Nozomanu Fushi no Boukensha – Tome 11 – Chapitre 1 – Partie 8

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Chapitre 1 : Attaque-surprise

Partie 8

Malgré la taille du vieux géant et le fait qu’il défiait le bon sens, il n’en restait pas moins un être vivant. Un puissant coup de tonnerre traversant tout son corps n’était pas à dédaigner.

« On l’a eu, non ? » marmonna Augurey. Nous nous approchions tous deux lentement du vieux géant. Nous tenions nos épées en l’air, prêts à l’éventualité qu’il se relève.

Augurey atteignit le vieux géant et le frappa de la pointe de son épée. Il ne réagit pas.

« On dirait que c’est le cas, » dit Augurey en se tournant vers moi. « Dieu merci, c’est une bonne chose. »

Mais alors qu’il poussait un soupir de soulagement…

« Augurey ! » avais-je crié.

Dans un souffle de vent, le bras du vieux géant se déploya. J’avais attrapé Augurey et j’avais sauté en arrière, prenant rapidement de la distance.

« Grrraaahhh ! » Le vieux géant poussa un cri mi-humain, mi-bestial, et commença à se redresser lentement. Il posa sa main sur le sol et, d’une forte poussée, se mit debout.

« Vous vous moquez de moi ! » dit Augurey. Il était toujours dans mes bras, regardant le vieux géant.

Je ne pouvais pas lui reprocher d’être choqué, je l’étais aussi. « Incroyable » n’était pas le mot pour décrire la quantité d’endurance et de résistance qu’il fallait pour se relever après avoir subi un tel assaut de sortilèges. Le vieux géant était un monstre qui brisait toutes les règles, purement et simplement.

« Mais ça lui a fait mal », avais-je dit en laissant tomber Augurey. « C’est certain. »

En observant calmement le vieux géant, j’avais pu constater que ses mouvements étaient nettement plus ternes. J’entendais aussi ses articulations craquer lorsqu’il se mettait debout. Le coup de foudre de Lorraine avait fait beaucoup de dégâts.

Enfin, le vieux géant se leva. Une paire d’yeux injectés de sang sur un visage brûlé se fixa sur Augurey et moi, et avec un grognement, il se dirigea droit sur nous. Il n’y avait plus aucune trace de sa sérénité.

« Augurey ! Peux-tu continuer ? » avais-je crié.

« Je peux faire ça toute la journée ! Le seul problème, c’est de savoir comment on va le faire tomber. »

« Je vais le faire. J’ai un atout que je peux utiliser. Je ne sais pas si mon épée peut supporter de le faire plus d’une fois par contre, alors si je rate, on est foutus. »

Le vieux géant avait déjà commencé son assaut sur nous, alors nous nous appelions les uns les autres en esquivant. L’« atout » dont je parlais était la fusion divinité-mana-esprit. Bien que mon épée ait été forgée pour résister à l’une ou l’autre des trois, elle ne pouvait probablement pas résister à toutes ensemble.

La technique faisait se froisser violemment tout ce qu’elle touchait, et il était probable qu’il en irait de même pour mon épée. C’est pourquoi je voulais éviter de l’utiliser autant que possible, mais si ce n’était pas le bon moment, alors je ne savais pas ce que c’était. Il y avait des chances que cela ne fonctionne même pas, ou que ce ne soit pas suffisant pour être un coup de grâce, mais c’était mieux que de ne rien faire et d’attendre de perdre. Si je devais perdre — mais je n’en avais pas l’intention —, ce ne serait qu’après avoir donné tout ce que j’avais. Et même dans ce cas, je me préparais à fuir avant de mourir.

S’enfuir ne semblait pas être une option auparavant, mais maintenant que le vieux géant était si blessé, nous pouvions probablement y arriver tous les trois. Je doutais qu’il nous poursuive dans l’état où il était, et j’avais confiance en notre capacité à nous enfuir.

Cela posait le problème de Ferrici et des villageois, mais je supposais que nous pouvions toujours les évacuer quelque part. Soit ça, soit prendre Gobelin et Sirène en otage et essayer de conclure un marché. C’était vraiment méchant de ma part d’envisager cela, mais bon, tous les moyens sont bons.

De toute façon, rien de tout cela n’était important par rapport à ce que je devais faire maintenant, alors il valait mieux que je me concentre sur le présent.

« Tout ou rien, hein ? » dit Augurey. « D’accord, je ne déteste pas ça. C’est moi le leurre cette fois, non ? »

« Es-tu sûr ? » avais-je demandé.

