Chapitre 29 : L’ours finit sa quête
Nous nous étions tous déplacés vers un endroit que je pensais être le fond des jardins. Les jardins étaient spacieux, comme on pouvait s’y attendre dans une résidence seigneuriale. Apparemment, les gardes l’utilisaient aussi comme terrain d’entraînement, bien qu’il soit vide pour le moment.
« Yuna, y a-t-il assez de place ? »
« Ceci fera l’affaire. Je vais maintenant les convoquer. Venez, Kumayuru, Kumakyu. »
Ce n’était pas comme s’il y avait une phrase fixe pour les convoquer, mais j’avais essayé de trouver quelque chose qui me semblait approprié. Deux boules de poils géantes, une noire et une blanche, se transformèrent en poupée ourse. Elles avaient commencé à bouger, lentement, en se tournant pour nous montrer leur visage.
« Kumayuru, Kumakyu, venez par ici. »
Au moment où je les avais appelés, ils avaient joyeusement trotté vers moi. Leurs manières de venir vers moi étaient vraiment mignonnes, mais tout le monde derrière moi commença à faire du bruit.
« Ce sont des ours. Il y a des ours ! Yuna, puis-je les toucher !? »
Noa sautait de haut en bas.
« Madame Noir, c’est dangereux ! Reculez, s’il vous plaît ! »
Lala attrapa le bras de Noa, la protégeant avec son corps.
« Lala, s’il te plaît, laisse-moi passer ! Je ne peux pas voir les ours ! Je veux les toucher ! »
Mais la servante la tint fermement.
« S’il vous plaît, dites quelque chose, Maître Cliff ! »
« Je pense que ça devrait aller. »
« Maître Cliff !? »
Comme son employeur avait donné le feu vert, Lala fit machine arrière. Libérée de l’emprise de la bonne, Noa s’était lentement approchée des ours.
« Puis-je vraiment les toucher ? »
« Bien sûr. Donne-leur une petite tape. »
Noa avait doucement touché Kumayuru. Elle tapota Kumakyu avec son autre main. Les deux ours plissèrent les yeux vers elle, semblant heureux.
« Ils sont si chaleureux. Et doux ! »
Noa serra le cou de Kumakyu dans ses bras.
« Veux-tu les chevaucher ? »
« Je peux vraiment !? »
« Kumakyu, ça te va ? »
Kumakyu s’abaissa au sol en guise de réponse, ce qui permit à Noa de monter plus facilement. Noa commença à monter prudemment sur le dos de Kumakyu.
« C’est bon, tu ne vas pas tomber. »
Je lui avais donné un coup de main et l’avais fait monter. Une fois que Kumakyu s’était assuré que Noa était bien installée, l’ours s’était lentement relevé.
« Ouah ! Il est si haut. »
Elle semblait s’amuser.
« Yuna, pouvons-nous faire une promenade ? Juste une fois autour de la maison ? »
« Ouais, bien sûr. Kumakyu, prends bien soin de Noa, s’il te plaît. »
Je ne savais pas quelle était la taille de la maison, mais j’avais pensé qu’en faire une fois le tour ne pouvait pas faire de mal.
Kumakyu roucoula doucement en réponse. Avec Noa sur son dos, l’ours commença à s’éloigner lentement.
« M-Madame Noir ! »
Lala les avait furieusement poursuivis.
Cliff regarda Noa, la bonne, et l’ours partir. Une fois qu’ils furent hors de vue, il s’était approché de moi.
« Pardonnez-moi, mais puis-je aussi en toucher un ? », demanda-t-il.
« Aucun souci », lui avais-je dit.
Ce n’était pas comme si je pouvais refuser.
Cliff avait lentement tapoté Kumayuru.
« Oh, la fourrure est agréable. Et aussi, une belle texture. »
« Voulez-vous le monter ? »
« Je peux ? »
« Juste une fois autour de la maison, comme Noa. »
« D’accord, je comprends. »
Dès que Cliff monta sur Kumayuru, il poussa l’ours, essayant de rattraper Noa. Un peu de temps s’était passé avant que les deux ne reviennent, côte à côte sur leurs ours respectifs.
« Yuna, merci beaucoup. C’était tellement amusant ! »
« Oui, c’était une expérience très enrichissante pour moi aussi. »
Lala suivit le sillage des ours, l’air hagard. Mais ce n’était pas ma faute, alors j’avais décidé de ne pas y faire attention.
« Eh bien, j’ai du travail, alors je retourne à la maison. Je vais laisser Noa avec vous. Revenez me voir avant de partir. », dit Cliff en descendant,
Noa avait dû prendre goût à Kumakyu, puisqu’elle ne montrait aucun signe de faiblesse.
