À la recherche sérieusement d’une sœur ! La Princesse Vampire Ultime – Tome 1

Table des matières

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Prologue: La fille normale autoproclamée vole à la coopérative

Le continent d’Ephenia était autrefois beaucoup plus avancé qu’à l’époque actuelle. Bien que perdues de nos jours, à l’époque, il existait de la magie au-dessus du niveau trois et des techniques incroyables, et les tribus qui les exerçaient étaient très répandues sur les terres.

Même si plusieurs tribus avaient elles-mêmes essayé de devenir le dirigeant du continent, l’époque était relativement paisible. Et tout cela grâce à une famille de vampires qui régnait en maître, surpassant les capacités des autres tribus — les Sangs Véritables.

Cependant, ces temps de paix approchaient d’une fin.

« … Attends ! C’était quoi ça ? Ristia, de quoi parles-tu ? »

Dans la salle du trône du château où résidaient les Sangs Véritables, le Roi des Sangs Véritables ouvrit les yeux avec incrédulité en étant assis sur son trône. Reflétée dans ses yeux rouges flamboyants était… une jeune fille, balançant ses cheveux noir de jais. Elle était une Princesse des Sangs Véritables, une fille qui captivait le cœur de tous ceux qui la regardaient. Elle était aussi la fille bien-aimée du roi. La princesse — Ristia, comme on l’appelait — serrait ses poings en boule et faisait une crise de colère.

« Je te l’ai dit, je veux une petite sœur mignonne, » déclara Ristia.

« J’espérais que tu clarifierais les choses, mais hélas, une “petite sœur mignonne” est emblématique de toi, n’est-ce pas ? Tu dis que tu la veut pour toi-même, Ristia. Alors je demande : De quoi parles-tu, bon sang ? »

« Père, c’est toi dont les mots n’ont pas de sens, pas moi ~ ! »

« Une silhouette adorable, de belles manières, et une voix produite par une paire de douces lèvres qui apaise l’âme de tous ceux qui l’entendent. Quelqu’un d’aussi mignon qu’un ange. Et cette personne dont je parle, c’est toi, ma chèrie, » déclara le roi.

« Je ne suis pas un ange, je suis une vampire. Et une fille normale, pour ton information ! Aussi, je ne veux pas être celle qu’on dorlote, je veux être celle qui dorlote ~ ! » déclara Ristia.

Ristia devait avoir 17 ans cette année. Pour les Sangs Véritables, qui étaient capables de vivre plusieurs milliers d’années, elle n’était rien de plus qu’un enfant à peine sorti du ventre de sa mère. Il était pratiquement inévitable que ses parents et ses sœurs aînées dorlotent Ristia, l’enfant née il y a à peine une décennie et demie. Cependant, contrairement à leurs désirs, Ristia était une enfant précoce et très intelligente.

Malgré cela, les sœurs aînées de Ristia étaient fidèles à sa forme de sœur docile, souvent en caressant et en dorlotant Ristia (la petite sœur) tout en la comblant d’éloges sur sa beauté. C’est pour cette raison que Ristia elle-même avait développé le désir d’avoir sa propre petite sœur.

« Attends ! N’essaie pas de changer de sujet ici ~ ! Je veux tout simplement une petite sœur ! » déclara-t-elle.

« Je ne peux pas imaginer qu’une petite sœur plus mignonne que toi puisse naître. Par conséquent, je n’ai pas l’intention d’avoir une autre fille. Même si ce n’était pas le cas, les enfants ne poussent pas simplement dans les arbres. Ce n’est pas aussi facile, » jadis, on pouvait dire que c’était l’inconvénient pour leur famille de pouvoir vivre pendant des millénaires et de posséder une quasi-immortalité. Un seul enfant pourrait naître chaque décennie, ou chaque siècle, si le destin ne jouait pas en leur faveur.

« Je ne te demande pas d’en faire un, Père ~ ! Donne-moi juste ta permission, et j’en ferai une toute seule, » déclara-t-elle.

« — Tu vas quoi… !!? Att-Att-Att, Quoi… ! Tu veux dire que tu as déjà un partenaire pour ça !? Inacceptable, tout simplement inacceptable ! Qui est-ce !? Il est déjà comme mort !! » cria le roi.

« … Qu’est-ce que tu racontes ? Je vais trouver un partenaire — de préférence maintenant, » répliqua-t-elle.

« Tu vas en chercher un ? Alors, tu ne me laisses pas le choix. Cela signifie la guerre. Je massacrerai jusqu’aux derniers hommes de ce monde ! » Le Roi des Sangs Véritables déclara ça, en faisant une déclaration scandaleuse. Cependant, Ristia n’avait pas bronché. Au contraire, elle avait simplement baissé la tête d’une manière confuse, mais adorable en réponse à sa déclaration.

« Hein ? Mais je veux faire une petite sœur, alors il faut que ma partenaire soit une fille plus jeune, » déclara-t-elle.

« … Hm ? Qu’est-ce que tu racontes ? » demanda son père.

« Je veux trouver des humains ou des elfes ou quelqu’un de la tribu des oreilles de chien, faire d’eux des parents, et leur bébé sera comme ma petite sœur ~ ! » déclara-t-elle.

« F-Famille ? » demanda le roi.

« C’est exact ~ eh bien ? Eh bien ? Tu me laisseras faire, d’accord ? » Ristia persuadait son père de son désir sincère, comme un enfant suppliant ses parents de garder un animal domestique. C’était un spectacle qui s’est avéré positivement adorable pour le Roi des Sangs Véritables, qui s’est trouvé prêt à lui donner la bénédiction dont elle avait besoin.

— Jusqu’à ce qu’il secoue la tête et s’arrête à la dernière seconde.

« … Je crois que tu confonds les membres de ta famille avec un animal de compagnie ou quelque chose du genre, n’est-ce pas ? » demanda son père.

« Oh, ne sois pas bête. Je ne suis pas ~ je vais m’assurer de trouver une fille seule et m’assurer d’obtenir la permission de ses parents avant de les transformer en parents, » répliqua Ristia.

« Non, ce n’est pas la question qui nous occupe… Ils seront de la famille. Les parents de la fille d’une fille des Sangs Véritables, rien de moins. »

Le Roi des Sangs Véritables montrait sa désapprobation, mais Ristia ne reculait pas, en fait, elle leva les yeux vers le roi avec ses yeux rouges scintillants.

« Tu veux bien, s’il te plaît ? Si tu es d’accord, alors Mère et toutes mes sœurs consentiront à faire une petite sœur. Alors, s’il te plaît, Père ~ ? »

« Eh bien, c’est comme je l’ai dit. Je, eh bien, tu sais… »

« S’il te plaît ? Puis-je ~ ? »

« Mnghh..., » Ma fille est beaucoup trop innocente et adorable, le Roi des Sangs Véritables avait gémi.

En tant que père de Ristia, il se sentait obligé d’exaucer les souhaits de sa fille, mais il y avait néanmoins des raisons pour lesquelles il ne pouvait pas se permettre d’obéir.

D’abord : Les Sangs Véritables ne possédaient pas les faiblesses d’un vampire ordinaire, ce qui en faisait littéralement la famille ultime — la plus forte de toutes.

D’un autre côté : Les subalternes gagnent aussi du pouvoir proportionnellement à leur maître. Cela s’ajoute au fait que les Sangs Véritables avaient éclipsé les autres races par la quantité de technologie qu’ils possédaient. Avec tous les avantages qui l’accompagnent, il n’y aurait pas de pénurie de gens qui voudraient se joindre à cette famille.

Et la cerise sur le gâteau : Ristia n’avait aucune idée de ce qui l’attendait, mais à l’âge de dix-sept ans, on lui avait déjà inculqué des compétences qui la plaçaient au sommet de la tribu des Sangs Véritables. Fondamentalement, tous les humains, elfes, personnes aux oreilles de chien — peu importe de quelle race elle aurait choisi, il ne serait pas exagéré de dire que n’importe quelle fille qui aurait gagné la faveur de Ristia régnerait sur ce continent. Il n’y avait pas moyen qu’il puisse donner à sa fille l’autorisation frivole de créer une petite sœur parente, tout bien considéré.

« Pourquoi pas ? Je jure que je prendrai très bien soin d’elle, » déclara Ristia

« Non veut dire non, » déclara son père.

« Et je me demande pourquoi. Je veux connaître la raison ~, » demanda-t-elle.

« Si je dis que non veut dire non, alors ça veut dire non. C’est clair et simple, » pour expliquer pourquoi il l’interdisait, il lui faudrait aussi expliquer que les pouvoirs de Ristia étaient supérieurs à ceux de toute la tribu. Bien qu’il soit assez sûr que cela n’arriverait pas dans le cas de Ristia, il ne pouvait pas garantir qu’elle ne deviendrait pas arrogante si elle savait qu’elle était la plus forte de toutes. C’est pourquoi son père n’avait pas pu révéler son raisonnement, choisissant à la place de lui refuser catégoriquement sa demande. Ristia avait pratiquement supplié son père, mais la réponse déraisonnable qu’il avait donnée commençait à l’irriter.

« Grrrrrrr, tu es méchant, méchant, méchant, méchant ~ ! Tu es un grand méchant et je te déteste ~ ! Si tu ne dis pas oui, alors j’ai une idée qui te fera changer d’avis ~ ! » déclara Ristia.

« Tu me détestes !? » s’écria-t-il.

Le Roi des Sangs Véritables avait été choqué. Sa fille bien-aimée venait de crier qu’elle le « détestait ». C’était assez de dommages pour presque transformer le puissant souverain en un frêle tas de cendres.

« Je vais m’enfuir ! Et je ne reviendrai pas tant que tu ne m’auras pas laissé faire une petite sœur !! » déclara Ristia.

« T-T’enfuir !? Mais je ne pourrai pas te couvrir d’amour et d’affection si tu me fais ça ! Attends, attends une minute ! Ristia !? » déclara le roi.

En jetant un coup d’œil à son père alors qu’il se précipitait pour la tenir en échec, Ristia s’envola du château de sa famille.

— Après cela, Ristia avait poursuivi sa fuite face aux poursuivants de la famille, utilisant la magie pour s’envoler vers un donjon souterrain situé dans un coin du continent. Bien que techniquement cela soit un « donjon », c’était Ristia elle-même qui l’avait créé. Elle creusa les passages de ce donjon tout en pratiquant sa magie du Huitième Niveau, et à l’intérieur de celui-ci se trouvait un endroit inconnu de quiconque.

« Quel culot, après lui avoir dit que j’en trouverais une toute seule et que je m’en occuperais ! Père est un crétin indifférent ! Maintenant qu’on en est là, je vais combattre cette injustice jusqu’au bout ! » Ristia avait déclaré ça, crachant des remarques d’une manière abrasive, mais adorable alors qu’elle réfléchissait à la façon dont elle allait s’y prendre pour faire sa nouvelle petite sœur.

La première chose qu’elle devait faire, c’est de créer sa sœur sans que son père le sache. Il y avait toujours la possibilité d’aller dans une ville, d’aller chercher une fille sans parents dans la rue et de lui donner autant d’amour qu’elle le pouvait.

« Ça… ne va pas marcher, » Ristia avait abandonné ce plan.

Avec la puissance et l’énergie de Ristia, l’acte de faire sa petite sœur était une tâche simple, mais si elle faisait une petite sœur alimentée par la rage juste pour que sa famille s’y oppose, cela rendrait probablement sa nouvelle sœur triste. Ces pensées l’avaient rendue contre l’idée.

Ristia avait une personnalité plutôt outrancière, mais c’était une fille bienveillante par nature.

Ristia décida de passer à son idée suivante : Agir sur le long terme. Elle pouvait arrêter le temps avec la magie du temps, et soit une petite sœur naissait, soit elle continuait à dormir jusqu’à ce que son père craque.

« C’est… en fait une option, » Ristia avait décidé de réaliser ce plan. Avec ses pouvoirs, arrêter le temps pour elle-même était une tâche simple. Si elle continuait ainsi pendant quelques décennies, même son père craquerait et lui permettrait de se créer une petite sœur. Ces pensées l’avaient poussée à le faire.

Ristia était une fille au bon cœur par nature, mais elle avait une personnalité plutôt outrancière.

Elle posa ensuite son doigt sur sa joue, pencha sa tête et commença à concocter les détails de son plan en agitant ses longs cheveux noirs. Tant qu’elle avait sa puissance des Véritables Sangs, arrêter le temps était facile pour elle-même. Mais le revers de la médaille, c’est que la famille de Ristia pouvait tout aussi bien briser le sort. Pour commencer, elle devait appliquer un sceau pour se défendre contre ce qui se passait. Il y avait naturellement une chance que même ainsi, le sceau soit brisé, mais il leur faudrait encore beaucoup de temps pour forcer le sceau. Même s’ils employaient un sorcier avec des compétences plus grandes que les siennes, cela devrait lui faire gagner au moins quelques décennies. De plus, même s’ils brisaient immédiatement le sceau, tout ce qu’elle avait à faire était de répéter le processus jusqu’à ce que son père craque. C’est la conclusion qu’elle en tira puisqu’elle ne savait pas qu’elle était la plus forte des Véritables Sangs. Elle ne pouvait pas non plus négliger la chance que sa petite sœur potentielle puisse naître alors qu’elle avait arrêté le temps. Il lui serait également insupportable que sa sœur naisse et grandisse en devenant plus âgée qu’elle alors qu’elle avait son propre temps arrêté.

Ristia avait alors décidé de prendre des mesures pour cette partie de son plan. Il ne restait plus qu’à arrêter le temps pour elle-même, mais… arrêter le temps était une tâche fatigante. Même si c’était peu probable, il y avait aussi la possibilité que sa petite sœur vienne la rencontrer, alors elle s’était dit qu’elle devait se préparer au cas où elle aurait à l’accueillir. Elle avait sorti le matériel pour son sort de son sac à objets et commença à préparer le sort du huitième niveau qu’elle connaissait déjà bien. Elle avait comprimé le carbone à haute température, formant une cage transparente qui reflétait la lumière de l’arc-en-ciel et qui l’avait enveloppée.

« Cage en cristal, complète ~ ♪ » déclara-t-elle.

Comme elle utilisait la compression à haute température sur du carbone, c’était en fait une cage en diamant, mais Ristia pensait que « Cage en Cristal » avait un nom plus chic que « Cage en Diamant ». C’était une erreur à son apogée quant à la qualité du matériel. « Je devrais peut-être fermer les yeux quand je me mets ce sceau sur moi ? » Bien que l’arrêt du temps n’ait été qu’instantané pour la personne concernée, pour les yeux des visiteurs, elle semblait essentiellement endormie, alors elle avait également pris en considération cette partie du processus.

« Bon, voyons voir… Je vais faire en sorte que, si une certaine condition est remplie, la cage se brise en mille morceaux. Le côté théâtral est important, après tout. »

Les conditions de son réveil, sa pose de sommeil, etc. — tout ce qu’elle essayait de prendre en compte pour une exécution parfaite. Finalement, apparemment satisfaite, elle passa ses doigts dans ses tresses pour redresser ses cheveux et prit une pose de prière.

« Eheh, maintenant tout est prêt. Ouaip. »

Avec la pose parfaite choisie, Ristia avait utilisé la magie du plus haut niveau qui permettait d’arrêter le temps, espérant qu’elle aurait une jeune sœur qui l’attendrait à son réveil suivant.

Les saisons passèrent, et passèrent, et passèrent, et passèrent encore. Un nombre incalculable d’années s’étaient écoulées dans l’éther.

« Si ce n’est pas faux… alors ce sont des ruines d’une époque très ancienne… »

Une bande d’aventuriers était apparue dans le donjon construit par Ristia.

***

Épisode 1 : La fille normale autoproclamée se réveille de son profond sommeil

Partie 1

« J’avais de l’espoir parce que j’ai entendu dire que c’était des ruines anciennes, mais qu’est-ce que c’est que ça !? Pas un seul meuble, et ne parlons même pas des trésors qui n’existent même pas ! »

Un homme d’âge moyen vêtu d’une tenue d’épéiste crachait du vitriol alors qu’il traversait la partie la plus profonde du donjon. Il s’appelait Gawain, un membre de l’équipe de reconnaissance envoyée pour enquêter sur ce donjon.

« S-s’il vous plaît, calmez-vous, Monsieur Gawain. Nous n’avons pas encore fouillé toute la zone, il y a peut-être quelque chose de caché quelque part. »

« Dans ce cas, tu vas le trouver ! Petite stagiaire insolente, n’oublie pas que je t’ai laissée participer à cette expédition par pitié ! » déclara Gawain.

« Argh ! Je-Je suis désolée…, » la personne qui tremblait parce que Gawain lui avait crié dessus était Nanami, une frêle fille vêtue d’une robe de sorcier.

Nanami était jeune, et elle était à l’âge tendre de quinze ans, une aventurière néophyte. Bien que la raison pour laquelle elle avait été choisie pour faire partie de cette équipe de reconnaissance soit parce qu’ils avaient reconnu ses compétences et non parce qu’on lui avait permis d’y participer par pitié, mais… en raison de sa personnalité fragile, elle ne pouvait trouver en elle-même le moyen de s’opposer à la déclaration de Gawain. Elle faisait partie de l’équipe de reconnaissance tout comme Gawain, mais l’équipe elle-même était un méli-mélo formé dans toute la guilde, et donc le sens de la camaraderie faisait défaut. Pour couronner le tout, ils avaient finalement atteint le niveau le plus bas du donjon. Ils avaient été attaqués par le dragon qui habitait à l’étage, anéantissant le reste des membres. Gawain et Nanami étaient les deux seuls à avoir réussi à entrer dans cette pièce. Pour empirer les choses, le dragon leur bloquait le chemin, il n’y avait donc pas de retour en arrière possible. Malgré sa personnalité grossière, Gawain avait des compétences et une technique supérieures, de sorte qu’il n’y avait aucune chance que Nanami puisse s’y opposer. De plus, Gawain avait essayé de se maintenir en vie, abandonnant même ses camarades pour le faire.

Si je ne gère pas cette situation, il va m’utiliser comme appât et me laisser mourir pour y échapper, pensa Nanami, ayant ses doutes. Nanami fouilla la pièce à la recherche de tout ce qu’elle pouvait utiliser pour renverser la situation. Et ainsi, elle avait traversé dans l’arrière-salle attenante — c’est là qu’elle l’avait trouvée.

En plein milieu de la pièce relativement vide se trouvait une cage transparente reflétant toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. La cage, éclairée par une source de lumière inconnue, semblait extrêmement précieuse, ne serait-ce que par sa beauté, mais l’aspect le plus choquant de la cage était sans doute ce qu’elle contenait. Ses longs cheveux noir de jais, sa peau blanche effervescente — et pendant que ses yeux étaient fermés, son nez était mince, et ses lèvres étaient belles et décorées avec ce qui semblait être du rouge à lèvres rose. Puisqu’elle semblait trop préparée, il y avait un sentiment d’incomplétude en tant qu’œuvre d’art. C’était la beauté du mannequin contenu dans la cage transparente.

« Qu’est-ce que… c’est… ? ? » Nanami s’était trouvée captivée par sa beauté malgré le fait d’être du même sexe. Et alors que Nanami restait stupéfaite, Gawain la remarqua.

« Quoi ? As-tu trouvé quelque chose ? » demanda Gawain.

« Dans la pièce à côté…, » commença Nanami.

« — Dégage le passage ! » Gawain repoussa Nanami et se précipita dans la pièce voisine. Nanami avait chuté en conséquence. Se relevant après ça, comme si elle allait pleurer, elle poursuivit Gawain.

« … Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Gawain.

Tout comme Nanami il y a quelques secondes, Gawain s’était trouvé captivé par la jeune fille dans la cage.

« Je ne sais pas, Monsieur. Mais je pense que c’est une sorte d’artefact, » déclara Nanami.

« Un artefact !? » demanda-t-il.

« Je n’en suis pas certaine, mais… Je sens une sorte de mana, » répondit-elle.

« Artefact » faisait référence à des reliques des temps anciens, comme leur nom l’indiquait. Plus précisément, ils se référaient à des objets magiques créés par d’anciennes civilisations et enchantés d’une multitude de capacités magiques différentes. Bien que leurs capacités soient vastes et variées, on disait qu’il y avait des artefacts qui pouvaient réduire toute une région en cendres. C’est pourquoi les yeux de Gawain s’étaient illuminés lorsque Nanami lui avait dit que c’était peut-être un artefact.

« D’accord, je sors cette poupée ! » Gawain avait commencé à toucher la cage transparente pour tenter de l’ouvrir, mais il n’y avait pas une seule marque dessus, et encore moins une entrée ou une ouverture.

« Grk, qu’est-ce qui se passe ici !? » s’exclama Gawain, irrité en frappant la cage avec son épée. Le claquement strident de son épée contre la cage résonna dans toute la pièce.

« Comment avez-vous pu penser à faire ça !? » demanda Nanami.

« Quoiiii !? » Gawain la regarda avec dédain, mais c’était quelque chose que même le Nanami, normalement introverti, ne pouvait regarder sans rien dire.

« Que feriez-vous si vous mettiez trop de force dans votre élan et endommagiez la poupée à l’intérieur ? » demanda Nanami.

« Si la poupée est un artefact, alors pourquoi un simple coup d’épée l’aurait-il cassée ? » demanda Gawain.

« Malgré tout, il n’y a aucune garantie absolue qu’elle ne se briserait pas, n’est-ce pas ? » demanda Nanami.

« Putain de merde, tu me tapes sur les nerfs. Pour commencer, je n’ai même pas fait une égratignure sur cette foutue cage ! » Comme Gawain l’avait dit, il n’y avait pas une éraflure sur la cage — pas un millimètre. Cependant, en y pensant, c’était de la sagesse… Non, ce que Gawain avait dit était peut-être vrai. Il aurait en premier lieu très bien pu se retenir sur sa frappe pour ne pas endommager la poupée. Néanmoins, Nanami s’inquiétait pour la poupée à l’intérieur de la cage.

… Attends, ma vie est en danger en ce moment, et là, je m’inquiète pour cette chose ? Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Nanami s’était cogné la tête, revenant à la raison.

« Hey, toi, » déclara Gawain.

« Oh, hein ? O-oui ? » demanda Nanami.

« Tu es un peu sorcier, alors utilises ta magie et fais quelque chose contre cette cage débile ! » ordonna Nanami.

« Ce n’est pas possible, Monsieur, » c’est vrai que Nanami avait été saluée comme une personne talentueuse. Cependant, même les génies modernes n’étaient pas comparables aux sorciers des temps anciens. Nanami était dans une classe supérieure pour un mage novice, mais elle n’avait aucune chance.

« Peu importe, fais ce que je t’ai dit ! Si tu ne sers à rien, je peux te jeter devant le dragon comme appât ! » déclara Gawain.

Nanami était restée sans voix. C’était peut-être une option répréhensible, mais il n’y aurait pas de salut pour eux deux à ce rythme. En pensant à cela, les menaces n’avaient pas de sens. Nanami savait que si les choses continuaient comme ça, elle serait forcément utilisée comme appât, vu sa faiblesse. Cependant, même s’il n’y avait pas d’autre option, la question de savoir si elle accepterait ou non était différente. Je ne veux pas être dévorée par ce monstre, pensa Nanami en tremblant.

« S’il vous plaît. S’il vous plaît, tout sauf ça, » déclara Nanami.

« Tais-toi ! On s’en fout de ça maintenant !? Je te dis que si tu ne veux pas finir en nourriture du dragon, tu vas faire quelque chose pour cette foutue cage ! » déclara Gawain.

« D’accord, » déclara Nanami.

Si Nanami n’avait pas accepté ce travail, comme son frère aîné le lui avait dit, elle ne serait pas dans ce pétrin. Cette pensée lui traversait l’esprit, mais le fait de regretter ses décisions maintenant n’allait pas l’aider dans sa situation. Je dois juste me concentrer pour sortir d’ici vivante, pensa Nanami en décidant d’inspecter la cage.

« … Hein ? » s’exclama Nanami.

« Quoi ? As-tu trouvé quelque chose ? » demanda Gawain.

« Il y a un texte écrit ici. » C’était aussi écrit dans un langage standard. C’était la langue que les tribus, y compris les humains, utilisaient depuis toujours, de sorte que Nanami était capable de le lire sans aucun problème, étant donné le temps qu’elle avait étudié. Cela dit, Nanami avait lu l’inscription à haute voix. « Il est écrit ici : “La seule qui puisse briser ce sceau, c’est une petite sœur”. »

« Petite sœur ? Si je me souviens bien, tu es la petite sœur de Rick, n’est-ce pas ? Dans ce cas, tu devrais pouvoir l’ouvrir. Essaye de toucher la cage, » ordonna Gawain.

« … D’accord, je le ferai, » déclara Nanami.

Rick était le demi-frère de Nanami qui s’occupait d’elle, pas son vrai frère. Peu importe cela, en y réfléchissant rationnellement, cette inscription avait dû être destinée à un parent consanguin de celui qui l’avait écrite. Il n’y avait pas moyen que ça s’applique à n’importe quelle petite sœur.

C’est ce qu’elle pensait, mais elle avait peur de mettre Gawain en colère, alors elle avait fait ce qu’on lui avait dit. Effectivement, c’était finalement la bonne réponse, car dès que Nanami avait effleuré la cage avec sa main, la belle cage de cristal s’était brisée en un million de petits morceaux.

« — Eeek !? » cria Nanami.

« C’est quoi ce bordel !? » s’exclama Gawain.

Là, devant les yeux choqués de la paire, la belle poupée, libérée des contraintes de la cage, s’était assise sur le sol lentement, mais avec élégance, comme si elle ignorait les lois de la gravité.

***

Partie 2

Dans l’instant qui avait suivi, Ristia avait senti que la Cage de Cristal se brisait. Peu importe combien de temps s’était écoulé dans le monde extérieur avant sa libération, puisque le temps était figé pour elle, tout s’était passé comme si c’était en une seconde. Ayant réalisé ce fait, Ristia s’était délibérément assise d’une manière lente, tout cela pour une raison vitale.

C’était parce que le fait de s’asseoir lentement donnait un air plus attirant.

Cependant, dans son esprit, elle était follement excitée. Ristia avait senti que son sceau avait été brisé de façon naturelle. Cela signifiait pour ainsi dire que sa petite sœur qui avait brisé le sceau était potentiellement juste devant elle. Remplie d’attentes, Ristia ouvrit lentement les yeux pourpres.

Debout, il y avait une charmante, adorable — non, en fait, une fille absolument adorable avec de longs cheveux châtains et des yeux verts. Elle avait une expression légèrement effrayée en regardant Ristia de haut.

U-Une petite sœur ! Non, sans aucun doute, c’est ma mignonne petite sœur ! Super, une petite sœur ! Ma première petite sœur ! Super, elle est si mignonne ! Elle est mignonne comme un bouton en fleur ~ ! Ristia pensa, ravie et étourdie, sachant que si sa famille était là, elle interjetterait. « Bon sang, mon enfant, tu es bien plus mignonne ! » Elle était sur le point de se lever et d’aller faire un câlin à sa présumée petite sœur, mais… elle s’était quand même arrêtée juste avant elle. Elle s’était rendu compte qu’une sœur aînée distinguée ne devrait rien faire de puéril devant sa petite sœur. Ristia avait souri à sa présumée petite sœur avec une expression posée.

« Enchantée de faire ta connaissance. Tu dois être ma petite sœur, » dit-elle d’un ton digne avec un sourire élégant sur son visage. Elle se comportait parfaitement comme une sœur aînée aimable. Maintenant, je suis une grande sœur ! se dit Ristia. Cependant…

« La poupée a parlé !? » La réaction de la fille n’était pas tout à fait ce à quoi Ristia s’attendait.

« Hum, pardon, mais… de quoi tu parles ? Je ne suis pas une poupée, » déclara Ristia.

« O-Oh, tu ne l’es pas ? » demanda l’autre fille.

« Je ne le suis pas. Connais-tu des poupées qui parlent comme ça ? » demanda Ristia.

« Eh bien, non… Ce n’est pas le cas, » répondit l’autre.

« Comme je m’y attendais. » Ristia acquiesça d’un signe de tête satisfait, s’éclaircissant la gorge. « Eh bien, une fois de plus, recommençons. »

« Hein ? De quoi ? » Sa présumée petite sœur était embrouillée par ses paroles, mais Ristia s’était raclé la gorge avec une adorable petite « Hmm ». Assise sur ses genoux, elle leva les yeux vers sa sœur présumée et sourit avec élégance.

« Enchantée de faire ta connaissance. Tu dois être ma petite sœur, » déclara Ristia.

« N-Non, je ne le suis pas, » répondit Nanami.

« … Hein ? T-Tu ne l’es pas ? » Ristia avait demandé à sa sœur présumée avec l’intention de faire un nouveau départ, mais elle avait été rejetée, ce qui l’avait déstabilisée.

« Euh… oui. Je m’appelle Nanami. Je ne suis pas ta petite sœur, » déclara Nanami.

« P-Pas possible ~…, » l’image d’une sœur aînée raffinée et gentille n’était plus qu’un souvenir éphémère. Ristia s’était pris un choc si fort que quiconque la regardait serait sympathique alors qu’elle s’affalait sur le sol recouvert d’éclats de diamant. Elle pouvait entendre une querelle alors qu’elle faisait ça.

Un homme avait demandé. « Hé, pourquoi n’as-tu pas prétendu être sa petite sœur ? »

Et la fille répondit. « Je ne pouvais pas dire un mensonge aussi évident. »

Néanmoins, Ristia était dans un marasme, et cela avait à peine attiré son attention. Ristia avait commencé à tripoter un éclat de diamant avec ses doigts.

« Attends, tu vas certainement te blesser si tu touches ces éclats ! » Une Nanami agitée avait remonté le haut du corps de Ristia. Le comportement de Nanami ressemblait à celui d’une petite sœur qui s’inquiète pour sa sœur aînée.

« Euh… es-tu sûre que tu n’as aucune chance que tu sois ma petite sœur ? » demanda Ristia.

« … Oh, euh… Je suis désolée, » répondit Nanami.

« … Quel fiasco, » déclara Ristia, clairement déçue. Son visage mignon, déformé par la tristesse, suffisait à stimuler l’instinct parental chez tous ceux qui le regardaient. Il était difficile d’expliquer pourquoi — peut-être que c’était l’expressivité extrême, ou peut-être que c’était juste parce que c’était trop dur à résister face à ça. Mais c’était probablement pour cela que ses parents et ses sœurs aînées la dorlotaient et la couvraient toujours de leur affection.

« C’est quoi ce bavardage et ce papotage ? » Soudain, une voix grossière avait retenti. Ristia s’était tellement entichée de la perspective d’une petite sœur que l’homme d’âge moyen ne s’était même pas inscrit à ses yeux, mais il se tenait là dans la pièce.

Il semble avoir à peu près… le même âge que Père. Il a peut-être quelques millénaires ? Ristia, ne réalisant pas qu’ils étaient tous les deux humains, pensait cela, et interprétait mal la situation. Bien sûr, en les inspectant avec une tête plus calme, elle aurait dû savoir qu’il ne s’agissait pas de Sang Véritable, mais… Ristia ne pensait qu’à sa petite sœur. Il n’est pas plus jeune que moi. Ce n’est même pas une fille, pensa Ristia alors qu’elle faisait disparaître une fois de plus l’homme de son esprit. Elle avait alors commencé à réfléchir à ses prochaines actions.

En vérité, elle connaissait déjà la raison pour laquelle elle avait été réveillée malgré l’absence d’une petite sœur. Elle ne s’attendait pas à ce que quelqu’un d’autre que des membres de sa famille vienne visiter ce donjon, alors elle avait mis en place le sceau pour qu’il puisse être brisé par quiconque tant qu’il était une fille plus jeune qu’elle. Elle aurait dû lancer une contre-mesure à cela… Mais peut-être qu’elle pourrait s’en tirer sans. Après tout, les gens venaient rarement ici, et arrêter le temps pour elle n’était que trop simple. Ristia se leva alors et commença à reconstruire sa Cage de Cristal.

« Hé, ne nous ignore pas ! Nanami, fais quelque chose ! » ordonna l’homme.

« Argh ! » s’écria Nanami.

L’homme avait crié sur Nanami, la faisant sursauter de peur. Cela attirant l’attention de Ristia qui se tourna vers Nanami.

« Euh, Nanami, c’est ça ? Nanami, es-tu dans un pétrin ? » demanda Ristia.

« Hein ? Pourquoi penses-tu cela ? » demanda Nanami.

« Ben, c’est que… je te vois frissonner, » répondit Ristia.

« O-Oh, eh bien… euh… euh…, » balbutia Nanami.

« Si tu es dans le pétrin, je peux t’aider, » elle n’était pas sa petite sœur, mais cela n’avait pas changé le fait que Nanami était mignonne. Il était inévitable que Ristia, fan de tout ce qui était mignon, s’intéresse à Nanami. Cependant, malgré la gentillesse de Ristia, Nanami frissonnait encore.

« C’est un dragon. Un dragon est dehors et nous cause des problèmes ! » répondit Nanami.

« … Un dragon ? Est-ce la raison de ta situation difficile actuelle de Nanami ? » Elle avait demandé à l’homme dont elle ne voulait pas entendre le nom.

« Ouais, c’est vrai ! On a été pourchassés par ce satané dragon et on a couru dans cette pièce. Maintenant, il attend dehors, et on ne peut pas sortir d’ici ! » répliqua l’homme.

« Vous avez été poursuivi par le dragon… et vous avez couru dans cette pièce !? » Le dragon qui était venu à l’esprit de Ristia était du type qui mesurait quelques dizaines de mètres de haut et pouvait transformer toute une région en une mer de flammes avec son souffle. Et en apprenant qu’il y avait un dragon géant à l’intérieur de son donjon, la seule façon pour Ristia de l’imaginer était d’imaginer un dragon squelettique qui se retrouvait coincé dans les couloirs étroits du labyrinthe si serré qu’il ne pouvait même pas bouger… Hee hee, j’aimerais bien voir ça. Je ne peux pas imaginer qu’un humble dragon puisse ruiner le donjon que j’ai construit, mais peut-être devrais-je vérifier juste pour être sûre ? pensa Ristia quand l’homme ouvrit à nouveau la bouche.

« Hé, qui es-tu, au fait ? » demanda l’homme.

« Qui suis-je ? … Juste une fille normale, » répondit Ristia.

« Une fille normale !? Tch, tu ne sers à rien. Ne connais-tu pas au moins une sortie de secours ? » demanda l’homme.

« Il n’y a pas de sortie de secours, » répondit Ristia.

« Hmph, tu es vraiment inutile, » répliqua l’homme.

« Mais je peux tuer un simple dragon pour vous, » répondit Ristia.

Juste après que Ristia ait déclaré cela, le visage de l’homme avait indiqué qu’il était abasourdi… avant de démontrer sa colère.

« Essaies-tu de te foutre de nous, ou as-tu perdu la tête ? Tu n’es même pas une aventurière, petite fille. Il n’y a aucune chance que tu puisses battre ce monstre ! » s’écria l’homme.

« Nanami, est-ce que tuer ce dragon t’aidera ? » demanda Ristia à une Nanami effrayée.

« Le tuer… Ne me dis pas que tu as l’intention de vaincre ce dragon !? » demanda Nanami.

« C’est ce que je vais faire. Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Ristia.

« T-Tu ne peux pas ! Les dragons sont des ennemis redoutables qui ne peuvent être vaincus que par un effort combiné de plusieurs aventuriers entraînés ! » s’écria Nanami.

« Hehehehe, je vois que tu t’inquiètes pour moi. Je t’en remercie. » Ristia s’était sentie heureuse, caressant gentiment la tête d’une Nanami un peu plus petite qu’elle.

« Ce n’est pas une question d’inquiétude en soi. Mais attends, pourquoi me caresses-tu ? » demanda Nanami.

« C’est par ce que ta sollicitude m’a rendu heureuse. Mais ne t’inquiète pas. Je vais m’en sortir. Battre un dragon est une tâche facile. Une fois que j’aurai vaincu ce dragon, tu me diras si ça t’aide ou pas, Nanami-chan ? » demanda Ristia.

« Eh bien, ça me rendrait heureuse si tu étais vraiment capable de le vaincre, mais…, » répondit Nanami.

« Hmm, alors c’est bon, » Ristia répondit avec une expression calme comme elle réfléchissait d’une manière calculée. Si je défais le dragon, elle serait heureuse. En d’autres termes, si je défais le dragon, Nanami sera impressionnée. Elle pourrait même m’appeler « Grande Soeur » ! Tandis que ces pensées lui passaient par la tête, elle ouvrit sa boîte à objets et sortit une rapière magique qu’elle avait fabriquée par le biais lors d’un entraînement à l’enchantement qu’elle avait fait il y a bien longtemps.

« Quoi ? D’où sors-tu ça ? » demanda Nanami.

« Hm ? D’où ? De ma boîte à objets, idiote, » déclara Ristia.

« Boîte à objets ? Parles-tu de cette magie légendaire du stockage ? » demanda Nanami.

« … Légendaire ? Hmm, mais ce n’est qu’une vieille boîte à objets ordinaire, n’est-ce pas ? » Pour Ristia, une boîte à objets était une magie de niveau 4 et n’était pas du tout rare, et encore moins légendaire. Elle n’avait jamais imaginé que quelqu’un la traiterait comme telle, alors elle avait penché la tête avec perplexité. Eh bien, de toute façon, tout ce que j’ai à faire, c’est de battre ce dragon, pensa-t-elle, en se retournant et en se dirigeant vers la porte menant à l’extérieur de la pièce.

« Attends un peu, s’il te plaît ! Comme nous l’avons dit, il y a un dragon juste à l’extérieur de la pièce ! » s’écria Nanami.

« J’apprécie ton inquiétude pour moi, mais ça va aller. » Nanami lui tendit la main pour l’empêcher de partir, mais Ristia l’évita agilement et posa sa main sur la poignée de la porte menant à l’extérieur. D’ailleurs, tout ce que ce donjon avait à offrir était protégé par la magie de Ristia, alors rien ne se briserait facilement tant qu’il ne serait pas pourri. C’est pourquoi l’ancienne porte s’était lentement ouvert, sans même laisser entendre un seul grincement. Cela menait sur une vaste pièce. La zone que Ristia utilisait pour son entraînement magique faisait des mètres de large, et s’enfonçait loin, avec au milieu… un dragon de cinq mètres de haut en attente.

« … Qu’est-ce que c’est que ça ? » s’écria Ristia.

« Le dragon ! Je te l’ai dit il y a une seconde ! » répliqua Nanami.

« … Tu veux dire l’enfant… d’un dragon, exact ? » demanda Ristia.

« De quoi parles-tu !? C’est un dragon adulte, peu importe comment on le découpe ! » Nanami soutenait avec véhémence que c’était un adulte, pratiquement les larmes aux yeux, mais ce que Ristia voyait par terre, c’était un jeune dragon, âgé de quelques siècles seulement, peu importe comment elle le regardait. S’il avait été vrai que le dragon avait quelques siècles de plus que Ristia, il n’en était pas moins un enfant en termes de dragon. Ce n’était pas une grande menace, mais… Nanami semblait sincèrement avoir peur de ce bébé dragon.

Avoir peur d’un dragon de ce calibre est évidemment étrange ! Ristia y avait réfléchi longuement, jeta un autre coup d’œil à Nanami et comprit qu’elle était un être humain normal. Un être humain ? Une fille humaine… dans le pétrin… ? Si je l’impressionne, elle va sûrement m’adorer. Si c’est le cas, elle pourrait se permettre d’être une parente et ma demi-sœur officielle ! Oh oui !

S’accrochant à sa dernière chance, Ristia avait enfoncé sa rapière dans le sol, avait sorti un ruban normal de sa boîte à objets et avait noué ses longs cheveux brillants ensemble. Non pas parce qu’elle pensait que ça la gênerait, mais parce qu’elle pensait que ça la rendait plus cool. En fait, ça la rendait moins cool et plus mignonne.

« Très bien, tout est prêt. J’y vais ~ ! » déclara Ristia.

Ristia avait repris sa rapière et elle commença sa marche vers le dragon.

***

« Je te le dis, c’est dangereux ! … Attends, pourquoi ne me laisses-tu pas t’attraper ?? » Évitant que la main de Nanami ne l’arrête, la jeune fille s’apprêtait à défier le dragon avec une imprudence monstrueuse. Gawain avait vu cela, pensant que c’était leur chance, et avait attrapé la main de Nanami.

« Fuyons de là pendant que cette fille se fait attaquer ! » déclara Gawain.

« Qu’est-ce que vous racontez ? Voulez-vous qu’on l’abandonne ? » demanda Nanami.

« Whuh !? Alors, veux-tu être l’appât ? Il n’y a aucune chance de battre ce dragon. Dans ce cas, sacrifier quelqu’un est le seul moyen ! » Gawain cria de colère, faisant grimacer Nanami de peur. Voyant la faiblesse de Nanami, Gawain claqua sa langue avec dégoût. Une douzaine d’aventuriers expérimentés attaquant tous en même temps étaient nécessaires pour vaincre un dragon. Et même si vous en aviez autant, vous deviez vous préparer à subir de lourdes pertes. Peu importe le nombre de sorciers à la volonté faible et de petites filles bizarres qui étaient présentes, tout ce qu’ils pouvaient faire était de servir de boucliers.

 Bien sûr, je choisis l’option où le plus de gens possible peuvent s’échapper ! pensa Gawain.

Naturellement, la raison pour laquelle il poussait Nanami à s’échapper était de l’utiliser comme appât s’il n’était pas capable de s’enfuir pendant que la fille bizarre se faisait tuer. En fin de compte, il donnait la priorité à sa survie.

« Quoi qu’il en soit, partons d’ici ! » Gawain avait essayé de tirer sur le bras de Nanami et de commencer leur fuite. Nanami, cependant, avait résisté.

« … Qu’est-ce que tu crois faire ? » s’écria Gawain.

« E-Euh, je… »

C’était peut-être la culpabilité de laisser la jeune fille se faire tuer et la peur de mourir en conflit les uns avec les autres qui la faisait geler sur place. Décidant que tout argument supplémentaire serait une perte de temps, Gawain décida d’abandonner Nanami et de partir seul.

« Très bien, fais ce que tu veux. Je m’en vais d’ici ! » Gawain commença à se retourner, le corps gigantesque du dragon s’élança vers l’avant pour attaquer la mystérieuse fille.

« Attention !! » cria Nanami.

Les yeux de Gawain s’étaient écarquillés lorsqu’il avait entendu le cri d’avertissement de Nanami, qui était venu alors que le dragon était en plein milieu de sa charge vers elle. En réponse à l’avance précipitée du dragon, la jeune fille avait placé sa rapière à peu près au niveau de la hanche, prête à frapper.

Espèce d’abrutie ! Tu ne vas pas faire une bosse sur un dragon avec une rapière fragile ! Si tu veux faire une attaque aussi inutile, autant essayer d’éviter une ou deux attaques et me laisser plus de temps pour sortir d’ici, bon sang ! Dans son esprit, Gawain crachait autant d’abus qu’il pouvait imaginer.

Cependant…

« Hee-yah ! » La fille avait frappé avec sa rapière avec un joli petit cri. Après quoi… tout avait dérapé.

Le sol de la zone avait été enveloppé d’une lumière rouge alors que le bruit d’une explosion et d’une vague de chaleur atteignait l’endroit où se trouvait Gawain. Il détourna les yeux face à l’onde de choc massive, et il ne fallut pas longtemps avant que le sol ne soit recouvert… par le silence. Lorsque Gawain regarda en arrière, il vit… la fille aux cheveux noirs, immobile et silencieuse. Et autour d’elle, des morceaux de sol qu’elle ne devrait jamais pouvoir détruire étaient retournés et éparpillés — jusqu’aux coins de la pièce.

Quant au dragon ? Il n’était trouvable nulle part.

Attends, qu’est-ce que c’est que ce bordel !? Elle a volatilisé un dragon d’un seul coup !?? Pas possible, c’est tout bonnement impossible, c’est de la folie ! Un monstre qui ne serait abattu que par plusieurs centaines d’attaques d’une douzaine d’aventuriers chevronnés et qui se ferait abattre d’un seul coup par une petite fille est à peu près aussi incroyable que cela peut l’être ! Je dois rêver !

Ça n’avait pas de sens.

Pour commencer, l’anéantissement d’un dragon d’un seul coup était impossible, encore moins en raison de l’attaque d’une petite fille délicate qui faisait un adorable petit « hee-yah ». Bien sûr, il y avait des héros dans l’histoire qui poussaient un cri avant de lancer leurs attaques fougueuses, mais ce n’était qu’une fille angélique qui agitait une petite rapière adorable en faisant « hee-yah ». C’est tout ce qu’il y avait à dire sur elle. Malgré cela, l’étage était en ruine et il ne restait aucune trace du dragon.

 

 

« … C’est quoi ce bordel ? Est-ce que je rêve ou quoi ? » La situation à laquelle il était confronté était si incroyable que Gawain se sentait empli par un sentiment indescriptible de peur.

***

Partie 3

La frappe de Ristia, anéantissant le dragon d’un seul coup, avait fait souffler un violent coup de vent dans toute la zone. En plein milieu de l’étage, Ristia laissa l’ourlet de sa jupe flotter dans le vent, tandis qu’elle jubilait d’un air suffisant.

« … Eheh, ehehe. »

Parfait ! J’étais tout simplement parfaite ! Je suis sûre que c’était suffisant pour que Nanami m’appelle « Grande Soeur » ! Pensa Ristia alors qu’elle se retourna pour voir Nanami debout, les yeux écarquillés et positivement rayonnants — en fait, c’était plus des yeux écarquillés et positivement horrifiés.

… Quoi ? Pourquoi me regarde-t-elle comme ça ? Peut-être que c’était un peu exagéré, alors elle pense que je suis une sorte de monstre ? Peut-être aurais-je dû être plus précise et le tuer avec le moins de puissance possible ? Pour commencer, les filles humaines n’étaient pas capables d’abattre un dragon, mais c’était quelque chose que Ristia, maintenant agitée, n’avait pas réalisé. Ainsi, l’aventurier avait ouvert timidement la bouche pour parler à une Ristia ahurie.

« C-C’était quoi, tout à l’heure ? » demanda-t-il.

« Qu’est-ce que c’était… ? Quoi ? » Ne comprenant pas vraiment la situation, Ristia pencha la tête dans la confusion. Elle avait l’air incroyablement mignonne, mais ses actions tout à l’heure l’avaient rendue plus flippante. La peur de l’aventurier masculin avait atteint ses limites.

« Ne fais pas l’imbécile ! Je parle évidemment de l’attaque qui a massacré le dragon en un seul coup ! Je te demande comment tu as réussi à lancer une attaque aussi monstrueuse ! » s’écria l’aventurier.

« M-Monsieur Gawain ! » Nanami avait désespérément essayé d’arrêter l’aventurier au corps difforme — son nom étant apparemment Gawain. Et ce n’était pas par souci pour Ristia, c’était parce qu’elle ne voulait pas agacer Ristia, la même fille qui avait abattu un dragon. Ristia elle-même, d’un autre côté, ne se souciait pas du tout des raisons. Il y avait des questions plus urgentes, après tout. Ristia commençait à paniquer maintenant qu’elle avait compris que ce qu’elle avait fait était exagéré et avait fait peur aux deux humains. C’était évident d’après ce petit va-et-vient qu’ils avaient eu.

A-Ah, c’est vrai. Considérant que le bébé dragon était suffisant pour les effrayer, ils trouveront forcément effrayant quelqu’un qui l’abattrait d’un seul coup. Ça a dû être un choc. Bon sang, j’aurais dû me battre plus intelligemment ~ ! Ristia avait paniqué et avait essayé de penser à une bonne réplique…

« O-Oh, ça ? C’était… euh… Oui, c’est grâce à cette rapière ! » Elle avait fini par insister sur le fait que c’était la puissance de la rapière.

« C’était… la rapière ? » demanda l’homme.

« O-Oui, c’est bien ça ! Cette rapière a des effets qui augmentent les capacités physiques, ainsi que d’augmenter la force des attaques, c’est pourquoi c’est cette rapière qui est incroyable, je suis juste une fille normale ! » déclara Ristia.

« Cette arme a ce genre de capacité… ? » Les yeux de Gawain s’étaient fixés sur la rapière. Ristia, voyant cela, pensa avec espoir, Se pourrait-il qu’il croie à mon histoire ?

« D-Désolée, mais es-tu vraiment une fille normale ? » demanda timidement Nanami à la place de Gawain, maintenant silencieux.

Ristia avait saisi la main de Nanami et porta les doigts de la fille à sa joue.

« Qu-Qu’est-ce que tu fais !? » s’écria Nanami.

« J’ai pensé que tu pourrais savoir que je suis une fille normale si tu me touchais un peu. Tu vois comme je suis douce ? Si je n’étais pas amélioré par quelque chose d’autre, je me ferais des bleus immédiatement, comme tout le monde. Je te dis la vérité. » Elle essayait de toutes ses forces de prouver qu’elle n’était qu’une fille normale. Si la famille de Ristia était là, elle jetterait un coup d’œil aux supplications désespérées de Ristia et s’évanouirait à cause d’une surcharge de gentillesse. Cependant, il n’y avait pas beaucoup de différence entre les capacités physiques des humains d’hier et d’aujourd’hui. La seule différence notable, en fait, était que leur magie et leur technologie étaient beaucoup plus avancées qu’elles ne l’étaient maintenant. Le couple, qui n’aurait jamais imaginé la possibilité que Ristia puisse être une princesse de Sang Véritable, avait accepté son histoire à propos du fait que c’était l’arme et non elle-même qui était à l’œuvre. Et ainsi, cette idée fausse était un carrefour dans le destin de l’homme — pour Gawain.

« Ne me dis pas que cette arme est… un artefact, » s’exclama Gawain.

« Hein ? Ce n’est rien d’extravagant. Cela renforce les attributs physiques et possède une capacité de tranchant accrue. Oh, il a aussi des propriétés autoréparatrices, et en le balançant, il libère des flammes qui rôtissent les ennemis, mais c’est vraiment tout ce que cette arme peut faire, » répondit Ristia.

« Je suis convaincu que c’est un artefact vraiment monstrueux comme je n’en ai jamais entendu parler ! » s’écria Gawain.

« Hein… ? » Ristia était confuse. L’image d’un artefact qui lui était venue à l’esprit était un véritable trésor sacré, le genre d’objet qui, d’un seul coup, pouvait sculpter un canyon si grand qu’il devait être tracé sur des cartes. Il n’y avait aucun moyen pour que cette arme qu’elle avait elle-même créée pendant sa pratique de l’enchantement puisse passer pour un artefact. Mais pour les humains de cette époque, la description par Ristia des capacités de la rapière la classait comme un véritable artefact, si ce n’est presque au-delà de cette catégorie — qui sonnait comme une chimère. Par conséquent…

« Me laisses-tu voir cette rapière ? » demanda Gawain.

« Hein ? Eh bien… bien sûr ? Ça ne me dérange pas, » Ristia avait facilement passé l’arme à Gawain.

« H-Hey, es-tu sûre de ça ? » Une traction sur sa manche l’avait incitée à se retourner pour voir une Nanami déconcertée qui la regardait dans les yeux.

« Oh, euh… quelque chose ne va pas ? » demanda Ristia.

« Non, “quelque chose ne va pas ?” n’est pas tout à fait la bonne réponse à cela… Es-tu sûre que tu aurais dû le lui donner sans poser de questions ? » demanda Nanami.

« Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Ristia.

« … Elle est à moi !! »

Slack ! Un bruit brutal avait retenti pendant que Ristia était poignardée par-derrière. Au même moment, une légère douleur avait traversé sa poitrine. Ristia se demandait ce qui se passait alors qu’elle tournait son attention vers le bas pour voir une rapière germer depuis le haut de son torse.

« A-Aah… » En voyant la réalité de la situation, elle avait poussé un gémissement amer.

« Monsieur Gawain, comment avez-vous pu ? » demanda Nanami.

« Keh, keh hah hah hah hah hah ! Maintenant, l’artefact est à moi ! » Gawain arracha la rapière, provoquant instantanément un jaillissement de sang rouge vif de la poitrine de Ristia. Alors…

« Tu as fait un trou dans ma robe préférée — !? » Ristia hurla avec intensité en provenance du fond de son cœur.

« S’il te plaît, tiens bon ! Je vais utiliser de la magie de guérison sur toi tout de suite ! » Nanami était sur le point de jeter un sort en pleine panique… mais elle avait réalisé l’étrangeté du cri de Ristia à mi-chemin et s’était arrêtée avant elle. « … Un trou dans ta robe ? »

« C’est exact ~ ! Bon sang, cette robe était l’une de mes préférées ~, » déclara Ristia.

En regardant Ristia bouder et pleurnicher, les deux humains étaient à la fois choqués et déconcertés. « Attends, attends un peu. Tu ne devrais pas t’énerver pour ta robe, tu viens de te faire poignarder à la poitrine. »

« … Oh, oui. Et ? » demanda Ristia.

« Et… Je veux dire, tu as été poignardée. Ta poitrine. Il t’a poignardé… non ? » demanda Nanami.

« Gah, c’est sûr qu’il l’a fait ~ ! Et à cause de ça, j’ai un nouveau trou dans ma robe, comme je l’ai dit, » déclara Ristia.

« Non, ce que je veux dire…, » déclara Nanami.

« … Oh, oui. Et ? » demanda Ristia.

« Et normalement, on meurt quand on a un nouveau trou dans la poitrine ! » C’était le commentaire de bon sens que Nanami voulait faire, mais elle n’arrivait pas à trouver en elle la force de l’exprimer. Surtout parce qu’elle s’était rendu compte que l’effusion de sang initiale commençait à s’arrêter toute seule.

Il convient de mentionner que Ristia, étant une Sang Véritable, était pratiquement immortelle. Elle n’avait aucune des faiblesses que les vampires normaux possédaient. Même si vous lui transpercez le cœur, cela ne représenterait pas grand-chose, voire rien du tout. Quoi qu’il en soit, le flux sanguin et d’autres résultats normaux étaient quand même arrivés à la suite d’un coup de couteau, de sorte qu’elle serait toujours blessée comme une fille normale le serait. C’était un fait… Eh bien, le « fait » était subjectif, il était donc plus sûr de dire que ce n’était pas nécessairement un mensonge. C’était juste une question de vitesse incroyable à laquelle elle se régénérait après s’être blessée par rapport à ce qu’une fille normale pourrait faire. Toutes ces pensées traversaient l’esprit de Ristia, mais elles étaient simplement cela — les pensées de Ristia. Nanami et Gawain, deux personnes tout simplement normales, avaient commencé à soupçonner que Ristia était loin d’être normale. Et c’était Gawain qui avait été le plus choqué par ce fait. Son plan était de tuer Ristia, une fille normale, et de voler l’artefact pour lui. Malgré ce plan, Ristia était restée en bonne santé même après avoir été poignardée avec sa propre rapière.

« C’est quoi ce bordel !? Qu’est-ce que tu es, bon sang !? » cria Gawain.

« Hein ? Je te l’ai dit, je ne suis qu’une fille normale, idiot, » répliqua Ristia.

« Ce n’est pas vrai !! » En proie à la peur, Gawain avait perdu son sang-froid.

« Calmez-vous, M. Gawain, » déclara Nanami.

« Ferme ta gueule ! Je te dis de rester en dehors de ça, bonne à rien ! » Avec son tempérament bouillonnant, Gawain balança légèrement la rapière. Cette simple frappe suffisait non seulement à couper à travers le bâton que Nanami tenait, mais aussi à lui couper le corps.

« Oww !! » Nanami s’était effondrée alors que du sang coulait partout. Ristia en fut témoin et fut surprise, agenouillée aux côtés de Nanami.

« Nanami, vas-tu bien ? Peux-tu… te régénérer ? » demanda Ristia.

« … Un peu, si j’utilise la magie. Mais, aah, mon bâton est cassé, » répliqua Nanami, sa voix faible alors que de minuscules fleurs rouges commençaient à fleurir sur le sol du donjon. C’était une blessure que Ristia pouvait guérir instantanément si cela lui était arrivé. Cependant, on ne pouvait probablement pas en dire autant de Nanami. Consciente de cette possibilité, Ristia s’était sentie mal à l’aise.

« Keh, keh heh heh heh… J’avais raison de penser que c’était un artefact. Dans ce cas, la raison pour laquelle tu n’es pas morte avant, c’est parce que tu caches un artefact différent sur toi. Ça doit être ça, » déclara Gawain avec un gloussement strident. Gawain avait, bien sûr, compris la nature anormale de Ristia, mais comme il n’était pas assez fort pour accepter la réalité telle qu’elle était, il essayait de donner une explication plus pratique pour lui-même. « D’après ce que je vois, tu n’as pas de bijoux sur toi, donc ça exclut ça. Et à en juger par ta réaction il y a une minute… Ouais, maintenant je vois le tableau. Ta robe est l’artefact. »

« Ma robe ? Eh bien, oui, elle est enchantée, » répondit Ristia.

« Keheh, donc j’avais raison. Dans ce cas… déshabille-toi, sauf si tu veux que je te tue. » L’homme d’âge moyen essayait d’enlever les vêtements de l’adorable jeune fille. Cela s’était transformé en un véritable dilemme. Ristia n’avait cependant pas vraiment ressenti quoi que ce soit de la phase qu’il avait dite. Au contraire, elle s’était dite, Si je lui donne mes vêtements, ça le convaincra peut-être que je suis vraiment une fille normale ? Mais cela devait attendre.

« Désolée, mais ça devra se faire plus tard. Pour l’instant, s’occuper des blessures de Nanami passe en premier, » avait-elle déclaré par-dessus son épaule alors qu’elle était assise devant Nanami. Ristia avait affirmé qu’elle était une fille normale parce qu’elle ne voulait pas que Nanami ait peur d’elle, mais tout cela serait inutile si Nanami devait mourir. Le fait de prioriser Nanami était le choix évident.

« Arrête de te foutre de moi ! Pas question que je te donne le temps de faire ça ! Enlève cette robe ! Maintenant ! » cria l’homme.

« Je viens de te dire que je l’enlèverais si tu étais patient, n’est-ce pas ? » demanda Ristia.

« Tch ! Si c’est comme ça que ça va se passer… Je vais devoir te l’enlever par la force, » Gawain s’installa en position d’attaque avec la rapière, la tenant à hauteur de hanche. Réagissant à son intention d’attaquer, la rapière avait activé la capacité dont elle avait été enchantée, ce qui avait fait monter en flèche les capacités physiques de Gawain.

« Goûte à mon nouveau pouvoir, salope ! » cria Gawain, balançant la rapière à pleine force. Le niveau était loin d’être le même que lorsque Ristia maniait la lame, mais l’attaque était quand même imprégnée de mana — une attaque qui était dirigée directement sur Ristia. Mais c’était là que c’était arrivé…

***

Partie 4

Dès que Gawain avait frappé avec la rapière, Ristia avait lancé son propre sort. La magie offensive de niveau quatre déployée par Ristia avait englouti l’attaque de Gawain… ainsi que Gawain lui-même, brûlant tout son corps sans même laisser une seule cendre derrière. Il ne restait plus que les échos des derniers cris de Gawain qui résonnaient dans la vaste salle.

« Okie dokie, c’est réglé, » déclara Ristia.

Ristia venait d’effacer un être humain de la surface de la planète, mais elle n’avait pas montré une once de sentiment lorsqu’elle s’était à nouveau tournée vers Nanami. Nanami saignait abondamment. Son visage était déjà pâle et presque sans vie. Elle était sur la voie rapide vers les portes de la mort. Tandis que ces pensées lui traversaient l’esprit, elle se tourna vers Nanami, jusqu’à ce que…

« N-Ne me touche pas ! » s’écria Nanami.

« Quoiii !? » s’exclama Ristia.

Nanami l’avait rejetée si brutalement en dépit de sa respiration laborieuse, ce qui avait porté un coup terrible à Ristia. C’était un tel choc qu’elle s’était retrouvée agenouillée sur le sol, désespérée. Argh… Je n’arrive pas à croire que Nanami me déteste maintenant. Cela me secoue au plus profond de moi-même ~ ! Peut-être que le tuer était une erreur ? Mais j’avais peur que si je n’agis pas vite, Nanami meure… Si je n’agis pas vite, Nanami mourra. Je ne veux pas qu’elle me déteste encore plus qu’elle ne le fait probablement déjà, mais c’est mieux que de la voir mourir ! pensa Ristia en rassemblant les petits restes de force mentale qu’il lui restait et elle s’approcha de Nanami.

« Reste en arrière. Recule ! » s’écria Nanami.

« Je suis désolée. Tu dois être terrifiée. Mais essaie de contenir un peu ta peur, d’accord ? Je vais guérir tes blessures pour toi, » déclara Ristia.

« … Hein ? As-tu l’intention de guérir… mes blessures ? » demanda Nanami.

« Hmm-hmm, c’est exactement ce que je vais faire. » Pour Ristia, les humains n’étaient pas très différents des autres animaux. Si c’était mignon, elle l’aurait fait. Si c’était une affaire ne la concernant pas, elle ne mettrait pas la main dessus. Et si cela menaçait son bien-être, elle riposterait sans pitié. C’était son état d’esprit.

Pour l’instant, cette jeune fille était absolument tombée dans la catégorie « voulant faire un câlin » pour Ristia.

« Donc sur cette note, ça te dérange si j’utilise la magie ? » demanda-t-elle gentiment. L’espoir s’était formé dans les yeux effrayés et désespérés de Nanami.

« S’il te plaît… aide-moi… aide-moi…, » déclara Nanami.

« Ouais, laisse-moi m’en occuper, » déclara Ristia.

Maintenant qu’elle avait obtenu son consentement, Ristia avait posé sa main sur la blessure béante de Nanami et avait lancé le sort de guérison le plus puissant dont elle était capable, une magie de régénération de niveau huit. Une lumière divine avait enveloppé Nanami alors que sa blessure avait été instantanément cautérisée. Mais ce n’était pas la seule chose qu’il avait faite. Elle avait également éliminé toute anomalie dans son corps et remplacé le sang qu’elle avait perdu. De plus, il enlevait toutes les taches ou tous les dégâts sur ses vêtements et renforçait son corps délicat. Peu de temps après, la lumière était revenue dans les yeux flous de Nanami, et son teint était encore meilleur que la normale.

« W-Whoa…, » Nanami avait commencé à examiner son corps avec une expression d’incrédulité totale.

« Eh bien ? Es-tu bien guérie là ? » demanda Ristia.

« O-Oui. Tout… Tout est guéri. Même les cicatrices que j’ai depuis mon enfance. Vraiment tout. De plus, j’ai l’impression d’avoir un corps extraordinairement léger maintenant, » répondit Nanami.

« Génial, c’est une merveilleuse nouvelle ~, » Ristia avait célébré comme si c’était pour elle, et une fois que Nanami l’avait vu, ses joues avaient commencé à rougir.

« Euh… euh, merci beaucoup. Pour m’avoir sauvé la vie, bien sûr ! » déclara Nanami.

« Hmm-hm, tu n’as pas besoin de me remercier. » Tant que tu m’adores en tant que ta sœur aînée, alors tu n’as pas besoin de me remercier ! pensa Ristia, mais elle ne l’avait pas dit tout haut. Rien de tout cela ne servait à rien si elle lui demandait de l’appeler « Grande Soeur » par obligation pour une faveur. Elle voulait que Nanami l’appelle « Grande Soeur » de son plein gré. C’était ainsi qu’elle voulait que ça marche.

En échange, elle s’était présentée avec le meilleur attrait possible. « Je m’appelle Ristia. »

« Ristia. D’accord, Mademoiselle Ristia, » déclara Nanami.

« Mademoiselle… Ristia…, » elle avait penché la tête en signe de déception.

« Hein ? N’étais-je pas censée t’appeler comme ça ? » demanda Nanami.

« Euh… non, ça ne me dérange pas, c’est juste que…, » Ristia avait gardé l’espoir qu’elle l’appellerait peut-être « Grande Soeur Ristia », alors elle était un peu déprimée pour ça, mais elle avait rassemblé son énergie et avait essayé de l’utiliser.

« Qu’es-tu exactement, Mlle Ristia ? » demanda Nanami.

« Hein ? Je suis une fille normale, » répliqua Ristia.

« Une fille “normale” ne va pas bien après avoir reçu une perforation dans la poitrine par une épée ! » s’écria Nanami.

« Grr…, » Ristia commençait à avoir l’air triste. Pour Ristia, résister à une attaque dans le cœur était tout à fait normal. En fait, mourir à la suite d’une coupure serait plus étrange. Cependant, voyant que Nanami ne pouvait même pas imaginer que ce soit le cas, elle avait poussé un soupir.

« Tu ne peux pas balayer ça sous le tapis avec une moue mignonne. Tout à l’heure, tu as dit que c’était l’œuvre de la rapière, mais Monsieur Gawain avait cette rapière, et tu l’as tué sans problème. Ai-je tort ? » demanda Nanami.

« Par hasard, est-ce que le fait de tuer ce Monsieur Gawain, n’était pas bien ? » demanda Ristia.

« E-Euh… C’est lui qui a essayé de te tuer, donc je pense… que ce n’est pas forcément mauvais, » déclara Nanami.

« Ah, Ok…, » l’expression de Nanami alors qu’elle disait « je pense » semblait plutôt incertaine. En gros, c’était techniquement correct, mais c’était considéré comme exagéré. C’est ainsi que Ristia le perçoit.

« … Attends, alors revenons au sujet, n’as-tu pas balayé les choses sous le tapis de cette façon ? Mademoiselle Ristia, dis-moi. Qu’est-ce que tu es ? » demanda Nanami.

« Mais je suis une fille normale…, » répliqua Ristia.

« D’accord… permets-moi de changer ma phrase. Mademoiselle Ristia, tu n’es pas humaine, n’est-ce pas ? » demanda Nanami.

« Je veux dire, je…, » répondit Ristia.

Ristia était dans une situation délicate. Après tout, elle savait que si sa petite démonstration de force était suffisante pour lui faire peur, le fait de devenir une princesse de Sang Véritable lui ferait probablement encore plus peur.

« Je suppose que tu ne veux pas le dire ? J’ai… raison, n’est-ce pas ? Après les choses odieuses que Monsieur Gawain essayait de te faire tout à l’heure, je suppose que je ne peux pas te reprocher de ne pas me faire confiance, » Nanami subissait à sa façon la trahison qu’avait faite l’autre. Elle mentirait si elle disait qu’elle n’avait pas ses préoccupations, mais elle en était venue à la conclusion qu’il était grossier de poser des questions à la personne qui lui avait sauvé la vie. Bien que, malgré cela… Ristia transpirait des grosses gouttes avec l’interaction de Nanami. Après tout, Ristia savait qu’amener Nanami à l’appeler « Grande Soeur » serait une impasse complète si Nanami croyait qu’elle cachait des faits simplement parce qu’elle était prudente à son égard.

« Ce n’est absolument pas une question de confiance ! » répliqua Ristia.

« Tu n’as pas besoin de te forcer. Tu viens d’être poignardée par une épée, donc c’est normal que tu aies des doutes à mon sujet, » déclara Nanami.

« Je dis la vérité ! Nanami, je ne te soupçonne de rien ! » Ristia était désespérée, elle voulait se rapprocher de cette fille. « Je te jure que je ne te soupçonne pas. C’est juste que, euh, eh bien… tu sais. Si je te disais qui j’étais, tu pourrais avoir peur de moi comme avant… peut-être. »

« Peur ? Tu veux dire que j’aurais peur même si c’est moi qui t’ai demandé qui tu es ? » demanda Nanami.

« M-M-Mm-hmm. Tu veux dire que… n’auras-tu pas peur ? » Elle avait demandé à Nanami avec des yeux de chiot nerveux. Avec le regard de Ristia sur elle, les joues de Nanami rougissaient.

« J-J’admets que tu m’as l’air un peu intimidante, néanmoins, je te dois la vie. Je n’aurai pas peur, » déclara Nanami.

« … Vraiment ? » demanda timidement Ristia.

« Je suis désolée d’avoir perdu la tête tout à l’heure. Je pourrais finir par être surprise ou quoi que ce soit d’autre, mais tu ne me verras pas avoir aussi peur comme je l’ai fait avant. Je te le promets. » C’est pourquoi Nanami s’était empressée d’encourager Ristia, qui semblait nerveuse et mal à l’aise. En conséquence, Ristia accepta de tout cœur les paroles de Nanami.

« Oh, merci ~ ! En vérité, je suis la plus jeune fille des Sangs Véritables, » déclara Ristia.

Nanami s’était pétrifiée.

« … Hein ? S-Sangs Véritables ? Par “Sangs Véritables”, tu ne veux pas dire… la première tribu de vampires qui a gouverné ce continent jusqu’à il y a un millénaire… n’est-ce pas ? » demanda Nanami.

« Ouaip ! Je suis de la royauté vampirique ! » répondit Ristia.

Le visage de Nanami s’était figé comme jamais auparavant.

« Hein ? Euh, pardon… quelque chose ne va pas ? » demanda Ristia.

« O-Oh, rien ! Pas du tout ! Je n’ai pas le moins du monde… peur… Non ! » Nanami s’était forcée pour affirmer cela alors qu’elle frissonnait de partout. Elle avait manifestement peur, mais elle essayait probablement de faire semblant pour sa chère vie parce qu’elle avait promis qu’elle n’aurait pas peur.

« Euh, euh… Je suis désolée, » déclara Ristia.

« Non, c’est moi qui devrais être désolée. Tu m’as sauvée, donc je sais que tu n’as pas l’intention de me tuer, et pourtant…, » murmura Nanami, puis sursauta quand elle réalisa ce qu’elle avait dit. Elle avait ensuite regardé Ristia d’un air nerveux. « Ça te dérange si je te demande une chose ? »

« Hein ? Tu n’as pas besoin d’être gênée pour de telles choses. Tu peux m’en demander autant que tu veux, mais… oui, qu’est-ce que c’est ? » demanda Ristia.

« Lady Ristia, vous êtes la plus jeune fille des Sangs Véritables… ce qui voudrait dire que vous êtes une princesse vampire, n’est-ce pas ? » demanda Nanami.

« … Lady Ristia…, » murmura Ristia.

Elle soupira, déplorant que sa sœur s’éloigne encore plus de son emprise.

« … Hum, quelque chose ne va pas ? » demanda Nanami.

« Non, non, ce n’est rien. Tu me demandes si je suis un vampire, c’est ça ? C’est ce que je suis. Je suis la princesse de Sang Véritable. Un vampire, » répondit Ristia.

« Alors, est-ce que ça pourrait être que… vous m’avez sauvé la vie parce que vous allez, euh… faire de moi votre parente ? » demanda Nanami.

« Hein !? Eh bien, euh, euh…, » balbutia Ristia.

Vu que Ristia avait un peu songé à lui demander. « Ça te dérangerait de devenir ma parente et ma petite sœur ? » elle avait hésité à dire la vérité. Une fois que Nanami avait vu cette hésitation visible, son visage était rempli d’une sorte de désespoir — comme si elle savait que le monde touchait à sa fin. C’était là que la tragédie avait frappé.

Devenir la parente de Ristia, une Sang Véritable, signifierait être presque immortelle, posséder des capacités physiques avancées, ainsi qu’une longue durée de vie sans presque aucune pulsion vampirique. Cela signifiait gagner le corps ultime. Cependant, dans l’esprit de Nanami, devenir la parente des vampires de bas étage qui hantaient actuellement les terres signifiait acquérir des capacités physiques légèrement améliorées, mais introduisait une foule de faiblesses et signifiait même devoir boire le sang des gens pour avoir une chance de survie — et, dans le pire des scénarios, cela signifiait même perdre la raison. Il s’agissait de devenir ce qui était pratiquement un cadavre vivant.

Il y avait une énorme disparité dans ce qui leur venait à l’esprit quand il s’agissait de parents vampires pour les deux. Malheureusement, Ristia n’avait pas considéré que cet aspect s’ajoutait à l’équation, alors en voyant Nanami tomber dans le désespoir, elle avait cru que Nanami la rejetait.

« Désolée, tu n’aimes pas l’idée de parents, oui !? C’est bon, je ne ferai pas de toi une parente ! » s’exclama Ristia.

« V-Vraiment ? » demanda Nanami.