« Je m’enfuirai si j’ai l’impression que je vais mourir, alors ne me blâme pas si cela arrive. De plus, je ne peux pas vous laisser, toi et Lorraine, faire tout le travail. »

« Alors je compte sur toi. Mais n’en fais pas trop. Contrairement à moi, tu ne peux pas te faire écraser et repartir en un seul morceau. »

Cependant, la vérité était que je ne pouvais pas vraiment faire cela non plus, étant donné que je ne savais pas combien de fois cela prendrait avant que je ne disparaisse complètement. Je pouvais probablement le deviner en me basant sur les jeunes vampires que j’avais rencontrés à Maalt, mais c’était loin d’être une certitude.

Pour faire court, le danger était réciproque. Augurey et moi devions faire de notre mieux. Nous nous étions préparés à la tâche qui nous attendait, ce qui ne voulait pas dire que nous ne l’avions pas déjà fait auparavant.

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« Hé ! Par ici ! » cria Augurey. Fidèle à ce qu’il venait de me dire, il avait délibérément couru devant le vieux géant pour lui servir de leurre.

Le problème était de savoir si notre adversaire allait mordre à l’hameçon, mais je m’étais dit que s’il ne me voyait pas, il n’aurait d’autre choix que de s’attaquer à la seule cible visible. J’avais donc utilisé la Division et m’étais caché dans l’ombre des bois pour qu’il concentre son attention sur Augurey.

Si quelqu’un me voyait dans cet état, à moins qu’il ne sache ce que je suis, il ne verrait en moi qu’une zone d’ombre. Même si le vieux géant se doutait probablement que je n’étais pas normal, je doutais qu’il en sache assez sur moi pour savoir que je pouvais me transformer en ténèbres.

J’avais raison. Le vieux géant me jeta un coup d’œil, mais il ne sembla pas m’avoir remarqué, car il reporta rapidement son attention sur Augurey et commença à s’éloigner. Il se doutait peut-être qu’il s’agissait d’un piège, mais il n’avait pas eu le choix.

Je m’inquiétais de savoir si Augurey tiendrait le coup, mais à ma grande surprise, il s’en sortait très bien. Le fait que son style de combat soit axé sur la vitesse plutôt que sur la puissance portait ses fruits. En partie parce que les mouvements de son adversaire s’étaient considérablement émoussés, mais Augurey esquivait les attaques du vieux géant avec une marge de manœuvre suffisante. Bien sûr, cela n’enlevait rien au danger qui guettait Augurey, car il suffisait d’un faux pas pour qu’il se blesse gravement, voire qu’il meure.

Plus vite je mettrais ce vieux géant à terre, mieux ce serait. J’avais réfléchi à l’endroit où je devais frapper et j’en étais venu à la conclusion qu’il valait mieux viser la tête. Le vieux géant avait déjà prouvé que ses bras et ses jambes pouvaient encaisser des coups et continuer à avancer. Dans ce cas, comment allais-je atteindre sa tête ? J’avais envisagé d’utiliser mes ailes pour m’élever, mais c’était trop risqué. Je n’avais qu’une seule chance, je ne pouvais pas la gaspiller pour quelque chose d’aussi incertain. Je devais trouver autre chose…

« Ah ! »

Mais avant que je puisse le faire, j’avais vu le pied d’Augurey s’accrocher à la racine d’un arbre.

Le poing du vieux géant s’était abattu sur Augurey, mais avant qu’il ne touche le sol, je m’étais élancé, j’avais attrapé mon ami et j’avais couru sur le côté… où j’avais réalisé que mon chemin était bloqué par des arbres.

N’ayant pas d’autre choix, j’avais sauté aussi fort que j’avais pu. Le bras du vieux géant passa en dessous de moi, le manquant de peu, et j’atterris dessus au passage. Mais au moment où l’attention du vieux géant allait se concentrer sur moi, j’entendis le son d’un chant.

« Gadol Barak ! »

Un éclair épais frappa le vieux géant. Il venait de Lorraine. Manifestement, elle était encore capable de lancer des sorts de ce genre, même après le grand assaut qu’elle avait lancé plus tôt.

Un crépitement retentit à mes oreilles lorsqu’une partie de la foudre traversa le vieux géant et m’atteignit, mais pour le reste, je n’avais pas été affecté. Je pouvais encore bouger. Je n’avais pas à remercier mon corps de monstre cette fois-ci, c’était ma robe qui avait fait le travail.

