

« Tout cela juste parce qu’une princesse étrangère est en visite, » murmura-t-il.

Cécilia l’avait informé que la première candidate serait la Diva de Subdera. Subdera était un voisin magiquement avancé par rapport à Althos, se trouvant juste au-delà des montagnes. Il était un producteur important d’objets magiques, dominant le marché en raison de leurs technologies de pointe. Leur château royal était une ville flottante, qui se maintenait dans l’air grâce à leurs prouesses technologiques. On disait que le château avait déjà traversé le sommet du ciel, mais de telles rumeurs n’avaient jamais été vérifiées.

Est-ce que Subdera désirait les terres du royaume, la vie de son roi, ou les deux ? Ou peut-être étaient-ils simplement intéressés par le fils du légendaire Roi-Sorcier ?

Les pensées oiseuses d’Alnoa furent bientôt interrompues.

« Mademoiselle Lesfina est arrivée ! » La voix du garde retentit à travers la ville, signalant l’arrivée de leur invitée. La foule avait vu leur excitation augmenter en réponse à cette annonce.

« Incroyable. Elle est en retard d’une minute ! Son retard reflète en mal sa capacité à diriger. Ne le penses-tu pas, Al ? » demanda sa sœur.

« Je suis plus inquiet vis-à-vis de toi et du fait de voir comment tu agis comme une belle-mère, » déclara Alnoa.

Il soupira, car ce n’était pas la première fois qu’il avertissait sa sœur de ses commentaires.

« Oh, est-ce mesquin pour moi d’agir ainsi ? » demanda-t-elle avec un visage impassible.

Pendant ce temps, un carrosse d’un noir éblouissant et escorté par un certain nombre de chevaliers s’arrêta juste devant eux. Un domestique ouvrit la porte latérale richement décorée.

Le temps semblait s’être arrêté pendant un moment et le cœur d’Alnoa avait sauté un battement quand la Diva était sortie de son carrosse. Il avait même oublié la foule bruyante autour d’eux.

« Je suis Lesfina, Diva de Sringara venant du royaume de Subdera. Bonjour. » Sa salutation était claire et laconique, indiquant peut-être un soupçon de nervosité de sa part.

La réaction de la foule était véritablement appropriée, considérant son titre en tant que Diva de Sringara. Sringara était l’un des huit rasas (aspects) élémentaires. Il s’agissait du principe qui définit l’amour et l’adoration qui balaie le public face à un interprète.

Les cheveux bleus de Lesfina s’arrêtaient en dessous de ses épaules. Sa robe bleue un peu simple soulignait sa peau claire. Avec ses cheveux bleus courts et ses yeux violets qui semblaient tristes, elle était telle une Gorgone si captivante. Le fait de porter son regard sur elle vous paralysait immanquablement sur place, incapable de détourner les yeux.

Captivé par sa beauté, Alnoa répondait distraitement. « Oui... Bonjour. » Il avait à peine réussi à détourner son regard et à marmonner ces mots.

Lesfina inclina la tête à la réponse d’Alnoa, indiquant qu’elle était clairement confuse. « Comment pouvez-vous me répondre ? Est-ce que mon charme n’a pas fonctionné ? »

« Hein ? De quoi parlez-vous ? » demanda Alnoa en penchant la tête comme s’il l’imitait.

Lesfina redressa son cou avant de murmurer. « Boule de feu. »

Avec ses mains jointes et son chant magique comme seul avertissement, elle envoya une boule de feu juste devant les pieds d’Alnoa.

« Quoi !? » s’écria Alnoa. Il avait sauté dans les airs en panique. « Qu’est-ce que vous faites !? »

Lesfina le regarda avec dégoût. « ... Ver. »

« Quoi ? » demanda Alnoa.

Ver ? Que veut-elle dire par là ?

« J’ai trouvé un ver, » répondit Lesfina.

Je suppose que je ne l’ai pas mal comprise.

« Ah d’accord ! » Alnoa avait finalement réussi à rassembler suffisamment de sang-froid afin de donner une réponse timide à ces actions déroutantes.

Il n’y avait aucune trace de tout ce qu’elle aurait pu se trouver sur le sol. Un cratère était tout ce qui restait après sa boule de feu. Le trou ressemblait à celui laissé par une souche d’arbre arrachée du sol. Toute créature prise dans cette explosion se serait transformée en cendres en un instant.

Une erreur et les jambes de son futur mari auraient été brûlées. Lesfina n’avait pas montré la moindre inquiétude à propos de ce quasi-désastre.

Alnoa regarda entre le cratère et le visage de Lesfina, abasourdi

« Ne vous inquiétez pas. Tant que je serai là, je ne laisserai aucun vers, aussi minuscule soit-il, près de vous... Alnoa. »

Alnoa pouvait ressentir un faible sentiment d’accomplissement irradiant de l’expression stoïque de Lesfina.

« D’accord... Merci, » il la remercia calmement afin de tenter de cacher son étonnement. Elle cherchait à être aussi dure que possible à traiter.

« Notre petite Diva ici n’est peut-être pas très bavarde, mais elle n’est pas mauvaise. » Alnoa n’avait pas pu capter ce que Cécilia murmura dans son souffle.

« En tout cas, merci de votre visite. Le nôtre est un pays terne avec peu de choses à voir, mais j’espère que vous apprécierez néanmoins votre séjour. Lilicia, s’il te plaît, montre-lui sa chambre, » il s’était finalement souvenu de ce qu’il devait dire et il avait laissé sortir les premières phrases qu’il avait répétées avant ça.

Lilicia, la chef des femmes de chambre du château se tenait derrière Alnoa en tenue de femme de chambre, attendant d’escorter la princesse dans sa chambre. Alors qu’elle semblait avoir le même âge que son jeune maître, elle servait la famille comme leur servante depuis le sacre du Roi-Sorcier. Elle était une femme vraiment mystérieuse.

« Très certainement, Votre Majesté. » Lilicia baissa la tête avant de dire ça.

« Il s’agit de notre servante, Lilicia. Sentez-vous libre de l’appeler si vous avez besoin de quelque chose, » déclara Alnoa.

« Je vous remercie, » Lesfina s’inclina devant la femme de chambre et lui remit ses bagages.

Il s’agissait d’une introduction assez intense, mais ce n’est toujours pas une excuse pour tâtonner mes salutations. Au moins maintenant, je peux enfin faire une pause.

Mais alors qu’il pensait ça...

***

Partie 2

« La voiture de Mademoiselle Sharon est arrivée de Freiya ! » La voix du garde avait encore une fois retenti dans toute la ville.

« Quoi !? » cria Alnoa avec surprise.

« Oh, qu’est-ce qui se passe ? » demanda Cécilia

Alnoa et sa sœur avaient du mal à saisir la situation. Un magnifique carrosse avait roulé afin de franchir les portes puis il s’était arrêté juste en face d’eux.

Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi l’autre candidate est-elle déjà là ? Elle ne devait arriver que le mois prochain ! C’est mauvais ! C’est vraiment mauvais !

Le destin était sourd aux préoccupations mesquines d’Alnoa. Sans lui donner le temps de recueillir ses pensées, la porte du carrosse s’ouvrit lentement.

Oh, merde !

Mais personne n’était sorti du véhicule. En fait, il était vide et même l’entourage de l’invitée avait été surpris de constater ça.

« Hein !? La princesse a disparu !? »

Mais alors, un grand cri était venu d’en haut.

« Roi d’Althos ! »

Alnoa se souvenait clairement de cette voix.

« Il est temps pour vous de mourir ! »

Alnoa se souvenait aussi de cette phrase arrogante.

« Attendez, êtes-vous... » Avant qu’il ait pu finir de parler, une fille en armure rouge avait sauté du toit du carrosse et avait frappé avec son épée géante vers le cou d’Alnoa.

« Je vais prendre votre tête ! »

Des cris remplissaient l’air. Les gardes n'avaient pas le temps de réagir face à l’embuscade de la fille. Tout ce qu’ils pouvaient faire était de retenir leur souffle et de s’attendre au pire scénario. Mais...

*Boi-oi-oi-oi-oi-oing ! — *

« Encore !? Qu’est-ce que c’est que ça !? » S’écria-t-elle.

Elle ne comprenait pas ce qui se passait, mais il était clair qu’elle ne pouvait pas le frapper. Quelque chose déviait son épée tout comme la dernière fois.

La lame de la jeune fille et Alnoa étaient presque comme des aimants avec deux pôles opposés. Tous deux seraient repoussés s’ils s’approchaient trop près.

« Gahh ! Que diable croyiez que vous faites là ? » Alnoa, méprisant l’étiquette nécessaire lors d’une rencontre diplomatique et ainsi que sa position de roi, avait fait une remarque grossière envers Sharon. Mais tout autre reproche qu’il planifiait avait rapidement été oublié une fois qu’il avait de nouveau posé les yeux sur elle.

« Ah ! » cria la fille.

Au lieu de s’écraser dans le carrosse, comme Alnoa s’y attendait, elle s’était accrochée à la porte avec ses jambes.

« Êtes-vous sérieuse ? » demanda-t-il sur un ton un peu plus normal.

Elle avait préparé sa prochaine attaque sans hésitation.

« Haaaaah ! »

La bataille n’était pas encore terminée. Elle avait sauté du carrosse une fois de plus, se projetant directement sur Alnoa. Le carrosse s’était retrouvé à trembler derrière la jeune fille aux cheveux rouges alors qu’elle avançait vers sa cible.

Cette fois-ci, elle était sûre qu’il allait mourir.

« Creveeeeezzzz ! » cria-t-elle.

« Alnoa... Je vais vous sauver. » La jeune fille aux cheveux bleus s’était approchée depuis derrière Alnoa. « Je ne laisserai pas de petits vers s’approcher de vous. »

Lesfina, l’autre candidate au mariage, était venue afin d’apporter son aide.

« Hé, faites attention ! Pouvez-vous gérer ça ? » cria Alnoa.

Lesfina hocha la tête avant de répondre. « Bien sûr, car après tout, je suis la Diva de Subdera... et mes plans seraient... si vous mouriez maintenant. »

Alnoa n’avait pas tout à fait compris la dernière partie de sa phrase.

Mais il n’y avait pas de temps à perdre, car la jeune fille aux cheveux rouges le chargeait encore.

« Hé, qu’est-ce que vous faites !? » demanda Alnoa.

« Ne vous inquiétez pas. Je déploie un bouclier. Oh, oups, » s’écria Lesfina.

« Quel est le problème ? » demanda Alnoa.

« J’ai donné ma baguette magique à la servante, » répondit Lesfina.

« QUOI !? » s’écria Alnoa.

« Ce n’est pas grave. Je trouverai une autre solution, » répondit Lesfina.

Elle s’était débarrassée de ses plans d’ériger un bouclier et s’était préparée pour un combat physique. Sa position de combat n’était vraiment pas impressionnante. Il était évident qu’elle était une novice complète lorsqu’il s’agissait de combat au corps à corps.

Elle serait découpée en morceaux en une seconde si cela continuait ainsi.

« Qu’est-ce que vous faites !? Bougez-vous de là ! Vous allez vous faire blesser ! » cria Alnoa.

Il avait attrapé Lesfina par-derrière et avait pivoté en la soulevant, en plaçant son dos entre elle et l’épée qui arrivait.

« Vous êtes mort ! » cria Sharon.

La lame s’était approchée du dos d’Alnoa, et...

*Boi-oi-oi-oi-oi-oing !*

Et elle avait à nouveau été repoussée.

« Ahh ! » s’écria Sharon.

La déviation inattendue de l’attaque de la Diva aux cheveux rouge l’avait déséquilibrée. « Hein ? »

Alnoa avait lâché Lesfina afin de la laisser partir et il s’était retourné pour voir Sharon s’envoler à nouveau vers lui. Elle paraissait à parts égales étonnée et confuse.

« Arg ! »

Sharon s’était écrasé sur Alnoa avant qu’il n’ait eu la chance de dire quoi que ce soit. Tous deux étaient tombés par terre, et elle avait atterri sur lui. C’était la deuxième fois qu’ils se retrouvaient si près l’un de l’autre.

« Attention à vos mains ! » cria Sharon

Alnoa avait tendu les mains pour tenter de s’enfuir, mais...

*Sgoing, sgoing.*

« Kyah ! » cria Sharon

La main droite d’Alnoa était entrée en contact avec quelque chose de doux et élastique.

Merde. C’est vraiment mauvais, pensa-t-il.

Même un jeune homme inexpérimenté comme Alnoa pouvait comprendre ce qu’il avait fini par attraper.

J’aurai du mal à trouver un moyen de m’en sortir. C’est tellement injuste ! Il n’y a pas de justice dans ce monde !? S’il y a un Dieu qui veille sur moi, alors s’il vous plaît, je vous en supplie. Sauvez-moi !

« Oh mon Dieu, Alnoa..., » Cécilia sursauta de surprise.

« ... » Il se sentait contraint au silence par la présence inquiétante de sa sœur et de Lesfina qui se tenait au bord de son champ de vision.

Mais la réalité lui avait donné un réveil brutal.

« Espèce de pervers ! » cria la fille assise sur lui.

À la source de la voix, il avait trouvé un visage rouge et brûlant. Et juste un peu plus bas, il avait vu sa main posée sur la poitrine de la jeune femme.

« C’était juste un accident. Je le jure ! » s’écria Alnoa.

« Vous..., » commença Sharon

« Attendez une seconde ! » demanda Alnoa.

« Commencez par me lâcher la poitrine ! » cria Sharon.

De petits nuages parsemaient le ciel chaud du printemps, et le son des cloches résonnait à travers Althos. La foule qui s’était rassemblée devant le château s’était lentement dispersée une fois les portes fermées. Ils avaient supposé que la farce dont ils avaient été témoins était une pièce de théâtre planifiée pour divertir les masses.

« C’est ainsi que le roi d’Althos accueille sa future épouse ? En “la pelotant devant toute la ville !” ? » s’écria Sharon.

« Oui, c’est peut-être vrai. N’oublions pas comment vous avez essayé de m’assassiner ! Attendez, êtes-vous bien la Diva freiyane ? » demanda Alnoa.

« Hahahaha, c’est exact. Vous sentez-vous désolé maintenant ? » demanda Sharon.

« Non. Pas du tout, » répliqua Alnoa.

Ils ressemblaient à un couple de chiens féroces qui s’aboyaient dessus avant un combat de chiens clandestin. Ce n’était pas le spectacle qu’on s’attendrait à voir entre un couple marié (potentiel).

« C’est un plaisir de vous rencontrer, roi d’Althos. Je suis la princesse de Freiya, Sharon. J’ai hâte de passer le “mois” prochain avec vous, » déclara Sharon.

Après quelques minutes de regards intenses, Sharon s’était présentée avec un faux sourire et des manières dignes d’une dame. C’était presque suffisant pour faire oublier à Alnoa qu’elle était furieusement après lui il y a quelques instants. Elle n’était plus rien d’autre qu’une jeune fille essayant de gagner le cœur de son fiancé potentiel.

« Oh mon Dieu. Je ne m’attendais pas à cela de la part d’une Diva d’un pays si déchiré par la guerre. Franchement, je pensais que vous ne seriez qu’un gros gorille —, mais je dois admettre que c’était très malin de votre part de séduire mon frère avec un corps tel que le vôtre ! » déclara Cécilia.

Sharon n’avait pas bronché devant les remarques grossières de Cécilia. Son faux sourire était resté intact, même sous le regard interrogateur de toutes les personnes présentes.

« Y a-t-il un problème ? » demanda-t-elle.

Il y a un énorme problème !

Le problème n’était pas la façon dont elle avait juste essayé de le tuer. Ce n’était pas non plus ses yeux captivants alors qu’elle inclinait sa tête d’une manière mignonne en raison de la confusion. Le vrai problème était toute autre chose.

C’est elle que j’ai affrontée sur le champ de bataille, et elle s’est même présentée. Il n’y a pas d’erreur qu’elle est la Diva de Freiya. Mais alors, pourquoi... ?

« N’étiez pas censé venir ici dans un mois ? » demanda Alnoa.

« De quoi parlez-vous !? » demanda Sharon alors qu’elle ne semblait pas savoir de quoi il parlait.

« Ah ! » Puis elle avait poussé un cri, réalisant qui se tenait à côté d’Alnoa. « Attendez. Je croyais que je devais venir ici en première. »

Sharon était clairement confuse. Si c’était un rôle qu’elle jouait, elle aurait pu tromper même les meilleurs détectives du monde.

« ..., » elle avait croisé les bras et avait réfléchi à la situation. Elle était déjà là, alors elle pouvait tout aussi bien en tirer le meilleur parti, se disait-elle.

« J’étais si excitée de rencontrer enfin le roi Alnoa que je suis venue un peu plus tôt ! Hehe ! » annonça-t-elle pour faire bonne figure.

« Ce n’est pas comme ça que ça marche ! » s’écria Alnoa.

Elle semblait être une fille plutôt facile à vivre pour une princesse qui devait assumer le destin d’un pays entier.

La fille aux yeux écarlates gonfla fièrement sa poitrine, ayant donné une excuse supposée parfaite pour son arrivée précoce, mais même avec ce sourire merveilleux sur son visage, son raisonnement n’avait pas satisfait Alnoa.

Cependant, Cécilia n’était pas du même avis sur la question. « Quel est le problème ? De toute façon, vous vous seriez rencontrés tôt ou tard. »

Sharon avait immédiatement pris son parti, agissant comme si c’était son plan depuis le début. « C’est exact ! Je voulais juste me débarrasser de cette épreuve agaçante ! »

« Agaçant » !? Est-ce qu’elle vient d’appeler ça une « épreuve agaçante » !? se demanda Alnoa.

Alnoa avait fixé son regard sur Sharon, qui semblait inconsciente de la colère du jeune roi.

Cet échange terminé, Alnoa avait décidé de faire visiter les deux Divas à travers le palais et de les présenter au personnel. Bien sûr, Sharon avait donné son épée à Lilicia.

Avec un peu de chance, je suppose que je suis en sécurité maintenant...

« Elles ont des surnoms qui leur vont bien, hein ? La “Diva de l’Épée” et la “Diva de la Baguette”, » Alnoa marmonnait en montrant au groupe le chemin à travers les couloirs du château en pierre.

Selon les rumeurs, la Diva de Freiya était une épéiste légendaire bénie par la déesse de la guerre, tandis que Lesfina pouvait lancer d’innombrables sorts sans aucune préparation ou chant. En voyant Sharon et Lesfina en action, ces rumeurs s’étaient concrétisées dans l’esprit du jeune roi.

« Ce qui veut dire qu’elles peuvent probablement faire un face à face avec Cécilia, » murmura-t-il.

Les événements de la journée avaient également donné raison au mythe selon lequel les seules personnes choisies pour exercer le pouvoir des Valkyries étaient de très belles femmes.

Alnoa avait été arraché de ses pensées par Sharon se retournant et le regardant avec dégoût, comme s’il était un sale agresseur.

« Qu’est-ce que vous regardez !? » Elle était toujours sur les nerfs à cause de l’incident dans la cour.

« Rien. Je regarde juste où je vais, » répondit Alnoa.

Comme il avait été pris au dépourvu, il n’avait pas pu lui donner une réponse adéquate. À la place, il avait choisi de rompre le contact visuel avec elle.

« Mais si je vous surprends encore à me fixer, je vous arrache la tête, » déclara Sharon

« ... »

En le jugeant au regard de la jeune femme, il serait facile de supposer que la seule raison de la visite de la princesse freiyane était d’assassiner Alnoa.

« Si vous le voulez, vous pouvez me regarder fixement..., » murmura Lesfina.

La tentative timide de Lesfina d’alléger l’ambiance avait laissé Alnoa abasourdi. Son esprit pur avait cherché, sans succès, afin de trouver la bonne réaction. Voyant les joues roses et agitées de sa rivale, Sharon avait profité de l’occasion pour lancer des piques sur Alnoa.

« Son visage est d’un rouge brûlant. Ne lui avez-vous rien fait par hasard ? » lâcha-t-elle.

Je n’arrive pas à croire qu’elle me traite encore comme un pervers à cause de cet accident.

« On s’est rencontrés il y a une heure. Qu’est-ce que j’aurais pu faire ? » Alnoa voulait dissiper les inquiétudes de Sharon, mais elle n’avait pas laissé ça passer.

« Comment le saurais-je !? » demanda-t-elle.

Un plus léger soupçon de rougeur avait commencé à se répandre sur les joues de Lesfina.

« Je pardonne votre liaison. D’après ce que j’ai lu, notre “câlin agressif” fait de nous... un mari et sa femme, » Lesfina avait lâché cette bombe tout en restant d’un calme olympien comme à son habitude.

***

Partie 3

« A-Attendez un peu. Je pense que vous abusez de cette expression ! Et “affaire” !? C’était juste un accident ! » s’écria Alnoa.

« Une mésaventure !? Comment osez-vous ! Vous..., » s’écria Sharon.

« Oh, on est arrivé. Suivez-moi, s’il vous plaît, » Cécilia interrompit Sharon juste avant qu’une autre longue dispute n’éclate.

« D’accord, Cécilia, » déclara Alnoa.

En entrant dans le salon, les yeux de Lesfina avaient rencontré ceux d’Alnoa pendant un moment. Elle avait couvert son visage en raison de son embarras avant de se précipiter à l’intérieur de la pièce.

« Quand est-ce que vous deux... Argh ! Vous être le pire ! Vous n’êtes qu’une ordure ! » Sharon avait laissé échapper sa frustration sur un Alnoa sidéré et avait ensuite suivi Lesfina dans la pièce.

Ils avaient tous été conduits dans le salon le plus extravagant du château. La salle était remplie de la collection personnelle de meubles exquis de feu le Roi-Sorcier, rassemblés dans le monde entier. Deux beaux canapés étaient placés à côté d’une cheminée réalisée par un maître, apportée du royaume de Girlgon. Les meubles avaient été agencés et avaient été choisis de façon experte, donnant un air sophistiqué à la pièce.

« S’il vous plaît, asseyez-vous. » Alnoa avait offert aux filles l’un des canapés, et il s’était assis sur le canapé opposé.

« Merci, mon chéri, » murmura Lesfina.

Cécilia en avait profité pour préparer du thé, l’un de ses passe-temps.

Alnoa avait alors réfléchi à la façon dont il devait entamer la conversation embarrassante qu’il devait avoir avec les deux Divas assises en face de lui. Mais avant qu’il n’ait pu terminer ses pensées, il s’était retrouvé face à une lame.

« Je vous ai eu ! » cria Sharon.

« Wooooawww ! » cria Alnoa.

La princesse aux cheveux rouges venait de lancer sa troisième attaque sur le roi Alnoa.

N’a-t-elle pas donné ses armes à Lilicia ?

Alnoa écarta la tête juste avant que son visage ne soit touché.

« Tch. » Sharon fit claquer sa langue en raison de sa frustration.

Et ainsi, un nouveau duel de regards avait commencé.

« Quoi !? Pensiez-vous vraiment que mon épée était la seule arme présente sur moi ? » demanda Sharon.

Sharon avait fait tournoyer son couteau et avait raillé Alnoa avec un regard plein de suffisance.

« Pourquoi avez-vous un couteau sur vous !? » Alnoa avait interrogé Sharon tout en regardant l’arrière du canapé sur lequel il était assis avant ça.

« Voulez-vous vraiment le découper ? » demanda Alnoa.

« Avec plaisir ! » répondit Sharon.

« Wôw ! » s’écria Alnoa.

Sharon s’était jetée sur Alnoa qui était maintenant derrière le canapé. Il avait évité de justesse son attaque.

Elle va beaucoup trop loin ! Il est temps de mettre un terme à tout ça.

« Ne me sous-estimez pas ! Croyiez-vous que je vais m’enfuir pour toujours !? » s’écria Alnoa.

« Trop lent ! » répliqua Sharon.

La tentative de contre-attaque d’Alnoa avait été contrecarrée par Sharon, qui avait anticipé une telle manœuvre.

« Prends ça ! » cria Sharon.

« Wahh ! » s’écria Alnoa.

Alnoa n’avait pas pu réagir à son attaque rapide. Il avait perdu l’équilibre et s’était effondré sur le canapé.

Sharon se tenait au-dessus d’un Alnoa sans défense. Elle avait souri victorieusement. Certaine de sa victoire, elle leva son couteau et s’élança de toutes ses forces. Cependant...

La lame du couteau se brisa en deux avant d’arriver jusqu’à lui. Même avec toute sa force placée dans une attaque, elle n’arrivait toujours pas à l’atteindre.

« Encore !? Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi ne puis-je pas vous frapper ? » demanda Sharon.

Enragée, Sharon avait déplacé sa main droite vers sa poitrine avant de sortir un autre couteau de là. On disait que le corps d’une femme détenait de nombreux secrets, mais personne ne s’attendrait à ce que ses secrets soient aussi mortels.

« Arrêtez de résister, sale chien ! » cria Sharon.

Sharon était encore une fois en train d’essayer de commettre un meurtre sans même essayer de cacher ses intentions.

*Clang !*

Cette fois-ci, ce ne fut pas son astuce habituelle qui l’avait sauvé. Il avait reçu de l’aide sous la forme d’une boule de glace projetée depuis le côté et frappant le couteau placé dans la main de Sharon.

« Ce n’est pas comme ça qu’une princesse... Ce n’est pas comme ça qu’une Diva devrait agir, » déclara Lesfina.

Lesfina, qui observait tranquillement jusqu’à présent, avait sorti sa baguette et elle avait tracé un cercle magique devant elle.

« Et... ce serait un problème si vous tuiez mon futur mari avant que notre mariage soit conclu, » déclara Lesfina.

Un « problème » ? C’est tout ? Quoi !? Ma mort est au même niveau que si elle perdait les clés de sa maison !?

Les deux filles avaient ignoré le mécontentement d’Alnoa, préférant plutôt faire face à l’autre avec colère.

« Attendez une seconde ! Vous ne pouvez pas vous battre ici ! » cria Alnoa.

« C’est bon, chérie. J’ai également lu une fois que vous deviez protéger votre bien-aimé à tout prix, » déclara Lesfina, faisant référence à sa grande culture provenant de livres.

« Oubliez ce livre. Écoutez-moi une seconde ! » cria Alnoa.

Mais le cri désespéré d’Alnoa ne pouvait pas pénétrer l’épais voile de tension qui entourait les deux Divas étrangères.

Lesfina avait mis en avant ses bras, et une boule de feu commençant à se former dans ses paumes. Les rumeurs étaient vraies. Elle était capable d’utiliser la magie sans avoir besoin de faire la moindre incantation.

Je suppose que c’est le pouvoir d’une Diva. Attends. Elle a l’intention de faire exploser toute la pièce !? 

« Haha ! Croyez-vous que c’est assez pour me faire peur ? » Sharon avait souri tandis que la boule de flammes se refermait sur elle. « C’est assez rare que je puisse combattre une autre Diva ! »

Elle avait dévié la boule de feu avec une frappe habile de son couteau.

« Attendez ! Comment est-ce possible !? » Alnoa avait été choqué par le spectacle, bien trop abasourdi pour s’écarter de la boule de feu qui arrivait sur lui après avoir été déviée.

*Kaboom !*

L’explosion l’avait fait tournoyer dans les airs.

Hein ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

Du point de vue d’Alnoa, l’explosion n’avait pas été très chaude ou douloureuse.

Cependant, les meubles joliment disposés n’avaient pas eu autant de chance. Ce qui avait été pris dans l’explosion avait été la fierté et la joie de la famille royale.

« Nooon ! Cette horloge était la préférée de mon père !? Avez-vous la moindre idée de ce que ça coûte ? » déclara Alnoa.

« Ne vous inquiétez pas. Je me suis assurée que vous ne seriez pas blessée, mon chéri, » répondit Lesfina.

Alnoa pouvait voir que Lesfina se concentrait sur la menace devant elle alors qu’il s’élançait dans les airs.

Cette horloge était un trésor national. Ça vous tuerait de ressentir au moins un peu de remords !?

« Je vais bien, mais ça ne veut pas dire... Gahh ! » cria Alnoa avant de toucher le sol au milieu de sa phrase. L’impact avait fait plus mal que l’explosion.

« Est-ce que ça va !? Cette boule de feu a explosé devant vous ! » Celle qui tentait de tuer Alnoa avait demandé des informations sur son état de santé sur un ton inquiet.

« Je viens de mettre le thé dans l’eau chaude. Pourriez-vous attendre encore quelques minutes ? » demanda Cécilia.

Alnoa avait affronté la douleur qui l’assaillait et avait regardé sur le côté. Là, il avait vu Cécilia qui préparait paisiblement le thé avec son service à thé personnel.

C’est vrai. Cécilia est également une Diva. C’en est presque impressionnant comme elle n’est pas perturbée par tout ce vacarme.

« Q-Quoi qu’il en soit... Recommençons à tenter d’assassiner Alnoa ! » déclara Sharon.

« C’est vraiment quelque chose que vous ne devriez jamais dire à voix haute !? » s’écria Alnoa.

En tant que roi, d’innombrables assassins avaient tenté de le tuer. L’assassinat était un acte méprisable et lâche qu’il ne respecterait jamais.

« Taisez-vous, oui, taisez-vous ! C’est la première fois que je fais ça ! » s’écria Sharon.

Elle est terriblement lunatique pour un assassin...

Même Sharon avait réalisé que sa tentative de meurtre flagrante la plaçait du côté des agresseurs.

« Moi aussi, je souhaite avoir ma première fois avec le roi Alnoa... »

« ... »

Lesfina avait lâché une remarque inattendue depuis les coulisses.

« Lesfina, que voulez-vous dire par là ? En fait, désolé. Oubliez ce que j’ai demandé, » déclara Alnoa.

Le mal de tête d’Alnoa devenait la partie la plus douloureuse de cette épreuve.

« Roi Alnoa, appelez-moi Feena. C’est comme ça que mes proches m’appellent, » déclara Lesfina.

« Ah, d’accord ! Alors, appelez-moi Al ! » répondit-il.

« Al.. D’accord, » déclara Lesfina.

Feena hocha la tête en signe d’accord. Si vous regardiez de plus près, vous pourriez alors voir une légère trace de bonheur digne d’une adolescente sur son visage. Pendant un moment, Alnoa avait été captivé par la belle princesse aux sourires timides.

Feena avait mis en valeur sa poitrine (espérons-le) en cours de développement et avait lancé un regard glacial vers Sharon, qui se tenait à côté d’Alnoa.

« Et à la brute là-bas. N’oubliez pas de vous adresser à moi en tant que “Madame Lesfina” ! » déclara Feena.

« Qui êtes-vous en train d’appeler une brute ? » demanda Sharon

Sharon rencontra le regard froid de Lesfina avec un éclat de feu. Son expression était celle d’une bête sauvage, prête à attaquer.

« Désolée... Je voulais dire “monstre”, » Feena continua sans même broncher devant le regard féroce de Sharon.

« Oh, vraiment ? Ne croyez pas que je vous laisserai vous en tirer comme ça ! » Sharon était furieuse, grinçant des dents en raison de la frustration. Une aura rouge avait commencé à émaner d’elle.

« Hé-Hé, calmez-vous..., » cria Alnoa.

« Al. Faites attention, » cria Feena.

Reconnaissant la gravité de la situation, Feena avait sauté pour se placer devant Alnoa afin de le protéger.

« Oh mon Dieu. Désolée de vous avoir fait attendre. Le thé est prêt, » Cécilia désamorça la bombe qui était sur le point d’exploser avec une seule remarque anodine.

« Allez, assieds-toi ! » déclara-t-elle vers son frère.

Elle avait dirigé son doux sourire à Alnoa et l’avait poussé précipitamment vers la table. Les nerfs d’Alnoa s’étaient un peu calmés, mais il avait quand même ressenti le besoin d’avertir sa sœur au sujet de la tempête qui se préparait.

« Cécilia, ce n’est pas le moment ! » déclara-t-il.

« Je comprends que vous vous méfiez tous les uns des autres puisque vous venez de vous rencontrer, mais pourriez-vous vous joindre à moi pour une tasse de thé relaxante ? S’est-il passé quelque chose ? » demanda Cécilia.

Cécilia avait incliné la tête en raison de la surprise, comme si elle n’avait aucune idée de la situation dans laquelle elle venait d’entrer. Qu’elle l’ait planifié depuis le début ou qu’elle ait été simplement inconsciente de tout ça, la Diva d’Althos était un maître tacticien qui ordonnait avec un grand sens de l’autorité.

« Voulez-vous vous joindre à moi pour boire une tasse ? » demanda Cécilia.

Ne prêtant pas attention à l’intense épreuve de force, Cécilia se tenait entre les deux filles et offrait à chacune une tasse de thé.

« La ferme ! Je ne suis pas venue ici pour... Ah ! » cria Sharon.

Un léger cliquetis métallique résonnait dans la pièce. Le couteau de Sharon avait frappé contre la belle tasse de thé offerte et quelques gouttes s’étaient répandues sur le sol.

Il s’agissait d’un véritable accident, mais le sourire de Cécilia était passé de chaleureux à inquiétant. Elle était restée plantée là, tenant tranquillement la tasse de thé à Sharon.

« Ah, euh, je ne voulais pas..., » Sharon s’empressa de prendre la tasse de la main de Cécilia.

A-t-elle peur de Cécilia ? Je ne serais pas surpris. Ça pourrait devenir moche.

« Merci, Mademoiselle Cécilia, » Feena avait comprit le message et avait aussi pris sa tasse.

« Je suis honorée de..., » commença Cécilia.

Quelque chose s’était écrasé sur le sol.

« Ah... Je suis... désolée..., » balbutia Feena.

Feena devint pâle en un instant. Cécilia se tenait encore une fois tranquille, avec un sourire troublant.

Feena avait compris la situation après que Sharon ait effleuré la coupe avec son couteau, mais elle était peut-être trop tendue. Ses doigts tremblants avaient fait tomber la tasse pendant qu’elle la prenait, et elle s’était écrasée sur le sol.

D’accord. Ça va devenir vraiment moche là.

La tension dans la pièce était palpable. On pouvait presque voir la colère s’échapper hors de Cécilia. Si vous vous étiez trop approché d’elle, alors cela vous aurait très certainement déchiqueté.

***

Partie 4

« Oh mon Dieu... C’est une chose de ruiner les meubles extravagants que mon père a collectionnés et entretenus pendant toute sa vie, mais comment osez-vous casser mon service à thé ? » s’écria Cécilia.

Au milieu de cette situation étouffante, Cécilia passa à l’action.

Merde, c’est mauvais. C’est vraiment mauvais !

Tous les trois retenaient leur souffle devant le sourire inquiétant de Cécilia.

Puis, quelques minutes plus tard...

« Il reste beaucoup de thé, alors buvez ! » déclara-t-elle.

Cécilia regardait Alnoa, Sharon et Feena boire leur thé avec son sourire toujours aussi dangereux. Ils firent tous les trois un petit signe de la tête et la complimentèrent.

« C’est délicieux ! » déclara Alnoa.

Leurs sourires étaient raides. Ils marchaient tous sur la corde raide.

« Ce thé provient de plantes de mon jardin personnel. Comment l’aimez-vous ? » demanda Cécilia.

« C’est très... aromatique..., » répondit Sharon, courbant avec force sa bouche en un sourire.

À côté d’elle, Feena répondait d’une voix frémissante. « C’est... délicieux. »

« Rien ne vaut ton thé, chère sœur ! » Et finalement, Alnoa avait répondu.

Tous les trois avaient fait de leur mieux pour calmer Cécilia, toujours souriante.

« Je n’ai rien fait ! Comment ai-je été mêlé à tout ça !? » Alnoa chuchota une plainte à Sharon et Feena au moment où Cécilia lui tourna le dos.

« Comment le saurais-je !? Pourquoi ne nous avez-vous pas dit que votre sœur se transforme en monstre quand elle s’énerve ? » demanda Sharon.

« Ce n’est pas comme si j’avais eu le temps de le faire. Vous m’avez sauté dessus dès que nous sommes entrés dans la pièce ! » répliqua Alnoa.

Leur dispute silencieuse était sur le point de se transformer en un autre combat à part entière.

« Oh, en voulez-vous une seconde tasse ? » Lorsque Cécilia avait fait demi-tour, ils s’étaient tous redressés.

« Ah, j’ai oublié les gâteaux ! » s’écria Cécilia. Puis elle s’était précipitée hors de la pièce.

Sharon avait attendu quelques secondes, puis elle avait lâché sa colère sur Alnoa. « Expliquez-vous tout de suite ! »

« Qu’est-ce que vous racontez ? » demanda Alnoa.

Il s’était déjà passé tant de choses entre eux deux alors Alnoa avait du mal à déterminer de quoi, exactement, Sharon parlait, même s’il pouvait faire des suppositions éclairées. Pourquoi ses attaques n’avaient-elles jamais pu le frapper ? Pourquoi avait-elle eu vraiment très chaud quand il l’avait tenue dans ses bras ?

« Pensiez-vous vraiment que j’oublierais que vous m’avez tripoté !? » s’écria Sharon.

Vous avez essayé de me tuer, et j’ai accidentellement touché votre poitrine quand vous êtes tombé sur moi ! Lequel de ces deux est le pire !?

« Ah... Je voudrais aussi l’entendre, » déclara Feena.

Pourquoi me trahissez-vous, Feena !?

« Expliquez-nous lentement et correctement cela, » Sharon se leva et se dirigea vers Alnoa.

Il détourna le regard, dominé par les yeux pourpres impitoyables de Sharon.

Cécilia retourna dans la pièce puis se tint à côté d’Alnoa.

Elle avait pris une gorgée de thé et s’était ensuite adressée aux autres filles. « Parliez-vous de la relation entre le Roi-Démon et les Divas ? »

« Cécilia ! » s’écria Alnoa.

Elle leva son doigt, arrêtant l’interjection d’Alnoa.

« Ce n’est pas grave, » déclara Cécilia. « Il serait déraisonnable qu’elles restent ici pendant un mois sans rien savoir. »

Tu as raison, mais...

« Et par mon pouvoir de messagère de Dieu, je leur ferai jurer de ne jamais en parler à des étrangers, » continua Cécilia.

Elle se tourna vers Sharon et Feena et commença à chanter un sort sur un ton mélodieux.

☆☆☆

Cécilia n’était pas seulement la Diva d’Althos, mais également une prêtresse. Elle avait été une petite fille joyeuse, mais après un certain temps, elle était devenue incapable d’effacer son sourire de son visage. Ainsi, tout le monde dans le royaume — qu’il s’agisse de paysans, de nobles ou d’officiers — l’avait louée comme la Diva éternellement aimable et souriante.

Bien sûr, tout le monde s’attendait à ce qu’elle devienne le prochain monarque d’Althos. Mais après la mort de son père, Cécilia avait insisté pour devenir prêtresse.

Il n’était pas rare que les Divas se joignent à l’église, qui vénérait la Valkyrie, mais Cécilia avait ses propres raisons vraiment très spéciales. L’une d’entre elles était pour qu’Alnoa puisse succéder sur le trône, mais sa principale raison d’abdiquer et de devenir prêtresse était parce que...

« Une fois que je serai prêtresse, nous ne serons plus reconnus comme frère et sœur. Ainsi, je pourrais enfin épouser Alnoa ! » avait-elle déclaré pour elle-même. Bien sûr, elle n’aurait jamais dit ça devant son frère.

Si elle devenait prêtresse, ses liens juridiques avec sa famille seraient annulés, ce qui ferait en sorte qu’ils ne seraient plus frères et sœurs. Mieux encore, l’église avait toujours permis d’une manière commode à son clergé de se marier.

Mais Cécilia n’avait pas tenu compte de la gentillesse et de la sollicitude d’Alnoa envers elle. Un jour, alors qu’elle faisait semblant d’être dévastée par l’annulation de leur relation...

« Ne t’inquiète pas, Cécilia ! Dieu ne nous reconnaîtra peut-être plus comme frères et sœurs, mais tu seras toujours ma grande sœur dans mon cœur ! » avait-il annoncé à l’époque.

Ce fut un coup dur pour ses aspirations. Mais en s’appuyant sur cette expérience, elle travaillait maintenant en coulisses pour faire de son rêve de mariage frère-sœur une réalité, un fait inconnu de tous sauf de Lilicia.

☆☆☆

Sans laisser transparaître ses véritables intentions, elle termina le rituel, leva la main gauche et récita les mots qui la liaient.

« Je suis une messagère de Dieu. Ceux qui me jurent de leur serment ne le briseront jamais. »

Sa main gauche s’illumina d’une lumière divine. En regardant sa sublime silhouette, on pourrait confondre la pièce avec une église sacrée.

Tout ce qu’elles avaient maintenant à faire, c’était de faire leurs promesses à Dieu.

Mais les lèvres de Cécilia se transformèrent en un sourire espiègle.

« Si ces sales paysannes osent rompre leur promesse faite à mon très cher Alnoa, alors qu’elles fassent l’expérience de xxxx puis de xxxx et de leur xxxx, pour qu’elles ne puissent plus jamais xxxx à nouveau ♪, » déclara Cécilia.

Elle ne peut pas y mettre fin normalement, n’est-ce pas ?

« Quoi !? » s’écria Sharon.

« M-Mademoiselle Cécilia !? » s’écria Feena.

Sharon et Feena avaient regardé leur future belle-sœur avec étonnement. Elles n’avaient pas la capacité à comprendre ce qu’elles venaient d’entendre.

« Cécilia, qu’est-ce que tu dis !? Avec quel genre de dieu fais-tu un serment ? » demanda Alnoa.

« Oh, ne t’inquiète pas. Il n’y aura pas de problème tant qu’elles tiendront leur promesse, » répliqua Cécilia.

Elle marque un point.

Sharon et Feena acquiescèrent docilement d’un signe de tête, allant à l’encontre de leur comportement confiant habituel.

« D’accord, allons-y ! Je le jure ! » déclara Sharon.

« C’est d’accord, je le jure, » déclara Feena.

Ainsi, leurs vœux avaient été achevés.

« Alors... Al ! » Une fois le sort terminé, Cécilia regarda Alnoa.

« D’accord. Nous allons le leur expliquer. » Ne connaissant pas les véritables intentions de sa sœur, Alnoa avait accepté à contrecœur.

« La réincarnation du Roi-Démon !? »

Le cœur d’Alnoa sauta un battement en regardant l’expression complexe de la jeune femme. Il n’avait aucune idée de la raison pour laquelle Cécilia voulait qu’il leur dise un secret si bien gardé, un secret que seules quelques personnes choisies connaissaient auparavant.

A-t-elle l’intention de les effrayer en révélant ma lignée ?

« Connaissez-vous l’histoire du Roi-Démon et de la Valkyrie ? » leur demanda Alnoa, en partie par frustration.

« Bien sûr, bien sûr. Il y a très longtemps, un roi avait accueilli le Roi-Démon dans son corps pour repousser une invasion de son voisin. Il ne pouvait pas contrôler le Roi-Démon présent en lui et il est devenu fou. Sept de ses belles suivantes ont alors sacrifié leur vie pour invoquer une Valkyrie qui a scellé le Roi-Démon, » déclara Sharon.

Sharon avait fièrement gonflé sa poitrine à la fin de son explication. Ses seins étaient un spectacle plaisir à contempler, mais Alnoa n’avait pas le luxe de les apprécier.

« Pour empêcher la renaissance du Roi-Démon, la Valkyrie a divisé sa conscience et sa force en sept parties et les a distribuées entre sept filles. C’est ainsi que nous, les Divas, sommes nées. On dit que l’une des jeunes filles choisies était même une enfant de trois ans, » Feena avait repris avec indifférence l’histoire là où Sharon s’était arrêtée.

« Exactement. Alors, qu’en pensez-vous, où est scellé le Roi-Démon ? » demanda Alnoa.

Alnoa croisa les bras et donna sa meilleure apparence de professeur alors qu’il donnait une conférence aux Divas.

« Attendez... Vous ne pensez pas que..., » Feena avait eu le souffle coupé.

« Exactement. Juste ici ! » Alnoa avait poussé un soupir exagéré et il pointa du doigt vers le bas.

« Sous ce château !? » demanda Sharon.

Ce n’est pas comme si je l’avais moi-même vu, mais elles n’ont pas besoin de le savoir.

« Et j’ai été choisi comme réceptacle du Roi-Démon, » il avait porté un dernier coup aux filles perplexes.

« C’est exact ! Mon cher petit frère possède les attributs du Roi-Démon de la légende ! » Contrairement à un Alnoa déprimé, Cécilia avait triomphalement gonflé sa poitrine.

« Ce qui veut probablement dire qu’il a aussi les pouvoirs du Roi-Démon. » Sharon, profondément dans ses pensées, la main sur le menton semblait avoir accepté l’explication.

« Oui. J’ai été choisi pour hériter de son pouvoir. Puisqu’il est encore scellé, je ne peux en utiliser qu’une faible partie, mais il ne peut pas non plus s’emparer de mon corps, » déclara Alnoa.

« Attendez une minute ! » Sharon leva les yeux vers Cécilia. « Cécilia est une Diva normale. Elle n’est pas impliquée dans cette affaire. »

« Alors... Vous êtes le réceptacle du Roi-Démon, et votre sœur est une Diva... ? » Feena leva les sourcils.

C’était la vérité, aussi improbable que cela puisse paraître.

« Oh, ce n’est pas exactement ainsi. Nous sommes de mères différentes », dit Cécilia, en jouant avec ses boucles d’or.

« Cécilia est de la Reine précédente, alors que je suis du second mariage de mon père, » déclara Alnoa.

« Exactement. Ce qui veut aussi dire qu’on peut se marier ! » déclara Cécilia.

« Non, on ne peut pas, » répliqua Alnoa.

Alnoa avait poussé un lourd soupir face aux yeux étincelants de sa sœur. Son amour romantique envers son frère était de plus en plus intense et cela avait commencé à user de plus en plus sa patience.

J’espère qu’elle essayait juste de faire une blague pour détendre l’atmosphère. Je l’espère vraiment...

« Ne vous inquiétez pas ! Dieu dit qu’il n’y a rien de plus fort dans ce monde que le pouvoir de l’amour ! » déclara Cécilia.

Même si c’était le cas, qui interpréterait cette déclaration de cette façon !? Je doute que Dieu ait voulu promouvoir l’inceste.

À ce moment-là, la tête d’Alnoa était fermement tenue dans ses mains.

« Alors, qu’est-ce qui se passe avec votre technique folle ? » Sharon avait ramené la conversation sur la bonne voie.

« Je n’en sais rien. » Alnoa leva les mains et haussa les épaules. Il n’avait jamais vécu une telle chose auparavant.

Parmi les trois Divas, Alnoa était le plus proche de sa sœur. Mais Cécilia l’aimait plus que n’importe quelle sœur. Si le monde était condamné et que la mort d’Alnoa était le seul moyen de le sauver, Cécilia sacrifierait volontiers le monde. Elle ne lèverait jamais son épée contre lui comme Sharon l’avait fait.

Sans compter cette fois...

Cécilia avait été collante avec Alnoa depuis qu’elle était petite fille, lui posant des questions comme : s’il l’aimait et s’il allait l’épouser quand ils seraient grands.

Je lui disais souvent qu’elle faisait une tête effrayante quand elle posait ces questions. Elle me regardait avec curiosité et me lâchait. Oh, maintenant que j’y pense, c’est à l’époque où elle a commencé à sourire en permanence.

« Hé, m’écoutez-vous !? »

« Ah ! » s’écria-t-elle.

La Diva aux cheveux cramoisis le sortit de ses pensées.

***

Partie 5

« Sharon, peut-être que le Roi-Démon à l’intérieur d’Al réagit à la puissance de la Valkyrie qui réside au plus profond de vous. Ou peut-être..., » Cécilia avait répondu à sa question avec un sourire éclatant. Et puis elle s’était blottie contre Alnoa.

« Peut-être que les âmes des sept belles servantes résident encore dans les Divas, et qu’elles sont incapables de blesser leur roi bien-aimé. Ah, ce serait si romantique ! Pas vrai, Al !? »

« Nous nous battons habituellement avec nos armes et notre magie... les artefacts et le pouvoir de la Valkyrie. Le Roi-Démon réagit peut-être aux restes de la Valkyrie qui l’a scellé, » tout en ignorant complètement Cécilia, Feena avait annoncé avec confiance sa propre proposition.

« C’est pour ça que mon épée ne pouvait pas vous frapper ! » Sharon semblait également convaincue par cette explication.

« Maintenant, je sais pourquoi mon charme n’a pas fonctionné. » Feena murmura pour elle-même.

« Ah ! Et c’est pour cela que quand vous me touchez, je... euh..., » Sharon avait un peu rougit et elle jeta un coup d’œil à Alnoa.

« Oh, ça aurait pu être un Déferlement Céleste ? » déclara Cécilia.

« Qu’est-ce qu’un Déferlement Céleste ? » demanda Sharon.

Sharon avait regardé Cécilia avec stupéfaction, qui buvait calmement son thé.

C’était Feena qui avait répondu à sa question. « “Le pouvoir de contrôler le monde apparaît quand le Démon et la Sainte se rencontrent”. Freiya, est-ce que vous vivez si loin dans la cambrousse que vous n’avez même pas les écritures ? »

« Ah ! J’en ai entendu parler ! Je ne l’ai pas moi-même lue, mais c’est écrit dans un livre d’il y a environ mille ans, » Alnoa avait répondu à la provocation de Feena avant que Sharon ne puisse répondre.

Attends, pourquoi elle a l’air en colère ?

« Ne vous inquiétez pas, Al. Je vous en parlerai plus tard, quand nous serons seuls, » répondit Feena, d’un ton poli.