« Euh-hmm, euh-hmm-euh ! Je t’assure que je ne ferai rien que tu ne veuilles pas, Nanami ! » déclara Ristia. Waaaah, faire cette promesse signifie que je ne peux pas faire de Nanami ma petite sœur ~ ! Mais, mais… Nanami a l’air vraiment paniquée, donc je ne peux pas me permettre de lui faire faire quelque chose qu’elle n’aime pas. Sinon, je serais l’échec pour une sœur aînée. Je n’aime pas ça, mais c’est la vie. Une vie sans sœur… Sniff…

Ristia pleura intérieurement en jurant qu’elle ne ferait pas de la fille une parente.

***

Partie 5

« Tu ne vas vraiment pas faire de moi un membre de ta famille ? » demanda Nanami.

« Je le pense sincèrement… sincèrement… sincèrement… sincèrement ! » répondit Ristia, essayant désespérément d’apaiser l’inquiète Nanami, faisant sonner sa voix adorable dans tout l’étage du donjon. Sa persévérance avait fini par l’emporter, car elle avait aidé Nanami à calmer un peu ses nerfs.

« … Alors, très bien. Je croirai ce que vous dites, Lady Ristia, » déclara Nanami.

« Eh bien, je te remercie d’avoir cru en moi, » Ristia poussa un soupir de soulagement.

« Au fait, Lady Ristia ? Pourquoi dormiez-vous dans cette cage ? » demanda Nanami.

« Oh, ça ? Eh bien… Une petite sœur devait…, » commença Ristia.

« Une petite sœur ? » demanda Nanami.

« Euh, non, ce n’est rien. Laisse tomber, c’est tout, » déclara Ristia.

« Oh, OK… »

Nanami se souvint de ce qui était écrit sur le piédestal et décida de ne pas poser plus de question, en supposant que les raisons étaient trop compliquées. La vérité, c’est que Ristia était trop gênée pour lui dire. « Une petite sœur était ce que je voulais. Je le voulais tellement que je me suis enfuie de chez moi. »

« Est-ce tout ce que tu voulais savoir ? » demanda Ristia.

« Bien… une dernière chose, alors. Que comptez-vous faire maintenant, Lady Ristia ? » demanda Nanami.

« Qu’est-ce que tu veux dire… ? Qu’est-ce que j’ai l’intention de faire ? » demanda Ristia.

« Euh, vous savez… anéantir l’humanité ? Des trucs comme ça ? » demanda Nanami.

« Je suis… assez curieuse de savoir comment tu me vois, ma chère Nanami. » Je suis une fille tout à fait normale, alors pourquoi pense-t-elle que je ferais quelque chose d’aussi méchant ? réfléchit Ristia, baissant mignonnement la tête sur le côté.

« Vous êtes la princesse des Sangs Véritables, qui a régné en maître sur toutes les autres tribus à une époque beaucoup plus prospère que la nôtre. Et vous allez massacrer toutes les tribus que vous n’aimez pas, n’est-ce pas ? » demanda Nanami.

« Euh, non !? » répliqua Ristia.

« N’allez-vous pas le faire ? » demanda Nanami.

« Je ne vais certainement pas le faire ~ ! Mais pour le dire franchement, si quelqu’un détruisait des endroits que j’aimais ou quelque chose comme ça, je lui donnais une petite tape sur les doigts, bien sûr, » répondit Ristia.

Il était intéressant de noter que, si de telles choses se produisaient, Ristia descendrait sur les champs de bataille des tribus belligérantes, en criant. « Vous avez piétiné le parterre de fleurs, alors que j’ai travaillé si durement pour le faire ? Vous allez tous être punis ! » C’était le niveau qu’atteindraient ses agréables petites « tapes sur les doigts ». C’était exactement ce que Ristia pensait, on enseignait parmi de nombreuses tribus différentes qu’il ne fallait jamais mettre en colère un Sang Véritable, mais… on pouvait l’ignorer.

« Donc… vous n’allez pas détruire tous les humains… ? » demanda Nanami.

« Non, je ne vais pas le faire ~ ! … Attends… Est-ce que je viens de t’entendre dire “une époque bien plus prospère que la nôtre” ? » Il lui avait fallu une seconde pour l’analyser, mais Ristia avait compris ce que cela signifiait.

Ristia n’avait prévu qu’un sommeil de quelques décennies. En ce moment, elle avait l’impression qu’elle n’avait dormi que quelques années, puisqu’elle avait été réveillée par un incident imprévu. Mais, et si…

« Écoutez-moi, et essayez de ne pas être effrayée. Lady Ristia, si vous dites que vous êtes membre des Sangs Véritables, alors en l’état… Je pense, eh bien… Au moins un millénaire s’est écoulé depuis votre époque, » déclara Nanami.

« … Hein ? Un millénaire ? » s’exclama Ristia.

« Oui, madame. Les Sangs Véritables ont disparu il y a mille ans. C’est ce que je pense, mais je dirais que cela ne devait pas être le cas…, » déclara Nanami.

Elle n’avait aucune bonne raison de mentir. De plus, il était difficile d’imaginer Nanami mentir de toute façon, vu les circonstances actuelles. Ce qui voulait dire que même si les Sangs Véritables avaient disparu juste après qu’elle se soit endormie, un millénaire se serait déjà écoulé. C’est pourquoi Ristia avait été surprise. Choquée, en fait. Assez pour qu’elle pense, À quel point Père est-il un abruti ? Il n’a pas pu créer une autre progéniture en plus d’un millénaire !? Bien sûr, il y avait une foule de choses étranges dans tout cela en termes de sensibilité humaine, mais Ristia était extrêmement sérieuse à sa façon.

Les Sangs Véritables avaient été prédestinés avec une durée de vie de plusieurs millénaires. Ce qui était censé représenter quelques décennies de sommeil s’était transformé en tout un millénaire par inadvertance. C’était une erreur que Ristia avait reconnue comme étant moins un choc catastrophique qu’une surprise légèrement supérieure à la moyenne.

Ce qui valait la peine d’être mentionné ici, c’était qu’à peine une heure s’était écoulée dans l’esprit de Ristia depuis qu’elle avait commencé son sommeil. Elle n’avait pas encore surmonté la rage de sa dispute avec son père, le problème le plus important à ses yeux étant qu’elle n’avait pas de petite sœur.

Cependant, c’était exactement la raison pour laquelle elle avait plus accepté les faits. Les décennies qu’elle avait planifiées s’étaient transformées en un millénaire. Fondamentalement, si beaucoup de temps s’était écoulé et qu’elle n’avait toujours pas de sœur, alors les chances qu’une fille naisse pendant un deuxième sommeil potentiel étaient minces.

Hmm, peut-être que je devrais juste moi-même faire une petite sœur ~ ? OK, donc mon dernier plan est un peu raté, mais ma prochaine tentative sera sûrement plus facile. Je suis sûre que je peux trouver une fille qui sera ma petite sœur tant que je garde secret le fait que je suis une Sang Véritable et que je grandis normalement avec elle.

« Hum, est-ce que ça va ? » Nanami appela Ristia alors qu’elle réfléchissait à sa prochaine ligne d’action, la faisant revenir à la raison. Une fois que Ristia fut de nouveau consciente de ce qui l’entourait, elle remarqua que Nanami la regardait avec inquiétude.

« Hein ? Oh, je suis désolée. Je vais très bien. Tu m’as demandé ce que je ferais à partir de maintenant, non ? Je vais faire un petit voyage dans un village rempli de personne, » déclara Ristia.

« Un village plein de personnes ? Et que pourrais-tu y faire… si je peux me permettre ? » demanda Nanami.

« Je veux sauver des enfants dans le besoin ? » répliqua Ristia.

« Sauver des enfants dans le besoin, madame ? » demanda Nanami.

« Eu-Euh. Je veux chercher un enfant dans le besoin et l’aider, » expliqua Ristia.

« Hum, et… quelle serait votre but ? » demanda Nanami.

« Eh bien, je… euh, tu vois…, » Ristia lutta pour trouver ses mots, souriant, mais évidemment un peu embarrassé — ressemblant beaucoup à un ange envoyé des cieux d’en haut. « Parce que je veux sauver un enfant dans le besoin, voilà pourquoi. »

Ce que cela signifiait vraiment, c’était qu’elle voulait sauver un enfant — en particulier une jeune fille — et éventuellement faire d’elle une parente, ainsi que sa nouvelle petite sœur. C’était un stratagème sournois, mais… en se basant uniquement sur ses paroles et son comportement, on ne serait jamais capable de discerner ses véritables intentions.

« Comme… une sorte d’ange, » déclara Nanami.

« E-Excuse-moi ? Je ne suis pas un ange, je suis une fille normale. » Ristia se remémorait le même va-et-vient qu’elle avait fait avec son père alors qu’elle ressentait cela comme si c’était qu’il y a quelques heures, mais contrairement à cette époque, la personne qui la comparait à un ange avait un degré très différent de sincérité dans ses paroles.

« Je vous ai mal jugée. Souhaiter sauver des enfants dans le besoin est vraiment merveilleusement fantastique ! Les Sangs Véritables qui apparaissent dans les légendes sont décrits comme des démons, mais vous êtes pratiquement un ange, Lady Ristia ! » Il semblait que Nanami s’était faite de fausses idées, et d’une manière spectaculaire. La même fille qui était autrefois terrifiée par Ristia était maintenant émue par les paroles angéliques de Ristia. Ironiquement, cette explication avait été créée principalement par souci quant à la peur que Nanami avait montrée plus tôt. En changeant complètement d’attitude, Nanami avait commencé à adorer Ristia comme si elle avait rencontré un ange. « Voulez-vous bien me laisser vous guider ? Je veux dire, s’il vous plaît, laissez-moi vous guider ! Je vous en supplie ! »

« Hein ? As-tu l’intention de me montrer le chemin ? » demanda Ristia.

« Oui, Madame. Je serai votre escorte… bien que je doute que vous en ayez besoin. Vous aurez quand même besoin d’un guide, non ? Je veux le faire en gage de gratitude pour m’avoir sauvé la vie. Alors… je peux ? » demanda Nanami.

« Hmm, voyons voir ~ si tu insistes, alors peut-être que je devrais accepter ton offre ? » répondit Ristia.

« Merci infiniment, Lady Ristia ! » déclara Nanami.

Il semblait qu’au lieu d’être vue comme une sœur aînée, Ristia était vénérée comme une entité divine. C’était un peu malheureux, mais elle trouvait quand même le sentiment d’être adorée par quelqu’un assez bien. Plus important encore, Ristia avait toujours été entourée par les membres plus âgés de sa famille depuis sa naissance, alors bien qu’elle n’ait pas réussi à convaincre Nanami de devenir sa petite sœur, elle commençait à apprécier le temps passé avec elle. Ristia avait décidé qu’elle agirait ainsi avec Nanami pour le moment.

« OK, je vais me préparer, alors ne va nulle part ~, » Ristia s’était précipitée dans l’autre pièce. Elle avait nettoyé la cage de cristal qui s’était brisée sur le sol, plaçant les éclats dans sa boîte à objets.

« Maintenant, quoi d’autre ? Oh, je devrais me changer. Ouaip. » Avec un joli petit grognement, elle avait retiré sa robe trouée et ensanglantée. Avec ses vêtements maintenant réduits à son soutien-gorge et sa culotte bleu clair assortis, Ristia était allée fouiller dans l’assortiment de robes qu’elle avait personnellement conçues et rangées dans sa boîte à objets, sa silhouette mince restant exposée à l’air froid du donjon. Une fois qu’elle avait fait son choix, ce qu’elle avait sorti était une adorable robe de printemps avec des couleurs qui rappellent très bien le printemps, se tortillant rapidement dedans. La dernière chose qu’elle avait faite avait été de vérifier son apparence dans le miroir intégral qu’elle avait sorti de la boîte de la même façon. Laissant tomber dans le dos ses cheveux attachés, elle était retournée à l’étage où Nanami l’attendait.

« Okie dokie, désolée de t’avoir fait attendre ~, » déclara Ristia.

« Ce n’est pas un problème du tout. Bon retour parmi nous, Lady Ristia. Oh mon Dieu ! Vous avez changé de tenue, je vois ! » Les yeux de Nanami s’illuminèrent dès qu’elle vit la robe de printemps.

« Mm-hmm. Ma vieille robe était trouée et je me suis dit que cela conviendrait mieux si je me promenais. Alors ? Comment est-ce comment ? Ça me va bien sur moi ? » Ristia s’était retournée pour se montrer. Elle avait retourné ses cheveux noir de jais et l’ourlet de sa jupe, regardant Nanami par-dessus son épaule. Ses yeux cramoisis étincelants étaient extraordinairement captivants.

« Vous avez l’air parfaite ! » déclara Nanami.

« Ehehehe, merci ~ Oh, j’aime entendre ça. Tes vêtements ne sont-ils pas aussi déchirés ? » Nanami avait pris une frappe massive au niveau de la poitrine, ce qui la laissait dans un état déplorable. En remarquant son état vestimentaire actuel, la jeune fille avait crié une charmante petite « eek ! » et avait tiré sur le tissu vers sa poitrine dénudée. « Je peux te donner l’une de mes tenues. Si ça ne te dérange pas de porter mes vêtements, bien sûr. »

***

Partie 6

« L’une de tes tenues, Lady Ristia ? Ne m’offririez-vous pas… un artefact, n’est-ce pas ? » demanda Nanami.

« Pourquoi ? Bien sûr que non, » répondit Ristia.

« Vraiment, madame ? » Ristia sentit le regard de la jeune fille qui semblait douter d’elle.

« Pourquoi es-tu si sceptique ? » demanda Ristia.

« Je veux dire, vous avez dit que la robe que vous portiez au départ était enchantée, exact ? Je suppose donc que la robe de printemps que vous portez est aussi enchantée d’une manière ou d’une autre ? » demanda Nanami.

« Oui, eh bien, elle est enchantée à un degré normal. Il n’a, euh, voyons voir… Elle réfléchit les rayons ultraviolets au-delà d’un certain degré. Elle possède un contrôle de température intégré, ainsi que la capacité de rendre l’intérieur de la jupe invisible et d’être capable de se réparer, mais c’est vraiment tout, » déclara Ristia.

« C’est vraiment un artefact ! » s’écria Nanami.

« Quoi… ? » C’était l’enchantement de base que Ristia donnait toujours aux vêtements qu’elle fabriquait. Je ne sais pas si je peux les appeler artefacts justes à cause de ça… pensa Ristia, se sentant perdu. « Quoi qu’il en soit, tu n’as pas à t’inquiéter. »

« Je… Je ne pourrais pas ! Je vais m’en sortir. J’ai des vêtements de rechange avec moi, donc si vous voulez bien attendre…, » Nanami commença à se changer rapidement.

« Mais… tu n’as vraiment pas à t’inquiéter…, » déclara Ristia.

Super, Nanami et moi, on va devenir des jumelles ! Ristia avait d’abord pensé cela, mais elle s’était retrouvée à la place déçue. Peu de temps après, Nanami avait mis une simple tenue et était revenue auprès de Ristia.

« Merci d’avoir attendu, madame, » déclara Nanami.

« Oh, pas de problème. Alors, si tout est prêt, partons en surface, » déclara Ristia.

« D’accord… Oh, vous n’avez pas l’air d’avoir de bagages, » déclara Nanami.

« J’ai tout ce qu’il me faut dans ma boîte à objets, donc tout ira bien, » déclara Ristia.

« Vous ne cesserez jamais de m’impressionner, Lady Ristia ! » Il semblerait que le respect de Nanami avait atteint le niveau de la dévotion religieuse. Mais j’aimerais bien qu’elle se voie comme une sœur et non comme une servante…, pensa Ristia, légèrement déçue.

« Lady Ristia ? Y a-t-il un problème ? » demanda Nanami.

« Oh, non, non. Ce n’est rien du tout. Oui, à la surface. Est-ce qu’on y va ? » Ristia avait pris la tête et avait commencé à marcher vers l’avant. Nanami s’était empressée de la rattraper, prenant sa place aux côtés de la princesse.

Le donjon que Ristia avait creusé avec sa magie semblait à première vue n’être qu’une énorme grotte, bien qu’ordinaire, mais les murs pouvaient résister à n’importe quelle attaque lancée sur eux. Pour être plus précis, ils ne résisteraient pas à une attaque de l’ampleur de ce que Ristia avait révélé plus tôt, mais ils resteraient facilement résistants aux attaques normales puisque la magie protégeait toute la grotte. Et Ristia et Nanami avaient traversé cette grotte. En cours de route, ils furent attaqués par des monstres qui habitaient occasionnellement les donjons, mais Ristia ne sembla pas très gênée par eux. Elle était très motivée à le faire, alors qu’elle pensait : Protéger la petite Nanami ici est vraiment le rôle d’une Grande Soeur !

« Au fait, Nanami ? » demanda Ristia

« Oui ? Qu’y a-t-il, madame ? » demanda Nanami.

« C’est… enfin, ça. La façon dont tu parles. C’est tellement rigide et formel. Tu es libre de le ramener à quelque chose de plus décontracté, tu sais, » déclara Ristia.

« Je ne ferai pas une telle chose ! » s’exclama Ristia.

« Tu ne le feras pas !? » N’étant pas prête à être rejetée aussi vite, Ristia avait été durement touchée. « Mais pourquoi ? »

« Parce qu’il serait inconcevable de ma part de m’adresser à vous, un ange, d’une manière désinvolte, » déclara Nanami.

« A-Ange ? C’est un sacré saut de la comparaison, tu ne trouves pas ? » Elle n’était plus « comme un ange », Ristia était maintenant un être divin à part entière, qu’elle le veuille ou non. Ne me dis pas qu’elle m’a prise pour un ange… Est-ce ça ? pensa Ristia, alors que de la sueur coulait de son front.

« Ne vous inquiétez pas. Je n’interprète pas mal les choses, » déclara Nanami.

« Eh bien, tant que ce n’est pas…, » répondit Ristia.

« Vous êtes sans aucun doute un ange, Lady Ristia, » déclara Nanami.

« Mais c’est une mauvaise interprétation des choses ! » Ristia niait avec véhémence, mais Nanami semblait faire la sourde oreille, en continuant. « Même vous voir modeste, c’est incroyable ! Je n’en attendais pas moins de vous, Lady Ristia, car vous êtes à la fois un ange et un Sang Véritable ! »

Mais tu as tort ~ ! C’est faux, faux, faux, faux ~ ! Je ne suis qu’une princesse vampire des Sangs Véritables, je jure que je suis une fille normale ! Ristia hurlait à l’intérieur de son esprit, ignorant complètement à quel point cette prémisse était bizarre. Cependant, en même temps, un sentiment de résignation avait commencé à s’installer en elle. Si elle niait agressivement l’affirmation de Nanami, il y avait une chance que Ristia puisse effrayer à nouveau la pauvre fille. Elle en était venue à la conclusion qu’il était plus sûr de laisser les choses suivre leur cours, compte tenu de ce risque.

« … Gah, OK, assez ~ ! … En tout cas, pourquoi es-tu venu dans ce donjon, Nanami ? » demanda Ristia.

« Nous étions une équipe de reconnaissance envoyée en mission par notre guilde pour enquêter sur ce donjon. »

« Reconnaissance ? Ici ? » Le visage de Ristia se transforma en un regard de confusion quand elle apprit que Nanami enquêtait sur le donjon qu’elle avait construit pendant son entraînement en magie.

« Toutes mes excuses. Le fait que votre maison soit envahie et fasse l’objet d’une enquête ne doit pas du tout vous faire plaisir, » déclara Nanami.

« Ce n’est pas ma maison, alors ça ne me dérange pas. C’est juste… tu sais qu’il n’y a rien ici, hein ? » demanda Ristia.

« Non, il y avait un ange caché ici, Lady Ristia. C’est vous, » déclara Nanami.

« O-Oh, arrête, toi. Mais à part ça, il n’y a rien d’autre ici. N’est-ce pas ? » Ristia avait l’impression que plus elle niait cette affirmation, plus elle s’enfonçait dans le bourbier, alors elle puisait dans sa petite réserve de patience zen et avançait.

« Vous avez raison de dire que ce donjon est incroyablement vide en ce qui concerne les vestiges, mais l’équipe de reconnaissance n’est pas venue ici pour trouver quelque chose en particulier, » déclara Nanami.

« Hm… ? Peux-tu m’expliquer ce que tu veux dire par là ? » demanda Ristia.

« La guilde a trouvé l’entrée d’un ensemble de ruines protégées par la magie — ce qui semblait être un donjon de l’ancienne époque — sur une terre qui devait être remise en état, alors nous avons reçu l’ordre de faire une reconnaissance pour déterminer si elle présentait ou non un danger, » déclara Nanami, ajoutant un murmure, « mais, il est vrai, il y avait beaucoup de membres qui pensaient récupérer un trésor d’ici ». Elle insinuait probablement que c’était le but de Gawain et des autres, les poussant à agir avec imprudence et à subir d’énormes pertes en conséquence. Cependant, Ristia semblait plus intéressée par quelque chose d’autre que Nanami avait dit — les mots « terre qui devait être remise en état ».

« … Remise en état ? Il y a des humains ? Ici, dehors ? » Lorsque Ristia avait construit le donjon, aucun humain ne vivait dans les environs parce que c’était dans une forêt qui abritait des tribus relativement combatives comme les dragons et tout ça. Alors, les humains ont-ils étendu leur influence au cours des mille dernières années ? réfléchit Ristia. « Ça me rappelle quelque chose : Dans quel état est cette ère ? » demanda-t-elle en continuant à se réfléchir. Considérant qu’ils ont confondu cet adolescent avec un adulte, je suppose que les dragons ont bien diminué en puissance et en influence…

« Je crois que les humains règnent sur tout le continent, » déclara Nanami.

« … Hein ? Vraiment ? » C’était une tribu semblable en apparence à la sienne, mais les humains étaient plus faibles que tout. En fait, ils étaient les plus faibles de toutes les tribus que Ristia connaissait. Ce fut un choc d’apprendre que ces mêmes humains avaient pris le contrôle du continent.

« Naturellement, il y a des endroits que les gens ont déclarés hors limites en raison des menaces qui y résident, donc ce n’est pas comme si l’humanité était la plus forte. Mais de nos jours, les humains vivent sur la majorité du continent, » répondit Nanami.

« Hmm… Puis, il y a cette histoire de disparition des Sangs Véritables. Ne l’as-tu pas mentionnée toute à l’heure ? » demanda Ristia.

« Eh bien… c’est exactement comme je l’ai dit. L’histoire raconte qu’ils ont soudainement disparu de la surface du monde il y a un millénaire, » déclara Nanami.

« Ils ont disparu de la surface du monde, hein ? » La famille de Ristia, anéantie par une autre tribu, était tout simplement inimaginable. Peut-être qu’ils ont fait leurs valises et se sont déplacés ailleurs ? pensa-t-elle en penchant la tête.

« D’ailleurs, ils disent que la guerre a éclaté entre les tribus peu de temps après, » déclara Nanami.

« Aah... Cela semble probable. » Même à l’époque de Ristia, toutes les tribus les plus puissantes essayaient d’étendre leur territoire, c’est pourquoi elle n’était pas surprise d’apprendre qu’une guerre avait éclaté dès que les Sangs Véritables avaient disparu. Malgré cela, certaines questions étaient restées sans réponse. « Alors, comment les humains en sont-ils venus à régner sur le continent ? »

« On dit que c’est dû au fait que la vie d’un humain est si courte, » déclara Nanami.

« Hmm… ? Oh. Ooh… je comprends, » Ristia avait tout compris à partir de cette seule déclaration.

Les Sangs Véritables vivaient longtemps et donnaient rarement naissance à des enfants. En fait, il était si rare que les seuls enfants nés des Sangs Véritables depuis plusieurs siècles soient Ristia et ses sœurs aînées. Cela étant, s’il y avait une énorme baisse de la population, il leur faudrait des siècles pour que leur nombre revienne à la normale. Il semble que quelque chose de semblable soit arrivé aux autres tribus, comme les dragons et les démons. Fondamentalement, une sorte de bataille royale entre les tribus fortes avait réduit leur nombre de manière générale, et en conséquence, les humains avaient réussi à conquérir le continent vacant avec un boom de leur population pendant quelques centaines d’années.

Et cela signifiait aussi que… Il y a tout un tas de candidates mignonnes et susceptibles d’être ma petite sœur par ici ! En arrivant à cette conclusion, Ristia était ravie.

« Je parie qu’il y a beaucoup d’enfants dans le besoin, » déclara Ristia.

« Oui, on peut le dire. L’augmentation soudaine de la population a causé une multitude de problèmes ces derniers temps. Des choses comme les pénuries alimentaires, l’écart entre les riches et les pauvres qui se creuse, etc., » déclara Nanami.

« Vraiment ? Dans ce cas, je vais devoir les sauver jusqu’au dernier, » déclara Ristia.

« Vous êtes une merveille, Lady Ristia ! » déclara Nanami.

Nanami interprétait encore une fois mal le simple désir de Ristia d’avoir une petite sœur de façon stupéfiante. Quoi qu’il en soit, Ristia n’essayait pas d’offrir de l’aide simplement sous prétexte de tromper une fille pour qu’elle devienne sa sœur. Elle essayait honnêtement d’aider les enfants dans le besoin pour qu’ils en viennent à l’adorer en tant que grande sœur. Elle ne pouvait donc pas dire que l’évaluation de Nanami était nécessairement erronée… Loin de là. Si elle avait prédit ce que Ristia ferait à partir de maintenant, ce serait probablement une sous-estimation. Tout cela était parce que Ristia, la princesse vampire ignorant qu’elle était la plus forte, ne se retiendrait jamais si cela signifiait aider sa petite sœur. Cela dit… elle avait peut-être vaporisé un dragon pour sauver Nanami, mais elle n’avait pas compris qu’elle possédait des capacités très éloignées de celles des humains. Il n’y aurait aucune chance pour Ristia d’aller dans la société humaine et de ne pas causer toute sorte de bévues. Malheureusement, il n’y avait pas une seule âme dans le morne donjon qui partageait cette prédiction.

« Oh, je vois la sortie ! » Elles avaient atteint la surface — une vue que Ristia avait perçue comme n’ayant été vue que quelques heures auparavant. Cependant, ce qui s’était répandu sous les yeux de Ristia, c’était le paysage inconnu du monde humain après mille ans.

Priant pour qu’une petite sœur l’attende avec espoir, Ristia s’élança vers l’avant.

***

Épisode 2 : La fille normale autoproclamée retourne à la civilisation

Partie 1

Le duo était ainsi sorti du donjon et remonta à la surface. Là, une forêt dense s’étendit sous les yeux de Ristia, les faisant se remplir de crainte.

« Wowie... Beaucoup de temps s’est vraiment écoulé depuis mon sommeil, n’est-ce pas ? ~ ? » s’écria Ristia.

« Cette zone était-elle différente il y a mille ans, madame ? » demanda Nanami.

« Oui, très certainement. De mon temps, cet endroit n’était qu’une grande parcelle de terre brûlée, » répondit Ristia.

« Terre brûlée… ? Y a-t-il eu une sorte de guerre ? » demanda Nanami.

« Hmm-mm, non. C’était juste que cette région était habitée par des dragons, » répondit Ristia.

« Oh… des dragons. C’est vrai. » Les dragons qui étaient venus à l’esprit de Nanami faisaient plusieurs mètres de haut, tout comme celui du donjon. Mais les dragons dont parlait Ristia étaient dix fois plus grands que cela, ce que Nanami ne pouvait même pas comprendre, alors elle avait un regard d’incrédulité présent sur son visage. Ne connaissant apparemment pas l’expression de Nanami, Ristia étira les bras et commença à se prélasser dans la lumière qui brillait à travers les branches des arbres.

« Hmm ~ la douce lumière du soleil fait du bien ~, » déclara Ristia.

« Oui, tout à fait… Oh, Lady Ristia !? Ça ne vous dérange pas de vous baigner au soleil ? » demanda Nanami.

« Je vais très bien. Je suis si heureuse que j’ai envie de chanter et de danser. » Ristia avait souri, mettant son index sur ses lèvres et disant : « Garde le secret. » Il n’y avait que les deux filles qui étaient dans le coin, donc c’était un mystère de savoir à qui elle le cachait, mais le geste de Ristia était quand même mignon. Nanami s’était trouvée captivée par l’allure de Ristia. C’est jusqu’à ce moment-là…

« Non, attendez, attendez. Ce n’est pas ce que je voulais dire. La lumière du soleil n’est-elle pas la faiblesse d’un vampire… ? » demanda Nanami.

« Nos capacités physiques diminuent à environ la moitié de ce qu’elles sont la nuit lorsqu’elles sont exposées à la lumière du soleil, mais ce n’est pas particulièrement une faiblesse, » déclara Ristia.

« … Dites-vous que vos capacités réduites de moitié ne sont pas une raison suffisante pour appeler ça une faiblesse ? » demanda-t-elle, réfléchissant par rapport à ce que sa logique lui disait.

Mais Ristia lui fit un regard perplexe. « Pourquoi ? » demanda-t-elle.

« “Pourquoi”… ? En d’autres termes, cela signifie que le fait d’être exposé à la lumière du soleil met votre force à mi-capacité par rapport à la nuit, n’est-ce pas ? » demanda Nanami.

« Hmm, pas du tout, » répondit Ristia.

« … Alors qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda Nanami.

« C’est simplement que je n’utilise de toute façon qu’une fraction de ma force maximale, donc cela ne me dérange pas, » déclara Ristia.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Nanami.

Nanami était sidérée que le « Hee-yah » avec juste une fraction de la puissance de Ristia en elle suffise à anéantir ce dragon.

« C’est pourquoi ce n’est pas nécessairement une faiblesse, » déclara Ristia.

« Eh bien, quand vous le dites comme ça… Oui, je suppose que c’est logique, » déclara Nanami.

Si elle n’utilisait qu’une fraction de sa puissance normalement, elle irait parfaitement bien même si ses capacités physiques maximales étaient réduites de moitié. Et pour couronner le tout, en pensant à la façon dont elle avait transformé ce dragon en cendre avec sa fraction de « Hee-yah », il était difficile d’imaginer qu’un jour viendrait où Ristia aurait besoin de se battre à sa pleine puissance. Peut-être était-il raisonnable que Ristia elle-même ne l’ait jamais considéré comme une faiblesse.

« Mais j’ai entendu dire qu’il y a des vampires qui ne peuvent pas supporter la lumière du soleil. Par exemple, lorsqu’ils sont touchés, ils deviennent visiblement plus faibles, ou même réduits en cendres dans certains cas. Mais c’est de cas rares, » déclara Ristia.

« Ces cas rares… J’ai l’impression de perdre la notion de la norme en discutant avec vous, Lady Ristia, » déclara Nanami.

« Pourquoi ? Je suis juste une fille normale. » Elle pencha la tête sur le côté en raison de la confusion. Ses cheveux d’un noir de jais se balançaient alors que ses deux yeux pourpres en dessous de sa frange étaient poussés vers le haut par le sourire qu’elle avait sur les lèvres.

« Oui, je suis bête…, » Je veux dire, qu’est-ce qui est normal, de toute façon ? pensa Nanami, à l’insu de Ristia. « Ehehehe..., » Nanami avait gloussé d’une manière adorable, en arrivant à cette conclusion.

« D’accord. Alors, allons en ville ~, » déclara Ristia.

« Oui, Madame. Je vais vous montrer le chemin. C’est à l’ouest d’ici. À pied, ce serait environ… à trois jours de marche, » déclara Nanami.

« Okie dokie ~, » Ristia fit un signe de tête vif lorsqu’elle commença à marcher en direction de la ville. Après avoir marché pendant un certain temps, Ristia avait pris la tête. La forêt dense était censée être un défi relatif à parcourir à pied, mais Ristia était là, marchant dans une robe de printemps avec la plus grande facilité. Nanami avait l’habitude de partir en voyage, avec l’avantage supplémentaire de se sentir plus léger que d’habitude après avoir été enchanté par la magie de guérison de Ristia. Malgré cela, c’est Nanami qui avait commencé à paniquer, car elle avait l’impression d’être sur le point d’être laissée pour compte.

« L-Lady Ristia ! S’il vous plaît…, » avant qu’elle n’ait fini de dire : « Attendez un instant ». Nanami s’était arrêtée d’elle-même. C’était surtout parce qu’elle savait qu’elle ne pouvait pas être celle qui ralentirait le groupe après qu’elle ait été celle qui avait offert ses services comme guide. Cependant, au moment suivant, Nanami avait découvert que sa panique provenait d’autre chose — que quelque chose était que le buisson qui se mettait normalement au travers de ses jambes. Ce n’était pas non plus la bonne façon de le dire. L’herbe et les lianes s’éloignaient littéralement du chemin de Nanami — un phénomène d’un autre monde qui serait normalement impossible.

Lady Ristia pourrait-elle, par hasard, faire ça pour moi ? C’est ce qu’avait pensé la jeune fille en regardant Ristia marcher un peu plus loin, la surveillant par-dessus son épaule.

« Ça va, ma chère Nanami ? Si tu as des difficultés, n’hésite pas à me demander de l’aide, » déclara-t-elle avec le sourire aimable d’un ange.

« Merci beaucoup ! » déclara Nanami.

Si gentille et mignonne… Lady Ristia est vraiment un ange ! pensa Nanami, je serais tellement heureuse si une fille comme elle était ma Grande Sœur.

Cependant, la phrase gravée sur le piédestal de la salle du donjon et les propres mots de Ristia étaient venus à l’esprit de Nanami. Elle n’avait jamais pu vraiment demander la raison exacte pour laquelle Ristia avait dormi dans cette cage, mais apparemment elle était à la recherche de sa petite sœur. En d’autres termes, Ristia avait une petite sœur avec qui elle s’était séparée dans la vie — ou peut-être même dans la mort. Il n’était pas possible qu’elle se contente de valser vers elle et de lui demander si cela la dérangeait qu’on l’appelle « Grande Soeur ». Bien sûr, elle comprenait mal la situation. Si elle avait proposé cette idée à Ristia, la princesse hocherait la tête, sautant de joie tout le temps, mais voyant qu’il n’y avait aucun moyen pour Nanami de le savoir, ses pensées s’étaient engagées dans une autre voie. Ce fut le début d’une série de malheureuses erreurs de communication.

Quoi qu’il en soit, Nanami et Ristia avaient traversé la forêt à un rythme anormalement rapide, mais le franchissement d’une randonnée ordinaire de trois jours en une après-midi serait une tâche impossible pour quiconque. Le soleil avait commencé à se coucher au milieu des arbres. C’était aussi à ce moment-là que Nanami se souvint de quelque chose de très important.

« Lady Ristia, je suis désolée, mais j’ai oublié que je n’ai plus rien à manger. » En plus de perdre plusieurs jours qui n’étaient pas prévus dans le donjon, elle avait lancé son inventaire pour échapper à tous les monstres, ce qui l’avait laissé sans rations. Elle s’était mise à paniquer, pensant, je peux personnellement supporter la faim, mais je ne peux pas permettre à Lady Ristia de souffrir de ça.

« Hm ? Dîner ? Oh, c’est vrai. Je suppose qu’il est temps de dîner. Mais d’abord…, » dit Ristia en agitant la main droite. Dès qu’elle l’avait fait, la parcelle de terre sous leurs yeux avait été défrichée.

« … Excusez-moi ? » Nanami avait été stupéfaite du phénomène surnaturel. Elle avait anéanti toutes les plantes et la végétation qui se trouvaient en face d’eux et avait instantanément créé une parcelle de terre vide. Nanami n’avait jamais entendu parler d’un sort capable de cela. Non seulement cela, mais Ristia n’avait même pas tracé un cercle magique pour le faire avant. Normalement, il faudrait dessiner un cercle magique et réciter une incantation pour utiliser la magie, mais… il avait été dit que l’on pouvait omettre l’incantation et le cercle si on était deux niveaux supérieurs au niveau du sort. Pour Nanami, c’était en tout cas le cas. Ristia utilisait une boîte à objets de niveau 4 tout en omettant un cercle magique, alors elle avait prédit qu’elle était capable d’utiliser au moins la magie de niveau 6. Cependant, sa magie tout à l’heure était sans incantation et se situait clairement au-dessus du niveau 4. Peut-être Lady Ristia est-elle capable d’utiliser la magie de niveau 7, le niveau que les Sangs Véritables auraient atteint avant leur disparition, pensa Nanami.

« Boîte à objets, ouvreeeee toiiii ~ ! » s’écria Ristia.

Tandis que Nanami se tenait debout, surprise, Ristia utilisa sa boîte à objets. Puis, dans la zone vide qu’elle venait de faire, une petite maison avait vu le jour.

« C’est quoi, cette maison ? » demanda Nanami.

« Hein ? S’il était plus gros, cela détruirait beaucoup d’arbres ici, alors j’en ai choisi une plus petite, mais… Une maison plus grande aurait-elle été mieux ? » demanda Ristia.

« Non, ce n’est pas ce que je voulais dire ! J’étais… Haah, oubliez ça, » déclara Nanami.

Il avait été dit que la capacité de stockage d’une boîte à objets était proportionnelle au niveau de mana et de compétence magique de l’utilisateur. Nanami avait appris que sa capacité de stockage maximale était à peu près du volume d’une boîte en bois transportable par des mains humaines. En toute logique, l’idée d’une maison qui sortirait de l’un d’eux était absurde. Pourtant, Ristia demanda à Nanami si une maison plus grande aurait été mieux, ce qui signifiait qu’il y avait la possibilité que d’autres maisons soient rangées, mais… Nanami avait juste regardé au loin, en se disant. Penser à ça ne m’aidera certainement pas ici.

« D’accord, allons à l’intérieur ~, » Ristia avait gentiment suggéré alors qu’elle était entrée sans une seconde d’hésitation. Nanami la suivit timidement peu après.

« Eh bien, rien ne va plus… Oh, wôw…, » s’exclama Nanami.

En voyant l’intérieur, Nanami savait vu son souffle coupé. La chambre était décorée avec de jolis motifs simples, mais mignons et disposait également d’un grand lit et d’une grande table.

« Il n’y a pas de cuisine, mais il y a une douche et des toilettes à l’arrière, » déclara Ristia.

« Une… douche ? » demanda Nanami.

« Ouaip. Tu peux te laver avec de l’eau chaude ~, » déclara Ristia.

« Attendez, je peux quoi ? » Habituellement, les roturiers se nettoyaient eux-mêmes avec l’eau d’un seau, alors les douches étaient un luxe. Les aristocrates pouvaient prendre des bains chauds, mais elle n’avait jamais entendu parler de se laver le corps avec de l’eau chaude en campant dans la forêt. Elle est vraiment hors-norme, Nanami l’admirait alors qu’elle poussa un soupir un peu étonné.

« Oh, mais une maison n’a pas forcément de la nourriture. Je vais aller chercher quelque chose dans le coin, alors ça vous dérangerait d’attendre ici ? En fait… Qu’est-ce que vous mangez, Lady Ristia ? » demanda Nanami.

« Qu’est-ce que je mange ? Des plats normaux, » répondit Ristia.

« N’avez-vous pas besoin de sang ? Si c’est le cas, alors, hum… voudriez-vous boire mon sang ? » demanda Nanami.

***

Partie 2

Pour le dire franchement, si Nanami devenait la parente d’un vampire, elle n’aurait pas besoin de se faire boire son propre sang, mais plutôt de boire le sang du vampire en question. Donc, dans ce cas, elle voulait dire que ce n’était qu’une façon d’offrir de la nourriture. Au début, Nanami n’aurait jamais offert son propre sang, mais dans le peu de temps qu’elles avaient passé ensemble, elle avait réalisé que Ristia était un ange bienveillant envoyé du ciel. Maintenant, elle l’adorait tellement qu’elle était prête à laisser Ristia boire son propre sang si elle en avait besoin.

« Merci, mais ça va aller, » déclara Ristia.

« … Oh, vous ne le ferez pas ? » demanda Nanami.

« Oui, j’ai entendu dire que si je bois du sang humain vivant, mes capacités physiques doublent pendant quelques jours, » déclara Ristia.

« … Vous avez entendu ça, madame ? » demanda Nanami, perplexe.

« Ouaip. Je l’ai dit plus tôt, mais je n’utilise de toute façon qu’une fraction de mon pouvoir, » déclara Ristia.

« Oh… Donc vous dites que vous n’avez pas besoin de pouvoir. Dans ce cas, n’avez-vous pas de pulsions vampiriques ? » demanda-t-elle, pensant de son côté, Puisqu’elle se dit vampire, boire du sang serait un trait commun. En fait, on ne peut pas vraiment traiter quelqu’un de vampire à moins qu’il ne boive du sang.

« Maman m’avait dit que j’aurais des impulsions une fois que j’aurais atteint la puberté ou peu importe, mais… pour le moment, je n’ai rien eu du genre, » déclara Ristia.

« Oh wôw. Dans ce cas, si vous voulez boire du sang, faites-le-moi savoir. Tant que mon sang vous conviendra, ça ne me dérangera pas que vous le buviez quand vous en aurez besoin, » déclara Nanami.

« Merci, mais même si cette envie me venait à l’esprit, je ne pense pas que je voudrais boire ton sang, Nanami, » déclara Ristia.

« Hein ? Est-ce que mon sang a l’air dégoûtant, madame !? » Si oui, c’est un choc, se dit Nanami. Ristia, cependant, lui avait fait un sourire ironique, lui assurant que ce n’était pas le cas.

« Nanami, sucer du sang, c’est pour la nourriture, non ? Donc, oui. Je ne veux pas te voir comme de la nourriture, » déclara Ristia.

« … Lady Ristia. » Ristia ne lui avait pas vraiment dit que c’était parce que Nanami était quelqu’un de spécial, mais Nanami avait quand même l’impression qu’elle pensait à elle d’une manière spéciale, ce qui lui faisait plaisir à entendre.

« Quoi qu’il en soit, je peux très bien manger de la nourriture normale, » déclara Ristia.

« Je vois. D’accord. Je vais aller chasser un animal, » dit Nanami alors qu’elle s’apprêtait à sortir de la maison avant que Ristia ne l’arrête, lui disant d’attendre.

« Il y a de la nourriture chaude et prête ici, alors ne t’inquiète pas pour ça. » Ristia étendit doucement une nappe et commença à mettre habilement des plats sur la table, y compris des bols de soupe, un plat de viande, un bol de salade, et une assiette remplie de pain. La vapeur s’élevait des plats sur la table, et cela avait vraiment l’air fraîchement cuisinés, mais… une boîte à objets étant un hangar de stockage. Les lois du temps ne s’appliquaient pas à tout ce qui se trouvait à l’intérieur, mais c’était une chose dont Nanami n’avait jamais entendu parler bien qu’elle commençait à y penser.

Je suppose que c’est bien approprié pour vous, Lady Ristia… pensa Nanami, s’acclimatant de plus en plus à la proximité de Ristia.

« D’accord, mange-t-on avant que cela ne refroidisse ? » demanda Ristia.

« Oh, est-ce acceptable que je mange ? » demanda Nanami.

« Mais bien sûr ~ Viens maintenant, assieds-toi à côté de moi, » déclara Ristia.

Nanami fit ce que Ristia lui proposa, en s’asseyant à côté d’elle. Elles étaient extrêmement proches l’une de l’autre, ce qui donnait à Nanami une bonne vue sur le beau profil de Ristia, ce qui l’amenait à baisser le visage.

« Bien alors, commençons à manger ~, » déclara Ristia.

« Oui, oui, allons-y, » répondit Nanami, mais il semblait y avoir plusieurs cuillères et fourchettes posées sur la table. Étant la roturière qu’elle était, il n’y avait aucun moyen qu’elle connaisse les bonnes manières en matière de coutellerie, ce qui la rendait extrêmement agitée.

« Ce n’est pas grave. Ça me fait plaisir que tu partages un repas avec moi, Nanami. Alors, ne t’inquiète pas des bonnes manières. Profite de ton repas, » déclara Ristia.

« O-Oh, merci beaucoup. Eh bien, alors… Hmm ! Oh, wôw. C’est délicieux ! » Nanami avait pris une bouchée de la viande et la trouva si délicieuse que ses yeux s’ouvrirent comme des soucoupes. « C’est tout simplement délicieux. Je n’ai jamais mangé un rôti aussi délicieux de toute ma vie ! »

« Heheh. Merci, » déclara Ristia avec un sourire vraiment très heureux. Nanami était loin de se douter que Ristia était en train de s’amuser en pensant, Oh mon Dieu, Nanami m’a complimentée. Je suis si heureuse ! Cependant, elle savait que son commentaire plaisait à Ristia, ce qui était une bonne chose.

« Est-ce vous qui l’avez fait, Lady Ristia ? » demanda Nanami.

« Euh, c’est bien sûr moi que je l’ai fait. J’avais espéré que ma petite sœur partagerait ce repas avec moi un jour, » déclara Ristia.

« Petite sœur… N’avez-vous donc pas une sœur cadette ? » Elle l’avait demandé, pensant qu’il s’agissait là d’une occasion en or, car Ristia elle-même avait soulevé le sujet qui pesait sur Nanami depuis le tout début. Cependant, quant à la réponse de Ristia…

« … Hmm-mm, pas en ce moment, » déclara-t-elle avec un sourire triste.

Ce qu’elle voulait dire par là, c’est que le désir extrême et intense de Ristia pour une petite sœur la poussait à préparer des plats avant que sa petite sœur ne naisse et à les conserver avec de la magie, mais il était impossible que Nanami ait pu en faire la même interprétation. Au lieu de cela, Nanami regrettait intensément d’avoir posé la question. Elle a fait ce plat pour sa petite sœur, mais cette petite sœur n’est plus là. Cela ne pouvait que signifier qu’elle est séparée de sa sœur dans la mort, pensa Nanami. C’était une personne gentille, ainsi que sa sauveuse. Et bien qu’elle soit son aînée, elle avait l’impression qu’elle ne pouvait pas se séparer d’elle. Cela lui avait donné envie de soutenir Ristia de toutes les manières possible.

Lady Ristia ? Si ça ne vous dérange pas, pourrais-je remplacer votre petite sœur ? Je ne fais que rêver, non ? Une simple humaine comme moi n’oserait pas demander quelque chose d’aussi éhonté. Mais si le moment vientLady Ristia me demande de devenir sa petite sœur, alors dans ce cas…, pensa Nanami, gardant ces idées secrètes pendant qu’elle participait au délicieux repas que Ristia avait préparé.

***

D’un autre côté, partager un repas avec Nanami avait bouleversé Ristia, car c’était la première fois qu’elle partageait un repas avec une fille plus jeune qu’elle. Ristia n’avait jamais mangé qu’avec ses parents ou ses sœurs aînées. Elle était toujours à la merci de leur amour et des commentaires sur sa beauté, mais elle n’avait jamais été celle qui donnait l’amour. D’où l’intérêt… pour elle d’avoir une petite sœur. Ce qui m’intéresse, c’est d’être une Grande Sœur ! Je veux gâter une petite sœur ! Elle en avait tellement fait une priorité qu’elle n’avait pas une idée concrète de la façon dont elle voulait s’y prendre pour obtenir une petite sœur. Cependant…

« Lady Ristia, votre cuisine est incroyable ! Incroyable ! » déclara Nanami.

 

 

Nanami complimentait si innocemment le repas que Ristia avait préparé. Nanami était si mignonne qu’elle ne pouvait même pas le supporter. Je veux protéger cette fille. Je veux en faire ma parente et passer l’équivalent d’une éternité avec elle. Ces émotions jaillissaient pratiquement de sa poitrine. Les sentiments qui l’accablent lui avaient fait réaliser d’un seul coup, Ah, mince… C’est probablement ce que mes grandes sœurs ressentaient pour moi. Ristia s’était aussi dit que si elle pouvait se sentir si heureuse avec Nanami maintenant même si elle n’était pas sa petite sœur, elle serait probablement encore plus heureuse si elle l’était.

Je veux une petite sœur. Je veux faire de Nanami ma petite sœur. Douce Nanami, deviens ma petite sœur ! pensa Ristia, mettant les émotions emprisonnées dans son cœur en mots et les laissant presque s’envoler de sa bouche, mais Nanami lui proposait de la conduire en ville pour la remercier de lui avoir sauvé la vie. Elle lui avait même offert son propre sang si Ristia en avait besoin. Nanami rendait une faveur à Ristia. À ce stade, si Ristia avait demandé à Nanami de devenir sa parente, la jeune fille répondrait sans doute docilement et instantanément : « Si tel est votre souhait, Lady Ristia, je le ferai avec plaisir » et deviendrait sa petite sœur. Mais… ce n’était pas bon.

Ce que Ristia voulait, c’était une fille qui ferait preuve d’une grande sincérité envers sa sœur aînée, et non une fille qui jouerait le rôle d’une petite sœur par obligation. C’est pourquoi je ne peux pas mal agir en lui demandant de devenir ma petite sœur, pensa Ristia, en réfrénant sa demande de sœur. Mais cela ne voulait pas dire qu’elle renonçait à faire de Nanami sa petite sœur, elle allait faire tout ce qu’elle pouvait pour s’assurer que Nanami lui proposerait d’assumer ce rôle toute seule. Ristia garda sa décision pour elle pendant qu’elle regardait Nanami manger son repas avec joie.

***

Partie 3

L’après-midi suivant, Ristia et Nanami arrivèrent à un endroit où une ville entourée de murs de pierre était visible au loin.

« Lady Ristia. La ville que vous voyez là-bas est celle où je vis, Sistania ! » Nanami était ravie. Au début, elle donnait l’impression d’être une fille docile et introvertie, mais au cours des deux derniers jours, elle était devenue beaucoup plus exubérante. Elle ne l’adorait pas en tant que Grande Sœur, mais l’adorait comme un ange, ce qui était une source de mécontentement pour Ristia… mais Nanami ne s’en rendait pas vraiment compte.

Je suis contente qu’elle m’adore, mais ce n’est pas censé être comme ça ! pensa Ristia incapable de s’empêcher de se lamenter sur sa situation.

En tout cas, les deux filles avaient réussi à atteindre l’entrée de la ville. C’est alors qu’un homme plus âgé, habillé comme un chevalier effectuant des contrôles auprès des visiteurs, s’approcha d’elles.

« Bienvenue à Sistania, jeune fille. Qu’est-ce qui vous amène dans cette ville ? » demanda le garde.

« Sauver des personnes ! » répondit Ristia.

« … Pardon ? » Le soldat avait l’air abasourdi par la réponse sans hésitation de Ristia.

« Comme je l’ai dit, je suis ici pour sauver les enfants dans le besoin, » déclara Ristia.

« Êtes-vous… sérieusement en train de dire ça ? » demanda le soldat.

« Lady Ristia est un ange ! » déclara Nanami.

« Ange ? Qu’est-ce que… attends, Nanami ? Ma parole, tu es en sécurité ! » s’exclama l’homme en courant vers Nanami.

« Ooh, c’est vraiment toi, Nanami. Dieu merci. Tu étais donc en sécurité. Tout le monde était inquiet, car l’équipe de reconnaissance n’est pas revenue le jour prévue ! » Nanami s’était mordu les lèvres et avait baissé la tête en regrettant. Le soldat avait fait une expression emplie de doute en réponse au changement d’attitude de Nanami. « En parlant de ça, où sont les autres membres ? »

« … Tout le monde a été tué, » les mots de Nanami lui avaient coupé le souffle, mais son expression s’était vite tendue pour se préparer à la suite.

« … Que s’est-il passé ? » demanda le garde.

« Des monstres vivaient dans ce donjon. Un par un, tout le monde a été éliminé. La seule raison pour laquelle je suis en vie, c’est grâce à Lady Ristia, » déclara Nanami.

« “Lady Ristia” ? Je ne suis pas sûr de ce que tu veux dire par là, mais je suis content que tu sois en vie. Je vais contacter la guilde, alors reste ici, d’accord ? » déclara le soldat avant de courir quelque part. Ristia le regarda faire, pointant son regard vers les rues visibles de l’autre côté de la porte. Le long de la rue principale, il y avait des bâtiments de pierre empilés. Même par rapport aux humains de la génération de Ristia, ils n’avaient pas fait beaucoup de progrès. En fait, on aurait dit qu’ils avaient régressé. Cependant, l’échelle de la ville était beaucoup plus grande que n’importe quelle ville que Ristia connaissait.

« Cette ville est vraiment immense ~, » déclara Ristia.

« Croyez-le ou non, mais elle n’est pas très grande comparée à beaucoup d’autres villes, » répondit Nanami.

« Wowie, je vois que les humains ont vraiment augmenté en nombre. Combien de personnes vivent dans cette ville ? » demanda Ristia.

« J’ai entendu parler de vingt à trente mille, » répondit Nanami.

« C’est sûr que c’est beaucoup pour moi ~. » Même si la durée de vie humaine était d’un siècle, ils produiraient deux à trois cents personnes par génération. La moitié d’entre elles sont peut-être des filles, mais d’après mes calculs, cela signifie qu’il y a facilement un millier de candidates pour être ma petite sœur dans cette ville ! se dit Ristia. En même temps, elle avait formulé un plan pour se trouver une petite sœur dans cette ville.

« Nanami, j’ai une requête, » déclara Ristia.

« S’il vous plaît, laissez-moi faire, » déclara Nanami.

« Oui, mais je ne t’ai encore rien dit. Ce n’est pas bon d’accepter une demande quand on ne sait même pas ce qu’on va te demander, » déclara Ristia.

« Ce n’est pas un problème, madame, » déclara Nanami.

« C’est un problème…, » Ristia poussa un léger soupir.

Ne pas demander à Nanami de devenir sa petite sœur était la bonne option. À ce rythme, si elle avait prétendu être sa petite sœur par obligation, la situation aurait été irrécupérable. Au lieu de cela, elle avait prévu de ne pas précipiter sa relation avec Nanami, de prendre son temps et d’établir petit à petit des liens entre elles.

« Alors, que voulez-vous que je fasse pour votre demande ? » demanda Nanami.

« Ma demande concerne mon identité. J’aimerais que tu gardes ça secret autant que possible, » répondit Ristia.

« Mais pourquoi !? Vous me demandez de cacher le fait que vous êtes un ange pour tout le monde, Lady Ristia !? » elle n’avait pas pu s’empêcher de crier. Ristia fut déconcertée par la réaction de Nanami.

« Je suis sûre que tu le sais déjà, mais je ne suis pas un ange, OK ? Mais là n’est pas la question. Ce que je veux que tu gardes secret, c’est que je suis un Sang Véritable. Je veux vivre comme une fille normale. » En faisant savoir à Nanami qu’elle était un Sang Véritable, elle avait effrayé la jeune fille et avait fait promettre à Ristia de ne pas faire d’elle une parente. Ristia considérait cela comme un échec, c’est pourquoi elle voulait se comporter comme une fille normale — une fille normale, humaine — en veillant à ce que sa véritable identité soit gardée secrète jusqu’à ce qu’elle établisse une relation de confiance.

« Vous voulez vivre comme une fille normale, Madame… ? » demanda-t-elle, presque comme si elle voulait savoir si c’était possible.

« Je suis peut-être un Sang Véritable, mais je ne suis qu’une fille normale, alors ça ira si tu ne dis rien, Nanami, » déclara Ristia.

« Je pense que vous devriez réaliser un peu à quel point vous êtes puissante, Lady Ristia, » déclara Nanami avec un visage déçu, faisant baisser les épaules de Ristia.

« Tu penses que ça… ne marchera pas ? » Elle avait demandé ça avec tristesse, la beauté qui en résulta suffit à captiver Nanami, bien qu’elle soit du même sexe.

« Non, ça va marcher ! Je garderai votre secret avec chaque fibre de mon être ! » déclara Nanami.

« … Vraiment ? » demanda Ristia.

« S’il vous plaît, laissez-moi m’en occuper ! » déclara Nanami.

« Oh, super ! Je t’en remercie ! » Ristia avait souri innocemment, alors que les sentiments remplissaient le cœur de Nanami. Malheureusement, il n’y avait personne pour intervenir et lui dire qu’elle n’allait pas faire une Grande Sœur avec le genre d’attitude qu’elle avait en tête. L’homme plus âgé qui était parti il n’y a pas si longtemps était revenu auprès de Ristia qui était maintenant de bonne humeur.

« Désolé pour l’attente. La guilde va faire venir un envoyé, donc il devrait être là pour vous escorter bientôt, » le soldat avait informé Nanami avant de tourner son attention de nouveau vers Ristia. « Alors, c’est vous qui avez sauvé la vie de Nanami, petite dame ? »

« Euh, eh bien…, » déclara Ristia.

« C’est ma sauveuse, Lady Ristia ! » Nanami avait affirmé cela avec emphase.

« … Eh bien, c’est comme vous l’avez entendue, » confirma Ristia avec un sourire ironique.

« Je vois. Alors, je vous remercie aussi. Je suis reconnaissant que vous ayez sauvé la vie de Nanami, » déclara le garde.

« Hm-mm, n’y pensez plus. Je voulais aider en la sauvant, alors je l’ai fait, c’est tout, » déclara Ristia, cette fois avec un sourire plus pur et plus innocent. L’homme regarda ce sourire innocent et s’exclama avec adoration.

« … On dirait que votre présence ici pour sauver des enfants n’est pas un mensonge. Êtes-vous par hasard une sorte de sainte femme en pèlerinage, ou quelque chose comme ça ? » demanda le garde.

« Pas du tout. Je suis juste une fille normale. Mais je dis la vérité quand je dis que je veux aider les enfants ! » déclara Ristia.

« Hmm… Je ne comprends pas très bien ce qui se passe, mais vous n’avez pas l’air mal disposé. Dans ce cas, je vous délivrerai votre plaque d’identité, » déclara le garde.

« “Plaque d’identité” ? » demanda Ristia.

« Oui, on vérifie tous les jours s’il y a des personnes suspectes ici. Les plaques d’identité servent de preuve que vous êtes bien passé par ici pour un contrôle, » expliqua le garde.

« Oh ? Vous faites ça ? » La famille des Sangs Véritables était si peu nombreuse qu’il n’était pas exagéré de dire qu’elle connaissait chaque membre. C’est pourquoi, comme il était naturel qu’ils n’aient pas mis en place un tel système, Ristia avait trouvé que ce concept nouveau avait un sens.

« Je vais imprimer votre nom et votre profession sur un document, alors pourriez-vous me dire ce que c’est ? » demanda le garde.

« Je m’appelle Ristia Granshes. Mon métier est… Une fille normale ? » répondit Ristia.

« … Hmm. Eh bien, je suppose que ça va marcher, » le soldat avait inscrit son nom et son occupation sur une petite plaque à l’aide d’un objet magique. « Et ça devrait… faire l’affaire. Les frais d’inscription sont d’une pièce d’argent. »

« Par “pièce d’argent”… vous voulez dire de l’argent, exact ? » demanda Ristia.

« C’est exact, mais… Je suppose que vous n’en avez pas ? » demanda le garde.

« Euh, eh bien… Ouais, » répondit Ristia.

Le soldat avait l’air surpris. Une pièce d’argent n’était en aucun cas un prix élevé. L’histoire aurait été différente si c’était un enfant, mais il était difficile d’imaginer qu’un voyageur, et encore moins une jeune fille comme celle-ci seraient sans le sou.

« Lady Ristia, je paierai pour vous ! » déclara Nanami, offrant d’aider Ristia. Cependant, Ristia elle-même semblait troublée. C’était ainsi parce qu’en tant que Grande Sœur respectable, elle ne pouvait pas se permettre d’être gâtée par l’une de candidates pour être sa petite sœur.

« Dites, Monsieur ? Au lieu d’argent, je peux… vous donner autre chose ? » demanda Ristia.

« Quelque chose d’autre ? Eh bien, vous avez apparemment sauvé la vie de Nanami. Si vous avez quelque chose d’équivalent à une pièce d’argent, alors je serais prêt à le prendre. Mais… qu’est-ce que vous proposez ? » demanda le garde.

« Euh, eh bien… Qu’est-ce que vous pensez de ça ? » Ristia avait sorti une sacoche en cuir de sa boîte à objets.

« Hm ? Où est-ce que vous venez de sortir ça… ? Attendez, oubliez ça, vous avez un sacré sac, » déclara le garde.

« Hm-mm, ce n’est pas un sac à main, il y a un catalyseur utilisé pour les objets magiques ~, » de l’intérieur, elle avait sorti une petite pierre d’un noir de jais. Elle avait été taillée avec dix-sept côtés, ce qu’on appelle une « coupe simple ». C’était, comme son nom l’indique, simple — mais à la fois très délicate selon les normes de ce monde.

« Attendez une seconde, Lady Ristia ? » demanda Nanami avec timidité, tirant sur l’ourlet de la robe de Ristia. Cependant, ne voulant pas être gâtée par sa future petite sœur, Ristia avait coupé la parole à Nanami avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit. « Désolée, ça devra attendre. » Elle avait ensuite remis la pierre noire au soldat.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? C’est très joli, mais est-ce une sorte de pierre précieuse ? » demanda le garde.

« C’est une pierre que j’ai moi-même faite, » déclara Ristia.

« Oh ho… Alors vous l’avez fait, Petite Mademoiselle ? » demanda le garde.

S’il y avait eu des aristocrates, ils auraient été captivés par la beauté de la pierre. Et s’il y avait des sorciers, ils seraient stupéfaits par les niveaux de mana que contient la pierre. En fait… Nanami, elle-même, une sorcière en herbe s’était déjà trouvée abasourdie. Pour le meilleur ou pour le pire, le soldat ne l’avait reconnu que comme une jolie pierre.

« Alors allez-vous payer le péage avec cette pierre ? » demanda le garde.

« Ouaip. Oh, est-ce… d’accord ? » demanda Ristia.

« Hmm… Je ne vois pas de problème. Je ne sais pas vraiment à quel point il est précieux, mais je suis sûr qu’il ne vaut pas moins qu’une pièce d’argent. J’en ferai un pendentif et je le donnerai à ma femme, » chuchota le soldat en le regardant d’un air aimable.

« … Monsieur, avez-vous une femme ? » demanda Ristia.

« Bien sûr que si. Une femme et une fille, » déclara le garde.

« Une… fille ? Juste une seule ? N’en avez-vous pas pour une seconde ? » demanda Ristia.

« … Ce serait bien si on pouvait. Ma femme n’est pas en très bon état, vous voyez, » déclara le garde.

« Elle est malade ou quoi ? » demanda Ristia.

« Oui, quelque chose comme ça…, » déclara le garde.

« Oh, je vois. D’accord. Attendez une seconde, » déclara Ristia.

Elle avait sorti des objets de sa boîte à objets et jeta un sort de magie du sixième niveau — le plus haut niveau de magie que l’on puisse utiliser sans cercle magique ou incantation. Les yeux de Nanami et du soldat se dirigèrent vers la main de Ristia, où les matériaux changèrent de forme sous leurs yeux et se transformèrent en pendentif avec une pierre magique noire.

« Eheh, d’accord. Votre pendentif est terminé ~, » déclare Ristia.

« Attendez une seconde. Tout à l’heure, qu’est-ce que vous avez fait… ? » demanda le garde.

« Oh, c’est juste ma gâterie ~ c’est enchanté afin d’améliorer l’état de votre femme, donc une fois qu’elle ira mieux, assurez-vous de tout faire pour avoir ce deuxième enfant, OK ~ ? » déclara Ristia.

« Jeune Mademoiselle, je… Je vous remercie ! Tenez, prenez ça en gage de ma gratitude. » Le soldat lui avait tenu le poignet, lui faisant ouvrir la paume. À l’intérieur, il avait déposé deux pièces d’argent.

« Mais…, » déclara Ristia.

« Je vous invite, mademoiselle. Cela vous permettra au moins de passer une nuit dans une auberge, » déclara le garde.

« Merci, Monsieur ~ ! » Ristia le remercia d’un sourire pur et simple.

« Nanami ne mentait pas quand elle a dit que vous étiez un ange, » déclara le garde.

« Bien que je sois juste une fille normale ~ ! » répondit Ristia.

« D’accord, d’accord. J’ai compris. Alors, mademoiselle la “fille normale”, j’ai une faveur à vous demander, » déclara le garde.

« Hm ? Oui ~ ~ ? » demanda Ristia.

« Pendant votre séjour dans cette ville, je souhaiterais que vous deveniez amie avec ma fille si jamais vous avez l’occasion de la rencontrer. Elle veut une sœur depuis un moment, » déclara le garde.

« … !! Oh, oui, oui, oui ! C’est réciproque ! » Super ! Une candidate pour ma mignonne petite sœur ~ pensa Ristia avec un sourire d’une oreille à l’autre.

« Très bien, je suis sûr que vous vous entendrez bien, » déclara le garde.

« OK. Merci, Monsieur ~, » le soldat avait regardé les deux filles qui avaient franchi la porte d’entrée de la ville.

***

Partie 4

C’était une drôle de jeune femme. Innocente et naïve… et Nanami l’a traitée d’ange, mais que diable est-elle vraiment ? Le soldat plus âgé qui avait vu partir Ristia et Nanami, nommé Kurz, pensait à ça en faisant des vérifications des voyageurs.

« Kurz, êtes-vous là ? »

« Oui, juste ici. Quelque chose ne va pas, Monsieur ? » Le capitaine du garde l’avait appelé, l’incitant à venir vers lui au pas de course.

« Non, rien de particulier. Je suis juste venu vous dire que vous êtes libre de partir bientôt, » déclara le chef.

« … Êtes-vous sûr, Monsieur ? » Il restait encore un peu de temps avant que la cloche sonne.

« Ce n’est pas comme si on avait une tonne de voyageurs aujourd’hui. Dépêchez-vous de rentrer chez vous, auprès de votre femme, » déclare le capitaine.

« … Oui, merci beaucoup, Capitaine, » déclara Kurz en remerciement à son capitaine avant de se dépêcher de rentrer chez lui.

Il s’était rendu dans une petite maison individuelle nichée dans un coin de la ville. Kurz avait repris son souffle, avait redressé son visage en souriant et était entré dans sa maison.

« Oh, bon retour parmi nous, papa. Tu rentres tôt à la maison. »

« Oui, le capitaine m’a laissé partir plus tôt par considération. Où est Anna ? » demanda Kurz.

« Maman ? Elle dort dans sa chambre, » répondit sa fille.

« Ah, d’accord. Je vais aller voir comment elle va, » déclara Kurz.

« D’accord, » répondit sa fille.

Sa fille, Remi, le regardait partir alors qu’il se dirigeait vers sa chambre, où dormait sa femme. Sur le lit, la femme de Kurz, Anna, se reposait.

« … Bon retour parmi nous, mon chéri, » déclara Anna, sa femme.

« Désolé, t’ai-je réveillée ? » demanda Kurz.

Anna secoua la tête en réponse d’une manière plutôt faible. Son état n’était pas déraisonnable, vu les circonstances. Anna avait été victime d’une attaque de monstre dans les bois il y a environ un mois et avait subi bon nombre de blessures. Les blessures étaient si massives, en fait, que même la magie ne pouvait pas les guérir, c’était un miracle qu’elle s’en soit sortie en vie. Mais en conséquence, elle s’était affaiblie progressivement et on lui avait dit qu’elle ne vivrait peut-être pas beaucoup plus longtemps.

« Chéri, qu’est-ce que tu as dans ta main ? » demanda Anna.

« Hm ? Oh, ça ? C’est un cadeau pour toi. » Kurz se dirigea vers son chevet et montra à sa femme le pendentif qu’il avait reçu de Ristia.

« Oh mon… c’est magnifique. Tu me le donnes… ? » demanda Anna.

« Bien sûr que oui. En y repensant, j’ai réalisé que je ne t’avais jamais fait de cadeau avant, » déclara Kurz.

« Merci beaucoup, mon chéri. Pourrais-je te déranger en te demandant de le mettre pour moi… s’il te plaît ? » lui demanda Anna avec une expression un peu troublée. En voyant cela, Kurz avait eu envie de se donner des coups de pied pour avoir été si maladroit. Anna avait perdu son bras à cause de ses blessures massives, et elle n’était pas capable de faire bouger son autre bras aussi bien. Kurz s’était mordu la lèvre pendant une seconde, mais avait rapidement fait un visage comme si de rien n’était et avait continué en disant, « Bien sûr que je vais le mettre pour toi. Voyons voir… Hmm, comme ça, je suppose ? » alors qu’il fermait le fermoir du pendentif autour du cou d’Anna.

« Hmm, ouais. Elle te va à ravir, » déclara Kurz.

« La flatterie ne te mènera nulle part, mon cher, » déclara Anna.

« La flatterie, mon pied. C’est la vérité. » Même le visage d’Anna présentait de graves cicatrices. Malgré cela et les autres blessures, sa bonne humeur était restée la même. Kurz pensait, du fond du cœur, qu’Anna était la meilleure épouse du monde.

« C’est un tel délice, mon chéri. Je suis vraiment bénie d’avoir été ta femme, » déclara Anna.

« … Espèce d’idiote. Ne va pas dire des choses comme si c’était déjà fini, » déclara Kurz.

« Je suis désolée… Mais je voulais juste m’assurer que tu le saches. Je suis presque sûre que je n’ai pas beaucoup de temps. Alors… hé, chéri ? Une fois que je serai morte, prends soin de notre fille, » déclara Anna.

« Arrête ça. S’il te plaît, arrête. » Anna était une femme de bon cœur que tout le monde adorait. Elle avait l’habitude d’aller à la recherche de plantes médicinales pour le bien des autres — une femme vraiment compatissante. Pourquoi diable cela devait-il arriver à Anna ? pensa-t-il, maudissant le destin. Kurz se tenait debout, le poing serré, tandis qu’Anna ne faisait que sourire d’un air un peu triste — du moins, elle l’était jusqu’à ce que la surprise vienne soudainement se rependre sur l’expression d’Anna.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? J’ai le visage chaud pour une raison inconnue… Non, pas seulement mon visage. Tout mon corps brûle… Aah, mes blessures. Mes blessures brûlent ! » s’exclama Anna.

« Quoi ? Quoi ? Anna, vas-tu bien !? Urk, Remi, vient ici ! Vite ! » Kurz avait commencé à paniquer quand il avait vu Anna se tordre de douleur. Remi s’était précipitée dans la pièce après avoir entendu le cri de Kurz.

« Qu’est-ce qui ne va pas, papa ? » demanda Remi.

« Je ne sais pas. Anna s’est mise à dire quelque chose à propos de ses blessures qui brûlaient, » déclara Kurz.

« Brûler ? Maman ! Vas-tu bien !? » Remi s’était précipitée à côté d’Anna… et ce qu’elle avait vu lui avait coupé le souffle. « Papa, regarde… regarde ça. »

« Quoi ? Quoi ? C’est quoi le problème — . » Kurz avait regardé vers l’endroit que Remi désignait pour lui aussi perdre la parole.

Les terribles cicatrices qui se trouvaient sur le visage d’Anna étaient enveloppées d’une lumière aux couleurs de l’arc-en-ciel et avaient commencé à disparaître juste devant ses yeux. Le fait d’être témoin de ce spectacle l’avait stupéfait.

« Mais c’est… Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Kurz.

« Je ne sais pas quoi… ? Oh mon Dieu, la sensation de brûlure s’est enfin calmée. » Anna s’était assise dans son lit, toute revigorée avant de s’étirer avec une expression rafraîchie et un petit grognement, « Hmm ~ ! » C’est un spectacle incroyable qui avait fait tomber les mâchoires de Kurz et de sa fille Remi. « Oh, mon Dieu, pourquoi faites-vous cette tête ? »

« Pourquoi faisons-nous ça? Et toi, toi !? Est-ce que ça va ? » demanda Kurz.

« Hein ? Oh… Maintenant que tu le dis, je me sens plutôt bien, » déclara Anna.

« N-Non, tu te trompes…, » avant qu’il n’ait pu terminer sa phrase par une idée, le cri hystérique de sa fille l’avait coupé.

« M-M-M-M-M-M-M-Maman ! Ton bras ! Regarde ton bras ! » s’écria Anna.

« Qu’est-ce qu’il y a avec mon bras maintenant ? … Hein ? » Anna tendit les deux mains devant elle… et ses yeux s’ouvrirent en grand. Devant elle, ses deux bras étaient totalement indemnes. C’était quelque chose de fondamentalement impossible. Surtout parce qu’Anna avait perdu son bras droit quand ce monstre l’avait agressée.

« Pourquoi mon bras est-il redevenu normal ? » demanda Anna.

« Je… Je ne sais pas. Mais je pense que la lumière d’il y a une seconde t’a aidée à faire pousser un nouveau bras ! » déclara Kurz.

« P-Pousser ? Qu’est-ce que tu racontes ? Les bras ne poussent pas comme ça sur les corps, » répondit Anna.

« Mais il a bien poussée. La preuve est là ! » déclara Kurz.

Alors qu’il regardait sa femme et son enfant être dans une certaine frénésie, Kurz fut le seul à comprendre la source de ce miracle. Il avait aperçu le pendentif autour de son cou qui brillait lorsque les blessures d’Anna avaient fait la même chose. Cela avait poussé Kurz à se dire, je n’arrive pas à le croire… Depuis le début, cette jeune femme était vraiment un ange.

