Chapitre 1 : Le garçon des terres lointaines ~ Point de vue de Kaneki Mikihiko ~
Le son du métal s’entrechoquant contre le métal tambourinait dans les profondeurs de mes oreilles.
« Argh. Hghh... »
En utilisant les deux épées courtes dans mes mains, j’avais repoussé la lame qui venait vers moi. Mon adversaire était armé d’une seule épée longue. Elle avait un peu plus de portée que mes armes, ce qui signifie que j’étais naturellement obligé de me défendre plutôt que de frapper. Je voulais réduire la distance entre nous pour me mettre à portée, mais mon adversaire était plus habile que moi, donc ce n’était pas facile. Au fur et à mesure que nous poursuivions notre combat, l’impact de ses frappes faisait lentement disparaître la sensation de mes mains.
« Oooooh ! »
Je n’avais déjà aucune chance de gagner. Je le savais, mais je m’étais accroché. Il y avait des objectifs que je ne pouvais pas atteindre si j’abandonnais maintenant. Je ne pouvais pas protéger les choses les plus importantes pour moi si je ne me donnais pas à fond, alors j’avais serré les dents et brandi mes épées.
Combien de temps s’est déjà écoulé ? Chaque fois que je jouais à des jeux dans ma chambre, le temps passait toujours sans que je m’en rende compte. Cependant, ici et maintenant, j’avais l’impression que beaucoup de temps s’était écoulé en quelques instants.
« Ah. »
Un coup particulièrement violent avait fait tomber l’épée courte de ma main engourdie. Armé d’une seule arme, je n’avais même pas pu tenir quelques secondes de plus.
« Tu m’as eu, Marcus, » avais-je dit en tombant sur mes fesses. J’avais levé les yeux vers l’épée d’entraînement pointée sur mes yeux.
« C’est-à-dire que le match est à moi, Mikihiko ? »
« J’abandonne ! Je me rends ! J’en ai assez ! »
Il avait finalement abaissé son épée. La tension avait disparu de l’air, et je m’étais couché sur le dos. Mon autre épée d’entraînement était tombée de ma paume, et j’avais levé les yeux vers le ciel ridiculement bleu.
« Bon sang… Un vrai chevalier est vraiment fort, » avais-je grommelé.
« Ha ha. Tu es toi aussi devenu plutôt fort. »
« Entendre ça de la part de quelqu’un que je n’ai même pas pu frapper une seule fois me fait me sentir encore plus mal. En fait, ce serait mieux si tu jubilais. »
« Tu es encore cent ans trop tôt pour avoir une longueur d’avance sur moi. Lutte autant que tu veux. »
« D’un extrême à l’autre !? » avais-je crié en me relevant d’un bond. J’étais un mauvais perdant, alors je ne pouvais pas me taire. « Bon sang ! Je ne vais pas perdre contre toi, connard ! »
J’avais donné de l’énergie à mon corps épuisé avec de la pure volonté, mais j’avais été accueilli par des rires virils.
« D’accord ! Et si on essayait une lance cette fois ? » suggéra Marcus.
« Vas-y ! »
J’avais réussi à me muscler dernièrement, alors j’essayais toutes sortes d’armes à part les épées courtes. J’avais fait un signe de tête motivé à Marcus, puis je m’étais retourné pour aller chercher une lance d’entraînement.
« Hé, Mikihiko, » dit-il soudain. « Donnons tout ce que nous avons. »
Je m’étais arrêté, mais je ne m’étais pas retourné. Puis j’avais hoché la tête et j’étais parti en courant.
Après que nous soyons allés à la cité marchande de Serrata pour les informer de la chute du Fort de Tilia, le Margrave Maclaurin avait arrêté la commandante. Il avait quitté Serrata avec la commandante trois jours après que je me sois séparé du groupe de Takahiro. Environ un mois s’était écoulé depuis.
J’avais choisi d’aller avec le convoi qui escortait la commandante au nord. Pendant ce temps, ils ne m’avaient pas permis de la voir du tout. J’avais utilisé mon statut de sauveur pour tordre quelques bras afin de faire partie du convoi, mais je ne pouvais pas les pousser plus loin. J’avais passé mes journées aux côtés du chevalier de l’Alliance chargé de s’occuper de moi pendant que nous étions tous sous surveillance impériale. Ils n’avaient pas retenu l’un de nous deux, mais ils étaient vraiment méfiants.