« N’êtes-vous pas un peu biaisé envers Al ? » Sharon avait fait un regard furieux sur Feena.

Alnoa avait haussé les épaules.

Les choses se compliquent à nouveau...

« De toute façon, alors, qu’est-ce que c’est exactement ce Déferlement Céleste ? » Il avait désespérément essayé de remettre la discussion sur les rails avant qu’elles ne recommencent à détruire la salle.

« Fondamentalement, c’est quand les énergies saintes et maléfiques se mélangent, ce qui donne alors naissance à une puissance capable d’aller côte à côte avec les dieux eux-mêmes. Je parie que ton pouvoir s’est infiltré en Sharon, ce qui a provoqué sa réaction si extrême, » Cécilia récitait les détails de mémoire, le doigt sur les lèvres.

Alnoa avait résisté aux attaques de Sharon. Puisque Sharon avait reçu la protection divine de la Valkyrie, ses attaques n’avaient pas pu atteindre le Roi-Démon, retenu par le même sceau de la Valkyrie. Mais on ne pouvait pas dire la même chose de l’autre côté. Les Divas ne pouvaient pas résister aux pouvoirs du Roi-Démon.

« Attendez. Êtes-vous en train de me dire que je ne peux pas lui faire de mal !? » s’écria Sharon.

C’était exactement comme elle le pensait. Tenter d’attaquer Alnoa était pour elle comme essayer de vaincre un grand maître d’échecs avec seulement un roi sur l’échiquier.

Cécilia regarda Sharon comme si elle venait de réaliser quelque chose. « J’ai aussi entendu dire que lorsque ton pouvoir se mélange à l’intérieur d’une Diva, le pouvoir de la Valkyrie les protège du mal. Mais l’un des effets secondaires est qu’elles ressentent quelque chose qui ressemble à de l’excitation sexuelle. »

« Quoi !? Comment avez-vous... Ah, je veux dire... ! » Sharon était visiblement énervée.

« Oh, son Déferlement Céleste vous a excité ? » demanda Cécilia.

« Vilaine Sharon... La Diva de l’Obscénité, » déclara Feena.

Sharon se leva du canapé lors de la provocation de Feena.

« Qu’est-ce que vous venez de dire ? Un mot de plus, et je vous coupe la langue et je la donne aux chevaux ! » s’écria Sharon.

Sharon tremblait en ayant un visage rouge vif. Il était difficile de dire si c’était à cause de la colère ou de l’embarras.

« Les chevaux sont herbivores. Ne le savez-vous même pas ? Quelle imbécile ! » s’exclama Feena.

« C’est ça, vous êtes fichue ! » cria Sharon.

Est-ce que je viens d’entendre quelque chose craquer ?

Sharon, qui en avait assez des insultes de Feena, avait posé sa main sur sa poitrine.

Attendez, elle cache quelque chose d’autre !? Quelle sorte de sorcellerie est-ce que c’est ?

À côté d’Alnoa, Feena se préparait aussi pour la bataille.

« Il est temps de vous abattre, » répliqua Feena.

Un silence sinistre s’installa dans la pièce alors qu’elles se regardaient l’une et l’autre. C’était comme le calme avant la tempête. Une tempête qui s’était intensifiée au cours de la dernière heure grâce à un nombre incalculable de prises de bec. Le moment de son atterrissage était imminent.

« Oh ! Je sais ! Faisons-leur une démonstration en direct ! » murmura Cécilia.

Avec cela, la tempête avait été déclassée de la force d’un ouragan à un simple orage passager.

Je vais devoir traverser la tempête pour l’instant. Mais je préférerais qu’on s’entende tous à l’avenir.

Alors que la situation était sur le point d’exploser, Cécilia sauta gracieusement entre les deux filles et saisit les mains d’Alnoa.

« Al, s’il te plaît, » déclara Cécilia.

« Cécilia, qu’est-ce que tu es..., » demanda Alnoa.

« Hehe... » Elle plaça doucement les mains d’Alnoa contre sa poitrine.

« Attends, Cécilia ! » s’écria Alnoa.

Cécilia ne laisserait pas passer cette opportunité, même si sa vie en dépendait. Elle avait ignoré les protestations de son frère et avait serré les mains d’Alnoa avec encore plus de force sur sa propre poitrine.

« Hyahh ! Ahhhh ! » Ses cris indécents résonnaient dans la pièce.

« Qu’est-ce que tu fais !? » demanda son frère.

« Oh, ne t’inquiète pas. Je vais juste leur faire une démonstration d’un Déferlement Céleste, » Cécilia avait réussi à calmer suffisamment sa forte respiration pour lui donner une réponse.

« Est-ce que cela ne marche que si j’attrape tes seins !? » demanda Alnoa.

La prise de Cécilia sur la main d’Alnoa tenait fermement, peu importe à quel point il luttait contre elle.

Les seins de Cécilia étaient doux au toucher et élastiques.

Qu’est-ce que tu fais devant mes futures mariées !?

Le sourire de Cécilia devint sournois en voyant le regard désespéré dans les yeux d’Alnoa.

« C’est assez ! Lâche mes mains ! » demanda Alnoa.

« Je n’ai pas encore fini. Je dois vérifier si cela marche bien ! » déclara Cécilia.

« Laisse-moi partir ! » redemanda Alnoa.

« Non ! Je ne te laisserai pas t’éloigner de moi ! » répliqua Cécilia.

« Cécilia !! » cria Alnoa.

« Hehe ! » Cécilia se mit à rire.

« Mademoiselle Cécilia est effrayante..., » Feena murmura cela, mais Cécilia l’entendit quand même.

« Effrayante... ? » demanda Cécilia.

Cécilia avait grimacé face à la déclaration de Feena et avait lâché les mains d’Alnoa. Elle tremblait comme une feuille.

Qu’est-ce qui s’est passé ?

Ses joues rouges avaient immédiatement perdu toute leur couleur.

« Hein !? Qu’est-ce qui se passe !? » demanda Alnoa.

Alnoa était devenu en pleine panique en voyant la réaction de sa sœur. Sans qu’il le sache, toutes les fois où il lui avait dit qu’elle avait l’air effrayante l’avaient ébranlé jusqu’à la moelle. Il s’agissait d’un traumatisme provenant de l’enfance qui ne l’avait jamais quitté.

« Suis-je effrayante... ? » demanda Cécilia.

« Cécilia ? » demanda Alnoa.

« Al, je ne suis pas effrayante, n’est-ce pas ? » demanda Cécilia.

« Cécilia, qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Alnoa en retour.

« Ne joue pas à l’idiot ! » déclara Cécilia.

Alnoa remarqua un regard aiguisé sur son dos. Sharon, qui avait été bruyante quelques instants plus tôt, le regardait dans un silence de mort.

Alnoa n’avait pas besoin de la voir pour savoir quel genre de visage elle faisait. Effrayé pour sa vie, il avait décidé de faire demi-tour et de s’expliquer, mais Sharon avait parlé avant lui.

« Jusqu’où pouvez-vous vous rabaisser en caressant votre propre sœur comme ça !? » s’écria Sharon.

« Même en tant qu’épouse, je ne suis pas sûre de pouvoir soutenir ce..., » murmura Feena.

Les deux Divas querelleuses avaient été réunies par un dégoût mutuel vis-à-vis de l’acte dont elles venaient d’être témoins.

Qu’est-ce que c’était ?

Peut-être que la méthode utilisée était mauvaise, ou peut-être que Cécilia voulait simplement dire que tout cela n’était qu’une blague. Quoi qu’il en soit, il n’y avait pas eu de Déferlement Céleste, et les frères et sœurs n’avaient rien appris de nouveau de cette expérience.

« Oh, désolée. J’étais juste excité à l’idée de l’essayer ! » déclara Cécilia.

Cécilia s’était enfin calmée. Cependant, les autres filles regardaient encore froidement Alnoa.

Pourquoi est-ce toujours ma faute !? Ne connaissent-ils pas le sens du mot « accident » ? Ou est-ce le destin des hommes de toujours prendre le blâme, chaque fois qu’un accident indécent se produit !?

« Ne rêvez jamais de pouvoir poser vos sales mains sur moi ! » cria Sharon. C’était ce que Sharon avait conclu de la situation.

Je sais ce que vous ressentez, croyez-moi. Mais le fait d’entendre ça d’une fille aussi mignonne fait toujours mal, vous savez !

« Ne vous inquiétez pas. Je ne le ferais pas, même si vous me le demandiez, » déclara Alnoa.

« Grr... Bien ! C’est après tout ce que je veux, » déclara Sharon.

Cécilia avait pris une gorgée de thé. Elle pouvait sembler calme à l’extérieur, mais à l’intérieur, elle ne voulait rien d’autre que de s’enfuir dans sa chambre et de s’enrouler en boule.

Sharon, par contre, était un livre ouvert. Son faux sourire n’avait pas réussi à cacher sa colère.

« Oh, Lilicia ! Pourriez-vous aussi préparer une chambre pour Mademoiselle Sharon ? » demanda Cécilia.

Lilicia ouvrit lentement la porte du salon et répondit à Cécilia. « Très certainement. La chambre a déjà été préparée. »

Depuis quand se tenait-elle là ?

« Merci. Sharon, Lesfina, permettez-moi de vous guider jusqu’à vos chambres. Je vous ferai visiter le château en cours de route, » déclara Cécilia.

Cécilia avait quitté le salon avec Lilicia qui la suivait de près.

« Votre Majesté, merci de me laisser rester ici et tout le reste..., » déclara Sharon.

C’est si superficiel !

Avec un sourire moqueur, Sharon s’était levée avec grâce et avait suivi Cécilia.

« ..., » Feena s’inclina rapidement avec son visage habituel sans expression et quitta la pièce.

Le jeune roi fut laissé en silence, libéré de l’animosité nue à laquelle il faisait face depuis une heure.

« Enfin..., » murmura-t-il.

Après avoir réussi à sortir de la tempête, Alnoa avait poussé un soupir de soulagement. Il s’était alors penché en arrière sur son siège et avait posé ses jambes sur la table.

La vie est pleine de surprises, hein ?

En fin de compte, il avait été décidé qu’elles resteraient toutes les deux ici pour le mois prochain.

Que dois-je faire maintenant ? Je n’étais pas préparé à ça.

« Quelle tournure absurde des événements ? » murmura-t-il.

Il se souvient de la bataille d’Althos et de Freiya quelques jours plus tôt.

Contre toute attente, ils avaient été victorieux. Personne ne s’attendait à ce qu’une armée dirigée par un jeune roi inexpérimenté triomphe de la puissance militaire de Freiya. Voyant leur chute, les pays voisins avaient changé de stratégie. Ils étaient encore certains d’une éventuelle victoire, mais ils craignaient la possibilité d’une longue et pénible guerre. Toute victoire les aurait affaiblis, ce qui en aurait fait des proies faciles pour leurs voisins.

Ce qui voulait dire qu’il valait mieux s’emparer de notre pays sans combattre.

Ainsi, deux des voisins d’Althos avaient envoyé leurs atouts, les Divas, des demoiselles capables d’abattre des milliers de soldats par leur propre force. Les deux pays étaient parvenus à la même conclusion, mais leurs approches différaient. On cherchait à prendre le contrôle du Roi et, à son tour, de son royaume. L’autre cherchait à prendre la couronne plus agressivement en tuant le Roi. Freiya avait refusé de donner l’initiative à Subdera, alors Sharon avait été envoyée un mois plus tôt.

Comme c’est odieux. J’aurais presque préféré une guerre totale.

Alnoa avait poussé un grand soupir et avait avalé les dernières gouttes de sa tasse de thé.

***

Partie 6

Le lendemain, alors que des rumeurs sur les plans de mariage arrangé du roi se répandaient dans tout le pays comme un feu de forêt, Alnoa faisait tranquillement de la paperasse dans sa chambre. Il était au travail depuis l’arrivée des deux candidates au mariage. C’était vraiment compliqué d’accueillir deux princesses.

Alnoa devait envoyer une confirmation quant à leur arrivée dans leurs pays respectifs dès que possible, tout en s’assurant de garder pour lui autant de détails. Il ne voulait pas savoir ce que Freiya et Subdera feraient si jamais ils apprenaient ce qui s’était passé la veille. Il ne pouvait qu’imaginer l’indignation à laquelle il serait confronté.

L’autre défi était de prendre en charge leurs besoins pendant leur séjour dans son pays.

« Al, avez-vous un moment ? »

La porte de son bureau s’était ouvert sans que la personne frappe à la porte avant. Mais il est vrai que l’on pouvait difficilement l’appeler un bureau en raison de ce qui s’y trouvait. Il y avait un lit pour faire la sieste et une collection de livres préférés d’Alnoa qu’il avait là pour ses pauses, rendant la pièce plus proche d’une chambre à coucher secondaire.

« Sharon, qu’y a-t-il ? » demanda Alnoa.

« Et si j’arrêtais de tenter de vous tuer et que j’essayais de devenir votre femme pour de vrai ? » demanda Sharon.

Son visiteur inattendu n’était autre que Sharon. Elle portait la même robe qu’hier, mais elle était beaucoup plus séduisante maintenant. Pour la première fois aux yeux d’Alnoa, elle ressemblait à une véritable et belle princesse.

Attends, êtes-vous sûre de vouloir admettre que vous êtes venue ici pour m’assassiner ? Eh bien, je suppose que beaucoup de vos actes disent déjà que c’est une évidence.

Alnoa était silencieux alors qu’elle s’approchait de lui. Il se méfiait beaucoup de ce changement d’attitude. Quelque chose lui disait que ça ne finirait pas bien.

À un moment donné, Sharon avait commencé à l’appeler « Al » au lieu de « Votre Majesté ». Il avait décidé qu’il valait mieux ne pas lui demander la raison.

Elle avait probablement changé parce qu’« Al » est plus facile à dire.

« ... Vraiment ? » demanda Alnoa.

« Oui. Vraiment, » déclara Sharon.

« N’est-ce pas un nouveau stratagème pour m’attaquer ? » demanda un Alnoa septique.

« ... Non, ça ne l’est pas, » répondit Sharon.

« Je suis heureux de l’entendre, mais pourriez-vous me dire ce que vous cachez derrière votre dos ? » demanda Alnoa.

« C’est un secret. Teehee ! » répondit Sharon.

Alnoa ne voulait rien de plus que de pouvoir faire confiance à Sharon, mais malheureusement pour elle, son secret jaillissait de derrière ses cheveux ardents.

Des assassins aussi mauvais en tromperie sont exceptionnellement rares.

« OK, arrêtez de jouer la comédie. Je peux voir votre épée derrière votre tête, » déclara Alnoa.

« Vraiment ? » Sharon regarda Alnoa, perplexe.

« Oui, vraiment ! Êtes-vous stupide ? Me prenez-vous pour un idiot ? » demanda Alnoa.

« Tsss. Et là, j’avais pensé que cela vous tromperait, » déclara Sharon.

« Oui, j’ai bien vu... ! » Alnoa avait poussé un soupir.

On ne s’est rencontrés qu’hier, et elle pense déjà que je suis un idiot, non ?

« N’avez-vous pas donné cette épée à Lilicia ? » demanda Alnoa.

« Je suis une princesse. Je viens de dire aux servantes que garder mon épée loin de moi conduirait à un incident diplomatique ! » expliqua Sharon.

« Oh, pour l’amour de..., » commença Alnoa.

Sharon avait saisi la poignée de son épée en affichant un sourire sournois. « Assez parlé ! »

« Vraiment !? » demanda-t-il.

Ils étaient piégés dans une petite pièce sans espace pour pouvoir esquiver la moindre attaque.

« Allez-vous vraiment réessayer ? » Alnoa ajouta ça tout en restant calme.

Les événements d’hier lui avaient traversé l’esprit. Le résultat était évident, mais le fait d’avoir une épée sur lui faisait encore peur. Il garda ses yeux serrés.

« Mourrrezzzz ! » cria Sharon.

Sharon avait frappé avec son épée au niveau de la tête d’Alnoa, mais, comme prévu, l’arme avait rebondi avant qu’elle ne puisse l’atteindre. La table avait pris le coup à la place de son visage et elle avait été coupée en deux, y compris la pile de documents qui reposait sur le dessus.

« Non ! Je viens de les finir ! » cria Alnoa.

« Qui s’en soucie ? Vous n’en aurez pas besoin là où vous allez ! » répliqua Sharon.

Elle l’avait regardé avec un visage suffisant, comme si elle n’avait même pas compris ce qui venait de se passer.

« Je suis presque sûr que vous auriez encore besoin de ces documents même si je mourais, » déclara Alnoa.

« Ne vous inquiétez pas. Je rendrai votre mort aussi indolore que possible ! » annonça Sharon.

Merde... On ne peut pas parler à cette fille quand elle est si excitée.

Face à cette agression insouciante, Alnoa ne pouvait penser qu’à une seule option. Au moment où Sharon avait encore abaissé son épée, Alnoa s’était élancé vers l’avant.

« Écoutez-moi bien ! » cria-t-il.

Les mots longs sont inutiles dans un combat au corps à corps. Je n’ai qu’à pousser vers l’avant !

« J’arrive ! » cria-t-il.

« Gahh ! »

Alnoa l’avait poussée. Sharon avait crié et avait reculé comme un animal effrayé. Se sentant coincée, elle s’était effondrée à genoux avec des larmes se formant dans le coin de ses yeux rouges.

« Quel est le problème ? » demanda-t-il

Elle avait tremblé devant les paroles d’Alnoa. Avec ses mains couvrant ses seins, elle le fixait du regard.

« Qu’est-ce que vous croyez faire ? » cria Sharon.

« C’est moi qui devrais vous demander ça ! » répliqua Alnoa.

C’est quoi cette réaction ? Je visais juste sa poitrine, attends, non. J’essayais juste de retenir ses bras. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle réagisse ainsi.

« Ne m’avez-vous pas promis de ne jamais me toucher ? » demanda Sharon.

« Dans ce cas, c’était de la légitime défense ! » répondit Alnoa.

Oh, c’est vrai ! Elle a peur du Déferlement Céleste. C’est logique, mais ça fait mal de la voir comme ça. Suis-je vraiment si effrayant ?

« R-Reculez ou bien je vais crier ! » déclara-t-elle avec force.

Sharon se précipita avec désespoir vers l’arrière comme un chiot effrayé.

Je me demande ce qu’elle pense maintenant de moi.

« H-Hey..., » dit-il.

« Je vous ai dit de reculer ! » répondit-elle.

« C’est vous qui m’avez attaqué ! » déclara Alnoa.

« Taisez-vous ! » dit Sharon.

Aussi charmante, mais toujours aussi déraisonnable que jamais.

Alnoa avait eu une soudaine et sournoise étincelle d’inspiration.

Attends, c’est plutôt amusant. C’est l’heure de la vengeance. Je peux peut-être même l’empêcher d’essayer de me tuer.

« Hé, reculez ! » cria Sharon.

« Excusez-vous, » déclara Alnoa.

« Pourquoi ? » demanda-t-elle.

« Pour avoir ruiné mon travail, » répondit Alnoa.

Premier pas.

« Pourquoi devrais-je le faire ? » demanda Sharon.

Deuxième pas.

« D’accord, d’accord ! Je m’excuserai ! » déclara Sharon.

Troisième pas.

« Je suis désolée ! Je suis désolée d’avoir détruit vos documents ! Eh bien ? Êtes-vous heureux ? » demanda-t-elle. Sharon l’avait regardée avec les yeux larmoyants. Elle était sur le point de pleurer.

« Toujours pas assez, » chuchota Alnoa. « Jurez-moi que vous n’essaierez plus de m’assassiner. »

Alnoa, inébranlable, continua son avance.

« Impossible, car c’est ma mission, » répliqua Sharon.

Quatrième pas.

« D’accord, d’accord ! Arrêtez ! S’il vous plaît, arrêtez ! Je vous en supplie ! » supplia Sharon.

Cinquième pas.

« Pourquoi ne vous arrêtez-vous pas ? » demanda une Sharon larmoyante.

Sixième pas.

« Ahh ! » Elle avait heurté le lit d’Alnoa. Elle n’avait nulle part où s’enfuir.

Alnoa avait réfléchi sur les actions qu’il devait entreprendre tout en regardant la fille qui gémissait.

Je suis peut-être allé trop loin.

Les puissants yeux pourpres de Sharon avaient perdu leur lumière et étaient maintenant remplis de larmes.

« Espèce de lâche ! Comment osez-vous jouer des tours aussi sales !? » S’écria Sharon.

Arg, cette fille...

« Résistez-vous toujours ? » demanda-t-il.

Je suppose que parler ainsi aux autres fait partie de sa nature. Mais je pense que c’est suffisant. Après tout, il s’agit d’une princesse.

« Je ne perdrai jamais ! » déclara Sharon.

Sharon avait roulé sur le lit et avait tendu la main afin d’ouvrir la porte proche de là.

« Pour l’instant, je vais mettre cette bataille en attente, mais la prochaine fois, la prochaine fois, je vous aurai ! » déclara Sharon.

« Hé, c’est..., » commença Alnoa.

Alnoa avait l’intention de dire « c’est la porte de la salle de stockage, une pièce remplie à ras bord de documents », mais Sharon était trop pressée pour écouter. Elle avait ouvert la porte qui grinçait avec force.

« Attendez, ne faites pas ça ! » cria Alnoa.

« Ahh ! » cria Sharon.

« Attention ! Wowww ! » s’écria-t-il.

La force mise dans l’ouverture de la porte avait fait tomber de grandes piles de documents. Alnoa haleta et se précipita pour protéger Sharon. Les documents s’étaient effondrés tout autour d’eux avec un bruit sourd et fort.

« Outch... »

La poussière des vieux documents remplissait la pièce. Alnoa et Sharon étaient restés silencieux un moment, ayant évité de justesse le désastre.

Je ne veux pas penser à ce qui se serait passé si Freiya avait découvert que leur princesse a été blessée dans mon bureau par une pile de vieux documents poussiéreux qui lui sont tombés dessus. J’espère qu’elle a... euh... Attends, est-ce sa culotte !?

Passons en revue l’enchaînement malheureux des événements qui avaient mené à la situation actuelle.

1) Sharon, agenouillée sur le lit, ouvrit la porte du débarras.

2) Toujours sur le lit, Sharon est tombée sur ses fesses.

3) Alnoa se précipita sur le lit et s’étendit sur Sharon afin de la protéger.

Et maintenant, ce scénario était sur le point d’atteindre sa fin évidente.

« Lâchez-moi, pervers ! Arrêtez de pousser votre entrejambe contre mon visage ! Espèce de monstre ! » Sharon avait lâché un barrage d’insultes vers Alnoa avec un visage rougissant et brûlant.

« Je suis désolé ! Je ne voulais pas le faire ! » répondit Alnoa.

Est-elle comme ça à cause d’un Déferlement Céleste ?

Sharon avait tiré sur sa jupe, masquant sa culotte de la vue d’Alnoa.

« Maintenant, je suis souillée pour toujours. » Sharon marmonnait ça d’une voix faible et tremblante.

« Quoi ? » demanda-t-il.

« Rien ! » Elle avait détourné le regard.

« Lâchez-moi, c’est tout ! » lui demanda Sharon.

« Ah, oui. Désolé, » déclara-t-il après s’être déplacé

Elle avait poussé un soupir de soulagement une fois qu’Alnoa était descendu d’elle.

Ne vient-elle pas de dire qu’elle a été souillée ?

Au moment où les choses s’installaient, un son avait retenti dans la pièce. Le couple turbulent s’était ébranlé et avait dirigé leurs attentions vers la source de ce bruit — l’entrée de la pièce.

Oh merde ! Bien sûr que quelqu’un entendrait tout ce bruit !

« Vraiment ? Vous faites... un 69 dès le deuxième jour ? » demanda une voix féminine.

« Non ! Nous ne le faisons absolument pas ! » cria Alnoa.

Alnoa espérait que sa sauveuse venait d’entrer dans sa chambre, mais ce qu’il avait eu à la place, c’était un démon. Un démon sous la forme de Lesfina, son autre candidate au mariage.

« Qu... Qu’entend-elle par “le 69” ? » demanda Sharon.

« Rien ! Ne vous inquiétez pas pour ça ! » répondit Alnoa.

« Eh bien, vous voyez, quand un homme et une femme vraiment..., » commença Feena.

« Feena ! Ne le dites pas ! S’il vous plaît ! » demanda Alnoa.

« Hein ? » Feena était curieuse de savoir pourquoi Alnoa l’avait arrêtée.

Sharon n’arrivait pas à comprendre ce à quoi Feena faisait référence, mais elle s’était finalement rendu compte que c’était quelque chose d’assez obscène.

« Je ne suis PAS comme ça avec ce cochon ! » déclara Sharon.

Sharon s’était un peu calmée. Feena en avait profité pour regarder Alnoa dans les yeux et dire ce qu’elle était venue dire. « Al. J’ai pris ma décision. »

« Quelle décision ? » demanda-t-il en retour.

Alnoa avait rencontré son regard et s’était levé du lit comme si rien ne s’était produit avant ça.

« Je veux devenir une bonne épouse. Je veux vous faire mien..., une marionnette pour mon usage exclusif. Donc, même si vous me trompez, même si vous couchez avec votre sœur... Je ferai de mon mieux pour regarder ailleurs, » annonça Feena.

Elle avait dit de très bonnes choses jusqu’à arriver sur la partie à propos de la « marionnette ».

« Je ferai de mon mieux pour faire... ce que vous faisiez ensemble juste avant ça, » continua Feena.

« Vous vous méprenez encore. Elle essayait de me tuer ! » s’écria Alnoa.

Le déni d’Alnoa était tombé dans l’oreille d’une sourde.

« Cependant..., » continua Feena.

Feena jeta son regard vers sa rivale, affichant du dégoût sur son visage habituellement sans expression.

« Quoi !? » s’écria Sharon.

Alnoa voyait Feena sérieuse pour la première fois. Il s’agissait d’un spectacle qui lui avait causé des frissons dans toute sa colonne vertébrale.

« Vous ! » cria Feena.

Sentant la colère de Feena, Sharon s’était mise en garde.

« Je ne vous pardonnerai jamais ! Quoi qu’il arrive, je protégerai Al ! » Feena marcha avec fermeté jusqu’à se positionner devant Sharon.

Elle est trop cool ! C’est le genre de phrase qui ferait pâlir n’importe quelle femme si elle était prononcée par un homme.

« Arrêtez de vous mettre sur mon chemin ! » cria Sharon.

« Je ne peux pas faire ça. Je ne vous laisserai pas faire du mal à mon mari, » déclara Feena.

Sharon avait jeté un coup d’œil vers Alnoa, espérant qu’il la soutienne. Mais Alnoa ne voulait pas se ranger de son côté.

Feena dirigea une fois de plus son regard froid et tranchant sur Sharon.

« Au fait..., » commença Feena.

« Quoi ? » demanda Sharon.

« Quel est votre objectif ? » demanda Feena.

Sharon avait haussé les sourcils face à la question inattendue. Il s’agissait d’un petit geste que Feena n’avait pas manqué de remarquer.

« Je suis ici pour tuer cet homme ! » répondit Sharon.

« Non. Je veux savoir ce que vous espérez obtenir en le tuant, » répliqua Feena.

Elle n’arrête pas de dire qu’elle est là pour me tuer comme si ce n’était rien !

« Tch. »

« Je le savais. On ne peut pas vous faire confiance. Vous êtes venue ici pour..., » commença Feena.

Sharon avait chargé Feena avant qu’elle n’ait pu finir sa phrase.

*Clac !*

Un cliquetis métallique aigu avait résonné dans la pièce.

« Hé, c’est votre..., » commença Sharon.

« Je ne vous laisserai pas prendre le dessus aujourd’hui, » répliqua Feena.

Feena avait tenu sa baguette au-dessus de sa tête, bloquant ainsi la frappe de Sharon.

« Oh ? Vous êtes plutôt bonne ! D’accord, allez-y ! Voyons voir quelle relique est la plus forte ! » déclara Sharon.

Feena avait bloqué la frappe de Sharon d’une main, et elle n’avait même pas bronché.

« Est-ce donc la relique de Subdera ? » demanda Alnoa.

Alnoa ne pouvait que regarder avec admiration. Sa baguette était faite d’un matériau mystérieux, peut-être de l’obsidienne.

Ces reliques étaient considérées comme le symbole des Divas et elles auraient été créées par la Valkyrie elle-même. Une autre théorie était que ces reliques étaient les armes préférées des sept jeunes filles. Chaque Diva avait sa propre relique, y compris Cécilia, dont la relique était un khakkhara, une sorte de bâton également connu sous le nom de crosse.

« N’avez-vous pas été assez bavarde aujourd’hui ? » demanda Sharon.

« ... »

« Votre farce froide et silencieuse a disparu ! Ne vous inquiétez pas. Je vais vous abattre ! De cette façon, vous pouvez garder le silence pour toujours ! » déclara Sharon.

Sharon avait serré sa poignée sur la poignée de sa lame.

*Wlam !*

Avec cela, une véritable tragédie s’était produite.

« Nooon ! Mes livres ! Mes documents ! » cria Alnoa.

L’épée déviée de Sharon avait tranché proprement à travers son étagère. Les pleurs d’Alnoa avaient rempli la pièce emplie de tensions.

« Mes précieux livres..., » se lamenta Alnoa.

Sharon et Feena n’avaient pas été troublées par les sanglots d’Alnoa. Elles n’avaient pas quitté les yeux l’une de l’autre une seconde.

« Dégagez le passage ! » cria Sharon.

Sharon avait saisi son épée afin de tenter de l’effrayer, mais Alnoa n’arrivait pas à penser clairement. Tout ce qu’il pouvait voir, c’était les documents détruits devant lui.

« Hé vous ! » cria Alnoa après s’être tourné vers Sharon et avoir tendu la main vers elle. « Regardez où vous balancez ce truc ! »

« Ahh ! » cria Sharon. « Je suis désolée ! » Sharon avait paniqué et avait crié des excuses pour l’arrêter.

« Si vous voulez y aller toutes les deux, faites-le dehors ! » Alnoa avait laissé échapper tout son stress refoulé sur les deux Divas.

« D’accord. Je serai une bonne épouse et j’écouterai mon mari, mais..., » Feena s’était arrêtée.

Une bonne épouse ne détruirait pas la chambre de son mari !

« Non... Mes documents ! » murmura Alnoa.

Il voulait s’effondrer et pleurer après avoir vu combien son travail avait été détruit. Feena tapota légèrement son épaule afin de le réconforter.

« Ne vous inquiétez pas. Au moins, votre cachette secrète n’est pas dans cette pièce, » déclara Feena.

« Ouais, au moins... Attends, comment savez-vous ça !? » S’écria Alnoa.

« C’est un secret, » répondit Feena.

Alnoa s’était demandé un instant si Feena était peut-être la plus dangereuse des deux filles.

« Arg. Espèce de pervers ! » Sharon avait regardé Alnoa depuis l’autre côté de la pièce et avait couvert sa poitrine avec ses bras.

Attendez, comment ai-je fini par être vu comme celui qui a attaqué ?

« Je vois que tout le monde s’amuse. Mais selon Cécilia, dans ce pays, les relations sexuelles illicites avec des princesses étrangères sont un crime passible de la peine de mort, » déclara avec clarté une autre femme.

Alnoa regarda la voix de son sauveur et trouva Lilicia qui lui souriait doucement.

Elle plaisante, n’est-ce pas ? Je l’espère vraiment...

« Lilicia, qu’es-tu... ? » demanda Alnoa.

« Un avis urgent est venu de l’un des avant-postes, » Lilicia avait coupé la parole à Alnoa et avait déclaré le but de sa venue, mais elle s’était arrêtée.

« Hmm... »

« Il s’agit d’une lettre urgente, Votre Majesté ! » annonça Lilicia.

***

Partie 7

La lettre en question était coincée entre ses seins.

Ne met-elle pas en valeur ses seins alors qu’elle fait ça ?

Alnoa avait tranquillement saisi la lettre. En réponse, Lilicia avait produit un gémissement obscène.

Pourquoi a-t-elle agi ainsi ? C’est d’un niveau d’embarras vraiment ridicule.

« Est-ce l’un de vos fétiches, mon chéri ? » demanda la Diva aux cheveux bleus.

« Non, cela ne l’est certainement pas ! » répondit Alnoa.

« Vous forceriez votre femme de chambre à faire quelque chose d’aussi pervers ! Espèce de monstre ! » cria Sharon.

« Pourquoi supposez-vous que j’ai demandé ça ? » demanda Alnoa.

 

☆☆☆

 

Alnoa avait essayé d’ignorer leurs poussées de critiques et de se concentrer sur le contenu de la lettre présent dans ses mains.

Voyons voir...

« Lilicia ! Dis à ma sœur que j’aurai besoin d’elle plus tard, » l’expression d’Alnoa avait changé en un instant. Il avait rapidement donné cet ordre et avait quitté la pièce.

« Très certainement. Je dirai aussi à Jamka de préparer les troupes et les faire immédiatement vous suivre, » répondit Lilicia.

« Lilicia, s’est-il passé quelque chose ? » demanda Sharon.

Lilicia avait ignoré la question de Sharon et avait vu Alnoa partir avec un sourire.

« Al..., » murmura Feena.

Feena regarda tranquillement à travers la fenêtre quand Alnoa quitta le château. Une brise printanière avait soufflé sur son visage et avait guidé sa vision vers le haut. Althos se prélassait sous les doux rayons du soleil. À ce moment-là, le royaume était apparu comme une fière nation, et non comme une puissance mineure.

Alnoa avait relu la lettre du haut de son cheval alors qu’il était au galop. Il ne s’attendait pas à ce que les choses en arrivent là. Un groupe d’anciens citoyens vivant dans les plaines du nord d’Althos avait été attaqué.

Ce doit être eux qui ont fui le pays quand j’ai été couronné.

Il n’était pas surprenant que les personnes abandonnent leur pays en période de troubles. Le Roi-Sorcier avait lui-même construit ce pays, ce qui rendit sa mort particulièrement troublante. Son décès avait réduit Althos au statut de puissance mineure. S’ils perdaient une guerre et devenaient un état vassal, ils auraient eu autant de valeur que des esclaves.

Alnoa ferma les yeux et murmura pour lui-même. « Ils ont peut-être jeté leur pays, mais pour moi, ils sont toujours citoyens d’Athos ! »

Il avait alors ouvert les yeux sur une vaste plaine sans limites. Le soleil doux brillait, enveloppant les plaines devant lui de lumière et le remplissant d’espoir.

Alnoa rêvait d’un monde sans faim, sans vol ni crime, où tout le monde pourrait vivre heureux, même dans les étés les plus chauds et les hivers les plus amers. Et le premier pas vers la réalisation de ce rêve avait été de libérer tous les esclaves. D’un bout à l’autre du pays, ils avaient travaillé jour et nuit pour une once de nourriture. Ils avaient été maltraités et tués selon les caprices de leurs propriétaires.

Je vais changer ce monde pourri.

Après un long voyage à travers les champs verts, des signes de civilisation apparurent.

« Je suis enfin là. Attendez. Non..., » déclara-t-il.

La fumée s’élevait à l’horizon. Il avait entendu dire qu’il n’y avait que quelques centaines de personnes vivant ici, mais il n’en avait pas vraiment l’impression. Bien qu’encore en développement, il s’agissait d’une ville agréable avec des rues bordées de bâtiments en briques. Dans d’autres circonstances, Alnoa aurait été impressionné.

« Qu’est-ce que..., » commença-t-il.

La réalité de la situation l’avait durement frappée, le rendant sans voix. Il était arrivé en retard, et la ville naissante était engloutie par les flammes. Les cris désespérés des habitants de la ville en fuite remplissaient l’air et se fondaient en un seul cri, comme si le village lui-même pleurait. Leur vie ne tenait qu’à un fil.

« Bon sang..., » murmura-t-il.

Des soldats en armures marchaient à travers la ville en feu. La lettre avait fait en sorte qu’Alnoa s’attendait à ce que des bandits ou des mercenaires pillaient le village, mais il avait été naïf. Les soldats portaient des uniformes assortis et se déplaçaient dans un but précis, exécutant clairement les ordres. Il s’agissait d’une armée avec laquelle il avait affaire.

« Attendez, qu’est-ce que c’est !? » s’écria Alnoa.

Un groupe de créatures bizarres était mélangé aux forces ennemies, cela avait attiré l’attention d’Alnoa. Ils étaient à peu près de taille humaine, mais leurs membres étaient longs et en forme de brindilles, et leur tête était enfouie à l’intérieur de leur poitrine. Ils avaient l’air d’être sortis tout droit d’une histoire d’horreur, mais ils avaient aussi une aura emplie de désir et de solitude. Alnoa n’avait jamais rien vu de tel.

Il secoua la tête, essayant d’écarter leur sentiment d’isolement écrasant.

C’est mauvais. Je suis venu ici pour me débarrasser de voleurs. Je n’étais pas prêt à combattre des monstres. Mais je ne peux pas laisser ces hommes et ces femmes aller jusqu’à leur mort. Je ne sais pas si ça va marcher, mais...

Alnoa galopa et se mit à chercher dans son sac à dos. Il sortit une pochette en cuir remplie d’huile et la jeta sur le sol entre l’armée mystérieuse et les habitants des villes en fuite.

« Feu ! » cria-t-il.

La tache d’huile s’était enflammée en raison de ce simple chant. Des fleurs rouges fleurissaient sur les plaines verdoyantes.

« Wôw ! »

Le cheval aguerri d’Alnoa n’avait pas bronché, mais les chevaux des maraudeurs avaient été envoyés dans une frénésie à la simple vue de l’explosion de flammes. Alnoa avait alors tiré sur les rênes de son cheval et s’était tourné vers ses anciens citoyens.

Il leur avait alors déclaré, « L’aide est en route ! Courez vers le sud ! »

Les habitants de la ville s’étaient dirigés vers le sud comme le demandaient ses instructions. Voyant cela, Alnoa avait dégainé son épée courte et avait tourné son attention vers l’ennemi. Mais avant même qu’il puisse se retourner...

*Wham !*

Alnoa frappa durement le sol. Il s’était retrouvé allongé sur le dos, regardant l’une des créatures sans tête présente devant lui et qui venait de l’attaquer.

« Gahh ! »

La douleur n’était venue qu’après avoir réalisé qu’il avait été projeté loin de son cheval par les bras longs et minces de ce monstre.

Alnoa s’était recroquevillé sur le sol en raison de la douleur. Un homme en armure, probablement le commandant du groupe, criait triomphalement. « Excellent ! Capturez-le ! S’il résiste, n’hésitez pas à lui casser un bras ou deux ! »

Tous les soldats du commandant s’étaient précipités vers Alnoa.

« J’appelle..., » Alnoa s’était lentement relevé et avait commencé à chanter en un murmure. Il se permettait même d’afficher un sourire suffisant aux soldats qui l’entouraient, et puis... « Vent ! »

Il avait terminé le chant et avait relâché le sort. Un tourbillon avait émergé d’Alnoa, se transformant rapidement en tempête de sable.

« Argh ! Mes yeux ! Je ne vois rien ! »

« Où cachait-il le catalyseur ? »

Alnoa n’avait pas besoin d’un catalyseur comme une baguette ou un anneau, il n’en avait jamais eu besoin. Il était possible que les pouvoirs du Roi-Démon l’aient permis, ou que le corps d’Alnoa lui-même soit devenu un catalyseur en tant qu’effet secondaire du fait d’avoir accueilli le Roi-Démon. Alnoa ne savait pas. Cependant, sa puissance magique était faible bien qu’il n’avait pas besoin d’un chant. En pratique, cela signifiait que son pouvoir n’était utile que pour les attaques-surprises. Et l’attaque-surprise avait fonctionné cette fois-ci. Les soldats et les créatures étaient bloqués à devoir protéger leurs yeux de la tempête de sable.

« Désolé, mais je n’ai pas le temps pour ça ! » déclara Alnoa.

Ne se souciant pas des apparences, Alnoa s’était éloigné de la scène. Mais un soldat avait été séparé du reste, le commandant. Il avait détecté Alnoa et avait foncé vers lui, la lance à la main.

« Espèce d’enfoiré de tricheur ! Meurs ! » cria le commandant.

Il s’était précipité vers l’avant et avait tenté d’enfoncer sa lance dans le cou d’Alnoa. Alnoa avait évité de justesse l’attaque, au prix de quelques mèches de cheveux. Maintenant que le commandant était déséquilibré, Alnoa l’avait frappé à l’estomac avec le pommeau de son épée.

« Arg ! » cria le commandant.

Ce fut un dur coup que le commandant avait ressenti à travers ses nombreuses couches d’armure et de graisse. L’impact l’avait même fait tomber de son cheval.

« Ne vous inquiétez pas, je ne vous tuerai pas, » annonça Alnoa.

Le commandant était inconscient, couché sur le sol. Alnoa s’était placé au-dessus de lui et tenait son épée au-dessus du cou du commandant.

« C’est assez ! Si vous voulez qu’il vive, lâchez vos armes et libérez les habitants de la ville ! » cria Alnoa.

Leur vue revenant finalement, les soldats avaient tourné leur regard vers Alnoa.

J’espère que ce type n’est pas aussi impopulaire qu’il en a l’air.

Le plan d’Alnoa aurait échoué si les soldats avaient réfléchi rationnellement à la situation, mais...

« Espèce de lâche ! »

Les soldats avaient lâché leurs armes à contrecœur.

Je suppose que ça a marché d’une manière ou d’une autre.

« Ouf, je suis content que tout le monde se soit enfui..., » la déclaration d’Alnoa était restée inachevée, ses mots avaient été remplacés par un afflux de sang sortant dans sa bouche. « Gahh ! »

Une douleur intense rayonnait de son épaule droite, forçant son épée courte à être lâchée par ses mains. Une brindille sortait de son épaule. Il tourna la tête, essayant de trouver la source, et vit au loin l’un des monstres en forme d’arbre, étirant son bras à travers le champ de bataille et à travers son épaule.

« Ce n’est pas juste ! » murmura-t-il. Alnoa avait réussi à faire sortir cette phrase avant de s’effondrer sur ses genoux.

Ayant repris connaissance entre temps, le commandant se leva, brossa ses vêtements, puis cria un nouvel ordre. « D’accord ! Laissez-le aux abominations et continuez avec le plan. Compris ? »

« A-Attends ! » Alnoa avait essayé de se relever et de poursuivre le commandant, mais une autre brindille était arrivée, cette fois en perçant une de ses jambes.

Le commandant avait grogné vers Alnoa et était retourné jusqu’à son unité.

« Attendez ! Je serai votre adversaire ! Laissez ces personnes en dehors de tout ça ! » cria Alnoa.

Immobilisé par les abominations arboricoles, Alnoa était impuissant et il ne pouvait donc pas intervenir.

« Grâce à votre petite farce, le plus gros de ces racailles a réussi à s’échapper, » le commandant plissa son front et s’approcha de nouveau d’Alnoa, cette fois avec un fouet à la main.

« Oh, Dieu merci. Si de toute façon ils ne sont que de la racaille pour vous, alors laissez-les partir et... ah ! » déclara Alnoa.

L’impudence d’Alnoa s’était heurtée à un claquement impitoyable du fouet sur ses joues. La douleur était atroce. C’était comme si tout son corps était en feu.

Le commandant, grassouillet, regarda la douleur d’Alnoa avec plaisir. « Mais nous dépassons toujours notre quota, alors il ne devrait pas y avoir de problèmes. »

Le commandant sourit d’une manière sadique avant de continuer. « L’Armée impériale est heureuse de récupérer n’importe quel homme en bonne santé en tant qu’esclave, mais toi... Les salauds comme toi sont trop insolents pour être des esclaves. »

L’Armée impériale ? Bien, continuez comme ça. Laissez fuir plus d’informations, espèce de cochon bavard !

Alnoa avait penché sa tête pour supporter la douleur et rendre son visage plus difficile à lire pour le commandant. Regardant le sol, Alnoa ne pouvait pas voir les flammes sombres qui brûlaient dans les yeux du commandant.

« Guh ! »

Alnoa avait été envoyé sur le sol avec un coup de pied dans le ventre.

« J’adorerais continuer à jouer avec toi, mais j’ai des endroits où je dois aller. Abominations ! Rejoignez-nous une fois que vous en aurez fini avec ce plaisantin ! » Après avoir donné ses ordres, le commandant et ses cohortes avaient quitté les lieux.

Ils prendront ces civils comme esclaves si je ne me dépêche pas !

Alnoa avait un atout dans sa manche pour cette occasion. Depuis quelque temps, il préparait un mouvement secret, alors même qu’il était sur le sol, se tordant de douleur, cela pouvait marcher. Il avait attendu que les abominations se rapprochent, puis...

***

Partie 8

« Maintenant ! » murmura Alnoa.

Il plaça la paume de la main vers eux et relâcha son sort magique. « Sois banni dans ces flammes ! Boule de feu ! »

La boule de feu était le sort magique le plus puissant dans l’arsenal d’Alnoa. Il aurait dû facilement détruire les monstres arboricole, mais...

« Quoi !? » s’exclama-t-il.

Alnoa s’était contracté sur lui-même, mais non pas à cause de la douleur cette fois-ci, mais en raison de son état de choc. Il était sûr que cela aurait été suffisant pour se débarrasser des monstres, mais la boule de feu n’avait eu aucun effet sur leur corps en forme d’arbre.

« Vous foutez-vous de moi ? » se demanda-t-il.

« Guhuhuhuh ! Gahahaha ! »

L’un des monstres s’était approché de lui et l’avait attaqué. Il n’avait fallu qu’un seul coup pour le faire voler. Brisé au niveau de son esprit et de son corps, il n’avait plus la force de se relever. Il gisait là alors que les branches de l’abomination s’enroulaient autour de lui.

Ahh, alors est-ce comme ça que je vais mourir ?

Alnoa avec son visage encore par terre, regardant le monstre. Une partie de lui était certaine qu’il ne mourait pas. Quel genre de roi mourrait ici ? Comment quelqu’un avec un rêve aussi splendide que le sien pourrait-il périr maintenant ? C’était l’hôte du Roi-Démon. Il ne pouvait pas mourir.

Mais la cruelle réalité de la situation était qu’il ne pouvait pas vaincre un seul de ces monstres arboricoles. Au moment où le désespoir s’installait, un nouvel espoir était arrivé. Avec un bruit sourd, les branches enroulées autour de lui avaient perdu leur adhérence et étaient tombées au sol.

« Vous êtes bien plus fringant que la dernière fois que nous nous sommes rencontrés ! » déclara une voix féminine.

« Sharon ? » demanda Alnoa.

La Diva aux cheveux rouges avait sauté entre Alnoa et le monstre.

« Pourquoi ? » demanda Alnoa.

Alnoa était trop déconcerté pour montrer sa gratitude.

« Pourquoi ? Pas pour vous aider, c’est sûr ! Mais cela aurait été un problème si quelqu’un d’autre vous avait tué à ma place. C’est tout ! » répondit Sharon.

Est-ce vraiment important de savoir qui me tue ?

Alnoa s’était dit que ce serait mieux s’il gardait ses pensées pour lui pour le moment.

« Je suis également là, » La Diva tranquille aux cheveux bleus avait lancé une énorme boule de feu qui avait explosé entre Sharon et le monstre.

« Hé ! Essayez-vous aussi de me faire frire !? » cria Sharon.

« Autant pour moi, » répondit l’autre Diva.

« Dois-je vous couper en deux à la place de ce monstre arboricole !? » s’écria Sharon.

« Maintenant, ça suffit. Vous aurez tout le temps de vous battre une fois que nous aurons fini ici, » une voix familière les avait arrêtées.

« ... Cécilia, tu es aussi là ? » demanda Alnoa.

« Oh, Al. Ne t’ai-je pas dit de ne pas aller trop loin ? » demanda Cécilia.

La gentille voix de sa sœur et son toucher doux et guérisseur avaient presque suffi à endormir Alnoa.

« Je vais vous anéantir ! »

« Comment osez-vous ? Je vais vous transformer en charbon de bois ! »

Mais il avait été rapidement ramené à la réalité par les cris de guerre impitoyables des deux Divas.

« Non... Ne le tuez pas, » cria Alnoa.

Leur cible était le monstre qui tentait de tuer Alnoa il y a quelques instants. Il n’avait pas de raison d’essayer de le sauver, mais son intuition était de leur dire qu’elles ne devraient pas le tuer.

« Huh. Si c’est ce que vous voulez, je le laisserai cette fois-ci vivre, » déclara Sharon.

« Je suis une bonne épouse, alors... J’écouterai la demande de mon mari. Je vais le congeler, » répliqua Feena.

Les deux Divas avaient compris la gravité de la demande d’Alnoa. Ensemble, elles avaient préparé leur prochaine attaque.

« C’est parti ! » Sharon avait chargé, se dirigeant vers le monstre à une vitesse fulgurante avec un large sourire bien visible. « Haahh ! »

Elle avait frappé avec son épée avec force, visant le centre de la créature.

« Attendez, c’est trop puissant ! » cria Alnoa.

Alnoa s’attendait à ce que l’attaque de Sharon sectionne la créature en deux, mais elle avait résisté à l’impact et avait propulsé un peu en arrière.

Bon sang. D’une certaine façon, la solidité de cette créature est impressionnante.

« Boule de glace, » Feena envoya une boule de glace vers le monstre, le gelant en un instant.

Franchement, elles forment une bonne équipe.

« Pensiez-vous vraiment que je le tuerais après que vous m’ayez spécifiquement demandé de ne pas le faire ? » Sharon fronça les sourcils à Alnoa. Elle avait expliqué qu’elle n’avait frappé le monstre qu’avec le plat de la lame. Même une abomination inhumaine n’aurait aucune chance contre l’une des Divas, de jeunes femmes capables d’affronter des centaines de soldats à la fois.