***

Des bâtiments en pierre bordaient les côtés de la rue principale dans laquelle étaient arrivées Ristia et Nanami. Il y avait beaucoup de gens qui transportaient des marchandises en chariot et des gens qui semblaient rentrer chez eux après le travail de la journée.

« Wowie… tant de gens ~. » La plus grosse masse d’humains que Ristia avait vue était un petit village. C’était la première fois qu’elle pouvait voir autant de gens vivre leur vie quotidienne comme ça. Ristia étendit les bras et commença à se retourner, déclarant à quel point tout cela était incroyable. Cependant, juste à ce moment-là…

« Lady Ristia, il faut qu’on parle, » déclara Nanami.

« Hein ? » s’exclama Ristia.

« Venez par ici, c’est tout. » Nanami l’avait attrapée par le bras et l’avait amenée au bord de la route.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Ristia.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Ne me dites pas ça. Ce pendentif a été enchanté tout à l’heure, n’est-ce pas ? » demanda Nanami.

« Oui, et ? » demanda Ristia.

« “Oui, et  ?” Ne me faites pas ça ~… » Nanami s’agrippa sa tête, perplexe, comme elle devait se répéter, passant d’un mal de tête à l’autre. « Lady Ristia, vous voulez vous comporter comme une fille normale, non ? »

« Je suis une fille normale, » déclara Ristia.

« Une fille normale ne peut pas enchanter sans effort des choses comme ça ! » s’écria Nanami.

« Hein ? Alors, dois-je… faire plus d’efforts pour les enchanter ? » demanda Ristia.

« Plus d’efforts ne vont pas aider ! » s’écria Nanami.

« Alors, devrais-je… faire beaucoup plus d’efforts ? » demanda Ristia.

« OK, laissez-moi être franche, Lady Ristia. Tout comme une personne ne sera jamais capable de voler seule, peu importe ses efforts, il y a juste certaines choses dans ce monde où l’effort seul ne vaut rien. » Expliqua Nanami.

« … Hein ? Mais je peux voler, » déclara Ristia.

« Et je vous dis que ce n’est pas normal… » Nanami se décourageait.

Ristia n’avait aucune idée de ce qu’elle était, mais même il y a un millénaire, on disait que les humains ne pouvaient utiliser que jusqu’au quatrième niveau de magie, et on disait que les humains de cette époque étaient considérés comme étant de première classe s’ils étaient capables d’utiliser la magie du troisième niveau. Bien sûr, le niveau trois avait aussi des enchantements, mais les effets de ce niveau étaient tout à fait différents. Essentiellement, il était courant qu’un sorcier habile mette beaucoup de temps à fabriquer un objet enchanté. Ce n’était pas le genre de choses qu’on pouvait faire sortir rapidement en quelques secondes, quelles que soient les circonstances.

***

Partie 5

« Au fait, avec quel genre de capacités l’avez-vous enchanté ? » demanda Nanami.

« Je crois que c’était de la magie régénératrice. Le garder en ta possession guérira toutes les blessures, » avant que Ristia n’atteigne la fin de sa phrase, les yeux de Nanami se plissèrent avec des doutes vers elle. Voyant cela, bien sûr, Ristia avait commencé à penser qu’elle en avait peut-être trop fait. « Ai-je fait quelque chose… de mal, par hasard ? »

« C’est pour le moins étrange, c’est certain. S’il s’agissait d’une sorte d’enchantement de guérison, cela aiderait normalement tout au plus à sceller une blessure sur un doigt après toute une journée, » répondit Nanami.

« … Hein ? Mais cela ne peut-il pas se produire instantanément sans même utiliser un enchantement ? » demanda Ristia.

« Pour une personne normale, cela prendrait à lui seul plusieurs jours, » déclara Nanami.

« O-Oh, tu ne dis pas…, » déclara Ristia.

Même si son corps était réduit en cendres, Ristia s’en remettrait en quelques secondes, de sorte que pour elle, le fait qu’une simple blessure au doigt mette quelques jours à guérir était hors de son domaine de compréhension.

« Alors, est-ce que cicatriser une blessure en quelques secondes est un peu trop ? » demanda Ristia.

« “Est-ce un peu trop” est une façon de le dire, mais je dirais qu’il atteint le territoire de l’artefact. Si vous le vendiez, vous pourriez vous permettre plus qu’un simple séjour dans une auberge. Vous pourriez avoir plusieurs manoirs érigés sur sa seule valeur, » déclara Nanami.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Est-ce si remarquable que ça ? » Mince, je pourrais facilement les produire en masse si je voulais… Ristia avait ri face à cette pensée ridicule, mais elle avait eu le bon jugement de ne pas le dire à haute voix.

« Devrions-nous y retourner et lui demander de l’échanger contre quelque chose d’autre ? » demanda Nanami.

« … Hmm, ça serait mal sinon ? » demanda Ristia.

« Je n’en suis pas certaine. L’enchantement n’était que pour la régénération… n’est-ce pas ? » demanda Nanami.

« Mm-hmm, mm-hmm. C’est tout ce que j’ai mis dedans, » déclara Ristia.

« Dans ce cas… Je pense que ça devrait aller. Si tout ce qu’il fait, c’est guérir de légères ecchymoses et maladies, alors il pourra probablement passer pour un porte-bonheur particulièrement efficace, » déclara Nanami.

« Hm, je vois… Et s’il le fait évaluer, au fait ? » demanda Ristia.

« Je ne peux pas dire que ce soit impossible pour lui, mais il ne semblait pas soupçonner quoi que ce soit, alors je doute qu’il se donne la peine d’aller le faire évaluer. Maintenant, si sa femme était gravement blessée, ce serait une autre histoire, mais je vais prendre des risques et dire que tout ira bien, » déclara Nanami de manière décisive. Bien sûr, elle ne savait pas que la femme de Kurz était gravement blessée, comme elle l’avait décrit. D’accord avec la conclusion à laquelle Nanami était arrivée, Ristia hocha la tête avec désinvolture.

À la suite des actions de Ristia, un énorme tumulte s’était produit, mais Ristia et Nanami n’avaient eu vent de ça que beaucoup plus tard.

« Alors, on laissera tomber, » déclara Ristia.

« Sa valeur ne vous inquiète-t-elle donc pas, Madame… ? Je suis sûre que sa valeur atteint des sommets, après tout, » demanda Nanami.

« Non, non. C’était un homme bien plus âgé, alors je veux que sa femme soit en bonne santé. » En réalité, Ristia avait aidé pour que le couple puisse élever une petite sœur potentielle, avec l’intention de l’aider dans ses recherches avec leur fille unique… Nanami n’était au courant de rien de tout ça. À ses yeux, cela ne faisait que fortifier son respect pour Ristia, lui faisant penser qu’elle est vraiment un ange !

« Nanami ! » Une voix s’était soudain fait entendre lorsqu’un jeune homme était arrivé en courant vers la jeune fille. En voyant cela, Ristia avait pris Nanami dans ses bras comme une princesse de conte de fées.

« Nanami — quoi !? » Ayant perdu sa cible, le jeune homme n’avait qu’attrapé l’air en plongeant la tête la première sur le sol. C’était du moins ce qu’on aurait pu croire, mais il avait réussi à soutenir ses jambes et à s’arrêter juste avant que cela n’arrive.

« L-Lady Ristia !? » s’écria Nanami.

« … Est-ce l’une de tes connaissances, par hasard ? Si oui, je suis désolée. Je t’ai vu courir vers elle en venant de nulle part, et ça m’a rappelé ce qui s’est passé avec Monsieur Gawain, » déclara Ristia.

« Non, c’est compréhensible… mais je n’arrive pas à croire que tu me portes dans tes bras à la manière d’une p-p-p-p-princesse. Je, euh… Hngh ~, » tout son visage s’était mis à rougir comme il se doit pendant qu’elle s’affolait dans les bras de Ristia. Ristia sentit son cœur battre à tout rompre lorsqu’elle posa les yeux sur la nuque de Nanami, face à elle, de près.

 

 

« Hé, vous ! Qui êtes-vous !? » Soudain, on lui avait demandé son identité d’une voix brusque.

… Hein ? Qu’est-ce que je faisais à l’instant… ? Ristia avait retrouvé ses sens, tournant son attention vers la direction de la voix. Le jeune homme qui avait essayé de foncer sur Nanami il y a quelques instants, se tenait là, fusillant du regard Ristia. Il semblait avoir quelques années de plus que Ristia — peut-être dans la vingtaine — avec des traits faciaux marqués.

« Je suis Ristia, » déclara Ristia.

« D’accord, Ristia. Et qui êtes-vous pour Nanami ? » demanda l’homme.

« Que suis-je pour elle ? » demanda Ristia.

Ristia baissa les yeux vers Nanami, puis retourna son regard vers le jeune homme.

« … Que suis-je pour elle ? » répéta-t-elle.

« C’est moi qui vous l’ai demandé, bon sang ! » s’écria l’homme.

« Arrête… ! Ne sois pas méchant avec Lady Ristia ! » Nanami interrompit leurs chamailleries, revenue à la raison. « Lady Ristia, vous pouvez me reposer au sol, tout va bien. »

« Oh, euh… d’accord, » Ristia plaça lentement Nanami sur le pavé.

« Lady Ristia est la personne qui m’a sauvé la vie, alors ne sois pas grossier avec elle, Grand Frère, » Nanami avait parlé clairement.

« Elle t’a sauvé la vie… ? Sauver ta vie comment ? » demanda son frère.

« “G-Grand Frère”… ? Nanami, tu avais un Grand Frère pendant tout ce temps-là !? » À côté du jeune homme perplexe, Ristia avait été incroyablement choquée. C’est… C’est irréel. Nanami avait déjà un frère aîné ! Est-ce que ça veut dire que, même si j’essaie, je ne pourrai jamais devenir sa Grande Sœur !? F-F-F-F-F-Franchement, je dois juste me calmer. Ce n’est pas parce qu’elle a un frère aîné que je ne peux pas être sa Grande Sœur. Ouais, ce n’est pas grave. Je m’en occupe !

« … Euh, Lady Ristia ? » demanda Nanami.

« O-Oh. Ne fais pas attention à moi. J’ai juste été un peu surprise parce que je ne savais pas que tu avais un frère aîné, » déclara Ristia.

« Aah... Rick est mon demi-frère. Il m’a recueillie quand j’ai perdu les membres de ma famille et il a empêché que je sois vendue à des marchands d’esclaves, » expliqua Nanami.

« Il t’a recueillie… ! !? Demi-frère !? Mais c’est…, » les yeux de Ristia s’élargirent d’incrédulité lorsqu’elle regarda le jeune homme nommé Rick. Rick, d’un autre côté, avait l’air mécontent pour une raison inconnue.

« D’accord, laissez-moi clarifier les choses. C’est comme ça que les choses se sont passées, je n’avais pas de raisons néfastes pour…, » déclara Rick.

« Vous avez mon respect ! » déclara Ristia.

« … Vous quoi maintenant ? » demanda Rick.

« Je veux dire, vous avez pris une fille perdue dans la rue et vous en avez fait votre demi-sœur, n’est-ce pas !? Je pense que c’est très important. C’est un accomplissement incroyable, à mon avis ! » déclara Ristia.

« O-Oh, alors vous comprenez mon combat ? » demanda Rick.

« Bien sûr ! » Ristia était tout à fait d’accord, alors que ses yeux brillaient de mille feux. Eh bien, elle l’avait accepté dans le contexte de ses propres normes. Chercher une fille perdue dans la rue est une grosse affaire, gagner leur confiance même si vous en trouvez une est une grosse affaire, et la convaincre d’accepter d’être votre petite sœur est, inutile de le dire, une très grosse affaire. Mais être capable de le faire en dépit de tous les facteurs est incroyable. Je suis tellement jalouse !

« Alors, euh, Lady… Ristia, c’est ça ? » demanda Rick.

« Juste Ristia, c’est bon ~, » répondit Ristia.

« Quoi qu’il en soit, Lady, je, euh…, » Rick tourna les yeux vers les vêtements que Ristia portait. Nanami ajoutait le titre au nom de Ristia, alors il semblait penser qu’elle avait une bonne raison de le faire.

« J’ai dit à Nanami de me parler sur un ton plus décontracté, » déclara Ristia.

« Je ne pourrais jamais faire quelque chose d’aussi ostentatoire, » répliqua Nanami.

« … Comme vous pouvez le voir clairement, je ne suis qu’une fille normale ~, » Ristia avait fait des appels de temps en temps à Nanami avec un sentiment qui suggérait, j’essaie de te dire que cela ne me dérange pas si tu m’appeles « Grande Sœur » et me fais des câlins partout. Cependant, Nanami décrivant l’idée comme « ostentatoire » avait été le coup dur qui avait brisé cette idée.

« … Mnghh ~, » Ristia grogna, faisant la moue.

« OK… Je ne peux pas dire que j’ai tout compris, mais de toute façon… Alors, Ristia…, » déclara Rick.

« Grr…, » Nanami avait lancé un regard mortel sur Rick si intense qu’il était difficile de l’imaginer venant d’une personne aussi douce et innocente qu’elle. La pression exercée par son regard avait fait couler des gouttes de sueur sur sa joue et l’avait incitée à se racler la gorge.

« Je veux dire, Mademoiselle Ristia. Nanami a dit que vous lui avez “sauvé la vie”, mais pourriez-vous expliquer cela ? Ça a quelque chose à voir avec le fait que l’équipe de reconnaissance ne revienne pas le jour prévu de leur retour ? » demanda Rick.

« Eh bien…, » commença Ristia.

« … Je vais m’étendre là-dessus, Grand Frère, » Nanami avait commencé son histoire en révélant que le donjon sur lequel ils étaient censés enquêter était un repaire de monstres et qu’il y avait un dragon dans la région la plus profonde du donjon qui avait exterminé presque toute l’équipe de reconnaissance.

« Attends, un dragon !? Tu veux dire que tu es saine et sauve après un accrochage avec ça !? » s’écria Rick.

« Je suis saine et sauve, vu que je suis de retour maintenant. Mais si Lady Ristia ne m’avait pas sauvée, j’aurais probablement été fichue, » déclara Nanami.

« Attends ! Alors ce que tu me dis c’est que… Mademoiselle Ristia a battu ce dragon ? » Rick pointa les yeux vers Ristia, incrédules, alors que la mystérieuse jeune fille lui répondit en souriant d’une manière plutôt ironique. Le sourire angélique qu’elle avait avait fait rougir Rick.

« … Hé, Grand Frère ? » demanda Nanami.

« D’accord. On parlait de quoi déjà ? » demanda Rick.

Rick avait précipitamment détourné son attention après avoir été abordé par une Nanami à l’air un peu mécontent. Ristia était au courant du fait que Rick ne pouvait pas la quitter des yeux. Ça n’aide pas que Rick semble me voir plus jeune que lui, et une petite sœur potentielle, en plus. Je ne peux pas dire que je reproche à Nanami d’être jalouse et inquiète puisqu’elle est déjà sa petite sœur. Mais tu n’as pas à t’inquiéter pour ta jolie petite tête. Je ne vais pas être une petite sœur. Je vais être plus âgée ! pensa Ristia, totalement à côté de la plaque.

« Donc, comme je disais à propos de Lady Ristia… Oh, avant que j’entre dans le vif du sujet, Lady Ristia n’a pas encore choisi son logement pour aujourd’hui. Alors… ça irait ? » demanda Nanami.

« Hm ? Oh, bien sûr. Ça ne me dérange pas, mais tu penses que ça ne te dérange pas qu’elle reste chez nous ? » demanda Rick.

« Je pense que ça va aller, » déclara Nanami.

« D’accord. Alors pas de problème avec moi, » répondit Rick.

« Merci, Grand Frère ! » Il semble que le logement de Ristia ait été réglé sous son nez.

« De quoi s’agissait-il ? » demanda-t-elle en regardant Nanami.

« Voudriez-vous rester chez moi aujourd’hui, Lady Ristia ? » demanda Nanami.

« Chez toi, Nanami ? » demanda Ristia.

« Oui. Pour être plus précise, je reste simplement là, mais… cela ne manque jamais de chambres, » déclara Nanami.

« Bien que j’apprécie ce sentiment, ne serais-je pas intrusive ? J’ai de l’argent pour une auberge, » déclara Ristia.

« Vous serez sans le sou si vous dépensez cet argent… En plus, je veux discuter avec vous de ce que je devrais dire à mon frère et tout le reste. » Nanami se rapprocha de son visage, se tint sur la pointe des pieds et chuchota à l’oreille de Ristia. C’était un spectacle si mignon que Ristia avait trouvé ses bras enroulés autour de Nanami dans une étreinte.

« Eek! L-Lady Ristia !? » s’exclama Nanami.

« Oh, désolée pour ça. Tu étais si mignonne que j’ai eu une envie soudaine, » déclara Ristia.

« M-Mignonne… ? Hnff… Alors, allez-vous rester avec nous ? » demanda Nanami.

« J’aimerais certainement, mais…, » Ristia avait pointé ses yeux vers Rick pour s’assurer que leurs plans étaient vraiment bons.

« Si vous êtes la sauveuse de Nanami, alors vous êtes aussi ma sauveuse. N’ayez pas l’impression que vous nous mettriez dehors. J’aimerais aussi vous parler d’un tas de choses, » déclara Rick.

« D’accord, merci. Si c’est le cas, alors j’apprécie l’hospitalité ! » déclara Ristia.

***

Partie 6

Ils étaient finalement arrivés dans la maison où vivait la famille de Nanami. C’était un petit magasin d’objets magiques qui se trouvait à quelques encablures de la rue principale.

« C’est notre maison. L’espace est restreint, mais entrez, s’il vous plaît, » Rick était entré dans le magasin avec Nanami et Ristia juste derrière lui.

« Bienvenue à cette boutique… oh, mince, c’est juste toi, Rick. Tu t’es ramené, hein ? »

« Oui, ne sois pas si excitée, maman. Quoi qu’il en soit, oublie ça. Nanami est de retour à la maison, » déclara Rick, faisant un pas de côté. Une fois qu’il l’avait fait, Ristia et Nanami avaient pu voir la femme qui s’occupait de la boutique.

Alors que Rick l’appelait « maman », elle ressemblait davantage à une jeune femme d’une vingtaine d’années. Et comme Rick semblait aussi être dans la vingtaine, les voir dans une dynamique mère-fils n’avait pas vraiment marché. Mais une fois que les Sangs Véritables étaient devenus autonomes, c’est-à-dire lorsqu’ils avaient commencé à ressembler à de jeunes garçons et à de jeunes filles, ils commençaient à vieillir à un rythme extrêmement lent. Dans ces conditions, Ristia n’avait rien trouvé de particulier à propos des deux individus.

« … Nanami ? Nanami ! » La femme regarda Nanami, se leva bruyamment, et se précipita vers elle à une vitesse folle.

« Nanami ! Oh, Dieu merci ! Tu es en vie ! » s’écria la femme.

« Wah-phhh ! Argh ~ je ne peux pas respirer ~, » Nanami s’était tortillée, alors que son alimentation en air frais était obstruée par l’ample poitrine qui la serrait très fort dans ses bras.

« Hah... Remercions la bonne étoile pour ta sécurité. Comme tu n’es pas rentrée à la maison quand ton équipe devait rentrer, je me suis inquiétée pour ta mort, » déclara la mère.

« … Aww. Je suis désolée, maman, » répondit Nanami.

« Tu m’as vraiment fait peur. Alors… que s’est-il passé ? » demanda sa mère.

« Eh bien, l’équipe de reconnaissance a été anéantie…, » répondit Nanami.

« L’équipe de reconnaissance a été anéantie !? » Nanami poursuit en expliquant que l’équipe de reconnaissance avait été attaquée par des monstres, tous tués, et qu’elle avait été sauvée du danger. Sa mère avait été choquée d’apprendre la nouvelle, mais elle l’avait serrée dans ses bras, contente qu’elle s’en soit sortie au moins en un seul morceau. C’était une scène réconfortante d’amour familial, une scène qui rappelait à Ristia sa propre famille quand elle la regardait.

La famille de Ristia ne tomberait pas en décrépitude en l’espace d’un millier d’années, et il était impossible de penser qu’une autre tribu aurait pu les anéantir. Cependant, il était tout aussi impossible de penser qu’ils l’abandonneraient pendant plus d’un millier d’années. Ils devraient être en vie quelque part, mais ce qu’ils font et où est la question. Je devrais probablement aller les chercher bientôt, pensa Ristia.

« Qui est cette petite dame qui est restée là tout ce temps ? » demanda sa mère.

« C’est Lady Ristia, » répondit Nanami.

« Euh… Lady Ristia ? » demanda sa mère.

« C’est la sauveuse de l’explication que je viens de donner. Je voulais la remercier et je lui ai demandé de me suivre chez moi. Ça ne te dérange pas si elle reste au-dessus de notre… hum, maman ? » Nanami avait incliné la tête dans la confusion au milieu de son introduction, se rendant compte que sa mère ne réagissait pas du tout. Au contraire, la jeune femme était restée figée après avoir regardé Ristia, pour une raison ou une autre.

Que lui est-il arrivé ? s’interrogea Ristia, inclinant aussi la tête.

« Qui est cette fille !? Oh mon Dieu, elle est aussi mignonne que possible ! Est-ce une sorte de poupée ? C’est une sorte de poupée vivante !? » s’écria sa mère.

« Je ne suis pas une poupée, je suis une fille normale, » répondit Ristia.

« Haaaaah, et avec une voix aussi mignonne, mon Dieu ! Puis-je vous serrer dans mes bras ? Je vais vous serrer dans mes bras, que ça vous plaise ou non ! Amenez-vous là ! Ahhhh ! » Elle était restée fidèle à ses paroles, donnant à Ristia un câlin intense.

Maintenant que je suis écrasée par les seins de cette dame, elle est vraiment le portrait craché de mes sœurs, nota mentalement Ristia.

« Hé, regarde, Nanami. Mademoiselle Ristia ne flanche pas du tout, » déclara Rick.

« C’est Lady Ristia pour toi ! » Et aussi, pour une raison ou une autre, elle avait reçu un coup de pouce pour sa réputation. Cet encouragement avait fait réfléchir Ristia : Si Nanami m’appelle « Grande Sœur », je serai ravie d’améliorer ma réputation à leurs yeux. Tandis qu’elle pensait cela, elle attendait que la jeune femme soit rassasiée de l’étreinte.

Un court laps de temps s’était écoulé, et elle avait fini par lâcher prise.

« Haah ~ c’est le meilleur câlin que j’aie jamais eu. OK, donc, vous êtes… Lady Ristia, enfin, je crois ? » demanda la mère.

« Ristia suffira ~ je ne suis qu’une fille normale, après tout, » dit Ristia avec innocence.

« Oh ? Est-ce vrai… ? » murmura la jeune femme en expirant. « Non seulement je vous ai sautée dessus en ne faisant pas attention à mes manières, mais je vous ai serrée dans mes bras. Mais vous n’avez pas l’air du tout en colère. J’étais là, à vous prendre pour une aristocrate pompeuse, mais j’ai dû me tromper. »

« Ouais, je ne suis certainement pas une aristocrate. » Elle n’allait pas faire des pieds et des mains pour dire : « Oui, je suis une princesse des Sangs Véritables. »

« Hé, attends, maman. Tu la testais en pensant que c’était une aristocrate ? Qu’allais-tu faire si elle se mettait en colère ? » demanda Rick.

« Hah ! Évidemment, je ramperais pour obtenir son pardon, fiston, » répondit-elle avec un doux sourire. Rick soupira en réponse.

« Malgré tout, je suis content de voir qu’elle te plaît. Nanami et moi, on va faire un rapport à la guilde, alors tu peux tenir compagnie à Mlle Ristia en attendant ? » déclara Rick.

« Hein ? Grand Frère ? Attends, je dois parler à Lady Ristia, » répondit Nanami.

« Tu le feras plus tard, » répondit Rick.

« Qu’est-ce qu’il y a ? L-Lady Ristiaaaa…, » Nanami regarda Ristia, espérant qu’elle la sauverait. Elle avait mentionné plus tôt qu’elle voulait discuter avec elle de la façon dont elle devrait parler ouvertement de toute l’affaire de la mort du dragon, donc cela signifiait probablement des problèmes si elle était traînée à la guilde avant qu’elles puissent mettre leurs histoires au clair. C’est pourquoi Ristia avait souri et lui avait dit qu’elle la laisserait faire.

« Non, ce n’est pas ce que je veux dire. Eh bien, c’est le cas, dans une certaine mesure, mais… Lady Ristia, s’il vous plaît, maîtrisez-vous, d’accord ? » demanda Nanami.

« Hm-hmm, c’est bien. Je vais attendre patiemment que tu reviennes, » répondit Ristia.

« Cela ne sonne pas vraiment “bien” du tout, » déclara Nanami.

« Dépêchons-nous et partons, » déclara Rick.

« Waaaah, OK, OK, OK ! J’arrive ! J’arrive, alors arrête de me traîner ~ ! » Rick s’était mis en route en emmenant Nanami.

Ce genre de… comment dois-je le dire ? Cela me fait en quelque sorte réaliser que les frères et sœurs plus âgés, quelle que soit leur tribu, courent partout, pensa Ristia d’une manière insouciante.

« Alors, Ristia, ma chérie… Oh, est-ce que la partie “chérie”, c’est trop ? » demanda la mère.

« Pourquoi, bien sûr que non, oh… Hmm…, » répondit Ristia.

« Je m’appelle Eindebelle. Belle me convient très bien aussi, » répondit la mère.

« Compris, sœurette. Ce sera Belle, » déclara Ristia.

« Sœurette !? » Eindebelle semblait secouée.

« Est-ce que c’est interdit… ? » demanda Ristia.

« Non, ce n’est pas ce que je voulais dire par là. C’est juste que Rick et Nanami me traitent toujours comme ils le font, tu vois ? Alors je me suis un peu préparée à me faire traiter comme une vieille dame, » déclara Eindebelle.

« Pourquoi le font-ils ? De quoi parles-tu ? » Ristia pencha la tête dans la confusion, pas au courant de ce qu’elle voulait dire.

« Ah, c’est vrai. Ils ne te l’ont pas dit. Tout ce que j’ai fait, c’est les emmener tous les deux et les élever. Donc, tu vois, je ne suis pas leur vraie mère, » déclara Eindebelle.

« Tu n’es donc pas leur mère, mais ils t’appellent… Maman, et non pas “Grande Sœur”, ou quelque chose comme ça ? » Ristia avait été secouée, car si c’était elle qui avait une fille plus jeune sous sa garde qui l’aimait et l’adorait, elle l’aurait naturellement fait appeler « Grande Sœur » à la place.

« Je sais que l’écart d’âge justifierait qu’ils me traitent comme une sœur aînée, oui. Mais, eh bien… ces enfants ont probablement fini par vouloir une mère plus qu’une sœur, » déclara Eindebelle.

« Ça… je suppose que cela doit être dur, » déclara Ristia.

« Comprends-tu mon combat ? » demanda Eindebelle.

« Eh bien ! Bien sûr que si ! » répondit-elle, dans un rare cas de compréhension de la situation — jusqu’à présent.

« Ristia, ma chérie, tu es un amour. Veux-tu être ma petite sœur ? » demanda Eindebelle.

« J’apprécie l’offre, mais j’ai deux sœurs aînées. Désolée, » déclara Ristia.

« Oh wôw, tu en as deux, hein ? » répliqua Eindebelle.

« Ouais. Cependant, je ne sais pas vraiment où elles sont en ce moment, » déclara Ristia.

« … ! Ah, hé, désolée à propos de ça…, » déclara Eindebelle.

« Ce n’est pas grave. Cela ne me dérange pas, » déclara Ristia avec un sourire adorable, pensant simplement qu’elles étaient parties errer quelque part sans elle. Cependant, comme Eindebelle n’avait aucune idée de sa situation, elle l’avait prise pour une raison plus profonde. Elle essuya les larmes qui se formaient dans ses yeux, pensant : C’est si pénible, mais elle est toujours capable de garder un cœur ouvert pour les autres ? Cette gamine est trop gentille, je te le dis. Ristia était cependant complètement inconsciente de ce malentendu.

« Pour revenir au sujet, Nanami a dit que c’est toi qui lui as sauvé la vie. Je t’en remercie. Et je le pense du fond du cœur, » déclara Eindebelle.

« Oh non, j’étais dans le coin, c’est tout », déclara Ristia.

« Tu l’as quand même sauvée, et c’est ce qui compte ici. Merci beaucoup. Je le pense vraiment, » Eindebelle n’avait pas encore été informée de la partie de l’histoire où Ristia avait vaincu un dragon à elle seule, mais on lui avait dit que Nanami aurait été en grand danger si Ristia n’avait pas été là, alors elle avait exprimé sa profonde gratitude en conséquence. « Y a-t-il quelque chose dont tu as besoin ? Je ferai de mon mieux pour t’aider. »

« Quelque chose dont j’ai besoin… ? Oh, maintenant que tu le dis, je n’ai pas d’argent, » déclara Ristia.

« Eh bien, bon sang… Tu vas droit au but, n’est-ce pas ? » dit Eindebelle avec un sourire ironique. Elle l’aurait probablement pris comme une récompense si Ristia ne l’avait pas dit.

« Pour être précis, l’argent est la seule chose que je n’ai pas. Connais-tu des magasins qui achèteront et vendront ? » demanda Ristia.

« Hmm ? Qu’est-ce que tu veux vendre ? » demanda Eindebelle.

« Un catalyseur enchanté, ou peut-être un objet enchanté, » répondit Ristia.

« Oh, mince, si c’est ce que tu cherches, tu peux vendre tes affaires ici à la place, » déclara Eindebelle.

« Hein ? Es-tu sûre de toi ? » Elle avait un peu d’espoir depuis qu’elle était arrivée dans ce magasin, considérant qu’il s’agissait d’objets magiques et qu’il y avait toutes sortes de potions et d’objets enchantés sur les étagères de la boutique. Si je peux demander ses services, alors… pensa Ristia, sortant la sacoche en cuir qu’elle avait montrée au soldat plus tôt.

« Hein… ? Je sens que ce sac en cuir vient de sortir de nulle part. Suis-je en train d’imaginer des choses ? » demanda Eindebelle.

Alors qu’Eindebelle était perplexe, Ristia ne s’en était pas aperçue et avait plutôt aligné les catalyseurs présents dans son sac un par un sur le comptoir.

« Une feuille… ? Je n’ai jamais vu ce type de feuille auparavant, mais il est curieusement plein de mana, » déclara Eindebelle.

« Ah, c’est une feuille de l’arbre du monde, » répondit Ristia.

« A-Ahhh, l’arbre du monde, c’est ça… Je te demande pardon ? Arbre du Monde ? » Eindebelle avait commencé à faire surgir des points d’interrogation tout autour d’elle. C’était tellement absurde qu’elle n’avait pas été capable de s’y faire, mais… Ristia elle-même ne s’en était pas rendu compte, et elle avait continué à aligner d’autres catalyseurs à côté d’elle.

« … Hé, c’est une pierre magique ! Et il contient une quantité folle de mana ! Tu pourrais te faire une fortune avec ça ! » s’écria Eindebelle.

« Oh, vraiment ? J’en ai un tas, c’est un soulagement. » Ristia sortit une nouvelle sacoche en cuir et versa un tas de pierres magique similaire sur le comptoir. La mâchoire d’Eindebelle avait touché le sol.

« Attends une seconde ! Quoi ? C’est quoi ce bordel !? Une seule de ces pierres magiques peut construire une nouvelle maison, alors comment peux-tu en trouver autant ? Ce n’est pas juste ! » s’écria Eindebelle.

« Je fabrique moi-même des pierres magiques, donc j’en ai beaucoup, » déclara Ristia.

« C’est toi qui les as faits !? C’est quoi ce bordel !? Qu’est-ce que tu veux dire !? » demanda Eindebelle.

« Je me suis beaucoup entraînée ~, » déclara Ristia d’une manière mignonne, mais il allait sans dire qu’un humain normal ne serait jamais capable de produire des pierres magiques. Si l’on voulait des pierres magiques, il fallait soit aller à leur recherche, soit parcourir dans des ruines anciennes. Cela dit, Ristia avait déclaré qu’elle avait créé les pierres magiques. Elle avait encore sorti une autre sacoche en cuir de sa boîte à objets comme s’il était tout à fait normal de le faire.

« Attends, je pensais que j’imaginais des choses, mais tu utilises une boîte à objets, n’est-ce pas ? » demanda Eindebelle.

« Oui, je le fais par commodité, » déclara Ristia.

« Euh, je ne discute pas de la commodité ici. Tu réalises que c’est une boîte à objets, n’est-ce pas ? Tu sais, c’est de la magie légendaire !? » s’écria Eindebelle.

« Au fait, mon plus grand chef-d’œuvre est celui-ci. Jolie, tu ne trouves pas ? » Ristia avait sorti une pierre magique noire de plusieurs centaines de carats, qui étincelait en absorbant la lumière environnante.

« Tu m’écoutes quand je dis : “Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?” » s’écria Eindebelle.

« Hein ? Comme je l’ai dit, c’est une pierre magique que j’ai faite, » déclara Ristia.

« Tu plaisantes, c’est sûr. Je n’ai jamais vu ou entendu parler d’une pierre magique aussi extraordinaire depuis ma naissance, » s’exclama Eindebelle, sidérée.

Eindebelle était en fait une enchanteresse capable de faire de la magie de troisième niveau, la plaçant dans une classe d’élite parmi les humains de cette époque. Raison de plus pour laquelle le sang d’Eindebelle s’était figé au contact de l’époustouflante pierre. Cette immense pierre magique était semblable à celles décrites dans les légendes — incomparable à n’importe quel autre objet conventionnel. La pierre était évidemment du matériel de qualité trésor national, et ce n’était certainement pas quelque chose que l’on trouverait sur une simple fille qui se baladerait.

« … D’accord, crache le morceau. Qui es-tu ? » s’écria Eindebelle.

« Je suis juste une fille normale, » répondit Ristia.

« Une fille normale ne se promène pas avec des pierres comme ça ! » s’écria Eindebelle.

« Quoiii !? Vraiment !? » Je ne le savais pas ! pensa-t-elle, montrant clairement son choc. Elle semblait normale, anormalement mignonne aussi. En fait, elle semblait n’être rien de plus que ça. Néanmoins, sa conduite était clairement anormale. Cette jeune fille avait un tel déséquilibre que cela avait frappé Eindebelle avec un sentiment indescriptible d’instabilité.

« Je vais te le demander encore une fois… Qui es-tu ? » demanda Eindebelle.

« Je suis juste une fille normale, un peu douée pour faire des pierres magiques, » répondit Ristia.

« Non, non, non, non, non, arrête. On a dépassé le stade du “un peu”, Mademoiselle ! Tout d’abord, une fille normale ne pourra pas utiliser une boîte à objets, et même si tu n’es pas normale, tu ne pourras toujours pas faire des pierres magiques ! » s’écria Eindebelle.

« … Quel désordre ! » déclara Ristia, en se débattant intérieurement en raison de la déception après qu’on lui ait dit qu’elle était loin d’être dans le domaine de la normalité. Elle avait l’air frêle et adorable, comme un petit animal abandonné dans la rue.

« Oh… » Eindebelle regarda Ristia, visiblement choquée, et fit gémir de sympathie. « Pourquoi es-tu si déprimée envers toi-même ? On dirait que j’ai fait quelque chose de mal ici. »

« Hein ? O-Oh, non, ce n’est pas vrai du tout ! Belle, tu n’as rien fait de mal. Je m’en prends à moi-même sans vraie raison ! S’il te plaît, ne t’inquiète pas pour moi ! » Ristia avait courageusement proclamé cela alors que de minuscules gouttelettes de larmes s’étaient formées dans ses yeux. Ce fut un coup dur pour Eindebelle, car elle se sentait comme une ordure pour ce qu’elle avait apparemment fait.

« H-Hey maintenant, je suis désolée. Tu es une fille normale, Ristia. Tu l’es vraiment, » déclara Eindebelle.

« Hein ? Vraiment ? Tu le penses vraiment ? » demanda Ristia.

« Y-Yup, crois-moi. Je ne dis pas ça juste par culpabilité, » déclara Eindebelle.

« Super, c’est génial, je fais des trucs normaux de filles ! » le fait de regarder Ristia se pavaner et ricaner tout en étouffant ses larmes était si mignon qu’Eindebelle en était venue à réaliser quelque chose.

« Il n’y a rien de mal à dire Ristia est une fille normale. On va s’en tenir à ça, » murmura Eindebelle.

Dans son esprit, cependant, elle était aussi arrivée à la conclusion, et en plus, je peux toujours interroger Nanami pour obtenir des détails.

Non loin de là, Ristia ignorait totalement ces délibérations, car elle était trop occupée à sauter de joie. Et c’est ainsi que Nanami avait gagné une autre chose dont il fallait s’inquiéter.

***

Partie 7

« Alors, serais-tu en mesure de vendre ces catalyseurs dans ton magasin ? » demanda Ristia.

« Me demandes-tu de les vendre ici ? » Des gouttes de sueur coulaient sur le front d’Eindebelle qui répondait à Ristia, l’adorable fille d’origine inconnue. Chaque catalyseur de la pile devant Eindebelle valait plus que tout le stock de son magasin. Elle avait gentiment proposé de les vendre à la place de la jeune fille, mais cela attirait de sérieux signaux d’alarme.

« C’est vrai, et si tu en as besoin, je peux toujours en faire des objets enchantés, » déclara Ristia.

« Qu’est-ce que — ? Peux-tu même faire des enchantements !? À ton âge !? » demanda Eindebelle en état de choc pour la énième fois.

La création de pierres magiques était un talent tout droit sorti des contes de fées, donc c’était difficile à avaler, mais les enchantements étaient le domaine d’expertise d’Eindebelle. Elle s’était dévouée à son métier depuis qu’elle était enfant, donc elle le savait mieux que quiconque. Elle savait qu’il était absolument impossible pour une jeune fille comme Ristia, au milieu de l’adolescence, de créer des objets enchantés avec la pile de catalyseurs qui se trouvait devant elle.

Néanmoins…

« … Oh, c’est vrai. Je suis une fille normale, donc je ne peux pas faire d’enchantements », commenta Ristia d’une manière distante, mais adorable, faisant frissonner le dos d’Eindebelle. Elle ne devrait pas être capable de les faire, logiquement parlant. Elle ne devrait pas, mais son commentaire donnait certainement l’impression qu’elle pourrait très bien le faire si elle le voulait. Eindebelle décida alors de jouer un petit tour.

« Tu sais, Ristia. De nos jours, les filles normales peuvent faire des choses comme faire des enchantements, » déclara Eindebelle.

« Attends, peuvent-elles le faire ? » demanda Ristia.

« Bien sûr que si. Je suis moi-même une fille… et je dirige même cette boutique d’enchantement, n’est-ce pas ? »Et la seule raison pour laquelle j’en suis capable, c’est à cause des vingt ans d’entraînement que j’ai suivi depuis que je suis gamine. Je sais que je me suis traitée de fille normale pour cacher ça, mais ça me met mal à l’aise…, pensait Eindebelle.

Ristia avait alors répondu : « Tu as raison… Tous les objets enchantés ici sont après tout ton œuvre. »

Comment diable sait-elle cela ? Soupçonnait Eindebelle, mais elle avait laissé passer ça pour accomplir ce qu’elle avait prévu de faire. Ristia avait continué.

« Je vois. Compris. Ça veut juste dire que Nanami a eu une mauvaise idée tout ce temps, hein ? » déclara-t-elle avec un sourire angélique. Eindebelle avait simplement regardé et s’était dit. Cette fille est… une idiote ou quoi ? Cependant, la façon dont elle l’a dit m’a intéressée. J’imagine que Nanami lui a mis cette idée en tête. Et ça veut dire que Nanami sait qui est vraiment cette fille et lui a dit de garder le secret, non ? Je suis presque sûre que je ne suis pas loin du compte. C’était la conclusion d’Eindebelle à ce sujet.

C’était aussi à ce moment-là qu’elle aurait pu laisser tomber, car tromper une innocente petite fille la rendait coupable. Malheureusement, sa curiosité avait pris le dessus.

« Donc Ristia, tu peux vraiment faire des enchantements, n’est-ce pas ? » demanda Eindebelle.

« Euh-hmm, bien sûr que je peux, » déclara Ristia.

Je le savais ! Eindebelle s’exclama intérieurement avec excitation. Si elle était juste capable de faire des enchantements et vraiment juste cela, alors cela se terminerait simplement avec elle étant une enfant douée et rien de plus. Mais encore une fois, et si ? Et si Ristia était à un niveau où elle pourrait utiliser les catalyseurs empilés devant les deux femmes ?

« Pourrais-tu me montrer un objet que tu as enchanté, Ristia, ma chérie ? » demanda Eindebelle, essayant de la jouer cool alors que son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine.

Ristia, d’autre part, ne se doutait de rien et souriait, en répondant, « bien sûr ~. »

Quel genre de fantastiques objets enchantés a-t-elle en réserve ? se demanda Eindebelle, son pouls s’accélérant instantanément. À sa grande consternation, Ristia avait sorti une masse blanche de métal.

« C’est quoi… ? » demanda Eindebelle.

« C’est du platine. J’ai prévu d’en faire une broche, » répondit Ristia.

« … Tu as prévu ? Tu veux dire que tu vas faire une broche tout de suite ? » C’était un processus qui pouvait prendre plusieurs semaines. Elle avait voulu que Ristia lui montre un enchantement déjà accompli, si possible, mais elle s’était trouvée incapable de terminer cette pensée à haute voix.

C’était parce que ses yeux avaient entrevu le cercle magique incroyablement élaboré qui s’était formé autour du corps de Ristia.

« Qu’est-ce que… ? Est-ce que c’est un... » s’exclama Eindebelle.

En ce qui concerne la magie dans ce monde, il faudrait dessiner un cercle magique à partir du mana pour agir comme un circuit, ce qui vous permettrait d’insérer votre propre force magique et de produire l’effet que vous désirez. La magie de niveau 1 servait de base, composée d’un seul cercle magique. La magie de niveau 2 allait ajouter un autre cercle avec un effet différent au premier. La magie de niveau 3 allait ajouter deux cercles avec des effets différents au premier, et ainsi de suite et ainsi de suite. Plus vous montiez de niveaux, plus la disposition du cercle devenait complexe.

Le cercle magique complexe que Ristia avait dessiné avec peu d’efforts contenait huit cercles magiques. Ce qui veut dire…

« C’est… un sort de niveau 8, » s’exclama Eindebelle.

C’était impossible. Inconcevable.

L’humanité n’avait réussi à atteindre que le niveau 4. Il y avait des histoires de sorciers qui avaient atteint le niveau cinq, mais il s’agissait essentiellement de contes de fées. Il n’y avait aucune chance qu’un être humain puisse utiliser la magie du niveau 8. Non, cette impossibilité ne s’était pas arrêtée aux humains. Même les dirigeants des légendaires époques du passé, les Sangs Véritables, auraient atteint leur limite au niveau sept. Il ne devrait y avoir aucune forme de vie sur cette planète capable d’un sort de niveau 8. Même s’il n’aurait pas dû y en avoir, Ristia se tenait là, jetant son sort sous les yeux d’Eindebelle. Le métal qu’elle appelait « platine » prenait la forme d’un cœur ouvert asymétrique. Son centre contenait une pierre magique qui brillait de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

« Je peux y placer un enchantement, qui annulera n’importe quelles maladies corporelles. Donne-lui la protection nécessaire pour neutraliser tous les éléments dangereux… Enchantement ! » déclara Ristia.

Annuler les maladies corporelles, c’est déjà dans le territoire d’artefact, ma fille ! Ce commentaire avait à peine surgi au-dessus d’un murmure râpeux avant…

« Ehehehe, tout est fait ~, » proclama Ristia avec un sourire innocent, ignorant qu’Eindebelle était saisie par le choc et la crainte. Dans sa paume se trouvait la broche à cœur ouvert. La pierre qu’il contenait pouvait rapporter un prix exorbitant, tout comme le bijou. Eindebelle l’avait regardé, complètement stupéfaite.

« As-tu dit que ça annulerait les maladies corporelles ? » demanda Eindebelle.

« Euh-hein, ça annulera tous les maux physiques, » déclara Ristia.

« … Tout et n’importe quoi ? Puis-je faire un petit essai ? » demanda Eindebelle.

« Bien sûr, je t’en prie ~ » avec désinvolture, Ristia lui avait offert l’œuvre d’art, qu’Eindebelle avait prise avec ses mains hésitantes et tremblantes.

« Euh, donc… tout ce que j’ai à faire c’est mettre mon propre mana là-dedans ? » demanda Eindebelle.

« Non, puisque tu utilises une pierre magique, tout ce que tu as à faire est de la tenir, et elle s’activera, » déclara Ristia.

« Ah, tu ne dis rien, » s’exclama Eindebelle.

Les enchantements typiques étaient jetables, ou ils nécessitaient que l’utilisateur fournisse sa propre essence magique pour les aider à les alimenter. Cependant, cette règle ne s’appliquait pas aux pierres magiques de grande puissance. Il était possible de les faire s’activer automatiquement en utilisant le propre stock de mana de la pierre au lieu de les charger périodiquement. Eindebelle avait de l’expérience dans le maniement des pierres magiques auparavant, bien qu’aucune n’avait ce niveau ridicule de puissance. Il était de notoriété publique qu’il existait des objets enchantés qui transportaient des pierres magiques qui ne nécessitaient pas que l’utilisateur fournisse du mana pour l’activer. Apparemment, elle était tellement secouée qu’elle s’était voilé la face sur ce fait très fondamental.

« D’accord, il n’y a rien à faire. » Eindebelle avait sorti une potion avec un agent anesthésiant des étagères et en prit une petite gorgée en tenant la broche. Normalement, elle aurait ressenti une sensation de picotement dans sa bouche, mais… elle n’avait rien senti de tel, et à la place, la broche avait émis un petit flash de couleur arc-en-ciel.

Après qu’Eindebelle eut avalé une gorgée de la potion, elle se mit à engloutir hardiment le reste. Malgré cela, les sentiments d’engourdissement ou de paralysie ne s’installèrent jamais, et la broche qu’elle tenait dans la main brilla à nouveau. Eindebelle était maintenant convaincue que la broche avait éliminé les effets de l’agent engourdissant.

En vérité, elle était aussi capable de créer un enchantement pour annuler les effets d’un agent anesthésiant, mais non seulement elle aurait eu besoin de beaucoup de travail pour le créer, mais ses effets n’auraient pas été aussi rapides que cela. Il avait également aidé à annuler toutes les maladies corporelles, et pas seulement certaines d’entre elles. La création d’un tel enchantement à large spectre était hors de sa portée. Bien qu’elle n’ait pas fait de test pour d’autres effets, si l’objet annulait les effets de la potion anesthésiante qu’elle avait choisie au hasard, il était fort probable qu’elle se débarrasserait de presque tout. Cela signifiait que la broche était essentiellement un artefact et que son créateur, Ristia, était une légende ambulante.

— Qui diable es-tu ?

Les mêmes soupçons que ceux qu’Eindebelle avait eus précédemment avaient refait surface dans son esprit, mais elle n’avait pas prononcé ces mots par considération pour Ristia et pour son insistance à vouloir être une fille normale. Au lieu de cela, elle avait posé une question différente.

« Laisse-moi te demander : pourquoi es-tu ici ? » Avec de tels pouvoirs, Ristia était capable de diriger cette ville — non, tout le continent comme elle l’entendait.

Mais au lieu de cela, Ristia avait répondu : « Je veux aider les enfants dans le besoin, c’est pourquoi j’ai besoin d’argent pour subvenir à mes besoins. Ça m’aiderait si tu m’achetais cette broche… »

La réponse que Ristia avait apportée avec ce sourire inaltéré avait complètement bouleversé les attentes d’Eindebelle. Sa réponse était si inattendue qu’Eindebelle était restée là, clignotant des yeux de surprise.

« Tu veux vraiment faire ce que tu dis ? » demanda Eindebelle.

« Hm-hmm ! Je le pense vraiment ! » Les grands yeux pourpres de Ristia étaient clairs et purs. Eindebelle n’avait pas l’impression que la fille lui mentait. Et même si Ristia préparait quelque chose, Eindebelle — non, l’humanité n’avait aucun moyen de l’arrêter, elle et sa magie de niveau 8. En prenant cela en considération, il n’y avait aucune raison pour que Ristia mente. Et surtout, Ristia n’avait pas l’intention de faire du mal à Nanami, alors Eindebelle était prête à laisser passer l’affaire.

C’est alors que Rick, qui était censé être en route vers la guilde, se précipita dans le magasin.

« Maman, vas-tu bien !? » s’écria Rick.

« Pourquoi fais-tu irruption comme ça ? » demanda Eindebelle.

« D’abord, éloigne-toi de cette fille. Sur le chemin de la guilde, j’ai commencé à demander à Nanami quelques infos sur elle, et elle n’est clairement pas normale. C’est pour ça que je suis rentré, » déclara Rick.

« … Hein ? » Ristia avait été choquée d’apprendre qu’elle n’était pas normale.

Il doit y avoir une raison pour qu’elle soit si obsédée par la normalité, non ? avait réfléchi Eindebelle.

« Tu m’écoutes, maman !? » s’écria Rick.

« Hm ? Oh, oui, je suis à l’écoute. Tu peux m’expliquer ce que tu veux dire par cette fille qui n’est pas normale ? » demanda Eindebelle.

« Elle a apparemment tué un dragon quand elle a sauvé Nanami. Il mesurait cinq mètres et avait anéanti l’équipe de reconnaissance, mais elle l’a battu d’un seul coup, » répondit Rick.

« Hein… C’est toute une chose, ça » déclara Eindebelle.

Il était rare de voir un dragon dans la vraie vie à cette époque. Bien sûr, entendre qu’il y avait un dragon qui vivait là au début avait été un choc, mais il n’était pas déraisonnable pour un dragon d’anéantir cette équipe de reconnaissance. Et ce n’était certainement pas un choc que Ristia ait vaincu ce dragon. En voyant comment Ristia pouvait utiliser la magie de niveau 8, Eindebelle savait que Ristia se contenterait d’une attaque rapide pour se charger d’un simple dragon.

« Maman ! Ce n’est pas le moment de chanter des louanges. Elle a tué un putain de dragon ! » s’écria Rick.

« Uh-huh, uh-huh, je vois le tableau. Alors, qu’a dit Nanami ? A-t-elle dit que Lady Ristia est un monstre dangereux ? » demanda Eindebelle.

« Euh, non… Nanami dit qu’elle n’est pas dangereuse. En fait, elle a dit qu’elle était un… ange. » Rick avait l’air perdu. C’était un demi-frère charmant, alors il voulait croire ce que Nanami lui avait dit, mais il était très probablement en conflit à propos de l’affirmation « ange ». Malgré tout, Eindebelle pensait que la phrase correspondait parfaitement à la fille.

« Si Nanami dit que Ristia est un ange, alors c’est un ange, » déclara Eindebelle.

« Maintenant tu le dit aussi, maman !? » s’écria Rick.

« Rick, si tu parlais à Ristia, tu le saurais toi-même. La fille est tout à fait un ange. » Il était difficile d’imaginer que l’innocence de Ristia ne soit qu’un jeu d’acteur. Si Ristia ne faisait que mettre un masque, alors Eindebelle ne saurait plus quoi croire. C’est pourquoi elle avait ensuite présenté la broche à Ristia. « Cette broche est trop chère pour être vendue ici au magasin. Tiens, Hun. Reprends-le. »

« Oh, ok..., » Ristia avait repris la broche avec un visage qui indiquait qu’elle le faisait à contrecœur. En voyant Ristia affaisser ses épaules dans la déception, Eindebelle avait eu un sourire effronté.

« En échange, je demanderai à l’un de mes contacts de te l’acheter. Et pour ce qui est du coût de la vie en ce moment, je vais m’occuper de toi, » déclara Eindebelle.

« J’apprécie, mais es-tu sûre… ? » demanda Ristia.

« Bien sûr que je le suis. Tu peux me remercier en t’entendant avec Nanami, d’accord ? » demanda Eindebelle.

Ristia était stupéfaite, clignant des yeux, avant de répondre avec un grand sourire. « D’accord ! »

Voir ce sourire heureux avait suffi à réaffirmer à Eindebelle que Ristia était en effet une fille bonne et honnête. Sa beauté écrasante lui donnait l’envie de donner un autre gros câlin à la jeune fille, mais Rick s’était interposé avant qu’elle n’en ait eu l’occasion.

« Attends une seconde, maman. Es-tu sérieuse ? » demanda Rick.

« Eh bien, je suis sérieuse, » répondit Eindebelle.

« D’accord, mais… »Avant que Rick puisse commencer sa phrase insatisfaite, Eindebelle l’avait interrompu.

« Franchement, Rick. Si Ristia essayait de faire quelque chose à Nanami, à quoi bon la ramener ici ? » Si elle avait voulu faire quelque chose de malfaisant à Nanami, il n’était pas nécessaire de prouver à Eindebelle ou Rick qu’elle soit encore en vie. Après tout, si l’équipe de reconnaissance avait été anéantie, il n’y aurait eu aucun moyen de savoir si Nanami avait été emmenée.

« Tu n’as pas tort…, » déclara Rick.

« Maintenant, c’est bien beau que tu te fasses du souci pour Nanami, mais perdre de vue ce qu’il y a autour de toi, c’est quelque chose sur quoi tu dois travailler, Rick, » déclara Eindebelle.

« Argh… D-Désolé, » déclara Rick.

« Ce n’est pas à moi que tu devrais t’excuser, fiston, » déclara Eindebelle.

« C’est vrai. Euh… Je suis désolé si j’ai dit quoi que ce soit pour vous offenser, Ristia. Euh, Mademoiselle Ristia, » déclara Rick.

« Hm-hm, ne vous inquiétez pas, ça ne m’a pas dérangé, » dit Ristia en souriant. Elle avait écouté toute leur conversation avec une expression qui disait clairement qu’elle réagissait ainsi par considération. Lorsqu’il s’en était rendu compte, Rick avait poussé un lent gémissement de culpabilité. C’est à ce moment-là…

« Hah, hah, hah, hah... Grand Frère ! Rick ! Attends ! Ne me laisse pas comme ça ! » s’exclama Nanami.

« N-Nanami !? » Nanami était rentrée à la maison au pire moment possible du point de vue de Rick.

« Grand Frère, n’as-tu pas été impoli avec Lady Ristia ? Si c’est le cas, je m’en fiche si tu es mon frère, tu en paieras le prix, » déclara Nanami, ses mots après son retour tardif à la maison forçant Rick de plus en plus loin dans un coin. C’était un spectacle qui la rendait méfiante, alors elle s’était plutôt tournée vers Ristia.

« Lady Ristia, il n’a pas été impoli avec vous, n’est-ce pas ? » placé dans une situation extrêmement difficile, Rick avait commencé à transpirer à grosses gouttes jusqu’à ce que…

« Non, tout va bien, tout va bien. Ces deux-là t’aiment vraiment, Nanami. » Ristia n’avait pas pu répondre négativement. Au contraire, elle avait fait l’éloge de Rick et d’Eindebelle.

« Mademoiselle Ristia…, » Rick regarda Ristia, comme s’il se sentait sentimental face à une personne qu’il traitait si mal qui avait répliqué à son impolitesse avec de la gentillesse. Le regard d’Eindebelle, qui voyait son visage rougir légèrement, n’était probablement pas seulement le fruit de son imagination.

On dirait que le printemps est là et que l’amour est dans l’air pour toi, Rick. J’aimerais bien dire ça, mais je pense que c’est une fille qui est trop pour toi, fiston. Eindebelle pensait ça, ruminant les difficultés futures de Rick avec un sourire embarrassé.

***

Partie 8

Le lendemain matin, après l’arrivée de Ristia à la maison de Nanami, Ristia prenait le petit déjeuner avec le reste de la famille.

« Au fait, Ristia ? »

« Hm ? »

Au moment où le petit déjeuner se terminait, Eindebelle s’adressa à Ristia, qui répondit avec curiosité.

« Je dois te parler à propos du vendeur d’objets magiques que je connais. Je vais entrer en contact avec lui, ça ne te dérange pas d’attendre quelques jours ? Tu es plus que bienvenue ici. Tu peux rester aussi longtemps que tu le souhaites en attendant, bien sûr, » déclara Eindebelle.

« Ça ne me dérange pas d’attendre, mais j’ai l’intention d’améliorer ma situation de vie, » déclara Ristia.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Lady Ristia, ne voulez-vous pas vivre ici !? » Nanami semblait surprise par cette nouvelle soudaine, mais Ristia pensait le contraire. Elle ne pouvait pas abuser de son accueil chez Nanami, car ce serait un mauvais exemple de son objectif d’être une bonne sœur aînée.

« Auriez-vous peut-être une meilleure idée. Existe-t-il des emplois où vous pouvez aider les enfants dans le besoin ? » Ristia avait demandé cela, pensant qu’elle pouvait faire d’une pierre deux coups en trouvant un enfant pour faire qu’elle l’aime en tant que sœur aînée et gagner sa vie.

« Travailler pour aider les enfants dans le besoin, hein ? Hmm, ce qui me vient à l’esprit en premier, c’est l’orphelinat, mais…, » répondit Eindebelle.

« Quand tu dis “orphelinat”, je suppose que tu veux parler d’un établissement où l’on élève des enfants sans parents vivants ? » En d’autres termes, c’était un lieu de rassemblement pour les enfants dans le besoin. Si je pouvais y travailler, ce serait vraiment faire d’une pierre deux coups ! pensa Ristia, ravie. Cependant, il y a eu de mauvaises nouvelles.

« Mademoiselle Ristia, si vous songez à travailler dans cet orphelinat, j’abandonnerais cette idée, » désapprouva Rick, parlant dans une position en biais par rapport à Ristia après une longue période de silence pendant la majeure partie du petit déjeuner.

« Pourquoi ça ? » demanda Ristia.

« Il y a des rumeurs louches sur cet orphelinat, » répondit Rick.

« Des rumeurs louches de quel genre ? » demanda Ristia.

« Le directeur de l’orphelinat détourne les subventions du seigneur local, des cas d’enfants disparus — ce genre de rumeurs, » répondit Rick.

« Oh wow… Alors, cet orphelinat accepte les demandes ? » demanda Ristia.

« Il a une mauvaise réputation, donc les gens de la ville restent à l’écart. Je suppose qu’ils sont à court de mains, mais… hé ? Avez-vous écouté ce que j’ai dit ? » demanda Rick.

« Bien sûr que oui. En gros, les enfants là-bas pourraient avoir besoin d’aide, non ? » Si le directeur de l’orphelinat est une mauvaise personne, alors tous les enfants qui y vivent doivent vraiment avoir besoin de l’aide de quelqu’un. Cela me donne d’autant plus de raisons d’y aller, se dit Ristia, avant de faire face aux visages choqués d’Eindebelle et de Rick.

Nanami, d’un autre côté, l’avait complimentée. « Toujours aussi bienveillante, Lady Ristia. Maman, qu’en penses-tu ? »

« Eh bien… comme c’est de Ristia dont on parle ici, je suis presque sûre qu’elle ira bien, » répondit Eindebelle

« C’est bon. S’il est vrai qu’elle a abattu ce dragon, alors même s’il y a un problème, je pense bien qu’elle devrait pouvoir le surmonter, » répondit Rick.

« Je le pense aussi. Cela étant dit, je te dirai où il est si tu es toujours sur cette idée, mais assures toi d’être prudente là, tu entends, Ristia ? » déclara Eindebelle.

« Fort et clair ! Merci infiniment ! » Ristia avait dit cela avec un sourire satisfait quand Eindebelle avait commencé à lui dire où se trouvait l’orphelinat.

« D’accord ! Si Lady Ristia va à cet orphelinat, moi aussi ! » déclara Nanami.

« Pas question, Nanami, » Rick s’était interposé plus vite que Ristia n’aurait pu lui répondre.

« Aww, comment ça ? » demanda Nanami.

« Tu dois te présenter à la guilde avec moi, voilà pourquoi tu ne peux pas. Comme nous n’y sommes pas allés hier, nous devons y aller aujourd’hui, sinon ce sera le cadet de tes soucis, » déclara Rick.

« Argh, c’est vrai. J’allais oublier. Argh… Lady Ristiaaa ~, » déclara Nanami avec un regard suppliant vers Ristia, en vain, la situation était hors de ses mains.

« Si tu as besoin de faire un rapport, alors il est nécessaire de le faire, » déclara Ristia.

« Mais… Lady Ristia, il y a une chance que vous ne reveniez pas chez nous, n’est-ce pas ? » demanda Nanami.

« Je n’en suis pas sûre, mais je me ferai un point d’honneur de te le dire si je finis par rester ailleurs, d’accord ? » déclara Ristia.

« … Vraiment ? » demanda Nanami.

« Ouaip. Après tout, je veux qu’on forme une bonne relation et que l’on continue comme ça, » déclara Ristia.

« Lady Ristia, je… J’apprécie tellement ça ! » Voir Nanami tellement joyeuse apportait aussi du bonheur à Ristia. Elle avait quelqu’un qui l’adorait vraiment, ce qui l’avait fait sourire.

Ristia s’était ensuite dirigée vers le sommet d’une colline à la périphérie de la ville. Elle était finalement arrivée devant l’orphelinat, un bâtiment en pierre qui semblait loin d’être solide. Il y avait plusieurs zones qui avaient été endommagées, donnant l’impression que la bâtisse pourrait s’effondrer à tout moment. Normalement, on aurait hésité à s’approcher d’un endroit comme celui-ci, mais Ristia, c’était le contraire. Elle était excitée, pensant que ma future sœur pourrait être là, ayant besoin de mon aide !

« Hello ~ ~? Y a-t-il quelqu’un ~ ? » Elle frappa humblement à la porte plusieurs fois. Après quelques instants d’attente, les portes en bois s’ouvrirent lentement, et une jeune fille à la peau brune sortit. À en juger par sa taille, elle était probablement plus jeune que Nanami, probablement vers le milieu de l’adolescence. Quoi qu’il en soit, elle projetait une aura quelque peu envoûtante — une jeune fille d’une beauté captivante, c’est le moins qu’on puisse dire.

« … Qui êtes-vous, ma sœur ? » demanda la fille.

« Ma sœur ! » s’exclama Ristia.

Oh mon dieu, la première fois que quelqu’un de plus jeune que moi m’appelle « Sœur » ! Bien sûr, il manque la partie « Grande », et il n’y a pas d’amour derrière, mais c’est un début fantastique ! Ristia était excitée, sentant qu’elle avait fait le bon choix en venant à l’orphelinat. Finalement, il lui vint à l’esprit que la jeune fille lui faisait un regard bizarre, alors elle s’était éclairci rapidement et gentiment la gorge pour se ressaisir.

« Je suis désolée de t’avoir fait peur. Je suis Ristia. Je suis ici parce que je veux travailler dans cet orphelinat, » répondit Ristia.

« Vous voulez travailler ici… ? Écoutez-moi ! Je ne sais pas quelle est l’idée géniale derrière tout ça, mais vous feriez mieux de retourner maintenant d’où vous venez. » Bien que la fille lui ait dit de dégager, Ristia avait gardé son sourire.

« Pourquoi dis-tu cela ? » demanda-t-elle en inclinant avec perplexité la tête. Le visage de la jeune fille à la peau brune fit un visage amer face à cette question, et elle se mit à scruter la zone voisine autour d’elle avant de se rapprocher un peu plus de Ristia.

« … N’avez-vous pas entendu les rumeurs sur cet endroit, ma sœur ? » demanda la fille.

« Par “rumeurs”, tu veux dire…, » commença Ristia.

« Maria ! Qu’est-ce que tu fais là-bas ? » Une voix masculine la réprimandant résonna. Quand elles s’étaient tournées vers la source, elles avaient vu un homme dodu et d’âge mûr qui les regardait fixement.

« … ! Rien. Rien. Cette fille demandait juste son chemin, » répondit la fille à la peau sombre.

« Pas tout à fait. Je suis venue ici parce que je veux travailler à l’orphelinat, » répondit Ristia.

« Merde, vous… ! » s’exclama la fille.

« Oh ho, bien, bien, bien. N’es-tu pas une adorable jeune femme ? Tu veux dire que tu veux travailler ici ? » demanda l’homme.

« Oui, Monsieur ! » Ristia hocha la tête énergiquement. L’homme corpulent avait souri face à ça.

« Oh, tout de suite ? » demanda-t-il.

À côté d’elle, la jeune fille à la peau brune se couvrit le visage en disant : « … Oh, mon Dieu. Ne dites pas que je ne vous avais pas prévenu. » C’était un autre commentaire auquel Ristia n’avait pas prêté attention.

« Et si on parlait à l’arrière ? » demanda l’homme rond, l’invitant à entrer. Elle s’était avancée et était ainsi rentrée dans l’orphelinat.

Traversant les couloirs tout en étant guidés par l’homme, ils étaient tous les deux entrés dans la pièce à l’arrière de l’édifice. Le caractère plutôt démodé de l’édifice s’était manifesté dès qu’on franchissait la porte d’entrée, mais la pièce dans laquelle Ristia s’était retrouvée était en contraste flagrant avec cela. C’était extrêmement bien rangé et luxueux. Cela avait fait tourner les engrenages dans la tête de Ristia. Est-ce que c’était par respect pour les invités qui venaient les voir ? Ou peut-être que le directeur avait dépensé l’argent pour avoir un milieu de vie confortable pour lui ? Il n’était pas clair lequel des deux c’était.

« Assois-tu là-bas, je t’en prie, » déclara l’homme.

« Oui, merci, Monsieur. » Ristia s’était avancée vers une chaise et s’installa dessus d’une manière élégante. Suivant en costume, l’homme d’âge mûr et potelé s’assit sur la chaise en face d’elle.

« Commençons par quelques présentations, d’accord ? Je m’appelle Georg et je suis le directeur de cet orphelinat, » déclara l’homme.

« Merci pour l’accueil courtois. Je m’appelle Ristia, directeur Georg, » déclara Ristia.

« Hmm. Tu sembles être une jeune femme très bien élevée. Puis-je te poser une question sur ton passé ? » demanda Georg.

« Je suis juste une fille normale. » Ristia avait calmement proclamé qu’elle était une fille normale alors qu’elle était pour ainsi dire évaluée par l’homme plus âgé. Malgré le point sur lequel elle avait insisté, même son courage mental était déjà manifestement anormal. Le directeur Georg en arriva naturellement à la même conclusion et commença à la regarder d’un regard soupçonneux.

« … Et si je peux te poser une question sur ton expérience passée ? » demanda Georg.

« Je me suis enfuie de chez moi il y a quelque temps, » déclara Ristia.

« Oh ho… Tu t’es enfuie de chez toi. Alors, ça voudrait dire que tu aimerais travailler ici puisque tu n’as nulle part où aller et nulle part où rester ? » demanda Georg.

« Non, je n’ai pas vraiment de tels besoins. Bien sûr, si je pouvais travailler ici en tant qu’employée résidante, ce serait l’idéal. Je souhaite aider les enfants dans le besoin », répondit Ristia en souriant d’une oreille à l’autre. C’était une réponse à laquelle le directeur Georg ne s’attendait probablement pas. Ses yeux s’étaient écarquillés de surprise… suivie d’un gloussement guttural, mais faible.

« … Euh, Monsieur ? » demanda Ristia.

« Désolé, où sont mes manières ? Tu es si jeune, et pourtant tu as un état d’esprit si splendide. J’adorerais que tu travailles ici, » déclara Georg.

« … Est-ce que c’est d’accord ? » Ristia avait été déconcertée par la facilité avec laquelle il avait été convaincu.

« C’est tout à fait d’accord. Quelqu’un comme toi est plus que bienvenue dans nos couloirs pour travailler ici. Cependant, nous ne pouvons pas offrir beaucoup en termes de salaire si tu es un travailleur à domicile… J’espère que ça ne te dérange pas ? » Le directeur Georg avait préfacé l’offre avant de donner le taux suggéré… ce dont Ristia était honnêtement ignorant, à savoir s’il s’agissait d’un montant faible ou significatif. Le salaire, cependant, n’était pas ce qui était important pour Ristia ici, alors elle hocha la tête et répondit. « Je n’ai aucun problème avec ça, Monsieur. »

« Super ! Je suis content que tu sois d’accord avec ça, » déclara Georg. « Bienvenue parmi nous. »

« Je suis si contente de pouvoir travailler ici, Monsieur ! » déclara Ristia.

« C’est bon à entendre. Je compte sur toi pour bien servir cet orphelinat, Mme Ristia », déclara le directeur Georg, le sourire aux lèvres, en applaudissant. Immédiatement après, la jeune fille à la peau brune que Ristia avait rencontrée dans l’entrée de la chambre entra dans la pièce.

« … Vous avez sonné ? » demanda la femme.

« Oui, cette fille, Mme Ristia, ici présente, va travailler ici à partir d’aujourd’hui. Présente-la aux enfants et montre-lui les ficelles, » ordonna Georg.

« Elle est ce que… ? Ma sœur, vous n’avez pas…, » Maria regarda Ristia d’un regard condamnable, jusqu’à ce que…

« Maria. » Le directeur Georg avait saisi son épaule, ce qui fit trembler de surprise le corps de Maria.

« … D’accord, » la fille à la peau brune s’était précipitée avant de jeter un coup d’œil à Ristia.

« Suivez-moi, je vais vous faire visiter, » déclara-t-elle en sortant pratiquement du bureau.

« Hé, attends-moi. Directeur Georg, si vous voulez bien m’excuser, » déclara Ristia avant de se lever et de franchir la porte, poursuivant la fille à la peau brune.

Elle pensait que la jeune fille venait peut-être de la laisser là, mais heureusement, la petite à la peau brune attendait juste à l’extérieur de la pièce. Cependant…

« Par ici. Par ici. » Après avoir confirmé la présence de Ristia, la jeune fille à la peau brune s’était rapidement mise à marcher.

« … Pourrais-tu me dire ton nom ? » demanda Ristia en marchant à côté de la jeune fille, pour être rencontrée sans réponse. « Hé, hé ? Je demande…, » elle essaya encore une fois de demander, mais avant d’avoir eu le temps de terminer sa pensée, la jeune fille à la peau brune s’arrêta au coin du couloir et leva les yeux sévèrement vers Ristia.

« Je croyais vous avoir dit de faire demi-tour, ma sœur. Pourquoi n’avez-vous pas fait ça ? » demanda la fille.

« Parce que je ne le ferai pas. Je veux aider les enfants dans le besoin, » déclara Ristia.

« … Je vois. Alors je ne dirai plus un mot. Je veux moi-même aider les enfants », dit la jeune fille à la peau brune d’un ton évocateur.

Son expression était teintée de noirceurs, d’une manière assez différente de celle d’une jeune fille ordinaire de quinze ans. Elle avait donné l’impression d’avoir vécu plusieurs fois plus longtemps que cela. Ce n’est peut-être pas un être humain ? Ristia pensa ça en scrutant le corps de Maria avec sa magie. Les données qu’elle avait reçues lui avaient dit qu’elle était cent pour cent humaine, mais elles avaient révélé d’autres renseignements préoccupants. Il y avait plusieurs petites écorchures sur le bas du corps et, pour empirer les choses, elles étaient toutes infectées. De telles infections touchaient principalement les adultes, et dans de rares cas chez les enfants, mais peu de symptômes apparaissent chez la fille. Elle n’avait probablement même pas réalisé qu’elle avait une infection. Ristia avait tendu la main pour jeter un sort de guérison sur la jeune fille, mais dès qu’elle l’avait fait, elle avait crié : « Ne me touchez pas ! » et elle frappa la main de Ristia. La réaction inattendue avait fait écarquiller les yeux de Ristia.

« Euh… Je suis désolée. J’ai dû te surprendre en te tendant la main comme ça, » déclara Ristia.

« Non, c’est moi qui devrais être désolé. J’ai juste été un peu surprise, » la jeune fille avait dit qu’elle n’avait qu’un « peu surprise », mais elle semblait toujours méfiante à l’idée d’être touchée. Pour l’instant, Ristia avait décidé d’abandonner toute magie de guérison. Elle avait ensuite essayé de chercher un autre sujet, se disant qu’elle devrait détendre l’atmosphère.

« Oh, c’est vrai, je n’ai jamais entendu ton nom. Pourrais-tu te présenter ? » demanda Ristia.

