Chapitre 3 : Le leader du Nord
Partie 2
Un lycéen comme Ryoma ne serait normalement pas très intéressé par les subtilités du vin, surtout un vin comme celui-ci, qui était si éloigné des bouteilles bon marché que l’on pouvait trouver dans un magasin de proximité. Mais en raison de la nature désinhibée de son grand-père, Ryoma avait goûté à l’alcool durant sa vie au Japon, et en avait bu quotidiennement depuis son arrivée dans ce monde.
Et d’après son expérience, le vin que le comte lui servait était du plus haut calibre possible. Il était fait de bons raisins cueillis à la main et produit par les meilleurs vignerons. Il avait reçu de bons vins pendant son séjour à Pireas, et ceux-ci n’étaient en rien inférieurs à cela.
Entre la cuisine et le vin… Quel ce qu’il veut de moi ? Non, oublie ça, d’où lui vient tout ce luxe ? La simple richesse peut-elle vraiment se permettre tout cela ?
On pourrait en dire autant des plats qui leur étaient servis. Les ingrédients étaient excellents, cueillis à la main et garnis des meilleures épices. Même s’il voulait accueillir Ryoma chaleureusement, c’était bien trop extravagant pour un baron débutant.
Est-ce de cette façon qu’ils reçoivent normalement… ?
Ryoma jeta un coup d’œil furtif au comte Salzberg, qui était heureux de manger.
Sa tenue est aussi assez voyante… Elle a un design élaboré, et est faite de soie de haute qualité… Ses ornements sont également incroyables.
Ryoma n’était pas jaloux de l’homme, mais il est indéniable qu’en termes de tenue, ils faisaient un étrange contraste.
Mais bizarrement, il n’y avait rien de vulgaire chez lui…
Fidèle à son statut de noble né, le comte Salzberg portait des ornements avec pierres précieuses qui mettaient en valeur sa position. Les boutons de sa chemise étaient ornés de perles, et la broche de sa poitrine était conçue sous la forme d’une fleur élaborée. Mais comme ils étaient tous très voyants, Salzberg avait réussi à les faire paraître naturels.
Bien sûr, en termes d’éclat, la robe qui ornait la femme à ses côtés, Yulia, dépassait de loin sa tenue. Elle avait un design original et frappant qui couvrait tout son corps, mais mettait quand même à nu son décolleté. Le tissu blanc s’harmonisait bien avec ses cheveux dorés.
Elle avait une petite couronne d’argent sur la tête, et ses doigts étaient ornés de bagues de rubis et de saphir. Un grand collier de diamants pendait à son cou. Dans l’ensemble, elle donnait l’impression d’une pierre précieuse ciselée en forme de femme.
Du point de vue d’un homme moderne, elle semblait trop décorée. Mais regarder Dame Yulia sourire chaleureusement juste devant lui donnait à Ryoma une impression de dignité noble, ainsi que la beauté équilibrée d’un bijou.
Au moins, on n’a pas l’impression qu’ils font semblant… Ils sont habitués à cela.
Il y avait beaucoup de gens qui prenaient des airs pour que les autres ne les regardent pas de haut. Mais la plupart de ces gens n’étaient pas capables d’entretenir correctement cette façade, ce qui permettait aux autres de dire facilement qu’ils faisaient semblant. C’était la différence entre le simple fait de revêtir les vêtements d’un noble et le fait de les porter vraiment naturellement.
Mais le comte Salzberg et dame Yulia n’avaient pas donné l’impression que c’était une façade. Ils semblaient parfaitement naturels.
Mais si c’est vrai…
Cela soulevait la question suivante : comment le comte Salzberg avait-il obtenu et maintenu tout ce luxe ? Leurs tenues étaient vraiment de grande classe et il était évident au premier coup d’œil qu’elles devaient coûter une fortune. Leurs repas correspondaient aux fêtes de la capitale.
Cela… n’a pas de sens. Les impôts seuls ne suffisent pas à maintenir ce mode de vie. Et si c’est le cas…
Ryoma n’en était pas certain. Il n’avait pas encore d’informations, mais si ce qu’il avait à l’esprit était vrai…
Je suppose que ça dépendra de ce que les autres peuvent trouver…
« Ooh. Vous ne semblez pas avoir beaucoup d’appétit, Baron Mikoshiba. La nourriture ne vous convient pas ? » demanda le comte Salzberg à Ryoma, qui se tut après avoir bu un peu de vin.
« Il doit être épuisé par ce long voyage. Est-ce que la viande a un peu trop de graisse… ? Anne, donnez au baron des fruits froids. Je suis sûre qu’il aimera. », fit remarquer dame Yulia.
Une servante plaça une coupe en or pleine de fruits devant Ryoma.
« Mes excuses, je ne voulais pas vous inquiéter », dit Ryoma, en apportant une orange froide de la coupe dans sa bouche.
En fait, il ne faisait que contempler les choses, mais il n’était pas enclin à corriger le malentendu de Salzberg.
« Vous devez vraiment être fatigué… J’ai entendu dire que vous étiez un guerrier de première classe, le baron Mikoshiba, mais il faut un demi-mois, même à cheval, pour atteindre Epire depuis la capitale. Je suppose que c’est logique. », dit le comte Salzberg.
« Bien-aimé ! Vous êtes grossier… Je suis sûre qu’avoir été fait noble si soudainement doit être épuisant pour lui. N’est-ce pas, baron ? »
Dame Yulia jeta un regard attentionné sur Ryoma.