« Alors, Cécilia, que s’est-il passé avec les civils capturés ? » demanda Alnoa.

Cécilia avait répondu à la question d’Alnoa avec un sourire triste. Il n’avait pas réussi à sauver tout le monde. Ce n’était pas la faute de Cécilia ou des princesses, c’était la sienne, et il le savait. C’était naïf de sa part de penser qu’il pouvait tout régler seul.

Sharon s’approcha d’Alnoa et le regarda d’un air renfrogné. « Pourquoi ? Pourquoi risqueriez-vous votre vie pour sauver ceux qui vous ont abandonné, vous et votre pays ? »

Il était facile de se tromper et de penser Sharon cherchait la confrontation, mais Alnoa avait reconnu à quel point elle était sérieuse.

« Ne vous attendiez-vous pas à ce que le réceptacle du Roi-Démon aille sauver ses ex-citoyens... pour sauver les personnes dans le besoin ? » demanda Alnoa.

Alnoa s’était assis avec l’aide de Cécilia et il avait regardé Sharon profondément dans les yeux. Après avoir pris une grande respiration, il avait continué à parler.

« Je veux débarrasser ce monde de toute guerre, » avoua Alnoa.

« Quoi !? » s’écria Sharon.

Elle est plus perplexe que ce à quoi je m’attendais.

« Je ne tuerai personne, et cela même si mon ennemi n’est pas un humain, » continua Alnoa.

Tuer mène à la tristesse, la tristesse mène à la rage, la rage mène à plus de meurtres. Il s’agissait d’un cercle vicieux. Alnoa avait insisté pour y mettre fin et avait ordonné à son armée de ne jamais prendre de vie, peu importe le nombre de personnes qui se moquaient de ses idéaux.

Sharon pouvait se moquer de lui, Feena pouvait dire qu’il était stupide, et elles pouvaient toutes les deux rentrer chez elles, mais Alnoa s’en fichait. Il partagerait son rêve avec n’importe qui. Si l’autre personne refusait de le suivre, alors qu’il en soit ainsi.

« Un Roi-Démon bienveillant, hein ? Ça a l’air plutôt cool..., » Sharon murmura cela et évita le contact visuel, espérant qu’il ne l’entendrait pas.

« Bref, qu’est-ce que ce monstre qui vous a causé tant de problèmes ? J’y allais assez sérieusement, mais il ne semblait pas trop être affecté par ça, » Sharon avait pointé du doigt vers le monstre gelé. Elle pensait que si ce n’était qu’un simple arbre, il aurait été réduit en copeaux par elle.

« Je n’en sais rien. Les soldats impériaux l’ont qualifié d’abomination, » répondit Alnoa.

« L’Armée Impériale ? Une abomination ? » Sharon avait froncé les sourcils lors de la première déclaration et avait incliné la tête lors de la seconde.

Feena se fit entendre avec la réponse à ses questions. « J’ai entendu dire que l’Empire du Nord utilisait des soldats barbares qu’ils appelaient “abominations” pour aider à étendre leur territoire. On disait qu’ils étaient très forts. »

« Attendez, est-ce un soldat impérial ? » Sharon avait pointé son épée vers la créature gelée.

« Hein... ? »

Est-ce que je vois des choses, ou est-ce que le monstre arboricole a un peu frémi quand Feena a dit son nom ?

« Je ne faisais pas que voir des choses. Ce truc n’est toujours pas bloqué ! » déclara Alnoa.

Alors qu’il n’était pas encore totalement guéri, Alnoa avait titubé et avait préparé son arme aussi vite qu’il le pouvait.

« Voulez-vous un autre essai !? » s’écria Sharon.

Sharon avait saisi avec force son épée tout en se mettant en position pour le deuxième round avec le monstre arboricole.

« C’est bon, Al. Je vous protégerai, » déclara Feena en se plaçant devant Alnoa.

Cécilia se leva sans dire un mot avant de se placer à côté d’Alnoa, s’emparant de son fidèle khakkhara. Les quatre individus regardaient les fissures se répandre à travers le corps du monstre gelé. Ce n’était pas du sang, mais une lumière aveuglante qui avait surgi de là. Au moment où ils avaient retrouvé leur vision, l’arbre s’était desséché et avait fait germer un gros cristal.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Alnoa.

Puis le cristal s’était brisé, donnant naissance à un petit enfant qui lui semblait incroyablement fragile. Il y avait une marque d’esclave sur son bras.

« Hé, vas-tu bien !? » s’écria Alnoa, puis il avait boité pour aller jusqu’à lui avant de bercer le garçon dans ses bras.

Même pour un enfant, il est vraiment très léger.

Surpris par le poids si faible de l’enfant, Alnoa était tombé sur le dos. Il avait appelé à l’aide, ne se souciant pas des apparences.

« Il respire encore ! Cécilia ! » cria-t-il.

Cécilia avait étendu le petit garçon et avait immédiatement commencé à chanter un miracle. Feena ne pouvait pas enlever ses yeux de son bras.

« C’est la marque de l’Empire Gaust. C’est un esclave de l’Empire, » déclara Feena.

En entendant l’explication de Feena, Alnoa fut encore plus confus qu’avant.

Leurs soldats ne sont-ils pas suffisants ? Ont-ils vraiment besoin d’amener ces monstres à la chasse à l’homme ?

« Je suis content que vous ne tuiez personne, » murmura Feena.

« Wôw ! »

Le murmure soudain de Feena avait prit de court Alnoa. Il pensait qu’elle était encore à quelques mètres de lui.

« J’utilise un sort qui masque ma présence et ma forme, » murmura Feena.

« Est-ce que cela vaut vraiment la peine d’utiliser une telle magie de haut niveau ? Bref, qu’est-ce que vous voulez ? » demanda Alnoa.

« Je veux juste que vous sachiez que c’est bon. Ça ne me dérange pas, » répondit Feena.

Alnoa n’était pas tout à fait sûr de ce dont parlait Feena.

« Pff, » il avait regardé dans la direction des troupes disparues et avait ruminé contre son impuissance. Il avait presque contracté les poings assez fort pour casser la peau et faire couler le sang.

« Mais Al, êtes-vous sûr ? » demanda Feena.

« À propos de quoi ? » demanda-t-il en retour.

Ses pensées lugubres l’avaient mis dans une humeur sombre. Feena avait été déconcertée par la réaction agitée d’Alnoa pendant un moment avant de continuer.

« Maintenant, l’empire va tout découvrir à propos de nous, » répondit Feena.

« Oh. C’est vrai..., » répondit-il.

L’Empire Gaust était situé au nord d’Althos. Il s’agissait d’un vaste royaume qui abritait la plus grande armée du continent. Son empereur précédent, Meldis l’empereur d’Ashen, ne l’avait pas beaucoup développé et avait gaspillé les ressources du pays.

Leur empereur actuel était monté sur le trône à peu près en même temps que l’ascension d’Alnoa. Sa première action avait été d’envahir leur voisin le plus faible et de les annexer totalement. Gaust avait fait exécuter leur famille royale et toute la caste de nobles, et les rumeurs disaient qu’ils avaient réduit en esclavage toute la population.

« C’est vrai. Ils pourraient nous voir comme une menace s’ils savent que nous hébergeons actuellement trois Divas, » déclara-t-il.

Malgré cela, Alnoa n’avait pas la moindre hésitation dans les yeux. Il savait qu’Althos n’avait aucune chance si Gaust envahissait maintenant. Mais il savait aussi qu’ils étaient incapables de frapper immédiatement. Il n’était pas facile pour une armée d’atteindre Althos. L’Empire Gaust n’avait que trois voies d’invasion.

L’une d’entre elles traversait la forêt qui borde Althos et Freiya, mais pour la traverser avec une force d’invasion importante, il faudrait d’abord la brûler jusqu’au sol. Freiya interviendrait sûrement pour empêcher que cela se produise. Même l’Empire Gaust ne pourrait pas faire la guerre à deux pays à la fois.

Un autre itinéraire serait Labona, une ville libre située entre Althos et l’Empire. Il s’agissait d’une ville gouvernée par des marchands qui préféraient la neutralité à la prise de position, l’Empire aurait à proposer une offre extrêmement généreuse pour les faire bouger.

La dernière route possible serait Esanthel, le voisin du nord-ouest d’Althos, gouverné par la Diva de Vira, le rasa de l’envie. Mais les relations de l’Empire avec Esanthel étaient mauvaises et l’armée d’Esanthel était dite extrêmement solide.

Négocier des alliances ou conquérir les personnages contrôlants ces routes prendrait beaucoup de temps.

« De toute façon, nous n’avons pas à nous soucier d’eux pour l’instant. Concentrons-nous sur le problème actuel, » déclara Alnoa.

Alnoa avait mis de côté son épuisement et avait regardé l’esclave qui respirait à peine.

« Un esclave impérial... Qu’est-ce qu’ils planifient ? » demanda-t-il.

Alnoa se tourna vers Feena, mais elle était à nouveau partie.

« Feena ? » l’appela-t-il, mais sans réponse.

Il l’avait finalement repérée alors qu’elle était en train de ramasser les éclats du cristal.

« Je veux me pencher là-dessus. » Puis, Feena avait continué à les collectionner en silence.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Sharon.

Sharon avait rejoint Feena et l’avait aidée à ramasser les morceaux de cristal, peut-être parce qu’elle avait fait l’expérience directe de la puissance du monstre.

« Je ne peux pas le dire avant d’y avoir jeté un coup d’œil, mais... Il faut des esclaves, comme des expériences humaines... Utilise leur pouvoir magique... L’amplifier..., » les pensées disjointes de Feena faisaient apparaître la raison pour laquelle l’Empire traitait ses esclaves comme ils l’avaient fait.

 

☆☆☆

 

« Hmmm, il y a trois Divas se trouvant en Althos ? Et elles ont vaincu une abomination sans difficulté ? »

Dans une pièce pavée de pierre et ne contenant qu’un bureau et une chaise, un jeune homme aux yeux féroces écoutait le rapport de son subordonné.

Il s’agissait de Gil. Il s’était battu dans les arènes comme esclave afin de trouver une place dans l’Armée Impériale. Il avait gravi les échelons pour devenir commandant en chef. Et maintenant, il naviguait dans le paysage politique pour devenir le chef de fait de l’Empire, du moins selon les rumeurs.

Une fille vêtue d’une tenue de servante, disant être sa sœur, suivait Gil partout où il allait.

« Gil, comment riposter contre Althos ? Dois-je envoyer une armée ? » demanda la femme.

« Laisse-les, c’est tout. Ce n’est pas le moment de s’occuper d’eux, » répondit Gil.

Gil s’était tourné vers un soldat dans la pièce.

« Nous devons nous hâter avec nos plans actuels, » déclara Gil.

« Oui, Sire ! » Le soldat s’inclina avec respect puis il s’en alla rapidement.

« Gil..., » murmura la jeune femme.

Après avoir confirmé qu’ils étaient seuls, la jeune fille enlaça tranquillement Gil par-derrière.

« Ne t’inquiète pas, Eleanor. J’ai prévu quelque chose pour Althos. Et j’ai autre chose à te demander. Quelque chose que toi seule peux faire. Veux-tu bien faire ça pour moi ? » demanda Gil.

Gil la regarda avec douceur et posa ses mains sur les siennes. Son regard tranchant se détendit un peu.

« Oui, Gil ! » répondit-elle. Un léger rougissement était apparu sur les belles joues d’Eleanor. Elle s’accorda encore quelques instants de la chaleur réconfortante de Gil puis elle quitta la pièce, le laissant seul.

« Le roi d’Althos, hein ? Je vois, je vois..., » il murmura dans la chambre vide. Il affichait une expression complexe, une expression qui aurait pu être soit heureuse ou triste.

***

Chapitre 2 : Le Visiteur

Partie 1

Au moment où Alnoa était retourné au château, il s’était immédiatement dirigé vers le bureau de son père. Il y avait trouvé tous les livres qu’il pouvait sur le Déferlement Céleste et sur les abominations, puis il avait passé toute la nuit à les étudier dans son propre bureau.

« Pfff ! »

Mais il n’avait pas trouvé de pistes. Il s’était étiré, et ses articulations avaient craqué après être restées dans la même position pendant des heures.

« Arg..., je suis crevé, » murmura-t-il pour lui-même.

Il regarda autour de lui, se frottant les yeux endormis. Les nuits à Althos étaient étonnamment froides, et cela même au printemps. Le feu bien actif qui brûlait dans la cheminée de la pièce était tout ce qui maintenait Alnoa à l’abri du froid. Alors qu’Alnoa était sur le point de s’endormir en regardant les flammes danser, un léger coup sur la porte l’avait réveillé.

« Roi Al, es-tu réveillé ? Oh, as-tu travaillé toute la nuit ? » Lilicia était entrée dans la pièce.

« J’ai un peu dormi..., environ 30 minutes dans mon lit près du feu, » Alnoa répondit distraitement, espérant que Lilicia pourrait saisir l’essentiel de la situation par elle-même.

« Au fait, m’as-tu obtenu les documents supplémentaires que je t’ai demandés ? » demanda Alnoa.

L’expression de Lilicia s’était immédiatement transformée pour ainsi afficher le visage quand elle travaillait sérieusement. Alnoa n’arrivait pas à la quitter des yeux quand elle se rapprochait de plus en plus de lui. Son décolleté avait été clairement mis en valeur et ses cuisses bien charnues étaient apparues sous sa jupe. Il réalisait maintenant à quel point l’uniforme de femme de ménage pouvait être révélateur lorsqu’il était porté de la bonne façon.

Pourquoi ?

En voyant Alnoa abasourdi, Lilicia s’était mise à sourire.

« J’ai pensé que je pourrais présenter à tes yeux quelque chose d’agréable afin de te changer les idées. Je suis également venue t’informer que ton petit-déjeuner est prêt, mais je suppose que tu préfères dormir un peu, non ? » demanda Lilicia.

J’apprécie vraiment la pensée, Lilicia, mais...

Ignorant la perplexité d’Alnoa, Lilicia s’était glissée toute joyeuse dans le lit d’Alnoa.

Pourquoi ?

Alnoa avait affiché un regard confus vers Lilicia, mais elle n’y avait pas prêté attention. À la place, elle lui avait renvoyé un sourire séducteur.

« Lilicia, je ne suis plus un enfant. Je n’ai pas peur des orages, et je peux dormir seul. De plus, tes vêtements vont empester la fumée si tu dors ici ! » déclara Alnoa.

« Hein ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Viens, je vais te chanter une berceuse, comme au bon vieux temps ! Allez, juste cette fois, d’accord ? » demanda Lilicia.

« Je n’ai pas besoin d’être bercé pour pouvoir dormir ! » répondit-il.

Pourquoi est-ce qu’elle rend ça si suggestif ?

Lilicia faisait la moue comme une petite enfant. Cette manière d’agir avait aidé à remettre l’esprit d’Alnoa sur la bonne voie. Il était dans une position très délicate. D’une part, le roi dormant avec sa servante dans sa chambre royale serait un délit hautement scandaleux qui pourrait entraîner une décapitation si cela était découvert. D’autre part, Lilicia s’occupait de lui depuis qu’il était petit. Elle était comme une seconde mère pour lui. Alnoa ne voulait pas la blesser.

Ma sœur a également fait beaucoup de blagues peu drôles ces derniers temps.

En pensant à ce dilemme, elle avait poussé le front d’Alnoa avec son doigt.

« Quel est le problème ? Tu auras des rides si tu continues à te plisser les sourcils comme ça. Ne t’inquiète pas, je suis ta loyale servante. Ton souhait est un ordre pour moi, Roi Al, » déclara Lilicia.

Lilicia souleva la couverture et tapota le lit, invitant Alnoa à venir la rejoindre.

« Lilicia, je ne suis plus un enfant. Même pour plaisanter, coucher ensemble, ce serait allé trop loin, » déclara Alnoa.

« Oh, ne t’inquiète pas de ça. Quoi qu’il se passe entre nous, cela restera entre nous, » déclara Lilicia.

Lilicia posa son index sur ses lèvres et sourit.

« Non, je ne peux pas le faire ! » répliqua Alnoa. Il avait résisté à la douce invitation de Lilicia en secouant la tête.

« Oh... Eh bien, tu devrais au moins prendre un petit-déjeuner ! Tout le monde attend dans la salle à manger, » déclara-t-elle.

Comme si son temps pour l’amusement s’était terminé, Lilicia sauta énergiquement du lit et se tint tranquillement à côté de la porte.

Franchement. C’est impossible de dire ce qui est une blague et ce qui ne l’est pas avec elle. Peut-être qu’elle ne me voit pas comme un adulte vu qu’elle s’occupe de moi depuis que je suis enfant ?

Lilicia poussa un soupir de déception. « Roi Al. Même si tu n’as pas trouvé ce que tu cherchais hier soir, je suis sûre que tu l’apprendras bientôt. »

Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ?

« Oui, merci. » Il répondit sans y réfléchir et la suivit jusqu’à la salle à manger.

« Mademoiselle Lilicia ! » En chemin, une autre femme de chambre se précipita vers Lilicia et lui chuchota quelque chose à l’oreille.

« Votre Majesté, je m’excuse sincèrement de vous déranger avant le petit-déjeuner, mais il semble que nous avons un invité qui aimerait vous voir, » annonça Lilicia sur un ton inhabituellement formel.

« Et ? Que veut-il ? » demanda Alnoa.

Lilicia était sur le point de répondre, mais leur conversation fut interrompue avec un minutage impeccable. Les deux Divas s’étaient rapprochées par derrière Lilicia.

« Bonjour, Al. Vous souvenez-vous quand vous nous avez promis de nous dire tout ce qu’il y a à savoir sur ce pays ? » demanda Sharon en souriant.

« Non, eh bien, bon, » l’objection d’Alnoa avait été de courte durée. Il avait vite abandonné et avait poussé un soupir vaincu. « Je vais vous dire tout ce que vous voulez savoir, mais il y aura une condition. Vous devez vous asseoir et vous comporter correctement pendant toute la discussion. J’espère que vous êtes prête à apprendre mes secrets les plus sombres ! »

« ... C’est d’accord. Garder les secrets de son mari est le devoir d’une bonne épouse, » déclara Feena.

« C’est exact ! Et la moindre information sur mon ennemi sera utile quand j’essaierai de le tuer ! » déclara Sharon.

Pourquoi n’êtes-vous d’accord l’une avec l’autre que pour ce genre de choses ?

Une fois les arrangements faits, Alnoa s’était dirigé vers la porte arrière du château.

« Alors, avez-vous dit que nous avions un invité ? » chuchota Alnoa.

Lilicia avait répondu à la question chuchotée d’Alnoa avec une expression inquiète. « Oui. Qu’aimeriez-vous faire avec lui ? »

« Pourquoi parlez-vous à voix basse ? Ne voulez-vous pas qu’on l’entende ? » demanda Sharon, complètement inconsciente de leur conversation. « Ou alors, cela serait-il mal si quelqu’un l’entendait ? Wôw, je ne pensais pas que vous pourriez être si attentionné, Al ! »

« Je ne veux pas entendre ça de votre bouche ! » Alnoa avait lâché ça sur la remarque sarcastique de Sharon.

« Le Roi Alnoa est une personne très attentionnée. De plus, notre invité actuel est un marchand d’esclaves. La plupart des personnes qui travaillent ici sont des esclaves libérés, donc ce ne serait pas une bonne idée de leur faire savoir que nous avons un marchand d’esclaves dans le château. »

Alnoa avait reçu de l’aide d’une source inattendue, alors que Lilicia avait expliqué la situation aux autres d’une voix claire, mais calme.

Elle était calme, mais elle aurait vraiment dû le chuchoter.

Ses efforts avaient été insuffisants, les membres du personnel à proximité l’avaient très clairement entendue. Ils avaient immédiatement arrêté ce qu’ils faisaient et avaient froncé les sourcils. Entendre cette explication arrêta même Sharon qui le suivait jusqu’à maintenant, et Feena regarda Alnoa en étant étonnée.

Leurs réactions étaient tout à fait naturelles. Un marchand d’esclaves était celui qui achetait et vendait d’autres êtres humains. Les marchands d’armes étaient parfois appelés trafiquants de morts, mais ce titre était beaucoup plus approprié pour les marchands d’esclaves. Il y avait probablement des esclaves présents ici qui avaient été séparés de leur famille et traités comme du bétail par un marchand d’esclaves. Ils avaient été achetés, puis on leur avait posé des colliers et ils avaient fini enchaînés, avant d’être vendu aux enchères.

Dans cette atmosphère pesante, la voix maladroite, mais claire d’Alnoa résonna dans le couloir. « Oh, allez, vous tous ! Depuis combien d’années travailliez-vous maintenant ici ? Combien de temps allez-vous laisser le mot “esclave” vous contrôler ? »

« Roi Alnoa, nous ne sommes pas liés par ce mot. En tant qu’anciens esclaves, nous y faisons face de front, » l’un des membres du personnel à proximité avait donné au roi une réponse digne, ce qui avait fait éclater de rire tout le monde présent autour de lui.

J’avais tort. Je n’avais pas besoin de m’inquiéter pour eux, car l’esprit humain est fort. Ils vivent déjà des vies épanouissantes en tant que citoyens libres d’Althos. Mais peut-être qu’ils sourient un peu trop...

Alnoa les regarda joyeusement et leur montra un sourire exagéré et rassurant. « Je vois. Je suis content de l’entendre ! »

Après avoir fini leur conversation dans le couloir, ils s’étaient dirigés vers la porte arrière du château. De l’autre côté se trouvait un grand espace dégagé utilisé comme terrain d’entraînement pour leurs troupes. En raison des ordres d’Alnoa, elle avait été largement vidée de ses occupants habituels. Seule une poignée de gardes avaient été autorisés à rester dans la zone.

Une poignée de charrettes étaient garées sur le côté de la porte pour ne pas se démarquer.

« Oh, Votre Majesté, quel magnifique accueil ! » Un vieil homme maigre de petite taille et, flanqué de ses gardes, était apparu de derrière les chariots et s’était incliné devant Alnoa. Il s’agissait de Bouzen, le célèbre marchand d’esclaves de la ville marchande indépendante de Labona. Alnoa n’avait pas une très haute opinion de l’homme. La rumeur disait qu’un jour, il avait vendu ses propres frères et sœurs pour engraisser ses poches.

Il s’agissait d’une rumeur qu’Alnoa ne pouvait pas corroborer, mais cela lui importait peu. Alors même qu’ils échangeaient des salutations, le vieil homme regardait Sharon et Feena, considérant clairement quel genre de prix il pouvait obtenir pour eux sur le marché aux esclaves. Il s’agissait de l’une des pires ordures qu’on espérait ne jamais avoir le malheur de rencontrer. Mais il était difficile pour Alnoa de nier son utilité. Peu de marchands traiteraient avec un royaume appauvri comme Althos.

« Elles étaient juste curieuses, alors elles ont suivi. Bref, désolé de vous avoir appelé si vite, Bouzen. Je veux parler de quelque chose avant de passer aux choses sérieuses, » déclara Alnoa.

Alnoa avait forcé un sourire avant de s’avancer vers lui pour empêcher Bouzen de regarder les filles. Bien sûr, Alnoa ne pouvait pas lui dire qu’il s’agissait de Divas de pays voisins.

« Bien sûr, bien sûr. Votre Majesté est un client précieux, donc je suis prêt à vous écouter, » Bouzen avait dirigé son sourire effrayant vers Alnoa. Il semblait se soucier plus des affaires que des filles.

« Un client de valeur ? » Sharon lâcha un murmure d’inquiétude depuis derrière Alnoa, mais Alnoa n’avait pas eu le temps de lui répondre.

Bouzen affichait maintenant son sourire jauni et pourri, rendant difficile le fait de dire s’il avait entendu Sharon ou non.

***

Partie 2

« J’ai donc entendu dire que l’Empire maltraite ses esclaves..., » déclara Alnoa.

Je ne peux pas faire confiance à cet homme, alors je ferai de mon mieux pour partager le moins possible.

« Hmm ? Et alors ? » avait répondu le marchand d’esclaves avec le même sourire.

C’était rare de trouver quelqu’un avec un sourire aussi désagréable.

« Je sais que ce sont des esclaves, mais ne vous sentez-vous pas mal quand vos marchandises sont traitées comme des déchets ? » demanda Alnoa.

« ... » le marchand n’avait rien dit.

« Alors je me demandais si vous envisageriez de couper les liens avec..., » commença Alnoa.

« Dois-je considérer cela comme une ingérence dans les affaires gouvernementales de Labona, Votre Majesté ? » demanda Bouzen avec une lueur dans les yeux.

« N-Non, j’étais juste..., » Alnoa avait bégayé, déconcerté par le changement soudain de personnalité de Bouzen.

« Nous ne sommes que des marchands, Votre Majesté. Un commerçant présente son produit au client le jour désigné, pour le montant désiré. C’est notre raison d’être, et nous en sommes fiers, » répliqua Bouzen.

« Arg..., » grogna Alnoa.

Bouzen, marchand astucieux comme il l’était, continua sans donner la chance à Alnoa de réagir.

« Si Votre Majesté essayait de nous influencer avec votre puissance militaire derrière vous, alors je suis sûr que les marchands de Labona, aussi fiers que nous le sommes, cesseraient de commercer avec le royaume de Votre Majesté, » annonça Bouzen.

« ... »

Alnoa avait réalisé sa naïveté. Même les marchands d’esclaves avaient leurs propres moyens de subsistance et leur fierté à protéger. Bouzen l’avait eu à la loyale.

« Honnêtement, tant que mes clients paient pour mes biens, quoi qu’il leur arrive par la suite, cela ne me concerne pas, » continua Bouzen.

J’ai été idiot de penser que je pourrais discuter face à l’avidité de cet homme.

« D’accord, terminons notre discussion et passons aux affaires. Montrez-moi vos marchandises. » Alnoa se sentait mal d’utiliser le mot marchandise, mais il n’avait pas d’autre choix.

« Mes excuses pour avoir parlé avant tant de force. Votre Majesté est un client de valeur qui paie un bon prix pour des marchandises dont on se débarrasserait autrement, » déclara Bouzen.

Tout en gardant son sourire effrayant, il avait fait signe aux deux hommes de main se tenant dans son dos. Ils étaient allés à l’arrière des chariots et avaient fait sortir ce que nous avions appelé des marchandises.

« Esclaves..., » murmura Sharon.

Les Divas savaient qu’il s’agissait d’esclaves, mais le fait de les voir en personne leur avait causé un choc. Sharon était horrifiée par leur apparence.

« C’est horrible, » déclara Sharon.

Même les yeux de Feena, habituellement sans expression, montraient un soupçon d’inconfort. Je suppose que voir des esclaves de première main est un peu trop pour eux.

Les hommes de main avaient sorti les esclaves de la charrette par leurs chaînes et les avaient alignés devant Alnoa. Avec des colliers en fer serrés autour de leur cou et leurs membres enchaînés ensemble, ils avaient été dépouillés de toute dignité humaine.

Alnoa s’intéressait surtout aux esclaves dans les pires conditions possible. Ils étaient tous sous-alimentés et couverts d’égratignures et de bleus, et même quelques-uns avaient du mal à se tenir debout.

« Votre Majesté achète toujours les esclaves les plus inutiles... Contrairement à l’Empire, » déclara Bouzen.

Bouzen avait affiché un rire sinistre, laissant entendre qu’il avait compris pourquoi Alnoa était si curieux en ce qui concernait les esclaves. Alnoa avait esquivé son regard et lui avait tendu un sac rempli de pièces d’or.

« J’ai reçu des revenus supplémentaires dernièrement, alors excusez-moi si cela prend un certain temps, mais j’aimerais acheter autant d’esclaves que possible, » déclara Alnoa avant de montrer à Bouzen une pile de biens pillés par l’armée freiyane il y a quelques jours.

« Hoho ! Eh bien, regardez ça... Je ferais mieux de compter, » déclara Bouzen puis il commença joyeusement à estimer la valeur du butin.

« Hé, Alnoa. Si vous prévoyez de les traiter de la même façon que l’Empire traite leurs esclaves, je ne vous le pardonnerai jamais ! » Sharon avait fait de son mieux pour apaiser sa rage et pour baisser le ton de sa voix devant le marchand d’esclaves.

« En tant qu’épouse, je ne resterai pas assise toute la journée sans jamais lever le petit doigt vis-à-vis de ça, » Feena dirigea son regard glacial vers un Alnoa encore célibataire.

« N’avez-vous pas fait attention à ce que Lilicia a dit ? Ce sont nos futurs citoyens. Pourquoi transformerais-je mon propre peuple en abominations sans raison ? » répondit Alnoa.

« Mais ils sont..., » murmura Sharon.

Sharon regarda les esclaves en étant confuse. Elle avait peut-être la langue bien pendue, mais elle n’était pas assez stupide pour creuser sa propre tombe.

« Ne vous inquiétez pas. On va les soigner. Nous avons quelque chose de mieux que les médecins pour cela, » déclara Alnoa.

« Quelque chose de mieux ? » demanda Sharon.

La rage des filles s’était peu à peu refroidie face à leur perplexité.

Bouzen s’était approché du groupe avec un sourire étrange.

« Ah, vous avez un bon butin, si je peux le dire. Je peux vous offrir ceci, » déclara Bouzen en affichant trois de ses doigts maigres, en forme de brindilles.

« Trois cents pièces, hein ? C’est une assez bonne somme, » Alnoa avait croisé les bras comme s’il envisageait son offre pendant une seconde, mais il avait déjà décidé qu’il s’agissait d’un commerce équitable.

« Notre armure valait bien plus que ça ! » La Diva aux cheveux rouges criait derrière eux, mais elle avait été tout simplement ignorée.

« Alors, combien pourrais-je en avoir ? » demanda Alnoa.

Alnoa avait déjà acheté l’une des charrettes d’esclaves — les vingt soi-disant esclaves inutiles.

J’aimerais avoir autant d’esclaves que possible, peut-être les deux charrettes. Même si ce n’est peut-être pas possible. Je vais voir ce que je peux faire.

« Voyons voir, si je soustrais les frais de manutention et autres, je pense que Votre Majesté pourrait obtenir environ... dix esclaves de plus, » déclara Bouzen

« Quoi !? » Alnoa avait été surpris par le nombre étonnamment bas. « Hé, attendez un peu ! Je devrais pouvoir obtenir plus que ça pour cet argent ! »

Bouzen fixa froidement un Alnoa s’enflammant avant de lui dire. « Non, vous voyez, certains esclaves sont en route pour l’entraînement. Et ce chariot se dirige vers l’Empire. »

Alnoa avait fait claquer sa langue en réalisant les erreurs qu’il avait faites. Après la demande bâclée d’Alnoa, Bouzen avait compris pourquoi Alnoa demandait cela et avait augmenté ses prix. Bouzen le regarda avec un large sourire sur son visage.

Merde, je suis sur le point de perdre ! Je veux mettre ce crétin à plat sur son cul ! Il joue avec des vies humaines !

Alnoa ferma les yeux et prit une grande respiration.

Je ne peux pas pardonner ça !

Il avait serré sa main en un poing, avait choisi le bon moment, et...

« Quoi !? » s’exclama-t-il.

Quelque chose de froid avait touché le poing fermé d’Alnoa.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il.

La Diva aux cheveux bleus essayait de lui donner quelque chose.

« Utilisez ceci, » déclara Feena.

En jetant un coup d’œil à son offrande, le sang en ébullition d’Alnoa s’était refroidi en une seconde. Il tenait maintenant un magnifique collier incrusté de cristaux magiques bleus — le collier qu’elle portait toujours.

« C’est impossible. Pourquoi offrir ça ? Ils ne sont rien pour vous, » déclara Alnoa.

Il ne comprenait pas pourquoi elle allait si loin. Elle n’avait jamais été vue sans ce collier depuis son arrivée. Il aurait dû avoir beaucoup plus de valeur pour elle, selon l’estimation d’Alnoa.

« Hm ? » Feena n’avait pas compris la confusion d’Alnoa. « Mais j’ai lu qu’il s’agit du travail d’une bonne épouse de soutenir sa marionnette... Je veux dire, son mari depuis l’ombre. »

« Euh, est-ce vrai ? » demanda Alnoa.

« Cela l’est, » Feena acquiesça d’un signe de tête confiant. Ses yeux débordaient de détermination.

Je suppose qu’elle ne peut pas fermer les yeux et ignorer ces esclaves. Feena, je vous rembourserai d’une façon ou d’une autre.

« D’accord. Merci, Feena, » déclara Alnoa.

Alnoa avait suspendu le collier coûteux devant Bouzen sans expliquer ce que c’était.

« Avec ça, je devrais avoir assez pour acheter deux chariots. »

N’étant plus furieux, Alnoa avait fièrement donné le collier au marchand d’esclaves.

« Ooh, laissez-moi voir ! » déclara Bouzen.

Bouzen avait pris le collier, avait sorti ses lunettes vieillissantes de l’une de ses poches et avait commencé à évaluer l’article.

« Huh. Malheureusement, la monture est assez ancienne et il y a des rayures. Même avec cela, un chariot et demi est le meilleur que je puisse offrir, » déclara Bouzen.

Ce fils de...

La colère d’Alnoa s’enflamma à nouveau rapidement.

« Alors, utilisez aussi ça, » mais avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, une main élégante tenant un ornement de cheveux en argent apparut devant lui.

« Oh ! » s’exclama Alnoa.

« C’est un ornement en argent de Freiya. C’est de l’argent de haute qualité, et le meilleur artisan du pays l’a fait. Si vous jouez bien vos cartes, il pourrait vous acheter un manoir entier ! » déclara Sharon.

Selon ce que Sharon avait dit, son ornement valait à peu près la même chose ou même plus que le collier de Feena.

« Êtes-vous sûre ? » demanda Alnoa.

Alnoa avait été déconcerté par sa décision. C’était assez surprenant que Feena offre son aide, mais Sharon avait encore moins à gagner.

En raison de la situation, Alnoa était comme ces esclaves qui n’étaient pas habitués à la gentillesse. Il ne pouvait que s’étonner de l’attitude de Sharon.

« Quel est le problème !? » Sharon avait rompu le contact visuel en raison de son embarras alors qu’elle demandait ça.

« Pourquoi voudriez-vous... ? » commença Alnoa. Il n’arrivait pas à comprendre ce que cela voulait dire. Il était déconcerté.

« C’est très bien ainsi. En premier lieu, ce n’était qu’un cadeau... Alors, prenez-le, c’est tout ! » déclara Sharon.

Incapable de supporter son regard plus longtemps, Sharon avait placé l’ornement dans ses mains.

« Alors ? Si cet ornement ne suffit pas, je le vends à un autre marchand et j’achète des esclaves avec cet argent. J’ai le sentiment que je pourrais en tirer beaucoup plus de cette façon. » Sharon avait repris les négociations et avait fait pression sur le marchand.

Alnoa ne savait pas si elle bluffait ou non, mais il était difficile de nier la conviction présente dans ses yeux.

« Uhh..., » Bouzen semblait ressentir la même chose. Il n’était pas aussi arrogant qu’il y a quelques instants.

« Vous marchandez durement, » Bouzen avait regardé entre Sharon et l’ornement pendant un moment, mais avait fini par céder. « D’accord. C’est plus que suffisant. »

Les yeux de Sharon s’illuminèrent devant la main agitée de Bouzen.

« Vous avez raison. C’est plus que suffisant. Ce qui signifie que nous pouvons soustraire l’équipement offert au départ, n’est-ce pas ? » proposa Sharon sur un ton empli de force.

Sharon avait proposé un marché vraiment agressif, mais après avoir changé ses yeux entre elle et le collier et l’ornement dans ses mains, Bouzen avait finalement cédé. « Très bien. Vous avez gagné. » Le vétéran chevronné avait cédé. « Pour cette fois-ci, c’est moi qui perds. »

Il avait rapidement signé des documents, en grognant pendant tout ce temps. Mais malgré toutes ses plaintes, il était rentré chez lui avec le sourire aux lèvres. Il était certain qu’il faisait encore un profit admirable.

« Merci, Feena, Sharon. Vous avez toutes les deux été d’une grande aide. » Alnoa s’inclina devant les deux Divas.

« Merci. Mais j’ai fait ce que toute bonne épouse ferait, » répondit Feena en mettant en valeur sa modeste poitrine.

« Ce n’est pas comme si je l’avais fait pour vous ! Je ne voulais pas que ces esclaves soient vendus à l’Empire et transformés en abominations ! » répliqua Sharon en détournant la tête pour ne pas voir Alnoa.

Cela aurait normalement blessé Alnoa, mais il était déjà habitué à ce comportement.

« Oui, je sais. Mais, quand même. Merci, » il s’était incliné une nouvelle fois devant les filles.

« Oh, je vois que votre rencontre avec lui s’est bien passée, » déclara une nouvelle arrivante.

***

Partie 3

« Oh, je vois que ta rencontre avec lui s’est bien déroulée, » déclara Cécilia.

Cécilia et plusieurs de ses collègues membres du clergé étaient arrivés à la porte, portant une grande quantité de médicaments et de bandages. Ils s’étaient rapidement mis à travailler en commençant par détacher les esclaves libérés et en les divisant en groupes en fonction de leurs blessures et de leurs maladies. Bien sûr, Alnoa avait aussi aidé. Sharon et Feena s’étaient toutes deux montrées hésitantes quant à savoir quoi faire.

« Ah, donc c’est le “quelque chose de mieux que les médecins” dont vous avez parlé ? » Sharon jeta un coup d’œil vers eux, cherchant une confirmation de ça.

« Oui. Cécilia est une prêtresse et Diva qui se spécialise dans la magie sainte, » répondit Alnoa.

Épuisé de sa rencontre avec le trafiquant d’esclaves effrayant, Alnoa murmura distraitement tandis qu’il regardait sa sœur aider les esclaves libérés. « Bien qu’elle ne soit membre de l’église qu’à cause de moi. »

L’épuisement d’Alnoa l’avait amené à divulguer plus d’informations qu’il n’aurait dues, ce que Sharon et Feena avaient immédiatement compris.

« À cause de vous ? » demanda Sharon.

« Une marionnette doit tout raconter à sa femme, » déclara Feena.

Vraiment ? Dois-je le faire ?

Il ne savait pas si c’était une bonne idée de leur dire la vérité, mais comme elles l’avaient aidé avec Bouzen, il avait décidé de parler.

« Après le décès de mon père, le pays s’est divisé en deux parties avec la menace d’une guerre civile imminente. Les ministres et les officiers militaires voulaient que la Diva du pays, ma sœur, hérite du trône, mais il y avait des personnes qui s’opposaient fortement à cette idée. »

Bien qu’environ quatre-vingt-dix pour cent de la puissance militaire était du côté de ma sœur, principalement à cause de ses prouesses au combat, de sorte que la faction adverse n’avait jamais vraiment eu une chance.

« À ce moment-là, j’envisageais sérieusement de quitter le pays, quand ma sœur a déclaré devant tout le monde qu’elle abdiquait du trône et qu’elle rejoindrait l’église, » continua Alnoa.

Son sourire avait totalement disparu de son visage alors qu’il regardait sa sœur guérir affectueusement les esclaves libérés. Il était facile d’imaginer à quel point elle aurait été une bonne reine si son amour pour son frère ne l’avait pas gênée.

« Ses paroles de l’époque m’accompagnent encore aujourd’hui. Elle m’avait dit : “Peut-être que cela finira par être une grosse erreur, mais je crois en toi. Même si les ministres et les nobles ne te comprennent pas maintenant, j’espère qu’un jour ton rêve deviendra aussi leur rêve. N’écoute pas ce que les autres disent de toi. Continue et n’oublie pas... ‘Je serai toujours à tes côtés’.” Franchement, si nous n’étions pas frères et sœurs, je serais certainement tombé amoureux d’elle, » déclara Alnoa.

Sharon et Feena l’avaient regardé, perplexes, bien que leurs regards ne puissent jamais entamer la fierté qu’il avait pour sa sœur.

« Quoi qu’il en soit, elle n’est vraiment une prêtresse que de nom, elle n’étudie pas avec eux et elle ne fait aucune autre action avec eux. Elle est toujours au château à faire ce qu’elle veut. Son projet actuel est une proposition de loi qui permettrait à quiconque de se marier avec quelqu’un d’autre, qu’il s’agisse d’un paysan et d’un membre de la famille royale, d’un frère et d’une sœur ou d’un parent et d’un enfant. »

« Est-ce... normal ? » Sharon, qui avait écouté tranquillement jusque-là, avait posé une question ambiguë, bien qu’il n’avait pas été difficile pour Alnoa de comprendre à quoi elle faisait référence.

On s’attendait à ce que les prêtres et les prêtresses mènent des vies régimentaires dépourvues de tout vice afin d’apprendre leurs saintes magies — une forme de magie bien différente de la sorcellerie, où l’accent était plutôt mis sur la guérison.

« Probablement pas. Cependant, ils ne sont pas très stricts avec ma sœur, » répondit-il.

Alnoa avait fait un sourire ironique en voyant l’ironie présente dans sa propre déclaration.

« Eh bien, il faudra un certain temps pour qu’ils se rétablissent complètement, donc ils sont encore faibles, mais il n’y a pas eu de problèmes majeurs, » déclara Cécilia.

Ayant fini de guérir tout le monde, Cécilia était arrivée au milieu de leur joyeuse conversation. Elle parlait sur un ton léger, mais un peu de sueur s’était formée sur son front et l’utilisation d’une grande quantité de pouvoir magique l’avait énormément affectée.

« Merci pour ton dur labeur, Cécilia, » déclara Alnoa.

La conversation précédente étant toujours dans sa tête, il s’inclinait devant elle.

« Oh mon Dieu. Un roi ne devrait pas baisser la tête devant un simple subalterne comme moi, » comme toujours, elle l’avait réprimandé. Alnoa avait ri à leur échange habituel avec un léger rougissement visible sur son visage.

Cependant, sentant une pression sur son dos, Alnoa s’était retourné.

« Avez-vous encore des questions ? » demanda-t-il.

Il y avait Sharon, qui avait l’air d’être pensive.

« Oui, » Sharon s’était penchée pour être plus prêt de lui et elle avait baissé la voix.

Whoa, elle est si proche, et elle sent vraiment bon.

Il s’était retiré un peu vers l’arrière et avait exhorté Sharon avec ses yeux à poursuivre la discussion.

« L’église sait-elle que vous êtes le réceptacle du Roi-Démon ? Je demande, car les prêtresses ne peuvent pas mentir à l’église ou leur cacher des choses, » elle avait essayé de chuchoter pour que seul Alnoa l’entende, mais cela n’avait pas vraiment fonctionné.

« Oh mon Dieu. Vous êtes très bien informée. Bien sûr que je ne cache rien à l’église, » répondit Cécilia.

« Attendez, mais alors..., » commença Sharon.

« Comme je l’ai dit, je ne cache rien à l’église, » Cécilia s’était répété avec fierté et avait mis en évidence sa poitrine bien garnie.

L’église du continent considérait la Valkyrie comme l’un de leurs nombreux dieux, et le Roi-Démon comme le mal absolu. Les filles avaient une idée de la raison pour laquelle l’église avait laissé Alnoa en vie, mais elles avaient tranquillement écouté l’explication.

« Je leur ai tout raconté. Je leur ai dit qu’Al est le réceptacle du Roi-Démon et que je suis une Diva. Je leur ai aussi dit que s’ils devaient tuer Al, je grimperais sur le sommet de la cathédrale et je me suiciderais après les avoir maudits pendant trois heures et demie d’affilée, » déclara Cécilia.

Pourquoi trois heures et demie ? C’est étrangement précis.

Sharon et Feena avaient été stupéfaites de ses paroles menaçantes.

« Avez-vous menacé l’église ? » demanda Sharon.

« C’est à ça que ça ressemble..., » murmura Feena.

La déclaration de Cécilia avait clarifié sa relation avec l’église. Pour que l’église reste pertinente sur le continent, ils avaient donné la priorité au maintien d’une Diva de leur côté plutôt qu’au meurtre du réceptacle du Roi-Démon. Après avoir saisi la raison de la situation actuelle, elles s’étaient détournées de Cécilia.

« Al, n’aurait-il pas mieux valu laisser la négociation avec le marchand d’esclaves à votre sœur ? » demanda Sharon.

« Absolument pas. Ça aurait immédiatement dégénéré en violence physique, » répondit Alnoa.

« Ahh..., » pendant qu’Alnoa secouait la tête en signe de refus, Sharon hocha la tête en signe de compréhension.

« Oh mon Dieu. Al, tu crois vraiment que je... oh, les choses deviennent assez bruyantes là-bas, » Cécilia avait remarqué un tumulte qui apparaissait derrière eux. Elle avait incliné la tête et écouté attentivement.

Il se passe certainement quelque chose là-bas.

« Je ne deviendrais pas une esclave ! Vous pouvez oublier ça ! »

« Ouais ! Je préfère me battre et mourir ici plutôt que de vivre en esclave ! »

Certains des esclaves libérés étaient en train de s’énerver. Évitant la confrontation, les prêtres avaient quitté la zone du conflit.

Je vois. Comme l’a dit le marchand d’esclaves, ils n’ont pas encore reçu de formation. Ils sont toujours intacts et féroces. On dirait qu’une bagarre peut éclater à tout moment.

Alnoa avait fait signe aux gardes de se retirer, puis s’était précipité vers la source de l’agitation.

« Reculez ! C’est un ordre ! » ordonna Alnoa.

Alnoa avait avalé sa salive et avait préparé son cœur pour faire face au conflit. Il avait ensuite jeté son épée courte, avait pris une grande respiration, puis s’était approché de la source de la perturbation avec les bras levés.

« Quel est le problème ici ? Ne réalisez-vous pas qu’on vous libère ? » demanda Alnoa.

Il avait l’intention de les calmer en parlant d’une manière douce et amicale, mais cela n’avait pas fonctionné. La foule s’agitait encore plus.

« La ferme ! Je ne te laisserai plus nous tromper ! »

Une grande fille assez musclée se tenait à l’écart de la foule et fixait Alnoa d’un air dubitatif. Il ne savait pas ce qui lui était arrivé pour la rendre ainsi, mais ses yeux, son langage corporel, son expression... tout son corps signalait sa suspicion.

« Hé, j’ai juste..., » commença Alnoa.

« J’ai dit, tais-toi ! »

Elle avait envoyé son coup de poing empli de furieux vers Alnoa.

« Wôw ! » s’écria Alnoa alors qu’il avait à peine réussi à esquiver son attaque, mais il avait perdu l’équilibre au cours de l’attaque et était tombé au sol.

Il pouvait voir Sharon et Feena du coin de l’œil qui suivaient de loin le vacarme avec des regards déconcertés.

C’est mauvais.

Il pouvait déjà voir comment cela se passerait.

« Allons, débarrassons-nous de ce type ! » cria la femme.

Je le savais !

Quelques hommes l’avaient immédiatement entouré et avaient commencé à le battre et à lui donner des coups de pied en cœur, libérant leur ressentiment refoulé et leur colère sur lui.

« Attendez, arrêtez ! » cria Alnoa.

Malgré le fait que plusieurs personnes s’étaient liguées contre lui, Alnoa n’avait pas ressenti beaucoup de douleur. Ce n’était pas seulement parce que les agressions incessantes de Sharon l’avaient endurci (ou du moins, Alnoa l’espérait). C’était parce que leurs coups de poing n’avaient aucune puissance. Leurs visages enragés indiquaient clairement qu’ils ne se retenaient pas. Mais il était fort probable que leur impudence avait conduit Bouzen à les sous-alimenter.

Les coups de la fille musclée avaient autant de poids qu’une petite frappe venant du poing d’un enfant. Il pouvait les battre sans problème tant qu’il protégeait ses parties vitales. Il pouvait tout encaisser. Il avait lancé un regard vers sa sœur alors qu’il était allongé sur le sol.

Cécilia avait compris son intention et avait simplement secoué la tête. Il était clair qu’Alnoa n’était pas vraiment en danger, surtout avec les deux autres Divas qui surveillaient la situation sur la ligne de touche.

« Merde ! »

Comme il s’y attendait, ils avaient rapidement manqué de force et avaient cessé leur assaut. Certains d’eux étaient si essoufflés qu’ils étaient tombés à genoux.

« Outch... Alors, vous êtes-vous calmés ? » demanda Alnoa.

Alnoa s’était assis et avait un peu grimacé. Leurs attaques n’avaient peut-être pas beaucoup de force, mais le nombre de coups qu’il avait subis causait des souffrances dans tout son corps.

Alnoa avait trébuché en se remettant sur ses pieds puis il s’était retrouvé face à face avec une petite fille. D’après ses traits et ses cheveux, elle était encore en cours de croissance. Probablement... Elle était petite et maigre, et ses membres étaient entièrement faits de peau et d’os. Sa peau sombre était sale et ses cheveux étaient mal coiffés.

« Maintenant, venez. Si nous allons tous manger ensemble, nous pourrions en discuter, non  ? » demanda Alnoa alors qu’il avait tendu avec gentillesse ses bras vers la fille. « Ne vous inquiétez pas, vous pouvez faire confiance ! »

Il s’était mis à gémir en raison de la douleur et il s’effondra sur ses genoux, n’ayant aucune idée de ce qui s’était produit. La gentillesse sur son visage s’était rapidement transformée en une immense douleur. Il venait de vivre le genre d’agonie aiguë que seuls les hommes peuvent vivre.

