Chapitre 44 : Le roi rend son jugement
Partie 2
« Pour être honnête, je n’ai jamais pensé que tu étais aussi incompétent. Mlle Rachel a été choisie pour être ta fiancée afin de combler tes lacunes, mais non seulement tu n’as pas cherché son aide, mais tu as essayé de t’en débarrasser d’elle parce que tu ne l’aimais pas. Si tu étais le fils d’un comte, je pourrais te voir te marier par amour. Mais c’est un luxe que le roi n’a pas. »
« P-Père… », balbutia Elliott tout en jetant un coup d’œil sur le côté.
« Alors, quand tu as épousé ma mère… »
« Ne m’interromps pas ! », cria le roi.
« Non, je me demandais simplement. Si tu n’as pas épousé mère pour… »
« N’essaie pas de changer de sujet ! »
« Je te le renvoie ! »
Une fois qu’il mit fin à l’interrogatoire d’Elliott, le roi se leva de son trône.
« Mes deux fils laissent beaucoup à désirer en tant que dirigeants. Sur ce point, Mlle Rachel, qui a une personnalité affreuse mais est excellente par ailleurs, sera indispensable au prochain souverain. »
« Qui est donc cette personne qui a une personnalité affreuse ? », demanda Rachel.
« Passons à autre chose ! » interjeta bruyamment le roi.
Rachel essaya à nouveau : « Allô ? Je vous pose une question. »
« Si tu dis que tu ne peux pas prendre Rachel comme épouse, alors je nommerai ton jeune frère Raymond comme prince héritier. »
« Hey ! Hey ! », dit Rachel.
« Mais père ! », pleurnicha Elliott.
« Pourriez-vous tous les deux arrêter de m’ignorer ? »
« La décision est déjà prise », déclara le roi.
« Les rubis dans votre couronne sont si jolis. Peut-être que je vais les arracher et les emmener à la maison avec moi. », dit Rachel.
« Arrête ça ! »
Le roi repoussa alors la main de Rachel d’un coup sec.
« Raymond ! Viens ici ! »
Tout le monde se tourna pour regarder la porte. À l’appel de son nom, le deuxième prince… n’était pas entré.
« Hm ? »
Le garde à côté de la porte s’agita maladroitement devant cette attention soudaine et se dirigea dans le hall pour vérifier.
« Hum, Son Altesse n’est pas venue… », lui dit le garde.
« Je l’ai appelé à l’avance ! Où est Raymond ? Augh, pourquoi mes deux fils doivent-ils être comme ça… »
Ce fut à ce moment que le deuxième prince fit sa première apparition.
« Père, je suis là », dit Raymond.
Ce n’était pourtant pas sa première apparition.
Étant un mini-Elliott, Raymond était un beau jeune garçon aux cheveux blonds.
« Ouah ! Tu m’as surpris ! »
En regardant de plus près, un garçon qui ressemblait à une version plus jeune d’Elliott se tenait près du trône.
« Qu-Quand es-tu entré ?! », demanda le roi.
« J’ai été ici tout le temps », répondit Raymond.
Les gens dans la pièce essayèrent de se souvenir…
« Oh, j’ai comme l’impression qu’il était ici. »
« Maintenant qu’il le dit, je pense qu’il était là depuis le début. »
« Je vois le peu de cas que vous faites de moi… », dit Raymond en reniflant.
Je vais peut-être devoir ajouter un personnage de petit garçon dans le prochain volume de Son Altesse est après moi !, pensa Rachel.
« Où l’avez-vous caché pendant tout ce temps ?! », demanda Rachel.
Surpris et consterné par l’excitation de Rachel, Raymond répondit : « Je ne me suis pas caché du tout. Je me tiens toujours aux côtés de mon frère lors des événements officiels, mais à en juger par ton expression, tu ne te souviens pas de moi. »
« Je suis désolée. Non seulement je n’ai pas reconnu ton visage, mais je ne me souvenais même pas de ton existence. »
« Le fait que tu puisses dire ça de quelqu’un comme moi est assez impressionnant. »
Dans une tentative de retrouver un peu de dignité, le roi s’éclaircit bruyamment la gorge et demanda à son furtif deuxième fils : « Raymond, serais-tu prêt à épouser Rachel et à hériter du trône ? »
Le garçon pubère de quatorze ans répondit immédiatement.