« … Je m’appelle Maria. J’aurai 15 ans cette année, » répondit la fille.

« Maria ? C’est un nom si doux, » déclara Ristia.

« Oui, Maria. Et le sucre est doux, pas mon nom, » déclara Maria.

« … Euh, d’accord. Dûment noter, Maria. » La fille à la peau brune répondit par son nom et son âge, rien d’autre. C’était une présentation de soi très directe et sans fioritures, mais une fois que Ristia avait vu l’expression de Maria, elle s’était rendu compte que ce n’était pas le cas. Il était probable que cette fille n’avait jamais eu l’occasion de dire quoi que ce soit d’autre dans le passé.

Ristia avait donc répondu de la même manière. « Je m’appelle Ristia, et j’aurai 17 ans cette année. »

« … C’est tout ? » demanda Maria.

« J’espérais que tu apprendrais à connaître le reste avec le temps, » répondit Ristia.

« … Ma sœur, vous êtes bizarre, » déclara Maria.

« Je ne suis pas bizarre. Je suis une fille normale, » répondit Ristia.

« Hehe hehe hehe… et vous êtes drôle. » Pour une raison inconnue, elle s’était mise à rire. Ristia était déçue, car elle n’avait jamais eu l’intention de faire rire la fille, mais Maria avait l’air de s’amuser, ce qui la satisfaisait quand même.

« Maria, pourrais-tu me faire visiter ? » demanda Ristia.

« Êtes-vous vraiment sûre de vous ? » demanda Maria.

« Oui, aussi sûre que possible, » répondit Ristia.

« … C’est étrange. Une petite partie de moi me dit que vous allez vous en sortir, » déclara Maria en réduisant le son de sa voix, « Ouais… Même si c’est impossible. » C’était un murmure incroyablement petit, mais Ristia l’entendit claire comme du cristal, étant la Sang Véritable qu’elle était.

« Ça va aller, tu sais ? Je le jure, » déclara Ristia.

« HahaTrès bien. Je vais commencer par vous présenter tous ceux qui vivent à l’orphelinat, » déclara Maria.

***

Partie 9

« Sur cette note, ce sera donc la nouvelle fille qui s’occupera de tout le monde. »

Ristia avait été conduite dans une grande salle commune de l’orphelinat où elle avait rencontré en face à face les douze orphelins — Maria incluse — qui vivaient dans l’institution. Il y avait quatre garçons et huit filles. Alors qu’elle s’émerveillait de la façon dont Maria était jeune quand elle l’avait vue pour la première fois, les autres enfants étaient tous encore plus jeunes qu’elle. D’après ce que Maria lui avait dit, toute personne âgée de plus de 12 ans était habituellement « diplômée » de l’orphelinat. En tout cas, il y avait douze enfants, chacun d’eux étant probablement un diamant brut. La tête haute, ils regardaient Ristia avec une combinaison d’espoir et d’inquiétude peinte sur leur visage. Ristia s’agenouilla devant eux et parla à hauteur des yeux.

« Bonjour, tout le monde. Je m’appelle Ristia. Je veux aider les enfants dans le besoin, alors je vais travailler ici à l’orphelinat à partir de maintenant. Est-ce que tout le monde peut me dire leurs noms ? » Elle avait affiché son sourire angélique, qui fascinait les garçons et stimulait leur instinct de protection. C’était un sourire qui rassurait si bien les jeunes enfants que la majorité d’entre eux, qui avaient été sur leurs gardes, avaient commencé à céder face à ses charmes.

« Je m’appelle Mew ! »

« Je suis Ayane ! »

« Je m’appelle Glen ! »

Un cœur de présentations s’était fait en même temps.

« Allez, les enfants. Si vous parlez tous en même temps, vous allez confondre la dame, » déclara Maria en réprimandant tout le monde pour ses manières. Une fois qu’elle l’avait fait, ils s’étaient tous excusés à l’unisson avant de se taire. « Désolée, Grande Soeur Maria ! »

« Wôw…, » Ristia regarda Maria, son regard rempli de respect. Dans son esprit, elle pensait, « G-Grande Sœur Maria » ! Tu es incroyable, Maria ! Tous ces enfants t’adorent comme une Grande Sœur ! Je suis plus vieille que toi quand il s’agit d’années, mais tu es plus riche en expérience ! J’ai tant à apprendre de toi ! Je ferai de mon mieux, mais je ne vais pas prendre du retard non plus ! Ristia s’était trouvée motivée.

« Merci, Maria, mais c’est bon, » déclara Ristia.

« Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire par c’est “bon”… ? » demanda Maria.

« C’est bon, parce que j’ai mémorisé les noms de tout le monde, » déclara Ristia.

« Qu’est-ce que tu racontes ? Se souvenir d’un tas de noms qui vous est crié dessus en même temps, c’est de la folie —, » avant que Maria ait pu finir le monde, Ristia avait dirigé ses yeux vers la fille qui se tenait le plus loin devant.

« Cet adorable garçon manqué aux oreilles de chien est Mew. » Ristia souriait, caressant les oreilles canines bleues et poilues de Mew, l’incitant à sortir un petit « woof » et à sourire de joie. « Et la fille mince s’appelle Ayane. Ses yeux violets sont tout simplement magnifiques. » En ce qui concerne Mew, les enfants ne semblaient pas très convaincus par les affirmations de Ristia, mais au fur et à mesure qu’elle continuait et commençait à réciter leurs noms, ils commençaient à avoir l’air étonnés.

« Alors qu’en est-il de moi ? »

« Des cheveux noirs comme les miens ? Ton nom doit être Glen, » dit Ristia, caressant la tête de Glen d’une manière très naturelle. Il n’avait que dix ans, mais le beau sourire de Ristia lui faisait rougir les joues. Et donc, à la suite de sa démonstration — . 

« Tu es incroyable, sœurette !! »

Ristia avait reçu des applaudissements et des louanges unanimes des enfants. Elle avait commencé à faire la fête dans sa tête. Oh mon dieu, on vient de m’appeler « sœurette » par une salle pleine d’enfants ! Et bientôt, ils m’adoreront tous. Je ne serai pas seulement « Sœurette », je serai au niveau de « Grande Sœur Extraordinaire » ! pensa Ristia, en gonflant son moral. En tout cas, Ristia avait correctement nommé dix des onze enfants.

« Et le dernier, mais non le moindre, c’est toi. Mais tu ne t’es jamais présentée, » s’était-elle adressée au garçon qui regardait dans l’air à une petite distance de là. Bien qu’elle ait essayé de parler au garçon, l’enfant aux cheveux bruns avait simplement réagi en se tortillant, refusant de se tourner vers elle.

« Allons, Allen. Tu le sais très bien. » Ne voulant pas laisser passer ça, Maria avait saisi les épaules du garçon et le regarda droit dans les yeux.

« Grande Soeur Maria… Comment peux-tu dire ça ? Cette fille est amie avec le directeur, n’est-ce pas ? » Qu’est-ce qu’il insinuait par là ? S’il voulait dire que Ristia était une « collègue » travaillant à l’orphelinat, alors cela aurait tout son sens… mais Maria avait fini par secouer la tête.

« Je ne pense pas que ce soit le cas, » répondit Maria.

« Comment peux-tu en être si sûre !? » demanda Allen.

« Comment ? » Maria avait commencé à jeter un coup d’œil à Ristia.

« Parce que… elle est un peu une tête en l’air, et elle n’a pas l’air très fiable, » déclara Maria.

Pas fiable !? Maria pense que je ne suis pas fiable !? Le cœur de Ristia semblait avoir été jeté par terre. Mon pauvre cœur. Il n’est pas rare qu’une personne que tu viens de rencontrer ne compte pas entièrement sur toi, mais je n’arrive pas à croire qu’elle ressente cela pour moi dès notre première rencontre. Si c’est ainsi, alors je ne me retiendrais pas ! Je vais faire mon possible ! Je vais aller jusqu’au bout et m’assurer que Maria m’adore ! Elle dira : « Grande Soeur, tu es incroyable ! » en un rien de temps ! pensa Ristia, jurant solennellement en secret. Rétrospectivement, c’était probablement ce moment qui avait décidé du sort de l’orphelinat — non, de toute la ville. Cependant, il n’y avait pas une âme présente qui s’en soit rendu compte.

Il n’y avait qu’un seul enfant qui s’était dit : C’est déjà assez bizarre quand elle a soudainement baissé la tête, mais maintenant, elle sert de ses mains en un poing. Qu’est-ce qu’elle a ?

« … Hé, sœurette, vas-tu bien ? » demanda Ayane.

« Merci de demander, mais je vais bien, Ayane, » Ristia avait fait semblant de ne pas être affectée dans l’espoir de ne pas être considérée comme encore plus : peu fiable… Ça ne l’avait pas empêchée d’avoir les yeux un peu embués. « Sais-tu ce qu’il voulait dire par “amis avec le directeur” ? » Ristia demanda à Ayane en laissant Maria et Allen se disputer, mais la fille secoua la tête en réponse.

Elle avait cependant chuchoté. « C’est peut-être dû au fait qu’Allen déteste le directeur. »

« … Pourquoi le déteste-t-il ? » demanda Ristia.

« Allen aime bien Grande Soeur Maria, mais Grande Soeur Maria est proche du directeur, » déclara Allen.

« Ils sont proches… ? » Ristia avait réfléchi, repensant aux deux individus qui interagissaient plus tôt. Cela ne lui donnait pas l’impression qu’il y avait du mépris, mais ils ne semblaient certainement pas proches, en aucun cas.

« Tu sais, je vois parfois le directeur sortir de la chambre de la Grande Soeur Maria quand je vais aux toilettes tard le soir, » déclara Allen.

« … Oh, c’est vrai ? » Ristia semblait avoir une idée de ce qui se passait et pensait demander plus de détails, mais…

« Hey, Ayane, non. On nous a dit de ne jamais en parler, tu te souviens ? »

« Oh, c’est vrai. Alors ouais. Désolé, sœurette, » déclara Ayane.

« hm-mm, non. Je suis désolée, » Ristia s’éloigna du sujet. Elle se tourna de nouveau vers Allen et Maria pendant qu’ils continuaient à se disputer.

« Le fait est que je n’adhère pas du tout à cette raison insensée ! » s’écria Allen.

« Je te l’ai dit, elle n’est pas le genre de personne que tu penses qu’elle est, All —, » Ristia avait touché l’épaule de Maria et avait souri.

« Je te remercie, » déclara Ristia.

« … Hein ? » s’exclama Maria.

« Merci de m’avoir défendu, mais c’est bon. » Elle voulait dire cela moins dans le sens où elle n’avait pas peur d’être soupçonnée, mais plutôt dans le sens où elle était assez fiable pour gérer la situation elle-même. Quelle que soit l’interprétation, Ristia avait fait face à Allen.

« Quoi ? Tu ne vas pas me piéger comme les autres, compris ? » déclara Allen.

« Ouais, je ne t’en veux pas de ne pas pouvoir me faire confiance. C’est notre première rencontre, après tout, » Ristia finit sa phrase, puis regarda simplement la paire d’yeux bleus d’Allen. Ces yeux la regardaient fixement, mais elle savait que c’était parce qu’il s’inquiétait pour Maria. « Ce n’est pas grave. Je suis cruelle envers ceux qui font de mauvaises choses aux gens que j’aime, mais je ne suis jamais cruelle envers ceux qui ne m’aiment pas, » déclara Ristia, tirant Allen dans sa poitrine pour un câlin. Avec les seins généreusement fournis de Ristia, toute la tête d’Allen avait rougi.

« Quoi !? Attends, qu’est-ce que tu fais !? » s’écria Allen.

« “Quoi” ? Je pensais que ça t’aiderait à te détendre, » déclara Ristia.

« D-Détendre ? Ce n’est pas ce dont je parle ici —, » Allen était revenu à la raison et avait repoussé Ristia loin de lui. « Je dis que je ne vais pas juste te faire confiance ! » Allen avait lâché sa remarque d’adieu avant de se précipiter hors de la pièce. Ristia le regarda faire, se lamentant, Oh non, il me déteste… Malgré sa peine, elle avait décidé que c’était une mauvaise idée de le laisser tranquille, alors elle avait essayé de le poursuivre, mais Maria l’avait arrêtée avant qu’elle ne le puisse.

« Je parlerai à Allen. Peux-tu divertir les autres enfants, ma sœur » déclara Maria.

« Mais…, » murmura Ristia.

« Ne t’inquiète pas. Il était juste un peu gêné, » déclara Maria.

« … Gêné ? Pourquoi ? » demanda Ristia.

« Peu importe ce que tu fais. Occupe-toi des choses ici, » déclara Maria.

« Eh bien… Je ne suis pas sûre de ce qui se passe, mais d’accord. Assure-toi qu’Allen va bien. » Après réflexion, Ristia décida de faire ce que Maria lui avait suggéré. Après tout, Maria était si mûre au-delà de son âge, et elle semblait savoir comment les enfants fonctionnaient plutôt bien. Elle avait donc décidé de laisser Maria s’occuper d’Allen pendant qu’elle divertissait et jouait avec les autres.

Ristia avait interrogé les enfants sur diverses choses ici et là après cela. Et une fois le dîner terminé…

« Peut-on reconstruire cet orphelinat ? » demanda Ristia, après être venue au bureau du directeur Georg pour lui parler directement.

« Ristia… Qu’est-ce que tu me demandes ? » demanda Georg.

« Je demande si je peux reconstruire l’orphelinat. J’ai parlé aux enfants, et ils m’ont dit qu’il peut y avoir des courants d’air ici. D’ailleurs, il semble que beaucoup de choses soient en train de s’effondrer ici, alors… euh, puis-je…, » en voyant l’expression choquée sur le visage du directeur Georg, Ristia s’était calmée. Son plan initial était d’obtenir la permission de reconstruire l’endroit d’abord, puis elle et le directeur discuteraient de la façon dont elle pourrait s’y prendre pour réparer certaines choses. Comme son plan était si bien établi, elle sentait qu’il était tout à fait inattendu qu’elle se heurte à un obstacle dès le départ.

« Écoute, Ristia, à partir d’aujourd’hui, je peux comprendre ton amour pour les enfants. Cependant, il y a certaines choses dans le monde que tu peux et ne peux pas faire. Tu devrais d’abord te concentrer sur ce que tu peux faire, » déclara le directeur.

« … Oui, Monsieur. Toutes mes excuses. » Mais reconstruire une maison est quelque chose que je peux faire ! Ristia pensa ça, mais elle n’était pas assez puérile pour s’y opposer à haute voix. Certes, elle n’était pas non plus assez adulte pour abandonner humblement son idée.

« En tout cas, tu as fait du bon travail aujourd’hui, mon enfant. Qu’est-ce que ça fait de travailler ici toute une journée ? » demanda Georg.

« C’était tellement amusant de passer du temps avec les enfants ! » déclara Ristia, rayonnante de joie. Le directeur Georg, d’un autre côté, semble avoir été embrouillé.

« C’est… Alors ? Il semble donc que tu es faite pour ce travail, » déclara le directeur Georg avec un sourire enjoué en prenant une bouteille et deux verres sur une étagère. « Ristia, tu sais boire de l’alcool ? » Elle n’avait jamais bu auparavant, mais elle savait ce que c’était que de boire de l’alcool — c’est pourquoi elle avait répondu par l’affirmative.

À noter que Ristia avait dix-sept ans, mais comme ce monde n’était liée par aucune loi interdisant aux mineurs de consommer de l’alcool, tout cela était parfaitement correct selon ces normes. En parlant de normes, c’était une princesse de Sang Véritable, donc les lois humaines étaient inutiles pour elle de toute façon.

« Alors, ce n’est pas grand-chose, mais fêtons ton arrivée avec un verre. » Le directeur Georg s’était détourné et avait commencé à verser le contenu de la bouteille dans la paire de verres. Lorsqu’il se retourna à Ristia, il lui présenta le verre qui lui était destiné, ce qu’elle accepta. La boisson semblait être une sorte de vin, et elle remplissait une bonne partie du verre.

« Portons un toast à ton nouvel avenir, » déclara Georg.

« Mon nouvel avenir, Monsieur ? » demanda Ristia.

« Eh bien, oui. J’espère que tu feras tout pour les enfants, » déclara Georg.

« Oui, Monsieur. Je ferai de mon mieux pour répondre à vos attentes ! » Elle leva son verre et imita les gestes du directeur Georg avant de prendre une gorgée de vin. L’arôme moelleux et l’astringence subtile du vin se répandent dans le palais de Ristia. C’était la première fois que Ristia buvait de l’alcool, mais elle s’était sentie attirée par ce vin.

« Ehehehe, c’est plutôt bon. » Ristia descendit le reste avec délice. C’est vraiment bon ! Je n’ai jamais fait d’alcool auparavant, mais je le ferai peut-être la prochaine fois que j’en aurai l’occasion… pensa Ristia en analysant les ingrédients du vin avec sa langue. Voyons voir, cette boisson « vin » semble être des raisins fermentés pour donner l’alcool. Hmm… Oui, le raisin et l’éthanol semblent être les ingrédients clés. Quoi d’autre ? Voyons voir… Cette astringence vient des tanins. Il y a aussi les acides aminés, et… hm ? N’est-ce pas… un extrait de plantes médicinales avec un agent somnifère ? C’est donc la cause de cette légère amertume. Ce n’est pas nécessaire pour la saveur, mais… peut-être que c’est ici pour que tu puisses passer une bonne nuit de sommeil ? Quoi qu’il en soit, cela ne m’affecte pas, alors peut-être que cet ingrédient n’est pas nécessaire pour éprouver la joie pure et simple du vin.

Ce seul ingrédient suffisait à rendre une fille normale complètement inconsciente, mais pour la fille normale autoproclamée, Ristia, il avait à peine le même effet qu’une herbe apaisante, et elle n’en était guère affectée. C’est ainsi qu’elle avait commencé à boire son vin, comme le directeur Georg l’avait suggéré en bavardant avec lui.

« Tu es si jeune, mais tu peux vraiment tout boire, » déclara Georg.

« Merci, Monsieur. C’est la première fois que je bois du vin, mais il est plus délicieux que je ne l’aurais jamais imaginé, » déclara Ristia.

« N’est-ce pas une gâterie ? Mais je crois qu’il est temps qu’on s’arrête pour ce soir. Ce serait terrible si cela entravait ton travail, après tout » déclara Georg.

« Vous avez raison, Monsieur. Alors, je vais y aller… Oh, Hmm…, » Ristia avait été informée qu’il s’agirait d’un poste avec logement, mais elle s’était soudain souvenue qu’on ne lui avait jamais montré ses quartiers. Georg semblait se souvenir et lui assura de ne pas s’inquiéter.

« Tes quartiers sont juste à côté. À partir d’aujourd’hui, c’est là que tu resteras, alors fait comme chez toi. Maintenant, retire-toi dans tes quartiers et repose-toi bien, mon enfant… Oui, extrêmement bien, » il lui avait donné la clé de ses quartiers. Peut-être que je devrais retourner chez Nanami et lui donner des informations sur ce qui se passe ? Ristia avait d’abord pensé cela, mais il était déjà tard, alors elle avait changé d’avis. Je peux le faire une autre fois.

« Hmm… C’est donc ma chambre, » se murmura Ristia d’un ton impressionné, en entrant dans la pièce comme on lui avait attribué. En y repensant, Ristia avait toujours vécu dans un château — et un château qui avait été construit avec une technologie bien au-delà de la portée des humains de cette époque. Alors que c’était probablement un sentiment qui blesserait les sentiments d’une personne si elle le disait à haute voix, Ristia appréciait un peu tout cela, car cela ressemblait à une excursion pittoresque à la campagne pour elle.

Oh, mais je pourrais ne pas être capable de dormir sur un lit aussi dur. Cette pièce sent aussi un peu la moisissure… Je devrais peut-être faire un peu de décoration intérieure. Ristia avait utilisé sa magie pour désinfecter et dépoussiérer la pièce. Puis, elle avait mis le vieux lit dans sa boîte à objets et avait déroulé un tapis doux et moelleux sur le sol. Après avoir posé des rideaux de dentelle sur la fenêtre, elle avait placé son fidèle lit de style princesse au centre de la pièce. Finalement, elle avait installé un lustre magique illuminé de pierres magiques et avait placé un objet magique contrôlant la température, l’humidité et la purification d’air sur le mur.

Ça devrait suffire. Maintenant, tout ce que j’ai à faire… Oh, ça me rappelle qu’il y a un bain ici ? Ristia avait réfléchi d’une manière adorable, mais c’était naturellement sans réponse — ou plutôt, même si elle obtenait une réponse, ce ne serait certainement pas une affirmation. S’il n’y en a pas ici, je devrais peut-être en préparer un ? Ristia avait réfléchi, mais elle avait reconsidéré la question, car n’importe quelle construction faite maintenant réveillerait très probablement les enfants. Je vais me dépêcher de dormir. Je commencerais à rénover la chambre demain. Elle avait ensuite décidé de purifier son corps avec de la magie pour ce soir. Après qu’elle l’ait fait, elle s’était changée en une jolie camisole comme pyjama, avait éteint les lumières et s’était jetée au lit. Cependant, peu de temps après…

« Y a-t-il quelqu’un à l’extérieur de la pièce… ? » Alors qu’elle était couchée dans son lit, Ristia remarqua qu’elle avait un visiteur non invité juste devant sa porte.

***

Épisode 3 : La fille normale autoproclamée fait ceci et cela à l’orphelinat

Partie 1

Tandis que Ristia était couchée dans le lit de l’orphelinat, la porte de sa chambre s’était ouvert avec un petit grincement, et deux hommes s’approchèrent. Un homme tenait une lanterne, éclairant la pièce.

« … Ne penses-tu pas qu’on s’est trompés de chambre ? » demanda l’un d’eux.

« Qu’est-ce que tu racontes ? C’est à tous les coups la bonne chambre, » répondit l’autre.

« Mais on dirait que la fille d’un aristocrate y vit, » répliqua le premier.

« Qu’est-ce que tu racontes ? Cet orphelinat n’aurait pas une chambre comme — Whaaaaa !? Qu’est-ce que c’est que tout ça !? Rien de tout ça n’était là avant !! » s’écria le deuxième.

« La fille a-t-elle tout apporté de son côté ? » demanda le premier.

« Non, Ristia n’est pas venue avec un seul bagage, d’après ce dont je m’en souviens, » répondit le deuxième.

Ristia s’était mise à réfléchir. Je ne sais pas ce qui se passe, mais entrer dans la chambre d’une fille pendant qu’elle dort est impoli, et elle s’était réveillée.

« … Il est si tard. Avez-vous besoin de quelque chose ? » demanda Ristia.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Ristia ! Pourquoi ça n’a pas marché sur toi ? » s’exclama l’homme d’un ton surpris. Elle avait essayé de se souvenir d’où elle avait entendu la voix, et elle avait fini par reconnaître comme étant celle du directeur Georg.

« Qu’y a-t-il exactement, directeur Georg ? Vous n’avez pas l’air d’être dans votre assiette ? » demanda Ristia.

« Grk, je veux dire, eh bien… Ce que je voulais dire, c’est : “Pourquoi es-tu encore éveillée, mon enfant ?” » demanda le directeur.

« Je ne suis pas sûre de ce que vous voulez dire par “pourquoi”…, » demanda Ristia.

Qu’est-ce qui se passe, bon sang !? Elle a bu ce puissant somnifère avec le vin, alors elle devrait être assommée jusqu’au matin ! Georg pensa ça, mais sans pouvoir savoir à quoi il pensait, Ristia avait déplacé sa tête avec surprise.

« Georg, qu’est-ce qu’on va faire ? » demanda l’homme inconnu.

« Ça n’a pas d’importance. Elle ne résistera pas beaucoup de toute façon. Utiliser un peu de force, c’est bien de temps en temps, » déclara Georg.

« Tu as raison. C’est après tout un peu décevant quand elles ne peuvent jamais se battre. » L’homme costaud qui était venu avec le directeur Georg avait fait un sourire lubrique. Cela avait confirmé l’objectif du directeur Georg en venant dans la chambre de Ristia, et son visage avait montré son mécontentement.

« On dirait que tu réalises enfin dans quelle situation tu es. Cependant, c’est un peu trop tard ma jolie. Le directeur m’a fait une offre que je ne pouvais pas refuser. Maintenant, je vais m’amuser et même plus avec ton beau corps ! » déclara l’homme costaud, alors qu’un sourire pervers s’étendait sur son visage lorsqu’il se dirigea vers le lit où était assise Ristia. Il tendit alors la main vers elle et essaya de toucher de force les seins de Ristia. De son côté, elle fit une petite frappe avec sa main pour le repousser.

« … Hein ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Mon bras… Pourquoi mon bras ne bouge-t-il pas ? » demanda l’homme vulgaire.

« H-Hey, ce truc. Est-ce que c’est ton…, » le directeur Georg avait bégayé, montrant du doigt les pieds de l’homme.

Sur le tapis, maintenant teinté de cramoisi, se trouvait une partie démembrée du corps de l’homme.

« E-Eek ! Pourquoi !? Pourquoi mon bras est-il au sol ? » s’écria l’homme.

« Arrête ça. Si tu cries comme ça, tu vas réveiller les enfants, » Ristia avait isolé la pièce pour qu’aucune voix ne s’échappe de sa magie. Ses yeux pourpres brillaient face aux flammes vacillantes de la lanterne alors qu’ils étaient pointés fixement sur Georg et l’autre homme.

« Est-ce une sorcière !? » s’écria Georg.

« H-Hey, directeur ! Tu ne m’as jamais dit qu’elle était une putain de sorcière ! » s’écria l’autre.

« On ne m’a jamais rien dit non plus ! Grk, peu importe, cours ! » Le directeur Georg avait tourné le talon et avait essayé de fuir par la porte, mais en se tournant et en claquant la poignée de porte, il avait constaté qu’elle ne s’ouvrait pas.

« Hé, qu’est-ce que tu fais, Georg !? Vite, ouvre cette foutue porte ! S’il te plaît ! » s’écria l’autre.

« J’essaie, mais ça ne bouge pas ! » s’écria Georg.

« Ça ne sert à rien d’essayer. J’ai fait en sorte que la porte ne s’ouvre pas quand j’ai isolé le son de cette pièce plus tôt. » Ristia répondit en grimpant de son lit et en volant la conscience de l’homme à l’aide de la magie. Immédiatement après, l’homme s’était écrasé sur la moquette molle. Son bras sectionné crachait encore beaucoup de sang, et devinant qu’il allait mourir s’il continuait à saigner comme ça, elle avait arrêté la blessure.

« Qui... Qui es-tu ? Es-tu une espionne envoyée par le seigneur local !? » Le directeur Georg avait crié d’un ton frissonnant et violent, sans doute en faisant de son mieux pour bluffer, afin de ne pas céder à sa peur. Inversement…

« Je suis juste une fille normale, » répliqua Ristia.

« Foutaises ! Dans quel monde quelqu’un comme toi est-il considéré comme normal ? » s’écria Georg.

« Quel échec… ! » Ristia s’était sentie déçue après qu’on lui ait dit qu’elle n’était pas normale.

 

 

Cependant, le directeur Georg avait regardé la manière dont Ristia se comportait et l’avait perçue comme autre chose que de la folie pure et simple, alors il lui avait demandé. « Que comptes-tu faire avec nous ? »

« Qu’est-ce que je compte faire de vous ? Non, c’est ma réplique. Qu’est-ce que vous comptiez faire en venant dans ma chambre ? » demanda Ristia.

« Eh-Eh bien…, » balbutia le directeur.

« J’étais à moitié convaincue d’après ce que j’ai entendu, mais vous… avez fait quelque chose à Maria, n’est-ce pas ? Non, vous avez fait quelque chose, n’est-ce pas ? » déclara Ristia.

« Elle a parlé !? » s’écria le directeur.

« À en juger par cette réaction, c’était votre œuvre… Non, c’était votre œuvre ainsi que celle des autres, directeur Georg. À quel genre d’actes immoraux l’avez-vous soumise ? » demanda Ristia.

« Eh-Eh bien…, » balbutia le directeur.

« Eh bien, quoi ? » demanda Ristia.

« Eh bien… prends ça, salope ! » Soudain, le directeur Georg avait déplacé brusquement son bras droit, produisant un flash. Au moment où Ristia identifia que le flash venait du fait d’avoir lancé un petit objet magique, l’objet avait émis une lumière intense, qui enveloppa la pièce de blanc.

« Hahahahah ! Tu as baissé ta garde ! Tu es peut-être une sorcière, mais tu ne peux rien faire si tu ne peux pas voir ! Je vais faire couler des larmes sur ton joli petit visage jusqu’à ce que tu regrettes d’avoir déconné avec moi ! » Le directeur Georg avait souri d’une manière perverse tout en sortant le couteau qu’il avait caché à sa hanche. Il s’était ensuite placé sur le flanc de Ristia et s’était jeté sur la fille. À sa grande consternation, Ristia avait maintenu une vision sur lui tout au long de ses actions, arrêtant la pointe du couteau entre ses doigts.

« Quoi !? Comment peux-tu réagir à mon attaque ? » demanda Georg.

« “Comment” ? Parce que je le vois très bien…, » répondit Ristia.

« Impossible ! Ce flash t’a frappée de plein fouet ! » s’écria Georg.

« Vous pensiez que voir un flash désactiverait ma vision ? » Bien sûr, tout d’un coup, j’ai eu peur, mais ça n’a pas empêché mes yeux de fonctionner correctement… n’est-ce pas ? Ristia avait réfléchi à la situation en la regardant, confuse.

« Qui diable es-tu ? » demanda le directeur.

« Je vous l’ai dit il y a une seconde. Je suis une fille normale, » répondit Ristia.

« Une fille normale comme toi n’existe pas ! » s’écria Georg.

« Grr… Mais je suis une fille normale. » Non seulement il avait qualifié Ristia de « pas normale » une fois de plus, mais le couteau menaçait de déchirer sa camisole préférée, ce qui la mettait assez en colère pour briser le couteau pris entre ses doigts. Les morceaux brisés de l’arme avaient volé partout, coupant la joue du directeur Georg.

« Comme si quelqu’un comme toi était normaaaaaal !! » Il avait crié du fond de son âme. Être capable de faire une telle boutade dans cette situation montrait une confiance assez forte, mais la vérité était que sa peur avait simplement dépassé ses limites. Alors que le directeur Georg tremblait dans ses bottes, Ristia le plaqua au sol.

« Bordel de merde ! Que vas-tu faire de moi ? » demanda Georg.

« J’en déciderai quand vous m’aurez dit ce que vous avez fait. Maintenant… qu’avez-vous fait à Maria ? » demanda Ristia.

« Crois-tu que je vais parler ? » demanda Georg.

« Bien sûr que si. » Ristia plissa ses yeux, utilisant ses pouvoirs vampiriques de charmes. Dès qu’elle l’avait fait, toute raison avait commencé à disparaître des yeux du directeur Georg. « Maintenant, dites-moi ce que vous avez fait à tout le monde… et je veux dire tout. »

« Ce que j’ai fait, c’est…, » commença Georg.

Une fois devenu son serviteur, le directeur Georg était entré dans le détail de son catalogue d’actes répréhensibles. Apparemment, Maria prenait tout le poids des dégâts pour protéger les autres enfants, mais ses actes ignobles ne s’arrêtaient pas là. À l’exception de Maria, tous les enfants de l’orphelinat devaient avoir moins de douze ans, sinon ils étaient obligés d’obtenir un « diplôme » de l’institution. Le directeur Georg se servait de l’orphelinat comme couverture pour un réseau d’esclavage illégal d’enfants, et l’homme qui l’avait accompagné était apparemment complice de nombreux autres crimes à son actif. Après avoir tiré toutes ces informations de lui, Ristia était sur le point de devenir incontrôlable, mais elle s’était soudain souvenue de la réaction de Nanami quand elle avait tué Gawain. Ce souvenir lui avait permis de retrouver son sang-froid et de libérer le charme qu’elle avait jeté sur le directeur Georg. Peu de temps après, le directeur Georg était revenu à la raison. Il avait compris qu’il était contrôlé par une capacité mystérieuse et qu’il avait donné toutes les informations sur ses crimes, ce qui lui avait fait tourner le visage dans la peur.

« S’il vous plaît ! Épargnez-moi ! Je jure que je ne m’en prendrai pas à vous ! Vous pouvez avoir cet orphelinat ! » s’écria Georg.

« Hein ? Me donnez-vous l’orphelinat ? » L’offre inattendue avait fait cligner les yeux de Ristia.

« Bien sûr, vous pouvez vous appeler directrice et faire ce que vous voulez. Et je vous jure que je ne vous embêterai plus jamais ! Alors, s’il vous plaît, laissez-moi partir ! » demanda Georg.

« Ne feriez-vous plus jamais rien de mal ? » demanda Ristia.

« Je ne le ferai pas ! Vous avez ma parole, » déclara Georg.

« Si vous le pensez vraiment, je ne vous tuerai pas, » déclara Ristia.

« Vraiment !? » Ristia hocha la tête en réponse à la question du directeur Georg. C’était sa décision, prise en tenant compte du bonheur des enfants. Dans son esprit, elle devait faire quelque chose pour les enfants, et ce n’était pas tuer le directeur Georg, c’était leur assurer un endroit où ils pourraient vivre en paix. Ristia avait donc conclu un marché avec lui — un marché selon lequel elle lui épargnerait la vie en échange de la propriété de l’orphelinat, à la condition qu’il se repente de ses crimes et s’engage à ne plus les commettre. Ristia avait ensuite suivi Georg jusqu’au bureau du directeur, où il lui avait transféré l’acte de propriété de l’orphelinat et lui avait également écrit une lettre d’autorisation, lui conférant le titre de directeur.

« L’orphelinat est à vous à cent pour cent. Alors, tenez votre part du marché ! » déclara Georg.

« Oui, un marché est un marché. Et je n’y reviens jamais. Cela étant dit… si revenir sur votre parole est votre intention, alors vous êtes mort. Suis-je claire ? » demanda Ristia.

« Oui, bien sûr ! Je vous le promets ! » répondit Georg.

« C’est ce que vous dites… Mais qu’en pensez-vous vraiment ? » Elle utilisa une fois de plus ses pouvoirs de charme, lui ordonnant de lui dire ses véritables intentions.

« Hah! Je dis juste ce que vous voulez pour que vous me croyiez. Croyez-vous que j’abandonnerais le plaisir de ma vie ? Aussi, croyez-moi, je vais me venger de vous, » déclara Georg.

« … Comme je m’en doutais. Je suis soulagée que vous n’ayez pas changé d’avis. J’ai fait ce marché par respect pour les enfants, mais je vous ai personnellement trouvé plus qu’assez gênant, » déclara Ristia.

« Qu’est-ce que vous êtes… ? Attendez, c’était un, euh… un malentendu ! » Le directeur Georg avait commencé à paniquer après avoir été libéré du charme, mais les yeux pourpres de Ristia avaient clignoté alors qu’elle mettait en action un sort orienté vers l’offensive.

« Non, arrêtez !! … Hein, quoi ? Il ne s’est rien passé. Haha, ne me faites pas peur comme… ça… ça… ! » Le directeur Georg avait un changement complet de la peur jusqu’au soulagement, mais il s’était soudain retrouvé sur le dos.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? J’ai soudainement perdu l’équilibre et… Mon orteil ! C’est quoi ce bordel ? Qu’est-ce qui se passe !? » L’orteil du directeur Georg commençait à s’estomper en particules de lumière, et une fois qu’il avait remarqué ce qui se passait, il avait crié de détresse.

« C’est un sort offensif qui va progressivement vous désintégrer des orteils vers le haut, effaçant même votre âme de l’existence. Ça devrait prendre un peu de temps… jusqu’à votre mort. Réfléchissez à vos actions passées avant que votre vie ne se termine entre-temps. » Ristia avait rangé la lettre et l’acte de propriété dans sa boîte à objets. Puis elle s’était retournée et était sur le point de quitter la pièce lorsque le directeur Georg avait lancé un cri pathétique pour l’arrêter.

« Attendez ! Attendez s’il vous plaît ! Je vous ai donné l’orphelinat comme je vous avais dit que je le ferais, donc ça va à l’encontre de ce que vous aviez promis ! » s’écria le directeur.

« Qu’est-ce que vous racontez ? Notre accord était que je ne vous tuerais pas si vous vous repentiez de vos crimes et ne les commettiez plus jamais, et je l’ai maintenu. » Son accord avec le directeur Georg était qu’elle ne lui ôterait pas la vie s’il lui donnait l’orphelinat et promettait de changer, sans jamais retomber sur les mêmes péchés. Elle avait prévu de le remettre aux fonctionnaires de la ville, lui épargnant la vie comme elle l’avait promis s’il respectait sa part du marché, mais… il ne l’avait pas fait. Ristia n’avait plus une seule raison de faire des compromis avec lui.

« Vous tuez si vous ne respectiez pas notre accord faisait partie de l’accord, » déclara Ristia.

« Vous ne pouvez pas… être sérieuse… Attendez, s’il vous plaît ! J’avais tort ! Je vous jure que je vais changer mes habitudes cette fois ! Alors s’il vous plaît, je vous en supplie, épargnez-moi ! » s’écria Georg.

« … Je parie que vous vous êtes moqué des supplications de Maria quand elle était à votre merci, n’est-ce pas ? Mais c’est très bien. Je ferai en sorte que votre voix ne soit pas entendue à l’extérieur de cette pièce, alors criez tant que vous le voulez, » déclara Ristia d’une voix froide et solennelle en fermant la porte du bureau du directeur derrière elle avec un claquement, jetant aussi un sort sur la porte pour qu’elle reste temporairement fermée.

« Maintenant… Il reste l’autre. » Ristia était retournée dans ses quartiers et avait forcé l’homme inconscient à se réveiller, avec l’intention de le soumettre au même processus d’interrogatoire que Georg — ce qui l’avait amenée à désintégrer son corps et son âme d’une manière similaire.

***

Partie 2

« Aah... Je me sens mal. »

Maria se réveilla dans son lit et leva les yeux vers le plafond bas, laissant échapper un profond soupir. Hier soir, c’était la nuit où Maria devait être forcée de faire du bénévolat, mais malgré cela, ce cauchemar ne s’était jamais réalisé. Bien sûr, elle n’était pas toujours programmée pour des services bénévoles à date fixe. C’était tout le contraire, les choses se dérouleraient également à des dates qui n’étaient pas fixées. En fait, il était rare qu’elle n’ait pas programmé ses services pour quelqu’un. Et la nuit où Ristia était arrivée être l’un de ces rares jours. Cela signifiait essentiellement que la gentille jeune femme qui s’était présentée à leur porte avec un sourire angélique pourrait agir avec un air plus triste aujourd’hui. Malgré les avertissements répétés de Maria, Ristia ne voulait pas l’écouter. Si elle avait fait plus d’efforts pour la dissuader, le directeur Georg l’aurait peut-être pris pour une désobéissance et les autres enfants auraient été mis en danger. C’était la raison pour laquelle elle ne pouvait pas l’avertir plus directement… mais, quoi qu’il en soit, cela n’avait pas changé le fait que Maria savait en silence que quelque chose de terrible allait arriver à Ristia. Ce fait tourmentait encore le cœur de la jeune fille de quinze ans.

Je vais au moins aller lui chercher un seau et une serviette, se dit Maria, mais… ce n’était pas juste pour qu’elle puisse expier ses actes. Si Ristia se promenait dans l’orphelinat après avoir été « violée », alors les autres enfants pourraient finir par connaître le sombre secret de l’orphelinat pour lequel Maria s’était tant battue pour le garder secret. De plus, Maria était la seule à garder ce secret pour éviter qu’il ne fuite aux autres enfants, de sorte qu’elle pourrait être en mesure de partager la douleur avec Ristia, vu qu’elle avait vécu la même chose. Avec tout cela comme objective, elle s’était dirigée vers la chambre de Ristia avec un seau et une serviette à la main… pour trouver un ange qui dormait profondément sur un lit à baldaquin de style princesse.

« … Hein ? Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ici ? » Son esprit était littéralement ahuri. Elle s’attendait à ce que Ristia dorme, bien sûr, mais la façon dont elle l’imaginait était plus… inconsciente — un sommeil dû à la fatigue mentale et physique. Elle ne s’attendait certainement pas à ce qu’elle dorme profondément dans un lit impeccable et non contaminé. En fait, la pièce dans son ensemble était étrange. Il y avait un lustre fantaisiste suspendu au plafond, la pièce était chaude et l’air à l’intérieur était agréable. De plus, un tapis moelleux ornait le plancher, des rideaux de dentelle étaient suspendus aux fenêtres, et le lit uni et plutôt ferme avait été remplacé par un lit digne d’une princesse. « … Qu’est-ce qui se passe ici ? » Maria s’était chuchoté cela à elle-même, car c’était quelque chose qu’elle ne comprenait pas. Cependant…

« Bonjour, Maria ! » Ristia, la fille qui ronflait il y a une seconde, avait salué Maria en réponse à son murmure, la faisant pratiquement sursauter.

« R-Ristia, tu étais réveillée !? » s’écria Maria.

« Non, je viens de me réveiller, » déclara Ristia.

« Oh, hum… tu veux dire que je t’ai réveillée ? » demanda Maria.

« Oui, mais ne t’inquiète pas ~ je peux normalement fonctionner sans quelques jours de sommeil, » Maria, qui ne pouvait pas savoir que Ristia n’avait littéralement pas besoin de dormir pour fonctionner, pensait que Ristia essayait juste de la consoler, ce qui l’avait emplie de culpabilité.

« Ça ne me dérange vraiment pas. En plus, tu étais inquiète et tu es venue ici pour voir comment j’allais, n’est-ce pas ? » demanda Ristia.

« Hein ? Est-ce que ça veut dire qu’ils… ? » Elle avait demandé si le directeur Georg était venu dans sa chambre hier soir ou non.

« Oui, ils étaient là. Le directeur Georg et une autre personne — un homme costaud, » répondit Ristia.

« … ! » Maria s’était mise à se mordre la lèvre. Le directeur Georg était déjà assez mauvais, mais cet autre homme était quelqu’un que Maria détestait, car il était encore plus violent. Elle avait déploré le malheur de Ristia d’avoir été forcée de s’occuper de ces deux personnages peu recommandables dès le début.

… Hein ? Mais si c’est le cas, alors pourquoi Ristia n’a-t-elle pas l’air si affectée ? Est-elle vraiment expérimentée avec tout ça et ne le montre pas ?

« Hé, ma sœur, serais-tu dans le métier ? » demanda Maria.

« Je suis juste une fille normale, » répondit Ristia.

« Alors… comment cela se fait-il que tu ailles si bien ? » demanda Maria.

« Parce que ce que tu crois qu’il s’est passé n’est jamais arrivé, » répondit Ristia.

« Qu’est-ce que tu veux dire par… ? » Il était intéressant de noter que la conduite de Maria, qui ne ressemblait pas à celle d’une adolescente de 15 ans, était une sorte de mécanisme de défense. Dans son esprit, puisqu’elle était la sœur aînée de tous les autres, elle devait endurer le travail pour leur bien. Et parce qu’elle s’était trompée comme ça, la maturité avec laquelle elle parlait aux autres était restée. Cependant, Maria était encore une enfant à l’intérieur, et elle s’était trouvée confuse par ce que disait Ristia. Pour empirer les choses…

« Alors, j’irai droit au but. À partir d’aujourd’hui, je vais diriger cet orphelinat. » Ristia avait fini par dire quelque chose d’encore plus incompréhensible.

« Um, um… Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Maria.

« Je veux dire exactement ce que j’ai dit. Directrice — l’ancien directeur Georg m’a remis le poste de directeur de l’orphelinat. C’est pourquoi, à partir d’aujourd’hui, tu es sous ma supervision, » déclara Ristia.

« Je… vois…, » Maria était confuse, mais le fait devenait une vérité pour elle. Si Ristia était la directrice ici, alors tous les actes méprisables qu’elle avait dû endurer pendant tout ce temps pourraient cesser. Elle était soulagée que dans tous les cas, les niveaux de confort soient à un nouveau niveau élevé. Une fois que tout cela lui était venu à l’esprit, Maria avait poussé un soupir de soulagement. « … Hein ? Ristia, sœurette, c’est toi la directrice ? »

C’est alors qu’elle s’était finalement rendu compte que l’affirmation selon laquelle Ristia avait hérité du titre de directeur en soi n’avait aucun sens. Maria était venue ici en premier lieu pour consoler Ristia, pensant qu’elle avait vécu la même expérience terrible qu’elle. Mais le sujet s’était soudainement déplacé vers la façon dont Ristia avait pris la direction de l’orphelinat et donc cela n’avait absolument aucun sens.

« Euh, je suis désolée. J’ai peur de ne pas te suivre, ma sœur. Alors, Ristia, vas-tu être la nouvelle directrice ? » demanda Maria.

« En effet, j’ai reçu la lettre d’autorisation et tout. Regarde ça, » déclara Ristia.

« Ça ressemble à l’écriture du directeur, mais… non, attend, attend. En effet, je suis… Attends ! Qu’est-ce qui s’est passé qui a conduit à ça !? » demanda Maria.

« Que s’est-il passé ? Pour commencer… il a perdu son bras droit ? » répondit Ristia.

« … Pardon ? » Maria n’aurait jamais pensé qu’une personne avait littéralement perdu son bras, et elle avait plutôt compris que Ristia avait trouvé une faiblesse chez l’homme qui avait servi en tant qu’homme de main du directeur Georg.

« De toute façon, l’orphelinat est à moi maintenant, et c’est un fait. Il y a peut-être des gens qui diront quelque chose au sujet de l’échange, mais je m’en occuperai si cela se produit, alors ne t’inquiète pas, » déclara Ristia.

« … Vraiment ? » demanda Maria,

« Ouais, vraiment. » Maria se précipita hors de la pièce pour vérifier si Ristia disait la vérité ou non et frappa à la porte adjacente menant au bureau du directeur Georg, mais ce qu’elle reçut fut…

« Pas de réponse, n’est-ce pas ? Cette pièce est vide maintenant, » déclara Ristia à la jeune fille après l’avoir poursuivi. Malgré son affirmation, Maria n’était pas si facile à convaincre. C’était logique, vu les années d’enfer que le directeur lui avait fait vivre. Et ainsi, Maria s’était précipitée par la porte à l’intérieur pour trouver… pas une seule personne à l’intérieur, juste des meubles et tout le reste qui était légèrement éparpillé dans la zone.

« Le directeur… où est-il allé ? » demanda Maria,

« Le directeur Georg a quitté la ville après avoir regretté tous ses crimes, » répondit Ristia.

« Il a quitté la ville après avoir regretté ses crimes… ? » L’idée du directeur qu’elle connaissait regrettant ses crimes était pour le moins incroyable, mais il était aussi impensable que le directeur Georg ne soit pas dans son bureau à cette heure de la journée, dans des circonstances normales.

Mise à part ça, le fait qu’il ait quitté la ville est peut-être vrai. Pensa Maria, mettant les choses en perspective et considérant finalement que Ristia disait peut-être la vérité.

« Alors… c’est toi la directrice maintenant, non ? » demanda Maria.

« Oui, bien sûr que oui, » répondit Ristia.

« Alors… euh… alors, qu’en est-il de tout le… service volontaire que j’ai été forcée de faire pendant tout ce temps ? » demanda Maria.

« Si le directeur Georg t’a forcé à faire ce “service volontaire”, alors tu n’as pas besoin de le refaire. Et même si quelqu’un d’autre te le demandait, je ne le permettrais jamais, » répondit Ristia.

« Mais il a dit que je devais continuer à travailler, sinon on n’aura pas l’argent pour nourrir les autres…, » Nous ne pourrons pas gagner d’argent pour nourrir les enfants si tu ne travailles pas. Sinon, la seule autre option est de mettre les autres enfants au travail ou de les jeter dehors. C’était la menace que le directeur Georg avait annoncée à Maria et qui l’avait fait plier à sa volonté. Et les difficultés financières de l’orphelinat n’allaient pas changer, même si celui qui prenait la direction le faisait, mais…

« Ne t’inquiète pas. Même si c’était le cas avant, je promets que je me débrouillerai pour vous tous, » ce sourire angélique et brillant illuminait l’obscurité présente à l’intérieur de Maria.

« … Je n’ai vraiment, vraiment plus besoin de faire ce genre de choses ? » demanda Maria.

« Tu n’as vraiment plus besoin de le faire. » Ristia étendit son bras droit vers Maria, et quand la jeune fille la vit venir vers elle, elle la rejeta, tout comme la première fois qu’elles avaient interagi. Ce n’était pas non plus une haine pour Ristia, c’était simplement un réflexe provoqué par les souvenirs de tous les actes répugnants qu’elle avait dû accomplir nuit après nuit.

« Je-Je suit désolée. Mais… tu ne devrais pas essayer de me toucher. Je ne suis pas comme toi, ma sœur. Je suis souillée, » déclara Maria.

« Ce n’est pas grave, » déclara Ristia.

« Ce n’est pas bon. Tu ne le sais peut-être pas, mais je suis…, » Maria avait commencé sa phrase, mais n’avait pas pu la terminer — parce que les doigts fins et souples de Ristia tapotaient doucement la tête de Maria. Au même moment, une chaleur quasi divine commença à s’infiltrer dans le corps de Maria.

« … Ristia ? » demanda Maria.

« Voir ~ ~ ? Tu vas bien aller maintenant. Tes cicatrices, tes infections, jusqu’à la dernière tache sur ton corps — chacune d’entre elles ? Je m’en suis débarrassé. Alors, Maria, ma chérie, tu n’es plus “souillée”. » Elle ne comprenait pas ce que cela signifiait, mais… elle l’avait compris peu de temps après. La fatigue qui l’avait frappée ces derniers jours et la douleur persistante dans la partie inférieure de son corps avaient complètement disparu. Elle avait presque l’impression — non, elle se sentait littéralement comme si elle était à nouveau en vie.

« … Ma sœur, qui es-tu ? » demanda Maria.

« Je suis juste une fille normale. » C’était un mensonge évident. Elle avait probablement l’intention de ne pas divulguer la vérité sur qui elle était, c’est pourquoi Maria savait que Ristia n’était pas la fille normale qu’elle prétendait être — elle était loin de l’être. Mais elle ne se souciait pas de savoir qui était vraiment Ristia, parce que, au moins pour Maria, Ristia était l’ange envoyé d’en haut qui l’avait aidée à se sauver de son destin funeste — un fait qui avait fait couler des larmes des yeux de la jeune fille.

« Merci… Merci, ma sœur. Merci, Ristia, » déclara Maria en versant des larmes tandis que Ristia la prenait doucement dans ses bras. Cette douce chaleur dissipait tous les doutes que Maria avait encore en elle.

Avec toutes les émotions négatives hors d’elle, les larmes de Maria avaient finalement pris fin. « Alors, qu’est-ce que tu comptes faire à partir de maintenant ? » Maria se détacha de Ristia, après avoir retrouvé son sang-froid après avoir pleuré à chaudes larmes. Ses joues étaient roses à cause de l’embarras des larmes qui coulaient.

« Eh bien, je suppose que je vais totalement changer cet orphelinat, » déclara Ristia.

« Totalement changez cet orphelinat… Oui, c’est une étape indispensable. » L’orphelinat était tellement appauvri que Maria avait dû agir et offrir ses services bénévolement, il était donc évident qu’un redressement de leur situation financière était nécessaire afin de remettre l’institution en forme. Maria n’aurait jamais pensé que Ristia signifiait « un changement total, avec des rénovations de l’édifice », donc c’était un malentendu total.

« J’ai déjà beaucoup d’idées en tête pour changer cet endroit. Je m’occupe de tout, alors ne t’inquiète pas pour ça, » déclara Ristia.

« … As-tu déjà trouvé un moyen de réparer les choses ? Le maire que les aristocrates ont mis responsables de la ville est un radin reconnu, donc je ne pense pas qu’il sera prêt à nous donner une aide financière » déclara Maria.

« Aide financière ? Non, j’aurai les fonds nécessaires, donc ce ne sera pas nécessaire, » déclara Ristia.

« … Es-tu sérieuse ? » demanda Maria.

Vous aviez besoin de retirer de l’argent de quelque part afin d’effectuer une rénovation massive d’un orphelinat. Cela signifiait essentiellement qu’il fallait trouver un moyen d’obtenir de l’argent dès le départ… c’est ce qu’on pourrait croire, mais Ristia disait que l’argent n’avait jamais été un problème.

Elle n’a pas l’intention de faire faire aux enfants le même genre de travail que moi, non ? Elle a dit que je n’aurais à servir personne. Je veux croire que Ristia veut vraiment dire cela, mais tous les signes indiquent que c’est la seule autre option. L’attitude trop optimiste de Ristia remplissait Maria d’un certain malaise.

« En tout cas, tu n’as pas à t’inquiéter de la façon dont je vais changer les choses ici. En fait, il y a quelque chose que je veux te demander, Maria » déclara Ristia.

« … Qu’est-ce que c’est ? » demanda Maria.

« J’ai rendu ton corps comme neuf. C’est un fait sans l’ombre d’un doute. Mais je suppose que ton esprit garde encore de terribles souvenirs, n’est-ce pas ? » demanda Ristia.

« Oui… c’est vrai. » Bien qu’elle ait eu l’impression d’être soulagée d’un fardeau énorme, cette simple implication avait suffi à lui redonner des souvenirs de son temps de travail, ce qui avait poussé Maria à se serrer dans ses bras inconsciemment.

« Si tu veux, je peux effacer tous tes souvenirs de ça, » déclara Ristia.

« Effacer… mes souvenirs ? » Maria leva les yeux vers Ristia dans un état de confusion.

« Ouais, j’utiliserai un sort pour effacer de ton esprit les mauvais souvenirs et tous les souvenirs qui y sont liés, » déclara Ristia.

« … Ma sœur, es-tu une sorcière ? » demanda Maria.

« Je le suis, et c’est un secret, OK ? » déclara Ristia avec un sourire malicieux. Ce sourire angélique rencontra les yeux de Maria, et elle se dit. Est-elle une sorte de sorcière de la justice ? S’il y avait un connaisseur de magie présent, ils crieraient probablement : « Oui, c’est vrai ! Comme s’il y a une sorte de magie démoniaque qui efface la mémoire de quelqu’un ! » Cependant, il y avait effectivement de la magie comme ça, donc c’était un point discutable, peu importe le bruit ou les actions de cette personne hypothétique. Que cela relève ou non de la capacité humaine, c’était une autre histoire…

« Tu dis que ton sort pourrait effacer mes mauvais souvenirs ? » demanda Maria.

« Ouais, je peux effacer juste tes mauvais souvenirs… je suppose que c’est la bonne façon de le dire, non ? Afin de faire un effacement complet, j’aurais besoin d’effacer beaucoup de tes souvenirs normaux afin de ne pas causer d’incohérences, donc je pense que certains souvenirs connectés finiront par être effacés, » Maria n’avait pas été capable de comprendre complètement les inconvénients de faire cela, mais il y avait une chose qu’elle comprenait — qu’elle oublierait le fait que Ristia l’avait sauvée si elle devait effacer ses souvenirs en ce moment.

« … Je me débrouillerai sans effacement de mémoire, si ça ne te dérange pas, » déclara Maria.

« Es-tu sûre de toi ? » demanda Ristia.

« Oui, si tu effaces mes souvenirs, il est probable que j’oublierai que tu m’as sauvée aussi, non ? » demanda Maria,

« … C’est vrai, » déclara Ristia.

« Dans ce cas, je ne veux pas que tu le fasses, » déclara Maria.

« Maria…, » déclara-t-elle, comprenant probablement l’intention de Maria de vouloir préserver ses souvenirs de Ristia en tant que son sauveur. Ristia semblait absolument très ravie de ça.

« Ne te fais pas de fausses idées. Si tu effaçais mes souvenirs, il n’y aurait personne pour confirmer si tu tiens ta promesse, n’est-ce pas ? C’est pourquoi je serai à tes côtés pour m’assurer que tout le monde est en sécurité ! » dit Maria d’une manière directe, en essayant de cacher son embarras.

« J’ai l’intention de rendre cet orphelinat meilleur qu’il ne l’a jamais été, alors j’aimerais que tu m’aides aussi, Maria, » Ristia avait souri, tendant la main à la fille. En regardant sa main blanche, mince et sans tache, les engrenages de la tête de Maria avaient commencé à tourner. Honnêtement, elle n’était pas sûre de l’affirmation de Ristia selon laquelle elle était devenue directrice quand elle s’était réveillée ce matin, donc elle n’était pas certaine que tout cela fonctionnerait, mais si Georg continuait à être directeur pendant encore six mois, il aurait peut-être fini par recruter les autres filles pour offrir leurs services avec Maria. Et même s’il ne l’avait pas fait, il aurait fait en sorte que certains des enfants « obtiennent leur diplôme », c’est certain. Le fait est que Ristia les avait tous sauvés de ce destin, c’était pourquoi...

« Je vais t’aider. Au plaisir de travailler avec toi, directrice Ristia, » déclara Maria.

Elle avait appelé Ristia « Directrice » avec le plus grand respect. Au lieu de l’appeler « Sœur » comme d’habitude, ajouter le titre à son nom avait montré qu’elle la reconnaissait comme directrice de l’orphelinat et qu’elle était prête à coopérer avec elle dans ses projets. Quoi qu’il en soit… Ristia s’était quand même retrouvée là, déçue.

***

Partie 3

« Quel échec… ! » déclara Ristia, baissant ses épaules en raison de sa dépression. Presque tous les enfants de l’orphelinat l’appelaient « Sœur ». C’était une manière affective de l’appeler parce qu’elle était plus âgée qu’eux, mais elle croyait que si elle essayait assez fort, elle pourrait se promouvoir à un statut de « grande sœur » aimante. Elle y croyait, mais tout son dur labeur et le fait de s’approprier l’orphelinat lui avaient valu le surnom de « directrice ». Et ce n’était pas seulement Maria qui l’appelait ainsi, mais tous les enfants de l’orphelinat qui connaissaient la situation. C’était la preuve que les enfants adoraient Ristia et l’acceptaient dans leur vie, mais vu que Ristia voulait juste qu’on l’appelle « Grande Soeur », c’était dévastateur pour elle. Ces facteurs avaient conduit Ristia à se retrouver dans l’extrême marasme dans lequel elle se trouvait actuellement, juste après le petit déjeuner. Cependant, elle ne pouvait pas se permettre d’être toujours déprimée.

Considérant que Maria s’était juré d’aider à reconstruire l’orphelinat, cela signifiait que Ristia avait besoin de se dépêcher et de planifier les choses. Ristia avait alors décidé de vérifier le terrain de l’orphelinat et de commencer la rénovation de l’orphelinat. Peut-être parce que l’orphelinat se trouvait à la périphérie de la ville, le terrain de l’établissement était assez vaste. Il y avait assez de surface pour deux ou trois orphelinats, mais… il semblait qu’aucun entretien du terrain n’avait été fait depuis un certain temps. C’était rempli avec de mauvaises herbes qui poussaient un peu partout.

Hmm… Peut-être que je devrais construire quelque chose à côté puisqu’ils auront besoin d’un endroit où vivre pendant que je fais des rénovations ? pensa Ristia en fauchant avec sa magie les mauvaises herbes qui poussaient devant elle et en les accumulant à un endroit. Avec la magie de Ristia, cela serait prêt en un instant. En fait, il lui était tout à fait possible de creuser un terrain, de fabriquer du bois d’œuvre et de construire toute une maison. Cependant, la construction d’une maison par soi-même était quelque chose qui serait clairement considéré comme anormal. C’est ainsi qu’elle en vint à la conclusion qu’elle allait engager un charpentier pour le processus de reconstruction, et pour ce faire, elle allait devoir vendre l’objet enchanté par l’intermédiaire d’Eindebelle.

« Je vais sortir un peu, alors pourrais-tu t’occuper des enfants pendant mon absence ? » Ristia avait appelé Maria à l’entrée, la laissant garder les enfants. Ce n’était rien d’inhabituel pour Maria. Elle était l’aînée de tous les orphelins, donc il était apparemment toujours de son devoir de veiller sur les autres enfants. Bien qu’il soit probablement plus juste de dire que, puisque l’ancien directeur n’avait jamais fait son travail, la tâche de s’occuper de tout le monde lui incombait inévitablement. Quoi qu’il en soit, elle demanda à Maria, sachant qu’elle pouvait la laisser confortablement en charge, mais pour une raison étrange, Maria semblait nerveuse.

« … Maria, qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Ristia.

« Euh… seras-tu de retour avant le déjeuner, non ? » demanda Maria.

« Hmm, je vais aller chercher l’argent pour reconstruire l’orphelinat, donc ça pourrait être un peu difficile de revenir avant le déjeuner. Cependant, j’ai l’intention de revenir pour le dîner, » répondit Ristia.

« Oh… c’est sûr ? » demanda Maria

« Bien sûr que si. J’ai laissé des ingrédients dans la cuisine, alors pourrais-tu les utiliser pour préparer quelque chose à manger ? » demanda Maria.

« Eh bien… bien sûr. D’accord, alors. Mais… euh…, » depuis qu’elle avait travaillé hier, elle avait compris comment se passait une journée à l’orphelinat. Elle savait que les enfants préparaient les repas, alors elle avait stocké à l’avance dans la cuisine de la viande, des légumes et d’autres ingrédients qu’elle avait dans sa boîte à objets. Sa sortie n’aurait pas dû être un problème, mais Maria semblait nerveuse à propos de quelque chose.

« Franchement, qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Ristia.

« Euh, bien… Je m’inquiétais de ce qui arriverait si le directeur Georg revenait…, » déclara Maria.

« Ah, c’est donc ça qui ne va pas, » le directeur Georg avait quitté la ville — et comme même son âme n’était plus là, la « ville » vers laquelle il s’en allait était « l’au-delà ». Mais tout ce qu’elle avait dit à Maria, c’était qu’il avait simplement « quitté la ville », il était donc naturel qu’elle s’inquiète de son éventuel retour. Tandis que Ristia réfléchissait à ce qu’elle pouvait faire pour elle, Maria s’accrocha soudain à elle. C’était quelque chose que Ristia n’avait jamais vécu auparavant, alors elle avait été stupéfaite.

« M-Maria !? » demanda Ristia.

« Hum, donc… Je sais que tu as des choses à faire, mais j’aimerais que tu restes à côté de moi…, » déclara Maria, déclarant ses inquiétudes tout en s’accrochant à Ristia. Normalement, elle se comportait en adulte et agissait comme la sœur aînée devant tout le monde, mais en ce moment, elle montrait ses vulnérabilités. C’était un spectacle que Ristia ne pouvait s’empêcher de trouver mignon, et cela lui transperçait le cœur.

Je veux Maria comme petite sœur. Sa marque de mignonnerie est différente de celle de Nanami et je la veux pour moi toute seule. Dès que cette pensée lui traversa la tête, une impulsion semblable à celle qu’elle avait eue lorsqu’elle avait porté Nanami dans ses bras attaqua Ristia. Avec Nanami, c’était arrivé si vite qu’elle ne pouvait pas dire ce que c’était, mais… maintenant, Ristia connaissait la véritable identité de ce sentiment. C’était un sentiment que Ristia n’aurait pas dû ressentir quand Maria s’accrochait à elle — ses impulsions vampiriques la poussant à se nourrir.

Mais… pourquoi ? Je n’ai jamais eu ces impulsions avant, alors pourquoi maintenant ? Ristia s’était mordu la lèvre, essayant de garder ces pulsions vampiriques sous contrôle alors qu’elle éloignait lentement Maria d’elle.

« … Directrice Ristia ? » Maria la regarda avec des yeux inquiets.

« O-Oh, ne t’inquiète pas. Tout va bien, » lui assura Ristia, en prétendant qu’elle allait bien alors qu’elle réfrénait ses pulsions vampiriques. Elle avait alors désespérément contrôlé ça, essayant de trouver un moyen d’aider Maria à ne plus se faire de soucis.

« … Voyons voir. Oh, peut-être que ça ferait l’affaire. Attends une seconde, » elle s’était procuré du matériel dans sa boîte à objets. En les frottant ensemble et en utilisant un peu de magie d’enchantement, elle avait créé un objet magique capable de communiquer par télépathie.

« Hein ? J’ai l’impression que tu as sorti un tas de choses de nulle part, » déclara Maria en se frottant les yeux avec incrédulité avant que Ristia ne prenne sa main et place une petite barrette dans sa paume. « Oh, euh… Qu’est-ce que c’est ? »

« C’est un objet magique qui me communique les pensées de celui qui le touche directement. Ce sera à toi, alors assure-toi de le mettre dans tes cheveux. Dès que tu m’appelleras, je reviendrai vite, » déclara Ristia.

« … Merci, » déclara Maria avec un sourire ironique. — Je n’ai jamais entendu parler d’un objet qui vous permet de communiquer tes pensées à une autre personne, pas même dans les contes de fées. Mais elle essaie de me détendre parce qu’elle sait que je suis inquiète. La directrice Ristia est vraiment trop gentille. La barrette transmettait les pensées de Maria à Ristia, puisqu’elle était placée dans la paume de la main de la jeune fille. Ristia n’avait pas le courage de le dire maintenant, mais elle était prête à s’en accommoder pour l’instant, car elle savait que Maria se sentait un peu plus à l’aise.

« Alors, je m’en vais, » déclara Ristia.

« D’accord, prends soin de toi ! » déclara Maria, voyant Ristia partir alors qu’elle commença à s’éloigner de l’orphelinat. Immédiatement après, elle entendit les pensées étonnées de Maria. « Quoi !? Toutes les mauvaises herbes de la cour ont été fauchées !? » Ristia avait quitté la zone avant que Maria n’ait eu l’occasion de lui poser des questions à ce sujet.

Elle était finalement retournée à la boutique d’Eindebelle.

« Bienvenue dans… oh, si ce n’est pas Ristia ! » s’exclama Eindebelle.

« Bonjour, Belle. » Eindebelle, qui tenait la boutique, lui sourit. Peu de temps après, des bruits de pas pressés s’étaient fait entendre depuis l’arrière alors que Nanami arrivait en courant vers l’avant.

« Lady Ristia, vous êtes en sécurité ! » cria Nanami dès qu’elle vit le visage de Ristia, lui sautant dessus. Elle avait pris le petit corps de Nanami dans ses bras.

« Bonjour, Nanami. Je suis désolée. T’ai-je fait t’inquiéter ? » demanda Ristia.

« Oui, j’étais inquiète. Cet orphelinat a mauvaise réputation, et vous y êtes allée et vous avez passé toute la nuit dehors, » déclara Nanami.

« Je vois… Merci de t’inquiéter pour moi. » Nanami savait que Ristia était une Sang Véritable, l’ultime forme de vie contre laquelle aucun humain ne pourrait jamais se dresser. Elle le savait bien, mais elle était toujours inquiète pour le bien-être de Ristia. Voilà donc ce que ça ferait d’avoir une petite sœur, pensa Ristia avec bonheur. Cependant, alors que Nanami fixait Ristia dans ses bras, son visage avait commencé à bouder.

« Lady Ristia, j’ai dit que je m’inquiétais pour vous, alors pourquoi avez-vous l’air si heureuse ? » demanda Nanami.

« Hein ? Oh, eh bien, tu vois… Euh, je suis désolée ? » Ristia s’était excusée, mais son visage était tout souriant, ce qui avait fait gonfler les joues de Nanami. Eindebelle avait vu tout cela se produire et s’était mise à rire.

« Nanami, Ristia sourit parce qu’elle est contente que tu t’inquiètes pour elle, » déclara Eindebelle.

« Hein… ? Est-ce que c’est vrai ? » Nanami regarda Ristia dans les yeux.

« Ouais, j’étais si contente que tu t’inquiètes pour moi… mais je suis désolée. » Ristia s’était encore excusée, cette fois-ci en s’excusant sincèrement. Elle avait ensuite sorti sa boîte à objets et avait créé le même type de barrette qu’elle avait donnée à Maria pour s’excuser. « Il suffit de toucher cet objet magique et de penser quelque chose pour moi, et les mots me seront transmis. »

« Hein ? Oh, merci beaucoup… Attendez, Lady Ristia !? » Nanami avait paniqué et regardé Eindebelle. Nanami ne savait pas que Ristia avait déjà fait un objet enchanté devant Eindebelle, alors elle craignait que Ristia ait encore merdé. Mais, après l’avoir vue hier aussi, sans surprise, Eindebelle avait été impressionnée.

« HahaIncroyablement douée, comme toujours, » déclara Eindebelle.

« “Comme toujours” ? Attends… Maman, toi aussi ? » demanda Nanami.

« Hm ? Oh, oui, je sais à quel point Ristia est douée avec la magie, » déclara Eindebelle.

« Lady Ristia… n’avez-vous pas dit que vous seriez une fille normale ? » déclara Nanami avec un regard déçu alors que Ristia la regarda aussi calme qu’elle pouvait l’être. Sa raison ?

« Alors, écoute, Nanami. De nos jours, même les filles normales peuvent faire des enchantements, » déclara Ristia.

« … Est-ce maman qui vous l’a dit ? » demanda Nanami.

« Elle… l’a… ? Pourquoi ? » répondit Ristia, incitant Nanami à regarder Eindebelle. Voyant qu’Eindebelle détournait rapidement les yeux, Nanami leva les yeux vers le ciel.

« Hum, est-ce… quelque chose qui ne va pas ? » demanda Ristia.

« Eh bien, vous voyez… OK, je suis sur le point de vous dire quelque chose, alors s’il vous plaît, préparez-vous à ça, » déclara Nanami.

« U-Uh-huh? » s’exclama Ristia.

« Comme je vous l’ai déjà dit, une fille normale ne peut pas faire des enchantements, » déclara Nanami.

« Hein ? Mais Belle m’a dit qu’elles le pouvaient, » déclara Ristia.

« C’était un mensonge. Maman vous a piégée, Lady Ristia, » déclara Nanami.

« … Hein ? Vraiment ? » Elle se tourna vers Eindebelle pour le confirmer, mais Eindebelle garda les yeux fermés. Ristia savait maintenant qu’elle avait été trompée.

« … Grr, pourquoi m’as-tu dit ce mensonge ? » demanda-t-elle à Eindebelle, qui détournait encore son regard et gardait la tête sur le côté. Finalement, la femme s’était retrouvée incapable de supporter les regards et le silence, et elle avait regardé Ristia droit dans les yeux.

« Euh, tu vois… Je voulais voir tes enchantements, Ristia, » déclara Eindebelle.

« En gros, tu as compris que j’avais besoin de faire un enchantement et tu m’as piégée pour que je me confesse ? » demanda Ristia.

« Eh bien, si je dois être franche…, » déclara Eindebelle.

« C’est ce que je vois…, » réalisant qu’elle avait été piégée, elle avait poussé un soupir.

« Ristia, je suis désolée, ma chérie, » déclara Eindebelle.

« Lady Ristia, ma mère est désolée, » déclara Nanami.

Toutes deux inclinèrent la tête pour s’excuser collectivement, mais Ristia secoua doucement la tête en réponse.

« Ne vous excusez pas, s’il vous plaît. J’ai tort ici, » déclara Ristia.

« Hein ? Mais…, » déclara Nanami.

« C’est moi qui n’ai pas compris qu’on m’avait berné. Cela signifie aussi que j’ai agi d’une manière si évidente que j’ai pu me faire avoir comme ça. Je ne blâme pas Belle, » dit-elle avec bienveillance, comme un ange avec un sourire angélique.

« Mon Dieu, je me sens si coupable… J’étais… J’avais tort ! Ne me regarde pas avec tes yeux purs ! » déclara Eindebelle, tenant sa poitrine en détresse. Un sourire gêné s’était formé sur le visage de Ristia dès qu’elle l’avait vue agir ainsi, car elle se souvenait que ses sœurs aînées réagissaient souvent de la même manière.

« Je ne t’en veux pas, Belle. C’est juste que…, » déclara Ristia.

« C’est juste que quoi ? » demanda Eindebelle.

« La prochaine fois, sois honnête avec moi, d’accord ? Je peux te montrer autant d’enchantements que tu veux, tant que c’est pour ton bien, » déclara Ristia.

« Hein ? Tu le penses vraiment, Hun ? » demanda Eindebelle, le regardant dans ses yeux alors que tout cela devenait d’un coup très sérieux.

« C’est ce que je fais. Tu es après tout de la famille de Nanami, » déclara Ristia.

« Veux-tu faire ça parce que je suis de la famille de Nanami, à qui tu fais confiance ? » demanda Eindebelle.

« C’est tout à fait exact. J’ai dit à Nanami qui j’étais vraiment, » déclara Ristia.

« … Qui es-tu vraiment ? » demanda Eindebelle.