« Je suis une guerrière de la même tribu que Juju ! Je préfère mourir en me battant plutôt que d’être dupée afin que je devienne une esclave ! » Elle avait proclamé avec grâce et fierté son intention à Alnoa, qui se tortillait de douleur sur le sol. Son discours l’aurait profondément ému s’il n’avait pas ce traumatisme aveuglant dont il souffrait.

« Gahh ! Ahh... » Alnoa avait eu des sueurs froides.

La princesse aux cheveux de feu avait porté un coup dévastateur d’une autre variété par-derrière. « Est-ce que vous laissez vraiment les petites filles toucher votre machin juste parce que vous ne pouvez pas le faire avec une fille de votre âge ? » Le regard froid de Sharon avait percé son dos.

Comment cela a-t-il pu m’arriver ? Je pensais que j’étais gentil avec elle ! Et ce n’est pas comme si je la laissais me caresser. Elle m’a donné un coup de pied !

À l’extérieur, Alnoa criait de douleur, mais à l’intérieur, son cœur hurlait d’agonie à la suite de l’attaque-surprise de Sharon.

« Laissez-moi vous demander quelque chose », déclara tranquillement Sharon, ignorant complètement la douleur intérieure d’Alnoa.

« Qu’est-ce que tu veux !? Si tu te mets en travers de mon chemin, je t’écrase aussi ! » répondit la jeune fille.

« Qu’est-ce que vous avez dit !? » s’écria Sharon.

La fille avait dit quelque chose d’impardonnable à Sharon. Sharon s’en était alors pris à la jeune fille, intimidant non seulement elle et les hommes qui l’entouraient, mais aussi la jeune fille forte connue sous le nom de Juju. Cécilia et Feena s’étaient ensuite jointes à Alnoa et Sharon, ce qui avait fait reculer la foule de plusieurs pas en arrière.

« Je comprends que vous avez pitié de ces personnes. Moi aussi, je ressens ça. Mais il doit y avoir de meilleures ressources pour bâtir un pays ! Pourquoi êtes-vous si concentré sur ces esclaves ? » demanda Sharon.

Il s’agissait d’un argument valable.

***

Partie 4

Il ne pouvait pas voir son visage, mais il était sûr que Sharon était sérieuse.

Elle a raison. Vous n’avez pas besoin d’esclaves si vous voulez faire un pays... Je le sais, mais...

« Il faudra un certain temps pour vous l’expliquer, alors..., » commença Alnoa.

Alnoa s’était tapoté le bas du dos, se remettant de l’attaque précédente. Il avait essayé de repousser Sharon avec une réponse vague, mais son regard aiguisé lui avait indiqué qu’elle s’attendait à une réponse dès maintenant.

Il avait alors poussé un long soupir. Après un moment passé à recueillir ses pensées, il s’était mis à parler.

« Je vivais avec ma mère et mon frère jumeau, en plus de mon père et de ma sœur aînée. C’était une famille aimante. Ensemble, nous avons réfléchi à ce que nous devrions faire pour que je devienne le réceptacle du Roi-Démon, » déclara-t-il.

« Quoi !? » s’écria Sharon.

Je suppose que cette histoire était un peu inattendue.

Après sa surprise initiale, Sharon avait fixé son regard sur Alnoa. Écrasé par son regard, Alnoa avait redressé son dos et avait continué. « Mes parents qui s’aimaient, mes frères et sœurs aimables — c’était vraiment une famille chaleureuse. Je pense encore beaucoup à eux même aujourd’hui. »

Son expression s’était détendue alors qu’il se remémorait de son passé.

« Mais nos jours heureux n’ont pas duré longtemps. Ils ont pris fin peu après mes six ans, » continua-t-il.

Son expression détendue s’était transformée en un sourire amer rempli de culpabilité.

« Un jour, alors que mon père et ma sœur étaient sortis, ma mère nous a emmenés, mon frère et moi, faire une promenade dans la forêt pour arrêter une crise de colère que j’avais eue, » continua-t-il.

Derrière son sourire forcé, Alnoa grinçait des dents. Il avait continué à raconter l’histoire, faisant sortir les mots de sa bouche un par un.

« Pendant notre marche, nous avons été attaqués par des bandits. Je n’ai entendu cela que plus tard, mais il semble qu’il s’agissait en fait d’assassins engagés par des nobles qui visaient le trône. Bien sûr, j’étais complètement désarmé. Et même si je ne l’étais pas, j’aurais été incapable de me défendre. J’aurais dû mourir ce jour-là, » il avait continué son monologue empli d’amertumes.

« Mais ma mère nous protégeait, moi et mon frère... et cela même si elle avait déjà transmis le pouvoir de la Valkyrie à ma sœur, » continua Alnoa.

« Al..., » murmura Cécilia.

« Et c’est comme ça qu’elle est morte — afin de me protéger. Mon frère a aussi essayé de me protéger, mais il ne pouvait pas faire grand-chose. Même au bord de la mort, ma mère n’a pas pleuré. Elle m’a serré dans ses bras et m’a dit : “Al, mon cher fils. C’est normal de pleurer maintenant. Mais une fois que tu arrêteras de pleurer, tu dois t’endurcir. Deviens un homme fort. Deviens un homme qui protégera les faibles. Tu peux encore...” Et puis elle a fermé définitivement les yeux. »

Alnoa avait laissé échapper tout l’air qui restait dans ses poumons en un profond soupir.

« Ses dernières paroles n’ont peut-être pas été des plus profondes. Elles étaient même presque un classique. Mais ce sont les derniers mots que ma mère m’a laissés. C’était son dernier souhait qu’elle avait pour moi, » déclara-t-il.

Après une courte pause, il avait continué. « Alors, comme ma mère le souhaitait, je dois devenir fort. Je dois être un roi qui sauve le plus de personnes possible, quel qu’en soit le prix que je devrais payer. »

Puis, son histoire terminée, Alnoa s’était enfin levé.

« C’est pourquoi vous aidez les fugueurs et les esclaves, » demanda Sharon. Elle avait détourné son regard d’Alnoa, mais... « Eh bien, j’ai entendu ce que je voulais entendre, donc je suppose que je devrais maintenant vous donner un coup de main. »

Son sourire semblait beaucoup plus chaud que d’habitude.

« Vous avez entendu cet homme, » déclara Sharon, d’une voix digne, mais froide. « Si vous ne voulez toujours pas coopérer, je vous forcerai à changer d’avis. J’espère que vous êtes tous prêts pour ça. »

Sharon avait sorti son épée longue pour intimider la foule.

« Alors, qu’en dites-vous ? » demanda Sharon.

Elle avait fait un pas en avant sans crainte, mais malheureusement, sa stratégie s’était retournée contre elle.

« Recule ! Tu inventes juste une histoire larmoyante pour nous faire sentir malheureux ! » cria Juju.

Juju avait concentré son énergie magique dans ses mains. En la voyant agir, les hommes qui l’entouraient l’imitèrent aussi. Il semblait qu’ils pouvaient utiliser la magie sans catalyseur.

« Ne faites pas ça ! » criai-je.

Je dois mettre un terme à tout ça tout de suite, sinon...

Alnoa cherchait désespérément des paroles qu’il pouvait utiliser pour calmer la foule agitée.

« Attendez une minute ! Vous ne comprenez pas mes intentions ! » déclara Sharon alors qu’elle se dépêchait de rengainer son épée, mais il était trop tard. Beaucoup trop tard.

Devrons-nous vraiment les combattre ? Il n’y a pas d’autre moyen !?

Feena était apparue à côté de lui alors qu’il cherchait désespérément une réponse.

« H-Hé ! » Feena avait fait un regard rassurant sur Alnoa avant de continuer vers la foule.

« Je t’ai dit de reculer ! » cria Juju.

Feena et Juju étaient dans une impasse. Juju était une grande fille musclée. Elle avait même l’air un peu plus grande qu’Alnoa. Feena aurait normalement l’air d’une petite enfant à côté d’elle, mais pour Alnoa, à ce moment-là, Feena dominait Juju.

« Pensez-vous pouvoir sauver quelqu’un avec vos misérables pouvoirs magiques ? » Un froid glacial avait traversé les épines d’Alnoa et de Sharon en entendant les paroles glaciales de Feena.

« Feena ? » demanda Alnoa.

Feena avait fait un autre pas en avant.

« Qu’espérez-vous sauver avec votre pathétique magie ? Vous qui êtes devenus des esclaves ? Votre cœur est-il perdu quand vous êtes devenu des esclaves ? Ou peut-être..., » Feena avait plissé ses yeux en des fentes tranchantes et mortelles. « Vous voulez juste sauver votre orgueil faible et fragile ? »

Feena avait impitoyablement brisé le dernier pilier de soutien de Juju avec ses mots cruels et sans émotion.

« Argh ! La ferme ! Ferme-la, c’est tout ! » Juju avait déclenché son sort, rempli de toute sa fureur refoulée.

« Aarrrrrgh ! »

Son sort avait déclenché une réaction en chaîne, déclenchant également les attaques des autres. Toute la foule avait dirigé sa magie vers Feena, mais...

« C’est le mieux que vous pouvez faire ? » D’un simple coup de baguette magique, Feena dissipa leur magie envoyée sur elle.

« Merde ! On ne peut rien faire ! »

« Non ! Je refuse d’abandonner ! »

Juju avait poussé pour se frayer un chemin à travers la foule et avait chargé vers Feena, mettant toute sa force restante dans son poing. Feena se tenait parfaitement immobile, suivant calmement l’assaut de Juju, la jeune fille épuisée arriva sur Feena avec une détermination inébranlable dans les yeux.

Son poing s’était connecté avec la joue de Feena, puis l’avait légèrement fait frémir, n’infligeant aucun mal. Juju était complètement dépouillée de sa force magique et physique. Le combat s’était terminé par un échec total.

Ou, du moins, c’était comme ça que ça aurait dû être.

« Outch. J’ai perdu, » déclara Feena d’une voix monotone, puis elle s’effondra dramatiquement sur le sol.

« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda Alnoa.

Même Juju ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Elle alternait son regard entre son poing et Feena, effondrée sur le sol.

Qu’est-ce qui se passe ?

Puis, Feena se leva, comme si rien ne s’était passé, et regarda une Juju abasourdie dans les yeux, confirmant que ce n’était rien de plus qu’une blague qu’elle lui avait jouée.

« Je suis désolée de vous avoir testé comme ça. Vous êtes une puissante guerrière et une puissante mage. Et vous avez un cœur fort, » déclara Feena.

« Hein ? Quoi ? » demanda Juju.

Feena s’approcha lentement de la jeune fille complètement abasourdie et saisit ses mains. Puis, les mains de Juju dans les siennes, elle avait regardé la foule devant elle.

« Vous êtes tous forts. Esclaves ou pas, je... non, Althos a besoin de citoyens forts. Nous avons besoin d’un lien fort pour construire un pays. Un lien semblable à celui qui existe entre les membres d’une famille. Oui, c’est vrai que nous vous avons acheté, mais ce n’était pas pour vous garder comme esclaves. Nous avons fait un investissement... croyant que vous deviendriez l’un des nôtres, que vous seriez en mesure de nous aider à réaliser nos rêves, que vous seriez en mesure de nous aider à construire un pays. Alors s’il vous plaît, je vous en supplie. Libérez-vous de vos chaînes. Vous n’êtes plus des esclaves. Vous êtes citoyens d’Althos. Vous faites désormais partie de notre famille. »

Sa petite voix portait à travers les terrains d’entraînement abandonnés. À la grande surprise d’Alnoa, le discours de Feena avait eu un énorme effet sur la foule furieuse.

« Wooo ! »

Certains d’eux criaient de joie, tandis que d’autres pleuraient ou s’enlaçaient. Les esclaves libérés étaient remplis de bonheur.

Eh bien, je suppose que tout est bien qui finit bien.

Alnoa avait placé sa main sur sa poitrine soulagée.

« Wahhhh, Mademoiselle ! Je ne sais pas encore comment nous pouvons vous aider, mais nous n’allons pas vous laisser tomber, vous ou votre pays ! » Une Juju, profondément émue, enveloppa ses bras autour de Feena et la serra dans ses bras.

« Ah ! » Et la Diva confuse n’aurait pas pu repousser la fille même si elle le voulait. Elle n’avait pas d’autre choix que d’accepter l’affection de Juju.

Alnoa avait regardé ça, ne laissant pas la vérité se mettre en travers de la scène réconfortante se trouvant devant lui. Il se fichait que Feena ne fût pas une citoyenne d’Althos, ou que ce n’était pas lui qui résolvait le problème. La seule chose qui comptait, c’était que Feena avait accompli en quelques minutes ce qui lui avait pris des années auparavant. Elle avait réussi à les libérer de leurs liens. Alnoa ne pouvait s’empêcher de l’admirer.

Feena avait courbé les coins de sa bouche en un sourire maladroit et avait salué la foule, puis elle était retournée du côté d’Alnoa.

« Beau travail, » déclara Alnoa.

« Bon travail, Feena, » déclara Sharon.

Sharon et Alnoa avaient accueilli Feena. Feena était revenue à son attitude stoïque habituelle tandis qu’Alnoa avait un énorme sourire et Sharon faisait la moue pour une raison inconnue.

« Ce n’était rien de spécial... J’étais juste une bonne épouse, comme le dit le livre, » déclara Feena.

Les joues de Feena avaient été tachées d’un rose pâle pendant un bon moment après les événements de la journée.

***

Partie 5

« Préparez-vous, sale tripoteur d’enfant ! Espèce d’obsédé sexuel ! »

Le lendemain, le bureau d’Alnoa s’était à nouveau transformé en champ de bataille. Sharon avait dégainé son épée et l’avait pointée vers Alnoa, qui reposait sa joue sur sa toute nouvelle table, mais cette fois, elle ne le frappait pas.

« Haha ! Vous croyez que je serais assez stupide pour répéter la même erreur ? Je ne vais pas vous frapper pour que mon épée soit à nouveau déviée ! Mais comme je l’ai déjà dit, aujourd’hui est le bon jour. Alors, préparez-vous ! » cria Sharon.

« Ça suffit, » déclara Feena.

« Je suis en train de l’assassiner ! Alors, sortez d’ici ! » cria Sharon.

« Vous regretterez de m’avoir dérangée pendant que j’étais seule avec lui, » répliqua Feena.

« N’avons-nous pas eu la même conversation hier ? » demanda Alnoa.

Alnoa avait un fort sentiment de déjà-vu. Il semblait que les filles allaient se battre, peu importe à quel point il protestait. Mais alors qu’Alnoa était sur le point d’accepter son destin cruel, un sauveur inattendu était arrivé.

« Al, es-tu là !? J’ai quelque chose à... wôw, » s’écria une voix d’homme.

Un jeune homme costaud et grandement bronzé était arrivé. Il était un peu plus âgé qu’Alnoa et revêtu d’une armure de cuir. Il se tenait en ce moment complètement désorienté au pas de la porte. Il était ensuite entré dans la pièce juste au centre du conflit entre Sharon et Feena. Il s’agissait d’un geste qui aurait signé l’arrêt de mort de la plupart des autres hommes, mais celui-ci n’avait même pas bronché devant le danger. D’un seul geste, il avait dégainé l’épée attachée à son dos et avait dévié la frappe de Sharon, tout en érigeant un mur de glace pour se protéger de la boule de feu de Feena.

« Wôw, maintenant ! » Il avait regardé dans la pièce après avoir paré les attaques des deux Divas en même temps comme si cela n’était pas de son fait.

« Qui êtes-vous ? » Réalisant immédiatement le potentiel du jeune homme, Sharon avait fait quelques pas en arrière et avait réajusté la prise sur son épée.

« Il est dangereux... On devrait l’éliminer avant qu’il n’arrive à Al, » annonça Feena alors qu’elle avait plissé ses yeux et s’était préparée à déclencher à l’improviste plus de magie.

« Attendez, non, il est..., » commença Alnoa.

Alnoa avait essayé de reprendre le contrôle de la situation volatile. Cependant, après avoir regardé du côté de Sharon et de Feena pendant un moment, le jeune homme avait interrompu Alnoa avant qu’il ne puisse continuer. « Al, espèce de play-boy ! Quand t’es-tu dégoté ces deux jolies filles ? Comme si tu n’en avais pas déjà assez ! Tous ces satanés rois sont comme ça ! Ne m’oblige pas à brûler ton château ! »

« Hé, Jamka ! Je vois que tu n’as toujours pas de filtrage présent sur ta grande gueule ! » s’écria Alnoa.

Alnoa avait poussé un soupir avant de se déplacer pour présenter l’homme aux deux Divas, quand il avait à nouveau été interrompu.

« Alnoaaaaaaaa ! » cria quelqu’un d’autre venant du pas de la porte.

Une ombre agile avait surgi de derrière Jamka et s’était lancée sur la poitrine d’Al.

« Oomph ! » s’écria le roi alors que l’ombre le faisait tomber sur le sol, sans défense.

Il s’était mis à parler à cette nouvelle arrivante. « Outch... Brusch, c’était un sacré salut que tu me fais là. »

Malgré la douleur que subissait Alnoa, il avait serré la tête de la fille dans ses bras. Du côté de la nouvelle venue, elle s’était blottie joyeusement contre la poitrine d’Alnoa alors qu’il lui caressait doucement ses cheveux courts et désordonnés.

« Hehehehe ! Alnoa, je t’offre quatre jours d’amour avec moi ! » déclara Brusch.

Brusch leva énergiquement son visage bronzé de la poitrine d’Alnoa afin de pouvoir regarder le visage d’Alnoa. Ses yeux de jeune enfant débordaient de bonheur.

« Haha, oui. Quatre jours, » répondit-il.

Elle deviendra certainement une femme magnifique.

Il lui avait caressé une dernière fois la tête avant de se lever, mais...

« Je savais que vous étiez un tripoteur d’enfant ! » cria Sharon.

« Je peux aussi faire semblant d’être une enfant... si c’est ce que tu aimes, » annonça Brusch sur un ton mignon.

« Al, combien de fois dois-je te dire de ne pas caresser ma petite sœur ? » s’écria Jamka.

Le jeune roi se retrouva pris dans un feu croisé provenant de trois sources avant de pouvoir se libérer de l’étreinte de la petite Brusch. Alnoa avait évalué ses options. D’un côté, il voulait protester contre leurs revendications, mais, en regardant la fille heureuse se trouvant dans ses bras, il ne pouvait pas la laisser prendre tout le blâme. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était de pousser le soupir du vaincu.

« Laissez-moi vous présenter ces deux-là. L’homme qui se tient là est mon commandant en chef, le ministre des Finances publiques et un ami très proche. Il s’agit de mon bras droit, Jamka, » Alnoa avait continué les présentations, ignorant les regards froids de tout le monde.

« Et cette fille est sa sœur, l’actuelle chef du rensei..., » commença Alnoa.

« Salut, je suis Brusch ! Dans le futur, je vais devenir la femme d’Al ! Hehehe ! Wôw, je l’ai vraiment dit ! » Elle avait déclaré avec innocence son aspiration la plus intime tout en s’accrochant à Alnoa.

Merde.

Un silence mort remplissait la pièce, suivi d’une colère si épaisse qu’elle était palpable.

« Je ne peux pas laisser cette position..., » Feena s’était approchée de la petite fille. « Je suis la future femme d’Al, Lesfina. Je suis la favorite de ses candidates fiancées. Puisque vous êtes une amie d’Al, appelez-moi Feena. Enchantée de vous rencontrer. »

Elle met vraiment l’accent sur le mot amie, n’est-ce pas ?

« Attendez une minute. Qu’est-ce qui fait de vous la favorite ? » demanda Sharon. « Pas que ça me dérange, mais... En fait, ça me dérange ! »

Sharon se tourna vers Brusch et lui fit un sourire raide.

« Je suis la plus forte candidate fiancée d’Al, Sharon. C’est agréable de rencontrer quelqu’un qui n’est pas encore au courant de ça, » déclara Sharon.

Sharon s’était ensuite retournée vers Feena et lui avait rendu son regard glacial avec un regard stimulant. Des étincelles rouges et bleues avaient semblé traverser la pièce.

« Vous savez, vous n’avez vraiment pas à vous battre pour tout ça parce que vous êtes toutes les deux des Divas, » grogna tranquillement Alnoa.

« Je l’ai poussé au sol au moment où nous nous sommes rencontrés, » déclara Feena, en prenant l’initiative.

« Ouais ? Ce n’est rien ! Non seulement je l’ai poussé au sol, mais il m’a touché. Vous savez, là-haut..., » Sharon répliqua avec un peu moins d’entrain que Feena, néanmoins, ses yeux semblaient briller d’un certain flamboiement.

« C’était juste un accident. Ça ne compte pas, » répliqua Feena.

« Le vôtre aussi était un accident ! » répliqua Sharon.

« Hahahaha ! Tu as déjà recruté des concubines avant notre mariage ? Tu es si attentionné, Al ! » déclara Brusch.

« Concubines !? » s’exclamèrent Sharon et Feena.

Leurs regards combinés auraient pu faire fuir n’importe qui au loin, mais Brusch avait bravement tenu bon lors de l’affrontement entre les trois jeunes femmes.

« Ouah, Al, espèce de bête ! Tu es un vrai prédateur de dames, n’est-ce pas ? J’espère que tu mourras dans un incendie, que tu reviendras à la vie, puis que tu mourras à nouveau ! » ajouta Jamka, à moitié en plaisantant.

« Et vous deux, vous savez, Al et moi l’avons déjà fait..., » annonça fièrement Brusch.

« « Quoi !? » » S’écrièrent les deux Divas.

En essayant de rivaliser avec ses rivales, Brusch, aux joues roses, avait laissé échapper l’une de ses plus folles illusions.

« Brusch, je suis sûr que je m’en souviendrais, » Alnoa avait immédiatement essayé de protester contre ses affirmations scandaleuses, mais ses mots avaient été interrompus par les deux Divas.

« Haha, quelle bonne blague ! Il n’a certainement pas les couilles de faire quelque chose comme ça ! » lâcha Sharon.

« Je suis d’accord. Al ne lèvera pas le petit doigt sur nous, peu importe à quel point nous essayons de l’amener, à... Il ne ferait jamais rien avec vous, » déclara Feena.

« Je suis toujours là, vous savez ! Pourquoi tous les combats entre vous déchirent-ils toujours mon âme ? » s’écria Alnoa.

« Arghh ! Je me casse le cul pour toi jour après jour, et tout cela seulement pour que tu corrompes ma petite sœur !? Et tu fais ça tout en jouant avec deux autres filles !? Est-ce que tout ça n’est qu’un jeu pour toi ? » Jamka avait porté sans pitié le coup de grâce.

Les gars, ça suffit !

« Je ne suis pas après Brusch, et je ne joue pas avec ces deux-là ! Ce sont elles qui..., » commença Alnoa.

« Argh ! » s’écria Sharon.

« Mourrez ! » Lâcha Feena.

À ce moment-là, Sharon trancha en deux parts un vieux livre qui traînait par là, tandis que Feena faisait apparaître une boule de feu plus grande que le haut de son corps. Alnoa n’avait pas d’autre choix que de concéder une défaite.

« D’accord. Je suis désolé... Attendez ! Jamka ! Es-tu venu ici pour me faire passer pour un idiot ?! » s’écria Alnoa.

« Et maintenant, pourquoi es-tu en colère ? » demanda Jamka.

Libérant sa colère, Alnoa avait regardé Jamka. Après avoir interrompu son travail et déchiré son cœur par leurs folles accusations, personne ne pouvait blâmer Alnoa pour sa soudaine flambée de colère.

Quand ils virent Alnoa si frustré, tout le monde avait décidé de faire une trêve temporaire. Jamka sauta sur le canapé, ignorant l’atmosphère de colère présente dans la pièce.

« Alors, tu as acheté un autre lot d’esclaves, hein ? Je sais que nous avons besoin de plus de populations, mais maintenant nous avons tellement de conneries bureaucratiques à gérer ! Il s’agit de cartographier les relations de chacun, de trouver des lieux de vie, de tester leurs aptitudes professionnelles... Dès maintenant, tiens-moi au moins au courant à l’avance ! » déclara Jamka.

Jamka s’était finalement souvenu de ce qu’il était venu chercher et avait essayé de remettre la conversation sur les rails.

« Oh. C’est de la faute, » mais Alnoa avait rapidement cessé ses plaintes avec une seule phrase. Tout le monde dans la pièce, sauf Alnoa, avait réalisé qui était la véritable colonne vertébrale d’Althos.

« Eh bien, » continua Jamka. « Nos finances seront bonnes pour encore un certain temps grâce au butin que nous avons obtenu lors de la bataille de l’autre jour contre Freiya, mais... Je ne pense pas qu’on achètera d’autres esclaves pendant un bon moment. »

« Pourquoi pas ? » demanda Alnoa.

Jamka gloussa et sourit à Alnoa, retardant cruellement l’annonce pendant un moment avant de laisser tomber la grande nouvelle.

« Parce que l’Empire a capturé Labona hier soir, » lâcha Jamka

« Hein ? » s’écria Alnoa.

Alnoa avait compris ce que Jamka avait dit, mais tout ce qu’il avait pu faire, c’était d’être étonné par l’annonce. Cela ne faisait même pas vingt-quatre heures qu’il avait rencontré Bouzen, le célèbre marchand d’esclaves de Labona.

« Les dix gouverneurs ont été décapités, et ils ont massacré tous ceux qui résistaient ou s’enfuyaient. Les autres ont été réduits en esclavage par l’Empire. Il ne restait plus qu’une petite équipe squelettique pour que la ville puisse continuer à fonctionner, » Jamka haussa les épaules avant de continuer. « Les chanceux qui étaient loin de la ville au moment de l’attaque sont toujours en sécurité. Une poignée de personnes ont également réussi à passer à travers les griffes de l’Empire, mais il n’y en a pas beaucoup. Seulement une cinquantaine de marchands. »

Cela me fait me souvenir d’une chose. Je pense que Bouzen a mentionné qu’il faisait un détour vers l’est, afin de faire du colportage, avant de retourner à Labona. Je suppose que sa chance s’est désormais épuisée avec ça.

« Je suis désolée, Alnoa. Labona est tombée avant que je puisse les prévenir..., » déclara Brusch.

Brusch s’agita et pencha la tête en raison de sa déception. Malgré son âge, elle avait quand même assumé la responsabilité de diriger l’agence de renseignement d’Althos.

« Ne t’inquiète pas. Ce n’est pas ta faute, » sans tenir compte du regard froid des Divas, Alnoa lui tapota doucement la tête.

« Comment cela s’est-il passé si vite ? » demanda Alnoa. « Je sais qu’ils étaient neutres et n’avaient pas d’alliances, mais ils avaient une énorme puissance militaire. La ville grouillait de mercenaires et d’armées privées. »

« Je n’en sais rien, » Jamka leva les mains et haussa les épaules en répondant à Alnoa. « Les quelques chanceux qui se sont échappés avaient tous des histoires farfelues à propos de monstres d’ours ou des créatures volantes qui se déchaînaient dans la ville. L’Empire a-t-il une telle magie ? »

Est-ce comme ce monstre que j’ai combattu lors de la chasse à l’homme ? Oh, c’est vrai. Jamka est resté pour défendre la ville, donc il ne sait rien d’eux.

Alnoa et les Divas avaient échangé un regard et ils avaient ensuite expliqué à Jamka et Brusch tous au sujet des abominations.

« Je vois. Ils ont utilisé une créature comme ça ? » Intrigué, Jamka plissa les sourcils.

« Ouais. Feena examine encore les détails, mais je suis sûr que le fait qu’ils occupent la principale plaque tournante du commerce des esclaves est lié d’une façon ou d’une autre aux abominations, » déclara Alnoa.

Nous avons vraiment besoin de plus d’informations.

Alnoa étant perdu dans ses pensées, la pièce était restée silencieuse pendant un certain temps.

« Je vais... Je vais y jeter un coup d’œil ! » Brusch, qui était encore accrochée au bras d’Alnoa, fut celle qui avait rompu le silence. La minuscule chef des renseignements leva les yeux vers Alnoa, ses yeux débordant de détermination.

« Non, je ne te laisserai pas faire. Il y a trop de choses que nous ne savons pas encore. C’est trop dangereux, » Alnoa avait immédiatement rejeté l’idée, mais quelqu’un d’inattendu était intervenu.

« Ce qui la rend encore plus importante, » Jamka, qui avait un cas sérieux de complexe de sœur, avait pris sa défense.

« Huh !? Mais quand même..., » commença Alnoa.

Jamka avait gonflé sa poitrine en toute confiance devant un Alnoa agité. « Ne t’inquiète pas ! Je m’assurerai que les personnes les plus compétentes l’accompagnent ! Même si elle échoue, elle... Aïe ! »

Brusch se déplaça rapidement derrière Jamka et lui donna un coup de pied sur ces fesses.

« Je ne veux pas entendre ça de quelqu’un qui ne peut même pas couvrir ses propres fesses ! Al, ne t’inquiète pas ! Je vais rassembler toutes les informations que je peux. Je serai à la maison avant même que tu réalises que je suis partie ! » Puis Brusch avait sprinté hors de la pièce, ne donnant pas à Alnoa une chance de l’arrêter.

« Franchement, pourquoi personne n’écoute mes ordres !? » s’écria Alnoa.

Depuis Jamka, se tenant à côté de lui, des rires violents avaient éclaté. « Ne t’inquiète pas, Al ! Je l’ai personnellement formée ! Je lui ai appris tout ce qu’il y a à savoir sur la magie et l’épée, et elle a un vrai don pour l’arc ! Et il n’y a personne dans le royaume de mieux qu’elle pour recueillir des informations. Elle reviendra saine et sauve, c’est sûr. »

La confiance de Jamka en sa sœur était absolue.

« Tu as raison. Je devrais avoir foi en elle, » répondit Alnoa.

Le sourire inébranlable de Jamka avait mis Alnoa à l’aise. Alnoa était toujours inquiet, mais il avait également décidé de faire confiance à Brusch.

« J’avais d’autres choses à dire, mais je crois que j’ai assez grondé Al pour cette journée. Je suppose que je vais retourner travailler, » déclara Jamka.

« Merci, » déclara Alnoa.

Jamka s’étira et commença à quitter la pièce, mais il s’arrêta à l’entrée.

« Hein ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Al.

« Dis-moi, Al. Je sais que leur traitement dans l’Empire est inacceptable, mais penses-tu vraiment que la libération des esclaves peut leur apporter le vrai bonheur ? » Le dos tourné vers Alnoa, Jamka avait posé une question inattendue.

« Bien sûr, bien sûr. Tu es heureux, n’est-ce pas ? » Ne saisissant pas le sens des paroles de Jamka, Alnoa avait donné une réponse rapide et simple.

« Hahaha. Oui, je suppose. Désolé. Oublie ce que j’ai demandé, » sa voix habituelle, légère et joyeuse, semblait vide.

 

☆☆☆

Le bruit des chevaux au galop remplissait la nuit totalement noire.

« Capitaine Brusch, ennemis sur notre... gahhh ! » cria un homme.

« Luu ! » Brusch n’avait pas le luxe de s’arrêter et de voir ce qui était arrivé à son subordonné. Elle ne pouvait que crier son nom.

« Contre quoi nous battons-nous ? » Il n’y avait personne pour répondre à sa question.

L’équipe de reconnaissance de Brusch avait été attaquée par un assaillant inconnu. L’équipage d’élite que Jamka avait choisi pour sa précieuse petite sœur avait senti le danger et avait mis en scène une retraite rapide et ordonnée, laissant derrière eux un piège pour ralentir leurs poursuivants. Mais l’ennemi avait chargé en étant imprudent quant à tout ce qui pouvait les attaquer, passant à travers le piège de l’équipe de reconnaissance sans s’en formaliser puis il était resté sur leurs talons.

« Comment ont-ils pu passer à travers la bombe au poivre d’Al !? » s’écria-t-elle.

Brusch s’était retrouvée dans une situation très dangereuse. Son équipe d’éclaireurs d’élite avait été anéantie, la laissant seule. Elle ne pouvait même pas dire s’ils avaient été capturés ou tués. Mais malgré la gravité de sa situation, Brusch réfréna son anxiété et galopa à travers les plaines aussi vite qu’elle le pouvait. Elle avait douloureusement promis à son équipe déchue qu’elle reviendrait les chercher.

La première règle de Jamka pour l’équipe de reconnaissance : Ne faiblissez jamais, même si vos camarades sont tombés. Rapportez l’information chez nous en toute sécurité, même si vous revenez seul. Cela faisait partie du code de conduite interne de l’équipe, tenu secret même pour le roi Alnoa. Brusch n’arrêtait pas de répéter cette règle à elle-même, essayant de garder ensemble les fragments de son cœur brisé.

« Ahh ! »

De l’obscurité vint une boule de feu qui s’écrasa sur le flanc de son cheval. Tout son abdomen avait été réduit en charpie, le tuant instantanément et l’envoyant s’écraser sur le sol.

« Qu’est-ce qui se passe... !? »

Brusch avait sauté du cheval mort et avait atterri en toute sécurité.

« Qu’est-ce que c’est... ? »

Ses mots ont été pris dans sa gorge. Une obscurité indicible, plus sombre que le ciel sans étoiles, la consumait lentement.

« Al... »

Elle ne pouvait que murmurer ce dernier mot. Le silence régnait alors sur la plaine noire. Un silence complet et absolu, loin du silence typique de la nuit. Pas une seule chose vivante ne pouvait être entendue ou vue dans l’obscurité impénétrable.

***

Chapitre 3 : Rêves et désespoir

Partie 1

Pour la première fois depuis longtemps, Alnoa s’était réveillé dans sa propre chambre.

Se réveiller dans sa propre chambre est si relaxant. Je me sens complètement rafraîchie et reposée. C’est tellement bon, mais... il y a quelque chose qui cloche.

« J’espère que je me trompe..., » murmura Alnoa.

Alnoa fixait le plafond, perdu dans ses pensées. Il était incapable de se résoudre à quitter le confort de son lit. En ce moment, il se baignait sous la chaude lumière du soleil printanier qui brillait à travers ses fenêtres.

Montrez-moi une personne qui sortirait du lit dans cette situation et je vous dirais que c’est un imbécile. Je resterai au lit jusqu’à ce que Lilicia vienne allumer la cheminée. Je suis sûr que ce sera bientôt fait.

Enveloppé dans ses couvertures, Alnoa avait regardé dans la pièce, mais il n’avait rien trouvé qui aurait pu être la source de son malaise antérieur.

« Je suppose que ce n’est rien. En parlant de ça, je n’ai même pas eu le temps de passer une bonne nuit de sommeil ces derniers temps avec tout le vacarme qui se produit dans le château, » murmura Alnoa.

Alnoa s’était blotti dans ses couvertures si moelleuses. Il s’était rendu à l’appel de son lit et avait recommencé à somnoler.

« C’est bon si je prends un jour de congé, n’est-ce pas... ? » murmura-t-il pour lui.

« C’est bon... J’ai de la place pour une seconde... »

Une voix inattendue venant d’une autre partie de la pièce avait choqué Alnoa, ce qui l’avait réveillé.

Je ne fais pas que rêver, n’est-ce pas ?

Il pouvait sentir que quelqu’un était présent dans le coin de la pièce. Ou, plus précisément, il pouvait entendre quelqu’un parler dans son sommeil. Il s’était assis à contrecœur, toujours enveloppé dans ses couvertures, et regarda vers le canapé au milieu de la pièce. Il était vide, mais à côté de lui, il y avait quelque chose qui attirait l’attention d’Alnoa.

« Franchement ? » murmura Alnoa avant de soupirer.

Il voulait ignorer son invitée surprise, se retourner et se rendormir, mais il ne pouvait pas risquer d’être attaqué et de voir son lit détruit pendant qu’il dormait dans la félicité. Alnoa avait frotté ses yeux endormis et il avait regardé de plus près de l’endroit d’où venait la voix.

Là, il avait vu un grand panier à l’allure suspecte, recouvert d’une couverture. Le panier était assez grand pour contenir une personne à l’intérieur, et il n’était certainement pas dans la pièce lorsqu’il s’était endormi.

Vous devez vous moquer de moi. Vous vous attendez vraiment à ce que je joue avec votre routine d’assassinat si tôt le matin ?

Il avait songé à se lever et à quitter tranquillement la pièce, mais le mystérieux panier avait piqué sa curiosité.

Que prévoit-elle de faire pour aujourd’hui ?

Cédant à la tentation, il avait rampé tranquillement hors de son lit, mais s’était mis à frissonner dès qu’il avait été libéré de ses couvertures.

Il fait si froid ! Je devrais juste retourner au lit et prétendre que je n’ai rien vu.

Il s’était déplacé dans le froid du matin en se faufilant vers le panier.

« Il y a quelqu’un ? » demanda Alnoa.

La couverture avait tremblé en réaction à la question d’Alnoa. Alnoa avait retiré nerveusement la couverture du panier, préparé à toute embuscade qui l’attendait.

« Quoi !? Sharon, qu’est-ce que..., » murmura Alnoa.

Les yeux d’Alnoa s’étaient grands ouverts sur la scène qui l’avait accueillie lorsqu’il avait retiré la couverture.

« Hmm ? Bonjour. »

À l’intérieur du panier se trouvait Sharon. Un seul long ruban rose enroulé légèrement serré autour d’elle était tout ce qui couvrait sa nudité. Alnoa avait du mal à croire que cela faisait partie d’un stratagème d’assassinat.

« Nngh... Ahh ! Je me suis endormie ! Euh... Surprise ! » annonça Sharon.

Je parie qu’elle faisait semblant d’être un cadeau et qu’elle avait prévu de me tendre une embuscade quand je serai allé « l’ouvrir », mais à la place elle s’est endormie. Est-ce qu’elle prend vraiment ça au sérieux ?

Même sa cible s’inquiétait de voir à quel point ses idées étaient pleines de trous.

« Fwahhhhhh ! » gémit-elle alors que Sharon s’était assise.

Après ça, elle s’était frotté les yeux, puis s’était étirée comme un chat. Considérant qu’elle n’était vêtue que d’un mince ruban, son étirement donnait à Alnoa une vue imprenable, ce que Sharon avait mis du temps à réaliser en raison de sa somnolence.

« Hmm ? Pourquoi me fixez-vous autant... ? » demanda Sharon.

Normalement, ce serait le moment où Sharon aurait fait un énorme vacarme et Alnoa aurait poussé un soupir exagéré, mais cette fois-ci, c’était différent.

« Ah ! Nooon ! Pourquoi est-ce que je porte ça ? Qu’est-ce qui se passe ? » s’écria Sharon.

Réalisant la situation dans laquelle elle se trouvait, Sharon avait timidement essayé de cacher ses seins avec ses bras, mais elle n’avait pas pu échapper au regard anormalement froid d’Alnoa.

« Ne faites pas... Ne me regarde pas comme ça ! Dites quelque chose ! Vous n’avez rien à dire à une jolie fille qui se présente à vous !? » Elle avait regardé Alnoa après avoir déclaré ça, et ses joues rougissaient à cause de l’embarras.

« Quand êtes-vous arrivée ? » demanda Alnoa.

« Hmm... Tout à l’heure, » répondit Sharon.

« Il n’y a aucune chance que cela soit vrai. Dites-moi quand, » demanda Alnoa avec plus de force.

Bouleversée par les questions obstinées d’Alnoa, Sharon avait oublié un instant sa colère et avait réfléchi soigneusement à la façon dont elle y était arrivée. « Je pense que... c’était hier soir. »

« Vous êtes ici depuis hier soir, tout en portant ça ? » demanda Alnoa.

Elle avait hoché la tête avec une certaine anxiété.

Comme s’il attendait cette réponse, Alnoa s’était approché de Sharon tout en restant silencieux.

« Attendez ! Je voulais juste vous tendre une embuscade ! J’avais ce plan et c’est tout ! Je l’ai appelé “Surprise, vous êtes mort !” » Sous la menace des bras d’Alnoa se rapprochant d’elle, Sharon avait avoué ses intentions tout en frissonnant.

 

 

« Sharon, allez-vous bien ? » demanda-t-il.

Ses lèvres d’un pourpre clair tremblaient. Non seulement à cause du froid, mais aussi parce que le contact avec Alnoa était devenu une expérience traumatisante pour elle.

« Ne vous approchez pas ! J’ai un couteau dans le panier avec lequel j’avais prévu de vous poignarder, alors restez où vous êtes ! » cria Sharon.

Une effrayante et effrayée Sharon avait ainsi menacé Alnoa. Alnoa se demandait si le fait qu’elle lui révèle tous ses plans était l’idée la plus intelligente. Il avait continué à tendre la main et avait ensuite saisi avec force ses épaules.

« Non ! Attendez, quoi ? » s’écria-t-elle.

Alnoa était désormais devant elle, comme elle l’avait prévu, mais elle tremblait de peur. Cependant, ses craintes s’étaient avérées sans fondement. Car il n’y avait pas eu de Déferlement Céleste activé.

« ... Pourquoi ? » demanda-t-elle.

« Quoi ? Déçue qu’il ne se soit vraiment rien passé ? » demanda Alnoa.

« N-Non... !!!! Pourquoi le serais-je !? Soyez plus réaliste ! » cria Sharon.

« On dirait que je peux vous toucher si c’est fait de cette manière, » déclara-t-il, puis il avait doucement recouvert Sharon avec sa veste. Le Déferlement Céleste n’était pas activé par son toucher indirect.

« Je n’en ai pas besoin ! » répliqua Sharon avant de lui rendre en fureur sa veste chaude.

Alnoa ne pouvait pas supporter de voir la fille tremblante, gelée. Il avait alors haussé la voix en conséquence. « Arrêtez de déconner ! Vous êtes gelée ! Avez-vous la moindre idée à quel point les nuits printanière d’Althos sont froides  !? Ce n’est pas une blague ! Vous avez passé toute la nuit à ne porter qu’un ruban ? Avez-vous perdu la tête ? Essayez-vous d’attraper un rhume ? »

« Ah..., » Sharon avait été surprise par la réaction inattendue d’Alnoa. « C-Ce n’est pas si froid que ça. Je vais très bien ! »

Alnoa avait fait plisser son front pendant un moment, puis il avait enveloppé sa veste autour de Sharon qui fronçait les sourcils et il l’avait prise dans ses bras.

« Là-bas ! Vous êtes beaucoup plus légère que ce à quoi je m’attendais, » déclara Alnoa.

« Ah, hé !!! »

« Sharon, arrêtez de gigoter ! Je peux voir, euh, vous savez..., » commença-t-il.

« Quoi !?? Pourquoi, vous..., » sa timidité l’avait emporté sur sa colère. Sharon avait mis de côté ses sentiments conflictuels et avait cessé de résister, bien qu’elle s’était assurée de continuer à le regarder pendant tout ce temps.

« Vous êtes vraiment très pâle à cause du froid, donc vous n’avez pas le droit de vous plaindre. Vous allez dans mon lit tout de suite ! » déclara Alnoa avec force, puis il l’avait installé avec gentillesse dans son lit.

« Je vais vous chercher une tasse de lait chaud, » déclara Alnoa.

« Ahhhh. Il fait si bon et si chaud. » Sharon s’était installée confortablement dans le lit d’Alnoa. Les frissons qu’elle avait niés auparavant avaient rapidement disparu.

« Attendez ici. Ne bougez pas ! » déclara Alnoa avant de sortir de la pièce.

Sharon, couverte jusqu’au nez, regarda Alnoa quitter la pièce.

Le silence était alors apparu dans la pièce une fois que le son des pas d’Alnoa s’était estompé.

« Qu’est-ce qui ne va pas chez lui... ? Je n’ai même pas demandé son aide, » murmura Sharon.

Sharon gonfla ses joues et agrippa le bout de sa couverture en colère. Elle ne voulait rien d’autre que de montrer à Alnoa ce qu’il était en sautant hors du lit, mais sa chaleur résiduelle l’enveloppait et la liait sur place.

« Ahh... Si chaud. »

Son défi n’était pas à la hauteur du confort du lit. Son confort chaleureux lui rappelait un souvenir qui lui tenait à cœur.

« Oh... C’est un peu comme cette fois où j’étais vraiment petite. J’ai rampé dans le lit de mon père après avoir fait un cauchemar... C’était si chaleureux et doux..., » murmura-t-elle.

Elle avait essayé de résister à la chaleur nostalgique par peur que ce soit une sorte de piège tendu par Alnoa, mais elle n’avait pas pu le faire. Elle agrippa les couvertures et se plaça sur le côté.

« Cette odeur est plutôt agréable... »

Elle s’était assoupie en pensant au moment qu’elle avait passé avec son père et cela s’était attardé encore plus longtemps dans son esprit.

« ... euh... Sharon ! » murmura une voix d’homme proche d’elle.

« Mmnn... Papa ? Hein ? Alnoa !? » demanda-t-elle.

En entendant une voix familière, elle s’était rapidement levée dans le lit.

« Ah, désolé. Je ne savais pas que vous vous étiez endormie, » déclara la même voix d’homme.

Elle regarda autour d’elle avec un visage endormi, essayant de trouver la source de la voix. Là, elle vit sa cible d’assassinat tenant une boisson chaude et fumante. Elle avait immédiatement changé son expression pour afficher une expression plus hostile.

« Jusqu’où pouvez-vous vous rabaisser ? Vous me bercez avec un faux sentiment de sécurité avec votre lit étonnamment chaud et confortable, et tout cela seulement pour me faire toutes sortes de choses flippantes et perverses pendant mon sommeil ! » s’écria-t-elle.

À la surface, elle semblait en colère, mais le rougissement de ses joues indiquait à Alnoa qu’elle n’était qu’une réplique agressive en raison du contenu embarrassant de ses marmonnements faits lorsqu’elle était à moitié endormie.

« C’est vrai que je vous ai mise dans mon lit, mais vous vous êtes endormie toute seule, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

Alnoa avait trouvé sa réaction plutôt mignonne. Il lui avait tendu la tasse de lait chaud et fumant avec un sourire. Bien qu’elle soit sur ses gardes, elle avait pris la tasse. Le lait était sa boisson préférée depuis son arrivée à Althos.

Sharon avait jeté un coup d’œil sur Alnoa, mais l’avait remercié à l’intérieur de sa tête. Elle avait soufflé sur le lait puis elle l’avait bu précautionneusement.

« Mmm, c’est bon, » murmura-t-elle.

Sa bouche se détendit en un sourire face au goût légèrement sucré.

« J’ai ajouté quelques cuillères de miel pour vous. C’est comme ça que vous le buvez d’habitude, non ? » demanda Alnoa.

Alnoa s’était assis au bord du lit et avait pris une gorgée de sa propre tasse.

« Quoi !? Comment le savez-vous ? M’avez-vous fait suivre partout où je vais ? Êtes-vous l’un de ces harceleurs dont les citadins parlent ? » Au lieu de lui montrer de la gratitude, elle l’avait frappé avec des insultes.

« Pourquoi est-ce bizarre pour moi de le savoir ? Nous avons mangé ensemble tous les jours depuis votre arrivée ! » répondit Alnoa.

Alnoa avait pris une autre gorgée de sa coupe après avoir lâché sa réponse. Sharon avait fait la même chose en regardant timidement du côté d’Alnoa.

***

Chapitre 3 : Rêves et désespoir

Partie 2

« Ahh, c’est tellement agréable, » la sensation de chaleur qui la traversait l’avait fait murmurer pour elle-même.

« Hein ? Avez-vous dit quelque chose ? » demanda Alnoa alors qu’il n’avait pas compris ce qu’elle avait dit.

« Rien du tout, » répondit Sharon. « De toute façon, ne pensez même pas à faire quelque chose d’aussi pervers comme de ne pas laver vos draps puis de les ranger pour vos journées solitaires maintenant qu’une beauté sans pareil telle que moi a dormi dedans, est-ce compris ? »

« La seule chose flippante ici, ce sont vos pensées, » répondit Alnoa.

« Essayez-vous de regarder dans l’esprit d’une innocente fille telle que moi ? Espèce de salaud, » cria Sharon.

« Oh, taisez-vous et buvez ! »

Leur querelle habituelle semblait être plus détendue et plus agréable cette fois-ci.

« Pour votre information, je n’ai pas renoncé à vous tuer, » annonça Sharon, puis elle avait continué en un murmure quasi inaudible. « Mais je ne veux pas que vous pensiez que je suis complètement sans cœur, alors je vous laisserai vivre pour aujourd’hui en échange de ce merveilleux lait. »

Puis, tout en prétendant qu’elle boudait, Sharon détourna la tête et sourit légèrement. Juste au moment où ils commençaient à profiter ensemble de l’atmosphère douce, la porte de la pièce s’était ouverte, déclenchant un sort d’alarme qui était placé là.

« Al, pourquoi n’êtes-vous pas dans votre lit habituel ? Et j’ai enfin mis la main sur un costume envoûtant ! » Feena avait fait irruption dans la pièce.

Je suppose qu’elle s’attendait à ce que je sois dans mon bureau. Bref, comment a-t-elle réussi à ouvrir cette porte si facilement ? J’avais avec moi hier soir le meilleur magicien du pays ! Et d’ailleurs, comment Sharon est-elle entrée !? Ahh, plus j’y pense, plus j’ai de questions ! Bien que ce n’est pas le moment de s’inquiéter de ces conneries... Qu’est-ce qui se passe avec cette tenue !?

« Hahh... N’ai-je pas l’air mignonne ? » demanda Feena. « J’ai emprunté cet uniforme à Lilicia. J’ai lu une fois que les hommes ne peuvent pas résister aux uniformes de servante, alors maintenant je peux... vous avoir... entièrement pour... »

Feena avait commencé à se décrire avec fierté avec sa voix monotone habituelle, mais s’était éloignée en cours de route du sujet. La fille aux cheveux rouge couchée dans le lit d’Alnoa avait attiré son attention.