« Bien sûr ! »
Ses yeux pétillèrent. Il montra alors sa poitrine avec fierté.
« À cause de mon frère aîné, je ne m’attendais pas à avoir cette chance, mais si c’est ce que tu attends de moi, alors je serai volontiers ton prince héritier ! »
Elliott regarda son frère avec incrédulité.
« Raymond, tu visais le trône ? ! Je pensais que la seule bonne chose à ton sujet était que tu ne laissais pas beaucoup d’impressions. »
« Frère, ce n’est pas une bonne chose. »
Raymond plaça sa main sur son cœur.
« Pour être honnête avec toi, je ne me soucie pas plus du trône que du temps qu’il fera demain, mais si cela signifie que je peux épouser quelqu’un d’aussi extraordinaire que Rachel, je supporterai la position qui l’accompagne ! »
« Cette position est la partie importante, d’accord ?! », objecta le roi, s’offusquant de la déclaration scandaleuse de son fils.
« Mon frère, veux-tu te marier avec ça ?! As-tu la moindre idée de l’enfer dans lequel tu vas te fourrer ?! », railla Elliott tout en regardant son père.
Raymond avait un regard rêveur dans les yeux alors qu’il ignorait l’avertissement de son frère.
« Vu le peu de présence que j’ai, ma servante personnelle oublie de me servir à l’heure du thé, et même quand je l’appelle, elle m’ignore. Cela m’a appris combien il est excitant d’être traité froidement par une jolie grande sœur ! Rachel est jolie, et elle a de gros seins, et elle est cool, et elle a de gros seins… Elle est juste la meilleure ! Je veux qu’elle m’ignore pour toujours. Quand je pense qu’elle a complètement oublié mon existence. Ohh, elle est si merveilleuse ! »
« Reprends-toi, Raymond ! Elle n’est pas cool. Elle n’est tout simplement pas intéressée par les gens ! Et ne mets pas un diable comme Rachel dans le même sac que ta brusque bonne, ok ?! Ne pense pas que, parce que tu es capable de supporter un peu de vin de prune, tu peux boire une chope de liqueur distillée si forte que tu pourrais y mettre le feu ! », cria Elliott.
Raymond exhiba alors sa poitrine pas si musclée avec confiance : « N’aie pas peur, mon frère ! Mes tuteurs ont toujours dit que je suis un garçon à qui “tu apprends la première chose, et il est convaincu qu’il sait la dixième” ! »
« C’est ce qui m’inquiète ! »
Le roi se pencha et chuchota à l’oreille de la reine : « Hé, je sais qu’il est un peu tard à ce stade, mais je ne vois pas beaucoup d’espoir pour l’avenir, peu importe qui nous nommons comme prince héritier. »
« Oui, c’est beaucoup trop tard. Mais c’est pour cela que nous avons Rachel, non ? », répondit la reine en cachant sa bouche avec son éventail.
Le roi frappa dans ses mains pour attirer l’attention de tous.
« Maintenant que les fiançailles de Mlle Rachel avec Elliott sont rompues, elle sera désormais fiancée à mon deuxième fils, Raymond. Je reconnais aussi officiellement Raymond comme prince héritier. Elliott deviendra un sujet de l’État et recevra un nouveau titre, celui de comte de Leaflane ! »
« Non ! », gémit Elliott.
Le titre mentionné par le roi était un titre traditionnellement donné à la noblesse, mais si le domaine avait une importance historique, il n’était pas spécialement prospère. Il aurait même pu avoir moins de pouvoir financier que certaines baronnies riches. En toute honnêteté, ce titre n’était pas destiné à être donné en tant que tel. C’était plus souvent un titre supplémentaire donné à un grand-duc ou une récompense donnée à un membre de la famille royale à la place d’une pension.
« Père ! Tu donnes l’impression que je me retire de la vie publique ! », se plaignit Elliott.
