Wortenia Senki – Tome 8 – Chapitre 1 – Partie 4

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Chapitre 1 : Ceux qui vivent dans l’ombre

Partie 4

Les royaumes du sud étaient particulièrement connus pour leurs guerriers sauvages qui se concentraient sur les raids et les pillages, et s’ils étaient autorisés à envahir Xarooda, les régions du sud du pays seraient transformées en enfer.

Les hommes seraient tués, les femmes et les enfants seraient réduits en esclavage. Les maisons et les champs seraient brûlés, et toute la nourriture et les objets de valeur que les pilleurs pourraient trouver seraient volés. C’était ainsi qu’ils avaient pu résister à des pays plusieurs fois plus forts et plus grands qu’eux. Et c’était parce que Xarooda le savait qu’ils ne pouvaient pas déplacer leurs garnisons du sud pour participer à l’effort de guerre.

Pourtant, à ce rythme, ils vont à tous les coups perdre…

Le sens du jugement de Ryoma n’avait pas faibli. Il avait la force mentale de voir les vérités désagréables qui s’offraient à lui, et Lione savait que c’était grâce à cela qu’il avait survécu jusqu’ici.

« Cette guerre est terminée une fois que la ligne de front est repoussée jusqu’à la région de la capitale… À ce rythme, leur territoire sera divisé entre le nord et le sud, et chacun sera éliminé de son côté. C’est ainsi que ce pays finira… »

Le territoire de Xarooda pourrait être décrit comme étant presque un rectangle s’étendant au nord et au sud. La capitale, Peripheria, se trouvait en plein milieu du pays. Les lignes de front se trouvaient actuellement à trois jours au sud de la capitale, dans une cuvette entourée de montagnes. Là, les quinze mille hommes sous le commandement de Joshua Belares maintenaient la ligne avec une volonté de tout pour tout.

Mais en réalité, cela ne faisait que retarder légèrement l’invasion d’O’ltormea sur le sol de Xarooda. Les forces de Joshua avaient besoin de renforts, et ce le plus rapidement possible.

« Eh bien, renverser cette situation avec des moyens conventionnels est probablement impossible. Il faudrait parier pour sortir de cette impasse. Mais je ne voudrais pas faire ce genre de mauvais pari… »

Lione secoua la tête, un sourire amer sur les lèvres.

La situation actuelle du Royaume de Xarooda était déjà bien connue de Ryoma et de son groupe. Ryoma repensa à la carte qu’ils avaient utilisée lors de leur discussion de la nuit précédente…

Après avoir gagné la bataille des plaines de Notis, l’armée de l’Empire d’O’ltormea avait chargé vers l’est, traversant les régions montagneuses de la frontière jusqu’à une zone de plaine, où ils avaient arrêté leur progression. Ils avaient construit une forteresse, utilisant leur vaste pouvoir national en tant que premier royaume du continent occidental pour envoyer une grande quantité de soldats et de fournitures sur les terres de Xarooda. Ils devaient utiliser cette forteresse comme zone d’étape pour leur charge vers l’est.

Mais la direction de leur marche indiquait clairement qu’O’ltormea n’avait pas l’intention de charger de force la capitale, Peripheria. Ils étaient passés au sud de Peripheria. Leur intention était clairement de diviser Xarooda entre le nord et le sud. Et une fois qu’ils y seront parvenus, la guerre sera terminée.

Si les nobles qui détenaient des territoires le long du sud de Xarooda étaient coupés de la capitale, ils seraient frappés par la peur et finiraient par être incapables de se battre de manière organisée. Et cela rendrait la défaite de chaque côté du pays encore plus aisée.

Certains se rendraient même à O’ltormea. Après tout, les royaumes du sud se préparaient également à agir. Les gouverneurs régionaux ne pourraient pas tenir longtemps contre eux avec leurs milices privées.

« Je ne pense pas que quelqu’un d’autre que toi puisse trouver une stratégie pour sortir de cette impasse, Maître Ryoma… », dit Sara, ce à quoi Lione répondit en souriant et en haussant les épaules.

« Oui, ce serait difficile autrement. Il n’y a pas beaucoup d’options que nous pouvons prendre maintenant. Mais si nous faisons le même coup qu’hier, nous pourrions être en mesure de renverser la situation. », dit-elle.