« A-A-A-Al, qu’est-ce que vous êtes..., » balbutia Feena.

 

 

Alnoa était assis à côté de Sharon, qui était pour ainsi dire nue et qui était couchée dans son lit, et ils étaient en train de partager dans une ambiance heureuse une boisson chaude.

« Feena, il s’agit juste d’un malentendu. Je peux tout expliquer ! » commença Alnoa.

« Non, attendez, Feena ! On n’a pas fait ce que vous pensez ! » expliqua Sharon.

Ils tremblaient tous les deux. En les regardant, on penserait immédiatement qu’il s’était passé quelque chose entre eux hier soir.

« Al... Espèce d’agresseur sexuel ! Traîtresse ! Coureur de jupons ! » cria Feena.

Elle avait tracé un cercle magique assez grand pour détruire non seulement la pièce, mais aussi tout le château.

« Attendez, je n’ai rien à voir avec ce type ! En fait, eh bien, je suppose que oui, » déclara Sharon.

« Bien sûr que si. Espèce de voleuse ! » cria Feena.

« Je ne veux pas vous le voler ! Je veux juste le tuer ! » avoua Sharon.

« Je ne vous laisserai pas non plus faire ça, » répliqua Feena.

Elles étaient déjà à la gorge l’une de l’autre. Alnoa avait essayé de comprendre ce qu’il devait faire dans cette situation, mais il n’arrivait pas à garder ses pensées claires.

« C’est vrai, je ne suis venu à Althos que pour tuer Alnoa ! » Sharon avait trouvé son propre chemin pour sortir de cette situation difficile, aussi douteuse soit-elle. « Al, préparez-vous ! »

Le meurtre d’Alnoa était sa seule option. Elle dégaina rapidement son épée de Dieu seul sait où et chargea Alnoa.

« Pourquoi en vient-on toujours là ? » demanda Alnoa.

Sharon s’était précipitée vers lui, ne donnant pas à Alnoa le temps de réagir, mais Feena était soudainement arrivée entre eux.

« Ne vous inquiétez pas, Al. Même si vous êtes un gamin qui voulez poser la main sur toutes les filles, que vous avez une sœur qui est vraiment une perverse, vous êtes toujours ma marionnette, alors je vous protégerai ! » déclara Feena.

Sa baguette était tenue fermement dans la main alors que Feena se tenait entre eux. Le bout de la baguette semblait être couvert avec l’électricité.

« N’êtes-vous pas un peu injuste ? Je ne suis pas si mauvais que ça ! » Avec ses doigts pressés contre ses tempes, il avait protesté contre ses affirmations, même s’il savait qu’il était peu probable qu’elle l’écoute.

« Ne vous inquiète pas pour ça ! »

La frappe de Sharon était rentrée en collision avec l’attaque de foudre de Feena.

« Bien essayé ! » s’exclama Feena

Leurs attaques s’étaient dévié l’une de l’autre. L’épée de Sharon avait défoncé le sol, laissant derrière elle un énorme trou, tandis que l’éclair de Feena avait frappé une étagère, brûlant les livres soigneusement organisés, les transformant en charbon de bois. Les deux Divas avaient continué à se bagarrer comme si Alnoa n’était même pas là.

« Je voulais me calmer aujourd’hui, mais je suppose que ce plan a pris feu, tout comme mes livres. Pourquoi est-ce que ça continue d’arriver ? » Alnoa avait renoncé à essayer de les arrêter. Il était monté dans son lit et s’était enfoui sous ses couvertures pour tenter d’échapper à la réalité.

« Oh mon Dieu. Ça me fait mal de vous voir vous battre pour mon charmant petit frère tous les jours. J’espère que vous ne m’avez pas oublié. » La sauveuse d’Alnoa, Cécilia, était entrée avec grâce dans la pièce avec un sourire éclatant clairement visible sur son visage resplendissant.

« Restez en dehors de ça ! C’est quelque chose entre elle et moi, » répliqua Sharon.

« Vous ne pouvez pas arrêter ça, Mademoiselle Cécilia, » déclara Feena.

Absorbées par leur combat, elles avaient à ce moment-là complètement oublié leurs objectifs initiaux.

« Oh mon Dieu. Comment osez-vous me dire ça ? J’aime Al plus que quiconque ! Je pense que je vais devoir vous donner une leçon, » après avoir dit ça, Cécilia avait marché juste à être à côté d’Alnoa puis elle avait croisé les bras.

« Cécilia, tu n’as vraiment pas à..., » même s’il savait que c’était futile, il avait essayé de lui résister.

« Oh, alors veux-tu juste t’asseoir et garder les bras croisés puis regarder ta chambre être détruite ? » demanda Cécilia.

« Arg, eh bien..., » commença Alnoa.

« Tu es à moi ! » s’exclama Cécilia d’un coup.

Alnoa étant occupé à penser à ce qui pourrait arriver à sa chambre, Cécilia avait saisi l’occasion et l’avait fait se déplacer. Elle avait saisi les mains d’Alnoa et les avait placées contre sa poitrine.

*Sposh.*

« Ah ! Noooooon ! » cria Alnoa.

Oh, pour l’amour de... D’accord, peu importe.

Alnoa avait concentré sa magie dans ses mains en désespoir de cause. Le désir gonflait en lui, et sa sœur avait l’air extatique comme le démontrait son visage. Alnoa avait fait appel à la force morale pour résister à l’incommensurable convoitise évoquée par le Déferlement Céleste qu’il subissait.

« Ahh... Al ! » cria Cécilia.

« Cécilia ! »

Il avait alors senti une soudaine envie d’enlacer sa sœur en entendant sa douce voix, mais il avait réussi à se séparer d’elle au moment où il était sur le point de perdre la tête.

« Ahh, je voulais continuer à jouer, » murmura Cécilia.

« Cécilia, ne t’amuses-tu pas un peu trop ? » demanda Alnoa en haletant lourdement.

« Non, pas du tout. Essayons d’aller un peu plus loin la prochaine fois, » déclara Cécilia, parlant assez fort pour que tout le monde l’entende. Elle avait recoiffé ses cheveux ébouriffés et avait fait la moue en raison de son insatisfaction, puis avait regardé Alnoa comme si elle avait voulu que leur Déferlement Céleste devienne incontrôlable.

C’était assez intense pour Alnoa tel qu’il était, soit mentalement épuisé. Pendant ce temps, Cécilia débordait d’énergie physique et magique. Elle lui avait pris un peu de pouvoir magique pendant le Déferlement Céleste.

Je préférerais qu’il n’y ait pas de prochaine fois. Pour mon bien et celui de tout le monde.

Cécilia avait pris une profonde respiration, puis elle fit sonner la cloche sur son khakkhara, et se tourna vers les deux Divas qui étaient responsables de la destruction de la pièce. Elles étaient immobiles, horrifiées par ce dont elles venaient d’être témoins.

« Votre temps de jeu est terminé, les filles. Je souhaite maintenant passer un peu de temps seul avec mon petit frère. Donc, puis-je vous demander à vous deux, de grossières enquiquineuses, de partir d’ici ? » demanda Cécilia.

Est-ce que j’imagine des choses, ou est-ce que sa voix a un ton terriblement érotique ?

« Surveillez votre langage ! Ne vous excitez pas ainsi parce que vous avez utilisé le Déferlement Céleste ! » Sharon avait mordu à l’hameçon. Elle avait ajusté sa prise sur son épée et avait chargé à Cécilia. Bien sûr, elle s’était suffisamment retenue pour que Cécilia n’en meure pas.

« Hein ? » Avant qu’elle ne s’en rende compte, Sharon était allongée sur le dos en regardant le plafond brûlé. « Hein ? Qu’est-ce que... Ahhh ! »

Alors que Sharon était encore perplexe, Cécilia avait saisi son bras qui s’agitait encore et la lança à travers l’air directement dans un mur à l’extérieur de la pièce.

« C’était ma proie ! » Se proclamant comme la prochaine challenger, Feena avait tracé un cercle magique horizontal.

« Mur de glace ultime ! » Sans chanter, Feena avait érigé un massif mur de glace au milieu de la pièce, séparant Alnoa de Cécilia et d’elle-même.

« Oh mon Dieu ! » s’exclama Cécilia.

Mais le sourire de Cécilia n’avait pas faibli. Elle avait concentré son énergie magique dans ses mains et avait brisé sans effort l’immense mur. Il avait explosé comme un tronc d’arbre infesté de termites, puis frappé par un marteau de forgeron.

« Quoi ? Impossible ! » Feena n’en croyait pas ses yeux.

Même Alnoa, qui n’était pas très doué en magie, savait que le mur de glace de Feena n’était pas si facilement brisable. Il ne pouvait qu’être émerveillé par ce qu’il voyait. Non seulement par ce pouvoir brut et absolu de Cécilia, mais aussi face à son comportement vraiment envoûtant.

« Eh bien, maintenant. Il est temps de mettre fin à ce petit jeu. Je suis sûre que vous êtes fatiguée après tous ces exercices, alors allez prendre un bain chaud. Mais n’oubliez pas de d’abord prendre un petit déjeuner  ! » déclara Cécilia.

Sentant le regard d’Alnoa sur elle, Cécilia avait saisi par la nuque une Feena abasourdie et l’avait jeté avec une certaine retenue hors de la pièce.

« Laissez-moi vous montrer la sortie, » annonça Cécilia.

« Aïe ! » cria Feena.

Feena était tombée sur le sol de pierre brute. En vérité, Alnoa avait un peu pitié pour elle.

« Est-ce la puissance du Déferlement Céleste ? » murmura Sharon à côté de Feena.

« À tout à l’heure, » après s’être inclinée avec douceur devant les filles perplexes, Cécilia s’était tournée vers Alnoa avec un sourire suggestif et s’était précipitée vers lui.

« Maintenant que nous sommes enfin seuls, » déclara Cécilia.

« Merci, Cécilia. Maintenant, je peux enfin me détendre, » répondit Alnoa.

Retournant le sourire de sa sœur, Alnoa lui prit les mains et la conduisit élégamment hors de la pièce.

« Je ne pourrais pas t’être plus reconnaissant, Cécilia. Franchement. Merci, » déclara-t-il.

Après qu’elle fut sortie de la pièce, Alnoa s’inclina d’une manière exagérée, puis ferma rapidement la porte sur elles et verrouilla la serrure.

***

Partie 3

« Ah oui, c’est vrai..., » déclara Feena d’un coup.

Alnoa et les Divas savouraient après le déjeuner un dessert constitué d’un gâteau aux fraises, et bien sûr, c’était à la demande de Sharon.

« Quoi ? J’espère que vous n’êtes pas sur le point de recommencer une autre dispute, » répondit Alnoa en tapotant son ventre bien rempli. Venant de sa part, c’était une réponse inhabituelle et brutale.

« J’ai appris quelque chose sur les cristaux, » déclara Feena.

« Oh. Qu’avez-vous découvert ? » demanda Alnoa.

Alnoa avait immédiatement changé son attitude envers elle. Il avait essayé de la presser à répondre en la regardant droit dans les yeux, mais elle avait décidé de maintenir le suspense un peu plus longtemps et de finir son gâteau avant de continuer.

« Merci. C’était bon, » déclara-t-elle après l’avoir fini.

Elle s’essuya gracieusement la bouche avec une serviette et passa ensuite au sujet principal de la conversation. « Les cristaux sont bon marché. Vous pouvez les obtenir n’importe où. Ce qui est intéressant, c’est ce qu’il y a à l’intérieur... »

Feena avait sorti un petit récipient de sa robe et l’avait mis sur la table. À l’intérieur, il y avait une boule rouge, semblable à du cristal.

Est-ce qu’elle cachait ce pot dans son décolleté !?

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Sharon.

Sharon, ayant terminé sa deuxième tranche de gâteau, se leva toute joyeuse et voulut prendre le pot, mais Feena lui donna rapidement une gifle sur la main.

« C’est quoi votre problème ? » demanda Sharon.

La gifle de Feena avait pris Sharon au dépourvu et avait tué sa bonne humeur.

« C’est probablement ce qui transforme les esclaves en monstres. Vous ne devrez pas y toucher sans faire attention, » déclara Feena.

« Quoi ? Alors je deviendrai aussi un monstre si j’y touche ? » demanda Sharon.

« Je ne sais pas encore, » répondit Feena.

L’explication de Feena avait atténué la colère de Sharon. Elle avait été repoussée par l’idée même d’une Diva se transformant en l’un de ces monstres. Sa surprise et son dégoût étaient apparents.

Alnoa pouvait l’imaginer facilement —, Sharon devenant un gorille géant et roux, grimpant sur le sommet de la plus haute tour du château et détruisant l’endroit, le transformant en ruine.

« Ne venez-vous pas d’imaginer quelque chose d’incroyablement grossier ? » demanda Sharon.

« Oh, euh ! Pas du tout ! » s’écria Alnoa.

Quoi ? Les Divas peuvent-elles lire les pensées du Roi-Démon ou un autre truc dans le genre ? Si c’est le cas, adieu mon intimité...

« Alors, Feena, dites-nous en plus sur les cristaux, » afin de faire disparaître le regard acéré de Sharon posé sur lui, Alnoa avait désespérément essayé de remettre la conversation sur la bonne voie. Mais il n’avait pas reçu de réponse.

À la place, Feena avait fixé silencieusement devant Alnoa, tout droit sur le dernier morceau de gâteau aux fraises qui restait.

« Vous plairait-il de l’avoir ? » demanda Alnoa.

Feena avait alors dégluti de manière audible.

« Alors, vous l’aurez plus tard, » annonça Alnoa.

Cette fois, elle avait doucement secoué la tête.

« Ne voulez-vous pas continuer tant que vous ne l’avez pas ? » demanda Alnoa.

Une autre forte déglutition pouvait être entendue venant d’elle.

Vous êtes aussi diabolique que Sharon !

Il avait affiché un regard mécontent, mais elle n’avait pas réagi.

« Eh bien, d’accord. Vous pouvez l’avoir si vous le... Hein ? Qu’est-ce qu’il y a ? » commença Alnoa.

Alnoa avait commencé à faire glisser le gâteau vers elle, mais Feena l’avait arrêté.

« Nourrissez-moi, » demanda Feena.

« Excusez-moi ? » demanda-t-il, pensant ne pas avoir compris.

Elle avait fermé les yeux et avait ouvert la bouche. Même si Alnoa voulait résister, les expériences du passé lui avaient appris qu’il valait mieux qu’il joue le jeu. Il pouvait faire tout ce qu’il voulait, il perdrait quand même à la fin.

« D’accord, mais vous devez d’abord tout nous dire, » déclara-t-il.

À la place de résister, il avait décidé d’utiliser le gâteau comme monnaie d’échange. Bien sûr, il ne pensait pas qu’une simple part de gâteau avait une telle valeur.

« Laissez-moi y réfléchir ! » déclara Feena.

Feena avait pris un moment pour examiner sérieusement la proposition. Elle avait regardé entre la main d’Alnoa et son visage, comme un chiot dont le maître lui avait dit d’attendre.

« Marché conclu, » annonça-t-elle.

Oui ! J’ai gagné !

Son destin inévitable n’avait été que retardé, donc ce n’était pas un triomphe total, mais même une victoire mineure avait suffi à rendre Alnoa heureux.

« Le cristal est enchanté de trois propriétés magiques : l’amélioration physique, l’illusion et la métamorphose. J’appelle ça un cristal magique, » Feena commença immédiatement son explication.

Alnoa avait été tenté de faire des remarques sur sa convention de nommage peu imaginative, mais c’était un sujet sérieux, alors il avait décidé de se taire.

Feena avait continué l’explication. « Ce n’est qu’une hypothèse, mais je pense que les cristaux magiques sont utilisés pour transformer leur utilisateur sur la base de ce qu’ils s’imaginent comme étant la chose la plus forte ou la plus effrayante. »

Alnoa se souvenait parfaitement des abominations. Elles avaient certainement ressemblé à des créatures tirées d’un livre d’images.

« Oh mon Dieu. Je n’avais jamais vu une telle magie auparavant, » ajoute Cécilia.

« Moi non plus. J’aurai besoin de l’étudier davantage pour la comprendre pleinement, » déclara Feena.

Les deux Divas, expertes respectivement en magie de guérison et de destruction, avaient incliné la tête avec surprise.

« Je vois. Feena, continuez vos recherches. Brusch devrait être de retour dans un jour ou deux. On pourrait aussi apprendre quelque chose d’elle, » déclara Alnoa.

Sentant qu’ils n’iraient pas plus loin ce jour-là, Alnoa avait mis fin à la discussion.

Je me demande pourquoi Jamka n’est pas encore venu me voir avec son barrage habituel de plaintes.

Feena avait pris de manière décontractée le pot contenant le catalyseur pouvant transformer quelqu’un en monstre et elle l’avait remis dans sa robe.

« Oh mon Dieu. N’est-ce pas dangereux ? Est-ce qu’un simple pot suffit pour tenir ça ? » demanda Cécilia, interrompant les pensées d’Alnoa.

« Ne vous inquiétez pas. J’ai jeté un sort de protection sur le récipient, » Feena avait un peu gonflé sa poitrine. Elle était très confiante dans son sort.

« Attendez un peu ! Si vous avez jeté de la magie de protection dessus, alors pourquoi m’avez-vous giflé les mains plus tôt !? » Sharon protestait contre Feena.

« Je ne voulais pas que vous casiez le récipient avec votre force de gorille, » répondit Feena.

« Faites gaffe à ce que vous dites ! » cria Sharon.

Comme d’habitude, Sharon avait immédiatement perdu son sang-froid et était sur le point de commencer un autre combat. Elle avait jeté un coup d’œil rapide à Alnoa et avait souri.

« Je t’ai à moi maintenant ! » cria Sharon.

« Ah ! » s’écria Feena.

D’un seul geste, Sharon avait attrapé la tranche de gâteau devant Alnoa et l’avait fourré d’un coup dans sa bouche.

« Hahahah ! Voilshà ce que voushs récoltshez pour vous battrshe contre moish ! » déclara Sharon, la bouche pleine.

« Non ! Mon précieux gâteau ! Je voulais tant mon moment d’amour avec Alnoa ! » déclara Feena.

Feena était découragée, mais elle avait refusé de céder, et cela même face à Sharon qui était en train de manger le gâteau qu’elle voulait tant.

« Il est temps d’exterminer l’espèce des Gorilles Rouges de Freiyan une fois pour toutes, » déclara Feena.

Attendez, y a-t-il des animaux comme ça à Freiya ? Je suis presque sûr qu’il n’y a pas...

Feena avait concentré son énergie magique, créant une aura bien visible autour d’elle.

« Oh, amenez-vous ! Réglons ça ici ! » déclara Sharon. Puis elle essuya la crème de son visage et avait ensuite attrapé l’épée se trouvant derrière son dos.

« Ça a l’air vraiment mauvais. Oubliez la chambre, elle pourrait détruire tout le château avec autant de magie ! » déclara Alnoa qui analysait la situation.

« Oh mon Dieu. Ce ne serait pas bon, » répliqua Cécilia sur un ton indifférent.

« Pourquoi tu ne prends pas ça au sérieux, Cécilia !? » demanda Alnoa.

Au milieu de cette situation qui mettait sa vie en danger, Cécilia avait fait signe à Lilicia avec ses yeux.

« Excusez-moi pour le retard. J’ai apporté plus de gâteau, » annonça Lilicia.

Une deuxième fournée de gâteau était arrivée, apportant ainsi une période de silence mortel. La soif de sang des Divas s’était lentement dissipée.

« Puis-je vous demander de faire moins de bruit ? Je suis ravie de vous voir profiter de l’heure du déjeuner, mais vous dérangez les autres, » déclara Lilicia.

« Moi aussi ? Je n’ai rien fait ! » déclara Alnoa.

« Bien sûr que oui. Ces deux dames sont vos candidates au mariage, donc vous partagez la responsabilité, » annonça froidement Lilicia.

Lilicia avait abattu Alnoa sans un instant de retard. Les trois individus retournèrent tranquillement à leurs sièges et commencèrent à manger leur gâteau.

Au moins, je n’ai plus à nourrir Feena, n’est-ce pas ?

« Oh, Mademoiselle Sharon. Une lettre pour vous est arrivée de Freiya, » déclara Lilicia.

Après s’être assurée que tout le monde s’était bien installé, Lilicia avait remis une lettre à Sharon. Le parchemin avait été scellé avec un timbre rouge. Il était évident au premier coup d’œil qu’il s’agissait d’une lettre de grande classe.

« Oh. Merci, » déclara Sharon.

Suis-je en train d’imaginer des choses, ou avait-elle l’air triste un instant ?

Sharon était revenue à son expression habituelle, s’était penchée en arrière sur sa chaise et avait lu la lettre.

« Merci beaucoup pour le repas, c’était splendide. Désolée, mais je dois retourner dans ma chambre, » avec son visage drainé de toute couleur, Sharon avait relu la lettre, puis elle se leva aussitôt.

« Oh mon Dieu. Sharon, vous n’avez pas fini votre dessert. Ça ne vous ressemble pas, » déclara Cécilia.

« Êtes-vous peut-être rassasiée ? » demanda Alnoa.

Sharon avait quitté la salle sans répondre à leurs commentaires.

Alnoa n’y pensait pas beaucoup. Il n’avait aucune idée de la tempête que la lettre prédisait.

***

Partie 4

« Ah, la journée est enfin terminée. »

Alnoa s’était couché sur son lit et il s’était étendu de tout son long. Il avait passé toute la journée à travailler après son repas mouvementé.

« J’ai l’impression d’avoir enfin fait des progrès aujourd’hui. »

Mais quelque chose manquait à Alnoa. Il se déplaçait dans son lit, insatisfait. Feena et Cécilia étaient occupées à étudier le cristal magique, et il n’avait pas vu Sharon depuis son retour dans ses quartiers. Elle avait dit qu’elle devait penser à certaines choses de son côté. Il avait demandé à Lilicia de veiller sur Sharon, sous prétexte qu’il avait un travail important à faire et qu’il ne pouvait pas être interrompu par une autre tentative d’assassinat.

Grâce à ça, pour une fois, il avait eu un après-midi productif. Mais Sharon ne s’était même pas présentée au souper, le laissant sous le choc. Alnoa avait commencé à croire que Sharon pouvait surgir de nulle part en un instant, et il avait donc passé le reste de la journée sur les nerfs. Chaque petit bruit lui avait fait penser qu’elle arrivait. À la fin, ses nerfs étaient plus usés qu’il ne le pensait.

« Ma vie était tellement plus paisible jusqu’à il y a quelques jours, » murmura-t-il.

Il regrettait de ne pas pouvoir se détendre de temps en temps, mais une partie de lui trouvait son ancienne vie ennuyeuse en comparaison.

La situation est devenue incroyablement chaotique. Je n’ai plus le temps de me détendre ou de penser à moi-même. Mais d’un autre côté, je dors beaucoup plus profondément depuis l’arrivée des Divas.

« Eh bien, au moins c’est amusant, » murmura Alnoa pour lui-même, anxieux à l’idée que ces moments de plaisir finiront par s’achever.

« Cependant, c’est comme ça, » continua-t-il.

Alnoa avait poussé un profond soupir, puis il était sorti du lit avec un regard mécontent.

« J’ai besoin de me vider l’esprit, » murmura-t-il.

Il avait ouvert les fenêtres et avait regardé sans réfléchir vers l’extérieur afin de calmer son esprit.

« Les arbres cachent des étoiles..., » déclara-t-il

En raison de la faible main-d’œuvre d’Althos, l’entretien du château avait été négligé pendant des années, et des arbres avaient envahi la zone ce qui avait bloqué la vue du ciel nocturne d’Althos. Il n’avait pas prévu d’observer les étoiles lorsqu’il était sorti du lit, mais maintenant que sa vue était bloquée, c’était tout ce qu’il voulait faire. Alnoa était ce genre d’individus.

Il s’était penché par la fenêtre et avait déplacé les branches afin de dégager la vue. Mais alors qu’il tendait la main, quelque chose avait lancé une balle vers la tête et cela avait frappé le mur derrière lui.

« Qui est là !? » s’écria Alnoa.

Alnoa avait sauté sur le côté et avait jeté un coup d’œil par la fenêtre afin de détecter son agresseur, tout en utilisant le mur comme couverture. Un autre projectile était passé à côté de lui, manquant de peu son visage. Il s’agissait d’une flèche en argent. L’agresseur d’Alnoa voulait le tuer.

« J’attendais votre tentative quotidienne d’assassinat. Cette fois, vous tentez de me tirer dessus, hein ? » déclara Alnoa.

Les pensées d’Alnoa s’étaient immédiatement fixées sur une certaine fille aux yeux cramoisis. Ses tentatives avaient été plutôt bâclées, mais il semblerait que cette fois-ci, elle était sérieuse. Alnoa avait minutieusement fermé la fenêtre tout en restant hors de vue, soupçonnant que Sharon ne voudrait pas que Cécilia se fâche si elle brisait la fenêtre.

Alnoa avait tort, car l’assassin était passé par la fenêtre, la brisant, alors qu’il démontrait qu’il était déterminé à mettre fin à la vie d’Alnoa. Son identité était dissimulée par un manteau noir et un tissu enroulé autour de son visage.

« Oh, franchement. Est-ce pour ça que vous n’êtes pas venue dîner ? J’espère que vous êtes prête à vous expliquer à Cécilia et..., » Alnoa s’était arrêté au milieu de la phrase en regardant de plus près son agresseur.

Attends, Sharon a-t-elle toujours plus grande que moi ? Et je suis sûr qu’elle n’était pas non plus aussi costaud.

*Woosh !*

Profitant de la confusion d’Alnoa, l’assassin avait dégainé un grand couteau qui avait été attaché à sa poitrine et frappé vers la gorge d’Alnoa.

« Wôw ! Attention ! » s’écria-t-il.

Alnoa avait à peine été capable de détecter la trajectoire du couteau dans la chambre noire. Il avait esquivé en faisant quelques pas vers l’arrière. Cela l’avait convaincu qu’il n’y avait aucune chance que ce soit Sharon qui l’attaquait.

« Si vous n’êtes pas Sharon, alors vous devez être un véritable assassin ! » déclara Alnoa.

Alnoa fit claquer sa langue et il abaissa sa posture, se préparant au combat. Il avait maintenu une distance d’environ cinq mètres, gardant l’assassin hors de portée d’attaques. Une tension suffocante remplissait la pièce alors qu’ils réfléchissaient tous les deux à leurs prochains mouvements.

La seule arme ici est une épée décorative qui est sur le mur, et c’est trop loin. Je n’y arriverais pas.

L’épée n’était qu’à quelques pas, mais l’assassin était trop proche pour qu’Alnoa puisse faire un geste.

À ce moment-là, quelqu’un avait frappé à sa porte.

« Alnoa, êtes-vous réveillé ? » déclara une voix de femme.

Il s’agissait de Sharon, venant parler à Alnoa avec un minutage parfait. Mais sa voix était plate, dépourvue de son ton assuré habituel.

Alnoa avait mis de côté son malaise et avait crié à pleins poumons sans quitter son agresseur des yeux. « Sharon, nous sommes attaqués ! Courez ! »

Alnoa s’était immédiatement rendu compte de son erreur. Connaissant la personnalité de Sharon, il aurait été plus sage de se taire au sujet de l’attaque. Mais maintenant...

« Hé, Feena ! Je suis l’assassin ici ! Pourquoi ça ne s’ouvre pas ? » demanda Sharon.

Sharon n’avait jamais été du genre à tenir compte du danger. Elle avait défoncé la porte nouvellement réparée d’un coup de poing et s’était précipitée vers l’assassin avant de s’arrêter en raison de la surprise.

« Attendez, ce n’est pas Feena !? » demanda-t-elle.

« Est-ce que cette énorme personne habillée entièrement en noir ressemble à Feena pour vous !? » demanda Alnoa.

L’agresseur d’Alnoa était beaucoup trop grand et trop costaud pour être Feena. Alnoa avait prévu de ne jamais dire à Sharon qu’il avait suspecté que c’était elle au début.

« Alors est-ce un véritable assassin !? » demanda Sharon.

Alnoa acquiesça. Il se demandait pourquoi Sharon avait choisi cette heure exacte pour lui rendre visite, mais il n’avait pas le luxe de le lui demander. Mais pour une raison inconnue, c’était la première fois depuis son arrivée qu’elle n’avait pas sa longue épée avec elle.

Mais cela ne l’empêchait pas de passer à l’action.

« Alnoa, je vais vous emprunter ça ! » déclara-t-elle.

Elle avait rapidement attrapé l’épée accrochée sur le mur. Sa capacité à gérer les situations de vie ou de mort était évidente grâce à son jugement rapide. Avec maintenant deux menaces dans la pièce, l’assassin s’était mis en position défensive. Il était désormais incapable de réagir.

« Ce n’est pas la meilleure arme que j’ai vue, mais c’est mieux que rien, » déclara Sharon.

Elle avait posé la lame sur son épaule et avait regardé l’agresseur tel un animal sauvage. Sharon était prête pour la bataille.

« Préparez-vous ! » déclara Sharon.

Après avoir raffermi sa prise, elle avait sauté vers l’assassin, mais elle avait fait la rencontre avec un couteau lancé sur son chemin avant de pouvoir l’atteindre. L’attaquant avait lu les mouvements de Sharon.

« Ce n’est rien pour moi ! » déclara Sharon.

D’un coup d’épée, elle avait fait tomber le couteau, mais l’assassin avait beaucoup plus de ressources que ça.

« Merde ! » s’écria Sharon.

Un autre couteau avait suivi de près le premier, avec exactement la même vitesse et la même trajectoire. Il volait droit vers une Sharon sans défense comme elle était toujours en vol et qu’elle était encore sur son élan précédent.

« Gah ! »

*Clank !*

Le couteau avait frappé le centre de son visage. À ce moment-là, un son inapproprié à une telle scène avait retenti, c’était quelque chose comme si le couteau avait heurté un objet dur.

« Sharon ! » Pendant un bref instant, le temps semblait s’être figé pour Alnoa. Il cria vers Sharon, maintenant couchée sur le sol.

« Je vaish biensh ! » Sa voix était étrange. Elle s’était levée et affiché un sourire forcé.

« Ce genrshe de petits trucshs ne fonctionnshent pas sur moish ! »

Il faut l’espérer, surtout en tenant compte de son statut de Diva.

Elle s’était tournée vers Alnoa, montrant le couteau qu’elle avait attrapé dans sa bouche avant de le cracher sur le sol et de se retourner vers l’assassin.

« Vous n’êtes pas si mauvais que ça. Je suppose que je vais devoir aussi être sérieuse. Si vous ne voulez pas venir jusqu’à moi, alors je vous apporterai moi-même le plaisir ! » déclara Sharon.

« Boule de glace... Détruisez-le ! » Sharon s’avança, mais une voix inattendue l’interrompit avant qu’elle ne puisse bouger.

Depuis le couloir, Feena avait projeté un morceau de glace de la taille d’un poing à travers le mur, droit sur l’assassin. C’était un niveau inhabituel de témérité qui avait même surpris Alnoa.

« Tch... »

L’assassin avait calmement esquivé sur le côté. Il s’agissait d’un mouvement que Feena avait cependant anticipé. Elle avait envoyé une autre boule de glace qui s’était écrasée à travers le mur en direction de sa cible, pour ensuite à nouveau l’esquiver.

Au moins, le trajet entre mon lit et le couloir a été réduit...

« Pas mal... Il est temps d’être sérieuse. » Feena apparut derrière le mur détruit et concentra son pouvoir.

« Arrêtez ! Voulez-vous détruire tout le château !? » Alnoa lui avait crié dessus.

« Oh. Non, pas du tout, » répondit Feena.

« Vous n’y aviez pas pensé, n’est-ce pas ? » demanda Alnoa.

« Bien sûr que je l’ai fait. À propos du déjeuner de demain, par exemple..., » répondit Feena.

Timide, Feena avait rompu le contact visuel avec Alnoa.

« Ça, c’est quelque chose que Sharon dirait ! Quoi qu’il en soit, concentrez-vous sur le combat ! » demanda Alnoa.

« Arrêtez de jouer et aidez-moi ! Et pour info, je ne pense pas à la nourriture 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ! » s’écria Sharon.

Sharon faisait toujours face à l’assassin actuellement positionné dans le coin de la pièce. Alnoa voulait répliquer qu’ils ne jouaient pas, mais il avait compris que Sharon devait être frustrée de ne pas être capable de se battre dans cet espace réduit.

« Vous commencez sérieusement à m’énerver ! » s’écria Sharon.

Sharon avait frappé avec son épée décorative, visant le flanc de l’assassin. L’assassin avait à peine bougé à ce moment-là.

Sharon avait continué d’attaquer, et l’assassin avait riposté sans relâche à chaque occasion. Avec la façon dont il suivait le rythme, il était clair qu’il était un vétéran.

Au milieu de cette féroce bataille, Sharon avait fait quelques pas en arrière et avait parlé à Alnoa sans quitter sa cible des yeux. « Et aussi, Alnoa, il faut qu’on se parle plus tard. Pourriez-vous prendre un casse-croûte avec vous après ça ? J’ai sauté le repas, donc j’ai plutôt faim. »

Est-ce vraiment le bon moment pour dire ça ? Il y a un assassin entraîné qui essaie de nous tuer ! Qu’est-ce qu’il y a avec ces Divas ?

Pendant qu’ils parlaient, Feena avait projeté une autre boule de glace, celle-ci s’enfonçant dans le sol aux pieds de l’assassin.

« Attendez un peu, Lilicia ne vous a-t-elle pas apporté votre repas ? » demanda Alnoa.

Alnoa se souvenait parfaitement d’avoir demandé à Lilicia de lui apporter ça.

« Oh, euh... Je veux dire... ! Je n’ai pas fini mon dessert au cours du déjeuner, alors j’en redemande. Et alors, si vous êtes libre après ça, ça vous dérangerait de vous joindre à moi ? » Sharon avait insisté sur le fait de passer du temps avec Alnoa.

Comme c’est étrange... Prévoit-elle une autre tentative d’assassinat maladroite ? Une attaque à la poêle à frire. Est-ce alors une tentative de m’immoler dans le feu, hein ?

Feena s’était jointe à la conversation, faisant une pause après avoir envoyé des boules de glace. « Je veux du thé, alors je vais me joindre à vous. »

« Tout à l’heure, vous buviez du thé quand je suis allée au réfectoire ! Vous devriez être en train de faire sortir du thé de vos oreilles ! » répliqua Sharon.

« Sharon, vous allez grossir si vous mangez trop la nuit, » déclara Feena.

Imperturbable face au péril mortel devant lequel elles se trouvaient, les deux Divas s’étaient encore une fois disputées.

« Concentrez-vous sur l’assassin ! Je vous donnerai autant de thé, de nourriture ou de toute autre chose que vous souhaiteriez, mais plus tard. Pour commencer, finissons-en avec lui ! S’il vous plaît ! » s’exclama Alnoa.

Alnoa pouvait entendre l’assassin rire un peu sous sa capuche.

« Oh, il y a intérêt que vous respectiez votre offre ! » déclara Feena.

« Pareil de mon côté, » rajouta Sharon.

Une fois leur conversation terminée, Sharon chargea avec une telle force que le sol s’enfonça un peu en dessous d’elle. Et en parfaite synchronisation, Feena avait lâché sa prochaine attaque.

***

Partie 5

L’assassin était complètement bloqué. Il avait tenté de parer l’attaque de Sharon, mais elle avait passé à travers ça, cassant son couteau en deux au cours du processus. L’assassin avait essayé de s’échapper à reculons, mais Sharon s’était parfaitement adapté à son mouvement et avait atterri dans son dos.

« Pff ! Si près du but, » lâcha Sharon.

Ayant manqué de peu d’avoir pu porter le coup final, Sharon avait fait claquer sa langue en signe de frustration. Pourtant, il était devenu clair que les Divas avaient un avantage écrasant.

« Arg. Ça ne marchera pas, » déclara l’assassin. Il avait finalement compris qu’il était sérieusement désavantagé. Il leur avait lancé le couteau brisé comme distraction, puis il avait esquivé l’attaque suivante de Feena, et pour finir, il avait tenté de faire une fuite par la fenêtre.

« Non, vous ne pourrez pas ! » cria Alnoa.

Alnoa avait attaqué son agresseur par l’avant pour qu’il ne puisse pas s’échapper, les envoyant tous les deux au sol.

« Pensez-vous vraiment fuir après avoir fait irruption ici et avoir dévasté ma chambre ? Il est vrai que la plupart de ces dégâts ont été faits par les filles... mais quand même ! Je ne vous laisserai pas vous échapper sans un bon coup de pied au derrière ! » déclara Alnoa.

Alnoa s’était placé sur son assassin et avait levé le poing, mais le masque de l’assassin avait été pris sur sa manche ce qui l’avait arraché.

« Quoi !? » s’écria Alnoa.

Le visage de l’assassin avait fait qu’Alnoa s’était figé. Il n’en croyait pas ses yeux.

« Est-ce que c’est une blague..., Jamka ? » demanda Alnoa d’une voix tremblante. Alnoa aurait dû avoir l’avantage, mais sa force l’avait quitté en voyant le visage de son agresseur.

« Ce n’est pas une blague. Je... Je ne peux pas accepter ton rêve. » Les paroles froides de Jamka avaient durement frappé Alnoa.

« Quoi ? Pourquoi ? » demanda Alnoa.

« Pourquoi, demandes-tu !? As-tu une idée de ce qui est arrivé aux esclaves que tu as libérés de Freiya !? Ils n’ont pas d’endroits où vivre ! Ils meurent de faim dans la rue ! Ils ont été forcés de devenir des criminels juste pour pouvoir manger, pour finalement être exécutés par nos gardes ! » cria Jamka.

« Mais, j’étais juste..., » commença Alnoa.

Alnoa ne savait rien des difficultés que les esclaves qu’il avait libérés vivaient régulièrement. Il pensait qu’une fois libérés de leurs chaînes, ils mèneraient tous une vie heureuse. Mais le fait était que ni lui ni Althos n’était assez fort pour sauver les âmes pour qui il s’était battu avant tant de force pour les libérer.

« Tu étais quoi, au juste ? Toi et ton royaume n’avez pas le pouvoir de réaliser ton rêve, » Jamka crachait amèrement chaque mot. Il s’en voulait autant à lui-même qu’à Alnoa. « Même si tu pouvais réaliser tes rêves, que se passerait-il ? Qu’est-ce qui vient ensuite ? Veux-tu traiter tout le monde sur un pied d’égalité ? Veux-tu que les membres de la royauté, la noblesse, les citoyens et les esclaves affranchis soient sur un pied d’égalité ? »

Jamka avait cessé sa lutte physique contre Alnoa, mais ses paroles lui faisaient plus mal que n’importe quelle attaque physique.

« Oui... Je les traiterai tous de la même façon ! » Endurcissant son cœur frappé et répliquant avec passion face au regard de Jamka, Alnoa s’était défendu avec une vigueur renouvelée dans sa voix. Il n’avait aucune base pour sa réclamation, mais être d’accord avec Jamka aurait signifié abandonner son rêve, et c’était ce qu’il ne pouvait pas laisser se produire à n’importe quel prix.

Jamka ne supportait pas de voir les yeux brillants d’Alnoa remplis de détermination. « Cela signifie-t-il que tu épouserais une esclave libérée ? Voudrais-tu épouser ma sœur, Brusch ? »

« Quoi !? » Alnoa avait été surpris par la soudaine question de Jamka.

« Je veux dire, j’aime bien Brusch, vraiment, mais le mariage... ? » répliqua Alnoa.

Malgré deux candidates au mariage, Alnoa ne se voyait pas se marier dans un avenir prévisible.

« Tu n’as jamais pu te résoudre à le faire, n’est-ce pas ? » demanda Jamka.

Jamka avait interprété l’hésitation d’Alnoa comme une hésitation à l’idée d’épouser une esclave.

« Non ! Il ne s’agit pas de savoir si je peux m’y résoudre ou non. À l’heure actuelle, je la considère juste comme une amie, tout comme toi ! »

L’éclat de Jamka vacilla une seconde, mais il retrouva rapidement son sang-froid.

« Tu es juste en train de diluer ton rejet, en lui déclarant la phrase “soyons justes des amis” ! » cria Jamka.

Jamka avait poussé Alnoa avant de se lever.

« Ah ! »

Alnoa s’était écrasé sur Sharon se trouvant derrière lui et était tombé par terre avec elle. Jamka en profita pour se précipiter à nouveau vers la fenêtre, mais il s’arrêta une seconde avant de s’échapper.

« Al, laisse-moi te prévenir. Si tu craches encore tes bêtises la prochaine fois qu’on se croisera, alors..., » Jamka avait disparu dans l’obscurité avant de finir sa phrase. Alnoa n’avait pu apercevoir que le dos de son ami avant son départ.

« Al, on le poursuit ou non ? » demanda Feena. Cependant, ses paroles n’avaient pas réussi à atteindre Alnoa.

« Pourquoi, Jamka... Pourquoi ? » Alnoa avait frappé son poing à plusieurs reprises contre le sol, submergé et déchiré par ses sentiments conflictuels.

***

Partie 6

Le lendemain, Alnoa travaillait dans son bureau comme d’habitude. Pour la plupart des spectateurs, il apparaîtrait comme le même roi diligent que d’habitude.

« Ne se force-t-il pas beaucoup trop ? »

« Tout à fait, il le fait. »

« Oh mon Dieu. Ce n’est pas bon. »

Feena, Lilicia et Cécilia se tenaient derrière la porte légèrement ouverte, regardant à l’intérieur de la pièce où se trouvait Alnoa. Sharon se tenait plus loin dans le couloir, les bras croisés, perdue dans ses pensées.

« Je vais lui remonter le moral avec ça, » rougissant légèrement, Cécilia commença à détacher la ficelle qui liait son chemisier alors qu’elle déclarait ces paroles sur un ton mignon.

« Arrêtez. J’ai lu un jour que répéter la même routine est mauvais. Je vais m’occuper de lui, » Feena roula sa jupe puis elle fit un pas en avant, mais Cécilia l’avait alors saisi par le cou juste avant qu’elle ne puisse ouvrir la porte.

« Oh mon Dieu, Feena. Je veux juste que vous sachiez que voler le travail d’un fonctionnaire du gouvernement est un délit grave à Althos, un délit passible de la peine de mort, » déclara Cécilia.

« C’est bon, ma chère sœur. Je vais le remettre sur pied en un rien de temps. Du moins, une certaine partie de lui, » répliqua Feena.

« Qu’est-ce que c’était que ça !? Je ne m’attendais pas à une telle vulgarité de votre part. Et corrigez-moi si je me trompe, mais je ne me souviens pas d’être devenue votre belle-sœur ! » déclara Cécilia.

Ignorant la prise de Cécilia sur son cou, Feena avait directement regardé dans les yeux de Cécilia.

« Oh, voulez-vous me tester ? » demanda Cécilia, se moquant de Feena.

« Je ne perdrai pas contre vous, » répliqua Feena.

Leurs sourires étaient aussi froids que leurs éclats de glace.

« Excusez-moi, mais pourriez-vous cesser de vous donner en spectacle en vous disputant juste devant sa porte ? » déclara Lilicia.

« Mais qu’est-ce qu’on fait pour Al ? » demanda Cécilia.

Une ombre rouge s’était alors approchée de Cécilia dans la périphérie de sa vision alors qu’elle envisageait ses options.

« Sharon, j’espère que vous n’avez pas l’intention de voler mon travail comme l’a tenté Feena ? » demanda Cécilia.

Sharon se retourna et regarda Cécilia avec une grande tristesse qui emplissait ses yeux. « Désolée, mais je ne suis pas d’humeur aujourd’hui. »

« Le fait d’utiliser ce visage, c’est tricher... D’accord, allez-y, » déclara Feena, répondant à la place de Cécilia. Feena réalisa que Sharon avait quelque chose de sérieux à dire à Alnoa.

« Merci, » répondit doucement Sharon.

Après avoir pris une grande respiration, Sharon avait affiché vers les autres filles un sourire solitaire, puis elle avait fait irruption par la porte, laissant derrière elle son humeur lugubre.

« Al ! Avez-vous un peu de temps à me consacrer ? » demanda Sharon.

Sharon se tenait dans l’entrée de la porte avec un sourire radieux qui illuminait son visage. Cependant, Alnoa l’avait congédiée d’un seul coup d’œil et s’était remis au travail en silence. L’apparition de Sharon faisant irruption proche de lui avait l’habitude de faire qu’Alnoa se met sur le champ à l’abri, mais cette fois il n’avait même pas bronché.

« Donnez-moi au moins une réponse ! » déclara Sharon, sur un ton un peu plus fort.

Sharon avait commencé à hausser la voix en s’approchant du bureau d’Alnoa, mais il avait quand même refusé de quitter son travail des yeux. Mais cela n’avait nullement réussi à dissuader Sharon.

« Je veux vous parler de quelque chose, alors... voudriez-vous sortir avec quelqu’un aujourd’hui ? » demanda Sharon.

« Non, pas particulièrement, » répondit-il sans afficher la moindre émotion.

Alnoa avait rejeté Sharon sans même lui jeter un coup d’œil.

« Allez, pourquoi pas ? On n’a même pas eu l’occasion d’avoir plus de gâteau hier soir comme vous me l’aviez promis ! » répliqua Sharon.

Alnoa s’était raidi comme un piquet quand il entendit le harcèlement de Sharon.

Les autres filles regardaient Sharon de derrière la porte. Elles n’auraient jamais osé évoquer l’incident de la veille, mais Sharon n’était pas comme elles. Elle avait continué son offensive sans se décourager.

« Techniquement, vous n’avez pas tenu votre promesse hier soir ! Mais je vous pardonnerai si vous m’emmenez en ville. Ne vous inquiétez pas, je vous promets que je n’essaierai pas de vous tuer aujourd’hui ! » Sharon avait déclaré cette dernière partie avec un petit rire, mais en ne voyant toujours aucune réaction, elle était devenue sérieuse.

« Al, croyez-vous vraiment que se cacher dans votre chambre changera quelque chose ? Croyez-vous que Jamka va changer d’avis tout seul ? Si vous ne savez pas quoi faire, alors taisez-vous et venez avec moi ! »

Alnoa et les filles avaient été stupéfaits par le discours passionné de Sharon. Elle avait réussi à toucher une corde sensible dans les profondeurs du cœur d’Alnoa.

« D’accord, très bien. De toute façon, j’ai besoin de me changer les idées, » acceptant sa défaite, Alnoa soupira et sourit amèrement, puis se leva de son bureau.

« Oui, c’est l’idée ! Je n’essaierai rien de drôle aujourd’hui, alors vous feriez mieux de me faire passer un bon moment ! » déclara-t-elle.

Sharon avait fait un pas en avant, avait saisi le col d’Alnoa et avait commencé à le traîner vers la porte.

« Allons-y ! » déclara-t-elle, fièrement.

« Hé, attendez ! Je suis toujours en pyjama ! Laissez-moi au moins me changer ! » protesta Alnoa.

Sharon n’avait pas tenu compte de ses plaintes et l’avait traîné comme une mère qui tire son enfant lorsqu’il avait une crise de colère. Et ainsi, ils étaient partis vers la ville.

« Hé, où m’emmenez-vous !? » demanda Alnoa.

Sharon traîna avec un grand plaisir Alnoa jusqu’aux portes du château.

Elle me fait passer pour un idiot.

Il était là, marchant avec sa fiancée potentielle lors d’un rendez-vous, sauf que ce n’était pas avec les mains ou les bras liés comme dans ses rêves, mais avec Sharon le tirant de force par le poignet.

« Là-bas ! » annonça Sharon.

Sharon avait finalement joint leurs bras, prenant Alnoa par surprise. Il lui avait affiché un regard malicieux, qu’elle avait répondu avec un sourire provocateur. Elle était beaucoup plus détendue que d’habitude, même en tenant compte de sa promesse de ne pas essayer d’assassiner Alnoa pour la journée.

Heureusement, elle l’avait laissé se changer avant de quitter le château. Alnoa portait ses vêtements de ville habituels, tandis que Sharon avait emprunté une jolie robe à Lilicia. Tous deux ressemblaient à un couple parfaitement ordinaire alors qu’ils se promenaient les bras liés.

Attendez... N’est-ce pas la première fois que je me promène en ville avec une fille autre que Cécilia ?

Alnoa était devenu agité quand il s’était rendu compte de cela. Un silence gênant était apparu entre eux alors qu’ils marchaient à travers la porte du château. Ce silence s’était maintenu jusqu’à ce qu’ils atteignent la rue principale, après quoi Sharon avait simulé une toux et avait tenté d’entamer une conversation.

« Est-ce que ça va ? » demanda-t-elle.

« O-Oui, je vais bien, » répondit-il.

« Oh, d’accord. »

C’était ainsi que leur conversation s’était terminée.

C’est tellement gênant.

Ils pouvaient se lancer des insultes toute la journée, mais lorsqu’il s’agissait d’une conversation ordinaire, ils étaient complètement perdus. Alnoa s’était creusé la tête pour trouver un moyen de mettre fin à ce silence inconfortable. Mais les rues étaient presque vides, et les plantes au bord de la route n’étaient même pas en fleurs. Il n’y avait rien.

Pourquoi ne puis-je rien trouver à dire !?

Sharon avait marché en se tenant un pas derrière Alnoa. Elle cherchait désespérément un sujet de conversation. Elle avait vu comment Alnoa regardait le ciel et avait remarqué la météo sans nuages, et elle savait ce que cela signifiait. Alnoa s’était éclairci la gorge et était sur le point de déployer son plan directeur lorsque Sharon l’avait interrompu.

