Wortenia Senki – Tome 9 – Chapitre 1 – Partie 3

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Chapitre 1 : Rencontre inattendu avec un vieil ami

Partie 3

« C’est assez », dit Koichiro.

Les mots qui quittèrent ses lèvres laissèrent les attaquants surpris.

Que… fait-il ?

Ils le regardèrent attentivement, afin de se méfier d’une potentielle attaque-surprise, mais Koichiro ne fit rien de tel.

« J’en ai assez dit. Nous pouvons arrêter de nous tester l’un l’autre », dit Koichiro en retirant sa capuche.

Ses yeux brillaient d’un éclat rouge comme un démon. Face à sa force de volonté intense, semblable à une lame, les hommes durent retenir nerveusement un cri de surprise.

« Je m’appelle Koichiro Mikoshiba. Quel est le vôtre ? »

Son ton indiquait clairement qu’il n’allait pas les laisser argumenter contre lui. Il n’y avait pas la moindre trace de l’attitude désinvolte qu’il affichait lorsqu’il vivait au Japon. Il y avait une pression écrasante dans son attitude, celle du genre qui non seulement commandaient les gens, mais considéraient cela comme leur manière naturelle de vivre.

« Kalim… », dit l’homme, toujours anxieux.

Le fait que son adversaire l’ait suffisamment accablé pour divulguer son nom était une source de grande honte pour Kalim. Mais il réalisa également que lancer une autre attaque contre cet homme n’était pas une option pour le moment.

« Hmm… Très bien. J’ai besoin que tu me rendes un service, Kalim. », dit Koichiro tout en tendant son épée toujours rengainée devant Kalim.

Hm. Cette saveur est aussi proche que possible de celle que je connaissais chez moi…

Un petit bol à thé en porcelaine se trouvait dans les mains de Liu, il contenant une petite quantité de thé, juste assez pour une gorgée. Un arôme doux s’élevait du thé, rappelant les olives parfumées. Il s’agissait d’un type de thé conçu pour ressembler au Huangjin Gui, une variété de qualité supérieure originaire de Chine.

Bien sûr, malgré toute sa ressemblance, il était différent à bien des égards. C’était toujours une imitation du Huangjin Gui. Pendant sa jeunesse, Liu Daijin vivait dans la province chinoise de Fujian, dans le comté d’Anxi à Quanzhou. Comparé au thé qu’il prenait avec son père à l’époque, c’était comme le jour et la nuit.

Cela dit, ces imitations nous sont toujours nécessaires.

Ce thé n’existait pas seulement pour satisfaire les goûts de Liu. Il existait de nombreux types de thé différents, selon la région où les feuilles avaient été récoltées et la façon dont elles étaient raffinées. Les mêmes types de feuilles pouvaient donc donner des arômes et des saveurs différents.

Le thé noir et le thé vert étaient deux types de thé totalement différents, fabriqués selon des méthodes différentes. Le thé chinois était divisé en six types généraux de thé, ce qui permettait un large éventail de saveurs et de parfums. Ils étaient vendus pour répondre à différents besoins et occasions.

Au début, ces substituts de thé étaient fabriqués simplement pour compenser un sentiment de nostalgie. Mais à mesure que l’Organisation prenait de l’ampleur et commençait à s’infiltrer dans le monde souterrain du continent occidental et dans l’ensemble de sa société, des choses comme ce thé prirent un rôle plus important.

Normalement, les cultures de ce monde et de Rearth étaient fondamentalement différentes. L’avancée de la culture et de la société avait une façon d’affecter les gens d’une manière similaire aux narcotiques. Au début, l’Organisation ne vendait des produits comme le thé qu’à la noblesse, mais au fil du temps, ils avaient fait leur entrée dans les foyers ordinaires. À présent, les recréations de produits connus de Rearth étaient devenues l’une des principales sources de revenus de l’Organisation.

Liu Daijin était responsable de la production de feuilles de thé, mais d’autres membres de l’Organisation avaient réussi à reproduire des plats et des objets artisanaux. Pourtant, aucun d’entre eux n’était authentique. C’était tout simplement des contrefaçons. Et du point de vue d’une personne vivant dans le Rearth moderne, leur qualité n’était pas particulièrement élevée.

Mais encore une fois, on dit que l’imitation est la manifestation la plus sincère de la flatterie…

Dans les arts martiaux chinois, la première chose que l’on apprenait était les formes, c’est-à-dire imiter mécaniquement les mouvements de l’art, tels qu’ils avaient été transmis par ses prédécesseurs. D’une certaine manière, on pourrait dire que l’on imitait simplement, voire que l’on arnaquait ses propres professeurs. Les apprentis cuisiniers essayaient également d’imiter les saveurs de leurs professeurs. Et au fur et à mesure, ils maîtrisaient les bases et finissaient par créer leurs propres plats originaux.