« C’est si agréable… »
La petite fille était étalée sur le dos de Kumakyu. Elle caressa l’ours pendant un moment avant que sa main ne s’arrête de bouger. Le fait qu’elle soit si calme me parut bizarre, j’étais donc allée jeter un coup d’œil. Noa s’était endormie rapidement, en ronflant doucement. J’avais dit à Kumakyu de se frayer un chemin à l’ombre d’un arbre. Ce n’était pas comme si je pouvais la laisser dormir au soleil. Lala regardait Noa avec inquiétude.
« Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Mais nous ne voulons pas qu’elle attrape froid. Avez-vous quelque chose à lui mettre ? », lui dis-je.
Lala s’était précipitée à la maison et ramena une couverture, mais comme Kumakyu était si grand, elle n’avait pas pu la mettre sur Noa.
« Kumayuru, peux-tu l’aider ? »
Kumayuru avait mis ses pattes avant sous les bras de Lala et la souleva pour qu’elle puisse border Noa.
« Merci beaucoup, Maître Kumayuru. »
On aurait dit qu’elle avait enfin cessé de se tortiller. Lala et moi nous étions assis avec Noa à l’ombre pendant qu’elle dormait. J’avais sorti un petit tonneau de jus d’orange — je m’étais attachée à ce truc, car il avait un goût d’orange — et deux gobelets en bois de la réserve d’ours. J’avais fait apparaître de la glace et je l’avais servie avec des glaçons. Lala prit une longue lampée de son jus.
« C’est délicieux. »
« Ravie de l’entendre. »
« J’avais besoin d’un remontant. Merci. »
« J’en ai encore, alors buvez autant que vous le voulez. »
« Ils sont beaucoup plus dociles que je ne le pensais. »
Lala regarda Kumayuru et Kumakyu.
« Eh bien, ce sont après tout des convocations. Ils ne ressemblent pas à des ours sauvages. »
Mais ce n’était pas comme si j’avais déjà vu un ours sauvage.
« Oui, bien sûr. Madame Noir semble apprécier leur compagnie. Nous vous sommes reconnaissants pour vos services. »
« Vous n’avez pas besoin de me remercier. C’est censé être un travail. »
Lala m’expliqua qu’elle était la gardienne de Noa depuis que la fille avait cinq ans, et que sa tâche lui était très précieuse. Après que nous ayons parlé un moment, Noa avait commencé à s’agiter.
« Bonjour. Tu es réveillée ? »
« Huh, où suis-je… ? »
Noa se frotta les yeux en regardant autour d’elle.
« Tu t’es immédiatement endormie, Noa. »
« Je me suis endormie. Kumakyu sentait si bon que je me suis endormie. »
« Madame Noir, pouvons-nous bientôt entrer ? Nous ne voulons pas que vous attrapiez un rhume. »
« Je veux rester avec Kumakyu. »
Noa était clairement décidée à rester avec l’ours. Ça ne marcherait pas, alors j’avais donné un signal subtil à Kumakyu en disant : « Kumakyu est fatigué. Vas-tu le laisser se reposer ? »
À ce moment-là, l’ours roucoula doucement, faisant semblant d’avoir sommeil.
« Oui, c’est vrai. Madame Noir, Maître Kumakyu s’assurait que vous ne tombiez pas pendant votre sommeil. Veuillez permettre à Maître Kumakyu de se reposer. », répondit Lala.
Kumakyu tourna légèrement la tête à la place de Noa et la regarda avec des yeux larmoyants. Noa se retourna. Je pouvais voir les engrenages dans sa tête qui tournait.
« … OK, je comprends. Désolée, Kumakyu. »
Elle était descendue de l’ours et l’avait caressé doucement.
« Repose-toi bien. »
« Kumakyu, Kumayuru, c’est tout pour le moment. »
J’avais désinvoqué les ours, les renvoyant dans les gants.
« Alors, Madame Noir, on retourne dans votre chambre ? »
« Je vais rendre visite à Cliff. »
« Oh, Yuna ? Tu rentres déjà chez toi ? »
« Eh bien, mon travail ici est terminé. »
J’étais presque certaine d’avoir accompli la quête.
« Yuna, s’il te plaît, dîne avec nous ! », dit Noa
Elle attrapa alors mon gant d’ours. J’avais essayé de la repousser, mais elle m’avait juste traînée par la main jusqu’au manoir, où nous avions couru jusqu’à Cliff et avions commencé à parler du dîner. Finalement, Cliff m’avait aussi invitée à rester et à manger avec eux. J’avais donc accepté.
Je m’étais excusée après le dîner. Ils m’avaient demandé de rester pour la nuit, mais j’avais poliment refusé.
« Yuna, tu dois revenir nous rendre visite, d’accord ? »
Noa et Lala me virent à la porte. Après avoir promis à Noa que je reviendrais, nous nous étions séparés.
merci pour le chapitre