« Wooow ! Regardez tous ces magasins ! » s’écria-t-elle.

Le cri de Sharon, ravie, brisa enfin leur silence. Sans être dérangée par la période de gêne précédente, Sharon avait regardé la zone de la place centrale avec admiration. Elle s’amusait vraiment en visitant les curiosités de la ville. Peu d’autres pays pouvaient égaler la variété des magasins, et les sourires y étaient inégalés. La place centrale de si bonne humeur d’Althos était l’une des plus grandes fiertés d’Althos.

« Il y en a tellement ! Nous ne pourrons peut-être même pas tous les visiter aujourd’hui ! » déclara Sharon.

« Attendez, avez-vous l’intention de visiter chacun de ces échoppes !? » demanda Alnoa.

L’excitation de Sharon était contagieuse et Alnoa s’était vraiment amusé.

« Ah ! »

Alnoa avait été frappé par une soudaine réalisation. Bien qu’il ait été tant affecté il y a quelques instants par le départ de Jamka, il avait en quelque sorte tout oubliée, car il avait été emporté par l’enthousiasme de Sharon.

Huh. Suis-je si basique ?

« Par où voulez-vous commencer ? » demanda Sharon.

Je me demande si elle se force à être joyeuse pour que je me sente mieux.

« Hm ? Il y a quelque chose sur mon visage ? » demanda Sharon.

Il s’était surpris à la regarder, mais il avait secoué la tête dans le déni et avait forcé un sourire ironique.

Non, il n’y a aucune chance qu’elle soit aussi observatrice et intelligente.

« Ne venez-vous pas de penser à quelque chose d’incroyablement grossier ? » demanda Sharon alors qu’elle s’était penchée vers lui et avait plissé les yeux.

Alnoa avait désespérément cherché un moyen de s’en sortir, mais n’avait pu trouver qu’une seule solution possible.

« Allons manger quelque chose ! » déclara-t-il.

Le chemin vers le cœur de Sharon est bien son estomac, pensa Alnoa.

« Vous savez, j’ai raté le déjeuner, donc manger au restaurant semble parfait ! Ou bien êtes-vous rassasiée ? » demanda Alnoa.

« ... Ok. Allez, on y va, » répondit Sharon.

Alors qu’elle était embarrassée par sa propre gourmandise, les joues de Sharon rougissaient d’un cramoisi profond.

Alnoa avait continué sur sa proposition. « OK, alors trouvons un bon endroit pour les brochettes ! Je meurs d’envie d’en avoir ! »

Alnoa s’était mis à marcher devant Sharon. Elle avait eu le souffle coupé, se précipitant pour le rattraper afin de s’accrocher à son bras.

« Hm ? Je doute que vous ayez à vous inquiéter de vous perdre dans cette foule. C’est bien si vous traînez un peu dans le coin, » déclara-t-il.

« Euh !? Qu’entendez-vous par là ? Je m’assure juste que vous ne vous perdiez pas ! » Sharon s’était détournée, boudeuse.

« Eh bien, à ce propos, c’est la capitale de mon propre pays, donc..., » commença-t-il.

En fait, peu importe. Évitons les arguments inutiles pour aujourd’hui.

Le nez de Sharon avait soudainement capté l’odeur des délicieuses brochettes, ce qui lui avait fait changer d’humeur en un instant. Elle avait attrapé Alnoa avec plus de force puis elle l’avait tiré jusqu’à la source.

« Al, Al, regardez ! Qu’est-ce qu’ils vendent là-bas ? Et là !? » demanda Sharon.

Avec une brochette dans une main et les vêtements d’Alnoa tenu dans l’autre, Sharon tirait à nouveau Alnoa avec enthousiasme.

« Et voilà, c’est parti pour une journée de détente en ville ! » Alnoa s’était plaint, mais il l’avait fait tout en affichant un véritable sourire.

Sharon l’avait traîné jusqu’à une grande variété de restaurants. Ils ne faisaient pas grand-chose d’autre que marcher et manger, mais il s’amusait quand même. Ils avaient des brochettes, du gâteau éponge, des sandwiches et même de la soupe extra épicée. C’était maintenant la fin de leur frénésie alimentaire. Ils se promenaient dans la ville, appréciant quelques boulettes de pâte.

« Wôw, je suis pleine. C’était super ! » Sharon avait déclaré cela avec un sourire de satisfaction. Elle venait de terminer sa dernière boulette, qui était au moins deux fois plus grande que la normale.

Cela fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de me promener dans la ville. Et je crois que je n’ai jamais mangé autant avant aujourd’hui.

Alnoa n’avait pas pu s’empêcher de se détendre un peu en voyant le sourire de Sharon. Sans but précis, ils avaient continué à errer dans la ville tout en digérant toute la nourriture qu’ils avaient mangée.

« Ah, c’était si bien ! » murmura-t-il.

Alnoa trouvait vraiment étrange de voir à quel point ses propres problèmes semblaient insignifiants lorsqu’il regardait le sourire enchanteur de Sharon.

« Hm ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Sharon.

« Ah, rien. Je ne vous ai jamais vu sourire comme ça avant, » comme il était d’humeur si détendue, Alnoa avait été tout à fait honnête avec Sharon.

« Euh !? Je souris beaucoup ! Je suis une fille joyeuse ! Franchement..., » répondit-elle.

Prise au dépourvu, Sharon détourna le regard avec des joues rouge vif. Après cela, un silence était tombé sur les deux. Une partie d’Alnoa voulait échapper à cette maladresse, tandis qu’une autre partie souhaitait qu’ils puissent se promener ensemble pour toujours.

« Alors, que devrions-nous faire ensuite ? » Alnoa avait changé de sujet et s’était tourné vers Sharon. « ... Sharon ? »

Mais elle n’était nulle part en vue.

« Où est-elle allée ? » se demanda-t-il.

***

Partie 7

Alnoa avait alors scruté la foule, cherchant des traces d’elle.

« La voilà ! » s’exclama-t-il après l’avoir trouvé.

Elle se tenait debout à l’un des étals voisins.

« Vraiment ? Plus de nourriture ? Écoutez, je suis vraiment remplie et je ne peux plus manger, » déclara Alnoa.

Alors qu’il s’approchait de Sharon, il avait remarqué que quelque chose ne tournait pas rond.

« Hé, Sharon, ce n’est pas..., » commença-t-il.

Son instinct était juste, quelque chose n’allait pas du tout. Le stand à côté duquel elle se tenait... ne vendait pas de nourriture... C’était un étal de rue bondé qui vendait des boucles d’oreilles, des bagues, des colliers, des bracelets et plus encore. En d’autres termes, c’était une bijouterie toute à fait ordinaire.

« Sharon, je pense que vous devriez le savoir... Ce n’est pas de la nourriture..., » déclara Alnoa d’une voix hésitante.

« Bien sûr que je le sais ! Croyez-vous que je ne m’intéresse qu’à la nourriture ? » demanda Sharon.

Visiblement surpris, Alnoa avait regardé Sharon avec étonnement.

Attends, elle a vraiment d’autres intérêts que la nourriture ?

« N’avez-vous pas encore pensé à quelque chose de grossier à mon sujet ? » Sharon s’était moquée d’Alnoa.

« Oh, euh, non, bien sûr que non... Oh, je sais ! Je vais vous donner quelque chose d’ici ! Choisissez ce que vous voulez ! » déclara-t-il.

Alnoa avait parcouru les marchandises, puis avait fait une pause lorsqu’il avait trouvé un ornement de cheveux familier. Sharon l’avait remarqué en même temps.

« Hé, est-ce que c’est... ? » commença-t-il.

Il ressemblait beaucoup à l’ornement que Sharon avait donné à Alnoa au cours de sa négociation avec le marchand d’esclaves.

« C’est comme celui que vous aviez, n’est-ce pas ? N’était-ce pas important pour vous ? » Demanda-t-il.

Je me souviens qu’elle a mentionné qu’elle l’avait reçu de quelqu’un en cadeau.

« Pas vraiment. C’était juste un cadeau. Celui-ci a attiré mon attention une seconde, c’est tout. Bien que celui-ci semble beaucoup moins cher que celui que j’avais, » déclara Sharon.

Alnoa pouvait sentir le regard acéré du propriétaire du magasin sur eux. Il n’avait pas l’air d’aimer que Sharon appelle ses produits une contrefaçon bon marché.

« Allons-y, Sharon, » déclara Alnoa.

Il avait saisi son poignet et ils étaient partis avant que le propriétaire ne puisse venir les voir et se plaindre.

« Attendez ! Pourquoi !? Je suis toujours..., » protesta Sharon.

Il avait ignoré les protestations de Sharon et l’avait rapidement emmenée plus loin.

Après avoir dépassé l’étal à brochettes et tourné à droite de l’endroit qui vendait les sandwichs, ils avaient finalement pu quitter la foule.

« Je suppose qu’on est bien ici. Sharon, vous devez faire plus attention à ce que vous dites autour des autres, » réprimanda Alnoa.

« Désolée, » murmura-t-elle, la tête basse.

La personne à côté de lui n’était pas la Sharon impolie et combative qu’il connaissait, mais une fille rougissante et toute désolée.

« Quel est le problème ? Avez-vous mangé quelque chose de bizarre ? Mais nous avons mangé les mêmes choses..., » commença-t-il.

Pendant une seconde, il avait cru qu’il avait accidentellement activé un Déferlement Céleste, mais il n’en avait pas l’impression. Il s’était assuré d’attraper son poignet qui était couvert par ses vêtements. Mais même s’ils l’avaient activé, ce n’était pas l’effet qu’il aurait dû avoir sur Sharon. Sa réponse timide et honnête avait laissé Alnoa perplexe.

« Vous pouvez maintenant me lâcher, » déclara Sharon alors qu’elle regardait sa main.

« Ah ! Désolé ! » déclara Alnoa.

Merde. Elle va probablement m’engueuler encore une fois.

« Merci, » répondit-elle.

Alnoa fut une fois de plus déconcerté par la réponse de Sharon, qui parlait avec une expression affichant une certaine solitude.

« Oh, euh... oui, » murmura-t-il.

Son cœur avait fait un bond face à la réaction inhabituelle de Sharon. Avec le murmure de la foule au loin, ils se faisaient tous deux face à face avec des yeux baissés, incertains quant à la façon de procéder.

« Hehe, » gloussa Sharon, brisant le silence. « C’est bizarre. Jusqu’à aujourd’hui, je voulais vous tuer. Mais quand vous m’avez de vous-même attrapé le poignet, je... »

« C’est bizarre ! Je n’ai jamais entendu parler d’un assassin qui devient gêné quand sa cible saisit son poignet, » déclara Alnoa.

« Alors, peut-être que je devrais après tout vous tuer, » dit-elle en plaisantant. « Je suis contente que vous vous sentiez mieux, Al. »

Sharon avait souri. Il s’agissait du genre de sourire magnifique, bienveillant et parfaitement naturel qu’Alnoa n’avait jamais vu chez elle auparavant.

« Franchement... Comment ai-je fini avec un assassin qui s’inquiète tant pour moi ? » déclara Alnoa dans un faible murmure. Pour la première fois, la présence de Sharon était rassurante. Accablé par ses sentiments conflictuels, Alnoa fixait le ciel au-dessus de lui. Une soudaine idée lui vint à l’esprit.

« Oh, je sais exactement ce qu’il faut faire ! » s’exclama-t-il.

En regardant le beau ciel de fin d’après-midi, il se souvient d’un endroit qu’il avait fréquenté avec sa mère et son frère quand il était petit.

« Sharon, je veux vous montrer quelque chose ! Venez avec moi ! » déclara-t-il.

Il avait tendu la main vers celle de Sharon, mais s’était soudainement arrêté quand il s’était rendu compte de ce qu’il faisait.

« Oh, désolé ! Hmm... Suivez-moi ! » dit-il.

Il avait eu du mal à la regarder dans les yeux, alors il s’était retourné et avait commencé à marcher vers leur destination.

« Hein !? » s’exclama Alnoa alors qu’il sentit un tiraillement sur sa manche.

Il se retourna avant de voir Sharon s’accrocher à lui alors qu’elle détournait timidement son regard. Elle était le genre de fille timide qu’on ne s’attendrait jamais à voir frapper quelqu’un avec une épée longue.

« Ne vous méprenez pas. Je ne pense pas que je me perdrais. J’ai juste..., » murmura-t-elle.

La douce traction de Sharon sur sa manche avait mis Alnoa à l’aise.

« Allons-y ! » déclara-t-il.

Il s’était rapidement mis en route pour cacher son embarras avec Sharon qui était accroché à lui. Il sentait qu’il se souviendrait de cette scène pour le reste de sa vie.

« Al, vous ne me conduisez pas dans un endroit abandonné pour quelque chose de mal, n’est-ce pas ? » demanda Sharon en affichant un regard empli de dédain.

Il ne lui en voulait pas, car ses soupçons étaient compréhensibles. Alors que le crépuscule descendait sur la ville, Alnoa la traînait à travers des rues maintenant vides, bordées de boutiques qui fermaient pour la soirée.

« Ça y est ! » déclara-t-il.

« Est-ce l’endroit que vous vouliez me montrer ? » demanda Sharon.

Une série d’escaliers de pierre remontant le long de la muraille de la ville se trouvait devant eux.

« Non, nous devons d’abord monter ces escaliers, » répondit Alnoa.

Alnoa avait immédiatement commencé à monter les escaliers. Après un moment d’hésitation, Sharon avait emboîté le pas.

« Où m’emmenez-vous ? » demanda-t-elle.

Toujours méfiante, Sharon traînait derrière Alnoa, qui sautait pratiquement dans les escaliers.

« On y est presque ! » annonça Alnoa.

Le visage d’Alnoa s’était illuminé une fois qu’ils ont atteint le sommet.

« Nous sommes arrivés ! » déclara-t-il.

Alnoa avait fait un geste en direction du paysage urbain devant eux, offrant à Sharon la vue la plus panoramique de toute la capitale.

« Wooow ! C’est magnifique ! » s’exclama Sharon.

Le ciel étoilé de la nuit était illuminé par la douce lueur des lumières de la ville qui rayonnait en dessous d’eux. La vue avait apporté de la chaleur au cœur d’Alnoa et de Sharon dans la nuit froide d’Althos.

« Vous savez, il y a une chose à laquelle j’ai pensé. Sous chacune de ces lumières, il y a des individus qui vivent leur vie. Ils rient, pleurent et se battent, passant leurs journées comme nous, » expliqua-t-il.

Les yeux d’Alnoa brillaient d’émerveillement.

« Le nombre de lumières à l’heure actuelle ne se compare pas au nombre d’étoiles dans le ciel. Mais un jour, ces lumières seront plus nombreuses que les étoiles. J’espère remplir mon royaume de plus de lumières chaudes qu’on ne peut en compter, toutes rayonnantes et emplies de joie, quel que soit leur statut social. Qu’il s’agisse d’anciens esclaves ou de membres de la royauté, je veux que chacun brille aussi intensément que les autres. C’est mon rêve, » déclara-t-il.

La voix d’Alnoa avait un peu fluctué lorsqu’il avait raconté son rêve en raison de sa gêne. Il ne l’avait jamais dit qu’à sa sœur avant et à personne d’autre. Il ne savait pas pourquoi il ressentait le besoin de partager son rêve avec Sharon, mais il savait qu’il ne le regretterait pas.

« Libérer tous les esclaves... Je pense que c’est un rêve merveilleux, » murmura Sharon, envoûtée par la ville en dessous d’elle.

Peut-être que je lui ai dit parce que j’espérais cette réponse ?

Son cœur avait fait un bond. Il n’avait jamais pensé qu’il trouverait quelqu’un d’autre qui partagerait son rêve.

Depuis la mort de sa mère et de son frère, tout le monde avait rejeté son rêve de véritable égalité. Même si quelqu’un l’acceptait, ils s’enfuiraient en découvrant qu’Alnoa était le réceptacle du Roi-Démon. Il y a même eu des moments où il avait été accusé d’être la marionnette du Roi-Démon. Même son cher ami Jamka n’avait pas pu partager son sentiment. Mais Sharon était différente. Non seulement elle avait accepté son rêve, mais elle l’avait trouvé admirable.

Va-t-elle m’aider à réaliser mon rêve ?

« Sharon, je..., » ses paroles étaient restées coincés dans sa gorge quand il vit les yeux emplis de douleur de Sharon. Son sourire doux-amer et son apparence frêle alors qu’elle regardait vers le bas le paysage urbain était loin de la fille joyeuse avec laquelle Alnoa avait passé la journée.

« C’est merveilleux. C’est encore plus beau que Freiya, » murmura Sharon.

Après avoir entendu ce changement de sujet, Alnoa avait dû poser une question pour laquelle il ne voulait pas entendre la réponse. « Voulez-vous rentrer chez vous ? »

Il avait l’intention de faire en sorte que cela ressemble à un simple bavardage.

« Non, je ne veux pas rentrer chez moi ! » répondit Sharon.

Mais ça n’avait pas marché. Sharon avait fustigé Alnoa avec force.

« Freiya n’est pas mon pays... Ce n’est pas chez moi, » elle s’était mordu la lèvre en raison de sa frustration.

Elle avait alors continué à parler. « Je, euh... Je ne suis pas née dans la famille royale freiyane. Je suis une fille d’une petite tribu que leur armée a détruite. Ils ont écrasé ma tribu et m’ont prise comme esclave. »

Son visage était blanc comme de la porcelaine et ses yeux étaient dépourvus de vie.

Elle continua. « Le roi de Freiya m’a adopté uniquement parce que j’étais compatible avec la relique de la Valkyrie, mais ils me traitent comme un parasite qui vit aux crochets de leur pays ! »

Sharon secoua la tête en se souvenant de son passé douloureux.

Alnoa ne savait pas quoi dire, alors il n’arrêtait pas d’écouter alors qu’il était en état de choc par cette révélation.

« Je ne suis rien de plus qu’une marionnette. Une marionnette qu’ils appellent une Diva. Une marionnette qui est forcée d’exécuter avec obéissance les ordres de son maître. Alors je suis venue dans cette ville en faisant semblant d’exécuter leurs ordres ! » déclara-t-elle sur un ton larmoyant.

Puis, elle avait enfoui son visage contre la poitrine d’Alnoa avant de continuer. « Je déteste cet endroit. Je déteste être une marionnette. Donc, même si cela signifie utiliser le pouvoir du Roi-Démon, je veux réaliser mes rêves et abolir l’esclavage dans ce monde. Je veux enfin vivre ma propre vie... »

La compréhension de ce qu’elle lui avait révélé s’était lentement glissée en Alnoa. Il comprenait alors pourquoi ses attaques semblaient plus lentes et plus ternes que ce à quoi on pourrait s’attendre d’une Diva, pourquoi il avait l’impression que ses attaques n’avaient aucune volonté derrière elles, pourquoi elle ne l’attaquait qu’une fois par jour, et pourquoi elle avait dû inventer des plans aussi extravagants pour son assassinat — même si ses méthodes soulignaient certains aspects discutables de sa personnalité. Tout ce qu’elle avait fait à Althos depuis son arrivée était révélateur de son passé. Ses tentatives d’assassinat n’avaient jamais eu pour but de réussir. Elle souhaitait continuer à échouer afin de retarder autant que possible son retour à Freiya.

Si j’ai raison, je suis sûr que je pourrais devenir son ami.

« Si c’est le cas, alors..., » vous pouvez rester ici aussi longtemps que vous le voulez. Alnoa n’avait pas pu finir sa phrase à voix haute après avoir vu le regard solitaire présent sur le visage de Sharon.

« Mais pour l’instant, je n’ai pas d’autre choix que de rester leur marionnette. S’ils m’ordonnent de rentrer chez moi, je me dois de le faire, » déclara-t-elle.

« Hein ? Est-ce qu’ils... ? » commença Alnoa.

Le cœur d’Alnoa avait fait un bond

Qu’est-ce qu’elle vient de dire ?

Des émotions inconnues tournoyaient autour du cœur d’Alnoa. Son esprit était sur le point de s’effondrer en écoutant la révélation vertigineuse de Sharon.

Sharon s’était tournée vers Alnoa, son sourire déterminé habituel était impossible à voir. Les yeux vides, elle avait délivré le coup de grâce. « Al, je retourne à Freiya. »

Alnoa avait essayé de répondre, mais sa gorge était un désert aride. Il s’était forcé à avaler, mais il n’avait rien dans la bouche qu’il puisse avaler. Et la mauvaise nouvelle de Sharon était loin d’être terminée.

« Hier, j’ai reçu une lettre de Freiya. Mon beau-père m’a dit d’arrêter de tenter de vous assassiner et de rentrer immédiatement chez lui, » annonça-t-elle.

Ce doit être la lettre que Lilicia a donnée à Sharon pendant le déjeuner d’hier.

« Hmm... Quand partez-vous ? » demanda-t-il.

Alnoa avait essayé d’agir avec calme et d’une manière recueillie, mais son agitation constante lui avait fait perdre sa retenue.

« Dans deux jours, » annonça-t-elle.

« Deux jours !? » Alnoa avait crié en raison de la surprise. « C’est si tôt, hein ? Wôw... Eh bien, vous êtes libre de rester au château et de vous amuser jusque-là, même si votre mission ici est terminée, » lâcha-t-il alors qu’il ne savait pas trop quoi dire.

Il était complètement en conflit, et il n’avait pas eu le temps de se calmer et de mettre de l’ordre dans ses pensées. Il aurait dû être ravi de se débarrasser de la menace qui le tourmentait, mais il lui avait quand même offert de s’amuser aussi longtemps qu’elle était là.

Sharon avait hésité un moment, mais avait fini par céder.

« Merci, j’aimerais vraiment — je veux dire..., je suppose que je vais rester dans le coin jusque-là si vous le voulez vraiment, » déclara Sharon. Elle était ensuite redevenue sérieuse. « Al, c’est censé être un secret d’État, mais il faut que je vous dise quelque chose. L’Empire semble vouloir envahir Althos. »

Alnoa n’avait pas été surpris par cette information. Il était clair qu’après avoir pris le contrôle de la ville libre de Labona, leur prochaine cible serait le pays fragile et en déclin d’Althos.

« Mon beau-père a écrit qu’ils s’attendent à ce que l’Empire attaque bientôt Althos. Il ne veut pas que je sois prise dans la guerre, alors il me fait fuir de là, » déclara Sharon.

Alnoa se souvient des esclaves qui avaient été transformés de force en abominations, le rendant encore plus agité.

« Mais Alnoa, je..., » commença-t-elle.

« Il laissera l’Empire se charger de me tuer et ils nettoieront pendant que l’Empire se remettra encore du conflit, hein ? C’est un bon plan, » déclara Alnoa.

« Hein ? » s’exclama Sharon.

« Il envoie sa belle-fille pour jouer avec nous, puis sort dès que quelque chose ne va pas comme prévu. Je n’aurais jamais pensé que le roi de Freiya serait un tel lâche, » déclara Alnoa.

« Alnoa... C’est un peu déplacé..., » déclara Sharon, prenant personnellement les remarques d’Alnoa.

« Rien ne changera si je le dis gentiment. Je dis juste la vérité, » déclara Alnoa.

Alnoa s’énervait d’autant plus qu’il parlait. Il avait fait part de sa frustration à la fille confuse devant lui.

« Qu’est-ce que vous voulez que je fasse !? Vous venez dans mon pays et essayez de me tuer tous les jours, puis vous utilisez Jamka comme excuse pour me traîner dans la ville, et maintenant vous me dites au revoir comme si ce n’était rien ! Comment suis-je supposé répondre !? » s’écria Alnoa.

Alnoa s’était rendu compte qu’il était irrationnel, mais il laissait sa frustration prendre le dessus. Avant qu’il ne s’en rende compte, les yeux ardents de Sharon se remplissaient de larmes.

« Al, je suis désolée..., » murmura-t-elle, en larmes.

Sharon s’était retournée et s’était enfuie avant qu’Alnoa puisse réagir.

« Super... J’ai vraiment merdé, » murmura-t-il.

Ses épaules s’affaissèrent alors qu’il regardait Sharon partir. Il s’était rendu compte trop tard qu’il n’était pas le seul blessé par ce développement de la situation en voyant le regard triste et les yeux larmoyants de Sharon.

« Putain de merde ! » cria-t-il, enragé, puis il frappa le mur assez fort pour le faire grimacé en raison de la douleur. « Au diable cette journée !! »

C’était au milieu de la nuit qu’il se rendit compte finalement que la ville en dessous de lui semblait beaucoup plus isolée qu’avant alors que les lumières rayonnantes s’éteignaient les unes après les autres.

***

Chapitre 4 : Les Divas aspirantes aux fiancées

Partie 1

« Ah, est-ce déjà le matin ? » murmura Alnoa.

Alnoa fixait le plafond, la lumière chaude du soleil perçant à travers sa fenêtre nouvellement réparée et confirmait le début d’une nouvelle journée. Le réveil, si l’on peut même l’appeler ainsi, avait été difficile. Après les événements d’hier, il était retourné seul au château, avait pris son petit déjeuner et s’était enfoui sous ses couvertures. Mais même s’il s’était couché tôt, il n’arrivait pas à dormir. Son esprit n’arrêtait pas de tourner en rond. Il s’inquiétait du financement des logements des nouveaux citoyens, des paroles de séparation de Jamka et d’innombrables autres choses. Mais ce qui l’avait tenu éveillé toute la nuit, c’était ses derniers moments avec Sharon.

« Peu importe, elle veut juste me tuer. Je suis content qu’elle s’en aille enfin ! Qu’est-ce qu’elle a de toute façon !? Elle fait irruption dans mon château sans y être invitée, un mois avant la date prévue, puis s’en va en un clin d’œil ! Elle est complètement folle ! »

Alnoa avait déclaré les mêmes choses encore et encore, jusqu’à ce qu’il soit finalement tombé dans le silence. Il regardait le plafond pendant un moment avant de revenir aux jurons. Ce cycle perpétuel de malédictions et de regards vides se répéta jusqu’à ce que le soleil se lève enfin au-delà de l’horizon.

« Hahh... allons nous promener. »

Abandonnant le sommeil, il s’était débattu hors du lit. La dignité d’un roi devrait avoir disparu de son visage, à la place, il avait l’air aussi fatigué qu’un barman après trois quarts de travail. Il avait vite enfilé ses vêtements froissés et avait quitté le château à moitié endormi.

« Aujourd’hui, je suppose que je vais aller par là. »

Alnoa avait commencé à marcher sur la route pavée qui menait à travers la zone résidentielle et dans la direction opposée aux problèmes d’hier. L’air frais du matin lui avait éclairci la tête, lui faisant oublier ses soucis. Sortir pour une promenade matinale avait été un succès. Tout ce qu’il voulait faire maintenant, c’était de continuer à marcher dans les rues résidentielles, sans penser à quoi que ce soit. Il savait que s’il réfléchissait, il reviendrait directement à la case départ.

« Hm ? C’est quoi cette fumée ? »

Au milieu de sa marche distraite, il avait aperçu de la fumée s’élevant d’une cheminée. La maison à laquelle elle était rattachée se détachait des bâtiments environnants.

« Oh, une boulangerie. Je ne savais pas qu’il y en avait une ici. »

La ville se développait trop vite pour qu’Alnoa puisse suivre.

« Parfait, je peux prendre un petit déjeuner et faire en même temps une inspection. »

L’inspection était une excuse. Il était tout simplement séduit par le doux parfum du pain fraîchement préparé. Après avoir cherché de l’argent dans ses poches, il était entré dans la boulangerie.

« Bienvenue ! » Le ton enjoué du propriétaire et l’arôme doux et torréfié avaient créé une atmosphère accueillante. Et pourtant, il s’était rendu compte que quelque chose n’allait pas. Les espaces vides se détachaient le long des étagères étroites de la boulangerie. De plus, Alnoa et le boulanger étaient les seules personnes dans le magasin.

« Oh, je suis désolé. N’êtes-vous pas encore ouvert ? » Il avait demandé au propriétaire, prêt à renoncer à son petit déjeuner.

« N’hésitez pas à vous prendre ce qui est déjà préparé. Je vais sortir une nouvelle fournée si vous pouvez attendre cinq minutes..., » les mots du propriétaire de la boulangerie s’étaient coincés dans sa gorge quand il s’était rendu compte que son premier client de la journée n’était autre que le roi d’Althos.

Je serais aussi surpris si le roi entrait dans mon magasin à la première heure du matin.

Il avait salué chaleureusement le propriétaire, en essayant de lui faire comprendre qu’il était là en tant que client typique et qu’il n’y avait pas besoin de formalités. Néanmoins, le propriétaire était resté stupéfait quand Alnoa avait commencé à regarder à travers la variété de pains proposés.

« Je vais prendre ça. » Après quelques minutes d’exploration, il avait choisi trois petits pains chauds et dorés et les avait emmenés au comptoir.

« Vous voulez autre chose ? » L’attitude auparavant joyeuse du propriétaire avait disparu. Il semblait maintenant agité, ou peut-être même effrayé, selon le point de vue de chacun.

« Non merci, » Alnoa inclina sa tête en raison de sa curiosité, se demandant s’il avait l’air si vorace.

Trois petits pains représentent un petit déjeuner raisonnable, bien que ce ne serait certainement pas suffisant si j’avais Sharon avec moi.

Il secoua la tête alors que les événements d’hier obscurcissaient à nouveau son esprit.

« Alors, combien ? » avait-il demandé sans détour, agité d’avoir pensé à la seule chose qu’il essayait d’oublier.

« Eep ! » s’écria le propriétaire.

Alnoa ne pensait pas que son ton avait été assez dur pour justifier ce genre de réaction. Le propriétaire se comportait comme s’il était sur le point d’être volé.

« Eu-Eh… N’hésitez pas à les prendre gratuitement, » dit-il en bégayant, tremblant de peur.

« Je ne pourrais jamais faire ça. Je suis peut-être roi, mais cela ne me permet pas de ne pas payer ! » déclara Alnoa.

« Eep ! D’accord ! » Le boulanger tremblait de panique en entendant la réponse déterminée d’Alnoa.

« Ne vous inquiétez pas, je ne mords pas. Je vais laisser l’argent ici, d’accord ? » déclara Alnoa.

Alnoa avait laissé plus qu’assez de pièces d’argent sur le comptoir, puis il était sorti du magasin en se sentant déprimé par la réaction effrayée du propriétaire à son égard.

« ... C’est bizarre, » murmura-t-il.

Alnoa avait continué à s’occuper de ses propres affaires, se promenant dans les rues pendant qu’il mangeait son petit déjeuner. Mais presque tous ceux qu’il avait croisés avaient eu une réaction similaire à celle du boulanger. Il avait essayé d’entamer une conversation avec certains d’entre eux, mais ils détournaient toujours leur regard et se déplaçaient plus loin.

« Qu’est-ce qui se passe !? » se demanda-t-il.

Il avait terminé son dernier morceau de pain et commençait à envisager de coincer quelqu’un pour aller au cœur du problème. Cependant, une voix inattendue l’avait surpris avant qu’il ne puisse le faire.

« Alnoa ! »

« Wôw ! Oh, c’est vous, Feena. Pourquoi êtes-vous ici ? Et pourquoi me murmurez-vous ça à l’oreille ? » demanda Alnoa.

« Parce que c’est romantique, » répondit-elle.

« C’est une drôle de façon d’exprimer votre affection ! » répliqua-t-il.

Incapable de trouver une réponse appropriée, il s’était gratté l’oreille avec une certaine timidité en lui.

« Al, nous retournons au château, » déclara-t-elle.

Sa méthode pour le saluer était discutable, mais son but — le ramener — était clair.

« Ah, c’est vrai. J’y retournerai bientôt, » répondit-il.

Il voulait savoir pourquoi elle était venue le chercher, mais il souhaitait savoir pourquoi tout le monde en ville l’évitait.

« Non. On y retourne maintenant, » Feena secoua la tête et saisit avec force les bras d’Alnoa.

« Ahh ! Votre main est si raide... Je pourrais tomber enceinte ! » s’écria Feena.

Il plissa son front, se demandant quel genre d’idées fausses pouvaient flotter dans la tête de Feena. Peut-être qu’elle avait découvert les événements d’hier. Cependant, il avait pu remarquer ses légers changements d’expression dernièrement. Un coup d’œil à son regard sérieux et mort avait suffi pour lui dire qu’il était à côté de la plaque. Il n’avait pas eu à attendre longtemps pour savoir ce qui se passait.

« Al... Il y a eu des rumeurs selon lesquelles vous êtes le réceptacle du Roi-Démon. Il faut que nous rentrions. Vous êtes aussi évident que le nez au milieu de la figure, » annonça Feena.

« Quoi !? » s’écria Alnoa.

Alnoa avait gardé son exclamation de surprise relativement silencieuse, mais cela avait suffi pour faire se disperser tous les spectateurs. Cela prouvait que Feena disait la vérité.

Il avait un peu réfléchi à la situation avant d’accepter la proposition de Feena.

« Je vois. Retournons pour l’instant au château, » déclara-t-il.

« D’accord, allons-y, » déclara Feena.

Alnoa avait suivi Feena de près.

Bon sang. Un malheur n’arrive jamais seul. Hein ?

La malchance l’attendait à chaque tournant. Sa tête tournait dans tous les sens lorsqu’il était finalement retourné au château.

« Qu’est-ce qui se passe, bon sang !? » s’écria-t-il.

En arrivant à son bureau, il avait immédiatement évacué sa colère sur son tout nouveau bureau.

« Oh mon Dieu. Calme-toi, Al, » déclara Cécilia.

Cécilia et Lilicia attendaient le retour du couple. Cécilia affichait une expression fatiguée, tandis que Lilicia essayait de rester aussi calme que possible. Bien sûr, Sharon et Jamka n’étaient nulle part.

« Selon diverses sources, un couple de voyageurs a commencé à répandre cette rumeur il y a quelques jours, » Lilicia avait expliqué leurs conclusions. Alors que la collecte de renseignements à l’étranger était la spécialité de Brusch, Lilicia était inégalée en matière d’affaires nationales. Les conversations inopérantes avec les citoyens étaient d’importantes sources d’information.

« Qui donc aurait un intérêt..., » commença-t-il.

L’image d’une certaine fille aux cheveux pourpres flottait devant ses yeux.

« Non, elle n’aurait jamais..., » murmura-t-il.

Il avait tranquillement, mais fermement, décliné sa pensée précédente. Sharon n’aurait pas eu recours à de telles tactiques sournoises.

Lilicia, qui n’était peut-être pas au courant des sentiments conflictuels d’Alnoa, avait poursuivi son explication d’une voix monotone. « Nous n’avons pas encore pu le confirmer, mais selon les témoignages, l’un des voyageurs avait un épais accent nordique. »

« L’Empire du nord, hein ? Alors, où sont-ils maintenant ? » demanda Alnoa.

Cette information avait apaisé ses sentiments.

« Ils ont quitté leur logement hier soir et ont quitté le pays, » répondit Lilicia.

« Ils ont fait passer le mot et se sont enfuis, hein ? » déclara Alnoa. Il avait ensuite croisé les bras et avait réfléchi une seconde.

« Jamka ! Envoyez immédiatement des renforts à Brusch ! » Il ordonna par réflexe à quelqu’un qui n’était plus avec eux.

« Pff. » Il se sentait faible et pathétique. Au cours des derniers jours, l’un de ses meilleurs amis l’avait trahi, sa future épouse (possible) avait changé au point de le haïr, et maintenant l’Empire avait divulgué l’un de ses secrets les plus étroitement gardés à tout le pays.

« Alors... tu sais ! Jamka devait avoir ses propres raisons, et maintenant les gens sont confus ! » Cécilia avait maladroitement déclaré ses paroles dans sa tentative d’apaiser Alnoa.

« Je suis d’accord. Jamka est juste... plus maléfique que vous, Al. Nous avons encore le temps de... trouver ses raisons, » Feena avait choisi ses mots avec soin.

Les deux filles cherchaient désespérément à empêcher Alnoa d’en assumer la responsabilité.

« Vous avez raison. Je me suis un peu énervé. Désolé, Cécilia. Et merci, Feena, » déclara Alnoa.

« Ne t’inquiète pas pour ça. C’est bon, » Cécilia lui avait souri avec timidité.

« Ce n’est pas grave. C’est le travail d’une femme de corriger les bêtises... Je veux dire, les erreurs de son cher mari, » répliqua Feena.

« Si vous voulez que je sois connu comme un roi stupide, vous n’auriez pas dû m’aider, » répliqua Alnoa.

« Ah ! » s’exclama Feena.

« Vous ne vous en rendiez pas compte avant ? » demanda Alnoa.

« Non, euh... bien sûr que je le savais ! Ça fait partie de mon plan ! » déclara Feena.

Son malencontreux accident avait fait sourire Alnoa. Ce n’était pas tous les jours qu’il voyait Feena troublée. Cela l’avait finalement aidé à un peu se calmer.

***

Partie 2

« D’accord. On va tout de suite organiser une équipe de recherche. Lilicia ! Trouve-moi autant d’informations que possible sur la direction dans laquelle ces “voyageurs” se dirigent. Tu as une heure. On envoie l’équipe de recherche dès qu’on a une information quant à leur position, » ordonna Alnoa.

« Très certainement. Je vais m’y mettre tout de suite, » déclara Lilicia avant de quitter avec une certaine fierté la pièce.

« Cécilia, Feena... J’ai quelque chose à vous dire, » continua-t-il sur sa lancée.

Les deux filles avaient incliné la tête en raison de la curiosité devant l’expression embrouillée d’Alnoa.

C’est exact. Je ne peux pas me tourner vers quelqu’un d’autre à propos de ça.

Il les avait regardées dans les yeux, avait avalé la boule qui était coincée dans sa gorge et s’était préparé à raconter son histoire d’échec.

« Oh, mon Dieu. Si j’ai raison, tu t’es un peu battu avec Sharon, et maintenant elle rentre chez elle ? » demanda Cécilia.

Alnoa avait avoué les événements d’hier à Cécilia et Feena.

« Ne vous inquiétez pas. Sharon est une simplette... Je suis sûr qu’elle a déjà oublié, » déclara Alnoa.

« Euh, bien sûr, elle peut être un peu lente, mais l’appeler simplette, c’est un peu trop, vous ne trouvez pas ? » demanda Feena.

« Eh bien, si le parasite... Je veux dire, Sharon s’en va alors nous devrons organiser une grande fête d’adieu ! » déclara Cécilia.

« Cécilia, c’est impoli ! » s’exclama Alnoa.

Feena avait réagi avec nonchalance, tandis que Cécilia était ravie d’apprendre la nouvelle. Il regrettait déjà de leur avoir raconté l’histoire.

« Je plaisantais à vingt pour cent quand je l’ai traitée de parasite, » déclara Cécilia.

« Alors qu’en est-il des 80 % restants ? » demanda Alnoa.

Il ne pouvait pas discerner jusqu’à quel point elle était sérieuse en se basant sur son expression lumineuse et ses yeux bleu acier.

« Une fête d’adieu serait une bonne occasion de se réconcilier avec elle. Et comme elle va bientôt partir... Je ferai ce qu’une bonne épouse devrait faire et je regarderai ailleurs si vous décidez d’avoir une liaison temporaire, » déclara Feena.

« Est-ce comme ça que ça marche ? » demanda Alnoa.

« Oui, » répondit Feena en hochant la tête.

Elle avait parcouru un long chemin depuis la première fois qu’ils s’étaient rencontrés, avec la façon dont elle avait envoyé ce ver dans une tombe de flammes. À l’origine, Alnoa avait pensé que ses compétences en relations interpersonnelles étaient égales ou légèrement inférieures aux siennes, mais maintenant il réfléchissait à son jugement initial.

« C’est bon, je peux vous faire oublier que vous l’avez vue avec une de mes potions après la fin de la fête, » annonça Feena.

Mais le prochain commentaire grossier de Feena avait déchiré son image dans l’esprit d’Alnoa.

« Je retire ce que j’ai dit ! » répondit-il, poussant ses doigts contre ses tempes en raison de sa frustration.

« Quoi qu’il en soit, organisons une grande fête d’adieu pour éviter de déclencher un conflit international avec Freiya à ce sujet, » déclara Cécilia.

En raison de son incapacité à trouver un meilleur plan et des problèmes imminents qui pourraient résulter de cet incident, il avait finalement cédé à la proposition des filles.

Les rumeurs sur le secret du roi avaient balayé le pays, et Jamka et Brusch étaient toujours introuvables. Malgré la situation désespérée dans laquelle ils s’étaient retrouvés, Cécilia et Feena avaient réussi à organiser une magnifique fête d’adieu. Tout avait commencé quelques heures avant l’arrivée prévue du carrosse pour Freiya.

« Nous n’avons pas beaucoup de temps, alors commençons ! » déclara Alnoa.

Alnoa avait annoncé le début de la fête dans la salle à manger avec un ton forcé de joie, mais les invités n’auraient pas pu être moins excités. Tous, à l’exception d’une poignée d’invités, l’avaient regardé avec des doutes. Entre-temps, tout le pays avait entendu les rumeurs.

« Maintenant tout le monde, levons nos verres pour une amitié éternelle avec la Diva de Freiya, Sharon ! Santé ! » Cécilia avait tenté de dissiper l’atmosphère gênante.

« Santé ! »

« Santé. »

Feena leva son verre et l’acclama tranquillement. Alnoa avait poussé un soupir discret en regardant Sharon à sa droite. Feena avait essayé d’ignorer l’atmosphère gênante entre les deux et s’était tournée vers Cécilia.

Je me demande de quoi elles parlent.

Malheureusement, il ne pouvait pas céder à sa curiosité. Il devait s’occuper de questions plus urgentes.

« Wôw, ça a l’air si délicieux ! » s’exclama-t-il.

Il avait essayé d’attirer l’attention de Sharon et avait jeté un coup d’œil à son côté, mais sa tentative évidente était tombée dans l’oreille d’une sourde. Sharon continuait à manger en silence.

« C’est quoi cette tête de déterré ? » Après quelques secondes, qui ressemblaient à une éternité, Sharon s’arrêta de manger et posa une question. Encore secouée par les événements d’hier, elle évitait maladroitement de le regarder dans les yeux.

« Rien, » répondit-il.

Son échange tant attendu s’était terminé ainsi. Il s’était maudit pour son incapacité à en dire plus.

« Sérieusement ? Vous devriez être ravi que votre futur assassin s’en aille enfin, » déclara Sharon.

« Il n’y a pas de quoi être heureux, » répondit Alnoa.

« Euh !? » Sa réponse honnête avait pris Sharon au dépourvu.

« Il suffit d’y penser ! Jamka a essayé de me tuer, et nous sommes au bord de la guerre avec l’Empire. De quoi pourrais-je être heureux ? » demanda Alnoa.

« Je vois, bien sûr... Je ne suis même pas..., » murmura-t-elle d’un ton triste et solitaire.

« Et... c’est déprimant de penser à quel point ça va être calme par ici..., » il chuchotait ses véritables sentiments.

 

☆☆☆

 

« Pff ! C’était génial ! » Finissant sa deuxième assiette, elle avait affiché un sourire ravi.

Je suppose qu’elle ne m’a pas entendu. De toute façon, on dirait qu’elle est revenue à son état normal.

« C’est quoi ce visage sans vie ? Où s’agit-il simplement de votre expression standard ? » demanda Sharon.

Alnoa était en conflit au sujet du statu quo. Il semblait que rien n’avait changé entre eux, même si ses remarques étaient plus grossières que d’habitude.

« Vous êtes impitoyable jusqu’à la fin, hein ? » demanda Alnoa.

Il avait décidé d’essayer de lui répondre comme d’habitude.

« Je ne suis pas impitoyable ! On dirait vraiment un poisson mort, » répliqua-t-elle en le regardant d’un air suffisant. « Je dois admettre que votre visage bizarre me manquera un peu quand je rentrerai chez moi. Merci de m’honorer de vos yeux morts une dernière fois. »

« Je suis là, vous savez ? J’aimerais bien voir ce qui vous passe par la tête parfois ! » déclara Alnoa.

« Je vous tuerais si vous essayez d’entrer dans les secrets les plus intimes d’une jeune fille ! » s’écria Sharon.

« Bien sûr que vous le feriez. C’est tout ce que vous savez faire ! » répliqua Alnoa.

« Qu’est-ce que c’était ? » s’écria Sharon.

Elle avait recoiffé ses cheveux, en affichant encore une fois ce sourire suffisant, puis s’était concentrée sur le nouveau plat devant elle. Cependant, Alnoa n’avait pas eu le temps de se sentir soulagé de la voir se réconcilier avec lui. Il lui restait encore une dernière chose importante à régler.

« Hmm..., » murmura-t-elle.

Après quelques minutes, il avait finalement raffermi son cœur. Sharon avait arrêté de manger et s’était tournée vers lui. Il espérait qu’elle trouverait ses mots maladroitement attachants.

« Euh. Eh bien... J-J’aimerais m’excuser pour ce que j’ai fait. J-Je suis allé trop loin. C-Cela ne fait que quelques jours, mais vous m’avez beaucoup a-aidé, alors... Merci, » déclara-t-il.

Il avait réfléchi à ses excuses toute la journée d’hier, mais il n’avait pu qu’en sortir que la moitié. Il n’était même pas sûr qu’elle ait compris le message. Malgré tout cela, il pouvait dire qu’elle avait compris ce qu’il ressentait. Il soupira en sortant une magnifique petite boîte de sa poche. Sharon avait été instantanément captivée par elle.

« Hein ? E-Est-ce pour moi ? » demanda-t-elle.

Ses yeux s’étaient écarquillé. Il était évident qu’elle avait été prise au dépourvu, mais elle s’était vite rétablie.

« Ah, eh bien, je vais envisager si je vais le chérir, » déclara Sharon.

« Décidez-vous alors ! » déclara Alnoa.

Elle l’avait finalement accepté avec un sourire éclatant.

« Oh, euh, je suis... croyez-vous qu’il va neiger aujourd’hui ? » demanda-t-elle.

Elle avait essayé d’attirer l’attention loin d’elle, mais elle ne pouvait pas cacher le sourire qui se répandait sur son visage.

« Ce n’est pas grave. Vous pouvez le jeter si vous ne l’aimez pas, » déclara Alnoa.

Le sourire rayonnant de Sharon avait fait qu’Alnoa était devenu troublé. Il se détourna maladroitement et mordit dans son repas. Mais dans sa hâte, il n’avait pas mâché correctement et avait fini par s’étouffer violemment.

« Qu’est-ce que vous faites !? Bon sang, venez ici ! » s’écria Sharon.

Malgré son exaspération exagérée, son sourire chaleureux n’avait pas faibli lorsqu’elle avait commencé à frapper le dos d’Alnoa. C’était douloureux, mais il n’avait pas le luxe de se plaindre.

« Merci... Merci, » il lui avait fallu un moment pour se remettre de son état de boiteux.

« Je vais l’ouvrir ! » annonça Sharon.

Le sourire de Sharon devint tendu, serrant la boîte dans ses mains tremblantes.

« Bien sûr, allez-y. Il est tout à vous, » déclara Alnoa.

Du calme, Sharon... Ne placez pas vos attentes si haut ! Vous me rendez nerveux !

Alnoa l’avait regardée du coin de l’œil.

Elle avait soigneusement ouvert la boîte.

« Wooow ! » s’écria Sharon.

La boîte soigneusement enveloppée cachait un ornement de cheveux en argent. Sa conception était simple : trois plumes qui se connectaient à une petite pierre précieuse à leur base. Cette gemme avait été faite à partir d’un minerai spécial, dont on disait qu’il renfermait une minuscule quantité de magie. On prétendait souvent qu’il s’agissait de porte-bonheur qui permettaient de réaliser les souhaits du propriétaire.

« Oh, wôw..., » Sharon avait examiné de près l’ornement avec une joie indéniable.

« Juste pour que vous le sachiez, ce n’est pas cette imitation bon marché de l’autre jour ! » déclara Alnoa.

Alnoa l’avait dit avec fierté, mais avec le dos tourné. Il ne mentait pas, car il avait passé trois heures la veille à examiner les produits du meilleur artisan du pays avant de faire son choix. Bien sûr, ce marchand était au courant des rumeurs entourant Alnoa, mais la détermination d’Alnoa était venue à bout de lui.

« Il n’est peut-être pas d’aussi bonne qualité que l’argent freiyan, mais il est recouvert de magie protectrice, et donc, il ne sera pas endommagé si vous le laissez tomber ou toute autre chose qui pourrait l’affecter. »

Il avait choisi cet accessoire en tenant compte de la personnalité forte et ferme de Sharon.

« C’est un cadeau étonnamment réfléchi, venant de vous, » déclara Sharon.

« Ouais, j’étais déchiré entre ça et un rôti de bœuf. »

« Cela aurait été tout aussi génial ! » Sharon avait répondu en plaisantant en mettant l’ornement dans ses cheveux.

« De quoi ai-je l’air ? » demanda-t-elle, rougissant légèrement et bougeant sur sa chaise.

Alnoa l’avait regardée, impressionné par sa propre capacité à choisir un bon cadeau, et à quel point cela lui convenait. Quand il s’était rendu compte de ce qu’il faisait, il était soudainement devenu rouge vif et avait à peine réussi à balbutier un simple compliment. « Il vous va bien sur vous. »

« Hehehehehe. Merci ! »

C’était la première fois depuis l’arrivée de Sharon qu’Alnoa la voyait comme une fille normale. Ils avaient passé les quelques heures suivantes à discuter normalement, en lançant des insultes ludiques. Bien que la pensée que ce pourrait être la dernière fois qu’il voyait Sharon l’attristait, il savait par expérience qu’il ne pouvait pas obtenir tout ce qu’il voulait dans la vie. Puis, enfin, il était temps de se dire adieu.