« Oui. Tu vois, je suis —, » avant qu’elle n’ait pu révéler sa véritable identité, Nanami s’était précipitée vers elle à la vitesse de la lumière pour lui couvrir la bouche. Elle l’avait traînée jusqu’à un coin du magasin.

« Vous devez vous arrêter là, Lady Ristia, » déclara Nanami.

« … Dois-je vraiment m’arrêter là ? » demanda Ristia.

« Oui. S’il vous plaît, donnez-lui un peu plus de temps avant de leur dire la vérité, » déclara Nanami.

« … Si tu insistes, Nanami. » Ristia hocha la tête en signe d’obéissance, pensant, je n’ai pas vraiment de raison de refuser. Une fois leur discussion terminée, elle s’était retournée à Eindebelle. « Comme je le disais, je suis une fille très normale. »

« … Ouais, eh bien… C’est bon à entendre. » Elle n’avait certainement pas l’air d’une personne ordinaire, mais cela n’avait pas changé le fait qu’elle était la personne qui avait sauvé la vie de Nanami. En gardant cela à l’esprit, Eindebelle avait dit que tant qu’elle lui dirait quand elle serait prête, ce serait suffisant pour le moment. « Mais j’aimerais que tu me montres ce que tu es capable de faire avec tes enchantements. »

« Oui, bien sûr ~, » déclara Ristia.

« Et j’aimerais que tu me le montres et que tu me parles des enchantements. Seulement si c’est d’accord… ? » Eindebelle la regarda avec un regard affamé de savoir, probablement incapable de contenir son désir. N’envisageant même pas une seconde de thésauriser ses techniques, Ristia hocha la tête et lui assura qu’elle n’y voyait pas d’inconvénient du tout. « … Cela te va ? »

« Oui, mais je suis ici aujourd’hui pour vendre mes objets magiques, alors ça te dérangerait beaucoup si nous nous occupions d’abord de cette question ? » demanda Ristia.

« Aah, tu es là juste à temps pour ça. Ils m’ont dit qu’ils allaient passer aujourd’hui, alors je pense qu’ils seront là dans un petit moment » déclara Eindebelle.

« Oh, c’est une bonne nouvelle. J’ai besoin de l’argent le plus vite possible, donc ça m’aidera beaucoup. » Ristia poussa un soupir de soulagement et sourit doucement… Cependant, Eindebelle et Nanami se regardaient l’une et l’autre, avec des expressions des doutes bien visibles sur leurs visages.

« Nanami, qu’en penses-tu ? » demanda Eindebelle.

« Lady Ristia est forte, mais c’est un peu une fripouille…, » déclara Nanami.

« Ouais, c’est ça qui est inquiétant. » Ristia avait le sentiment qu’elles la rabaissaient, alors Ristia avait fait la moue sur ses lèvres.

« Pensez-vous à quelque chose de grossier à mon sujet ? » demanda Ristia.

« Non, mon enfant, on ne pense rien de tel. C’est juste qu’on est inquiets que le directeur de cet orphelinat t’ait piégée, » déclara Eindebelle.

« … Vous vous moquez de moi. Je ne me laisserais jamais berner par ce directeur. » C’était un argument extrêmement valable, mais comme aucune des deux femmes ne connaissait sa situation actuelle, elles n’y avaient pas cru.

« Tu dis ça, mais dire que tu as besoin d’argent rapidement signifie clairement que tu en as besoin pour l’orphelinat, non ? » demanda Eindebelle.

« … Eh bien, oui, » répondit Ristia.

« Alors, je suppose aussi que tu as besoin d’argent pour rénover l’orphelinat ou quelque chose comme ça, n’est-ce pas ? » demanda Eindebelle.

« Oui, c’est aussi vrai…, » répondit Ristia.

« Et en partant de là, est-ce que c’est le directeur qui t’a demandé ça et c’est toi qui fournis l’argent ? » demanda Eindebelle.

« Oui, c’est vrai, mais… Je ne me fais pas avoir, d’accord ? » Ristia avait essayé de plaider sa cause, mais les regards sur les visages des deux filles étaient déjà passés du doute à la sympathie.

« Qu’allons-nous faire, Nanami ? Mademoiselle Ristia est complètement paumée, » déclara Eindebelle.

« Je n’ai jamais pensé que Lady Ristia était une tête en l’air naturelle, » déclara Nanami.

« Nanami, toi aussi ? Vous êtes toutes terribles ! Je ne suis pas une “tête en l’air naturelle” ou quoi que ce soit d’autre, » dit Ristia, gonflant ses joues d’ennui. Cette vue adorable avait excité leur désir de la protéger.

« Ristia, je te trouve un peu paumée. Le directeur t’a roulé dans la farine, c’est sûr, » déclara Eindebelle.

« Il ne l’a pas ~ ! Pourquoi est-ce que je me ferais ça ? » demanda Ristia.

« Ristia, je comprends que tu veuilles penser comme ça, mais… Hm ? Attends, tu ferais toi-même ça ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » Eindebelle cligna des yeux avec confusion.

« C’est évidemment parce que je suis la directrice de l’orphelinat, » déclara Ristia.

« … Pardon ? » demanda Eindebelle.

« Comme je l’ai dit hier soir, j’ai hérité du poste de directeur du directeur Georg, » déclara Ristia.

« Ooh, tu ne dis pas… Attends, qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Qu’est-ce que tu veux dire !? » s’écria Eindebelle.

« Comme je l’ai dit, je suis la directrice, donc je ne peux pas me faire avoir par moi-même, » déclara Ristia.

« Non, pas ça, c’est la seule partie que j’ai comprise ! Qu’est-ce qui s’est passé pour que tu obtiennes le poste de directeur en une seule nuit !? » s’écria Eindebelle.

Juste à côté d’Eindebelle, luttant pour comprendre ce que Ristia disait, Nanami regarda Ristia en disant,

« Alors, tu as eu des ennuis. » Ristia n’avait pas l’intention de s’attirer des ennuis, mais elle avait révélé que le directeur de l’orphelinat commettait des crimes, alors elle l’avait fait disparaître, l’âme et tout. Cela l’avait finalement amenée à dire aux gens qu’il avait quitté la ville.

« … Bon sang, tu es vraiment entré dans le vif du sujet, » déclara Eindebelle.

« Je savais que vous aviez des ennuis. » Après avoir entendu son explication, leurs impressions n’avaient pas changé. En fait, cela les avait plutôt convaincus, ce qui n’avait pas du tout plu à Ristia.

***

Partie 4

« Seigneur Gratt, nous sommes arrivés chez Madame Eindebelle. »

« Oui, je vous remercie. On va régler les négociations, alors vous attendez ici, Misty. » Il était le directeur de la Compagnie Marchande Gratt, une entreprise qui commençait à se distinguer dans la Capitale Impériale. Gratt ordonna à sa secrétaire d’attendre dans la voiture pendant qu’il descendait. Il avait ensuite arrangé son apparence avant d’entrer dans la boutique d’Eindebelle. Les marchandises enchantées d’Eindebelle possédaient une grande réputation dans la capitale, c’était donc des marchandises pour lesquelles la Compagnie Marchande Gratt devait simplement négocier des contrats. C’est la raison pour laquelle il avait naturellement dû y accorder toute l’attention voulue. Du moins, c’était l’histoire à laquelle Gratt s’en tenait. Bien que selon sa secrétaire Misty, ce ne soit rien de plus qu’un prétexte, car c’était un fait bien connu que Gratt avait un faible pour Eindebelle. Quoi qu’il en soit, Gratt était devenu excité et s’était faufilé dans la boutique d’Eindebelle.

Une fois à l’intérieur, il s’était rendu compte qu’il y avait une autre jeune fille inconnue en plus d’Eindebelle et Nanami. C’était peut-être une cliente qui était arrivée avant lui, mais Eindebelle lui parlait de quelque chose. Gratt décida d’attendre à l’entrée du magasin pour ne pas déranger Eindebelle pendant qu’elle faisait son travail. Mais il ne pouvait s’empêcher de se tourner les pouces.

Gratt avait regardé les trois femmes s’engager dans leur conversation. Il regarda d’abord Eindebelle. Ses cheveux roux se détachaient et ses yeux bleus étaient ceux d’une intellectuelle. Cette femme était remplie d’amour maternel et son expression était encore plus claire que d’habitude. Gratt se retrouva en train de soupirer face à sa beauté pure. Ensuite, ses yeux s’étaient tournés vers la fille adoptive d’Eindebelle, Nanami, qui devenait de plus en plus mignonne au fil des jours. Telle mère, telle fille — même si les deux femmes n’étaient pas liées par le sang. Elle serait probablement une très belle femme dans quelques années. Il ne restait plus que l’autre personne, la jeune fille qu’il croyait être une cliente. Sur les trois, c’est elle qui se démarquait le plus. La belle jeune femme ne pouvait être décrite que comme étant belle dans le sens le plus pur du terme. Cette fille, d’une beauté indéniable de la tête aux pieds, avait les cheveux d’un noir de jais. En la voyant si bien habillée, cela avait mis sa beauté et son charme en parfaite harmonie. C’était peut-être une aristocrate, ou un membre de la royauté déguisée. La seule chose qui était tout à fait claire, c’est que cette fille n’était pas une roturière.

… Je crois toujours que Mme Eindebelle est plus belle, de toute façon. Gratt pensa cela en décidant de revenir quand elle n’était pas occupée. Il s’était dit que le simple fait d’attendre dans les coulisses pour traiter avec un client de haut niveau pouvait nuire aux affaires. Cependant, la jeune fille se tourna vers lui comme si elle sentait sa présence dans la pièce.

« Belle, on dirait que tu as un client, » déclara la fille.

« C’est qui, bon sang ? On en arrivait aux petits détails… Oh, c’est Monsieur Gratt ! » s’exclama Eindebelle en voyant Gratt, ses joues rougissant légèrement. Elle n’avait pas du tout remarqué que Gratt semblait découragé en entendant ce qu’elle disait, pensant qu’il était vraiment arrivé au mauvais moment.

« Toutes mes excuses. J’ai l’impression d’être entré alors que vous êtes occupée. Je reviendrai plus tard. » Alors qu’il s’apprêtait à se retourner vers la porte, Eindebelle se précipita frénétiquement vers lui.

« Attendez, attendez ! C’était juste une petite conversation envoûtante, c’est tout. Vous n’entravez rien du tout, M. Gratt, » déclara Eindebelle.

« Ne dites-vous pas ça par simple considération ? » demanda Gratt.

« Bien sûr que non. J’aime que vous preniez toujours le temps de venir par vous-même, » déclara Eindebelle.

« Oh, non, non. Madame Eindebelle, venir à votre magasin vaut le déplacement, » répondit Gratt.

« Teehee, la flatterie vous mènera partout, » avait-elle commenté, rougissante et clairement assez satisfaite. Il savait qu’Eindebelle se transformait en une autre personne quand il s’agissait d’enchantements, et il semblait que cela expliquait ce qui s’était passé il y a un instant. Réalisant que ce n’était pas parce qu’elle ne l’aimait pas, Gratt poussa un soupir de soulagement. Il avait alors instantanément changé de rythme, mettant son visage de marchand axé sur les affaires en place.

« Madame Eindebelle, vous m’avez dit que vous aviez quelque chose d’intéressant dans les objets d’aujourd’hui ? » demanda Gratt.

« Oui, je l’ai fait, mais laissez-moi d’abord vous la présentez. Cette petite dame est la sauveuse de Nanami, Ristia. Et ce que j’ai trouvé d’intéressant, c’est d’elle, » déclara Eindebelle.

« Oh ho…, » Maintenant, c’est logique. Ce n’est donc pas un hasard si cette jeune femme remarquable est ici. Gratt pensa ça, dirigeant une fois de plus son attention vers Ristia. Ses yeux rouges et clairs rencontraient les yeux de Gratt. En la regardant de plus près, elle commençait à ressembler de moins en moins à une personne ordinaire. Si je baisse ma garde, je ne peux m’empêcher d’être submergé, se dit Gratt, essayant de revenir dans le rythme des choses. « Enchantée, Lady Ristia. Je m’appelle Gratt. J’établis des places d’affaires dans la Capitale Impériale. »

« Ravie de vous rencontrer, Monsieur Gratt. Je suis juste une fille ordinaire, » Ristia se leva de son siège et elle fit élégamment une révérence devant lui. Gratt s’était retrouvé à retenir un gloussement en conséquence. Une fille normale n’aurait jamais fait tout son possible pour s’adresser à elle comme une fille normale, pourtant elle était là, faisant preuve d’un respect si délicat de la manière la plus raffinée qui soit et se proclamant explicitement comme telle. C’était pratiquement la même chose qu’elle criait qu’elle n’était pas normale.

… Non, attendez. Il n’y a aucune chance que cette fille ne le sache pas elle-même. Si cette fille se présente comme normale en sachant qu’elle est si spécial... Je vois. Elle essaie de mesurer ma réaction. Elle allait probablement faire passer Gratt pour un homme d’affaires peu fiable si cette légère incohérence suffisait à la déprécier. Avec cette possibilité en tête, Gratt avait reconnu Ristia comme un partenaire d’affaires à ne pas prendre à la légère. Par conséquent, il n’y avait qu’une seule façon raisonnable pour Gratt de faire face à cette situation. Souviens-toi. Il suffit d’interagir de bonne foi avec elle en tant que partenaire commercial, quel que soit son statut social, conclut-il, en se mettant en garde contre sa propre conduite.

« Alors, Lady Ristia, on m’a dit que vous aviez des choses à me montrer aujourd’hui ? » demanda Gratt.

« Oui, ce serait exact. J’ai demandé à Belle de me présenter afin que je puisse vous intéresser à acheter les objets que j’ai créés aujourd’hui, » déclara Ristia.

« Très bien, très bien. Alors, j’aimerais commencer par voir la marchandise… Madame Belle, puis-je m’asseoir ? » demanda Gratt.

« Bien sûr, installez-vous, » déclara Eindebelle.

« Merci beaucoup, » l’avait-il remercié en prenant place à côté d’Eindebelle et en face de Ristia. Gratt était un peu gêné d’être assis juste à côté d’Eindebelle, mais il avait empêché cette idée heureuse de surgir dans sa tête, puisqu’il savait qu’il faisait des affaires.

« L’objet que j’espérais que vous m’achèteriez est une broche que j’ai fabriquée, » déclara Ristia, tirant la broche hors de l’air apparemment mince. Témoin de cela, pendant une fraction de seconde, Gratt se dit. Ça ne peut pas être une boîte à objets, n’est-ce pas ? Cela expliquerait beaucoup de choses, mais il n’y avait pas un être humain vivant capable d’utiliser une boîte à objets. C’était probablement une sorte de tour de passe-passe. Très probablement, c’était une stratégie pour distraire Gratt de la broche. L’essentiel, c’était d’évaluer la broche qu’elle lui avait présentée. Gratt l’avait compris et avait rapidement tourné son attention vers elle, et il n’avait pas fallu longtemps avant que son souffle ne soit coupé par sa beauté.

« … Ça vous dérange si je l’examine de plus près ? » demanda Gratt.

« Non, je vous en prie, » répondit Ristia.

« Merci beaucoup. » Mettant sa témérité à l’épreuve, il avait utilisé un morceau de tissu qu’il avait sur lui pour prendre la broche. Il s’agissait d’une broche à cœur ouvert avec différentes tailles pour les deux côtés. Cependant, la différence de taille semble avoir été faite d’une manière parfaitement calculée. C’était asymétrique, tout en maintenant un certain équilibre. Plus importants encore, ses contours étaient superbes — beaux, sans aucune irrégularité. Gratt n’avait jamais vu de contours aussi esthétiques que celui-ci. Et la pierre sertie en son centre… était une pierre magique, sans aucun doute. La pierre magique aux reflets arc-en-ciel possédait un potentiel exquis des plus grands bijoux. De plus, la matière argentée qui composait la broche l’intriguait. Au début, il pensait que c’était de l’argent, mais une fois qu’il l’avait tenu dans sa main, il avait remarqué qu’il avait un poids considérable.

Je ne peux pas estimer un poids exact puisqu’il y a une pierre magique dedans, mais je suppose que c’est à peu près le double du poids de l’argent. Il s’était creusé la tête, en arrivant à la conclusion que c’était fait de platine. Pour être franc, la broche était tout simplement sublime. Mais c’était la raison pour laquelle il était difficile de croire qu’une fille aussi jeune puisse y arriver. C’est dans cet esprit que Gratt avait décidé de la piéger pour aller au fond des choses.

« C’est un très beau design. Vous avez l’air d’être très douée, » déclara Gratt.

« Hehehehe, merci beaucoup, » répondit Ristia, ses lèvres se courbant en un sourire doux. Il ne sentait pas une once de nervosité de sa part, en fait, il ressentait un air de confiance.

« Pourtant, c’est vraiment magnifique. Est-ce de l’argent ? » demanda Gratt.

« Non, c’est du platine, » déclara Ristia.

« Du platine, vous dites ? » demanda Gratt.

« Oui, il ne s’oxyde pas aussi facilement que l’argent. J’ai aussi mélangé d’autres métaux pour le durcir, » déclara Ristia.

« … Oh ho, c’est vrai ? » déclara Gratt, avec un grand calme alors qu’il se trouvait dans un état de choc complet à l’intérieur. Même Gratt connaissait la différence et les caractéristiques entre le platine et l’argent, mais il n’était pas au courant de l’acte de mélanger d’autres métaux pour le durcir. Si c’était vrai, ce serait un secret commercial parmi les secrets commerciaux, même pour les sculpteurs sur métal. Si l’on considère que Ristia était au courant, il y avait une chance qu’elle était elle-même une sculptrice sur métal de première classe. Mais si elle était une sculptrice sur métal de première classe, elle ne divulguerait pas si facilement des secrets commerciaux. Il ne savait pas à qui il avait affaire ici.

« M. Gratt. Mademoiselle Ristia l’a fait sous mes yeux, » déclara Eindebelle.

« Oh ho. Elle l’a fait maintenant ? » Gratt avait eu une relation assez longue avec Eindebelle, alors il ne pensait pas qu’elle mentait. Cela voulait vraiment dire que Ristia avait fait cette broche elle-même. Cette information était venue à la rescousse de Gratt parce qu’il ne savait rien de tout ça. Bien qu’il y avait beaucoup de choses qu’il ne comprenait pas, il ne semblait pas que la broche était, dans tous les cas, un objet volé. Il avait décidé qu’aussi longtemps qu’il le savait, il pouvait mettre de côté tous les autres facteurs de côtés pour le moment. C’était une décision qui semblait arriver un peu trop tard, cependant. Ristia avait remarqué qu’on la soupçonnait, car son visage était orné d’un sourire gêné. « Mes excuses. Je dirige une entreprise ici, voyez-vous. Je dois faire très attention à la façon dont je manipule mes produits. »

« Oui, je comprends, c’est pour ça que ça ne m’inquiète pas, » déclara Ristia.

Malgré Gratt et ses inquiétudes, Ristia avait répondu avec un tendre sourire. Grâce à sa tolérance, la jeune fille avait pris une longueur d’avance sur Gratt. Gratt s’était lui-même réprimandé. Je ne peux pas me permettre de tout gâcher davantage.

« Alors, Monsieur… ça vous intéresse de l’acheter ? » demanda Ristia.

« Ah, c’est vrai. J’aurai un devis définitif pour vous après avoir confirmé les matériaux de cet article, mais que pensez-vous de trente pièces d’or… non, cinquante pièces d’or ? » Cinquante pièces d’or suffisaient pour construire une belle maison. C’était un prix relativement élevé, mais le slogan du « platine durci » ne pouvait qu’attirer l’attention des aristocrates et des nobles, et c’était sur cette idée qu’il avait mis un tel prix. Il pensait qu’il s’agissait d’une transaction plus que satisfaisante. Cependant…

« Attendez un peu ! » Eindebelle cria inopinément afin d’arrêter les procédures.

***

Partie 5

« Madame Eindebelle… n’êtes-vous pas satisfaite de ce prix ? » demanda Gratt.

« Vous avez raison, je ne suis pas satisfaite. Il n’y a aucune chance que je vende ça pour ce prix-là, » Gratt avait toujours fait des affaires honnêtes avec Eindebelle, et il pensait qu’elle considérait que ses compétences en matière d’évaluation étaient également dignes de confiance. Son accès de colère fut donc choquant pour lui, vu qu’il ne s’attendait pas à ce qu’elle trouve une faute aussi véhémente dans l’une de ses offres.

« … Vous connaissez ma dignité de commerçante, et donc, je n’ai cherché qu’à avoir un prix raisonnable, » déclara Eindebelle.

« Ce prix n’est que raisonnable, n’est-ce pas ? » Il a fallu une seconde pour comprendre ce qu’elle voulait dire par là, renvoyant rapidement les yeux de Gratt à la broche. Une belle pierre magique brillait au centre du bijou. Gratt avait alors été frappé par une prise de conscience soudaine. Il avait pensé que la pierre magique avait été mise en place pour que l’acheteur puisse installer l’enchantement qu’il voulait, mais…

« Vous voulez dire que cette pierre magique est déjà enchantée… ? » demanda Gratt.

« C’est l’essentiel. Et je dis que j’ai évalué cette broche comme un objet enchanté, » déclara Eindebelle.

« C’est ce que je vois. Alors c’était un projet commun entre vous deux, non ? Vos objets enchantés ont toujours été populaires, madame Eindebelle, alors le prix devrait effectivement augmenter, » l’utilisation de pierres magiques de haute qualité donnait des effets plus forts, mais elles étaient aussi beaucoup plus difficiles à produire. Il faudrait donc beaucoup de technique et d’efforts pour enchanter une pierre magique de ce calibre. Gratt avait réfléchi face à son ignorance, voyant qu’Eindebelle était raisonnablement contrariée qu’il ne considère l’objet que comme un bijou. C’est à ce moment-là que Ristia avait pris la parole.

« C’est moi qui ai enchanté cette broche ~, » avait-elle déclaré d’une manière très concrète, ce qui avait surpris Gratt. Comme nous l’avons expliqué plus haut, il fallait beaucoup de technique pour enchanter une pierre magique de grande valeur. Il avait été surpris qu’une fille si jeune soit capable d’enchanter n’importe quoi, mais… malheureusement, toute personne capable d’acheter un bijou aussi beau pouvait aussi demander à un enchanteur bien connu de l’enchanter comme elle le voulait. Fondamentalement, un enchantement d’amateur appliqué à la broche diminuerait en fait la valeur. Un enchanteur qui enchantait quelque chose était naturel, et il était compréhensible que l’on veuille offrir ses propres enchantements, mais c’était une mauvaise idée du point de vue de la marchandise.

Nanami, comprenant probablement cela, avait fait un regard de reproche, en disant simplement, « Lady Ristia… »

C’est vrai. S’il te plaît, dis-lui de ma part. Le fait que je lui dis pourrait aggraver les choses, mais comme Nanami semble être en bons termes avec elle, si elle le lui disait, les choses s’arrangeraient pacifiquement. Gratt espérait, en surveillant patiemment l’interaction de la paire de filles.

« … Hein ? Tu veux dire que je ne devrais pas lui dire ? » demanda Ristia.

« Je ne dis pas que vous ne devriez pas, c’est juste que…, » répondit Nanami.

« Non, il le découvrira une fois qu’il en aura examiné les effets de toute façon. Monsieur Gratt est une connexion fiable, donc il vaut mieux lui dire de se mettre dans le droit chemin et de le mettre de notre côté, » déclara Eindebelle, renforçant positivement ce que Ristia avait dit. Gratt n’avait pas du tout anticipé cette interaction entre les trois femmes. Il ne savait pas pourquoi, mais il semblait qu’il n’y avait pas une seule personne présente qui était prête à expliquer qu’un enchantement d’amateur réduirait la valeur d’un objet. Gratt poussa un soupir et décida d’annoncer la nouvelle lui-même.

« Alors Mme Ristia, c’est vous qui avez enchanté ça ? » demanda Gratt.

« Mm-hmm, je l’ai vraiment fait ~, » déclara Ristia.

« Je vois. Eh bien… Je devrais commencer par vous dire que beaucoup de clients qui achèteraient un accessoire si cher font des demandes pour des enchantements qu’ils veulent eux-mêmes, » déclara Gratt.

« Oh… Je ne le savais pas, » répondit Ristia.

« D’où, eh bien... Je voudrais vous informer que le prix de cette broche pourrait très bien baisser en fonction des effets de votre enchantement. » L’essentiel de la phrase détournée de Gratt était qu’un mauvais enchantement aurait un effet négatif sur la valeur. Il avait failli dire : « Votre enchantement ne suffira pas », ce qui aurait brossé Ristia dans le mauvais sens du poil, mais sa valeur d’évaluation lui ferait comprendre clairement son sentiment dans les deux sens. C’est pourquoi il voulait s’assurer d’insister sur ce point pendant qu’il en avait encore l’occasion…

« Oh, maintenant je comprends. J’aurais donc dû prendre la demande de la personne et l’enchanter, n’est-ce pas ? Si c’est le cas, dois-je réécrire l’enchantement pour qu’il fasse ce que la personne veut ? » Mais l’information n’avait pas semblé atteindre Ristia. En fait, cela avait soulevé une préoccupation encore plus grande. Réécrire quelque chose qui était déjà enchanté n’aurait pas dû être possible.

Normalement, être capable d’enchanter une pierre magique de cette qualité nécessiterait une quantité considérable de connaissances et de compétences… alors pourquoi ne sait-elle pas quelque chose de si simple ? se demanda Gratt, confus. C’était presque comme s’ils étaient parvenus à une compréhension mutuelle, mais ils étaient en même temps dans des mondes différents.

Il était peut-être difficile de bien voir les deux malentendus, alors qu’Eindebelle avait laissé sortir un certain recours. « Hé, Ristia ? Pourquoi ne pas expliquer à Monsieur Gratt l’enchantement que tu as mis sur ce bijou ? »

« Oh, bonne idée. L’enchantement annule les maux corporels, » déclara Ristia.

« Oh-hoho ! Si c’est le cas, cela le mettrait en demande. » Je ne connais peut-être pas l’ampleur de l’effet, mais nous allons dans la bonne direction, pensa Gratt, légèrement soulagé. Qu’ils soient aristocrates ou marchands, tous ceux qui avaient de l’argent doivent se méfier du poison, de sorte que tout enchantement qui atténuerait les effets corporels de toute sorte recevrait des critiques positives. « Alors, quel genre d’effet négatif cet enchantement aide-t-il à atténuer ? »

« Les conditions sont moins “quel genre”, et plus “chaque genre”. Il cible tous les maux, » déclara Ristia.

« … Hein ? “Tous” ? Vous dites que ça aide à atténuer tous les maux corporels ? » demanda Gratt.

« Non, ça n’atténue rien, cela l’annule. » Gratt cligna des yeux avec incrédulité. Peu après, il avait ri.

« Mon Dieu, vous êtes une sacrée comédienne, jeune fille. » Si un objet enchanté produisait le même effet chaque fois, ses capacités seraient d’autant plus efficaces que sa portée serait réduite. Partant de cette prémisse, il visait « tous les maux corporels » de façon si large que c’était infaisable. Et même si on limitait la portée de ce qu’il affectait, il ne pourrait pas avoir assez de pouvoir pour annuler les maux corporels. Par exemple, même si vous limitiez le produit à des poisons précis, le mieux que vous pouvez faire était d’atténuer les effets du poison. Si l’on mettait de côté les poisons faibles, il était tout simplement impossible d’annuler les effets des poisons en général. Fondamentalement, ce serait un article haut de gamme s’il était capable de neutraliser ne serait-ce que la moitié d’un poison ingéré, et s’il avait la capacité d’annuler complètement même un seul type de poison, alors c’était pratiquement un artefact. Neutraliser tous les maux corporels était le genre de choses que l’on ne trouvait que dans les contes de fées.

Eindebelle parla avec un sourire maladroit. « Ouais, je ne peux pas vous en vouloir de penser ça… »

Nanami, d’un autre côté, affichait une tension évidente sur son front. « Lady Ristia, vous vous êtes trompée, n’est-ce pas ? »

Gratt s’était alors rendu compte qu’il y avait quelque chose qui clochait. Si ce que Ristia prétendait être la vérité, cela signifiait que toutes leurs histoires seraient vraies, ce qui mènerait à une situation incroyablement difficile. Gratt avait regardé la broche dans ses mains une seconde fois, puis il avait pointé ses yeux en direction de Ristia.

« Hein ? A-t-il vraiment le pouvoir d’annuler tous les maux corporels ? » demanda Gratt.

« En effet, c’est le cas, » déclara Ristia.

« … Ça vous dérange si je l’évalue ? » demanda Gratt.

« Allez-y, allez-y ~, » dit Ristia d’un ton facile. En entendant cela, Gratt avait utilisé son artefact précieux, un outil magique en cristal qui évaluait des objets enchantés. Et dès qu’il l’avait fait, l’objet s’était brisé en morceaux.

« … Bonté divine ! » s’exclama Gratt.

« Oh, non. Un outil d’une qualité aussi médiocre ne suffira tout simplement pas. Attendez une seconde, » Gratt fut surpris de ce qui venait de se passer. Mais un peu après cela, Ristia retira un nombre incalculable de morceaux de cristal qui semblaient sortir de nulle part. Puis, un cercle magique incroyablement complexe s’était déployé autour de Ristia, et les éclats s’étaient transformés en un seul globe solide et transparent.

« Ehehehe, voilà. Un cristal d’évaluation qui évaluera tous les objets enchantés ~, » déclara Ristia avec un sourire innocent. Cependant, les mots qui venaient de ces belles lèvres brillantes n’entrèrent jamais dans les oreilles de Gratt — parce que le phénomène qui venait de se dérouler sous ses yeux transcendait sa compréhension.

« Q-Q-Q-Q-Q-Quoi… Qu’est-ce que vous venez de faire ? » demanda Gratt.

« “Quoi” ? Exactement ce à quoi ça ressemblait. J’ai fait un cristal d’évaluation, » déclara Ristia.

« Vous en avez fait un ? Juste comme ça ? » Un simple enchantement devrait prendre plusieurs heures, et certains allaient même prendre plusieurs mois. De plus, un cristal d’évaluation était un artefact, un objet qui ne pourrait jamais être créé de nos jours. Incapable de croire ce qu’on lui avait dit, Gratt avait essayé d’évaluer l’objet enchanté qu’il tenait dans ses mains avec le cristal qu’on venait de lui remettre. Ce qui était affiché sur le cristal était un effet qu’il connaissait bien… ainsi qu’une explication supplémentaire détaillée. L’explication dépassait de loin le cristal d’évaluation qui s’était brisé il y a quelques instants, ce qui avait fait tomber sa mâchoire sur le sol.

« Je n’arrive pas à y croire… S’agit-il d’un article authentique ? » Non, impossible. Cela ne peut pas être… Gratt pensa en vérifiant d’autres objets enchantés, et cela lui donna la capacité correcte et une explication détaillée pour chacun d’entre eux. C’était la première fois qu’il rencontrait Ristia, et même Eindebelle ne connaissait pas tous les objets enchantés avec lesquels Gratt se promenait, ce qui signifiait qu’il n’y avait aucun moyen que cela ait pu être installé à l’avance. Il ne pouvait pas les soupçonner maintenant qu’il était confronté à tous ces faits. Le cristal d’évaluation était la vraie affaire. Cela signifie donc… pensa Gratt en évaluant timidement la broche, et cela lui donna une explication détaillée. En plus de la capacité d’annuler tous les maux corporels, elle était aussi enchantée par ses capacités d’autoréparation. Même si le propriétaire avait un poison mortel à action rapide dans son système, il l’annulerait immédiatement, et même si la broche était écrasée en un million de morceaux, elle se restaurerait pour devenir comme neuve. C’était une broche fabriquée par une fille normale.

« … Hahaha, hahahaha, » Gratt avait laissé échapper un rire sec, perplexe devant une situation où il devrait même commencer à montrer de la folie.

***

Partie 6

Dans le coin de la boutique d’Eindebelle, Monsieur Gratt, le marchand, s’étonnait en regardant la broche que Ristia lui avait apportée. Il semblait que l’enchantement que Ristia y avait placé l’avait mis dans un état de choc. Cela dit, Ristia avait commencé à se rendre compte que ses propres capacités d’enchantement étaient un peu plus évidentes — un tout petit peu — après le cours qu’elle avait donné Eindebelle et Nanami avant que Gratt n’arrive. Même ainsi, la raison pour laquelle elle essayait de vendre la broche était qu’elle avait besoin d’argent pour l’orphelinat. C’est pourquoi Ristia attendit que Gratt reprenne son sang-froid et poursuivit la procédure en demandant. « Combien seriez-vous prêt à acheter cette broche, Monsieur ? »

« Tout à fait… Mais pour être honnête, je ne suis pas du tout qualifié pour vous l’acheter, » déclara Gratt.

« … Hein ? » Ristia était confuse devant sa réponse inattendue.

« S’il vous plaît, ne vous méprenez pas. Je ne dis pas que cette broche n’a aucune valeur. Au contraire, je dis qu’elle a trop de valeur pour que je puisse vous faire une offre raisonnable, » répondit Gratt.

« Il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour ça. » Ristia ne voulait pas l’argent pour elle, elle voulait juste l’argent parce qu’elle en avait besoin pour rénover l’orphelinat.

Je pense qu’elle se contenterait d’un montant qui lui rapporterait une petite fortune, mais… Gratt repoussa ça en secouant la tête.

« Non, ma dignité ne me permettra pas de l’acheter au prix dérisoire que je peux fournir, » déclara Gratt.

« Oh, je vois…, » même Ristia était contente qu’il tenait la broche qu’elle avait fabriquée en si haute estime. Bien que cela l’ait mise dans une situation difficile, elle n’arrivait pas à trouver en elle le courage de lui demander de l’acheter quand même. Cependant, Gratt n’en avait pas fini avec sa déclaration.

« … Cela dit, je peux vous représenter en vendant cette broche, Lady Ristia, » déclara Gratt.

« Hum… qu’est-ce que ça implique exactement ? » demanda Ristia.

« Une fois par mois dans la Capitale Impériale, ils organisent une vente aux enchères. Que pensez-vous du fait que je vende la broche en votre nom, prenant une petite commission sur la vente ? » demanda Gratt.

« Une vente aux enchères une fois par mois…, » Ristia n’avait aucune idée de l’emplacement de la Capitale Impériale, mais elle se demandait s’il lui faudrait beaucoup de temps avant de pouvoir recevoir de l’argent, ce qui se voyait sur son visage.

« Excusez-moi, mais avez-vous besoin de l’argent immédiatement ? » demanda Gratt.

« Je veux reconstruire l’orphelinat, » déclara Ristia.

« Je dois dire… C’est très noble, » déclara Gratt.

« Non, je veux juste aider les enfants. Il n’y a rien de nécessairement noble à ce sujet, » Ristia avait gentiment nié. Gratt, d’autre part, avait été touché, prenant cela comme une démonstration de modestie et de vertu. « Vous êtes comme un ange, Milady. »

Je suis une fille normale qui veut juste une petite sœur, après tout. Et je n’ai pas non plus besoin que Nanami saute dans la conversation en disant des choses comme, « Elle n’est pas comme un ange, elle est un ange », pensa Ristia, mais comme elle décida de ne pas dire qu’elle voulait une sœur à haute voix, elle en resta à un commentaire murmuré. « Mais je suis une fille normale… » C’était un commentaire qui l’avait fait rire pour une raison inconnue.

« Donc, le seul orphelinat dans cette ville dont je me souvienne est celui qui est placé sur cette colline, exact ? Si je me souviens bien, cela serait le même avec toutes les rumeurs douteuses à ce sujet, » déclara Gratt.

« Oh, eh bien, euh…, » balbutia Ristia.

Elle n’était pas certaine de l’ampleur de la situation sur laquelle elle devait s’étendre, mais Eindebelle lui avait conseillé de continuer. « Monsieur Gratt est quelqu’un de fiable, tu peux donc lui raconter toute l’histoire, ma chérie. »

Compte tenu de l’accord, elle avait révélé que le directeur de l’orphelinat effectuait des activités illicites à l’extérieur de l’établissement, et elle avait expliqué comment elle l’avait découvert et avait elle-même récupéré le poste de directeur de l’orphelinat.

« Vous avez repris l’orphelinat… ? » demanda Gratt.

« Oui, c’est vrai. Il a signé une lettre d’autorisation et tout… Oh, c’est vrai. Pourriez-vous jeter un coup d’œil à la lettre pour vous assurer que tout est en ordre ? » demanda Ristia, retirant la lettre d’autorisation de sa boîte à objets.

« C’est un plaisir pour moi, » déclara Gratt en prenant la lettre et en scrutant les détails de l’accord. Après avoir vérifié la lettre de fond en comble, il avait regardé Ristia en réponse. « … Cette lettre d’autorisation comporte un inconvénient intentionnel. »

« Hein ? Ça veut dire que… ça ne fait pas de moi le propriétaire de l’orphelinat ? » S’ils me virent de l’orphelinat… Que dois-je faire ? Dois-je emmener les enfants et déménager dans un endroit disponible… ? Ou est-ce que je crée une ville en dehors de celle-ci ? Ristia avait réfléchi, pensant bien en dehors des sentiers battus. De plus, si Ristia construisait une autre ville en dehors de la ville où ils se trouvaient déjà, la grandeur de la ville amènerait les gens à commencer à y émigrer, ce qui conduirait cette ville à la ruine dans un avenir pas si lointain. Cependant, cela n’arriverait pas — pour le meilleur ou pour le pire.

« Détendez-vous, Lady Ristia. Cela vous donne toujours la propriété de l’orphelinat. » Ses craintes n’allaient pas se réaliser, grâce à la bonne nouvelle de Gratt.

« Oh, mais euh… Vous avez dit qu’il y avait un inconvénient, n’est-ce pas ? » demanda Ristia.

« Cette lettre d’autorisation comprend une clause qui stipule que si le requérant dépose une requête dans un délai de six mois, le transfert sera nul et non avenu, » déclara Gratt.

« Aah… donc c’est ce que vous vouliez dire. » Cela signifie que le directeur Georg n’avait jamais eu l’intention de remettre l’orphelinat. S’il s’était enfui à l’époque, il se serait opposé à ce que Ristia utilise la lettre d’autorisation pour réclamer la propriété.

« Donc, essentiellement, tout va bien tant que vous vous assurez que le prédécesseur ne peut pas demander que le transfert soit nul et non avenu, mais…, » Gratt l’avait dit avec un regard implicite. Elle n’avait pas expliqué ce qui était arrivé à l’ancien directeur Georg, mais… peut-être que Gratt avait déjà réalisé qu’il n’était plus dans ce monde.

Cet homme est un marchand compétent…, pensa Ristia en lui répondant. « Si c’est le cas, je ne vois aucun problème. »

« Ah, je vois. Je peux arranger ça, si vous êtes d’accord, » déclara Gratt.

« … Êtes-vous sûr de vous ? » Ristia n’était pas très au courant du droit des humains. Elle appréciait la perspective de voir Gratt faire les choses à sa place, mais elle n’était pas certaine non plus qu’elle devait le faire mettre dehors comme ça.

« De plus, mon magasin a aussi une succursale dans cette ville, donc mon entreprise vous aidera à couvrir toutes les dépenses dont vous pourriez avoir besoin pour l’orphelinat, » déclara Gratt.

« Bien que j’apprécie cela, Monsieur… êtes-vous vraiment sûr de tout ça ? » demanda Ristia.

« Certainement. Même le prix le plus bas que j’ai en tête pour votre article est suffisant pour aider à construire quelques douzaines d’orphelinats, alors considérez-le simplement comme un acompte, » déclara Gratt.

« Oh, merci beaucoup ! » Malgré un départ difficile, ils avaient mis au point les détails et finalisé leur accord. Après quoi, Ristia avait eu un petit entretien avec Nanami et Eindebelle avant de retourner à l’orphelinat.

« Bonjour, tout le monde ! Je suis de retour ~, » déclara Ristia.

« Oh, directrice ! Bon retour ~, » quand elle avait annoncé son retour depuis l’entrée, les enfants étaient arrivés en courant en réponse et avaient aperçu Ristia, ce qui l’avait déséquilibrée et l’avait fait chanceler. Ce n’était pas parce qu’elle avait été physiquement choquée, mais parce qu’elle était entourée d’un groupe d’adorables jeunes enfants.

« Whoa, whoa, whoa! Directrice, allez-vous bien ? » demanda Mew, le garçon manqué, avec un regard inquiet.

Ristia s’était accroupie et l’avait rassurée. « Je vais bien, ma chère. Merci de t’inquiéter pour moi, » et elle avait caressé doucement sa tête aux oreilles de chien.

« Woof…, » déclara-t-elle avec un sourire ravi. Cela avait déclenché un chœur de supplications de la part des autres enfants.

« C’est à moi maintenant ! »

« Non, moi ! »

Ristia était tellement heureuse qu’elle pouvait mourir.

« D’accord, les enfants. Arrêtez ça ! Arrêtez ! Vous allez donner du fil à retordre à la directrice Ristia si vous n’arrêtez pas, » déclara Maria.

« “D’accord !” »

Maria s’était précipitée de l’arrière de la foule jusqu’à la scène du crime et avait fait entendre un grondement tonitruant. Les enfants s’étaient détachés de Ristia avec obéissance, bien que d’une manière légèrement réticente. En réponse, Ristia n’avait pas baissé ses épaules comme elle le ferait normalement, mais elle avait plutôt souri doucement.

Maria est vraiment mignonne. Ça l’a rendue jalouse. Hehehehe. Ce n’est pas grave. Je vais donner à la jolie petite tête de Maria les caresses qu’elle mérite, pensa Ristia en faisant sur la tête de Maria une légère caresse. En conséquence, la peau brune de Maria avait pris une subtile teinte de rouge.

« Directrice Ristia !? » s’exclama Maria.

« Heehee, la façon dont tu deviens rouge est adorable, » déclara Ristia.

« Ne te moque pas de moi, s’il te plaît ! » s’exclama Maria.

 

 

Ristia, bien sûr, ne se moquait pas du tout de la fille. Elle aimait simplement une adorable jeune fille d’une extrême sincérité. Mais encore une fois… c’était un peu comme si on se moquait d’elle du point de vue de la jeune fille, alors à chacun son propre point de vue.

« Uh-oh ~ Grande Soeur Maria rougit ~. »

« Elle le fait ! Elle rougit ~. »

« Rougit ~ rougit ~ tout le visage rougit ~. »

En voyant Maria, la même Maria qui avait été leur sœur aînée pendant tout ce temps parce qu’elle était l’aînée, le rougissement avait donné aux enfants le matériel nécessaire pour commencer à la taquiner. C’était quand Maria en avait assez.

« Très bien, vous tous ! Arrêtez vos bêtises et retournez à vos corvées dans la pièce ! » cria Maria.

« Oh ! La Grande Sœur Maria est folle ! »

« Elle est folle ~ ! »

« Folle ~ Folle ~ elle est sûrement folle ~. »

Les enfants crièrent en s’amusant, tandis qu’ils se précipitaient au fond de la pièce. Parmi eux, Ristia pouvait voir le garçon, Allen, qui présentait sur son visage une expression un peu compliquée. C’était juste une supposition, mais il essayait probablement d’évaluer la personnalité de Ristia comme il l’avait déclaré. Malgré son âge, il avait une attitude d’adulte. Depuis, il l’avait beaucoup regardée fixement. Une fois qu’il avait regardé Ristia dans les yeux avec cette expression extrêmement, incroyablement sérieux, cela l’avait fait tourner la tête et rougir.

« Teehee, les enfants sont si mignons…, » murmura Ristia.

« … Bien que je sois d’accord avec toi, j’aimerais que tu ne projettes pas ça sur moi aussi, » déclara Maria.

« Qu’est-ce que tu racontes ? N’es-tu pas aussi l’une de ces jolies enfants, Maria ? » demanda Ristia.

« ~ ~ ~ ! ! OK, franchement, le plaisir de me taquiner à… oh, peu importe, » commença Maria, mais elle remarqua probablement que le sourire de Ristia n’était pas méchant du tout. Maria tourna la tête pour essayer de dissimuler son embarras.

« Au fait, Maria, le déjeuner s’est-il bien passé ? » demanda Ristia.

« C’est vrai ! À propos de ça ! Qu’est-ce que c’était que ces ingrédients !? » demanda-t-elle, l’assaillant à la vitesse de l’éclair.

J’ai laissé les ingrédients dans l’urgence avant de partir, alors j’ai peut-être fait une erreur en cours de route ? pensa Ristia, anxieuse. Si je me souviens bien… J’ai laissé une cinquantaine de kilos de viande de la plus haute qualité, ainsi qu’une dizaine de kilos de légumes frais comme des carottes et du chou. Je leur ai aussi laissé un assortiment d’épices, donc je ne pense pas qu’il y ait eu de problème, n’est-ce pas ?

« Oh… ne manges-tu pas de viande pour des raisons religieuses ? » demanda Ristia.

« Ce n’est pas le problème ici ! » répliqua Maria.

« … Alors, détestes-tu les carottes ? » demanda Ristia.

« Je te le dis, ce n’est pas le problème ! En plus, on n’a pas la latitude d’être difficile comme ça, » s’exclama Maria.

« … Alors, je suppose que c’est la quantité ? » demanda Ristia.

« Tu n’as rien à supposer. Voilà la raison, » déclara Maria.

« Désolée, c’était trop peu, n’est-ce pas… ? » demanda Ristia.

« C’est trop ! » s’écria Maria.

Mais les enfants mangent beaucoup, c’était ce que Ristia avait d’abord pensé en se basant sur ses impressions, mais Maria l’avait complètement arrêté. « Oh, d’accord. Un peu trop, hein ? »

« Considérant que nous n’en avons mangé qu’un peu, je dirais que c’était “beaucoup trop”, et pas seulement “un peu”, » répondit Maria.

« Oh, vraiment ? » demanda Ristia.

Son idée était de faire manger tout le monde puisqu’ils avaient tous l’air si maigres. C’était le genre de fille qui, si elle avait un animal de compagnie ou quelque chose du genre, elle le nourrissait jusqu’à ce qu’il soit bien gras.

« Donc, oui, nous commençons à prendre les restes de viande et à les sécher pour les entreposer, » déclara Maria.

« Aah… c’est donc ce que tu voulais dire par “corvées”, » déclara Ristia.

« Oui. J’ai pensé à le confirmer avec toi, directrice Ristia, mais c’était trop dans l’ensemble, et ça se serait probablement gâché si nous n’avions pas agi vite, » déclara Maria, l’air un peu anxieux. Ristia n’avait pas d’objection puisque son intention était de tout leur faire manger de toute façon, mais Maria avait probablement pensé qu’elle avait dépassé les bornes dans ses actions.

Prenant cela en considération, Ristia regarda Maria avec un sourire et lui dit. « Merci. »

« … Directrice Ristia ? » demanda Maria.

« Je ne t’ai pas donné des instructions assez claires. Merci d’avoir mis au point un plan de secours, » déclara Ristia.

« Hein ? Oh… euh, j’ai juste fait ce qui était naturel ! » répliqua Maria, regardant ailleurs d’une manière timide. D’ailleurs, alors que Ristia n’aurait aucun moyen de le savoir, l’ancien directeur Georg était du genre à réprimander Maria pour avoir agi de façon déplacée si elle faisait les choses de façon indépendante et se mettait en colère et lui disait d’agir par elle-même si elle ne le faisait pas. C’est pourquoi Ristia n’avait pas seulement applaudi la décision de Maria, mais elle avait aussi été reconnaissante, ce qui l’avait remplie d’une émotion indescriptible. C’était la principale raison pour laquelle elle avait tourné la tête d’une manière si timide. « Alors… On devrait sécher toute la viande ? »

« C’est vrai, à ce propos… La vérité, c’est qu’il y a un moyen de le stocker cru, » déclara Ristia.

« Hein ? Il y en a un ? Alors, on perd notre temps ? » demanda Maria.

« Pas du tout. Il y en a assez pour tout le monde. Vous séchez toute la viande, ou je peux la ranger pour vous. Dans les deux cas, ça marche. » Ces ingrédients avaient également été collectés par Ristia avant qu’elle ne s’enfuie de chez elle, ce qui faisait d’eux tous ingrédients vieux d’un millénaire à ce moment-là. Mais comme elle les conservait dans sa boîte à objets congelés, il n’y avait pas de problème en ce qui concerne leur fraîcheur. S’il y avait un problème, c’était que la viande provenait d’animaux disparus depuis longtemps à cette époque, mais c’était relativement maigre en comparaison.

« Je ne sais pas trop ce que je devrais signaler comme n’allant pas dans cette déclaration, » déclara Maria.

« Chaque mot est vrai, » déclara Ristia.

« … Si c’est vrai, peut-on sécher toute la viande ? » demanda Maria.

« Bien sûr que oui. Ça ne me dérange pas, mais puis-je te demander pourquoi ? » demanda Ristia.

Maria semblait un peu anxieuse en posant cette question, mais elle ne donnait pas l’impression qu’elle doutait de ce que Ristia lui avait dit. Quoi qu’il en soit, il ne devrait pas être nécessaire de se dépêcher et de sécher toute la viande si elle avait cru les paroles de Ristia. Ristia était curieuse de savoir quel raisonnement Maria avait en voulant tout préserver.

« Tu le sais peut-être, mais la raison pour laquelle j’ai offert mes services était que nous n’avions pas assez d’argent pour mettre de la nourriture sur la table pour tout le monde. Bien sûr, ils ne le savent pas, mais ils savent que la vie a été dure, » déclara Maria.

« … Tu es si gentille, Maria, » déclara Ristia.

Avec un surplus de viande séchée, tout le monde pouvait dormir tranquille en sachant qu’il n’avait pas à mourir de faim. Après avoir compris cela, Ristia sourit et dit. « Dans ce cas, tu peux aller de l’avant et tout sécher. » Il était intéressant de noter que, comme décrit plus haut, ce qu’ils transformaient en viande séchée était des coupes de haute qualité d’animaux déjà éteints. S’il y avait des aristocrates, ils trouveraient insupportable de transformer cette viande de haute qualité en viande séchée. Ils crieraient probablement : « Je vous paierai ce que vous voudrez, mais pour l’amour de Dieu, vendez-le-moi cru ! » Cependant, pour le meilleur ou pour le pire, il n’y avait que les orphelins et une princesse du Sang Véritable ici.

Une fois cela réglé, Ristia alla rejoindre les enfants dans leur travail. Ils avaient réussi à faire bouillir un à un chaque morceau de viande marinée dans de l’eau salée et à les laisser sécher au soleil.

— Le lendemain, et après le petit-déjeuner, Ristia avait demandé à chacun de rester à sa place. Les enfants avaient l’air inquiets quand leurs jeunes yeux s’étaient tournés vers elle. « La raison pour laquelle je vous ai tous fait rester, c’est parce que je veux vous demander votre avis honnête. » La phrase de Ristia avait été accueillie par une ligne de regards confus de la part des enfants, suivis d’un chœur de bavardages questionnant sur quoi ils devaient donner leur avis. Ristia, cependant, s’attendait à ce que cela se produise, alors elle s’était tournée vers Maria. Depuis deux jours, Ristia expliquait à Maria seule ce dont elle allait parler, car elle se rendait compte que tout le monde lui faisait confiance comme sa sœur aînée.

« D’accord. Vous tous, taisez-vous. La directrice Ristia veut vous interroger sur les remises en état de l’orphelinat. Elle veut savoir ce que vous pensez de la façon dont on devrait organiser les choses ici, » déclara Maria, en regardant Ristia et en pensant, c’est l’essentiel, non ? Ristia acquiesça rapidement d’un signe de tête.

« Comme Maria vient de l’expliquer, je prévois une remise en état de l’orphelinat. J’aimerais donc que vous participiez tous et me disiez comment vous aimeriez arranger les choses ~, » déclara Ristia avec un doux sourire, face auxquelles le visage des enfants s’illuminait comme des supernovae. Et ce qui avait suivi a été…

« Je veux un jardin pour pouvoir jouer avec tout le monde ! »

« Oh, wôw ! Alors, donnez-moi une chambre pour moi ~ ! »

« Ce n’est pas juste. Je veux une chambre pour moi aussi ! »

« Je veux une petite source chaude ! »

« Ah, j’aimerais prendre un bain chaud ~. »

L’un après l’autre, les enfants avaient commencé à laisser sortir leurs demandes.

Ristia écoutait chacun avec le sourire.

« Mm-hmm, mm-hmm, bonne idée. »

Cependant, Maria commençait à s’agiter depuis la ligne de touche.

« Attendez, attendez, tout le monde, ne bougez pas. Ne vous faites pas de fausses idées. Par “remise en état”, elle ne veut pas dire rénover le bâtiment, elle veut dire rénover les finances de l’orphelinat, » déclara Maria.

Au moment où Maria avait corrigé la déclaration, elle avait été confrontée à un collectif déçu, « Aww… »

« … Les enfants. Je ne sais pas comment vous le dire, mais cet orphelinat est en mauvaise santé financière. J’ai gardé le secret tout ce temps, mais pour être honnête, c’est un miracle que cet orphelinat n’ait pas été fermé depuis longtemps, » déclara Maria.

« … Hein ? L’orphelinat va fermer ? » demanda la petite Miaou, les larmes aux yeux.

« Non, tout ira bien pour nous. La directrice Ristia s’occupera de tout, donc cet orphelinat ne sera pas fermé de sitôt. Mais vous ne devriez pas faire toutes ces demandes. » L’avertissement de Maria les avait aidés à comprendre leur situation actuelle.

« Oh, c’est vrai…, » certains enfants avaient dit cela avec des expressions solennelles. Ils avaient alors commencé à s’excuser. « Désolé d’être égoïste. »

On aurait dit que les choses s’expliquaient très bien, mais après avoir entendu ce que Maria avait dit, les points d’interrogation étaient passés au-dessus de la tête de Ristia alors qu’elle lui demanda. « Maria, de quoi parles-tu ? »

« “Quoi”… ? Le but était d’inciter tout le monde à participer et à faire des économies parce qu’il serait impossible de rénover les finances ici uniquement avec vos… Uh, n’est-ce pas… ? » demanda Maria, l’air de plus en plus mal à l’aise avec chaque mot parce qu’elle avait prédit le pire scénario, mais…

Ristia répondit d’un ton désinvolte et indifférent. « Non, pas du tout. J’ai l’argent pour rénover l’orphelinat, donc le but était de demander à tout le monde à quoi ils voulaient que le bâtiment ressemble. »

« … Euh, quoi ? Attends, hein ? Non, je veux dire… Tu as l’argent pour rénover l’installation elle-même ? Tu ne parlais pas de nos frais de subsistance immédiats ? » demanda Maria.

« Ouais, ouais, ouais. J’ai tout ce qu’il faut, » déclara Ristia.

« Qu… ? Quoiiiiiiiiiiiiii… !? » Maria criait d’incrédulité pendant que les enfants criaient tous dans les environs.

***

Partie 7

« Directrice Ristia, combien de doigts je lève ? » Maria s’approcha de Ristia en levant trois doigts, ce qui lui fit faire la moue.

« Juste pour que tu saches, je ne deviens pas folle, OK ? » répliqua Ristia.

« Oui. Mais tu as dit que tu avais déjà l’argent nécessaire pour rénover l’orphelinat… Ça veut dire que tu es une sorte d’aristocrate, Directrice Ristia ? » demanda Maria.

« Je suis juste une fille normale…, » répliqua Ristia.

« … Les filles normales ne prennent pas la relève d’un orphelinat et ne gagnent pas assez d’argent pour reconstruire cet orphelinat du jour au lendemain, » répliqua Maria.

« Je suis une fille normale qui a juste les moyens de se procurer un orphelinat et beaucoup d’argent ? » répliqua Ristia.

« Ce n’est pas être une fille normale. » Maria avait poussé un énorme soupir en réponse.

Franchement ! Tout indique que je suis normale parce que je suis normale, mais j’ai tellement de mal à être considérée comme une fille normale aux yeux des autres…, se dit Ristia.

« Juste pour être sûre une dernière fois, as-tu vraiment eu les fonds ? » demanda Maria.

« Ouaip. Je ne l’ai pas sur moi en ce moment, mais les coûts nécessaires pour les rénovations seront assumés par une entreprise. Les charpentiers devraient être là d’un moment à l’autre. Tu pourras leur demander quand ils arriveront, » répliqua Ristia.

« … D’accord, je vais demander, » déclara Maria.

Et ça suffit pour convaincre Maria, s’était dit Ristia. Elle avait préparé un plan vierge au sommet de la table et avait commencé à dessiner des plans avec les idées de tout le monde qui y étaient incorporées.

« Et là, et là, vous aurez chacun votre propre chambre, alors je vais faire en sorte qu’il y ait plus d’espace si nous adoptons de nouveaux orphelins… ce qui laisse la salle de jeux et la mini source chaude. Et un terrain de jeux dans la cour, c’est ça ? Ça, et je ferai de mes quartiers une chambre pour deux personnes… » Ristia s’était dit qu’elle devait planifier l’événement où elle allait avoir sa petite sœur. Pendant tout ce temps, elle manipulait un stylo à bille dans ses doigts minces afin d’esquisser un ensemble de plans si impeccables que c’était comme si elle utilisait une règle pendant tout ce temps.

« Wôw, Directrice, c’est trop cool ! »

« Ehehehe, merci ~, » étant de bonne humeur face aux louanges des enfants, Ristia ajouta une séparation et dessina une grande salle de bain, faisant de l’orphelinat un bâtiment sur deux étages et y ajoutant des chambres.

« Et… il y aura des champs pour les récoltes. Mais je devrais peut-être aussi ouvrir un magasin…, » Ristia avait dressé ses plans sans hésitation, érigeant trois bâtiments rectangulaires et orientés vers la droite. Elle avait ensuite pris une autre feuille de papier et avait dessiné des conduites d’alimentation en eau et des conduits d’air conditionné, le tout complété par une canalisation d’évacuation d’eau et des systèmes de chauffage et de refroidissement à l’aide d’objets magiques. Enfin, en choisissant les matériaux de construction et en choisissant le coefficient de charge — la limite supérieure de la maison en termes de poids — Ristia avait réalisé un projet parfait en un rien de temps.

« Ce n’est que le banc d’essai, donc il est sujet à changement en fonction de ce que vous voulez ~, » un plan parfait qui était juste un banc d’essai. Les enfants avaient scruté les plans avec enthousiasme, mais ils avaient fini par faire des visages plutôt emplis de doutes. Ristia regarda cela dans la confusion, ne sachant pas de quoi il s’agissait, mais les enfants regardèrent fixement, déconcertés, sans donner de réponse. Ristia s’était tournée vers sa fidèle Maria pour obtenir de l’aide dans cette situation.

« Ai-je fait quelque chose de mal ? » demanda Ristia.

« Euh, eh bien… Comment puis-je dire ça ? Peux-tu vraiment construire un endroit aussi incroyable ? » demanda Maria.

« Je ne vais pas le construire, ce sont les charpentiers, » déclara Ristia.

« Non, ce n’est pas ce que je veux dire. Je veux dire, est-ce financièrement possible ? En outre, qu’est-ce que c’est que ce “système de plomberie à objet magique” ? » demanda Maria,

« Un système qui puise l’eau du sous-sol avec des objets magiques, non ? » répliqua Ristia.

« Non, je veux dire, le système en général est… Ugh, tu sais quoi ? Oublie ça. Je demanderai aux charpentiers plus tard. » Ayant l’impression d’être traitée comme l’enfant maladroit de la famille, Ristia s’était sentie déçue et avait décidé de faire de son mieux pour que Maria et les autres enfants chantent encore plus d’éloges sur son caractère maladroit. Malheureusement, elle n’avait pas remarqué qu’elle allait trop loin et qu’elles les repoussaient plutôt.

Ses plans maintenant achevés, Ristia conduisit les enfants à l’extérieur de l’orphelinat, cette fois sans Maria, qui avait été son rempart pendant tout ce temps à ses côtés. Maria s’était depuis déplacée chez la Compagnie Marchande Gratt en ville pour confirmer si l’entreprise assumait les coûts de l’opération. La conduite de Ristia était illogique dans tous les sens du terme, et même s’il était louable que Maria ait été si directe et ait confirmé les faits… cela avait laissé Ristia dans un marasme. Poo, elle ne me fait pas confiance… Cependant, elle ne pouvait pas se permettre de rester longtemps dans ce marasme. Il y avait douze enfants autour d’elle, et si elle les impressionnait suffisamment, ils lui diraient probablement : « Grande Sœur, tu es incroyable ! » Maria allait aussi revenir bientôt avec la confirmation. Si Ristia était capable de changer un tas de choses avant que Maria ne rentre à la maison, alors elle pourrait la féliciter : « As-tu fait tout ça pendant mon absence ? Grande sœur, tu es incroyable ! » Motivée par cette idée, Ristia avait décidé de se lancer dans son travail.

« D’abord… Je suppose que je peux commencer par déménager l’ancien bâtiment. » Elle avait utilisé un sort de recherche pour confirmer les fondations de l’ancien bâtiment de l’orphelinat, et les résultats lui avaient montré qu’il se trouvait sous terre, à peine enfoncé dedans. Oh, ça devrait être facile, pensa Ristia, en activant son sort sans incantation. Elle avait ensuite enlevé la terre d’un coin du terrain de l’orphelinat de la même taille que la largeur du bâtiment et d’une trentaine de centimètres de profondeur, la remplissant à l’intérieur de sa boîte à objets.

« Whoa! Le sol vient de s’effondrer !? »

« Attends, quoi ? Qu’est-ce qui se passe !? »

Les enfants avaient commencé à paniquer à l’unisson. Et voyant cela, Ristia avait compris qu’elle les avait surpris avec cette soudaine démonstration.

« Tout le monde, calmez-vous. J’ai juste enlevé la terre avec de la magie, il n’y a pas de quoi être choqué ~, » s’il y avait eu une personne ici avec le moindre soupçon de connaissance magique, alors ils auraient vraiment mis dans ce commentaire avec un petit mot. « Viens-tu de l’enlever ? Ouais, c’est ça ! Comme si c’était possible ! » Mais aucun des orphelins n’avait cette connaissance particulière en magie.

« Wôw, Directrice, vous êtes une sorcière ! »

« Directrice, vous êtes incroyable ! »

La véritable surprise des enfants avait été suivie de multiples acclamations étonnées. Dès que ces acclamations avaient honoré les oreilles de Ristia, elle avait été enchantée. Oui ! Je l’ai fait ! J’ai réussi à ce qu’ils me traitent d’incroyable ! Juste un peu plus avant qu’on m’appelle « Grande Soeur ! » Cette fois-ci, elle avait fait attention à ne pas effrayer les enfants lorsqu’elle avait lancé son cercle magique. C’était un geste attentionné, mais le cercle magique, d’une taille et d’une beauté à couper le souffle, n’avait fait que les surprendre encore plus, c’était un petit contretemps, mais ce n’était rien par rapport avec ce qu’elle avait fait ensuite. Elle avait fait léviter l’orphelinat, la fondation et tout, jusqu’à la zone qu’elle avait dégagée il y avait quelques secondes et l’avait doucement posé.

« Toute la maison a déménagé ! »

« Directrice, vous êtes incroyable ! Vraiment incroyable ! »

Les enfants criaient en s’accrochant à Ristia, qui sautait de joie de l’intérieur.

Yay! J’ai conquis le cœur de tout le monde. Je suis la fille la plus heureuse du coin.

Refusant de laisser les enfants voir ce comportement d’une sœur aînée, Ristia avait caressé la tête à tout le monde avec une docile, « Merci, merci. »

Aussi douce et calme qu’elle semblât à l’extérieur, elle ne pouvait nier le fait qu’elle était absolument en extase à l’intérieur. Ristia avait décidé d’aller encore plus loin avec tout ça.

« D’accord, ordre du jour suivant ~, » creuser là où le chantier de construction avait été fait pour que les travaux préparatoires puissent commencer le plus tôt possible. Ristia avait ensuite effectué des recherches à quelques milliers de mètres sous terre et vérifié l’existence de sources d’eau souterraine ou de sources d’eau chaude. Elle s’était frayé un chemin sous terre, puis avait enfoncé des tuyaux en orichalque à cet endroit même. Si un érudit avait été témoin de ce qu’elle faisait, il serait probablement entré dans une frénésie, criant : « Vous avez fabriqué des tuyaux de plomberie à partir d’un métal légendaire ! » Mais, dans l’esprit de Ristia, le matériau n’était rien de plus qu’un métal extrêmement résistant et inoxydable. Elle avait imaginé une installation où ils pourraient puiser de l’eau chaude de source ou de l’eau ordinaire en installant une pompe magique alimentée par une pierre magique. Bien sûr, elle n’avait pas oublié de faire couler l’eau chaude dans les chambres, ainsi que, pour fournir les mini-sources chaudes qu’elle avait promises.

« Ensuite… un système d’égouts. » Ristia avait ensuite raccordé les tuyaux aux endroits qu’elle avait indiqués sur ses plans d’évacuation des eaux usées, puis elle avait installé un système de filtration avec des pierres magiques qui traiterait l’eau sale et la déposerait dans un lac voisin. Les tuyaux étaient, bien sûr, aussi faits d’orichalque, et si ce même hypothétique savant d’avant l’avait découvert, alors ils auraient probablement eu les larmes aux yeux. « Utiliser un métal légendaire comme tuyau d’égout ? Blasphème…, » mais, fidèle à la forme, ce n’était pas un problème pour Ristia. Ainsi, Ristia avait terminé son travail et avait pris le temps d’observer les réactions des enfants, mais elle avait été confrontée à des regards vides tout autour d’elle. Apparemment, ils n’avaient pu que confirmer visuellement le fait qu’elle avait déterré les fondations, mais une grande partie de ce qu’elle avait fait était hors de leur vue, de sorte qu’ils ne pouvaient pas s’imaginer ce qui venait de se passer.

« Directrice, qu’est-ce que vous venez de faire ? »

« J’ai trouvé une source d’eau souterraine et une source d’eau chaude, » répondit Ristia.

« De l’eau souterraine et… une source d’eau chaude ? »

Ces enfants, nés et élevés à l’orphelinat, étaient si éloignés de la société qu’ils ne savaient probablement pas ce qui se passait derrière la création d’une source chaude.

Ristia avait fait aux enfants un regard réconfortant en entrant dans les détails. « Vous voyez, je me suis raccordée sur une source d’eau chaude. C’est de l’eau chaude non volcanique, c’est-à-dire de l’eau chaude emprisonnée profondément sous terre, et je l’ai remontée à la surface avec la magie. » C’était une explication détaillée que les enfants ne comprenaient qu’à moitié, mais ils semblaient comprendre que la magie était étonnante, et que leur directrice était impressionnante de pouvoir l’utiliser. Tout le monde regardait Ristia avec du respect dans leurs petits yeux.

Ristia s’était dit Allez-y, les petits ! C’est le moment de m’appeler Grande Soeur ! Mais ils l’admiraient en tant que directrice de leur orphelinat, donc malgré toutes les actions étonnantes que Ristia avait faites, les chances qu’ils l’appellent leur Grande Soeur étaient réduites à zéro — des chances que Ristia avait été naturellement inconsciente.

« Alors, hé, Directrice ? Les vraies sources chaudes sont en fait de grandes baignoires, n’est-ce pas ? » demanda la rousse, Ayane, ses yeux pourpres s’enflammant d’espoir. Elle n’avait encore que neuf ans, mais c’était l’enfant précoce qui connaissait le mieux le monde réel après Maria. À en juger par ce qu’elle avait dit plus tôt au sujet des bains et par sa question de tout à l’heure, elle avait dû en arriver à la conclusion qu’une source chaude signifiait des bains chauds.

« Tu l’as deviné correctement, Ayane, ma chère Ayane ~ je suis en train de faire un lieu de baignade pour vous tous, » déclara Ristia, montrant du doigt l’endroit qui servirait de sauna en expliquant que la zone en retrait serait le vrai bain, et qu’il y aurait un vestiaire à proximité… mais alors qu’elle le faisait, l’expression de Ayane s’estompa.

« Hein ? Y a-t-il quelque chose de mal à cela ? » demanda Ristia.

« Oh… non. C’est juste que, euh, je me demande si c’est un bain juste pour vous, ou pas, » demanda Ayane.

« Quoi ? Quoi ? Oh, non, c’est pour que tout le monde en profite, » répliqua Ristia.

« … Vraiment ? » L’enfant semblait surprise pour une raison inconnue. Tandis que Ristia n’arrivait pas à deviner pourquoi Ayane et les autres enfants étaient si surpris d’entendre cela, elle les regarda avec un sourire rassurant.

« Quand j’en aurai fini avec ça, plongeons tous ensemble dans la source chaude, » déclara Ristia.

« “Tous ensemble” veut dire… juste des filles ? » demanda Ayane.

« Oh, je parlais de tous ceux qui sont là, » répliqua Ristia.

À la seconde où Ristia prononça ces mots, les visages des garçons dans la foule devinrent rouges comme des betteraves, et les filles commencèrent à paniquer. Soit dit en passant, ce n’était pas un problème pour des raisons aussi évidentes. En fait, s’il ne s’agissait que des enfants, ce ne serait pas un problème du tout. Ils n’avaient jamais pris un vrai bain auparavant, leur seul moyen de se laver étant de s’essuyer le corps avec un seau d’eau. Ils n’avaient donc jamais eu le luxe de séparer les garçons et les filles. C’est là que Ristia avait sa place dans l’équation. Elle avait la grâce et la beauté d’une fille de noble. L’idée de prendre un bain avec quelqu’un d’aussi beau que Ristia avait naturellement fait rougir tous les visages des garçons et avait aussi inévitablement fait paniquer les filles. Pour les filles, leur comportement n’était pas dû à la jalousie de Ristia, mais au fait qu’elles n’aimaient pas l’idée que la belle et gracieuse silhouette nue de la directrice soit exposée pour que tous les garçons puissent la voir. Ristia elle-même ne pensait pas ça, pensant d’une manière insouciante, ces enfants sont vraiment précoces.

Les filles avaient compris l’ignorance de Ristia et avaient toutes partagé la même pensée. Nous devrons faire attention à la directrice Ristia, car elle est si vulnérable. C’était une décision de groupe qui ferait pleurer Ristia si elle l’entendait à haute voix. Par la suite, Ayane et les autres filles avaient réprimandé Ristia, ce qui lui avait fait promettre de séparer le bain entre les garçons et les filles.

Alors qu’elle créait un potager personnel dans le coin du terrain de l’orphelinat, et pendant ce temps, les charpentiers étaient finalement arrivés.

« Merci d’avoir été si patient. Je suis Wood, le menuisier en chef. Nous sommes ici sur ordre de la Compagnie Marchande Gratt, » l’un des charpentiers s’était avancé devant Ristia. C’était un homme qui avait un physique ferme pour quelqu’un dans la trentaine, ce qui dégageait une aura de leadership.

« Enchantée de vous rencontrer. Je suis Ristia, la responsable de cet orphelinat, » déclara Ristia.

« Oh-ho… Il est donc vrai que la direction de cet orphelinat a changé de mains. » Son visage avait l’air étrangement pensif. Ristia inclina la tête dans la confusion, se demandant si quelque chose n’allait pas.

« Oh, non, non. Je n’essaie pas d’être impoli. L’ancien directeur était un homme très méchant. J’avais l’intention de refuser ce travail s’il était impliqué, mais… on dirait que ce n’est pas le cas, » déclara Wood.

« Si vous voulez dire l’ancien directeur Georg, alors il a quitté la ville après m’avoir dit de prendre la relève, » expliqua-t-elle, mentant. Ristia était un peu vilaine, pour ainsi dire.

« … Vous l’avez fait quitté la ville, hein ? » chuchota Wood avec une expression difficile à traduire en mots. Il avait ensuite regardé la foule d’enfants encerclant les jambes de Ristia et s’était agenouillé pour les rencontrer à hauteur des yeux.

« Aimez-vous cette jeune femme ? » demanda Wood.

« Ouais, on l’adore ! Et elle ne fait pas de mauvaises choses comme le dernier directeur ! »

« Elle est vraiment gentille ! »

Les enfants répondirent à l’unisson, apportant un sourire sur le visage de Ristia, « Ehehehe. » Cette réaction était tout ce dont Wood avait besoin.

« Je vois. On dirait que vous êtes une fille bien gentille, Petite Dame, » déclara-t-il en hochant la tête. « D’accord, on prend le boulot. »

« Merci beaucoup. J’ai hâte de travailler avec vous et vos hommes, » répondit Ristia en souriant vers les charpentiers. Les charpentiers, qui regardaient tout se dérouler, formèrent des sourires francs dès qu’ils virent le sourire rayonnant de Ristia.