Les mots de Lione étaient lourds d’insinuation, ce qui poussa Sara à froncer les sourcils.

« Mais la question est de savoir si nous pouvons vraiment réussir à le faire… ? »

Toute stratégie pouvait sembler avoir toute les chances de réussir avant d’être mise en pratique, mais la question de savoir si elle allait fonctionner et atteindre le résultat souhaité était une tout autre chose. Sous cet angle, le stratagème de Ryoma ressemblait à un tour de passe-passe stupide et délirant. Du moins, à ce stade…

Bien sûr, en étant celui qui l’avait proposé, ce dernier le savait très bien.

« Eh bien, la proposition ne semble pas bonne. Il ne sera pas facile de convaincre qui que ce soit… Tous les pays essaient de se protéger », dit Lione.

« Le problème est les mouvements de Myest… Et s’ils vont coopérer avec nous. », dit Laura en hochant légèrement la tête.

« Myest n’est pas le problème. J’ai demandé à Sakuya de rassembler des informations sur eux. Bon sang, je n’en ai même pas encore parlé au roi Julianus… Pourtant, elle va être une personne clé dans tout ça. »

Le regard de Ryoma se posa sur une femme qui se tenait derrière Grahalt et Helena. Elle avait de longs cheveux noirs, lisses, presque laqués, qui descendaient jusqu’à sa taille. Sa peau était blanche comme la neige, et elle semblait avoir une vingtaine d’années. Son comportement était si gracieux que si quelqu’un prétendait qu’elle était une sorte de princesse, Ryoma ne serait pas surpris. En termes de beauté, elle était comparable à la princesse Lupis.

Mais qu’ils soient sur la défensive ou qu’ils passent à l’offensive, les dix mille chevaliers que cette femme dirigeait seraient la clé de la victoire.

« Ecclesia Marinelle »

« … C’est l’un des grands généraux de Myest, connu sous le nom de “La Tempête”… Mais je suppose que vous ne pourriez pas le savoir juste en voyant son visage. », dit Lione, son visage se contorsionnant désagréablement.

D’après ce que Ryoma pouvait voir, Ecclésia avait l’air d’une femme noble, aussi éloignée que possible de la sauvagerie de la bataille.

« Oh, c’est vrai, tu l’as déjà affrontée une fois, n’est-ce pas, Lione ? », demanda Ryoma.

Boltz lui en avait parlé avant leur départ pour Xarooda. Les yeux de Lione s’écarquillèrent de surprise. Apparemment, elle ne s’attendait pas à ce que Ryoma soit au courant.

« Boltz te l’a donc dit… ? Lui et sa grande gueule… Oui, c’est le cas. C’était il y a quelques années. Un des royaumes du sud s’était battu avec Myest pour un territoire. C’est là que je l’ai combattue… Mais ce n’était pas comme si notre nom était important à l’époque, nous n’étions simplement qu’un pion sur ce champ de bataille. Je doute qu’elle me reconnaisse. »

Lione repensa à cette défaite amère et honteuse.

« Nous déchirions leurs lignes de front et il semblait que nous allions gagner, mais… C’était mauvais. »

C’était sa première défaite depuis qu’elle avait commencé à diriger seule un groupe de mercenaires. Lione continua à parler, crachant les mots avec frustration.

« Nous avons eu de la chance, car j’ai renoncé à les poursuivre. Grâce à cela, nous nous en sommes sortis sans qu’aucun de mes hommes ne subisse de pertes. Mais les autres personnes, les soldats à l’arrière ont tous été encerclés et anéantis… Et c’est là que la bataille devint perdue d’avance pour nous. Si je n’avais pas suivi mon intuition à ce moment-là, j’aurais été tuée par le plan de cette femme avec le reste de mes hommes… Merde, malgré son apparence inoffensive, cette femme est effrayante. »

Ryoma avait légèrement souri. Malgré sa frustration, Lione reconnaissait la force d’Ecclesia. Et Ryoma tenait en haute estime les capacités de Lione en tant que commandant. Elle était capable d’un jugement calme et savait comment garder ses soldats inspirés. Elle était légèrement impétueuse, mais elle était consciente de ce défaut et faisait des efforts pour le réprimer.