« Je ne donne pas l’impression que tu te retires. C’est exactement ce qui se passe, imbécile ! Je ne peux pas laisser à quelqu’un qui en veut à la prochaine administration le pouvoir de fomenter une rébellion. Tu as fait assez de bruit pour te faire déshériter, alors sois reconnaissant que je te laisse un titre honorifique. »
« Mais ! »
« Alors, dis-moi. As-tu la force de t’attirer les faveurs de Mlle Rachel et de la convaincre de t’épouser ? Tu as rompu tes fiançailles, tu l’as harcelée à plusieurs reprises, et tu as même essayé de l’assassiner hier soir, m’a-t-on dit. C’est déjà beaucoup de point négatif que tu as déjà contre toi. Il te faudrait un effort gargantuesque pour gagner son approbation à ce stade. Tu comprends ça ? »
« Guh ?! »
Il était déjà impensable pour Elliott de rejeter Margaret et de revenir en rampant vers Rachel.
« Et encore une chose, Elliott, puisque tu sembles l’oublier… »
Alors qu’Elliott restait là, sans voix, le roi dévoila un chapitre sombre de leur histoire.
« Quand tu étais jeune, tu t’es battu pour quelque chose d’insignifiant et quelqu’un t’a assommé avec des pierres. C’était Mlle Rachel. La reine est tombée amoureuse quand elle a vu les représailles excessives que Rachel a réussi à exercer alors qu’elle ne faisait que se défendre. Elle est allée voir le duc et lui a fait endosser la responsabilité de tes blessures en le forçant à vous fiancer tous les deux. »
« Se pourrait-il que celle qui a asséné un coup de massue à mon cousin, le comte de Globnar, soit… ? », murmura Elliott.
« C’était aussi Mlle Rachel. »
« Alors, celle qui m’a jeté des pierres en souriant alors que je me noyais dans l’étang était… »
« C’est juste ton complexe de victimisation, Votre Altesse. Je ne souriais pas du tout. Je voulais finir cette tâche ennuyeuse et aller manger un dessert. », protesta Rachel.
« Me tuer était une tâche ennuyeuse pour toi ?! », cria Elliott.
« Mon Dieu, quelle grossièreté. Je ne suis pas le genre de personne qui tire du plaisir d’un meurtre. Je voulais t’éliminer rapidement et me diriger vers le buffet, mais tu ne voulais pas te noyer, et je ne savais pas quoi faire. Honnêtement, je ne sais pas ce que je t’aurais fait si j’avais raté le cheesecake à la cerise. »
« Tes priorités sont toutes chamboulées ! »
« Je préférerais ne pas entendre ça de ta part après avoir échoué à garder tes propres priorités au travail, Votre Altesse. »
Interrompant leurs chamailleries, le roi demanda : « Alors, qu’est-ce que ce sera, Elliott ? Vas-tu te retirer tranquillement ? Ou retenter ta chance avec Mlle Rachel ? »
« Je, euh… Je… »
Les souvenirs de ce qui lui était arrivé il y a longtemps et de ses luttes au cours des trois derniers mois défilèrent dans l’esprit d’Elliott. Il se leva de son fauteuil roulant, pour retomber sur son visage avec angoisse.
« J’accepte humblement ton offre de devenir le comte de Leaflane… »
C’était un homme brisé.
« Très bien, maintenant que le cas d’Elliott est géré… »
Le roi tourna son regard vers Margaret. La fille du baron se tortillait sur le sol comme une chenille. Ils l’avaient attachée ainsi après qu’elle se soit rendue directement au carrosse du couple royal afin de justifier les actions d’Elliott. Et même après ça, comme elle avait continué à crier, ils avaient dû aussi la bâillonner.
Au signal du roi, un chambellan derrière Margaret retira le bâillon de sa bouche.
« Bweh ?! Hé, Votre Majesté, n’est-ce pas un peu trop ? ! Je sais que vous êtes le roi et tout, mais… »
« Si tu ne te tais pas, nous mettrons un mors de cheval dans ta bouche. », l’avertit le roi.
« Je vais me taire. »
Une fois que Margaret, qui s’agitait il y a un instant, s’était calmée, le roi commença à l’interroger.
merci pour le chapitre