« Eh bien, je déteste être si franc, mais aviez-vous une façon précise de construire les choses ? Il semble que vous ayez déjà commencé le travail préparatoire ici…, » déclara Wood.

« Oh, ça ? Je préparais juste les choses. Quant aux détails… Si vous le pouviez, j’aimerais que cela soit construit selon les spécifications de ces plans, mais est-ce faisable ? » Ristia présenta les plans à Wood, qui la regarda alors avec une expression troublée.

« Euh, d’accord. Petite Dame ? Je vous préviens, mais les maisons ont ces choses qui s’appellent les “facteurs de charge”, ou le seuil maximum pour les matériaux que nous utilisons, donc ce n’est pas comme si vous pouviez arranger les choses comme bon vous semble… Hé, attendez, ces plans ont une tonne de détails. » Le regard de Wood tomba sur les plans, et il commença à vérifier ce qui était écrit, fasciné. Les autres charpentiers avaient également commencé à jeter un coup d’œil aux plans, faisant ainsi une foule de visages différents. Peu de temps après, l’attention de Wood était retournée à Ristia après qu’il eut fini de parcourir les plans. « Vous êtes vraiment douée. Je ne trouve pas une seule erreur ici. »

« Dans ce cas, serez-vous en mesure de le construire selon les spécifications ? » demanda Ristia.

« Non, c’est impossible, » déclara Wood.

« … Hum, je ne vous comprends pas. » Bien qu’il n’y ait pas eu un seul faux pas, il ne pouvait pas le construire selon les plans. Ristia le fixa d’un regard vide, incapable de comprendre ce qu’il voulait dire.

« Si nous suivions ce qui est écrit sur ces plans, il n’y aurait pas de problème. Mais les documents écrits sont bizarres. Si nous nous en tenions à ces valeurs, nous finirions par faire un orphelinat capable de résister à un tir de siège, » déclara Wood.

« Oui, je l’ai conçu dans cet esprit. » La réponse franche de Ristia aux préoccupations de Wood l’avait laissé à court de mots.

« … Petite Dame, je vais être franc : il n’y a pas de matériel dans ce monde capable de faire ce qu’il y a sur ce plan, » déclara Wood.

« Ah, ne vous inquiétez pas, je vais le préparer pour vous. Je vais préparer quelques articles pour vous en attendant. » Dès que Ristia avait sorti des orichalques de sa boîte à objets, elle les façonna pour que cela prenne la forme de colonnes et elle les empila dans un coin du terrain de l’orphelinat.

« … Hein ? » Wood et les autres charpentiers avaient les yeux écarquillés.

« Attendez, vous avez vu des morceaux de métal sortir de nulle part ? »

« Oui, j’ai vu la même chose. J’ai l’impression d’avoir vu le métal se transformer en colonnes. »

« Mais… ce n’est pas physiquement possible, n’est-ce pas ? »

« Ouais, ce n’est pas possible. C’est probablement juste l’épuisement qui s’installe pour nous. »

Les charpentiers se frottaient les yeux et regardaient de nouveau l’angle du terrain. Là, ils avaient vu Ristia en plein milieu de l’empilement d’une nouvelle série de colonnes au même endroit.

« Est-ce la réalité… ? »

« Qu’est-ce qui se passe, bon sang !? »

« Hé, Petite dame ! Qu’est-ce que c’est !? » demanda Wood.

Les charpentiers s’étaient tous entassés autour de Ristia à l’unisson. Cependant, Ristia était une princesse de Sang Véritable, et elle était déterminée à ne pas répéter la même erreur pour toujours, c’est pourquoi elle s’était tournée vers les menuisiers et leur avait fait un sourire docile.

« Messieurs, ce n’est pas de la magie, vous n’avez donc pas besoin d’être surpris, » répliqua Ristia.

« Vous dites que ce n’est pas de la magie, mais je ne pense même pas que vous puissiez faire ça avec de la magie…, » déclara Wood.

« C’est tout à fait exact. Je suis une fille normale, donc je ne serais pas capable de faire de la magie, » déclara Ristia.

« Euh, d’accord. Je veux dire, c’est vrai ? Je ne suis pas sûr de ce qui se passe ici, mais si vous n’utilisez pas la magie, comment avez-vous réussi à faire ressortir ces matériaux ? » lui demanda Wood, essayant de comprendre la situation en dépit de sa confusion.

Ristia avait alors répondu avec le même sourire docile qu’avant en expliquant. « C’est juste un tour de passe-passe. »

« … Excusez-moi ? » demanda Wood.

« Comme je l’ai dit, un tour de passe-passe. Une ruse, » déclara Ristia.

« Aah, c’est logique. C’est juste un tour de passe-passe, hein ? Il n’y a rien d’étrange à cela, alors — ouais, d’accord ! » répondit-il, les autres charpentiers se joignant à lui pour faire une boutade en même temps. Cependant, ils n’avaient pas approfondi le sujet plus que cela pour une raison inconnue. Cela avait amené Ristia à croire qu’ils avaient cru à son histoire de tour de passe-passe, mais ce n’était pas du tout le cas.

Il n’y avait aucune chance que Ristia le sache, mais comme Nanami avait prédit que Ristia gâcherait quelque chose, elle donna quelques conseils à Gratt, qu’il utilisa pour préparer les hommes. Wood et les autres charpentiers ne devaient pas parler de ce qu’ils observaient à qui que ce soit d’autre et ne devaient pas faire attention aux différentes bizarreries qui pouvaient se produire. Elle les avait aussi empêchés de qualifier Ristia d’anormale. La fille normale autoproclamée qui était souvent appelée un ange était protégée par un couple d’anges réels. Cependant…

« Je suis de retour… Attends, l’orphelinat a déménagé !? » s’écria Maria.

« Ouais, la Directrice l’a déplacé ~. »

« Qu’est-ce que ça veut dire, bon sang !? » s’écria Maria.

Maria s’était entretenue avec les enfants à son retour, et les charpentiers avaient tous formé une opinion unanime les uns avec les autres. Cette fille n’est absolument pas normale.

***

Partie 8

La reconstruction de l’orphelinat avait rapidement commencé.

Mais comme les travaux ne s’étaient pas terminés instantanément comme cela aurait été le cas si Ristia avait utilisé la magie, elle et ses enfants avaient continué à vivre dans l’ancien orphelinat jusqu’à ce que les travaux de reconstruction soient terminés. Cela avait continué jusqu’à ce qu’un jour — un jour où Maria était venue à Ristia avec quelques nouvelles.

« Un homme suspect a erré par ici ? » demanda Ristia.

« Oui. Il a fait le tour de l’orphelinat et s’est renseigné sur un certain nombre de choses. Je m’inquiète pour les enfants…, » déclara Maria.

Selon Maria, elle avait vu un certain homme plusieurs fois ces derniers jours. Une personne normale aurait pensé qu’ils étaient venus en reconnaissance de l’orphelinat en raison de sa soudaine augmentation de prospérité, mais Ristia, d’un autre côté, s’était demandée : Pourraient-ils être ici pour chercher des candidats pour être son petit frère ou sa petite sœur ?

« Ne t’inquiète pas. Je ne le laisserai pas atteindre les enfants, crois-moi ! » Elle avait crié, alors que ses intentions intérieures disaient, je vais être la Grande Soeur de tout le monde ! Je ne laisserai pas quelqu’un qui vient après moi les prendre ! Pas question ! À ce moment, Ristia fut agressée par de légères impulsions vampiriques, et elle plissa ses longs et minces sourcils.

Mais Maria ne s’en rendit pas compte et sourit. « Je me doutais que tu dirais quelque chose comme ça, directrice Ristia. » Toutes les deux étaient sur la même longueur d’onde et avaient des conversations complètement différentes. Cependant, malgré ça, elles avaient fini par trouver un terrain d’entente, toutes les deux n’étant pas les plus sages. Après cette discussion…

« J’ai un cadeau pour vous aujourd’hui ~, » déclara Ristia avec un grand sourire vers les enfants après le déjeuner.

Elle avait mis des bijoux sur la table — assez pour plusieurs personnes. Il s’agissait de broches avec un motif représentant trois fruits alignés sur une feuille. C’était un design neutre que même les garçons pouvaient porter.

« Wôw, ils sont si jolis et étincelants… »

« Qu’est-ce que c’est ? Ils sont géniaux. »

Les yeux des enfants s’illuminaient face aux broches devant eux.

« Ce sont mes cadeaux pour vous tous. Ce sont des broches que j’ai faites, » déclara Ristia.

« Hein ? C’est vous qui les avez faites, Directrice !? C’est trop génial ! Attendez, vous nous les donnez !? »

« Oui, c’est vrai ~, » ces broches avaient été fabriquées avec un seul but en tête, ce but étant : Ces enfants sont des garçons et des filles que j’essaie d’avoir en tant que frères cadets et sœurs cadettes. Je ne donne à personne l’occasion de les voler après tout ce que j’ai fait ! Maintenant, je suis contre cet homme suspicieux ! pensa Ristia en regardant gaiement les enfants placer les broches sur leurs vêtements. Cependant, elle s’était rendu compte que Maria la regardait d’un air dubitatif.

« … Euh, problème ? » demanda Ristia.

« C’est moins un problème avec moi et plus comme s’il y avait trop de problèmes pour que je puisse le souligner, » déclara Maria.

« Mais j’ai pris ton rapport en considération, » déclara Ristia.

« Alors je vais aller droite au but et te dire : si nous mettons ces broches coûteuses, c’est essentiellement la même chose que de dire aux gens : “S’il vous plaît, choisissez-nous comme cibles”, » déclara Maria.

Maria avait raison. Les enfants étaient déjà mignons par défaut, donc ajouter n’importe quel effet supplémentaire avec la broche inciterait évidemment n’importe qui à vouloir les prendre comme un jeune frère ou une jeune sœur. Il y avait peut-être même eu des individus qui n’allaient pas pouvoir se retenir et qui allaient essayer de ramener un enfant à la maison. C’était des inquiétudes justifiées, mais Ristia avait répondu simplement.

« Pas besoin de s’inquiéter pour ça, » déclara Ristia.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » Maria demanda avec curiosité. Avant même que Ristia ait eu l’occasion de répondre à sa question, les enfants avaient commencé à s’agiter.

« H-Huh ? Le bleu sur ma main s’en va. »

« Et je pense que je peux voir un peu plus clairement. Tout ce qui était loin était flou jusqu’à maintenant ! »

« Je n’ai plus mal au ventre ! »

« Tout mon corps est plus léger ! »

« Wôw, je me sens plus forte ! »

Après avoir interrogé les enfants, Maria lui avait demandé. « Qu’as-tu fait cette fois-ci ? »

« J’ai enchanté les broches que j’ai faites. Un coup de pouce à leur capacité physique et à la régénération des plaies. En outre, il y a quelque chose pour annuler les maux corporels, de sorte qu’ils seront en bonne santé, même si quelqu’un de suspect ne les accostait ! » C’était l’un des objets enchantés de Ristia, créés avec un peu d’effort. Si Ristia avait été la même qu’avant, elle aurait pu modestement prétendre qu’elle n’était qu’une fille normale, mais avec les enfants qui la couvraient d’éloges, cette attitude humble avait disparu. Selon elle, elle n’était « qu’une fille normale, capable d’enchantements un peu fantastiques ».

Sachant depuis quelques jours qu’il n’était pas bon de souligner les contradictions de ses histoires, Maria avait répondu. « Si tu peux assurer la sécurité de tous, très bien » et avait mis sa propre broche.

« Oh, c’est vrai, mon corps est plus léger. C’est une petite broche pratique, » déclara Maria.

Maria s’adaptait constamment aux idées et au comportement illogiques de Ristia. Cela avait aidé que les enfants, qui avaient été élevés derrière les murs isolés de l’orphelinat, n’aient pas trouvé les bouffonneries de Ristia aussi incroyables qu’elles l’étaient. Même Allen, qui était d’abord sur ses gardes comme s’il n’y avait pas de lendemain, s’était adouci face à elle et était tout aussi impressionné que les autres.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? C’est génial ! »

C’était un jeu d’enfant de le mettre de son côté — ou plutôt, les bénédictions que Ristia leur donnait étaient si incroyables qu’il semblait ridicule de la soupçonner de mauvaise intention. C’était la vérité. Ainsi, Ristia avait continué à contrôler son territoire normalement — objectivement parlant, extrêmement anormalement — à la périphérie de la ville.

Puis, un jour fatidique, Gratt lui rendit visite.

« Bonjour, Lady Ristia. Je suis ici pour vous voir à propos de la vente aux enchères, » déclara Gratt.

« Bonjour à vous, Monsieur Gratt. S’il vous plaît, entrez, si vous voulez bien, » déclara Ristia avec un doux sourire, en invitant Gratt dans le salon du vieil orphelinat.

« Mon Dieu… J’ai entendu les rumeurs qui circulaient, mais c’est une pièce tout à fait incroyable, » déclara Gratt d’un ton impressionné en balayant la pièce du regard.

Je n’ai pas fait grand-chose, j’ai juste arrangé les choses pour qu’elles soient à peu près les mêmes que dans ma propre chambre à la maison. Monsieur Gratt me flatte clairement, pensa Ristia avec un sourire ironique.

« J’ai juste fait quelques retouches de dernière minute. Me faire tant d’éloges va me faire rougir, » déclara Ristia.

« Hahahaha... C’était à la dernière minute, n’est-ce pas ? C’est ce que vous considérez ainsi, » déclara Gratt.

« … Hein ? » s’exclama Ristia.

« Oh, non, non. Je ne faisais que me parler. Tout d’abord, je vais vous rendre le cristal d’évaluation que vous m’avez permis d’avoir, » Gratt avait essayé de rendre le cristal d’évaluation que Ristia avait fait, mais Ristia avait jeté un coup d’œil et avait décliné l’offre, même si elle était faite à partir d’un fragment de diamant de sa Cage de Cristal.

« Mais je vous l’ai laissé, Monsieur Gratt, » déclara Ristia.

« … Qu’est-ce qu’il y a ? Avez-vous perdu la tête !? Ce cristal d’évaluation est à égalité avec, ou même plus grand qu’un artefact ! » déclara Gratt.

« J’ai fait ça en un rien de temps, même vous m’avez vu faire ça, n’est-ce pas, Monsieur Gratt ? Ce n’est rien d’aussi grandiose qu’un artefact. C’est un objet enchanté tout à fait normal ~, » déclara Ristia.

« Je ne sais pas par où commencer a réfuté cet argument… mais vous êtes sérieuse sur ce que vous dites, » déclara Gratt.

« Bien sûr que je suis sérieuse. Alors, s’il vous plaît, ne soyez pas si réservée et acceptez-le comme mon cadeau. » La raison pour laquelle le vieux cristal d’évaluation de Gratt s’était brisé était due à la broche que Ristia avait faite. Son processus de pensée n’était pas basé sur le fait d’assumer la responsabilité de briser sa possession, mais comme elle pouvait facilement le remplacer, elle ne voyait pas de mal à le lui donner.

« … Ces derniers temps, j’ai l’impression que mon savoir-faire financier et mon bon sens général sont mis de côté. La normalité telle que je la connais s’envole par la fenêtre… » Elle ne comprenait pas pourquoi, mais Gratt avait l’air épuisé. Ristia n’était pas très intéressée par quelqu’un d’autre que les candidats probables pour être sa petite sœur, mais elle avait assez de bonté dans son cœur pour s’occuper de quelqu’un qui avait été d’une si grande aide jusqu’ici.

« Voudriez-vous aussi un autre objet enchanté en cadeau ? Une qui aide à soulager la fatigue ? » demanda Ristia.

« Je vous en supplie, arrêtez, s’il vous plaît ! Mon sens de la normalité ne reviendra jamais ! » Il l’avait suppliée avec les larmes aux yeux, pour une raison ou une autre.

« Euh, eh bien… Si vous voulez dire que vous n’en avez pas besoin, alors j’abandonne l’idée. Mais s’il vous plaît, acceptez au moins le cristal d’évaluation. Sinon, je finirai par me sentir coupable d’avoir brisé le vôtre, » déclara Ristia.

« … Très bien, très bien. J’accepterai gracieusement votre aimable cadeau. En échange, je paierai tous les frais et commissions utilisés pour la vente aux enchères de ce mois. Les coûts de construction aussi, bien sûr, » déclara Gratt.

« … Êtes-vous sûr ? » demanda Ristia.

« Aussi sûr que possible. Je finis avec un gros profit, après tout. S’il vous plaît, ne vous inquiétez pas pour ça. Ce sera mon problème maintenant, alors je serais reconnaissant qu’on en finisse là, » déclara Gratt.

« … D’accord, alors. Merci pour votre aide, » déclara Ristia, son sourire plein de gratitude.

« C’est moi qui devrais montrer mon appréciation ici. Voyons voir… L’enchère la plus élevée de la vente aux enchères a donc été de dix-huit cents grosses pièces d’or, » déclara Gratt.

« Oh, je vois. Merci beaucoup, Monsieur, » déclara Ristia.

C’était un prix qui surprendrait n’importe quelle personne ordinaire — non, même un aristocrate —, mais Ristia était indifférente, considérant qu’elle n’avait aucun sens de la monnaie de cette époque. Son manque de réaction avait incité Gratt à commenter, « Pas très surprise…, comme je m’y attendais, » avec un sourire maladroit.

« Surprise ? À propos de quoi ? » demanda Ristia.

« Euh, eh bien… si vous êtes d’accord, je vous apporte l’argent ici… ? » demanda Gratt.

« Bien sûr, ça ne me dérange pas… mais pourquoi me demander ? » répondit-elle, penchant la tête en raison de la confusion sur les raisons pour lesquelles il s’était donné la peine de s’enquérir.

« Eh bien, apporter une grosse somme d’argent à l’orphelinat serait dangereux… Dans des circonstances normales, bien sûr, » déclara Gratt.

« Ooh, c’est logique. Mais je m’en occuperai bien, donc tout ira bien. » Il n’y avait pas d’endroit plus sûr que la boîte à objets de Ristia, alors Ristia avait accepté les grosses pièces d’or.

« Aussi… il y a quelque chose que je veux vous dire, » déclara Gratt, son visage devenant sévère, suggérant qu’il allait au cœur de l’affaire.

« … Voulez-vous me dire quelque chose ? » demanda Ristia.

***

Partie 9

« Votre broche, comme je m’y attendais, est devenue un sujet assez important pour bouleverser la société. Même à la vente aux enchères, l’enchère la plus élevée est allée à la personne qui avait le plus d’argent à donner parmi tous les autres participants à la vente aux enchères à ce moment-là, » déclara Gratt.

La salle des ventes était devenue silencieuse dès que la broche avait été présentée. Les individus présents avaient enchéri l’un après l’autre, ce qui avait fini par pousser l’enchère à dépasser les fonds que la plupart des gens avaient en main et les avaient poussés à abandonner. Le résultat final avait été que la personne qui avait le plus d’argent sur elle à ce moment-là avait remporté l’offre. C’était un résultat qui avait fait pleurer beaucoup d’autres acheteurs qui n’avaient pas pu remporter l’enchère, disant que s’ils avaient su pour la broche, ils auraient préparé les fonds même s’ils avaient dû contracter une hypothèque sur leur maison. Cela signifie que s’il avait fait une annonce à l’avance, l’offre la plus élevée aurait été encore plus élevée. Dans des circonstances normales, on se plaindrait de ne pas faire cette annonce à l’avance. Ristia n’était pas obsédée par la vente de la broche à un prix élevé, et s’ils faisaient une grande annonce qui faisait de la broche la cible d’une énorme organisation, il y avait une chance que même la Compagnie Marchande Gratt ne puisse pas les repousser complètement. C’était la décision de Gratt. C’était une décision qui aurait fait plaisir à Ristia, mais…

« La vérité, c’est que les gens qui n’ont pas gagné l’appel d’offres ont cherché à obtenir des informations sur l’exposant. » Ces gens avaient vu un objet enchanter au même titre qu’un artefact, et plusieurs spéculations étaient faits à toute vitesse. Il avait expliqué qu’avec toutes les discussions, il y avait des gens qui avaient l’intention de négocier eux-mêmes s’il y avait plus d’articles de cette nature à vendre. « Bien sûr, la protection de mon client fait partie de l’accord. J’ai fait de mon mieux pour leur cacher votre identité, mais les aristocrates ont pris cela au sérieux. »

« … Ne pouviez-vous pas garder le secret ? » demanda Ristia.

« Pour l’instant, il n’y a aucun signe que le chat est sorti du sac, mais…, » Gratt avait indiqué ça comme préface. Il avait poursuivi en lui disant que, même si personne ne le voyait de temps en temps à cause de sa succursale située dans le même coin, garder le fait que cette succursale soutenait la reconstruction de l’orphelinat sous le manteau était une tâche difficile. Il y avait aussi le fait que le poste de directeur de l’orphelinat avait récemment changé de mains. S’il y avait quelqu’un qui pouvait tout relier ensemble, il n’était pas impossible qu’il apprenne que Ristia était l’exposante originale de la broche. « Je vous présente mes excuses. J’ai aussi réfléchi à des idées pour cet aspect, » avoua Gratt en inclinant la tête.

« Veuillez lever la tête, Monsieur. Si j’avais essayé de m’en sortir toute seule, les choses se seraient certainement mal passées, alors vous avez ma gratitude, quoi qu’il arrive, » déclara Ristia.

« … Merci beaucoup, Milady. Je suis plutôt soulagé d’entendre ça de votre bouche. En fait, j’aimerais mettre en place une certaine sécurité pour vous et vos enfants, mais est-ce que vous…, » demanda Gratt.

« Ce ne sera pas nécessaire, » répondit Ristia.

« … Je vois. Ça n’aiderait pas si je fournissais des gardes, alors ce serait comme si j’indiquais l’exposant de la vente aux enchères. Je comprends. En cas de problème, n’hésitez pas à me consulter immédiatement, » déclara Gratt.

« Oui, je vous remercie. C’est ce que je ferai si le moment se présente, » déclara Ristia.

— Quelques semaines s’étaient écoulées et la construction du nouvel orphelinat se déroulait à merveille. Un jour, au milieu de l’après-midi, Ristia distribua des boissons aux charpentiers qui travaillaient dur, comme elle le faisait toujours.

« Merci comme toujours, Petite Dame, » déclara Wood.

« Non, je devrais tous vous remercier. Je suis si reconnaissante, » répondit Ristia, avec un sourire sur son visage et de l’appréciation dans son cœur. Ristia était vêtue d’une robe éblouissante avec ses cheveux noir de jais attachés de façon décontractée. Bien qu’elle vienne clairement d’une éducation aisée, elle avait socialisé et bavardé avec les hommes qui avaient l’air un peu rudes. Cette qualité avait fait d’elle un grand succès parmi les menuisiers. Certains hommes avaient décidé qu’une fois la construction terminée, je lui confesserais mon amour. Naturellement, l’œil toujours dominant de Wood observait ses hommes, si bien que Ristia n’avait même pas remarqué que c’était le cas.

« Au fait, ma petite dame, il y a quelque chose qui me tracasse… Ça vous dérange si je vous le demande ? » demanda Wood.

« Bien sûr que ça ne me dérange pas. Que voulez-vous savoir ? » demanda Ristia, penchant sa tête en raison de la curiosité.

« Reconstruire l’orphelinat et les bains publics sont des choses que je peux comprendre, mais… pourquoi comptez-vous utiliser ce bâtiment à l’avant ? On dirait une cafétéria, mais c’est trop grand pour ça, non ? » demanda Wood.

« Oh, ça ? Je prévois d’ouvrir un restaurant, » déclara Ristia.

« … Un restaurant ? » demanda Wood.

« Oui, une cafétéria publique spécialisée dans les repas légers, » répondit Ristia.

« Une cafétéria ? Mais vous n’allez pas pouvoir faire beaucoup de profit avec cet endroit, vous savez ? » déclara Wood.

« Ça ne me dérange pas du tout. Laisser les enfants travailler, c’est mon but, après tout. » L’explication de Ristia selon laquelle elle voulait que les enfants travaillent sans se soucier des profits avait fait que les yeux de Wood et des autres s’étaient écarquillés.

« Je… vois. Vous essayez de les faire travailler alors qu’ils sont enfants pour leur apprendre un métier ? Mon Dieu, ma petite dame, vous veillez vraiment sur ces enfants, » déclara Wood.

Normalement, il n’y avait pas d’entreprises qui laissaient travailler de jeunes enfants — en particulier des orphelins — mais avec Ristia comme directrice, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Elle faisait ça, car elle avait l’intention de laisser les enfants acquérir de l’expérience alors qu’ils étaient encore jeunes afin qu’ils puissent travailler correctement pour des entreprises dans l’avenir. Ristia avait un autre plan en tête pour tout cela, mais… c’était une autre histoire pour une autre fois. Le fait est qu’elle avait à l’esprit l’intérêt supérieur des enfants, alors elle l’avait laissé passer avec un sourire.

« Hé, Ristia ! Ristia ! » Un membre relativement plus jeune de l’équipe de charpentiers appela Ristia.

« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Ristia.

« Votre cafétéria. Des roturiers comme nous peuvent-ils venir et manger ça ? » demanda le charpentier.

« Oui. Bien sûr que vous pouvez, » répondit Ristia.

« Whoooooooa !! »

Les charpentiers poussaient des cris de joie. Ce n’était pas seulement les jeunes charpentiers, non plus, Ristia était même populaire parmi les charpentiers d’âge moyen. Certains d’entre eux disaient même. « J’aimerais bien avoir une fille comme elle. »

« Quand vous ouvrirez un restaurant, je viendrai manger, c’est sûr ! »

« Ouais, moi aussi ! »

« Ehehehe, j’espère vous voir tous là-bas. » Ristia avait souri d’une manière adorable. Une fois qu’elle l’avait fait, les pensées des charpentiers avaient fusionné en une seule — ils allaient aller à la cafétéria chaque jour une fois qu’elle ouvrait et agirait pour devenir plus proche avec Ristia. Il s’agissait d’un sentiment dont Ristia n’avait même pas la moindre idée.

« D’accord, d’accord. Si c’est ce que vous voulez, remettons-nous au travail au plus vite ! » déclara Wood.

« Ouais !! »

Les charpentiers avaient ramené leurs tasses sur le plateau de Ristia après avoir bu et étaient retournés sur le chantier avec des visages revitalisés.

« Veuillez excuser mes hommes. » Wood fut le dernier à remettre sa tasse de thé sur le plateau, et il lui fit un sourire gêné. Tandis que les excuses étaient pour les appels suffocants de ses hommes à l’attention de Ristia, Ristia avait été laissée complètement ignorante, alors elle l’avait regardé en réponse avec curiosité. Elle avait ensuite nettoyé les tasses sur son plateau avec de la magie et les avait placées dans sa boîte à objets.

« Au fait, y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous aider ? » demanda Ristia.

« Non, mais le sentiment est apprécié. C’est notre travail de le faire, » déclara Wood.

« Oh, vraiment ? N’hésitez pas à me demander si vous avez besoin de quelque chose. Personnellement, tout ce qui peut accélérer le processus est très apprécié, » déclara Ristia.

« Hmm… Il y a une chose que je peux vous demander. Les matériaux que vous nous avez fournis sont assez lourds, voyez-vous. Et les transporter jusqu’au deuxième étage va être un défi de taille. Si vous pouviez les déplacer là où nous en avons besoin, alors…, » déclara Wood.

« Aah, je vous comprends. Si c’est votre demande, alors je dois les déplacer dans un endroit plus pratique, » dès qu’il avait terminé sa demande, Ristia avait empilé et durci le sol qu’elle avait mis dans sa boîte à objets à partir des fondations qu’elle avait faites juste à côté de l’orphelinat en construction, créant un chemin en pente qui avait continué jusqu’au deuxième étage de l’établissement.

« Hé, attendez une seconde. Qu’est-ce que vous avez fait cette fois ? » s’écria Wood.

« Une petite aide pour vous, bien sûr, » déclara Ristia.

« … C’est vrai, c’est une aide. Je ne peux pas discuter avec ça, n’est-ce pas ? » Il semblait que Wood était parvenu à sa propre conclusion, acceptant le phénomène surnaturel avec peu d’objection. Laissant Wood et les autres à leur entreprise, Ristia, dont les plans de construction avaient été conservés dans la mémoire, avait facilement soulevé les matériaux d’une main et les avait transportés au deuxième étage de la colline avec une foulée décontractée.

 

***

Ristia avait pris son temps pour déplacer tranquillement les matériaux. N’importe quel passant qui voyait cette vue ne penserait jamais que Ristia portait quelque chose de lourd, mais Wood et les autres savaient que le matériel qu’elle manipulait pesait bien plus de cent kilogrammes. En conséquence, Wood et le reste de ses hommes partageaient la même idée. Oui, cette petite dame n’est pas ordinaire. Point final. Mais juste à ce moment-là…

« Whoa ~ Directrice, qu’est-ce que vous faites ~ ? » Plusieurs enfants étaient venus auprès de Ristia alors qu’elle transportait le matériel.

« J’apporte le matériel nécessaire pour reconstruire l’orphelinat jusqu’au deuxième étage, » répondit Ristia.

« Alors, moi aussi, je le ferai ! »

« Et moi ! Moi aussi, moi aussi ! »

Les enfants tournaient autour de Ristia. La première pensée qui était venue à Wood et aux autres, en les voyant, c’était qu’avoir des enfants sur le chantier était dangereux, alors ils s’étaient précipités jusqu’à Ristia pour disperser la foule des enfants, mais avant qu’ils ne puissent…

« OK, alors, pourquoi ne pas tous le faire ? » déclara Ristia, faisant écarquiller les yeux de Wood en état de choc.

« Attendez, une seconde ! C’est quoi l’idée, petite dame ? Il n’y a aucune chance que…, » Wood atteignit à peine la fin de sa phrase que Ristia donna avec désinvolture les matériaux de construction de plus de cent kilogrammes à la fille aux oreilles de chien, qui les attrapa avec un joli petit, « C’est lourd. »

« … Quoi !?? » Les charpentiers qui pensaient la même chose regardaient vers les enfants, mais ils s’arrêtèrent tous et s’exclamèrent avec la même stupéfaction.

« Maintenant, portez-le bien et avec précaution. Et assurez-vous de ne pas déranger les autres, d’accord ? » déclara Ristia.

« Mm-hmm, d’accord ~, » déclara la petite fille aux oreilles de chien supposée prépubère alors qu’elle s’apprêtait à transporter le lot de matériel lourd et écrasant jusqu’au deuxième étage.

« Quoi... Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ici ? »

« Est-ce parce qu’elle vient de la tribu des hommes chiens ? »

« J’ai entendu dire que les hommes-bêtes sont plus forts que les humains, mais… une si jeune ? »

Au milieu de la confusion de Wood et de ses hommes, ils aperçurent Ristia en train de faire passer des matériaux de la même manière, cette fois à un garçon humain, et, bien sûr, il transporta également les matériaux sans la moindre trace d’un problème. Les broches sur leurs poitrines brillaient tout le temps, mais il était clair que personne n’avait accordé beaucoup d’attention à ce détail. Quoi qu’il en soit, face à la vue qu’ils avaient devant eux, Wood et son équipe de charpentiers étaient positifs — ils étaient convaincus que ce n’était pas seulement la fille qui n’était pas normale, mais tout l’orphelinat.

***

Partie 10

Un jour, environ deux mois après le début de la construction du nouvel orphelinat, le sauna tant attendu de Ristia avait été achevé. Selon les spécifications des enfants, il avait été divisé en deux sections — une pour les garçons et une pour les filles. Et, bien sûr, il avait été rapidement ouvert pour les enfants.

« Faisons une séance, tout le monde ~, » déclara Ristia, en essayant d’inviter tout le monde à venir se baigner avec elle, sans distinction de sexe. Cependant, les filles étaient fermement opposées à cette idée. Ristia était encore elle-même jeune, mais les orphelins étaient encore plus jeunes. Elle était convaincue qu’ils étaient encore trop jeunes pour être conscients de leurs intérêts sexuels, alors Ristia avait été impressionnée par leur réaction, pensant. Mon Dieu, tout le monde est si précoce.

Tard cette nuit-là, Ristia se retrouva dans le vestiaire. La journée ne l’avait pas du tout fatiguée, mais elle voulait quand même prendre un bain relaxant puisqu’elle n’avait pas pris de bain depuis longtemps. Elle avait d’abord retiré son chemisier, jeté de la magie de nettoyage dessus et l’avait placé dans sa boîte à objets. Puis, elle enleva son soutien-gorge, sa culotte et sa jupe et les rangea de la même façon. Maintenant, dans son costume d’Ève, Ristia s’était attaché les cheveux longs pour former un chignon et s’était dirigée vers le bain.

« Hehehehe, un bon grand bain est une gâterie bienvenue après si longtemps ~, » murmura Ristia de bonne humeur. Adhérant aux bonnes manières et aux coutumes d’avant le bain, elle avait utilisé la magie de nettoyage pour se débarrasser de toute saleté avant de se tremper dans l’eau. Bien que cela ait éliminé le besoin qu’elle ait vraiment besoin de prendre un bain, c’était une question de principe. Elle s’était versé un peu d’eau sur elle-même avant d’entrer dans la baignoire proprement dite. En trempant d’abord le bas du corps, elle s’était peu à peu immergé le haut du corps. Maintenant, avec l’eau jusqu’aux épaules, Ristia s’était couchée dans le grand espace dégagé de la baignoire. C’était peut-être dû aux composants de la source, ou peut-être que c’était juste un effet placebo, mais Ristia s’était trouvé beaucoup plus détendu. 

« Haaa... C’est fantastique ~, » Ça fait combien de temps que je n’ai pas pris un vrai bain ? Ristia pensa d’une manière distraite, mais elle ne se souvenait que d’avoir pris un bain avec ses sœurs avant de prendre son sommeil de mille ans. « Je me demande ce que font mes grandes sœurs en ce moment… Et où… ? » Elle n’avait pas encore accueilli une petite sœur, mais elle avait compris à la fois ce que cela signifiait d’être une petite sœur et à quel point ses sœurs aînées prenaient soin d’elle. Ça fait si longtemps, alors j’aimerais bien les voir…, pensa Ristia. Mais même pour quelqu’un d’aussi capable que Ristia, voyant qu’elle ne savait pas où sa famille pouvait être dans le monde, il lui était impossible de les chercher. Bien que, s’ils utilisaient intentionnellement une grande quantité d’énergie, elle pourrait au moins isoler la zone dans laquelle ils pourraient se trouver. De cette façon, elle pourrait les chercher, et même probablement les trouver en temps voulu.

J’aimerais bien avoir une petite sœur à présenter à mes grandes sœurs avant de les revoir…, tandis que cette pensée lui traversait la tête, la porte du vestiaire s’ouvrit sans grincement. De la porte sortit une fille à la peau brune.

« Oh, tu es là aussi, Maria ~, » déclara Ristia.

« Qui est... Oh, c’est toi, directrice Ristia. Je me demandais où tu allais, mais je suppose que tu prenais un bain tout ce temps. Est-ce que je… te dérange ? » demanda Maria.

« Bonté divine, non ~, » déclara Ristia en souriant doucement quand elle se leva du bain.

« … Tu sors déjà, directrice Ristia ? » demanda Maria.

« Non, je voulais juste t’aider à te laver, Maria, » répondit Ristia.

« Hein ? Oh, euh, eh bien… Je peux le faire moi…, » elle s’était mise à protester, elle s’était contractée en raison de sa méfiance. C’était peut-être une combinaison des souvenirs d’avoir été violée qui la hantait en plus de sa peur persistante d’être touchée par les autres, mais cela expliquerait pourquoi elle ne s’était pas baignée avec les autres et avait attendu pour le faire toute seule si tard dans la nuit. Comprenant l’état d’esprit de Maria, Ristia lui avait fait un sourire réconfortant.

« Tu es si jolie, Maria. En plus, ça ne me dérange pas si tu es toujours nerveuse face à moi. Nous allons faire une petite chose à la fois. D’accord ? » déclara Ristia.

« … Directrice Ristia, euh, si tu insistes… alors j’apprécierais, » déclara Maria.

« Bien sûr, laisse ça à ta Grande Sœur, ma chérie ! » Prenant le rôle d’une sœur aînée pendant un moment, elle s’était assise sur un tabouret dans la zone de lavage. Ristia s’était agenouillée derrière la fille en biais et avait ramassé l’embout de la douche.

« Okie dokie, voilà l’eau chaude ~, » déclara Ristia.

« Eeek !? Quoi... Quoi ? Qu’est-ce que c’est que ça !? » Maria ne semblait pas familière avec ce qu’était une douche. L’eau chaude qui jaillissait de la douche l’avait fait frissonner de surprise.

« C’est ce qu’on appelle une “douche”, et c’est un outil qui peut pulvériser efficacement de l’eau chaude ~, » expliqua Ristia, pulvérisant de l’eau chaude de la douche à côté de Maria pour le démontrer. Voyant que la peur de Maria commençait à diminuer, elle avait aspergé sa jambe d’eau chaude pour l’initier davantage au concept.

« … ! Ça… chatouille. Hmm, » murmura Maria.

Elle frissonnait encore, mais ce n’était pas par peur comme avant. Confirmant que c’était le cas, Ristia avait lentement commencé à faire couler la douche sur tout le corps de Maria. L’eau chaude avait jailli sur la peau jeune et vivace de Maria — un résultat de la magie de Ristia qui régénérait son corps au niveau cellulaire.

« Ça fait tellement de bien… mais… utiliser de l’eau chaude de cette façon est extrêmement frivole, » déclara Maria.

« C’est une bénédiction de la nature. Je dis que c’est bien d’en récolter autant que nous le voudrions. » La source chaude étant une bénédiction de la nature, elle n’était… techniquement pas incorrecte. Tant qu’il fallait fermer les yeux sur les objets au niveau de l’artefact ici et là que Ristia avait utilisé pour se frayer un chemin à des milliers de mètres sous terre, bien sûr. Quoi qu’il en soit, Ristia pouvait voir que le corps de Maria atteignait la bonne température, alors elle sortit un savon pour le corps et une éponge spécialement faits pour elle, pressa le savon sur la surface spongieuse, et commença à le faire mousser.

« D’accord, maintenant je vais aller dans ton dos. » Elle avait doucement appliqué l’éponge sur le dos de Maria.

« … ! » Le corps de Maria s’était raidi en réponse.

« Ça va, Maria ? » demanda Ristia.

« … Je vais bien. Je vais bien. Je tremble par réflexe, mais je sais que je n’ai pas peur de toi, directrice Ristia, » répondit Maria.

« Je vois… Dans ce cas, je te laverai doucement, alors s’il y a un malaise, dis-le-moi, d’accord ? » Elle frotta doucement, pour ne pas lui faire peur, mais avec assez de force pour disperser la saleté du corps de la fille. Ristia aurait pu facilement éliminer la saleté de la magie de nettoyage, mais si Ristia avait appris quelque chose de ses sœurs aînées, c’était qu’une sœur aînée devait laver le corps de leur jeune sœur, alors elle restait fidèle à ces enseignements — ce qui était un mensonge total. Jusqu’à aujourd’hui, Ristia doutait des méthodes de ses sœurs, se lavant toujours le corps sans avoir recours à la magie de nettoyage, mais comme elle lavait Maria de ses propres mains, elle se sentait dépassée par de tendres émotions, ce qui lui avait finalement permis de comprendre pourquoi ses sœurs voulaient toujours la laver. Bref, c’était un moment de pur bonheur. Mais alors qu’elle finissait de laver le dos de Maria, elle avait réfléchi à l’endroit où elle devait se laver ensuite — c’est alors que ses yeux tombèrent sur l’arrière du cou captivant de Maria. Une fois que les yeux de Ristia avaient rencontré sa nuque, son cœur s’était mis à battre fort et ses pulsions vampiriques plus fortes que celles qu’elle avait eues avant s’étaient réveillées à l’intérieur d’elle.

« — Ah, khhh…, » elle s’était mordu la lèvre pour dompter les impulsions. Mais alors que cela permettrait normalement de régler le problème en un instant, il s’était avéré que cela ne faisait que les rendre plus fortes. Les pulsions lui étaient venues à l’esprit, lui faisant réfléchir, je veux tout de suite m’approcher de Maria et lui enfoncer mes crocs dans le cou. Puis, soudain…

— Non, je… ne peux pas ! Maria est précieuse pour moi. C’est une candidate pour le rôle de ma petite sœur. Et elle n’est certainement pas de la nourriture ! Le directeur Georg lui a aussi fait des choses terribles. Elle compte tellement pour moi que je ne pouvais pas me jeter sur elle comme ça !

Elle s’était mordu la lèvre jusqu’à ce qu’elle commence à saigner afin d’empêcher sa pulsion de remonter à la surface.

« … Directrice Ristia ? » Avant même de s’en rendre compte, Maria s’était déjà retournée et la regardait. Alors que son corps nu et sans défense s’étendait sous ses yeux, Ristia s’était trouvée déconcertée. « … Directrice Ristia ? Quelque chose ne va pas ? Est-ce que ça va ? »

 

 

« Hein ? Ah, oui, je vais bien. Tu peux laver le reste toi-même, non ? Ou alors, veux-tu que je m’occupe aussi de l’avant ? » demanda Ristia.

« Ne me mets pas de mots dans la bouche ! » s’écria Maria.

« Heehee, d’accord, » déclara Ristia.

Maria devint rouge comme une betterave alors que Ristia essayait de toute ses forces de lui donner un sourire espiègle en guise de réplique. Ainsi, elle avait rapidement lavé les restes de mousse, en disant. « D’accord, je vais m’en aller. À plus tard, » avant de fuir les bains publics.

« Hah... ! Uh-ahah... Pourquoi… ? »

Ristia s’était enfuie dans ses quartiers, s’accroupissant dans son lit et serrant sa poitrine. Même après son retour dans sa chambre, ses pulsions vampiriques ne se calmaient pas du tout. Bien sûr, elle avait plusieurs sortes d’aliments dans sa boîte à objets, dont certains contenaient de la viande qui dégoulinait de sang frais… ou, en termes moins grossiers, de la viande qui n’était pas cuite et non égouttée. Cependant, le corps de Ristia n’était pas satisfait de cette variété de sang. Ce dont Ristia avait soif, c’était le sang frais de Maria, Nanami et des enfants de l’orphelinat. Et c’était la raison pour laquelle elle était dans une telle agitation. Elle ne résistait pas à l’acte de boire du sang pour se nourrir, mais elle considérait Maria, Nanami et tous les orphelins comme des membres précieux de sa famille. Malgré cela, elle considérait cette famille comme de la nourriture. C’était une conclusion qui l’avait ébranlée jusqu’au fond.

« Ah-uh... ! Hah... Qu’est-ce que je fais… ? » murmura Ristia.

Elle avait désespérément torturé son cerveau, mais elle n’avait pas d’idées. À ce rythme, elle finira par agresser Maria, mais si cela devait arriver, Maria développerait des cicatrices sur son cœur qui persisteraient toute sa vie. Bien sûr, il n’était pas non plus question d’agresser les autres enfants. Étant donné que Nanami était au courant de sa situation, elle n’aurait pas à s’inquiéter de lui faire peur. Si elle expliquait son raisonnement, elle laisserait volontiers Ristia boire son sang, mais… Ristia ne voulait pas voir Nanami comme une nourriture. Confronté à une situation désespérée, son seul autre recours était peut-être de s’éloigner de la ville pendant un certain temps. Une fois que cette idée avait commencé à se faire dans la tête, on avait soudainement frappé à sa porte.

« … Qui est-ce ? » demanda Ristia.

***

Partie 11

« C’est moi, Maria… Puis-je entrer ? »

« Maria… » De toutes les fois où elle pourrait venir…, pensa Ristia, à moitié en larmes. La voix de Maria de l’autre côté de la porte semblait indiquer qu’elle était inquiète, et Ristia n’avait pas le courage de refuser la fille une fois qu’elle avait entendu son ton. C’était la raison pour laquelle elle avait agi de la sorte.

« Oui, bien sûr. Entre. » Ristia avait permis à Maria d’entrer alors qu’elle se mordait la lèvre, essayant de faire comme si de rien n’était.

« OK, je rentre donc… Hein ? Qu’est-ce qu’il y a ? » Maria, vêtue d’un pyjama fin, vit Ristia accroupie dans son lit et courut à ses côtés pour vérifier son état.

« Oh, ce n’est… rien, » répondit Ristia, feignant son calme avec un sourire.

« Espèce de menteuse. Ça ne ressemble certainement pas à rien. Qu’est-ce qu’il y a ? As-tu de la fièvre ? » Maria monta sur le lit à baldaquin et posa sa paume sur le front de Ristia. La vue de Maria s’inquiétant pour Ristia vêtue de son pyjama était magnifique. À la seconde où cette pensée passa devant l’esprit de Ristia, ses pulsions vampiriques devinrent encore plus fortes.

« Khh…, » murmura Ristia.

« Eh bien, pas de fièvre… Alors pourquoi agis-tu ainsi… ? » demanda Maria.

« Ce n’est… rien, » répondit Ristia.

« Comme je l’ai dit, ça ne ressemble pas à rien ! » déclara Maria, en haussant sa voix. N’ayant jamais vu Maria agir ainsi auparavant, les yeux de Ristia s’étaient écarquillés en raison de la surprise.

« Directrice Ristia, je sais que tu souffres de temps en temps, » déclara Maria.

« L’— as-tu remarqué ? » demanda Ristia.

« Oui, je l’ai remarqué. Alors pourquoi ne me le dis-tu pas ? Pourquoi dis-tu que c’est “rien” ? Suis-je si peu fiable à tes yeux ? » demanda Maria.

« Non, ce n’est pas ça… Pas du tout, » malgré sa délicatesse et sa fragilité, elle allait au-delà de demander de l’aider d’autres enfants. C’est bien pourquoi Ristia ne penserait jamais que Maria n’était pas fiable, mais vu la valeur que représentait cette fille, elle ne pouvait toujours pas se résoudre à parler de sa situation. C’était ce qu’elle pensait, jusqu’à ce que,

« Dans ce cas, dis-le-moi. Ça me rend triste ! » Maria la pressa frénétiquement de répondre. Ristia fut surprise, oubliant temporairement ses pulsions vampiriques et fixant Maria.

« … Maria ? Pourquoi es-tu… “triste” à ce sujet ? » demanda Ristia.

« Je suis tellement découragée que tu me demandes ça. Directrice Ristia, tu m’as sauvée des ténèbres. Si tu commences à agir bizarrement, alors c’est normal que je m’inquiète, n’est-ce pas ? » demanda Maria.

« Ce qui veut dire que tu te sens… redevable envers moi ? » demanda Ristia.

« C’est vrai. Je te suis très reconnaissante, directrice Ristia. Alors je veux t’aider de toutes les façons possibles. C’est ce que je ressens du fond du cœur, » déclara Maria.

« Maria…, » Maria était sincèrement inquiète pour Ristia, mais elle regardait la fille comme sa nourriture. Sa conduite trahissait les émotions de Maria, ce qui avait empli de douleur le cœur de Ristia. Cela l’avait rendue indécise quant à savoir si elle devait révéler la vérité ou non… mais seulement pendant une seconde. Si le fait de considérer Maria comme une source de nourriture était une trahison, alors refuser la demande de Maria de révéler la situation n’était rien de moins qu’une trahison. Bien qu’elle n’ait pas pu contrôler ses pulsions vampiriques de son plein gré, elle pouvait certainement décider si elle devait ou non révéler la situation à Maria. C’est pourquoi Ristia avait pris la décision de confesser ses péchés.

« La vérité, c’est que je veux tellement te sauter dessus que je peux à peine m’en empêcher, » déclara Ristia.

« … Quoi !? » Maria s’exclama d’une voix hystérique. Après qu’elle eut détourné les yeux dans la pièce, elle se dirigea vers le bord du lit et se serra dans ses bras. Maria, en serrant son ventre recouvert par son pyjama, soulignait ses seins, qui étaient tout à fait suffisants pour quelqu’un de sa taille et de son âge. Cela lui avait donné une apparence quelque peu séduisante.

« Directrice Ristia, tu veux me sauter dessus? Est-ce que ça veut dire, euh... Es-tu sérieuse ? » demanda Maria.

« Oui, je veux le faire tout de suite, » déclara Ristia.

« O-Oh, je… vois. Tu m’as sauvée la vie et j’ai été violée, mais si tu dis que tu me veux, alors…, » déclara Maria.

« Mais, pour le dire franchement, je ne veux pas te considérer comme de la nourriture parce que tu es si importante pour moi, Maria, » déclara Ristia.

« Si tu veux, directrice Ristia, ça ne me dérange pas d’être de la nourriture pour une nuit… Hein ? La nourriture ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Maria, la tête baissée dans la confusion.

« Ce que je veux dire, c’est que… J’ai eu ces impulsions qui m’ont poussée à boire ton sang ces derniers temps, ce qui m’a presque fait sauter sur toi, » répondit Ristia.

« … Hum, du sang ? Pourrais-tu m’en dire plus ? » Elle était visiblement abasourdie. Ristia se rendit compte qu’elle n’avait pas encore révélé sa véritable identité.

« Euh, donc en gros… Je suis une vampire, » déclara-t-elle en cachant le fait qu’elle était une Sang Véritable, en se souvenant de la réaction de Nanami et en pensant que dire à Maria qu’elle était une Sang Véritable la choquerait encore plus que de lui dire qu’elle était juste une vampire. Malgré sa considération, le fait qu’elle était une vampire à elle seule était plus que suffisant pour choquer Maria.

« Un vampire… ? Hein ? Es-tu sérieuse en me disant ça ? » demanda Maria.

« C’est bien ça. Je ne suis pas une humaine, je suis une vampire. » Juste après que Ristia se soit répétée, le corps de Maria avait tremblé. Après tout, je le lui ai fait peur, pensa Ristia en le regrettant.

Mais… c’est là que la petite main d’une Maria à l’air anxieux s’était agrippée à la manche de Ristia.

« … Maria ? » demanda Ristia.

« Directrice Ristia, pour quoi nous avoir tous sauvé ? Est-ce parce que tu voulais boire notre sang ? » demanda Maria.

« N-Non ! Je n’ai jamais eu cette idée ! » déclara Ristia.

« Tu… ne l’as pas fait ? » demanda Maria.

« Pas du tout. Je suis venue à cet orphelinat pour aider les enfants dans le besoin et établir des relations avec eux, » répondit Ristia.

« Mais maintenant, tu veux sucer mon sang ? » demanda Maria.

« Eh bien… oui, c’est vrai, » répondit Ristia.

Ristia acquiesça d’un faible signe de tête en réponse à la poursuite de Maria sur le sujet. Elle savait qu’elle ne pouvait pas vraiment s’excuser ni nuancer ses motivations. La réalité de la situation était que le résultat final restait le même. Elle ne pouvait pas blâmer Maria si elle finissait par la haïr, et elle devait accepter tout abus verbal qu’elle risquait de lui infliger en conséquence. C’est ce à quoi elle s’attendait, jusqu’à ce que…

« Alors, corrige-moi si je me trompe, mais… Les vampires ne font pas de la parenté en suçant du sang, n’est-ce pas ? C’est en donnant du sang, non ? » demanda Maria.

« C’est tout à fait exact, » répondit Ristia.

« Dans ce cas, ça ne me dérange pas que tu boives mon sang. » Elle avait eu la même réaction que Nanami, et dans un certain sens, une offre que Ristia avait attendue, mais c’était exactement la raison pour laquelle Ristia avait rapidement refusé.

« Pourquoi ? Tu veux boire mon sang, n’est-ce pas ? » demanda Maria.

« Je voudrais le faire, mais je ne peux pas le faire en même temps, » déclara Ristia.

« … Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? » demanda Maria.

« Laisse-moi t’expliquer. J’ai des impulsions qui me poussent à boire ton sang, mais je te considère comme trop importante, Maria… Je te considère comme de la famille. Alors, tu vois, je ne veux pas te voir comme ma nourriture, » dit-elle en lui ouvrant son cœur.

« Je ne savais pas que tu pensais à moi de cette façon, » sourit doucement Maria en réponse au sentiment sincère de Ristia.

« Alors, directrice Ristia ? Pourquoi veux-tu boire mon sang ? » demanda Maria.

« Pourquoi je veux boire ton sang en particulier ? » demanda Ristia en réponse.

« Ouais, veux-tu le boire juste parce que c’est mon sang ? Ou bien le sang de toute autre personne te conviendrait-il ? » demanda Maria.

« Eh bien… Je n’en suis pas tout à fait sûre moi-même. Pour une raison ou une autre, chaque fois que je vous vois, toi ou Nanami, je suis subitement submergée par des pulsions vampiriques…, » déclara Ristia.

« Chaque fois que tu me vois moi ou Nanami ? » demanda Maria.

« C’est vrai. Chaque fois que je pense à quel point vous êtes mignonnes, cette pulsion vampirique essaie de prendre le dessus sur moi. » La révélation de Ristia avait fait que Maria s’était mise à réfléchir avant qu’elle ne réponde,

« Alors… en premier lieu, pourquoi les vampires sucent-ils le sang ? » demanda Maria.

« Ils sucent du sang pour augmenter leurs capacités physiques, donc ça implique que la cible est la nourriture, » déclara Ristia.

« Vraiment ? Ce n’est pas un signe d’affection ou quelque chose comme ça ? » demanda Maria.

« Non, ce n’est pas du tout ça. Je veux dire, si c’était le cas, alors je ne serais pas si déchirée par ses pulsions, » répondit Ristia.

« Mais tu as dit que tes pulsions vampiriques commencent à surgir quand tu penses à quel point moi ou Nanami nous étions mignonne, non ? Si c’est le cas, alors c’est très probablement à la place une expression d’amour, non ? » demanda Maria.

« C’est simplement…, » murmura Ristia.

« Impossible ? Tu ne peux pas dire cela avec certitude, » Maria avait coupé la phrase de Ristia, niant sa déclaration avant qu’elle ne puisse la terminer.

« … Pourquoi penses-tu cela ? » Ristia s’interrogea, mais après une petite pause de réflexion, Maria commença à s’expliquer.

« Il y avait beaucoup de gens qui avaient une façon tordue de me montrer leur affection quand je leur offrais mes services. Et peu importe à quel point ces choses étaient tordues, c’était certainement leur façon de montrer leur affection — aussi unilatérale qu’elle ait pu l’être, » expliqua Maria.

« Alors, tu veux dire que… la façon dont j’exprime mon amour est déformée ? » demanda Ristia, prise au dépourvu et pressée de répondre.

« Je ne sais pas comment fonctionnent les vampires normaux, mais… tu ne peux pas dire que sucer du sang n’est pas une façon de montrer ton affection, pas vraie ? » demanda Maria.

« Oui, tu as peut-être raison, mais…, » balbutia Ristia.

« Ce n’est pas une question de mais. Je veux dire, ça n’a pas d’importance de toute façon, pour le dire franchement. Je l’interprète comme de l’affection, » déclara Maria en baissant l’épaule de son pyjama et en montrant à Ristia sa nuque nue.

« M-Maria ? » demanda Ristia.

« Si boire mon sang peut te soulager, je m’en fiche de la raison. Je veux que tu le boives, directrice Ristia. D’autant plus si ces pulsions viennent de ton amour et de tes considérations pour moi, » déclara Maria d’une manière un peu timide. En voyant Maria se placer ainsi, cela avait commencé à faire remonter à la surface les pulsions vampiriques présentes à l’intérieur de Ristia. Et avant qu’elle ne s’en rende compte, elle avait déjà bloqué Maria sur le lit.

« Hngh... Directrice Ristia, s’il te plaît, sois douce, » déclara Maria.

« … Hmm, je suis désolée. De toute façon, je vais maintenant sucer ton sang, » déclara Ristia.

Maria avait probablement encore peur, même après tout ça. Son corps tremblait légèrement lorsqu’elle montrait son cou. Voyant cela, Ristia caressa doucement la joue de la jeune fille, en commençant par lui planter un petit baiser sur la nuque.

« … D-Directrice Ristia ? » demanda Maria.

« Je vais t’engourdir le cou pour que tu ne ressentes aucune douleur. » Ristia avait passé sa langue sur le cou de Maria avec un agent anesthésiant infusé dans sa salive.

« Ee-aah... Hm, ça… chatouille, » murmura Maria.

« … Hm. Tu vas t’en sortir maintenant. D’accord… Je vais maintenant boire ton sang, d’accord ? » demanda Ristia.

« Uh-huh… Fais-le, directrice Ristia. » Maria tendit ses bras et les enroula autour du cou de Ristia. Se laissant se placer dans les bras de Maria, Ristia enfonça ses crocs dans le cou de Maria.

« Ah… mm… »

« Smch, mm, smch… » Ristia passa sa langue sur le sang qui coulait du cou de Maria, le faisant couler dans sa bouche. En même temps, une incroyable euphorie s’était emparée de Ristia. Son amour et ses considérations pour Maria s’en étaient trouvés gonflés. Ristia s’était trouvée envoûtée, la langue sur le cou de la jeune fille.

« Hah... ah-mm... hah, hah, hah... Directrice Ristia, n’as-tu pas encore fini ? À ce rythme, je pourrais bien… ah-ungh, » déclara Maria, son corps frissonnait de partout et sa respiration devenait de plus en plus tendue. Le son de la voix de Maria avait ramené Ristia à la raison alors qu’elle cicatrisait les blessures sur le cou de Maria avec de la magie curative, retirant le sang restant avec sa langue jusqu’à ce que son cou soit propre.

 

 

« Maria… Euh, je suis désolée. Ça t’a fait mal ? » demanda Ristia.

« O-Oh non… Je vais bien. Je veux dire, oublie que ça fait mal, c’était en fait… euh, non, peu importe. Quoi qu’il en soit, ça va-t-il maintenant, directrice Ristia ? » demanda Maria.

« Moi ? Hhm, je suis…, » en se faisant poser la question, Ristia vérifia son propre état. Elle était enveloppée d’une énorme vague d’euphorie, le pouvoir avait surgi dans tout son corps, et les pulsions vampiriques qui imitaient la famine qui la hantait pendant depuis tout ce temps avaient disparu sans laisser aucune trace.

« Grâce à toi, Maria, ces pulsions semblent avoir disparu, » déclara Ristia.

« Génial… Je suis heureuse d’avoir pu t’être utile, directrice Ristia, » déclara Maria.

L’adorable remarque de Maria attira l’attention de Ristia, ce qui déclencha ces mêmes pulsions qui, heureusement, ne s’activèrent plus. Mais en se souvenant de l’euphorie qu’elle avait ressentie quand elle avait sucé le sang de Maria, cela avait donné à Ristia une petite envie. Elle semblait bien se contrôler pour le moment, mais il était possible que l’envie de boire réapparaisse un jour ou l’autre.

« Hum, donc… Maria ? Si ça ne te dérange pas, euh…, » balbutia Ristia.

« Ça ne me dérange pas. Si tu as besoin de moi, directrice Ristia, n’hésite pas à me le demander à tout moment, » déclara Maria.

« … Merci, Maria, » répondit Ristia.

Les problèmes causés par les impulsions vampiriques qui tourmentaient Ristia pendant tout ce temps avaient été résolus pour l’instant.

***

Épisode 4 : La fille normale autoproclamée dirige une cafétéria normale à l’orphelinat

Partie 1

La reconstruction de l’orphelinat devait prendre six mois. Du moins, c’est ce que Maria avait estimé, mais les travaux avaient finalement été achevés en un tiers du temps. L’aide apportée par Ristia aux charpentiers ici et là y avait contribué. De plus, l’ancien orphelinat avait été enlevé en une seconde — en un clin d’œil. Elle avait dit qu’elles le referaient revenir s’ils voulaient se remémorer le passé, une déclaration qui se rapprochait des lignes de la folie en soi. C’était logiquement impossible, mais normal pour Ristia. Maria et les autres s’adaptaient lentement mais sûrement à cette forme illogique de réalité qui leur était présentée. L’important, c’est que l’orphelinat avait été officiellement reconstruit. Le soir de son achèvement, Ristia avait dit à tous les enfants, y compris Maria, de se rassembler à la cafétéria, et ils avaient fait ce qui leur était demandé. On leur avait dit de venir là habiller des vêtements qu’elle leur avait donnés, mais Maria avait reçu une tenue de bonne avec une jupe courte. Elle avait accumulé beaucoup de confiance envers Ristia au cours des deux derniers mois, donc elle n’allait pas refuser de changer de vêtements, mais elle s’était demandé pourquoi on lui avait donné une tenue de femme de chambre.

« Merci d’avoir attendu, mes petits. Ah, je vois que vous avez tous fini de vous changer, » Ristia elle-même était arrivée en retard à la cuisine de la cafétéria, vêtue d’une robe gothique. Laissant ses cheveux noirs soyeux et lisses naturels, elle avait l’apparence d’une princesse. Maria s’était trouvée envoûtée par l’apparence de Ristia alors qu’elle était elle-même une fille.

« Maria ? » demanda Ristia.

« … Hein ? O-Oui ? » déclara Maria, bouleversée, réalisant que Ristia la regardait droit dans les yeux.

« Je te demandais s’il y avait des problèmes avec mes habits, » déclara Ristia.

« O-Oh non… Ils sont très bien. C’est extrêmement confortable. Mais… pourquoi une tenue de bonne ? » demanda Maria par curiosité.

D’ailleurs, les autres filles portaient aussi des tenues de bonne et les garçons étaient habillés en majordomes. Il semblait que les enfants aimaient le choix des vêtements, mais… Maria n’était toujours pas certaine de la raison pour laquelle ces vêtements étaient la tenue vestimentaire d’une cafétéria, et donc…

« Pourquoi ? Je veux dire, quand vous pensez à une cafétéria, vous pensez à des bonnes et des majordomes, n’est-ce pas ? » avait répondue Ristia comme si elle se demandait pourquoi elle posait cette question. Elle avait vécu toute sa vie dans un château, donc sa perception des cafétérias incluait des domestiques et des majordomes dans le personnel. Ristia l’avait dit d’une manière indiquant une extrême fortune, mais comme Maria ne connaissait pas son éducation, elle n’avait aucune idée de ce qu’elle voulait dire.

« Eh bien… Je serai dans la cuisine de toute façon, donc ça n’a pas vraiment d’importance. » Quand Ristia avait annoncé qu’ils travailleraient à la cafétéria, Maria avait paniqué. Même parmi les autres filles, elle finissait par repousser de façon irréfléchie toute main qui s’approchait d’elle si quelqu’un la touchait soudainement. Cela n’aidait pas non plus qu’elle panique si une personne du sexe opposé et plus âgé qu’elle s’approchait d’elle. Dans l’ensemble, Maria n’était pas du tout convaincue qu’elle serait capable de travailler à l’avant. Ristia, cependant, semblait tenir compte de ses sentiments et lui avait appris à cuisiner pour qu’elle puisse travailler dans la cuisine. Elle avait enfreint les règles de la logique à bien des égards, mais elle était une fille extrêmement attentionnée et gentille, du type sœur aînée — c’était l’évaluation que Maria faisait de Ristia. Certes, elle n’appellerait jamais Ristia, sa sauveuse et la personne qui gérait l’orphelinat, « Grande Soeur » ou quoi que ce soit d’informel, alors elle avait gardé ses vrais sentiments secrets et l’avait appelée Directrice Ristia à la place. Si Ristia l’avait su, elle aurait plaidé honnêtement en larmes, « Alors, appelle-moi “Grande Soeur” ! ».

« J’avais quelques objectifs en tête en construisant cette cafétéria. » Dès que Ristia avait brisé la glace et commencé à parler, tous les enfants avaient fermé la bouche et avaient tourné toute leur attention sur elle. Ces derniers mois, Ristia avait gagné la confiance de tous les orphelins.

J’aimerais que cela ne prenne pas autant de temps pour moi, pensa Maria, un tout petit peu jalouse. Et surtout, elle était fière que Ristia, la personne qui l’avait sauvée, soit une personne si incroyable.

« Le premier objectif était d’acquérir de l’expérience professionnelle. » Ristia avait commencé par expliquer qu’elle essayait d’enseigner aux enfants un métier pour la suite de leur vie. Cela n’avait pas semblé fonctionner immédiatement avec les autres enfants, mais le raisonnement avait beaucoup de sens pour Maria. Les orphelins devaient éventuellement quitter le nid, il en allait de même pour Maria elle-même. Et à ce moment-là, le problème numéro un auquel ils auraient à faire face aurait été de trouver un endroit où travailler. Mais s’ils avaient acquis de l’expérience alors qu’ils vivaient à l’orphelinat, il aurait été plus facile pour eux de travailler à l’avenir. Pour Maria et les autres, c’était une nouvelle extrêmement bienvenue, mais leur orphelinat était situé au sommet d’une colline à la périphérie de la ville. Non seulement il semblait que les gens restaient à l’écart de l’orphelinat en raison des rumeurs peu recommandables qui l’entouraient, mais il était aussi dans le pire endroit pour la circulation. Il était extrêmement difficile de penser qu’ils gagneraient suffisamment de clients pour même réaliser un profit. Bien que, connaissant Ristia, elle semblait susceptible de dire qu’elle ne se souciait pas de faire des bénéfices — c’était un fait évident que Maria avait déjà prédit. Le problème était que si aucun client ne se présentait, rien de tout cela ne servirait d’entraînement pour le travail. Juste au moment où Maria avait commencé à réfléchir à la façon d’atténuer ce problème, Ristia avait commencé à parler.

« J’établis une règle pour tous ceux qui travaillent sur le terrain. C’est-à-dire que vous devez appeler respectivement chaque client qui vient à notre établissement “Grand Frère” ou “Grande Soeur” ! » Ristia déclara avec fracas.

Les autres enfants avaient des regards sans émotion en réponse, mais à l’instant où Maria avait entendu que, d’un autre côté, elle avait été impressionnée.

Très malin, directrice Ristia. Maria croyait que c’était parce qu’après le nombre incalculable de fois qu’on lui avait demandé de faire du bénévolat, elle savait par expérience que les hommes plus âgés aimaient ça quand elle les appelait « Grand Frère », « Papa » et d’autres surnoms semblables. Les enfants de l’orphelinat avaient été enrôlés en tant que futurs enfants esclaves à des fins de volontariat illicite, de sorte qu’ils avaient tous beaucoup de potentiel caché. De plus, l’intervention de Ristia avait permis à ces enfants de sortir de l’ornière et de briller comme les diamants qu’ils étaient, transformant l’établissement en un orphelinat rempli de belles jeunes filles et garçons. Si les gens étaient appelés « Grand Frère » ou « Grande Soeur » par ces enfants — surtout Ristia — ils viendraient même si c’était dans la banlieue. À noter que Maria était obligée d’appeler les gens « Grand Frère », ce qui lui avait rappelé des souvenirs difficiles. Cependant, Ristia s’était arrangée pour que Maria puisse travailler dans la cuisine, et si quelque chose devait arriver, Maria avait la foi qu’elle la protégerait. Avec les événements de ces derniers jours, la confiance de Maria en Ristia avait augmenté de façon exponentielle. Je suis sûre qu’elle le fait par considération pour moi en tant que processus de réadaptation pour m’aider à me remettre de mon traumatisme. C’était son interprétation des actions de Ristia. Une âme belle, gentille et attentionnée avec une source d’idées — je veux toujours être aux côtés de ma Grande Sœur Ristia, pensa Maria du fond du cœur. C’est ainsi qu’avec un cœur plein de respect pour une personne si honorable, elle avait répondu : « Je te comprends haut et fort, Directrice Ristia. »

C’était une réponse qui, pour une raison quelconque, avait fait flétrir Ristia avant qu’elle ne semble vouloir s’effondrer.

 

◇◇◇

 

C’était le jour de l’inauguration. Ristia était assise dans la salle d’attente de la cafétéria, ses épaules étaient baissées. Il y avait un certain nombre de clients qui étaient venus par curiosité, mais ils n’en avaient pas encore attiré beaucoup — cependant, ce n’était pas ce qui avait fait baisser les épaules de Ristia. Ce qui l’avait mise dans la déprime, c’est qu’aucun des enfants ne l’appelait « Grande Soeur ». Elle était passée d’une « sœurette » occasionnelle à une « directrice » plus formelle, et d’une « directrice », elle était passée à une gérante de type « entreprise ». Cette tendance l’éloignait encore plus de son objectif final de « Grande Soeur », ce qu’elle n’aurait jamais pu imaginer. Inutile de dire que ce fut un échec et une déception inimaginables. Bien sûr, elle leur avait seulement dit d’appeler les clients « Grand Frère » et « Grande Soeur » et en conséquence, elle n’avait jamais eu l’intention qu’ils commencent aussi à l’appeler comme ça. Ristia avait pensé qu’on l’appellerait « Grande Soeur » et qu’elle pourrait s’en inspirer, mais ils avaient fini par briser son plan d’une manière grandiose.

Soupir… Je me demande si Maria pense à moi comme une Grande Sœur. Je pense à tous les autres comme à ma petite sœur et à mes frères, cependant… Je regrette le temps où on m’appelait « Sœur » et « Sœurette », même si ce n’était qu’un surnom occasionnel…, Ristia s’était tenue dans ses bras. Bien sûr, il serait facile de les forcer à l’appeler « Grande Soeur », mais Ristia ne voulait pas qu’ils l’appellent simplement « Grande Soeur » par devoir et obligation, elle voulait qu’ils l’appellent « Grande Soeur » par amour et par adoration. Cet objectif ne serait jamais atteint si elle les contraignait à le faire.

« Manager Ristia, j’ai quelque chose à te dire, mais… par hasard, es-tu trop fatiguée ? » demanda Maria en arrivant dans la salle d’attente. En entendant sa question, Ristia s’était rapidement redressée et avait mis un sourire sur son visage.

« Je vais bien. Je vais bien. Je suis heureuse de discuter de tout ce que tu veux, » déclara Ristia.

« O-Oh, merci. » Les joues de Maria étaient devenues un peu rouges. Alors qu’elle était clairement attirée par les paroles aimables et le sourire radieux de Ristia, c’était une chose courante chez la plupart des gens qui parlaient à Ristia — quelque chose dont Ristia elle-même était inconsciente.

« De quoi voulais-tu discuter ? » demanda Ristia.

« Un client nous a demandé s’il était possible de demander une bonne en particulier, » répondit Maria.

« “En particulier” ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Ristia.

« D’habitude, c’est une personne par table, et ils prennent les commandes du client, non ? » demanda Maria.

« Aah... C’est vrai, » déclara Ristia.

À l’heure actuelle, le personnel de l’entreprise siégeait aux tables dans l’ordre, de sorte que l’enfant qui desservait le client était choisi au hasard, y compris le sexe de ce dernier. Il y avait probablement eu des demandes pour pouvoir choisir qui allait servi leur table, surtout en ce qui concerne cela.

« Dis-leur qu’ils peuvent spécifier leur serveur si c’est dans nos capacités. Cependant, n’hésite pas à expulser les clients qui causent des problèmes, » déclara Ristia.

« … Merci, directrice Ristia, » déclara Maria

Si Maria est heureuse, alors je suis heureuse, se dit Ristia avant que Maria ne continue.

« Alors, tu es la première, directrice Ristia. » Ristia ne comprenait pas ce qu’elle voulait dire par là.

« Euh… Je suis quoi ? » demanda Ristia.

« Les charpentiers de l’équipe de construction sont là, et ils veulent que tu serves leurs tables, » déclara Maria.

« … Ils me veulent moi ? » demanda Ristia.

« Oui, Madame. Si tu n’as pas l’intention de le faire, j’irai leur dire non, » déclara Maria.

« Hmm…, » murmura Ristia.

Comme Ristia avait elle-même des sœurs aînées, se comporter comme la petite sœur de quelqu’un n’était pas nécessairement hors de question, mais le but ultime de Ristia était d’être aimée et adorée par les enfants comme leur Grande Sœur. Elle s’était demandé quelle serait sa meilleure ligne de conduite pour réaliser ce rêve.

Le résultat ? Elle avait décidé de travailler elle-même comme une serveuse.

***

Partie 2

La logique de Ristia était qu’elle était actuellement leur manager, mais si elle était une bonne comme tout le monde, elle deviendrait leur collègue senior, ce qui signifie qu’elle serait plus proche d’être une Grande Sœur qu’un grand patron.

« C’est très bien. Je vais donc me changer tout de suite ~, » déclara Ristia.