En termes de prouesses personnelles au combat, il y avait probablement beaucoup de guerriers qui étaient plus puissants qu’elle. Mais lorsqu’il s’agissait de commander des soldats, Ryoma ne connaissait qu’une poignée de personnes capables de faire mieux qu’elle. Si elle n’était pas liée par son statut de roturière, elle pourrait sûrement servir à un poste clé dans un pays.

Si Lione la craignait à ce point, Ecclesia Marinelle n’était pas un commandant avec lequel il fallait badiner.

Avoir des personnes plus compétentes autour de soi n’est pas une mauvaise chose. Helena et moi n’étions pas assez pour renverser cette position inférieure dans laquelle nous sommes… Je devrais probablement parler à l’homme qui retient l’ennemi en première ligne, Joshua Belares… Le seul problème est Myest. Que vont-ils faire dans cette guerre ?

Ryoma n’en savait toujours pas beaucoup sur les commandants qui dirigeaient les renforts de Myest. Quel était leur objectif ? Combien de pertes pouvaient-ils se permettre de subir ? Sans connaître ces informations, révéler le plan qu’il avait concocté était trop dangereux.

« Je suppose que nous devrons faire confiance à leurs capacités… », se murmura Ryoma à lui-même en observant la dispute insensée depuis le coin de la pièce.

Combien étaient-ils prêts à sacrifier pour défendre leur pays ? Julianus I n’était pas le seul à qui il aurait fallu poser cette question…

*****

Tard cette nuit-là, alors que la plupart des résidents du château étaient déjà profondément endormis, un grand cri résonna dans l’une des pièces.

« Vous pensez vraiment que vous pouvez faire ça ? ! Quelle honte avez-vous l’intention d’apporter à Xarooda… à nous, chevaliers ? ! N’importe quel compatriote préférerait mourir plutôt que de supporter une honte aussi ignominieuse ! »

Contenu dans ce cri furieux, il y avait le rugissement d’un lion dont la fierté avait été blessée. Le visage de Grahalt était rouge de colère, et il hurlait vers Ryoma avec des yeux injectés de sang. Ils firent escorter toutes les personnes étrangères à l’affaire hors de la pièce, mais Grahalt était si bruyant que Julianus I dû tourner son regard vers la porte.

La voix forte de Grahalt était un atout lorsqu’il s’agissait d’encourager ses hommes sur le champ de bataille, mais lorsqu’il s’agissait de discussions confidentielles comme celle-ci, elle devenait plutôt un problème. Helena était assise à côté de Ryoma, tandis qu’Ecclesia était assise à la gauche de Grahalt. Tous deux avaient des sourires amers sur leurs lèvres.

« La question n’est pas de savoir si nous pouvons nous permettre de continuer. Nous n’avons pas d’autre choix… Ou laisseriez-vous O’ltormea détruire votre pays ? », dit Ryoma, sans sourciller, tout en prenant de front la colère de Grahalt.

Cet échange ressemblait beaucoup à un duel de mots et d’éloquence. En effet, s’ils devaient refuser cette offre, Ryoma n’avait aucun plan de secours. Ryoma ne pouvait pas se permettre de reculer ici, tant pour la pérennité de Xarooda que pour sa survie et celle de ses camarades.

« Comment pouvez-vous dire ça ? ! Cette guerre n’a pas encore été décidée ! Pour commencer, votre proposition est au mieux une rêverie insensée ! S’il ne s’agissait que de notre pays, cela aurait été une chose, mais impliquer la Rhoadseria et Myest est de la folie ! Si vous pensez honnêtement que l’un ou l’autre des autres pays accepterait cette idée, vous êtes un imbécile sans espoir et un fou ! »

« Oui, je suppose que c’est vrai… Mais pouvez-vous trouver un autre moyen de gagner, Seigneur Grahalt ? »

Ryoma haussa les épaules devant les hurlements de Grahalt.

« J’ai quelques idées, si repousser votre défaite de quelques années vous convient. Mais si vous voulez que ce pays gagne vraiment… Il n’y a pas d’autre moyen. »

« Nous avons eu le conseil de guerre pour en discuter ! Et vous avez le culot de me demander cela alors que vous avez passé tout le conseil assis tranquillement dans un coin ? ! Votre Majesté ! »

Grahalt tourna son regard vers Julianus Ier et se leva.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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