« Oui… C’est trop soudain, » dit Ryoma tout en prenant un morceau de bœuf dans son assiette et en le portant à sa bouche.
« J’ai vécu comme un roturier jusqu’à présent, donc je ne suis pas sûr de savoir comment gérer le fait de régner sur un territoire… »
« Je vois… Mais j’ai entendu dire que vous étiez très intelligent et plein d’esprit », répondit le comte Salzberg.
« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider. Notre domination sur les territoires adjacents doit être une sorte de coup du destin. Je suis sûr que nous nous entraiderons à l’avenir… Hmm ? Quelque chose ne va pas avec votre nourriture ? »
Le comte Salzberg avait soudainement regardé Ryoma avec suspicion alors qu’il mâchait la viande.
« Non… Le sel est juste un peu plus puissant que ce que j’avais imaginé. Entre le sel et les épices, c’est tellement différent des saveurs fades que je connais de la capitale. »
Les épices mises à part, le sel était une denrée assez rare sur cette Terre. Le sel était fondamental pour la vie quotidienne, mais ce monde n’avait pas de salières ni de mine de sel. Les territoires qui étaient proches de la mer avaient une source de sel, mais le comte Salzberg n’aurait pas dû avoir de terres qui correspondaient à cette description. Cela signifiait qu’il avait soit réussi à extraire du sel gemme, soit qu’il l’avait fait venir d’une autre terre.
« Ahaha. Je suppose qu’un homme trop habitué à la monotonie de la capitale pourrait se sentir ainsi. »
Ryoma avait alors choisi d’aller à l’essentiel. Son objectif était, bien sûr, de secouer le comte Salzberg.
« Je crois qu’aucune des terres que vous gouvernez ne soit adjacente à la mer… Avez-vous trouvé une veine de sel gemme ? Ou bien avez-vous fait du commerce avec les territoires voisins pour l’obtenir ? »
« Non, en fait… » Le comte Salzberg était sur le point de répondre à la question de Ryoma avec un sourire, mais…
« Oui, précisément… Nous avons trouvé une grande veine d’halite l’année dernière. »
Dame Yulia lui coupa la parole.
« Oh. C’est plutôt une chance. Je ne peux pas dire que je ne suis pas envieux. »
Ryoma accepta ses mots avec un sourire.
Il n’avait pas l’intention de critiquer le couple ici.
Le sel, hein… Voici encore un autre sujet que je devrais examiner… se dit Ryoma en avalant une autre bouchée de bœuf bien salé.
Le dîner s’était terminé sans incident trois heures plus tard, après quoi Ryoma et le comte s’étaient installés dans un salon. Ils discutèrent de sujets insignifiants et approfondirent leur amitié. Le comte Salzberg ouvrit une bouteille de vin très précieuse, au moment où dame Yulia commença également à participer à la conversation. Le couple ne faisait preuve d’aucune des vanités que Ryoma attendait de la noblesse et l’accueillit chaleureusement tout au long de la conversation.
À l’approche de la nuit, Ryoma s’apprêta à partir. Le comte Salzberg insista pour qu’il passe la nuit dans son domaine. Ryoma accepta par courtoisie. Alors que les servantes le conduisaient à sa chambre, il ne put s’empêcher de pousser un soupir.
Les meubles étaient tous fabriqués de main de maître, les rideaux et les draps étaient bien sûr en soie de haute qualité. Les murs et les étagères possédaient des peintures et des vases qui laissèrent une impression saisissante même à Ryoma, qui était détaché des arts. La chambre n’était pas sans rappeler la chambre d’une suite d’hôtel haut de gamme. C’était une véritable montagne de trésors.
« Je me demande s’ils me reprocheront d’en avoir pris un », chuchota Ryoma en se jetant dans le grand lit et en attrapant un des vases qui se trouvaient à son chevet.
Comme il allait bientôt devoir développer son territoire, il était très pressé par l’argent. Être dans cette chambre était donc mauvais pour le cœur de Ryoma.
Je suppose que c’est la preuve de la force de son économie… Mais quand je l’ai examiné dans la capitale, la seule chose que j’ai trouvé, c’était que ces territoires ne produisent rien de très remarquable…
Quelque chose n’allait vraiment pas dans l’attitude du comte Salzberg et de dame Yulia. En apparence, ils semblaient être un couple gentil et amical, mais Ryoma ne pouvait pas s’empêcher de penser que ces deux-là cachaient quelque chose en coulisse.
« Baron… Puis-je entrer ? » une voix de femme délicate avait soudain jailli de derrière la porte de la chambre.
« Oui… Qu’est-ce qu’il y a ? La porte n’est pas fermée. »
« Merci… Monsieur. »
Avec la permission de Ryoma, la porte s’était ouverte et une femme de ménage était entrée dans la chambre.
« Le comte vous a-t-il demandé de faire ça ? »
Ryoma avait compris la situation dès qu’il avait vu la façon dont la bonne était habillée.
« Ah… Euh… La Dame m’a dit de… Baron… »
La peau de la servante était cachée derrière un déshabillé blanc, assez transparent pour laisser entrevoir le soutien-gorge et la culotte rose qui se trouvaient en dessous. C’était un spectacle très sensuel et séduisant. Mais un regard sur ses épaules qui frissonnaient et sur la façon dont son expression semblait être troublée ferait comprendre à n’importe quel homme la signification de sa tenue.
Hum, trop riche pour être honnête ?