« D’accord. Je vais leur dire que tu arrives bientôt. » Maria se retourna et sortit de la salle d’attente. Ristia attendit que Maria soit complètement sortie de la pièce avant de saisir les épaules de sa robe et de la retirer. Maintenant qu’elle n’avait plus qu’une paire de jolis sous-vêtements bleus, Ristia avait rangé la robe dans sa boîte à objets et avait à sa place sortie un uniforme de bonne. Elle s’était ensuite habillée avec cette tenue. Enfin, elle avait détaché la courroie qui lui liait les cheveux de façon décontractée dans le dos, laissant tomber librement ses cheveux noirs lustrés sans une seule trace de lien.

« Hehehehe, j’avais raison de le faire juste au cas où, » déclara Ristia, en se retournant et en regardant son allure dans le miroir sur toute sa longueur alors qu’un tendre sourire se formait sur ses lèvres. Son apparence la rendait digne d’être appelée « ange ». Ristia, cependant, s’était murmurée à elle-même. « Ouais, peu importe comment tu me regardes, j’ai l’air d’une fille normale, d’accord. » Elle était ensuite descendue dans la salle principale, avec un doux sourire sur le visage, attirant l’attention des enfants et des clients. Ils étaient vraiment fixés sur sa belle silhouette, mais Ristia restait imperturbable et se dirigea vers les tables où Wood et les autres charpentiers étaient assis, non pas avec une foulée royale et aristocratique, mais avec un élan léger et désinvolte dans sa marche. Elle atteignit Wood et ses hommes et les salua.

Le sourire angélique de Ristia alors qu’elle était vêtue de son uniforme de bonne, avait instantanément captivé tous ceux qui l’avaient vue. Peut-être que c’était un trop grand choc pour leurs systèmes, parce que Wood et ses hommes étaient tous paralysés.

« Grand Frère Wood, es-tu prêt à commander ? » demanda Ristia.

« Je n’arrive pas à exprimer ce sentiment avec des mots ! Qu’est-ce que c’est !? J’ai toujours voulu une sœur comme ça ! » répondit Wood.

« Ce n’est pas juste, patron ! Ristia, appelle-moi aussi “Grand Frère” ! » déclara un autre.

« Okie dokie, Grand Frère ~, » déclara Ristia.

« Oh mon dieuuuu, c’est vraiment génial ! » Après Wood, le deuxième charpentier commença à jubiler.

« À partir d’aujourd’hui, je vais venir ici tous les jours ! »

« Merci, Grand Frère ~. »

« Merde, je suis si heureux que je pourrais tomber raide mort et je m’en foutrais ! » Le troisième homme était alors tombé. L’un après l’autre, les charpentiers commencèrent à tomber comme des mouches sous les charmes de Ristia. Ils s’étaient transformés en fans de Ristia, fondant finalement l’Association des Protecteurs de la Fille Normale Autoproclamée, et ils en venaient à étendre leur influence sur tout le continent, mais… enfin, c’est une autre histoire pour une époque plus normale.

« Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous ? Vous n’avez qu’à dire ce que vous voulez, je le ferai ! » déclara Ristia.

« Bon sang, j’aimerais bien te donner ma commande…, »

« Moi aussi !! »

Ils répondirent tous à l’unisson alors que Ristia s’apprêtait à prendre la commande de Wood et de ses hommes et à les transmettre à Maria dans la cuisine.

« Directrice Ristia… As-tu déjà dirigé une entreprise comme celle-ci par le passé, par hasard ? » demanda Maria.

« Hein ? Non, c’est ma première fois. Pourquoi ? » demanda Ristia.

« Vraiment ? Pour la première fois, tu sembles étrangement bien dans ça…, » Maria était perplexe, mais Ristia était surtout honnête dans sa réponse. Naturellement, appeler les hommes « Grand Frère » n’était qu’une partie de leur demande, mais Ristia n’avait jamais fréquenté que des aristocrates plus âgés toute sa vie. Cela signifiait que si Ristia était une sœur aînée lorsqu’elle parlait à Maria et aux autres jeunes enfants, la façon plus mignonne et immature dont elle parlait aux menuisiers était tout à fait normale pour Ristia.

« En tout cas, comment tiens-tu le coup, Maria ? Y a-t-il quelque chose que tu n’as pas tout à fait compris ? » demanda Ristia.

« Merci de demander, directrice Ristia. Mes compétences n’ont rien à voir avec les tiennes, mais je m’en sors très bien jusqu’à présent. Il n’y a pas de problèmes dont il faut parler, » déclara Maria.

« Je m’en doutais. Après tout, tu t’es toujours adaptée rapidement, » répondit Ristia.

Pendant les quelques mois où l’orphelinat avait été rénové, Ristia avait fait suivre des cours de cuisine à Maria et aux autres enfants. Et de toutes, Maria s’était naturellement adaptée le plus rapidement, vu qu’à l’origine elle avait aidé à mettre de la nourriture sur la table de l’orphelinat. Elle avait progressivement absorbé les recettes de Ristia comme une éponge. Ristia avait posé cette question juste pour s’assurer que tout allait bien, mais il semblait que c’était une inquiétude inutile.

« Sache simplement que si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas à demander, » déclara Ristia en souriant. Et tandis qu’elle regardait Maria cuisiner, elle entendit une voix l’appeler de l’étage.

« Manager Ristia, tu as un client ~ ! »

« J’arrive ~, » répondant à l’appel d’Ayane, Ristia marcha à toute allure jusqu’au rez-de-chaussée. Elle s’était dirigée vers la zone désignée pour trouver Nanami, Eindebelle et Rick tous assis à une table ensemble.

« Oh, Belle, Nanami, Rick. Vous avez tous réussi à venir, » déclara Ristia.

« Non non, tu fais tout de travers, hein ? »

« … Hein ? » Ristia fut surprise par la critique immédiate.

« On m’a dit que cet établissement appelait ses clients “Grand Frère” et “Grande Soeur”. Alors tu dois m’appeler “Grande Soeur Belle”, » déclara Eindebelle.

« Grande Soeur Belle ? » demanda Ristia.

« C’est ça, c’est ça ! Je suis ta Grande Soeur, ma petite Ristia ! » déclara Eindebelle, lui sautant soudainement dessus. Ristia évita ses avances pratiquement sans effort. « Attends une seconde, pourquoi tu m’évites ? »

« Il est interdit de toucher les domestiques ~, » répondit Ristia.

« Belle règle, mais je suis ton amie, Ristia ! » déclara Eindebelle.

« Cela ne change rien du tout. Si je commençais à faire des exceptions, ça mettrait les autres enfants dans une situation délicate. » En gros, si quelqu’un voyait Eindebelle enlacer Ristia et qu’il avait l’idée dans sa tête de commencer à enlacer les bonnes, cela signifierait de gros problèmes — un fait qu’Eindebelle avait très probablement compris.

« D’accord, d’accord. Si c’est comme ça que ça doit se passer, c’est normal, » déclara-t-elle, concédante. « Oh, mais dans ce cas, tout ce que j’ai à faire c’est de le faire quand on n’est pas au café ? » En gros, elle exigeait qu’on lui permette d’enlacer Ristia à l’extérieur de l’établissement. Ristia poussa un petit soupir.

« Bon sang… Eh bien, puisque tu insistes. Grande sœur Belle, tu seras mon exception spéciale. Okay ? » déclara-t-elle, mettant son index sur ses lèvres et souriant malicieusement. Eindebelle avait vu ça et avait commencé à se tortiller.

« Oh, mon dieu, j’ai l’impression que quelque chose en moi se réveille ! » s’écria Eindebelle.

Ristia laissa Eindebelle dans son monologue et tourna son regard vers Rick.

« Devrais-je aussi t’appeler “Grand Frère”, Rick ? » demanda Ristia.

« Hein ? Oh, non, je passe mon tour…, » déclara Rick.

« Teehee, ne sois pas celui qui brise le rêve. Alors, laisse-la t’appeler comme tu le veux vraiment, » déclara Eindebelle.

« Ferme-la, maman. Je n’ai rien contre “Rick”, merci. Donc oui, Mademoiselle Ristia, je suis d’accord avec la façon dont tu m’as parlé pendant tout ce temps, » déclara Rick.

« Okie dokie, Rick, » dit-elle, se référant à lui comme d’habitude, mais d’un ton plus amical. Face au sourire pur de Ristia, le visage de Rick était devenu rouge en un rien de temps.

« OK, tout le monde, vous êtes prêts ou — hey, Nanami, qu’est-ce qu’il y a ? » Ristia s’était arrêtée et avait incliné la tête dans la confusion en voyant Nanami assise avec un regard boudeur.

« Dame Ristia, aujourd’hui, je suis l’une de vos clientes, » déclara Nanami.

« Oui, je le sais, mais pourquoi... Hein ? Corrige-moi si je me trompe, mais veux-tu que je t’appelle “Grande Soeur” ? » demanda Ristia.

« … Ce n’est pas permis ? » demanda Nanami.

« Eh bien, c’est permis, mais…, » déclara Ristia.

L’air faussement dévergondé de Nanami mettait Ristia dans le pétrin. Bien sûr, l’affection de Ristia pour Nanami ne la dérangeait pas si elles se comportaient comme des sœurs, mais Ristia s’efforçait d’être sa sœur aînée, et non l’inverse. Est-ce qu’elle me trouve si peu fiable ? Ristia s’interrogea avec des épaules baissées, mais elle passa rapidement à la vitesse supérieure en se disant : Eh bien, si c’est Nanami qui demande, alors je suppose que je pourrais.

« J’ai compris. Dans ce cas… Grande Soeur Nanami, » déclara Ristia.

« Oh mon Dieu… Merci beaucoup, Lady Ristia ! » déclara Nanami.

Et pourtant, la façon dont elle me parle reste la même…, s’était dit Ristia avec un sourire amer, ajoutant aussi : Mais si Nanami s’amuse bien, alors je vais faire ainsi.

« Au fait, Ristia, c’est quoi les classiques dans ton établissement ? » demanda Eindebelle.

« Mm ~ ouais, voyons voir… Je pense que le classique du déjeuner est délicieux, mais… personnellement, je recommande le shortcake, » répondit Ristia.

« … shortcake ? » Ils l’avaient regardée comme si elle avait trois têtes.

Maria et les autres enfants n’en savaient rien quand elle leur en avait parlé, mais elle pensait à l’époque que c’était le résultat de leur éducation à l’orphelinat. Mais maintenant qu’elle avait vu que le groupe d’Eindebelle ne savait pas non plus, c’était une autre histoire. Il semblerait que les humains de cette époque n’étaient pas très familiers avec les types de confiserie. Ristia l’avait confirmé lorsque le gâteau qu’elle avait fait à titre d’exemple était devenu une gâterie très populaire parmi les enfants. Étant donné cela, elle avait fait apparaître avec confiance un shortcake de sa boîte à objets et leur montra.

« C’est un shortcake. C’est doux et délicieux. Allez-y, essayez par vous-mêmes. » Elle l’avait coupé en trois morceaux, qu’elle avait placés sur des assiettes avec des fourchettes, et les avait déposés devant eux.

« Eh bien, je serai… Alors, c’est du shortcake, hein ? » Eindebelle avait piqué la crème fouettée avec sa fourchette par curiosité. Les trois avaient fait preuve d’une légère hésitation, mais ils avaient finalement trouvé le courage de prendre une bouchée… après quoi, leurs yeux s’étaient écarquillés d’un seul coup.

« Qu’est-ce que c’est que cette chose ? Je veux dire, c’est super doux et délicieux ! » s’écria Eindebelle.

« Mon Dieu, Lady Ristia. C’est fantastique ! » s’écria Nanami.

« Je n’ai jamais rien mangé de tel ! » s’écria Rick.

Les yeux de chacun d’eux s’illuminaient à leur façon. Peu de temps après, Nanami avait dit. « Je veux en manger plus », mais Eindebelle avait crié et l’avait arrêtée.

« Ristia, n’y a-t-il pas tout un tas de sucre dedans ? » demanda Eindebelle.

« Permets-moi de te rappeler qu’il y en a assez pour dix parts dans un grand gâteau, alors je dirais qu’une part contient environ… quinze grammes ? » Le gâteau avait été cuit avec une légère douceur, en tenant compte du fait que personne ne semblait habitué à de telles saveurs… mais Eindebelle avait tourné ses yeux sur Ristia en état de choc.

« Il y en a autant là-dedans ? Ne penses-tu pas que c’est une sacrée quantité ? » demanda Eindebelle.

Pour les humains de cette époque, le sucre n’était pas vraiment un article de luxe pour les aristocrates et la noblesse, mais cela ne changeait rien au fait qu’il s’agissait d’un produit de grande qualité, donc il n’était pas déraisonnable pour elle d’être surprise d’entendre qu’une part contenait quinze grammes. Cependant…

« Umm… eh bien, c’est seulement pour une pièce, » dit Ristia, en levant adorablement le petit doigt.

« Euh… ça veut dire une pièce de bronze ? Ça veut dire une pièce d’argent ? » demanda Eindebelle.

« Non, juste un morceau de fer, » répondit Ristia.

« Quoi !? »

Eindebelle, Nanami et Rick assis à côté d’elle… ainsi que tous les autres clients à portée de voix avaient fait la même réaction. Le prix annoncé par Ristia était à peu près aussi cher que le prix du déjeuner, mais elle était incroyablement bon marché, étant donné que les sucreries étaient essentiellement des articles de luxe.

« Puis-je te demander pourquoi tu le factures si bon marché ? » demanda Eindebelle à haute voix, la regardant d’un air qui criait : Tu ne fais plus rien de logique, n’est-ce pas ?

« C’est parce que nous cultivons nos propres ingrédients dans les champs à l’arrière, » répondit Ristia très simplement.

« … Vous les faites pousser ? » demanda Eindebelle.

« Uh-hein, nos propres champs ~, » répondit Ristia.

Il était vrai que, dans les champs à arrière, elle cultivait des betteraves à sucre sélectionnées qui pouvaient pousser même dans des régions relativement plus chaudes… elles ne produisaient pas de sucre juste après avoir été cultivées, et elles ne fourniraient pas la quantité dont elle aurait besoin. Elle ne s’en servait que comme façade pour utiliser le stock massif de sucre qu’elle avait rangé dans sa boîte à objets. Elle avait l’intention d’en faire une terre agricole autosuffisante, mais ce n’était tout simplement pas possible à ce moment-là. Les clients qui l’avaient entendue avaient naturellement partagé la même pensée une fois qu’ils avaient compris que cette cafétéria n’était pas du tout normale. Quoi qu’il en soit, les clients avaient pu profiter d’un dessert rare qui leur serait normalement interdit à un prix qui n’avait pas du tout ruiné leur bourse. Comme aucun d’entre eux ne voulait laisser passer cette occasion extraordinaire, ils avaient tous commencé à passer des commandes à la fois de petits gâteaux. Ainsi, la nouvelle s’était rapidement répandue et la cafétéria de l’orphelinat avait commencé à gagner en popularité en un clin d’œil.

***

Partie 3

Cette jeune fille aux cheveux blonds, doux et ondulés, aux yeux bleus clairs, s’appelait Charlotte. Elle avait participé à la vente aux enchères tenue dans la Capitale Impériale et, heureusement, elle était la fille unique de la maison du comte Warren, qui possédait le terrain de la ville où se trouvait la succursale de la Compagnie Marchande Gratt. C’était pour cette raison qu’elle avait pu si vite se rendre compte de la présence de Ristia. Après avoir découvert qu’une jeune fille mettait en vente des objets d’art sur le territoire de la maison du comte Warren, Charlotte décida de faire enquêter ses serviteurs sur les rumeurs entourant Ristia.

Au début, c’était pour satisfaire une légère curiosité. Si elle possédait un artefact ou un objet enchanté équivalent, elle avait l’intention de demander à Ristia de le lui montrer — peut-être même de l’acheter, si tout allait bien — mais, dans l’ensemble, ce n’était qu’un truc passager. C’était, jusqu’à ce que… Charlotte se soit rendu compte qu’aucune des informations qu’elle recevait n’avait de sens.

Son serviteur avait rapporté que Ristia avait sauvé le survivant d’une équipe de reconnaissance anéantie et qu’elle s’était attaquée à un dragon, qui habitait dans le donjon qu’ils exploraient, le détruisant en mille morceaux. Ensuite, il avait déclaré qu’elle avait échangé un objet enchanté pour compenser les frais d’émission de papiers d’identité à l’entrée de la ville, ajoutant que l’épouse gravement blessée de la vigile, qui avait accepté cet objet, était en parfaite santé le lendemain matin. Il soupçonnait que l’objet enchanté en question était une sorte d’artefact. Après cela, il avait raconté que le lendemain de son arrivée en ville, elle s’était rendue à l’orphelinat et avait pris le poste de directrice. L’ancien directeur louche avait disparu et avait été présumé éliminer. Considérant cela, elle n’avait aucun lien plausible avec le maire. En outre, elle semblait être une fille audacieuse, utilisant tous les moyens nécessaires, mais elle était extrêmement populaire parmi les enfants. Puis, il avait rapporté qu’elle avait dépensé une énorme somme d’argent pour aider à reconstruire l’orphelinat, apparemment « voulant aider tous les enfants dans le besoin », selon ses propres termes. Il pensait que la raison pour laquelle elle avait vendu la broche à la vente aux enchères était pour financer ce projet.

Poursuivant, il avait indiqué que pendant la reconstruction de l’orphelinat, Ristia avait déplacé l’ancien orphelinat dans un coin du terrain, et qu’elle avait transporté avec la plus grande facilité plus de cent kilogrammes de matériaux. Cela avait conduit au rapport selon lequel le nouvel orphelinat utilisait toutes sortes de technologies inconnues, les pièces maintenant toujours une température confortable et pouvant tirer l’eau par une torsion d’un robinet. Par la suite, il avait indiqué que la cafétéria qui avait ouvert ses portes dans l’orphelinat vendait un certain nombre de confiseries gourmandes remplies de sucre à des prix si incroyablement bas que n’importe qui dans la rue pouvait les acheter. Enfin, il avait rapporté que la mignonne petite Ristia en question était une petite sœur angélique, et que la prochaine fois qu’il visitera le café, il demanderait certainement à Ristia de le servir — et ainsi de suite.

Il y avait un certain nombre d’autres choses écrites dans le rapport, mais Charlotte ne pouvait pas vraiment les comprendre.

« … Mais franchement, est-elle vraiment ainsi ? » murmura Charlotte.

Plus elle rassemblait de rumeurs, moins tout cela avait de sens. Maintenant qu’elle avait fini de lire le rapport, Charlotte avait soudain l’air épuisée. Mais si la moitié des rumeurs écrites ici étaient vraies, alors elle ne traitait pas avec n’importe qui. Elle devait aller évaluer si Ristia allait être une aide ou un obstacle au territoire du comte Warren. Il y avait une chance qu’elle puisse être une bénédiction… ou, si les circonstances l’obligeaient, la faire disparaître. Charlotte hésita cependant, se demandant quelle était la meilleure façon d’évaluer cette possibilité. C’est à ce moment-là que ses yeux s’étaient tournés vers l’information sur la cafétéria de l’orphelinat. Il était dit que Ristia y travaillait aussi, donc aller sous couverture et prendre contact avec elle était une option. Charlotte sonna la cloche et informa sa bonne qu’elle se dirigeait vers la ville où résidait Ristia.

Quelques jours s’écoulèrent alors. Charlotte, maintenant déguisée en roturière, se retrouva à l’entrée de l’orphelinat. Elle avait ordonné aux gardes du corps qu’elle avait emmenés de surveiller le périmètre pendant qu’elle entrait dans le restaurant.

« C’est… la cafétéria d’un orphelinat… ? » murmura Charlotte.

Charlotte regarda l’intérieur de l’établissement et fut époustouflée par l’aménagement intérieur. Même un seul mur n’avait aucun sens. Des briques, des pierres ou même des planches de bois seraient normales, mais les murs étaient faits d’une sorte de tissu avec des motifs élaborés dessinés dessus. Elle s’était retrouvée en train de le toucher et elle avait découvert qu’il avait de l’élasticité.

… Ce matériau est quelque peu particulier. Pourquoi utiliserait-elle ce genre de matériel ? Pour que ça ne fasse pas mal si tu tombes dessus ? Ou peut-être… pour l’isolation ?

Éduquée à la manière d’un homme d’État, Charlotte avait fait son analyse à partir de l’environnement de la salle et en était venue à une conclusion relativement exacte. Elle s’était étonnée que la directrice de cet orphelinat puisse avoir ce niveau de technologie et de connaissances.

C’est vraiment incroyable. Maintenant que j’ai une meilleure vue, les murs ne sont pas la seule chose que je trouve singulière ici. Qu’est-ce que c’est que ce verre transparent dans les fenêtres ? Je n’ai jamais vu ça avant. Pas même dans les châteaux. En outre, ce vase qui se tient là a un lustre si brillant, et… oui, c’est assez lourd, en plus. De quoi diable est-il fait ?

Constatant que chaque ameublement, y compris le verre des fenêtres, était plus impeccable que les œuvres d’art de la résidence de sa famille, Charlotte fut stupéfaite.

« Je serai sûrement submergée si je ne maintiens pas ma garde, » murmura Charlotte.

« Bienvenue à la maison, Grande Sœur ! »

« — Qu-Quoi !? »

Le salut soudain à Charlotte par-dessus son épaule l’avait surprise et l’avait fait trembler. Dès qu’elle l’avait fait, elle avait lâché le vase dans ses mains.

— Ka-shhhh ! le vase d’aspect artistique fait d’un matériau mystérieux avait fait du bruit quand il avait touché le sol et s’était brisé en morceaux.

« O-Oh, non… C’est épouvantable. C’est un désastre, » s’exclama Charlotte.

« Oh, mon Dieu… Est-ce que tout va bien ? » demanda l’autre fille.

« C’est loin d’être bon ! Je n’arrive pas à croire que j’ai été assez imprudente pour casser un vase dans… Je veux dire… ! Je m’excuse sincèrement ! » Charlotte avait pâli alors qu’elle se rendait compte qu’elle avait brisé une œuvre d’art assez fascinante pour attirer son regard, même en tant que fille d’un comte, mais…

« Non, je ne parle pas du vase. Je parlais de toi. Tu n’es pas blessée, n’est-ce pas, Grande Sœur ? » demanda la voix d’un ton plus préoccupé par les dommages causés à Charlotte et non pas pour le vase. Trouvant cela étrange, Charlotte s’était finalement retournée pour faire face à la source de la voix. Il y avait là une fille souriante du même âge qu’elle, vêtue d’une tenue de bonne raffinée avec des cheveux noir de jais brillants dans la lumière qui se déversait par la fenêtre — la faisant ressembler à un ange.

« … Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as l’air choquée. T’es-tu vraiment fait mal ? » demanda l’ange.

« Oh, je suis désolée. Non, je ne suis pas blessée, mais j’ai cassé votre vase. Je m’assurerai de vous rembourser pour les dommages ! » Charlotte répondit après être revenue à la raison, s’excusant frénétiquement, mais sincèrement.

« Tu n’as pas besoin de me rembourser. Il s’autoréparera bien assez tôt, » répondit l’autre.

« Mais je dois le faire. N’importe qui avec des yeux peut estimer qu’il faudra quelques centaines de pièces d’or pour… attendez, l’autoréparation ? » demanda Charlotte.

Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ? se demanda Charlotte, alors que du coin de l’œil, une lumière pâle émanait de l’endroit où le vase était dispersé en morceaux sur le sol. Charlotte jeta un coup d’œil et fut absolument choquée. Le vase écrasé se restaurait entièrement, tout en émettant une lumière pâle. Bien qu’elle n’ait pas trouvé incroyable la vue du vase en train de se régénérer, son choc était dû au fait qu’elle avait un indice sur la raison pour laquelle ce phénomène s’était produit.

« Cela ne peut pas être… C’est impossible… ! Un artefact enchanté avec des capacités d’autoréparation !? » s’écria Charlotte.

On disait qu’à l’époque légendaire, il existait de plus grandes pièces de beauté artistique qu’aujourd’hui, et parmi ces pièces se trouvaient des objets enchantés avec des capacités d’autoréparation. Il faisait partie d’une série qui aurait été réalisée par la plus jeune fille des Sangs Véritables, qui existait à cette époque légendaire. Peut-être parce qu’elle n’aimait pas avoir son nom sous les feux de la rampe, toutes les œuvres d’art qui auraient été réalisées par la plus jeune fille des Sangs Véritables n’étaient pas signées. Normalement, vous ne sauriez pas dire qui avait fait quelque chose s’il n’était pas signé, mais on disait que la plus jeune fille des Sangs Véritables enchantait toujours son travail avec une capacité d’autoréparation. Par conséquent, les articles qu’elle avait fabriqués faisaient partie de ce qu’ils appelaient la Série Non Accréditée. En raison de leur incapacité à se briser, il en restait un bon nombre d’exemplaires encore là, et ils avaient été traités comme des trésors nationaux pour la plupart, considérés comme des œuvres d’art extraordinaires. En fait, c’était la première fois que même Charlotte en voyait un de ses propres yeux.

Qu’est-ce qu’un objet si précieux fait dans le coin d’une cafétéria entre tous les endroits… ? pensa Charlotte, son sang se figeant, jusqu’à ce que…

« Non, juste un vase que j’ai fait pendant mon temps libre, » déclara la fille.

« … Hein ? » s’exclama Charlotte.

Elle ne comprenait pas ce qu’on venait de lui dire. Alors qu’elle tentait désespérément de mettre son esprit confus en action pour le comprendre, elle s’était rendu compte que c’était en réponse à l’exclamation que Charlotte elle-même avait faite il y a quelques instants. C’était une réponse… qui ne répondait à rien.

Dire qu’elle « l’a fait pendant son temps libre » implique qu’elle n’est pas une professionnelle formée et qu’elle l’a fait pour le plaisir. Cela implique en fin de compte qu’il s’agit d’un vase fait par un amateur, mais… son apparence magnifique est clairement celle d’une œuvre d’art digne d’être un trésor national. En plus de cela, il est enchanté par une capacité d’autoréparation qui n’était censée exister que dans les âges légendaires d’antan, donc c’est indéniablement un artefact. C’est presque comme si la fille qui est devant moi avait fait ce travail qui rivalise avec la Série Non Accréditée elle-même.Cela ne semble pas probable… Non, pas du tout. J’ai dû mal interpréter les choses. Le vase a juste un design un peu inhabituel, il devrait encore être brisé sur le sol, même si nous…, Charlotte s’arrêta et se frotta les yeux pour regarder le vase, mais il était là, complètement restauré dans toute sa splendeur. ... Comme c’est étrange. Il semble très clairement être intact. Et je ne peux clairement que considérer que c’est un travail époustouflant.

« Quelque chose ne va pas, Grande Sœur ? » demanda la fille.

« Non, c’est juste que… J’ai l’impression que ce vase devrait être cassé, mais c’est redevenu normal…, » répondit Charlotte.

« Hein ? Quel est le problème avec ça ? » demanda la jeune fille en réponse avec un regard sans émotion. Son phrasé donnait l’impression que la réparation du vase était la vérité évidente, une vérité de fait.

« Euh… êtes-vous en train de dire que le vase s’est réparé tout seul ? » demanda Charlotte.

« Oui… Je l’ai fait, » répondit l’autre.

« Oui, vous êtes… Attendez, ça ne devrait pas être possible normalement ! » déclara Charlotte, incapable de se contenir alors qu’elle haussait le ton de sa voix. C’est à ce moment-là que le sourire de la jeune fille s’estompa et qu’elle commença à avoir l’air agitée.

« Oui, tu as raison. Normalement, ce n’est pas possible. Mais ne t’inquiète pas. Ce n’est pas à cause de la magie, d’Artefacts, ou de quelque chose comme ça, c’est juste un tour de passe-passe, » déclara la fille.

« Tour de passe-passe… ? » demanda Charlotte.

« Mm-hmm, ouais. C’est bien ça, » la fille avait souri, à l’image de l’innocence. Honnêtement, Charlotte ne comprenait pas très bien de quoi parlait la fille, mais… elle pensait même que c’était plus plausible que le concept illogique de faire quelque chose à égalité avec la Série Non Accréditée dans son temps libre. Étant donné cela…

« … Eh bien, je suppose qu’un petit tour de passe-passe, c’est mieux que rien, » murmura Charlotte, un regard choqué.

« Au fait, Grande Sœur ? » demanda l’autre.

« Euh, ça me préoccupe depuis un moment maintenant. Qu’est-ce que c’est que ce “Grande Soeur”… ? » Les aristocrates avaient été formés pour ne jamais oublier le visage d’une connaissance, pour qu’elle n’oublie jamais une personne qu’elle avait rencontrée, même si ce n’était qu’une fois — un peu exagéré, mais elle savait qu’elle n’oublierait jamais une fille aussi adorable que celle-ci. Charlotte avait pensé à cela avant de se rappeler qu’elle était censée se faire passer pour une roturière. Et vu qu’elle simulait son identité, elle devait agir selon ça. « Excusez-moi, mais c’est la première fois qu’on se rencontre, n’est-ce pas ? »

« Ouais, je ne t’ai jamais rencontrée avant, Grande Sœur, » déclara l’autre.

« … Pardon ? » Les mots « Qu’est-ce que vous racontez ? —, » avaient atteint le bout de sa langue, mais Charlotte s’était arrêtée avant de pouvoir terminer sa question. C’était parce qu’elle avait commencé à se rappeler les différentes choses écrites dans le rapport qu’elle avait trouvé incompréhensible.

« … Si je peux me permettre, est-ce qu’il vous arrive souvent d’appeler des clientes dans cet établissement “Grande Soeur” ? » demanda Charlotte.

***

Partie 4

« Ouais, c’est vrai. Les femmes sont “Grande Soeur”, et les hommes sont “Grand Frère.”. Mais si tu as d’autres demandes, je peux changer mon comportement ou comment je me réfère à toi. Par exemple, je peux jouer le rôle de la Grande Sœur à la place…, » déclara la jeune fille avec un sourire sur le visage qui lui demandait pratiquement ce qu’elle pensait de cette idée. Charlotte était à court de mots. En fait, elle ne savait pas laquelle d’entre elles était la plus âgée, mais rien ne justifiait qu’une serveuse s’adresse à elle en tant que sœur aînée, alors elle avait répondu qu’elle était d’accord avec l’état actuel des choses.

« … Quel fiasco ! » murmura l’autre.

« Hein ? Quelque chose ne va pas ? » demanda Charlotte.

« Uh-uh, non, non. Ce n’est rien, Grande Sœur. Quoi qu’il en soit, laisse-moi te montrer ton siège…, » déclara l’autre.

« Oh… Attendez un instant, s’il vous plaît ! » Elle avait vite crié afin d’arrêter la bonne quand elle s’était retournée. Elle s’était arrêtée sur ses pas et avait regardé par-dessus son épaule. La beauté de la jeune fille qui faisait voltiger ses longs cheveux noirs avait coupé le souffle à Charlotte.

« Qu’y a-t-il, Grande Sœur ? » demanda l’autre. 

« En fait, je veux savoir si Mlle Ristia me servirait, » déclara Charlotte.

« Hehehehe, j’apprécie la sélection, Grande Soeur, » la fille devant elle avait répondu avec un sourire à sa demande d’avoir Ristia. Ce qui veut dire…

« Pardonnez mon ignorance, mais êtes-vous Mlle Ristia ? » demanda Charlotte.

« Ouais, c’est moi ~… m’as-tu demandée sans le savoir ? » demanda Ristia.

« Oh, euh, j’ai entendu des rumeurs sur vous. » J’ai déjà merdé, pensa Charlotte en se mordant la lèvre. Si ça l’a déjà prévenue, alors tout mon plan est foutu. Elle était visiblement inquiète, mais Ristia lui avait juste fait un sourire.

« Je suppose que c’est logique, » avait-elle répondu. « Maintenant, laisse-moi te montrer ton siège ~. » Ristia s’était alors mise à marcher, et Charlotte s’était empressée de la suivre.

Une fois escortée à une table et assise, Ristia lui avait présenté un menu et une tasse d’eau. Charlotte s’était trouvée choquée par le matériau mystérieux utilisé pour le menu et sidérée par le verre ridiculement cher que Ristia avait posé si facilement devant elle. Des frissons lui avaient parcouru la colonne vertébrale lorsqu’elle s’était rendu compte que la bonne avait été les mains vides tout le temps avant cela.

« Qu’est-ce qui se passe dans le monde… ? » murmura Charlotte.

« Grande Sœur, qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Ristia.

« N-Non, ce n’est rien. Tout cela mis à part, quels sont vos spéciaux pour aujourd’hui ? » demanda Charlotte.

« Bien, eh bien… qu’est-ce que tu préférerais : un vrai déjeuner, ou des sucreries ? »

« A-Ah, oui, j’irai avec des sucreries, » répondit Charlotte.

« Que dirais-tu d’un Darjeeling servi avec de la glace à la vanille ? »

« De la glace à la vanille… Quoi ? Je n’ai jamais entendu parler de ça avant, » répondit Charlotte.

« C’est froid, sucré et mon dessert préféré, » répondit Ristia.

« Tu dis que c’est ton préféré ? Alors, je prendrais ça, » déclara Charlotte.

« OK, une commande d’un Darjeeling avec de glace à la vanille. Je reviens tout de suite, alors tu ne vas nulle part » déclara Ristia en souriant avant de disparaître dans la cuisine. Charlotte regarda son départ et poussa un soupir de soulagement. Comme Charlotte avait eu une éducation stricte en tant que fille unique d’un comte, elle n’avait jamais eu d’interaction aussi amicale et décontractée qu’aujourd’hui, ce fut donc un changement de rythme extrêmement rafraîchissant.

Cela me rappelle que j’ai toujours voulu une petite sœur… Non, ressaisis-toi. Ce n’est pas le moment d’y penser, c’est l’apprentissage de la personnalité de Mme Ristia qui est prioritaire. Pensa Charlotte, renouvelant sa détermination, mais…

« Ah… c’est si froid et doux. Léger, mais dense avec un goût corsé, et la façon dont il fond dans ta bouche est superbe. Voici donc… C’est… de la glace à la vanille !! » s’exclama Charlotte.

Elle fut bientôt victime des délices de la glace à la vanille que Ristia lui apporta.

« Je n’arrive pas à y croire… ! Je n’arrive pas à croire qu’un dessert si délicieux puisse exister dans ce monde ! Je n’ai jamais vu ni entendu parler d’une telle gâterie, encore moins mangée ! » Même Charlotte, la fille d’un comte, n’avait jamais mangé quelque chose d’aussi délicieux. Si les membres de la royauté découvraient l’existence de la crème glacée à la vanille, elle embaucherait probablement les chefs de cet établissement à n’importe quel prix. Cela signifiait essentiellement qu’il n’était pas impossible de s’enrichir énormément si l’on pouvait garder pour soi la recette de cette glace à la vanille. Il pourrait très bien aider à étendre le territoire du comte Warren de manière importante —, c’était juste à quel point c’était incroyablement délicieux. « Tu dois m’excuser pour mon ignorance au sujet de cette “glace à la vanille”, mais où diable en as-tu trouvé la recette ? » Elle avait demandé ça comme une discussion de tous les jours — du moins à l’oreille non entraînée, mais en réalité, il s’agissait d’une forme désinvolte de fouiner pour obtenir des informations.

« Je n’en suis pas sûr moi-même, mais c’est une recette que mes ancêtres ont apportée de leur patrie, » répondit Ristia.

« Alors, cette glace à la vanille est normalement vendue dans ce pays lointain, non ? » Elle lui demanda, pensant qu’elle pourrait s’en servir comme point de repère pour approfondir son enquête, mais contrairement aux attentes de Charlotte, Ristia lui répondit que ce n’était peut-être pas possible avec un sourire embarrassé.

« … Pas possible ? Mais pourquoi ? » demanda Charlotte.

« J’ai entendu dire que la patrie de mes ancêtres ne fait pas partie de ce monde, » répondit Ristia.

« Oh… Je comprends maintenant. Je suis vraiment désolée de demander ça. » Cela suggérait que… la région n’existait plus. C’est ainsi que Charlotte avait interprété la déclaration, et elle avait présenté des excuses sincères. Cependant, en même temps, elle avait frénétiquement fait tourner ses engrenages pour penser à son prochain plan d’action. D’une part, elle avait la recette d’une gâterie sucrée inconnue de ces terres, d’autre part, Ristia, la seule qui le savait. Soit Ristia était la seule à avoir cette connaissance, soit il y avait un groupe très sélectif de personnes qui l’avaient aussi. C’était une recette qu’elle désirait maintenant à tout prix.

« Mais, Grande Sœur, pourquoi cette question ? Par hasard, aimerais-tu apprendre à faire de la glace à la vanille ? » demanda Ristia.

« Hein ? Euh, non. Pourquoi, je ne le ferais pas…, » déclara Charlotte.

Oh, mon Dieu. Je me suis peux être fait avoir ! Charlotte avait paniqué. C’est une question qui exige le plus grand soin et la plus grande discrétion. Si elle découvrait que j’en ai après cette recette, on ne saurait dire quel genre d’exigence déraisonnable elle me lancerait en échange. Je dois aplanir cette situation immédiatement, Charlotte avait bien réfléchi jusqu’à ce qu’on lui présente un mince morceau de matériel semblable au menu.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Charlotte.

« Ça s’appelle du papier, un substitut au parchemin, » répondit Ristia.

« “Papier” ? Je vois… Quelque chose d’aussi fin et lisse est une technologie incroyable, » déclara Charlotte.

« Eh bien, j’espère que tu pourras regarder ce qui est écrit sur le papier, par opposition au papier lui-même, » déclara Ristia.

« Écrit sur le papier ? Oh, en effet, il semble y avoir quelque chose d’écrit ici qui est… Whaaaa !? » s’exclama Charlotte.

Le texte griffonné sur le papier avait coupé le souffle de Charlotte, car sur la toute première ligne se trouvaient les mots : « Comment préparer une délicieuse crème glacée à la vanille ? »

« Ne me dis pas que… c’est… c’est… » Bien qu’elle trouvait l’idée absurde, Charlotte regarda la recette écrite sur le papier. Qu’elle contienne ou non la vraie recette, il y avait certainement le processus de fabrication de la crème glacée à la vanille.

— Qu’est-ce qu’elle essaie de faire ? Est-ce une sorte de piège ? Ou est-ce une fausse recette pour m’écarter de la piste ? Oui, il y a beaucoup d’ingrédients ici que je ne connais pas, donc je ne peux pas être sûre s’il s’agit de l’article authentique ou pas simplement en l’examinant. Puisqu’elle a divulgué la recette si facilement, il y a toujours la possibilité qu’elle essaie de me faire tourner en bourrique, laissant entendre que c’est de ma faute si je ne peux pas la reproduire, se dit Charlotte à elle-même.

« Il y a quelque chose que tu ne comprends pas, Grande Sœur ? » demanda Ristia.

« Hein !? Tu vas vraiment… me répondre !? » demanda Charlotte.

« Bien sûr. Nous ne sommes pas très occupés avec les clients en ce moment, donc c’est bon, » déclara Ristia.

« Alors, pourrais-tu m’expliquer ce qu’est cet “extrait de vanille” ? » demanda Charlotte.

« Ça ? Il suffit d’écraser une gousse d’une plante appelée “vanille”, et…, » déclara Ristia.

Ristia commença son explication, mais Charlotte n’en comprenait presque rien. C’est pourquoi elle était convaincue qu’elle essayait juste de l’embobiner sans réelle intention de lui dire comment faire de la glace à la vanille pour elle-même. C’était, jusqu’à ce que…

« Oh, je sais, je sais. Voudrais-tu le regarder se faire dans la cuisine ? » demanda Ristia.

« Vas-tu vraiment me laisser voir !? » demanda Charlotte.

« Oui, bien sûr que oui. Et je partagerai un plant de vanille si tu en as besoin, » déclara Ristia.

« Quoiiiiiiiii !?? »

Ristia lui tendit un arbre sans hésitation. Charlotte n’arrivait pas à imaginer ce qu’elle voulait faire, même si elle y pensait fort. On l’avait ensuite montrée à la cuisine comme promise et on lui avait enseigné le processus approprié, de sorte que toute la situation devenait encore moins logique au fur et à mesure qu’elle avançait.

— Est-ce que c’est un rêve ? Ou est-ce que j’ai été forcée de faire un pacte avec le diable sans le savoir ? Est-ce que je pourrai sortir d’ici vivante ?

Ristia enseignait simplement à Charlotte le processus, s’adressant à elle en tant que Grande Sœur tout en assumant elle-même secrètement le rôle de Grande Sœur. C’était un sentiment que Charlotte n’aurait jamais été capable de deviner, alors elle avait été laissée dans un état de confusion totale.

« Pourquoi as-tu fait l’effort de m’apprendre la recette ? » La peur qu’elle ne puisse pas s’échapper de cet endroit avec sa vie lui écrasait pratiquement l’âme, mais elle s’était battue avec elle-même pour faire entendre sa question. Quant à la réponse de Ristia…

« Si je vois un enfant dans le besoin, je veux l’aider, ni plus ni moins. » Les yeux cramoisis de Ristia la regardaient alors qu’elle avait son grand sourire. C’était un sourire simple et pur avec une tendresse qui enveloppa Charlotte au milieu de sa crise de panique.

« Qui... Qui es-tu ? » demanda Charlotte.

« Moi ? Je suis une fille normale, » déclara Ristia.

« Une fille normale… dis-tu ? » C’était l’incarnation même d’une blague cruelle. Cette fille était plus élégante que Charlotte et sa noble éducation, et bien qu’elle ait des connaissances qui produiraient une fortune, elle n’avait aucun désir monétaire. Tout cela était lié à une personnalité riche en bienveillance, ne voulant pas fermer les yeux sur un enfant dans le besoin.

Il n’y a aucune chance qu’une fille comme ça soit une fille normale, pensa Charlotte.

« Directrice Ristia, peux-tu venir ici ? »

« Okie dokie ~ Oh, euh… désolée, je dois y aller. Si tu veux toujours regarder dans la zone, n’hésite pas à lire tout ce que tu veux. Et s’il y a quelque chose que tu ne comprends pas, Maria est toujours ouverte aux questions, » déclara Ristia avant de partir. Bien qu’elle ait vu sa vie défiler devant ses yeux, Charlotte était restée sans surveillance et sans conséquence. Elle avait regardé Ristia s’en aller, stupéfaite par toute cette épreuve.

« Hé, ma sœur… Euh, je veux dire, Grande Soeur. S’il y a quelque chose que tu ne comprends pas, demande-le-moi, d’accord ? » Charlotte sursauta en entendant la voix qui s’adressait à elle si soudainement par-derrière. Quand elle se dépêcha de se retourner, il y avait une jeune fille à la peau brune et aux cheveux argentés. Elle dégageait une aura extrêmement mûre et captivante en contraste avec son apparence jeune, mais elle évoquait une image beaucoup plus normale que Ristia, ce qui calmait un peu Charlotte.

« Vous seriez Mlle Maria… N’est-ce pas ? » demanda Charlotte.

« Oui, c’est bien moi. Alors… qui êtes-vous ? » Les yeux de Charlotte s’élargirent à mesure que la fille allait droit au but.

« Cette réaction me dit qu’il se passe quelque chose, » déclara Maria.

« … Pourquoi supposeriez-vous cela ? » Considérant qu’elle avait vu qu’elle était visiblement secouée, les excuses n’allaient pas s’avérer très efficaces. Il avait fallu tout ce que Charlotte avait en elle pour répondre à cette question qui s’adressait à Maria.

« … Raison ? C’était… par hasard ? » déclara Charlotte.

« “Par hasard”…, » demanda Maria.

Elle était nerveuse, en pensant que la raison qu’elle avait donnée l’avait piégée.

« Vous savez, l’ancien directeur m’a forcée à vendre l’une de mes délicates fleurs, » déclara Maria.

« Une délicate fleur ? Qu’est-ce que les fleurs ont à voir avec... Oh, mon Dieu, vous ne voulez pas dire… !? » Reprenant le contexte et réalisant la pire des possibilités, Charlotte jeta un second regard sur Maria. Son deuxième regard avait perçu la même aura captivante de Maria, disproportionnée par rapport à sa stature, sous un autre jour.

« Ça veut dire ce que vous pensez que ça veut dire. Mais je vais très bien maintenant. La directrice Ristia m’a sauvée de cette vie, » déclara Maria.

« Oui, mais…, » Charlotte commença, essayant toujours de défendre son point de vue, mais Maria lui tendit la main et lui coupa la parole.

« Je vais vraiment bien. Mais c’est en raison de la venue de la directrice Ristia. C’est pourquoi je ne sais peut-être pas qui vous êtes, mais si vous avez l’intention de faire quelque chose à la directrice Ristia, alors…, »… Alors tu vas le regretter, le regard de Maria sur Charlotte avait communiqué cela, finissant sa phrase pour elle. La pression sans paroles émanant de la jeune fille avait poussé Charlotte à déglutir de manière importante.

« … Je prendrai votre avertissement à cœur, » déclara Charlotte.

« Je vois. Dans ce cas, je n’ai rien à dire. Je répondrai à toutes vos questions sur la cuisine, » déclara Maria.

« Non, je vais prendre congé. Dite à Mademoiselle Ristia que je reviendrai, » Charlotte avait payé le repas, avec un petit extra, avant de quitter la cafétéria.

Par la suite, l’orphelinat et Ristia étaient restés dans sa tête. Elle rentra chez elle, pensant à ce qu’elle pouvait faire dans le meilleur intérêt non seulement de la maison du comte Warren, mais aussi de la population du territoire.

***

Partie 5

Environ un mois s’était écoulé depuis l’ouverture officielle de la cafétéria, et sa popularité s’était instantanément répandue par le bouche-à-oreille, ce qui avait déclenché un boom pour l’établissement. Un jour, avant le coucher du soleil, Ristia apprenait à Maria à faire des crêpes dans la cuisine.

« … Hum, comme ça ? » demanda Maria.

« Uh-huh. Tu apprends très vite, » déclara Ristia.

« … Les compliments ne te mèneront nulle part, » déclara Maria d’une manière directe, l’air un peu timide. C’était un spectacle adorable, qui faisait sourire Ristia, mais ce moment de bonheur fut interrompu par une voix grossière. Dans la direction du rez-de-chaussée résonnaient les appels insistants d’un homme.

« Je vais aller voir ce qui se passe, » déclara Ristia.

« Essaye de ne pas en faire trop, directrice Ristia, » déclara Maria.

« … Je ne vais pas le faire ~, » Tu n’as aucune foi en moi… Ristia avait été emplie de déception alors qu’elle se dirigeait vers l’étage en dessous. C’est là qu’elle avait rencontré Mew, qui était venue en courant. Mew s’était précipitée vers Ristia dès qu’elle l’avait vue.

« Waah... Sniff ! » Les larmes aux yeux, elle s’accrocha à Ristia. Ses oreilles de chien, normalement joyeuses et remuantes, s’étaient affaissées.

« Qu’y a-t-il, Mew ? » demanda Ristia.

« … Est-ce mal que je sois là ? » demanda Mew.

« Certainement pas, » répondit Ristia.

« … Vraiment ? » demanda Mew.

« Ouais, vraiment. Pourquoi demander une chose pareille ? » demanda-t-elle, tapotant doucement ses cheveux bleus et regardant dans ses yeux de jade.

« Ils m’ont dit que la présence de bêtes rend les villes humaines sales et m’ont dit de quitter la ville, » avait-elle répondu d’un ton feutré avec une expression triste.

« Oh, c’est ce qu’on t’a dit ? Il y a quelqu’un qui a dit ça… n’est-ce pas ? » Ristia étouffa ses émotions de violence et consola Mew en disant. « Tu n’as pas à t’inquiéter, je n’aurais jamais pensé à te dire quoi que ce soit d’aussi faux. »

Il était à noter qu’un tremblement de terre avait frappé la région à ce moment-là…

« … Vraiment ? » demanda Mew.

« Bien sûr que oui. Je n’aurais jamais rêvé de pouvoir te rendre si heureuse, ma chère Mew, » déclara Ristia.

« … Merci, directrice Ristia. » Cela lui avait apporté un peu de soulagement. Ristia avait laissé Maria s’occuper de Mew pendant qu’elle se rendait à la cafétéria pour confirmer l’identité du client impoli qui avait fait pleurer Mew. Quand elle était arrivée, l’étage normalement plein était vide, à l’exception d’un seul homme d’âge moyen avec deux soldats à l’arrière. Il avait un physique plutôt bâti qui suggérait qu’il avait été entraîné au combat, mais ses vêtements semblaient être d’assez bonne qualité — selon les normes humaines de l’époque actuelle, naturellement.

« Manager, ces types sont venus et ont viré tous les autres clients. » Ayane s’était précipitée jusqu’à Ristia quand elle avait réalisé qu’elle était là.

« Je vois… Mais ils ne t’ont rien fait de mal, n’est-ce pas, Ayane ? » demanda Ristia.

« Hm-hm, je vais bien. Mais ils ont dit de mauvaises choses à Mew, ce qui a fait que Allen voulait se battre…, » répondit Ayane.

« Aah... Donc c’est pour ça. » Elle réalisa alors pourquoi Allen était dans le coin de la cafétéria, Luc et les autres le retenant avec une prise de lutte. « Ayane, prends les autres et attends dans la cuisine. »

« Mais…, » répondit Ayane.

« Tout va bien se passer. Je protégerai tout le monde. Vous attendez tous à l’arrière, » déclara Ristia en souriant à Ayane, ce qui l’avait aidée à soulager la tension. Une fois que Ristia vit qu’Ayane et les autres se retiraient avec relativement peu de protestations, elle tourna son attention vers le groupe d’hommes. « Alors, qui êtes-vous tous les trois ? Vous n’avez pas l’air d’être des clients. »

« … Une bonne ? Je leur ai dit d’aller me chercher la directrice de l’orphelinat, » déclara l’homme à l’avant.

« Je suis Ristia, la nouvelle directrice de l’orphelinat, » répondit-elle.

« Oh-ho. Alors c’est toi Ristia, hein ? Tu es aussi belle que les rumeurs l’ont fait croire, » déclara l’homme.

« … Comme je l’ai demandé, qui êtes-vous tous ? » demanda Ristia.

« Je suis Jein, et je dirige cette ville, » déclara l’homme.

« Vraiment ? Alors, avant de vous demander en quoi je peux vous aider, puis-je vous demander une chose ? » demanda Ristia, en souriant sereinement tout en essayant de contenir sa rage silencieuse. La sensation de pression inconnue avait fait déglutir Jein.

« … Quoi ? Vas-y, crache le morceau, » déclara Jein.

« L’une de mes filles est venue me voir en pleurant il y a un instant… Est-ce vous qui avez fait ça ? » demanda Ristia.

« — Hahaha ! Cette gosse s’est enfuie en pleurant !? » Celui qui avait lancé ce gloussement était un soldat debout derrière Jein.

« … Est-ce vous qui l’avez fait pleurer ? » demanda Ristia.

« Et si c’était le cas ? » demanda le soldat.

« J’exige des excuses, » déclara Ristia.

« Haha ! Et je refuse, » répliqua le garde.

« … Je vois. » Ristia s’attendait à ce qu’il réagisse de cette façon, et elle se demandait maintenant quelle ligne de conduite elle devrait prendre. Elle avait le choix de lui faire regretter d’avoir dit quoi que ce soit de désobligeant à Mew sans que Mew ne le sache — Mew ou qui que ce soit d’autre, d’ailleurs. Mais elle savait que cela ne servirait qu’à de l’autosatisfaction. Sinon, ce serait une tâche simple pour Ristia de lui faire s’excuser auprès de Mew avec ses pouvoirs. En fait, ce serait une tâche simple que de le faire supplier en larmes pour qu’il ait la chance de s’excuser. Mais ça n’aiderait pas à guérir les blessures laissées dans le cœur de Mew.

Quoi qu’il en soit, il faudra peut-être lui faire regretter d’être né pour qu’il ne fasse plus jamais quelque chose comme ça, pensa Ristia, mais Jein s’était exprimé.

« D’accord, attends, » déclara Jein. « Geiz, c’est un orphelinat, donc il n’y a rien d’étrange à voir une bête dans le coin. En fait, il est approprié que des individus des tribus soient ici. Tu as tout faux en leur disant de “partir”, »

« — Monsieur ! Vous avez tout à fait raison. Mes plus sincères excuses ! » Le soldat accusé d’avoir fait des remarques désobligeantes contre Mew, apparemment nommé Geiz, avait rapidement fait marche arrière sur ses déclarations et s’était excusé. Mais il avait encore un sourire sur le visage, ce qui montrait clairement que ses excuses étaient, au mieux, superficielles. Ça n’avait pas aidé que le choix du mot de Jein soit assez suspect dès le commencement. Mais elle était sûre qu’en approfondissant la question, elle ne ferait pas plaisir à Mew.

« Très bien, très bien. Si vous voulez dire que vous ne répéterez pas la même erreur, alors j’accepte vos excuses. Soyez averti, cependant… Je ne serai pas si gentille la prochaine fois, » Ristia fixa Geiz en silence, ses yeux pourpres brillaient d’une intention meurtrière.

Faisant face à suffisamment de soif sanguinaire pour faire fuir les plus puissants dragons, Geiz avait du mal à respirer et avaient commencé à transpirer de grosses gouttes de sueur. Dix secondes s’étaient écoulées… puis vingt. Une fois que le visage de Geiz avait commencé à devenir violet, Ristia avait finalement retiré son intention meurtrière. Libéré de la terreur, Geiz s’était effondré là où il se tenait, sa respiration était visiblement ensablée. Cependant, les deux autres semblaient confus quant à la raison pour laquelle il s’était soudainement écroulé sur le plancher. Ristia avait prétendu qu’elle ne savait pas, malgré le fait qu’elle en était la cause profonde, et elle s’était tournée vers Jein.

« Alors qu’est-ce que vous faites là ? » demanda Ristia.

« A-Aah, ouais. Il n’y a qu’une seule raison pour laquelle je suis ici aujourd’hui. Je suis ici pour savoir comment vous allez agir pour ne pas avoir payé les impôts de l’orphelinat ou de cette entreprise, » déclara Jein.

« … Les impôts ? » demanda Ristia.

Ce n’est pas que Ristia n’était pas familière avec le système fiscal. Après tout, ils prélevaient des taxes sous prétexte de payer des frais pour faire des papiers d’identité lorsqu’elle arrivait en ville, et elle savait aussi qu’ils facturaient également des taxes aux citoyens pour qu’ils les laissent résider dans cette ville. Mais un orphelinat était un établissement où l’on pouvait s’occuper d’enfants sans famille, et ils étaient censés être exonérés d’impôt. Du moins, c’est ce qu’Eindebelle lui avait fait savoir.

« Mais les orphelinats n’ont pas à payer d’impôts, n’est-ce pas ? » demanda Ristia.

« Oui, c’était le cas lorsque l’orphelinat était pauvre. Mais maintenant que tu as construit cet immeuble de luxe, je suis sûr que ton entreprise est également en plein essor, » répondit Jein.

« Aah, et vous dites que c’est pour ça qu’on doit maintenant des impôts. » Ristia s’était dit que si c’était une règle de la ville, autant qu’elle s’y conforme, alors elle s’était mise à demander. « Combien cela va-t-il être exactement ? »

« Hmm, voyons voir… Une centaine de pièces d’or par an devrait suffire, » répondit Jein.

Si je fais un collier égal à la broche que j’ai vendue à la vente aux enchères l’autre jour et que j’arrive à la vendre, ce sera suffisant pour payer environ cent quatre-vingts impôts. Ça ne devrait pas être un problème si je fais ça, s’était dit Ristia, son processus de pensée étant un peu de travers.

Cependant, Jein vit le silence de Ristia et se mit à rire.

« Hehe hehe hehe hehe hehe... N’aie pas l’air si choquée. Je ne sais pas dans quelle mesure tu as un pécule, mais je sais que tu n’en as probablement pas assez pour payer ce montant d’impôt, » déclara Jein.

« … Oh, euh, vraiment ? » Ristia était sur le point de retirer une centaine de grosses pièces d’or — pas les plus petites, mais assez pour payer dix ans d’impôts — mais l’hypothèse de Jein qu’elle ne serait pas en mesure de les payer la mettait dans une position délicate. Je me demande si je finirais par briser sa fierté si je lui donnais dix ans d’impôts, ici et maintenant ? Peut-être que je devrais au moins prendre quelques jours pour le préparer…, pensa Ristia en faisant attention à sa situation. Certes, si c’était le cas, Jein rentrerait chez lui en extase. Malheureusement pour Jein, ça ne devait pas arriver. Jein avait un objectif différent à l’esprit dès le début, alors il avait proposé un plan alternatif pour les cent pièces d’or.

« En échange, l’orphelinat ne paye pas ses impôts et laisse les filles faire du bénévolat, » déclara Jein.

« … Du bénévolat, vous dites ? » Quand Ristia réalisa ce que ces mots suggéraient, une secousse affecta l’ensemble du continent. C’était une secousse qui ne s’était produite qu’une seule fois, et elle était petite. Certainement pas assez fort pour qu’on s’en aperçoive. Ristia était une fille avec beaucoup de maîtrise d’elle-même, après tout.

« C’est vrai. L’ancien directeur, le directeur Georg, a aimablement offert les services d’une jeune fille qui s’était portée volontaire. Mais j’ai été dans une situation difficile à cause de cet idiot qui est soudainement parti. Je ne sais pas dans quelles circonstances tu as hérité de l’orphelinat, mais il serait dans tes intérêts d’assumer le travail qu’il a laissé derrière lui. » Je doute sincèrement qu’elle me refuse, se dit-il en libérant ses intentions vicieuses. Mais qualifier cette « intention vicieuse » était présomptueux. Pour Ristia, c’était simplement une sensation d’inconfort. C’était la raison pour laquelle elle était perdue quant à sa stratégie à partir d’ici. Bien sûr, elle n’avait pas l’intention de laisser la situation qui avait fait vivre l’enfer à Maria et aux autres enfants, mais à ce moment-là, Jein n’était rien de plus qu’un petit animal qui aboyait en fanfaronnant. Elle ne savait pas si elle devait ou non tuer quelqu’un comme ça.

Le tuer ici d’une manière directe… ne serait pas une bonne idée. Je me souviens de la réaction de Nanami quand j’ai tué Gawain… Mm-hmm, c’est vraiment une mauvaise idée. Dans ce cas… Je pourrais le punir en lui coupant les bras et les jambes… En y repensant, non, l’ancien directeur George était vraiment effrayé par cela. Je parie que les enfants flipperaient aussi.

« Tu peux bluffer autant que tu veux, à la fin, tu n’es qu’une petite fille. Tu as si peur d’avoir perdu la capacité de parler, n’est-ce pas ? » demanda Jein.

« … Hein ? Vous parlez de moi ? » demanda Ristia.

« Qui d’autre que toi est là ? » demanda Jein.

Euh, je n’ai pas du tout peur de lui…, Ristia se commenta elle-même, mais Jein semblait convaincu qu’elle était terrifiée. Il avait une expression vraiment amusée bien visible sur son visage.

« D’accord, alors. Je vais t’offrir une autre alternative. À la place des orphelins, tu peux t’engager dans des services bénévoles. Je parie qu’il y aura une forte demande pour quelqu’un avec ton physique, » déclara Jein.

***

Partie 6

« … Et pourquoi devrais-je faire ça ? » demanda Ristia.

« Tu aimes les enfants, n’est-ce pas ? Si tu continues à te plaindre, tu risques de mettre mes hommes en colère et ils finiront par attaquer tes précieux enfants. » La menace évidente d’envoyer ses hommes sur les enfants avait fait plisser le front de Ristia. « Pas besoin d’avoir l’air si anxieuse. C’est seulement dans le cas où tu ne suivrais pas les ordres. Si tu le fais comme je dis, tout se terminera bien. Tu ne veux pas non plus voir ces enfants souffrir, n’est-ce pas ? »

« Eh bien…, » déclara Ristia.

Il avait raison. S’ils attaquaient les enfants, ils se défendraient sans aucun doute. Et comme les enfants ne comprenaient pas leur propre force, grâce aux broches que Ristia leur avait données en cadeau, ils pulvériseraient probablement le trio. Bien sûr, Ristia pourrait les ranimer si elle n’attendait pas trop longtemps après que les enfants les aient battus à mort, mais… aller si loin laisserait probablement des cicatrices dans le cœur des enfants.

Quelle terrible menace, pensa Ristia, son sang se gelant. Elle devait y mettre fin tranquillement si elle voulait prendre en compte les enfants, mais elle n’offrait pas ses propres « services bénévoles », c’était certain. Elle souhaitait qu’ils acceptent l’argent et qu’ils s’en tiennent à cela, mais si la sollicitation de ses services était au cœur de leur visite, alors cela semblait être une affaire difficile. Cela dit, la seule idée qui lui était venue à l’esprit était de massacrer Jein et son groupe. Mais si elle le faisait, les enfants en viendraient probablement à ne pas l’aimer. Ristia devait être prudente dans sa décision. Comme Jein l’avait mentionné, il lui restait très peu d’options.

Qu’est-ce que je devrais même faire… ? Ristia réfléchissait désespérément. Par exemple, je pourrais le tuer avec un poison à action lente. Personne ne saurait alors que je l’ai fait. Comme ça, les enfants ne me craindraient pas, n’est-ce pas ? Hmm… non. Ils n’en viendront peut-être pas à me craindre, mais les enfants pourraient quand même avoir peur s’ils voient ces gens souffrir. Et si on détruisait leurs esprits ? J’ai l’impression que c’est faisable, mais… Oh, je l’ai trouvé ! Tout ce que j’ai à faire, c’est de les effacer instantanément sans laisser de trace. De cette façon, je peux les tromper en faisant : « Hein ? Maintenant, où Monsieur Jein et les autres messieurs sont-ils allés ? » Ouais ! Ça devrait faire l’affaire. Allons-y avec ça.

Ristia avait concocté un plan farfelu à mettre en œuvre — jusqu’à ce qu’une fille vêtue d’une robe entre par l’entrée. Sa tenue était très différente de la dernière fois qu’elle était venue, mais ses cheveux blonds ondulés, et ses yeux bleus frais étaient indubitables. C’est la cliente qui avait demandé Ristia lors de sa précédente visite.

« Je suis désolée, Grande Sœur. La cafétéria de l’orphelinat est fermée, je suis un peu occupée en ce moment, » déclara Ristia.

« Oui, c’est ce qu’il semblait. Mais je suis venue ici aujourd’hui pour des affaires séparées, donc ça ne devrait pas être un problème, » déclara Charlotte.

« … Des affaires séparées ? Oh, euh… dans ce cas, en quoi puis-je vous aider ? » Ristia avait éteint le mode serveuse petite sœur et elle était revenue à sa façon de parler normalement. Au moment où Ristia avait laissé tomber son discours, le visage de Charlotte était devenu un peu triste. Du moins, c’est ce qu’on aurait dit.

« Vous pouvez m’aider en me laissant parler. J’espérais vous parler franchement, » déclara Charlotte.

« … Honnêtement ? Qui êtes-vous exactement… ? » demanda Ristia avec confusion, ce qui poussa la jeune fille à pincer l’ourlet de sa robe et à faire une révérence avec élégance.

« Mes excuses pour la présentation tardive. Je m’appelle Charlotte. Je suis la fille aînée de la maison du comte Warren, et je gouverne cette région. » Une fois que la blonde s’était présentée sous le nom de Charlotte, l’humeur générale s’était figée pour une raison inconnue, mais Ristia n’avait pas été affectée et avait réagi normalement.

« Oh, c’est vrai ? Cela veut-il dire que vous êtes aussi ici pour parler de l’orphelinat, Lady Charlotte ? » demanda Ristia.

« … Oh, mon Dieu, vous êtes très perspicace, » déclara Charlotte.

Ristia s’était trouvée découragée. Charlotte avait une beauté différente de Nanami et Maria et sa maturité était plus élevée que son âge. Elle était une fille élégante et séduisante, ce qui avait insufflé chez Ristia un fort désir de lui faire prendre le rôle de petite sœur, mais elle soupçonnait aussi que Charlotte était de connivence avec Jein. C’était jusqu’à ce qu’elle parle…

« Mademoiselle Ristia, j’ai entendu dire que vous avez utilisé vos économies pour reconstruire l’orphelinat. Je ne sais pas si cela sera utile, mais j’ai accordé une subvention d’aide non remboursable au maire ici présent, » déclara Charlotte.

« Aide non remboursable… ? » Ce qu’elle avait dit était le contraire de ce à quoi Ristia s’attendait, alors Ristia s’était trouvée extrêmement confuse.

« Oui, en plus d’une subvention mensuelle, j’ai versé une subvention pour aider à couvrir les coûts de rénovation. La somme est écrite sur ce parchemin, que vous pouvez vérifier, si vous le souhaitez. » Sur le parchemin, il y avait deux totaux : l’un était de trente pièces d’or pour la subvention d’aide à la rénovation, et l’autre était de trente pièces d’or pour une subvention mensuelle. Tandis que Ristia scrutait le parchemin, Charlotte inclina légèrement la tête et elle chuchota,

« La vérité, c’est qu’il y a des rumeurs selon lesquelles le maire aurait détourné les fonds. »

« Détournement de fonds ? » Ristia répondit en répétant, ce qui fit visiblement trembler Jein et ses hommes, mais elle ignora cela pour le moment et continua sa conversation avec Charlotte.

« Oui, détournement de fonds. Cependant, il a été difficile de trouver des preuves qui le ramènent à lui. Pourriez-vous me dire si la valeur de la subvention que vous recevez est différente de celle qui est consignée ici ? » demanda Charlotte.

« Puis-je vous le signaler ? » demanda Ristia.

« Oui. Si vous pouvez obtenir des preuves, alors faire que sa tête roule serait une tâche simple, » Charlotte avait poursuivi, « Mais, encore une fois, je suppose qu’il vous a payé le montant approprié une fois que vous avez pris la direction de l’orphelinat. Sinon, on le découvrirait tout de suite. Et je ne penserais pas qu’il serait assez bête pour faire ça… » Elle avait souri en se dépréciant en pensant à tout ça. Ristia revint avec un sourire un peu ironique, parce qu’elle avait finalement compris la situation.

« La bourse d’assistance mensuelle écrite ici est censée être payée tous les mois ? Pas tous à la fois par an ? » demanda Ristia.

« C’est comme ça que c’est censé se passer, mais… Ne me dites pas…, » s’exclama Charlotte.

« J’en ai bien peur. Je n’ai pas reçu de subvention d’aide au cours des derniers mois où j’ai été la nouvelle directrice, » déclara Ristia.

« … Quoi !? » Charlotte n’avait probablement jamais imaginé que c’était une possibilité, car ses yeux s’élargissaient avec incrédulité.

« Je vois qu’il est pourri au-delà de mon imagination. Mais je ne les trouve pas rapidement, il y a une chance qu’il essaie de s’échapper en insinuant que vous mentez, Mme Ristia. Et même si j’aimerais pouvoir établir des preuves contre lui…, » Charlotte se murmura pour elle-même quand elle commença à réfléchir. C’est à ce moment-là que Jein et ses hommes avaient essayé de se faufiler hors de l’établissement, alors Ristia les avait appelés.

« Rentrez-vous déjà chez vous ? » demanda Ristia.

Et une fois qu’ils avaient entendu cela, Jein et ses hommes avaient surgi d’une manière amusante.

« Oh, mon Dieu, j’avais presque oublié que vous aviez des clients ici. Je suis désolée si je m’immisce dans vos affaires. S’il vous plaît, allez-y, parlez-lui, je peux attendre, » déclara Charlotte en inclinant la tête, cédant la parole à Jein et à ses hommes.

« Non, ça ne nous dérange pas de parler plus tard ! » Il avait dit cela à toute allure et avait essayé de partir, mais Ristia n’était pas prête à laisser faire.

« “Plus tard” serait un problème. Comme je l’ai déjà dit, je refuse de forcer les enfants ou moi-même à participer à des “services bénévoles” en échange de nos impôts, » déclara Ristia à voix haute.

« Hyaa-oh !? » Charlotte déclencha un cri mystérieux. « Mme Ristia, de quoi parlez-vous ? »

« L’homme là-bas, Monsieur Jein ? Il m’a dit qu’il était le maire, » déclara Ristia.

« … Hein ? » Les yeux de Charlotte s’ouvrirent et Jein eut l’impression que le monde touchait à sa fin.

« Il m’a donc demandé de payer cent pièces d’or en impôts chaque année, » déclara Ristia.

« … Hein ? Une centaine d’or, chaque année… ? » demanda Charlotte.

« Il a ensuite exigé que les filles et moi offrions nos “services” bénévolement en échange du paiement des frais, » déclara Ristia.

« Par “services bénévoles”… Vous ne voulez pas dire… !? » demanda Charlotte.

« Oui, c’est exactement comme ça que ça sonne. » Qu’elle comprenne ou non l’explication de Ristia, le beau visage de Charlotte commença à devenir empli de fureur, tandis que Jein, dans une réaction opposée, commença à pâlir. Charlotte pointa son regard sur Jein.

« He. Un tel comportement grossier envers quelqu’un que la Maison du Comte Warren essaie d’accueillir chaleureusement… Il semblerait que c’est vous qui allez être imposé ici, » déclara Charlotte.

« Eek! N -Non ! Il y a un malentendu ! » s’écria Jein.

« Oh ? Et qu’est-ce que j’ai mal compris, je vous en prie ? Si vous dites que vous ne vous souciez pas de fournir votre tête au lieu de payer vos impôts, pourriez-vous m’expliquer votre raisonnement pour que je vous suive ? » demanda Charlotte, ses yeux furieux dirigés vers Jein.

« Eh bien, j’étais juste, euh… Ouais ! Je venais payer la bourse d’assistance ! » Jein s’était mis à trembler, effrayé comme une grenouille qui se fait regarder par un serpent. Et en élevant la voix comme ça, il s’était probablement libéré de sa peur, alors il avait continué sur sa lancée et s’était mis à mentir encore plus. « Je n’ai jamais dit un mot sur le fait de lui demander de payer des impôts ! Et la menacer de faire des choses en échange des impôts, c’est elle qui dit ça pour semer la confusion ! »

« Vous avez du culot de fabriquer des mensonges aussi atroces, » déclara Charlotte.

« Je ne mens pas ! Si vous dites que je mens, prouvez-moi que les déclarations de cette fille sont vraies ! » déclara Jeun.

« Khh, pourquoi vous… Comment osez-vous suggérer si impudemment que… ! » déclara Charlotte avec un visage plein de contrariété.

Hmm ~ on dirait que dire que je suis juste une fille normale ne servira pas de preuve ici, hein ?

Ristia en arriva à cette conclusion, mais soudain elle claqua des doigts, attirant toute l’attention sur elle. Une fois que ses yeux avaient rencontré ceux de Jein, elle avait activé son pouvoir de charme de vampire de Sang Véritable.

« Maintenant… dites à tout le monde ce que vous êtes venu faire ici — tout, » ordonna tranquillement Ristia, faisant briller ses yeux cramoisis.

 

 

Dans l’instant qui suit…

« Je suis venu ici parce que je pensais que ça finirait par me rapporter de l’argent. Si je te faisais payer tellement d’impôts que tu ne pourrais pas les payer, et si je pouvais te faire faire ce que je veux en échange, je pourrais détourner l’aide financière destinée à l’orphelinat, » déclara Jein.

« … Hein ? » Jein commença soudain à avouer ses crimes, ce qui laissa Charlotte stupéfaite.

« J’ai aussi entendu dire que la nouvelle directrice était une jeune fille incroyablement belle. J’ai pensé que si je la trompais pour qu’elle me soit redevable, je pourrais utiliser son beau corps, » continua Jein.

« Quel vil plan… ! Vous êtes détestable ! » Les yeux bleus de Charlotte étaient pleins de mépris et de rage. Une fois que Ristia avait compris qu’il avait assez parlé, elle relâcha le charme présent sur Jein.

« … Hein ? Qu’est-ce que je disais… !? C’était un malentendu ! Je disais juste ce qui me venait à l’esprit — je veux dire, non, je disais juste des choses qui n’étaient pas dans ma tête ! Quoi qu’il en soit, vous devez m’excuser ! » En même temps, Charlotte, tremblant de colère, leva la main droite, l’alignant au niveau du visage.

« Saisissez ce maître chanteur ! » déclara-t-elle d’une voix vaillante, en baissant la main. Une fois qu’elle l’avait fait, des hommes habillés en chevaliers avaient fait irruption de l’extérieur et avaient capturé Jein et ses hommes en un clin d’œil.