Les gardes étaient venus signaler que le carrosse freiyan était arrivé. Un certain nombre de soldats vêtus d’une armure rouge vif étaient arrivés en escorte.

« Alors, il est temps que j’y aille, » annonça Sharon.

Elle portait la même robe rouge dans laquelle elle était arrivée, mais le sourire sur son visage la rendait d’autant plus douce. L’ornement d’argent qu’Alnoa lui avait donné brillait dans ses cheveux cramoisis. Ses yeux semblaient brumeux, mais Alnoa ne pouvait pas dire si c’était juste la façon dont ils réfléchissaient la lumière du soleil. Lui-même faisait tout ce qu’il pouvait pour maîtriser ses émotions.

« C’était amusant de vous avoir ici, même si c’était court. Surtout notre rendez-vous... Assurez-vous de revenir et de traîner à nouveau ! Laissez les tentatives d’assassinat en dehors de ça, » déclara Alnoa.

« D’accord..., » répondit-elle.

Sharon avait serré une main contre sa poitrine, espérant que, aussi improbable qu’elle le pensait, elle pourrait revoir Alnoa. Elle avait gardé les yeux fermés et avait hoché la tête en réponse, gravant ses paroles de séparation dans son cœur.

« Au revoir..., » Sharon était incapable de trouver les bons mots, les bons gestes pour dire adieu. Sa main voltigeait devant sa poitrine alors qu’elle essayait de faire signe de la main, puis elle était montée dans le carrosse.

« Ah..., » murmura-t-il.

Adieu, je me sentais trop triste, et à plus tard, je ne me sentais pas bien. Alnoa s’était retrouvé incapable de penser à autre chose à dire et il avait fini par la regarder partir en silence.

« Roi Alnoa ! » Peu de temps après que le carrosse soit disparut au loin, Lilicia l’avait appelé.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Alnoa.

Il avait fait de son mieux pour paraître aussi indifférent que possible, et cela malgré la tempête qui faisait rage dans son cœur. Sentant la lutte intérieure d’Alnoa, Lilicia avait hésité à prendre la parole.

Puis, elle avait finalement annoncé la nouvelle. « Nous avons attrapé le coupable qui a répandu les rumeurs dans toute la ville. »

« Quoi, vraiment !? » s’exclama Alnoa.

Naturellement, Alnoa ne pouvait pas rester calme. Il n’imaginait pas qu’un espion de l’empereur serait capturé aussi rapidement.

« Rien de tout cela n’a encore été corroboré, mais..., » Lilicia avait rapidement résumé l’information qu’ils avaient obtenue.

« Brusch a été capturée par Labona !? » s’écria Alnoa face aux informations fournies par Lilicia.

***

Partie 3

Mises à part les idées de Jamka envers les esclaves, cela expliquait pourquoi il avait essayé d’assassiner Alnoa.

« Oh mon Dieu. Il est donc possible qu’ils utilisent Brusch comme otage pour forcer Jamka à faire ce qu’il a fait, » déclara Cécilia.

Alnoa acquiesça d’un signe de tête face à l’expression soulagée de Cécilia, mais son propre visage restait raide.

Il voulait immédiatement envoyer une équipe de sauvetage.

« Je pense que c’est un piège, » Feena avait tranquillement écouté le rapport de Lilicia et en avait tiré ses propres conclusions.

« Je suis d’accord. Le fait que nous ayons pu attraper un espion si facilement, et qu’il ait été si coopératif est un cadeau bien trop évident. Ils veulent m’attirer à Labona, » Alnoa avait craché ses mots, offensé par le culot de l’Empire.

« Mais nous devons y aller, » ajouta Feena un peu plus tard.

Alnoa hocha la tête en silence. S’ils n’agissaient pas rapidement et avec toutes les précautions nécessaires, ils mettraient en danger la vie de Brusch et de Jamka.

« Lilicia, dis à Dante de rassembler immédiatement les troupes. Ne laisse que le nombre de soldats absolument nécessaire pour garder le château et qu’ils se préparent à partir pour Labona. Nous irons là-bas pour sauver Brusch, et... et peut-être aussi Jamka, » ordonna Alnoa.

Le visage d’Alnoa avait fait une grimace lorsqu’il avait prononcé le nom de son ex-vice commandant et ainsi, il avait ordonné une attaque contre Labona.

Je dois le leur donner, ils m’ont forcé la main. Nous pourrions nous occuper de Jamka et des rumeurs, mais maintenant ils paralysent notre pays et posent un piège que nous ne pouvons tout simplement pas éviter.

« Ils nous surestiment là, » déclara-t-il.

Il avait alors poussé un gémissement. Leur plan semblait beaucoup trop élaboré pour un petit pays, même avec trois Divas à l’intérieur de ses frontières.

« Quoi qu’il en soit, nous devons faire ce que nous pouvons, » annonça-t-il finalement.

Il lança un dernier regard de regret dans la direction qu’avait prise le carrosse de Sharon avant de se retourner pour faire face à Cécilia et Feena.

« Cécilia, Feena. J’ai quelque chose à vous demander, » déclara-t-il.

« Bien, bien. Tu sais que je ferais n’importe quoi pour toi ! » répondit Cécilia.

« Une bonne épouse suit son mari partout où il va, » répondit de son côté Feena.

Elles l’avaient rassuré avec leurs doux sourires (bien que celui de Feena était à peine visible).

« Euh... Roi Alnoa, » en entendant une voix inattendue, il se retourna et trouva Lilicia derrière lui.

« Lilicia, que fais-tu ici ? Je t’ai dit d’aller chercher Dante..., » commença-t-il.

Ses mots s’étaient finalement arrêtés. Il avait l’impression que quelque chose clochait chez elle, même si elle n’avait pas l’air différente de la normale. Avant de pouvoir exprimer ses préoccupations, il s’était trouvé fasciné, voire même attiré par son sourire.

« Le roi Alnoa. Que dirais-tu si je te disais qu’il y a un moyen de sortir de cette situation difficile ? » demanda Lilicia.

Son ton doux et obéissant habituel avait été remplacé par un ton plus agressif et séducteur.

« Je t’écoute, » après quelques instants de silence, il avait accepté de l’écouter.

Je ferais même un pacte avec le diable pour protéger ce pays.

« Compris. Alors..., » elle avait commencé à parler avec une expression qui lui donnait l’impression d’avoir attendu des milliers de vies pour partager ce secret.

Alnoa n’avait même pas eu le temps de se morfondre sur le départ de Sharon en écoutant l’histoire de Lilicia. Cela lui avait rappelé qu’elle lui lisait des contes de fées il y a longtemps.

 

☆☆☆

 

« C’est..., » murmura-t-il.

Alnoa fronçait les sourcils. Le chemin de pierre oublié depuis longtemps jusqu’au sous-sol était humide, sombre et couvert de moisissure. L’air humide qui les avait frappés était comme un signal d’alarme, essayant désespérément d’empêcher toute chose vivante d’entrer. Ils prirent une lanterne pour éclairer le long et étroit sentier, qui semblait s’éterniser.

Nous pourrions utiliser le pouvoir du Roi-Démon endormi.

La proposition choquante de Lilicia n’avait pas quitté l’esprit d’Alnoa. Elle le conduisit dans un passage que seules les membres de la royauté d’Althos auraient dû connaître. Cécilia et Feena auraient bien sûr voulu les rejoindre, mais Lilicia avait fermement décliné leur demande, ne laissant qu’elle et Alnoa pour marcher sur le chemin de l’enfer.

« Roi Alnoa, connais-tu la légende du Roi-Démon ? » Elle s’était soudainement tournée vers Alnoa avec une question.

« Bien sûr, bien sûr. Après sa défaite, il a été scellé ici, et notre famille royale a été chargée de le surveiller, » Alnoa avait répondu fièrement en gonflant sa poitrine.

« Hehe. Presque, mais pas exactement, » cependant, Lilicia le regardait maintenant comme s’il n’était qu’un imbécile.

« Alors, dis-moi, quelle est la vérité !? » demanda-t-il.

Il devenait de plus en plus irrité.

« Hmm... Veux-tu vraiment savoir la vérité ? » Lilicia avait souri sournoisement, ne se formalisant pas de l’irritation d’Alnoa.

« Qui es-tu !? » s’écria Alnoa alors qu’il avait dégainé son épée présente avant ça à sa taille et avait menacé Lilicia.

« Haha ! Ne fais pas cette tête effrayante ! Tu ne peux même pas m’égratigner avec ce bâton ! » répliqua Lilicia.

Son rire sournois se répercutait dans les longs couloirs. Le rire sournois qu’elle avait perfectionné pour rabaisser les autres était sur le point de rendre Alnoa enragé, mais juste avant qu’il ne perde son sang-froid...

« Nous sommes arrivés~♪ ! » déclara-t-elle.

« C’est..., » commença Alnoa.

La rage d’Alnoa avait été ébranlée par le choc de ce qui se trouvait devant lui : une porte assez grande pour un géant, faite d’un matériau qu’il n’avait jamais vu auparavant. Elle était ornée de deux faux massives, beaucoup plus grandes que celles que la Mort elle-même utiliserait, se croisant l’une sur l’autre. Ou du moins, c’était ce à quoi Alnoa supposait qu’il devait ressembler, car une seule faux était actuellement sur la porte.

Il commença à se demander où se trouvait l’autre faux, mais décida rapidement de garder cette pensée pour plus tard.

Son intuition lui criait dessus. Derrière cette porte se trouvait le Roi-Démon. Il aurait dû être scellé hermétiquement, mais Alnoa pouvait sentir une énergie magique de mauvais augure s’échapper à travers elle. Il ne pouvait pas dire s’il avait chaud ou froid, mais la sueur coulait de son front. La seule chose dont il était sûr, c’est qu’il tremblait devant cette porte imposante.

« Roi Alnoa, viens, par ici ! Viens, tu es si lent ! » déclara Lilicia.

Lilicia s’approcha nonchalamment de la porte, ne se préoccupant nullement de l’état actuel d’Alnoa. Sa voix enjouée contraste fortement avec son état d’esprit.

« Viens ici et effectue le signe du réceptacle ! » Elle l’avait invité à venir près de la porte.

« Le signe du réceptacle ? » demanda Alnoa.

Un feu rouge s’était éteint dans la tête d’Alnoa. Ce n’était pas le moment de s’inquiéter à ce sujet, ni même de penser à s’en inquiéter.

« Lilicia. Qui es-tu donc !? » demanda Alnoa.

Son rire sournois résonnait encore une fois autour d’eux.

« Je suis Lilicia, un succube et une fidèle servante du Roi-Démon. Je coopère avec les dirigeants du pays depuis des centaines d’années afin de trouver un réceptacle approprié pour le Roi-Démon, » répondit-elle.

Et c’est ainsi qu’elle avait révélé sa véritable identité.

« Euh !? Es-tu un... succube !? » s’écria-t-il.

Il avait toujours trouvé bizarre que son apparence n’eût pas changé de façon significative depuis qu’il la connaissait. Elle était la servante en chef au moins depuis le règne du Roi-Sorcier, peut-être que sa situation unique l’avait empêché de se poser trop de questions à ce sujet.

« J’ai travaillé aux côtés des dirigeants de ce pays pendant des générations pour tenter de ranimer le Roi-Démon. Mais quand le réceptacle est finalement né, votre père a arrêté le projet. » Elle avait continué sans même essayer de cacher sa colère. « Même moi, je ne pouvais pas me comparer à ses pouvoirs, alors j’ai dû travailler comme femme de ménage et m’occuper de sa famille. Mais cela se termine aujourd’hui ! »

Elle avait fait un sourire soulagé.

« Alors, Roi Alnoa. Aurais-tu la gentillesse d’emprunter le pouvoir du Roi-Démon et de chasser rapidement l’Empire ? Ainsi, tu peux lui confier ton corps et lui permettre de prendre le contrôle du continent... non, prendre le contrôle du monde entier ! » Lilicia avait révélé ses vraies intentions sans même avoir fait un battement de paupières.

Althos travaillait à faire revivre le Roi-Démon jusqu’au règne de mon père !?

Lilicia avait souri à Alnoa, qui avait les doigts pressés contre ses tempes, la confusion s’avérait trop grande pour lui.

« Pour une raison inconnue, le Roi-Démon ne peut plus utiliser que la moitié de son pouvoir. Mais c’est la moitié du pouvoir qu’il avait contre la Valkyrie. Maintenant que le pouvoir de la Valkyrie est divisé en sept parties, les Divas n’ont aucune chance contre lui, » déclara Lilicia.

Sa stratégie était de l’attirer avec un pouvoir incommensurable.

« Cela signifie aussi qu’il ne met que la moitié de la pression sur l’hôte. Je crois que tu aurais une bonne maîtrise de ses pouvoirs, » annonça-t-elle.

J’aurais le pouvoir du Roi-Démon qui coule dans mes veines...

Il avait été tenté par son sourire envoûtant et ses mots séduisants.

« Alors, viens ici et déverrouille le sceau ! » déclara-t-elle.

La force de protéger tout le monde est devant moi...

Il avait lentement avancé vers Lilicia, comme s’il était possédé.

« Viens, mon roi ! » murmura-t-elle.

L’attirant vers les profondeurs de l’enfer, elle l’exhortait à accepter le pouvoir maudit.

Mais soudain, il s’était éloigné de la porte.

« Hein ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi tu t’es arrêté ? » demanda Lilicia.

« Lilicia. Penses-tu que les filles qui ont servi le Roi-Démon étaient heureuses quand il a été vaincu ? » Ignorant l’explosion de colère de Lilicia, Alnoa posa calmement une question.

« Quoi !? Tu commences à agir sérieusement pour simplement demander quelque chose d’aussi insignifiant !?? Bien sûr qu’elles n’étaient pas heureuses ! Elles le respectaient, l’adoraient ! Quoi qu’il en soit, il n’y a pas le temps pour ça maintenant, viens ici ! » cria Lilicia.

Les années passées de Lilicia en tant que femme de chambre d’Alnoa l’obligeait à répondre à sa question. Mais elle s’était rapidement rendu compte de sa position actuelle et avait gonflé ses joues.

« Oui, exactement. C’est terrible, » déclara-t-il.

Il s’éloigna encore plus loin de la porte et se tourna vers Lilicia.

« Alors, j’ai pris ma décision. Je gagnerai contre l’Empire en utilisant mon propre pouvoir, » il l’avait déclaré sur un ton ferme et digne.

« Te rends-tu compte de ce que tu fais ? C’est impossible ! » s’exclama Lilicia.

« Tu ne sais pas jusqu’à ce que tu essaies. Je ne voudrais pas voir le désespoir dans les yeux de mes amis quand ils auront appris que j’ai laissé entrer le Roi-Démon dans mon corps, » répondit Alnoa.

La détermination d’Alnoa lui avait permis de faire un sourire calme. L’image d’une certaine personne, la personne à laquelle vous vous attendiez le plus, flottait actuellement dans son esprit.

« Merci pour ton offre généreuse, Lilicia. Cependant, je vais faire les choses par moi-même. Je n’ai pas besoin du pouvoir du Roi-Démon. Je vais te le prouver, » déclara Alnoa.

Il avait arrêté de trembler. À un moment donné, il avait cessé d’avoir peur de l’énergie magique qui s’infiltrait par la porte. Il avait cessé de transpirer et reprenait le contrôle de lui-même.

Est-ce que je me suis habitué à cette énergie inquiétante ?

Lilicia poussa un lourd soupir et haussa les épaules. « Eh bien, je suppose que c’est ainsi. En tant que serviteur loyal du Roi-Démon, je ne peux pas recourir à la violence contre celui qui serait le réceptacle. »

Lilicia, maintenant dans une humeur beaucoup plus discrète, avait facilement sorti l’énorme faux de son enclave dans la porte.

« Euh !? C’est quoi cette magie ? »

La faux avait commencé à briller devant ses yeux. Cela n’était que maintenant qu’il avait remarqué que le manche et la lame étaient noirs, rayonnants une lumière rouge foncé de mauvais augure.

« Roi Alnoa. J’aimerais au moins que tu prennes cette faux avec toi, s’il te plaît. Vois ça comme un charme, » déclara Lilicia.

« La faux qui scelle le Roi Démon ? Comment cela peut-il être un charme si c’est quelque chose qui est maudit !? » s’écria Alnoa.

Mais celle qui le lui offrait n’était autre que Lilicia, la servante qui s’occupait de lui depuis sa naissance.

« Ne t’inquiète pas. Prendre ceci ne te maudira nullement, » répondit Lilicia.

Rassuré par ses paroles, il lui avait pris la faux avec une certaine timidité. Cela ressemblait à une faux typique alors qu’elle était entre ses mains.

« Je suppose que je peux le supporter, mais je n’ai pas l’intention de l’utiliser. » Il murmura ça à lui-même et attacha la faux à son dos.

« Merci, mon roi. Je ne peux pas quitter les côtés du Roi-Démon, mais je prierai pour que tes batailles soient couronnées de succès, » Lilicia était retournée à son état habituel et s’était inclinée respectueusement devant Alnoa.

Ne prie pas le Roi-Démon pour ma sécurité.

« Merci Lilicia. Je vais maintenant y aller, » déclara-t-il avant de se précipiter dans les escaliers.

« Je suppose que c’est bien. Nous avons au moins franchi la première étape, » le sourire envoûtant étant revenu sur le visage de Lilicia alors qu’elle regardait Alnoa partir.

***

Partie 4

Il s’agissait du matin après qu’Alnoa ait vu Sharon partir au loin et qu’il ait appris la vérité sur Lilicia. Ils avaient passé toute la nuit à s’y préparer, et Alnoa avait forcé ses quelque deux mille soldats à marcher sans dormir, jusqu’à ce qu’ils atteignent une position à quelques kilomètres seulement de la ville marchande indépendante de Labona.

Labona avait été fondée par le marchand Zaham, connu sous le nom de Dieu du commerce, et ses sympathisants avec l’aide de Subdera. Elle s’était rapidement développée au cours du siècle dernier et était maintenant connue comme un endroit où l’on peut trouver n’importe quoi. Bien sûr, ils avaient aussi beaucoup investi dans leurs défenses. Un mur de pierre géant entourait la ville pour éloigner les bandits, et leur force militaire rivalisait avec celle d’Althos. Labona avait été attaquée à plusieurs reprises par les pays voisins. Pourtant, ils avaient toujours tenu bon contre leurs attaquants et les avaient punis en cessant tout commerce avec la nation agresseuse. Cette stratégie unique et puissante avait permis à Labona de rester indépendante jusqu’à présent.

Mais cette stratégie n’avait pas fonctionné quand l’Empire l’avait envahie. Ils avaient pris le pouvoir en une seule journée, laissant Labona sans aucune possibilité de représailles. Comme preuve de l’occupation de l’Empire, la porte d’acier, habituellement très fréquentée, était fermée et les murs étaient remplis de soldats impériaux.

« Mon Dieu, c’était après tout un piège, » déclara Cécilia.

Cécilia souriait aussi calmement que d’habitude. Une avant-garde d’environ cinq mille soldats et quelques dizaines d’abominations attendaient leur arrivée.

L’armée d’Alnoa n’était forte que de deux mille hommes, découragés et dubitatifs à cause des rumeurs. Ils étaient en sous-nombre et le moral était faible. Même si une bataille potentiellement désespérée pouvait éclater à tout moment, Cécilia semblait s’amuser. Elle fredonnait sans réfléchir et essayait de desserrer discrètement sa robe.

« Cécilia. Même si nous utilisions le Déferlement Céleste, tu n’as pas besoin d’enlever ta robe, » déclara Alnoa en regardant sa sœur.

« C’est vrai, tu as raison. Quelle honte ! » s’exclama-t-elle.

C’était presque admirable qu’elle ait pu plaisanter dans cette situation tendue. Malheureusement, Alnoa n’était pas d’humeur.

« Et nous n’utilisons le Déferlement Céleste que si nous n’avons pas d’autre choix. Je vais prouver que je peux gagner sans utiliser des pouvoirs bizarres ! » déclara-t-il avec force.

Bizarrement, aucune d’entre elles n’avait demandé ce qui s’était passé dans le sous-sol, et il n’avait pas l’intention d’en parler par lui-même pour le moment. Il ne voulait pas rendre la situation encore plus compliquée.

« Al…, » murmura sa sœur.

Il avait été ramené à la réalité par la voix inquiète de sa sœur.

« Cécili... Quel est le problème ? » demanda Alnoa.

Il se retourna pour voir le visage de Cécilia à quelques centimètres de lui.

« Al, » murmura Cécilia alors qu’elle caressait doucement les joues de son cher frère. « Al, détends-toi un peu. Tu es le roi et le commandant de ton armée. Si tu perds le contrôle de toi, cela affectera aussi tes hommes. »

Ses yeux bleus et froids avaient alors percé le cœur d’Alnoa.

Oui, c’est vrai. Leur nombre n’a pas de sens devant le pouvoir de Cécilia.

Alnoa s’était calmé et avait fait preuve de détermination. Il avait rencontré le regard de Cécilia avec un sourire ironique.

« Cécilia. Je veux sauver Jamka et Brusch dès que possible, » déclara-t-il.

Il avait posé une main sur sa taille alors qu’il affirmait ses objectifs.

« Al, ton amour pour tes amis est louable, mais tu es ici aujourd’hui pour mener tes soldats à la victoire. Ta hâte ne servira qu’à les faire paniquer. Lesfina et moi sommes ici avec toi. Alors, détends-toi, et tiens-toi fièrement devant tes troupes ! » lui conseilla Cécilia.

Son conseil calme résonnait dans le cœur d’Alnoa.

« Merci, Cécilia. Et désolé…, » commença Alnoa.

Elle avait rapidement interrompu Alnoa. « Al, ce n’est pas le moment de s’excuser. »

Ses joues rougissaient alors qu’elle disait ça.

« Merci, Cécilia, » répondit Alnoa.

Une forte explosion les avait interrompus juste après leur échange. Le martèlement des sabots secouait le sol alors que les rugissements des soldats résonnaient dans les airs.

« Merde ! Ça commence ! » Il tourna la tête vers la source du grand bruit.

« Ahh, on s’y mettait à peine, » déclara Cécilia, l’air déçu. Néanmoins, elle avait attrapé son khakkhara et s’était préparée pour la bataille.

« Cécilia, Feena, je compte sur vous. Faisons cela selon le plan, » déclara Alnoa.

« D’accord ! » répondit Cécilia.

« Bien sûr, » répondit Feena.

Elles avaient tourné leurs chevaux vers les abominations, les poussant en même temps à passer à l’action.

« Cécilia, Diva d’Althos, en route ! » cria Cécilia.

« Feena, Diva de Subdera... en route ! » cria Feena.

Les deux Divas avaient plongé vers les forces ennemies.

« Je dois aussi me préparer, » déclara Alnoa.

Alnoa les avait regardées partir avant de diriger avec force vers le front de son armée. Les soldats n’étaient manifestement pas d’humeur favorable pour la bataille, mais ce n’était pas le moment de se recroqueviller.

Il avait enflammé son cœur et avait crié de toutes ses forces. « Braves soldats d’Althos ! L’heure est venue ! Montrez-leur votre force ! »

Il n’y avait aucun doute dans sa voix. Il avait crié des phrases que Jamka lui avait préparées avec la pleine force de ses poumons afin d’inspirer ses soldats.

Mais leurs réactions avaient été ternes.

« L’ennemi est deux fois plus nombreux que nous ! Mais nous avons un atout ! Savez-vous ce que c’est !? » cria-t-il.

Un silence de mort. Personne n’avait dit un mot.

Merde, ils ne réagissent pas du tout.

Alnoa avait ignoré les gouttes de sueur froide qui coulaient sur son front et avait répondu à sa propre question. « Notre unité ! Notre confiance en nos camarades ! »

Même la plaidoirie passionnée d’Alnoa n’avait pas suffi à les émouvoir. Il savait que pour gagner une bataille, il fallait être l’armée la plus forte, et qu’il fallait de la nourriture, des fournitures et un avantage de terrain pour les soutenir. Mais ils n’en avaient pas. Ce qui signifiait qu’ils devaient s’appuyer sur une stratégie supérieure et l’unité entre les soldats. Il essayait d’inciter ses hommes à respecter ces conditions, mais cela ne fonctionnait pas.

« Allez ! Ce n’est pas la première fois que nous sommes confrontés à des situations impossibles ! » cria-t-il.

Puis il avait entendu un faible murmure de la foule.

« On ne peut pas gagner contre ces monstres. »

« O-Ouaiss ! Je n’affronterai pas ces abominations ! »

« Si tu veux te battre autant, fais-le toi-même ! Utilise le pouvoir du Roi-Démon ! »

L’un après l’autre, ils avaient commencé à exprimer leurs griefs. Les troupes organisées s’étaient transformées en une foule désorganisée en quelques secondes.

« Silence ! Nous pouvons briser leurs défenses et…, » commença Alnoa.

Il avait manqué de temps, car il pouvait voir une abomination s’approcher de plus en plus de lui du coin de ses yeux.

« Alnoa, je suis désolée, mais ils sont derrière nous, » déclara Feena.

La panique était évidente même dans la voix habituellement plate de Feena. Quelques abominations s’étaient éloignées du groupe et se dirigeaient maintenant vers eux. Elle s’était bien battue, mais ils étaient trop nombreux pour qu’une Diva puisse les retenir toute seule. Alnoa voulait déplacer les troupes pour la soutenir...

« Merde ! Ils viennent par ici ! » cria un soldat.

Mais leur cœur était inondé de peur.

« Restez calme ! Restez en formation ! S’ils pénètrent nos défenses…, » cria Alnoa.

Mais Alnoa avait été interrompu par d’innombrables boules de feu volant vers eux de derrière les abominations.

« C-Courez ! » cria l’un des soldats.

Dépassée par la peur, l’armée d’Althos avait commencé à briser les rangs et à s’enfuir.

« Arrêtez ! Ne leur montrez pas votre dos ! » cria Alnoa afin de reprendre le contrôle de ses troupes.

Alnoa ne pensait pas que sa magie était assez forte pour faire quoi que ce soit dans cette situation, mais, incapable de se résoudre à abandonner, il avait levé la main vers les flammes qui arrivaient. Puis, une boule sinistre de magie noire fut projetée hors de sa paume, engloutissant et avalant apparemment les boules de feu.

« Euh !? Quoi !? C’est moi qui ai fait ça !? » Il avait regardé sa main gauche avec les yeux grands ouverts.

Le pouvoir du Roi Démon a-t-il grandi en moi pendant mon séjour dans le sous-sol ?

Il ne pouvait penser à rien d’autre que ça.

Je ne devrais pas l’utiliser si je peux faire autrement.

Au milieu de la confusion d’Alnoa, il avait regardé la faux attachée à son dos. Évidemment, la faux ne lui avait pas rendu son regard, mais il s’était remémoré une fois de plus de ne pas l’utiliser.

« N’essayez pas de faire du mal à mon peuple ! » cria alors Alnoa.

Il avait dégainé son épée et l’avait balancée vers l’une des abominations. Mais à ce moment-là, elle s’était brisée en deux, comme s’il venait de frapper un rocher.

« Arg, tu es solide ! » s’écria Alnoa.

Il avait forcé un sourire quand l’abomination en face de lui avait levé un bras massif. Son épée avait déjà été rendue inutile, et il n’avait pas le temps de sortir son arme de rechange. Mais une lueur rouge foncé fut captée à travers le coin de l’œil.

« Merde, je dois déjà rompre mon vœu, » murmura-t-il.

Il avait fait face au bras épais du monstre, avait fait glisser la faux de son dos et il s’était positionné pour une attaque. La faux avait coupé ce bras comme un couteau chaud qui tranchait dans du beurre. Le sol avait grondé lorsqu’il s’était écrasé à côté de son cheval tel un arbre abattu.

« Urghhhh ! »

Au milieu des cris d’angoisse du monstre, Alnoa avait fait tourner sa faux, lui avait coupé la jambe et avait terminé son attaque par un coup de pied. L’abomination était tombée par terre.

« Bon sang, il s’avère que c’était quand même un porte-bonheur ! » murmura-t-il.

Il regardait la faux avec admiration. Son visage était couvert de sueur froide, non pas parce qu’il avait à peine réussi à tromper la mort, mais à cause de la puissance destructrice de son arme.

« Ahhhh ! D’autres sorts arrivent ! » Alors qu’il était assis là, étonné par sa force retrouvée, les soldats derrière lui avaient crié en raison de l’attaque.

Alnoa s’était débarrassé de la soif de pouvoir qu’il ressentait et s’était retourné juste à temps pour voir ses soldats s’enfuir en pleine panique alors que les flammes de l’enfer étaient sur le point de tomber sur eux. D’autres boules de feu, beaucoup trop nombreuses pour être comptées, volaient dans le ciel vers eux.

« À droite ! Courez à droite ! » cria Alnoa.

Il avait essayé de diriger ses soldats en lieu sûr, mais ils étaient trop paniqués pour écouter.

« Pff. Tout le monde à terre ! Maintenant ! » cria Alnoa.

Il avait encore une fois placé sa main gauche vers l’avant, mais il avait été interrompu dans son action par une voix familière.

« Boule de glace, » cria une voix féminine.

Une boule de glace massive était venue depuis l’extérieur de son champ de vision, effarante, et engloutissant les boules de feu sur son chemin.

« Al, allez-vous bien ? » Feena avait galopé jusqu’à Alnoa, gardant les abominations loin d’eux avec une variété de sorts. Il ne pouvait voir Cécilia nulle part, alors il semblerait qu’elle s’en était tenue au plan.

« Oui, je vais bien. Merci, Feena, » répondit Alnoa.

Alnoa était clairement soulagé, mais l’expression de Feena restait tendue.

« Ne baissez pas votre garde. Nous n’avons pas encore fini, » déclara-t-elle.

Elle tourna son cheval vers une autre abomination et jeta rapidement un autre sort. « Foudre ! »

Un éclair avait terminé depuis le ciel, frappant l’une des trois abominations qui couraient vers eux.

« Urgahhhhh ! » Il avait poussé un horrible cri.

« Ne vous inquiétez pas, il n’est pas mort... du moins, je pense, » déclara Feena.

Tout en frappant sa prochaine proie avec un autre attaque de foudre, elle avait fièrement regardé Alnoa. Pourtant, cette abomination avait refusé de rester au sol, haussant les épaules et reprenant sa charge vers eux.

« Arg, à quel point ces choses sont endurantes !? » s’écria Alnoa.

Alnoa avait fait tournoyer sa faux incroyablement tranchante et avait frappé l’abomination avec son manche. Son attaque avait arrêté le monstre dans sa charge.

« Bloc de glace ! » cria Feena.

Feena avait complété l’attaque avec un sort, gelant les pieds de l’abomination et la rendant immobile.

« Cette glace est vraiment durable. Elle ne devrait pas se briser de sitôt, » elle parlait avec fierté. Mais le simple fait d’empêcher un monstre n’avait pas arrêté la horde.

Que devrions-nous faire ?

Il essayait désespérément de trouver des moyens de neutraliser les troupes ennemies, mais tout ce qu’il pourrait faire exigerait une immense quantité de préparation.

***

Partie 5

« Si nous pouvions faire aligner l’ennemi et préparer le sort…, » les yeux d’Alnoa s’étaient soudainement illuminés et il s’était approché de Feena. « Feena, vous souvenez-vous du mur de glace que vous avez érigé dans ma chambre ? »

« Je n’oublierais jamais un seul moment que j’ai passé avec vous. Eh oui, il s’agit de l’un de mes sorts préférés, » répondit Feena.

« Super. Pourriez-vous ériger un mur derrière moi ? Faites-le aussi long que possible, » demanda Alnoa.

Feena lui avait répondu en levant un pouce en l’air. « Je ferais le plus long mur de l’histoire pour vous ! »

« Alors, faites un mur de glace entre mes troupes et les soldats ennemis ! » déclara Alnoa.

« J’ai bien compris ! » répondit-elle.

Elle avait dû réaliser les intentions d’Alnoa, car elle avait commencé à préparer le sort sans l’interroger plus.

« Mur de glace. »

Alnoa avait peut-être donné l’ordre de créer un mur sur le champ de bataille, mais la muraille de glace de Feena avait continué jusqu’au bout des plaines. Ainsi, ses soldats étaient en sécurité, mais tous les deux étaient coincés au milieu des lignes ennemies.

« Est-ce suffisant ? » demanda-t-elle en affichant un sourire chaleureux.

« Je suis désolé, Feena. Je comprends si vous deviez fuir quand les choses deviendront dangereuses. Mais s’il vous plaît, restez avec moi assez longtemps pour permettre à mes soldats de s’enfuir ! » demanda Alnoa.

« Al. Je suis votre femme. Je serai à vos côtés jusqu’à ce que je vous transforme en ma marionnette. Je ne vous quitterai jamais. C’est ça que signifie d’être marié. »

Il avait été surpris par sa déclaration d’affection. Malheureusement, il n’avait pas eu le temps de se perdre dans ses pensées ou de répondre à l’affection de Feena.

« Eh bien, merci, Feena, » il l’avait dit en ayant un sourire reconnaissant.

« Hehe ~♪, » les coins de la bouche de Feena s’étaient courbés vers le haut en un sourire léger, mais doux. Puis elle se tourna vers les troupes ennemies et traça d’innombrables cercles magiques, couvrant complètement leur voisinage.

« Je suis Feena, la femme de cette marionnette. Il est temps d’être sérieuse ! »

Face à Alnoa, il lui semblerait que des bêtes démoniaques enchaînées attendaient son ordre pour sortir des cercles magiques.

« Chargez ! » cria-t-il.

Les bêtes s’étaient libérées de leurs chaînes et s’étaient précipitées vers leurs ennemis. Des créatures de feu, de glace et d’électricité avaient alors brûlé, gelé et électrocuté les abominations qui se dressaient sur leur chemin.

« Pour l’instant, cela devrait suffire, » déclara Feena.

« Merci, Feena. Maintenant, c’est au tour de la marionnette de travailler, » répliqua-t-il.

Il sauta de son cheval et en retira sa sacoche avec agilité.

« Il s’agit d’un prototype de notre dernière invention, un tube rempli de poudre noire. Ça s’appelle un pétard, » annonça Alnoa.

Il tenait fièrement l’un de ces pétards devant Feena.

« Un pétard ? » demanda-t-elle alors qu’elle inclinait la tête en raison de sa curiosité.

Le tube en bambou avait la taille d’une tasse à boire. Un long poteau de bois s’étirait au milieu et il y avait une petite ficelle attachée à son côté. Sa sacoche était remplie à ras bord de ces pétards.

« Ce serait plus facile si je vous montrais. S’il vous plaît, couvrez-moi, » lui demanda Alnoa.

Il avait enfoncé un pétard après l’autre dans le sol. Comme on le lui avait demandé, Feena le protégeait des sorts et des flèches qui arrivaient.

« Bien, c’est fini. Feena, aidez-moi à allumer les pétards, » lui demanda Alnoa.

Tout en l’appelant, il avait commencé à allumer les ficelles de la douzaine de pétards un par un.

« D’accord, » répondit-elle.

Après avoir dévié une dernière boule de foudre, elle s’était mise à allumer les pétards.

*Pew-pew !*

Les pétards avaient filé en dansant dans les airs en direction de l’ennemi.

« Ah ! » Feena s’était arrêtée, surprise par les sons.

« Ne vous inquiétez pas, nous sommes en sécurité ici ! Continuez à les allumer ! » demanda Alnoa.

« J’ai lu que la femme idéale croit aux paroles de son mari et s’y tient, » elle regarda Alnoa, murmura cela, puis retourna au travail.

Après quelques secondes dans les airs, les pétards étaient arrivés au sol derrière les abominations, et cela, directement sur les soldats ennemis.

*Bam-bam-bam !* *Pop-pop !*

De petites explosions se répercutaient sur le champ de bataille.

« Quoi !? Qu’est-ce qui se passe !? »

Les soldats du quartier général impérial, un endroit qu’ils croyaient sûr, avaient commencé à paniquer lorsqu’ils avaient entendu des explosions à proximité.

« Vent ! » Alnoa avait alors un sort de base du vent.

« Regardez et tremblez sous la puissance racontée dans les rumeurs que vous répandez ! » cria Alnoa.

Un moment plus tard, une brise légère traversa le champ de bataille.

« Hé, n’entendez-vous pas ? »

Les cris surpris des soldats pouvaient être entendus de loin. Après avoir confirmé qu’ils pouvaient l’entendre, il avait décidé de faire un petit numéro.

« Alors, écoutez-moi, chiens impériaux ! Je suis Alnoa, mais vous pouvez m’appeler le Roi-Démon ! Je vais vous montrer ce que cela signifie d’expérimenter la véritable terreur par l’utilisation de ma magie noire ! »

C’était vraiment comme un spectacle de marionnettes. Si quelqu’un essayait de tirer cela un jour au hasard au milieu de la place de la ville, on se moquerait de lui ou on l’emmènerait à l’église. Mais même si la ligne de défense impériale était bercée par un sentiment de sécurité, il s’agissait quand même d’un champ de bataille. Après avoir été bombardés par des armes jusque-là invisibles, ils entendaient maintenant la voix du Roi-Démon. C’était plus que suffisant pour plonger leurs troupes dans le chaos.

« Pas possible ! Le Roi-Démon est de retour !? »

« Pourquoi une Diva coopère-t-elle avec le Roi-Démon ? »

Comme il l’avait prévu, les soldats impériaux avaient commencé à paniquer.

« Calmez-vous ! Ne soyez pas dupe ! Ce ne sont que des pétards, ils n’ont aucun pouvoir destructeur ! Le général nous a fourni des abominations pour combattre à nos côtés ! Nous n’avons rien à craindre ! Pas même le Roi-Démon lui-même ! » Le chaos avait été balayé en un instant par une voix familière, celle qui venait d’à côté de l’homme qui semblait être le chef de l’armée.

« Jamka…, » murmura Alnoa.

Alnoa reconnaîtrait cette voix entre tous. Son meilleur ami, avec qui il avait combattu à ses côtés d’innombrables fois, se tenait maintenant de l’autre côté du champ de bataille, vêtu de l’armure de l’ennemi.

« Détruisez les pétards avec de la magie ! Ciblez directement le roi d’Althos avec vos flèches ! Empêchez-le de nous faire d’autres tours stupides ! » cria Jamka.

La magie du vent d’Alnoa lui avait fait entendre des choses qu’il n’aurait jamais voulu entendre.

« Jamka... Euh !? »

À côté de Jamka, Alnoa pourrait voir le commandant qui tenait un cristal bleu de la taille d’un poing. Il semblait donner des ordres tout en le balançant vers la gauche et la droite.

Est-ce que c’est... ?

Il n’avait pas eu le temps de terminer sa réflexion, alors qu’une tempête de flèches de fer noircissait le ciel, se dirigeant vers eux.

« Feena, baissez-vous ! » cria Alnoa.

Il s’était placé afin de se tenir devant Feena afin de la protéger et avait commencé à hacher les flèches qui pleuvaient sur eux avec sa faux.

« Merde, il y en a trop ! » dit-il.

Il y avait au moins deux fois plus de flèches qu’auparavant.

Une flèche non interceptée se dirigeait droit vers Feena, qui était sans défense alors qu’elle accumulait de l’énergie pour son prochain sort.

« Feena ! Regardez ou — Arghh ! » s’écria-t-il.

Il avait essayé de la couvrir avec sa main gauche, et la flèche l’avait transpercée.

« Alnoa ! »

Des flammes cramoisies furent projetées depuis Feena, brûlant les autres flèches en poussière.

« Ne vous inquiétez pas. Ce n’est qu’une égratignure... Haha !? C’est déjà guéri !? » s’écria Alnoa.

Alnoa avait retiré la flèche de sa main, serrant ses dents en raison de la douleur. Mais sa blessure ouverte s’était refermée sous ses yeux, et le sang répandu sur le sol et sur sa main étant la seule chose restant de sa blessure.

Est-ce le pouvoir du Roi-Démon ? Qu’est-il arrivé à mon corps ?

« Infanterie lourde, chargez ! »

Ses pensées avaient alors été interrompues. L’Empire ne voulait pas les laisser se reposer un instant. Les soldats impériaux, lourdement blindés, s’étaient rapidement organisés en formation devant Alnoa.

Si ce cristal est vraiment ce que je pense qu’il est — à savoir qu’il contrôle les abominations — alors je pense que je vois une solution. Je vais casser le cristal et prendre le général ennemi en otage !

Les lèvres d’Alnoa se transformèrent en un sourire cynique, conscient de l’imprudence de sa stratégie. Les soldats ennemis tenaient d’énormes boucliers, donnant l’impression qu’un mur de fer fonçait vers lui.

« Dégagez de mon chemin ! » cria Alnoa.

Alnoa avait fait un bond spectaculaire jusqu’à arriver devant les soldats et avait fait basculer sa faux, visant à l’accrocher sur l’un des boucliers et à l’arracher.

« Euh !? » s’exclama-t-il.

À sa grande surprise, la faux l’avait tranché comme du papier.

« Qu’est-ce qui se passe avec ce truc !? C’est absurde ! » s’écria-t-il. Déconcerté par sa propre attaque, il avait perdu l’équilibre.

Les soldats ne pouvaient pas laisser passer cette chance.

« Lanciers ! » cria leur commandant.

Ils s’attendaient à ce qu’il passe à travers leurs défenses, et les lanciers se trouvaient justes derrière l’infanterie lourde afin de les soutenir. Une rafale de coups de lance s’était dirigée vers Alnoa à partir de la petite faille qu’il avait créée.

« Merci, je ne m’attendais pas à un accueil aussi chaleureux ! » déclara-t-il.

Il avait fait tourner sa faux et avait facilement coupé les pointes de lance.

« Gahh ! »

Mais une seule lance avait réussi à passer, le frappant à l’épaule.

« Gah... Je ne me laisserai pas arrêter par ça ! »

Il s’était agrippé à la lance, avait frappé son propriétaire avec la poignée de la faux, et avait tiré avec force la pointe vers lui-même.

« Attention ! » cria une voix féminine venant de derrière lui.

Une énorme boule de glace était arrivée en même temps que ces mots. Cela avait fait tomber un soldat qui essayait d’attaquer Alnoa par-derrière.

Merci.

Il avait alors jeté un coup d’œil rapide à Feena tout en faisant tourner sa faux. Il refusait de frapper les humains avec autre chose que la poignée, mais de toute façon, ils s’étaient tous effondrés, comme si leur force vitale avait été vidée de leur corps.

On peut y arriver !

Alnoa se sentait plein d’espoir alors qu’il continuait à aller de l’avant. Mais soudain, les soldats vêtus d’armures s’étaient séparés. Sa vision était remplie de douzaines de nouvelles lances.

« Waarghh !!!! » Ils grognaient et poussaient leurs lances vers lui.

« Arrête de lire dans mes pensées ! » Il avait maudit Jamka et avait repoussé leurs attaques avec sa faux.

« Gahh ! »

Il était dans une infériorité numérique vraiment fatale. Il n’arrivait pas à suivre le flot de lances qui s’approchait. Une lance après l’autre l’avait transpercé.

« Alnoa ! » cria Feena.

Feena avait lancé une attaque éclair, frappant Alnoa et les soldats environnants avec sa force paralysante. Le sort avait brisé les lances qui transperçaient le corps d’Alnoa.

« Gahhhh ! Même si mes blessures guérissent instantanément, ça fait toujours très mal ! »

Il était pris par d’atroces douleurs alors qu’il arrachait les pointes de lance restantes de son corps et qu’il crachait du sang de sa bouche.

« Chaaarge ! » Un moment plus tard, l’infanterie lourde l’avait attaqué. Alnoa avait l’impression d’avoir été heurté par une voiture alors qu’il volait dans les airs.

« Guhh ! »

Une fois de plus, il avait réussi à éviter des blessures mortelles en chantant un sort de protection en un clin d’œil, mais il s’était retrouvé dans un vol plané jusqu’à la base du mur de glace.

« Alnoa ! Est-ce que ça va ? » demanda une Feena inquiète.

Feena avait fauché les abominations environnantes à l’aide d’un puissant éclair et s’était précipitée vers Alnoa. Elle était sur le point de s’effondrer à cause de la fatigue.

« Je vais bien, mais est-ce que ça va, Feena !? » demanda-t-il.

Après que ses blessures aient été complètement guéries, il s’était assis. Tout son corps était couvert de son propre sang.

Bien sûr, ni l’un ni l’autre n’étaient vraiment en pleine forme, mais Feena avait dit… « Je peux encore continuer. »

En voyant cette bravoure, Alnoa avait compris qu’il ne pouvait montrer aucune faiblesse. Il s’était regaillardi et s’était levé sur ses pieds.

« Vous perdez trop de sang. Vous ne tiendrez pas longtemps comme ça, » déclara Feena.

« Je vais très bien. Et leurs nombres sont…, » commença Alnoa.

« C’est quoi, ce bruit ? » demanda Feena.

Le sol tremblait sous leurs pieds alors qu’un féroce cri de guerre atteignait leurs oreilles. Curieusement, il venait de l’autre côté du mur de glace.

« Quoi... !? Pas possible ! » s’écria Alnoa.

Les soldats impériaux massacrent-ils mon peuple de l’autre côté !?

***

Partie 6

Il avait serré les dents tout en raffermissant la prise sur sa faux. Mais le mur de glace géant avait commencé à s’effondrer sous ses yeux.

« Qu’est-ce qui se passe !? » s’exclama-t-il.

Soudain, un trou assez grand pour que deux personnes puissent passer à travers s’était ouvert devant un Alnoa déconcerté. Il pouvait voir une silhouette derrière le nuage de particules de glace qui était présent.

« Qu’est-ce que vous faites ici !? » s’écria-t-il.

Une violente attaque de foudre avait détruit une abomination se tenant derrière le dos d’Alnoa.

« Vous nous avez sauvé la vie, alors nous allons l’utiliser à bon escient ! » Juju, qui était devenue citoyenne l’autre jour, se tenait derrière le trou béant entièrement revêtu d’une armure, avec une épée bien affûtée à la main.

J’étais sûr de ne pas l’avoir emmenée dans mon armée !

Les citoyens d’Althos avaient alors débordé de ce côté-ci par la brèche alors qu’Alnoa luttait pour comprendre de ce qui se passait.

« Il est temps de rembourser Lesfina pour notre liberté ! Allons-y, bande de salauds ! » cria Juju.

« « OUAIIIIISSS ! » »

« Quoi !? » s’exclama Alnoa

Alnoa était encore confus quant à la situation alors que Juju et le reste des renforts chargeaient vers les forces impériales. Le sol tremblait sous leur cri de guerre féroce. Un homme n’ayant pas fière allure se tenait entre Alnoa et l’ennemi, affichant une expression maladroite.

« Vous savez, Juju était vraiment très furieuse. Elle nous a crié dessus parce que nous nous sommes enfuis alors que l’homme qui nous a libérés risquait sa vie pour nous protéger, » déclara l’homme.

La fille à côté de lui avait alors rajouté. « Althos est le seul pays qui nous a jamais traités comme des humains, et cela même s’il est gouverné par le Roi-Démon. Juju a dit qu’on perdrait tout si on l’abandonnait maintenant. Elle a aussi dit que nous devrions déjà commencer à fuir si nous voulions redevenir des esclaves, mais si nous ne voulions pas ça, alors nous devrions protéger ce pays de nos propres mains pour pouvoir rester des hommes libres ! Nous avons eu honte de notre lâcheté et nous avons fait demi-tour. »

Comme preuve de leur détermination, les soldats avaient formé un cercle de protection autour d’Alnoa et Feena.

« Juste pour être clair, j’ai rendu l’extérieur du mur de glace faible aux attaques. Ma magie ne serait jamais brisée aussi facilement. Je voulais juste éclaircir ça. » Feena voulait maintenir sa fierté en tant que Diva.

« Vous attendiez-vous à ce qu’ils reviennent ? » demanda Alnoa tout en inclinant la tête de curiosité.

« C’était un pari, mais... J’avais le sentiment qu’ils se rendraient compte que vous vous battiez pour eux en mettant votre vie en jeu, » répondit Feena.

Tch, c’est comme si elle connaissait mon peuple mieux que moi.

Il avait souri ironiquement en pensant ça.

« Commandant ! Nous attendons vos ordres ! » demanda l’un des soldats.

Leurs yeux étaient libérés de la confusion et de la terreur qu’ils avaient ressentie plus tôt. Tous étaient concentrés sur Alnoa, attendant avec impatience sa parole.

« Vous avez du culot de revenir après m’avoir abandonné, » il voulait cela joué à la dure, mais sa bouche s’était plissée en un sourire. « Vous allez devoir vous rattraper pour tout ce temps où vous n’étiez pas là ! »

Il s’était ensuite levé et avait crié, non seulement pour remonter le moral des soldats, mais aussi le sien. « Préparez la contre-attaque ! Utilisez tous les pétards que nous avons ! Visez le quartier général ennemi et la cavalerie ! »

« Oui, Votre Majesté ! »

Ils avaient rapidement enfoncé les pétards dans le sol et les avaient projetés dans le ciel vers leur cible. Ils se déplaçaient à un rythme beaucoup plus rapide qu’ils ne l’avaient jamais fait à l’entraînement. Des centaines de pétards pleuvaient sur le quartier général ennemi et la cavalerie qui l’entourait, explosant à mesure qu’ils arrivaient au sol. Jamka avait pu révéler que les pétards n’étaient pas dangereux, mais Alnoa ne visait pas à blesser directement qui que ce soit.