À cette fin, l’imitation ne pouvait être qualifiée de mauvaise action en soi. On ne pouvait l’appeler ainsi que lorsqu’on ignorait complètement l’existence de l’original.

Mais ce n’est pas comme si c’était quelque chose dont on doive s’inquiéter dans ce monde, non… ?

Les concepts de droit d’auteur et de propriété intellectuelle ne s’étendaient certainement pas à d’autres mondes parallèles. Liu l’avait noté pour lui-même avec une sorte d’amusement sardonique. Mais au moment où cette pensée lui traversa l’esprit, on frappa à la porte de sa chambre.

« Pardonnez l’interruption, j’ai un rapport urgent à faire… »

C’était son aide de confiance et majordome, Zheng. Le bras droit d’un des anciens de l’Organisation, Liu Zhong Jian, ou Liu Daijin, comme l’appelaient les Japonais.

« Entre. J’écoute », dit Liu tout en séparant brièvement ses lèvres du bol pour permettre l’entrée de l’homme.

« Excusez-moi, monsieur. »

Zheng ouvrit la porte et regarda Liu avec une révérence respectueuse. Normalement, Zheng était du genre à entrer dans la pièce et à en finir avec le rapport aussi vite que possible, mais pour une raison quelconque, il se tenait maintenant à l’entrée, la tête basse. Et de plus, il tenait un katana dans sa main droite.

« Hm ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

Liu hocha la tête devant le comportement inhabituel de Zheng.

Ses mains, revêtues de gants blancs, tremblaient visiblement. La première chose qui vint à l’esprit de Liu à cette vue fut la possibilité que Zheng et ses hommes aient échoué.

Non. Zheng ? Il n’aurait pas pu…

Il avait dix agents agissant sous ses ordres pendant cet assaut. Liu avait été briefé sur le plan de Zheng pour l’opération. Leur force serait divisée en avant-gardes et en renforts, et ils coinceraient leur cible dans une ruelle. L’utilisation de dix personnes et de l’espace confiné de la ruelle semblait être un bon plan, peut-être même trop prudent.

Mais le résultat, contrairement aux attentes de Liu, était apparemment défavorable. Bien sûr, c’était tout ce que Liu pouvait comprendre de la situation pour le moment.

Liu le regarda alors avec son habituel sourire doux : « Zheng, je ne peux pas t’entendre de là-bas. Approche-toi. »

Liu avait servi à Zheng une nouvelle tasse de thé. Peu importe que Zheng eût échoué ou réussi dans sa tâche, il aurait besoin de savoir ce qui s’était passé et s’ils devaient prendre une contre-mesure. Il essaya donc d’éviter de mettre la pression sur Zheng, et ceci pour qu’il ne déforme pas le contenu du rapport à cause de son stress.

« Viens donc. Bois. »

Il le traitait de la même manière qu’il considérait Ruqaiya Redouane, l’agent chargé de diriger Lentencia. C’était un moyen simple, mais efficace de calmer les nerfs.

« Merci beaucoup, monsieur… »

Mais il semblerait que la considération de Liu ne faisait que le mettre encore plus mal à l’aise. Plus Liu était prévenant, plus cela semblait creuser le cœur de Zheng.

« Eh bien ? Que s’est-il passé ? », demanda Liu doucement, compatissant aux sentiments de Zheng.

Mais il semblait que répondre à cette question était trop difficile pour Zheng, vu le mal qu’il avait à entrouvrir les lèvres.

« Eh bien, je… »

En vérité, si tout ce qu’il avait à faire était de signaler que leur attaque avait échoué, les choses seraient d’autant plus simples. En ce qui concernait la logique établie de ce monde, il aurait dû être impossible pour Zheng d’avoir à faire ce rapport. Pourtant, il savait que se taire ne les mènerait nulle part. Zheng prit donc une profonde inspiration. Se ressaisissant, il posa le katana sur la table.

« Oh… Vu la qualité de fabrication, il s’agirait d’un katana japonais, non ? » dit Liu tout en plissant les yeux et en regardant l’arme.

Elle avait un fourreau en laque noire, et la poignée était ornée de fils de soie. La lame avait toutes les caractéristiques que Liu savait être associée à un katana japonais.

Hmm… On l’a fait venir du continent oriental ? J’admets que c’est inhabituel, mais est-ce vraiment si surprenant ?