***

Épilogue : La fille normale autoproclamée obtient une sœur

Un mois s’était écoulé depuis que Jein avait été arrêté pour détournement de fonds et chantage. Un jour, alors que Ristia était pratiquement en train de valser au rez-de-chaussée, attendant les clients, Charlotte rendit visite à la cafétéria.

« Bienvenue à la maison, Grande… Oh, je veux dire, bon après-midi à vous, Mademoiselle Charlotte, » Ristia avait salué la cliente dans son attitude de petite sœur habituelle, mais une fois qu’elle avait réalisé que c’était Charlotte dans une robe similaire à la dernière fois, elle s’était corrigée.

« Bonjour, Mademoiselle Ristia. J’avais prévu de vous raconter les détails de l’incident, ainsi que tout ce dont je n’avais pas le droit de parler avant aujourd’hui. Ça vous dérangerait-il de me donner un peu de votre temps ? » Ristia avait vérifié dans le restaurant pour s’assurer qu’elle le pouvait.

« Hmm… Ce serait très bien maintenant. Nous allons porter cette discussion à l’arrière, si ça ne vous dérange pas, » dit-elle, conduisant Charlotte à la salle d’attente. Elle avait suggéré de s’asseoir à la tête de la table, mais Charlotte avait pris le siège directement en face d’elle. Cependant, elle ne s’était pas assise et avait préféré regarder Ristia droit dans les yeux.

« D’abord, permettez-moi de m’excuser pour l’incident avec Jein. Si j’avais fait un faux pas, ça aurait été un désagrément incroyable pour vous, Mademoiselle Ristia. Pour cela, je dois vraiment m’en excuser, » déclara Charlotte s’inclinant profondément avec regret.

« Pourquoi vous excusez-vous, Mademoiselle Charlotte ? » demanda Ristia.

« Parce que c’est nous de la Maison du Comte Warren qui avons nommé Jein maire de cette ville. Et l’inconduite de Jein se reflète sur moi, » déclara Charlotte.

« Aah, je vois. » Ristia était la princesse des Sangs Véritables, donc elle comprenait le concept que les hauts gradés prennent la responsabilité de l’inconduite de leurs subordonnés. Cependant…

« Je ne vous en tenais pas rigueur, Mademoiselle Charlotte. Bien sûr, si vous dites que le fait de vous excuser vous aidera à vous vider l’esprit, je serai heureuse d’accepter vos excuses, » déclara Ristia.

« Merci beaucoup, mademoiselle Ristia, » déclara Charlotte.

« Ce n’est pas la peine d’y penser. Sur ce, je vous en prie, asseyez-vous. » Suggérant à Charlotte de s’asseoir, Ristia s’était également assise en face d’elle. Volant un petit regard sur le visage de Charlotte, elle la vit soupirer de soulagement et sourire. Il semblait que l’un des problèmes qui la troublaient avait déjà été réglé. Son sourire était si adorable que Ristia se demandait si Charlotte deviendrait volontiers sa petite sœur si elle le demandait.

« Quoi qu’il en soit, Jein est en train d’être interrogé, mais il semble avoir fait beaucoup de choses viles, donc je ne serais pas surprise qu’il soit condamné à mort, » déclara Charlotte.

« Oh, je vois. Un fait qui me rassure. » C’était Jein qui avait fait du mal à Maria et aux autres. Le punir n’aiderait pas à effacer le passé de Maria de son existence, mais cela garantirait au moins qu’il n’y aurait pas d’autres victimes, donc Ristia était un peu soulagée.

« Quant aux enfants qui ont été vendus, nous avons l’intention de les retrouver et de les libérer le plus possible. C’est pourquoi il serait utile que vous nous fournissiez des informations, mais je sais que…, » déclara Charlotte.

« Je comprends. Je vais moi-même enquêter. » Les enfants, sauf Maria, n’étaient pas au courant de ce qui était arrivé aux enfants « sortis » de l’orphelinat, c’est pourquoi Ristia avait pensé que demander à Maria ce qui s’était passé était la meilleure idée.

« Quant à ce dont je voulais vraiment parler… Eh bien, avant cela, j’aimerais vous le redemander : était-ce la vérité quand vous avez dit que vous ne m’en voulez pas pour ce qui s’est passé ? » demanda Charlotte.

« Non, bien sûr que non. Bien au contraire. Je vous trouve très gentille et agréable. » Et si tout va bien, je veux faire de toi ma petite sœur ! pensa Ristia. Charlotte s’était mise à frissonner à cause des paroles de Ristia.

« Je pense que vous êtes une femme gentille et mignonne, Mlle Ristia, » déclara Charlotte.

« Ehehehe, j’apprécie ça, » déclara Ristia.

« Ce n’est rien, vraiment. Je dis juste la vérité. Je n’ai rien fait de particulier pour que vous me remerciiez ! » déclara Charlotte, devenant un peu timide, ce qui était aussi incroyablement mignon.

Petite sœur ! S’il te plaît, sois ma petite sœur ! cria Ristia à l’intérieur de sa tête.

« Ahem! Pour en revenir au sujet. En fait, j’envisageais de nommer le prochain maire pour gouverner cette ville… et je me suis dit que j’allais me mettre à la tâche, » déclara Charlotte.

« … Vraiment, Mlle Charlotte ? Mais vous êtes la seule fille de la maison du comte Warren, non ? Est-ce que vous pouvez diriger une ville ? » demanda Ristia.

« Le territoire du comte Warren ne comprend pas beaucoup de villes, et il n’est pas très rare qu’un membre de la famille les dirige, » déclara Charlotte.

« Mais les actes vils de Monsieur Jein n’a-t-il pas provoqué une certaine méfiance à l’égard des propriétaires du territoire ? » demanda Ristia.

« Oui. Tout à fait. Et ce n’est qu’une intuition, mais je pense que cette ville devra peut-être se séparer du territoire des Warren, » déclara Charlotte.

« … Oh, je vois, » déclara Ristia.

Ristia ne se rendait pas compte que si cette ville était importante, c’était à cause d’elle, mais elle avait pris bonne note de la situation de Charlotte et l’avait reconnue avec sérieux.

C’est pourquoi Ristia gardait les choses pour elle. Ce serait probablement une mauvaise idée d’intervenir.

« … Vous ne seriez pas inquiète pour moi, par hasard ? » demanda Charlotte.

« C’est tout à fait le cas. Après tout, c’est un sujet de préoccupation, » déclara Ristia.

Toutes les jeunes filles au cœur pur étaient de petites sœurs candidates, il était donc naturel que cela pèse sur l’esprit de Ristia. Ristia avait ensuite sorti une pierre magique, du platine et d’autres matériaux de sa boîte d’objets et avait créé une broche en forme de fleur qui, selon elle, serait belle sur Charlotte. Elle était enchantée par des capacités qui annulaient toutes les maladies corporelles et provoquaient la régénération.

« Huh …? Madame Ristia, qu’est-ce que vous venez de faire ? » demanda Charlotte, les yeux écarquillés en raison de l’étonnement.

Ristia avait simplement mis son index sur ses lèvres et avait répondu : « C’est un secret. » Elle fit le tour de la table et se dirigea vers Charlotte, épinglant la broche sur sa poitrine.

« Excusez-moi, mais… qu’est-ce que c’est ? » demanda Charlotte.

« Un cadeau de ma part pour vous. C’est un porte-bonheur ! » déclara Ristia.

« Un porte-bonheur ? C’est très joli. Est-ce que je peux vraiment l’accepter ? » demanda Charlotte.

« Mm-hmm, bien sûr. Après tout, je ne veux pas que vous sortiez et que vous vous blessiez, » répondit Ristia.

« … Mme Ristia… » parla Charlotte, ses joues devenant rouges comme si elle était submergée d’émotions. Cette réaction aurait été identique même si elle avait pensé que c’était une broche normale. Si elle avait su que le cadeau était un objet enchanté et qu’il comprenait les effets d’annulation de maux et d’autorégénération exposés à la vente aux enchères, alors les choses auraient pris un tournant radical. Certes, Ristia lisait l’humeur de la salle et gardait cette partie secrète, mais elle n’était pas consciente du fait qu’elle ne faisait que reporter le tumulte que Charlotte allait probablement soulever une fois qu’elle aurait découvert la vérité. Quoi qu’il en soit, Charlotte avait tendu la main à Ristia et l’avait enlacée. C’était une accolade très serrée, mais comme les deux filles étaient à peu près de la même taille et avaient des seins extrêmement amples, le niveau de contact était étonnamment faible à l’extérieur de cette zone. Si des filles aux poitrines moins bien garnies étaient témoins de ce spectacle, elles seraient probablement désespérées par l’injustice de la taille des bonnets.

« Merci infiniment ! C’est la première fois qu’une fille d’un âge aussi proche m’offre un tel cadeau, c’est une occasion si joyeuse, en effet ! » déclara Charlotte.

« Hehehehe, si j’ai réussi à vous apporter de la joie, alors je suis aussi heureuse. C’est vrai ! » Ristia avait rendu l’étreinte de Charlotte, mais au fond d’elle, elle criait Tu peux aller de l’avant et aussi m’appeler « Grande Soeur » si tu le veux vraiment !

« C’est vraiment un événement joyeux. J’apprécierais que vous me laissiez vous remercier à votre tour, » très vite, Charlotte avait repris son sang-froid et lâcha Ristia.

« Pas besoin de s’inquiéter quant à des remerciements. Je vous ai simplement donné ce cadeau parce que je le voulais, c’est tout, » déclara Ristia.

« Cela ne suffira tout simplement pas. N’y a-t-il rien que vous désirez ? » demanda Charlotte.

« Hmm, quelque chose que je désire ? Rien en particulier ne me vient à l’esprit, » répondit Ristia.

« Oh, je vois… Ah, dans ce cas, j’ai une suggestion, » déclara Charlotte.

« … Une suggestion, dites-vous ? » Qu’est-ce que ça pourrait être ? Oh, mon dieu, j’espère vraiment qu’elle dira : « Je veux être ta petite sœur ! » pensa Ristia, en fantasmant.

« Je suis la seule fille de ma famille et je n’ai jamais eu quelqu’un de proche de mon âge à qui parler jusqu’à maintenant. C’est peut-être la raison pour laquelle, je ne sais pas si je tiens spécialement à vous, mais j’ai une bonne affinité avec vous…, » déclara Charlotte.

« C’est vrai…, » Oh ! Est-ce que cette accumulation va là où je pense qu’elle est ? Va-t-elle dire qu’elle veut être ma petite sœur ? Est-ce que je vais vraiment avoir une petite sœur !? Ristia anticipait avec impatience alors qu’elle essayait désespérément de garder son calme.

« Alors, ce que je vous demande, c’est, eh bien… ça vous dérangerait si nous nous comportions comme des sœurs ? » demanda Charlotte.

J’ai faiiiiiiiiittttttttt !! Oui, je l’ai fait ! Ma première des nombreuses petites sœurs, je l’espère ! Yay! Ma petite sœur ! Et quelle adorable et belle petite sœur elle est !

« Euh… bien sûr, ce ne serait que dans le titre, mais… ça vous dérangerait ? » demanda Charlotte.

« Moi ? Le vouloir ? Cela me convient ! En fait, cela me fait plaisir à n’en plus finir ! » s’exclama Ristia.

« C’est une excellente nouvelle ! Alors, à partir de maintenant, considère-moi…, » déclara Charlotte.

« Uh-Hein !? »

— Ma nouvelle petite sœur !

« Comme ta nouvelle Grande Sœur à aimer et à adorer ! » déclara Charlotte.

L’exclamation dans l’esprit de Ristia se chevauchait avec un ensemble de mots qui n’étaient pas tout à fait ce à quoi elle s’attendait. Une fois que Ristia avait réalisé ce que cela signifiait… tout son corps s’était effondré sur la table.

 

***

Histoire parallèle 1 : Une fille normale travaillant dans les coulisses d’une vente aux enchères

« Je veux que vous obteniez un artefact qui annulera les effets des poisons mortels, en plus d’être un accessoire exquis. » Grannis Walter, le chef de la maison du duc Walter, avait fait part de sa demande au marchand avec qui il s’était lié d’amitié.

« Un accessoire exquis, monsieur ? Je pense que quelque chose de cette nature est incroyablement cher, » répondit le marchand.

« Je m’en rends compte. Mais l’argent n’est pas un problème dans ce cas, » déclara le duc Walter.

Tous les objets enchantés avaient en commun une faiblesse : si l’objet magique lui-même était détruit, leur capacité serait également perdue. Il existait aussi des artefacts avec des capacités d’autoréparation, mais il s’agissait d’une exception vraiment rare. D’une manière générale, il avait été dit que la chose la plus importante pour préserver un objet magique était de s’assurer que l’objet lui-même ne se brise pas. En d’autres termes, il y avait beaucoup d’objets magiques enchantés qui avaient tendance à avoir des allures grossières. Cette tendance était particulièrement marquée parmi les artefacts qui existaient actuellement, de sorte qu’un artefact qui était aussi un accessoire exquis était extrêmement rare. S’il s’agissait d’un accessoire et d’un artefact en tant que deux entités distinctes, alors il pourrait aller de quelques centaines à quelques milliers de pièces d’or, mais si c’était un objet de cette nature qui était deux en un, alors dix mille pièces d’or seraient le strict minimum. C’était un prix que même le Duc Walter n’était pas en mesure de payer facilement, et il aurait besoin de vendre d’autres œuvres d’art qu’il possédait afin de recueillir l’argent. Cependant, il y avait une raison pour laquelle il était prêt à aller aussi loin pour atteindre ce genre d’artefact.

« Je veux que ma fille bien-aimée l’emporte avec elle, » déclara le duc Walter.

« Est-ce que vous voulez dire…, » déclara le marchand.

« … Tout à fait. Elle doit se marier dans la nation voisine, » déclara le duc Walter.

Ils étaient en guerre avec la nation voisine, avec des escarmouches toujours en cours. C’était le résultat de la lutte des deux nations pour obtenir des terres fertiles afin de compenser la pénurie alimentaire provoquée par le boom démographique — une lutte qui avait duré plus d’un siècle et qui avait fait pencher les ressources des deux nations vers un déclin. Pour sortir de cette impasse, le roi avait pris une décision. Cette décision stipulait qu’une fille de sang royal devait épouser le prince de la nation voisine pour servir de symbole de bonne volonté entre les deux pays. Et la fille choisie pour cette tâche était la fille bien-aimée du duc Walter. Le sort des deux nations était sur ses épaules. Bien que ce fut un honneur incroyable pour lui en tant que duc, en tant que père… c’était un choix très douloureux. Bien que beaucoup de gens désiraient la paix, il y avait aussi des gens qui voulaient encore la guerre, et du point de vue de ces gens affamés de guerre, la fille des Walter n’était rien de plus qu’une nuisance. C’était la même chose que l’artefact. Peu importe la puissance de l’effet qu’il possédait, il ne pourrait pas utiliser sa puissance si vous détruisiez le composant principal de l’objet. C’était la raison pour laquelle il voulait un artefact — un artefact qui permettrait non seulement à sa fille, qui serait exposée quotidiennement à des tentatives d’empoisonnement, de se promener partout où elle allait, mais qui serait assez discret d’un seul coup d’œil.

« La date du mariage est dans six mois. Je vous supplie de trouver quelque chose d’ici là. Si vous réussissez, je vous promets que ça en vaudra la peine, » déclara le duc Walter.

« Très bien, mon bon monsieur. Je ferai de mon mieux pour trouver les meilleurs articles qui conviennent à la jeune fille, » dit le marchand travaillant pour le duc, alors que le duc s’inclinait devant lui, mais les artefacts eux-mêmes n’apparaissaient sur le marché qu’en quantité limitée chaque année. Non seulement cela, mais considérant que le duc recherchait spécifiquement un artefact qui annulait les poisons mortels et qu’il fallait que cela soit vu comme un bijou, il était plus que douteux que quelqu’un puisse même en offrir un à la vente dans un avenir proche — encore moins dans les années à venir. Même si le prix n’était pas un problème pour le duc, cela ne l’aidait pas à obtenir son objet convoité — pendant ce temps, le jour du mariage de sa fille se rapprochait de plus en plus à chaque heure qui passait.

C’était, jusqu’au jour où un rassemblement social pour les aristocrates et les nobles avait eu lieu dans la Capitale Impériale. Normalement, le duc ne pouvait pas se permettre de passer du temps à profiter des réunions sociales à quelque titre que ce soit, mais en tant que duc, il ne pouvait pas non plus se permettre d’écarter facilement l’événement et de ne pas venir. Il y avait aussi la possibilité que l’un des aristocrates là-bas connaisse le genre d’artefact qu’il recherchait. En misant ses espoirs sur cette possibilité, le duc Walter avait assisté au rassemblement, mais…

« Un artefact qui à la fois annule les effets des poisons mortels, et fonctionne aussi comme un bel accessoire ? » demanda l’un d’eux.

« Oui, je souhaite l’obtenir pour ma fille, » déclara le duc Walter.

« … Pour Lady Liliane, je vois. Pour une chose pareille, je, eh bien… »

« C’est très bien. Vous n’êtes pas obligé de me dire quoi que ce soit. C’est un grand honneur, et je sais que vous avez des affaires urgentes. Je me suis simplement souvenu que vous connaissez bien les pièces artistiques, Lady Charlotte, » déclara le duc Walter.

« Lady Liliane est une amie merveilleuse, alors je souhaite vous aider si possible, mais… vous devez me pardonner. Je ne sais pas où trouver un objet de ce calibre, » répondit Charlotte.

« Non, c’est moi qui devrais m’excuser d’avoir posé une question aussi étrange à l’improviste, » déclara le duc Walter.

C’était la fille unique de la maison du comte Warren. Le duc Walter s’était essayé à demander à quelqu’un qui était en bons termes avec sa fille, mais il avait baissé la tête quand il avait réalisé qu’il n’obtiendrait pas l’information qu’il cherchait.

« Duc Walter, je comprends ce que vous devez ressentir. Demain est le jour de la vente aux enchères dans la Capitale Impériale. Ce n’est qu’une supposition, mais peut-être qu’ils auront quelque chose qui répondra aux besoins de Lady Liliane, » déclara Charlotte.

« Une vente aux enchères… ? Oui, je pourrais aller la voir…, » déclara le duc Walter.

S’il y avait des biens tape-à-l’œil comme un artefact que les gens voulaient, il était courant que les acheteurs soient informés à l’avance pour qu’ils puissent préparer les fonds nécessaires à leur achat. Le fait de ne pas avoir d’information à ce moment-là signifiait qu’il était peu probable qu’un tel artefact apparaisse, mais… cela ne signifiait pas qu’il n’y aurait rien à donner à sa fille comme un cadeau valable. Le duc Walter remercia Charlotte et s’excusa. Cependant, la zone où il s’était déplacé avait permis au Duc Walter d’assister à quelque chose d’incroyable dans un siège entouré de gens.

La duchesse Roadwell se vantait du cadeau qu’elle avait reçu de son mari aux autres aristocrates. Le précédent duc Roadwell était un grand homme et était très amical avec le duc Walter, mais… le duc Roadwell qui lui avait succédé était toujours en désaccord avec le duc Walter.

Il fait probablement l’entêté pour que personne ne le prenne à la légère, puisqu’il a succédé au titre à un si jeune âge, pensa le duc Walter, ne l’ayant jamais approché jusqu’à maintenant. Cependant, aujourd’hui, il avait une raison précise de le faire.

L’objet dont se vantait la duchesse Roadwell était exactement le même que le duc Walter cherchait à offrir à sa fille bien-aimée.

« Eh bien ? Que pensez-vous de cet artefact que j’ai offert à ma femme, duc Walter ? Non seulement un bel accessoire, mais cela annule aussi tout poison mortel, » demanda soudain une voix, juste derrière le duc. Réalisant qu’on se moquait de lui à cause d’un ton de voix si antagoniste, le duc Walter se retourna malgré l’ennui que cela lui causait.

« Tiens, tiens, c’est le duc Roadwell. Puis-je vous être utile ? » demanda le duc Walter.

« Oh, pas vraiment. J’ai entendu dire que vous cherchiez le même artefact que moi et que vous n’avez pas réussi à le trouver, » déclara l’autre.

« Oh-ho…, » le duc Walter n’allait pas lui demander de le lui vendre, car cela serait ridicule. Et même s’il en faisait la demande, cela ne ferait qu’aider à caresser l’ego du duc Roadwell. Même s’il n’était pas certain de l’endroit où cette information avait été divulguée, il n’était pas difficile d’imaginer que le duc Roadwell avait obtenu de l’information sur l’article que le duc Walter cherchait au préalable et l’avait acheté juste pour se mettre sur son chemin. Le duc Walter était positivement débordant de dégoût.

« Je crois qu’il serait tout à fait nécessaire de chercher maintenant, mais j’espère que vous ne vous découragez pas, duc Walter. Si vous êtes motivés, comme moi, alors je crois qu’il est possible, dans tous les cas d’obtenir quelque chose de ce genre, » déclara le baron Roadwell.

Comment oses-tu te moquer de moi avec autant d’effronterie ? Le duc Walter avait presque laissé ses pensées s’échapper de sa bouche avec fureur, mais il s’était arrêté quelques instants avant de pouvoir le faire. Ce que le duc Walter devait faire maintenant, c’était découvrir ce qu’il pouvait faire pour sa fille. Avec cela en tête, il avait réfréner sa colère et s’était préparé à faire sa sortie, mais c’est là que…

« Oh, c’est vrai. J’allais oublier. Je ne pense pas qu’il m’est vraiment possible d’acheter deux exemplaires du même article, mais que me diriez-vous si je vous présentais au marchand à qui j’ai demandé de le réserver pour moi au cas où ? » demanda Roadwell.

« … Oh ? Eh bien, j’apprécierais ça, mais…, » ce n’était clairement pas un geste de bonne volonté, ce qui avait incité le duc Walter à rester sur ses gardes, car il n’était pas au courant de ce que cet homme voulait finalement. Mais sa précaution s’était avérée vide de sens, parce que son offre était par pure bonté d’âme — du moins, c’est ce qu’il espérait. En fait, le duc Roadwell avait déjà tout mis en place, alors il montrait simplement sa main par courtoisie, ce qui signifie que…

« Le nom de ce marchand ? Pourquoi, c’est… »

Le nom dont il avait informé le duc Walter avec un sourire sournois était celui du marchand avec qui il s’était lié d’amitié. Cette nuit-là, le marchand s’était présenté chez le duc Walter sans même être convoqué. Là, le Duc le rencontra, utilisant la raison pour se retenir d’exploser de colère.

« … Le duc Roadwell s’est vanté d’un certain objet lors de la réunion sociale d’aujourd’hui, » avait-il dit, le regardant comme pour dire qu’aucune autre explication n’était nécessaire. Cependant, son regard avait été accueilli sans la moindre hésitation par le directeur d’une entreprise qui commençait à se démarquer dans la Capitale Impériale de nos jours.

« … Alors il s’en est vantés, n’est-ce pas ? Je sais ce que vous devez ressentir maintenant. » On aurait dit qu’il essayait pratiquement de commencer une bagarre.

Sa voix tremblant, le duc Walter demanda à être absolument certain. « Avez-vous vendu l’artefact au duc Roadwell ? »

« En effet, c’est moi qui l’ai vendue, » répondit l’autre.

« Alors, avez-vous l’intention de me dire que vous avez un autre article du même genre ? Dites-moi, Gratt. » Considérant qu’il était un marchand, il était inévitable qu’il en vende à un plus offrant, mais le duc Walter n’avait jamais été informé qu’il l’avait trouvé.

Selon votre réponse, vous le regretterez peut-être, pensa-t-il, dégageant une aura d’intimidation. Bien que la pression d’un aristocrate majeur ait été assez forte pour laisser n’importe quel homme normal trembler dans ses bottes, le marchand avec qui le duc Walter s’était lié d’amitié — le directeur de Compagnie Marchande Gratt — n’était pas préoccupé.

« Avant de répondre à votre question, permettez-moi de m’enquérir d’une chose, » déclara Gratt.

« … Qu’est-ce que c’est ? » demanda le duc.

« Si je vous disais d’enchérir sur un objet lors de la vente aux enchères de demain… seriez-vous sûr de le gagner, Duc Walter ? » demanda le marchand.

« La vente aux enchères de demain, vous dites ? » demanda le duc.

Il avait remis à plus tard ses réflexions sur les intentions de l’homme afin de chercher une réponse, en changeant doucement son comportement. En ce qui concerne la vente aux enchères du lendemain, le duc n’avait pas entendu parler d’un artefact en vedette. Dans ces conditions, on pouvait probablement supposer sans risque de se tromper qu’aucun membre de la royauté n’y participera. Cela signifiait aussi que ses plus grandes sources de compétition étaient les quelques aristocrates majeurs et le duc Roadwell. La question était de savoir s’il pouvait les battre ou non. Pour ce qui était de l’actif total, il s’agirait d’un combat individuel entre le duc Roadwell et le duc Walter, mais les enchères n’étaient pas quelque chose que l’on pouvait gagner simplement parce que l’actif total était égal à un montant considérable. La personne qui remporterait une vente aux enchères était celle qui avait le plus d’argent avec elle à ce moment-là. Et vu que le duc Roadwell avait récemment acheté cet artefact avec une magie et des qualités artistiques exceptionnelles, sa somme d’argent en main n’était probablement pas si impressionnante. Pendant ce temps, le duc Walter recueillait les fonds pour acheter le cadeau de sa fille, donc si la vente aux enchères devait avoir lieu demain, il était peu probable qu’il perde. Et c’est au moment même où le duc Walter en était arrivé à cette conclusion qu’une certaine possibilité s’était présentée à lui.

« Pourriez-vous suggérer que l’article que je cherche sera mis en vente à la vente aux enchères de demain ? » demanda le duc.

« J’ai un accord avec mon partenaire commercial, alors je crains de ne pouvoir en dire plus. Cependant… la seule chose que je dirai, c’est que cela vient des bonnes grâces d’une certaine fille normale. »

« … Une fille normale ? » demanda le duc.

« En effet, une fois que je lui ai parlé de vous, elle a accepté l’idée avec joie. Alors, s’il vous plaît, faites-en votre mission, vous devez participer à la vente aux enchères de demain. Je suis sûr que vous serez témoin d’un miracle, » déclara Gratt.

Il n’arrivait pas tout à fait à s’imaginer qu’il s’agissait d’un « miracle ». L’affaire serait résolue s’il lui vendait l’objet dès le début, de sorte qu’il était complètement incapable de comprendre pourquoi il passait par un tel détour. La seule chose à laquelle il pensait était qu’il essayait d’augmenter le prix à la vente aux enchères… néanmoins, il était déterminé à obtenir l’artefact, peu importe le prix élevé. Il n’avait tout simplement pas compris l’intérêt de lui faire faire une offre. De plus, il n’y avait aucune chance que le duc Walter ne soit pas informé à l’avance si l’artefact qu’il cherchait devait se présenter à l’encan. C’est pourquoi, s’il voulait être honnête, Gratt crachait des idioties pour se couvrir le dos. Soit ça, soit il avait perdu la tête — les deux doutes tournaient dans l’esprit du duc. Cependant, il n’avait plus le choix. Par conséquent, le duc Walter, qui s’accrochait essentiellement à cette bouée, avait décidé de se présenter à la vente aux enchères.

La journée passa, et il arriva à la salle des ventes. Là, il s’était retrouvé littéralement témoin d’un miracle.

« Qu’est-ce que c’est que ça… ? » demanda le duc Walter, à la recherche de mots. Les gens qui avaient aussi regardé la liste d’articles avaient crié de la même façon. Parmi les articles énumérés sur le parchemin, il y avait des artefacts mélangés dans le lot. Le fait que des artefacts aient été mis aux enchères sans préavis avait été une surprise en soi, mais le véritable choc ici se trouvait dans les descriptions énumérées.

Une broche avec un bel ensemble design et une grande pierre magique. Le dessin était petit, mais délicat, la broche elle-même étant évaluée à pas moins de cinquante pièces d’or.

En soi, c’était un prix relativement choquant. Bien sûr, il y avait un certain nombre d’autres pièces de valeur artistique plus chères, mais la petite broche avec un prix de cinquante pièces d’or était considérablement peu commune. Quoi qu’il en soit, la vraie valeur de cette broche n’était pas dans le design. On disait qu’elle était enchantée, et ses effets évalués ont été décrits comme suit :

En plus d’une capacité qui annule tous les maux corporels, elle est également dotée d’une capacité d’autoréparation. Annule instantanément les effets d’un poison rapide et mortel pour le porteur. La broche elle-même se réparera d’elle-même même si elle est brisée en morceaux. Une broche faite pendant le temps libre d’une fille normale.

Il ne savait pas par où commencer lorsqu’il s’était agi de distinguer cette description. L’artefact était une petite broche au design artistique et à l’enchantement puissant. Il était assez rare qu’il existe, mais l’enchantement qu’il possédait était infaisable. Elle annulait tous les maux corporels. Ce seul fait ne relevait pas du domaine des artefacts et empiétait sur le doute quant à savoir s’il s’agissait d’un miracle accompli par Dieu. Vu ce que c’était, il ne serait pas surprenant de le voir avec un prix de dix mille pièces d’or à la place.

Cependant, les faits surprenants ne s’arrêtaient pas là. La broche était enchantée d’une capacité d’autoréparation. Il était déjà en territoire de miracle au moment où elle avait été dotée de cet enchantement de qualité artefact, et la broche fragile ayant une capacité d’autoréparation était une bénédiction céleste. C’était littéralement un artefact parmi les artefacts, un objet qui ne devrait en aucun cas exister, mais… c’était aussi une œuvre avec une capacité d’autoréparation. Cela avait permis au duc Walter de savoir ce que c’était vraiment.

« Cela ne peut pas faire partie de la Série Non Accréditée… ? » murmura le duc.

Si c’était le cas, il pouvait comprendre pourquoi une si petite broche était si chère avec ses cinquante pièces d’or, en se basant sur sa valeur en tant qu’œuvre d’art seulement. Si elle faisait partie de la Série Non Accréditée, il ne serait pas surprenant de le voir avec un prix de mille pièces d’or. La broche avait une capacité intégrée d’annuler tous les maux corporels. Il était impossible de mettre un prix dessus. Même s’il échangeait tout ce qu’il avait — son territoire, son statut social, les gens de son territoire — ce ne serait pas un commerce équitable.

– Non. S’il est mis en vedette dans la vente aux enchères, on peut dire sans risque de se tromper que le prix de la vente aux enchères est le prix approprié. C’est tout à fait ridicule, mais dans un certain sens, c’est la vérité. Oui, mais… pensa le duc Walter, à la traîne.

Sans en informer personne à l’avance, cela avait réduit le nombre de concurrents financiers qui pouvaient s’opposer au duc Walter, ce qui lui avait fait se demander quel était l’objectif de Gratt dans tout cela. Pensant raisonnablement, son but serait de saboter n’importe quel concurrent puisque quelqu’un d’autre les exposait aux enchères, mais puisque Gratt agissait en tant que représentant de l’exposant, alors cela n’aurait pas de sens s’il essayait de se saboter. Dans ce cas, le duc Walter s’était mis à réfléchir avant de se remémorer de ce que Gratt lui avait dit.

« La seule chose que je dirai, c’est que cela vient des bonnes grâces d’une certaine fille normale. »

Pourquoi un artefact d’un tel calibre existait-il ? Pourquoi tentaient-ils de vendre un artefact de ce calibre ? Pourquoi avait-il mis l’accent sur le « normal » dans « fille normale » ? Tout cela n’avait aucun sens. Mais ce qui était logique, c’est qu’il n’y avait pas de meilleur objet à offrir en cadeau à sa fille que l’artefact exposé à la vente aux enchères aujourd’hui. Et puis…

« Vite ! Vite ! Récupérez toutes les pièces d’or que j’ai en main tout de suite ! »

Le duc Roadwell et les autres aristocrates avaient aboyé des ordres à leurs serviteurs, mais… ils étaient arrivés trop tard. Il n’y avait personne autour de lui qui pouvait battre le duc Walter avec toutes les pièces d’or qu’il avait recueillies pour le bien de sa fille. Le duc Walter remporta l’appel d’offres pour l’artefact qui allait plus tard porter le nom de la Bénédiction de l’Ange.

Quelques jours plus tard, le président de la Compagnie Marchande Gratt lui avait rendu visite.

« Félicitations, Duc Walter, » déclara Gratt.

« Grâce à vous, Gratt, j’ai pu offrir à ma fille bien-aimée un cadeau délicieusement inattendu. Vous avez toute ma gratitude. Je vous promets que je consacrerai ma vie à me racheter auprès de vous, » déclara le duc.

« Non, comme je l’ai dit la dernière fois, c’est en raison des bonnes grâces d’une certaine fille normale autoproclamée, » répondit Gratt.

« Une fille normale autoproclamée, hein ? Vous savez, je me demandais de quoi vous parliez quand vous m’avez dit ça la première fois, mais…, » répondit le duc.

Dans la description de l’artefact, il était indiqué qu’il avait été créé pendant « le temps libre d’une fille normale ». Cela, combiné avec le fait que Gratt mentionnant que les bonnes grâces d’une fille normale autoproclamée l’avaient rendu possible… En toute logique, l’auteur de cette description et la fille normale autoproclamée étaient une seule et même personne. Naturellement, une fille normale ne serait jamais capable de faire de telles choses. En fait, aucun humain n’en serait capable. Cependant, la Série Non Accréditée n’avait pas été accréditée parce que le créateur n’avait jamais essayé de gagner une réputation pour ces œuvres. On disait aussi que la créatrice était la plus jeune fille des Sangs Véritables. Les Sangs Véritables étaient une tribu qui avait soudainement disparu il y a un millénaire, mais comme on disait qu’ils vivaient pendant plusieurs millénaires, il ne serait pas inhabituel qu’ils vivent encore quelque part dans le monde, même maintenant.

« … Cette fille normale autoproclamée serait-elle…, » murmura le duc.

« Je n’en sais rien, » répondit Gratt.

« Et par là… vous voulez dire “ne pas fouiner” ? » demanda le duc.

« Bien sûr, cela en fait partie, mais je n’en sais vraiment rien. En fait, si j’avais l’audace de donner mon opinion… Je dirais que c’est un ange qui se proclame comme une fille normale, » répondit Gratt.

« … Alors c’est un ange, n’est-ce pas ? Alors tout cela était-il une bénédiction pour ma fille ? » demanda le duc.

« Précisément, » répondit Gratt.

Ce que le duc Walter avait voulu dire n’était qu’une plaisanterie, mais Gratt hocha la tête dans l’affirmation avec sérieux.

« Elle veut aider toutes les filles dans le besoin — c’est sa devise, pour ainsi dire, » déclara Gratt.

« Je vois. Toute fille dans le besoin…, » déclara le duc.

Dans ce cas, elle a indéniablement fait tout ça pour le bien de ma fille. Je dois admettre que je ne comprends pas très bien pourquoi cela devait être fait à une échelle aussi grande, mais… les anges travaillent de façon mystérieuse, se dit le duc Walter.

La fille bien-aimée du duc, Liliane, avait fini par se marier avec la nation voisine. Cependant, sa vie là-bas était loin d’être une expérience facile. Ceux qui essayaient d’améliorer les relations entre les deux nations étaient de son côté, mais ceux qui souhaitaient la guerre étaient constamment après sa vie. Cela dit, elle avait résisté à l’adversité et avait commencé à gagner la confiance de son mari, le futur roi, et on lui avait dit qu’en fin de compte, elle avait beaucoup contribué à améliorer les relations entre les deux nations. Connue sous le nom de la Reine Liliane, elle avait joué un rôle central en tant que pont de paix entre les deux pays. Bien que les gens aient tenté des assassinats par plusieurs méthodes, y compris l’empoisonnement, la raison pour laquelle elle avait pu vivre une si longue vie avait fait l’objet de nombreuses spéculations. Il y avait aussi beaucoup d’absurdité parmi ces spéculations, ce qui rendait difficile de dire trouver la vérité dans tout ça, mais… la théorie la plus plausible était, étonnamment, une anecdote sur la façon dont elle avait été protégée par un ange. On disait que c’était la raison, parce qu’une fois qu’elle était décédée de vieillesse dans ses dernières années, un ange était descendu du ciel devant tous ceux qui pleuraient pour elle… Cependant, rien n’avait jamais été dit avec certitude.

***

Histoire parallèle 2 : Une jeune fille normale qui passe dans les coulisses d’une famille de vicomte

Une fois par mois, une vente aux enchères se tenait régulièrement dans une salle de réception de la Capitale Impériale. Dans le coin de la salle fervente se tenait nerveusement Lucrezia, la fille de la Maison du vicomte Wilderness, qui venait d’avoir quinze ans hier.

Le domaine des Wilderness que son père dirigeait possédait une vaste quantité de terres, une quantité inattendue par rapport à un vicomte normal, mais… la majorité de ces terres étaient des terres stériles qui ne pouvaient pas du tout faire pousser de la végétation. Néanmoins, sa famille avait consacré ses efforts à la protection continue de la population de son territoire. Et les gens avaient répondu à leur tour au zèle du vicomte Wilderness en continuant à travailler pour enrichir le territoire en difficulté. Cependant, il y avait environ un millier d’années que les gens avaient commencé à vivre dans le territoire des Wilderness. La vie des gens ne s’améliorant pas, le nombre de citoyens vivant dans la région avait diminué, ce qui avait fait que la gestion du territoire avait atteint ses limites. De plus, le père de Lucrezia, le vicomte Wilderness, s’était effondré hier à cause de la fatigue. À ce rythme, il ne serait pas en mesure de gérer correctement le territoire ou de payer le salaire de ses vassaux. Si cela continuait, le roi finirait probablement par s’emparer de tout le territoire.

C’est pourquoi Lucrezia était venue aux enchères, son désir d’aider son père brûlant dans son cœur. Elle était venue mettre sa broche, un souvenir hérité de sa mère, à la vente aux enchères. Naturellement, elle n’aimait pas mettre en vente un souvenir de sa mère, d’autant plus qu’elle savait que c’était une broche qui se transmettait de génération en génération, sa mère en héritant de sa mère, et ainsi de suite. Cependant, elle s’était aventurée à dire que sa mère l’autoriserait puisque c’était pour protéger son père, le domaine et les gens qui y vivaient. Le vrai problème était de savoir combien elle pouvait le vendre.

La broche était ornée d’une pierre magique, mais malheureusement, il n’y avait pas d’enchantement à l’intérieur. Quoi qu’il en soit, elle avait été décorée magnifiquement, et cela valait au moins trente pièces d’or. Elle pouvait mettre ses espoirs même sur cinquante pièces d’or, si elle était assez chanceuse. La zone de la vente aux enchères était bizarrement fervente aujourd’hui. Elle pourrait même être en mesure de vendre sa broche à un prix encore plus élevé. Trente pièces d’or couvriraient les salaires de leur personnel actuel. Cinquante couvrirait l’aide aux populations démunies du territoire en plus de cela. Et une centaine de pièces pourraient même finalement mettre en mouvement leurs plans de culture stagnants. Du moins, c’est ce dont elle rêvait. Cependant…

« Ça… ne peut pas être… »

Lucrezia s’était retrouvée dans la salle une fois que les enchères avaient commencé pour sa broche, mais ce qu’elle avait vu n’était pas un rêve — c’était un cauchemar. Tout aristocrate était censé sauter sur l’occasion de posséder une broche aussi délicate qui avait été mise en exposition. Malgré cela, pas un seul des aristocrates ne s’était montré intéressé. Ce qui voulait dire…

« Dix-huit pièces d’or. J’ai dix-huit pièces d’or. D’autres enchérisseurs ? Une fois, deux fois… »

Ils l’achetaient probablement pour la revendre. Une poignée de commerçants s’était lancée dans une courte guerre d’enchères, mais l’opposition avait rapidement abandonné. Il semblait probable que l’offre gagnante porterait sur dix-huit pièces d’or. Cependant, seulement dix-huit pièces d’or rendraient difficile le paiement du salaire de leurs vassaux. Dans ce cas, cela avait rendu inutile de mettre aux enchères le souvenir de sa mère.

« … Maman, je suis désolée. Maman… Hic… Sniff… » Lucrezia leva ses petites mains blanches alors que de grosses gouttes de larmes s’écoulaient de ses yeux. En tant que tel, ce conte s’était terminé en tragédie — c’est du moins ce qu’il semblait, mais il y avait encore plus dans l’histoire.

Quelques mois s’étaient écoulés depuis la vente aux enchères et, le père de Lucrezia étant toujours en mauvaise santé, les finances de la Maison du vicomte Wilderness avaient finalement touché le fond. Elle s’était résignée au fait que la fin approchait, mais un jour, la servante de Lucrezia l’informa qu’elle avait un visiteur qui était venu la voir. Cependant, elle n’avait aucune idée de qui cela pouvait être, car elle n’avait aucune connaissance qui lui rendrait visite à cette époque de l’année. Le mieux qu’elle ait pu trouver, c’est d’être un commerçant ou une personne fortunée qui essayait de l’épouser en échange d’une aide pour la Maison du vicomte Wilderness — avec une arrière-pensée d’obtenir le poste de vicomte Wilderness. Elle était dans une telle situation qu’elle ne savait même pas si ce genre de proposition était faisable ou non.

Selon les conditions, je le ferai pour protéger les vassaux et les habitants du territoire, se dit Lucrezia, en prenant sa décision.

« Qui pourrait être ce visiteur ? » demanda Lucrezia.

« Elle s’est présentée comme une “fille normale qui passait par là”, milady, » répondit la servante.

« … Et elle est venue nous voir ? » demanda Lucrezia.

« C’est comme je l’ai dit, milady, euh… elle a dit qu’elle était une “fille normale qui passait par là”, » répéta la servante.

« Je ne comprends pas ce que vous dites. Une fille normale ne viendrait pas visiter la maison d’un vicomte, même si elle disait qu’elle ne fait que passer, » déclara Lucrezia.

« Oui, eh bien, euh… bien que je pense aussi que votre argument est solide, elle semble être habillée d’une tenue assez chère et exquise. Ce qui signifie qu’elle pourrait être…, » répondit la servante.

« Une espionne… n’est-ce pas ? Je comprends. Quoi qu’il en soit, j’irai rencontrer cette personne. »

Lucrezia avait rapidement remis de l’ordre dans sa tenue et s’était dirigée vers le salon où son visiteur l’attendait. Il y avait là une jeune fille si adorable qu’elle était devenue si étourdie en pensant que cette personne se considérait comme une « fille normale ».

« Enchanté, Lady Lucrezia. Je suis une fille normale qui ne fait que passer dans le coin, » déclara la fille.

« Oh, euh, oui. Bonjour, je suis Lucrezia. À noter que nous sommes les seuls ici, donc…, » déclara-t-elle, laissant en arrière la connotation que c’était bien pour elle de laisser tomber toute prétention et de révéler sa véritable identité, mais la fille normale autoproclamée qui passait par là la regardait d’une manière adorable, mais confuse. Elle jouait probablement l’idiote, un signe clair qu’elle n’avait pas l’intention de révéler qui elle était. « Puis-je vous demander si vous êtes une sainte femme qui fait des rondes, ma bonne sœur ? »

« Ma bonne sœur !? » s’exclama l’autre.

Elle ne connaissait pas le nom de cette jeune fille et, pour essayer d’obtenir plus d’informations, elle s’adressa à elle comme une femme de l’église, mais la jeune fille autoproclamée qui passait par là lui avait fait une réaction plus vive qu’elle n’en avait prévu.

« Je m’excuse pour ma supposition grossière. Est-ce que je vous ai énervée en vous traitant de sœur ? » demanda Lucrezia.

« Hein ? Oh, non, pas du tout, » répondit l’autre.

« Je ne l’ai pas fait ? » demanda Lucrezia.

« Non, pas du tous. En fait, je préfère ça, » déclara l’autre.

Lucrezia n’arrivait pas à comprendre, mais cette fille souriait d’une oreille à l’autre. Et bien qu’elle n’ait pas compris, elle avait supposé que cela allait peut-être bien aller — probablement.

Mais elle n’avait pas du tout compris.

Quoi qu’il en soit, Lucrezia avait décidé d’aller de l’avant et de demander plus de détails.

« Dans ce cas, en quoi puis-je vous être utile ? » demanda Lucrezia.

« Je voulais vous poser quelques questions sur cette broche, » déclara l’autre.

« C’est… ! » s’exclama Lucrezia.

Les yeux de Lucrezia s’étaient ouverts en grand. La fille normale autoproclamée qu’elle ne pouvait pas tout à fait comprendre avait sorti une broche de nulle part. C’était la même broche qui avait servi de souvenir à sa mère, la même broche qu’elle avait vendue aux enchères à contrecœur.

« Mais pourquoi avez-vous cela… ? Non, quelle question idiote ! Vous avez dû l’acheter au marchand qui a gagné l’enchère, n’est-ce pas ? » demanda Lucrezia.

« Euh-uh, il me l’a donnée. On dirait qu’il a remarqué que ça m’intéressait, » répondit l’autre.

« … O-Oh, je vois. » Un objet assez précieux pour décider du sort de toute une région, et cela lui avait été offert en cadeau par intérêt passager.

Comment se considère-t-elle comme une fille normale à ce point ? Lucrezia pensa cela, comparant leurs circonstances et se retrouvant assaillie de tristesse.

« Alors, oui, à propos de cette broche. C’est bien vous qui avez exposé ça à la vente aux enchères, n’est-ce pas ? » demanda l’autre.

« Oui, c’est exact. Mais qu’en est-il, si je peux me permettre ? » demanda Lucrezia.

« Pourriez-vous me dire où vous avez acquis cette broche ? » demanda l’autre.

« Cette broche est un souvenir de ma mère, » déclara Lucrezia.

« Un souvenir de votre mère…, » la fille autoproclamée qui passait par là semblait quelque peu surprise par la révélation. Lucrezia avait senti que c’était une réaction qui lui reprochait d’avoir vendu le précieux souvenir lors d’une vente aux enchères, alors elle avait fini par essayer de s’expliquer. « Mais je ne l’ai vendue que pour protéger les habitants de notre région. »

« Et votre mère ? Vous a-t-elle dit qui lui a donné ça ? » demanda l’autre fille.

« Euh… ma mère a dit qu’elle en avait hérité de sa mère. Cette broche a été transmise de génération en génération, » déclara Lucrezia.

« De génération en génération… Oui… Je vois…, » la fille normale autoproclamée qui passait par là, regardant au loin avec nostalgie. Bien que la jeune fille ne paraisse que quelques années plus âgée que Lucrezia, son expression donnait l’impression d’avoir un passé chargé d’histoire.

« … Quelque chose ne va pas, ma bonne sœur ? » demanda Lucrezia.

« Hmm-hm, pas du tout, » déclara la jeune fille, ses yeux prenant une tournure plus douce en regardant Lucrezia. En même temps, son ton plutôt réservé jusqu’alors devenait plus décontracté. C’était un peu trop familier, mais pas à Lucrezia. Bien au contraire, le ton était empreint de nostalgie, pour une raison ou une autre. Lucrezia trouvait ses propres émotions confuses.

« Est-ce la seule chose dont vous vouliez parler ? » demanda Lucrezia.

« Hm… J’étais juste un peu incertaine, mais je vais vous rendre cette broche, » déclara l’autre.

« … Hein ? » s’exclama Lucrezia.

Lucrezia sursauta de choc lorsqu’elle découvrit la broche épinglée sur sa poitrine d’une manière ou d’une autre. La fille était assise sur le canapé de l’autre côté de la table, alors comment diable avait-elle épinglé l’accessoire sur la poitrine de Lucrezia ? Cette question avait dû attendre, car il y avait une question plus urgente à régler.

« Vous avez dit que vous me le rendiez, mais pour ce qui est de l’argent pour la racheter, je…, » commença-t-elle, mais elle se sentait si pathétique qu’elle ne pouvait pas finir sa phrase. La passante autoproclamée, cependant, secoua doucement la tête en réponse.

« Si vous me promettez que vous n’y renoncerez plus jamais, l’argent n’est pas nécessaire, » déclara l’autre.

« Non, mais…, » déclara Lucrezia.

« C’est très bien. En plus, j’ai moi-même fait une promesse, » répondit l’autre.

« … Une promesse ? » demanda Lucrezia.

« Hmm-hmm. J’ai fait une promesse avec Misha. Je lui ai dit qu’une fois qu’elle aurait fait quelque chose d’important, je créerais un enchantement pour le protéger, » déclara l’autre.

« Misha …? » demanda Lucrezia.

La première chose qui était venue à l’esprit de Lucrezia quand elle avait entendu le nom « Misha » avait été la noble femme qui avait reçu le poste de vicomte après toutes ses grandes réalisations — le premier vicomte Wilderness. Mais c’était tout simplement impossible. La maison du vicomte Wilderness existait depuis environ un millénaire. La première vicomtesse, Misha, et cette fille normale autoproclamée qui passait par là ne pouvaient pas se connaître. Mais il y avait en fait quelque chose d’encore plus inquiétant…

« Qu’entendez-vous par “enchantement” ? » demanda Lucrezia.

« Simple. Le pouvoir pour Misha — pour vous — afin de protéger ce que vous voulez protéger, » à la seconde où la fille normale autoproclamée qui passait par là déclara ça un miracle s’était produit. Un cercle magique complexe et incroyablement grand commença à se déployer autour de la fille, avec elle au centre. Une lumière sacrée se répandit dans toute la pièce… et finalement, la lumière fut absorbée dans la broche qui brillait sur la poitrine de Lucrezia.

« Quoi… qu’est-ce que c’était à l’instant ? » Lucrezia avait posé la question, mais la fille normale autoproclamée qui passait par là avait juste souri sans aucune réponse.

« D’accord, alors, je vais y aller. » Aussi vite que la jeune fille avait réussi à dire cela, elle s’était levée et avait honnêtement essayé de partir, c’est pourquoi Lucrezia s’était empressée de lui dire d’attendre.

« … Avez-vous quelque chose à me dire ? » demanda l’autre.

« Euh, eh bien… Cette broche. S’il vous plaît, emmenez-le avec vous, » déclara Lucrezia.

« … Comment ça ? Je pensais que cette broche vous rappelait aussi de bons souvenirs, » déclara l’autre.

« Oui, c’est pour cela. Je ne sais pas ce qui pourrait arriver à l’avenir. Mais je ne pense pas pouvoir garder des objets de valeur sur moi, que je le veuille ou non, » répondit Lucrezia.

Que la terre ait été saisie par le roi ou qu’un riche l’ait achetée pour ses propres desseins, il y avait de fortes chances qu’on lui enlève la broche. C’était le facteur décisif qui l’avait amenée à vouloir que la fille s’y accroche à la place. Cependant…

« Ce ne sera pas nécessaire, » déclara l’autre.

« Ce ne sera pas… nécessaire ? Qu’entendez-vous exactement par…, » demanda Lucrezia.

Après avoir commencé à demander, la jeune fille avait commencé à lui donner une explication incroyable. Elle avait expliqué qu’une grande compagnie appelée la Compagnie Marchande Gratt était prête à fournir de l’aide au territoire du vicomte Wilderness. Non seulement ils fourniraient de l’aide financière ainsi que de l’aide pour la pénurie alimentaire, mais ils fourniraient aussi l’aide la plus gracieuse en envoyant de la main-d’œuvre pour les aider. Une fois qu’elle avait entendu cela, Lucrezia s’était décidée à vendre son âme en échange. Malgré cette détermination, tout ce qu’ils voulaient en guise de compensation, c’était, si le territoire de vicomte Wilderness commençait à prospérer, une entente avec eux pour vendre leurs produits locaux et d’autres produits avec la Compagnie Marchande Gratt. C’est tout ce qu’elle avait à dire. Le territoire du vicomte Wilderness était appauvri. Même s’ils avaient reçu l’aide de la Compagnie Marchande Gratt, il était douteux qu’ils puissent conclure une entente qui satisfasse la grande entreprise. Il y avait aussi le fait que le territoire du vicomte Wilderness n’avait aucun « produit local » à proprement parler. En toute logique, cette entreprise ne pouvait pas du tout profiter à la Compagnie Marchande Gratt. Lucrezia lui avait dit tout ça, mais…

« Teehee, vous le verrez en temps voulu, » déclara l’autre.

« Je vais le voir ? Vous… quoi ? » demanda-t-elle, ne sachant pas ce qu’elle voulait dire.

La fille normale autoproclamée qui passait par là, par contre, avait simplement souri comme un ange sans répondre à sa question. Au lieu de cela, elle s’était contentée de parler.

« Misha… Je sais que je suis en retard pour ma promesse… mais j’ai tenu ma promesse. »

Ses yeux doux étaient dirigés vers Lucrezia — non, vers la broche épinglée sur sa poitrine. Dès qu’elle l’avait fait, une lumière pâle avait enveloppé la fille. Et une fois que la lumière s’était dispersée… elle n’était nulle part.

« Madame, je vous ai apporté du thé. Milady… ? Je vais entrer. »

Est-ce que tout cela n’était qu’un rêve… ? Lucrezia s’était assise en pensant cela, stupéfaite, alors que sa servante entrait dans la pièce entre-temps. En parcourant la pièce, la bonne remarqua que Lucrezia était la seule présente et se trouva perplexe.

« Oh, mon Dieu, où est allée votre invitée ? » demanda la bonne de Lucrezia en regardant Lucrezia dans la pièce. Il n’y avait aucune trace de la fille dans la pièce.

Mais… Lucrezia se mit à bouger la tête, remarquant la broche qui ornait sa poitrine.

« Elle… est déjà rentrée chez elle, » déclara Lucrezia.

« Oh, je vois. Qui était-elle, si je peux me permettre ? » demanda la bonne.

« Bonne question… Qui était-elle ? » En ne parlant même pas des accords incroyables, le souvenir de sa mère était de retour auprès de Lucrezia, alors… « C’était peut-être un ange de passage. » Lucrezia regarda par la fenêtre en touchant doucement la broche.

Le territoire du vicomte Wilderness était au bord de la faillite, mais un jour, il avait commencé à revenir rapidement à la vie. Le chef de la maison, qui avait été alité, s’était rétabli et la Compagnie Marchande Gratt avait commencé à fournir de l’aide à peu près au même moment. Au début, les autres commerçants qui avaient appris cela avaient commencé à dire que Gratt essayait simplement d’obtenir la position de vicomte pour lui-même, mais la Compagnie Marchande Gratt avait nié cela et avait déclaré que leurs actions étaient dans l’intérêt de futurs achats et ventes. Tous les autres marchands avaient ri en disant que la Compagnie Marchande Gratt, une entreprise qui s’était développée rapidement ces derniers temps, devenait trop orgueilleuse et faisait un pari téméraire.

Cependant… quelques années s’étaient écoulées et le territoire du vicomte Wilderness avait été revitalisé. Les terres désertiques autrefois stériles avaient pris vie, rendant la terre naturellement prospère et fertile. Non seulement cela, mais ils avaient même commencé à cultiver des fruits mystérieux qui avaient commencé à devenir extrêmement populaires dans le pays — ses origines enveloppées dans le mystère. Ainsi, le territoire du vicomte Wilderness s’était complètement transformé en une région importante et prospère à l’intérieur du pays. On ne savait pas comment ils étaient soudainement capables de cultiver des produits. Selon les rumeurs, le département du Commerce de Gratt leur aurait fait part de certaines connaissances, mais il n’y avait pas un seul document qui l’affirmait avec certitude. Il y avait aussi des légendes selon lesquelles les terres abandonnées que la fille bien-aimée du vicomte Wilderness avait visitées auraient rendu leur sol riche et abondant… Cependant, rien de concret n’avait jamais été dit. Et, finalement, cela avait été considéré comme l’une des sept merveilles de la Maison du vicomte Wilderness.

***

Histoire parallèle 3 : Une fille normale soupçonnée de préférer les filles

Ristia, la plus jeune fille des Sangs Véritables, avait été détachée de ses pulsions vampiriques jusqu’à tout récemment. Elle ne savait jamais pourquoi les autres membres de sa race céderaient à leurs compulsions, mais c’était seulement jusqu’à ce qu’elle soit agressée par ces mêmes pulsions et qu’elle prenne du sang de Maria. Elle avait planté ses crocs à nu dans le cou de Maria et avait sucé son sang. Et au moment où elle l’avait fait, elle avait finalement compris — elle avait compris à quel point boire le sang d’une personne qui vous était chère était vraiment doux pour un vampire. Maria était comme une petite sœur pour elle, et le fait que son sang coule dans sa gorge et se dissolve dans son corps n’avait pas satisfait une soif dans sa gorge — non, cela avait satisfait une soif dans son cœur.

Ristia avait été emplie par l’envie de retrouver cette sensation euphorique. Avec cette envie qui la parcourait, elle avait agi au cours d’une nuit. La lune la baignait d’une lueur cramoisie. Ristia alla voir Maria alors qu’elle remettait de l’ordre après le dîner de ce soir-là, prit sa manche et l’appela par son nom.

« Maria…, » murmura Ristia.

« Directrice Ristia ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Maria.

« Euh, eh bien…, » en ne sachant pas comment proposer sa demande, Ristia hésita maladroitement.

« Est-ce ce que je pense que c’est… ? » demanda Maria.

« … Mm-hmm, cette envie de te voir est de retour, » déclara Ristia.

« Je vois… D’accord. Alors, cette fois-ci… ce soir, je viendrai dans ta chambre, d’accord ? » demanda Maria.

« … Merci, Maria, » répondit Ristia.

Un peu timide, Ristia était retournée dans ses quartiers.

 

◇◇◇

« … Ce soir, je viendrai dans ta chambre, d’accord ? » Maria répondit à Ristia en chuchotant. Allen avait entendu ce qu’elle avait dit par coïncidence, mais il n’avait pas pu empêcher son cœur d’être en plein dans la tourmente.

« … Je comprends. Je viendrai dans votre chambre ce soir. »

L’image de Maria disant cela alors qu’elle avait un front plissé lui traversait la tête. Elle parlait à l’ancien directeur, Georg, et Maria affichait dans ces moments-là une expression qui lui faisait mal au cœur. Le jeune Allen n’avait aucune idée de ce qu’était cette discussion à l’époque. Non, même maintenant, il ne comprenait pas vraiment. Ce qu’il savait, c’est que le directeur Georg forçait Maria à faire quelque chose qu’elle ne voulait pas faire, et c’est pourquoi il détestait le directeur Georg, et aussi Ristia, qu’il croyait être de mèche avec Georg.

Tout avait changé quand Ristia avait mis à la porte l’ancien directeur et était devenue leur sauveuse. Toute sa méfiance avait fini par être inutile, et Ristia était devenue l’amie de tous les enfants. Mais c’était exactement pour cela qu’un tel échange avait rendu frénétique le cœur d’Allen. Cela l’avait fait réfléchir à la possibilité que Ristia puisse être la même que le directeur Georg après tout.

« Non, c’est impossible. La directrice Ristia nous traite tous si gentiment…, » murmura Allen.

La directrice Ristia et le directeur George étaient beaucoup trop différents l’un de l’autre. Cela devait être un malentendu. Allen y pensa fermement et passa à l’action, contrairement à la période avec le directeur Georg, quand il avait trop peur de faire quoi que ce soit. Ce soir, il allait vérifier par lui-même ce qui se passait dans la chambre de Ristia. Ce qu’il avait vu était…

« Maria, Maria, Maria… Je… ne peux plus me contenir, » murmura Ristia.

« Hyaa… mm… ! Ah… Hum… Allons, directrice Ristia… tu n’as pas besoin d’être si impatiente, » répondit Maria.

Jusqu’aux petites heures de la nuit, Allen gardait l’oreille ouverte à l’extérieur de la porte des quartiers de Ristia, où il entendait les voix douces et envoûtantes de Ristia et de Maria. Bien sûr, ce qu’elles faisaient dans la salle était simplement — peut-être ou peut-être pas sûr de le dire, mais c’était une activité liée aux vampires et pas du tout le type d’action que vous auriez associé à leur conversation. Cependant, Allen avait mal interprété leur conversation, pensant que les deux femmes se trouvaient au milieu de quelque chose de vilain. Tout le sang s’était immédiatement précipité dans la tête d’Allen. Dans son esprit, Ristia forçait Maria à faire quelque chose. Il devait s’assurer que ce soit la vérité ou simplement un malentendu. Alors, en gardant cela à l’esprit, Allen avait posé sa main sur la poignée de porte et avait ouvert la porte si légèrement… pour jeter un coup d’œil sur ce qui se passait à l’intérieur. Il avait ouvert la porte aussi étroitement que possible afin d’éviter d’être repéré, de sorte qu’il avait un champ de vision extrêmement limité. Malgré cela, le lit à baldaquin était parfaitement aligné dans son champ de vision. Et au sommet de ce lit à baldaquin, il avait vu le profil latéral de Maria enlacée par Ristia.

« Ah… euh… Hmm ! Directrice Ristia, attends, tu vas trop loin… ! » Maria se tortilla et poussa doucement Ristia au loin. Cela envoya l’idée fausse que Ristia forçait en effet Maria à se surmener, jusqu’à ce que…

« Hmm… Ah… Hmm… Directrice Ristia, sois un peu plus douce. Sinon, je vais… Hmm ~ !! »

Elle s’était mordu les doigts pour ne pas gémir alors que son corps tremblait de partout. L’expression captée sur son visage avait des allusions de joie, mais il n’y avait pas la moindre trace de mépris. Ristia ne la forçait pas, Maria l’acceptait délibérément. C’était des choses qu’Allen comprenait.

« … Hmm, je suis désolée. C’est de plus en plus dur de me freiner, » répondit Ristia.

« Oh, Directrice Ristia ~, mais je suis heureuse que tu me veuilles tant que ça, » déclara Maria.

« Maria… Hehehehe. Alors, ça ne te dérange pas si j’y vais encore un peu ? » demanda Ristia.

« Oh, bon sang… Qui suis-je pour dire non ? D’accord, juste une dernière fois, compris ? » demanda Maria.

« Oui, merci, Maria ! » déclara Ristia.

Ristia avait pris Maria dans ses bras et la poussa jusqu’au lit. Les deux disparurent alors de la vision d’Allen, mais les doux cris et les faibles bruits de succion de Maria résonnèrent partout.

Ce que les deux femmes faisaient… en fait, ce n’était pas ce qu’il semblait, mais la chose que n’importe quel adulte voudrait voir et cette vue n’était pas quelque chose qu’Allen lui-même était capable d’imaginer. Bien qu’il ait pu comprendre une chose — Ristia et Maria avaient une relation hors de l’ordinaire. Maria était la plus jolie et la plus gentille fille plus âgée de tout l’orphelinat, et Allen avait des sentiments pour elle, c’est pourquoi cette vue était si choquante pour lui — si choquante qu’il avait fui. Bien qu’il se soit enfui, Allen s’était battu jusqu’au bout avec le directeur Georg. C’était un enfant, mais il avait un cœur endurci. Puis, le lendemain…

« Croyez-moi, je ne vous donnerai pas la Grande Soeur Maria, directrice Ristia ! » déclara Allen, assis à la table du petit-déjeuner, déclarant une guerre sans merci contre Ristia. Les yeux de Maria s’étaient élargis alors qu’elle était en état de choc, et les autres enfants avaient été laissés sans expression. Le doigt pointé vers elle, Ristia répondit avec un large sourire,

« Ne t’inquiète pas. Je vous aime tous. Je n’essaierais pas de prendre quelqu’un à qui que ce soit. Je donnerai à chacun de vous l’affection que vous méritez, » dit-elle avec les connotations que cela implique, Yup! Je suis la Grande Sœur de tout le monde ! Et même si c’était son intention, la réponse qu’Allen avait donnée après avoir vu la vue d’hier n’était pas celle qu’elle attendait. Et donc…

« Je ne vous montrerai aucune pitié, directrice Ristia ! Je ne me laisserai pas piéger par vos ruses ! » s’écria Allen.

Le malentendu d’Allen allait encore plus loin. Allen n’était qu’un enfant, mais il était conscient de ses sentiments pour Maria. Ainsi, pour qu’il ne vacille jamais face à Ristia, il s’entraîna et atteignit plus tard des sommets pour être appelé « héros » par les autres… Cependant, c’est une histoire pour une autre fois.

***

Histoire parallèle 4 : Le cours de cuisine de Ristia

C’était à peu près à l’époque où l’orphelinat était encore en reconstruction que Maria avait été convoquée dans la cour arrière de l’orphelinat, où elle avait rencontré Ristia.

« Tu vas faire une cafétéria dans l’orphelinat ? » demanda Maria.

« Ouais, bien sûr que je vais le faire ~ ! » Ristia répondit avec un large sourire, mais Maria avait l’air dubitative.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Es-tu contre une cafétéria à l’orphelinat ? » demanda Ristia.

« … Non, je pense que ça marchera dans l’intérêt de tout le monde, mais chaque fois qu’un homme touche mon corps sans prévenir, euh… ça fait remonter de mauvais souvenirs, » déclara Maria.

Alors qu’elle avait été forcée très jeune par l’ex-directeur à se porter volontaire, Maria craignait d’être touchée par les hommes. C’est pourquoi elle pensait qu’elle ferait une serveuse plutôt nulle, mais… voyant Maria comme ça, Ristia avait serré son petit corps dans ses bras.

« Tout va bien se passer. J’avais prévu de t’avoir en charge de la cuisine, pas d’être serveuse » déclara Ristia.

« … Moi, responsable de la cuisine ? Mais je ne sais cuisiner que le strict minimum, » répondit Maria.

« Mais tu étais responsable de la cuisine à l’orphelinat, n’est-ce pas ? » demanda Ristia.

« Techniquement, oui, mais… mes ingrédients étaient limités, et j’avais seulement le droit d’utiliser le strict minimum de bois de chauffage, donc je n’ai pas grand-chose dans mon répertoire, » répondit Maria.

« Alors, cela ne devrait pas être un problème. Je m’assurerai de bien t’apprendre la cuisine, » déclara Ristia.

« … Toi, directrice Ristia ? Cuisiner ? » demanda Maria.

La directrice Ristia n’avait jamais trahi les attentes de Maria ou des autres enfants. Cela dit, le fait de dépasser toutes leurs attentes était un fait courant.

« … Je ne sais pas trop comment ça va se passer, » déclara Maria.

« Oh, tout ira bien. Ne t’inquiète pas, » répondit Ristia.

« … Si tu insistes, directrice Ristia, » répliqua Maria.

« Hehehehe. Maintenant, commençons les cours de cuisine ~ ! » Ristia s’était totalement retournée, en tournant le dos à Maria qui lui avait ouvert les bras. Immédiatement après, une adorable maison s’était manifestée juste en face de Ristia.

« … Hein ? Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Maria.

« C’est ma cuisine. Toujours pratique à avoir à portée de main, donc je ne quitte jamais la maison sans elle ~, » répondit Ristia.

« … Oh, je vois, » murmura Maria.

Normalement, on ne se contente pas d’avoir une cuisine sur soi. C’était la blague qui avait le plus de sens, mais Maria s’était abstenue de le faire. Après tout, elle savait que même si elle faisait des commentaires pour démêler son argument, cela n’aurait jamais de fin logique.

« D’accord, je vais rentrer maintenant, » déclara Maria avant d’ouvrir la porte et d’entrer dans la pièce.

« Oh, ça te dérange d’enlever tes chaussures ? » demanda Ristia.

« … Mes chaussures ? Eh bien, non, ça ne me dérange pas. » Maria enleva ses chaussures comme on lui avait dit et entra dans la pièce. Là, alignés en parfait ordre, se trouvaient des ustensiles de cuisine que Maria n’avait jamais vus auparavant.

« … Et nous y revoilà avec tous ces trucs étranges et étonnants, » déclara Maria.

« Il y a un réfrigérateur et un congélateur rapide. C’est une centrifugeuse, et… euh, si je t’explique tout cela maintenant, je suppose que tu ne seras pas en mesure de tout traiter. Commençons par préparer quelque chose, » déclara Ristia.

« … Oui, faisons ça à la place, s’il te plaît. » Elle ne laissait pas baisser sa garde face à tous les objets magiques que Ristia avait en sa possession.

Si je demande une explication et que je suis choquée par ce que chaque chose fait, ce sera la tombée de la nuit avant que nous n’ayons fini, pensa Maria en choisissant de jeter un coup d’œil sur les choses.

« Bon, voyons voir, alors… Ah, oui, oui. Je vais t’apprendre à faire un gratin de crevettes, » déclara Ristia.

« … Je ne sais pas ce qu’est un gratin aux crevettes, mais je vais quand même regarder et apprendre, » déclara Maria.

« Bien. Alors, d’abord, nous prendrons ces crevettes fraîches que j’ai sorties… et après les avoir préparées…, » déclara Ristia.

Les choses qu’elle appelait « crevettes » avaient été coupées en tranches en un instant.

« Ensuite, nous éplucherons et hacherons nos oignons et les placerons dans une poêle recouverte de beurre, » déclara Ristia.

Les oignons avaient également été coupés en fines tranches en un instant, et il ne fallut que dix secondes avant qu’un arôme sucré ne sorte de la poêle à frire. Maria tenait sa tête, sans voix.

« … Directrice Ristia, je ne suis pas sûre de ce qui vient de se passer, » déclara Maria.

« Hein ? Alors, essayons encore une fois… Voilà, » déclara Ristia.

Une fois qu’un bruit de sifflement se fit entendre, une autre poêle à frire était apparue. Et à l’intérieur, il y avait déjà les mêmes ingrédients qui grésillaient.

« Non, euh, ce que je voulais dire… Je n’ai pas pu voir ce qui vient de se passer, » déclara Maria.

« Oh. D’accord, d’accord. Je te comprends. Désolée, » s’excusa la directrice Ristia avec un sourire adorable, cette fois-ci en montrant lentement et soigneusement comment elle avait pelé les crevettes. « Au fait, il est important de retirer le tube digestif à l’intérieur ~. »

« Mm-hmm, mm-hmm, je vois, » murmura Maria.

« Oh, et un autre mot, les oignons… Tu sais ce que sont les oignons, hein ? » demanda Ristia.

« Oui, je suis bonne là-dessus. Mais passons à autre chose… C’est quoi ce truc de “beurre” ? » demanda Maria.

« Le beurre, c’est quand on prend du lait comme ça, et…, » la directrice Ristia avait pris un biberon rempli de lait et avait commencé à le secouer d’un côté à l’autre.

Comment peut-on laisser exister quelque chose d’aussi mignon ?Hein ? Mais en regardant de plus près la main qu’elle secoue, on a l’impression qu’elle produit des post-images… Non, c’est juste mon imagination, non ? Combien de force met-elle pour secouer ce truc ? pensa Maria, stupéfaite.

« Et comme ça, en utilisant la force centrifuge, on le sépare, on ajoute du sel à la crème fraîche qu’on vient de faire, et on le fouette, » déclara Maria.

Le beurre terminé était posé sur une assiette sur la table. Il n’était pas là il y a une seconde, mais la bouteille qui était censée être dans la main de la directrice Ristia avait également disparu, donc c’était très probablement l’état actuel du contenu de la bouteille.

« C’est du beurre ? » demanda Maria.

« Mm-hmm, c’est délicieux quand tu l’étales sur du pain ~… Maintenant, dis “aaah”, » Ristia avait pris du beurre sur son doigt et présenta ce doigt à Maria. Maria hésita une seconde, mais elle mit ses lèvres sur le doigt de la directrice Ristia.

Oh, cela a un goût assez inhabituel… Pourtant, le doigt de la directrice Ristia est mince et doux.

« … Mm ! Tout ce léchage sur mon doigt me chatouille ~, » murmura Ristia.

« O-Oh, je suis désolée ! » Maria avait éloigné sa bouche du doigt de la directrice Ristia, paniquée.

« Hehehehe, je suis contente que tu aies l’air d’aimer ça. Très bien, c’est l’heure du reste de la leçon, » déclara Ristia.

« Oui, continue, s’il te plaît. » Le cœur de Maria battait à toute allure, quelle qu’en soit la raison, alors qu’elle recevait le reste de sa leçon de la directrice Ristia.

Au début, il y avait beaucoup de cas où Maria s’embrouillait à propos des démonstrations de cuisine qui se terminaient avant même d’avoir eu le temps d’y faire attention, mais Ristia s’était peu à peu habituée à tout cela, et ses méthodes d’enseignement s’étaient améliorées avec le temps. C’est ainsi que Maria commença à acquérir de plus en plus d’éléments à son répertoire, et elle avait fini par se développer jusqu’à ce qu’elle soit une assez bonne cuisinière pour être considérée comme le bras droit de Ristia. Mais ce qui avait le plus plu à Maria, c’est qu’elle avait pu cuisiner avec la directrice Ristia, le soleil dans sa vie.

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Illustrations

Fin du tome 1.

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