Après l’arrestation de la commandante, je m’étais échappé de Serrata. À cause de cela, Maclaurin n’avait pas réussi à capturer tous les chevaliers de l’Alliance. Plus important encore, la lieutenante Shiran s’était échappée. Nous ne pouvions pas la laisser tomber entre ses mains maintenant qu’elle était un monstre mort-vivant. Et honnêtement, ça fait du bien de s’en prendre au margrave.
S’ils ne m’avaient pas autorisé à rencontrer la commandante, c’est probablement parce qu’ils s’attendaient à ce que je la fasse évader avec l’aide des chevaliers disparus. En fait, j’avais été secrètement en contact avec certains d’entre eux, mais nous n’avions pas l’intention de la faire sortir. Cela ne ferait qu’aggraver sa situation. Quoi qu’il en soit, Maclaurin était certainement inquiet de cette possibilité, et c’est ce qui les avait mis en garde contre nous.
Au bout d’un moment, l’armée provinciale nous avait rattrapés, et l’escorte militaire excessive de la commandante au nord avait continué. L’immense groupe se déplaçait à un rythme lent. Il nous avait fallu dix jours pour quitter le comté de Lorenz et entrer dans les régions fermières du territoire du Margraviat de Maclaurin. Nous avions ensuite suivi la route du nord-est jusqu’à la ville de Dursis, connue comme l’entrepôt à grains de l’Empire du Sud. Cela nous avait pris encore plusieurs jours. Actuellement, nous nous dirigeons vers la ville minière de Nourias, située au centre du margraviat. Nous suivions la route parallèle à la grande rivière Aralia et nous nous étions retrouvés sur une aire de repos pour voyageurs. Il nous faudra encore une semaine pour arriver à Nourias, ce qui fait que notre voyage durera un mois.
Ils m’avaient dit que pour atteindre notre destination, la capitale impériale, il faudrait encore un mois après avoir atteint Nourias. Je ne savais pas combien de temps ils avaient prévu de confiner la commandante dans la capitale. Les gens du margrave ne voulaient pas me donner le moindre détail. Ils me détestaient probablement. Eh bien, je les détestais aussi, donc nous étions quittes.
En tout cas, je doutais que notre séjour dans la capitale soit court. L’attaque du Fort de Tilia avait été un incident majeur où l’humanité avait perdu l’une de ses forteresses. Ils allaient certainement demander un compte rendu détaillé de ce qui s’était passé là-bas et de l’ampleur des dégâts.
Après cela, la commandante prendrait la responsabilité de sa capitulation. Comme je l’avais dit à Takahiro et Shiran avant de nous séparer, l’exécution était hors de question. La famille royale akérienne était aimée par son peuple. Si leur princesse devait être exécutée pour des raisons irrationnelles, cela entraînerait certainement une guerre contre le margraviat. Le Saint Ordre, qui s’était battu sur le champ de bataille aux côtés des sauveurs et avait maintenu l’ordre mondial, ne permettrait pas un tel chaos sans signification. Peu importe à quel point le margrave détestait la commandante, il ne pouvait pas la condamner à mort.
Cela dit, le poids de sa punition serait relatif au nombre de voix qui lui demanderaient de prendre ses responsabilités. C’est là que j’interviens. Le siège de la Sainte Eglise était situé dans la capitale impériale. Ils vénéraient les sauveurs, et devaient avoir une influence considérable. Étant l’un de ces sauveurs, de nom en tout cas, il devait y avoir quelque chose que je pouvais faire pour elle. Si c’était le cas, même si la commandante était condamnée à une résidence surveillée permanente, je pourrais au moins la ramener à Aker… Je l’espérais.
« La route va être loooooongue, » avais-je grommelé.
Je devais être patient. J’avais couru jusqu’à la manamobile qui transportait nos bagages et j’avais attrapé un bâton avec un tissu enroulé autour de l’extrémité utilisé pour l’entraînement à la lance.
« Je me demande quand Takahiro va rejoindre Aker…, » je me l’étais murmuré à moi-même.
Même si leur voyage se passait bien, ils n’étaient probablement pas encore arrivés. J’avais entendu dire que la route à travers les montagnes Kitrus était assez difficile. Presque personne ne l’utilisait de nos jours, et il était très probable que l’état lamentable de la route leur bloque complètement le chemin. Un accident inattendu pouvait également se produire.
Pourtant, il était presque garanti qu’ils atteindraient Aker avant nous. Le temps qu’ils obligent la commandante à rentrer chez elle, il serait là pour nous accueillir. Je devais m’assurer de pouvoir sourire lors de nos retrouvailles.
Ainsi, je m’étais remis en selle une fois de plus et j’avais repris mon entraînement.
merci pour le chapitre