Cela dit, je commençais à m’engourdir un peu et j’étais presque sûr que ce serait une mauvaise idée d’en recevoir d’autres. J’avais sauté du vieux géant pendant qu’il était occupé à reculer sous l’effet de la foudre et je m’étais à nouveau caché dans les arbres.

J’avais déposé Augurey, puis, constatant que le seul son qu’il émettait était un babillage incohérent, je l’avais soigné avec un peu de Divinité.

« Wôw, ce sort a fait de l’effet sur moi », avait-il dit. « Désolé. Je n’ai pas fait le travail. »

Je ne pensais pas que c’était vrai, compte tenu de ses performances sur le terrain. De plus, il venait de me donner une idée. Elle était relativement simple, mais je pensais qu’elle avait une chance de fonctionner. Je l’avais dit à Augurey, qui avait acquiescé.

« Ça… pourrait marcher. Je veux dire, ce n’est pas très différent de ce que tu viens de faire. Enfin, c’est encore fou, mais c’est de toi qu’on parle. »

J’avais donc l’approbation d’Augurey.

Nous étions sortis tous les deux pour affronter à nouveau le vieux géant. Augurey, comme tout à l’heure, avait pris les devants et avait commencé à esquiver ses attaques. Pendant ce temps, je le surveillais de près, attendant le bon moment…

Maintenant !

Je m’étais mis à sprinter le plus vite possible. Le vieux géant avait donné un coup de poing et, de ce fait, il était légèrement voûté. Le léger angle entre ses jambes et sa tête signifiait que son dos était en pente raide.

C’est vrai, la pente. J’avais sauté dessus. Après m’avoir vu faire, Augurey avait esquivé le coup de poing sans perdre un instant et était retombé en arrière.

« Hmm !? » Le vieux géant tenta de se redresser immédiatement.

Heureusement, j’avais déjà atteint ma destination : la nuque. C’était une partie vitale du corps pour toute créature vivante, ainsi que l’angle mort le plus vulnérable, et même si certaines créatures étaient extraordinairement résistantes ou avaient des épines acérées ou d’autres défenses similaires, le corps d’un géant était fondamentalement le même que celui d’un humain, juste plus grand et plus robuste.

En bref, leurs organes vitaux et leurs points faibles se trouvaient également aux mêmes endroits, de sorte que la nuque du vieux géant était l’endroit idéal pour frapper. Probablement. Quoi qu’il en soit, j’étais déjà engagé. Si cela ne fonctionnait pas, j’aurais recours à mon meilleur plan suivant : battre en retraite précipitamment. Pour l’instant, je canalisai tout mon mana, ma divinité et mon esprit dans mon épée et la balançai aussi fort que possible.

Le vieux géant était trop blessé pour réagir à temps. Il n’avait pas su se prémunir contre mon coup. Il avait touché directement sa nuque, et malgré le fait que j’étais maintenant en chute libre dans les airs, j’avais eu une vue claire de sa chair qui avait immédiatement commencé à s’effriter.

 

 

J’avais alors vu une gerbe de sang jaillir du cou du vieux géant, accompagnée d’un bruit de rupture.

« C’est bon ! » J’avais pris la pose de la victoire en plein vol… puis j’avais réalisé ce qui allait se passer. « Attendez, non, merde ! »

Mais il était déjà trop tard. Le vieux géant s’était affaissé vers l’avant et avait commencé à s’effondrer dans la même direction que moi. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que j’étais sur le point d’être transformé en pâte, et vu la situation, il ne semblait pas probable que je puisse être secouru à temps. Au moins, j’étais à peu près sûr de ne pas mourir.

Canaliser l’esprit dans mes ailes aurait pu me sauver, mais malheureusement, je venais d’utiliser jusqu’à la dernière goutte de force que j’avais. Si dix secondes de plus auraient probablement suffi pour que je récupère assez d’esprit pour le canaliser, je serais certainement écrasé avant cela.

J’avais prié pour ne pas en être à mon dernier écrasement. Je parlais bien sûr de l’utilisation de la Division pour récupérer. Je pensais que je pouvais encore y arriver, mais je ne pouvais pas en être sûr.

Puis, avec une grande claque, j’avais été écrasé. Et je le pense vraiment — pas de doutes, pas d’esquives de dernière minute, rien. J’avais vraiment été réduit en bouillie.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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