« Vous pouvez expliquer ce qui se passe chez les humains, mais les animaux sont une autre affaire. Pas vrai, Jamka ? » murmura-t-il.

Les pétards avaient fait peur aux chevaux, comme Alnoa l’avait espéré. Ils avaient commencé à saccager la zone. Bien sûr, les chevaux montés par Jamka et le commandant ennemi ne faisaient pas exception. Le chaos qui régnait au quartier général de l’ennemi s’était rapidement étendu aux lignes de front.

« Qu’est-ce qui se passe là-bas !? Où est déjà le messager ? »

La chaîne de commandement était en désordre. Alnoa avait jeté son regard sur le chaos et s’était rendu compte que le commandant ennemi n’avait pas son cristal bleu à portée de main. Il l’avait probablement laissé tomber alors que son cheval devenait fou. Tout comme Alnoa l’avait imaginé, les abominations s’étaient figées en place pendant une seconde avant de devenir folles. Elles avaient attaqué tout ce qu’elles voyaient, qu’il s’agisse d’amis ou d’ennemis.

« Commencez la contre-attaque ! Passez devant leur infanterie et leurs abominations ! Notre objectif est leur poste de commandement ! » ordonna Alnoa.

« « Oui, Sire ! » »

Les soldats d’Althos avaient crié à l’unisson et avaient commencé leur charge.

« Qu’est-ce qui se passe !? » s’écria le commandant ennemi.

Le commandant du régiment sud de l’Armée Impériale, Dala Dans, était assis sur un cheval à l’ornementation extravagante, et il n’en croyait pas ses yeux. La victoire avait été assurée jusqu’à quelques instants auparavant.

« Pourquoi... » murmura-t-il.

Dala fixait en ce moment sa main droite vide, avant de capter une étincelle du coin de l’œil. Le cristal qu’il avait tenu jusqu’à maintenant reposait en morceaux sous son cheval. Tout cela s’était produit à cause d’une simple erreur. Son cheval s’était mis à bondir, hors de contrôle. Dala était tombé en un instant et il n’avait pas pu tenir le cristal pendant sa chute, alors son cheval avait piétiné le cristal, le brisant instantanément. Les abominations, qui n’étaient auparavant ni ennemis ni alliés, étaient devenues folles et la panique s’était répandue parmi les soldats humains. Pour couronner le tout, les soldats d’Althos visaient maintenant le commandant avec leurs sorts. Il avait complètement perdu le contrôle de la situation.

« Commandant. Retournons à Labona, » proposa Jamka, amenant son cheval aux côtés de Dala. Il imaginait qu’il n’y avait maintenant aucun moyen de gagner cette bataille, si ce n’est qu’il restait encore un atout. Dala fouilla désespérément dans ses poches, cherchant la seule autre chose que le Haut Commandant lui avait donnée quand il avait reçu l’ordre de prendre Althos.

« Je l’ai trouvé, » annonça Dala.

« Commandant ? » demanda Jamka.

Jamka s’était rapproché du commandant, ne comprenant pas pourquoi il ne bougeait pas. Jamka était habile à la fois avec l’épée et la sorcellerie, ce qui le rendait beaucoup plus utile au commandant que les autres esclaves.

« Jamka, approchez-vous. Je vous donnerai votre dernier ordre. Il s’agit d’une mission top secrète. On ne peut pas laisser quelqu’un d’autre l’entendre, » déclara Dala tout fixant le sol pour cacher son sourire menaçant.

« Oui, commandant ? » déclara Jamka. Il sentait que quelque chose n’allait pas, mais désobéir aux ordres n’était pas une option. Il était venu à côté du commandant, si près qu’il pouvait le toucher.

« C’est votre…, » commença Dala.

Dala avait sorti quelque chose de sa poche. Il s’agissait d’un cristal avec une petite flamme cramoisie scintillante au milieu.

« Dernière mission ! » acheva Dala.

Il avait plaqué le cristal cramoisi contre la poitrine de Jamka.

« J’en appelle aux deux anciennes puissances ! La Sainte et le Démon, donnez votre force à votre serviteur insensé ! » chanta Dala.

Juste après que le commandant ait fini son chant, Jamka avait commencé à se tordre de douleur.

« Gahh — pourquoi avez-vous…, » commença Jamka.

Dala avait souri, regardant Jamka se tortiller sur le sol.

« Gahh ! Qu’est-ce que c’est... Ahhhhhhhh ! » cria Jamka.

« Si ces esclaves n’ayant que la peau et des os alors qu’ils sont au bord de la mort deviennent si puissants, imaginez combien vous serez forts une fois que vous deviendrez une abomination ! Vous serez inarrêtable ! Maintenant, allez-y, et enfoncez ces salauds d’Althos dans le sol ! » déclara Dala.

La voix de Dala semblait si lointaine. Jamka se tortillait sur le sol, à peine capable de voir Dala retourner à Labona.

 

☆☆☆

 

« Juste un peu plus…, » murmura Feena.

Alnoa avait enfoncé la poignée de sa faux contre un soldat ennemi qui avait eu le courage de se battre jusqu’à la fin.

« J’ai terminé, » déclara Feena après avoir activé son sort de camouflage optique.

Puis Feena s’était précipitée vers Alnoa tellement vite qu’elle avait failli entrer en collision avec lui.

La voilà qui se faufile encore derrière moi. Bien que je n’aurais pas pu le faire sans elle, alors je vais laisser passer ça.

Feena s’était ensuite précipitée au milieu d’un groupe ennemi, brisant sa magie de camouflage et les faisant paniquer. Elle avait jeté un sort au commandant, l’envoyant voler et le rendant inconscient du même coup.

Toute l’Armée Impériale était maintenant en désarroi, leur formation soigneusement planifiée était en lambeaux.

« Il ne nous reste plus qu’à nous occuper du commandant et à reprendre Labona ! Cécilia devrait déjà être…, » il avait été interrompu par une soudaine explosion d’énergie magique.

« Qu’est-ce que c’est !? » s’écria-t-il.

Ils avaient tous les deux regardé vers la source de ce pouvoir incroyable.

« Quoi !?? » s’écrièrent les deux.

Ils étaient restés sans voix. Une créature géante de plus de dix pieds de haut, semblable à un loup, était apparue à l’endroit même où Jamka et le commandant ennemi s’étaient rendus.

« Est-ce une abomination ? » demanda Alnoa.

« C’est comme le loup des légendes... le Dévoreur de Dieux..., » déclara Feena.

Maintenant que Feena en parlait, Alnoa pouvait voir la ressemblance avec Fenrir, un dieu qui avait pris l’apparence d’un loup et mangé d’autres dieux.

« Serait-ce... Jamka ? » demanda Alnoa.

Un jour, il avait parlé avec Jamka qui lui avait raconté sa vie avant de tomber entre les mains des esclavagistes. Il avait été membre de la famille royale dans un petit pays qui se tenait sous un drapeau arborant l’image de Fenrir.

« Nous devons nous battre, » Feena regarda Alnoa, les yeux remplis de détermination alors qu’elle lui disait ça

« Oui, faisons-le. On va assommer cette bête et ramener Jamka avec nous ! » répondit-il.

Il avait agrippé avec force sa faux. Ils échangèrent un regard, puis chargèrent en direction de la bête.

« Graaah ! »

Fenrir chargea aussi vers eux, ses membres massifs travaillant par paires. Les griffes à l’extrémité de chaque patte étaient aussi grandes qu’un bras humain. Il souleva une de ses pattes avant...

« Ahhhh ! » cria Alnoa.

Alnoa avait rassemblé toutes ses forces et avait frappé avec sa faux vers le monstre. Mais elle avait simplement rebondi.

« Quoi !? Quelle est l’épaisseur de la fourrure ? » s’écria-t-il.

Le loup monstrueux avait secoué sa patte avant en raison de sa frustration comme s’il essayait d’écraser une mouche. Feena, Alnoa et une grande partie du sol avaient été soufflés vers l’arrière à cause de l’onde de choc résultante.

« Aghh ! »

« Ahh ! »

Ils s’étaient tous les deux effondrés sur le sol.

« Est-ce que ça va, Fee… ? » commença Alnoa.

Alnoa avait atteint le sol avant de se pousser vers le haut, mais il n’avait pas pu aller jusqu’au bout de son plan. À sa grande surprise, sa tête avait atterri entre deux oreillers confortables, bien qu’un peu petits, avant de glisser sur les genoux de Feena.

Un silence gênant s’était installé entre les deux personnes, mais Fenrir n’allait pas les laisser en parler. Le loup avait ouvert sa bouche si largement qu’il semblait pouvoir les avaler en entier. Il semblait aspirer une énorme quantité d’air, mais Alnoa n’avait pas eu le temps de se demander ce qui allait se passer. Il savait qu’il devait se déplacer de là.

« Feena ! Attention ! » cria Alnoa.

Alnoa était entré en action, repoussant Feena avant de sauter lui-même sur le côté.

« Graaaaah ! »

Une fraction de seconde plus tard, Fenrir avait libéré un flot de flammes de sa bouche.

« Guhh ! »

Mais Alnoa avait été trop lent. Sa cheville avait été prise dans l’attaque et brûlée jusqu’à devenir carbonisé sous les flammes de plus d'un millier de degrés.

« Alnoa ! » Complètement couvert de suie, Feena avait essayé de se précipiter vers Alnoa.

« Ne faites pas ça ! » Mais la voix aiguë et mesurée d’Alnoa l’avait arrêtée sur sa lancée.

« Ne vous foutez pas de nous ! Vous croyez qu’on attendrait que notre patrie soit détruite ? » cria Juju.

Juju et quelques autres soldats avaient attaqué la bête, inébranlable face à son impossible force.

Alnoa s’était relevé et avait crié à plein poumon.

« Ne faites pas ça ! Feena, faites quelque chose ! Arrêtez-les ! » demanda Alnoa.

« Mais…, » commença Feena.

« Une bonne épouse fait confiance à sa marionnette, n’est-ce pas !? Alors, écoutez-moi, Feena ! » répliqua Alnoa.

Il n’avait pas le luxe de choisir ses mots avec soin, mais heureusement Feena l’avait quand même écouté, emprisonnant les troupes allantes dans la mêlée avec une cage de glace.

« Merci, » déclara-t-il.

Sa cheville avait commencé à se régénérer, mais il semblait que cela allait prendre un certain temps. Alnoa ne pouvait pas se tenir debout dans l’état dans lequel il se trouvait, et sa conscience commençait à s’estomper.

C’est mauvais.

« Alnoa…, » malgré le fait qu’il était sur le point de s’évanouir, il pouvait encore distinguer une voix venant de loin. À sa grande surprise, ce n’était pas le rugissement de Fenrir, mais une voix familière.

Ah, c’est la partie où ma vie défile devant mes yeux ?

Il avait souri avec ironie quand il réalisa à qui appartenait la voix.

« Alnoa…, » la voix se fit à nouveau entendre.

« Haha, je ne pensais pas que la dernière chose que je verrais serait le visage de mon assassin. Je suppose que je suis masochiste, » marmonna Alnoa, voyant de vagues mèches de cheveux cramoisies flottant dans le vent et le contour d’un ornement de cheveux familier.

« Alnoa ! » la voix avait pu à nouveau être entendue, mais cette fois-ci très proche.

« C’est comme si elle se tenait juste devant moi. Je dois vraiment être…, » commença-t-il.

Mais les yeux qui le regardaient, brûlants de confiance, partageaient la couleur de ses cheveux.

Ces yeux... Cette épée...

« Ah ! Attendez ! Sharon !? » s’écria-t-il.

Il avait ignoré la douleur pulsante dans sa tête et avait levé les yeux. Sharon se tenait devant lui, portant la même robe qu’elle portait quand elle était partie, bien que maintenant elle soit beaucoup plus sale. Son épée géante semblait tout aussi en désaccord avec sa silhouette féminine qu’elle l’avait toujours été.

Il était clair qu’elle s’était précipitée jusqu’ici, mais son ornement de cheveux en argent se tenait fièrement dans ses cheveux désordonnés.

« Vous êtes vraiment là ! » s’exclama Alnoa.

Sharon lui avait répondu en faisant la moue depuis le sommet de son cheval.

Sharon n’avait découvert l’attaque de l’Empire que par hasard.

***

Partie 7

« Nous sommes presque à la frontière…, » murmura Sharon.

Son voyage en carrosse depuis son départ d’Althos pouvait être résumé en de nombreux soupirs alors qu’elle fixait le plancher du carrosse.

« Ahh bien. J’ai échoué ma mission, mais je peux enfin rentrer chez moi… »

Elle avait levé la tête et répété la phrase qu’elle avait dite tant de fois auparavant sur un ton plat et sans émotion. Et puis le silence s’était encore une fois répandu autour d’elle. Sharon n’entendait que le claquement des sabots pendant que les chevaux tiraient le véhicule. Elle se dirigeait sur la même route et dans le même véhicule que lorsqu’elle était arrivée à Althos. Mais ce voyage était tellement plus triste. Et au fond d’elle-même, elle en connaissait la raison.

« La vie dans ce château était si trépidante… »

Bien sûr, la moitié était de ma faute, mais... en plus, je vais tout rater.

Elle regardait par la fenêtre en pensant aux jours délicieux qu’elle avait passés à Althos à ses côtés. Elle ne voulait pas retourner à Freiya, mais comme elle n’était pas assez forte pour désobéir à son beau-père, elle n’avait pas le choix. Elle devait simplement redevenir sa marionnette.

« Al est incroyable... »

Elle s’était alors remémoré de son visage. Il était peut-être maladroit, mais rien ne l’empêchait de poursuivre ses rêves. Même si les autres commençaient à le haïr, même si ses amis l’abandonnaient et le trahissaient, il continuerait à aller de l’avant.

« J’espère bientôt pouvoir y retourner... »

Elle savait que ce souhait avait peu de chances de se réaliser. Après tout, les Divas ne possédaient pas seulement une force incommensurable au combat, mais elles étaient capables d’améliorer le moral de n’importe quelle armée en étant présentes. Et c’était d’autant plus vrai quand il s’agissait de Sharon qui était une ancienne esclave, bien que cela n’était pas connu de beaucoup de monde. Elle était le symbole de Freiya, et son beau-père n’allait pas la laisser s’enfuir à l’étranger juste pour qu’elle puisse s’amuser. Elle avait suivi les ordres de son beau-père à chaque étape, du premier combat contre Alnoa et lors de chaque tentative d’assassinat. Peu importe le nombre de fois qu’elle supplierait, il ne la laisserait jamais faire ce qu’elle voulait.

« Hein !? »

Sharon inclina sa tête en raison de sa curiosité, ses pensées ayant été interrompues par le balancement soudain du carrosse qui prenait de la vitesse.

« Nous sommes attaqués, Lady Sharon ! Nous allons être sur une route cahoteuse, alors, accrochez-vous bien ! » cria l’un de ses valets d’un ton paniqué.

« Il est ici !? Il en a mis du temps ! » s’écria Sharon.

En contraste flagrant avec ses valets, Sharon avait l’air ravie lorsqu’elle regardait par la fenêtre. Mais ceci fut de courtes durées.

« Euh !? Qu’est-ce que l’Empire fait ici !? » se demanda-t-elle.

Un bataillon de soldats impériaux entièrement revêtus d’armure lourde se rapprochait d’eux par-derrière.

« On va les retenir ici, ma dame ! S’il vous plaît, continuez jusqu’à Freiya sans nous ! » annonça l’un de ses gardes.

« C’est assez ! » cria Sharon.

Le soldat freiyan parlait fièrement sous son casque rouge brillant, mais Sharon avait rejeté son offre.

« Hein !? » s’écria-t-il.

Il ne pouvait pas croire ce qu’il venait d’entendre. La voix appartenait clairement à la princesse à qui il avait promis sa loyauté. Mais elle n’était pas la fille qu’il connaissait. Sa voix était désemparée, comme si elle avait été entraînée dans les profondeurs de l’enfer.

« J’en ai assez... Assez de cette incertitude ! Je... Je dois…, » balbutia Sharon.

Ne tenant pas compte de la confusion de ses soldats, elle avait saisi son épée et avait ouvert la porte.

« Je dois le faire ! » déclara Sharon.

Sharon avait sauté hors du carrosse, se lançant dans les airs en direction des soldats qui arrivaient à l’arrière. Elle avait frappé avec son épée massive, encore dans son fourreau, en plein dans l’un des hommes, le tapant afin qu’il soit désarçonné de son cheval.

Au moins, je ne l’ai pas tué, se dit-elle en regardant le soldat tomber au sol. Avec un peu de chance.

« Qu’est-ce que vous faites !? » s’écria l’un de ses gardes.

Les soldats impériaux avaient rapidement retrouvé leur sang-froid, s’étaient remis en formation et s’étaient dirigés vers Sharon.

« Vous m’avez attaqué au plus mauvais moment. Vous feriez mieux de vous dégager de mon chemin si vous savez ce qui est bon pour vous, » annonça Sharon.

Dans le même mouvement, elle avait atterri sur le cheval sans cavalier, toujours dans sa robe si digne, et avait immédiatement fauché un soldat qui s’apprêtait à l’attaquer.

« N’était-ce pas censé être la charrette d’un noble ? » s’écria l’un des soldats impériaux.

Les soldats impériaux arrêtèrent leurs chevaux et la regardèrent avec une admiration pour sa force écrasante qu’elle démontrait.

Sans se soucier des soldats agités, Sharon avait crié. « Pour qui vous prenez-vous pour jouer avec les sentiments d’une jeune fille ? Est-ce un simple jeu pour vous ? Sachez que la punition pour ça, c’est la mort ! »

« Non, attendez, on n’a rien fait et on ne comprend rien à ce que vous dites ! » cria l’un des soldats impériaux, aussi surpris que ses camarades par ce déluge de soif de sang qui était palpable dans les yeux de la jeune femme.

« Ahhh ! » C’était trop pour les soldats, qui ne pouvaient pas s’empêcher de crier.

Cette peur avait effrayé le cheval de Sharon qui s’était lui aussi mis à paniquer alors qu’il commençait à courir vers le reste de son groupe, cherchant un abri contre la tempête qui arrivait.

« Waarghh ! »

Les chevaux impériaux avaient été entraînés depuis leur jeune âge à ne jamais s’arrêter et à ne jamais ressentir la peur, et cela, quelle que soit la situation, mais même eux avaient été gelés de terreur face au cri de guerre féroce provenant de Sharon. Les hommes et les chevaux étaient tous convaincus qu’ils seraient tués par le démon cramoisi qui fonçait vers eux.

« Ah ! »

Son ornement de cheveux s’était alors détaché et était tombé de ses cheveux, mais elle avait immédiatement tiré les rênes et l’avait attrapé en plein vol.

« Oh oui ! Je l’avais mis là tout à l’heure, » murmura-t-elle.

Le fait d’avoir regardé son cadeau l’avait calmée pendant une seconde. Les soldats l’avaient regardée avec admiration. Il y a un instant, ils attendaient la douce libération de la mort annoncée par la pression écrasante provoquée par la soif de sang de Sharon. Mais maintenant, ils ne pouvaient voir devant eux qu’une magnifique jeune fille ayant le sourire d’un ange alors qu’elle regardait un bijou en argent.

« Je dois y faire attention et ne pas le perdre, » murmura Sharon alors qu’elle ignorait complètement ses adversaires stupéfaits par la tournure des événements.

« Ne vous foutez pas de nous ! Une petite fille comme…, » l’un des soldats avait réussi à s’échapper au sourire séduisant et plein d’innocence de Sharon.

« Silence ! » rugit Sharon qui n’appréciait nullement cette interruption.

Sharon avait frappé avec son épée sans même regarder dans la direction de celui qui avait parlé, ayant toujours son regard fixé sur son cadeau. Le soldat ennemi avait été emporté par cette frappe, tournoyant trois fois en l’air, avant de s’écraser au sol et d’effectuer au moins cinq rotations avant de cesser définitivement de bouger.

« Alors, pourquoi êtes-vous ici ? Nous sommes sur le territoire d’Althos, » demanda Sharon.

Les soldats restants avaient regardé le trajet de leur camarade dans les airs et au sol... Puis ils avaient rapidement déplacé leur regard de leur camarade gisant immobile sur le sol jusqu’à Sharon.

« Nous sommes désolés ! On vous dira tout. S’il vous plaît, épargnez-nous ! » supplia l’un des soldats en larmes.

Ils lui avaient en effet tout raconté : leur invasion de Labona, les rumeurs sur Alnoa, l’armée d’abominations, et même le piège qu’ils avaient tendu au roi d’Althos.

« Je vois. Alors il m’a caché tout ça jusqu’à ce que je parte, n’est-ce pas !? » s’écria Sharon.

En vérité, cette information n’était parvenue à Alnoa qu’après le départ de Sharon, mais elle ne pouvait pas le savoir.

« Je dois y retourner ! » déclara Sharon.

Elle n’avait aucune raison justifiable de retourner à Althos, et elle n’en avait pas non plus pour aller à l’encontre des ordres de son beau-père. Les rouages dans sa tête tournaient désespérément à la recherche d’une réponse. On pouvait pratiquement voir de la fumée s’échapper du sommet de sa tête, jusqu’à ce qu’elle trouve enfin une solution.

« J’ai trouvé ! Quelqu’un doit enquêter sur les rumeurs concernant le Roi-Démon, alors je vais le faire ! » déclara Sharon.

Techniquement, elle n’avait pas la permission de le faire, mais elle savait que c’était une bonne excuse.

« Et s’il est vraiment le Roi-Démon, alors je pourrais peut-être l’utiliser pour réaliser mes rêves…, » murmura-t-elle cette dernière partie.

Sharon s’était convaincue, incapable d’être honnête et de dire qu’elle voulait tout simplement l’aider.

« J’ai aussi des choses à lui dire en face à face ! Comment ose-t-il ne pas venir lui-même me chercher ! » s’écria Sharon.

Les soldats, ayant perdu toute volonté de se battre, avaient maintenant essayé de battre en retraite subrepticement tandis que Sharon était préoccupée par ses propres pensées.

« Oh oui, c’est vrai. Et vous, pouvez-vous laisser vos chevaux ici ? J’ai un endroit où j’ai besoin d’être maintenant, » déclara Sharon en les regardant.

Ils étaient descendus de leurs chevaux sans même vouloir rencontrer son regard, puis ils avaient couru à pied pour sauver leur vie.

Sharon était restée sur le premier cheval qu’elle avait réquisitionné et s’était mise à rassembler les autres, quand...

« Princesse ? » l’un de ses valets l’avait appelée.

« Dites à mon beau-père que je retourne à Althos afin de découvrir le secret du roi. Je serai de retour dans deux ou trois jours, » annonça Sharon.

Elle avait effectué un coup de pied sur le côté du cheval et était partie sans rien dire d’autre.

« Vous avez intérêt à ne pas mourir avant que j’arrive, espèce de salaud sans cœur ! » Tandis que Sharon prononçait ses mots, elle sentait qu’elle avait le sourire et que son cœur battait la chamade. Était-ce en raison de l’excitation dans sa poitrine parce qu’il s’agissait de la première fois qu’elle désobéissait à son beau-père ? Était-ce parce que c’était la première fois qu’elle agissait de son plein gré ? Ou bien était-ce à cause de la personne qu’elle allait voir ? Seule elle connaissait la réponse à cette question.

 

☆☆☆

 

Ce n’était pas ce qu’on pourrait appeler une réunion heureuse, mais le sourire soulagé de Sharon était resté ferme, même si elle s’était sentie un peu gênée.

« Pourquoi vous êtes-vous allongé là ? Et qu’est-ce que c’est que ce truc !? Franchement, je m’absente quelques heures, et c’est ainsi quand je reviens ? » demanda Sharon.

Elle avait jeté un regard menaçant sur Fenrir alors qu’elle descendait de son cheval. Elle avait détourné le regard d’Alnoa en raison de son embarras, puis avait retiré ses gants et lui avait tendu la main.

« Allez, levez-vous ! Vous êtes ma cible et mon (possible) futur mari ! Ça me ferait mal paraître si vous perdiez à cause de ce chiot ! » déclara Sharon.

« Croyez-vous que je me soucie de votre fierté !? » répliqua-t-il.

Il avait regardé Sharon auprès de lui alors qu’il faisait un sourire ironique. Elle avait saisi son bras et l’avait fermement, mais gentiment, tiré vers le haut.

« Sérieusement... vous vous mettez toujours en danger, n’est-ce pas ? » déclara Sharon.

Ce n’étaient pas les habituelles paroles agressives de Sharon. L’honnêteté de Sharon avait durement frappé Alnoa.

« Ne vous inquiétez pas, je vais faire quelque chose pour ça, » déclara Sharon avec fermeté.

Elle avait levé la tête, les yeux remplis de détermination.

Attendez, vous ne voulez pas dire — .

Les pensées d’Alnoa avaient été interrompues par Sharon quand elle plaçait l’une de ses mains sur la joue d’Alnoa et qu’elle utilisait l’autre pour guider la sienne.

« Mais après ça, vous devrez assumer vos responsabilités, et vous charger des enregistrements…, » déclara Sharon.

Elle avait poussé la main d’Alnoa contre sa poitrine.

« Mmm ! »

La main d’Alnoa avait été accueillie puis engloutie par une élasticité légèrement différente de ce qu’il avait ressenti avec sa sœur.

C’est bizarre. Le Déferlement Céleste n’est pas censé fonctionner à travers les vêtements...

« Haah ! »

Mais en ce moment, Alnoa pouvait sentir la magie qui s’engouffrait hors de lui et c’est alors qu’il avait aperçu sa faux qui brillait d’une manière maléfique dans sa main.

« Est-ce la cause ? » se demanda-t-il.

Sharon avait rapproché son visage de plus en plus près du sien, jusqu’à ce qu’il ne puisse voir rien d’autre que son sourire éclatant et son regard puissant.

« Fais-moi devenir folle de toi, » murmura-t-elle avant de se rapprocher encore plus près.

***

Partie 8

Elle avait ensuite fermé ses yeux avant de se rapprocher encore plus.

Leurs lèvres s’étaient alors rencontrées. Les paroles de Sharon résonnaient dans son esprit, comme s’il y avait un lien direct entre eux, et il pouvait sentir des vagues de plus en plus massives de magie le quitter.

La lueur de sa faux s’était renforcée, et Alnoa avait senti au moins le double de l’énergie magique qu’il venait de perdre qui retournait maintenant dans son corps.

Est-ce là le véritable pouvoir du Déferlement Céleste ?

Un afflux massif et dense d’énergie magique l’avait traversé. Il ne s’était jamais senti aussi puissant de toute sa vie.

« C’est... beaucoup plus fort... Wôw... Ahh ! Nahhhh ! » Sharon avait commencé à convulser et à gémir dans les bras d’Alnoa.

Au départ, elle avait essayé de résister à la magie et au plaisir qui coulait dans tout son corps, mais à la fin, elle avait dû s’y plier. Avec son dos arqué, elle s’était mise à crier en atteignant le point culminant de son plaisir et du désespoir. « Mmm, ngh ! J-J’ai été souillée, mais... Je me sens tellement plus forte ! »

Alnoa n’avait pas le luxe de s’inquiéter pour elle, car il se noyait également dans le plaisir. Il était à peine capable de s’empêcher de s’évanouir.

« Aaahh ! »

« Noooooon ! »

Les deux personnes se tordaient en tenant fermement l’autre alors que des vagues de magie (et de plaisir) les assaillaient sans fin.

« Grahhhhh ! » rugit Fenrir.

Un instant plus tard, ils avaient tous deux été engloutis dans les flammes impitoyables de Fenrir.

« Al ! Sharon ! » Feena criait de désespoir alors que les flammes engloutissaient le dernier bastion d’espoir d’Althos. Elle s’était levée et s’était mordu la lèvre assez fort pour la faire saigner.

« Espèce de monstre. Comment avez-vous pu…, » cria Feena.

Désireuse d’effectuer au moins une dernière attaque, Feena avait commencé à rassembler de l’énergie magique. Elle attendait que Fenrir arrête son attaque. Mais alors...

« Hein ? Vous deux, comment avez-vous... ? »

Feena ne s’attendait à voir plus que deux piles de cendres lorsque les flammes s’étaient éteintes. Mais ce n’était pas la réalité à laquelle elle était confrontée. Les deux se tenaient là, indemnes, et toujours ancrez l’un à l’autre et cela même après que la mer de flammes se soit calmée. Ils semblaient même en meilleure forme qu’avant.

« Al, qu’est-ce qui se passe ? Est-ce le pouvoir du Déferlement Céleste ? » demanda Sharon.

Même Sharon, qui avait vécu les événements de première main, était stupéfaite.

« Comment suis-je censé le savoir ? » demanda-t-il en réponse.

Alnoa n’avait aucune idée de ce qui s’était passé. La seule chose qu’il savait était qu’une aura d’énergie magique noire et rouge les entourait.

« Ah ! Mon épée ! » s’écria Sharon.

Sharon se hâta de dégainer son épée, qui brillait mystérieusement. Son aspect terne avait disparu. Elle semblait avoir été reforgée et était maintenant plus noire que la nuit la plus sombre… et de nouveaux symboles pourpres étaient présents le long de la lame.

« Dáinsleif…, » murmura-t-elle.

Le nom de son épée.

« Allons-y, mon épée magique, Dáinsleif ! » déclara-t-elle.

C’était comme un nom qu’elle avait toujours su, comme si elle retrouvait une amie qui avait été absente pendant un certain temps. Mais ce n’était pas le seul changement. Alnoa avait aussi reçu un cadeau provenant du Déferlement Céleste. Une cape, aussi sombre que la lame de Sharon, était accrochée à ses épaules. La lame de sa faux était écarlate et scintillante, comme si elle avait déjà goûté le sang de nombreux ennemis. Un nom flottait dans son esprit. La grande faux, Mistilteinn.

« Même moi, je ne peux pas nier que je suis le Roi-Démon. » Il riait cyniquement à propos de sa propre apparence.

« Au moins, maintenant, personne ne se plaindra quand je t’assassinerai, » Sharon n’avait nullement masqué ses paroles à un moment comme celui-ci. Et Alnoa lui avait fait un sourire ironique.

« Maintenant, finissons-en ! » annonça-t-il.

Ils entrent tous les deux en action sans même se regarder dans les yeux. Ils auraient dû être épuisés, mais ils avaient été entièrement restaurés en force et en magie.

« Nous ne savons pas combien de temps cela va durer ! Alors, finissez ça rapidement ! » demanda Alnoa.

« J’ai compris ! Je le tuerai d’un coup ! » répondit Sharon.

« Non, ne le tue pas ! » lui demanda Alnoa.

Alnoa avait toujours son sourire ironique, et Sharon était encore débordante de confiance. Mais naturellement,

Fenrir n’attendait pas qu’ils terminent leur conversation. En réalité, son instinct lui avait dit que s’attaquer à ses deux opposants en même temps serait trop dangereux, alors il avait sauté en arrière. Puis, dans l’instant d’après, il avait fait pivoter une énorme patte sur Alnoa. Tout était identique à la première attaque, jusqu’à la façon dont Alnoa avait frappé avec sa faux.

« Tranche ça proprement, Mistilteinn ! » cria Alnoa.

« Gragh ! »

Mais cette fois, Mistilteinn avait tranché directement à travers la fourrure épaisse de la bête, coupant la patte avant de sa base.

« Merde, je ne m’attendais pas à tout couper ! Jamka, ça va !? » demanda un Alnoa surpris.

La patte avant de Fenrir avait fait trembler le sol en tombant. Alors qu’Alnoa le regardait, l’image de Jamka sans son bras droit flottait dans son esprit.

« Ne t’inquiète pas, nous pouvons ramener ton bras avec nous et demander à Cécilia de faire quelque chose ! » déclara-t-il tout en étant conscient du fait qu’il s’agirait d’une tâche presque impossible, même pour sa sœur.

« Tu devrais te concentrer ! » Sharon avait crié sur Alnoa alors qu’elle faisait passer sa lame magique à travers Fenrir.

« J’ai compris ! Concentrons-nous sur le retour de Jamka ! » déclara Alnoa.

« Attention ! » cria Sharon.

Fenrir avait sauté en arrière, les regardant avec du ressentiment dans les yeux. Puis il avait commencé à inhaler.

« Est-ce qu’il va encore cracher des flammes !? »

Alnoa et Sharon avaient pris des positions défensives, tandis que Fenrir prenait une autre grande respiration.

« Boule de glace. Boule de feu, » déclara une voix venant de derrière eux.

« Grahhh ! »

Mais Feena était plus rapide que le monstre. Elle envoya rapidement deux sorts. Une boule de glace s’était écrasée dans la bouche de Fenrir, suivie d’une boule de feu explosant au niveau de ses yeux.

« Je vous couvrirai, Al, » Feena était restée sans expression alors qu’elle lui faisait un pouce en l’air.

« Merci, Feena. Sharon, je vais en finir maintenant, » déclara-t-il.

« Ne sois pas si imbue de toi-même ! » répliqua Sharon.

Alnoa avait fait un coup de pied au sol, volant vers le monstre. Fenrir s’était levé sur ses pattes arrière, alors que la patte avant restante s’agitait devant lui. Par chance, il se dirigeait droit vers Alnoa. Mais il n’en avait pas tenu compte et avait simplement relevé sa faux.

« C’est la fin pour toi ! » cria Alnoa.

Une ombre pourpre s’était glissée entre Alnoa et Fenrir.

« Coupe-le, Dáinsleif ! »

Sharon avait tranché la patte avant qui se dirigeait vers Alnoa comme si c’était du beurre. Au moment où Fenrir avait pu ouvrir les yeux, tout ce qu’il pouvait voir, c’était Alnoa tenant Mistilteinn en l’air.

« Jamka ! Je comprends tes sentiments ! Je sais que tu t’inquiètes pour les esclaves ! Mais crois-moi quand je dis que je n’arrêterai pas jusqu’à ce que tout le monde sous mon règne soit heureux ! Je vais réaliser mon rêve ! Alors s’il te plaît, Jamka, reviens vers nous ! J’écouterai tes objections ! Alors, arrête ça et reviens vers moi, enfoiré ! » Alnoa s’était mis à crier, en visant prudemment et en appliquant sa faux directement sur l’épaule gauche de Fenrir.

« Graaaaaggghhhh ! »

Mistilteinn avait avancé le long de l’épaule de Fenrir et à travers sa poitrine, laissant une ligne d’un rouge profond dans son sillage.

Le rugissement de Fenrir avait confirmé la destruction du cristal qui le contrôlait. Il s’était effondré au sol comme une marionnette ayant eu ses cordes coupées. Puis il avait commencé à redevenir l’homme qu’ils connaissaient. Au fur et à mesure que Jamka se transformait, il devint évident que, malheureusement, ses deux bras manquaient. Des gouttelettes de sueur froide coulaient sur leurs joues en regardant Jamka couché sur le sol.

Cécilia s’occupera plus tard de vos bras.

« Il ne nous reste plus qu’à libérer Labona ! » annonça Alnoa.

« Euh, à ce propos…, » lui répondit Sharon.

Sharon avait posé Dáinsleif sur sa propre épaule, alors qu’elle avait laissé tomber son commentaire. Mais le problème était qu’Alnoa et Feena étaient couverts de blessures. De plus, le Déferlement Céleste pouvait s’arrêter à tout moment.

« Hm ? » Sharon regarda entre Alnoa et Feena, avant d’incliner curieusement sa tête sur le côté. « Quelqu’un n’a-t-il pas disparu ? »

« Oh mon Dieu. Vous êtes déjà de retour, Sharon ? » déclara la voix d’une femme.

À peine Sharon avait-elle dit cela que la Diva disparue était arrivée dans un carrosse, tout droit sortie de Labona. Personne ne s’était demandé pourquoi Dala avait été crucifié sur le dessus de la voiture, dépouillé de tout et cela incluait même ses sous-vêtements.

« Oh, ne vous méprenez pas, j’ai seulement dépouillé leur commandant et je l’ai crucifié sur le toit de ma voiture pour détruire le moral de l’ennemi ! Ça n’a rien à voir avec mes passe-temps personnels ! » Cécilia avait fait la moue, apparemment ennuyée que personne ne fasse le moindre commentaire. Ils savaient que la moitié n’était qu’une blague, mais ils n’avaient pas l’énergie pour répliquer.

« Cécilia ! Je suis content que tu sois en sécurité ! » déclara Alnoa.

« Oui, heureusement, j’ai réussi à mener à bien la mission sans blessures majeures, » annonça Cécilia.

Sachant qu’Alnoa était facilement disposé à s’inquiéter, elle n’avait rien dit d’autre. Elle avait amené le carrosse à un arrêt devant le groupe, puis une petite ombre aux cheveux frisés avait sauté de derrière elle. Il s’agissait de Brusch qui avait directement sauté dans les bras d’Alnoa.

« Roi Al ! J’avais peur ! J’avais si peur !!! » cria-t-elle en pleurs.

« Je sais. Tu as bien fait, Brusch, » répondit Alnoa.

Alnoa était tombé sur ses fesses quand Brusch s’était écrasée sur lui. Mais il avait ignoré la douleur et avait caressé la petite fille sur la tête.

« Oh, Al ! J’ai fait de mon mieux ! Tu caresseras aussi la tête de ta sœur qui a durement travaillé, n’est-ce pas ? Pas vrai !? » demanda Brusch.

Cécilia sauta de la voiture et se précipita directement vers Alnoa, comme si le commandant ennemi n’était même pas là. Alnoa lui avait demandé avant la bataille d’utiliser la confusion du conflit pour envahir Labona par ses propres moyens. Sa mission était de libérer la ville et de sauver Brusch.

« J’ai attaché les forces ennemies dans la ville. Tous les prisonniers sont en sécurité. L’ennemi avait probablement prévu d’en faire des abominations, » annonça Cécilia.

Elle s’était agenouillée à côté d’Alnoa et avait baissé la tête avec un sourire éclatant. Alnoa leva la main pour la récompenser de ses difficultés avec une tape sur la tête. Mais il n’avait jamais atteint la tête de sa sœur.

« Hein ? » murmura-t-il.

Il était plus épuisé qu’il ne le pensait. Incapable plus longtemps de faire le moindre mouvement, il s’était effondré à plat sur le sol.

« Oh mon Dieu. Détestes-tu l’idée de caresser ta sœur aînée à ce point ? » demanda Cécilia.

Cécilia avait encore une fois fait la moue, mais derrière elle, Sharon s’était effondrée et elle était tombée sur les genoux.

« Hein ? Qu’est-ce que c’est ? Je ne peux pas bouger…, » déclara Sharon.

« C’est probablement l’effet secondaire de l’utilisation du Déferlement Céleste. Je ne peux pas non plus bouger le moindre muscle, » Alnoa avait dit cela en regardant le vaste ciel, incapable même de tourner la tête.

« Jamka ! Qu’est-ce que tu fais ici !? Et pourquoi lui manque-t-il les deux bras ? » Ce n’était qu’après que Brusch se soit levée de dessus Alnoa qu’elle avait remarqué son frère.

Je suis désolé, Brusch.

Il s’était excusé silencieusement et avait détourné son regard, incapable de supporter de regarder ça.

« Eh bien ! Maintenant, vous semblez tous épuisés. Je m’occuperai moi-même des blessures de Jamka. Ainsi, tout le monde peut se reposer un peu, puis nous réfléchirons à ce qu’il faut faire ensuite. Et ne t’inquiète pas, Alnoa ! Je vais te fournir un oreiller confortable ! » Cécilia avait un sourire effronté lorsqu’elle avait proposé son idée brillante.

Alnoa voulait s’y opposer, mais il n’était pas en état de rejeter la gentillesse de sa sœur. « Merci, Cécilia. J’espère que ça ne te dérange pas si je fais... une petite... sieste. »

Incapable de déclarer le moindre argument, il s’était rapidement endormi.

 

☆☆☆

 

« Le Déferlement Céleste. Combiner le pouvoir des Divas et du Roi-Démon. J’en attendais beaucoup, mais ce n’était qu’une énorme déception. »

« Je suis d’accord. Cela ne valait pas la peine de faire ce détour pour le voir après avoir terminé nos affaires à Esanthel, Gil. »

Deux ombres se cachaient sur les murs de Labona. Gil, un jeune homme vêtu d’une armure d’argent, et Eleanor, une jeune fille qui portait une robe ressemblant à un uniforme de servante.

« Des personnes si inexpérimentées ne seraient pas à la hauteur de nous, cher frère. »

Ses paroles étaient confiantes, mais ses actions étaient timides alors qu’elle se rapprochait de Gil, fixant le sol.

« Ouais. J’ai l’impression que la Diva d’Esanthel nous a causé plus d’ennuis qu’ils n’ont jamais pu nous en faire. »

Gil avait gardé les yeux fixés sur Alnoa.

« J’espère que tu amélioreras tes compétences avant que nous nous croisions à nouveau, Alnoa, » murmura-t-il avant de se lever gracieusement.

« On en a fini ici. Allez, on y va. »

« Oui, cher frère ! »

Eleanor avait doucement souri pendant qu’ils disparaissaient sans laisser de traces.

***

Épilogue

Alnoa avait dormi comme une bûche pendant un moment. Il se réveilla finalement dans son propre lit. Il ne savait pas combien de temps s’était écoulé depuis.

« Outch... J’ai vraiment exagéré cette fois. J’ai mal partout..., » murmura-t-il.

Alnoa s’était retourné dans son lit, à moitié endormi. Mais ce qu’il avait ensuite vu l’avait subitement réveillé.

« Hein ? » s’exclama-t-il.

Sharon dormait paisiblement à côté de lui. Il ne se souciait plus de la façon dont il était retourné à son lit ou de ce qui s’était passé après s’être évanoui sur le champ de bataille.

« J’ai dormi tout ce temps. Rien... de fâcheux n’aurait pu se produire. J’en suis sûr, » déclara-t-il avec conviction.

Il s’était rapidement retourné, de sorte qu’il ne regardait pas directement le visage endormi de Sharon.

« Wôw ! » s’écria-t-il.

Sauf que Feena dormait de l’autre côté. Après un bref arrêt d’urgence, son cerveau s’était remis en action alors qu’il essayait de comprendre la situation. Tout ce qu’il avait pu en conclure, c’était que, pour une raison inconnue, il dormait entre les deux Divas.

« Que s’est-il passé… ? » murmura-t-il.

Il avait besoin d’espace pour se calmer, alors il avait voulu s’asseoir... mais il trouva Cécilia étendue sur lui, couverte d’une fine couverture.

« Qu’est-ce que…, » murmura-t-il.

Il leva les mains vers son visage dans la confusion et le désespoir, puis sentit quelque chose bouger sur ses genoux.

« Oh mon Dieu. T’es-tu enfin réveillé ? » demanda Cécilia.

« Cécilia, que se passe-t-il ? » demanda en retour Alnoa.

Il y avait d’innombrables sujets de préoccupation pour Alnoa, mais la compréhension de sa situation actuelle était la plus urgente de toutes.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Je suis juste là pour te soigner et te remettre sur pied, » lui répondit-elle avec nonchalance. Elle avait incliné la tête d’une manière raffinée, malgré le fait que rien n’avait été fait pour améliorer la situation. Il avait remarqué du matériel sanitaire à côté du lit, un seau plein d’eau et des serviettes sur la table. Mais cela n’expliquait pas pourquoi il était entouré de trois filles.

« Oh mon Dieu. Ces filles m’ont promis qu’elles n’iraient pas dans ton lit. Je vais devoir les gronder sévèrement plus tard, » déclara Cécilia.

Elle l’avait dit en plaisantant, mais ses yeux étaient très sérieux. Cependant, les préoccupations d’Alnoa étaient restées sans réponses. Même si les deux autres filles s’étaient introduites en douce dans son lit pour une raison inconnue, une question restait sans réponse.

« Cécilia, pourquoi dormais-tu sur moi !? » demanda Alnoa.

« Eh bien, tu as été dans le coma pendant deux jours d’affilée ! Nous avons décidé de prendre soin de toi à tour de rôle…, » commença Cécilia.

Son explication tant attendue avait été interrompue par un coup à la porte.

« Lady Cécilia, comment va Alnoa... ? » commença Jamka, puis il s’était figé en voyant l’état actuel de la pièce.

« Ah, Jamka ! Est-ce que ça va ? » demanda Alnoa.

Alnoa avait essayé de changer le sujet présent dans les pensées de Jamka avec une voix desséchée, mais en vain. Les yeux de Jamka étaient collés sur le lit. Se souvenant de leur combat, il baissa le regard vers le bras droit de Jamka. Sa manche creuse était présente à côté de lui.

« Jamka…, » commença Alnoa.

Alnoa n’arrivait pas à justifier ses actes. Il avait juste baissé la tête.

« Ah, ça ? Ne t’inquiète pas pour ça. Honnêtement, c’est une punition bien appropriée pour un traître, » déclara Jamka avec désinvolture.

« Oui, je dois m’excuser... Je n’ai pas pu guérir son bras droit, même si j’ai tant essayé, » déclara Cécilia.

« Pas de problème. Je suis content que tu aies pu récupérer celui de gauche ! » Il agita joyeusement son bras intact. « Quoi qu’il en soit, qu’est-ce qui se passe ici ? Es-tu encore en train de te vanter !? »

En une seconde, son sourire s’était transformé en une expression sérieuse.

« Je n’en ai aucune idée. À toi de me le dire ! » demanda Alnoa.

« Pas mal, Alnoa, pas mal. J’aimerais bien un jour me réveiller face à un tel festin, bon sang ! » s’écria Jamka.

« Jamka, écoute-moi ! » demanda Alnoa.

Alnoa voulait s’expliquer, mais cela s’était avéré difficile sans savoir comment il s’était retrouvé dans ce pétrin.

« Alnoa, oublie ça une seconde, je veux te dire quelque chose. » Pendant qu’Alnoa se creusait la tête pour trouver une excuse, Jamka l’avait coupé en affichant un ton sérieux. Alnoa avait englouti son désir de s’expliquer et hocha la tête.

« Honnêtement, je ne peux pas me ranger derrière ton rêve. Mais même si je ne peux pas y adhérer du fond de mon cœur, je peux quand même t’aider à essayer de le réaliser. Et qui sait, je trouverai peut-être un rêve en cours de route. Donc, ce que je veux dire c’est, euh... ça te dérangerait de me permettre de revenir à tes côtés ? » demanda Jamka.

« Oh oui, Alnoa. Jamka a juré de travailler jour et nuit pour aider à l’après-bataille, et il a même promis d’offrir sa chair et son sang. S’il te plaît, pardonne-lui, » demanda Cécilia.

Il a fait quoi maintenant ?

Alnoa soupira, doutant de l’authenticité des paroles de Cécilia. Mais c’était hors sujet.

« Bien sûr que je te pardonnerai ! La perte de ton bras droit est une punition appropriée pour tes crimes ! Ce que je veux dire par là c’est que ce n’est pas comme si l’on avait une punition fixe pour la trahison ici. Bref, aide-moi juste à découvrir ce qui se passe ici ! » demanda Alnoa.

Malheureusement, l’appel à l’aide d’Alnoa n’avait pas été entendu. Jamka, ayant obtenu le pardon, était passé à une question beaucoup plus urgente. Il s’était effondré à genoux avec son seul bras appuyé contre le sol et s’était plaint de la façon dont l’homme, dont sa précieuse sœur était tombée amoureuse, était maintenant au lit avec son propre harem de jolies demoiselles.

« Je sais que c’est ce que ma sœur veut, mais un play-boy comme toi... ? » murmura Jamka.

Alnoa avait commencé à douter que Jamka regrettât vraiment ses actions. Puis, pour empirer les choses, la petite fille susmentionnée avait sauté par-dessus Jamka et s’était jetée joyeusement vers Alnoa.

« Roi Al ! » cria Brusch.

Brusch avait trébuché à travers le lit et avait atterri dans les bras d’Alnoa, réveillant les Divas endormies se trouvant à côté d’eux.

« Hein ? Est-ce déjà l’heure du petit-déjeuner ? » demanda Sharon.

« Baissez d’un ton. Donnez-moi juste six heures de plus…, » demanda une Feena endormie.

« Roi Al ! Roi Al ! Je... Je..., » les yeux de Brusch étaient remplis de larmes et ses joues étaient rouges. « Je veux aussi être l’une de tes candidates au mariage ! »

« Hein !? » s’exclama Alnoa.

Alnoa était totalement perplexe quant à la situation.

« Mon Dieu, mon Dieu..., » murmura Cécilia.

Cécilia avait gardé son sourire habituel. Elle avait déjà quitté le lit à ce moment-là, donc elle n’était pas prise dans les pitreries de Brusch.

« Comme si ça m’intéressait ! » Sharon détourna son regard.

« Je ne te laisserai pas prendre ma place en tant qu’épouse légale. » Feena répondit avec une expression encore plus stoïque que d’habitude.

« Gaaah ! Ma petite sœur, entre les mains de ce type !? » Jamka s’était mis à pleurer par terre.

« Bon sang, qu’est-ce qui se passe ici !? » Alnoa avait regardé autour de lui, cherchant désespérément pour avoir une réponse. Mais étant donné les occupants actuels de la pièce, il était clair qu’il n’en obtiendrait jamais. À ce moment-là, il entendit un petit coup à la porte.

« Excusez-moi, » Lilicia était entrée dans la pièce.

« Lilicia, pourquoi es-tu... ? » commença Alnoa.

Alnoa avait d’innombrables questions à lui poser, mais ce n’était ni le moment ni le lieu pour eux.

« Roi Al. Esanthel a été renversé par l’Empire, » Lilicia informa d’urgence le jeune roi alité de la nouvelle accablante.

 

 

Fin du tome 1

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Illustrations

 

 

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