Des lames similaires aux shamshirs étaient utilisées sur le continent central, tandis que des armes proches de la forme du shotel éthiopien étaient populaires sur le continent sud. Le continent oriental, en comparaison, produisait des épées semblables au liuyedao et au katana.

Il était néanmoins rare de voir ce type d’épée sur le continent occidental. Les épées utilisées sur ce continent étaient entretenues et trempées de manière complètement différente de celle d’un katana. Ces derniers nécessitaient des pierres à aiguiser différentes pour conserver leur tranchant effilé, et il n’y avait pratiquement aucun artisan capable de tremper ces lames sur ce continent.

On pouvait en dire autant du fourreau et de la poignée. Des anecdotes racontent que les katanas ne pouvaient jamais se plier ou se casser, mais ces épées nécessitaient un entretien approprié pour montrer leurs véritables prouesses. À cet égard, les katanas étaient rarement vus sur le continent occidental. Leur utilité était limitée, car il n’y avait personne pour les garder aiguisés après usage.

Mais aussi peu pratiques qu’ils soient, cela ne signifiait pas qu’il n’y avait absolument aucune chance d’en trouver sur ce continent. Il y avait bien des villes portuaires, et bien que beaucoup ne faisaient du commerce qu’entre les différents pays du continent, certaines d’entre elles avaient des marchands qui naviguaient vers des terres de l’autre côté de la mer.

Ces marchands revenaient avec leurs navires remplis d’objets exotiques qui étaient ensuite vendus à des prix élevés aux nobles curieux. Des objets tels que des vases, des bijoux et des portraits représentaient une partie de leur marchandise, mais certains marchands apportaient également des armes.

Et donc, croyant que ce katana était arrivé sur le continent de cette façon, Liu tira la lame de son fourreau. La lame blanche scintillait, son tranchant était si net que Liu avait l’impression que son champ de vision pouvait être coupé rien qu’en la regardant.

La qualité de cette épée était incontestable. Et ce n’était pas tout, il s’agissait d’une épée magique à laquelle avait été appliqué un puissant enchantement. Mais au moment où il vit l’écusson gravé sur la lame, Liu sentit une secousse le traverser.

Est-ce que je lis mal ? Non… La crête et le tranchant sont indéniables. Cette épée lui appartient…

Liu n’était pourtant pas un expert en matière de katana. Il pouvait en général à peine distinguer les types d’armes. Mais le katana qu’il regardait maintenant était une tout autre histoire. Il était convaincu que même si cette lame singulière était mêlée à un millier d’autres katanas, il serait capable de la reconnaître et de la distinguer des autres.

Et il était tout à fait naturel qu’il le fasse. Après tout, cette épée, Kikka, et sa sœur, Touka… Ces deux lames jumelles lui avaient sauvé la vie de nombreuses fois dans le passé. Il n’aurait jamais manqué de reconnaître les épées brandies par son ami Koichiro Mikoshiba.

Mais cela n’aurait pas dû être possible.

Retirant précipitamment le rivet de la poignée de l’épée, il examina l’inscription gravée sur la soie de l’épée.

Mais ce n’est pas possible… À l’époque, il avait Kikka avec lui…

C’était un grand projet, auquel l’Organisation avait consacré beaucoup de fonds et d’efforts. Et pourtant, malgré tous leurs efforts, il s’était terminé de la pire façon possible. Il y a cinquante ans, des gens de Rearth avaient essayé d’exécuter un rituel de contre-appel, destiné à ramener les gens dans leur monde d’origine, mais le processus avait mal tourné. Et ce fut alors que Koichiro Mikoshiba disparut, avec ses deux épées à la main.

« Zheng… Comment as-tu acquis Kikka… cette épée ? », demanda Liu avec une expression sévère qu’il n’aurait pas montrée normalement.

« As-tu appréhendé l’homme de tout à l’heure ? »

« Oui… L’homme a aussi appelé cette épée Kikka. »

« Vraiment ? Dans ce cas… »

Alors que Liu parlait, Kikka tremblait légèrement dans ses mains, comme pour répondre à la question de Liu. Et puis, Zheng prononça les mots décisifs qui verrouillèrent tout.

« Oui, l’homme mystérieux que nous avons attaqué s’est identifié comme étant Koichiro Mikoshiba, le chef de l’Organisation qui a disparu il y a plusieurs décennies… »

« Tu ne veux pas dire que… Il est toujours en vie ? »

À cette réponse inattendue, l’expression de Liu se contorsionna.

Il ne se demandait pas pourquoi son bras droit, d’ordinaire si distant, calme et posé, avait hésité à donner ce rapport.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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